La Révolution néolithique -...

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SDAC. Edition, 2006. 1 La Révolution néolithique Dessin Laurent Verrier dans le Calvados et en Normandie Service Départemental d’Archéologie du Calvados

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SDAC. Edition, 2006. 1

La Révolution néolithique

Dessin Laurent Verrier

dans le Calvados et en Normandie

Service Départemental d’Archéologie du Calvados

SDAC. Edition, 2006. 2

Présentation.

Le but de ces « Dossiers et Documents » est de fournir aux enseignants des écoles, des collèges et des lycées, une documentation textuelle et iconographique leur permettant d’utiliser au mieux les données récentes de la recherche archéologique départementale pour construire une séquence ou une leçon correspondant à un point du programme d’Histoire. Cette réalisation, consacrée aux sites néolithiques du département du Calvados et, plus largement, de Normandie, a été conçue dans le cadre des programmes d’Histoire des classes de 6e. Elle peut cependant être facilement adaptée à d’autres niveaux de classes ou à d’autres types d’enseignement. Le travail avec les élèves peut aussi être un préalable, ou un approfondissement, à une visite. Trois lieux sont facilement accessibles aux groupes scolaires : Deux sites majeurs du département sont à visiter en autonomie :

- le site du Mont-Joly à Soumont-Saint-Quentin où l’on découvre un éperon barré et des polissoirs néolithiques (renseignements et questionnaires au musée de Vieux-la-Romaine, 02.31.71.10.20), - le tumulus de Colombiers-sur-Seulles qui est un des monuments funéraires néolithiques les plus remarquables de Normandie. (renseignements et questionnaires au musée de Vieux-la-Romaine, 02.31.71.10.20),

Le Musée de Normandie, à Caen, vient d’inaugurer sa nouvelle salle sur la période préhistorique. Il présente les principales étapes de la Préhistoire dans la région. (renseignements, questionnaire et réservations au musée de Normandie, 02.31.30.47.60, [email protected])

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Proposition de démarche

PROBLEMATIQUE

• Bien que le Paléolithique ne soit plus au programme,

il convient toutefois de rappeler que l’histoire humaine ne commence pas avec la Révolution néolithique.

• La leçon doit d’abord permettre d’expliciter la

notion de « Révolution ». De là découle la problématique centrale de la séquence : quels sont les grands changements intervenus au

Néolithique ?

OBJECTIFS DE CONNAISSANCES

• Connaître les conséquences de la « découverte » de

l’agriculture (sédentarisation, modification de

l’environnement) • Connaître la date de cette « révolution ». • Associer « Néolithique » à ces changements. • Comprendre que le tumulus marque l’appropriation

d’un territoire.

OBJECTIFS DE METHODES

• Trouver des informations dans un document.

• Associer plusieurs informations de documents différents.

• Savoir établir des relations simples entre des phénomènes économiques (naissance de l’agriculture, de l’élevage), sociaux (apparition des

villages, des nécropoles) et géographiques (utilisation et aménagement d’un terroir).

OBJECTIFS COMPORTEMENTAUX

• Prendre conscience de la nécessité de signaler

toute découverte aux services archéologiques compétents. Des liaisons sont ici possibles avec le programme d’Education Civique à travers la notion

de « patrimoine archéologique » menacé par des travaux agricoles, urbanistiques, etc..

DEMARCHE ET SUPPORTS

• Après avoir localisé les sites (Carte), on peut partir

des outils paléolithiques qui permettent de faire comprendre que les premiers hommes vivaient de la chasse (et de la cueillette) (document 1). Le nomadisme est défini et associé à ce mode de vie.

• Avec un des documents 2 (4 choix possibles), on montre que les hommes adoptent l’agriculture et modifient le paysage naturel.

• Le document 3 permet de mettre le doigt sur une conséquence de la révolution néolithique : la

sédentarisation. Celle-ci est aussi identifiable dans l’étude d’un tumulus (document 4), avec lequel on peut en plus évoquer l’appropriation du territoire.

• Les documents 5 (3 choix possibles) amènent à

aborder le travail des archéologues : quelles informations tirer des découvertes de nécropoles sur la religion ou la société ?

• Une conclusion, sous forme de texte ou de schéma, permet d’identifier les relations de cause à effets

entre la révolution néolithique et ses conséquences, tout en insistant sur la grande part faite à l’hypothèse.

