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Une tribune internationale de Franklin Nyamsi Paris, France Professeur agrégé de philosophie aux sources de la nouvelle Côte d’Ivoire La révolution politico-spirituelle du 19 septembre 2002:

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Une tribune internationale de Franklin NyamsiParis, FranceProfesseur agrégé de philosophie

aux sources de la nouvelle Côte d’Ivoire

La révolution politico-spirituelle du 19 septembre 2002:

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L’histoire, disait Lénine, a tendance à se répéter d’une bien étrange façon. Elle se livre d’emblée comme farce, avant de se redoubler comme tragédie. Fort justement, l’actualité ivoirienne, en ce quatorzième anniversaire des événements du 19 septembre 2002, semble reflé-ter à merveille la métaphore de Lénine. Comment donc, me diriez-vous? Dans une oraison élogieuse, désormais historique, délivrée devant la cour royale de l’Indénié à Abengourou en mars 2013, le ministre d’Etat de l’Intérieur Hamed Bakayoko, saluant son ancien patron, le président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, le Très Hono-rable Guillaume Soro, soulignait à juste propos, et avec force images et emphase, les fruits indéniables de la lutte des Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire pour la restaura-tion de la démocratie actuelle: l’identification officielle de l’ensemble des Ivoiriens et la conduite de la transition politique vers les élections décisives de 2010, gagnées haut la main par l’actuel président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Alassane Ouattara. Dans la même célèbre allocution dédiée au président de l’Assem-blée Nationale, le natif de Séguéla allait même jusqu’à saluer sa maturité, son sens de l’Etat et l’infinie reconnais-sance que son pays lui devrait, pour avoir lutté corps et âme pour que celui qui avait gagné les élections de 2010 soit effectivement celui qui gouverne la Côte d’Ivoire. Au regard de la prospérité actuelle de certaines rumeurs fétides et malintentionnées, instillées dans l’opinion par une intoxication tout autant extérieure qu’intérieure, le penseur ne peut manquer d’héberger de bien ardentes questions: les données de la sociohistoire ivoirienne ont-elles changé depuis lors? L’apport des Forces Nouvelles

à la transformation de la politique ivoirienne a-t-il cessé d’être un fait objectif pour ne devenir qu’une fadaise de mendiants de la reconnaissance politique? Qui a véri-tablement intérêt à nier l’oeuvre titanesque accomplie par ces Ivoiriens intrépides et lucides qui perdirent ou qui risquèrent leurs vies pendant plus d’une décennie pour que la logique politique de l’exclusion soit vaincue en Côte d’Ivoire? Qui ignore les hommages encore plus élogieux de l’ensemble des plus grandes figures de la majorité politique ivoirienne actuelle à la bravoure de Guillaume Soro et de ses compagnons des Forces Nouvelles, pour l’oeuvre de repositionnement de l’en-semble des forces politiques exclues par le régime de l’ivoirité du Front Populaire Ivoirien, dès son avènement au pouvoir, en octobre 2000? L’amnésie, certes, est le masque de la cécité des jouisseurs de l’heure. Mais les fonctionnaires de la mémoire n’en doivent que redoubler d’ardeur dans l’archéologie de la séquence temporelle en cours. Quoique veuille faire croire la vulgate de la gouaille et du mensonge cyniques, il sera difficile de gommer des archives monumentales de l’histoire de Côte d’Ivoire, ce que nous nommons précisément « La révolution spirituelle du 19 septembre 2002 ». L’objet de la présente tribune est, dans cette logique de la fidélité aux traces, de répondre pied-à-pied, à trois questions éminemment actuelles: I) Qu’est-ce qu’une révolution politico-spirituelle? II) En quoi le 19 septembre 2002 ivoirien fut-il une révolution politico-spirituelle? III) Quel est le présent et quel est l’avenir de la révolution politico-spirituelle ivoirienne du 19 septembre 2002?

