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la revue Prix de vente hors adhésion 1€ Editrice responsable : Sylvia Vannesche, rue de l’Oratoire 34, 7700 Mouscron Tél : 00 32 (0)56 33.72.13 Dans ce numéro : Le Togo, présentation générale Pp. 2 à 5 Intervention d’Oxfam Pp. 8 à11 Coka P 12 & 13 Momo et Jean- Luc Pp. 14, 15 Grisou raconte P 16 Jacques Varrasse P.17 & 18 1 H pour les Droits de l’Homme P. 20 L’Atelier Solidaire P. 21 264 ECO-VIE est une association à voca- tion écologique, reconnue en Education Per- manente et membre d’Inter- Environnement Wallonie, de la Maison des Associations de Tourcoing, du CRIE de Mouscron, de la Coalition Climat, de Nucléaire STOP !, du réseau Idée ainsi que du Contrat rivière Escaut-Lys, d'Escaut Sans Frontière et du Collectif Lys-Deûle Envi- ronnement Tout est parti de notre atelier djembé au cours duquel les participants, au delà de la pratique d'un instrument, découvrent d'autres cultures, d'autres femmes, d’autres hommes. C'est ainsi qu'est née l'idée de faire « plus », c’est-à-dire de mener con- crètement un projet au Togo. Le choix s’est porté sur l’achèvement d’un dis- pensaire à Tchihé. Il est en effet impératif de ter- miner ce dispensaire et de le mettre sous toit, c’est une priorité pour le vil- lage. Mais avant de concrétiser cette idée et au vu des questionnements d'une partie de nos membres, nous avons pensé qu’il était important d’entamer une réflexion globale sur les relations Nord-Sud et sur la notion de coopéra- tion. C’est pourquoi, grâce à une aide toute spéciale de la Fédération Wallonie- Bruxelles, nous avons or- ganisé, à Blandain, le 1er et 2 octobre dernier, un week-end consacré à des échanges, des conférences sur ces thèmes mais aussi à des rencontres d’hommes et de femmes de « là-bas », des immi- grés venus nous parler de leur pays, de leur vie, de leurs coutumes, de leur musique, de leur cuisine. Cette revue « spéciale To- go » est là pour vous rela- ter ces deux journées. Nous voulons vous faire partager ces instants pri- vilégiés, ces rencontres afin que vous aussi, vous puissiez réfléchir, modes- tement mais concrète- ment, avec nous aux rela- tions Nord-Sud. Le 2 octobre, lors de l’éva- luation avec les partici- pants, la dynamique était bel et bien lancée : devant la satisfaction plus qu’évi- dente des participants et à leur demande, nous avons décidé de programmer un nouveau moment de ré- flexion. Cette fois-ci, ce sera à Mouscron, le ven- dredi 24 février et le sa- medi 25 février. Au pro- gramme : une expo « photos », des confé- rences, un jeu qui vous aidera à mieux com- prendre la notion de « dette », un atelier djem- bé, un atelier de cuisine du monde… Vous trouve- rez tous les détails pra- tiques à l’intérieur de cette revue. En espérant vous rencon- trer nombreux, nous vous souhaitons une excellente année 2012. Qu’elle soit douce pour vous et vos proches, qu’elle soit solidaire et empreinte d’humanité. Sylvia http://www.eco-vie.be/

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Page 1: la revue - eco-vie.be filela revue Prix de vente hors adhésion 1€ Editrice responsable : Sylvia Vannesche, rue de l’Oratoire 34, 7700 Mouscron Tél: 00 32 (0)56 33.72.13 Dans

la revue P r i x d e v e n t e h or s a d h é s i o n

1€

Editrice responsable : Sylvia Vannesche, rue de l’Oratoire 34, 7700 Mouscron Tél : 00 32 (0)56 33.72.13

Dans ce numéro :

Le Togo,

présentation

générale

Pp. 2 à 5

Intervention

d’Oxfam Pp. 8 à11

Coka P 12 & 13

Momo et Jean-

Luc Pp. 14, 15

Grisou raconte P 16

Jacques

Varrasse P.17 & 18

1 H pour les

Droits de

l’Homme

P. 20

L’Atelier

Solidaire P. 21

2 6 4

ECO-VIE est une association à voca-

tion écologique, reconnue en Education Per-manente et membre d’Inter -Environnement Wallon ie , de la Maison des Associations

de Tourcoing, du CRIE de Mouscron, de la Coal it ion

Cl imat, de Nucléaire STOP ! , du réseau Idée ainsi que du Contrat r ivière Escaut-Lys, d'Escaut Sans Frontière et

du Col lecti f Lys-Deûle Envi-

ronnement

Tout est parti de notre

atelier djembé au cours

duquel les participants, au

delà de la pratique d'un

instrument, découvrent

d'autres cultures, d'autres

f e m m e s , d ’ a u t r e s

hommes.

C'est ainsi qu'est née

l'idée de faire « plus »,

c’est-à-dire de mener con-

crètement un projet au

Togo. Le choix s’est porté

sur l’achèvement d’un dis-

pensaire à Tchihé. Il est

en effet impératif de ter-

miner ce dispensaire et de

le mettre sous toit, c’est

une priorité pour le vil-

lage.

Mais avant de concrétiser

cette idée et au vu des

questionnements d'une

partie de nos membres,

nous avons pensé qu’il

était important d’entamer

une réflexion globale sur

les relations Nord-Sud et

sur la notion de coopéra-

tion.

C’est pourquoi, grâce à

une aide toute spéciale de

la Fédération Wallonie-

Bruxelles, nous avons or-

ganisé, à Blandain, le 1er

et 2 octobre dernier, un

week-end consacré à des

échanges, des conférences

sur ces thèmes mais aussi

à d e s r e n c on t r e s

d’hommes et de femmes

de « là-bas », des immi-

grés venus nous parler de

leur pays, de leur vie, de

leurs coutumes, de leur

musique, de leur cuisine.

Cette revue « spéciale To-

go » est là pour vous rela-

ter ces deux journées.

Nous voulons vous faire

partager ces instants pri-

vilégiés, ces rencontres

afin que vous aussi, vous

puissiez réfléchir, modes-

tement mais concrète-

ment, avec nous aux rela-

tions Nord-Sud.

Le 2 octobre, lors de l’éva-

luation avec les partici-

pants, la dynamique était

bel et bien lancée : devant

la satisfaction plus qu’évi-

dente des participants et à

leur demande, nous avons

décidé de programmer un

nouveau moment de ré-

flexion. Cette fois-ci, ce

sera à Mouscron, le ven-

dredi 24 février et le sa-

medi 25 février. Au pro-

gramme : une expo

« photos », des confé-

rences, un jeu qui vous

aidera à mieux com-

prendre la notion de

« dette », un atelier djem-

bé, un atelier de cuisine

du monde… Vous trouve-

rez tous les détails pra-

tiques à l’intérieur de cette

revue.

En espérant vous rencon-

trer nombreux, nous vous

souhaitons une excellente

année 2012.

Qu’elle soit douce pour

vous et vos proches,

qu’elle soit solidaire et

empreinte d’humanité.

Sylvia

http://www.eco-vie.be/

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LE TOGO, UN PETIT PAYS

D’AFRIQUE DE L’OUEST Le Togo est un pays africain de 56 785 km² dont la longueur est de

600 km et dont la largeur varie de 50

à 150 km. Le pays possède 1 700 km de frontière avec le Burkina Faso, le

Ghana et le Bénin et 50 km de côtes

donnant sur le Golfe de Guinée. Le

Togo est divisé en cinq régions et une commune (Lomé).

1. la région maritime

2. la région des plateaux 3. la région centrale

4. la région de la Kara

5. la région des savanes

QUELQUES CHIFFRES CLÉS Dans la mesure du possible, nous

donnons les chiffres de la Bel-

gique afin de rendre possibles les

comparaisons.

Superficie : 56.790 km²

Belgique : 30.513 km2

Environnement : Régime tropical

sec à deux saisons au Nord et climat

subéquatorial au Sud.

Population : 6.600.000 millions

d'hab.

Belgique : 11.000.000 d’hab.

Projection 2050 : 13.544.000 mil-

lions d'hab.

Croissance démographique :

2,62%

Belgique : 0,07%

Population de -15 ans : 43,9%

Belgique : 15,5%

Densité de la population : 122

hab./km²

Belgique : 349,2 hab./km²

Population urbaine : 41,4%

Espérance de vie : 57,86 ans

Belgique : 78,92 ans

Mortalité infantile : 10%

Belgique : 0,31 %

Alphabétisation : 53,2%

Belgique : 99%

Scolarisation : 66%

Indice de développement humain

(2003) : indicateur : 0,479 ; rang :

159 (sur 175 pays)

Belgique : indicateur : 0,867 ; rang :

18 (données 2010)

Langues usitées : Ewés, Kabiés,

Minas…

Religions : Animistes, catholiques,

musulmans, protestants…

QUELQUES DONNÉES ÉCONOMIQUES TOGO

- RNB par habitant PPA :

890$/habitant (RNB –PPA– 5,618 mil-

liards de dollars)

- PIB : 2,855 milliards de dollars

BELGIQUE

- RNB par habitant PPA :

36.610$/habitant

- PIB : 471.161 milliards de dollars

P a g e 2

Au moment de préparer cette re-

vue spéciale, il nous est revenu la

réflexion d’une jeune fille fort in-vestie dans un projet d’aide au Sé-

négal et qui s’étonnait que des Sud

-Africains ne désirent pas s’investir

« d’office » dans l’organisation d’une soirée destinée à récolter

des fonds. « Pourtant ce sont des

Africains » s’était-elle exclamée ! A l’époque on lui avait expliqué,

qu’il y avait plus de distance entre

Dakar et Durban qu’entre Bruxelles et Chicago. S’étonnait-elle aussi

que les habitants de Chicago ne se

sentent pas tout à fait concernés par les problèmes d’égouttage à

Mouscron ?

Cette anecdote est significative d’une certaine perception occiden-

tale du continent africain, qu’on

conçoit bien trop souvent comme une sorte de bloc homogène… Il

s’agit aussi ici de casser cette

image et de tâcher de donner à voir toute la complexité des

choses.

Nous avons donc décidé de rendre

compte de façon (peut-être un peu

scolaire) de la région d’Afrique qui nous concerne ici.

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P a g e 3 2 6 4

La part la plus importante du PIB pro-

vient de deux secteurs d’activité émi-

nents : le port de Lomé et l’exploita-

tion d’un important gisement de phos-

phates apportant plus de 40 % des

recettes d'exportation (5ème produc-

teur mondial).

Le port en eau profonde est une réali-

sation hautement politique, et d’enver-

gure internationale, puisqu’une mise en

œuvre aussi coûteuse ne pouvait se

justifier que si elle concernait les pays

enclavés au nord du Togo (notamment

le Burkina Faso et le Niger) et bien sûr

les réseaux mar-

chands des bailleurs

de fond, ce qui indui-

sait la création, éga-

lement, d’un réseau

routier vers ce nord.

Une zone franche

s’est mise en place à

la fin des années 80.

Une petite industrie

de PME couvre de

nombreux secteurs

de la consommation

courante. L’agricul-

ture concerne plus

des 2/3 de la population active. Les

cultures d'exportation portent essen-

tiellement sur le café-cacao et le coton.

Un barrage hydroélectrique (réalisation

conjointe du Bénin et du Togo) fournit

près du tiers des besoins en électricité

des deux pays. Togo et Bénin dépen-

dent pour 70% du Ghana.

L'économie togolaise, naguère équili-

brée, a été très fragilisée par l'instabili-

té politique des dernières années (voir

page 4 les « données historiques ») et

par la suspension de l'aide extérieure.

Depuis juin 2001, cette aide ne repré-

sente plus que 5% du Produit Intérieur

Brut.

E n l ' a bse n ce d ' E tat ,

l a po pu lat ion s 'o rgan is e

La population togolaise assure sa sur-

vie dans un pays en régression, grâce

notamment à une dynamique associa-

tive assez développée (micro-crédit,

animation rurale, etc.) avec un rôle

particulier des mouvements féminins

d’entraide et de conscientisation.

Les conséquences de la détérioration

de la situation économique sur les

plans scolaire et sanitaire sont bien sûr

ravageuses. Le manque d’écoles et de

fournitures, la faible qualification d’une

grande partie des enseignants et le

caractère aléatoire de leur rémunéra-

tion posent deux problèmes majeurs :

l’accès à l’éducation et sa qualité (voir

en page XXX).

Le RNB est le revenu national brut. On

peut exprimer le RNB en PPA, c’est-à-

dire en parité de pouvoir d'achat, PPA. Cette dernière méthode permet (en

théorie) de gommer les différences de

prix entre pays. Pour un pays donné,

un dollar US exprimé en PPA (valant alors, par exemple, 1,13 dollar US) a le

même pouvoir d'achat dans ce pays

qu'un dollar américain aux États-Unis.

