La Russie d'Aujourd'hui

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Architectes, artistes et per- sonnalités hexagonales ont laissé leur empreinte dans la capitale russe. Nous avons conçu un itinéraire pour les découvrir. Parcours français PAGE 2 PAGE 4 Sept sœurs de pierre Leurs silhouettes ont défini l’horizon moscovite depuis les années 50. Sept gratte-ciel voulus par Staline et qui incarnent toujours aujourd’hui le must de l’architecture locale. Fière gastronomie PAGE 3 SUITE EN PAGE 4 La scène des restaurants russes a radicalement changé depuis 10 ans. Les fins gourmets ont désormais l’embarras du choix pour satisfaire leur palais de mets russes. Produit de Russia Beyond the Headlines VERONIKA DORMAN SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Depuis quelques années, la Russie s’est éveillée au concept d’industrie créative. Les projets de réhabilitation des friches industrielles se font une place dans le monde des affaires. Reconversion L’apparition de centres artistiques génère une nouvelle économie En sortant de la gare Kourskaïa, traversez la place bruyante, en évitant les chiens errants, lon- gez la petite décharge improvi- sée, faufilez-vous entre les kios- ques déglingués de gadgets bon marché, entre deux murs aveugles, au bout de la rue, vous y êtes. Winzavod, centre d’art contemporain. Une oasis exubé- rante au cœur d’un quartier in- dustriel lugubre proche du centre. Briques rouges et architecture industrielle, graffitis et jeunes branchés, c’est l’un des clusters artistiques de la capitale, né dans la foulée des Biennales d’art contemporain de 2005 et 2009 et fondé sur le modèle occiden- tal de la transformation d’une fabrique abandonnée en un haut lieu culturel. Moscou, jadis ca- pitale mondiale du prolétariat, abrite nombre d’usines désaffec- tées, partiellement ou totalement, souvent situées dans les quar- tiers du centre. SUITE EN PAGE 2 La fabrique de chocolat « Krasny Oktiabr » (Octobre Rouge), s’est métamorphosée en centre de création. Moscou s’abandonne à la création GALINA MASTEROVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Au coeur de Moscou, une friche industrielle s’est mutée en quartier chic et branché, avec galeries d’art, clubs sélects et filles splendides. Des clubs, de l’eau et un peu de chocolat Loisirs La nuit moscovite se transforme fant de 7 ans qui aurait mangé trop de bonbons et se serait en- dormi ». Perchées sur leurs talons aiguilles, les filles sortent des taxis et se dirigent furtivement vers l’imposant bâtiment en briques rouges, sorte de jardin d’Eden. Certains affirment que le Raï, qui signifie « paradis » en russe, n’est plus la boîte la plus chaude de Moscou. Pourtant, longue est la file d’attente de clubbers qui s’y pressent en ce samedi soir. L’entrée est gratuite, mais la porte n’est franchissable que par les clients les plus aisés. Le Raï reste le royaume de la nuit moscovite. Ce samedi, il est 2 heures du matin lorsqu’un cortège de voi- tures hors de prix déboule sur le site de l’usine désaffectée, autrefois réputée pour ses cas- cades intarissables de chocolat et le parfum suave du cacao qui s’en dégageait. Depuis, la fa- brique de chocolat accueille l’un des clubs les plus hype de la ca- pitale. Un lieu dégoulinant d’opulence, qu’un blogger décrit comme « le cauchemar d’un en- SUITE EN PAGE 3 ANNA LEGOSTAEVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Le métro moscovite est le moyen de transport urbain le plus rapide. C’est aussi un musée de l’architecture soviétique et contemporaine... pour moins d’un euro. Le musée souterrain de l’ère soviétique Architecture Le métro de Moscou fut conçu par Staline comme un « palais du peuple » les premiers projets des ingé- nieurs Piotr Balinski et Evguéni Knorré aient été proposés à la Douma de Moscou en 1902. « Ses paroles conviaient à la tentation : comme un vrai démon, il pro- mettait de faire descendre Mos- cou dans les fonds marins et de l’élever au-dessus des nuages », écrivit un journaliste du journal Russkoe Slovo à propos de l’idée de Balinski. Toutefois, la Douma ne trouva rien de tentant dans la proposition des ingénieurs : la bourgeoisie aisée vivait dans le centre de la ville, ne prenait pas les tramways bondés, et, à l’époque, les fonctionnaires dé- clinèrent le projet : « Refusons les sollicitations de Messieurs Knorré et Balinski ». Au cours et se sont assis sur les bancs moelleux des premiers trains (les bancs des tramways étaient en bois). La première ligne de métro, de la station Sokolniki jusqu’au Palais des congrès (aujourd’hui, la station Kropotkinskaïa) était de 11 km et comprenait 13 sta- tions. Aujourd’hui, le métro de Moscou compte plus de 300 km de chemins de fer, 12 lignes et 182 stations. Selon le plan du déve- loppement de la ville, vers 2020, le métro s’agrandira de 120 km. Pendant ses vingt pre- mières années, le métro- politain portait le nom de Lazare Kagano- vitch, dit le « commis- saire de fer », bras droit de Staline qui di- rigea la construction de la première tranche. Il circule sous terre à une pro- fondeur allant de cinq mètres (station Petchatniki) à quatre vingt mètres (station Park po- bedy). On peut y observer près de quatre-vingts ans d’histoire russe, découvrir les goûts, les idées, les rêves, les espoirs, voir l’histoire racontée par le marbre, le granit, le fer et le verre. La construction du métro moscovite a commencé en 1931, bien que des trente ans suivants, au moins cinq autres projets de construc- tion du métro moscovite n’ont pas été réalisés pour différentes raisons. Le 15 mai 1935, le métro de Moscou a été mis en exploitation. Les premiers passagers ont alors mis leurs pieds sur les esca- liers mécaniques (les escalators) ALAMY/LEGION MEDIA LORI/LEGION MEDIA PHOTOXPRESS LORI/LEGION MEDIA CATER NEWS/LEGION MEDIA AU SALON DU LIVRE 2012 CAHIER SPÉCIAL DE VENEZ PARCOURIR MOSCOU À LIVRES OUVERTS ! Ce cahier spécial a été préparé par la rédaction de La Russie d’Aujourd’hui à l’occasion du Salon du Livre de Paris-2012. Tiré à 1.000 exemplaires et réservé à une distribution gratuite sur place. Visitez le stand de la ville au Salon du livre à Paris du 16 au 19 mars 2012 ! (Paris, Porte de Versailles) Vendredi 16 mars 2012