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Luther King, Mandela, SoroDe la révolution politico-spirituelle: I

L’étymologie de la notion de révo-lution nous ramène aux racines latines du concept. On trouve à sa base, le verbe revolare, qui signifie « revenir en volant, revoler ». On trouve aussi les racines latines du concept dans les mots revolubilis et revolutio, signifiant respective-ment « qui roule en arrière », « révolution, retour ». D’où viennent donc, au coeur de la langue latine, ces idées de mouvement dans l’es-pace, de retour, de cycle d’un corps dans l’espace? Il convient de rappeler d’emblée que le concept de révolution est l’une de ces notions hybrides que le discours sur la politique a pris en charge, après l’avoir notamment importé de l’univers de l’astrono-mie. La révolution, c’est l’action par laquelle un astre accomplit un déplacement, en général de forme circulaire plus ou moins parfaite, avant de revenir dans une position quasi initiale dont il peut repar-tir à nouveau pour une nouvelle rotation autour d’un axe extérieur

comme autour de son propre axe. La révolution de la terre autour du soleil et sur elle-même, selon une trajectoire elliptique et circu-laire, vient alors traduire la notion astronomique de révolution par une illustration expérimentale. Mais, peut-être faut-il déjà remar-quer que la terre, tournant autour d’elle-même et autour du soleil, ne repasse jamais exactement par les mêmes lieux, puisque non seulement, elle décrit une éllipse, mais l’expansion permanente de l’univers, aujourd’hui attestée par la science, achèvement de faire de toute révolution astronomique, un savant mélange du Même et de l’Autre. La terre passe et ne passe pas par les mêmes lieux. Toute révolution astronomique combine donc savamment ainsi, par une in-telligence dont seul l’Univers garde la secret, la répétition de l’identique et l’irruption du nouveau.C’est sans doute cette ambiguïté du concept de révolution qui enri-chira son transfert dans le domaine

des affaires publiques humaines, la politique. La révolution désigne, au sens politique, l’action par laquelle tout ou partie d’une société provoque une rupture radicale avec l’ordre an-cien, mettant littéralement ce qui est en bas en haut et ce qui est en haut en bas. La révolution fait faire un tour à l’ordre social, faisant des dominants d’un temps, des dominés du nou-veau temps et ouvrant ainsi la voie à d’autres changements ultérieurs. Elle remet en cause le statu quo et rem-place celui-ci par un statu quo nou-veau, né de la critique déconstruc-trice ou de la destruction de l’ordre ancien. Mais s’en tenir à cette image de la révolution politique risquerait de la réduire aux dimensions congrues du coup d’Etat, dont la finalité n’est que le remplacement des anciens do-minants par de nouveaux dominants.Il faut donc, dans une révolution poli-tique, que quelque chose de plus profond que les seules identités sociales des dirigeants change. On sort de la seule logique cyclique du remplacement des gouvernants par

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des successeurs plus forts qu’eux. La révolution poli-tique change l’idée même du changement politique, du changement d’hommes au changement des mentalités et des institutions. La révolution politique prétend en réalité porter un changement qualitatif de l’ordre poli-tique, davantage qu’un simple changement des visages de la domination. Elle s’énonce comme l’acte par lequel un groupe met fin à des conceptions et des pratiques sociales considérées comme injustes, pour les substi-

tuer par de nouvelles conceptions et pratiques supposées réparer les torts que les précédentes ont provoqués. Le mode de mise en oeuvre de la révolution dépend de l’idéo-logie révolutionnaire choisie. Si l’on croit que l’homme peut changer l’homme par la seule prédication, par la conviction et par l’exemplarité de la fraternité partagée, on choisit avec Martin Luther King Jr, la voie de la révolution non-violente, qui s’énonce comme suit:

« La non-violence est une arme puissante et juste. Il n’y en a pas de semblable dans l’histoire des hommes, car elle frappe sans blesser et ennoblit celui qui la brandit.

C’est une arme qui sauve. » ( Martin Luther King Jr, Révolution non violente,

Paris, Payot, 1965, 2006, p. 30)

Si à force de subir la barbarie des puissants, l’on peine à croire, devant la violence et l’arrogance sans bornes qui les caractérisent, que la seule conviction morale suffira à les convaincre de pratiquer la justice, on choisit alors avec Nelson Mandela, la voie de la lutte militaro-poli-tique, pour contraindre l’ennemi à renégocier le contrat sociopolitique. Mandela, qu’une certaine vulgate mal instruite agite dans le débat politique comme le chantre radical de la non-violence, affirma dans les années soixante ce qui suit:

La résistance passive non-violente est effi-cace tant que notre adversaire adhère aux mêmes règles que nous. Mais si la manifes-tation pacifique ne rencontre que la violence, son efficacité prend fin. Pour moi, la non-vio-lence n’était pas un principe moral mais une stratégie. Il n’y a aucune bonté morale à utili-ser une arme inefficace » (Nelson, Mandela, cité in http://www.laviedesidees.fr/ La-non-violence-est-elle- pos-sible.html)

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La révolution politique non-violente, comme la révolution politique vio-lente, requièrent toutes une trans-formation au long cours, quoiqu’on en espère. Le changement politique quantitatif et qualitatif requiert une lente mutation des structures psy-chologiques, socioéconomiques, culturelles et politiques remise en cause par le nouvel ordre révolution-naire. Et rien, d’ailleurs, ne dit d’em-blée que le succès des forces révo-lutionnaires soit acquis d’avance contre les forces conservatrices qui sont tout aussi bien de même type que les forces nouvelles. Gérard Chaliand, fin observateur des mou-vements révolutionnaires du Tiers-Monde, fidèle ami d’Amilcar Cabral, remarque donc à juste titre:« Malgré les apparences et l’impatience fondée de ceux qui ont pris conscience des problèmes, la situation glo-bale, pour des raisons his-toriques, sociales , ou grâce à des réformes partielles, ne se modifie que très len-tement. Il est rare, en effet, qu’en dehors des guerres généralisées ou l’autono-mie devient d’autant plus grande que le contrôle des puissances dominantes se

fait moindre, les contradic-tions sociales, à l’intérieur d’un pays formellement indépendant, atteignent un degré d’acuité tel qu’elles provoquent une crise pro-fonde à l’échelle nationale. » ( Gérard Chaliand, Mythes révo-lutionnaires du tiers monde. Guéril-las et socialisme. Paris, Editions du Seuil, 1979, p.14-15 )C’est ce changement lent en pro-fondeur que je nomme ici révolution spirituelle, car il s’agit de la méta-morphose des structures les plus fondamentales de l’humanité en processus révolutionnaire. Comme le passage d’un ADN politique à un autre, cette métamorphose est à la fois reprise de la tradition, rup-ture avec la tradition et invention de l’avenir. L’esprit, c’est le sens ultime d’une entité donnée. Son âme. Sa quintessence. La révolution poli-tico-spirituelle, loin d’être donc un simple changement cosmétique de président des institutions et de ministres, est une redéfinition du vivre-ensemble d’une communauté nationale sur des bases nouvelles, instruites des errements du passé, des nécessités du présent et des exigences de l’avenir. Une nouvelle émergence symbolique. Une révo-

lution spirituelle a dès lors au mini-mum les caractéristiques suivantes: un changement de l’esprit dominant une société, par une rupture de para-digme du vivre-ensemble; une muta-tion psychologique des citoyennes et des citoyens qui révisent radicale-ment leurs perceptions mutuelles; une transformation institutionnelle pro-gressive, reflétant les deux niveaux précédents, par une meilleure prise en compte des aspirations sociales, économiques, culturelles et notam-ment politiques de la communauté politique globale. Ne sont-ce pas ces conditions que remplit précisément la lutte entreprise le 19 septembre 2002, sous la direction de Guillaume Soro, par le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire, devenu plus tard les Forces Nouvelles? Comme Guillaume Soro lui-même l’a précisément rap-pelé dans Pourquoi je suis devenu un rebelle (Paris, Hachette 2005) , c’est après que l’opposition ivoirienne ait échoué dans la voie de Luther King et de Gandhi qu’elle s’est vue dans la contrainte et l’obligation de choisir la voie de Mandela, en se dotant à sa manière, d’un « Umkkonto We Sizwe », « Fer de lance de la Nation », qui s’appellerait Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire.

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La révolution politico-spirituelle du 19 septembre 2002

De fort longue date, il convient d’abord de reconnaître que la situation globale de la Côte d’Ivoire, à la fin des années 80, remplissait toutes les caractéristiques d’une société en phase pré-révolutionnaire. Le modèle socioé-conomique extraverti inspiré des années coloniales, hé-rité par le patriarche Félix Houphouêt-Boigny, avait fait long feu. La logique de l’exportation issue des pratiques d’extraction et d’exportation des matières premières ren-contrait ses limites fonctionnelles. L’Etat-Providence ivoi-rien était essoufflé sous le double coup de boutoir d’une détérioration accrue du prix des matières premières et d’une croissance démographique galopante, mettant les terres surexploitées sous pression constante. La Côte d’Ivoire, incapable de soutenir ses promesses de terre d’espérance et de pays de l’hospitalité, était mena-cée d’implosion. Comment financer la demande sociale énorme, avec des recettes publiques en chute libre? Comment intégrer dans la nation , au risque d’un nouvel équilibre des forces politiques, toutes les vagues d’immi-grants économiques africains qui s’étaient mixées aux populations ivoiriennes des villes et des campagnes, des années coloniales aux années 80? Deux idéologies concurrentes se dressèrent alors dans le pays, pour faire face à cette crise sociale, économique, politique et culturelle. D’une part, l’idéologie politique de

