La revue de l'IPC n°2

36
la revue de Le magazine de l’Institut Paoli-Calmettes Décembre 2011 - N° 2 l’ipc www.institutpaolicalmettes.fr DOSSIER LES ÉTAPES DE LA RECHERCHE L’UNITÉ ETOH, TÊTE DE PONT DE L’IPC … ... SOINS Souffler le froid et le chaud pour combattre le cancer ... VIE DE L’IPC Un nouveau bâtiment, pierre angulaire du projet d’établissement ... A l’IPC, la recherche dans tous ses états A l’IPC, la recherche dans tous ses états LES ÉTAPES DE LA RECHERCHE L’UNITÉ ETOH, TÊTE DE PONT DE L’IPC … ... DOSSIER

description

Le magazine de l'Institut paoli-Calmettes

Transcript of La revue de l'IPC n°2

la revue deLe magazine

de l’Institut Paoli-Calmettes

Décembre 2011 - N° 2

l ’ ipcwww.institutpaolicalmettes.fr

DOSSIER

LES ÉTAPES DE LA RECHERCHE

L’UNITÉ ETOH, TÊTE DE PONT DE L’IPC …

...

SOINSSouffler le froid et le chaud pour combattre le cancer ...

VIE DE L’IPCUn nouveau bâtiment, pierre angulaire du projet d’établissement ...

A l’IPC, la recherchedans tous ses étatsA l’IPC, la recherchedans tous ses étatsLES ÉTAPES DE LA RECHERCHE

L’UNITÉ ETOH, TÊTE DE PONT DE L’IPC …

...

DOSSIER

Une étude récente1 montre que la recherche médicale a bonne presse pour 88 % des Français, et que près de 9 Français sur 10 pensent qu’elle manque de budgets. Il est évident que, sans recherche, peu de progrès sont envisageables.

Si on ne cherche pas, on a peu de chances de trouver … Cette lapalissade s’applique à bien d’autres champs que la cancérologie,

mais elle est particulièrement vraie dans ce domaine qui est le nôtre. La recherche est indispensable pour trouver de nouvelles molécules, de nouvelles voies thérapeutiques, de nouvelles armes de diagnostic.

C’est au cœur des laboratoires que se dessinent l’avenir des traitements et l’espoir, en cancérologie.

Mais la recherche est également une épreuve d’humilité, que connaissent bien ceux qui la pratiquent. Car, s’il faut évidemment chercher pour trouver, la recherche ne débouche pas toujours sur des découvertes : on risque de ne pas trouver ce que l’on cherche …

Les défis auxquels la recherche doit faire face sont donc nombreux, à commencer par celui, majeur, de l’incertitude. Mais deux défis sont particulièrement d’actualité.

Aussi vitale qu’elle soit pour la santé de chacun et le bien commun, la recherche doit aussi relever un défi financier. Ses coûts de fonctionnement et d’investissement sont de plus en plus importants, parfois en décalage avec les contraintes budgétaires. La générosité des citoyens, l’aide des associationscaritatives et de certains acteurs privés, les succès aux appels à projet nationaux ou européens, permettent de compléter nos moyens.La synergie que représente le regroupement sur un même site des acteurs majeursde la recherche que sont l’Université, l’Inserm et le CNRS nous permettra,j’en suis certain, d’aller vers de nouveaux progrès.

Autre défi prégnant : la recherche médicale doit tenir compte de l’enjeu que représente le développement de nouveaux médicaments. Si ces enjeux sont souvent présentés sans nuance dans l’actualité, ils ont le mérite de remettre,au centre de nos actions, les droits et le respect des patients.

Nous avons une responsabilité de faire le meilleur usage possible des fruits des recherches vis-à-vis de nos patients. C’est cette vision de la recherche que nous avons l’ambition de développer à l’IPC : une recherche médicale de longue haleine aidant à bâtir les traitements de demain, menée pour le bénéfice des patients que nous essayons d’aider à sortir de la maladie. Une recherche qui allie sciences et bon sens, en quelque sorte …

Scienceset bon sens

PAR LE PROFESSEUR PATRICE VIENS

Directeur général de l’IPC

1- Etude menée par la Fondation de l’Avenir auprès de 1 529 internautes afin de connaître leur opinion sur la recherchemédicale en France.

EDIT

O

Sommaire

Directeur de la publication : Professeur Patrice Viens

Rédaction en chef : Anne Fouchard

Rédaction : Elisabeth Belarbi, Valérie Depraetere-Ferrier, Anne Fouchard, Leila Lecavorzin-Mille

Contributions : Patrick Ben Soussan, Yvon Berland, Jean-Paul Borg, François Casalonga, François Eisinger, Dominique Genre, Eric Lambaudie, Dominique Nobile, Marie Semidei, Sylvia Achin

Secrétariat de rédaction : Elisabeth Belarbi, Anne Fouchard

Crédits photos : Jean-Michel Durey, Michel Gélabert

Conception graphique : Nicolas Guieu

Mise en page : Nicolas Guieu

Imprimerie : Pure Impression - SIRIS-ISSN en cours. Dépôt légal à parution - Achevé d’imprimer juin 2011

Routage : Atout Mailing Services

Editeur : Institut Paoli-Calmettes, Centre régional de lutte contre le cancer -232, Boulevard Sainte Marguerite - BP 156 - 13273 MarseilleCedex 9 - Tél. : +33(0)4 91 22 33 33 - Fax : +33(0)4 91 22 35 12

Contact service communication : Tél. : +33(0)4 91 22 37 48 - [email protected]

SOINSz P:4 - Ethique et réflexion Cancer et récit de soi

z P:6 - Actu - Prévenir - DépisterSénologie à l’IPC : quoi de neuf ?

z P:7 - Presse au scan Alimentation et cancer : info ou intox ?

z P:20 - TémoignageLa vie, qui va toujours …

z P:22 - Soigner - Prendre en chargeSouffler le froid et le chaud pour combattre le cancer

z P:24 - Actus - Soigner - Prendre en chargePrendre le cancer du sein de vitesseP:26 - Des mots à dire, des mots à entendre

z P:27 - Focus Le malade partenaire de soins : paradoxe ou nécessité ?

DOSSIERz P:8 - A l’IPC, la recherche dans tous ses états

z P:10 - Interview croisée Recherche fondamentale, recherche clinique,recherche translationnelle …Docteur Dominique Genre, Docteur Jean-Frédéric Saunière et Professeur Jean-Paul Borg

z P:13 - Portrait d’un jeune chercheur Cancer du sein : la révolution des cellules souches

z P:14 - Focus Les étapes de la recherche

z P:16 - Reportage L’unité ETOH, tête de pont de l’IPC dans la guerre contre le cancer

z P:18 - Focus Un nouveau bâtiment dédié à la rechercheP:19 - La recherche translationnelle

EN IMAGESz P:29 - Des robots contre le cancer

VIE DE L’IPCz P:32 - Focus Un nouveau bâtiment, pierre angulaire du projet d’établissement

z P:34 - AGENDA / BREVES

Le magazine de l’Institut Paoli-Calmettes

Décembre 2011 - N° 2

04

Le problème avec le cancer, c’est qu’il nous raconte des histoires :

il nous embarque de représentations encroyances, nous isole, nous rapproche,

nous sidère, il dicte ses maux, il colonise la biographie du malade …

Extraits d’un colloque organisé par le Département de Psychologie

Clinique de l’IPC …

Par le Docteur Patrick Ben Soussan

Psychiatre, Responsable du Département de Psychologie Clinique

ETHIQUE ET REFLEXIONSO

INS

Cancer et récit de soi

« polyphonique, en effet, est le mot cancer »

Prenez un mot, un simple mot, tenez « chapeau » par exemple. Qu’est-cequ’un mot et que désignent donc ces humbles vocables ? « Nous donnonsbien souvent de divers noms aux choses « Des épines pour moi, vous les nommez des roses » confie à son prétendant l’Isabelle de L’illusion Comique de Corneille.

Un mot, vous le savez, charrie tout un univers de représentations. Rappelez-vous, au tout début du Petit Prince, le chapeau que dessine l’aviateur alorsâgé de 6 ans : « Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentaitun serpent boa qui digérait un éléphant » précise l’enfant. Et d’ajouterque les grandes personnes « ont toujours besoin d’explications » pourqu’elles puissent comprendre ce que les mots représentent. Plus loin,Saint-Exupéry, décidément bien insistant, continue, quand, à l’invitationdu petit blondinet tombé de son astéroïde - le cultissime « S’il vous plaît …dessine-moi un mouton ! » - l’aviateur crayonnera … une caisse !

Polyphonique, problématiqueTous les mots sont des caisses, des coffres, d’étranges chapeaux d’où sortentdes milliers de sens. Tous les mots sont des fleuves qui débardent leurs flotsde sens. Cette image du « fleuve sémantique », Milan Kundera l'applique, dansL’insoutenable légèreté de l'être, à un autre chapeau, car cet objet, écrit-il,« suscitait chaque fois une autre signification, mais cette signification répercutait (comme un écho, un cortège d'échos) toutes les significationsantérieures ».

Pour le bafouiller autrement, toute chose dite se dépouille de sa simplicitépremière et devient le faisceau d'une multiplicité de sens et de valeurs. Et ces sens et ces valeurs, ce limon sémantique, alourdit infiniment l'objetqui le charrie, en augmente le poids de sa présence récurrente, l’asservitde sa matérialité et de sa pesante opacité, pour le projeter dans l'universpolyphonique des signes.

Polyphonique, en effet, est le mot cancer. Polyphonique et problématique.Car sitôt dit, dans des contextes à chaque fois nouveaux et singuliers, il se trouve privé de son univocité et, en y superposant différentes couchessémantiques (auxquelles pourraient s'en ajouter d'autres pratiquement à l'infini), il se transforme peu à peu, de donnée intelligible et transmissiblequ'il é tait au départ, en questionnement existentiel e t en redoutable inquiétude.

05

Le mot cancer, tout en demeurant mot cancer , devient le signe de toutautre chose, mais qui ne s aurait se traduire s implement et une fois pour toutes. Cet «autre chose» ne peut qu'être exploré, parcouru encoreet encore, comme un fleuve, mais jamais connu définitivement. On ne faitjamais le tour du chapeau de l’aviateur, qui reste jusqu'à la fin un inlassablepoint d'interrogation. On ne fera jamais le tour du mot cancer, les maladesle tournent et le r etournent dans leur tête et leurs or eilles jour et nuit. Il ne tourne pas rond ce mot là, et parfois il nous emporte dans son ivresse,nous donne « le vertige ».

Le cancer dicte ses mauxVoilà le pr oblème en fait, avec le cancer , c’est qu’il atteint des s ujets qui pensent et qu’il les force à penser. Ceux qui en sont atteints, ceux quileur sont proches, ceux qui l es soignent e t tous ceux qui l es c roisent ou les croiseront, un jour ou l’autre.Le problème avec le cancer, c’est qu’il nous raconte des histoires : il nousembarque de représentations en croyances, nous perd en conjectures,nous isole, nous rapproche, nous sidère, nous fascine, il nous fait parleraussi, il dicte ses maux.Il se la raconte le cancer, il s’y croit, tout puissant, invulnérable, immortellecellule dupliquée à l’infini, envahissante. Il a l’art de raconter des histoiresde peine et de douleur, mais parfois aussi des chroniques de vie et de victoire.« Et si vous deveniez un héros » clame-t-il !

Ils se racontent leur cancer , les malades, ils frayent tous avec ce besoin de dire, de mettre en récit leur cancer, d’écrire le roman de leur maladie,roman épique, autofiction, recherche de sens, l e cancer n ’existe pas, seul mon cancer a droit à la parole, à l’attention, aux bons soins.

Indicible et invivableLe problème qui se pose aux malades n’est pas d e raconter leur cancer,mais d’être écoutés et compris. Ce que Semprun, dans L’écriture ou la vie,formule magistralement : « Un doute me vint sur la possibilité de raconter.Non pas que l’expérience vécue soit indicible. Elle a été invivable, ce quiest tout autre chose … Autre chose qui ne concerne pas la forme d’un récitpossible, mais sa substance, sa densité. Ne parviendront à cette substance,à cette densité transparente que ceux qui sauront faire de leur témoignageun objet artistique, un espace de création. Ou de re-création … ».

Car si le cancer institue un nouvel ordre narratif dans son histoire, il faudrabien que le sujet malade déconstruise, radicalement, pas à pas, son « voyage au bout du désordre ». Pour faire en sorte que l’incise de la maladiese remanie de sa mise en mots, et que le récit de sa maladie par le malade,mais tout autant la par ticipation active à cette écriture, de sa famille, d essoignants et de tous ceux qui sont proches de lui, ne lui ouvre de nouveauxhorizons.

Colonisateur de biographieVoilà donc le cancer qui se dit, s’écrit, comme un roman-fleuve, un récitau long cours, et chaque malade en tient sa chr onique quotidienne. Elle épouse le rythme effréné des jours de l’attente du diagnostic, semblese suspendre à l’annonce de la maladie, suit le lent écoulement des jourset les méandres du parcours de soins, hésite de soubr esauts en répits,pour enfin s’achever, à l’aube d’une nouvelle vie ou en quelque tragiquecrépuscule. L’auteur d e c ette c hronique, o u l e n arrateur, l e m alade - mais ce pourrait aussi b ien être vous, moi tout autant, nous tous quisommes confr ontés à cette r encontre si singulièr e avec la mal adie cancéreuse - cherche à ordonner sa vie et à lui trouver un sens ; il remonte le temps, revient longuement sur cette fractur e entre l’avant et l’après sa maladie, cher che à r essusciter les jours évanouis, à la r echerche de son bon temps égaré.

Mais le cancer n’a pas de temps, lui ; il est le présent éternisé. Navigant entrenostalgie du passé et espoir dans l’avenir, il colonise la biographie du maladequi ne t rouve parfois d’identit é que celle que la maladie lui attribue : le cancer efface le sujet. « Cancéreux », je suis ton nouveau pays, ton seulhorizon se mble a ffirmer l e m ot c ancer : dé naturalisera-t-il e ncore longtemps le sujet qui en est affublé ? Signera-t-il à tout coup un événementmajeur qui orientera définitivement toute une destinée ? Rongera-t-il toujours,comme un acide, la vie de celui qui en est atteint, l’arrachant à lui-même,l’empêchant de réaliser sa vie d’humain ? Quand donc le cancer cessera-t-ilde tenir le malade aux marges de la vie, celle que tous nous aspir ons à vivre ? Quand donc le sujet malade pourra-t-il autrement que « ravi »de sa vie, expr oprié de ce monde qu’il habitait, r ejeté, marginalisé, radicalement autre ?

Le récit qui donne formeLe mot cancer a toute une histoire. Le sujet malade du cancer en a toutautant. Raconter son histoir e du cancer, à nulle autr e pareille, possèdeune véritable fonction réparatrice qui permet au héros narrateur de trans-cender les af fres de la maladie, de r ecouvrer une part de sa libert é et de faire œuvre. Il y a là, dans ce travail créateur sur soi, un oubli de la maladie qui s’organise, comme un gage d’immortalité. Mais dans le mêmetemps cette littérature de fiction de soi marque, pour le malade, quelquechose comme la fin de l’innocence …

En transmuant la vie du malade en littérature, le récit, même fictionnel,donne forme à ce qui existe dans le monde réel et lui confère son droit à la réalité. Nous construisons la réalité en la contant. Non pas en la mettanten mots exclusivement, ce qui serait s’assurer du seul et unique pouvoirde la par ole et du langage. Non, tout n’est pas, au sens pr opre, qu’une histoire de discours. Seul le récit parvient à donner forme à notreexpérience du monde. C’est ainsi qu’à l’hôpital, chaque patient que je rencontre se conte et me conte une histoire de lui-même dont le "je"est le hér os. « Je se raconte ». Rap idement, ce récit laisse entr evoir ses coutures et ses accrocs, il dévoile son sta tut de fiction, de cr oyance,d'illusion, de mise en scène de fantasmes, de construction vraisemblable,mais falsifiée, de tous les personnages, à commencer par le "je" lui-mêmequi se pr end pour l’auteur de cette autobiographie. "Je" se raconte des histoir es et m’en raconte. Sur lui, son canc er, sa vie, sa fam ille, ses docteurs, ses infirmières, … Et pourtant, bien des vérités sont à l’œuvredans cette chronique du soi même si le roman de la maladie du maladereste toujours à écr ire … Face au cancer, un jour, pourrons-nous ne plusen faire toute une histoire ?

« le mot cancer a toute une histoire »

« un examen unique qui dure environ 40 minutes »

06

Principale cause de mortalité par cancer chez lafemme entre 35 et 65 ans en France, cancer le plus fréquent chez la femme, les trois quartsde ces cancers du sein se déclarent après la méno-pause. Si l’on ne sait pas les prévenir , la trèsgrande majorité de ces cancers peuvent êtr ecombattus efficacement, s’ils sont décelés tôt et traités avec les armes dont on dispose aujourd’hui.

La biopsie sous IRM : combiner imagerie et prélèvementDepuis quelques mois, l’IPC dispose d’un matérielpour réaliser des biopsies sous IRM, une technologieaujourd’hui disponible dans deux établissementsde santé de Marseille.

Chez certaines patientes à qui l’on a diagnostiquéun cancer du sein, une IRM mammaire peut êtreproposée en complément du bilan sénologiquestandard. Cette IRM peut parfois détecter d’autreslésions mammaires, qui nécessitent un prélève-ment, pour pratiquer une analyse biologiquedes tissus.

Dans un premier temps, le radiologue rechercheles lésions détectées en IRM en complétant le bilansénologique standard (mammographie avec clichésagrandis, é chographie ciblée). Dans un tiers des cas, ces lésions ont uniquement une traductionIRM et nécessitent une biopsie sous IRM. « Grâce à cette technique d’imagerie et de pré-lèvement combinés, le bilan pré-opératoire estoptimal », explique le Docteur Aurélie Jalaguier,responsable de la plateforme de sénologie de l’IPC.