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Architectes, artistes et per-sonnalités hexagonales ont laissé leur empreinte dans la capitale russe. Nous avons conçu un itinéraire pour les découvrir.

Parcours français

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Sept sœurs de pierreLeurs silhouettes ont défini l’horizon moscovite depuis les années 50. Sept gratte-cielvoulus par Staline et qui incarnent toujours aujourd’hui le must de l’architecture locale.

Fière gastronomie

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La scène des restaurants russes a radicalement changé depuis 10 ans. Les fins gourmets ont désormais l’embarras du choix pour satisfaire leur palais de mets russes.

Produit de Russia Beyond the Headlines

VERONIKA DORMANSPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Depuis quelques années, la Russie s’est éveillée au concept d’industrie créative. Les projets de réhabilitation des friches industrielles se font une place dans le monde des affaires.

Reconversion L’apparition de centres artistiques génère une nouvelle économie

En sortant de la gare Kourskaïa, traversez la place bruyante, en évitant les chiens errants, lon-gez la petite décharge improvi-sée, fau� lez-vous entre les kios-ques déglingués de gadgets bon marché, entre deux murs aveugles, au bout de la rue, vous y êtes. Winzavod, centre d’art contemporain. Une oasis exubé-rante au cœur d’un quartier in-dustriel lugubre proche du centre. Briques rouges et architecture industrielle, graffitis et jeunes branchés, c’est l’un des clusters artistiques de la capitale, né dans la foulée des Biennales d’art contemporain de 2005 et 2009 et fondé sur le modèle occiden-tal de la transformation d’une fabrique abandonnée en un haut lieu culturel. Moscou, jadis ca-pitale mondiale du prolétariat, abrite nombre d’usines désaffec-tées, partiellement ou totalement, souvent situées dans les quar-tiers du centre.

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La fabrique de chocolat « Krasny Oktiabr » (Octobre Rouge), s’est métamorphosée en centre de création.

Moscou s’abandonne à la création

GALINA MASTEROVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Au coeur de Moscou, une friche industrielle s’est mutée en quartier chic et branché, avec galeries d’art, clubs sélects et filles splendides.

Des clubs, de l’eau et un peu de chocolat

Loisirs La nuit moscovite se transforme

fant de 7 ans qui aurait mangé trop de bonbons et se serait en-dormi ».

Perchées sur leurs talons aiguilles, les filles sortent des taxis et se dirigent furtivement vers l’imposant bâtiment en briques rouges, sorte de jardin d’Eden. Certains affirment que le Raï, qui signi� e « paradis » en russe, n’est plus la boîte la plus chaude de Moscou. Pourtant, longue est la file d’attente de clubbers qui s’y pressent en ce samedi soir. L’entrée est gra tuite, mais la porte n’est franchissable que par les clients les plus aisés. Le Raï reste le royaume de la nuit moscovite.

Ce samedi, il est 2 heures du matin lorsqu’un cortège de voi-tures hors de prix déboule sur le site de l’usine désaffectée, autrefois réputée pour ses cas-cades intarissables de chocolat et le parfum suave du cacao qui s’en dégageait. Depuis, la fa-brique de chocolat accueille l’un des clubs les plus hype de la ca-pitale. Un lieu dégoulinant d’opulence, qu’un blogger décrit comme « le cauchemar d’un en- SUITE EN PAGE 3

ANNA LEGOSTAEVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le métro moscovite est le moyen de transport urbain le plus rapide. C’est aussi un musée de l’architecture soviétique et contemporaine... pour moins d’un euro.