Le revenu national brut (RNB) est la

somme du PIB (produit intérieur brut) et du solde (soit positif, soit négatif)

des flux de revenus avec le reste du

monde. En termes plus simples, il s’agit de la différence entre de l’argent

qui entre et sort du pays ; par

exemple, les revenus expatriés par des

entreprises et/ou des résidents étran-gers et des revenus importés dans le

pays, en provenance d’entreprises ou

de nationaux travaillant à l’étranger. Dans de nombreux pays, les flux en-

trants et sortants tendent à s’équili-

brer, de sorte que le PIB et le RNB ne diffèrent guère. Mais, par exemple, en

Irlande, les sorties de bénéfices et de

revenus, effectuées essentiellement par les grandes entreprises multinatio-

nales qui y sont implantées, excèdent

de très loin les rapatriements de reve-nus. De façon générale, en Afrique, la

situation est totalement inverse ; les

personnes expatriées envoient des

sommes importantes dans leurs pays d’origine…

Pour les PMA africains (les « pays les

moins avancés), les envois de fonds sont estimés à 6,4 milliards de dollars

en 2007.

Un exemple : envois de fonds

vers le Sénégal

Mine de phosphates au Togo

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27 avril 1960 Proclamation de l'indé-

pendance.

9 avril 1961 Victoire de Sylvanus

Olympio à l'élection présidentielle.

13 janvier 1963 Coup d'Etat militaire.

Assassinat du président Sylvanus

Olympio. Nicolas Grunitzky lui succède.

15 mai 1963 Victoire de Nicolas Gru-

nitzky à l'élection présidentielle.

12 janvier 1967 Coup d'Etat du lieu-

tenant-colonel Etienne Gnassingbé

Eyadema.

12 mai 1967 Dissolution des partis

politiques.

29 novembre 1969 Création d'un

parti politique unique, le Rassemble-

ment du peuple togolais (RPT).

9 janvier 1972 Victoire du général

Gnassingbé Eyadema à l'élection prési-

dentielle.

Janvier-février 1974 Nationalisation

de l'industrie des phosphates.

30 décembre 1979 Adoption d'une

nouvelle Constitution et réélection du

général Gnassingbé Eyadema.

13 janvier 1980 Proclamation de la

IIIe République.

8-10 août 1985 Visite du pape Jean-

Paul II.

24 septembre 1986 Tentative de

coup d'Etat de mercenaires venant du

Ghana et du Burkina Faso (100 morts).

Intervention militaire de la France.

21 décembre 1986 Victoire du géné-

ral Gnassingbé Eyadema (3ème man-

dat).

5 octobre 1990 Violentes manifesta-

tions à Lomé (5 morts).

12 mars-12 juin 1991 Manifestations

des étudiants et grève générale lancée

par l'opposition.

11 avril 1991 Massacre de la lagune

de Bé, à Lomé (26 morts).

8 juillet-28 août 1991 Conférence

nationale à Lomé : réduction des pou-

voirs du président Gnassingbé Eyade-

ma, élection d'un Haut Conseil de la

République (HCR), instauration d'un

régime semi-présidentiel, nomination

d'un Premier ministre de transition,

Joseph Kokou Koffigoh.

1er octobre 1991 Tentative de coup

d'Etat militaire (5 morts).

27 novembre-3 décembre 1991

Tentative de coup d'Etat militaire

contre le Premier ministre Joseph Ko-

kou Koffigoh. Le Premier ministre, cé-

dant à l'armée, forme un nouveau gou-

vernement.

5 mai 1992 Tentative d'assassinat

contre l'opposant Gilchrist Olympio.

27 août 1992 Le HCR rétablit le prési-

dent Gnassingbé Eyadema dans ses

prérogatives.

27 septembre 1992 Adoption par

référendum d'une nouvelle Constitu-

tion.

25 janvier 1993 Violente répression

d'une manifestation de l'opposition (16

morts). Exode de milliers de Togolais

vers le Ghana et le Bénin.

25 mars 1993 Tentative de coup

d'Etat militaire.

25 août 1993 Victoire de Gnassingbé

Eyadema à l'élection présidentielle

(4ème mandat), boycottée par l'oppo-

sition.

1997-1998 Lancement du processus

de privatisation des filières du coton et

des phosphates.

21 juin 1998 Victoire de Gnassingbé

Eyadema à l'élection présidentielle

(5ème mandat).

29 juillet 1999 Signature d'un accord

entre les partis politiques de la mou-

vance présidentielle et de l'opposition

afin d'enrayer la crise politique qui per-

dure depuis les années 1990.

30 décembre 2002 Modification par

le Parlement de l'article 59 de la Cons-

titution qui limitait à deux le nombre

de mandats présidentiels.

1er juin 2003 Victoire de Gnassingbé

Eyadema à l'élection présidentielle

(6ème mandat).

5 février 2005 Décès du président

Gnassingbé Eyadema.

7 février 2005 Investiture de Faure

Gnassingbé en tant que président.

25 février 2005 Sanctions diploma-

tiques et militaires de l'Union africaine.

Démission de Faure Gnassingbé.

24 avril 2005 Victoire de Faure Gnas-

singbé à l'élection présidentielle ; élec-

tion suivie de violences (plus de 400

morts).

27 mai 2005 Levée des sanctions de

l'Union africaine.

21 avril 2006 Reprise du dialogue

entre le gouvernement et les princi-

paux dirigeants de l'opposition.

20 août 2006 Signature à Lomé d'un

accord politique global mettant fin aux

violences et prévoyant la formation

d'un gouvernement d'union nationale

et l'organisation d'élections législatives.

14 octobre 2007 Elections législa-

tives.

29 novembre 2007 Rétablissement

de la coopération avec l'Union euro-

péenne après 14 ans de suspension.

12-13 avril 2009 Tentative d'interpel-

lation de Kpatcha Gnassingbé, impliqué

dans une tentative d'atteinte à la sûre-

té de l'Etat.

15 avril 2009 Arrestation et inculpa-

tion de Kpatcha Gnassingbé.

23 juin 2009 Abolition de la peine de

mort.

8 janvier 2010 Attentat des rebelles

du Front de libération de l'enclave de

Cabinda (FLEC) contre le bus de la sé-

lection nationale de football du Togo

lors de la Coupe d'Afrique des Nations

en Angola (2 morts).

4 mars 2010 Réélection de Faure

Gnassingbé.

15 septembre 2011 Condamnation

de Kpatcha Gnassingbé à 20 ans de

prison, pour avoir fomenté un coup

d'Etat en avril 2009.

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P a g e 5 2 6 4

Nous nous arrêtons ici sur la poli-

tique de la France en Afrique parce

que le Togo appartient à cette

sphère d’influence. On comprendra

que la France n’est pas la seule à

pratiquer de la sorte. Et que la Bel-

gique pourrait être elle aussi large-

ment pointée du doigt (qu’on se

souvienne de l’assassinat de Pa-

trice Lumumba…).

La politique africaine de la France re-

lève du domaine réservé du chef de

l’État. Elle échappe donc dans une très

large mesure à tout contrôle démocra-

tique. Le résultat, c’est que la réalité

de la Françafrique, c’est à dire des

liens politiques, économiques et mili-

taires entre la France et ses anciennes

colonies africaines (mais malheureuse-

ment pas seulement), paraît tout à fait

incroyable tant elle est en décalage, et

même en opposition totale, avec

l’image que les médias donnent géné-

ralement de l’action généreuse de la

France sur le continent africain.

Pourtant, des investigations aussi im-

portantes que minutieuses (1) ont per-

mis de dresser un début de cartogra-

phie de cet univers occulte où se mê-

lent quête du pouvoir, prédation éco-

nomique et trafics en tout genre, et

leur corolaires que sont la violence et

la misère qui frappent les populations

africaines.

Une décolonisation de façade

Pour comprendre le système de la

Françafrique, il faut remonter à ses

origines.

A son retour au pouvoir en 1958, De

Gaulle se voit contraint par le mouve-

ment de l’histoire et les pressions in-

ternationales à accorder officiellement

leur indépendance aux anciennes colo-

nies subsahariennes de la France. Mais

dans le même temps, il charge son

fidèle homme de l’ombre Jacques Foc-

cart de faire l’inverse, c’est-à-dire de

maintenir la dépendance de fait.

C’est le point de départ de la Fran-

çafrique : d’un côté une légalité inter-

nationale proclamée haut et fort, les

indépendances, mais de l’autre la mise

en place de mécanismes perpétuant la

dépendance, et donc forcément illé-

gaux puisqu’en contradiction avec

l’indépendance reconnue en droit.

La soumission politique contre

l'enrichissement personnel

Le système s’est d’abord mis en place

par l’installation quasi-systématique de

chefs d’États « amis de la France », ce

qui permet de donner une illusion

d’indépendance.

L’exemple le plus flagrant est sans

doute celui du gabonais Omar Bongo,

pilier historique de la Françafrique, qui

a reconnu être issu des services se-

crets français.

Différentes méthodes sont utilisées

pour arriver à ces fins.

D’abord, la violence extrême, comme

ce fut le cas au Cameroun où le popu-

laire mouvement indépendantiste de

l’UPC, mené par Ruben Um Nyobé, a

été littéralement écrasé dans un bain

de sang par la France et ses alliés lo-

caux, provoquant entre 1957 et 1970

entre cent et quatre cent mille morts,

selon les estimations. Dans d’autres

cas, quand la population était parvenue

à se doter de leaders éclairés et élus,

on a procédé par l’assassinat pur et

simple des dirigeants. Ce fut notam-

ment le cas au Togo où Sylvanus

Olympio fut froidement assassiné par

des officiers franco-togolais fraîche-

ment débarqués des guerres coloniales

indochinoises et algériennes, parmi

lesquels se trouvait Etienne Eyadéma.

Celui-ci prendra par la suite la tête du

pays, instaurant une dictature militaire

impitoyable durant près de quarante

ans.

Retenons aussi, quelques années plus

tard, le cas de Thomas Sankara, leader

charismatique du Burkina-Faso qui fut

renversé et assassiné par l’actuel chef

d’État burkinabé Blaise Compaoré,

avec le soutien de la France (et l’appui

de l’indéfectible Félix Houphouët-

Boigny).

Autre méthode, la fraude électorale

massive qui a permis d’écarter systé-

matiquement tout candidat issu des

aspirations des peuples concernés,

pour installer des dirigeants dévoués à

la cause française.

(1) notamment par François-Xavier Ver-

schave, et ses continuateurs dont les tra-

vaux, compilés en différents ouvrages cu-

mulant plusieurs milliers de pages, ont subi

par deux fois l’épreuve de la justice fran-

çaise. La justice n’a pourtant pu que recon-

naître, pour reprendre les termes du juge-

ment, « l’importance des sujets évoqués,

mais aussi le sérieux des investigations ef-

fectuées ». Celle-ci a donc admis que

« malgré la vigueur des attaques, il n’appa-

raît pas que la démarche de François-Xavier

Verschave soit critiquable. » voir le site

http://survie.org/auteur/survie

Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville)

Sylvanus Olympio

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P a g e 6

Comment ces « gouverneurs noirs »

ont-ils pu accepter un tel marché, hy-

pothéquant pour des décennies le dé-

veloppement de leur pays et le bien-

être de leurs populations ? La réponse

c’est l’appât du gain. Les termes du

marché implicite passé par la France

avec ces potentats locaux consistait

tout simplement à dire « laissez-nous

décider de la conduite des affaires du

pays, et en échange de votre silence

et de votre soutien, servez-vous à vo-

lonté dans les caisses de l’État ». Et

les intéressés (au premier rang des-

quels les Eyadéma, Mobutu, Moussa

Traoré, etc.) ne se sont pas fait prier,

constituant parfois des fortunes consi-

dérables égalant la dette extérieure de

leurs pays !

La domination militaire et l’appui

aux États policiers

Sur le plan militaire, la domination est

également flagrante.

Elle passe bien sûr par la présence de

bases militaires sur le continent afri-

cain, aujourd’hui au nombre de trois

(Sénégal, Gabon et Djibouti)

Les accords de défense constituent

l’autre instrument de la domination

militaire. Ces accords, garantissant le

soutien français en cas de menace ex-

térieure et intérieure, lient officielle-

ment huit pays africains à la France,

mais ils s’accompagnent de toute une

série d’accords plus ou moins secrets

d’assistance technique et de coopéra-

tion militaire. Le corollaire de cette

coopération est bien sûr la vente

d’armes...

A tout cela s’ajoute la domination mili-

taro-policière qui s’exerce à travers

toute une série d’officines publiques et

privées, l’envoi de mercenaires parfois

mandatés et équipés par la France, et

la fourniture d’agents et de matériel de

sécurité visant à former et à équiper

des polices politiques comptant parmi

les plus violentes du monde et qui s’il-

lustrent régulièrement dans la répres-

sion sanglante de toute velléité d’op-

position. Dernier exemple en date, la

fourniture par un groupe français de

500.000 euros d’équipement pour les

forces de sécurité togolaise à l’ap-

proche des présidentielles de 2010

dans le cadre d’un « projet d’appui à

la sécurisation des élections ». Les

manifestants apprécieront !