Cette conclusion peut fournir ensuite le point de

départ à une deuxième séance au cours de laquelle on localisera les grands foyers de néolithisation dans le monde (des cartes de ce type figurent dans tous les manuels). Des repères chronologiques peuvent également être placés sur un axe construit par les élèves. On peut souligner le fait que les civilisations néolithiques sont multiples : elles diffèrent selon le lieu et l’époque où elles se sont développées. De plus certaines civilisations n’ont pas adhéré à cette « Révolution néolithique » (Inuits des régions arctiques, Bochimans d’Afrique australe, Papous de Nouvelle-Guinée etc....).

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COMPLEMENTS POUR LES ELEVES • Visite du site de Colombiers-sur-Seulles, près de

Creully. Ce tumulus, ouvert toute l’année et accessible en bus (parking aménagé), permet d’aborder les mêmes thèmes que dans ce dossier. Un atelier Préhistoire, avec un animateur (payant) est possible sur place. Des questionnaires sur le monument et sur l’environnement (cours de Sciences et vie de la Terre) sont disponibles au Musée de Vieux-la-Romaine et sur le site internet du Service d’Archéologie du Calvados.

• Visite du site du Mont-Joly, à Soumont-Saint-Quentin.

Cet éperon barré offre de nombreuses traces datant de la Préhistoire (polissoirs, abris sous roche, rempart), visibles lors d’une petite randonnée dans un cadre exceptionnel. Un atelier Préhistoire, avec un animateur (payant) est possible sur place. Des questionnaires sur le parcours sont disponibles au Musée de Vieux-la-Romaine. et sur le site internet du Service d’Archéologie du Calvados.

• Visite des collections néolithiques du Musée de

Normandie, en particulier la maquette du tumulus de la Hogue à Fontenay-le-Marmion. (musée de Normandie, 02.31.30.47.60, [email protected])

• Exposition itinérante - « Monuments mégalithiques du

Néolithique dans le Calvados » : Les cairns et les menhirs expliqués à travers les exemples connus dans le département (emprunt gratuit au musée de Vieux-la-Romaine).

• Valise pédagogique - « La Préhistoire » : Un panorama

sur l’ensemble des périodes Paléolithique et Néolithique (emprunt gratuit au musée de Vieux-la-Romaine).

• Valises pédagogiques – « La Préhistoire », du musée de Normandie, dont une contient des armes et des outils reconstitués.

DES OUVRAGES POUR LES ELEVES A EMPRUNTER A

LA BIBLIOTHEQUE PEDAGOGIQUE DU MUSEE DE

VIEUX-LA-ROMAINE

• MONNIER J.-L., Les hommes de la Préhistoire, éd.

Ouest-France, 2002. • DEARY T. et BROWN M., L’Age de Pierre, éd. Milan

Jeunesse, 2003 . • La Préhistoire, éd. Le Sorbier, 2000. • SOUVENIR S., La Préhistoire. 1. Les Ages de la

Pierre, Document pédagogique n°2, éd. du Cédarc, Treignes (Belgique), 1997.

• DELOBBE K., Les premiers paysans, éd. PEMF, 1996.

DES OUVRAGES POUR LE

PROFESSEUR A EMPRUNTER A LA BIBLIOTHEQUE PEDAGOGIQUE

DU MUSEE DE VIEUX-LA-

ROMAINE

• ROUZAUD A., La Préhistoire, Les essentiels Milan,

1996. • VERRON G., Préhistoire de la Normandie, (Extrait de

La Préhistoire Française, CNRS 1976), CRDP Caen, 1980.

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Supports proposés :

Carte de localisation des sites

Cette carte localise les sites du Calvados étudiés dans ce Dossiers et Documents. Document 1 : des outils du Paléolithique en Normandie.

Ces outils de silex sont caractéristiques de la période qui précède la découverte de

l’agriculture, le Paléolithique. Les hommes qui ont taillé ces pierres vivaient de la chasse et de la cueillette, comme peuvent le déduire les élèves au regard des outils. Ceux-ci servent à chasser (biface et pointe), à nettoyer la peau ou les os (racloirs et grattoirs) ou à travailler les os et les bois (burin). Ces outils proviennent de sites de la vallée de la Seine (Seine-Maritime et Eure), où les découvertes sont nombreuses et bien documentées.

