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LA QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE DES BÂTIMENTS TERTIAIRES RETOUR D’EXPÉRIENCES EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES AVRIL 2018

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LA QUALITÉENVIRONNEMENTALEDES BÂTIMENTS TERTIAIRESRETOUR D’EXPÉRIENCESEN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

AVRIL2018

Ce document est édité par l’ADEME

ADEMEDirection régionale Auvergne-Rhône-Alpes10 rue des Émeraudes 69006 Lyon

Coordination technique : Hakim HAMADOU, ADEME Auvergne-Rhône-Alpes

Rédacteurs : Karine LAPRAY, Marie LEROY, Héloïse MARIE, Justine BROSSIER, Pierre-Alain LASNE, Sarah GIRAUD, Matthieu PRADELS, bureau d’études TRIBU, Hakim HAMADOU, ADEME

Crédit photos :

Couverture : ©Didier Boy de la Tour, Milkyway (AFAA) 4e de couverture : ©TRIBU / Low-Cal (Pierre Traversier)Intérieur : ©Erick Saillet : p9 ©brenas doucerain architectes : p12©ATELIER DES VERGERS architectes : p13 ©Didier Boy de la Tour : p15, p44©Bazar Urbain : p16 ©Pierre Grasset : p17 ©VAD : p17, p32, p33, p50, p55©TRIBU : p19, p30, p39, p43, p49 ©SPL Lyon Confluence : p31 ©Vurpas architectes : p32©11h45 : p35 ©zinco.de : p37 ©Luc Boegly : p38 ©perraudinarchitecture : p38©Joël Damase : p40 © Jean BARRETTE, B_CUBE architectes : p41 ©Armacell : p42 ©ELISE : p45

Illustration : Héloïse MARIE, TRIBU

Création graphique : Héloïse MARIE, TRIBU

Impression : Imprimé en France par le Groupe CHAUMEIL Dans le cadre de sa politique RSE et Développement Durable, le Groupe CHAUMEIL a obtenu les certifications ISO 14 001, FSC/PEFC et Imprim'vert pour l’ensemble de ses sites de production.

Brochure réf. 010319

ISBN : 979-10-297-0935-7 - avril 2018

Dépôt légal : ©ADEME Éditions, avril 2018

Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (Art L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (Art L 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie.

PAGE 3Retour d’expériences en Auvergne-Rhône-Alpes

Édito

La direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes de l’ADEME encourage depuis plusieurs années la mise en place de démarches environnementales dans les bâtiments.

Ce présent guide vise à accompagner les maîtres d’ouvrage dans la programmation, la conception, la réalisation et la gestion de bâtiments tertiaires, dans une démarche globale de développement durable.

Cette démarche globale vise à réaliser des bâtiments confortables, à haute efficacité énergétique et à bas carbone, mais aussi des bâtiments répondant aux autres enjeux environnementaux (biodiversité, économie des ressources, etc.).

Pragmatique et illustré, ce guide présente un bilan de 20 ans de pratique de la qualité environnementale en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour cela, il s’appuie sur les réalisations et sur le retour d’expérience de nombreux maîtres d’ouvrage et acteurs de la construction qui ont été sollicités via des entretiens et des visites de leurs réalisations.

Prospectif, il profite aussi de cet état des lieux pour réinterroger les modes de faire au regard des enjeux de demain sur la conception des bâtiments tertiaires, en anticipant notamment la future réglementation environnementale et en identifiant des solutions innovantes répondant aux enjeux de transition écologique qui ont déjà été mises en œuvre dans la région.

Il porte sur toutes les typologies du secteur tertiaire, des petits aux grands projets, du neuf à la réhabilitation. Ses cibles plus spécifiques sont :

les bureaux publics (enseignement, justice, administration, santé), les bureaux développés pour des investisseurs privés, les bureaux privés développés pour des propriétaires occupants, les équipements scolaires (groupes scolaires et collèges essentiellement), les équipements culturels, les équipements de santé et les équipements médico-sociaux.

Certaines destinations du secteur tertiaire ne seront pas évoquées spécifiquement, comme le petit commerce en ville, le grand commerce, l’artisanat et les petits bureaux : il semble préférable d’aborder ces projets spécifiques dans des guides dédiés, même si les démarches précisées dans ce guide peuvent tout à fait constituer une première approche globale.

Jérôme d’ASSIGNY, directeur régional

PAGE 4 La qualité environnementale des bâtiments tertiaires

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IntroductionConstruire aujourd’hui, demain et après-demain 6Contexte national et régional 8Adapter les stratégies de conception durable aux spécificités de chaque opération 10

Les études de programmation Construire le programme, en l’adaptant au site et aux usages 12Choisir le site 13Connaître le site 14Rénover ou construire ? 15Définir les besoins 16Fixer les ambitions du projet avec les certifications et labels 18Choisir une équipe de maîtrise d’œuvre 21Cadrer les exigences 24

Les études de conception Implanter le bâtiment dans le site 28Aménager les espaces extérieurs 30Organiser les espaces et les ambiances 31Arbitrer les choix 33Choisir les modes constructifs et les matériaux 35Concevoir l’enveloppe 37Penser le confort intérieur 39Optimiser les systèmes techniques 42Innover avec des solutions alternatives 44Décrire les ouvrages pour les entreprises 46

Le chantierSuivre le chantier 48Réceptionner le bâtiment 50Assurer la cohérence et les performances du projet : le commissionnement 51

La vie du bâtimentAccompagner la vie du bâtiment 54

Glossaire 56

Pour en savoir plus… 57

Sommaire |

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Cela fait maintenant 20 ans que les projets de bâtiments tertiaires publics et privés intègrent progressivement les enjeux de qualité environnementale. Durant cette période, la prise de conscience, le niveau de connaissance et le nombre d’expérimentations n’ont cessé de croître sur le sujet.

Mais si les enjeux de la qualité environnementale sont aujourd’hui mieux partagés, force est de constater qu’ils se sont un peu déplacés. Il y a 20 ans, la priorité énergétique était de mise, aujourd’hui c’est loin d’être la seule réponse possible. Les enjeux de santé, de bien-être, de biodiversité, de raréfaction des ressources doivent prendre une part plus grande dans le bâtiment construit ou réhabilité aujourd’hui et surtout demain, sans oublier la recherche continue de performance énergétique et de limitation des émissions de gaz à effet de serre.

Concevoir et construire des bâtiments durables, c’est bien sûr répondre aux grands enjeux écologiques (changement climatique, raréfaction des ressources et érosion de la biodiversité), tout en offrant un lieu de travail agréable, sain, confortable, lumineux et convivial. Il s’agit de proposer des constructions pérennes qui anticipent les modes de vie et de travail de demain, au service des usagers d’aujourd’hui, de demain et des générations futures.

La construction de bâtiments tertiaires durable, c’est apporter des réponses aux 5 enjeux suivants :

Garantir notre santé, notre confort et notre bien-êtreLa prise en compte des enjeux de santé, de confort et de qualité des ambiances est déterminante pour la qualité de tout bâtiment tertiaire, d’autant que c’est un critère majeur d’appréciation de la part des usagers du site. L’enjeu est plus fort encore lorsque le bâtiment est destiné à recevoir des publics sensibles (enfants, personnes âgées, femmes enceintes…). Si les questions de santé se font, ces dernières années, une large place dans la conception des établissements accueillant les enfants, c’est un sujet encore peu traité pour la conception des immeubles de bureaux, même s’il semble que cela devienne un sujet de ressources humaines important.

| Introduction

Construire aujourd’hui, demain et après-demain

Réduire les gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatiqueL’enjeu de réduction des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre est aujourd’hui assez bien cadré par les obligations réglementaires. On constate également une prise de conscience de la valeur patrimoniale de la performance énergétique des bâtiments tertiaires, notamment chez les investisseurs internationaux.

Toutefois, l’enjeu reste majeur dans cette région Auvergne-Rhône-Alpes densément peuplée, qui accueille des climats multiples (du plus froid au plus chaud). D’autant que la région fait face à des enjeux importants d’adaptation au changement climatique : en effet, les températures moyennes de la région Rhône-Alpes ont augmenté de 1° C au cours des 30 dernières années. Les prospectives d’évolution d’ici 2050 sont préoccupantes (+ 3° C en moyenne du fait du changement climatique). À cela s’ajoute l’effet d’îlot de chaleur urbain, qui vient aggraver localement la hausse globale des températures : les températures moyennes mesurées dans les villes sont de 1° C supérieures à celles observées dans les campagnes environnantes. Construire pour demain, c’est donc continuer à rechercher les économies d’énergie (sur tous les usages, en incluant les consommations liées au chauffage, à l’eau chaude sanitaire, à l’éclairage, au rafraîchissement et aux équipements électriques), mais aussi concevoir des bâtiments adaptés aux épisodes de fortes chaleurs.

Économiser les ressources de matières premièresL’économie de matières premières dans la construction des bâtiments tertiaires demeure un champ d’action encore peu exploré. Il s’agit pourtant d’un enjeu environnemental, mais aussi économique et social de maintien de développement des filières locales, à plus forte raison dans une région aussi riche en matières premières

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Introduction |

renouvelables que la nôtre. Il s’agit de prévenir la raréfaction de certaines matières premières non renouvelables, de dépasser les difficultés du recyclage et de la réutilisation des matériaux et de valoriser le développement de nouveaux métiers dans des filières constructives bas carbone et de réemploi.

Préserver et améliorer les écosystèmes vivantsMême si les lois de protection de la biodiversité sont aujourd’hui bien engagées et que la question de l’étalement urbain est abordée depuis plusieurs années dans les documents de planification, force est de constater que l’imperméabilisation des sols est galopante et que les projets immobiliers contribuent à cette dégradation. Ces projets doivent au contraire permettre de préserver voire d’améliorer la qualité des écosystèmes vivants : par l’optimisation de leur localisation (en renouvellement urbain plutôt qu’en extension urbaine par exemple), par un travail sur la compacité de ces projets (économie de foncier) et par l’optimisation du stationnement. Sur cet enjeu également, il s’agit de se placer dans la perspective du changement climatique, en pensant à la résilience de chacun des espaces verts aménagés.

Vivre ensemble dans une société sobre et équitableLa France est entrée dans une phase inédite de son histoire démographique, où quatre générations vivent côte à côte, chacune avec ses besoins particuliers. Les projections pour la région Rhône-Alpes prévoient pour 2040 que 25,7 % de la population aura plus de 65 ans (contre 16,5 % en 2007) - INSEE, 2010.En parallèle, l’essor des technologies numériques a profondément transformé la façon dont chacun travaille ou se récrée. Pour les bâtiments tertiaires, cela implique une prise en compte de ce nouveau contexte, en questionnant la mutualisation des équipements, les nouveaux services, les notions d’espaces partagés, les nouveaux lieux de travail ou de pause, tout cela dans un contexte économique et écologique complexe où la notion de sobriété heureuse (Pierre RABHI, 2010) est nécessaire à toute transition écologique. Cela signifie également un travail sur l’évolutivité future du bâtiment : les modes de vie vont continuer à évoluer rapidement (sans qu’il soit possible de prédire le sens de cette évolution), quand le bâtiment est lui conçu pour un siècle au moins !

Les différents enjeux et leurs interactions

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Le contexte réglementaire nationalLe contexte réglementaire encadrant la production et la réhabilitation des bâtiments tertiaires a énormément évolué ces 20 dernières années. Les évolutions les plus récentes sont celles issues du Grenelle de l’Environnement et de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015.La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (dite “Grenelle 2”) porte notamment les objectifs suivants : la recherche d’un urbanisme économe en ressources foncières et énergétiques, un renforcement des outils permettant la préservation de la biodiversité et des trames vertes et bleues et la mise en place de plusieurs mesures de lutte contre la pollution de l’air et de limitation de certaines nuisances électromagnétiques, sonores et lumineuses.

La récente loi sur la transition énergétique pour la croissance verte dessine l’avenir de la France et les actions à mettre en œuvre pour y parvenir. Elle fixe des objectifs chiffrés à moyen et long terme : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 par rapport à 1990, porter la part des énergies renouvelables à 40 % de la production d’électricité, diviser par deux notre consommation d’énergie finale en 2050, etc.La loi se veut aussi une boîte à outils opérationnelle comprenant des mesures concrètes dans le domaine des bâtiments comme l’exemplarité des constructions neuves de bâtiments publics sur un plan énergétique et environnemental, l’obligation de travaux pour le parc résidentiel et tertiaire, etc. Elle propose enfin des moyens de soutien et d’incitation : documents d’urbanisme, information des ménages, dispositions financières, etc.

Des démarches individuelles et collectives ambitieuses en France et en Auvergne-Rhône-AlpesLa démarche française de qualité environnementale des bâtiments a été initiée au début des années 1990 par un groupe associant des chercheurs, le CSTB et le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) autour de la définition de 14 cibles permettant d’intégrer les enjeux environnementaux dans la conception et la construction des bâtiments. Cette démarche s’est diffusée au cœur des régions, dès 1994 pour la région Ile-de-France et, à partir de 1998 en région Rhône-Alpes. C’est dans le cadre de la réalisation des lycées que cette diffusion s’est faite, portée par les conseils régionaux en lien étroit avec l’ADEME.

L’ACTION DE LA DIRECTIONRÉGIONALE DE L’ADEMEHakim HAMADOU, ingénieur, direction Auvergne-Rhône-Alpes ADEMELa loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte promeut les bâtiments performants d’un point de vue énergétique et environnemental. Si les différentes réglementations ther-miques ont permis depuis les années soixante-dix de diminuer de façon importante les consommations d’éner-gie, l’amélioration de la performance environnementale et notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie, constitue une voie de progrès pour la filière.Les travaux actuellement menés par le ministère et l’ADEME, en concer-tation avec l’ensemble des acteurs de la construction, ont conduit à la mise en place de l’expérimentation “Énergie positive et réduction carbone” avec notamment le label associé E+C-, qui définit un cadre national d’évaluation de la performance éner-gétique et environnementale d’un bâtiment. Un enjeu important est donc d’expérimenter sur le terrain ce nouveau référentiel pour tester différents niveaux de performance énergétique et envi-ronnementale en vue de la prochaine réglementation environnementale.C’est dans ce cadre que l’ADEME a mis en place le programme OBEC (Objectif Bâtiment Énergie Carbone) et a retenu en juin 2017, avec la DREAL, 30 opérations pilotes en Auvergne- Rhône-Alpes. Ce programme permet-tra aux maîtres d’ouvrage et à leurs équipes de monter en compétence sur ces sujets en émergence, de créer un lieu de partage, d’échange et de capitalisation des résultats obtenus sur les 30 projets.

| Introduction

Contexte national et régional

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Introduction |

Lycée Carnot-Sampaix, Roanne (42)Architectes : Teknhê

Très tôt, à partir de la fin des années 1990, la région Auvergne-Rhône-Alpes a été parmi les régions les plus dynamiques en matière de qualité environnementale. Les initiatives étaient portées par des acteurs du bâtiment et de l’environnement historiquement très présents dans la région, sous la forme d’un tissu associatif riche et de plusieurs acteurs militants (élus, architectes et bureaux d’études). Dans les décennies qui ont suivi, des initiatives locales ambitieuses ont émergé, souvent menées dans le cadre de projets urbains emblématiques. La métropole de Lyon, qui a mis en place un Référentiel de Qualité Environnementale pour la production de logements (2005) et de bâtiments tertiaires (première version en 2010) est à ce titre particulièrement exemplaire.

La démarche de qualité environnementale s’illustre aujourd’hui sous différentes formes, allant de démarches volontaires non encadrées (comme les opérations valorisées dans le cadre du “OFF du Développement Durable” dont le volet régional est organisé par l’association “Ville et Aménagement Durable”) à des démarches de certification et de labels nationaux voire internationaux (HQE tertiaire, BREEAM, LEED…), en passant par des référentiels, démarches, labels territoriaux. Le point commun de toutes ces démarches est de chercher à mieux prendre en compte les enjeux environnementaux et de qualité d’usage et ce, à court, moyen et long terme. Si les contextes réglementaires sont là pour accompagner la transition du plus grand nombre, les démarches volontaires, individuelles, territoriales et locales montrent que les solutions sont plurielles pour répondre à des enjeux vastes, complexes et en évolution permanente.