La prédation économique et

le pillage des ressources

L’exploitation des richesses du conti-

nent africain était au cœur du projet

colonial. Lorsque celui-ci prend fin,

l’accès à certaines ressources straté-

giques reste une préoccupation ma-

jeure.

De Gaulle affirme dès 1961 : « Notre

ligne de conduite, c’est celle qui

sauvegarde nos intérêts et qui

tient compte des réalités. Quels

sont nos intérêts ? Nos intérêts,

c’est la libre exploitation du pé-

trole et du gaz que nous avons dé-

couverts ou que nous découvri-

rions. »

Pour remplir cet objectif, le

général crée Elf Aquitaine,

avec à sa tête un de ses

proches issu des services

secrets : Pierre Guillaumat.

C’est le début de la mise en

place du système Elf, qui vise à assu-

rer la mainmise française sur le pétrole

et le gaz africain. Cette entreprise ne

sera jamais une simple compagnie pé-

trolière, comme le montre notamment

le nombre d’agents secrets qu’elle em-

ploie (jusqu’à 400 !), et comme le dé-

montrera partiellement l’affaire Elf,

lorsque celle-ci éclate à la fin des an-

nées 90, éclaboussant au passage les

plus hauts personnages de la Répu-

blique dont l’ancien ministre et prési-

dent du Conseil Constitutionnel Roland

Dumas, et même le Président de

l’époque, François Mitterrand.

Aux entreprises métropolitaines que la

décolonisation a laissées en position

dominante (La Compagnie Française

de Développement des Textiles (1)

pour le coton, Rougier pour le bois,

CFAO pour le commerce et la distribu-

tion, les plantations coloniales de ba-

nanes, de café, de cacao, etc.) s’ajou-

tent des groupes privés qui s’appuient

sur l’Afrique pour se développer de

manière extraordinairement rapide

comme Bouygues, ou encore Bolloré,

dont la boulimie et la diversification

accélérée des activités sur le continent

(transports, médias, commerce, plan-

tations etc.) laissent penser qu’ils ten-

dent à remplacer Elf par son influence

sur les affaires franco-africaines.

Parmi les piliers de la prédation écono-

mique des ressources africaines, on

peut encore citer Areva qui exploite

d’immenses mines d’uranium dans des

conditions écologiques et sanitaires

déplorables. On peut enfin citer Total,

qui a absorbé la trop sulfureuse en-

seigne Elf, ou encore BNP Paribas très

implantée dans le secteur stratégique

de la banque en Afrique.

Outre l’action des entreprises, qui bé-

néficie le plus souvent d’un soutien

plus qu’appuyé de la part du pouvoir

politique français, l’exploitation écono-

mique de l’Afrique est facilitée par des

éléments systémiques que sont les

accords de coopération écono-

mique qui assurent à la France un

quasi-monopole d’accès à certaines

ressources stratégiques ou particuliè-

rement rentables.

Le Franc CFA constitue par ailleurs

une véritable camisole contraignant les

anciennes colonies africaines à com-

mercer en priorité et dans des condi-

tions préférentielles avec la France, et

qui fut également un outil de détour-

nement et de blanchiment massifs.

Enfin, les pays africains sont égale-

ment prisonniers du carcan d’une

dette exponentielle, contractée par

des dictateurs irresponsables avec

l’encouragement bienveillant de Paris,

et qui entrave aujourd’hui inexorable-

ment le décollage économique de ces

pays.

(1) Aujourd'hui transformée en plusieurs

sociétés nationales dans différents pays

d'Afrique occidentale ou équatoriale. La

maison mère a changé de nom pour s'appe-

ler 'Développement des agro-industries du

Sud (Dagris)'1 puis Geocoton..

Répression mars 2011 –Togo

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P a g e 7 2 6 4

Dans le cadre de sa thématique

« ouverture et compréhension de la

culture africaine », Eco-Vie organise

depuis plusieurs années un atelier

« djembé ». Afrique, rythmes, percus-

sions, spectacle : des mots qui font

rêver et qui expliquent l’engouement

pour cette activité qui connaît donc un

joli succès.

Cet atelier consacre un important mo-

ment à l’explication et à la mise en

contexte des morceaux joués puisque

ceux-ci sont liés à un ou l’autre évè-

nement qui scandent la vie sociale…

C’est ainsi que naissent discussions et

débats. Petit à petit, au fil des ate-

liers, de la découverte de la culture et

des réalités de l’Afrique de l’Ouest et

des discussions a émergé le souci de

« ne pas en rester là »… Les partici-

pants se sont mis à réfléchir à ce

qu’ils pourraient bien faire de

concret qui puisse venir en aide

à la région qui les passionne.

Notre animateur est pour sa part

fort engagé dans cette interro-

gation. Dans les débats, son ex-

périence se révèle dès lors très

précieuse. Lui, s’est tourné vers

des « micro-projets » en lien

avec des partenaires directs.

C’est ainsi qu’il est en contact

depuis une dizaine d’années

avec VEDET, une association sise

à Lomé et créée à l'initiative

d'un de ses amis togolais, Assou

Koutchena, avec d'autres per-

sonnes de son quartier -

« Boka », à Nyékonakpwé.

Le but de Volontariat, Echange

et DEveloppement au Togo

(VEDET) est l'échange culturel par la

confrontation directe de volontaires,

tant d'ici que de là-bas, aux réalités

des quartiers et villages défavorisés

du Togo, par l'organisation, entre

autres, de Camps-Chantiers.

La participation financière des volon-

taires européens permet le parrainage

de jeunes citadins togolais qui partici-

pent eux aussi au chantier (pour dix

inscrits occidentaux, ce seront vingt

personnes qui se retrouveront dans

un projet commun avec des villageois

qui accueillent toute l’équipe).

Cette proposition d’engagement con-

cret a rapidement mené Eco-Vie à une

réflexion plus globale sur le sens de

certaines de ses activités et d’un dé-

placement au Togo.

Ainsi sont nées les interrogations sui-

vantes :

- les ateliers de cuisine africaine

préparatoires ont-ils du sens dans

une démarche qui se veut respec-

tueuse de l’environnement ?

- ce projet de déplacement ne relè-

verait-il pas d’une sorte de néo-

colonialisme ?

- ce projet ne risque-t-il pas d’ap-

porter une caution à un régime poli-

tique qu’on connaît mal ?

- quelle est la place de la femme au

Togo ? Etc.

Il nous est clairement apparu que ces

questions ne pouvaient pas être réso-

lues d’un coup. Nous avions besoin

d’une approche informée et nuancée,

qui dépassait d’ailleurs le simple cadre

du projet de l’atelier « djembé » pour

s’appliquer à l’ensemble de « nos »

rapports avec l’Afrique.

C’est pourquoi nous avons pris la dé-

cision d’organiser un week-end rési-

dentiel afin de pouvoir commencer à

en débattre plus largement.

Lors de la préparation, le groupe por-

teur avait imaginé un « menu » de

conférences et de débats pour ces

deux journées.

Pour rappel, le 1er octobre, nous de-

vions avoir un atelier cuisine

« Togo », une conférence-débat avec

Oxfam Solidarité et « Le Monde selon

les femmes », puis une conférence-

débat avec Daniel Tanuro sur le ré-

chauffement climatique et le nouveau

colonialisme qu’il engendre, un repas

africain puis un concert-rencontre

avec Coka Mangé Camara

Malheureusement, nous avons appris

deux jours avant le week-end, que

Daniel Tanuro ne pourrait nous re-

joindre pour raison familiale. Heureu-

sement pour nous, Jacques Varrasse a

accepté de nous concocter, au pied

levé, une conférence –débat sur la

coopération… Un tout grand merci à

lui !

Comme un souci n’arrive jamais seul,

nous apprenions également que

l’animatrice du jeu Sudestan ne

pourrait finalement pas nous re-

joindre (erreur d’agenda)… Là

aussi, il nous a fallu nous organi-

ser en dernière minute (ce qui

n’est jamais simple) et nous

avons pu compter sur la présence

de Jean-Luc Hélie et Momo Taleb

qui ont accepté de venir témoi-

gner de leur projet de coopéra-

tion l’un avec le Togo, l’autre

avec le Maroc.

On peut dire que nous n’avons

pas perdu au change parce que,

tout compte fait, ces trois confé-

renciers se sont révélés très inté-

ressants et que ce qu’ils nous ont

présenté a alimenté très efficace-

ment notre réflexion.

Quant à Daniel Tanuro et au jeu

Sudestan, ce n’est que partie remise

puisque nous vous les re-proposerons

le 25 février.

Cette revue se propose donc de don-

ner un aperçu des différents moments

de réflexion que nous avons vécus

durant ce week-end des 1er et 2 oc-

tobre afin de les partager aussi large-

ment que possible avec nos membres

et toutes les associations intéressées.

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P a g e 8

Tchihé est un village « de brousse »,

dans la préfecture de Blitta, à l'ouest

du pays. Tchihé est entouré de petites

rivières, dont la traversée est souvent

impossible en saison pluvieuse. Les

malades et femmes enceintes ne peu-

vent dès lors pas rejoindre par les

pistes les dispensaires les plus

proches : ceux de Nyamassila, à

12km, et d'Akaba à 15km. Quant aux

hôpitaux (car un dispensaire dispose

d'au moins un infirmier, mais pas for-

cément d'un médecin), à partir de

Nyamassila, il faut compter 1h de

route pour celui d'Atakpamé ou 3h

pour celui de Lomé, à la condition

qu’un véhicule soit disponible...

Dans ces conditions, on comprend

bien que les 9 villages environnant

Tchihé pourront aussi bénéficier du

dispensaire…

A l’heure actuelle, seules les fonda-

tions et une petite partie des murs de

ce dispensaire ont pu être achevées.

Il manque une bonne part du finance-

ment pour achever et les murs et la

toiture…

Le dispensaire est demandé par le

village à l'association VEDET, l'asso-

ciation s'occupe de le construire et

d’ouvrir le dispensaire en prenant en

charge les coûts. Puis c'est l'Etat qui

prend le relais une fois que le dispen-

saire est ouvert et fonctionne (ça s'est

passé déjà comme ça dans le cas du

projet précédent : une école).

Pour que le dispensaire puisse tour-

ner, il faut 3 éléments : la matrone,

qui fait les premiers soins et aide à

l'accouchement, l'infirmier et la phar-

macie. L'infirmier est d'abord payé

par l'association et celle-ci fait le pari

que l'Etat reprenne le dispensaire, s'il

répond aux normes notamment en ce

qui concerne la vaccination.

La durée estimée de prise en charge

par l'association VEDET est de 2 à 3

ans.

Pour que le dispensaire puisse se

mettre à fonctionner, il faut une ré-

serve financière estimée à 5.000 €,

pour achever la construction et à

2.000 € pour le démarrage du dispen-

saire

Etat actuel du dispensaire

Plan du projet de dispensaire

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Stéphane et Etienne, animateurs

chez Oxfam, nous ont présenté

deux grands axes d’action d’Ox-

fam-Solidarité.

- la campagne « Cultivons », avec des

éléments sur l'accaparement des

terres et la souveraineté alimentaire

- le programme Sud d'Oxfam Solidari-

té et l'appui à l'agriculture familiale

Nous avons essayé de condenser en

quelques pages le contenu passion-

nant, mais pas toujours très facile à

retenir, de ces exposés.

Il faut que nous précisions aussi que

les « débats » qui ont suivi ces expo-

sés ont surtout porté sur des ques-

tions d’éclaircissement.

L’évaluation de cet épisode en parti-

culier a porté sur plusieurs points :

a) une telle quantité d’informations

dispensées en un simple après-midi

ne permet pas de réels débats (au

sens d’une opposition constructive

d’idées) ; il est donc important de me-

surer le « différentiel » de connais-

sances entre les intervenants et leur

public ;

b) néanmoins, ce passage par une

information de type descendant est

intéressant (voire indispensable)

c) il est utile que soit réalisé le travail

de synthèse auquel nous nous livrons

ici : il faut fournir des données résu-

mées ainsi que des références qui

permettent de fixer les connaissances

acquises et d’aller plus loin ensuite.

Commençons donc par fournir

quelques liens qui permettent d’accé-

der à des vidéos (que nos animateurs

auraient voulu nous faire visionner, ce

qui s’est avéré techniquement impos-

sible à Blandain) :

1) Filière lait au Burkina Faso et Déve-

loppement Durable :

http://www.vizzi.be/programma/

lokale-melkproductie-zorgt-voor-

duurzame-bestaansmiddelen-burkina-

faso

2) Les étuveuses de riz au Burkina

Faso :

http://www.oxfamsol.be/fr/Unions-

des-etuveuses-de-Banzon-et.html

3) Un documentaire réalisé pour le

PACT (Programme d’Appui aux Collec-

tivités Territoriales) au Mali. Après

une introduction qui expose la problé-

matique de façon générale, le film se

structure en différentes séquences

thématiques essentiellement axées

sur des témoignages. Sont ainsi suc-

cessivement traités : l’égalité entre

hommes et femmes, les modes d’héri-

tage, l’insécurité foncière, la gestion

de la terre, l’utilisation des bénéfices

tirés de l’exploitation, l’achat de terre

et les prêts de terre à des associations

de femmes.

http://www.dailymotion.com/video/

xkb6b7_femmes-et- f onc ier -au-

mali_news

1ER EXPOSÉ.