Au classement Paléolithique (période de la « pierre ancienne ») et Néolithique (« pierre nouvelle »), datant du XIXème siècle, les archéologues préfèrent aujourd’hui ajouter une période de transition, le Mésolithique (10 000 - 5 000 environ av. J.-C.), où les hommes vivent toujours de la prédation, chassant en particulier à l’arc les animaux des bois, mais où se mettent en place des éléments de la période suivante, en particulier un début de sédentarisation. Il s’agit d’un phénomène de néolithisation complexe, relativement mal connu dans la région. Document 2 : les restes de graines et de fruits trouvés sur le site de Colombelles (près de

Caen) Les fouilles du site de Colombelles, au nord-est de Caen, ont révélé un habitat du début du Néolithique dans la région. Une étude carpologique (étude des graines et des fruits) a pu être menée et a révélé la présence des plantes indiquées dans le tableau. On peut facilement déduire de la lecture du tableau que les hommes du Néolithique utilisaient les céréales et les légumineuses pour se nourrir.

La présence d’herbacées liées à la culture des céréales de printemps ou d’hiver révèle que les villageois de Colombelles étaient des agriculteurs. En effet, ces plantes poussent dans les champs cultivés, en association avec certains types de céréales. Les plantes rudérales sont celles qui se développent sur des traces d’activité humaine (friches, éboulis, détritus …). Document 2 bis : quelques objets découverts dans la nécropole d’Ernes – Condé-sur-Ifs

La planche regroupe des objets découverts lors de la fouille de plusieurs monuments de cette nécropole néolithique située près de Saint-Pierre-sur-Dives. Certains proviennent des chambres funéraires elles-mêmes : éléments de parure (coquillage, dent animale), céramique. Le vase de type « coupe à socle », trouvé dans la tombe à couloir d’Ernes se rattache par sa forme et ses décors aux cultures du néolithique moyen de l’Ouest de la France. Le deuxième vase, plus petit et plus grossier,

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a lui été découvert dans les éboulis. L’analyse microscopique de la pâte révèle qu’il s’agit d’une production locale à la différence de la coupe à socle fabriquée avec une argile des environs d’Athis-de-l’Orne. Les grains de blé présentés ici ont été mis au jour dans un foyer situé sous les éboulis du monument d’Ernes. A la différence des céréales trouvées à Colombelles, ce blé est panifiable, c’est du froment (triticum aestivo-compactum). Le foyer appartient à une phase d’occupation antérieure ou contemporaine du fonctionnement de la tombe. Le mobilier et les structures associées à ce foyer plaident en faveur de l’existence d’un petit habitat sur le site avant 4000 av. J.-C.. C’est la carbonisation partielle de ces grains qui a permis leur conservation durant plusieurs millénaires.

Document 2 ter : un paysage autour de Colombiers :

Cette photographie a été prise sur le site de Colombiers, en direction du sud-est, à l’automne. Elle permet de décrire plusieurs types d’utilisation de l’espace rural dans la plaine de Caen. Le plateau de la « Plaine » de Caen est ici incisé par la Seulles. Le fleuve côtier n’est pas visible mais il est révélé par les nombreux arbres (chênes, noisetiers) qui poussent sur les versants abrupts de la vallée. Ces versants ont depuis longtemps servi de carrières, toujours visibles par le promeneur au milieu du bois. Le fond de vallée est occupé par des prairies humides et quelques saules et aulnes. On aperçoit dans la vallée le clocher de l’église d’Amblie, petit village (300 habitants) qui se situe à la confluence de la Seulles et de son affluent, la Thue. Le clocher médiéval montre l’ancienneté de l’installation des hommes à cet endroit, il y a environ 1000 ans au moins, mais il n’y a absolument aucune raison de penser que les hommes néolithiques qui ont construit le tumulus de Colombiers (il y a plus de 6000 ans) habitaient déjà à cet endroit précis. Le premier plan montre la bordure du plateau, encore utilisée comme prairie pour l’élevage. Une clôture a été posée pour empêcher la divagation des animaux. Le froid empêche à cette saison l’herbe de repousser et l’agriculteur a complété la nourriture de ses bêtes par du foin. La pente, parfois encore forte, pousse souvent à réserver ces espaces à l’élevage plutôt qu’à la grande culture. Au fond, de l’autre côté de la vallée, on voit par contre des champs labourés ou plantés. On peut remarquer l’absence de clôture qui caractérise un paysage d’openfield. Ces cultures (betteraves, navets, céréales, colza, luzerne) sont pratiquées à l’aide de machines agricoles.

Document 2 quater : un paysage néolithique

Le climat du Néolithique est proche du notre, c’est-à-dire tempéré, probablement plus humide que notre climat actuel à l’époque de la construction du tumulus de Colombiers-sur-Seulles. Cependant, l’organisation des activités humaines était autre et produisait un paysage différent.

