La qualité de service dans l'offre de transport public...

392
UNIVERSITE DE PARIS XII - VAL DE MARNE INSTITUT D'URBANISME DE PARIS Thèse de Doctorat nouveau régime Doctorat de Transport Marie-Raphaëla LE DESCHAULT DE MONREDON - DUPLANTIER La qualité de service dans l'offre de transport public urbain. Directrice de thèse : Anne FOURNIE Membres du Jury : Anne FOURNIE, Xavier GODARD, Jean-Pierre ORFEUIL, Hervé de la MORSANGLIERE, Jean-Claude ZIV. Décembre 2003

Transcript of La qualité de service dans l'offre de transport public...

UNIVERSITE DE PARIS XII - VAL DE MARNE

INSTITUT D'URBANISME DE PARIS

Thèse de Doctorat nouveau régime

Doctorat de Transport

Marie-Raphaëla LE DESCHAULT DE MONREDON - DUPLANTIER

La qualité de service dans l'offre

de transport public urbain.

Directrice de thèse : Anne FOURNIE

Membres du Jury :

Anne FOURNIE,

Xavier GODARD,

Jean-Pierre ORFEUIL,

Hervé de la MORSANGLIERE,

Jean-Claude ZIV.

Décembre 2003

2

UNIVERSITE DE PARIS XII - VAL DE MARNE

INSTITUT D'URBANISME DE PARIS

Thèse de Doctorat nouveau régime

Doctorat de Transport

Marie-Raphaëla LE DESCHAULT DE MONREDON - DUPLANTIER

La qualité de service dans l'offre

de transport public urbain.

Directrice de thèse : Anne FOURNIE

3

Sommaire

SOMMAIRE 3

RESUME 9

MOTS CLES : 9

SUMMARY 10

KEY WORDS : 10

REMERCIEMENTS 11

INTRODUCTION 13

PARTIE I : EMERGENCE ET DIFFUSION DE LA NOTION DE QUALITE DU SECTEUR

DES BIENS MATERIELS AU SECTEUR DES SERVICES. 22

CHAPITRE 1 : APPROCHE SOCIO-HISTORIQUE DE LA NOTION QUALITE 23

1. 1 : LA PERIODE DE LA QUALITE INNEE 24

1. 2 : L’ERE DE LA QUALITE CENTREE SUR LE PRODUIT 26

1 .2. 1. : Le contrôle. 26

1 .2. 2. : La formalisation statistique de la qualité. 27

1. 3 : L’ERE DE LA QUALITE MODERNE 28

1 .3. 1. : L’avancée du Japon 28

4

1 .3. 2. : Le rattrapage Occidental : des Etats-Unis et de l’Europe. 33

1. 4 : LA QUALITE ET LES LOIS DU MARCHE 35

CHAPITRE 2 : LA CRISE DES SERVICES PUBLICS. 39

2. 1 : LA CRISE DES SERVICES PUBLICS 39

2. 2 : LES REFORMES DE TYPES QUANTITATIVES 42

2 .2. 1. : La réforme “ plus d’Etat ”, 1981-1983. 42

2 .2. 2. : La réforme du “ moins d’Etat ”, 1983-1988. 42

2. 3 : LA REFORME QUALITATIVE DES SERVICES PUBLICS 44

2. 4 : LA FORMALISATION DU ROLE DES SERVICES PUBLIC ; LA CHARTE DES SERVICES

PUBLICS. 46

2 .4. 1. : Les principes fondamentaux du service public 46

2 .4. 2. : Les Principes d’action des services publics 48

CHAPITRE 3 : LES ENJEUX DE LA QUALITE DE SERVICE : LE PRODUIT OU LE CLIENT AU CENTRE

DU PROCESSUS. 51

3. 1 : LE SERVICE EST DIFFERENT DU PRODUIT. 52

3. 2 : LE SERVICE COMME RELATION ENTRE L’ENTREPRISE ET LE CLIENT 53

3 .2. 1. : La production du service. 54

3 .2. 2. : Le client devient acteur du service. 56

3. 3 : L’ELABORATION DU CONCEPT DE QUALITE DE SERVICE. 58

3 .3. 1. : Identification des déterminants de la qualité. 58

3 .3. 2. : La politique qualité dans une entreprise 59

3 .3. 3. : L’application aux transports en commun urbain 60

PARTIE II : LE SECTEUR DES TRANSPORTS EN COMMUN URBAIN EN FRANCE ET

LA DIFFUSION DE LA QUALITE. 63

CHAPITRE 1 : L'ORGANISATION INSTITUTIONNELLE, PARTENARIALE ET CONTRACTUELLE DES

TRANSPORTS EN COMMUN URBAIN EN FRANCE. 73

1. 1 : LES GRANDS PRINCIPES REGISSANT LES TRANSPORTS EN COMMUN URBAIN EN FRANCE 74

1 .1. 1. : Le principe de territorialisation 75

1 .1. 2. : La planification décentralisée. 75

1 .1. 3. : Le principe de partenariat 78

1 .1. 4. : Le principe de contractualisation 82

1. 2 : LES CONTRATS LIANT L’AUTORITE ORGANISATRICE ET L’ENTREPRISE EXPLOITANTE 89

1 .2. 1. : La convention. 91

1 .2. 2. : Le cahier des charges 103

5

1 .2. 3. : Les démarches qualité contractuelles. 108

CHAPITRE 2 : LES DEBATS QUI CONCOURENT A LA DIFFUSION DE LA QUALITE DE SERVICE DANS

LES TRANSPORTS EN COMMUN URBAIN. 114

2. 1 : LES EXIGENCES EUROPEENNES. 114

2 .1. 1. : Les mesures européennes d’amélioration de la qualité. 115

2 .1. 2. : Ouverture des appels d’offre à tout le marché européen. 116

2 .1. 3. : La politique communautaire en matière de certification des transports publics 119

2. 2 : POINTS DE VUE DE L’ETAT FRANÇAIS 121

2 .2. 1. : La Loi d’Orientation sur les Transports Intérieurs, (LOTI.) 121

2 .2. 2. : La loi Sapin ; relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie

économique et des procédures publiques 124

2. 3 : LES PROFESSIONNELS DU TRANSPORT ET LA QUALITE. 131

PARTIE III : L'APPROPRIATION DE LA QUALITE PAR LES ACTEURS

DU TRANSPORT PUBLIC URBAIN. 137

CHAPITRE 1 : UN RESEAU DE TRANSPORT URBAIN ET LA QUALITE 139

1. 1 : LES GRANDES ETAPES DE LA VIE D'UN RESEAU. 139

1. 2 : LA QUALITE DANS UN RESEAU DE TRANSPORT URBAIN 142

1 .2. 1. : La stratégie d’un groupe de transport 142

1 .2. 2. : La qualité dans l’organisation interne d’un réseau de transport urbain. 147