Autre intérêt de l’équipement, l’IRM est utiliséepour dépister des cancers du sein dans des popu-lations dites « à risque », c'est-à-dire des patientesavec une mutation des gènes BRCA 1 et BRCA 2ou de nombr eux antécédents familiaux sans mutation identifiée (entre 5 % et 10 % des casde cancers du sein enregistrés), car elles présententdes lésions ou des tumeurs minuscules, qui sontindécelables avec un examen mammographiqueclassique.

Dans ce cas, le r ecours aux biopsies sous IRMpeut mettre en évidence des lésions mammairessuspectes et non détectées par les autres examensd’imagerie standard (mammographie et écho-graphie mammaire).

Avec u n e xamen u nique qu i d ure e nviron 40 minutes, la biopsie guidée par IRM permet de prélever un échantillon adéquat et en quantitésuffisante po ur u ne a nalyse m icroscopique fiable de l’anomalie découverte à l’imagerie ouà l’examen clinique. L’équipement de biopsie sous IRM vient compléterun parc d’imagerie renouvelé il y a moins de deuxans à l’IPC, avec, notamment, un mammographenumérique et une table de macrobiopsie, ainsique deux échographes de dernière génération.

04 91 22 34 18, numéro direct sénologie Autre amélioration apportée à la plateformed’imagerie médicale : un numéro de téléphoneunique et dir ect permettant aux femmes deprendre un r endez-vous pour des examens de mammographie.

En effet, de nombr euses patientes désir euses de r éaliser leur mammographie de dépistage à l’IPC finissaient par r enoncer, face aux lignestéléphoniques d e l ’IPC s ouvent e ncombrées.Avec un numér o dir ect, dédié à l’imagerie, les femmes peuvent pr endre rendez-vous plusfacilement. En 2010, l’IPC a réalisé des examensd’imagerie pour 5 800 patients.

Le diagnostic rapide des cancers du sein Savoir tôt et agir vite sont des éléments importantspour la majorité des femmes touchées par uncancer du sein. Plus la maladie est identif iée etprise en charge tôt, plus les chances de guérisonsont g randes, avec des t raitements de moins en moins lourds à supporter et invalidants pourles femmes.

C’est pourquoi investir dans une plateforme de sénologie, capable d’accueillir un nombre plusimportant de femmes en proposant des examensde dépistage les plus précis et précoces possiblesest une priorité pour les femmes et pour la santépublique.Actuellement, l’IPC propose aux patientes chez quiun cancer du sein est suspecté, d’avoir un rendez-vous pour un avis et une biopsie le même jour « Quand o n es t i nquiet e t q u’il p eut y a voir urgence, explique le Docteur Jalaguier , il est essentiel d’obtenir un rendez-vous rapidement,dans un ser vice qui offre la meilleure qualit é de diagnostic possible aujourd’hui ».

Les résultats histologiques ainsi que la consultationavec le chirurgien et l’oncologue sont obtenuspour ces patientes dans un délai de moins de 72 heures.

SOIN

S

Des biopsies sous IRM pour détecter tôt des atteintes cancéreuses, une ligne directe

pour les rendez-vous,le diagnostic rapide …

la plateforme d’imagerie de la femme de l’IPC a fait

peau neuve, pour prendre le cancer du sein de vitesse …

Sénologie à l’IPC :

quoi de neuf ?

Lire aussi page 24 : Prendre le cancer du sein de vitesse.

ACTU - PREVENIR - DEPISTER

Dr Aurélie Jalaguier, responsable du secteur sénologie et imagerie gynécologique

« maillon faible »

07

Cartésianisme oblige, pour analyser un pr oblème on le décompose ensous-problèmes. Cette approche est renforcée par un présupposé tellementfort qu’il en est devenu invisible : connaîtr e les causes permettrait d’encontrôler la conséquence. La recherche des causes du cancer s’inscrit dansune double motivation : la recherche de la connaissance et la volonté d’agir.

Les proverbes autour de la santé sont aussi anciens que nombreux : « Le chouest le médecin du pauvre » ; « On creuse sa tombe avec ses dents » … De même, la croyance, forte, en l’importance d’agir « avant » (« Prévenir vautmieux que guérir »).

Dans une société où le cancer est à la fois un problème de santé publiqueet une crainte m ajeure des Français, où les risques envahissent lesconsciences au même rythme qu’ils imprègnent l’air, l’eau et les aliments,et alors que le principe de précaution est devenu constitutionnel, tous les ingrédients sont réunis pour pointer l’alimentation du doigt …L’alimentation serait à l’origine de 30 % des décès par cancer. Cependantcette « donnée » « reçue » mérite sans doute d’être nuancée dans son interprétation.

Les outils de mesureUn facteur de risque (FdR) est un élément identifiable, modifiant, chez unindividu, qui y serait exposé, la probabilité de développer une maladiedonnée. Par exemple, l’exposition au facteur de risque tabac augmentele risque de développer un cancer du poumon.Comment mesurer le facteur de risque sur le plan nutritionnel ? En matièred’alimentation, les outils de mesure sont difficiles à mettre au point et àvalider : la nutrition est un domaine complexe pour lequel les connaissancessont en constante évolution. De fait, la nutrition nécessite une expertiseimportante. L’alimentation est un concept vaste, qui implique des éléments(aliments) très hétérogènes. Calories, répartition, protéines, lipides (choles-térol, graisses insaturées, ...), glucides, vitamines, oligo-éléments, ...

Si les savoirs en la matière sont complexes, l’interprétation l’est davantageencore. Pour expliquer une étude qui constatait que l’augmentation de consommation des fruits et légumes n’avait eu que peu d’impact surla fréquence des cancers, plusieurs interprétations ont été avancées :z Tous les légumes ne sont pas équivalents. Les phyto-nutriments

sont plus fréquents dans les oignons, l’ail et les champignons que dans les pommes et les pommes-de-terre.

z Un même aliment contient des qualités très diverses. Et, dans un même aliment, les variations des apports changent. Ainsi, pour les brocolis, le taux de glucoraphanin peut varier de 1 à 20.

z Les humains ne sont pas identiques, et la métabolisation des aliments dans un organisme ou un autre est d’une extrême variabilité.

z L’âge de la personne qui consomme l’aliment a une influence également significative.

z Enfin, le régime alimentaire est plus que la somme des aliments consommés : les nutriments interagissent.

Comment mesurer les liens entr e le facteur de risque et la maladie ? Sans entrer dans une description méthodologique un peu technique, il est très probable qu’il s’agisse là d’un maillon faible. Par définition, tous les événements à causalité multiple ne peuvent êtr eréduits à une cause simpl e et à une séquence d’événements linéair e.Quand un accident de voiture se produit, quelle en est la cause : la vitesse,l’inattention, l’état de la route, ou celui de la voiture ? Les seules certitudesque l’on puisse avoir sont d’ordre statistique - XX % des accidents sontdus à l’inattention par exemple -, et donc frustrantes quand on rechercheune réponse élémentaire et univoque, applicable à soi-même.

Il y a risque et risque …Par ailleurs, l’importance d’un facteur de risque s’évalue selon deux axes :le risque est-il fréquent et quelle est la gravité de ce risque ? On pourraitainsi opposer deux facteurs de risque - l’alimentation et les anomalies géné-tiques héréditaires - en résumant leur importance par cette opposition :un très grand nombre de personnes ont une alimentation qui leur confèreun sur-risque minime, alors qu’un petit nombr e de personnes ont uneanomalie génétique qui les expose à un risque important. Autrement dit, si 60 millions de Français mangent « mal », et que ce faitmajore de 15 % le risque de cancer pour chacun d’entre eux, cela augmenterale nombre de cancers de 30 000 cas par an. En comparaison, il faut savoirque les cancers du sein liés à l’hérédité (à une mutation des gènes BRCA1et BRCA2) sont au nombre de 1 000 par an environ.

Il n’est pas étonnant que le ministr e de la Sant é s’intéresse à r éduire de 30 000 cas le nombr e des cancers enregistrés chaque année. Il n’estpas étonnant non plus que les individus ne soient que modérément motivéspar une réduction - ou au contraire une augmentation - absolue de risquede 3 %, par exemple en passant d’un risque d’être atteint de 24 % à 27 %,ce q ui c orrespond à l a m ajoration d e 1 5 % d u f ait d ’une m auvaise alimentation.Ainsi, à la question du rôle de l’alimentation sur l’incidence du cancer ,seule une réponse en demi- teinte est possible : elle joue à la fois un rôleconsidérable, puisqu’elle augmente le risque, et un rôle minime, puisquece risque est extrêmement variable selon les individus.

Entre les injonctions à consommer des fruits et légumes,et les « aliments miracle », la confusion des messages est à la hauteur de l’intérêt que le sujet produit. Alors info ou intox ? Le point avec le Docteur François Eisinger …

PRESSE AU SCAN

Alimentation et Cancer : info ou intox ?

08

DOSSIERDOSSIER

Le transfert a lieu dans les deux sens, de la recher-che fond amentale aux appl ications cliniques, et des besoins thérapeutiques des patients versles découvertes de la recherche fondamentale.

La recherche, arme vitale dans la lutte contre le cancerLa volonté de donner une nouvelle dimension à la recherche se base sur la conviction de sonincontournable utilité dans la lutte contre le cancer.La recherche est indispensable à la compréhensionde cette maladie complexe et aux inno vationsthérapeutiques pour l es patients, que ce soitpour le diagnostic de la maladie, pour le traitementou encore pour le suivi, dans le cadre de l’après-cancer.

Ses progrès récents dessinent l’avenir de la luttecontre le cancer : ainsi, la médecine personnaliséerepose sur l’identification des mécanismes des cellules et donc sur les moyens de bloquerla progression des tumeurs, en adaptant les trai-tements aux caractéristiques de la maladie chezle patient.

La lutte contre le cancer s’appuie sur ces connais-sances récentes et pr ometteuses : la détectionde tumeurs de plus en plus petites, l’identificationd’un risque génétique, les mécanismes de régula-tion des gènes et les interactions entre les cellulestumorales et leur envir onnement hormonal et immunitaire, les mécanismes de signalisationdans la cellule tumorale, les cellules souchescancéreuses, les ‘biomarqueurs’, qui permettentde mieux caractériser le type de tumeur affectantun i ndividu, e t a insi de c hoisir l e t raitement le plus efficace contre ce type de tumeurs.

Une centaine de cher cheurs supplémentaires,portant à 250 le nombre de collaborateurs impli-qués dans la recherche, des équipes qui passentde 9 à 15, l’arrivée d’une équipe de chercheursvenant de l’Université de Louvain en Belgique …En janvier 2012, le Centr e de Recher che en Cancérologie de Marseille (CRCM), qui associel’Inserm, le CNRS, l’Université et l’IPC, franchit un c ap q ui l e p ositionne p armi l es p remiers centres en France.

Ces concrétisations sont le fruit de deux ans detravail entre l’IPC et ses partenaires, et s’inscriventdans une volonté, soutenue depuis des années,d’améliorer les orientations et les moyens dédiésà la recherche, vers l’application des résultats enclinique, pour le bénéfice des patients, un continu-um entre la r echerche à ses pr emiers stades,jusqu’aux essais thérapeutiques.

Une stratégie de continuumLe site IPC et son nouveau bâtiment abritera 75 %des équipes de recherche, le dernier tiers étantaccueilli sur le campus de Luminy qui dispose decentres de r echerche partenaires et de plate-formes permettant une recherche fondamentalede pointe. L’implantation sur le site hospitalier de l’IPC permet un accès à des échantillons de tissus, indispensables à la recherche biomédicale.

A l’IPC, la recherchedans tous ses états A l’IPC, la recherchedans tous ses états SANS INVESTISSEMENT EN RECHERCHE, LA LUTTE CONTRE LE CANCER STAGNE. SYMBOLE DE L’AMBITION DE L’IPC ET DE SES PARTENAIRES, UN BÂTIMENT DÉDIÉ À LA RECHERCHE OUVRE SES PORTES … AU CŒUR DE NOS MISSIONS, LA RECHERCHE FRANCHIT UN CAP, POUR METTRE LES DÉCOUVERTES AU SERVICE DES PATIENTS …

09

Actuellement, si de nombreuses molécules sontà la disposition des médecins, il faut en affinerl’emploi, se lon l e t ableau c linique du patient et selon les altérations moléculaires de son cancerpour augmenter l’efficacité et diminuer les effetssecondaires. Il faut donc mener des essais pourétudier quelles sont les meilleures indications etles meilleures combinaisons de ces médicaments.

A l’IPC, des essais clini ques explorent ces voiesen rassemblant des groupes de patients les plushomogènes possibles pour une anomaliemoléculaire do nnée a fin d e c omparer c e q ui est comparable dans la réponse à un nouveautraitement. Il faut ainsi, au préalable, analyser la tumeur du patient, et identifier des bi omarqueurs quipermettent de préciser de quel type de tumeuril s'agit, une information qui guidera le type de traitement à prescrire.

Aujourd’hui, i l f aut u ne s emaine à d ix j ours pour séquencer le génome d’un individu alorsque plusieurs mois étaient nécessaires il y a 10 ans.Dans cinq ans, des appar eils seront capables de donner cette information en quelques heuresau clinicien.

L’enjeu actuel est de détecter certaines altéra-tions génétiques relativement fréquentes pour l esquelles on d ispose de molécules t rès efficaces capables de contr ecarrer l’anomalie, et d’en découvrir de nouvelles qui, à leur tour ,permettront d’imaginer de nouvelles stratégiesthérapeutiques.

La réparation de l’ADNDepuis dix ans, les pr ogrès accomplis sur laconnaissance du génome humain ont permisd’identifier des pistes thérapeutiques pr omet-teuses pour le traitement des cancers. Caracté-riser de nouveaux gènes et comprendre leur rôleouvre des p istes pour savoir comment m ieuxprédire les cancers et comment mieux les traiter,en particulier en adaptant le traitement au patient.Le génome possède des mécanismes de réparationdont le rôle est d’éviter l’introduction d’erreurs,appelées « mutations ». Ces m utations s ont e n p artie r esponsables du p rocessus c onduisant à l a t ransformationd’une cellule normale en cellule cancéreuse. La connaissance des gènes impliqués dans lesmécanismes de réparation du génome a permisd’offrir de nouvelles opportunités diagnostiqueset, depuis peu, thérapeutiques, dans le traitementdes cancers.

Créé en 2008, le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille est un centre de recherche affilié à l’Institut National pour la Santé et la Recherche Médicale (l’Inserm), à l’Université d’Aix-Marseille et à l’IPC, et situé sur le site de l’IPC. Les équipes du CRCM mettent en œuvre des programmes de recherche innovants dans le domaine du cancer, des aspects les plus fondamentaux à la recherche clinique chez l’homme, avec des patients.

En janvier 2012, une unité de recherche de l’Inserm et une unité de recherche du CNRS, le Centre National de la Recherche Scientifique, vont rejoindre le CRCM dans le nouveau bâtiment. Le CRCM comptera alors 15 équipes de recherche, soit 250 personnes qui travaillent sur des projets de recherche axés sur les pathologies dont l’IPC est spécialiste. En recrutant ces équipes de recherche, l’IPC et le CRCM ont élargi leurs domaines de compétences au cancer du pancréas, à la stabilité du génome et à la réparation de l’ADN.

Qu’est-ce que le CRCM ?

« altérations moléculaires

de son cancer »

10

Certains m édicaments comme les anti-HER2(Herceptine) ou l’hormonothérapie dans le can-cer du sein sont d’ailleurs prescrits à la suite dela détection de biomarqueurs spécifiques.

Les st ratégies t hérapeutiques s ont d e p lus en plus affinées, basées sur la ou les altération(s)génétique(s) portée(s) par la tumeur concernée.C’est ce que l’on appelle la « m édecine person-nalisée », une médecine où la biologie spécialisée,autre important ef fort de développement del’IPC depuis des années, a une place extrêmementimportante dans la décision thérapeutique que doit prendre le médecin.

Les interactions hôte-tumeurUne fois installée, la tumeur interagit intimementavec son hôte, en particulier avec les cellules péritumorales d’origine stromale, endothélialeet immunitaire. La tumeur peut se dév elopperen contrôlant la réponse immunitaire de l’hôteet c réer u ne ni che p ropice à s on e xpansion,avant la dissémination vers d’autr es organes :c’est l e p rocessus m étastatique. Co mprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans cesrelations hôte-tumeur est indispensable pourouvrir de nouvelles voies thérapeutiques capablesnon seulement de cibler la cellule tumorale,mais aussi d’agir sur l es réponses cellulair es de l’environnement. La compréhension des méca-nismes de migration et mobilité des cellules tumorales, qui peuvent conduire au développe-ment de métastases, est elle aussi cruciale afinde développer les inhibiteurs qui empêcherontce processus.

Cellules souches et cancerLa possibilité, récente, d’isoler et de caractériserdes cellules initiatrices de cancers (cellulessouches) révolutionne la conception de la maladie,du diagnostic aux soins. La recherche doit permettre d’aller véritablement au cœur du processus tumoral, de déchiffrer les spécificitésbiologiques de ces cellules, et de développer de n ouvelles a pproches t hérapeutiques p our les bloquer (lire aussi cancer du sein : la révolutiondes cellules souches).

L’ère post-génomique produit quotidiennementune quantité extraordinaire de données biologiques - génomes séquencés, s ignatures géniques e t p rotéomiques, p olymorphismes des gènes, interactions moléculair es et géné-tiques, régulation transcriptionnelle des gènes,modifications post-traductionnelles des protéines- souvent faiblement exploitées du fait de leur complexité et du manque d’intégrationdans une histoir e biologique, physiologique ou pathologique.

Le CRCM a été précurseur dans l’analyse à grande échelle des génomes (phylogénie,transcriptome, interactome) et veut poursuivr eses efforts dans cette direction. L’arrivée de spécialistes du traitement de donnéespar la combinaison de bio-informatique, statis-tiques et mathématiques, est donc un atout précieux. Ils pourr ont développer des pr ojets de biologie des systèm es dont la finalité est de m ieux c omprendre e t s oigner l a m aladie cancéreuse.