Contextes territoriaux : des démarches territoriales plus larges dans lesquelles s’intégrerUn projet de bâtiment s’inscrit dans un contexte plus large, celui du territoire qui l’accueille. Or, en région Auvergne-Rhône-Alpes, de nombreux territoires ont développé des démarches novatrices en matière de transition écologique à l’échelle territoriale, sur lesquelles le projet tertiaire peut s’appuyer ou auxquelles il peut venir abonder.

Depuis la loi SRU, la loi ALUR et, à plus forte raison, depuis les lois Grenelle 1 & 2, les documents de plani-fication (SRADDET, SCOT, PLU, Plan Climat Air Énergie Territorial …) renouvellent les politiques d’aménage-ment et d’urbanisme pour mieux intégrer les enjeux de transition énergétique et écologique dans le projet de territoire.La région Auvergne-Rhône-Alpes s’est distinguée

RÉSEAU VILLE ET AMÉNAGEMENT DURABLE

Soutenu par l’ADEME et le Conseil régional, Ville et Aménagement Durable anime et mobilise un réseau de plus de 2000 professionnels (dont 260 adhérents), en Auvergne-Rhône-Alpes, sur les enjeux du bâtiment et de l’aménagement durables. Son rôle est d’agir et de conseiller les territoires de demain par le retour d’expériences (expertise, retour terrain), le débat, la formation et l’information.www.ville-amenagement-durable.org

parmi les régions “chef de file” de la transition écologique. Sur le territoire régional, 36 territoires sont engagés pour devenir “Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte” (TEPCV*) en réponse à l’appel à projets du ministère. À des échelles plus fines, des démarches de quartiers durables ou d’écoquartiers éventuellement labellisés dans le cadre des démarches ministérielles mettent une grande diversité d’acteurs autour de la table pour développer des projets soutenables et novateurs. C’est au global, dans un contexte régional favorable à l’innovation, que s’insèrent toutes les nouvelles opérations tertiaires.

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Réunir les conditions favorablesLes projets de conception durable en Auvergne-Rhône-Alpes présentent les points communs suivants :

La présence d’un maître d’ouvrage motivé et avisé, ou, a minima, conseillé,

Une équipe de maîtrise d’œuvre persévérante, expérimentée et ouverte à l’innovation et au dialogue avec l’ensemble des parties prenantes,

Une maîtrise d’usage impliquée et sensibilisée aux enjeux de durabilité du projet,

Une intégration des enjeux environnementaux le plus en amont possible de l’opération, dès les études de programmation, le diagnostic de site, les études de faisabilité.

L’ingrédient commun de la réussite des projets est un respect mutuel de chacun des acteurs vis-à-vis des compétences des autres et une volonté de travailler en transdisciplinarité.

Avoir une approche holistiqueEnfin, la qualité architecturale et environnementale implique, de la part du maître d’ouvrage et de l’ensemble de l’équipe technique qui l’accompagne, d'avoir la capacité à garder une approche multicritère et à opérer des choix techniques résultant d’arbitrages judicieux entre les différents enjeux (parfois contradictoires) que sont l’esthétique du bâtiment, sa pérennité, la provenance des ressources, l’énergie grise, les impacts sur la santé et sur l’environnement, sans oublier le coût d’investissement et les modalités d’entretien et de maintenance du bâtiment.

| Introduction

Adapter les stratégies de conception durable aux spécificités de chaque opérationChaque bâtiment tertiaire a ses spécificités, de contexte, de programme et des publics hébergés. Comme l’illustrent les divers retours d’expériences qui suivent, la solution unique et universelle n’existe pas. Le bâtiment pourvu d’une conception durable s’invente en marchant. Pour chaque projet, il s’agit de prendre la mesure des enjeux du territoire dans lequel on s’insère, de réinterroger des méthodes de travail partagées pour les adapter et, d’essayer, de prendre le temps.

Stratégie de conception durable d’un bâtiment

PAGE 11Retour d’expériences en Auvergne-Rhône-Alpes

LES ÉTUDES DE PROGRAMMATION

Cette phase fondamentale dans la réussite d’un projet de bâtiment tertiaire est trop souvent limitée dans le temps et dans le nombre d’acteurs mis autour de la table. Or, cette phase

permet avant tout de bien calibrer les attendus du projet, d’initier une phase de dialogue avec les futurs utilisateurs et de définir les ambitions environnementales du projet.

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LES ÉTAPES DE LA PROGRAMMATION 

1. Diagnostic de site et besoins fonctionnels

diagnostic atouts et contraintes, usages, surfaces, approche partici-pative (entretien des futurs usagers, gestionnaires)

2. Faisabilitéscénarii de projets, surfaces, im-plantation, faisabilité énergétique et environnementale, approche en coût global, chiffrage, choix d’une option

3. Définition des objectifs et des ou-tils (quel niveau de performance, quel label, quelle certification ?)

4. Rédaction du cahier des charges

5. Modalités de consultation

| Les études de programmation

Construire le programme, en l’adaptant au site et aux usages

Maison du Conseil départemental de l’Isère du territoire Vercors et centre médico-psychologiqueà Villard-de-Lans (38)Architecte : Brenas-Doucerain Architectes

La définition des ambitions environnemen-tales passe par un questionnement sur chaque enjeu et sur le niveau de performance que le bâtiment est susceptible d’atteindre. Cette étape fondamentale sera la base de l’ensemble des études de programmation, depuis le choix du site (quand celui-ci n’est pas prédéterminé) jusqu’au lancement du

projet et à sa conception par les équipes de maîtrise d’œuvre. Affirmer le plus tôt possible les ambitions du projet sous tous les critères techniques, économiques et environnementaux permet au maître d’ouvrage de construire une feuille de route claire qu’il pourra aisément partager avec les futurs acteurs du projet.

Le rôle de l’Assistant à Maîtrise d’Ouvrage (AMO)Faire appel à un assistant à maîtrise d’ouvrage permet d’apporter une expertise technique, de définir les objectifs, d’accompagner le projet tout au long des phases de conception, de réalisation, de livraison et de suivi. Il permet également de mieux analyser les propositions de la maîtrise d’œuvre et de ne pas mettre à défaut le maître d’ouvrage dans la suite du projet.

Adapter la méthode de travail à l’opérationEn 2010, on recensait déjà un florilège de référentiels, labels et certifications applicables aux bâtiments. Dans un paysage réglementaire et incitatif plus complexe encore aujourd’hui, comment décider de l’outil le plus adapté au projet ? Le rôle de l’AMO est ici primordial : il doit être en capacité de traduire, d’orienter les ambitions préalablement exprimées par le maître d’ouvrage et le cas échéant de le guider vers des objectifs cohérents au regard du programme et en adéquation avec les objectifs économiques visés.

Adapter la mission de l’AMOCette mission représente un investissement que le maître d’ouvrage peut calibrer au plus tôt dans son projet. L’enveloppe est variable selon le type de bâtiment concerné et l’étendue de la mission confiée. Si l’on s’attache uniquement à la mission spécifique de développement durable, on peut prévoir une enveloppe d’environ 50 jours de travail pour une mission complète d’accompagnement d’un AMO Qualité Environnementale (QE) depuis la phase de programmation jusqu’à la livraison du bâtiment. Il est préférable de privilégier un accompagnement jusqu’à la livraison et au suivi de l’opération, soit deux ou trois ans après l’arrivée des occupants. À cette mission s’ajoutent les missions plus classiques de la programmation, pour lesquelles les compétences sont également variables, selon qu’il s’agisse de la définition d’un programme fonctionnel et technique ou bien d’une maîtrise d’ouvrage déléguée.

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Les études de programmation |

Choisir le site

Bien souvent, le site est préalablement défini, soumis au maître d’ouvrage qui doit s’y adapter. Toutefois, il est toujours pertinent de s’interroger sur la bonne adéquation du site avec le projet et l’existence de potentielles nuisances et risques, notamment lorsque que l’on a pour objectifs d’installer des personnes fragiles ou sensibles telles que les enfants. C’est plus largement vrai pour toute occupation prolongée.

Le choix du site a une relation directe avec les enjeux plus larges de l’aménagement durable. Le bâtiment doit également être réinscrit dans son contexte territorial, au regard notamment des infrastructures disponibles (réseaux énergétiques, déchets, eaux…), de l’accessibilité du site en transports en commun, de l’inscription dans les trames vertes et bleues locales ou de la proximité de tout autre équipement nécessaire au bon fonctionnement du bâtiment. Il s’agit par exemple de s’interroger sur la monofonctionnalité des zones tertiaires, où les lieux de restauration sont rarement imaginés en réponse à des besoins mutualisés et impliquent des déplacements en voiture très importants.

L’EXEMPLE DU SIÈGE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE BOURG-D’OISANS (38)Christian PICHOUD, Président de la communauté de communes de Bourg d’Oisans

Les transferts de compétences et la précarité des bureaux actuels ont été le point de départ du projet. Sur un secteur avec des contraintes fortes notamment définies par le Plan de Prévention du Risque d’Inondation (PPRI) avec des zones inondables, 3 sites potentiels ont été identifiés. Nous avons soumis à l’étude ces trois sites pour un projet de préfaisabilité architecturale et environnementale dont l’un était la réhabilitation du bâtiment existant et les deux autres des projets d’un bâtiment neuf.Le choix final s’est fait sur un bâtiment neuf jouxtant la mairie du Bourg-d’Oisans. La mutualisation des locaux d’accueil, des salles de réunion, des parkings, mais aussi du système de chauffage avec la mise en place d’une chaudière collective bois-énergie a ainsi été possible. En amont du projet, des visites d’autres sièges de communautés de com-munes, l’intervention de l’AGEDEN (Association pour une GEstion Du-rable de l’ENergie) ainsi que le projet Européen MOUNTEE ont permis d’encourager les élus et les techni-ciens à réaliser un projet ambitieux.

Bureaux de la communauté de Commune de Bourg-d’Oisans (38)Architecte : Atelier des Vergers(Programmation : Initial Consultants)Plan des différents scénarii d’implantation étudiés sous les angles techniques, environnementaux et économiques avant que soit choisi le site de la nouvelle implantation.

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Une fois le site choisi, il est essentiel d’avoir une connais-sance fine de ses contraintes et potentiels.

Identifier les éléments connusCertains éléments de connaissance et d’analyse sont un préalable indispensable à la construction d’un bâtiment qui s’inscrit dans une démarche durable. Cela concerne notamment la nature du sol (structure du sol, présence de pollutions éventuelles), l’hydrogéologie (gestion des eaux pluviales), la biologie (biodiversité, fertilité), le climat (climat local et microclimat), les mobilités (desserte en transport en commun, modes doux et modes alternatifs à la voiture), les potentielles nuisances et risques mis en regard des usages futurs (bruit, qualité de l’air, ondes électromagnétiques…), l’inscription urbaine et les synergies avec les équipements environnants (parc, autre équipement public…).

Étendre la connaissanceDes outils de mesure peuvent permettre de compléter l’analyse de documents existants et les visites de site, sur les sujets de la qualité de l’air, de champs électromagnétiques ou encore de microclimat. On peut, par exemple, envisager de poser une station météo sur le site dès les prémices du projet, afin de mieux caractériser le microclimat et l’éventuel effet d’îlot de chaleur urbain. Les données récoltées doivent permettre d’adapter au plus près la stratégie bioclimatique* et environnementale du futur bâtiment.

Il est également particulièrement pertinent de réaliser l’étude réglementaire de potentiel énergétique (étude de faisabilité technique et économique des diverses solutions d’approvisionnement énergétique) dès la phase de programmation, comme partie intégrante du diagnostic de site. Réglementairement, elle est attendue pour la phase PC (Permis de Construire). Or, il paraît pertinent, pour mieux définir le programme, d’en disposer très en amont du projet.

| Les études de programmation

Connaître le site

Climatologie régionaleLa diversité topographique explique l’existence d’une mosaïque de climats en Auvergne-Rhône-Alpes. Les différences d’altitude expliquent les grands contrastes des paysages et la répartition des précipitations allant du climat montagnard dans les Alpes au climat méditerranéen dans la Drôme et plus généralement un climat continental avec influence océanique. Bien que les vents d’ouest soient dominants, le sillon rhodanien est fréquemment exposé au vent du nord.

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Les études de programmation|

Rénover ou construire ?

Le parc tertiaire existant en Auvergne-Rhône-Alpes est très important en volume - environ 110 millions de m² (ADEME, 2015 et SRCAE Auvergne, 2014) - dans les métropoles comme dans les territoires plus ruraux. Ce parc présente souvent des problèmes de vétusté, de salubrité, de confort ou d’inadaptation aux nouveaux modes de vie et de travail.

Un diagnostic du bâtiment permet, en première analyse, d’identifier les potentiels d’adaptation et de transformation du bâtiment, ce qui aboutit souvent à identifier une revalorisation possible. En plus de valoriser sa qualité architecturale et patrimoniale, la régénération d’un bâtiment constitue un choix écologique avec la réduction des impacts environnementaux liés à l’émission de déchets de démolition et, plus largement contribue à la limitation de l’étalement urbain.

Milkyway, quartier Lyon-Confluence, Lyon (69)Architecte : AFAACette opération d’éco-rénovation de bureaux a été livrée en 13 mois et a coûté environ 950 €HT/m².L’objectif de performance niveau BBC rénovation a été atteint avec une nouvelle enveloppe performante, une ventilation double-flux et la production de chaud et froid par des groupe VRV (Volume de Réfrigérant Variable). Le comptage des consommations est mis en place pour chaque locataire avec un affichage en rez-de-chaussée.

PARLONS D’ÉCO-RÉNOVATIONDamien POYET,Agence d’architecture AFAA

Le patrimoine bâti de la fin du XXe  siècle pose aujourd’hui ques-tion dans de nombreuses villes. Nos connaissances patrimoniales et techniques permettent de pallier les défauts structurels et fonctionnels de ces bâtiments tout en redonnant une contemporanéité aux lieux, tant en termes d’usage que d’image.L’éco-rénovation permet de donner une nouvelle vie à ces bâtiments en les rendant plus modernes, plus éco-logiques, plus adaptés aux besoins et exigences actuelles de confort et d’usage (création de terrasses en étage, apport de lumière naturelle sur les paliers, hall et les entrées).

avant après

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L’enjeu, lors de cette phase, est de parvenir à une bonne définition du programme avec toutes les parties prenantes lorsque c’est possible, en associant les futurs occupants, les gestionnaires. Tous les choix faits lors de la définition des besoins fonctionnels auront un impact sur les performances à venir et la qualité d’usage du bâtiment.

Réinterroger des normes d’usage et de confort en intégrant les principes de sobriété et de frugalitéCette étape nécessite d’impliquer fortement les futurs utilisateurs du bâtiment. En effet, l’acceptation du changement sera d’autant plus forte que les usagers auront été impliqués dans les choix. La définition des usages et des enjeux de confort qui leur est associée doit faire l’objet d’une réflexion spécifique. À cette phase, il s’agit pour le maître d’ouvrage de fournir des scenarii d’occupation assez fins (lorsque c’est possible) pour permettre la conception la plus adaptée aux usages par la suite.

Mutualiser, optimiser les fonctions en termes de temporalité, de fréquence d’usageLa construction ou la réhabilitation d’un équipement public mobilise un budget important de la part d’une collectivité (à la fois en investissement et en fonctionnement), qu’il s’agit d’optimiser en recherchant la mutualisation des équipements. Un groupe scolaire peut devenir tour à tour salle de yoga ou centre de loisirs pendant les vacances scolaires. En plus d’être budgétaire, l’impact de la mutualisation est environnemental : la consommation d’énergie grise et l’empreinte carbone liées à la construction des bâtiments sont limitées.

Tester de nouvelles méthodes de gouvernance participativesCette phase amont de définition des besoins fonctionnels est l’occasion de tester des méthodes alternatives de gouvernance participative, associant les futurs usagers ou les gestionnaires, qui contribuent à améliorer la pertinence et l’acceptabilité du projet. C’est notamment l’occasion de discuter les modalités futures d’entretien et de maintenance du bâtiment avec les futurs gestionnaires.