Le musée souterrain de l’ère soviétique

Architecture Le métro de Moscou fut conçu par Staline comme un « palais du peuple »

les premiers projets des ingé-nieurs Piotr Balinski et Evguéni Knorré aient été proposés à la Douma de Moscou en 1902. « Ses paroles conviaient à la tentation : comme un vrai démon, il pro-mettait de faire descendre Mos-cou dans les fonds marins et de l’élever au-dessus des nuages », écrivit un journaliste du journal Russkoe Slovo à propos de l’idée de Balinski. Toutefois, la Douma ne trouva rien de tentant dans la proposition des ingénieurs : la bourgeoisie aisée vivait dans le centre de la ville, ne prenait pas les tramways bondés, et, à l’époque, les fonctionnaires dé-clinèrent le projet : « Refusons les sollicitations de Messieurs Knorré et Balinski ». Au cours

et se sont assis sur les bancs moelleux des premiers trains (les bancs des tramways étaient en bois). La première ligne de métro,

de la station Sokolniki jusqu’au Palais des congrès (aujourd’hui, la station Kropotkinskaïa) était de 11 km et comprenait 13 sta-

tions. Aujourd’hui, le métro de Moscou compte plus de 300 km de chemins de fer, 12 lignes et 182 stations. Selon le plan du déve-loppement de la ville, vers 2020, le métro s’agrandira de 120 km. Pendant ses vingt pre-mières années, le métro-politain portait le nom

de Lazare Kagano-vitch, dit le « commis-saire de fer », bras

droit de Staline qui di-rigea la construction de la

première tranche.

Il circule sous terre à une pro-fondeur allant de cinq mètres (station Petchatniki) à quatre vingt mètres (station Park po-bedy). On peut y observer près de quatre-vingts ans d’histoire russe, découvrir les goûts, les idées, les rêves, les espoirs, voir l’histoire racontée par le marbre, le granit, le fer et le verre. La construction du métro mosco vite a commencé en 1931, bien que

des trente ans suivants, au moins cinq autres projets de construc-tion du métro m o s c o v i t e n’ont pas été réalisés pour différentes raisons. Le 15 mai 1935, le métro de Moscou a été mis en exploitation. Les premiers passagers ont alors mis leurs pieds sur les esca-liers mécaniques (les escalators)

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AU SALON DU LIVRE 2012

CAHIER SPÉCIAL DE

VENEZ PARCOURIR MOSCOU À LIVRES OUVERTS !

C e c a h i e r s p é c i a l a é t é p r é p a r é p a r l a r é d a c t i o n d e L a R u s s i e d ’A u j o u r d ’ h u i à l ’o c c a s i o n d u S a l o n d u L i v r e d e P a r i s - 2 0 1 2 . T i r é à 1 . 0 0 0 e x e m p l a i r e s e t r é s e r v é à u n e d i s t r i b u t i o n g r a t u i t e s u r p l a c e .

Visitez le stand de la ville au Salon du livre à Paris du 16 au 19 mars 2012 !

(Paris, Porte de Versailles)

Vendredi 16 mars 2012

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02 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frloisirs

Moscou, jadis capitale mondia-le du prolétariat, abrite nombre d’usines désaffectées, partielle-ment ou totalement, souvent si-tuées dans les quartiers du centre, car la mégapole a depuis long-temps avalé ses premières cou-ronnes. Mais contrairement aux homologues britanniques ou al-lemands, les clusters russes n’ont pas surgi dans un contexte de reconversion postindustrielle, quand il a fallu créer des em-plois perdus avec le déclin des industries traditionnelles et ré-habiliter des espaces urbains, tout en structurant la place crois-sante de la production intellec-tuelle et créative dans l’écono-mie nationale et mondiale. « La Russie n’en est pas là », ex plique

les friches livrées aux créateurs

depuis quelques années, la mairie de moscou

a autorisé la reconversion de plusieurs sites

industriels en zones d’expérimentation

tendance

Ils ont laissé leur marque dans la pierre

veronika dormanspécialement pour la russie d’aujourd’hui

l’amitié franco-russe est inscrite dans la toponymie et la géographie de moscou, de la place romain rolland à l’église saint-louis des français, en passant par les boulevards.

En Russie, les « expats » fran-çais n’ont pas attendu le phéno-mène de la mondialisation pour manifester leur présence. En par-ticulier dans la capitale russe. Depuis le XVIIIe siècle, une im-portante communauté française vit et travaille à Moscou, en lais-sant sa marque sur la ville et sa culture, en partageant avec les Moscovites ses traditions culi-naires et littéraires, et en lais-sant aux rues les noms de ses grands hommes.

Du quartier du Pont des Ma-réchaux, investi jadis par les marchands, libraires et perru-quiers venus de France, et dont seul le fier souvenir demeure aujourd’hui, au monument de l’art constructiviste laissé par l’architecte Le Corbusier, Mos-cou se prête volontiers à une « balade française ».

Suivez notre itinéraire en huit étapes.