Nous reproduisons ici les données que

nous avons eu l’occasion de découvrir

lors de la présentation de la cam-

pagne « Cultivons ».

1) UN CONSTAT : DE PLUS EN PLUS

DE GENS SOUFFRENT DE LA FAIM.

Après des décennies de progrès très

timides dans la lutte contre la faim,

on observe une progression drama-

tique de la faim dans le Monde.

Outre la souffrance immédiate de cen-

taines de millions de gens, la faim est

un indicateur de malaises plus pro-

fonds, responsables de nombreux

chocs et d’une fragilité manifeste du

système global(isé)dans lequel nous

vivons :

- l’épuisement des ressources

- l’importance du changement clima-

tique

- le dysfonctionnement des marchés

- le dysfonctionnement du système

financier

- la crise énergétique qui s’annonce

2) LE DISCOURS « OFFICIEL » :

NOUS DEVONS PRODUIRE PLUS !

La FAO (Organisation des Nations

Unies pour l’alimentation et l’agricul-

ture) prévoit une augmentation de 70

% de la demande d’ici 2050 et la

croissance démographique sera con-

centrée dans les régions souffrant

d'insécurité alimentaire - en 2050, 7

personnes sur 10 seront dans les

PFRDV (Pays à Faible Revenu et à Dé-

ficit Vivrier).

On prévoit en outre une « demande

croissante » poussée par le dévelop-

pement économique et la transition de

certains pays vers une forme de con-

sommation plus proche de celle des

pays occidentaux.

3) QUELQUES PRÉALABLES

avant de s’attaquer au problème

de la faim d’un milliard d’êtres

humains, on peut envisager tout

autrement les solutions et dépas-

ser la rengaine trop connue du

« toujours produire plus » ; ainsi :

a) il convient de produire de manière

durable, c’est-à-dire de nourrir 9 mil-

liards de personnes d’ici 2050 sans

détruire la planète

Le n

om

bre

de g

ens v

ictim

es d

e la

faim

(en m

illions/a

nnée).

Ce que nous sommes très, très

loin de réaliser à l’heure actuelle.

- La croissance des rendements agri-

coles n’atteint pas plus d’1% par an,

bien en deçà de la croissance de la

demande et le changement climatique

aggrave encore la situation

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b) il convient de garantir les mêmes

droits pour tous

Nous devons nous attaquer aux inéga-

lités qui touchent le système alimen-

taire et ce, de la production à la con-

sommation ; il est impératif de com-

mencer avec le milliard de personnes

souffrant actuellement de la faim

c) nous devons intensifier notre capa-

cité à gérer collectivement toutes

formes de risques. Tant au niveau

international qu’au niveau national

(c’est la « résilience »)

4) DES ALTERNATIVES SONT

POSSIBLES !

a) il faut relocaliser l’agriculture

La faim, la vulnérabilité des popula-

tions et la pauvreté sont concentrées

dans les zones rurales.

Le faible rendement des petits exploi-

tants est lié à une utilisation plus

faible des ressources, non à un

manque d’efficacité.

Investir pour accroître l'accès aux res-

sources permettra d'accroître la pro-

duction et de combler l'écart dans le

rendement.

Cette démarche va permettre de

mettre en place une forme d’adaptabi-

lité et augmenter l’égalité.

b) au niveau global, trois grands

changements doivent être soutenus

- Lutter contre la crise alimentaire en

construisant des réserves alimen-

taires, en luttant contre les agrocar-

burants et la spéculation, en régulant

le marché des matières premières et

en assurant une protection sociale

réelle.

- Investir dans l’agriculture paysanne

C’est là que se situent les véritables

possibilités de renforcer la production

et de lutter contre le manque de nour-

riture

- Prévenir un possible effondrement

écologique en obtenant un accord

mondial sur le changement climatique

et en évitant les fausses solutions.

2ÈME EXPOSÉ.

Nourrir le monde en préservant la Nourrir le monde en préservant la

planèteplanète (1)

Stéphane Parmentier

consultant et chercheur indépendant

sur les questions agricoles et de sou-

veraineté alimentaire (http://

www.agriculture-viable.net)

Ière Partie : le monde globalisé,

une approche des problèmes

1) De façon générale, le système

capitaliste est le fondement des

impasses actuelles du système

alimentaire mondial

Le capitalisme est un modèle écono-

mique et social fondé sur la propriété

privée des moyens de production et

d’échange et il privilégie les intérêts

particuliers des détenteurs de capi-

taux

Ses caractéristiques majeures :

- le profit l’emporte sur tout autre ob-

jectif, y compris de développement

durable ;

- c’est pourquoi on assiste à la trans-

formation en marchandises d’un

nombre toujours plus important de

sphères d’activités humaines (voir par

exemple, Revue d’Eco-Vie n°263, l’ar-

ticle sur Google) ;

- pour se perpétuer le capitalisme a

besoin de se globaliser, c’est-à-dire

d’étendre toute sa sphère d’action à la

Planète ;

- le capitalisme est basé sur la con-

currence acharnée et la disparition

des « plus faibles » (ce qui à terme

entraînera la disparition de toute con-

currence) ;

- les rapports de force sont profondé-

ment déséquilibrés ;

- la « financiarisation de l’économie »

est une conséquence logique de l’ex-

tension du domaine d’action du capi-

talisme ; la spéculation est une source

de profits gigantesques ;

- dans la mesure où le profit guide les

décisions, on vit un grave déficit dé-

mocratique.

- on constate enfin que les pouvoirs

publics ont petit à petit reculé et ne

jouent plus suffisamment leur rôle de

garant de l’intérêt général

De façon plus particulière, nous avons

ensuite examiné divers aspects de la

logique capitaliste dans les domaines

qui nous concernaient ce jour.

2) l’agriculture industrielle en-

gendre beaucoup plus de pro-

blèmes qu’elle n’apporte de solu-

tions

Elle contribue à l’insécurité alimen-

taire :

- En conditionnant la sécurité alimen-

taire des populations à la recherche

première d’une rentabilité économique

maximale

- En favorisant l’endettement d’un

nombre important d’exploitations

- En destinant davantage ses produc-

tions aux marchés internationaux, ce

qui contribue à rendre dépendant

d’importations un nombre croissant de

pays pour assurer la sécurité alimen-

taire

- En contribuant à la standardisation

des habitudes alimentaires, au détri-

ment des préférences culturelles lo-

cales

(1) Nous nous contentons ici de faire un relevé des problèmes ; les solutions préco-

nisées par Stéphane étant fort proches de

celles qui ont avancées ci-dessus (voir le point Des alternatives sont possibles!)

- Les terres arables par habitant ont

presque diminué de moitié depuis

1960.

- La demande en eau devrait augmen-

ter de 30% d’ici 2030, ce qui place

l’agriculture en opposition avec

l’industrie.

- D’ici 2050, nous devrons être ca-

pables de nourrir 9 milliards de per-

sonnes en émettant 90% d’émissions

de CO² en moins

Ce que nous sommes très, très

loin de réaliser à l’heure actuelle.

- Ainsi, par exemple, dans les pays

riches, 50% des gens ont un excédent

de poids et nous jetons environ un

quart de la nourriture que nous ache-

tons.

- La terre est généralement très con-

centrée et son accès n’est pas tou-

jours assuré.

- En particulier pour les femmes, qui

ne représentent généralement que 10-

20% des propriétaires fonciers.

- 4 sociétés contrôlent 50% des

ventes de semences, 6 d’entre elles

contrôlent 75% des produits agrochi-

miques.

- 3 sociétés contrôlent 90% du com-

merce des céréales.

Ce que nous sommes très, très

loin de réaliser à l’heure actuelle.

Ce que nous révèle une simple énu-

mération des facteurs de risque :

- Le prix de l’énergie qui va s’accrois-

sant (notamment en raison de la spé-

culation et de la rareté)

- Le développement des agrocarbu-

rants (avec son cortège de consé-

quences dramatiques, en matière de

souveraineté alimentaire, de perte de

la biodiversité, etc.)

- L’opacité du marché des matières

premières (et les spéculations y liées)

- Les accords économiques injustes,

protectionnistes et inégaux

- Le changement climatique

- De façon générale, la spéculation

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Elle induit une réduction de la biodi-

versité, liée :

- Aux modes de production industriels

conduisant à de graves atteintes à la

faune et la flore (déforestations, utili-

sation massive de produits de syn-

thèse…) ;

- À l’homogénéisation des productions

agricoles en vue de répondre aux exi-

gences standardisées

Elle pollue les eaux (nitrates –engrais,

lisier-, phosphates –engrais…) et pose

de nombreux problèmes en termes de

santé publique

Elle engendre un épuisement des sols,

notamment induit par leur surexploi-

tation et l’utilisation d’intrants chi-

miques qui réduit à long terme la ma-

tière organique.

Elle contribue au changement clima-

tique par un bilan net d’émissions de

gaz à effet de serre : changement

d’affectation des sols lié induisant une

pe rt e de pu i t s de carbone

(déforestation liée à la production

d’agrocarburants, modes d’élevage

intensifs hors sol au détriment des

prairies…), consommation directe et

indirecte d’énergie fossile (machines

agricoles, intrants)…

Elle rend la production agricole et ali-

mentaire plus vulnérable face aux ef-

fets du changement climatique.

Elle procure très peu d’emplois com-

parativement aux agricultures pay-

sannes.

3) la libéralisation des marchés

La libéralisation progressive des mar-

chés agricoles et alimentaires se tra-

duit notamment par l’ouverture forcée

des frontières dans le cadre des dik-

tats de la banque mondiale et du FMI,

de l’OMC, des accords commerciaux

bilatéraux et de politiques nationales

ou régionales.

Les « recommandations » de ces insti-

tutions finissent par priver de débou-

chés des producteurs locaux et fait

obstacle au développement de filières

alimentaires dans des pays qui, selon

tout bon sens, devraient avoir intérêt

à produire eux-mêmes des produits

alimentaires qu’ils importent.

Ce processus rend les pays pauvres

plus dépendants des importations ali-

mentaires. Ce qui accentue encore

leur endettement et les conduit à ré-

duire leurs politiques publiques.

4) Le fonctionnement des mar-

chés agricoles et alimentaires est

de plus en plus influencé par des

acteurs financiers.

Des fonds d’investissements et autres

fonds spéculatifs interviennent sur les

marchés agricoles à terme dans une

perspective purement spéculative.

Ces interventions accroissent la volati-

lité des prix négociés. Ce sont notam-

ment ces manœuvres (qui visent à

des profits à très court terme) qui ont

entraîné les « émeutes de la faim »

des dernières années.

5) L’accaparement de terres

L’achat ou la location de terres agri-

coles se conclut par le biais d’accords

entre des investisseurs internationaux

ou nationaux privés ou publics et des

États. Ces accords sont surtout moti-

vés par la volonté d’assurer la sécuri-

té alimentaire du Nord (dans une lo-

gique industrielle) et par la volonté de

répondre à la demande croissante en

agrocarburants. Selon l’Oakland Insti-

tute, 50 millions d’hectares auraient

fait l’objet d’accaparement entre 2006

et 2009 (16 fois la Belgique).

6) Le manque d’accès à la terre

On constate aussi des inégalités fla-

grantes d’accès à la terre.

Parmi les principales causes de

manque d’accès à la terre pour les

paysannes et paysans à l’échelle mon-

diale (diversement prépondérantes

selon la région du monde concernée),

on distingue :

- Le développement de cultures indus-

trielles destinées aux marchés à l’ex-

portation

- L’élevage industriel

- Le développement des cultures des-

tinées à la production d’agrocarbu-

rants (responsable d’environ 30 %

des accaparements de terres) ;

- L’urbanisation.

Parmi les conséquences dramatiques

de la logique industrielle capitaliste

qui guide l’agriculture mondiale, nous

citerons encore pour mémoire le dé-

veloppement des OGM.

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Coka est avant tout un « luthier

africain », créateur d'instruments,

dans la digne lignée de son père.

Son « bolon », une harpe-luth basse de sa fabrication, est com-

posé d'une calebasse dont un trou

est recouvert par une peau de

chèvre tendue, un peu comme un

« bara » (voir illustration). Une ouïe sur le côté permet la diffusion

du son produit par le jeu des

doigts sur les cordes de peau

(chèvre et boeuf) tendues sur un manche de bois courbe.

Mais Coka compose, écrit et

chante aussi. Parmi ses composi-

tions personnelles, il nous a chan-té « Foutida » (« Le pays des

Blancs ») et bien d'autres encore.