Les anticorps monoclonauxLes anticorps monoclonaux r eprésentent unchamp d’activité majeur à l’IPC. Leur productionpar biotechnologie découverte dans les années1970 a permis l’avènement des premiers médi-caments mis sur le marché dans les années 1990.En collaboration avec Innate Pharma, une sociétéspécialisée dans ce domaine et le Centre d’Immu-nologie de Marseille-Luminy, l’IPC a récemme ntlancé le premier essai clinique mondial avec desanticorps capables de doper l’immunité contr eles cellules leucémiques.

Ces anticorps, fabriqués par des procédés indus-triels de biotechnologie, sont identiques à ceuxproduits naturellement par le système immunitairehumain e t v isent à r enforcer o u r éactiver l es défenses immunitaires à l’encontre des cellulescancéreuses, ou à bloquer l’activité de certainsrécepteurs uniquement présents sur la celluletumorale.

Cette stratégie thérapeutique, communémentappelée immunothérapie, peut donc directementou indirectement agir sur la cellule cancéreuseen utilisant les armes natur elles pr oduits par l’organisme.

Interview croisée RECHERCHE FONDAMENTALE,

RECHERCHE CLINIQUE, RECHERCHE TRANSLATIONNELLE …

DE QUOI S’AGIT-IL EXACTEMENT ?

QUELLES SONT LES DIFFÉRENCES ET LES ATOUTS RESPECTIFS DE CES DISCIPLINES ?

A QUOI SERVENT-ELLES, ET QUELS SONT LES BÉNÉFICES

POUR LES PATIENTS ?

RÉPONSES AVEC LES ACTEURS : LE DOCTEUR DOMINIQUE GENRE,

LE DOCTEUR JEAN-FRÉDÉRIC SAUNIÈRE ET LE PROFESSEUR JEAN-PAUL BORG.

La recherche, mission fondamentale pour un centre de lutte contre le cancerPar le Professeur Jean-Paul Borg,Inserm et sous-directeur en charge de la recherche à l’IPC

Les missions des centres de lutte contre le cancer incluent les soins, l’enseignement-formation, mais aussi la recherche : un triptyque indispensable pour faire progresser les traitements et faire reculer la mortalité due aux cancers.

La recherche est un continuum, de la recherche fondamentale menée dans les laboratoires jusqu’à la recherche clinique. La recherche fondamentale s’intéresse à la compréhension des mécanismes moléculaires normaux et pathologiques, à partir desquels elle élabore des modèles explicatifs. Par exemple, à la façon dont les cellules humaines fonctionnent pour devenir anarchiques dans les cancers ou dont les virus trouventla « clé » des cellules pour les envahir. La recherche appliquée, qui met au point de nouveaux traitements(techniques, médicaments, , ...) s’appuie sur les travaux issus de la recherche fondamentale.

DOSSIERA l’IPC, la recherche dans tous ses états

« l’immunothérapieest le fruit d’années

de recherche »

11

Le ciblage par des anticorps est extrêmementspécifique, à l’inverse des chimiothérapies qui ont du mal à discriminer la cellule malade de la cellule saine, permettant ainsi de diminuerles effets secondaires pour le patient. L’immunothérapie est le fruit d’années de recherche visant à mieux compr endre commentle système immunitaire fonctionne et commenton peut le manipuler dans des pathologies tellesque le cancer. Ces r echerches se poursuivent à l’IPC dans le Département d’Immunologie des T umeurs à la fois sur le plan fondamental, translationnelet clinique.

Les moyens de la rechercheAfin d’apporter leur contribution à la recherche,les partenaires institutionnels doivent la doter de moyens. L ’IPC y investit des budgets, deséquipements, des espaces et du temps de travail,notamment du temps de personnel soignant (médecins, infirmiers, radiologues, biologistes)qui consacre du temps à la recherche elle-même,ou du tem ps de personnels admi nistratifs lié à l’activité de recherche. L’IPC met également à disposition ses plate-formes techniques de diagnostic et d’analyses.Ainsi, la plateforme d’éco-endoscopie digestive,dirigée par le Docteur Marc Giovaninni, joue unrôle-clé en analysant chez le patient les ef fetsdes médicaments sur la vascularisation d’un organe.Ce qui permet d’apprécier son bénéfice théra-peutique in situ et d’en tir er des leçons pourmieux adapter le traitement ou en comprendreles effets.

Pour faire face aux multiples défis de la l uttecontre le cancer, il est certain que implicationde l’IPC mettant à disposition une masse critiqueforte en médecins et en malades, permet d’offrirun environnement optimal aux chercheurs pourproduire et analyser au mieux les informationsbiologiques produites en masse, en tirer les indications sur les modes d’actions des médi-caments, et optimiser leur utilisation dans tel ou tel cancer.

Les atouts de l’Inserm, du CNRS et de l’Universitésont, b ien sûr, leur expertise et leur légitimitéen matière de recherche. En outre, ces trois tutellesdu CRCM rémunèrent la plupart des chercheursmis au service de la lutte contr e le cancer, ou endossent la charge des salair es de médecinsimpliqués dans la recherche (lire les contributionsdu Professeur Berland et de Dominique Nobile).

Des partenariats favorisant l’implication de méde-cins et de chercheurs dans la lutte contre le cancersont amplifiés dans le cadre de contrats d'interfacehôpital/Inserm, p ermettant à d es m édecinsd'être détachés partiellement de leurs obligationsà l'hôpital pour travailler dans des laboratoiresde recherche, ou à des cher cheurs de l’Insermde s’impliquer étroitement dans les activités del'hôpital sur des projets de recherche biomédicale.Une dizaine de contrats de ce type, l’un des plusfort taux français, sont en cours à l’IPC.

Enfin, les chercheurs i ssus d ’autres s tructures de r echerche r ejoignant le CRCM tr ouvent dans cet environnement mixte et stimulant une dimension humaine forte, de par la pr oximitéavec les patients et les soignants, une spécificité de l ’IPC e t d u C RCM p ar r apport au x a utres centres de recherche marseillais.

Translation et essais précocesLa recherche peut être abordée avec des objectifs,des approches et des philosophies dif férentes.L’approche de l’IPC est pragmatique, et guidéepar un fil conducteur : la traduction en applicationclinique la plus rapide possible des r echerchesles plus prometteuses.

Pour y parvenir, l’IPC a mis en place des structuresqui facilitent et accélèr ent la traduction de la recherche fondamentale aux essais cliniques :l’unité dédiée aux essais de phase précoce qui a reçu la labellisation de l’INCa , le BEC - Bur eaud’Etudes Cliniques, qui permet la gestion et l’administration des essais cliniques, la cellule de recherche translationnelle dirigée par le docteurJean-Frédéric Saunière, la plateforme d’essais pré-cliniques (TrGET, Y. Collette), la biobanque où sontstockés des échantillons prélevés chez les patientsavec leur consentement pour une utilisation en recherche, la plateforme oncogénomique deMax Chaffanet, le laboratoire de Biopathologiedirigé par le Pr Luc Xerri, le laboratoir e d’Immu-nologie des Tumeurs dirigé par le Pr Daniel Olive qui abrite la plateforme d’immuno-monitoringdont le but est d’évaluer la réaction du systèmeimmunitaire du patient au cours du traitement.

Ainsi, grâce à des travaux du début du XXe siècle sur les oiseaux, on a pu identifier des protéines dont l’activité mal contrôlée par la cellule peut générer un cancer. C’est à partir de ces découvertesque l’on a conçu des molécules qui bloquent l’activité des kinases (qui sont des enzymes), pour arrêter la prolifération des cellules tumorales. La recherche fondamentale est à l’origine de la mise au point des techniques nécessaires au séquençage et à l’analyse du génome humain, dont les applications se multiplient en cancérologie notamment.

Comment s’articulent recherche fondamentale et recherche clinique - appliquée aux patients - avec l’IPC ?

JPB : La collaboration entre les équipes de chercheurs et de soignantsdate de plusieurs années dans la région, en particulier à l’IPC comme l’illustre le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille(CRCM) créé en 2008 (lire aussi l’encadré). La présence d’équipes de recherche et la création de plateaux techniques performants sur le site de l’IPC ont permis d’atteindre un ensemble cohérent et intégré d’équipes de recherche cognitive, de transfert et de recherche clinique, dans des domaines-clés de l’oncologie moléculaire, la pharmacologie et l’immunologie.

La création du bâtiment de recherche, qui associe en plus le CNRS, est une étape supplémentaire dans cette dynamique régionale, étape qui nous positionne comme des acteurs majeurs sur le plan national.

Qu’est-ce que la Recherche Clinique ?Par le Docteur Dominique Genre, médecin oncologue, responsable de la Recherche Clinique, depuis la création du Bureau d’Etudes Cliniques en 1998

La recherche clinique intervient après les découvertes de la recherche fondamentale, pour évaluer un nouveau traitement sur l’être humain. L’évaluation d’un nouveau traitement peut être l’analyse d’un nouveau médicament, ou de nouvelles associations de médicaments, ou de nouvelles techniques de radiothérapie, de chirurgie, mais aussi de nouveaux dispositifs médicaux, ou de nouvelles techniques de diagnostic.

Cependant, c’est l’évaluation des médicaments qui représente le plus grand nombre d’essais cliniques menés en France.

« l’approche de l’IPCest pragmatique »

Qu’elle concerne un médicament ou une association de médicaments,l’évaluation est un processus qui peut durer plusieurs années. Elle doit passer par diverses phasesde développement avant d’aboutir,peut-être, à ce que l’on appelle « l’autorisation de mise sur le marché »(AMM), par laquelle un plus grandnombre de personnes pourront bénéficier du traitement.

Ce processus permet d’étudier le devenir du médicament dans l’organisme, d’identifier les effets secondaires d’une molécule par exemple,d’évaluer son efficacité sur une maladie, et de la comparer avec un traitement de référencedéjà employé.

L’un des objectifs des phases de développement peut être d’évaluer la qualité de vie des patientsdans les essais. Donc les essais ne servent pas uniquement à évaluer l’efficacité d’une molécule sur des tumeurs cancéreuses, mais d’envisager l’ensemble des effets d’un médicament sur la maladie, sur le malade et par rapport à d’autres médicaments existants.

Réaliser des essais cliniques suppose donc de se plier à des réglementations draconiennes ?

DG : La recherche clinique est un domaine très réglementé, encadré, soumis à des procédures, ceci dans un souci éthique évident. Avant toute mise en route ou mise en place d’un essai clinique, une évaluation bénéfice-risque est réalisée par les autorités réglementaires.

En termes de protection des personnes, qui est un principe éthique majeur dans la recherche,la confidentialité des personnes doit être respectéetout au long de la recherche, et l’identité des patientsn’est jamais dévoilée.Autre principe : celui du consentement du patient.Demander au patient s’il souhaite ou non participer à un essai semble évident, mais il est indispensableque ce principe vertueux soit inscrit clairement dans la réglementation.

Quels sont les atouts de la Recherche Clinique à l’IPC ?

DG : L’IPC est attractif pour les partenaires pour quatre raisons majeures :

z D’abord, le regroupement, sur le campus de l’IPC,de toutes les compétences qu’elles soient médicalesou médico-techniques - avec les plateformes comme le Bureau d’Etudes Cliniques et le Centre de Ressources biologiques, mais aussi les plateformesde recherche, avec les équipes Inserm qui sont associées, et qui permettent de gérer des projets très innovants.

z Ensuite, l’expérience et l’expertise qu’apporte le Bureau d’Etudes Cliniques (BEC) depuis sa création en 1998. Le Bureau d’Etudes Cliniques est une organisation rodée, qui s’est imposée au seinde l’hôpital.

z Par ailleurs la possibilité qu’offre le BEC de menerune recherche clinique indépendante, en étant nous-mêmes promoteurs de nos essais, avec uneéquipe pluridisciplinaire, qui est constituée de chefsde projets, de statisticiens, de data-managers …

l’entretienSuite

L’investissement sur la recherche translationnelleest un point fort de l’IPC et se décline sur deuxaxes majeurs. Le premier est d’identifier de nou-velles altérations moléculaires ou immunitairesdans les cancers et de pr oposer des nouvellesvoies thérapeutiques. Le deuxième, en partena-riat avec les laboratoir es pharmaceutiques quiconfient aux chercheurs de l’IPC des moléculesactives en développement clinique, consiste à tester pour la première fois ces médicamentschez l ’homme o u à p roposer d es u tilisationsnouvelles de ces médicaments. Le laboratoirepharmaceutique trouve un avantage dans cettestratégie car les essais sont menés dans les meil-leures conditions auprès de patients bien entenduvolontaires, et les patients de l’IPC bénéficientd’un accès à des traitements innovants.

Depuis deux ans, l’IPC est habilité par l’INCa, à développer une stratégie d’accès très précoceà des molécules qui présentent des e ffets prometteurs après les tests chez l’animal mais n ’ont p as e ncore d ’AMM ( Autorisation de Mise sur le Mar ché). Ces essais sont menésau sein de l’unité d’essais de phase précoce baptisée ETOH (lire l’article page 16).

Incubateurs de recherche en PACAAinsi structurée avec ses partenaires et implantéesur deux sites - IPC et Luminy -, la r echerche à l’IPC est dynamique, ouverte sur l’extérieur, et a ttire p ar s es r essources e t s on p otentiel déjà existant. La s tructure e st a ttractive pour les jeunes chercheurs et médecins attirés par les moyens mis en jeu et la mixité fécondedes équipes associant médecins, pharmacienset cher cheurs, ainsi que par sa dimension internationale : à titre d’exemple, 5 nationalitéssont représentées dans l’équipe de 15 personnesdirigée par le Pr Jean-Paul Borg et 3 des 15 chefsd’équipe du CRCM sont de nationalité étrangère.

Un dynamisme qui sert également l’économiede l a r égion : l e C RCM e st u n i ncubateur de recherche et de développement en servantde pépinière à des st art up de biotechnologie qui v alorisent l a p erformance é conomiquede la région dans les do maines innovants. Ainsi, la société Ipsogen a été fondée en 1999,à Marseille avec le soutien du CNRS, de l'Inserm et grâce à un partenariat avec l’IPC qui a abritéla société pendant cinq ans.

De n ombreux b revets e t p ublications o nt v u le jour grâce à cette collaboration dans laquellel’équipe du Pr Daniel Birnbaum et du Pr FrançoisBertucci a joué un rôle majeur. Véritable "profiler"des cancers, Ipsogen dévelo ppe des tests dediagnostic moléculaire qui permettent de carto-graphier les maladies pour guider la décisionthérapeutique des cliniciens. L’IPC a égalementhébergé et aidé Modul-Bio, une entreprise créée en 2003.

Constituée d'une équipe d'experts en bio-infor-matique, biologie et r obotique, l'entr eprise propose des solutions d'équipements et d'appli-cations i nformatiques s ur m esure a u s ervice des pr océdés scientifiques les plus récents pour d es p rojets i nnovants d ans l e do maine des sciences de la vie.

Autre exemple, InnatePharma qui a mis au pointun anticorps monoclonal utilisé dans un essai clinique à l’IPC et qu i a récemment permis à la société d’obtenir l’investissement massif d’un grand de l’industrie pharmaceutique, BMS.Ainsi, dans la région PACA comme ailleurs, la recherche est non seulement vitale pour l’avenirde la lutte contre le cancer, qui concerne de plusen plus d’individus, mais elle est aussi un inves-tissement d’ avenir, q ui d ynamise l ’économie et valorise les compétences de l’ensemble de la région.

La recherche par organesLes formes de cancer sur lesquels l’IPC concentresa recherche sont nombreuses, mais certainespathologies é mergent p lus s pécifiquement : le cancer du sein, les maladies hématologiques,le cancer du pancréas dans lequel les travauxsont menés par l’équipe du Pr Juan Iovanna, et des 40 personnels Inserm de son équipe, qui r ejoint le CRCM et dont les travaux s'intègreront à l'activité du Département du Pr Jean-Robert Delpero, chirurgien oncologiquespécialisé dans l’appareil digestif, à l'IPC.

« dans la régionPACA comme

ailleurs, la rechercheest un investis-

sement vital ... »

Lire suite page 15

LE MOT DE ... Dominique Nobile, Délégué Régional de l’Inserm Inserm,

fondamentalement impliqué

dans la recherche contre le cancer

13

Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’Inserm est, depuis plus de 40 ans, le seul organisme public français dédié à la recherche biologique, médicale et en santé des populations. Nos équipes multidisplinaires mènent des recherches sur la plupart des maladies, y compris les plus rares. Scientifiques ou médecins, nos chercheurs assurent une recherche translationnelle, dans un va-et-vient constant entre le laboratoire et le lit du patient. Acteur de la valorisation des connaissances issues de ses travaux, l’Inserm cherche et fait savoir.

Les résultats de la recherche fondamentale peuvent ainsi faire l’objet d’études dans la cinquantaine de Centres d’Investigation Clinique créés en partenariat avec l’hôpital. Une filiale privée, Inserm Transfert, aide nos chercheurs à valoriser leur innovation, déposer des brevets et trouver des partenaires industriels.

L’Inserm est membre fondateur d’Aviesan, l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé. Chargée de l’analyse stratégique et de la programmationnationale de la recherche dans le domaine biologique et médical, Aviesan est organisée autour de dix instituts thématiques multi-organismes :z Bases moléculaires et structurales du vivant. z Biologie cellulaire, développement et évolution. z Génétique, génomique et bio-informatique.z Cancer. z Circulation, métabolisme, nutrition. z Immunologie, hématologie, pneumologie. z Microbiologie et maladies infectieuses.z Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie. z Santé publique. z Technologies pour la santé.

Partenaire de l’IPC depuis 2008, l’Inserm investit des moyens humains importants dans la recherche en cancérologie, notamment en assumant les salaires de chercheurs et de médecins, et de personnel ingénieur et technique. Alors qu’un cap va être franchi dans la recherche en cancérologie en PACA, l’Inserm confirme, par la force de ses alliances, une approche scientifique définitivement vouée à servir la lutte contre la maladie.