4 Le Pont des Maréchaux Dès le XVIIIe siècle, une commu-nauté française fleurit à Moscou (précepteurs, médecins, mar-chands, cuisiniers), et se concen-tre peu à peu dans le quartier commerçant du Pont des Maré-chaux (Kouznetski Most).

3 Le Café Pouchkine C’est là que Gilbert Bécaud , dans sa célèbre chanson, imaginait boire des chocolats avec son guide Nathalie. Et c’est justement un autre guide, Andreï Dellos qui, après avoir expliqué des milliers de fois aux touristes qu’il s’agis-sait d’une légende, décida d’en faire une réalité en ouvrant un vaste restaurant haut de gamme. Lequel sert effectivement le meilleur chocolat de la capitale.

2 Tverskoï bulvar Le centre historique de Moscou est ceint par ce que l’on appelle « l’anneau des boulevards », des avenues boisées. Le premier, Tverskoï, a été tracé par un architecte français, à la place de l’ancienne muraille.

1 Les parfums Nouvelle Étoile En 1884, Henri Brocard arrive de France pour se lancer dans la parfumerie de luxe mais aussi les produits de beauté bon marché. Il sera le fournisseur de la tsarine Alexandra. Son usine sera rebap-tisée « Novaïa Zoria » (Nouvelle Étoile) par les bolcheviques.

8 Place Charles de Gaulle Elle a été baptisée ainsi en 1990. En 2005, pour le 60e anniversaire de la Victoire des Alliés, la place fut dotée d’une statue monumentale du général de Gaulle. La place est enveloppée par les murs de l’hôtel Cosmos, conçu par des architectes français.

7 Cimetière Vedensky Il abrite un grand carré français où reposent des pilotes de l’escadron Normandie-Niemen (1942). Non loin de là, un mo-nument commémore les héros de la Grande Armée, morts en 1812.

6 Tsentrosoyouz Dans les années 1930, l’archi-tecte Le Corbusier réalise son unique projet moscovite, le bâ-timent constructiviste du Bu-reau central des coopératives de l’URSS (Tsentrosoyouz), qui abrite aujourd’hui l’agence fédérale des statistiques.

5 Saint-Louis des Français La première église française est consacrée en 1791. L’édi-fice actuel date en réalité du début des années 1830. C’est l’un des seuls lieux de culte qui n’a jamais cessé de fonc-tionner pendant la période soviétique.

Elena Zelentsova, directrice de l’agence de conseil Industries Créatives, à Moscou. « Elle ne présente pas un terreau naturel pour l’apparition d’une écono-mie culturelle et d’une industrie créative au sens occidental du terme, ni économiquement, ni socialement, ni surtout menta-lement ». Le pays souffre encore d’un lourd héritage soviétique et d’une transition mal digérée.

L’État n’a pas encore mis en route de politique économique et culturelle pour une « indus-trie créative » en Russie, fondée notamment sur la petite et moyenne entreprise. Ce qui n’em-pêche pas l’essor de divers cen-tres artistiques d’un type nou-veau pour le pays, hybrides, polyvalents, résolument moder-nes. À Moscou, Winzavod, Strel-

ka, Artplay, Garage, Proekt Fa-brika ou encore Flakon, ont investi avec succès des fabriques, s’appropriant des milliers de mè-tres carrés de hangars. Ces en-treprises sont souvent financées par de richissimes mécènes comme Alexandre Mamut et Ser-guei Adoniev (Strelka). Garage appartient à Dasha Joukova, la compagne du milliardaire Abra-movitch. D’autres (Artplay et Winzavod) affichent des résul-tats équilibrés en sous-louant leurs locaux. De vastes espaces d’exposition accueillent des ré-trospectives prestigieuses (Ilya Kabakov en 2008 à Winzavod) ou des expos-ventes pour artis-tes débutants : le salon annuel « Student Artfair » de Artplay expose des étudiants, en sollici-tant galeristes, experts et médias.

Ces clusters réunissent des pro-fessionnels sous les mêmes toits et ambitionnent de sortir la Rus-sie de son « provincialisme cultu-rel » pour l’intégrer à la scène internationale. Ils entendent pro-mouvoir et populariser l’art contemporain et ses applications. L’innovation et le design, leur va-

leur marchande, et les problé-matiques socio-économiques connexes, sont le ressort de spé-cialistes qui se sont investis d’une mission civilisatrice.