En commentant ses chansons,

souvent bilingues, Coka nous a

parlé de son parcours personnel, de ses bonheurs et de ses mal-

heurs, tant en Afrique qu'en Eu-

rope. Le tout dans un style imagé,

comme le font si bien les ménes-trels africains...

Coka est guinéen d'origine. Il est

né en Guinée, a grandi au Séné-gal, où il a épousé une fille du cru,

avant de revenir en Guinée puis

de s’envoler vers d'autres cieux,

plus cléments malgré les appa-

rences : il est venu en Belgique, y est devenu demandeur d'asile, a

été reconnu comme réfugié poli-

tique et a récemment été naturali-

sé belge...

Coka « cherchait après l'Europe »

depuis longtemps. Son père, le

« vieux » Coka CAMARA était un

grand voyageur : du temps où il appartenait aux Ballets de Guinée,

il a fait le tour du monde et a

beaucoup parlé de l'Europe à ses

enfants.

Les problèmes de « Coka » Man-gué dans son pays natal sont de-

venus insupportables.

Sa famille n'acceptait pas qu'il ait

épousé une « étrangère » d'une part, et de l’autre, l'atelier de fa-

brication d'instruments qu'il avait

ouvert fut fermé sans plus de ju-

gement par le chef de quartier qui

abondait dans le sens de ceux qui

n'acceptaient pas ses chansons traitant de sujets sensibles, sur-

tout politiquement parlant (contre

l'excision, les mauvais juge-

ments,...).

Profitant d'une tournée de con-certs pour laquelle il avait été re-

tenu avec toute une troupe pour

représenter la Guinée en raison de

son art du maniement du bolon, Coka a quitté son pays natal.

Sa femme et ses enfants restèrent

tout d'abord en Guinée, puis mi-

grèrent au Sénégal, pour que sa femme puisse retrouver ses

proches.

Pendant tout ce temps passé loin

de sa famille, Coka a tout mis en oeuvre pour pouvoir rester en Bel-

gique.

Pourquoi as-tu voulu venir en

Europe ?

Coka: « « Il faudrait dire aussi :

pourquoi les Européens ont-ils

cherché, et cherchent-ils encore

l'Afrique ?

L'Europe a investi dans l'Afrique.

Ils sont venus, ils ont montré leur

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supériorité, ils ont changé tout,

modifié tout et puis, ils nous ont

laissés, ils sont rentrés chez eux.

Nous, on va se débrouiller, mais

on veut savoir, on veut aller voir là

-bas aussi... »

Oui, mais quand même, pour-

quoi quitter le soleil, la belle

vie souriante, pour venir sous

le ciel gris, chez des gens pas

sympas ?

Coka : « « Tu ne peux pas vivre

normalement en Guinée. Je vis

cette vie, ma vie, partout où je

peux ; je ne suis pas obligé de res-

ter là où je suis né.

Et puis, qu'est-ce que chacun

cherche? Il faut relativiser le re-

gard, la quête des uns et des

autres… En Afrique, tu vis dans

ton village, ou dans ton quartier,

tu ne penses pas à aller ailleurs si

tu n'as pas un besoin particulier

d'y aller, la vie est partout, c'est

plus vivant, les enfants peuvent

jouer dans la rue...

Mais ici, ça me plaît. J'ai des amis

occidentaux… Je vis ici, je ne

cherche pas à reconstituer la com-

munauté africaine. »

Ca ne doit pas être facile, la

famille et le clan… là-bas ?

Coka : « Tout de même, ma fa-

mille : ma maman, 7 petits frères

et soeurs, mon papa, ma grand-

mère, il faut travailler pour tout le

monde ; le peu que je gagne ici, si

j'envoie 20 euros à ma maman,

c'est beaucoup pour elle, 10 euros

à mon frère…

« Ma fille aînée a été excisée à

mon insu et contre mon gré, à

l'âge de 6 ans. Profitant de mon

absence, ma propre soeur est ve-

nue la chercher à la maison sous

prétexte de la « prendre en va-

cances », ma femme n'a pas com-

pris, et de toutes façons, elle ne

pouvait pas refuser… »

« Un autre problème aussi, tous

mes enfants, sauf la dernière, ont

la nationalité guinéenne : ils sont

nés en Guinée, sauf la dernière qui

est née au Sénégal. Pour les pa-

piers, c'est un problème... »

Eco-Vie, durant toute la durée de ce

week-end, a tâché de mener ses ac-

tions de la façon la plus cohérente

possible, et notamment en termes de

nourriture. L’ensemble des produits

que nous avons proposés étaient es-

tampillés « bio » (ou au minium, pour

l ’ u ne ou l ’ au t re ex cep t i on ,

« agriculture raisonnée »).

Nous avons ainsi servi des viandes, du

fromage et du pain issus de l’agricul-

ture bio locale ou, pour ce qui concer-

na it les fournitures un peu

« exotiques », nous avons présenté

des produits bio et équitables (pour

l’essentiel en provenance d’Oxfam -

Magasins du Monde).

Cette cohérence a un prix : il nous a

été donné de discuter de ce genre de

choix, de son accessibilité, des lo-

giques dans lesquelles il s’insère.

Il n’en demeure pas moins que cela

fait un « choc » d’apprendre que notre

petit déjeuner n’est accessible, que ce

soit au Togo et, de façon générale, en

Afrique, qu’aux plus fortunés

(économiquement et/ou culturelle-

ment). Ce que n’est que chez ce type

de citadins que nous aurions pu trou-

ver notre table pourtant simplement

composée de thé, de café, de cacao,

de lait, de sucre, de pain, de beurre,

de miel, de chocolat à tartiner et de

confiture…

Et encore ! Le lait, à moins de vivre là

où vivent les vaches, ou d'être suffi-

samment fortuné pour se le procurer

dans les magasins fréquentés par les

blancs, sera généralement concentré,

sucré ou non, en boîte, et l'on y aura

ajouté de l'eau chaude...

Et oui, le lait est généralement au To-

go… un produit d’importation au

même titre que le café et le cacao :

même si la matière première est pro-

duite sur place, ce sont des produits

transformés par les multinationales

qui seront finalement consommés café

lyophilisé, thé en infusette, cacao-

fantaisie... Le pain quant à lui sera de

type « français » : pain-baguette (en

fait souvent servi, comme à Lomé,

avec une omelette à l'oignon et la to-

mate).

Mais le plus souvent on mange le ma-

tin les restes de riz de la veille, une

bouillie ou des beignets, comme les

kangklos que nous avons aussi pu

manger ce matin du 2 octobre.

Les Kangklos sont une sorte de bei-

gnets à base de chair de banane plan-

tain très mûre, additionnée d'un peu

de farine de maïs blanc pour donner le

corps nécessaire à la cuisson par fri-

ture.

P a g e 1 3

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Tagoudicht et Lemdint

Momo Taleb

Après avoir visionné un reportage réa-

lisé par No Télé sur le village de Ta-

goudicht et Lemdint, les participants

écoutent Momo raconter comment

s’est passé pour lui son projet de coo-

pération.

Il faut savoir que Momo Taleb est ori-

ginaire du village marocain de Tagou-

dicht et qu’une partie de sa famille y

vit encore actuellement. Il est venu en

Belgique pour étudier et y est resté. Il

habite actuellement Mouscron avec sa

femme et ses enfants.

Allal et son frère Momo, ont crée

l’association « Le Petit Atlas » pour

venir en aide à leur village d’origine.

Tagoudicht est un village blotti dans la

chaîne de l’Anti-Atlas (Petit Atlas) au

sud du Maroc. Le village se trouve à

40 km de Tazenakht, à 120 km de

Ouarzazate et à 500 km de Casablan-

ca (principale ville économique du

pays).

Tagoudicht ce sont environ 300 habi-

tants qui vivent en quasi autarcie,

d’un peu de culture et d’un peu d’éle-

vage. Le village se situe dans une dé-

pression formant un plateau (le pla-

teau de Zenaga) entouré de sommets

culminant à 2000 m. Le climat sec et

continental se caractérise par des va-

riations importantes de température

allant de –5° en décembre à 35° en

juillet et une pluviométrie irrégulière.

Il s’ensuit une absence de toute végé-

tation herbacée en dehors des cul-

tures irriguées : aucun arbre, aucun

buisson sur les espaces non cultivés.

Des sécheresses répétitives ont com-

plètement transformé le paysage en

moins de trente ans, provoquant une

diminution des surfaces de culture et

de pâturage et compromettant les

capacités d’autosuffisance de popula-

tion locale.

Momo nous explique que lorsqu’il était

jeune, la plaine devant le village était

verte mais que, jusqu’il y a peu, cette

plaine ressemblait plutôt à un désert

de cailloux ! C’est que le désert, qui

est assez proche du village, de l‘autre

côté de l’Anti-Atlas, avance. C’est

pourquoi, à l’occasion de son cinquan-

tième anniversaire, suite à une idée

de son épouse Colette, Momo a de-

mandé à ses amis de verser de l’ar-

gent sur un compte plutôt que de se

voir offrir un cadeau. Cet argent de-

vait servir à la plantation de mille

arbres irrigués par un système de

« goutte-à-goutte » très économe en

eau.

Depuis, les arbres ont été plantés et

les habitants du village se sont mobili-

sés. Devant les maisons et dans les

champs, oliviers, amandiers, figuiers

procurent des fruits et de l’ombre. Le

système d’irrigation a révolutionné la

façon de travailler. L’économie d’eau

est impressionnante, les paysages

sont devenus verdoyants, des petits

potagers voient le jour et un retour

vers les activités de la terre s’amorce

inéluctablement.

Le « goutte à goutte » est une expé-

rience unique dans la région, des

séances d’information ont régulière-

ment lieu et les autorités locales voi-

sines encouragent les villageois à op-

ter pour ce système. Le projet d’irri-

gation a été réalisé à partir d’un puits

qui avait été initialement creusé pour

subvenir aux besoins du village en

eau potable, il s’est avéré par la suite

indispensable de forer un second puits

dont l’usage est exclusivement consa-

cré à l’irrigation. Ce projet a été sou-

tenu par les « 24h de Mouscron ».

Le second projet également soutenu

par les 24h est l’aménagement d’une

piste vers le village de Lemdint. Ce

village, éloigné de quelques kilo-

mètres de Tagoudicht, est situé dans

la montagne et n’est accessible qu’à

pied, ou à dos de mule. Cet isolement

empêche ce beau village et ses habi-

tants de vivre tournés vers le monde.

Les habitants de Tagoudicht ont donc

décidé d’aider à désenclaver le village

de Lemdint en aménageant une piste

à travers la montagne jusqu’au vil-

lage. Pour cela, la mobilisation des

villageois de Lemdint est nécessaire

mais il faut aussi des outils, des maté-

riaux de construction et donc de l’ar-

gent. L’association a donc aidé finan-

cièrement Lemdint.

Il est frappant de constater la solidari-

té qui existe entre Tagoudicht et Lem-

dint.

L’association Petit Atlas existe depuis

de nombreuse années et a, à son ac-

tif , de nombreux projets menés à

bien pour le développement de Ta-

goudicht :

- construction d’une école

- construction d’un foyer abritant des

ordinateurs et… des métiers à tisser

(les femmes confectionnent des tapis,

qu’elles revendent ensuite)

- installation de groupes électrogènes

à Tagoudicht et dans des villages voi-

sins (projet mené conjointement avec

un professeur et des élèves du Collège

St Henri de Mouscron)

- mais aussi des cours d’alphabétisa-

tion pour les femmes

Le prochain projet sera un hammam

pour les femmes, hammam qu’elles

gèreront elles-mêmes.

Les amandiers au printemps, Tagoudicht

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Les Amis de Kuma Konda

Jean-Luc Hélie

Jean-Luc est venu nous parler du pro-

jet qu'il a mené à bien avec le groupe

« Les Amis de Kuma Konda »

Après avoir fait connaissance avec le

village et ses habitants, lors de

voyages touristiques au Togo, un

groupe d'amis a décidé d'aider le vil-

lage de Kuma Konda.

Kuma Konda est un petit village du

Togo situé dans la montagne, dans la

fôret. Le village compte 800 habitants

et se situe à environ 12 km de Kpali-

mé (une des villes principales du To-

go).

Lors d'un repas de fête, les habitants

du village ont demandé de l’aide et

l’une des demandes a particulière-

ment retenu l’attention des « Amis » :

aider à la construction et à la consti-

tution d'une bibliothèque,

Par la suite, un autre projet a vu le

jour : la construction d'un bâtiment

pour l'école primaire du village (trois

classes « en dur » pour remplacer les

trois « cases » qui tenaient lieu de

locaux scolaires). Ce projet a pu être

réalisé grâce à l'aide de « Go to To-

go », projet soutenu par l’Espace Ci-

toyen, lors des « 24h de Mouscron »

en 2000. Grâce à l'argent récolté lors

des 24h, la nouvelle construction a pu

être inaugurée pour la rentrée des

classes 2001.