l’ivoirité. De l’autre, l’idéologie technocratique du gou-vernement libéral. La première tranchait dans le vif de la société ivoirienne cosmopolite. Devant la baisse des moyens de l’Etat, il faudrait désormais réserver la Côte d’Ivoire aux vrais ivoiriens. L’Etat devait, pensait-on, se mettre au service exclusif d’une préférence nationale, aux accents d’akanité, qui se dotait d’une mémoire my-thologique puissante, en s’enracinant au besoin dans la grande Egypte Pharaonique antique…La société ivoi-rienne se cliva aussitôt en deux camps. Celui des vrais ivoiriens, et celui des ivoiriens soupçonnés de nationalité douteuse. D’une part, les Ivoiriens de souche multisécu-laire, de l’autre, les Mossi, les Boyordjan, les Etrangers. La seconde idéologie, quant à elle demandait à dégrais-ser le Mammouth étatique ivoirien, infligeant une cure d’amaigrissement social, culturel, politique et économique à l’Etat providence d’alors. Incarnée par le technocrate Alassane Ouattara, cette politique de rigueur, inspirée par les recettes du FMI et de la Banque Mondiale devait également se heurter aux réticences fortes de la nou-velle Côte d’Ivoire diversifiée. La cure d’amaigrissement infligée à l’Etat-providence laissa de profondes blessures narcissiques dans les corporations dégraissées du pays. La situation de la paysannerie et de la classe ouvrière ne s’améliora guère, dans l’un comme dans l’autre modèle.

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La classe moyenne ivoirienne, frappée de plein fouet par la dévaluation du CFA, une monnaie partiellement pilotée par les autorités africaines, s’engouffra alors dans le flot contestataire des mouvements démocra-tiques des années 90.

La Côte d’Ivoire, en 1999, était une société bloquée par l’échec des deux modèles identitaire et libéral, testés dans les années 90. Jean-Pierre Dozon, décrivant cette période d’impasse, écrit:

« Mais c’est également et peut-être surtout l’interrogation de la société ivoirienne sur elle-même et, plus précisément, la manière dont certaines de ses composantes et de ses élites se sont employées à vouloir la redéfinir, spécialement sous le terme d’ivoirité, qui en ont fortement accru les tensions, les déchirements et qui l’ont pré-cipitée sur cette pente fatale de toujours plus de ressentiments et de violence. »( Les intellectuels ivoiriens face à la crise, Idriss Dia-baté, Ousmane Dembélé, Francis Akindès, Paris, Kar-thala, p.11)

On peut lire la séquence historique de 1999 à 2010 sous le prisme de ce double échec politique collectif des Ivoiriens. Les insatisfaits socioéconomiques dans le pays n’ont cessé de voir grossir leurs rangs, qu’ils soient des « vrais » ou des « faux » ivoiriens. La haine de l’Autre, campé sous les traits du Nordiste, du Boyor-djan, du Mossi, de l’Etranger en général, devient une forme paradigmatique de la vie quotidienne. La bouc-émissarisation des Etrangers sert désormais d’exutoire à l’impuissance collective ivoirienne. Le vivre-ensemble

des Ivoiriens devient impossible. Le Coup d’Etat du Gé-néral Guéi contre le régime Bédié le 24 décembre 1999 révèle alors la montée en puissance de nouvelles forces sociales, déterminées à en découdre d’une manière ou d’une autre avec l’ordre ancien. D’une certaine façon, l’hé-sitation du Général Guéi entre le discours ivoiritaire et le discours technocratique libéral montrera bien évidemment son incapacité à résoudre l’équation nationale ivoirienne. Embourbé dans la querelle du OU et du ET, il finira sous les balles assassines des Escadrons de la Mort du régime de Laurent Gbagbo le 19 septembre 2002. On peut lire utilement le livre-témoignage de Joachim Beugré sur cette question, pour comprendre pourquoi les effectifs militaires de la rébellion de septembre 2002 seront en bonne par-tie composés des exclus de l’aventure putschiste de dé-cembre 1999. Beugré décrit avec minutie « les dix mois de transition chaotique » du Général Guéi avant de mener son enquête sur la naissance de l’organisation du MPCI. ( Voir l’ouvrage CÔTE D’IVOIRE 2002. Les dessous d’une rébellion, Paris, Karthala, 2012, p. 25-34).