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Définir les besoins

PARLONS DE MUTUALISATIONSSophie GUIBOURET, 1re adjointe, com-mune de Moidieu-Détourbe (38)

La commune de Moidieu-Détourbe souhaitait rénover et agrandir son groupe scolaire tout en l’ouvrant sur la vie communale, grâce à la création d’espaces mutualisés et partagés : un restaurant intergénérationnel de 140 couverts, des espaces de jeu intégrés au groupe scolaire pouvant profiter au public.L’étude de programmation de ce pro-jet est singulière par sa méthode. Elle s’est insérée dans une étude urbaine plus large portant sur le centre-vil-lage, ce qui a permis de travailler la cohérence du projet avec l’aménage-ment des espaces publics, du centre-bourg et des équipements alentour. Elle intégrait, par ailleurs, des objec-tifs environnementaux qualitatifs axés sur le confort et la qualité d’usage et, surtout, une démarche participative forte avec les utilisateurs et les habi-tants. Sur initiative de la mairie, cette démarche a mobilisé les habitants, les professionnels, les écoles, les as-sociations, les élus et les techniciens afin que tous participent au projet de l’école, du centre-village et, plus généralement de la commune, autour de sujets comme l’avenir des villages ruraux, les équipements partagés, le site internet communal… Cette démarche alternative et itérative a été conduite courant 2011 au travers de réunions publiques, de parcours com-mentés, d’interventions artistiques, d’ateliers, de débats sur des plateaux radiophoniques…Ce dispositif de participation a per-mis de révéler les richesses (sociales, historiques, paysagères) du site de projet.

Moidieu-Détourbe (38) - Ateliers avec les élèves, groupement BazarUrbain, Base, Scet, Zoom

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Anticiper l’évolutivité du bâtimentLes choix de programmation sont déterminants pour la vie future du bâtiment. À titre d’exemple, un plateau de bureaux de 12 à 14 m de profondeur est aisément reconfigurable en un grand espace ouvert en plusieurs individuels ou semi-collectifs par exemple, car cette épaisseur garantit un accès à la lumière naturelle sur l’ensemble de la surface, ce que ne permettent pas les profondeurs habituellement adoptées créant des bâtiments plus épais.

Réinterroger les besoins au regard des nouveaux modes de travailEn 20 ans, la révolution numérique et internet a considérablement bouleversé nos modes de travail avec une tendance à la réduction du temps de travail. Cela nous amène à réinterroger la nature et l’usage des espaces dès les études de programmation. À titre d’exemple, parmi les innovations sociales et d’usage, on peut citer les bureaux en “open space”, les nouveaux lieux de convivialité (salles de pause en terrasse, jardins et potagers), les salles de repos (salles de sieste), le fait de proposer des espaces de douche dans les sanitaires, les “zones blanches” (ou locaux sans wifi)… Sur un plan

Campus bioMérieux R&D, la Balme-les-Grottes (38)Architecte : Tourret Jonery architectes

Le bâtiment s’ouvre sur un atrium intégrant des espaces de réunion circulaires.

Le Mixeur, quartier Manufacture Plaine Achille,Saint-Étienne (42)Architecte : Alexandre Chemetoff et associésIl s’agit d’une réhabilitation d’une ancienne halle industrielle pour créer un tiers-lieu accueillant une pépinière d’entreprises, des espaces de coworking, des espaces partagés…

fonctionnel, cela peut, par exemple, signifier l’élargissement des horaires d’ouverture des bureaux et équipements (ouverture des bibliothèques universitaires 24 h/24 …).

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Fixer les ambitions du projet avec les certifications et labels

L’INTÉRÊT DE LA CERTIFICATIONLaurent DOYAT, groupe immobilier ICADE

Pour Icade, proposer sur le marché des bâtiments certifiés est indispensable. C’est la preuve de la réalisation de projets performants et exemplaires. 100 % des bureaux produits par Icade doivent être certifiés HQE ; le projet Thémis à Clichy est le premier immeuble de bureaux à recevoir le label E+C- phase conception, ayant pour but de préfigurer la future réglementation environnementale.

Label E+C- (Bâtiment à Énergie Positive et Réduction Carbone)

Les ministères de l’Écologie et du Logement ont lancé en octobre 2016 un label expérimental applicable à tous les bâtiments neufs. Ce label s’appuie sur le référentiel “Énergie-Carbone” qui définit de nouveaux indicateurs combinant performance énergétique (indicateur BEPOS) et performance environnementale (Carbone).

Le nouvel indicateur de performance énergétique BEPOS distingue les énergies renouvelables et non renouvelables. Celui-ci se calcule en faisant la somme des consommations énergétiques non renouvelables auxquelles sont soustraites les éventuelles exportations d’énergies renouvelables issues du bâtiment lui-même. Le calcul intègre l’ensemble des usages du bâtiment dans sa phase exploitation et pas uniquement sur les usages réglementés (définis dans la RT 2012). Le calcul inclut donc l’ensemble des consommations des équipements mobiliers et immobiliers, tels que les ascenseurs, l’éclairage et la ventilation des parkings, etc. Le calcul de l’émission de GES est également innovant puisqu’il prend en compte l’ensemble du cycle de vie du bâtiment et des matériaux qui le composent : construction, exploitation et fin de vie.

À l’issue de la période d’expérimentation, un référentiel définitif entrera en vigueur et fixera des seuils à ne pas dépasser sur les performances énergétiques et carbone.

Dans le cas des bureaux privés, les ambitions sont, le plus souvent, au moins partiellement définies en regard de références externes : elles s’appuient sur les exigences de labels ou de certifications (comme c’est très souvent le cas dans des projets financés par des investisseurs privés), sur des référentiels locaux (comme dans la métropole lyonnaise avec le référentiel “Bureaux Durables”), ou, dans le cas de projets totalement ou partiellement encadrés par la collectivité (comme les ZAC, PUP ou PAE), sur des exigences spécifiques incluses au cahier des charges de cession de terrain ou à la convention de PUP/PAE.

Les enjeux et les objectifs observés et fixés par le maître d’ouvrage sont le plus souvent énergétiques, eu égard à des labels. Il est important de se fixer des objectifs autres qu’énergétiques, afin de permettre la qualité globale du projet et de se donner une idée juste et très en amont du budget nécessaire à l’opération. Ces objectifs peuvent répondre à des contraintes et des envies à la fois techniques, économiques et stratégiques.

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ZOOM SUR LA CERTIFICATION C2C CRADLE TO CRADLE

Initiée à partir de 2002 autour du thème de l’analyse de cycle de vie des matériaux par le biais de produits certifiés C2C, la démarche “Cradle to Cradle” (du berceau au berceau) appliquée au secteur de la construc-tion vise à définir des éléments du bâtiment qui ont un impact positif sur le bien-être, l’environnement ou l’économie. Les thèmes abordés sont l’air, l’acoustique, les ressources en eau, la biodiversité, l’énergie, les émis-sions de GES ainsi que les matériaux. L’intérêt de cette certification est que ces différentes thématiques sont non seulement traitées sous l’angle de réduction des impacts mais aussi sur l’apport du bâtiment dans son en-vironnement au regard de l’ensemble du cycle de vie.

Il s’agit pour le maître d’ouvrage preneur, le cas échéant promoteur, de définir des critères de choix pour la sélection des labels et/ou certifications environnementaux les plus appropriés à ces besoins et ambitions. Ces critères portent à la fois sur des éléments techniques, économiques mais surtout stratégiques. Parmi ceux-ci on peut citer :

Visibilité : il s’agit ici de choisir l’échelle internationale, nationale ou locale du label et/ou certification,

Approche transversale ou thématique : selon les stratégies recherchées dans les projets, l’approche transversale de tous les thèmes de la qualité environnementale pourra être recherchée ou seulement un thème méritera d’être labellisé,

Représentativité du label : novateur ou répondant seulement aux “standards” des demandes du marché investisseur,

Coût et accompagnement : le moment de la décision, le budget alloué, les moyens et les compétences présentes au sein de l’équipe de conception seront des éléments à prendre en compte dans le choix.

Parmi les labels et / ou certifications rencontrés aujourd’hui, on peut distinguer :

Les plus communs, les plus utilisés aujourd’hui dans le marché de la fabrication des immeubles de bureaux, constituent des exigences des investis-seurs notamment. Parmi eux, BREEAM (label anglais datant du début des années 1990), la certification française HQE Bâtiment durable et la certification américaine LEED.

Les plus émergents, qui se distinguent par leur approche thématique ou bien leur niveau de performance et, dans ce cadre, on peut citer :

• le label d’État E+C- (Bâtiment à Énergie Positive et Réduction Carbone), qui a été créé pour accompa-gner l’expérimentation nationale destinée à préfi-gurer la future réglementation environnementale des bâtiments neufs,

• les labels privés : BEPOS (Bâtiment à Énergie Posi-tive) et BBCA (Bâtiment Bas Carbone),

• d’autres, émergents sur des thèmes plus novateurs, apparaissent notamment sur les opérations de bâtiment tertiaire : le label WELL sur le thème de la santé et du bien-être au travail, le label CRADLE TO CRADLE qui interroge l’analyse de cycle de vie du bâtiment, les labels BIODIVERCITY ou EFFINATURE qui traitent des enjeux de la biodiversité.

Maison du projet et des services du site Lainière-Plennel et Flipo-Peignage-Amédée sur les communes de Roubaix / Wattrelos (59)Architecte : EKOA et Carlos ArroyoLe projet s’inscrit dans la démarche Cradle to Cradle basée sur l’économie circulaire à impact positif. Pisé, bois massif brut, fondations amovibles, toitures en coussins d’air transparents, polycarbonate sont les matériaux utilisés sur le projet.

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CERTIFICATIONS

HQE Bâtiment Durable- Visibilité nationale- Spécificité : système de management responsable,

28 thèmes à étudier- Possibilité de recourir à un Référent reconnu

Certivéa- Plusieurs niveaux de certification possible :

Performant, Très performant, Excellent, Exceptionnelwww.certivea.fr/offres/certification-hqe-batiment-durable

BREEAM- Visibilité internationale- Spécificités : méthode à points sur 10 thèmes,

évaluation du confort spécifique- Plusieurs niveaux de certification selon le nombre

de points obtenus : Pass, Good, Very Good, Excellent, Oustanding

- Obligation de recours à un assesseur AMO certifié BREEAM

www.breeam.com

LEED- Visibilité internationale- Spécificité : méthode à points sur 6 thèmes- Nécessité d’un acousticien, AMO certifié LEEDS- Plusieurs niveaux de certification selon le nombre

de points obtenus : Certified, Silver, Gold, Platinum- Possibilité de recours à un AMO certifié LEED

(LEED AP)www.usgbc.org/leed

WELL- Visibilité internationale- Spécificité : aborde des méthodes de calculs

différents sur les questions de santé et bien-être, qualité d’air et d’eau

- S’adresse aux concepteurs et aux utilisateurs- Nécessité d’un assesseur certifié WELLwww.effinergie.org

LABELS

E+ C- (Bâtiment à Énergie Positive et Réduction Carbone)- Visibilité nationale- Spécificité : label d'État qui préfigure la future

réglementation environnementale- Label délivré en association ou non de la

certification HQE Bâtiment Durablewww.batiment-energiecarbone.fr

BEPOS Effinergie 2017- Visibilité nationale- Spécificité : mono thématique- Label privé associé à l’obtention préalable du

label d’Etat E+C- ou en association possible à la certification HQE Bâtiment Durable

- Possibilité de recours à un référent reconnu Certivéa

www.effinergie.org

BÂTIMENT BAS CARBONE BBCA- Visibilité nationale- Spécificité : mono thématique- Label privé associé à l’obtention préalable du label

d’Etat E+C- ou en association avec la certification HQE Bâtiment Durable

- Nécessité d’un référent reconnu Certivéa BBCAwww.certivea.fr/offres/label-bbca-batiment-bas-carbonewww.batimentbascarbone/org/label-bbca

MINERGIE (en France par Prestaterre)- Visibilité internationale- Spécificité : utilisée dans la zone voisine suisse- Labellisation en France par Prestaterre- Nécessité d’un membre de la MOE formé au logiciel

LESOSAIwww.prestaterre.eu/certification-minergie/

PASSIV’HAUS (en France par l’Institut de la maison passive)- Visibilité internationale- Spécificité : énergie - Nécessité d’un membre de la MOE ayant effectué

la formation Concepteur Européen Bâtiment Passif (CEPH, Réalisation des études PHPP - Passive House Planning Package)

www.passiv.fr

CRADLE TO CRADLE (EPEA)- Visibilité internationale- Spécificité : aborde l’ACV du bâtiment- Labellisation en France par EPEA, permet de référencer

le bâtiment dans une base de données.- Nécessité d’un AMO Cradle to Cradlewww.c2ccertified.org

EFFINATURE (ECOCERT Environnement)- Visibilité nationale- Spécificité : aborde les enjeux de biodiversité- Nécessité d’un écologue certifié Effinature- Labellisation par Ecocert Environnementeffinature.irice.fr/doku.php

BIODIVERCITY (Conseil International Biodiversité et Immobilier)- Visibilité - Spécificité : aborde les enjeux de biodiversité- Nécessité d’un accompagnement par un évaluateur

accrédité, mission Écologuecibi-biodivercity.com/biodivercity/

Labels et certifications (liste non exhaustive)Quelques éléments de visibilité, spécificités et liens pour en savoir plus.

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Choisir une équipe de maîtrise d’œuvre

PARLONS DU DIALOGUE COMPÉTITIFSylvie JOSSE, SPL Lyon Confluence

La réhabilitation de la Halle Girard pour accueillir la French Tech lyon-naise était un projet contraint par des courts délais de livraison (2 ans). Le choix du dialogue compétitif permettait de consulter la maîtrise d’œuvre en même temps que l’éla-boration du programme et ainsi comprimer le temps des études. Sur la base d’un pré-programme faisant émerger les besoins, nous avons sélectionné trois équipes de maîtrise d’œuvre qui ont élaboré leur projet sur trois workshops et proposé un rendu définitif de niveau esquisse. Le dialogue compétitif a permis de co-construire ce programme au fur et à mesure, en lien avec les potentiels de la Halle, en agrégeant les réflexions et les idées nouvelles issues des différents échanges.

Si la loi MOP définit largement les missions nécessaires à la conduite d’un projet de construction publique, elle ne s’applique pas dans le cas de bâtiment privé et ses mises à jour ne permettent pas toujours de prendre en considération toutes les évolutions des missions de chacun dans une logique de transition écologique.

Le guide de la MIQCP (Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques) élaboré en 1998 abordait déjà les questions de qualité environnementale. Si la transition écologique est une nécessité, elle est à ce jour encore peu intégrée par les acteurs du bâtiment qui se trouvent à des niveaux de prise de conscience et d’expertise très divers. Aussi, la description des missions de l’équipe de maîtrise d’œuvre et l’évaluation de leurs compétences au regard des ambitions environnementales reste relativement complexe pour un maître d’ouvrage. S’il existe aujourd’hui une qualification OPQBI (Organisme de qualification de l’ingénierie) dans ce domaine, il faut prendre toute la mesure de la capacité de l’équipe au global à répondre aux enjeux du durable. Comme cela a été évoqué précédemment, une des clés de la réussite tient dans la capacité à travailler ensemble et à porter une approche de co-conception du projet. Il appartient alors à chaque maître d’ouvrage de définir des critères de choix de l’équipe, en plus des critères minimum de capacité.

Le guide de la MIQCP (version 2011, mais aussi les suivantes) permet à tout maître d’ouvrage de s’informer sur les méthodes, critères et limites de la mise en œuvre du développement durable dans les constructions publiques. Si l’on avait à résumer en quelques éléments méthodologiques fondamentaux la démarche à suivre, il s’agirait pour le maître d’ouvrage de :

Choisir une équipe ayant la capacité de partager une vision commune de la qualité environnementale. Celle-ci peut être évaluée par une lettre de motivation ou par les références communes de l’équipe, Adapter la mission, les études justificatives et les honoraires d’ingénierie aux spécificités du projet et aux ambitions préalablement déterminées, Imaginer des modes de consultation variés favorisant l’intelligence collective, notamment dans le cas de mise en œuvre de programme tertiaire complexe, Prendre le temps de la réflexion collective.