Christophe Ginestier,

jeune scientifique développant

ses recherches sur les

cellules souches cancéreuses

mammaires, au sein

du laboratoire d’Oncologie

Moléculaire IPC - CRCM

dirigé par le Pr Daniel

Birnbaum, remporte le prix

Ruban Rose Avenir 2011

Christophe Ginestier, jeune Chargé de Recherche Inserm (CR2) au Centre de Recherche en Cancérologiede Marseille (CRCM), a reçu le 29 octobre dernier le prix Ruban Rose Avenir 2011. Créés à l’initiativede l’association « Le cancer du sein parlons-en ! », les prix Ruban Rose sont destinés notammentà soutenir les efforts de la recherche, clinique ou fondamentale sur le cancer du sein. Christophe Ginestier,pour sa part, est récompensé pour ses travaux finalisés et ses projets en cours, relatifs à l’identification,à la caractérisation et au fonctionnement des cellules souches cancéreuses mammaires.

De la « fac » à la recherche translationnelleAprès une licence de biochimie à l’Université de Provence, animé par la volonté d’évoluer vers la recherchetranslationnelle, Christophe Ginestier opte pour le Master d’Oncologie - Pharmacologie et Thérapeu-tique de la Faculté de Médecine de Marseille. Et c’est là que l’aventure commence. Jeune scientifiqueen stage de Master, il intègre alors le laboratoire d’Oncologie Moléculaire IPC-CRCM, sous la co-directiondu Dr Jocelyne Jacquemier, anatomopathologiste, et du Pr Daniel Birnbaum, Directeur de RechercheInserm. « Je travaillais sur le cancer du sein et j’ai développé une technique totalement novatrice, « le tissumicroarray », qui permet, en un seul examen, d’analyser plusieurs centaines de biopsies de tumeurset d’étudier l’expression d’un ou de plusieurs biomarqueurs », explique Christophe Ginestier.En toute logique, l’étape suivante l’a amené, dans le cadr e de sa thèse réalisée elle aussi à l’IPC,sous la direction du Pr Daniel Birnbaum, à établir le lien entre les différents biomarqueurs présentsdans les biopsies et l’évolution du cancer des patientes concer nées, de façon à définir l’impact des biomarqueurs étudiés en termes de pronostic. Résultat : une classification des tumeurs du seinen fonction de leur profil protéique et du pronostic associé.

De l’origine du développement de la tumeur …À la même époque, l’existence de cellules souches cancér euses dans le sein est mise en évidencepar le laboratoire du Pr Max Wicha, à l’Université du Michigan. Cette découverte, majeure dans lacompréhension de la biologie du cancer, rejoint l’idée qui trotte dans la tête de Christophe Ginestier,mais aussi du Pr Emmanuelle Charafe-Jauffret, avec qui il a commencé à interagir au sein du laboratoired’Oncologie Moléculaire : puisqu’il existe une hétérogénéité entre les tumeurs du sein, peut-êtreexiste-t-il aussi une hétérogénéité cellulaire au sein d’une même tumeur… Et voilà Christophe Ginestier parti effectuer son post-doctorat dans le Michigan.« Pendant ces trois ans, j’ai caractérisé la fonction des cellules souches cancéreuses, qui ne sont pastoutes identiques. J’ai pu prouver qu’une petite proportion d’entre elles est responsable du déve-loppement de la tumeur, de sa progression, de sa réaction aux traitements, d’une éventuelle activitémétastatique. Par ailleurs, j’ai mis en évidence un marqueur (ALDH1) qui permet de suivre l’évolutionde ces cellules souches chez les patientes, donc d’affiner le pronostic », raconte Christophe Ginestier.

… aux thérapies cibléesNéanmoins, pour lancer le projet qu’il avait mûri avant son départ avec le Pr Emmanuelle Charafe-Jauffret, Christophe Ginestier, tout juste lauréat du concours Inserm de Chargé de Recherche, décidede rentrer en France. En janvier 2009, il revient à l’IPC. Depuis maintenant presque trois ans, il codirigedonc, avec le Pr Emmanuelle Charafe-Jauffret, un groupe d’études sur les cellules souches cancéreusesmammaires, intégré au laboratoire d’Oncologie Moléculaire. Une thérapeutique anti-cellules souches cancér euses a déjà été mise en évidence, et des essais cliniques humains de phase I puis de phase II devraient démarrer prochainement.

Enfin, l e p rix R uban R ose A venir v a l ui p ermettre d e f inancer e n p artie u n n ouveau p rojet, programmé sur trois ans, qui vise à en core mieux comprendre la biologie de ces cellules souchescancéreuses mammaires. L’idée : à partir d’un criblage exhaustif du génome, bloquer spécifiquementl’expression de protéines considérées comme majeures pour le développement tumoral, puis étudierleur impact sur les cellules souches cancéreuses. A plus long terme, l’équipe espère pouvoir trouverde nouvelles thérapies ciblant spécifiquement les cellules souches cancéreuses.

la révolution des cellules

souches

POR

TRA

IT

Cancer du sein :

14

La recherche, depuis le laboratoire jusqu’à l’utilisation du traitement sur l’homme, passe par des étapes …

Plusieurs cycles itératifs du laboratoire à la clinique, de l’hypothèse scientifique à l’essai clinique, sont parfois nécessaires pour affiner le traitement et améliorer le médicament.

Les avancées de la recherche en génétique molé-culaire d es can cers ont montré la grande hétérogénéité des pathologies : hétér ogénéitéentre patients atteints d’un même type de cancer,et parfois hétérogénéité des cellules cancéreuseschez un patient donné. Ces cellules cancéreusesne présentent pas toutes l a même sensibilité aux traitements.

Comprendre les mécanismes des tumeursUne m eilleure c ompréhension d e l a b iologie des tumeurs est donc essentielle pour mettre au point des stratégies de traitement s ciblés,plus efficaces et avec moins d’effets secondaires. La stratification des tumeurs ainsi que l’évaluationde la réponse immunitaire du patient permettentune personnalisation des traitements.

D’où l’importance des biomarqueurs : de nom-breux travaux de r echerche visent à identifierdes marqueurs biologiques (gènes, protéines, ..)spécifiques d’un type de tumeur donné, pour les d ifférencier d ’autres tumeurs qui peuventprovenir du même organe, mais qui présententdes caractéristiques biologiques et des sensibilitésaux traitements différentes.

Les travaux de recherche en génétique moléculairedes cancers ont pour but de disséquer les méca-nismes de genèse des tumeurs : comment et pourquoi une tumeur est-elle apparue ? En répondant à cette question, peut-être pourra-t-on empêcher ce processus.

Ainsi, si l ’on démontre le rôle d’une protéine ou d’un gène dans le développement d’un typede cancer, on cherchera alors à « cibler » cetteprotéine ou ce gène, c’est-à-dire à agir sur ellepour empêcher ou corriger son fonctionnementdans le pr ocessus de cancérisation à l’aide de m olécules ( médicaments) m ises a u p ointdans ce but.

Une fois le médicament validé par des études invitro en laboratoire, il devra êtr e testé in vivo,d’abord dans des modèles animaux puis chezl’homme.

Passer aux essais cliniquesLes essais cliniques peuvent avoir pour objet de t ester d e n ouveaux o utils d e d iagnostic, de prévention ou de traitement du cancer.

Les trois étapes des essais cliniques tradi-tionnels sont les suivantes :Phase 1 : Les essais cliniques de phase 1 sont réa-lisés à petite échelle (20 à 60 patients) sur unepériode de 1 à 2 ans, et ils ont pour but de testerla sûreté du produit, l a tolérance au principeactif, les propriétés pharmacologiques du produit,et de déterminer la dose tolérable.

Avec 129 structures de recherche contractualisées avec les plus grands organismes(CNRS, Inserm, INRA, IRD, CEA, INRETS), 12 écoles doctorales comptant près de 4500 doctorants,l’Université d’Aix-Marseille, qui entrera en vigueur

le 1er janvier 2012 suite à la fusion des 3 universités d’Aix-Marseille, jouit d’un potentiel de recherche internationalement reconnu, notamment avec la renommée du Parc Scientifique de Luminy et du pôle Santé Timone.

Bien avant la réunion de ce potentiel de recherche exceptionnel, l’Université de la Méditerranée qui concentre les forces vives de la recherche dans le domaine de la santé, s’est engagée dans la recherche en cancérologie, faisant de cet enjeu un axe prioritaire.

C’est donc naturellement que l’Université est devenue, aux côtés de l’IPC et de l’Inserm, l’un des fondateurs du Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille.

Les étapesde la recherche

La recherche contre le cancer, un axe prioritaire pour l’Université d’Aix-Marseille

Outre la chaire dédiée, “Recherche et Innovation en Cancérologie »,portée par sa Fondation “Santé, Sport et Développement Durable”,deux Masters sont dispensés par des chercheurs du CRCM et médecinset pharmaciens de l’IPC à l’Université (Master “Pathologie Humaine”à la Faculté de Médecine et Master “Développement et Immunologie” à la Faculté des Sciences de Luminy) qui accueille environ 25 doctorantschaque année.

La valorisation et l’ouverture au monde extérieur, qu’il soit académiqueet/ou industriel, est une voie d’avenir que le CRCM emprunte avec le soutien fort de l’Université. Les dépôts de brevets pour de nouvelles molécules identifiées, les licences sur plusieurs anticorpsmonoclonaux, les essais cliniques réalisés en partenariat avec de grands groupes pharmaceutiques, ou des sociétés locales de biotechnologie, ou encore l’obtention de bourses de thèse pour des doctorants cofinancées par la Région PACA et un partenaireindustriel …

DOSSIERA l’IPC, la recherche dans tous ses états

FOC

US

LE MOT DU ... Professeur Yvon Berland, Président de l’Université de la Méditerranée, Vice-Président de la Conférence des Présidents d’Université

Phase 2 : Les essais de phase 2 sont réalisés à pluslarge échelle (30 à 200 patients) sur une périodede 1 à 2 ans et ils ont pour but de tester l’efficacitédu produit sur un type de tumeur donné (par rapport à un traitement standard).

Phase 3 : Les essais de type 3 sont réalisés à trèsgrande échelle (400 à 2 000 patients) et peuventdurer plusieurs années. Ils visent à étudier statistiquement l’efficacité du traitement pourune tumeur donnée. Ils coûtent donc cher et nécessitent le plus souvent un partenariatentre un laboratoire pharmaceutique et un ouplusieurs centres hospitaliers.

Pour tester les essais cliniques d’une stratégiethérapeutique ciblée, les différentes phases devront é galement v alider l ’hypothèse b iolo-gique de départ, à savoir : est-ce-que le produitfonctionne b ien selon l e mécanisme identifié au laboratoire à l’origine ? Ils aident à définir la population de patients la plus adaptée, c’est-à-dire celle qui tirera le plus de bénéfices, et subirale moins d’effets secondaires du médicament.

Les tests sur les échantillons biologiques Dès lors, l’accès à des échantillons biologiquesissus des patients est essentiel : les cellules issues du patient permettront d’affinerle diagnostic, d’identifier les éventuels marqueursbiologiques spécifiques de t el ou t el t ype de tumeur, ou de tel ou tel gr oupe de patients qui présentent un pr ofil de sensibilité donné au médicament, de tester une molécule ou unecertaine dose, sur les cellules prélevées sur le pa-tient, avant de les lui administrer.

Les échantillons sont prélevés chez les patientspar biopsie. L’identification de cellules tumoralescirculantes dans le sang permet parfois d’éviterles biopsies, parfois difficiles à pratiquer.

Les échantillons biologiques sont stockés souscontrôle très strict des autor ités sanitair es, et sous réserve de consentement des patients,dans des « banques de tumeurs » ou « centresde ressources biologiques » : outr e les cellulestumorales elles-mêmes, ces banques conserventparfois d’autr es tissus prélevés à dif férentsstades de développement de la maladie et du traitement. Ces échantillons sont dûment annotés et ces informations sont corrélées aux données cliniques des patients.

Et le retour au laboratoireCes échantillons permettront aussi de détectertoute évolution génétique de la tumeur, qu’ellesoit spontanée ou induite par le traitement.

En effet, de telles variations sont possibles dansles cellules cancér euses, et peuvent conduir e à une résistance au traitement. Il est donc impor-tant de les mettre en évidence.

Toujours sous réserve de consentement du patientet d’autorisation des autorités sanitaires, certains échantillons pourront être utilisés dansdes études de recherche futures pour tester denouvelles hypothèses et identifier de nouveauxmécanismes d’oncogenèse.

Enfin, ils pourront servir à identifier des marqueursbiologiques spécifiques à un stade de d éve-loppement d e l a m aladie, c e q ui p ermettra, par la suite, de tester l’ef ficacité d’un médica-ment à enrayer la progression de la maladie demanière plus fine et précoce que le suivi cliniquedu patient.

de l’entretienSuite et fin

Lire aussi La recherche translationnelle à l’IPC page 19.

« étudier statistique-ment l’efficacité du traitement »

« enrayer la maladie »

Ces réussites sont à mettre au crédit de la vision que les partenaires du CRCM partagent : une recherche innovante, dynamisante pour la région, menée pour le bénéfice de la lutte contre le cancer, en association avec tous les acteurs majeurs qui, de la recherche fondamentale aux essais thérapeutiques, tentent de faire avancer la connaissance pour faire reculer la maladie.

Ainsi, en accompagnant le passage d’un cap supplémentaire pour la recherche en cancérologie dans notre région, l’Université de la Méditerranée est fidèle à ses engagements historiques et à ses ambitions.

Cette nouvelle étape va augmenter la notoriété du CRCM, au niveau national et international, en regroupant, en partenariat avec l’Inserm, 3 unités de recherche sur Marseille : le CRCM actuel, l’Unité “Stress Cellulaire“ (dirigée par le Pr Juan Iovanna à Luminy) et l’Unité “Instabilité du Génome et Cancérogénèse” (dirigée par le Pr Robert Fuchssur le site Joseph Aiguier).

A l’heure de la fusion des universités faisant naître Aix-Marseille Université, la plus grande université de France, l’association étroite entre les équipes, les métiers et les compétences, fait aussi la preuve qu’elle est source de valeurs et de réussitedans le domaine de la recherche en cancérologie.

Ainsi, nous avons, à l’IPC, un centre de traitement dedonnées labellisé par l’INCa, dont une des missions est d’assurer la qualité et la sécurité desdonnées de nos projets.

z Enfin, nous avons obtenu récemment une labellisation, par l’INCa toujours, d’un centre d’essais précoces pour des essais de première administration de médicaments à l’homme, et ainsi donner aux patients l’accès à des molécules très innovantes (lire aussi l’article surl’Unité ETOH).

Qu’est-ce que la recherchetranslationnelle ?Par le Docteur Jean-Frédéric Saunière, médecin, coordonnateur de la recherche translationnelle à l’IPC.

La recherche translationnelle est une sorte de pont entre deux rives ; d’une part,

la biologie, la recherche fondamentale, d’autre part la recherche appliquée ou la recherche clinique. C’est pourquoion parle de recherche translationnelle : on passed’une rive à l’autre, pour permettre un passage rapide des innovations aux traitements.

Que fait l’IPC en matière de recherche translationnelle ?

JFS : A l’IPC, nous avons la chance de disposer, sur le même site, d’un hôpital avec des médecins qui traitent des malades et d’équipes de recherche fondamentale qui ont pour objet d’améliorer la connaissance sur la biologie et la génomique des tumeurs, et la réponse immunitaire du patient.

A l’IPC, nous avons réuni ces deux berges, à travers des groupes qui fonctionnent selon un mode matriciel. On les appelle les « teams »,équipes à l’intérieur desquelles des chirurgiens, des radiothérapeutes, des médecins oncologues, hématologues, des biopathologistes, mais aussi des experts de l’imagerie fonctionnelle, des bio-marqueurs et d’autres techniques à la foispré-cliniques et cliniques travaillent ensemble.

Nous avons réuni ces experts en équipes autour de certains cancers : les différentes tumeurs du sein, les tumeurs digestives - le cancer du côlon, le cancer du pancréas, le cancer de l’estomac, les cancers hématologiques -leucémies, lymphomes, les tumeurs en urologie -rein, prostate, vessie, et les tumeurs gynécologiques.

Ces experts se réunissent régulièrement pour faire des propositions de recherches, pré-cliniques ou cliniques, que l’IPC mènera à bien seul ou en collaboration avec des partenaires extérieurs.

16

Créée à la rentrée 2010, l’unité ETOH, centre d’essais cliniques consacré aux phases précoces, répond à l’un des axes stratégiques de l’Institut Paoli-Calmettes : développer la médecine translationnelle et l’accès aux molécules innovantes.

Agréée par l’ARS, labellisée centre d’essais cliniques de phases précocesen cancérologie (cf. encadré) par l’INCa en octobr e 2010, et unique plateforme d’évaluation de nouvelles molécules pour la région P ACA,l’unité ETOH (Evaluation Thérapeutique-Onco-Hématologie) de l’InstitutPaoli-Calmettes souffle sa première bougie. Une unité de pointe, co-dirigéepar le Pr Norbert Vey et le Dr Anthony Gonçalves.

Des locaux, une logistique et une organisation spécifiques

Pour « booster » ses essais cliniques, tant en termes qualitatifs qu’en nombred’essais gérés, l’IPC a mis en place une équipe hautement spécialisée (16 personnes) et dédié un espace à cette activité. Installée au 5ème étage,l’unité ETOH dispose de 249 m².

Elle comporte 9 chambres individuelles pour hospitalisations (5 lits supplé-mentaires sont disponibles en hôpital de jour), une salle de soins, un localdestiné au traitement immédiat des prélèvements sanguins et urinaires. S’ajoute du matériel de monitoring spécifique, répondant aux critèr esstricts de suivi des patients, sous haute surveillance pour une sécurité maximale.