Il y avait décidément quelque chose de neuf qui cher-chait à s’exprimer en Côte d’Ivoire. Ainsi, les nouvelles énergies sociales ivoiriennes ne désespérèrent pas de

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reprendre la main et d’offrir de nou-velles perspectives au blocage global du pays. Le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoireentre en scène le 19 septembre 2002, pour remettre le pro-cessus démocratique et républicain du pays sur les rails. Guillaume Soro et ses camardes, l’histoire le retiendra, affrontèrent courageusement, du nord au sud, de l’est l’ouest, en passant par le centre, les forces régulières à la solde du régime FPI de Laurent Gbag-bo et conquirent, bon an mal an, 60% du territoire national ivoirien au bout du compte. Il n’est point question ici de revenir sur les péripéties tactiques et stratégiques des batailles de 2002 à 2004 notamment. D’autres occasions nous seront offertes d’en écrire l’his-toire documentée. Focalisons-nous ici sur la dimension spirituelle de l’opéra-tion, en termes de transformations pro-fondes occasionnées par cette action héroïque dans l’Histoire de ce pays.En effet, non seulement la Côte d’Ivoire, de politique libérale en poli-tique libérale, semait des millions de laissés-pour-compte sur les chemins, en contexte de corruption et de né-potisme d’Etat généralisés, mais en plus, la violence d’Etat, pour motifs identitaires affichés, batttait tous les records de Terreur. Pour Guillaume Soro et ses camarades, il s’agira dès lors, ni plus, ni moins que de procéder à une véritable révolution politico-spi-rituelle, dont les principaux axes sont: la rupture assumée avec le paradigme ivoiritaire au nom de l’affirmation concurrente d’une république diver-sifiée et pluraliste; la mise en oeuvre de l’égalité citoyenne par l’intégration des jeunes, des femmes, des paysans, des ivoiriens métissés d’étrangers, des ouvriers et des intellectuels dans la classe politique; enfin le rééquili-brage et le reprofilage des institutions sociales, économiques, culturelles et politiques de la Côte d’Ivoire en vue de son émergence dans la modernité du 21ème siècle. Nous nous appesanti-rons à présent sur chacun de ces trois points.

Rupture de paradigme ivoiritaire et promotion

Issu du monde des luttes syndicales universitaires, Guillaume Soro, mieux que l’ensemble des soldats de la résistance ivoirienne en début 2001 au Burkina Faso, avait pris la mesure de la profondeur du mal ivoi-rien. Il savait que le salut de la Côte d’Ivoire passerait par une double rupture paradigmatique: d’une part, il faudrait opposer à l’idéologie exclusive de l’ivoirité, l’idéologie inclusive de la république fraternelle, hospitalière et panafricaine de l’houphouetisme, et d’autre part, il fau-drait contrebalancer le néolibéralisme inspiré par le FMI et la Banque Mondiale par une économie sociale de marché entièrement dédiée au service de l’humanité ivoirienne. Anti-ivoiritaire viscéral, Soro, très proche du RDR dès 1994, puis militant du RDR dès 2000, s’était démar-qué de la totalité de la classe politique ivoirienne en juillet-août 2000 en s’opposant à la constitution discriminatoire promue par la junte Guéi-FPI. Mieux encore, Soro avait subi, avec la jeunesse ivoirienne des années 90, la violence des politiques néolibérales inspirées par le FMI et la Banque Mondiale. Ces cures d’amaigrissement qui s’attaquent au panier de la ménagère, aux droits sociaux et aux missions régaliennes de l’Etat à visage humain. Il avait connu la misère des campus plétho-riques, l’injustice des bourses clientélistes, l’arrogance des nés-avec-une-cuiller-à-la- bouche. Issu de la petite classe moyenne ivoirienne avec un père technicien d’agriculture et une mère ménagère, Soro avait très tôt pris conscience de la crise de solidarité qui paralysait la Côte d’Ivoire. Il l’expliquera en des mots très simples dans son livre de 2005:

« J’ai pris les armes pour que mon pays retrouve

son vrai visage: paix, liberté, prospérité. »

( Voir Pourquoi je suis devenu un rebelle, Paris Hachette, 2005, p. 157

a du paradigme de la république inclusive

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Dans le triptyque paix, liberté et prospérité, toute la vision de Soro et de ses compagnons du MPCI pour la Côte d’Ivoire s’exprime. La paix et la liberté recherchée concernent la lutte explicitement menée contre l’idéo-logie d’exclusion politique et de mort incarnée par le régime d’alors de Laurent Gbagbo. Mais la prospérité,

c’est le rappel en contrepoint de l’exclusion socioéconomique continue en Côte d’Ivoire, depuis la crise économique des années 80. Exclusion insidieuse qui fabrique le chômage, l’exode rural, la massification des bidonvilles, les grandes pandémies et endémies, la pauvreté du grand nombre, la détresse sanitaire, la sous-éducation, la désespérance .

La mise en oeuvre de l’égalité citoyenne contre les hiérarchies gérontocratiques, ethniques, phallocratiques et socioéconomiques

C’est un aspect fondamental de l’action du MPCI/FN qu’il nous convient à présent de souligner. Il ne s’agissait pas seulement de libérer la Côte d’Ivoire de l’ivoirité. Soro a incarné et incarne dans son pays, la volonté des jeunes, des femmes, des pauvres, des orphe-lins, des veuves et des étrangers de vivre dans leur chair la Côte d’Ivoire comme « terre d’espérance et pays de l’hospitalité ».

Certes, dans cette incarnation Guillaume Soro fut éminemment précédé par le président Alassane Ouattara, porte-parole des exclus de Côte d’Ivoire dès le début de la crise successorale de l’après Hou-

phouët en 1989. ADO, comme on le nomme affectueusement, paya au prix lourd le fait de ne s’être pas agenouillé devant le veau d’or ivoiritaire, d’avoir cru en la force de la science et de la technique pour sauver la Côte d’Ivoire, et d’avoir voulu prendre en main une véri-table démocratisation de ce pays. On traîna son nom et celui de sa famille dans la pire gadoue de l’his-toire de Côte d’Ivoire. On alla même jusqu’à exhumer sa regrettée mère pour le détruire moralement. On stigmatisa toutes les populations du Nord pour s’assurer qu’il en pâtirait au point de renoncer à ses droits politiques. On lui servit force pro-cès manipulés et mandats d’arrêts

internationaux. N’est-ce pas pour cette raison précise que Guillaume Soro, conscient de cette grandeur, enjoignit à ses camarades des Forces Nouvelles réunis en conclave de ne pas muer leur mouvement en parti politique, afin que le grand lutteur républicain que fut Alas-sane Ouattara puisse garder franches ses coudées pour l’avenir? Nous pouvons à présent revenir au centre de notre propos sur la labeur d’inclusion multisectorielle des Forces Nouvelles. Dans une Côte d’Ivoire où une certaine idéologie gérontocratique africaine, dif-fuse dans tous les partis, tend à faire croire que les fonctions politiques sont réservées naturellement aux plus vieux de la société, l’action des Forces Nou-

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velles aura d’abord contribué à déniaiser la jeunesse quant à sa capacité d’assumer le présent et l’avenir du pays. Premier Ministre à 35 ans, et jugé de « meilleur premier ministre » par son ad-versaire Laurent Gbagbo, alors Chef de l’Etat, Soro a définitive-ment décomplexé sa génération ivoirienne et africaine, comme Barack Obama a décomplexé les citoyens noirs du monde entier. Dans une Côte d’Ivoire où une certaine idéologie phallocratique maintient encore les femmes recluses derrière les fourneaux, dans le droit pervers de cuissage et sur les tables d’accouchement, le mouvement de société enclen-ché par les Forces Nouvelles a donné à voir des femmes combat-tantes pour leur liberté, engagées dans l’action gouvernementale, et mieux encore, reconnues comme égales de leurs partenaires mâles dans les foyers qui les unissent. Les lois révolutionnaires de la lé-gislature Soro I sur l’égalité matri-moniale en attestent. Dans une Côte d’Ivoire prise en otage par l’égrégore diabolique de la xénophobie qui avait trans-formé l’étranger africain en paria, et littéralement désigné le Mossi comme l’emblème de la bassesse humaine permanente, les Forces Nouvelles de Guillaume Soro ont non seulement protégé et réhabi-lité les millions de burkinabé de Côte d’Ivoire, mais elles sont de plus redonné au panafricanisme tout le lustre que l’anticolonia-lisme dogmatique des gbaboistes de Côte d’Ivoire et d’Afrique cultivent encore, toute contradic-tion et toute honte bien bues.(Voir notre ouvrage de 2012, Pour un anticolo-nialisme critique et contre l’anticolonialisme dogma-tique, Abidjan, Balafons, p. 39)