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PARLONS DE LA MISSION DE LA MAÎTRISE D’ŒUVREDavid BELLANGER, SERL

La maîtrise d’ouvrage doit prendre conscience de son rôle et de son im-plication nécessaire dans l’atteinte des performances. Il s’agit de mieux organiser la temporalité des interven-tions, notamment en augmentant très largement la durée sur laquelle les acteurs de la conception et ceux de la gestion / exploitation doivent se côtoyer, idéalement depuis la fin des études (phase à laquelle la consulta-tion de l’exploitant est possible) jusqu’à 2  ans minimum après la réception. Le partage de connaissances et d’ex-périences de ces intervenants sur une durée suffisante est une clef de la réussite.

Définir la mission “Qualité environnementale” de l’équipe de maîtrise d’œuvreLe rôle du coordonnateur qualité environnementale est d’amener l’expertise nécessaire à la réalisation de choix pertinents dans le projet, en réalisant des études techniques lorsque cela est nécessaire ; mais il doit avant tout proposer une vision transversale, multicritère, holistique et prospective pour accompagner l’équipe tout entière et permettre un échange riche en transdisciplinarité. En cela, le référent qualité environnementale joue le rôle de facilitateur et de mise en commun des synergies individuelles et doit pouvoir conduire à une meilleure intelligence collective.

Deux études-clefs de la mission Qualité Environnementale de l’ingénierie :

La simulation thermique dynamique (STD)Cette étude réalisée au moyen d’outils de modélisation numérique du bâtiment et de son environnement a plusieurs objectifs. Elle permet d’appréhender, en fonction de la conception et des hypothèses d’utilisation, les niveaux de confort dans les locaux et d’estimer les consommations énergétiques.Réalisée le plus en amont possible du projet, au stade de l’avant-projet sommaire, elle permet de tester la sensibilité des différents paramètres de conception, qu’ils soient climatiques, de dessin de la façade ou techniques. Elle est alors un formidable outil d’aide à la conception, sous réserve que les résultats et hypothèses considérés soient partagés avec l’ensemble de l’équipe de maîtrise d’œuvre (MOE) et au sein de la maîtrise d’ouvrage (MOA) afin d’arbitrer les choix les plus pertinents. L’opportunité de réaliser cette étude est judicieuse dans la mesure où elle permet d’orienter les choix

à faire et donc de faire progresser le projet. Selon la taille et les enjeux du projet, l’étude de conception peut engendrer de 8 à 20 jours de travail.Réalisée dans les phases finales de conception du projet, phases PRO-DCE, elle définit plus précisément les objectifs à atteindre et constitue la feuille de route qui permettra, après la livraison, de valider l’atteinte des performances en matière de consommations énergétiques par exemple. Dans ce dernier cas, il convient de bien définir les hypothèses prises pour, le cas échéant, pouvoir comparer les estimations aux résultats de suivi du bâtiment dans des conditions équivalentes. Selon la taille du projet, l’étude peut demander de 10 à 15 jours de travail.Dans les deux cas évoqués, il convient d’appréhender toutes les limites d’une telle étude, compte tenu notamment du nombre et de la complexité des hypothèses à considérer pour avoir un avis critique sur les résultats obtenus.

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L’analyse de cycle de vie (ACV) du bâtimentL’analyse de cycle de vie du bâtiment a pour objectif d’évaluer les impacts du bâtiment sur de nombreux indicateurs environnementaux, tout au long du cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie du bâtiment - “du berceau à la tombe”. Depuis le début des années 2000, de nombreux outils et tentatives de méthodes de calcul ont été développés pour prendre la mesure des enjeux de la construction ou de la réhabilitation des bâtiments sur l’environnement. Ces études à l’instar des études de simulation thermique dynamique ont plusieurs objectifs :• Dans une perspective d’appréhension des

enjeux des grands choix en termes de modes constructifs, il s’agit, dans un premier temps, de forger des ordres de grandeur sur les indicateurs majeurs que sont les émissions de gaz à effet de serre et l’énergie grise nécessaire pour fabriquer les bâtiments. Si aujourd’hui les ordres de grandeur des consommations énergétiques liés à l’utilisation des bâtiments sont bien maîtrisés ce n’est pas le cas des phases liées à la construction et à la démolition.

• La question de l’approche constructive et esthétique dans une perspective d’une société post carbone interroge également sur les impacts des choix en amont des grands choix architecturaux et techniques. Aussi les approches de sensibilité de différents choix constructifs tels que les façades, les menuiseries, les revêtements de sols, les choix techniques… doivent permettre d’orienter les choix des architectes et aussi des ingénieurs. Sur cette question des enjeux liés à l’impact de la construction des bâtiments, la configuration actuelle a peu évolué depuis les années 1980. Il convient donc de réaliser un travail d’acculturation des acteurs du bâtiment et de partager les retours d’expérience pour progresser sur ces thématiques. Plus cette étude est menée en amont, plus elle est pertinente, dans la limite des informations minimales nécessaires pour réaliser un calcul d’ACV. Il s’agira également de la mettre à jour en phase chantier à partir de quantitatifs réels et des produits choisis. Selon l’ambition et la taille du projet, cette étude peut demander un temps de 5 à 15 jours de travail.

Exemple d’un cycle de vie du bâtiment avec ressources et rejets associés

PAGE 24 La qualité environnementale des bâtiments tertiaires

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Cadrer les exigences

Les études de programmation globale conduisent à définir les documents-cadres pour choisir une équipe de maîtrise d’œuvre. Pour cela, l’étude des potentialités du site et des besoins des futurs utilisateurs est réalisée et, l’enjeu, est donc d’aboutir à un programme ou cahier des charges environnemental ayant croisé tous les enjeux environnementaux, les caractéristiques spécifiques du site et le programme fonctionnel.

Étudier les potentiels environnementauxAfin de définir des exigences et / ou recommandations dans le document contractuel transmis à la maîtrise d’œuvre, des études de potentiel sur les thèmes environnementaux sont réalisées en parallèle des études de faisabilité architecturale. L’approche énergétique est l’une des études le plus souvent réalisée pour déterminer le niveau de performance énergétique de l’opération en lien ou pas avec un label ou une certification. Les autres thèmes environnementaux (gestion de l’eau, choix des matériaux, aménagement des espaces extérieurs…) sont étudiés selon des indicateurs environnementaux adaptés au projet et au site. Les surcoûts engendrés doivent être pris dans une approche plus large en coût global permettant de faire des choix dans le long terme.

L’étude en coût globalL’étude en coût global existe depuis de nombreuses années, elle est cadrée par un texte normatif mais est souvent mise en œuvre partiellement. Pour effectuer cette étude, il paraît judicieux justement d’identifier les critères fondamentaux pour le maître d’ouvrage. Si certains sont communs comme le coût d’investissement, les coûts de maintenance et d’entretien, les coûts d’exploitation et de renouvellement, d’autres paramètres sont très variables selon le bâtiment étudié, notamment la durée du calcul. Classiquement réalisés sur

30 ans, certains bâtiments publics sont réfléchis sur 40 ans et d’autres privés raisonneront sur des durées beaucoup plus courtes. L’étendue des ouvrages pris en compte dans l’étude dépend également du projet. On peut aborder cette approche par ouvrage du bâtiment pour guider les choix du maître d’ouvrage. Cette étude sera mise en œuvre également par les équipes de conception.

Établir le cahier des charges environnementalLe document cadre reprenant les exigences pour les futurs concepteurs est un document contractuel qui doit permettre de :

Formaliser les ambitions environnementales fixées par le maître d’ouvrage et de les partager,

Expliciter les enjeux des différents thèmes environne-mentaux, cela doit être un document pédagogique et agréable à lire,

Définir des exigences claires, évaluables tout au long du projet,

Décrire la méthode de travail commune que le maître d’ouvrage souhaite mettre en place sur l’approche éco-responsable du bâtiment en spécifiant précisé-ment les attendus de la maîtrise d’œuvre.

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Scénarii énergétiques RT 2012

avec réseau de chaleur urbain

(RCU)

BEPOS avec réseau de

chaleur urbain (RCU)

BEPOS avec pompe à

chaleur sur nappe (PAC)

Coût d’investissement du bâtiment en HT 1 664 000 1 880 000 2 040 000

Coût d’installation photovoltaïque en HT 0 72 000 70 000

Charges énergétiques en HT / an 8 800 7 500 6 000

Gain du photovoltaïque en HT /an 0 -2 900 -2 880

Charges d’entretien-maintenance en HT / an (hors nettoyage) 8 500 8 500 9 600

ExempleÉtude comparative (2016) du système de chauffage en coût global sur un projet de bureaux à Lyon de 2000 m² pour un niveau BEPOS.L’objectif est de trouver la solution la plus adaptée à la maîtrise d’ouvrage et aux ambitions environnementales.Source : TRIBU

Globalement sur 30 ans, la solution de raccordement au réseau de chaleur urbain (RCU) est la moins coûteuse.

La solution BEPOS avec pompe à chaleur (PAC) est la moins coûteuse en énergie par an.

0

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RT 2012 BEPOS (RCU) BEPOS (PAC)

Charges d'entretien - maintenance sur 30 ans

Charges énergétiques sur 30 ans

Investissement global

Comparaison en coût global du système de chauffage sur 30 ans

-4 000

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RT 2012 BEPOS (RCU) BEPOS (PAC)

Facture d'électricité

Facture sur la chaleur

Gain sur l'énergie photovoltaïque

Charges énergétiques en par an

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400 000

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RT 2012 BEPOS (RCU) BEPOS (PAC)

Charges d'entretien - maintenance sur 30 ans

Charges énergétiques sur 30 ans

Investissement global

Comparaison en coût global du système de chauffage sur 30 ans

-4 000

-2 000

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2 000

4 000

6 000

8 000

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RT 2012 BEPOS (RCU) BEPOS (PAC)

Facture d'électricité

Facture sur la chaleur

Gain sur l'énergie photovoltaïque

Charges énergétiques en par an

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PAGE 27Retour d’expériences en Auvergne-Rhône-Alpes

LES ÉTUDESDE CONCEPTION

Mise en commun des approches expertes, c’est le moment où les arbitrages et les grands choix sont pris pour aboutir à un bâtiment où la qualité de vie doit demeurer l’objectif tout en limitant

les impacts sur l’environnement.

PAGE 28 La qualité environnementale des bâtiments tertiaires

Aborder le site et le projet dans la transdisciplinaritéSi l’équipe de la maîtrise d’ouvrage connaît bien son projet et son site, l’équipe de maîtrise d’œuvre doit en appréhender très rapidement, souvent en quelques semaines, les tenants et les aboutissants. Les premiers choix se réalisent souvent dans le cadre d’un concours ou d’une consultation. Si c’est une étape propice à la réflexion collective, c’est parfois malheureusement une phase trop courte. Il est fondamental de garder le temps pour cette phase décisive pour la suite du projet à la fois du point de vue de la qualité de la réponse attendue mais également pour laisser le temps à l’ensemble des compétences de l’équipe de maîtrise d’œuvre de travailler dans la transdisciplinarité afin de réaliser les choix les plus adaptés.

Intégrer le bâtiment dans son environnementLa visite du site par l’équipe de maîtrise d’œuvre est une étape clé pour les grands choix d’implantation du bâtiment. Celle-ci doit se faire obligatoirement par plusieurs compétences conjointes de l’équipe. C’est une formidable occasion de croiser les visions et les compréhensions du programme. Les grands choix de plan-masse doivent prendre en compte les abords et l’approche urbaine du site. Les questions d’accessibilité au transport en commun ou aux modes doux du site à ce stade est un thème important à prendre en compte. Pour construire un équipement public, on veillera à étudier la cohérence avec les équipements déjà présents, mais également le nombre et la qualité de ses accès, par exemple.

À ce stade, il s’agit de s’emparer, du travail préalable réalisé par le maître d’ouvrage sur l’analyse environnementaledu site et de partager les points de vue de la maîtrise d’œuvre sur les réponses les plus adaptées.

| Les études de conception

Implanter le bâtiment dans le site

Appliquer une démarche bioclimatique* étendueCette approche doit prendre en compte les atouts et les contraintes du site. Si quelques informations ne sont pas disponibles, il revient à l’équipe de maîtrise d’œuvre d’interroger le maître d’ouvrage si possible ou bien de conduire ses propres recherches. On peut citer notamment le cas particulier de l’exposition aux champs électromagnétiques : si les études d’exposition n’ont pas été réalisées au préalable, il est fondamental que l’équipe de maîtrise d’œuvre appréhende les enjeux spécifiques au site et au programme notamment dans le cas d’accueil de publics sensibles.

Un même site et un même programme peuvent engendrer une variété de réponses en termes de morphologie et d’orientation du bâtiment.

PAGE 29Retour d’expériences en Auvergne-Rhône-Alpes

Les 4 plans-masses proposés lors du concours du bâtiment “Le Velum”, Lyon (69)Bureaux Bd Vivier-Merle, ICADEPour la même parcelle et pour le même cahier des charges, les réponses au concours de chaque équipe en termes d’implantation et de morphologie sont très diverses.Les 4 implantations présentent des réponses satisfaisantes en termes d’épaisseur des plateaux de bureaux, d’accès à l’éclairage naturel et de protection vis-à-vis du bruit du boulevard Vivier-Merle.

Plan-masse du lauréatArchitecte : Hammoutene

Autres propositions

Les études de conception |

PAGE 30 La qualité environnementale des bâtiments tertiaires

| Les études de conception

Aménager les espaces extérieurs

PARLONS DE GESTION ALTERNATIVE DES EAUX PLUVIALESMélanie DUVAL, paysagiste, GraphyteLes sites tertiaires doivent gérer d’im-portants volumes d’eaux pluviales, engendrés par la création de vastes zones imperméabilisées. Parallèle-ment, un souhait légitime de qualité du cadre de travail demande d’imagi-ner des espaces extérieurs conviviaux et des lieux d’usage quotidiens où le végétal a toute sa place. Les tech-niques de gestion dites alternatives (stockage en toiture, noues, puits d’infiltration, etc.) réconcilient ces deux impératifs dans bon nombre de situations, y compris en zone urbaine dense. La prise en compte de l’ensemble du parcours de l’eau, dès les premières phases de conception est essentielle pour mieux répartir et intégrer la gestion des eaux au projet d’aménagement.

PARLONS DE CONFORT D’USAGEFanny BOISSON, paysagiste, Big Bang

Les espaces extérieurs sont porteurs, au même titre que les espaces du bâtiment, d’un enjeu de qualité du cadre d’accueil offert aux usagers. Lieu de la pause, de la sociabilité professionnelle ou prolongement de l’espace de travail, les parvis, les jardins ou autres espaces de cours doivent intégrer les objectifs de confort d’usages favorables à leur utilisation. Ces espaces extérieurs constituent une forme de rupture avec le cadre d’usage proposé dans les bâtiments. La présence du végé-tal et une scénographie offrant une rupture visuelle avec l’environnement proche participent notamment à cette mise en complémentarité.

Cité de l’environnement, Saint-Priest (69)Architecte : Atelier Thierry Roche, Paysagiste : atelier LDLe parking souterrain dégage les espaces extérieurs pour les fonctions écologiques et de convivialité avec des fruitiers, un jardin partagé, ainsi qu’une gestion alternative des eaux pluviales par tranchée.

Les espaces extérieurs participent de façon non négligeable à la qualité du bâtiment. Ces espaces fédérateurs peuvent être des vecteurs de convivialité, mais aussi de ressourcement et de détente.

À l’instar du bâti, leur conception intègre la qualité d’usage et d’ambiance en hiver comme en été. Le concepteur veille alors à proposer à la fois des espaces d’usage protégés des vents et ensoleillés en hiver et des zones ombragées en été.

Au-delà de la fonction d’embellissement, les dernières recherches mettent en avant les co-bénéfices environ-nementaux du végétal et de l’eau dans la conception paysagère. Une conception durable des espaces extérieurs pourra ainsi participer au développement de la biodiversité, à la gestion des eaux pluviales, au rafraîchis-sement urbain, voire à la production alimentaire dans le cas de potagers partagés… La méthode de conception permaculturelle nous indique notamment que chaque élément de composition du paysage devrait avoir au moins trois fonctions pour être soutenable.