Par ailleurs, l’équipe s’appuie su r l’Unité de So ins et de Thér apeutiquesIntensives, (UTSI) de l’IPC, spécialisée dans la prise en charge des patientsd’onco-hématologie et fortement impliquée dans la démarche. Elle utiliseégalement les dif férents plateaux techniques d ’imagerie, de chirurgie et d’endoscopie. Enfin, elle travaille avec le département de Biopathologie,ainsi qu’avec le Centre de Ressources Biologiques (Biothèque) de l’Institut,chargé de traiter tous les échantillons biologiques dans le cadre d’un protocolespécifique et prioritaire d’acheminement. Sur le plan administratif, les essaissont suivis par le Bureau d’Etudes Cliniques (BEC).

L’unité ETOH, tête de pont de l’IPC dans la guerre contre le cancer

Les essais précoces à l’IPC (phase 1 et 1-2)

Nombre d'essais en 2010 : 19w dont 13 de phase 1, et 6 de phaseS 1-2

Nombre d'essais en 2011 : 22w dont 9 sur des tumeurs solideset 13 en onco-hématologie

Pour un total de 44 patients inclus à ce jour

chif

fres-

clés

« la biologie trouve des molé-cules d’intérêt thérapeutique

et nous les transformons en médicaments »

DOSSIERA l’IPC, la recherche dans tous ses états

REP

OR

TAG

E

De gauche à droitePr. Norbert Vey,

Dr. Thomas Prebet etDr. D'Incan - Corda Evelyne

À l’avant-garde de la recherche

Cette nouvelle organisation a permis de renforcer la capacité opérationnellesur la double expertise hématologie - tumeurs solides, de gagner en compé-titivité pour l’accès aux nouvelles molécules développées par l’industrie,et de monter en puissance. L’unité gère actuellement 20 essais précoces,pour un total de 65 patients. Deux de ces études sont des essais de premièreadministration chez l’homme.

Parallèlement à la mise en cohérence des axes de recherche des équipes Inserm avec les pr ojets cliniques aidant, les interactions avec le CRCM(Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille) sont favorisées. Au quotidien, l’équipe ETOH dynamise le transfert vers la clinique.

« L a b iologie t rouve d es m olécules d ’intérêt t hérapeutique e t n ous les transformons en médicaments dans le cadre des essais cliniques. Pour toujours mieux étudier les cancers des patients dont nous nous occupons, il nous faut à la fois aller de la biologie vers les patients et, vice-versa, à partir des patients, générer des connaissances sur la physio-pathologie de ces cancers et sur les effets biologiques des médicaments »,explique le Pr Norbert Vey.

Ceci, dans le cadr e d’essais locaux, mais aussi dans le cadr e de projetsmulticentriques, voire internationaux. Preuve de cette nouvelle visibilité,une étude menée en collaboration avec le National Cancer Institute (NCI)américain va s’ouvrir dans les prochains mois, sous la responsabilité du Dr Anthony Gonçalves.

Avant de recevoir son autorisation de mise sur le marché(AMM), tout « candidat » médicament est passé au crible.Cette évaluation est effectuée par les équipes de rechercheclinique, dans des unités de soins dédiées, lors d’essaiscliniques de phases 1, 2, 3 et 4.

La phase 1 correspond à la première étape d’administrationà l’homme d’une nouvelle molécule ou d’une nouvelleassociation thérapeutique.Elle intervient après les essais pré-cliniques réalisés surl’animal ou in vitro, et seulement si ces derniers affichentdes résultats suffisamment prometteurs. Dans le cadre de cette phase 1, on cherche à évaluer lasécurité de la molécule, ses effets secondaires potentiels,ainsi qu’à déterminer la dose à recommander, sans tropde toxicité. Ensuite, la phase 2 permet d’évaluer l’efficacitéde la dose recommandée en liaison avec une stratégiethérapeutique donnée. Les phases 1 et 2 sont appelées phases précoces.

La phase 3 vise à mettre en œuvre de grandes étudescomparatives avec le ou les traitements standard habituel-lement proposés. Enfin, après l’autorisation de mise sur le marché (AMM), il arrive qu’une phase 4 soit menée,destinée à approfondir la connaissance du médicamentdans les conditions réelles d’utilisation et d'évaluer àgrande échelle sa tolérance.

Tous ces essais sont extrêmement réglementés. Ils sontmenés dans le cadre de protocoles scientifiques trèsstricts, dans un total respect des règles de protection des patients éligibles inclus et des exigences de la régle-mentation internationale en matière d'essais cliniques.Ainsi, chaque étude reçoit une autorisation donnée parl’AFSSAPS et par le CPP. Une fois l’étude terminée, ses résultats sont analysés et font l’objet d’un rapportprésenté à ces agences et publiés dans des journauxscientifiques.

Les essais cliniques en bref

Des chercheurs :ils conçoivent des projets de recherche (quelle est la questionposée, comment peut-on y répondre, par quelles techniques ?), mettent en œuvre des expériences (soit eux-mêmes, soit avec leurs collègues chercheurs, ingénieurs, techniciens, étudiants ou post-doctorants), analysent les résultats et enfin, publient leurs travaux dans des revues scientifiques pour partager leurs découvertes avec leurs collègues dans le monde, mais également protègent leurs découvertes par des brevets.

Des médecins : ils consacrent tout ou partie de leur temps à essayer de comprendre les causes fondamentales du cancer, et peut-être découvrir de nouveaux procédés de diagnostic ou de traitement.

Des étudiants :la recherche fait appel à de nombreux étudiants, en science, en médecine ou en pharmacie. Parce que le métier de chercheurs’apprend en grande partie ‘sur le tas’, c’est aussi un métier d’enseignant : les chercheurs sont sans cesse amenés à encadrer et à former des étudiants.

Des post-doctorants :après leur thèse, les futurs chercheurs choisissent souvent de parfaire leur formation et enrichir leur expérience professionnelle dans un autre laboratoire, où ils acquièrent plus d’autonomie en dirigeant des projets de recherche. C’est souvent nécessaire pour décrocher un poste de chercheur dans la fonction publique (les places sont rares et les concours très compétitifs !) ou un poste dans l’industrie.

Les ingénieurs de recherche : ce sont des spécialistes qui fournissent une assistance précieuse aux chercheurs dans un domaine technique particulier, y compris en développant de nouveaux outils ou techniques. Par exemple, des spécialistes en bio-informatique, qui assurent l’analyse informatique de données biomédicales.

Des techniciens :de l’animalier au laborantin, ils aident les chercheurs (au sens large : médecins, étudiants et post-doctorants) à préparer ou à mener leurs expériences.

et au BEC ?Des médecins : responsables de projet, ils préparent avec le médecin qui coordonne l’essai clinique, le protocole de l’essai, l’inclusion de patients dans cet essai, et gèrent le déroulement de l’essai, de sa mise en place à l’analyse et à la publication des résultats, et supervisent les aspects administratifs et financiers des essais, avec l’aide d’assistants administratifs.

Un pharmacien assure la préparation des traitements prescrits dans le cadre des essais.

Des attachés de recherche cliniqueet des infirmières de recherche clinique assurent l’assistance technique et les soins quotidiens auprès des malades concernés.

Enfin, au Centre de Traitement des Données, un responsable des données (data manager) met en place une base de données adaptée à chaque essai avec le médecin coordonnateur de l’essai : il assure la collecte des données qui doit suivre un cahier des charges très strict de régulation des essais cliniques, vérifie la qualité des données, et enfin procède à leur analyse avec des biostatisticiens et avec le médecin coordonnateur du projet.

Qui sont les acteurs de la recherche au CRCM ?

18

En janvier 2012, un nouveau bâtiment ouvrira ses portes sur le site de l’IPC.

Dédié à la recherche, il permettra d’accueillir plus de 70 chercheurs, issus du CNRS, de l’Inserm, de l’IPC

et de l’Université, et fera franchir un cap au potentielde la recherche en cancérologie en région PACA.

Un édifice de 3 000 m 2, doté de laboratoir es, plateaux techniques et bureaux, … L’inaugurationdu bâtiment, en janvier prochain, sera la traductionconcrète d’un ambitieux programme d’extensiondes ressources dédiées à la recherche.

Le bâtiment, dont la construction a commencéen février 2010, permettra au CRCM de franchirune nouvelle étape dans la r echerche contre le cancer, du laboratoire au lit du patient :z produire une recherche innovante

et compétitive dans la biologie du cancer,z traduire cette recherche

fondamentale dans la pratique médicale,z former les nouvelles générations

de médecins et scientifiques à la recherchesur le cancer.

Avec plus de 8 000 m2 consacrés à la recherche,l’IPC, l’Inserm, le CNRS et l’Université confirmentune stratégie médicale d’alliance pour un accèsdu patient aux innovations l es p lus récentes, et une stratégie scientifique en faveur d’une dy-namique de recherche en PACA. L’IPC, l’Insermet l’Université ont uni leurs efforts pour permettrela construction de ces nouveaux espaces capablesde répondre à cette ambition. Le CNRS s’est assoc ié à cette vertueuse alliance dans le cadr e de la création du CRCM2012 - 2015.

« L ’extension va ainsi pe rmettre d’accueillir de nouvelles équipes de recherche de niveau international, c apables d’ apporter d es c ompé-tences renouvelées et en synergie avec l’existantet ce, dans des champs de recherche en plein essorcomme l’instabilité du génome et la réparation del’ADN, les inter actions hôte-tumeur, les cellulessouches et le cancer, la bio-informatique et la bio-logie des systèmes » , explique le Pr ofesseurJean-Paul Borg, qui incarne bien l’esprit partenarialdes acteurs, puisqu’il est à la fois Professeur desUniversités, chef d’équipe Inserm et Sous-Directeuren charge de la Recherche à l’IPC.

Un nouveau bâtiment

dédié à la recherche

DOSSIERA l’IPC, la recherche dans tous ses états

« 8 000 m2 consacrésà la recherche »

FOC

US

19

Ces domaines d’investigation médicale ser ontabordés du fondamental vers la clinique, en har-monie avec la philosophie de recherche de transfertdu site et de sa promotion des collaborationsacadémiques et industrielles.

Un partenariat gagnant-gagnantavec les collectivités de la régionLe bâtiment n’aurait pas vu le jour sans l’enga-gement des collectivités territoriales : Contrat deProjet Etat-Région (CPER 2007 - 2013), ConseilRégional Provence Alpes-Côte d’Azur et ConseilGénéral des Bouches-du-Rhône ont investi auxcôtés de l’IPC pour mener à bien le projet et doterla région PACA d’un centre où naissent les der -nières connaissances scientifiques et médicales, etles technologies les plus innovantes en recherchecontre le cancer.

Une opération gagnant-gagnant, car l’initiativerenforcera l’attractivité de chacun des partenaires,scientifiques, médicaux et institutionnels.

Une démarche de transversalité et de coordinationde la r echerche en cancér ologie qui fait échoaux o bjectifs du P lan C ancer e t d e l ’Institut National du Cancer, relayés dans la région par le Canceropôle PACA.

La concrétisation de recherche, de transfert et d’innovationLe nouveau bâtiment de r echerche a été érigédans l e pr olongement d e l ’actuel C entre d e Recherche. Il accueillera six équipes de recherche,une animalerie avec confinement A1 et A2, qui favorisera le développement d’essais pré-cli-niques et la compréhension du mode d’actionde thérapies innovantes dans des modèles animaux, la création d’un plateau technique de cytométrie de flux (technique permettant de mesurer des populations de cellules, normalesou cancéreuses, grâce à des sondes biologiques -des a nticorps f luorescents,- e t à u n f aisceaulaser) et tri cellulaire, un équipement indispen-sable à la compréhension des interactions hôte-tumeur, la plateforme de Bio-informatique,enfin une extension du Centre de RessourcesBiologiques, p ermettant l e st ockage s écurisé des prélèvements biologiques.

Comme son nom l’indique, la recherche translationelle consiste à « traduire » les résultats des travaux de recherche sur le cancer en stratégies thérapeutiques.

Un exemple concret avec l’utilisation d’un inhibiteur de PARP en essai dans le traitement des cancers du seindéficients en BRCA.

La recherche translationnelle

1. L’identification de la cible Les individus qui présentent une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 présentent un risqueélevé de développer des formes héréditaires des cancers du sein ou des ovaires. Des études menées en laboratoire ont montré que les cellules de cancer qui portent unemutation de leurs deux copies du gène BRCA2 sont 1 000 fois plus sensibles à une moléculequi empêche l e f onctionnement de l a p rotéine PARP ( poly-ADP-ribose polymerase) que des cellules dont le gène BRCA2 n’a pas muté.

2. Les marqueurs biologiquesLes patientes qui présentent des antécédents familiaux de tumeurs associées à une muta-tion des gènes BRCA seront testées par séquençage pour détecter la présence éventuellede mutation du gène BRCA2 : les essais cliniques seront proposés à ces patientes.Par ailleurs, des marqueurs biologiques de l’efficacité du médicament sont identifiés :l’analyse par micr oscopie à f luorescence des polymèr es de poly-ADP ribose (pr oduit de l’activité de PARP) dans des biopsies de la tumeur effectuées avant ou après traitement,permet de mettr e en év idence la disparition de ces structur es et donc l’ef ficacité de la molécule chez les patientes.

Enfin, la technique de tomographie axiale automatisée (une technique basée à la foissur l'absorption dif férentielle des rayons X par les tissus) des ovair es des patientes est validée comme outil d’analyse de l’ef ficacité du tra itement et servira de mar queur‘intermédiaire’ de l’efficacité du traitement.

3. L’hypothèse biologique est testée par un essai clinique La toxicité de l’inhibiteur de P ARP est testée chez les patientes r etenues pour l’essai. On vérifie que la molécule fonctionne bien par le mécanisme attendu, à savoir, en bloquantl’activité de PARP, par le test de microscopie à fluorescence décrit ci-dessus. Les effets anti-tumoraux du médicament seront testés entre autre par tomographie axialeautomatisée.La recherche translationnelle nécessite une étr oite collaboration entre les chercheurs, les industries pharmaceutiques et les cliniciens qui travaillent ensemble pour identifier ,tester, améliorer, et produire les médicaments de demain.

20

SOIN

S TEMOIGNAGE

« J'ai eu un cancer du sein, au fil des mois, j'ai noté tout ce qui m'arrivait,comme un explorateur note sur un carnet de bord ce qu'il découvre dans un voyage qu'il ne fera qu'une fois ; je suis partie "au pays du cancer"et je ne souhaite pas y retourner ! De ces notes est né ce manuscrit : un témoignage qui raconte cette expérience douloureuse qui m'a menéeau bout de moi, et m'a transformée. Le cancer est une maladie terrible,mais c e n 'est a ussi q u'une m aladie d ont o n p eut gu érir. J 'aimerais que l'on porte un autre regard sur les « cancéreux », ils restent des êtreshumains à pa rt e ntière, e t j e v oudrais q ue l 'on s e p réoccupe a utant des malades que de la maladie ! Si une seule personne, en lisant ces lignes,se d it q ue r ien n 'est p erdu, al ors, j e s erais h eureuse d 'avoir a pporté réconfort et soutien. »

« Me voilà au bloc opératoire, il fait bon dans ce bloc ... Je crois qu'il est vert,oui, c'est ça, le carrelage est vert, et moi VER TE DE PEUR ! Une dame se penche vers moi : « Bonjour je suis l'anesthésiste ». Je lui réponds : « Bonjour, j'ai peur ! » Et puis plus rien. J'ai dormi sur la banquette du salon, il est 7h lorsque je me lève, j'avais rendez-vous à 11h, je me faisun café ... à quoi ça ser virait que j'aille à la clinique ? Pourquoi un CDIpuisque j'ai un programme de « vraie cancéreuse » ? Oui, mais, si je m'ensors ? Si c'est vrai, que l'on « peut vaincre le cancer ? » Je vais me dire quoi,si je guéris ? Que j'ai été stupide de ne pas saisir ma chance ? Je vais y aller,qu'est ce que je risque ? Je réfléchis ... Je vais avoir une chimio toutes les 3 semaines à peu près. Ç a veut dire que, je pourrais faire ma chimiopendant mes R TT ? Mais, je peux y arrive r ? Le poste est pour moi, de toutes manières, qu'est ce que je risque ? Donc, je prends l'option ; « j'y vais ».

« Pour l'instant, je n'ai rien voulu voir, je fais comme si on ne m’avait rienenlevé ... Politique de l'autruche ... Et alors, elles ne sont pas malheureuses,les autruches ? Je sais qu'à droite, il n'y a plus rien ou presque, je ne posepas ma main, sur ce « coin-là ». Je ne peux pas, pas encore. J'ai mis un grand pull, j'ai 2 redons qui sortent du gros pansement, ils ont étéchangés, ce ne sont plus des flacons, mais des poches en plastique, bien plus pratiques, pour enfouir sous un pull ... Une veste, et voilà, c'est bien.Quand on dit : cancer, est-ce que les autres ne vous voient pas déjà morts ?Je suis au début d'une route qui va me mener où ? Et si moi, j'ai peur ,que dire d'eux ? De leur angoisse ? De leur gêne à être bien portants ?Qui peut dire à son entourage : « Alors, il vous fait peur, mon cancer ? »... On ne peut pas parler comme ça. Voilà pourquoi, quelques fois, je seraisplus « à l'aise » là-bas, à l'IPC, avec les « mêmes » que moi, parce qu'enparlant de « nos » problèmes on se donne de la force, sans s'en rendrecompte.

La vie, qui va toujours …

Soignée à l’IPC pour un cancer du sein en 2003, Marie Semidei

publie aujourd’hui un livre, « Les Amazones n’ont pas

peur des crabes », qui raconte, avec simplicité, sincérité et humour,

son « voyage au pays du cancer ».