1 .2. 3. : Les outils de la qualité 149

CHAPITRE 2 : L'ANALYSE DE LA QUALITE : LES DIFFERENTS TYPES D'ENQUETES 161

2. 1 : LE RECUEIL DE DONNEES SUR LES ACTIONS ET LES INDICATEURS QUALITE DANS LES

RESEAUX. 165

2. 2 : LA QUALITE DANS LE SYSTEME D'ACTEURS GERANT LES TRANSPORTS EN COMMUN URBAIN170

CHAPITRE 3 : LA DIFFUSION DE LA QUALITE DANS UN RESEAU DE TRANSPORT URBAIN DE

VOYAGEURS EN FRANCE. 174

3. 1 : LES MODIFICATIONS DES METIERS DES AGENTS EN CONTACT AVEC LA CLIENTELE 175

3 .1. 1. : La mise en œuvre des formations à la qualité dans les réseaux. 175

3 .1. 2. : Les nouveaux métiers dédiés à la qualité. 177

3. 2 : LA MISE EN PLACE DE LA QUALITE DANS LA CONCEPTION DU SERVICE DE TRANSPORT

URBAIN. 179

3 .2. 1. : La grille de traitement des données 180

3 .2. 2. : Les actions qui facilitent l’accès des clients au réseau 183

3 .2. 3. : Les actions qui visent à améliorer l’offre de transport. 187

6

3 .2. 4. : Les actions d’amélioration du trajet du client. 189

3 .2. 5. : Les actions qualité 192

3 .2. 6. : Les autres actions. 193

3 .2. 7. : En conclusion 193

3. 3 : LA DIFFUSION DE LA QUALITE DANS LA MESURE DU SERVICE DE TRANSPORT. 198

3 .3. 1. : La grille de traitement des données. 202

3 .3. 2. : Les indicateurs qui mesurent l’accessibilité au réseau 204

3 .3. 3. : Les indicateurs qui mesurent l’amélioration de l’offre de transport 207

3 .3. 4. : Les indicateurs qui mesurent l’amélioration du trajet du client 208

3 .3. 5. : Les indicateurs globaux. 214

3 .3. 6. : En conclusion 215

3. 4 : TYPOLOGIE DES RESEAUX 218

3 .4. 1. : Le premier pas vers la qualité, l'amélioration de l'image. 219

3 .4. 2. : Le deuxième pas vers la qualité, le questionnement interne 221

3 .4. 3. : Le troisième pas vers la qualité, la réorganisation interne 223

3 .4. 4. : Le quatrième pas vers la qualité, un processus définitivement tourné vers les clients.224

CHAPITRE 4 : L'INTRODUCTION DE LA QUALITE DANS LE SYSTEME D'ACTEURS. 238

4. 1 : LA CHARTE DES SERVICES PUBLICS 240

4 .1. 1. : Peu de critères cités. 240

4 .1. 2. : Des différences entre les tailles de réseaux. 242

4. 2 : LA NORME QUALITE DES TRANSPORTS PUBLICS 244

4 .2. 1. : L’information 246

4 .2. 2. : L’accueil 248

4 .2. 3. : La régularité/ponctualité. 249

4 .2. 4. : Le critère de qualité “ disponibilité des équipements ”. 249

4 .2. 5. : Le critère de netteté / propreté des installations. 250

4 .2. 6. : La netteté - propreté des modules de transports 251

4 .2. 7. : Le critère de confort / ambiance 252

4 .2. 8. : Le critère de sécurité. 253

4 .2. 9. : Le critère de fraude. 254

4. 3 : EN CONCLUSION 255

4. 4 : LES CRITERES DE LA NORME AFNOR : 261

CHAPITRE 5 : LE COMPORTEMENT ADOPTE PAR LES ACTEURS DES TRANSPORTS PUBLICS

URBAINS DE LA VILLE DE CHALON-SUR-SAONE 266

5. 1 : LES CARACTERISTIQUES URBAINES DE CHALON SUR 268

7

5 .1. 1. : La péri urbanisation de la ville 268

5 .1. 2. : Un nouveau Plan des Déplacements Urbains est en cours. 269

5 .1. 3. : La mobilité dans l’agglomération. 270

5. 2 : LE RESEAU DE TRANSPORT PUBLIC DE LA VILLE DE CHALON 271

5 .2. 1. : L’intégration urbaine du réseau. 271

5 .2. 2. : La STAC et son organisation. 275

5. 3 : LA QUALITE DANS LE PARTENARIAT ENTRE LA COMMUNAUTE URBAINE ET LE RESEAU DE

CHALON SUR SAONE. 280

5 .3. 1. : La STAC et la qualité de service. 280

5 .3. 2. : L’autorité organisatrice et la qualité de service. 282

CONCLUSION 286

BIBLIOGRAPHIE 298

INDEX DES SCHEMAS ET TABLEAUX. 322

ANNEXES 325

ANNEXE 1 : NORME AFNOR XP X 50-805 ; QUALITE DES SERVICES DANS LES

TRANSPORTS DE VOYAGEURS 327

ANNEXE 2 : LA CHARTE DES SERVICES PUBLICS 348

ANNEXE 3 : DOCUMENT SUR LES INDICATEURS QUALITE, REALISE POUR

SENSIBILISER LES RESEAUX A LA MESURE DE LA QUALITE 365

QU’EST-CE QU’UN INDICATEUR? 367

POURQUOI MESURER? 367

LES CARACTERISTIQUES D’UN BON INDICATEUR DE QUALITE. 368

I) REPARTITION THEMATIQUE DES INDICATEURS DE QUALITE DANS LES RESEAUX 370

8

II) INFORMATION / ACCUEIL 372

1) LES INDICATEURS EXISTANTS. 372

2) LA DEMARCHE DE LA TAN 372

3) LES DEMARCHES EXTERIEURES AU GROUPE 374

III) PROPRETE 375

1) LA DEMARCHE DE LA STAB 375

2) LES DEMARCHES EXTERIEURES AU GROUPE. 376

IV) RECLAMATION 376

1) LA DEMARCHE DE LA TAN 376

2) LA DEMARCHE DE LA TAG 376

V) PONCTUALITE 377

1) LES INDICATEURS DE PONCTUALITE 377

2) LA MESURE DE L’ATTENTE 378

3) LA MESURE DES CORRESPONDANCES ET DES SITUATIONS DE CRISE : 379

VI) LE SUIVI DES CHARGES 380

VII) RECAPITULATIF 381

L’INFORMATION ET L’ACCUEIL 381

LA PROPRETE 381

LES RECLAMATIONS 381

LA PONCTUALITE 381

LE SUIVI DES CHARGES 382

ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE DE L'ENQUETE QUALITE (ACTIONS ET INDICATEURS)

REALISEE AUPRES DES RESEAUX DU GROUPE TRANSDEV 386

9

Résumé

L'objet de la recherche est d'aborder la qualité comme un outil de la modernisation des

services de transports publics confrontés à la double concurrence grandissante de la

voiture particulière et à l’ouverture européenne des marchés de transports publics. La

recherche s’attache principalement à étudier la diffusion et l’appropriation de la qualité

dans la constitution de l’offre de transports publics urbains, c’est-à-dire à la fois dans

l’évolution de la culture technique des entreprises et dans leur pratique de

contractualisation. Nous montrerons comment l’introduction de la qualité dans le système

d’acteurs régissant les transports en commun urbain, fait passer les entreprises et les

autorités organisatrices d’enjeux productivistes à une coproduction1 du service avec le

client.