L’Institut média, design et ar-chitecture Strelka, présidé par Ilya Oskolkov-Tsentsiper, a ouvert il y a deux ans un pro-

gramme d’enseignement supé-rieur. « Avant de pouvoir parler d’une industrie, il faut former une couche solide de profession-nels de haut niveau », explique-t-il, installé dans le café cossu de Strelka, autour duquel se structure la vie du centre, tissée de manifestations ouvertes au

lieux choisis

Petites perles moscovites hautement recommandées aux hôtes de la capitale.

les grands parcs • La vie moscovite est assourdissante, et les citadins, comme les visiteurs d’un soir aiment trouver refuge dans les nombreux grands parcs proposés par la ville. Les berges

le cinéma « khoudojestve-ni » • Ce cinéma situé juste à côté de la station de métro Arbatskaia a une programmation variée, des événements très créatifs et des prix imbattables. Le cinéma offre

suite de la Première Page

de la rivière Moskova peuventêtre un bon choix, de jour comme de nuit. Les soirs d’été, le parc Gorki organise en effet des soi-rées dansantes, qui réunissent des Moscovites de tous âges. Les parcs sont des lieux de dé tentes et de fête pour les Russes, de nombreux événements et activi-tés les font vivre, été comme hi-ver, en particulier aux moments des fêtes. Patinoires, toboggans et statues en glace, pistes de ski de fond en hiver, et activités diverses

en été, en plus de nombreux ca-fés à découvrir et à apprécier. Les parcs semblent avoir gardés pour certains cette idée de « divertisse-ment du peuple » issue de l’épo-que soviétique. Le long du quai s’étend le jar-din Neskouchni, une vraie forêt au cœur de la ville. Vous pouvez nourrir les canards et les cygnes, vous promener à cheval ou tout simplement vous détendre sur un banc à l’ombre des arbres dans le parc Troubetskoï.

une large gamme de films étran-gers, de films russes de tous les temps, de rediffusions d’opéras, de festivals, et bien d’autres. Le cinéma propose essentiellement des films traduits en russe, et le nombre de films en VO est limité. Néanmoins, un club d’adeptes de films en anglais propose des clas-siques du cinéma tous les samedis soirs pour les Russes souhaitant pratiquer leur niveau de langue ou les étrangers à la recherche de films qu’ils peuvent comprendre.

itinéraire promenade à travers une sélection de monuments et de constructions réalisées par des Français

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03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.fr loisirs

public. « Le système éducatif russe, dans le domaine du de­sign et de l’architecture, ne pré­pare pas à penser globalement, résoudre des problèmes à l’échel­le d’une région, ou même d’une ville. C’est pourquoi nous faisons appel à des spécialistes de re­nommée mondiale, comme Rem

Koolhaas ou Reinier De Graaf ». Strelka a investi un coin de l’an-cienne usine de chocolat Octo-bre Rouge, désaffectée depuis 2007 et prise d’assaut par diver-ses galeries d’art, rédactions de médias indépendants, studios de design, cafés et boites branchés. Pas vraiment un cluster artisti-

les gorodki • Les gorodki, jeu traditionnel russe a depuis la chute du régime soviétique, perdu de sa popularité. Selon les statis-tiques, autour de 1500 personnes jouent régulièrement à gorodki à

vdnkh • Un des plus grands complexes d’expositions et de foires de Russie se situe à la sta-tion VDNKh dans le nord de Mos-cou. Il est considéré comme le modèle de l’esthétique sovié tique.

millions de passagers utilisent le Metropolitain de Moscou par jour. C’est l’un des plus fascinants et luxueux chemins de fer souter-rains au monde.

tonnes pèse le Tsar de canons, le plus grand canon du monde créé en 1856 par Andrei Chokhov. Il n’a jamais été tiré à cause d’un défaut de fabrication.

tonnes pèse leTsar de Cloches, exécuté par les artistes Ivan et Mikhaïl Motorin au XVIe siècle. Il détient le record d’être la plus grosse cloche du monde.

milles mètres carrés est le surfa-ce de la patinoire qui a été instal-lé en décembre 2011 dans le parc Gorki.

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les principaux clusters créatifswinzavod. Fondé en 2007, dans une ancienne brasserie, et diri-gé par Sofia Trotsenko, ce centre d’art contemporain se consacre à tous les arts visuels, en réu-nissant, autour de ses 6 espaces d’exposition, des galeries privées, showrooms, boutiques et cafés.

artplay, le pionnier du genre, a été fondé en 2003, chapeauté par l’ar-chitecte Serguei Dessiatov. Instal-lé depuis 2009 dans les bâtiments de l’ancienne usine Monomètre, ce cluster rassemble les professionnels de l’architecture, design, urbanisme, ingénierie, meuble.

Garage. Fondé et financé par Da-cha Joukova en 2008, ce « Centre de la culture contemporaine » est l’un des plus grands espaces d’ex-position à Moscou, très en vogue.

Proekt fabrika partage les lieux avec une usine de papier encore en activité et héberge des ate-liers et agences de tous les hori-zons créatifs : architecture, design,

que, sans autre unité que l’adres-se géographique, mais un lieu vi-vant de la vie culturelle et de la nuit moscovite.