« Les amis de Kuma Konda » ont fi-

nancé la formation de 2 bibliothé-

caires et paient encore actuellement

le salaire d'un bibl iothécaire.

De la même façon, ils financent un

complément de salaire à 3 instituteurs

volontaires (non payés par l'Etat),

l'autre partie de leur salaire étant

payée par les parents d'élèves. Le

complément de salaire s'est en effet

avéré indispensable parce qu'à un

certain moment, pour arrondir les fins

de mois, les professeurs non payés

avaient tendance à amener les élèves

faire des travaux sur leurs parcelles

de champs et à écourter les heures de

classes ...

C'est pourquoi, Jean-Luc nous ex-

plique qu'il ne suffit pas d'envoyer de

l'argent, mais qu'il faut aller sur place

suivre le projet afin qu'il puisse se

réaliser et vivre dans de bonnes con-

ditions. C'est pourquoi, les « Amis de

Kuma Konda » se rendent encore au

Togo. Ils y vont régulièrement et ont

des réunions avec les professeurs et

le directeur de l'école.

Cette école a encore actuellement be-

soin de matériel didactique, de maté-

riel scolaire, d'un point d'eau, le projet

se poursuit donc...

A l’issue des interventions de Momo et

Jean-Luc, nous avons tâché de tirer

quelques conclusions, sous forme de

« constantes » que nous avons pu

dégager des images et des récits que

nous venions de voir et d’écouter…

1) il nous a semblé que, dans les deux

projets dont nous ont entretenus Mo-

mo et Jean-Luc, la première chose

que nous devions retenir c’était le

« coeur ». C’est parce que tous deux

se sont engagés affectivement qu’ils

ont pu trouver l’énergie, la force de

mener leurs idées jusqu’au bout (et

ce, même si les rapports initiaux avec

les lieux d’implantation des projets

sont fort différents).

2) nous avons aussi remarqué que cet

élan du cœur devait être encadré par

une réflexion menée en commun avec

les personnes concernées ou deman-

deuses ; dans le cas de Momo le con-

tact est assez évident, moins dans

celui de Jean-Luc, mais quoi qu’il en

soit il est indispensable.

3) ceci implique que d’indispensables

déplacements, destinés à assurer une

présence sur place et donc que les

moyens soient dégagés qui les ren-

dent financièrement possibles -dans

un premier temps pour définir les be-

soins, dans une second pour assurer

un suivi.

4) un autre point est très clairement

apparu, c’est que, quelle que soit la

volonté de bien faire, il est indispen-

sable de recourir à des « expertises »

extérieures. La mise en place du sys-

tème du goutte à goutte ou la forma-

tion de bibliothécaire ont dû être as-

surées par des personnes qui dispo-

sent des savoirs nécessaires.

5) enfin, nous avons senti (surtout

dans l’exposé de Momo) que ces ex-

périences pouvaient faire tâche d’huile

et qu’une des composantes des pro-

jets devaient être leur caractère

« reproductible ».

Préparation du système de goutte à goutte

Jean-Luc lors remise de diplômes à Kuma Konda

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P a g e 1 6

ECO-VIE JUNIOR Grisou raconte...

Grisou raconte … l’intrus !

Ce matin, je suis très inquiet… Juges

-en par toi-même : cela fait plu-

sieurs jours qu’un chat erre dans

notre jardin ! Il m’observe derrière

la baie vitrée, comme je l’observe.

Je suis habitué à vivre avec d’autres

chats puisqu’il y a en trois autres

dans la maison, mais nous formons

une famille. Celui là n’est pas de ma

famille… C’est un intrus ! Un étran-

ger ! Il ne me ressemble pas, moi je

suis un mâle avec un pelage gris

souris, lui c’est un mâle tigré mais

avec un mélange de couleurs gris,

noir, blanc… Personne ne lui res-

semble dans ma famille, il est diffé-

rent, il me fait peur. Je pense qu’il

habite de l’autre côté de la haie,

mais ces derniers temps, il est de

plus en plus souvent chez nous. Je

l’ai même surpris plusieurs fois réfu-

gié dans une caisse en carton dans

le garage. Peut-être a-t-il eu froid ou

faim, ou les deux ? Oui, mais il est

chez moi et il va peut-être (si ce

n’est déjà fait) me manger mes cro-

quettes ou s’installer sur mon cous-

sin… Je ne peux pas laisser faire ça,

je suis certain qu’il est là pour me

faire du mal et prendre ma place….

Ça me fait vraiment trop peur ! Il

faut que j’ameute les autres chats

de la maison pour que, ensemble,

nous nous défendions. Ne dit-on pas

qu’il n’y a pas meilleure défense que

l’attaque ? Alors, on va lui faire com-

prendre qu’on ne veut pas de lui

chez nous, on va le chasser jusqu’à

ce qu’il ne revienne plus… Il aura

forcément peur de nous, puisqu’il est

tout seul et que nous sommes

quatre… Oui forcément, nous serons

les plus forts. Oui, nous allons pré-

parer un bon plan avec Apronie,

Bagheera et Cannelle… Mettre des

panneaux peut-être pour dire qu’on

ne veut pas de lui ? Ou des barbelés

pour l’empêcher de rentrer chez

nous ? Ou lui courir après chaque

fois qu’on le verra… Oui on fera ça.

Mais avant, il faut que je me repose

un peu. Tout cela m’a épuisé et je ….

Rrrr… Rrrr… Rrrr

Mais que se passe-t-il ? Où suis-je ?

Pourquoi ai-je si froid ? Quel est ce

pays qui n’est pas le mien ? Je ne

reconnais pas ce jardin. Et les chats

de ma famille où sont-ils ? Qu’est-ce

que j’ai faim ! Où sont mes cro-

quettes ? Mais qu’est-ce qui m’ar-

rive, qu’est-ce qui m’arrive ? Voilà

qu’il pleut à présent et pas un seul

abri pour me reposer, pour me gar-

der de la pluie… Mais qu’est-ce que

j’ai fait pour mériter ça ? Je suis trop

fatigué, j’ai trop faim… Il faut que je

trouve un endroit pour me reposer,

pour me poser quelques moments,

je suis épuisé et personne pour m’ai-

der… Ah si ! Sauvé ! Voilà une mai-

son, vite, vite … Hourra, il y a même

une chatière qui me donne accès à

la maison et oh, super, là, au milieu

de la pièce, un feu… Quel bonheur,

je vais m’installer devant mais…

Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que

vous faites ? Pourquoi me frappez-

vous ? Je n’ai rien fait, je ne faisais

que me reposer, je suis tellement

fatigué … Arrêtez, s’il vous plaît !

Miauw, miauw… C’est trop dur, ça

fait si mal… Miauw, miauw …

Ah quel affreux cauchemar ! Mes

miaulements m’ont réveillé ! Tant

Ouf, ce n’était qu’un mauvais rêve,

tant mieux ! N’empêche, j’ai eu la

frayeur de ma vie.

Dehors la pluie tombe doucement, je

vais à la fenêtre… Le chat errant est

toujours là et d’un coup je repense à

mon rêve et je me dis « et si c’était

moi ? ». Je crois que j’ai compris la

leçon, personne ne mérite ça … Je

sors et l’invite à rentrer avec moi et

c’est ainsi qu’il me raconte… Il me

raconte sa peur chez lui, sa peur du

grand chien que ses maîtres ont ra-

mené un jour, ce chien qui lui prend

sa place et qui le chasse, c’est pour

ça qu’il erre parfois dans notre jar-

din : il a trop peur et n’ose plus ren-

trer chez lui. Alors, je comprends

qu’il ne représente pas une menace,

qu’il n’est pas un danger, mais une

opportunité, une occasion de ren-

contrer un autre chat, différent de

moi, mais tellement semblable au

fond, un chat qui connaît une autre

vie que la mienne, qui a des pro-

blèmes et qui est heureux de voir

que quelqu’un s’intéresse à lui, de

voir qu’il peut parler librement et

que je l’écoute. Alors, je ne suis peut

-être pas encore son ami, mais il

n’est pas mon ennemi, c’est seule-

ment un chat très triste de ne plus

pouvoir rester chez lui. Demain, je

l’attendrai avec impatience et nous

nous parlerons.

A bientôt pour une autre aventure

Grisou

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2 6 4 P a g e 1 7

Jacques Varrasse, ancien respon-

sable de la coopération internatio-

nale à la Mutualité chrétienne de

Hainaut Picardie. est spécialisé

dans les questions de l’Afrique

des grands lacs et du Proche

Orient. Ancien intervenant Croix

Rouge de Belgique au Rwanda,

ancien collaborateur au Centre

National de coopération au déve-

loppement (CNCD), il est égale-

ment coordinateur de la plate-

forme belgo-palestinienne pour la

Wallonie Picarde.

Nous avons commencé par regarder

ensemble le court-métrage de Jorge

Furtado « L’île aux fleurs ». Il nous a

ensuite fallu « digérer » ce petit film

dont l’horreur devient de plus en plus

évidente alors qu’elle n’est jamais dite

- qui pourrait en effet croire que le

parcours d’une tomate depuis sa pro-

duction jusqu’à sa mise en décharge

sur l’ « Ile aux fleurs » révèlerait au-

tant le non sens et l’absurdité de

notre monde de consommation et de

profit débridés ?

Jacques Varrasse, notre conférencier

nous a ensuite montré que notre

monde pouvait être très différent sui-

vant l’optique choisie au départ. Selon

qu’on prend comme référence la po-

pulation mondiale ou l’extrême pau-

vreté ou le droit à la propriété indus-

trielle ou encore la mortalité infantile…

la carte du monde du monde se révèle

être très, très différente !

Une fois nos conceptions remises en

perspective (ou plutôt : en question),

nous sommes passés aux différentes

façons -qui se sont histo-

riquement succédé et

souvent chevauchées

aussi dans le temps- de

concevoir l’intervention

d a n s l e s p a y s

« pauvres ».

1. Dans un premier

temps, c’est le colonia-

lisme pur et dur qui a

prévalu. Il s’est agi de

piller sans vergogne des

pays entiers et si besoin

en était d’en exterminer

les populations autoch-

tones (que l’on songe aux

peuples d’Amérique du Nord

et du Sud…).

2. Progressivement, se sont

imposés le paternalisme et

le caritatif. Au départ des

c o n c e p t i o n s d e l a

« coopération au développe-

ment », il y a avait les mis-

sionnaires, l’évangélisation

et une certaine idée de la

civilisation (forcément occi-

dentale) à apporter aux po-

pulations « sauvages ».

3. Quand les luttes d’indé-

pendance ont abouti au

mouvement massif de déco-

lonisation, le processus,

outre les violences nom-

breuses qu’il a engendrées,

ne s’est pas non plus passé

sans inquiétude. On se rap-

pelle qu’à l’époque régnaient

deux « blocs » : de l’Ouest

et de l’Est.

Ces nouveaux pays ris-

quaient de bouleverser les

rapports de force des deux

camps. Lequel choisiraient-

ils ? Il était donc primordial

d’essayer de « driller » les

anciennes colonies pour

qu’elles ne « s’égarent »

pas : l’aide a donc pris une finalité

clairement politique et stratégique.

L’ère des experts et techniciens coo-

pératifs. Ces derniers étaient installés

dans les anciennes colonies qui vi-

vaient parfois en pleine turbulence. La

nécessité de leur trouver une identité,

un cadre et une protection s’est fait

jour. C’est à cette fin que les statuts

légaux de « technicien » et d’ « expert

de la coopération technique » ont été

créés. Dans le même temps, s’intensi-

fiaient les efforts pour aider les jeunes

pays indépendants à démarrer… Le

travail de développement est alors

conçu comme une assistance tech-

nique qui permet aux pays sous-

développés de rattraper leur retard

par rapport aux pays industrialisés.

L’Ile aux Fleurs : des enfants attendent leur tour

avant d’accéder aux ordures

délaissées par les cochons

Représentation du monde 1. Les régions occupent une surface proportionnelle a la pauvreté de leur

population

Représentation du monde 2. Les régions occupent une surface proportionnelle aux droits de

propriété intellectuelle (« brevets ») qu’elles

possèdent.

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A v e c l ’ ap pa r i t i o n d e s ON G

(organisation non gouvernementale)

où s’engagent des volontaires, le coo-

pérant devient aussi peu à peu anima-

teur, éducateur, on parle échanges

culturels, on parle de culturel et de

planète village…

La crise de la dette (l’impossibilité

dans laquelle se sont trouvés les pays

de rembourser l’argent qui leur avait

été prêté dans les années 70) a, à

nouveau, profondément changé la

donne. Ce sont les aspects financiers

et juridiques qui se sont imposés. Les

grandes institutions financières

(Banque mondiale, FMI et, plus tard,

OMC) ont commencé d’imposer leurs

conditions aux pays endettés, dans le

cadre de l’économie mondialisée et de

la finance dérégulée.

Deux remarques générales.