Le paysage présenté est une reconstitution à partir des principaux éléments connus qui constituaient le milieu de vie des hommes néolithiques. Ce n’est certes pas les abords de Colombiers qui sont représentés puisque nous sommes sur un bord de lac, mais les informations que l’on peut tirer de l’étude de ce document sont transposables aux alentours du tumulus.

La forêt est encore bien présente sur les versants et sur le plateau, avec des clairières défrichées permettant la présence d'animaux domestiques (boeuf, porc, chèvre) et un début d'agriculture. La vallée est une zone humide (tourbières) avec des fougères, des joncs et des aulnes.

L’habitat est situé à côté d’un point d’eau (ici une rivière), ce qui peut permettre de s’alimenter facilement en eau potable.

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Un travail sur le paléo-environnement est possible en collaboration avec le professeur de Sciences de la Vie et de la Terre, soit sur le site de Colombiers-sur-Seulles, soit sur le site internet du Service d’Archéologie du Calvados (en 2007). Document 3 : les maisons (Poses). Cet ensemble exceptionnel de maisons néolithiques a été fouillé dans les années 1990 à Poses, dans l’Eure. Il montre un village fondé vers 5 000 avant J.C, c’est-à-dire avant la construction des tumulus. Les maisons sont régulièrement réparties en deux lignes séparées d’environ 100 mètres. Elles sont longues de 28 à 38 mètres, larges de 5,5 à 7,5 mètres et présentent un plan trapézoïdal. On trouve en général huit pièces à l’intérieur délimitées par des rangées de 3 poteaux. Les fosses qui bordaient les maisons servaient à prélever la terre utilisée pour le torchis. Elles servaient ensuite de dépotoir, ce qui permet d’y retrouver un matériel important (silex, bracelets en schiste et céramique). Ce type de maisons, appelées « danubiennes », est commun dans le Nord de la France mais est originaire de l’Europe centrale. On en a découvert des exemples récemment à Colombelles, Mondeville et à Fontenay-le-Marmion, près de Caen. Ces maisons sont la marque de la sédentarisation : construites en dur, avec des troncs d’arbres, de la terre (torchis) et de la paille pour le toit, elles nécessitent un lourd investissement en travail et ne sont donc adaptées qu’à des populations qui restent longtemps au même endroit. Document 4 : l’appropriation du territoire (le monument de Colombiers). Le tumulus de Colombiers a une taille impressionnante par rapport à sa petite chambre funéraire. On ne sait pas combien de corps ont été inhumés, ni pendant combien de temps, mais si les Néolithiques ont construit un monument aussi important, c’est qu’il n’avait pas comme fonction que d’accueillir les corps. On peut déjà remarquer que le tumulus a la forme et la taille des maisons que les archéologues retrouvent pour cette époque (voir ci-dessus le site de Poses). Ce n’est certainement pas un hasard. Même si l’absence totale de texte à cette époque nous oblige à n’exprimer que des hypothèses, on peut relier la construction de ce monument à la sédentarisation des hommes. Il peut s’agir simplement de construire une maison pour les morts, du même type que les maisons pour les vivants, mais en pierre et en terre pour durer éternellement. Il peut aussi s’agir de montrer que des hommes se sont appropriés un territoire, qui donc n’est plus libre. On ne sait cependant pas si le tumulus était visible de loin. Situé en bord de plateau, dans un paysage d’openfield, il est aujourd’hui parfaitement repérable des alentours. Cependant la forêt l’entourait peut-être à l’époque et il était alors caché par des arbres. Peut-être aussi n’était-il visibles que des habitations qui, peut-être, se trouvaient à proximité. D’autres hypothèses peuvent encore être avancées.

Quoi qu’il en soit, la pratique de la culture oblige alors les communautés à être sédentaires ou semi-nomades (à changer d’endroit au bout de quelques années). La construction de monuments qui demandent un lourd investissement en temps et qui sont faits pour durer est un symbole, conscient ou non, de la Révolution néolithique.

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Document 4 bis : Hypothèse de restitution d’une inhumation néolithique.

Ce dessin est une évocation de l’état du monument de Condé-sur-Ifs à l’époque néolithique et de son mode de fonctionnement. S’il permet de fixer un certain nombre de choses auprès d’élèves de 6e, on n’oubliera pas de rappeler qu’il ne s’agit que d’une restitution et que plusieurs aspects de ce monument ont pu ne pas être perceptibles en fouille.