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Organiser les espaces et les ambiances

Hikari, Lyon-Confluence (69)Bâtiment à énergie positive tous usagesLivraison : 2015Maître d’ouvrage : Bouygues constructionArchitecte : Kengo KUMACet îlot à forte densité intègre une mixité fonctionnelle où les logements ont été positionnés dans les zones ayant un accès au soleil en hiver. Pour les bureaux, l’emprise bâtie épaisse, à savoir la largeur de façade à façade élevée, posait des contraintes pour l’accès à la lumière et la ventilation des plateaux de bureaux. Le parti architectural et bioclimatique, par le travail des “failles”, comme l’illustre l’exemple ci-joint, a développé des espaces extérieurs à chaque étage et une amélioration de l’accès à la lumière pour les parties centrales du bâtiment.

À chaque projet, la conception bioclimatique induit un travail de synthèse entre les qualités et les contraintes liées au site avec l’organisation interne des espaces et des fonctions à l’intérieur du bâtiment. Il s’agit de penser la qualité d’ambiance des espaces en intégrant la question de l’orientation des locaux en rapport avec l’accès au soleil, à la lumière, aux vents, mais aussi à l’éloignement des nuisances acoustiques.

Les exigences en termes de température de consigne des locaux en été et en hiver en lien avec les apports internes de chaleur liés à la densité des personnes ou aux process (informatique, équipements) sont des paramètres pour définir l’orientation des différents locaux par rapport à la course du soleil. Ceci permettra une réduction des besoins en termes de chauffage et de rafraîchissement actif.

La profondeur des locaux par rapport à la façade a un effet direct sur l’autonomie en termes d’éclairage natu-rel mais aussi sur la capacité à ventiler par les fenêtres en été, impactant finalement les consommations élec-triques du bâtiment. Cette question est régulièrement soulevée dans le cas des bureaux où les standards de trames créent des bâtiments trop épais (entre 14 et 16 m). Ces configurations génèrent souvent des locaux aveugles dans les parties centrales de plateaux, notamment les salles de réunion, fortement dépendantes en ventilation mécanique et en éclairage artificiel.

PARLONS DE QUALITÉ D’ACCUEILVéronique GIRARD, psycho-sociologue conseil en sciences humaines et environnement bâti

La qualité environnementale et la qualité d’usage des bâtiments est souvent réduite à un aspect tech-nique et fonctionnel. Je préfère par-ler de qualité d’accueil d’un bâtiment qui prend en compte la dimension sensorielle de l’architecture et s’adresse à la dimension psychique et sen-sible de la personne. Elle est une réponse globale qui articule d’une part les besoins humains, le projet éducatif, culturel, de santé… et les espaces concernés.

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Institut médico-éducatif de Saint-Priest (69)Maître d’ouvrage : ADAPEIArchitecte : Vurpas Architectes

La morphologie de type pavillonnaire de ce centre médico-éducatif a permis de développer des espaces très ouverts à l’extérieur et à la lumière et de garder une échelle domestique pour les patients.

Siège mondial de Rossignol (Maison Rossignol),Saint-Jean-de-Moirans (38)Maître d’ouvrage : Skis Rossignol SASArchitecte : Hérault Arnod Architectes

Le bâti compact se compose d’un espace de production au nord et d’espaces de bureaux au sud, reliés par une coursive centrale vecteur de convivialité. Alors que l’espace de production est plutôt unitaire et fonctionnel, les espaces de bureaux sont composés avec des patios adaptés à une échelle plus humaine.

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Arbitrer les choix

La complexité des thématiques à prendre en compte pour concevoir un bâtiment tertiaire qui soit confortable aujourd’hui et surtout demain implique d’opérer des arbitrages entre plusieurs choix, qui sont à distinguer de leur simple hiérarchisation. Pour définir une solution pertinente pour un lieu, un bâtiment et un projet donnés, l’approche holistique et transdiscipli-naire est encore une fois essentielle.

Bien choisir aujourd’hui pour faire mieux demainLa capacité d’évolutivité des espaces, des techniques et des systèmes mis en œuvre est un des critères d’arbitrage des choix. En effet, la résilience des bâtiments passe également par leur capacité d’adaptation aux évolutions sociétales et technolo-giques futures. Si on prend l’exemple de l’éclairage artificiel, les 20 dernières années ont été l’occasion de sauts technologiques très importants. On peut imagi-ner que l’urgence de la transition écologique fera émer-ger des techniques de plus en plus performantes.

Dépasser les standards d’aujourd’huiSi aujourd’hui les bâtiments répondent à des standards de confort basés sur un monde carboné et riche en ressources, force est de constater que les modifi-cations climatiques en cours et à venir obligeront à revoir ces standards. Le confort d’été dans les bureaux est un enjeu majeur dans les centres urbains denses aujourd’hui et, il le sera d’autant plus fortement demain, avec l’augmentation attendue des périodes de canicule. Si les solutions à mettre en œuvre sont intimement liées à la conception du plan-masse et des bâtiments, il faut également apprendre à appréhen-der les notions de confort en faisant appel à d’autres critères que celui de la température. Aussi, l’enjeu est de travailler tous les paramètres du confort (para-mètres sociologiques, physiques ou de ressenti) pour aboutir à un bâtiment confortable en été. Cela passe par des épaisseurs de bâtiments adaptées permettant la ventilation naturelle, des surfaces vitrées pertinentes et protégées par l’extérieur, une recherche de l’inertie à l’intérieur, la limitation des apports internes par un accompagnement des modes de vie et de travail.

Bâtiment “Bonne Énergie” à Grenoble (38) Caserne de BonneArchitecte : Cr&onBâtiment à énergie positive, la solution architecturale des “bouchons thermiques” qui s’apposent sur les fenêtres réduisent les déperditions la nuit et ont aussi le rôle d’absorbant acoustique. On a ici l’illustration d’une approche multifonctionnelle d’un élément architectural.

LOW-TECH OU HIGH-TECH ?Alain BORNAREL,ingénieur fondateur de TRIBU

La nécessaire frugalité* n’est pas seulement liée à la maîtrise des ressources en matériaux et de l’éner-gie ; elle pose aussi la question de la technicité : low tech ou high tech ? La technique doit être réfléchie, utile, non polluante et non gaspilleuse, à faible entretien, facilement répa-rable et recyclable. Elle doit aussi être d’utilisation simple, naturelle, voire ludique. Le low-tech répond bien à cette définition, mais pas seulement. En tout cas, la frugalité s’oppose parfois à une approche trop tech-niciste du bâtiment, instrumenté, connecté, ayant trop largement recours à des systèmes de haute technologie privilégiant la croissance économique, fût-elle verte plutôt que le bonheur, le bien-vivre des hommes et des femmes.

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Le LowCal, Pont-de-Barret (26)Architecte : Cabinet Pierre TraversierAccueillant les bureaux de Enertech, bureau d’études fluide et énergétique, le bâtiment a été conçu et optimisé pour ne pas avoir recours à un système de chauffage, mais surtout dans un objectif d’impact environnemental réduit. Située en cadre rural, la construction a veillé à utiliser principalement des matériaux locaux (paille, terre crue, bois) permettant de valoriser les filières locales.

Les approches du confort d’été sans climatisation doivent encore être explicitées, partagées pour gagner en compréhension collective et en efficacité.

Interroger les modes de faire, laisser la place à l’audace et à l’intelligence collectiveIl s’agit de définir des conditions favorables aux approches alternatives dans les processus de fabrication, de conception ou de choix techniques, de favoriser, dans les projets, l’audace des concepteurs voire des utilisateurs.

Contenu carbone en kgCO₂/m² du bâtiment “Le LowCal”Calcul d’analyse de cycle de vie selon la méthode du référentiel Energie-Carbone (logiciel utilisé : ThermaACV)Les performances environnementales du LowCal permettent d’atteindre le niveau Carbone 2.

VRD 49,4

Fondations, Structures 159,4

Couverture, Étanchéité, Charpente

19,4

Cloisonnement, Doublage, Plafonds, Menuiseries

107,8 Façades et menuiseries extérieures

28,5

Revêtement des sols, murs et plafonds

69,5

Ventilation double flux 9,0

Installations sanitaires 6,2

Courants forts et faibles, photovoltaïques

203,9

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Choisir les modes constructifs et les matériaux

La région Auvergne-Rhône-Alpes a été pionnière depuis plus de vingt ans dans la prise en compte des impacts environnementaux dans la conception des bâtiments tertiaires. Les qualités des ressources de son territoire et de ses savoir-faire permettent aux concepteurs et aux entreprises de réfléchir à des modes constructifs plus vertueux. Par ailleurs, certaines zones géographiques de par leur accessibi-lité parfois limitée, doivent optimiser l’utilisation de la matière et des transports.

La qualité environnementale implique des choix techniques multicritères qui nécessitent des arbi-trages entre les différents enjeux que sont l’esthétique, la pérennité, la provenance des ressources, l’éner-gie grise, les modalités d’entretien, les impacts sur la santé et sur l’environnement, sans oublier le coût d’investissement.

Développer les matériaux biosourcés* et les filières localesSi la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est déjà illustrée depuis de nombreuses années dans la réalisation de bâtiments mettant en œuvre la filière bois, celle-ci demande encore à être soutenue dans certains territoires. Les fabricants de matières biosourcées (chanvre, laine de bois, ouate de cellulose, paille, etc.) sont nombreux dans la région et doivent être encou-ragés. La part de matière biosourcées et locales dans les bâtiments neufs tertiaires doit pouvoir dépasser 70 % des matériaux utilisés et, ainsi, favoriser à la fois les enjeux économiques locaux mais également limiter les impacts sur l’en-vironnement. La marge de progression concerne également les opérations de réhabilitation dans lesquelles ces réflexions doivent être intégrées et être le lieu parfois d’arbitrage entre performance et impact.

Gymnase Hacine Chérifi - Rillieux-la-Pape (69)Maîtrise d’ouvrage : Ville de Rillieux-la-PapeArchitecte : TECTONIQUESLe projet intègre les matériaux paille et fibre de bois comme isolants de façade. Le bois a été fortement utilisé dans la structure et en revêtement extérieur et intérieur.

Exemple d’un mode constructif : le mur en caisson boisIl peut être utilisé en panneaux de remplissage de façade pour un bâtiment en structure lourde ou métallique.

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Recyclerie de Cusset (03), Vichy CommunautéMaître d’ouvrage : Vichy CommunautéArchitectes : Bruhat et BouchaudyMention “Recyclage et économie circulaire” du prix régional de la Construction Bois 2015En cohérence avec la fonction du bâtiment, le projet s’est basé sur le réemploi des matériaux à savoir les panneaux de façades issus de la récupération de vieilles portes et les émetteurs de chauffage par des radiateurs en fonte. D’autre part, le projet intègre une chaudière bois granulés et une ossature bois.

Interroger systématiquement la seconde vie des matériauxMatériaux recyclables, réutilisables, voilà un champ peu exploré à l’heure actuelle même si les réflexions sur ce sujet existent de longue date. Certes, les filières sont peu nombreuses mais certaines existent, on peut citer notamment l’isolant METISSE à base de coton recyclé. Les freins se situent aujourd’hui au niveau réglementaire, notamment lié aux assurances, mais surtout dans l’approche culturelle de faire le bâtiment. Le bâtiment tertiaire, particulièrement de la commande publique, doit être exemplaire sur ce point et favoriser la mise en place d’une réflexion poussée vers le réemploi des matériaux, en travaillant sur des gisements, des filières locales.

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Concevoir l’enveloppe

Les parois opaquesIl existe différents modes constructifs pour la mise en œuvre de l’isolant :

Par l’intérieur : en doublage intérieur, cette méthode courante nécessite un traitement spécifique des ponts thermiques, Par l’extérieur : les ponts thermiques sont limités, l’inertie intérieure est conservée mais pose des contraintes pour le choix d’un revêtement de façade pérenne, Répartie : ce système constructif spécifique nécessite une ossature bois ou métal ou une technique de double mur.

Le choix du matériau d’isolant peut s’évaluer selon des critères de ressources :

Les isolants biosourcés (laine de bois, laine de chanvre, paille…) ont une énergie grise très faible et peuvent avoir un impact carbone positif, Les isolants synthétiques (laine minérale, polystyrène, polyuréthane) sont souvent plus performants sur l’isolation thermique mais présentent des impacts environnementaux moins favorables lors de leur production et sont non renouvelables.

Un point d’attention doit être porté dans le cas de la mixité des types de pose d’isolants au regard des modes constructifs et au regard des risques de condensation et d’infiltration d’air.

L’enveloppe constitue l’ouvrage durable du bâtiment. Travailler sur l’enveloppe, c’est travailler pour 60 à 80 ans, à comparer aux 10 à 20 ans de durée de vie des installations techniques. Il s’agit donc de privilégier une approche passive où la conception du bâti et son implantation priment sur les systèmes pour réduire les besoins en ressources et garantir le confort. L’enveloppe est le filtre entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment. Elle garantit l’isolation thermique et acoustique, l’étanchéité à l’air mais aussi l’accès à la lumière, au soleil, à la ventilation naturelle.Même si les déperditions thermiques dans les bâtiments tertiaires sont en bonne partie liées au renouvellement d’air de la ventilation, la typologie variée des bâtiments souvent peu compacts doivent être bien isolés.

Exemple de préconisations techniques sur l’enveloppe d’un bâtiment de bureauxLes niveaux d’isolation doivent être adaptés au type d’usage de tertiaire.

Toiture végétalisée couplée à une production d’énergies renouvelables - École primaire d’Uterensingen (Allemagne)Architecte : Hans-Ulrich Kahl

La toitureLa toiture est la 5e façade du bâtiment, végétalisée, accessible ou à pente, elle permet l’étanchéité à l’eau et l’isolation. Elle peut retenir les eaux pluviales, participer à la biodiversité et à la réduction de l’îlot de chaleur. Elle peut également constituer le lieu de production d’énergies renouvelables.On distingue plusieurs types de toitures végétalisées :

La toiture intensive (pots, bacs ou jardin suspendu) possible sur des structures supportant de fortes surcharges, (béton principalement), La toiture semi-intensive possible sur des structures plus légères (bois, acier), La toiture extensive possible sur tout type de structure du fait d’une faible surcharge.

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Les baiesLa baie concentre une multitude de rôles importants : elle cadre la vue, elle apporte la lumière naturelle dans les locaux, elle permet de récupérer des apports solaires en hiver et de ventiler naturellement en été. Elle est aussi le point faible de l’isolation.

Le double vitrage performant reste une réponse qualitative, le triple vitrage plus coûteux apporte sensiblement une meilleure isolation mais l’énergie grise pour le produire est plus élevée ; son choix doit être réfléchi. Pour des raisons de durabilité et de pérennité, sont privilégiées les menuiseries bois, aluminium et bois-aluminium.Les menuiseries PVC sont un choix bon marché néces-sitant peu d’entretien, mais la tenue dans le temps est moins bonne. D’autre part, comparé aux menuiseries en bois, c’est un matériau polluant à produire et à base de matière non renouvelable.

Les protections solairesQue ce soit des volets, des jalousies, des stores, des brise-soleil orientables ou non, le choix des protec-tions solaires extérieures est un point important des projets. La protection solaire a un rôle multiple, elle permet de :

Protéger des rayons solaires avant d’atteindre le vitrage en tenant compte de la course du soleil en été et mi- saison,

Moduler la lumière naturelle toute l’année, Protéger de la pluie, des intrusions (oiseaux, humains…) quand la baie est ouverte pour ventiler, notamment la nuit.

Les indicateurs de référence pour le choix des protections solaires sont :

La porosité : capacité au vent à traverser la protection pour garantir la ventilation avec un objectif de 8 % minimum,

Le facteur solaire : le pourcentage de rayonnement solaire global parvenant jusqu’à la baie, pour une bonne efficacité, doit être inférieur à 0,10 sur toutes les orientations.

Moucharabieh en terre cuiteÉcole de musique à Brignais (69)Architecte : Atelier Philippe Madec

Brise-soleil orientables métalliquesBureaux à Grenoble (38)Architecte : Groupe 6

Volets à lames orientablesMaison de territoire à Voiron (38)Architecte : Perraudin

Brise-soleil orientables et relevablesBureau Ivoire, Lyon (69)Architecte : Gauthier-Conquet

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Penser le confort intérieur

Siège de la délégation Auvergne CNFPTà Clermont-Ferrand (63)Architecte : Atelier 4DBâtiment labelisé PassivHausLes locaux sont optimisés sur les questions de confort thermique avec l’accès à l’inertie du plancher haut par un choix de faux plafonds partiels et l’intégration de brasseurs d’air pour limiter le recours au rafraîchissement actif.