Mots clés :

Modernisation des services publics - Transports en commun urbain - Qualité de service -

Norme AFNOR transport urbain de voyageurs - Autorité organisatrice - Délégation de

services publics

1 Le client participe activement à la production du service.

10

Summary

The goal of the study is to consider the quality as a tool of the modernisation of the public

transportation companies which are now in a very competitive market due to the car

owners use and the European liberalisation of the public transportation markets. This

study concentrates more particularly the diffusion of the quality in the offer constitution of

the urban public transportation, i.e. both in the evolution of the technical enterprise culture

and the contract production. We'll show how the introduction of the quality managed by

the public transportation systems intervening parties will change the companies & the

owners from a production feeling to a production of service with customers.

Key words :

Modernisation of the public services - Urban transportation - Quality of service - AFNOR

standard : urban transport of travellers - Local governments - Delegation of public services

11

Remerciements

Je tiens à remercier vivement Anne Fournié ma directrice de thèse pour son

professionnalisme, mais également pour son aide, sa patience et ses conseils éclairés qui

ont orienté et stimulé mon travail.

Je remercie également le groupe Transdev, en les personnes d’Henri Veysse (Directeur des

moyens techniques), Jean-Pierre Neyrière (responsable de la recherche) et surtout Hervé

de la Morsanglière (responsable de l’exploitation).

Je remercie enfin Hélène Laborie (Chargée de mission au sein du département marketing)

et Brigitte Guichard (Directrice du réseau de Chalon sur Saône) pour leur écoute et leurs

conseils.

Mes pensées vont enfin et surtout à mes proches qui savent bien tout ce que je leur dois

.

12

13

Introduction

Au début des années 80, plusieurs Etats, dont l'Europe et la France, se sont posés des

questions sur les problèmes de compétitivité et de productivité des marchés publics.

En France, les services publics traversent, alors, une grave crise de légitimité qui remet en

cause leurs fondements. La modernisation de l’administration publique devient une

nécessité, prise très au sérieux par les hautes instances de l’état. Michel Rocard, alors

Premier Ministre, pense que cette réforme représente un véritable enjeu pour la

compétitivité de toute l’activité économique.

Les réformes vont se succéder au gré des gouvernements. Tout d’abord quantitatives

(“ plus ” ou “ moins ” d’Etat), les réformes vont devenir qualitatives (“ mieux d’Etat ”).

Toutes les entreprises publiques se modernisent, se décentralisent, se rapprochent du client

(qui remplace l’usager) et le personnel se responsabilise.

Le principal motif de l'apparition de la qualité dans le secteur est cette vague de

modernisation qui a touché le secteur des transports en général et celui des transports

publics, en particulier. La réforme s’est traduite, dans un premier temps, au niveau des

réseaux par une vague d’amélioration de l’offre. C’est-à-dire soit par un développement de

l’offre (restructuration de lignes ou encore augmentation de la fréquence), soit par une

modernisation du réseau (achat de matériel neuf ou changement de tarification ou encore

mise en place d’un nouveau mode de transport). Ces types de modernisation ont atteint

leur limite au début des années 90. La qualité se présente alors comme un moteur de la

modification organisationnelle.

L’enjeu représenté par la qualité dans le secteur des transports urbains est multiple.

14

La qualité est pour l’exploitant une ultime alternative à l’augmentation de l’offre de

transport en offrant une véritable complémentarité à la voiture particulière. Elle peut être

un moteur du transfert modal de la voiture particulière vers les transports en commun

urbain. Ce qui se traduit en gain de nouveaux clients.

C’est également un outil pour répondre aux appels d'offre de plus en plus concurrentiels

depuis l'ouverture des marchés publics aux entreprises de tous les pays de la communauté

européenne.

Elle est également un outil pour se préparer aux directives européennes en matière de

certification et pour répondre aux appels d’offre d’envergure européens. L’Europe

souhaite introduire des critères qualitatifs de choix de l’exploitant dans les appels d’offre :

qualité de service, valeur technique de l’exploitant, caractère esthétique des moyens de

transport, fonctionnalité des réseaux, service après-vente et assistance technique. Elle

désire également inclure la notion de “ mieux-disant ” par opposition au “ moins-disant ”

dans les propositions de réponses aux appels d’offre. Ces mesures vont développer la

concurrence et renforcer l’importance du rôle de la qualité et/ou de la certification qui peut

devenir une clé pour entrer ou pour rester sur le marché.

Elle permet aussi de répondre aux exigences de plus en plus grandes des clients qui ont

remplacé les usagers. Ils souhaitent que leurs besoins soient de plus en plus pris en compte

dans la définition des services publics. Ils veulent de plus en plus un service individualisé.

En 1995 et 1996, l'Union des Transporteurs Publics2 se mobilise et crée deux groupes de

travail " qualité de service" regroupant des représentants des groupes de transports et des

membres de réseaux. Ces groupes ont travaillé sur la définition de la qualité de service et

sur l'évolution des relations contractuelles entre les autorités organisatrices et les

entreprises. Le résultat de leurs travaux fut présenté au congrès de Rouen3. Ces groupes

ont permis de définir la position commune de la profession sur la qualité de service. Tous

2 Syndicat professionnel regroupant les entreprises de transports publics de voyageurs en France. C.F.

Partie II, chapitre 2.3 : Les professionnels du transport et la qualité.

3 Le congré de l'UTP à Rouen a eu lieu les 27, 28 et 29 novembre 1995, sur le thème "Villes en

mouvement : relier les hommes, les activités, les territoires".

15

les acteurs de la qualité se réunissaient une fois par trimestre autour de Francis Grass

(SEMVAT Toulouse)4.

Fin 2001, les acteurs se réunissent toujours en un seul groupe5 et réalisent un manifeste de

la profession sur la qualité de service et une enquête auprès des entreprises adhérentes de

l'Union des Transports Publics. L'enquête avait pour but de connaître la situation des

démarches "qualité" engagées ainsi que les développements des transports publics6.

Notre problématique se situe dans la continuité des différents questionnements sur l'avenir

des services publics en France et plus généralement en Europe. Les acteurs concernés par

l'évolution des services publics sont l'Union Européenne, les Etats, les régions et les

communes, les entreprises de service public et les usagers.

Au niveau européen, la communauté s'interroge sur la création du grand marché et sur

l'introduction de la concurrence dans les services publics. Elle souhaite moderniser les

services dits d'intérêt général7 en les prenant en charge, au niveau européen, sous forme de

service universel. Reposant sur les principes d'égalité, d'universalité, de continuité,

4 Ont collaboré à cette commission Bernard Averous (RATP), Marc Bédier (STGA Angoulême),

Pascale Ceccaldi ( CGEA Transport), Daniel Duchâtel (ST2N Nice), Franck Loustaunau (Cariane),

Alain Nérot (SLTC Lyon), Christine Ponsetti (SEMITAG, Grenoble), Guy SUEUR (RTM Marseille)

et Pascal Villaeys (AGIR)

5 Les réseaux présents ont un peu changé. Ce groupe est composé de Francis Grass ( SEMVAT

Toulouse) son président, Jean-Maurice Bidault (RATP), Daniel Magliarashi et Carine Paglia (T2C

Clermont Ferrand), Alain Nérot (SLTC Lyon), Juliette Tilmant (STGA Angoulême) et Christian You

(RTM Marseille).

6 Nous présenterons les résultats de cette enquête dans la partie III, chapitre 4.3 : en conclusion.

7 Les missions d'intérêts généraux découlent des principes de continuité, d'égalité d'accès,

d'universalité et de transparence. L'intérêt du citoyen est la dimension constitutive de ces missions

d'intérêt général. Elles doivent donc garantir l'accès à des services jugés essentiels et à la poursuite

d'objectifs prioritaires.