Document 5 : plan d’ensemble des inhumations de la chambre I du tumulus de La Hoguette à

Fontenay-le-Marmion. Ce cairn, fouillé de 1964 à 1969, se trouve à Fontenay-le-Marmion, à 500 m d’un autre cairn très semblable, celui de La Hogue (dont une maquette est visible au musée de Normandie). Il est composé de 7 chambres aménagées dans une masse de pierres sèches couvrant 550 m2. Malgré des fouilles au XIXème siècle, une bonne partie des chambres funéraires était préservée. C’est le cas de la chambre I, ici représentée : seule une fosse au nord-est a causé des destructions. Douze squelettes, dont deux enfants et un foetus, sont disposés le long des parois et au centre de la pièce, couchés sur le côté, les jambes repliées sur le thorax. Cette position semble très importante car on avait percé, après la mort, les talons de la femme enceinte, dont le ventre arrondi empêchait la flexion. Des liens devaient très certainement maintenir les membres dans la position « normale ». L’étude de l’ensemble des chambres a permis d’avoir quelques données sur la population. Celle-ci est plutôt petite (163 cm en moyenne pour les hommes, 148 cm pour les femmes). La mortalité semble importante chez les jeunes garçons puis décroît jusqu’à 45 ans. Cet âge marque le début de la vieillesse chez les Néolithiques. Les femmes elles ont leur maximum de mortalité entre 18 et 30 ans, sans doute à cause des risques liés à la grossesse. Il reste peu de monuments et on peut penser que seuls certains membres de la communauté étaient déposés dans les chambres funéraires. Les archéologues n’ont pas pour l’instant réussi à déterminer le choix des individus qui ont été inhumés dans les chambres : appartenance à une famille, choix lié au moment de la naissance, de la mort, à la fonction ? Document 5 bis : chronologie des monuments néolithiques du Calvados et de Normandie

On peut classer chronologiquement les monuments funéraires néolithiques du Calvados. Même

si les datations sont encore discutées, les éléments concordent à montrer une évolution de monuments massifs et impressionnants, avec une petite surface réservée aux inhumations, vers des monuments plus petits mais dont le rapport taille / chambres funéraires est plus « rentable ».

Cette évolution peut laisser concevoir plusieurs hypothèses. Les grandes maisons allongées, modèles du tumulus de Colombiers, disparaissent à cette époque. Les hommes peuvent alors donner à leurs monuments une autre signification symbolique.

En avançant dans le Néolithique, les hommes finissent par conquérir la totalité de l’espace naturel et ont moins besoin de marquer leur présence dans le paysage. L’aspect monumental laisse peu à peu la place à une fonction surtout funéraire.

Peut-être aussi que le choix des individus déposés dans ces monuments se « démocratise ». On doit donc être plus efficace dans les constructions, plus fréquentes. La même réponse peut être donnée à une éventuelle croissance démographique.

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Il peut encore tout aussi bien s’agir de progrès dans la conception architecturale, et d’autres hypothèses sont plausibles. L’absence de texte et le peu que nous connaissons sur les croyances religieuses de ces hommes expliquent le peu d’éléments sûrs que nous possédons. Document 5 ter : Restitution hypothétique du nain d‘Ernes.

Cette restitution graphique présente la silhouette du nain découvert dans le monument d’Ernes, et miraculeusement protégé par des dalles de pierres qui le masquaient. Ce jeune adulte dont l’âge précis n’a pu être déterminé, mesurait entre 1 m et 1,10 m. Bien que très handicapé, cet individu a vécu jusqu’à l’âge adulte, vraisemblablement grâce à la solidarité des membres de son groupe. Il reposait dans cette chambre collective en compagnie d’au moins huit autres personnages, cinq adultes et trois enfants.

Bibliographie : - Bigot F., Fosse J.-P., Lautridou A., Truffeau A., Verron G., Préhistoire de la Normandie, extrait de La Préhistoire française, Paris, CNRS, 1976, CRDP de Caen 1980. - Billard C., Bonnabel L., Bonnardin S., Degobertière S., Dietsh-Sellami M.-F., Hamon C.,