PARLONS DE CONFORT ACOUSTIQUESamuel TOCHON, LASA, bureau d’études acoustiques

Les évolutions de la conception bioclimatique comme l’accès à l’iner-tie, la ventilation naturelle, l’emploi de matériaux biosourcés ont un im-pact sur le confort acoustique des bâtiments. Il est alors nécessaire de raisonner globalement la question de la performance thermique et acoustique. Les choix techniques travaillés conjointement et en amont permettent une optimisation du choix des matériaux qui traitent à la fois le confort acoustique et thermique et, permettent ainsi, une optimisation des coûts. Durant ces dix dernières années, la recherche de performance énergétique a conduit à une amélio-ration de l’isolation de l’enveloppe, avec systèmes techniques chauds et froids plus silencieux, qui a réduit le bruit de fond des locaux intérieurs de 40-45 dB à 20-18 dB. Cet abaissement de bruit de fond impacte la perfor-mance de l’isolement acoustique des parois intérieures. La vision an-glaise est différente : BREEAM aborde cette question plus finement jusqu’à parfois concevoir avec du “sound masking” (émetteurs de bruit blanc).

Voir, sentir, ressentir, écouter, toucher, respirer…Trop souvent et particulièrement liée à l’urgence éner-gétique de ces dernières années, l’approche sensible des espaces est mise au second plan après les réponses techniques et technologiques. Les bâtiments tertiaires accueillent des personnes qui évoluent, travaillent, se rencontrent… Autant de situations où l’approche sen-sible est fondamentale pour atteindre les objectifs du bâtiment pour leurs occupants et garantir un compor-tement éco-responsable.

Prendre en compte le confort thermique d’été et questionner l’adaptation du bâtimentLes bâtiments tertiaires sont souvent soumis à des conditions d’usage qui favorisent l’inconfort en été : fortes surfaces vitrées (souvent non protégées), fort taux d’occupation, situation plus ou moins urbaine, culture vestimentaire… Or, si tous les paramètres de concep-tion et d’usage ont été suffisamment pris en compte en amont et font l’objet d’un accompagnement des futurs occupants, les bâtiments tertiaires peuvent, sauf exception, limiter voir se passer de solutions de rafraîchissement actif dans les climats d’Auvergne-Rhône-Alpes. Il s’agit également d’ap-précier les conditions du confort sous l’angle de plusieurs paramètres (température opéra-tive, humidité, vitesse d’air confort adaptatif…). La question de l’adaptation aux forts épisodes caniculaires reste bien souvent encore peu explorée et mériterait d’être prise en compte le plus en amont possible : on nomme cela la résilience climatique du bâtiment. La place est donc encore large pour expérimenter et innover dans ce domaine, pour trouver les solutions les plus pertinentes au regard de la transition écologique.

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Choisir les revêtements intérieurs pour limiterles impacts sur la santéSi les débits de ventilation doivent être globalement augmentés par rapport aux niveaux réglementaires dans les bâtiments tertiaires, notamment ceux accueil-lant des jeunes enfants, il convient d’adapter le choix des revêtements intérieurs en limitant les émissions de polluants. Pour cela, on évaluera par exemple les facteurs d’émissions de polluants des produits mis en œuvre, en ayant en tête également les synergies possibles aujourd’hui peu prises en compte. Les para-mètres tels que les COV (Composés Organiques Vola-tiles) devront être limités à 250 µg/m3 et 10 µg/m3 pour le formaldéhyde.Parmi les points de vigilance en matière de santé, on peut citer, le choix des revêtements de sol en intégrant les sous-couches dans la réflexion, l’implantation des locaux par rapport aux transformateurs électriques ; le choix du mobilier devra intégrer la prise en compte des polluants intérieurs.

École maternelle de Champratel, Clermont-Ferrand (63)Architecte : MTALes classes sont conçues avec des ouvertures en toiture pour favoriser une éclairage naturel qualitatif et uniformeet permettre la ventilation traversante.

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Implanter les locaux en fonction des conditions d’usage et des confortsLa diversité des locaux dans le bâtiment tertiaire demande une appréhension fine des niveaux de confort à atteindre notamment en lumière, ambiance sonore, ambiance thermique, vues, soleil, qualité d’air.

La lumière et le confort visuel sont une priorité pour tous les locaux. Il s’agira évidemment de trouver des arbitrages cohérents entre confort thermique, confort acoustique et performances énergétiques. La lumière n’est pas le seul paramètre mais il est im-portant de réfléchir la qualité de celle-ci qui dépendra des orientations choisies, des vues, de l’implantation des baies, des couleurs et des matières sélection-nées. Des indicateurs comme le facteur de lumière de jour et l’autonomie en éclairage naturel constituent les paramètres à étudier spatialement pour faire les choix les plus adaptés.Par exemple, pour un usage de bureau, on privilégiera un bon accès à l’éclairage naturel sur les plans de tra-vail ; pour les salles de classe il s’agira de baigner toute la pièce de lumière et de faire appel à la mise en place d’un second jour.

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Médiathèque Drôme des Collines de Saint-Vallier (26)Architecte : B_CUBE

PARLONS DE CONFORT AVECTOUS LES USAGERSManon CAPITAN, AMSTEIN+WALTHERT

“Trop chaud ! Pas assez de lumière ! Une sensation de courant d’air !” déclarent les occupants mécontents. “Continuons de priver les usagers d’agir sur leur ambiance de confort et nous les empêcherons de s’approprier leur nouvel espace de travail” réplique le délégué du personnel. “J’ai pourtant mis à disposition les notices techniques des télécommandes” se défend le gestionnaire… Et s’il était possible de mettre tout le monde d’accord par le dialogue et la communication ?En réunissant en amont autour de la table maître d’ouvrage ou dirigeant, collège d’occupants et exploitant, en conviant ergonome, sociologue des organisations ou, encore, psychologue du travail ceci afin que chacun puisse exprimer ses besoins, ses contraintes, ses objectifs de performance et finalement définir un fonctionnement optimum des équipements en simplifiant la commande des systèmes pour l’usager final. Puis prendre le temps régulièrement de sensibiliser les utilisateurs, d’affiner les réglages, de ré-expliquer le fonctionnement et d’interroger leur satisfaction au travers d’une enquête.

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Une fois l’ensemble de la démarche de frugalité, de sobriété appliquée au bâtiment, il s’agit de choisir des systèmes techniques adaptés, optimisés, faciles à entretenir, pérennes.

Par systèmes techniques, nous entendons tous les dispositifs actifs nécessaires à la vie du bâtiment qu’ils soient énergétiques ou sanitaires. Nous reprenons ici quelques éléments clés, l’objet de cet ouvrage ne pouvant être d’aborder ces questions de façon exhaustive.

Optimiser tous les systèmes consommant de l’eau et de l’énergieLa réduction des niveaux énergétiques depuis vingt ans amène aujourd’hui à constater de façon encore plus flagrante l’impact de tous les choix des systèmes énergétiques. Tous les dispositifs techniques mis en œuvre pour produire, distribuer, réguler et émettre doivent être optimisés c’est-à-dire justement dimensionnés. On parle ici, entre autres, des pompes de distribution, de ventilation, des échangeurs, du calorifugeage des réseaux, de choix de régulation fine… L’impact sur les performances de cette optimisation pèse pour plus de 50 % des niveaux atteignables. Les techniques d’aujourd’hui permettent d’ores et déjà d’aller vers des niveaux très performants. Ce sont aux bureaux d’études de les dimensionner convenablement, d’en assurer une bonne maintenance par un accès aisé et, de choisir, des matériels efficients.

Compléter l’approche passive par une technique active adaptéeOn peut évoquer ici les choix en matière de confort d’été. Si le bâtiment a été bien conçu du point de vue passif, tout en prenant en compte les évolutions futures du climat mais également le contexte de surchauffe urbaine, les choix en matière de production de froid restent un enjeu fort pour les bâtiments tertiaires, utilisés la journée et, caractérisés par, des densités d’occupation importantes. Les techniques de puits climatiques, de brasseurs d’air, de géocooling* sont autant de systèmes peu consommateurs qui pourront être mis en œuvre tout en veillant à leur entretien facile.

En complément de ces systèmes, dans des contextes à enjeux très spécifiques tels qu’une forte densité urbaine ou un climat très peu favorable en été (c’est notamment le cas de la métropole de Grenoble), des solutions actives complémentaires de production de froid seront

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Optimiser les systèmes techniques

PARLONS DE VENTILATION DOUBLE FLUXBruno GEORGES, Bureau d’études ITF

Historiquement, la ventilation double flux a été utilisée pour ses qualités de récupération d’énergie. Cette qualité a d’ailleurs été parfois (souvent) remise en question du fait de distorsions entre l’efficacité de récupération affichée et les valeurs mesurées. Mais “il ne faut pas jeter le bébé parce que l’eau du bain est sale” ! Au-delà de la récupération énergétique, ce système permet l’amélioration du confort des occupants par l’absence de courants d’air due aux entrées d’air froid, de bonnes performances acoustiques en supprimant les ponts phoniques, une meilleure qualité d’air intérieur par la filtration des poussières. Une grande attention est nécessaire à la conception de la filtration, tant pour son efficacité en fonction des performances attendues que pour la facilité et le coût d’exploitation maintenance. Du fait de la technicité avancée du procédé, des précautions de conception sont à respecter pour obtenir une installation qui donne toute satisfaction et qui atteindra bien la performance attendue.

Calorifugeage à l’hôpital de Villeneuve-d’Ascq (59)Architecte : Pargade Architecte

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mises en œuvre. On privilégiera pour cela les systèmes de pompes à chaleur géothermiques tout en veillant à vérifier l’impact sur le sous-sol. Les systèmes sur l’air ne sont pas recommandés si l’on veut éviter l’aggravation des phénomènes de surchauffe urbaine.

Adapter le choix des systèmes de ventilationL’amélioration énergétique globale des bâtiments conduit aujourd’hui à un enjeu de plus en plus important sur la maîtrise des débits de ventilation pour assurer un bon niveau de qualité d’air.

Les débits réglementaires sont aujourd’hui peu adaptés aux usages tertiaires notamment dans les bâtiments accueillant les jeunes enfants. On se référera plutôt de façon privilégiée à la norme européenne EN13779 assurant une approche liée à l’occupation et à la pollution intérieure.Les techniques de ventilation sont nombreuses et doivent faire encore l’objet de réflexion pour s’adapter à la fois au niveau de qualité d’air intérieur à atteindre mais également répondre à tous les enjeux environnementaux pour qu’ils soient énergétiques, d’énergie grise, d’entretien, de durée de vie, de qualité d’air extérieur, etc.

Dans les centres métropolitains aujourd’hui pollués, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, il s’agit de prendre en compte la qualité d’air extérieur dans le choix des systèmes de ventilation.

Le choix de la ventilation double flux limitant les consommations énergétiques en hiver devra faire l’objet d’une étude selon les autres paramètres environnementaux et sera particulièrement adaptée, notamment dans les climats froids de la région et pour des équipements publics nécessitant de gros débits de ventilation.

Le choix de la ventilation naturelle assistée et contrôlée est particulièrement adaptée aux équipements scolaires situés dans des climats moyennement froids et, le cas échéant, peuvent être utilisés en complément de systèmes mécaniques. Pour mettre en œuvre ce système, il faut veiller à l’accès aux vents des locaux, à bien travailler la régulation et le dimensionnement des débits.Cette technique a été mise en œuvre en Auvergne-Rhône-Alpes sur plusieurs opérations qui ont fait l’objet de suivi permettant d’améliorer la conception et d’adapter les choix aux opérations.

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Centre culturel “Le Briscope” à Brignais (69)Architecte : Atelier Philippe Madec, Plages-Arrières

GS Diedrich à Bourgoin-Jailleu (69)Architecte : Tekhné

Collège à Beaumont-les-valences (26)Architecte : Chabal Architectes

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Innover avec des solutions alternatives

Siège du Crédit Agricole à Aurillac (15)Architecte : AFAAPremier bâtiment tertiaire de France de plus de 5 000 m² à énergie positive tous usages

PARLONSD’AUTOCONSOMMATIONBruno GAIDDON, association HESPUL

L’autoconsommation de la production d’électricité photovoltaïque des bâti-ments tertiaires nécessite d’étudier la corrélation des courbes de charges entre les besoins d’électricité et la production par les panneaux photo-voltaïques. La production photovol-taïque est maximale le jour et durant l’été, alors que la consommation est plus importante durant les horaires de travail. Pour ne pas perdre l’électrici-té produite pendant les week-ends et les périodes d’été, où l’occupation est plus faible, il peut être nécessaire de réfléchir à des solutions de stockage (week-end par exemple) ou encore dimensionner l’installation en consé-quence. Cependant, les solutions de stockage électrochimiques restent actuellement coûteuses, à l’achat et en maintenance et posent la question de la plus-value environnementale du point de vue de l’énergie grise du matériel. C’est la raison pour laquelle, même dans le cas de bâtiments tertiaires, au lieu d’envi-sager une autoconsommation totale de la production, on préfère s’orienter vers une autoconsommation partielle avec réinjection des excédents.Ainsi la production qui n’est pas consommée directement ou stockée, est injectée dans le réseau public de distribution d’électricité. Une autre perspective est de réfléchir à des solu-tions d’autoconsommation collective à l’échelle d’un îlot avec des logements ou d’autres fonctions qui permettraient un foisonnement des besoins.

Une fois les systèmes optimisés, le choix des solutions alternatives de production d’énergie ou de recyclage de l’eau peut s’évoquer et se mettre en place.

Anticiper les sauts technologiquesLes techniques de production d’énergie renouvelable sont en constante évolution et il paraît utopique aujourd’hui de prévoir les techniques de demain. L’exemple des panneaux photovoltaïques illustre bien des sauts technologiques en cours et à venir : hier le rendement du panneau était de l’ordre de 12 % il est aujourd’hui dans les laboratoires de recherche de l’ordre de 46 % pour les meilleures cellules. Ainsi, les solutions à mettre en œuvre doivent intégrer la capacité à accueillir, à plus ou moins long terme, les technologies innovantes. Des solutions de production d’énergie se multiplient aujourd’hui dans les laboratoires de recherche sur des principes novateurs utilisant l’énergie dans les ondes sonores ou bien des techniques de production d’énergie électrique à base d’algues… On assiste également au développement des techniques de micro-production susceptible de transformer l’approche de la conception du bâtiment.

Raisonner à l’échelle des usages et du bâtimentSi la production d’énergie renouvelable à grande échelle s’intensifie et devrait passer dans les prochaines années à des niveaux records, les solutions adaptées à l’usage et sur des principes d’autoconsommation se développent aujourd’hui fortement. L’essor de

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Les études de conception |

l’autoconsommation affirme une tendance lourde pour laquelle la recherche et le développement sur les techniques de stockage de l’énergie demandent une approche plus environnementale.

Composter, trier, valoriser les déchetsSi la part des déchets issus des bâtiments tertiaires est moins impactante que celle des logements, des quantités non négligeables et majoritairement valorisables en sont néanmoins issues. En moyenne, chaque année, un salarié produit 420 kg de déchets dont 71 % de papiers-cartons, 3 % de déchets alimentaires et 15 % d’autres déchets recyclables. Ces lieux sont également favorables à la mise en place de solutions à des fins pédagogiques, c’est notamment le cas des établissements scolaires. Aussi, pour chaque opération, l’installation d’un compost et de dispositifs permettant le tri semble aisée.

Préserver, recycler la ressource en eau potableÀ l’instar des économies d’énergie, les ressources en eau potable sont à préserver. Les tendances du changement climatique construites par Météo France sur la base des scénarios du GIEC montrent que si, en Auvergne-Rhône-Alpes, la quantité d’eau potable disponible ne devrait pas être préoccupante, il s’agira pourtant de gérer des périodes de sécheresses intenses où l’usage de l’eau potable devra aller prioritairement à la production alimentaire tandis que le bâtiment, gros consommateur d’eau potable, doit prendre sa part dans la mise en place de techniques de recyclage. Depuis mai 2008, il est autorisé de recycler l’eau pluviale dans les bâtiments, les techniques existent et sont éprouvées pour couvrir plus de 60 % des usages d’eau, notamment pour l’usage des chasses d’eau. Dans les bâtiments tertiaires ayant recours au lavage telle que les crèches, des solutions de recyclage des eaux grises peuvent être mises en œuvre.