16

d'adaptation, de transparence de gestion et de contrôle8, la notion de service universel

énonce le souci de rendre un service de qualité à un prix abordable pour tous.

Chaque Etat doit se positionner et s'interroger sur la modernisation de ses services publics.

La question porte alors sur l'opportunité d'introduire la qualité dans le secteur.

Au niveau local, les services publics fonctionnent aujourd'hui majoritairement sur le

principe de délégation de service public9. La notion générale de convention de délégation

de service public est définie légalement en 1993. La notion de service public est basée sur

le critère de la rémunération du délégataire et sur le droit du délégataire à mettre en valeur

des biens à la place de la collectivité publique : "Convention par laquelle une personne

publique charge une autre personne de l'exploitation d'un service moyennant une

rémunération déterminée par les résultats financiers de l'exploitation"10.

Dominique Lorrain11 pose la question de la distinction entre le secteur public et le secteur

privé. Les deux secteurs se différencient par le territoire et le capital. Les collectivités

locales "campent sur un territoire dont elles représentent les intérêts". Les entreprises

privées sont guidées par la logique du marché.

Les premières "produisent de multiples biens et services pour satisfaire les besoins de leur

territoire, les secondes se consacrent exclusivement à quelques spécialités qu'elles doivent

vendre au plus grand nombre".

Il pose alors la question du rôle de l'Etat et les fonctions des représentants politiques. Pour

lui, "la fonction principale des hommes politiques est d'opérer des arbitrages entre de

multiples intérêts contradictoires". Il est clair que D. Lorrain n'est pas partisan d'un Etat

qui fait tout ; "La France n'est pas totalement prise dans un modèle centripète / centrifuge

où tout part de l'Etat, où tout aboutit à l'Etat". Le recours à la fragmentation des services

8 Le service universel s'appui sur des principes énoncés dans la charte des services publics, émise en

France par le ministère de la fonction publique et des réformes administratives en 1992. C.F. Partie I,

chapitre 2.

9 C'est le cas de l'eau, des déchets et des transports urbains.

10 Définie par les professeurs A. de Laubadère, P. Delvolvé et F. Moderne dans le traité des contrats

administratifs.

11 Dominique Lorrain, Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, "Le grand fossé ? Le

débat public / privé et les services urbains", Volume 5, n°3, septembre 1987, Institut de Management

Public, 1987.

17

industriels et urbains par la gestion déléguée offre plus de souplesse qu'une concentration

des services en une seule institution. Cela crée une interdépendance entre la puissance

publique et le secteur privé, et même une association. Cependant, la capacité d'expertise

est du côté de l'entreprise, ce qu'il définit comme "les conseilleurs ne sont pas les

payeurs". Les élus doivent donc être vigilants car ce sont eux qui prennent les "décisions".

Il conclut sur la nécessité de négociation "pied à pied" entre les deux familles de

partenaires, de la mise au point des contrats et de leur réalisation. Ce qui sous-entend un

renforcement de la capacité d’expertise de la puissance publique.

La délégation pose question à partir du moment où les organisations publiques confient les

prérogatives publiques à des entreprises ou des groupes privés ou semi-privés. Quelles

sont les conséquences de ce type de gestion sur la qualité du service rendu ? Ne traduit-

elle pas une certaine incapacité juridique, financière et technique des personnes publiques

à assurer l'organisation et la gestion d'activités complexes. La gestion déléguée est-elle le

reflet d'un déficit d'expertise et de maîtrise de technologies de pointes12 ? Yves Joncour et

Olivier Raymundie se sont interrogés en ces termes. Ils ont démontré que le recours à la

délégation de service public procède d'un choix délibéré. "Ce choix contractuel repose sur

des considérations techniques, juridiques et financières". L'irresponsabilité est alors celle

d'un choix non mesuré où les différentes variables, endogènes et surtout exogènes, sont

mal cernées. Bien sûr, certains paramètres sont difficilement maîtrisables. Cependant, la

gestion déléguée oblige les collectivités locales à acquérir un certain niveau d'expertise en

matière de choix, de suivi de contrat, de contrôle du fonctionnement et de la qualité du

service offert. En contrepartie, les entreprises privées, auxquelles le service public est

délégué, ont besoin d'acquérir une taille suffisante pour lutter sur le marché mondial des

services publics.

Dans la continuité de ces travaux, nous pensons que la délégation de service public est une

des voies de la modernisation. La puissance publique utilise le secteur privé sur des

fonctions qui ne sont pas de son ressort.

12 Yves Joncour et Olivier Raymundie, "L'irresponsabilité partagée dans la gestion déléguée des

services publics", Revue Politique et management public, volume 19, n°1, mars 2001, Institut de

Management Public 2001.

18

Nous avons donc travaillé sur les relations présentes et à venir entre opérateurs et autorités

organisatrices. Nos interrogations portent sur la délégation de la responsabilité du service

dans les services publics13, en général, et sur la responsabilité de la qualité de service, en

particulier.

La modernisation des services publics est vitale pour cette partie de l'économie.

L'adaptation des services publics aux besoins des usagers passe par une modification du

processus de travail et l'association des personnels. La qualité oblige l'entreprise à une

vision transversale. Elle va devoir se remettre en question : l'organisation du travail, les

compétences des personnels et le recrutement, la formation initiale et continue, les rôles,

les métiers, les tâches, etc.

L'objet de la recherche est d'aborder la qualité comme outil de modernisation des services

de transports publics confrontés à la double concurrence grandissante de la voiture

particulière et à l’ouverture européenne des marchés de transports publics. La recherche

s’attache principalement à étudier la diffusion et l’appropriation de la qualité dans la

constitution de l’offre de transports publics urbains, c’est-à-dire à la fois dans l’évolution

de la culture technique des entreprises et dans leur pratique de contractualisation.

Nous posons l’hypothèse que la diffusion de la qualité de service peut permettre

l'accélération de la prise en compte des besoins des clients dans la servuction14 du

transport en commun urbain. Une des conditions de faisabilité de cette diffusion est qu'elle

ne peut se développer sans un engagement fort des différents acteurs du système des

transports publics.

Dans la vague modernisatrice, les entreprises de transports publics doivent s'organiser, se

restructurer, s'interroger sur leur mode d'organisation. Il est important pour une entreprise

de produire un produit ou un service adapté au marché et aux exigences des clients. Dans

une entreprise même privée de transport public, la notion de productivité est différente de

celle d'une entreprise de production industrielle. La production est ici un service qui a

13 délégation de services publics.

14 Processus de production du service, néologisme créé par Pierre Eiglier et Eric Langeard, C.F. partie

I, chapître 3.

19

pour particularité essentielle d'être produit et consommé en même temps et d'être non

stockable. De plus, la notion de productivité est liée à la notion de service universel et

répond aux critères de continuité, d'égalité, d'accessibilité, etc. Comment la qualité issue

du secteur industriel peut-elle intégrer une entreprise de transport public ? La notion de

qualité peut-elle répondre aux objectifs du secteur public ?

Notre démarche de recherche s’est effectuée dans le cadre d'une convention CIFRE15 entre

le laboratoire Vie urbaine et l’entreprise Transdev, filiale transport de la Caisse des Dépôts

et Développement16. Ce dispositif et notre immersion au sein de Transdev nous ont permis

d'acquérir la culture technique et de nous approprier les logiques d'actions et d'innovations

propres au secteur des transports en commun urbain.