Meunier K., Colombelles (Calvados), « Le Lazzaro », un habitat du Néolithique ancien dans la Plaine de Caen, rapport de fouilles, 2004 - « Les outils de pierre de la Préhitoire », BTjunior 429, 1997 - Bortuzzo L., « Le nain d'Ernes : un achondroplase bas-normand du 6ème millénaire B.P. », 6ème journée du groupe des paléopathologistes de langue française, Caen, 1990, p. 65-84. - Bostyn F. (dir.), Néolithique ancien en Haute-Normandie : le village Villeneuve-Saint-Germain de Poses « Sur la Mare » et les sites de la boucle du Vaudreuil, Travaux 4 de la Société préhistorique française, 2003. - Caillaud R., Lagnel E., « Le cairn et le crématoire néolithiques de La Hoguette à Fontenay-le-Marmion (Calvados) », Gallia Préhistoire, tome 15, fascicule 1, 1972, p.137-197 - Chancerel A., Kinnes I., Lagnel E. et Kirk T. , « Le tumulus néolithique de la Commune Sèche à Colombiers-sur-Seules (Calvados) », Paysans et bâtisseurs : l’émergence du Néolithique atlantique et les origines du mégalithisme, 17ème colloque interrégional sur le Néolithique (Vannes, 29-31 octobre 1990), Revue Archéologique de l’Ouest, supplément n°5, p. 17-29, 1992. - Cupillard C., Richard A., Les derniers chasseurs-cueilleurs du massif jurassien et de ses marges (13 000 – 5560 av. J.C.),. Centre jurassien du patrimoine, 1998. - San-Juan G. et Dron J.-L., « Le site néolithique moyen de Derrière-les-Prés à Ernes (Calvados) », Gallia Préhistoire, 1997, p.151-237. - Verron G., Préhistoire de la Normandie, éd. Ouest-France, 2000.

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Carte des principaux sites néolithiques du Calvados.

Dessin M.-A. Rohmer.

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Document 1 : quelques outils du Paléolithique en Normandie

1, 2, 4, 7 et 10 : racloirs ; 3 et 8 : grattoirs ; 5 : burin ; 6 : biface triangulaire ; 9 : pointe. Le biface et la pointe servent comme pointe de lance, les racloirs et les grattoirs à nettoyer la peau ou les os, le burin sert à rainurer ou à percer.

Source : Bigot, Fosse, Lautridou, Truffeau et Verron.

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Document 2 : les restes de graines et de fruits trouvés sur le site de Colombelles

(près de Caen)

Plante Nature Amidonnier (Triticum dicoccum) Céréale Engrain (Triticum monococcum) Céréale

Orge (Hordeum) Céréale Pois (Pisum sativum) Légumineuse

Renouée liseron (Polygonum convolvulus) Herbacée associée aux cultures d’hiver Mouron des champs (Anagallis arvensis) Herbacée associée aux cultures d’hiver

Camomille puante (Anthemis cotulla) Herbacée associée aux cultures d’été Gaillet (Galium aparine) Herbacée de mileux rudéraux

Source : Billard 2004

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Document 2 bis : quelques objets découverts dans la nécropole d’Ernes - Condé-sur-Ifs

Sources : San-Juan et Dron. BTjunior 429

Eléments de collier (dents

animales, coquillages)

Coupe à socle

Vase de fabrication locale

Graines de blé

Pointes de flèches

Exemple d’emmanchement

Lames de silex

Exemple d’utilisation : une faucille

Objets trouvés sous le tumulus (sans doute un ancien habitat)

Objets trouvés dans le tumulus

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Document 2 ter: paysage actuel autour du site de Colombiers

Photographie : Christophe Lefresne, 2005.

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Document 2 quater : un paysage néolithique

Sources : Cupillard et Richard

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Document 3 : plan des maisons néolithiques de Poses (Eure)

Sources : Bostyn .

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Document 4 : plan et restitution de l’élévation du monument de Colombiers-sur-Seulles

Dessin M.-A. Rohmer.

Document 4 bis : Hypothèse de restitution d’une inhumation néolithique..

Sources : dessin L. Verrier, dans San Juan et Dron 1997.

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Document 5 : plan d’ensemble des inhumations de la chambre I du tumulus de La Hoguette à Fontenay-le-Marmion.

Sources : Caillaud et Lagnel

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Document 5 bis : chronologie des monuments néolithiques du Calvados et de Normandie

D’après : Verron

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Document 5 ter : photographie des ossements du nain découvert dans le monument d’Ernes

et restitution hypothétique.

Cliché : M. Sansilbano-Collilieux, dans San-Juan - Dron Dessin : J. Desloges, dans Bortuzzo

Clavicules

Colonne vertébrale

Membres supérieurs

Membres inférieurs

Bassin

Cette personne était un nain adulte (taille entre 1 m. et 1,10 m.) bossu (colonne vertébrale

tordue), qui boitait (bras gauche et pied gauches déformés).