1) Les nouvelles orientations qui de-

viennent tour à tour dominantes n’ex-

cluent jamais entièrement les autres ;

ainsi le pillage des ressources n’a ja-

mais cessé en même temps que conti-

nuaient d’exister les conceptions pa-

ternalistes ou liées à l’évangélisa-

tion...

2) Il faut aussi comprendre que les

puissances dominantes n’ont jamais

oublié leur intérêt propre. Ainsi, la

conception que nous venons d’appeler

l’« assistance technique qui permet

aux pays sous-développés de rattra-

per leur retard par rapport aux pays

industrialisés » répond, au moins en

partie, au besoin des pays industriali-

sés de trouver de nouveaux débou-

chés à leur production (qui, en raison

du début de la crise dans années 70,

avait du mal à s’écouler dans les dits

pays). Dans le même esprit, c’est l’ac-

croissement colossal de réserves fi-

nancières (elles aussi liées à la crise

de 73 et au renchérissement du pé-

trole et qu’on appelle les « pétro-

dollars ») qui a conduit à des prêts

massifs aux pays en voie de dévelop-

pement.

« Tout d’abord, qu’est-ce qu’une organisation non gouvernementale de déve-

loppement ? Juridiquement, la plupart du temps c’est une association sans but

lucratif. Une association qui naît d’une initiative non gouvernementale (même si

éventuellement elle lui devient liée grâce à des subventions...). L’objet social de

ces ONG est de « venir en aide » aux populations du « tiers monde » en faveur

de leur « développement ». Tous les mots entre guillemets sont probléma-

tiques. L’aide se passe dans un contexte de rapports de forces entre le Nord et

le Sud, la notion de tiers monde est datée en fonction des rapports Est-Ouest

qui prévalaient à l’époque de la guerre froide. Le développement, plus personne

ne sait ce qu’il veut dire exactement, entre croissance économique, durabilité et

développement humain... »

Extrait d’un article paru dans Antipodes N° 149, juin 2000 par Michel

Elias

http://www.iteco.be/_Michel-Elias_

La projection de Peters : les superficies sont prises en compte

L’Ile aux Fleurs

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L’évaluation du dimanche 02 a montré

que l’ensemble du week-end avait été

fort apprécié par les participant/es.

On peut ainsi souligner que, si les ac-

tivités proposées étaient très diverses,

elles étaient néanmoins cohérentes,

puisqu’elles visaient toutes à amener

une réflexion sur les rapports Nord-

Sud et dès lors à faire progresser le

débat relatif à l’opportunité de mener

à bien un projet concret au Togo : la

mise sous toit d’un dispensaire dans le

village de Tchihé en synergie avec

une association locale (VEDET)

La combinaison de conférences, de

documentaires, de rencontres, de cas

concrets, de moments de vie ont ins-

tauré une réelle dynamique : les par-

ticipant/es ont pu découvrir l’autre

dans diverses dimensions, l’autre…

celui qui vit parfois bien loin de nous,

mais aussi parfois celui qui vient de

loin et que l’on croise chez nous… Cet

autre qui nous arrive avec sa culture,

sa musique, ses repas, sa façon de se

comporter, son mode de vie, sa façon

d’être un homme, une femme…

La théorie s’est mélangée à la pra-

tique et l’exposé de deux cas concrets

de coopération ( avec le Togo et avec

le Maroc) ont assurément été un bon

moyen d’entrer dans le vif du sujet.

Que faut-il retenir ?

- que pour mettre sur pied un projet,

il faut d’abord et avant tout s’entourer

de précautions : travailler avec une

asbl sur place, une asbl que l’on doit

connaître ;

- qu’il est im-

portant de se

rendre sur

place, qu’il ne

sert à rien

d’envoyer de

l’argent si un

véritable suivi

n’a pas lieu ;

- qu’il est es-

sentiel de se

r e n d r e

compte de

visu de la de-

mande mais

aussi et sur-

tout de rencontrer les gens, d’ap-

prendre à connaître les lieux, les be-

soins, les demandes ;

- qu’il ne faut rien promettre qui ne

puisse être tenu, qu’il faut savoir que

les demandes sont nombreuses et que

tout ne peut trouver réponse malheu-

reusement ;

- que les différences culturelles sont

un élément très complexe dont il

faut tenir compte, que tout ne

peut pas, ne doit pas être jugé

avec nos critères d’Occidentaux

(on aura aussi remarqué au pas-

sage que la culture du Sud maro-

cain est

aussi dif-

f é r e n t e

de la

nôtre que

de celle

du centre

du To-

go…)

Si l’on

parv ient

à rencon-

trer ces

différents

impératifs, alors le projet pourrait être

une source de grande richesse, la ri-

chesse

des rencontres !

Les discussions avec Coka, quant à

elles, nous ont permis de mieux com-

prendre la vie d’un réfugié politique

qui arrive chez nous : ses attentes,

ses déceptions, les contraintes impo-

sées, l’absence de la famille mais aus-

si la difficulté de faire comprendre

que, lorsqu’un réfugié vit par ici, il

n’est pas le riche supposé par sa fa-

mille … C’est aussi une réalité qu’il

faut connaître.

Grâce à Bolatito Ruth BARA, nous

avons découvert la cuisine togolaise

car c’est elle qui a su animer l’atelier

de cuisine africaine et qui a permis

aux 38 personnes réunies le soir pour

le repas de faire connaissance avec

différents plats. Bola qui a aussi ani-

mé le petit déjeuner le matin en nous

parlant des coutumes de son pays.

En tous cas, il était clair pour tout le

monde à l’issue de ce week-end, qu’il

nous faut poursuivre sur notre lancée

et « remettre le couvert » à un autre

moment, dans un autre endroit …

C’est assurément ce que nous ferons !

Djembé, concert - initiation samedi soir

Etienne & Stéphane, Oxfam

Hugues Adam

Jacques V

arra

sse

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P a g e 2 0

Lors de notre

« Heure pour les

D r o i t s d e

l’Homme » an-

nuelle, le 7 dé-

cembre dernier,

Sylvia nous a lu

cet extrait d’une

intervention pa-

rue le 3/12/2011 dans « Le Ma-tin ». Le texte original est de Ah-

med Moatassime, professeur ho-

noraire des Universités au Maroc,

directeur de recherches docto-

rales à la Sorbonne- Paris.

Que les finalités en éducation soient

implicites ou explicites, elles doivent

toutes tendre au même but à savoir,

le développement de l'Homme dans

toutes ses dimensions : individuelle, sociale, historique et culturelle.

../...

L'Homme devant être au centre de

toute préoccupation, il y a lieu d'ac-

corder une importance capitale à

l'enfant, ce père de l'homme. C'est

lui qui représente l'avenir d'une so-

ciété. C'est de la qualité de son édu-

cation que dépend le développement

ou le sous-développement d'une col-

lectivité. Il ne s'agit pas là du seul élève et

encore moins de l'étudiant, mais bien

de l'enfant.

L'élève est ce petit homme qui fré-

quente déjà un établissement sco-

laire, alors que le terme « enfant »

englobe aussi, les « non-élèves ».

C'est-à-dire l'écrasante majorité

d'enfants scolarisables, mais non

scolarisés qui caractérisent la plupart

des pays du Tiers-Monde.

Si j'insiste sur cette notion d'enfant,

c'est parce que nos propos doivent

tendre vers l'éducation d'une ma-

nière générale, et non pas unique-

ment vers l'enseignement ou la vie

scolaire. On sait que l'éducation est

l'ensemble des moyens à l'aide des-quels on dirige le développement et

la formation d'un être. Ces moyens

ne sont pas seulement l'école. Mais

bien tous les agents de socialisation,

c'est-à-dire : le milieu familial, le

milieu social, la camaraderie, les

jeux, l'information, etc. L'école appa-

raît dès lors comme l'un de ces

moyens, bien qu'une telle institution

ait un caractère privilégié. Dans ces conditions, comment peut-

on « finaliser » en vue d'une

« éducation/enseignement » qui

n'existe pas encore pour 50 à 80%

d'enfants dans la plupart des pays du

Tiers-monde ? Je ne vois donc pas

d'autres finalités plus urgentes que

celle de permettre d'abord à tous les

enfants de devenir aussi des élèves.

Que deviennent les grands projets, si

généreux, d'alphabétisation et de scolarisation massive ?

N'y a-t-il pas là encore et toujours

une des premières finalités de l'édu-

cation se dégageant ainsi de la réali-

té vécue ?

../...

Peut-on parler de plénitude, de jus-

tice, de liberté, d'égalité, de fraterni-

té humaine et de solidarité mondiale

alors que l'écrasante majorité des

enfants du Tiers-Monde vivent dans

un dénuement complet, non seule-

ment éducatif et intellectuel, mais

aussi physique, affectif et moral ?

Citant un document des Nations

unies, une brochure du Centre inter-national de l'enfance, de Paris :

« Il y a dans le monde plus d'un mil-

liard d'enfants de moins de quinze

ans. Sept enfants viennent au monde

toutes les deux secondes, cinq

d'entre eux vivent dans des condi-

tions d'existence inhumaines, la

faim, la maladie, l'ignorance, et la

misère constituant la toile de fond de

leur vie quotidienne ». N'y a-t-il pas là une autre finalité de

l'éducation, encore plus urgente pour

le Tiers – Monde, celle qui viserait à

créer non seulement des écoles,

mais aussi un circuit éducatif qui

prendrait en charge l'enfant dès sa

naissance ?

Je propose donc que la définition des

finalités de l'éducation se fasse aussi

et surtout en fonction des besoins

fondamentaux et immédiats de l'en-fant. Ceux-ci au nombre de cinq, doi-

vent être reconnus comme « une

priorité des priorités » à savoir :

- la protection sanitaire,

- la satisfaction nutritionnelle,

- le développement affectif et cultu-

rel,

- l'instruction et la formation profes-

sionnelle,

- la protection sociale. Ces principes se trouvent d'ailleurs

inscrits dans la nouvelle déclaration

des droits de l'enfant, votée par

l'Assemblée générale des Nations-

unies le 20 novembre 1959, au cours

de sa 841e séance plénière.

LES FINALITÉS DE L’ÉDUCATION

En vue de l’évènement « I Heure

pour les Droits de l’Homme », les

élèves de la classe de 5ème primaire

de l’école communale de Leers-Nord

ont réalisé des dessins destinés à il-

lustrer le Droit à l’Education (l’article

26 de la Déclaration Universelle des

Droits de l’Homme).

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P a g e 2 1 COUP DE CŒUR POUR

« L’ATELIER SOLIDAIRE »

Ce n’est pas une voie facile que celle

qu’emprunte « L’Atelier Solidaire »,

une association lilloise portée par Yann Lafolie et qui travaille entre les com-

munes de Hellemmes et de Villeneuve

d’Ascq.

Le lieu de toutes les attentions s’ap-pelle « La Friche ». Comme son nom

l’indique, il s’agit d’un vaste terrain

abandonné des autorités, envahi d’ordures et de déchets, et occupé de

façon largement informelle par des fa-

milles Roms. Tout en construisant des cabanes, des-

tinées à parer à l'urgence, l'Atelier Soli-

daire met en place des projets d’inser-tion professionnelle avec les Roms

(ferme coopérative, garage solidaire,

éco-pâturage, ...).

Yann Lafolie: « Nous oeuvrons en-semble depuis mai 2010 pour améliorer

les conditions de vie des familles Roms

ici, maintenant, pour défendre les droits de l'homme pour tous et pour

expérimenter des manières de tous

bien vivre ensemble sur cette Friche faite de toutes les diversités

(écologiques et sociales). Nous avons

construit des chalets en bois, des toi-lettes sèches, aménagé des jardins

partagés avec les habitants, les Roms,

des étudiants, fait la fête, organisé des « Frich'ti* », recueilli des animaux, en-

duré les problèmes, tissé des liens et

vécu beaucoup de belles choses... ».

Dans une France qui a procédé à des expulsions collectives à l’été 2010, on

se doute bien que ce projet ne suscite

pas que de l’enthousiasme. Rappelons que le Conseil de l’Europe a qualifié ces

expulsions collectives de Roms en 2010

de « violation aggravée des droits de

l'homme » et précisé qu'elles étaient

« discriminatoires » et « contraires à la

dignité humaine car basée sur l'origine ethnique des personnes concernées. ».

Sur place, si d’une part, le maire d’Hel-

lemmes, Gilles Pargnaux, soutient le travail de l’Atelier Solidaire, il n’en va

pas de même du maire de Villeneuve

d’Ascq, qui a fait procéder à la destruc-tion d’une cabane le 23 avril 2011. La

cabane, quasiment achevée, était des-

tinée à une famille rom de six per-sonnes dont trois enfants en bas âge.

« La cabane est implantée sur un ter-

rain appartenant à la communauté ur-baine de Lille, sur le territoire d'Hel-

lemmes et non à Villeneuve-d'Ascq se-

lon le cadastre », soutient Yann Lafolie.

Côté municipalité villeneuvoise, on es-time que l'abri était construit à la limite

des deux territoires.