« Nous devons éduquer le re­gard. L’art contemporain ne va pas de soi, les gens sont conser­vateurs », explique Alena Sa-prykina, directrice artistique d’Artplay, qui rassemble les gran-des agences de design et archi-tecture. Les clusters accordent une place de choix aux projets interactifs afin de ne pas deve-nir des réserves introverties d’ex-perts, mais des fabriques cultu-relles populaires, des lieux ouverts de transmission. Malgré tous ces obstacles et la crise éco-

nomique de 2008, les centres moscovites se félicitent d’être en développement constant, la de-mande restant largement supé-rieure à l’offre. Le centre de ré-flexion Strelka a été choisi par la mairie de Moscou pour l’aider à la restructuration de l’immen-se parc Gorki, au centre de la capitale. « Il y a deux ans, nous avions l’impression d’être les seuls à avoir besoin de cette aven­ture, ni la société, ni les autori­tés n’étaient particulièrement in­téressées », se réjouit Ilya. « Le pouvoir comprend qu’il faut évo­luer, se moderniser, mais il ne sait pas comment s’y prendre, et c’est là que nous intervenons ».

Des clubs, de l’eau et un peu de chocolat

coûtent minimum 50 000 rou-bles (environ 1 250 euros).

Naturellement, beaucoup cher-chent une alternative aux clubs sélects. Ils préfèrent passer leurs soirées au Mayak, le bar du Théâ-tre Maïakovski. Le Mayak est de-venu le lieu de prédilection des journalistes, des acteurs et des artistes qui s’y retrouvent cha-que vendredi. Ces endroits dé-mocratiques sont moins chers, mais ils n’échappent pas au face control. Si les critères diffèrent, la sélection est partout sévère.

Pourtant, il se dit chez les noc-tambules que le club le plus gla-mour de la ville, aux rythmes techno et électro frénétiques, est un peu dépassé. Du moins connaît-il une concurrence plus rude. Depuis que le Raï a ouvert ses portes, de nombreux bars et boîtes de nuit ont fleuri à proxi-mité, et ce même après la crise de 2008. De nouveaux lieux qui répondent à la demande de ceux qui n’ont pas les moyens d’ac-céder au VIP room du Raï, no-tamment des étudiants à la re-cherche d’une alternative à ce club très sélect.

Une jolie jeune femme s’ap-proche de l’entrée du Raï et scru-te le videur. Celui-ci ne souhai-te pas dévoiler son identité. Il préfère être présenté comme « Vladimir, l’homme du face control ».

« Pouvez­vous nous laisser en­trer, mon amie et moi ? », de-mande la jeune femme. « Je vou­drais rejoindre l’espace VIP ».

« Vous pouvez entrer, mais à condition de réserver une table », répond Vladimir. Ici, les tables

Quelques heures avant la ferme-ture du club, Vladimir surveille les nouveaux venus qui souhai-tent entrer au Raï. Les uns fonc-tionnent à l’espoir, les autres à l’arrogance. Deux jeunes hom-mes aux montres un peu trop lourdes pour leurs poignets ché-tifs s’approchent de la grille. Quand Vladimir leur refuse l’ac-cès, l’un deux lui lance : « Je connais le propriétaire du club depuis des années. Sais­tu qui est mon père ? ». L’autre, Adam, se frotte le pouce et l’index et propose un pot-de-vin. Refusé.

À 6 heures du matin, presque tous les clubs de Moscou ont fermé leurs portes. Quelques fê-tards se dirigent vers Krisha Mira, le Toit du Monde en russe. Au sommet d’une usine désaf-fectée, le club offre une vue im-prenable sur Moscow-City, le quartier financier. Dans ce club, un Cuba libre coûte entre 10 et 15 euros. Alors que les premiers rayons du soleil pointent déjà, les derniers fêtards viennent fi-nalement s’effondrer sur les ban-quettes arrières des taxis. L’en-trée est gratuite, mais encore et toujours triée sur le volet.

restaurants

varvari (les barbares)Cuisine avant-Gardiste et Patriotique

Yarhistoire de luxe et d’exClusivité

TurandoTrenContre imProbable de la Chine et de versailles

Taverne iolki-palkiCuisine russe et Prix démoCratiques

Le temple de la gastronomie russe, cuisinée par le chef avant-gardiste Anatoli Komm. Borchtch au foie gras et ses brioches, hareng en man-teau de betterave, ravioli au crabe de Kamchatka. « Tous nos produits sont issus de l’agriculture russe » clame Varvari, l’unique restaurant russe de la liste The San Pellegrino World’s 50 Best restaurants.8a, boulevard strastnoï

Restaurant somptueux, principal lieu de divertissement en Russie pré-révolutionnaire, Yar ouvre ses portes en 1826. Parmi les habitués figu-rèrent les plus grands : Pouchkine, Tolstoï, Tchekhov, et bien d’autres. Sous l’URSS, il servait exclusivement les camarades du parti haut pla-cés. Aujourd’hui, Yar propose des dîners-spectacles à l’ancienne mode.32/2, avenue leningradski

Une merveille du Moscou moderne : un palais baroque de trois étages, dans un style chinoiserie. Turandot est le restaurant russe le plus cher du monde (il a coûté environ 37,5 millions d’euros). La décoration in-térieure y est sophistiquée et la cuisine extrêmement raffinée, avec les meilleures recettes européennes, japonaises et chinoises.26/5 boulevard tverskoï

Chaîne de petits restaurants décorés comme des chalets. On y mange des tartes russes et des plats inhabituels comme les soupes au pois présentée dans une casserole de pain. Et si comme toute personne branchée, vous aimez les bars à salade, la taverne détient également un chariot-buffet qui semble être sorti tout droit de la Russie Antique.8/10, rue neglinnaïa

Moscou. Ce jeu, dont le nom signi-fie « petites villes », se joue avec des bâtons avec lesquels sont construits des petites forteresses que le joueur doit faire s’écrouler à l’aide d’un autre bâton. Le gou-vernement souhaitant raviver cet-te pétanque russe, typiquement nationale a annoncé son projet de faire construire des terrains de jeu dans les parcs de la ville. Le jeu devrait arriver en premier au parc Petrovski, ensuite à de nombreux autres.