Dans une Côte d’Ivoire encore dé-pendante d’une forme de contem-plation béate de la mondialisation et de ses différentes révolutions technologiques, les Forces Nou-velles puis l’Assemblée Nationale version Soro auront assumé toutes les mutations tactiques et straté-giques leur permettant de s’inscrire sans vergogne dans une économie-monde caractérisée par la créati-vité, la réactivité, la communicativité et l’opérationnalité maximales. Et l’entrée massive de jeunes cadres ivoiriens dans les armées et po-lice, la douane, les différents corps d’Etat, les entreprises nationales et multinationales, dans la deuxième partie des années 2000, doit aussi une fière chandelle aux Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire, qui de fait, ont naturellement innervé et se sont immergées symbiotiquement dans la majorité laborieuse et silen-cieuse du peuple de Côte d’Ivoire.

Dans une Côte d’Ivoire confrontée à une formidable demande sociale, économique et culturelle, notam-ment de la part des Ivoiriens les plus jeunes, comment nier que la génération Soro incarne bel et bien le maillon rassembleur qui saura aspirer et exprimer la mutation posi-tive dont ce pays a besoin pour faire

face à ses défis dans les décennies imminentes? Enfin, et c’est le nec plus ultra, dans une Côte d’Ivoire longtemps prison-nière des schémas appauvrissants de constitution exportée de la cin-quième république française, c’est la lutte des Forces Nouvelles qui oblige Gbagbo et le FPI à se rasseoir à la table de négociation, notamment dès 2003, pour commencer en réalité la réécriture incluse de la loi fondamen-tale de Côte d’Ivoire que le président Alassane Ouattara a repris de main de maitre en cette année 2016. Comment nier dès lors, le rôle décisif de l’esprit du 19 septembre 2002 dans la confi-guration de la nouvelle Côte d’Ivoire actuellement en parturition pour une Constitution juste et durable?

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En guise de conclusion: la révolution politico-spirituelle du 19 septembre 2002 et l’avenir de la Côte d’Ivoire

Il y a une engeance singulière en Côte d’Ivoire, qui se donne un mal fou à dépeindre Guillaume Soro et ses camarades du MPCI/FN comme de vulgaires bandits des villes et campagnes, une horde d’analphabètes, un ramassis de mercenaires étrangers sans foi ni loi, une bande de renégats qui aurait trahi la Mère Patrie après avoir goulûment tété sa mamelle. Les thanatocrates - semeurs de mort- de cette engeance ont leurs plages libres dans la presse bleue ivoirienne et dans ses ex-croissances gbagboistes notamment en Afrique centrale et dans la diaspora parisienne. Comme d’habitude, ces gens ont toujours raison, surtout quand ils ne discutent qu’avec ceux qui pensent comme eux. Que valent leur thèse? Pas grand’ chose, quand on sait que leur grand démocrate devant l’Eternel, Laurent Gbagbo, n’a jamais été démocratiquement élu président de la république de Côte d’Ivoire. Ayant exclu en complicité avec le Général Guéi, le PDCI-RDA et le RDR de la compétition prési-dentielle de 2000, Gbagbo aura dé-légitimé irréversible-ment son intronisation ubuesque et « calamiteuse » à la tête de la Côte d’Ivoire. Mieux encore, en retranchant d’emblée sept régions du décompte final des votes de la présidentielle 2010 au second tour, Gbagbo aura montré qu’il n’avait jamais été, ni voulu être vraiment le président de tous les Ivoiriens. Et voilà comment l’homme, qu’on réhabilite dans les colonnes de sa presse à coups de mensonges, de cynisme et d’amnésie, sortit de l’histoire politique ivoirienne par la petite porte, si ce n’est par une