Dans un premier temps, nous avons intégré le département Recherche et Développement

(1an). Nous avons fait un travail d'acculturation, bibliographique, épistémologique qui ont

conduit au rapport "La qualité de service dans les transports en commun urbain, état de la

question ". Ce département travaillait sur la veille technologique et plus particulièrement,

sur la billettique. Le travail du responsable de département plus technique que prospectif

n’étant pas adapté à notre recherche, le groupe a souhaité au bout d’un an, modifier mon

affectation.

Dans un deuxième temps, nous avons donc intégré la mission qualité au sein du

département exploitation. Nous avons ainsi pu construire la thèse.

Nous nous sommes premièrement intéressés à la qualité en tant que norme. Nous avons

essayé de comprendre comment la certification ISO pouvait être un outil de progrès pour

les transports publics ? Devant le peu de réseaux réellement concernés par la certification,

nous avons voulu comprendre les difficultés d'intégration de cet outil dans une entreprise

de transport public.

La mission qualité au sein du département exploitation avait pour objectif une

acculturation du groupe et des réseaux sur le sujet. Nous avons dans un premier temps

travaillé en collaboration avec le responsable du département, la responsable qualité du

réseau de Grenoble et la directrice d’exploitation du réseau de Chalon sur la terminologie,

15 Convention Industrielle de Formation par la Recherche.

16 C3D, elle-même filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations

20

le réseau relationnel, les outils de la certification (1995 et 1996). Le groupe a mis très

longtemps à mettre une place une stratégie qualité, (1998) qui est restée jusqu’à notre

départ, une stratégie politique difficilement appropriable par les réseaux du groupe. La

mise en place d’outils qualité pour les réseaux a sans cesse été retardé.

Au niveau méthodologique, le travail de recherche fut difficile car l'entreprise a des

objectifs de production immédiats. Un travail sur le long terme trouve paradoxalement peu

d'échos dans un environnement si opérationnel. Nous avons contourné cette difficulté en

réalisant plusieurs enquêtes quantitatives et qualitatives sur des sujets proches de la qualité

ou entrant dans la composition de la qualité comme la fraude et la sécurité, etc. Nous

avons effectué un travail sur la mesure du taux de fraude. Puis, nous avons réalisé des

fiches sur les actions sécurité exemplaires mises en places par les réseaux. Ensuite nous

avons travaillé sur une enquête quantitative auprès de tous les réseaux du groupe sur les

actions et les indicateurs mis en place, puis, de façon qualitative sur plusieurs conventions

et cahiers des charges, afin d'identifier les pratiques contractuelles en matières de qualité.

Finalement, le thème de la qualité était jugé par l'entreprise comme trop tactique et trop

prospectif pour faire l'objet de recherches internes à notre niveau. Nous n’avons pas pu

maîtriser le sujet. Par ailleurs, nous avons eu beaucoup de mal à recueillir des données et

des informations sur le groupe et les réseaux, bien que faisant parti des salariés de

l'entreprise. Par conséquent, notre travail prospectif a réellement commencé lorsque nous

avons quitté l'entreprise et que nous avons pu prendre de la distance avec cette

appartenance.

TRANSDEV a mis en place un groupe de travail sur les indicateurs qualité en 1996 avec

les responsables des réseaux intéressés qui est devenu un lieu de réflexion et d'échange

entre réseaux sur les expériences et les bonnes pratiques des uns et des autres.

Bien qu'il y ait un certain nombre d'objectifs insufflés par la direction générale du groupe

pour une mise en œuvre de la qualité à partir des attentes des clients, beaucoup de réseaux

français tardent à s'approprier la notion. Pour les réseaux, il s'agit bien souvent de qualité

d'exploitation. S'agit-il seulement de retard ou y a t'il des résistances culturelles plus

lourdes ? Le passage de la logique productiviste à la production centrée sur le client est

difficile. L'exploitant n'est pas le seul acteur concerné, l'autorité organisatrice l'est aussi.

La thèse est divisée en trois parties :

21

La première partie : “ Emergence et diffusion de la notion de qualité du secteur des biens

matériels au secteur des services ” : permet de construire la genèse de la qualité et de

définir les causes et les enjeux de son émergence dans les services publics. Nous sommes

passé de la qualité de la production avec des normes quantifiées à la qualité de service.

Cette évolution s'est lentement propagée dans l'industrie avant de se diffuser dans les

services publics et dans les transports en commun urbain.

La deuxième partie, “ Le secteur des transports en commun urbain en France et la

diffusion de la qualité ”, présente les modes d'organisation du secteur, les différents

acteurs, leurs rôles et les outils qu'ils utilisent. Notre analyse portera successivement sur

les trois catégories d’acteurs : Europe, Etat français, professionnels du secteur. Nous

essayerons de comprendre comment chacune de ces catégories pose la question de la

qualité. Quels sont les enjeux et les objectifs de la qualité pour chacun des agents.

La troisième partie : "L'appropriation de la qualité par les acteurs du transport public

urbain". Nous travaillerons, sur les réseaux du groupe Transdev, pour définir les modes de

diffusion de la qualité dans les réseaux de transports urbains et déterminer les modalités

d’appropriation de la qualité par le pôle producteur du service transport public urbain, en

identifiant les facteurs qui influencent cette appropriation. Puis nous présenterons une

typologie des réseaux en fonction de leur comportement qualité dans la production du

service. Enfin nous mettrons en perspective les exigences contractuelles et les réalisations

qualité des réseaux pour apprécier les interactions entre les acteurs sur l’évolution du

service.

22

Partie I : Emergence et diffusion de la notion de qualité

du secteur des biens matériels au secteur des services.

23

Chapître 1 : Approche socio-historique de la notion qualité

La qualité est une notion à la fois très moderne et très ancienne. Elle n'est pas apparue à un

moment précis de l'histoire. Cependant, nous verrons qu'elle a pris diverses significations

au cours de l’histoire, ce qui rend son abord difficile. Sa définition évolue en fonction du

processus de production et de la plus ou moins grande division du travail.

Au moyen âge, la production est artisanale : le producteur et le vendeur sont une seule et

même personne, ce qui permet des ajustements de production immédiats. Le producteur

adapte empiriquement et instantanément le produit à l’attente du client. C’est une

conception très moderne puisque le client est au centre du processus de production.

Avec la production industrielle de masse mécanisée est née la division du travail. Ces deux

concepts ont éloigné le producteur du vendeur et donc du client. La qualité est apparue

comme l’indispensable lien entre les deux. Elle est alors définie à partir du produit dans un

contexte économique relativement protégé.

Aujourd’hui, la mondialisation est synonyme de production industrielle de masse dans un

contexte concurrentiel ouvert. Le client est de nouveau au centre du processus de

production. La production des produits est faite à partir de la demande.

La question de la qualité est au centre des processus de production. A la fois ancienne et

récente, cette notion nous interroge.

Qu’est ce que la qualité ?

Comment s’est-elle diffusée dans le temps et dans les différents secteurs de l’économie ?

Et plus particulièrement dans les services et les services publics ?

Qu’est-ce-qui justifie sa mise en œuvre ?

Nous nous attacherons à reconstruire la genèse de la qualité à travers une approche

historique.