Elle a accepté de nous confier les extraits suivants …

Marie Semidei

Les Amazones n’ont pas peur des crabes,

éd. Société des Écrivains Prix : 13 Euros - 162 pages

« bonjour, j’ai peur ! »

21

La chimio, c'est demain, le 10 avril. Demain ... Le grand saut du plongeoir« des grands », allez, hop! Comme à la piscine, à Gap, quand, le profde gym libidineux montait derrière nous, pour voir si on allait bien sauter.Allez Marie, saute ! C'est pas le prof, que tu as aux trousses cette fois,c'est le crabe.

Puisqu'il faut bien sourire un peu : je n'ai plus un poil, sur tout le corps !Grosse économie en crème dépilatoire, et les moustiques ne s'approchentpas de m oi : pas fous les insectes (appelez-moi Mme Baygon !) « Attention, elle est polluée, elle se parfume à l'insecticide ! ». La fin d'une chimio, c'est dur, eh oui ! On se sent … Comment dire ?Livrée à soi-même, « délaissée » par l'équipe médicale qui nous a tantentourés, on n’a plus la grosse couverture chimique qui nous empoi-sonnait mais nous préservait en même temps ... Très paradoxal, commesentiment. On est ainsi, après la chimio, on a perdu nos « béquilles ».On n'ose pas dire : « j'ai peur sans chimio », on en parle entre nous,on se le dit ... Personne d'autre ne peut comprendre ... Compliqué.

J'essaie de surnager dans cet océan de peur et d'angoisse, je prendsun petit morceau rigolo de la journée, un petit détail amusant, et je l'étire, pour m'en faire une grande couverture toute douce, où je peuxme pelotonner quand c'est trop dur, quand ça fait mal, je m'enrouledans ma couverture ''patchwork" de jolies choses. J'ai appris une choseà cause du cancer : je tiens à ma vie. C'est tout bête, hein ? Mais, c'est vrai.Et puis, dans cette histoire, j'ai rencontré quelqu'un : moi ! Je me suisdécouverte et je me conviens parfaitement. La maladie, avec son cortèged'horreurs, m'a réconciliée avec moi, Marie.

Surtout, ne pas croire que la vie, pa rce que je vais mieux, est rose et bleue, et semée de fleurs ... Surtout ne pas « idéaliser » sa guérison,ne pas rêver sa vie d'après ... Il ne « faut » pas penser que « sortir » du cancer ne donne droit qu'aux bonnes nouvelles. La vie reprend ses droits, et elle a raison ! Il y aura toujours un lavabo bouché, un tracas,une facture, un souci. « C'est la vie qui va toujours » chantait Trenet,C'est la vie de tous les jours, sans chimio, sans bilan, sans rayon !

Les années ont passé ... 7 ans me séparent de cette histoire, je ne l'oubliepas, mais j'ai recommencé à vivre « normalement » « Ne baisse pasles bras, tu pourrais le faire 2 minutes avant le miracle ».

« Tant que je suis capable de continuer, c’est que je suis toujoursen bonne condition physique et que j’ai un temps d’avance sur la maladie. C’est avec cet état d’esprit que j’ai pu relever le défi des 100 km de Millau », explique Dominique Nobecourt, en rémissiond’un cancer de la prostate.

Football en amateur, footing en solitaire : Dominique Nobecourt a toujours fait du sport. Mais lorsqu’à 48 ans, on lui annonce qu’il a un cancer de la prostate, il cesse d’un coup toute activité sportive. « Le ciel vous tombe sur la tête. On ne sait plus où on va, et encore moinscomment. Il devient impossible de se projeter. On se pose tout un tas dequestions. J’allais mentalement très mal, j’étais très perturbé », reconnaît-il.

Néanmoins, il refuse tout arrêt maladie et il poursuit son activité professionnelle d’agent EDF à plein temps, se contentant d’aménagerses horaires pour suivre son traitement, notamment ses séances de radiothérapie.

L’alchimie du tandem sport - soutien psychologique

« Au bout de quatre mois, j’ai décidé de reprendre la course à pied. Courir me faisait beaucoup de bien, m’aidait à gérer une profonde douleur morale. Parallèlement, j’ai eu la chance de pouvoir bénéficier du réseau de psychologues de l’IPC : ce soutien m’a beaucoup apporté, d’autant plus qu’avant la maladie, j’étais un hyper hypocondriaque », confie Dominique Nobecourt.

Et lorsqu’en cours de traitement, le hasard l’amène à rencontrer un petit groupe de coureurs, il adhère à leurs projets. À quatre, ils enchaînent le marathon de Nice - Cannes en 2009 et celui de Marseille en 2010, avant la 40ème édition des 100 km de Millau, le 24 septembre dernier.

Lorsque le mental prime sur le physique

Résultat : 13h19 pour parcourir ce circuit mythique de 100 km, avec un départ le samedi à 10h et une arrivée de nuit à 23h19. Soit, à 53 ans, un classement à la 1 141ème place sur 3 600 participants.

« A d’autres patients, oui, je conseille de faire du sport. Je n’affirme pas que le sport protège : tout cela reste à mon sens très relatif. Mais le sport m’a permis de franchir un palier, m’a donné une force mentale qui m’a aidé à combattre les aspects négatifs de la maladie. Et je me suis retrouvé », ajoute Dominique Nobecourt.

Aujourd’hui, fort de l’énergie positive puisée dans sa dernière course, il réfléchit déjà à son prochain challenge : par exemple, un grand raidcomme les 162 km de La Diagonale des Fous, traversée intégrale de l’île de la Réunion du sud au nord.

Quand chaque nouvelle foulée est une victoire sur la maladie

Face à un cancer de la prostate, à 48 ans, Dominique Nobecourt a trouvé dans le sport la force de « s’en sortir » et plus encore, au point, cinq ans plus tard, de relever des défis auxquels il n’aurait jamaispensé avant.

« dans cette histoire,j’ai rencontré quelqu’un :

moi ! »

22

Le 14 novembre, une équipe de l’IPC a procédé à une intervention par cryothérapie sur un patient souffrant d’une atteinte cancéreuserénale. Cette intervention était la troisième réalisée depuis l’été 2011 à l’IPC et, de fait, pour l’ensemble de la région PACA. Dans la foulée du CHU de Strasbourg, qui a figuré parmi les centr es pilotes en France - sous l’impulsion pionnièr e du ProfesseurGandji et du Docteur Buy, l’IPC et des structures publiques de cancérologie de la région PACA s’équipent et s’organisent également afin de proposer une méthode qui peut être une alternative à la chirurgie pour certains patients. La cryothérapie requiert un scannerinterventionnel, qui offre une vision en 3D, et des médecins et radiologues formés.

Cryothérapie : une alternative prometteuse dans certains cancers La cryothérapie est une technique récente dans le traitement de certains cancers, dont le principe est d'éliminer des tumeursgrâce au froid. Connue depuis les années 1970, elle n’était utilisée quasiment que pour des patients dont les tumeurs étaientimpossibles à extraire par voie chirurgicale. D’ailleurs, cette technique si prometteuse aujourd’hui, aurait pu être abandonnée,car elle s’est avérée peu concluante dans ses indications pr emières, dans le traitement des cancers du foie : elle pr ovoquait des effets secondaires plus dommageables que ses bénéfices, par exemple des hypothermies sévères.« Elle est aujour d’hui employée avec succès dans le traitement de cancers du r ein, explique le Docteur François Casalonga, de l’IPC, mais d’autres indications se développeront dans les années à venir, notamment dans le traitement des métastases osseuses,car la méthode fait aujourd’hui ses preuves. »Traitement conservateur, évitant les complications liées au geste chirurgical, et dont l’efficacité est désormais prouvée, la cryothérapieest en effet une alternative très prometteuse à la chirurgie. L’intervention, qui est pratiquée dans les unités de radiologie inter-ventionnelle, sous anesthésie générale, consiste à implanter des « cryosondes » - de fines aiguilles - qui vont geler la tumeurpour la détruire.

Souffler le froid et le chaud

pour combattre le cancer

Depuis quelques années, les alternatives à la chirurgieclassique pour enlever les tumeurscancéreuses primitives offrent une efficacité au moins comparable au geste chirurgical, en même temps qu’un meilleur confort pour les patients, des effets secondaires moins lourds.

Par le froid ou au contraire par la chaleur, les méthodes comme la cryothérapie, la radiofréquence ou le bistouri à micro-ondes s’appuient sur les dernières techniques d’imagerie pour des interventions très ciblées à l’aide d’instruments miniatures.

Petite revue des thermothérapies …

SOIGNER - PRENDRE EN CHARGESOIN

S

Le scannerest transforméen bloc opératoire.

23

Glacer la tumeur pour la détruireLes cryosondes sont intr oduites dans la tumeur sous guidage d’un scanner , et dif fusent un gaz très fr oid (le gaz Argon) qui, en se détendant, crée du froid et congèle la tumeur. La formation de ce « glaçon » se voit au scanner, ce qui permet de suivreen temps réel l’effet de l’intervention et la zone touchée. Puis, sous l’effet du réchauffement dans le corps humain, la membranede la cellule explose et la tumeur éclate en autant de cellules mortes que l’organisme évacue. L’intervention se déroule en généralavec des alter nances de froid et de réchauf fement : dix minutes de gel, puis un réchauf fement dit « passif », par la chaleur du corps humain, puis à nouveau dix minutes de gel. Soumises à ces effets de refroidissement-réchauffement, les cellules finissentpar éclater. Au bout d’un an environ, les cicatrices que l’on voit au scanner sur l’organe montrent des tumeurs réduites et détruites.Ainsi, le premier avantage de la cryothérapie est de préserver les organes sains autour de la tumeur, donc d’être un traitementmoins invasif que les méthodes classiques. En outre, « la cryothérapie permet des gestes beaucoup moins traumatisants que les autrestechniques de chirurgie, explique le Docteur Casalonga, et même que d’autres techniques, grâce à la vision, en direct, du gesteréalisé. Puisqu’il n’y a pas d’incision, on évite les complications et saignements liés en général à la chirurgie, donc la récupérationdu patient est beaucoup plus rapide. » De fait, la durée d’hospitalisation est de 48 heures environ seulement.

Des indications qui s’élargissentL’expérience a également montré que les interventions réalisées sous cryothérapie sont souvent moins douloureuses dans les suitesopératoires : du fait de l’absence d’incisions dans les organes, bien sûr, de la précision des fines aiguilles qui pénètrent dans la tumeursans toucher les tissus voisins, mais également par ce que le fr oid, s’il peut brûler , se contrôle mieux que l’intense chaleur. Ainsi, et par exemple, la cryothérapie est une indication amenée à se développer pour traiter des métastases vertébrales pour lesquellesla chirurgie ou même la radiofréquence sont délicates, car ces méthodes risquent d’endommager la moelle épinière.

Efficace au vu de ses résultats sur les patients qui en ont bénéficié, la cryothérapie se développe donc en France dans un espritde collaboration entre équipes médicales, aussi bien aux niveaux national et régional qu’au sein des structures de soins. Ainsi, le choixde recourir à cette technique de soins fait systématiquement l’objet d’une réunion collégiale entre médecins oncologues, chirurgienset radiologues qui décident ensemble si la cryothérapie est le meilleur mode de traitement selon le cas du patient.Prometteuse, indéniablement efficace et moins traumatisante, la cryothérapie n’en est pas moins un traitement local contre certainscancers qui doit la plupart du temps être associé à des traitements adjuvants (notamment de chimiothérapie), et qui réclame le mêmesuivi médical, pour prévenir d’éventuelles récidives, que les autres traitements contre le cancer.

Radiofréquence, la chaleur électrique contre les tumeursPartant des mêmes bases que la cryothérapie - un guidage sous scanner ou échographie, et des aiguilles placées dans la tumeur -la radiofréquence une technique qui consiste à détruire les petites tumeurs en les soumettant à une chaleur de 60 degrés ou plus.Elle est souvent utilisée pour les lésions du foie de petites tailles (moins de 5 cm) et de plus en plus dans le poumon, le rein et l’os.L’intervention est également pratiquée par un radiologue interventionnel qui introduit une petite aiguille à travers la peau dansla tumeur grâce au repérage scanner ou échographique sous anesthésie générale. L’aiguille de radiofréquence permet d’appliquerlocalement un courant électrique qui chauf fe et brûle les cellules cancéreuses, sans endommager les tissus et organes voisins.Comme en cryothérapie, la tumeur se rétracte, est détruite, et ne laisse qu’une minuscule trace (cicatrice interne).

Alors que son principe est connu depuis l’après-guerre et qu’elle est utilisée en médecine pour le traitement par ponction directedepuis longtemps, la radiofréquence n’a fait son entrée dans le traitement du cancer qu’à la fin des années 1990, et avant toutpour traiter des patients chez qui la chirurgie était impossible. Actuellement, les indications les plus fréquentes sont les traitementsdes cancers du foie, mais d’autres indications, sur des cancers du rein, du sein, des poumons, des glandes surrénales pour les tissusmous, ou les métastases osseuses, se multiplient, que ce soit pour des métastases ou des tumeurs primitives. Parce qu’il n’endommage qu’une infime partie des tissus sains, le traitement peut être répété plusieurs fois en cas de récidive localeou de nouvelle lésion. Autre atout de la radiofréquence : l’atténuation des douleurs. Les techniques de radiofréquence, coupléesou non à de la cimentoplastie, sont également en plein essor pour le traitement des métastases osseuses douloureuses, et permettentdes traitements combinés avec la radiothérapie pour un meilleur contrôle des douleurs.

Des micro-ondes qui soignentTrès proche de la radiofréquence, cette technique consiste à détruire les tumeurs par une chaleur qui peut atteindre les 100°C, obtenuegrâce aux micro-ondes de hautes énergies. Le principe est toujours le même, l’aiguille est placée très précisément au sein de la tumeurgrâce à l’imagerie puis, sous anesthésie générale, l’ablation peut commencer. L'énergie thermique produite par les micro-ondeset conduite par l'aiguille entraîne un échauf fement et une nécr ose des tissus tumoraux. L ’aiguille est similaire en taille à ce lle de la radiofréquence mais permet de traiter des lésions plus volumineuses.L’intérêt est majeur en particulier pour le poumon et le rein où éviter l’insuffisance respiratoire ou rénale reste une préoccupationmajeure en parallèle du traitement curatif. Toutes ces techniques, utilisées à l’IPC, offrent, ensemble, une vaste gamme thérapeutique, combinée ou non aux autres traitements,qui p ermettent de r epousser e ncore le s l imites t hérapeutiques a vec l ’avantage, i ndéniable, d ’être e fficace t out e n é tant peu traumatisant.

1 - Avant mise en place.

2 - Sondes en place active en mode glaçon.

3 - Contrôle scanographiqueen temps réel de la formation du glaçon autour de la tumeur.

1 2 3

24

En Europe, 1 femme sur 10 développe un cancerdu sein. En France, l’incidence aurait presquedoublé en 25 ans. Récemment, une étude souli-gnait que, à l’échelle mondiale, le nombre de cas de cancers du sein a quasiment triplé en trente ans. Seulement 5 % à 10 % des cancersdu sein diagnostiqués sont des cancers à prédis-positions génétiques, l ’immense majorité descancers du sein intervenant après la ménopause.

Le sein est une glande (la « glande mammaire »),qui peut, comme tous les tissus de l’organisme,être le foyer d’une transformation cancér euse.La glande mammaire est constituée de canaux,de 10 à 15 lobes et de nombreux lobules, qui produisent le lait. Sur 100 cancers du sein,60 à 70 touchent les canaux, les autres affectentles lobules.

Pas un, mais des cancers du seinIl n’y a pas une, mais des formes de cancers du sein, aux caractéristiques dif férentes : selonla taille des tumeurs ; selon le « grade histolo-gique », c’est-à-dire le degré de différenciationdes cellules - il existe tr ois grades, le grade 3 correspondant à u n c ancer p lus a gressif, e t,enfin, selon la présence, ou non, de ganglionsdans l’aisselle.

Prendre le cancer du sein

de vitesse

Avec près de 50 000 cas par an, le cancer du sein est le plus fréquent

chez la femme. Si l’on ne sait pas le prévenir,il peut être combattu efficacement,

s’il est décelé tôt et traité avec les armes d’aujourd’hui.

Pour prendre le cancer du sein de vitesse, chirurgie et chimiothérapie

ne sont plus la panacée …

SOIGNER PRENDRE EN CHARGESO

INS

ACTUS

25

Autre différence : la présence ou non de récep-teurs hormonaux (œstrogène et/ou progestérone)sur les membranes des cellules tumorales. On parlealors de cancers hormonaux dépendants.

70 % des cancers sont porteurs de ces récepteurshormonaux, ou du gène HER-2, r esponsabled’une surproduction d’une protéine provoquantla multiplication des cellules tumorales.

Les cancers hormonaux dépendants sont à développement lent. Si la cellule malade a desrécepteurs hormonaux, elle se prête à l’hormo-nothérapie, traitement dont le taux de guérisonà 5 ans est de 95 %. Le cancer peut égalementêtre « infiltrant », c’est-à-dir e développer desmétastases, mais ce n’est pas le cas de la plupartdes cancers du sein au diagnostic initial.

Autre cancer à développement rapide : le cancerinflammatoire qui touche en moyenne desfemmes plus jeunes. Ce cancer r eprésentemoins de 6 % des cancers du sein. Sa survenueet son évolution sont rapides. Mais avec lesconnaissances e t t raitements d ’aujourd’hui, on parvient à 50 % ou 60 % de rémission.

Enfin, les cancers dits « triple négatifs » sont peusensibles à la chimiothérapie tr aditionnelle, et provoquent souvent un développement rapide de métastases. C’est un type de cancerque la recherche tente de mieux décrypter.

Les progrès des traitements Depuis deux décennies, les progrès ont révolu-tionné les soins et les pronostics de guérison.Aujourd’hui, pris en charge à un stade précoce,le cancer du sein est guéri dans 9 cas sur 10,avec des traitements mieux tolérés et qui laissentmoins de séquelles.