Aujourd’hui la plupart de ses soixante-dix pavillons construits à la gloire du régime, sont deve-nues des vitrines commerciales pour des grandes marques. Peu de visiteurs connaissent les bijoux conservés par ce grand parc de-puis plus de 50ans. Des films sont diffusés dans un cinéma en plein air, sur 11 écrans simultanément, créant un effet panoramique ex-ceptionnel. Ce cinéma permet au visiteur pour moins de 2euros de revivre une expérience historique.

cinéma, musique, livre, publicité, danse, théâtre.

usine-design flakon. À partir de 2009, cette ancienne usine de verre se transforme en zone mixte de business et de création, parta-gée entre espaces d’événementiel, bureaux, agences de pub et de design, studios d’enregistrement et show-rooms.

strelka. L’Institut média, architec-ture et design a été inventé sur un coin de table par une bande d’amis qui, en visite à Venise pour la Biennale d’art, regrettaient que Moscou n’ait pas d’école d’urba-nisme moderne.

octobre rouge. Splendide an-cienne usine de chocolat en plein cœur de Moscou, au bout d’une île, qui accueille aujourd’hui des galeries de photo et d’art, des boîtes et des restaurants bran-chés, quelques rédactions de ma-gazines et une chaîne de télévi-sion dans le vent.

suite de la PremiÈre PaGe

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l’exposition des travaux du collectif aes+f, « le festin de trimalcion », a eu lieu au cen-tre d’art contemporain Garage.

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Galina MasterovaLa russie d’aujourd’hui

les « sept sœurs » ne dominent plus les sommets de Moscou, mais leurs silhouettes continuent de diviser. Chefs d’œuvre néoclassiques ou vaniteuses « pièces montées » ?

« sept sœurs » de l’ère soviétique

Patrimoine Gros plan sur les sept gratte-ciel staliniens qui ont longtemps dominé les toits de la capitale

Elles ont surgi dans l’immédiat après-guerre. Les sept gratte-ciels ont été élevés en dix ans, un défi remarquable pour un pays en ruine. Ils ont accueilli deux hôtels, le « Leningrad » et l’ « Ukraine » ; deux bâtiments administratifs, le ministère des Affaires étrangères et les bureaux de Krasnye Vorota ; l’Université de Moscou et deux immeubles résidentiels, l’un sur les berges Kotelnitcheskaïa, l’autre sur la place Koudrinskaïa.

« C’était le premier chantier d’une telle ampleur dans l’Eu-rope d’après-guerre et le premier consistant à élever des gratte-ciels sur le Vieux continent », commente Natalia Douchkina, professeur à l’Institut d’archi-tecture de Moscou, dont le grand-père, Alexeï Douchkine, a par-ticipé à la création de la tour de Krasnye Vorota.

l’immeuble de la place Kou-drinskaïa, le ministère des af-faires étrangères et l’hôtel « ukraine ».

impossible, en observant les sept sœurs, de ne pas voir l’influence des tours de Manhattan et Chicago

elles encerclent le centre-villeLes sept sœurs staliniennes

sont tour à tour entrées en grâce et tombées en disgrâce au fil des années. Elles sont nées dans le triomphalisme soviétique et ont vécu quelques beaux jours, sym-boles d’un pays renaissant après la guerre, explique Douchkina. Elles rendaient un sens d’échel-le à une ville ravagée par la guerre et les destructions par Staline du vieux Moscou.

« Les nouveaux gratte-ciels ont bouleversé l’horizon, en resti-tuant les accents verticaux jadis tenus par les églises et clochers récemment rasés », a pu écrire l’historien Karl Schlogl dans son ouvrage Moscou.

Avant la construction, les auto-rités soviétiques ont stipulé par décret que les bâtiments ne de-vraient pas copier les gratte-ciels étrangers. Mais impossible de ne pas voir l’influence des tours de

la station Kievskaïa (1953), ornée de fresques.

Manhattan et de Chicago. Après la mort de Staline, les sept sœurs sont devenues des représen tantes de son régime, jusqu’à ce que le style et les architectes, dépouillés de leurs décorations stalinien-nes, tombent en disgrâce.