Dans un communiqué, le maire de Vil-leneuve, Gérard Caudron, affirme :

« J'ai décidé, samedi, de manifester

clairement notre ras-le-bol en prenant mes responsabilités et en m'opposant à

de nouvelles constructions. Cela me

vaut quelques injures, des menaces politiques et peut-être demain des

poursuites. Je les assume et j'assume-

rai. » Pour sa part, Gilles Pargneaux, le maire d'Hellemmes, regrette cette in-

tervention : « Je pense que Gérard

Caudron se trompe, je vais essayer de

le convaincre qu'il a tort. Je ne veux pas mettre de l'huile

sur le feu, mais je vais de-

mander qu'on reconstruise cette structure. »

Et comme il semble que rien ne puisse être simple, un

comité de riverains (« La

voie Perdue ») s’est à présent constitué et pro-

teste abondamment

contre les actions de

l’Atelier…

Envie d’en savoir plus ?

Visitez le blog de l’Atelier Solidaire :

http://lille-roms.blog.fr/

*fête de quartier bisannuelle organisée par les étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure

d'Architecture et de Paysage de Lille

Certains soirs, il n'y a rien à manger, il a fait 1 degré cette nuit, les Roms ont froid ! Nous souhaitons

continuer à changer doucement mais sûrement tout cela, afin qu'ils sortent de cette indignité. Ce tra-

vail est long, demande du temps, de la compréhension, de l'intelligence, de l'énergie et de la solidari-

té. Que tous ceux qui s'indignent agissent à nos côtés! Yann Lafolie, 22 octobre 2011

L'Atelier Solidaire est un collectif

d'étudiants paysagistes et archi-

tectes de l’ENSAPL*, rapidement

rejoint par des riverains, des ar-tistes, des professionnels, des pro-

fesseurs, des élus, des scouts, des

religieux, des citoyens : des volon-

taires de toutes compétences et de

tous horizons soucieux d'améliorer les conditions de vie des Roms, ici,

maintenant et concrètement. Les

chantiers se tiennent le mercredi et

le samedi, de 14h à 18h.

La cabane détruite le 23 avril...

Un « Frich’ti »

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P a g e 2 2

Jeudi 02, 09, 16 et 23

février

Atelier stretching postural® de 18h précises à 19h -Crie de Mouscron (rue de la Vellerie, 135)

Vendredi 03, 10 et 17

février

Atelier djembé de 19h30 à 21h30 –Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mésanges, 7730

Leers-Nord)

Lundi 06, 13 et 27 fé-

vrier

Atelier stretching postural® de 18 à 19 h.–Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mé-

sanges, 7730 Leers-Nord) ; accueil à partie de 17h45

Mercredi 15 févier Atelier Patoisant, de 17 à 18h30 -Maison de l’Environnement (Néchin), contacts chez Françoise

(069/35 16 31)

Samedi 18 février Atelier « Cuisine végétarienne » à 17h45 –Ecole communale de Leers-Nord (22, rue de Mé-

sanges, 7730 Leers-Nord)

Vendredi 24 février De l’Aut’Côté (rue des Brasseurs, 21, a, Mouscron) 19 heures. Vernissage de l'exposition photo "Visages d'exil" et conférence-débat avec Anne-Sophie Rogghe, avocate spécialisée dans le Droit des Etrangers & Droit des personnes

Samedi 25 février La Prairie. Dès 9h et jusque 23h : deuxième journée organisée par notre asbl sur les rapports

Nord-Sud (programme dans cette revue)

Jeudi 01, 08, 15, 22 et

29 mars

Atelier stretching postural® de 18h précises à 19h -Crie de Mouscron (rue de la Vellerie, 135)

Vendredi 02, 09, 16, 23

et 30 mars

Atelier djembé de 19h30 à 21h30 –Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mésanges, 7730

Leers-Nord)

Lundi 05, 12, 19 et 26

mars

Atelier stretching postural® de 18 à 19 h.–Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mé-

sanges, 7730 Leers-Nord) ; accueil à partie de 17h45

Samedi 17 mars Atelier de cuisine végétarienne, 17h45 -La Prairie (rue de la Vellerie, 121, 7700 Mouscron)

Dimanche 18 mars Balade des patrimoines : Ten Brielen (entité de Comines-Warneton). Découverte de Ten Brie-len et de son moulin. Rendez-vous à 14h sur le parking de l'Office du Tourisme de Comines (21 Chemin du Moulin Soete) à proximité du moulin.

Mercredi 21 mars Atelier Patoisant, de 17 à 18h30 -Maison de l’Environnement (Néchin), contacts chez Françoise

(069/35 16 31)

Mon Jardin au Naturel Le samedi 28 avril : Mon jardin au naturel A 14h, dans les jardins de la Maison du Patrimoine à Evregnies

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P a g e 2 3 2 6 4

LE 24 FÉVRIER, À 19 HEURES.

De l’Aut’Côté (rue des Brasseurs, 21,

a, Mouscron).

19 h : Vernissage de l’exposition photos :

« Visages d'exil »

19h15, conférence-débat, avec Anne-Sophie Rogghe, avocate spé-

cialisée dans le Droit des Etrangers &

Droit des personnes( fin à 20h30)

LE 25 FÉVRIER

9h : accueil

9h30

Raymond Rogie et le Burkina Faso

Une histoire d’amour

Raymond, architecte de métier, est

tombé amoureux du Burkina-Faso Lors

d’une visite du Burkina effectuée en

compagnie d’une amie journaliste qui

avait vécu 13 ans en Afrique.

Il est tombé sous le charme des habi-

tants courageux, accueillants et tou-

jours souriants, alors qu'ils sont très

pauvres. Il se promet dès cette époque

d’y retourner.

En 2004, Raymond rencontre à Vezon

un séminariste venu faire un régendat

à Tournai. Séraphin avait un but :

construire une porcherie pour payer la

s c o l a r i t é d ' e n f a nt s p auv r e s .

Raymond a accepté de l’aider et le fi-

nancement a été assuré par la chorale

de Vezon qui a organisé des tas d'acti-

vités à cet effet. En 2007, la porcherie

a été inaugurée en grande pompe, en

présence d'une forte délégation de la

chorale de Vezon.

Depuis, les projets se sont succédé :

installation de panneaux photovol-

taïques dans une maternité en

brousse, creusement de puits, etc.

Une expérience concrète, passion-

née et passionnante à découvrir.

11h

Daniel Tanuro (Palme d’IEW 2011)

Réchauffement climatique : les solu-

tions de marché (échanges de quotas,

mécanisme de développement propre,

compensations carbone, bourse car-

bone, … etc.) dans la lutte contre les

émissions de Gaz à Effets de Serre : un

nouveau colonialisme ?

12h30

Repas

Une collation froide, à base de produits

issus de l’agriculture « raisonnée » ou

bio de notre région.

13h30

Le Sudestan, un jeu

Le Sudestan emmène les participants

dans quatre pays imaginaires dont ils

vont devenir les ministres. Afin de dé-

velopper leur pays et de lui assurer

une certaine stabilité, ils vont devoir

composer avec l’emprunt (et donc la

dette), les pressions internationales, le

contexte géopolitique et les lois du

marché.

Le Sudestan constitue une excellente

mise en situation pour comprendre, de

manière ludique et interactive, les mé-

canismes complexes à l’origine du fos-

sé entre le Nord et le Sud de la planète

et décort ique r la not ion de

« développement ».

16h30

Atelier Djembé, animé par Hugues

Adam

Découverte et apprentissage du djem-

bé.

Discussion autour de la musique et des

traditions…

17h45

Atelier de cuisine africaine

Confection d’un repas africain sous la

direction de Bola.

19h30 Repas

Les réservations pour le repas du

midi et l’atelier de cuisine africaine

sont indispensables et ce, pour le 15

février au plus tard au

00 32 (0)56 337213

ou par mail [email protected]

P.A.F diverses

Repas de midi : 2,5 € pour les

membres Eco-Vie (3 € pour les

autres)

Atelier de cuisine africaine et repas du

soir (+ 1 ticket boisson) : pour les

membres, 10 € pour les adultes, 6,5 €

pour les enfants (12 € et 8 € pour les

non-membres).

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Imprimé sur papier recyclé

Abonnement -adhésion

10 € au compte IBAN:

BE82 5230 8023 7768 BIC: TRIOBEBB

ECO-VIE Rue de l’Oratoire 34

7700 MOUSCRON Tél.056 33 72 13

[email protected] Les articles signés n’enga-gent que leurs auteurs

P a g e 2 4

Si vous voulez participer à la rédaction de cette revue, merci de le signaler au

056/337213. Prochain Comité de

rédaction : 7 mars 2012 Si vous désirez nous sou-

mettre un article, merci de nous le faire parvenir,

si possible, pour le 5 mars 2012

par mail [email protected]

ou par courrier (adresse ci-dessous)

Au menu du samedi 01 octobre, la « CUISINE DE BOLA »

(et de l’atelier cuisine de l’après-midi)

LES DOUCEURS

Kongklo : beignets de banane

Atchipipi : biscuits de maïs frits

Amadan Tonton : bananes plantains frites

LES BOISSONS

Bissap : boisson à base d’hibiscus

Do Teh : boisson à base de gingembre

LES SAUCES

Fetri Dessi : sauce gombo

M’Bagba : sauce tomate

Boma : sauce épinard

Dekou Dessi : sauce palme

LES BASES

Molou : le riz, très présent en Afrique de

l'ouest

Djenkoume : pâte de manioc

Ewokoume : pâte de maïs

Yaka Yeke : « couscous » de manioc

Quelques explications

- « Fetri » : c'est le gombo des Amériques, ou

l'OKRA des Indes. Ce fruit-gousse donne une

sauce mucilagineuse qui accompagne bien les

« pâtes » comme Djenkoume (pâte de ma-

nioc), Ewokoume (pâte de maïs) ou le Foufou

(pâte d'igname), un peu comparable à la po-

lenta des alpes et que l'on mange en Afrique.

- Le « Manioc » est beaucoup consommé, sous

des formes variées : on peut le cuire à l'eau

ou le frire, le râper pour le sécher, afin de le

consommer en « couscous » ; cuit à la va-

peur, c'est le fameux Attieke des Ivoiriens, le

Yaka Yeke du Togo ou, réhydraté, en Djen-

koume ou Pinon.

- La « banane plantain », contrairement à la

banane douce, est consommée comme un lé-

gume plus que comme un fruit. Elle peut, se-

lon son degré de maturité, être frite en ron-

delles, cuite à l'eau ou à la braise, mélangée à

l'igname dans certains FOUFOUS et, lors-

qu'elle est vraiment trop mûre, mélangée à de

la farine pour en faire des beignets.

- « Palme » : au Togo, en éwé, le palmier

s'appelle déku. La noix de palme, dont la peau

est de teinte fortement orangée, pousse sur

de longues tiges, à l'instar de ses cousines les

dattes...

La chair de la noix, pilée ou broyée donne la

« sauce de palme », très riche en huile rouge,

le plus souvent connue chez nous sous son

appellation congolaise : MOAMBE (ou « sauce

graine » en Côte d'Ivoire...)

C'est une sauce qui réclame une grande atten-tion, et comme souvent en Afrique, un long

temps de cuisson, afin d'être digeste

Recette pour 6 personnes

- 2 kg de bananes plan-

tains mûres, mais pas

trop

- sel

- Huile pour friture

Eplucher les plan-

tains, les couper en tronçons de 1 à

2cm, en biais et saler (facultatif).

Quand l'huile est à bonne tempéra-

ture (180°), les plonger dans l'huile

chaude pendant quelques minutes, le

temps que ces « frites » de banane

brunissent un peu.

Les sortir de l'huile et laisser égout-

ter.

Eventuellement les éponger avec un

tissu ou du papier absorbant.

Servir tel quel ou avec du piment, ou

une sauce tomatée.

AMADAN TONTON : BANANES PLANTAINS FRITES

Bola

L’édition de cette revue spéciale n’a été possible que grâce au soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Elle doit tout à l’engagement des volontaires qui ont rendu possibles les divers évènements dont nous

vous avons entretenu. Que soient donc remerciés ici : Sylvia et Marc pour leur engagement sans faille,

Hugues et Bola, dont la ténacité et l’amour de l’Afrique nous portent toujours plus haut, Thierry, qui nous

conseille et nous guide avec sagacité, Yves, infatigable travailleur de l’ombre dont le courage permet à

cette revue d’exister, Xavier et Zélie, aussi discrets et souriants qu’efficaces, Coka (bien entendu), Antoi-

nette et JF ainsi que tous les volontaires qui sont venus animer notre week-end (Etienne, Stéphane,

Jacques, Momo, Jean-Luc, …).

Nous voulons aussi remercier toutes celles et tous ceux qui ont fait un bout de route avec nous les 1er et 2

octobre passés ; c’est leur présence et leur participation qui nous ont permis de continuer à croire à ce que

nous faisons… et nous engagent à repartir pour un tour !