Bacs de tri proposés par l’entreprise ELISE pour le tri des déchets de bureauxLes bacs sont proposés en fonction des besoins de l’entreprise : papiers et cartons, plastiques souples, bouteilles plastiques, gobelets, canettes en aluminium, cartouches d’encre.

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| Les études de conception

Décrire les ouvrages pour les entreprises

À ce stade, un point de difficulté consiste parfois à intégrer des préconisations environnementales ambitieuses et orientant vers des produits locaux ou labellisés. Il est donc fondamental de s’entourer, le cas échéant, de compétences juridiques pour questionner le mode de faire mais surtout d’avoir anticipé la réflexion en amont avec les entreprises et fabricants. La mise au point des marchés issus de la négociation des entreprises constitue le point final de définition des documents contractuels qui vont suivre le projet tout au cours de sa réalisation. Cette période est cruciale et doit être maîtrisée pour ne pas dégrader la qualité environnementale du projet.

À l’aube du démarrage du chantier, les rôles entre les différents acteurs de la qualité environnementale doivent être définis pour déterminer les moyens mis en œuvre pour suivre non seulement les impacts du chan-tier sur l’environnement mais surtout le respect des performances en matière de qualité environnemen-tale : si un interlocuteur référent doit être désigné au sein de la MOE, l’ensemble des acteurs doit participer à cet accompagnement.

L’étape de transmission vers la réalisation du bâtiment est mise en place par le biais d’un dossier regroupant l’ensemble des réflexions, choix établis depuis la phase de programmation du bâtiment.Le dossier de consultation des entreprises est une pièce maîtresse de cette phase. Il est composé de nombreuses pièces écrites et graphiques, cadrées pour la plupart par les codes des marchés publics.

Dans tous les cas, même lorsque l’entre-prise est déjà présente dans le cas d’une opération de conception-réalisation, les éléments permettant de transmettre toute la démarche de qualité environnementale initiée sur le projet doitvent faire l’objet de l’intégration d’un certain nombre de documents dans le DCE (dossier de consul-tation des entreprises) :

Les ambitions du projet doivent être clairement énoncées par le maître d’ouvrage, Une note explicative doit traduire les principaux choix environnementaux et expliciter le cas échéant les arbitrages qui ont eu lieu, Des préconisations environnementales claires doivent accompagner les prescriptions des différents membres de la maîtrise d’œuvre : c’est l’occasion de clarifier l’utilisation de matériaux spécifiques labellisés ou locaux par exemple, Décrire très précisément, au moyen de détails constructifs, les enjeux de la performance thermique et constructive, Décrire les dispositifs à mettre en œuvre pour garantir la bonne étanchéité à l’air des bâtiments et le processus qui sera mis en œuvre pour vérifier l’atteinte des performances, Établir une charte chantier à faible nuisance détaillant les dispositions à mettre en œuvre pour limiter l’impact sur l’environnement et sur la gestion des déchets.

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LE CHANTIERLe chantier constitue la phase de mise en œuvre des phases précédentes. Celle-ci implique

un nouvel acteur : l’entreprise, qui a la responsabilité de réaliserle bâtiment dans les ambitions environnementales.

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| Le chantier

Suivre le chantier

PARLONS DE CONTRÔLE DES PERFORMANCESÉlodie LAPIERRE, Econeaulogis,Ingénierie environnementale du bâtiment

La maîtrise de l’étanchéité de l’en-veloppe et des ponts thermiques nécessite une parfaite coordination entre les équipes de conception et les équipes réalisation. Ainsi il est impé-ratif, avant tous travaux, d’adapter les objectifs aux spécificités du projet, puis de maîtriser tous les chaînons de mise en œuvre. Dans tous les cas, la compacité du bâtiment sera impor-tante. Ensuite la diversité des modes constructifs devra être anticipée. Sur du neuf, cela sera plus simple.Pour l’existant, les menuiseries et les modes constructifs existants com-plexifient la tâche. Les lots, électricité et CVC et fumisterie le cas échéant, constituent également des points de vigilance. Dans l’habitat, ils sont généralement dans le volume chauf-fé, par contre dans le tertiaire, les conduits d’évacuation, les traversées des réseaux et les câblages sont au-tant de points de sortie qui peuvent engendrer des fuites parasites et compromettre l’étanchéité du bâti.

La phase chantier est déterminante pour la qualité du bâtiment à terme : la pose de systèmes ou de matériaux non conformes au DCE ou les malfaçons de mise en œuvre peuvent réduire à néant tous les efforts réalisés en conception. Souvent moins développée en termes d’attention et de montants de mission que les phases de conception, la phase chantier doit être réinvestie par la maîtrise d’œuvre en totalité, que ce soit par les architectes déjà largement présents ou par les autres compétences et, notamment, les bureaux d’études techniques garants de la performance du bâtiment.

Impliquer les entreprises dans l’ambition environnementale, passer du contrôle à la co-réalisationLa phase réalisation constitue souvent une phase beau-coup moins collaborative et laissant moins de place à l’invention collective ; or les entreprises, fabricants, personnels de chantier peuvent aussi contribuer large-ment à construire un bâtiment plus vertueux.Les missions EXE et de SYNTHÈSE sont des occasions formidables de mise au point des modes constructifs novateurs où l’intelligence collective permet de passer de l’intention à la réalisation.La réunion “zéro” d’accueil des entreprises est primor-diale. Elle est parfois scindée en deux selon la taille des opérations et, doit être, l’occasion du transfert oral de toutes les ambitions du projet et partager le rôle des différents entrepreneurs dans le rôle que leurs équipes de chantier auront à jouer pour aboutir à un projet éco-responsable.

Définir une mission de suivi de chantier claire et bien dimensionnéeLa mission de suivi de la qualité environnementale du chantier, qu’elle soit portée par un bureau d’études dédié ou un membre de la maîtrise d’œuvre, est incon-

Les choix techniques entrepris induisent une attention particulière vis-à-vis de leur mise en œuvre. Le suivi du chantier impacte directement la qualité de la construction.

De plus, tout chantier génère des nuisances. L’enjeu est de limiter ces nuisances auprès des riverains, des ouvriers du chantier et sur l’environnement. La déconstruction et reconstruction ainsi que les réhabilitations dans les sites habités constituent une des difficultés et induisent une démarche approfondie de chantier à faible nuisance. La question du bruit, des poussières, des heures de livraison des approvisionnements, de la qualité visuelle des clôtures et des abords du chantier, de l’information des usagers du site… sont incontournables. En France, Les déchets de chantier représentent en tonnage l’équivalent du tonnage des ordures ménagères. Les conditions de recyclage et d’élimination sont aussi à prendre en compte.

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Le chantier |

PARLONS DE RÉCUPÉRATION DES DÉCHETS DE CHANTIERAnouk DESOUCHE et Stéphane DURU, Métropole de Lyon

Sur le bassin économique lyonnais, 17 % des terres excavées sur les chantiers, soit de l’ordre de 800 000 tonnes, sont déjà réemployées sur site et ce malgré un contexte urbain qui contraint les choix techniques et paysagers pour ce réemploi. Pour le bâtiment, les filières sont davantage tournées vers la valorisation après une phase de transformation de la matière. C’est notamment le cas pour les bétons qui, déconstruits, passent en plateformes de recyclage pour être concassés et triés. Les évolutions normatives, le partage des respon-sabilités ou encore les conventions et habitudes des différents inter-venants (du maître d’ouvrage aux compagnons) sont autant de freins à un réemploi massif des matériaux déconstruits. Pour autant, cette voie est un axe à développer pour atteindre des objectifs de réduction à la source des déchets de chantier. D’autant plus qu’une étude de la Métropole de Lyon sur l’empreinte matérielle des im-portations lyonnaises fait ressortir la mobilisation des entreprises locales du BTP et une utilisation accrue de matériaux renouvelables de proximité comme l’un des cinq chantiers priori-taires pour maîtriser cette empreinte matérielle et contribuer au dévelop-pement de l’économie locale.

tournable. Ce référent doit rendre compte de la limitation des impacts du chantier sur l’environnement et de la garan-tie des moyens mis en œuvre pour atteindre les exigences et les dispositions prises vis-à-vis des riverains.Il est important de prévoir du temps pour les visites de chan-tier au moins une fois par mois et aussi du temps pour valider tous les produits mis en œuvre représentant selon la taille de l’opération de 0,5 jours à 2 jours par mois spécifiquement sur la qualité environnementale (mission VISA).Le référent Qualité Environnementale de l’équipe d’ingénierie doit être force de proposition sur la gestion des déchets de chantier au côté des entreprises.

Mettre en place les dispositifs larges pour limiter la production des déchets de chantier et les valoriserLa production des déchets de chantier représente en France l’équivalent des déchets des ménages. C’est un en-jeu très important et pourtant peu pris en compte ces vingt dernières années même si les réglementations sur l’obliga-tion de tri ont progressé.Il ne s’agit pas seulement de trier mais le travail collectif peut être mené avec l’ensemble des acteurs sur plusieurs pistes :

Réduction des déchets dans la mise en œuvre sur chantier qui peut être prise en amont dans la conception, Recyclage des déchets : tri des déchets et orientation vers les filières de recyclage,

Réemploi des déchets : mise à disposition des matériaux et mise en œuvre de matériaux de réemploi.

Pavillon Circulaireinstallé sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris (75)Architecte : Encore Heureux70 % des matériaux sont issus du réemploi : isolants en laine de roche, caillebotis en bois, panneaux contreplaqués etc. sont issus de chantiers parisiens.

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| Le chantier

Réceptionner le bâtiment

La réception du bâtiment est une étape-clé de transfert vers la gestion future du bâtiment. Elle ne doit pas être négligée par le référent de qualité environnementale de l’équipe d’ingénierie qui a suivi le chantier, mais les bureaux d’études techniques doivent également y participer largement, notamment sur la mise en service des installations techniques.

Cette période du chantier est un moment souvent attendu de longue date et tendu entre les acteurs pour respecter les délais de livraison. C’est pourquoi il est important d’apaiser ce moment fondamental. Pour construire le transfert, il s’agit de :

Constituer un “pack de fin de réalisation” comprenant à la fois les documents classiques DOE (Dossier des ouvrages exécutés), DUEM (Dossier d’Utilisation d’Exploitation et de Maintenance), mais également des livrets spécifiques à destination du futur gestionnaire du bâtiment et des futurs occupants. Ces documents doivent être accompagnés d’une présentation aux différents acteurs.

Préparer la suite de la vie du bâtiment notamment lorsqu’une campagne de suivi va avoir lieu. Il s’agit de s’assurer avant la livraison avec les entreprises que tous les dispositifs permettant ce suivi sont opérationnels : les compteurs, les gestions techniques du bâtiment… Réunir les futurs utilisateurs s’ils sont déjà connus pour leur présenter, avant la mise en service, les grands principes du bâtiment.

Mise en service et mise au point des équipementsAvec l’amélioration de la performance des bâtiments ces vingt dernières années, elle est apparue comme une étape plus que décisive et peu considérée par les acteurs du bâtiment. Elle doit être correctement décrite dans les différentes pièces contractuelles de la MOE mais également des entreprises.Elle doit permettre de réunir les concepteurs, les entreprises et le futur exploitant du bâtiment.Quelle que soit la qualité environnementale du bâtiment, la performance et le confort futur des occupants dépend de cette mise en service.

Antenne du Conseil Départemental de la Loire à Montbrison (42)Architecte : Atelier des Vergers

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Le commissionnement, une démarche qualité qui permet de :

Coordonner l’ensemble des intervenants pour garantir la cohérence de leurs interventions et le respect des objectifs du maître d’ouvrage pour le projet, Définir les moyens de contrôle des actions me-nées à toutes les étapes : lors de la conception, en cours de réalisation, à la réception, en phase de pré-exploitation et pendant la phase d’exploita-tion,

Faciliter également le transfert d’information et l’actualisation de la documentation technique par les différents intervenants des différentes phases du projet.

Le commissionnement doit porter sur les équipe-ments techniques du bâtiment consommateurs d’énergie mais également sur son enveloppe.Il est important de ne pas restreindre le commission-nement aux seuls réglages effectués par l’entreprise, la “mise au point”. La phase de “pré-exploitation”, qui intervient après la réception, consiste à ajus-ter les réglages effectués lors de la réalisation et à vérifier les performances. Elle se déroule généra-lement sur une période de 2 ans et repose sur un

suivi instrumenté par le système de GTB (Gestion technique du bâtiment) ou une instrumentation provisoire. Elle vise aussi à mettre en place l’exploi-tation/maintenance et à “mettre en main” le bâti-ment aux occupants (par des séances d’informa-tion, livrets utilisateurs…) afin d’éviter les dérives dues au comportement. Elle intervient en parallèle de l’exploitation.L’acteur qui assure ces tâches de commission-nement peut être externe au projet (en AMO) ou intégré à la maîtrise d’œuvre en mission complé-mentaire. Dans ce cas, les tâches de commission-nement et de maîtrise d’œuvre se doivent d’être menées par des collaborateurs distincts au sein de la structure. La mission peut aussi être portée en interne à la maîtrise d’ouvrage, si elle dispose des compétences nécessaires.Le commissionnement permet ainsi de limiter les non-qualités et de maîtriser les performances éner-gétiques. Ces non-qualités sont difficiles à chiffrer. À titre informatif, 20 à 30 % d’économies1 ont pu être observées après la mise en place de mesures correctives sur les réglages des installations de plusieurs opérations grâce à la mise en œuvre d’un suivi énergétique détaillé dès les premiers mois d’exploitation.

Le chantier |

Assurer la cohérence et les performancesdu projet : le commissionnement

Phases du projet concernées par le commissionnement

Le commissionnement est l’ensemble des tâches pour s’assurer qu’un bâtiment et tout particulièrement ses systèmes sont conçus, installés et testés conformément aux performances exigées par la maîtrise d’ouvrage et qu’ils peuvent être exploités de façon optimale. Cette définition implique une démarche transverse, de la phase de programme jusqu’à la phase de suivi de pré-exploitation, avant le passage en exploitation courante. Il sera ainsi nécessaire d’assurer, tout au long du projet, la cohérence entre les différentes étapes du projet et d’assurer la cohésion entre tous les intervenants (bureaux d’études, maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprises de construction ou de rénovation, industriels, entreprises de maintenance…).

Montage etprogrammation

Conception RéalisationPré-exploitation

Exploitation courante

Réception

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| Le chantier

Outil central : le plan de commissionnement1. décrit l’ensemble des tâches confiées à l’équipe de commissionnement

Liste des tâchesA chaque tâche listée est associée une procédure de contrôle au travers de sa documentation ou de tests

Registre de vérificationpermet de consigner le résultat des vérifications e�ectuées

2. précise les documents/procédures à vérifier

4. permet de consigner les dates de réalisation des tâches

liste et décrit les documents précisant les procéduresà mettre en œuvre pour chaque action

du plan de commissionnement

attribue les responsabilités liées aux tâchesde commissionnement à chacun

des acteurs de l’opération

3. définit qui procède à leur mise en œuvre

Une boîte à outils permettant la mise en œuvre de cette démarche a été dévelop-pée par l’ADEME ; elle est téléchargeable à l’adresse suivante :www.ademe.fr/expertises/batiment/passer-a-laction/outils-services/commissionnementElle se compose d’un guide d’utilisation et de six outils :

Le plan de commissionnement (outil n° 1), Le plan de documentation (outil n° 2), L’aide à la rédaction du cahier des charges de la mission de l’agent de commissionnement (outil n° 3), Le tableau d’analyse des documents de conception (outil n° 4), Le tableau des vérifications en réalisation (outil n° 5), Le recensement de fiches d’autocontrôle et de mise au point (outil n° 6).