Aujourd’hui, ce style connaît un regain d’intérêt. Douchkina va bientôt diriger une thèse sur l’immeuble administratif de Krasnye Vorota. En outre, des protecteurs de l’architecture, rus-ses et allemands, militent pour que les tours soient inscrites sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le ministère des Affaires étrangères, lourdement gothique, est le plus imposant. Au départ, le projet ne comportait pas de tourelle, mais Staline aurait in-sisté pour qu’on en ajoute une. Quand Khrouchtchev est arrivé au pouvoir, les architectes sont venus lui demander de l’enlever, mais il aurait répondu : « Lais-sons la flèche comme un monu-ment à la bêtise de Staline ».

Les sept sœurs traînent leur lot d’horreurs, notamment la par-ticipation des prisonniers de guerre allemands et ceux du Goulag à la construction. Ainsi,

pendant les travaux, le 22ème étage de l’université aurait été transformé en mini-goulag.

L’écrivain Anne Nivat a décrit la peur et l’espionnage qui ré-gnaient dans l’immeuble sur la Kotelnitcheskaïa, où logeaient les hauts fonctionnaires du parti et les privilégiés, pendant la pé-riode soviétique (La maison haute). Nivat, qui y a vécu, cite l’un de ses voisins : « Certains résidents de ce monstre sont des monst res eux-mêmes » . Aujourd’hui, les appartements dans les tours sont parmi les plus prisés de la ville et lorsque les administrations quitteront le centre de Moscou, deux autres sœurs staliniennes s’ouvriront aux résidents.

Mais certains immeubles ont pris un coup de vieux. Les as-censeurs sont souvent en panne et l’ancienne nomenklatura (gé-néraux, cosmonautes, dignitai-res) cohabite difficilement avec des personnalités des affaires, des stars du showbiz ou des per-sonnages franchement douteux. Finalement, celles des soeurs qui se sont reconverties en hôtels s’en sortent le mieux en cette époque tourbillonnante !

les rames à thème poétique

Avec un peu de chance, on peut tomber sur une rame à thème. Ces trains circulent sans horai-res précis et sur quelques lignes du métro. « L’Aquarelle » ressem-ble à une boîte contenant fleurs et fruits peints. L’intérieur est agencé comme une galerie d’art, avec des reproductions de tableaux des frè-res Vasnetsov. À l’intérieur de « Moscou lit », on trouve des extraits d’œuvres lit-téraires assortis d’illustrations dif-fèrentes pour chaque wagon. Le train millésimé « Sokolniki » est identique à la toute première ra-me du métro moscovite, offrant des sièges moelleux et des pa-rois d’époque. Le train “La poésie dans le métro” est consacrée aux poètes italiens : Dante, Pétrarque, Giacomo Leopardi. Toutes les œu-vres sont présentées en russe et en italien.

Le métro moscovite : un « palais du peuple » à visiterVingt ans après la disparition de l’URSS, d’innombrables plaques métalliques à l’entrée des sta-tions indiquent toujours « Mé-tropolitain du nom de Lenine». « Les lignes de développement de notre architecture dans la ville et dans le métro étaient iden-tiques. Tout ce qui se passait là-haut trouvait sa réplique sous terre. Jamais dans le sens in-verse : une bonne architecture en bas et une mauvaise en haut », résume l’architecte en chef du métro moscovite, Nikolaï Chou-makov. On dit que les stations ont été décorées avec du marbre, des moulures, du smalt et du fer onéreux destiné à l’aéronautique parce que le pays ne pouvait pas

suite de la PreMiÈre PaGe produire en aussi peu de temps assez de carreaux de faïence pour recouvrir les milliers de mètres carrés prévus. Les stations construites entre 1937 et 1955 offrent des exemples d’architec-ture souterraine de la première période.

L’époque bénie pour l’architec-ture s’est achevée en 1955 après le décret du parti « sur la sup-pression du superflu dans l’ingé-nierie et la construction ». Ré-sultat : des stations types, fades, sans moulures ni mo saïques, sans colonnes origi nales ni d’autres éléments décoratifs, ont alors été construites selon le slogan « plus de kilomètres, moins d’architec-ture ». Exemples des stations des années 1960 – 1980 : Tverskaïa, Ki taï-Gorod, Kolomenskaïa.

Une nouvelle et troisième étape de la construction du métro a débuté par la reconstruction de la station Vorobievy Gory (en 2002). Depuis le quai de cette station, on peut admirer la Mos-kova, le complexe sportif Louj-niki et le bâtiment de l’Acadé-mie des Sciences. Des peintres ont été invités à travailler sur le décor des abords des quais. À la station Sretenski Bulvar, des sculptures de Pouch kine, de Gogol, de Timiriazev et des ima-ges de Moscou sont ainsi appa-rues. La station Dostoevskaïa a été décorée de panneaux en noir et blanc inspirés par les romans de l’écrivain.

Dans les dix années à venir, le métro de Moscou redeviendra sobre, car il faudra construire 120 km supplémentaires. « Nous voulons « déshabiller » les sta- tions au maximum, dit Nikolaï Choumakov. Nous essayons de montrer le plus possible les constructions elles-mêmes, ce de quoi le métro est fait : le fer fondu, le béton, tout cela est très beau ».

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