fenêtre…Il ne faut donc pas s’inquiéter outre mesure des négationnistes et des révisionnistes encagoulés dans les officines disparates du FPI ou plutôt…des FPI de 2016. Que les hiérarques du FPI détestent les Forces Nouvelles d’antan, c’est dans la nature humaine bien comprise. Qui épouse l’Histoire épouse aussi une certaine dose de haine. Le devoir des intellectuels conscients sera donc de traquer et combattre méthodiquement les élucubrations soporifiques des auteurs non-repentis des Escadrons de la Mort en Côte d’Ivoire…La plus insidieuse menace contre la révolution politico-spirituelle du 19 septembre 2002 pourrait cependant venir de l’absence de cohésion et de cohérence de la grande famille houphouétiste elle-même, où deux sortes d’adver-saires de l’émergence ivoirienne persistent à se tapir. Les houphouétistes intellectuellement honnêtes savent bien qu’ils n’auraient jamais acquis le pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire en 2010-2011 sans le combat intermédiaire et sacrificiel des Forces Nouvelles, matérialisé notamment dans les Accords de Ouagadougou de 2007 et dans la mère des batailles de mars-avril 2011. Mais, par un effet de mode incongru, on trouve hélas parmi eux des langues égarées qui s’évertuent à cracher sur les lutteurs de la liberté, alors même qu’elles font partie des profiteuses de la prospérité conquise par cette lutte. D’une part, les anciens défenseurs intellectuels et poli-tiques de l’ivoirité, tranquillement assis dans bien des cénacles du PDCI-RDA, d’où ils jouissent tranquillement

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des ors et lambris du pouvoir d’Etat, sans s’être jamais excusés d’avoir précipité ce pays dans l’Enfer identi-taire des années 90. Loin de suivre l’exemple haute-ment pédagogique du président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, qui a renoncé à l’idéologie ivoiritaire pour la cause d’une république ivoirienne inclusive et apaisée, ces caciques endurcis, à l’image d’un KKB ou d’un Essy Amara, sont comme une arrière-garde conservatrice qui constitue une mauvaise hypothèque sur l’avenir de ce pays. D’autre part, prospère malheu-reusement un certain nombre de cadres Républicains, qui nourrissent par déclarations sibyllines interposées et ingrates, une certaine méfiance, pour ne pas dire une animosité envers leurs propres camarades issus des Forces Nouvelles, uniquement parce qu’ils savent qu’une relève générationnelle dans ce pays ne saurait honnêtement se faire en passant par pertes et pro-fits, Guillaume Soro et la génération émergente qu’il incarne. L’avenir radieux de la Côte d’Ivoire passera pourtant, c’est incontestable, par la cohésion et la co-hérence du RHDP. L’intérêt général ne s’incarne que dans un acte de transcendance. L’évidence, dès lors, saute aux yeux. La révolution du 19 septembre 2002 menée par les Forces Nouvelles de Guillaume Soro est en réalité l’antichambre origi-

nelle et originale du citoyen ivoirien détribalisé, dé-fana-tisé, dé-xénophobisé, stabilisé dans un bien-être fécond, démocratisé en âme et conscience, panafricanisé, et mon-dialisé par la conscience des grands enjeux planétaires de l’humanité. La chose, dans sa nouveauté, devrait rendre compréhensible la foire aux néologismes qui parachève la présente réflexion. La vision spirituelle qui la galvanise , s’exprime si bien, une fois de plus dans les mots suivants de Guillaume Soro, visionnaire:

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A cette hauteur de vue, comment douter que la révolution politico-spirituelle du 19 septembre 2002 soit l’un des gages essentiels de l’espérance ivoiro-africaine? Telle est notre intuition. Au siècle d’en débattre ou d’en prendre tout simplement acte.

( Guillaume Soro, Pourquoi je suis devenu un rebelle, op. cit., p. 157 )

« Je suis convaincu que le développement de l’Afrique passe par l’union des Afri-cains. Notre pays, qui ras-semble une incroyable di-versité d’ethnies et qui tire justement sa richesse de cette diversité, peut sym-boliser cette union mieux que tout autre »