24

1. 1 :La période de la qualité innée

La qualité est un élément comportemental, inné chez l’être humain. L’homme tente

toujours, plus ou moins consciemment, de faire bien ou mieux. C’est pourquoi la qualité

n’est pas une notion inventée qui est apparue à un moment précis de l’histoire. C’est un

terme qui appartient au langage courant, depuis très longtemps.

Nous pouvons donc trouver de nombreux textes faisant référence à la qualité au cours des

siècles.

Nous citerons pour mémoire les quelques textes qui nous ont semblé significatifs, car ils

mentionnent clairement ou de façon tacite la qualité. Nous verrons que le terme qualité

prendra plusieurs sens en fonction des époques et de l’utilisation qui en est faite. Le

premier stade est celui de l’inné où le producteur qui est aussi vendeur, connaît les besoins

de ses clients et intègre inconsciemment la qualité dans la production.

Au cours des siècles, la qualité a fait l'objet de nombreux écrits, mais reste un terme

“ fourre-tout ”, à la définition vague. Son sens le plus courant est, alors, celui “ de faire

bien ”. Par exemple, le plus vieux guide de la qualité date de 1450 avant J.C. et, est

découvert en Egypte, dans la tombe de Reckh-Mi-Re à Thèbes. Il montre comment un

inspecteur égyptien peut vérifier la perpendicularité d'un bloc de pierre à l'aide d'une

corde, sous le regard du tailleur de pierre. Il est intéressant de noter qu’en Amérique

centrale, les Aztèques procédaient de même.

L’homme est tenté de donner le meilleur de lui-même ou de réaliser un produit conforme.

L’autorité prenait des garanties pour assurer une certaine qualité de production et de vie.

Par exemple, les Phéniciens (du IIIème millénaire au XIIIème siècle avant Jésus-Christ),

coupaient la main des individus ayant réalisé des produits non conformes.

Le code d’Hammourabi, (IIIème siècle avant Jésus Christ), comporte des actions correctives

à des non-respect de standard qualité :

“ Si un maçon a construit une maison et que celle-ci n'est pas suffisamment solide et que

la maison s'écrase et tue ses occupants, le maçon devra être tué ”. 17

17Tous ces exemples viennent du documents réalisés par Jouslin de Noray B., "Le mouvement

international de la qualité : son histoire", Qualité magazine, la revue de l'AFCIQ, n°12, juillet-août-

septembre 1989, Paris.

25

Le Corporatisme18, institué au Moyen Age, dicte des règles d’organisation des professions

avec un système de formation et de contrôle qui est un “ avant-goût ” de la qualité.

Le 18 mars 1662, Blaise Pascal invente les transports publics urbains : “ les Carrosses à

Cinq Sols” circulent à Paris et sont soumis à des principes qualité :

“[ ...] fournir six carrosses où huit personnes pourront être au large et commodément,

lesquels carrosses seront propres et en bon état, garnis de bons rideaux et attelés de

quatre chevaux dont deux travailleront le matin et deux autres l’après-midi [...]

[...] Seront conduits les dits carrosses par des cochers adroits et capables de

servir [...] ”19

J.B. Colbert rédige un rapport au roi Louis XIV, daté du 3 août 1664, qui précise déjà

l'intérêt et les conséquences positives que présente la qualité :

“ Si nos usines, par un travail soigné, assurent la qualité de nos produits, il sera de

l'intérêt des étrangers de s'approvisionner chez nous et l'argent affluera dans le

royaume ”.

Ces deux exemples montrent que le client est au centre des processus de production. Grâce

à sa proximité au client, le producteur fixe des règles qui répondent à ses attentes

L’époque est à l’artisanat ; l’ouvrier fabrique et vend. Grâce à son contact avec le client, le

producteur va faire évoluer son produit. Le client est au centre du processus de production.

La qualité est “ innée ”.

La définition de la qualité évolue, la qualité n’est plus innée. Elle est une notion

importante qui peut être maîtrisée. La qualité devient synonyme de “garantie ”. Garantie

que la production est bien réalisée. Elle répond à des critères prédéterminés.

18 Corporatisme : doctrine économique et sociale qui prône la création d’institutions professionnelles

corporatives représentées auprès des pouvoirs publics. Petit Larousse illustré 1996.

19 cf. Y.Mathieu et De Ridder J. « Gazette du carrosse à cinq sols » édité par O.G.M. consultants, n°1,

novembre 1995, Bruxelles.

26

1. 2 :L’ère de la qualité centrée sur le produit

La fin du XVIIIème

et le XIXème

siècles sont marqués par la révolution industrielle et la

mondialisation de l'économie (due notamment au développement des transports).

L'Occident passe, pour de nombreux secteurs (textile, métallurgie...), de l'artisanat à

l'industrie moderne. Les gains de productivité passent par la rationalisation du travail et le

progrès technique. Cette division du travail fait naître le contrôle qualité en fin de

processus de production, institué par J.B. Vaquette de Gribeauval, qui surveille le bon

déroulement de la production. Sous la révolution, diverses unités de mesures sont nées,

telles que : le système métrique, les mesures étalons et la Métrologie20.

La période est également marquée par de nombreuses inventions, comme le moteur à

explosion et l'apparition des grands magasins qui révolutionne les méthodes commerciales

et modifie la relation clientèle

1 .2. 1. : Le contrôle.

Au début du XXème siècle, une nouvelle organisation du travail apparaît.

Aux Etats-Unis, dans les usines Ford, F.W. Taylor (1856-1915) introduit la division du

travail qui permet d'importantes réductions des coûts de main-d'œuvre, mais qui nécessite

un contrôle en aval de la production.

En France, après la grande guerre, H. Fayol décrit les cinq grandes étapes du management

qui, selon lui, sont : La prévision, l'organisation, le commandement, la coordination et le

contrôle.

Les démarches de Taylor et de Fayol ont remis en question toute l'organisation du travail

et le management international.

Puis, petit à petit l'ouvrier et le contremaître ne sont plus en contact direct avec le client.

Par conséquent, la mesure de satisfaction intégrée au processus de production n'existe

plus ; “ l'ouvrier devant la fabrication de série ne se sent plus propriétaire et fier de l'objet

produit ” [Jouslin de Noray, 1990]. L’ouvrier n’étant plus que l’exécutant d’une partie de

la production, le contrôle en fin de processus permet de surveiller que toutes les étapes de

20 maîtrise l'aptitude à l'emploi des instruments de mesure.

27

la fabrication ont été réalisées correctement. La qualité est alors garantie d’obtenir un

produit conforme.

La maîtrise du système échappe à ses acteurs et le contrôle en fin de processus permet de

garantir une certaine qualité. Cette qualité là n’est pas la même que celle obtenue

précédemment. Nous avons ici une qualité centrée sur le produit. Le contrôle en fin de

processus est une garantie du bon déroulement de la production.

1 .2. 2. : La formalisation statistique de la qualité.

L’utilisation des outils statistiques développé à partir de 1924 est lié au processus de

contrôle mis en œuvre dans la période précédente car il permet de mesurer les effets du

contrôle et de définir des seuils d’acceptabilité. W.A. Shewhart (1891-1967) élabore la

“ maîtrise statistique de processus21 ”, qui permis à l'industrie américaine de progresser

avant la seconde guerre mondiale.