1 Performances réelles des bâtiments – Retours d’expériences - Enseignements des campagnes de suivi et d’évaluation de 14 opérations instrumentées par ADEME en Rhône-Alpes, VAD.

PARLONS DE COMMISSIONNEMENTChristel CORRADINO,Bureau d’études thermique Enertech

Nous envisageons le commissionnement comme une “assurance- qualité” visant à obtenir un niveau de performance effectif et si possible pérenne. Les campagnes de mesures effectuées ces dernières années sur les bâti-ments récents nous ont permis d’identifier les causes des écarts entre performance réelle et performance effective. Ces causes sont multi-ples. Elles concernent non seulement des défail-lances sur la phase de mise au point très souvent non finalisée et des modes d’exploitations par-fois inappropriés, mais aussi des “défauts” sur les phases amont (programmation, conception et mise en œuvre) qui ne favorisent pas une prise en main aisée de l’installation par les exploitants. Par exemple, il nous paraît fondamental d’intégrer à la conception architecturale le “cœur énergétique” du projet et l’accessibili-té des organes de réglages. Nous devons égale-ment aborder le volet organisationnel pour éviter les pertes d’information au niveau des DOE et ancrer le projet dans une problématique de gestion patrimoniale de long terme.

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LA VIE DU BÂTIMENTEtape ultime du processus, la vie du bâtiment (l’usage, la gestion, l’entretien,

la maintenance) impactent directement la qualité du bâtiment, sa performance énergétique et environnementale ainsi que sa pérennité.

PAGE 54 La qualité environnementale des bâtiments tertiaires

| La vie du bâtiment

Accompagner la vie du bâtiment

PARLONS D’ACCOMPAGNEMENT DES USAGERSLudovic GICQUEL, Vie to B, BE d’assistance à la maîtrise d’usage (AMU)

Le guide remis aux occupants d’un nouveau bâtiment performant est confronté à un problème de commu-nication et de temporalité. Les usa-gers nouvellement arrivés ne sont pas prêts ; ils vivent les indications comme des injonctions en rupture avec leur mode de vie. Pour ne pas se confronter à ce blocage au chan-gement, il est nécessaire d’accompa-gner les usagers, dans la durée, en les intégrant dès les phases amont du projet, en les faisant co-construire les solutions pour la performance environnementale, préciser l’ergo-nomie, la signalétique et profiter de leur “expertise d’usage”. Entre 2013 et  2015, les retours d’expériences des projets européens CABEE et MountEE (accompagnement des usagers de 7 bâtiments performants de l’Isère) donnent des éléments d’analyse à partir de l’expérimentation terrain.Une piste est de proposer une dé-marche d’appropriation collective où l’effet de groupe apporte une convivialité autour des questions de performance environnementale. Un changement ne se décrète pas mais s’accompagne. Ce constat a fait naître un nouveau métier hybride entre le technique et le social : l’assistance à maîtrise d’usage.

Mettre en place un suivi du bâtimentL’enjeu de la mise en place d’un suivi de la qualité environnementale du bâtiment est multiple.Il s’agit de :

Valider la mise en œuvre et les résultats des performances environnementales réelles au regard des grands objectifs stratégiques annoncés et de les communiquer aux occupants et aux citoyens dans le cadre d’un bâtiment public.

Impliquer les occupants dans leur appréhension du bâtiment afin de partager l’usage du bâtiment et sa conception dans sa vie quotidienne, d’en ajuster le cas échéant le fonctionnement.

Ce suivi doit démarrer dès la réception du bâtiment. La première année est une phase fondamentale de mise au point du bâtiment où la période de GPA (Garantie de Parfait Achèvement) pourra être mise à profit pour des mises au point techniques avec les entreprises.Les deux années suivantes permettent de qualifier et quantifier au fur et à mesure la qualité environnementale du bâtiment à la fois par des mesures et un suivi quantitatif des performances mais également par un retour fondamental des occupants.

Accompagner les occupantsL’accompagnement des occupants passe par plusieurs outils complémentaires où l’ensemble des acteurs de la conception, maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, contribue à partager les objectifs communs, si cela n’a pas été fait préalablement et, surtout, les solutions mises en œuvre en précisant bien évidemment le pourquoi et le comment de ces choix. Le bien-vivre du bâtiment par ses occupants passe par des étapes fondamentales de compréhension des choix et aussi par un accompagnement sur la façon dont ils vont vivre le bâtiment.Dans ces échanges avec les occupants, l’ambiance, la technique et les performances seront abordées lors de plusieurs réunions physiques complétées par quelques outils papiers comme les affiches et/ou un rendez-vous annuel voire bisannuel de présentation des retours sur le suivi du bâtiment.

L’utilisation adaptée du bâtiment par les usagers impacte directement la qualité et la performance de celui-ci. L’anticipation de la qualité d’usage autant que l’accompagnement des bonnes pratiques dès la livraison sont essentiels pour la réussite du projet. Il en va de même pour les opérations d’entretien des matériaux et de la maintenance des systèmes mis en œuvre.

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La vie du bâtiment |

PARLONS DE GESTIONDU BÂTIMENTÉlodie Mathieu, directrice adjointe chargée des ressources, CNFPTdélégation d’Auvergne

Engagé dans la promotion du déve-loppement durable, le CNFPT a sou-haité faire de la délégation régionale Auvergne une référence exemplaire en termes de confort et de perfor-mance énergétique. Des enquêtes de satisfactions ont été menées en 2017, auprès des occupants permanents, mais aussi des agents qui participent ponctuellement aux formations.Les premiers retours sont très posi-tifs, mettant en avant une satisfaction élevée sur le confort du bâtiment. L’été dernier, la température à l’inté-rieur du bâtiment était plus élevée et, donc, le confort des usagers moindre. Cela s’explique principalement par l’impossibilité d’utiliser le bâti-ment tel que c’était prévu à l’origine (aération nocturne). Une adaptation technique est envisagée afin de remé-dier à cette situation.On peut dire que la conception du bâtiment du CNFPT a été basée sur la bonne volonté de tous. Si le mes-sage passe plutôt bien auprès des occupants permanents, les stagiaires ne respectent pas toujours les consignes. En tant que gestionnaire, il est primor-dial de communiquer régulièrement pour informer et accompagner les pratiques des usagers afin de garantir le confort de tous.

Capitaliser et adapterSi beaucoup de bâtiments font l’objet de suivis depuis le début de la mise en place de la démarche de qualité environnementale en Auvergne-Rhône-Alpes via les actions de l’ADEME notamment, ceux-ci s’arrêtent bien souvent aux deux ou trois ans de vie du bâtiment. Cela permet bien évidemment de répondre à la demande de validation des techniques mises en œuvre mais ne répond pas à la question plus large du coût global ni de la durabilité des solutions choisies.L’association Ville et Aménagement Durable a réalisé en 2016 une synthèse de retours d’expérience sur plus de 15 bâtiments suivis en Rhône-Alpes par l’ADEME et ce travail a permis de mettre en avant des éléments essentiels à la capitalisation des données de suivi.

Il paraît important que les maîtres d’ouvrage eux-mêmes puissent capitaliser des retours sur leur parc de bâtiments à 5 ans, 10 ans voir 20 ans pour confronter les retours de vie du bâtiment avec les objectifs initiaux.

Woopa, Quartier Carré de Soie, Vaux-en-Velin (69)Architecte : RAULe projet du bâtiment de bureaux le Woopa a été conçu à énergie positive sur tous les usages, à savoir que la totalité des consommations incluant les usages informatiques sont couverts par la centrale photovoltaïque. Afin que la démarche d’économie d’énergie perdure dans la gestion du bâtiment, le contrat d’exploitation mis en place est basé sur la garantie de la performance énergétique à atteindre.

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Glossaire

BioclimatiqueSe dit d’un bâtiment qui tire de son environnement climatique l’essentiel des ressources nécessaires à son fonctionnement et, qui sait, se protéger des nuisances liées à ce climat.

FrugalitéPrincipe d’équilibre et de compensation entre la satisfaction et la moindre consommation des ressources. Le bâtiment frugal tend à répondre à l’évolution du climat, à la diminution des ressources et à la préservation de l’environnement. Pour cela, la stratégie de conception favorise l’efficacité du bâti et encourage l’absence de systèmes d’apports énergétiques actifs.

GeocoolingIl s’agit d’une solution de rafraîchissement passive par le biais d’un échangeur raccordé sur le champ de sondes géothermiques. Le principe de ce système consiste à exploiter la température constante des couches terrestres inférieures comme source de rafraîchissement sans mettre à contribution la pompe à chaleur.

Matériaux biosourcésLes matériaux biosourcés sont issus de la biomasse d’origine animale ou végétale. Dans le bâtiment, les plus utilisés sont le bois, la paille, la chènevotte (chanvre), la ouate de cellulose, le liège, le lin et la laine de mouton.

Référentiel “Bureau durable” du Grand LyonRéalisé par l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat Métropole de Lyon, ce référentiel définit les exigences de Qualité Environnementale des Bâtiments à remplir sur les opérations de construction de bureaux neufs sur le territoire de la Métropole. Il a été établi dans l’objectif de répondre aux enjeux suivants : produire un parc de bureaux neufs respectueux de l’environnement et promouvoir une conception environnementale des bâtiments sur un plan architectural, fonctionnel, technique et économique. Ce référentiel est systématiquement joint aux consultations lancées par la Métropole de Lyon sur ses ZAC et terrains communautaires.

TEPCV (Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte)Ces territoires (communes, communautés d’agglomération, etc.) ont vocation à servir d’exemples en déployant des programmes d’actions ambitieux dans les domaines de la réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments, la diminution des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution dans les transports, le développement de l’économie circulaire et la gestion durable des déchets, le développement de la production d’énergie d’origine renouvelable, la préservation de la biodiversité et l’éducation à l’environnement. Ils sont issus d’un appel à projet lancé en 2014 par le ministère de l’écologie et du développement durable dans le cadre de la transition énergétique.

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Pour en savoir plus…

Centres de ressources

VILLE ET AMÉNAGEMENT DURABLE : Centre d’échanges et de ressources pour la qualité environnementale des bâtiments et des aménagements en Auvergne-Rhône-Alpes - www.ville-amenagement-durable.org

Alliance HQE, GBC France - www.hqegbc.orgICEB : Institut pour la Conception Éco-responsable du Bâti - www.asso-iceb.org

CESBA : Approche Européenne Commune de l’Évaluation des Bâtiments Durables - fr-wiki.cesba.eu/wiki/

Dispositif “REX Bâtiments performants” de Ville et Aménagement Durable (VAD) et l’Agence Qualité Construction - Focus thématiques depuis 2013

Ouvrages

• GénérauxADEME : Chiffres-clés Climat, Air, Énergie, Édition 2015. 216p

ADEME : Qualité environnementale des bâtiments, Manuel à l’usage de la maîtrise d’ouvrage et des acteurs du bâtiment, 2003, 295p

GRAND LYON : Référentiel Bureau durable, pour la qualité environnementale des bâtiments à usage de bureaux, 2012, 28p

ICEB : Le bâtiment frugal, 2016, 94p

MIQCP : La mise en œuvre d’un projet durable, 2012, 47p

• CommissionnementADEME : Boîte à Outil du Commissionnement -www.ademe.fr/expertises/batiment/passer-a-laction/outils-services/commissionnement

• SantéMINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE : Construire sain, Guide à destination des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre pour la construction et la rénovation, 2013, 88p.

VILLE ET AMÉNAGEMENT DURABLE : Prendre en compte et accompagner les usagers sur les enjeux de santé dans le bâti, 2015, 19p

VILLE ET AMÉNAGEMENT DURABLE : Réception et qualité d’air intérieur des bâtiments. Dans le cadre du programme d’actions “Santé, Bâtiment et Ville”, 2014, 12p

DEOUX Suzanne : Bâtir pour la santé des enfants - Medieco Éditions, 2010, 689p

• Suivi et performances des bâtiments en exploitationENVIROBAT : Guide suivi et instrumentation des bâtiments performants - Méthodologie à destination de la maîtrise d’ouvrage, 2013, 49p

CEREMA : Bâtiments démonstrateurs à basse consommation d’énergie - Enseignements opérationnels tirés de 60 opérations de construction et de rénovation du programme PREBAT, 2015, 150p

VILLE ET AMÉNAGEMENT DURABLE : Performances réelles des bâtiments - Retours d’expériences - Enseignements des campagnes de suivi et d’évaluation de 14 opérations instrumentées par l’ADEME en Rhône-Alpes, 2016, 166p

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Notes

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LES COLLECTIONS

DE L’ADEME

ILS L’ONT FAITL’ADEME catalyseur : Les acteurs témoignent de leurs expériences et partagent leur savoir-faire.

CLÉS POUR AGIRL’ADEME facilitateur : Elle élabore des guides pratiques pour aider les acteurs à mettre en œuvre leurs projets de façon méthodique et/ou en conformité avec la réglementation.

HORIZONSL’ADEME tournée vers l’avenir : Elle propose une vision prospective et réaliste des enjeux de la transition énergétique et écologique, pour un futur désirable à construire ensemble.

EXPERTISESL’ADEME expert : Elle rend compte des résultats de recherches, études et réalisations collectives menées sous son regard.

FAITS ET CHIFFRESL’ADEME référent : Elle fournit des analyses objectives à partir d’indicateurs chiffrés régulièrement mis à jour.

L’ADEME EN BREFL’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable. Elle met ses capacités d’expertise et de conseil à disposition des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public, afin de leur permettre de progresser dans leur démarche environnementale.

L’Agence aide en outre au financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre et ce, dans les domaines suivants : la gestion des déchets, la préservation des sols, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la qualité de l’air et la lutte contre le bruit.

L’ADEME est un établissement public sous la tutelle conjointe du ministère de la transition écologique et solidaire et du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Remerciements

Nous tenons à remercier l’ensemble des personnes ayant contri-bué à la réalisation de cet ouvrage et en premier lieu les maîtres d’ouvrage de l’ensemble des bâtiments présentés ici ou d’autres projets qui nous ont fait part de leur retour d’expérience sur la qualité environnementale des bâtiments. Merci à Sandra Reynaud, Florent Maltère et Christian Pichoud (Communauté de com-munes de l’Oisans et Saco), Stéphane Duru (Métropole de Lyon), Laureline Bourit (Métropole de Lyon), Sylvie Josse (SPL Lyon Confluence), Laurent Doyat (ICADE), David Belanger (SERL), Sophie Guibouret (commune de Moidieu-Détourbe) et Elodie Mathieu (CNFPT).

Merci également aux experts et concepteurs contactés sur des sujets plus précis, merci à Agence Bruhat et Bouchaudy, Fannie Boisson (Big Bang), Alain Bornarel, Soline Collin (Ville et Aménage-ment Durable), Stéphane Coche (Initial Consultants), Christel Corradino (ENERTECH), Régine Cotte (ACTIF), Bruno Gaiddon (HESPUL), Bruno Georges (ITF), Véronique Girard, Damien Poyet (AFAA), Sébastien Randle (ETAMINE), Mélanie Duval, Elodie Lapierre (Econeaulogis), Manon Capitan (Amstein-Walthert), Ludovic Gicquel (VietoBe), Samuel Tochon (LASA), Sarah Viricel (Agence TEKHNE Architectes).

www.ademe.fr

010319

LA QUALITÉENVIRONNEMENTALEDES BÂTIMENTS TERTIAIRESRETOUR D’EXPÉRIENCES EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Ce guide vise à accompagner les maîtres d’ou-vrage dans la programmation, la conception, la réalisation et la gestion de leurs bâtiments tertiaires, dans une démarche globale de déve-loppement durable. Pragmatique et illustré, il fait un bilan de 20 ans de pratique de la qualité environnementale en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour cela, il s’appuie sur les réalisations et sur le retour d’expériences de nombreux maîtres d’ouvrage et acteurs de la construction qui ont été sollicités via des entretiens et des visites de leurs réalisations. Prospectif, il profite de cet état des lieux pour réinterroger les modes de faire au regard des enjeux de demain et d’après-de-main spécifiques à la conception des bâtiments tertiaires, en identifiant des solutions innovantes répondant aux enjeux de transition écologique qui ont déjà été mises en œuvre dans la région.

RECYCLÉ

Papier fabriquésà partir dematériauxrecyclés

FSC® C125868