L’ablation du sein n’est pas le seul traitement efficace contre le cancer du sein, et elle est loind’être systématique. En réalité, il existe plusieurstypes de traitements, seuls ou combinés : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, les traitements comme l’hormonothérapie et l’immunothérapie.La chirurgie est de plus en plus préservatrice :en moyenne, sur 100 femmes ayant un cancerdu sein, 70 % conservent tout ou partie de leursein. E lle e st é galement m oins t raumatisante et douloureuse.La douleur est mieux endiguée : à l’IPC, la priseen charge de la douleur spécifique à la chirurgiedu sein associe morphine et anesthésiques locaux. Plus récemment, un cathéter de perfusionintra-cicatriciel diffuse pendant 72 heures un an-talgique local à l’intérieur de la plaie pour calmerla douleur de la zone opérée.

L’exploration du ganglion sentinelle est l’une desavancées de la chirurgie. Une partie des ganglionsde l’aisselle doit souvent être enlevée pour éviterla propagation des tumeurs à d’autres organes ;un « curage » parfois douloureux et source de complications.

La technique du ganglion sentinelle qui consiste àrepérer les premiers ganglions de la chaîne risquantd’être envahis, et de n’enlever que ceux-là estbeaucoup moins traumatisante.

La radiothérapie propose aujourd’hui des tech-niques comme l’arc-thérapie, la tomothérapie,ou la curiethérapie, qui ciblent mieux la tumeur,avec des doses plus efficaces, mais en épargnantles tissus sains voisins.L’arc-thérapie et la tomothérapie ont l’avantagede répartir l’irradiation précisément sur l’ensem-ble de la tumeur, la curiethérapie l’attaque del’intérieur.Dernier exemple des techniques innovantes pratiquées à l’IPC : l’irradiation per -opératoire,c'est-à-dire faite immédiatement dans la fouléede la chirurgie, alors que la patiente est encoresous anesthésie, cible parfaitem ent la zone à traiter, et évite des séances de radiothérapie.

Médicaments et personnalisation des traitements En chimiothérapie également, les progrès ont été très import ants ces der nières années,grâce à la meilleure connaissance des méca-nismes de la maladie et à l’emploi de moléculesplus efficaces sur certains de ces mécanismes.Par ailleurs, les traitements actuels ont moinsd’effets secondair es toxiques sur les autr es cellules et organes.

Ainsi, la chimiothérapie, c'est-à-dire le traitementpar des molécules, est sp écifique à chaque patiente. Même si les molécules employées sontles mêmes pour deux patientes, le traitement est adapté au poids et à la taille, à l’âge et à la tolérance de chacune.Autre domaine prometteur, l’immunothérapiequi utilise les défenses naturelles de l’organismepour détruire les cellules cancéreuses. Ainsi, pour les cancers qui expriment un récep-teur HER-2, grâce à l’immunothérapie, le risque de récidive est divisé par deux. L’hormonothéra-pie, elle, est efficace sur les cancers du sein hormonaux dépendants (œstrogènes et proges-térone). Ces tumeurs possèdent des récepteurshormonaux à la surface de leurs cellules. En supprimant l'action des œstrogènes, onbloque la croissance des cellules cancéreuses.

Signatures génomiqueset thérapies cibléesEn étudiant les gènes des tumeurs, les chercheursont montré que l’on peut prévoir le comportementde telle ou telle tumeur. La vie d’une cellule cancéreuse est en effet rythmée par l’activité des protéines fabriquées par les milliers de gènesà l’œuvre dans la tumeur. L’enjeu : prédire le deve-nir des malades et aller vers l’individualisationdes traitements.

Ce travail sur les signatures génomiques constituel’un des caractères innovants de la recherche depuis 10 ans (lir e aussi le dossier r echerchedans ce numéro et La revue de l’IPC, juin 2011).

Le c oncept d e t hérapies c iblées p art d ’unconstat : l a chimiothérapie e st un t raitementutile, mais pas suffisamment spécifique. On saitmaintenant, notamment grâce aux r echerchessur les gènes à l’œuvre dans le fonctionnementde la tumeur, qu’une seule thérapie ne suffitpas, et qu’il est a priori nécessaire de combinerles thérapies ciblées.

Cela implique de mieux caractériser les tumeurset leurs anomalies. Par exemple, si on a détectéune anomalie X et une anomalie Y, il faut combinerun anti-X et un anti-Y. Si on combine un anti-Xet un anti-W, le traitement ne fonctionnera pas.

Essai thérapeutique innovantDans cette optique, un essai thérapeutique de phases 1 / 2, national, commence à l’IPC.Cet essai innovant utilise deux thérapies cibléesdans les cancers du sein qui surexpriment HER2 :une thérapie « contre HER2 », associée à uneautre thérapie, qui vise l’un des acteurs principauxde la résistance aux anti-HER2 (l’Her ceptine, notamment, dont l’efficacité est démontrée depuisla fin des années 1980).

Dans 20 % des cancers du sein, HER2 est en excès.Avec l’Herceptine, on peut gommer cette a no-malie. Mais certaines malades ont une résistanceaux anti-HER2. Il faut donc combiner un nouvelanti-HER2 à un au tre m édicament q ui c ible, en l’inhibant, le phénomène de résistance.

Progrès par la réparation des anomalies géniques,progrès des techniques de radiothérapie, progrèsavec des chirurgies et des chimiothérapies moinsdévastatrices … Loin des effets d’annonce spectaculaires, la lutte contre le cancer du seinavance, offrant de grands espoirs aux femmesqui se font dépister le plus tôt poss ible. Aujourd’hui, on peut prendre le cancer du seinde vitesse …

Puce à ADN permettant l’élaboration de la carte d’identité moléculairedes tumeurs du sein.

« autre domaine prometteur,

l’immunothérapie »

« progrès des techniques

de radiothérapie »

Des mots à dire, des mots à entendre

À l’initiative du Département de Psychologie Clinique, des groupes

de rencontres, et d’échanges, ouverts à tous, sont organisés chaque

mois à l’Institut Paoli-Calmettes.

Démarche intégrée à l’offre de soins dans sa globalité, elle est parfois mal connue

des patients et de leurs proches, alors qu’elle s’avère si riche de sens.

26

ACTUS

SOIGNER PRENDRE EN CHARGESO

INS

« La maladie, quel que soit l’individu qu’elle touche, bouleverse la cellule familiale et les liens entre ses membres. Dans tous les cas, accompagner la famille en souffrance est reconnu comme une nécessité par les soignants »,affirme le Dr Patrick Ben Soussan, responsable du Département de Psycho-logie Clinique de l’IPC.C’est dans cette optique que des espaces de parole ont été mis en place :« Parlons-en ensemble » est destiné aux patients et à leurs proches ; « L es goûters de l ’IPC » sont dédiés aux enfants des patients t raités à l’Institut et à leur famille.

Permettre à la parole de se déployer« Nous mettons un dispositif à disposition des patients et de leur entourage.Après, ils en disposent à leur convenance », précise Yolande Arnault, psychologue clinicienne du Département. Ainsi, un gr oupe « Parlons-enensemble » est organisé le dernier lundi de chaque mois, de 16 heures à 17 heures, à l’espace de rencontre et d’information (ERI).

Ce groupe est volontairement ouvert à tous, sans contrainte d’inscriptionpréalable et sans engagement dans le temps. Il s’agit avant tout de donnerl’occasion d’échanger, de partager, de rencontrer d’autres personnes quivivent la même situation et, souvent, de briser l’isolement. Certains patientsarrivent tout juste dans la maladie, d’autr es finissent leurs traitements,d’autres encore sont « guéris » . Parfois, i ls v iennent avec un proche, parfois des conjoints viennent seuls.

Pour mieux se reconstruire« Nous débutons toujours en nous présentant et en expliquant le pourquoide ces rencontres, puis les participants se présentent. Nous faisons en sortede donner la parole à chacun. Certains pleurent, d’autres se taisent …Nous ne sommes pas là pour empêcher l’émotion, empêcher la parole de circuler, même si elle est vive, douloureuse, empêcher les angoisses,mais p ar notre p résence e t no s i nterventions no us t entons d ’aider les personnes présentes à « faire quelque chose de ce qui leur arrive ». »,commente Yolande Arnault.Colère, doutes, peurs, critiques : tout peut-êtr e dit. Parce qu’à travers les mots, la parole attribue un sens à ce qui est vécu et crée du lien danscette histoire à épisodes qu’est le cancer , entre espoir et angoisse, joie et apathie. Parler, être interpellé par le reste du groupe permet à chacunde s’identifier dans son histoire, mais aussi de se différencier face aux autres.La parole peut alors avoir une fonction cathartique.

Pour que l’enfant reste un enfantParallèlement, un mercredi par mois, à 17h30, le Dr Patrick Ben Soussanorganise, pour les enfants dont l’un des parents est atteint d’une maladiecancéreuse, un goûter aux couleurs et aux saveurs des événements qui rythment une année : galette des rois, crêpes de la Chandeleur, œufsde Pâques, chocolats de Noël. Le groupe est ouvert aux enfants, mais aussiaux parents, aux grands-parents, à la famille élargie sans inscription préa-lable, en tout anonymat et en toute liberté. Aucune limitation d’âge, ni de fréquentation, n’est posée.

« Ce groupe n’est ni éducatif ni informatif. Les éléments sur la maladie de leurs parents que les enfants sont en droit d’espérer, nous les enga-geons à aller les chercher auprès des médecins. Ainsi, il leur sera possibled’identifier ceux à qui, fantasmatiquement, ils ont confié leur parent et à qui ils ont délégué la tâche de le “réparer”. De même, le groupe n’est paspédagogique. Aucune proposition n’est faite aux enfants ou à leur famille,sinon celle d’essayer de penser ensemble, de parler et d’écouter autourde ce qui nous rassemble là, c’est-à-dire la maladie cancéreuse d’un desparents, présent ou non ce jour-là. Très vite, les enfants et leurs parentsse saisissent de cette parole et … ne la lâchent plus », explique le Dr PatrickBen Soussan.

Se sentant écoutés, les enfants se racontent. Chacun à sa manière, à traversdes m ots, d es d essins, d es br icolages, d es m ouvements. C hacun d it ce quotidien bouleversé par la maladie, ses souf frances, ses angoisses. « Parfois les enfants arriveront à “se restaurer” par ce goûter, parfois ils n e po urront “ rien e n a valer” » , ajoute le Dr Patrick B en Soussan. Mais savoir que leur parole est libre, accueillie, entendue, soutient toujoursles enfants dans leurs interrogations, même les plus anxieuses, sur la maladiede leur parent et leur devenir.

27

Le malade partenaire de soins :

paradoxe ou nécessité ?

Le malade peut-il être partenaire du médecindans le cadre de la recherche clinique, et /oudans la mise en place d’un projet d’établis-sement ?

Les premiers Etats Généraux du Cancer,organisés par la Ligue Nationale Contre leCancer ont eu lieu à Paris en novembre 1998.Suite à cet événement singulier, deux expé-riences inédites ont été menées.

1998 - A ParisPersuadés qu’une complémentarité méde-cin/malade est devenue nécessaire, voire impérative, le Dr F. May-Levin médecin conseilau siège de la Ligue et le Pr D. Maraninchi,alors Directeur de l’Institut Paoli-Calmettes(IPC) à Marseille, proposent de mettre en place un comité de patients pour la recherche clinique en cancérologie (CPPRCC). Projet audacieux ! Qui défie résolument lesrapports médecin/malade, établis depuis …HIPPOCRATE …

La finalité du projet étant de faire du patientun partenaire actif, dès lors qu’il entre dansun essai clinique, afin d’associer sa propreconnaissance de la maladie au savoir médical, cela en vue d’améliorer sa qualité de viedans les contraintes imposées par le protocole.

La Charte établie précise la relation tripartiteliant la FNCLCC, la Ligue et un groupe de 8malades sélectionnés par la Ligue. Les objectifs,travaillés ensemble, sont volontairementpeu nombreux. Relire les protocoles d’études cliniques et la lettre d’information qui les accompagneet que les malades doivent signer avantd’entrer dans l’essai. Proposer des améliora-tions afin que cette lettre soit claire, loyale,explicite, et précise : les objectifs, les moyens,les contraintes, les ef fets secondaires inhé-rents à l’étude. Valider un plan de traitement, de surveillance,de suivi, simple et schématique, accessible àtous, afin d’assurer une visibilité globale desimpératifs, pour permettre une organisationpersonnelle quotidienne.

Quelle témérité de la part de nos mentors !Nous les malades étions persuadés que jamaisdes promoteurs n’accepteraient une telleassociation ! Comment imaginer être assisautour d’une même table, et argumenterune partie de leur travail. Et pourtant …d’année en année, 21 promoteurs nous ontfait confiance. En 2004, une Fédération de Comités de Patients voit le jour. Le nombrede relecteurs est passé de 8 à 40, répartis surtoute la France.

FOCUSActuellement plus de 300 protocoles et lettresdestinés aux patients ont été relus. Environ800 suggestions ont été retenues et validées.

2002 - A MarseilleL’IPC organise en son sein la mise en place d’unComité de Patients. Sa finalité étant d’amé-liorer les conditions d’accueil, d’information,de séjour de tout consultant hospitalisé ousuivi à l’Institut. Une Charte établit les règlesd’un partenariat bipartite entre l’IPC qui s’engage à fournir au Comité de Patientsles cadres d’organisation et de fonctionnementliés à ses missions, et le comité qui s’engage à respecter les modalités de fonctionnementfixées par l’Institut.

La encore, les objectifs sont volontairementpeu nombreux. Ils priorisent : l’informationdu patient, qui doit être loyale, complète,intelligible, sur le déroulement de sa priseen charge. L’identification et l’améliorationdes motifs d’insatisfaction du malade/de sesproches. La participation avec les profes-sionnels de l’IPC à la réflexion concernantles grands projets institutionnels, en coursou à venir.

A ce jour Les actions du Comité de Patients ont étérelativement nombreuses. Par exemple : la participation à la mise en place d’uneconsultation infirmière systématique aprèsla consultation médicale. La participation àla création d’un Espace Rencontre/Information(ERI), ouvert à tous, malades/familles/visi-teurs …

Des dialogues avec les professionnels lorsde leurs réunions concernant la Certificationde l’établissement (2010). Une participationrégulière aux réunions de travail relatives àla création des nouveaux bâtiments.

Et même ! ... une participation au projetmédical, voulue par le Pr V iens, Directeur de l’IPC.

Ainsi, à la question : le malade peut-il êtreun partenaire dans la recherche clinique,dans la mise en place d’un projet d’établisse-ment, dans l’élaboration du projet médical ?Démonstration faite, la réponse est oui.Le malade doit-il être partenaire du méde-cin ? Dans le plan Cancer II l’INCa souhaitedynamiser la recherche clinique en prenant« l’avis des Comités de Patients… en articu-lation avec la consultation des Comités de Protection des Personnes (CPP) » (1). La réponse est certainement.

Alors … soyons attentifs;

1 - Plan Cancer 2009/2013 - Mesure IV - page 27

Par Sylvia Achin, membre du Comité des Patients de l’IPC

Pour faire un don ou un legs à l’IPC

232, boulevard Sainte MargueriteBP 156 - 13273 Marseille Cedex 9

www.institutpaolicalmettes.fr

Contact : François Féraud : 04 91 22 37 11 - e-mail : [email protected]

Je souhaite faire un don d’un montant de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Euros, et je joins avec le coupon ci-dessous dûment rempli un chèque à l’ordre de l’Institut Paoli-Calmettes.

Je souhaite faire un legs ou une donation de mon vivant, ou désigner l’Institut Paoli-Calmettes en tant que bénéficiaire de toutou partie de mon assurance-vie, et je transmets à cet effet mes coordonnées pour recevoir une documentation sur les legs.

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . e-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Face au cancer …

La recherche aide à trouver des traitements encore plus efficaces pour améliorer les chances de guérison.

Le plus grand nombre possible de patients doivent avoir accès aux meilleurs diagnostics et soins.

A L’IPC …

En 2010, plus de 650 patients ont été inclus dans 187 essais de recherche biomédicale.

En 2010, 22 650 patients ont été pris en charge à l’IPC et 64 330 consultations ont été effectuées.

Grâce aux dons, actions de mécénat et legs, l’IPC mène des projets de recherche et améliore la qualité de vie des patients.

Situé à Marseille pour la région Provence-Alpes Côte d’Azur, l’Institut Paoli-Calmettes assure une mission de service public pour la prévention, le dépistage, les soins, la recherche et l’enseignement autour du cancer.

Etablissement de santé privé d’intérêt collectif, il est régi par les articles L6162-1 à 13 du Code de la Santé publique. L’IPC est habilité à recevoir des dons et legs*.

* Les legs à l’IPC sont exonérés des droits de succession (article 795 du Code général des Impôts). Les dons à l’IPC donnent droit à une déduction fiscale égale à 66 % du montant du don, dans la limite de 20 % du revenu imposable (articles 200, 238 Bis et 885-0V Bis du Code général des Impôts). Les donateurs assujettis à l’ISF peuvent bénéficier de la réduction prévue àl’article 885-0 V bis A du Code général des impôts.Un reçu fiscal est adressé à chaque donateur.

Institut Paoli-CalmettesCentre régional de lutte contre le cancer Provence-Alpes-Côte d’Azur

29

Des robots contre le cancer

EN I

MA

GES

Dans les années 1980, la cœlioscopie a permis des gestes chirurgicaux à ventre fermé, sous le contrôle d’une caméra. Des gestes chirurgicaux mieux tolérés, plus ciblés sur la tumeur, qui entraînent moins de complications post-opératoires. Une nouvelle étape est franchie dans les années 2000 avec l’arrivée de robots télé-opératoires permettant la réalisation de gestes plus précis et plus complexes encore qu’en cœlioscopie traditionnelle. L’IPC est le premier centre de lutte contre le cancer en France à s’être équipé, en 2007, d’un tel robot, pour la chirurgie des cancers gynécologiques, urologiques et digestifs. Si seuls 48 établissements français en sont équipés, les robots ont opéré un million de personnes dans le monde. Les applications se développent, en gynécologie, urologie et ORL ...