Les résultats de production faits par l'homme ou par la machine, même répétitifs, sont

variables à cause de nombreux facteurs exogènes. Ces variations sont tolérées par les

utilisateurs si elles restent dans certaines limites. Les exigences croissantes de ceux-ci

incitent à “ resserrer les seuils de tolérance ”. Un grand nombre de processus répétitifs

obéissent à des lois statistiques, ce qui permet de faire des prévisions. La distribution des

résultats est alors stable, dans certaines limites.

L'analyse statistique permet de déterminer si un processus est “ sous contrôle ” ou s'il

“ échappe au contrôle ”. Ainsi la “ connaissance approfondie ” va permettre une

“ compréhension de la variation ”.

Cette méthode a notamment pour objectif :

• de vérifier si le processus considéré est stable, en calculant les limites du contrôle,

• de déceler les événements perturbateurs et de les éliminer, ou de prévenir leur

renouvellement,

• de réduire la dispersion, c'est-à-dire l'amplitude des variations.

28

On peut noter ici la volonté affichée de contrôler pour maîtriser un système productif qui

évolue.

Dans les années trente, W. Vezlau et J. Talacko développent le principe de classification

des défauts selon leur gravité (plus connu sous le nom de diagramme de Pareto).

Une fois ces méthodes établies, d’autres américains ont contribué à sa diffusion et à son

évolution, notamment, W.E. Deming et G. Edwards qui ont rapproché la qualité du

management. G. Edwars développe alors la notion d'“Assurance de la Qualité ”.

L’assurance qualité et le renouveau du management vont largement contribuer à la

diffusion de la qualité dans toute l’entreprise.

Bien qu'identifiée par des américains, la notion de qualité, telle que nous la concevons

aujourd'hui, a été principalement comprise et diffusée par les Japonais.

1. 3 : L’ère de la qualité moderne

1 .3. 1. : L’avancée du Japon

A l'issue de la seconde guerre mondiale, le Japon est économiquement très abattu. Pauvre

en ressources naturelles, il lui faut exporter des produits manufacturés afin de pouvoir

importer des produits vitaux. Les responsables de l'économie comprennent vite qu'il ne

suffira plus de vendre de la “camelote” à bas prix, comme avant la guerre. La diffusion de

la qualité dans l’entreprise apparaît alors comme un moyen de gagner des parts de marché.

Qu'est-ce qui permet d'expliquer le phénomène de compréhension et d’adoption

immédiate de la qualité au Japon ?

Est-ce à cause de l’état d’avancement de l’industrie japonaise ?

Ou est-ce parce que les mentalités sont déjà capables de comprendre l’intérêt de la

Recherche - Développement dans les entreprises ?

21 la maîtrise statistique de processus, applicable à la production de série et à tout processus répétitif.

W.A. Shewhart, Les fondements de la maîtrise de la qualité, Economica , 1989.

29

A partir de 1946, un organisme, aujourd'hui mondialement connu, va jouer un grand rôle

dans ce domaine : la JUSE (Japanese Union of Scientists and Engineers - union japonaise

des scientifiques et ingénieurs). Un groupe de recherche sur la “ maîtrise de la qualité ”

est créé en son sein en 1949, dont le chef de file sera Kaoru Ishikawa.

Le Japon est, à l'époque, occupé par les Américains22. Le réseau téléphonique japonais

fonctionne mal et les Américains font appel aux compétences de leur pays, celles de la

Western Electric Company. Des contacts se nouent entre la JUSE et des experts

américains. Trois d'entre eux vont apporter une contribution décisive : W.E. Deming

(1900-1993), J.M. Juran (né en 1904) et A.V. Feigenbaum (né en 1920).

1. 3. 1. 1. : La diffusion de la qualité dans tout le processus de

production.

Invité le premier, W.E. Deming vient, en 1950, faire des conférences et animer des

séminaires de management. Les plus hauts dirigeants industriels japonais assistent à ses

premières conférences. Son enseignement porte sur la “ maîtrise statistique des processus ”

et plus largement sur le système : conception-production. Il considère que la qualité est

l’affaire de tous, qu’elle doit intervenir à tous les stades du processus de production.

Dans son discours, il propose des paris difficiles aux dirigeants :

Il ne faut pas réagir aux oscillations observées sur un processus stable, mais améliorer le

processus par un effort continuel.”

Les Japonais ont massivement appliqué un ensemble de quatorze principes qui leur ont

permis, 25 ans plus tard, de dominer certains marchés en proposant des produits moins

chers et de meilleure qualité.

Sans entrer dans les détails, ces principes reposent sur les idées suivantes :

• une forte implication de la direction générale,

• la formation et la motivation des niveaux intermédiaires et du personnel exécutant, ainsi

qu'un changement des mentalités,

22 Epoque de Mac Arthur.

30

• Prise de conscience que 85 % des défauts proviennent du système mis en place et non

des exécutants,

• En remplacement des inspections de produits finis, un développement du contrôle

statistique au cours du processus de fabrication.

Ces principes sont aujourd’hui ceux des normes ISO, outils indispensables à la

certification (nous aborderons ceci plus loin).

Les deux outils les plus intéressants sont la roue de Deming et le flugramme. Le premier

permet d’intégrer la qualité à tous les stades de la production et le deuxième de la

positionner dans les relations entre les personnels d’une entreprise.

La “ roue de Deming ” :

PDCA (Plan-Do-Check-Act, c’est-à-dire Préparer-Réaliser-Vérifier-Améliorer).

P, Préparer : élaboration d’un plan d’actions

D, Développer : réalisation du changement

C, comprendre : observation des changements et études des résultats enregistrés

A, agir : mise en œuvre du changement étudié

Où, pour la première fois, la qualité intervient dans toutes les phases du processus de

production. Aujourd’hui encore, la roue est un véritable outil managérial.

Le second outil, également très utilisé dans les années 80-90 : le flugramme. Indissociable

de l’organigramme, le flugramme représente graphiquement les relations fonctionnelles.

Datant de 1950, le flugramme représente un processus, c’est-à-dire un enchaînement

ordonné d’actions et d’événements aboutissant à un résultat déterminé. Utilisant des

symboles graphiques simples, il est facilement lisible. Il permet surtout d’identifier les

P

D

C

A

31

dysfonctionnements d’ordre managériaux. Il est très utilisé dans le monde informatique,

comme outil de mise au point de programme.

En dehors du monde statistique, peu d'occidentaux entendent parler de W.E. Deming avant

1980.

Au Japon, par contre, il est devenu très important. Les Japonais ont, d'ailleurs fondé le prix

W.E. Deming, qui depuis 1951, constitue un prix d'excellence pour les entreprises dont la

maîtrise de la qualité est particulièrement performante.

1. 3. 1. 2. : La qualité expliquée à tous

En 1954, J.M. Juran vient à son tour compléter la formation donnée par W.E. Deming. Il

donne un enseignement très pragmatique, sur “ la manière de mobiliser les ressources de

l'entreprise tout entière, pour atteindre la qualité, puis l'améliorer ”.

Sa démarche inclut l'ensemble de l'entreprise, mais sa méthode reste avant toute curative,

puisqu'il s'agit de gestion de la non-qualité.

Il est le premier à penser que des techniques, autres que les statistiques, peuvent permettre

de gérer la qualité.