30

1 - L’appareil est composé de deux éléments : le robot, avec ses bras articulés, et la console de commande à distance,dotée de pédales, de joysticks et de lunettes qui renvoient une image 3D de l’intérieur de l’organisme.

2 - Le robot possède quatre bras qui supportent la caméra, les pinces et les autres instruments. Les instruments sont les mêmes que ceux utilisés en chirurgie classique - pinces,écarteurs, scalpels, ciseaux - mais ils sont miniaturisés.

3 - Avant l’intervention, les bras du robot sont couverts de plastique pour former un champ stérile.

4 - Des incisions d’environ 1 centimètre sur la peau permettent le passage de tubes fins avec les instruments et la caméra.

5 - Installé à la console, le chirurgien se sert des joysticks et des pédales pour guider les instruments. Les pédales permettent de passer d’un instrument à l’autre, et les joysticks de les manœuvrer.

6 - La position à la console est plus pratique qu’en cœlioscopietraditionnelle où l’on tient les pinces à bout de bras. Ainsi, on évite les gestes maladroits ou le tremblement de la main.

2

1

3

4

6

5

31

7 - Le chirurgien fait tourner les pinces et les instruments pour disséquer, couper,contrôler les saignements, coaguler. La rotation à 7 degrés des bras du robot permet des gestes que la main de l’homme ne peut pas réaliser.

8 - A travers les lunettes binoculaires, le chirurgien suit en 3D les gestes qu’il effectueen étant comme immergé dans l’organisme. La vision 3D permet de retrouver la texture des tissus que l’on sent d’habitude au toucher.

9 - Les interventions chirurgicales avec le robot occasionnent moins de douleurs, de risques infectieux post-opératoires, et moins de saignements. Le séjour à l’hôpital est plus court, et le rétablissement plus rapide.

10 - L'équipe de chirurgie gynécologique de l’IPC qui enregistre la plus grosse activité française dans cette spécialité oncologique est l’une des premières en Europe. Elle a réalisé la première hystérectomie avec curage pelvien en France en 2008.Une centaine d’opérations sont réalisées avec le robot annuellement.

DES ROBOTS CONTRE LE CANCEREN IMAGES

9

8

10

7

32 La g rue, ha ute d e 5 5 m ètres, s urplombe l e s ite d epuis j anvier 2 011.La cabine du grutier of fre une vue imprenable sur la ville, au loin la merd’un côté, les Calanques de l’autre. Plus près, les complexes hospitaliersqui bordent le boulevard : le parc de l ’Hôpital Salvator, les bâtiments de l’Hôpital Sainte-Marguerite et, au pied de la machine, l’Institut Paoli-Calmettes qui s’agrandit.

Déjà, les fondations émergent du r ectangle creusé dans la terre et dalléde béton : l’ossature du nouveau bâtiment, baptisé IPC3, prend forme, à côtéde l’ensemble d’origine : la structure en arc de cercle bien reconnaissabledu bâtiment principal, et le bâtiment des consultations que tout le monde,ici, appelle IPC2, déjà.

Un va-et-vient de camions encombre l’artère, souvent saturée, qui dessertles hôpitaux sud puis le complexe universitaire de Luminy. Le gros œuvrea commencé en janvier 2011, avec ses inévitables nuisances et aléas.

Mais nécessité fait loi : l’IPC doit pousser ses murs pour accueillir un nombreplus important de patients. La croissance annuelle des activités, de 2 % à2,5 %, sera à peine couverte par la nouvelle construction : il faudrait bienplus d’espace encore pour répondre à la demande ...

Des équipements de dernière génération, des installations mieux adaptéesà l’évolution des soins, aux attentes des patients, de ceux qui les accom-pagnent et des soignants … tels sont les mots d’or dre qui ont présidé à la conception du nouveau bâtiment.

Le chantier prendra fin à la rentrée 2013, avec une livraison prévue débutoctobre. Trois ans de travaux, donc, organisés autour de quatre opérations :z la construction du nouveau bâtiment qui sera relié au bâtiment central

de l’Institut (IPC1) par un tunnel en sous-sol et une passerelle couverte au niveau du 3ème étage ;

z la réalisation d’une « Tour pompiers », reliée au bâtiment central IPC1 par cinq ponts, du 4ème étage au 8ème étage ;

z la création d’une desserte logistique, un nouveau quai de livraison ;z enfin, l’entrée de l’Institut qui sera réaménagée

pour faciliter l’accès et la circulation sur le site de l’IPC.

Pour mieux répondre aux attentes des patients, aux évolutions

des parcours thérapeutiques, mais aussi pour faire face à la hausse

régulière de l’activité, de l’ordre de 2 % à 2,5 % en moyenne par an,

l’Institut Paoli-Calmettes construit un nouveau bâtiment : IPC3.

Un chantier programmé sur trois ans.

Un nouveau bâtiment, pierre angulaire du projetd’établissement

FOCUSV

IE D

E L’

IPC

33

Le bien-être des patients au cœur du projetLe nouveau bâtiment, un ensemble de 11 000 m 2, comptera six niveaux :deux niveaux techniques (au 3 ème étage et en toiture terrasse) et quatreniveaux opérationnels :z le rez-de-chaussée et le 1er étage seront consacrés au développement

de l’accueil des patients en ambulatoire avec, respectivement, l’hôpital de jour chirurgical (anesthésie et chirurgie ambulatoire) et l’hôpital de jour médical (chimiothérapies, transfusions) ;

z les 2ème et 4ème étages seront dédiés au nouveau plateau technique (blocs, réanimation et surveillance continue).

IPC3 regroupera donc les blocs opératoir es qui occupent actuellementdeux étages du bâtiment principal. Les espaces ainsi gagnés permettrontde gagner des espaces dans IPC1, pour des chambr es, mais aussi pourdésengorger des hôpitaux de jour proches de l’encombrement.

Verre, bois et métal … le bâtiment a été conçu avec des matériaux agréablesà vivre et adaptables, en phase avec les évolutions des soins en cancérologie.Faire entr er la lumièr e tout en ménageant des espaces plus intimes, permettre la circulation de l’air et des personnes tout en respectant les règlesdrastiques de l’hygiène hospitalière.

Le projet anticipe ainsi sur l’avenir, s’équipe pour garantir des soins les plusefficaces et souples, et place le bien-être des patients au cœur de ses préoc-cupations. Un bâtiment qualitatif, ouvert sur l’extérieur, marquant la volontéde l’Institut de donner un nouvel élan aux collaborations ville - hôpital, afin de favoriser la continuité de soins et le partage avec les partenaires quitravaillent avec nous auprès des patients.

Parier sur l’innovation durable … Mais comment répondre à ces défis ? Comment être innovant sans se perdredans les effets éphémères des modes, et dédié aux patients en facilita ntle travail des soignants ? Le cahier des charges du projet comprend trois enjeux majeurs :z offrir une meilleure accessibilité,z améliorer la qualité de l’accueil des patients et de leur famille,z optimiser le parcours thérapeutique.

Dans cette optique, la conception du nouveau bâtiment a associé tous lesgrands acteurs de l’IPC, mais aussi le comité Patients. Un soin tout particuliera été porté à l’accessibilité et à l’accueil. z IPC3, mais aussi l’ensemble du site de l’IPC, sera entièrement

accessible aux personnes à mobilité réduite par la création de rampes d’accès et d’un dépose-minute dédié.

z Spacieux et lumineux, les espaces d’accueil et d’attente offriront une convivialité que le bâtiment actuel ne permet pas.

z L’hôpital de jour s’ouvrira sur une cafétéria et des terrasses extérieures. z Un salon d’attente a été prévu pour les familles

à l’étage de la réanimation. z Au niveau des blocs chirurgicaux, des bureaux permettront

aux chirurgiens de recevoir les familles.

Marche en avant Autre innovation majeure, le parcours thérapeutique qui sera organiséselon un système de « marche en avant ». Si sa santé le permet, le patientarrivera dans l’unité de chirurgie debout. Il patientera dans un salon d’accueil,et non plus sur un brancar d, dans un couloir. Une totale réorganisationde la prise en charge, plus digne et moins stressante. Le chantier s’inscrit dans la dynamique du développement d’une chirurgieambulatoire, qui permet au patient d’entr er le matin de l’intervention et de rentrer chez lui le soir.

Un bâtiment dans l’air du temps Par ailleurs, outre sa technicité intérieur e, en liaison avec le haut degré de performance médicale attendu, IPC3 a été conçu selon une démarchede qualité environnementale. Les ef forts ont porté, entr e autres, sur leconfort acoustique avec le renforcement de l’isolation phonique des locauxqui sont source de bruit, le confort v isuel avec l ’apport de la lumière naturelle qui a été privilégi é, le confort olfactif et la qualité de l’ air. Enfin, dans un souci de sécurité, IPC3 va bénéficier d’un traitement para-sismique.

De même, l’ambiance des espaces, tant intérieurs qu’exté rieurs, se veut qualitative : auvents, brise-soleil, esplanade de plain-pied entr e les tr ois bâtiments accueillant le public, convivialité des espaces non fonctionnels etde détente. Enfin, le projet architectural valorise l’accès par des circulationsdouces, de façon à favoriser les déplacements les moins polluants.

Equipements de pointez Tomographie (TEP SCAN) de dernière génération

- Coût global d’acquisition : 2,4 millions d’EurosOutil de diagnostic, la TEP peut déterminer si une anomalie décelée lors d’une radiographie ou d’une échographie est bénigne ou maligne,et détecter des anomalies métaboliques avant les autres techniques.

z Curiethérapie

- Coût global d’acquisition : 150 000 EurosLa curiethérapie est une technique de radiothérapie au contact de la tumeur. Elle cible la tumeur de l’intérieur, et est bien adaptée au traitement de tumeurs de petit volume.

z Robot télé-opératoire de dernière génération

- Coût global d’acquisition : 1,8 millions d’EurosPour la chirurgie des cancers gynécologiques, urologiques et digestifs,le robot est plus précis et moins agressif. Premier centre de lutte contre le cancer en France à s’être équipé, l’IPC prévoit l’acquisition de la dernière génération.

Unités de soins innovantesz Unité de leucémies aiguës

- Coût global d’acquisition : 5 millions d’EurosAprès U2T, unité dédiée aux greffes réputée, l’IPC investit dans une unité pour la prise en charge et la recherche sur les leucémies aiguës.

z Développement de la médecine personnalisée

- Coût global d’acquisition : 10 millions sur 5 ansPour aider une recherche qui, de la fondamentale à la clinique, est au bénéfice du plus grand nombre de patients. La médecine personnalisée, du diagnostic.

Investissement

z Coût total : 35 millions d’euros z Investissement IPC : 13 millions d’eurosz Participation Conseil Général : 13 millions d’eurosz Participation CPAM : 8,6 millions d’euros

IPC3 11 000 m2

z Hôpital de jour chirurgical : 20 litsz Hôpital de jour médical : 53 litsz Plateau bloc opératoire : 11 sallesz Réanimation et surveillance continue : 20 lits

Le projet en quelques chiffres

Budget et financement

34

AGENDA DE L’IPCLes Réunions de Concertation Pluridisciplinaire : bons élèves en PACA 5 284 Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) ont été organiséesen 2010 au sein des 18 centres de coordination en cancérologie des régionsPACA, Corse et Monaco.

Au cours de ces RCP, les dossiers de 49 691 patients ont été discutés, dont 38 668 patient s en phase ini tiale. Au total, plus de 64 884 fichesRCP ont été enregistrées.

La RCP est un lieu d'échanges entr e spécialistes de plusieurs disciplinessur les stratégies diagnostiques et thérapeutiques en cancér ologie, sur les dossiers des patients pris en charge. Organisée par un établissement,un groupe d'établissements ou un réseau de cancérologie, dans le cadredes centres de coordination en cancérologie (3C), la RCP constitue un élémentessentiel de l'organisation des soins en cancérologie. L'évaluation régulièredes RCP doit r endre compte d'une amélioration continue de la qualité des soins et du service médical rendu au patient.

Ces réunions ont lieu grâce à l’implication déterminante des professionnelsde santé. Les résultats de l'enquête nationale IPAQSS RCP 2010 (HAS /INCa) révèlent qu'en région PACA :

z l'exhaustivité du passage en RCP est supérieure à la moyenne nationalepour près de deux tiers des établissements autorisés,

z le respect de la pluridisciplinarité est supérieur à la moyenne na tionaledans plus de la moitié des établissements.

Source : rapport HAS-INCa septembre 2011

Cancer et personnes âgées : les acteurs de santé de PACA labellisés Le groupement de coopération sanitaire réunissant l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille et l’Institut Paoli-Calmettes, vient d’êtr e labellisépar l’INCa unité de coordination en oncogériatrie (UCOG) pour l’ouest dela région PACA.

Objectifs ? L’UCOG PACA ouest veut favoriser l’accès à l’oncogériatrie despatients âg és a tteints d e c ancer, d ont l e n ombre e st e n c onstante augmentation, d iffuser l es s avoir-faire e n f ormant l es p rofessionnels de santé, contribuer à la recherche en oncogériatrie. Cette nouvelle entitérégionale va poursuivre le travail de l’équipe mixte Institut Paoli-Calmettes /Centre Gérontologique Départemental Montolivet, à l’origine de l’unitépilote de coordination en oncogériatrie (UPCOG) créée en 2006 suite à un 1er appel à projets de l’INCa.

Janvier

z Journée patients greffés

La 4ème édition de la journée patientsconsacrée à la greffe de moelle se tiendra samedi 28 janvier 2012. Le Marseille Pulmann

Palm Beach sera le lieu de rendez-vous, ce jour-là pour tousles patients greffés et leurs proches, en présence des équipes de l’Unité de Thérapie cellulaire et de transplan-tation de l’IPC, en présence des équipes dédiées à l’IPC.

Au programme de cette journée, un bilan sur les réunions précédentes,des témoignages, notamment autourde thèmes tels que la fertilité aprèsgreffe allogénique et la sexualité seront abordés. La recherche de financement des nouveaux projetssera également à l’ordre du jour.

La veille, soit le vendredi 27 janvier, se tiendra la journée annuelle professionnelle organisée parle Département de Psychologie Clinique.

z DU Psycho Les cancers : histoire naturelle, génétique, anthropologique,familiale et cliniqueJeudi 5 janvier

z DU Cancéro CliniqueCancer du sein : traitement loco-régionalJeudi 12 et vendredi 13 janvier

z Soirée Ville-Hôpital GastroJeudi 19 janvier

CENTRE GERONTOLOGIQUEDEPARTEMENTAL

VIE

DE

L’IP

C

BREV

ES ..

.

35

z 3ème Journée Nationale des Psychologues, Psychiatres et Psychanalystes d’Onco-Hématologie et Greffes AllogéniquesVendredi 27 janvier

Février

z DU Psycho :Les cancers et la vie psychiqueJeudi 2 févr ier

z DU Cancéro Clinique :Actualité dans la priseen charge infectieuse des patients atteints de cancerVendredi 17 févr ier

z DU Psycho Cancer et identitéJeudi 23 févr ier

Mars

z DU Psycho :Cancer, soins palliatifs et mortJeudi 15 mars

z Soirée Ville-HôpitalJeudi 22 mars

z DU Cancéro Clinique Nouveauté sur les thérapeutiquesciblées en hématologieVendredi 23 mars

En mai, c 3C

Le Centre de Coordination en Cancérologie organise sa 3ème réunion d’échanges sur le Dispositif d’Annonce et de Parcours vendredi 4 mai 2012.

Au programme de cette journée, uneinformation sur la « thrombophlébiteet cancer » et des séances de Communications Libres animéespar des infirmières de la région PACA-Corse sur les thèmes du parcours coordonné du patient (relation ville-hôpital et mise en place du PPAC (Programme Personnalisé Après Cancer) et l’accompagnementpendant et après le cancer).

Téléphones mobiles et risques de cancer Les téléphones portables augmentent-ils les risques de cancer ?

La question n’est pas nouvelle, mais elle fait l’objet d’une étude publiéepar l’INCa. De nombr euses études aux résultats contradictoir es ont étépubliées déjà, sans apporter de réponse probante. Dans ce contexte, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OrganisationMondiale de la Santé (OMS) a classé en mai 2011 les ondes électr oma-gnétiques émettant dans le champ des radiofréquences y compris ceuxémis par les téléphones portables et sans fil, comme « peut-être cancérogènespour l’homme », sur la base d’une augmentation de risque de gliomes(tumeurs cérébrales) et de neurinomes de l’acoustique associé à l’utilisationde téléphone sans fil. Le lien entre exposition au téléphone mobile et tumeurscérébrales est faible (car il ne s’appuie que sur des études épidémiolo-giques suggérant des excès de risques), mais crédible.

Déjà, en 2002, le CIRC avait souligné le risque pour les enfants sur le fonde-ment d’arguments épidémiologiques relatifs au nombre de leucémiesaiguës chez l’enfant. Compte tenu de l’état actuel des connaissances, les autorités sanitaires françaises indiquent, pour leur part, qu’aucune preuvescientifique ne permet aujourd’hui de démontrer un risque pour la santé,tant pour les adultes que pour les enfants. Mais les dizaines d’enquêtescomportent trop de biais pour être probantes. En conséquence, elles recom-mandent une approche de précaution :

z éviter les conversations inutiles ou trop longues ;

z téléphoner de préférence dans les zones dans lesquelles la réception est à son maximum : lorsque la réception est faible, la puissance d’émission est maximale ;

z encourager les enfants et les adolescents à un usage modéré du téléphone mobile ;

z éviter de téléphoner en se déplaçant afin que l’appareil ne cherche pas un nouveau relais ;

z éloigner l’appareil des zones sensibles du corps. Un kit piéton limite l’exposition de la tête.

Ce sont ces mêmes recommandations de prévention qui ont été préconisées par le CIRC en juin 2011.

L’équipe

de l’Institut

Paoli-Calmettes,a le plaisir de vous

souhaiter de bonnes fêtes

de fin d’année et vous adresse

ses meilleurs vœux

pour l’année 2012