Le “ Quality Control Handbook ” [J.M. Juran, 1951], est un manuel qui va mettre la

maîtrise de la qualité à la portée d'un grand nombre. Il insiste sur ce qu'il appelle

“ l'approche projet ” de l'amélioration de la qualité. Elle consiste à identifier les problèmes

et à les classer par ordre d'importance. Il a alors montré qu'en traitant un petit nombre de

problèmes les plus importants, on pouvait améliorer considérablement un processus. Ce

principe de modestie est toujours d’actualité, puisqu’il est cité dans les normes ISO23.

Chacun apporte sa contribution à la construction du concept qualité. W.E. Deming

l’intègre dans toutes les phases du processus de production. J.M. Juran démocratise le

concept, il s'efforce de faire de la qualité une simple discipline de gestion. D’autres auteurs

vont proposer des modes de gestion “ pratique ” de la qualité en abordant toutes les

questions pragmatiques.

23 J.M. Juran et W.E. Deming recevront la plus prestigieuse décoration décernée par l’empereur

Hirohito, en remerciement de leurs enseignements.

32

1. 3. 1. 3. : Le développement d’outils qualitatif concret

Deux auteurs ont beaucoup travaillé à l’élaboration d’outils non statistiques de maîtrise de

la qualité : A.M. Feigenbaum et K. Ishikawa.

A.M. Feigenbaum est le premier auteur à utiliser le terme de “ contrôle total de la

qualité ”. Il a étendu son champ d'action en amont de la production (marketing, expression

des exigences relatives au produit, conception) et en aval (installation, service après vente

et soutien à l'utilisation). Son approche consiste en un engagement de la direction qui

soutient le service qualité et plus particulièrement de toutes les composantes de

l'entreprise :

• les services marketing identifient les besoins des clients,

• les départements d'ingénierie conçoivent les produits,

• les départements de fabrication garantissent des produits conformes.

Il est également à l'origine de la notion de “coût de la qualité”. Il a expliqué que les chefs

d'entreprise doivent rechercher le coût total : du produit, des défaillances du procédé, des

mesures d'appréciation de la qualité (les systèmes de contrôle) et des mesures préventives

de qualité (comme la formation). C’est une vraie révolution que de quantifier la qualité,

car encore aujourd’hui ce qui effraie le plus les candidats potentiels c’est le coût et le

temps. Beaucoup abandonnent avant même d’avoir commencé sous prétexte que ça coûte

cher en temps, en énergie et en argent.

Selon K. Ishikawa, le Japon a une vision beaucoup trop statistique de la qualité. Lui et les

autres chefs de file de la JUSE s'écartent des méthodes statistiques complexes qui rendent

la compréhension des problèmes de qualité difficile. Il a largement contribué à la

vulgarisation de la qualité au Japon et a prôné l'utilisation de méthodes simples : “ les Sept

outils ”. Ces outils regroupent les idées de J.M. Juran, W.E. Deming, A.M. Feigenbaum et

Ph.B. Crosby, et sont insérés dans des techniques simples. Ces outils sont : la carte de

Pareto, les diagrammes cause à effet ou diagramme en arête de poisson, la stratification, la

fiche de contrôle, l'histogramme, le diagramme de répartition de points et les cartes de

contrôle de Shewart.

33

Son approche pragmatique insiste principalement sur les devoirs des salariés envers leur

entreprise et réciproquement. Elle permet, entre autre, de mettre en valeur la créativité du

personnel. Ce qui n’est pas sans rappeler l’importance du personnel de base dans les

services publics et dans les TCU, puisque unique contact des clients avec l’entreprise. On

pense également aux principes managériaux en vogue dans les années 80 : “ Renversons la

Pyramide24 ” de Jan Carlzon25, mise en place chez S.A.S.26 et à la RATP par Christian

Blanc27.

A la fin des années 60, la chronologie de la mise en place des formations destinées aux

divers niveaux de personnel est significative de l’état d'avancement du Japon sur le reste

du monde. Alors que W.E. Deming et J.M. Juran s'adressent aux dirigeants et cadres

supérieurs, dès 1950-1954, la JUSE ouvre des cours radiodiffusés pour agents de maîtrise

en 1956.

Vers 1960, le Japon peut se passer des “ maîtres de la qualité ”. Les entreprises ont élaboré

leur propre doctrine de maîtrise de la qualité. Aussi, avant la fin des années 60, elles sont

passées de la notion de contrôle de la qualité à un système de gestion de la qualité.

1 .3. 2. : Le rattrapage Occidental : des Etats-Unis et de

l’Europe.

Dans les années 50, la maîtrise de la qualité d'inspiration américaine va se diffuser en

Occident, mais ne va intéresser que les spécialistes des services qualité.

Entre 1950 et 1980, aux Etats-Unis et en Europe, la qualité reste en arrière plan par

rapport à la productivité. Elle est alors liée à cette notion de productivité et est synonyme

24 Modèle global permettant une évolution organisationnelle, c’est-à-dire de diminuer le nombre

d’intermédiaire hiérarchique et de mettre les agents en contact avec les clients, en première ligne

25 InterÉdition Paris.

26 Compagnie aérienne scandinave

27 cf. Mémoire de DEA transport de l'auteur : Raphaëla Le Deschault de Monredon épouse Duplantier

“ Le renouveau du service public à travers un exemple concret : la RATP et la gare d’Auber ”, sous la

direction de Anne Fournié, ENPC-Paris XII, Novembre 1994, Paris.

34

de tri28, puis de contrôle en cours de fabrication ou final29 et enfin de prévention30. J.M.

Juran, W.E. Deming, A.M. Feigenbaum imposent petit à petit leurs idées. PH.B. Crosby

est celui qui aura le plus d’impact en occident.

Ph.B. Crosby, (né en 1923) pense que le problème fondamental est le manque d'attention

que la direction porte à la question de la qualité. Il veut que les chefs d'entreprise

reconnaissent que leur établissement peut fabriquer des produits qui n'ont pas de

défaillance. Pour cela le chef d’entreprise doit inclure la qualité comme outil de gestion et

s'assurer que le personnel est suffisamment formé pour remplir cet objectif. Il lance alors

la démarche “ zéro défaut ”, afin de sensibiliser les acteurs au “ faire bien du premier

coup ”. Le “ zéro défaut ” n'est pas forcément le “ zéro absolu ”, mais le respect rigoureux

de la spécification convenue avec le client ou annoncée sur le marché, et cela avec une

volonté d'amélioration continue. Il introduit ainsi l'homme dans la démarche qualité, en

tentant de lui faire prendre conscience de “ faire bien la première fois ”.

En 1981, J.M. Juran lance un cri d'alarme. Selon lui, la qualité japonaise a dépassé la

qualité occidentale vers le milieu des années 70, et depuis lors, l'écart s'est creusé. Pour

lui, ce que les Japonais ont fait, d'autres peuvent le faire. L'amélioration de la qualité dans

des usines occidentales passées sous contrôle japonais l'a prouvé.

En 1982, il s'adresse, pour la première fois, à des chefs d'entreprises français, 28 ans après

Tokyo. La qualité est alors perçue comme un moyen pour les entreprises industrielles de

tous les pays de répondre à leur objectif de compétitivité.

Pendant soixante-dix ans, en Occident, le modèle dominant avait été celui d'une

organisation cloisonnée, privilégiant la recherche d'économie d'échelle en fabricant

massivement des produits standards. Ce modèle allait progressivement être remis en cause,

suite à des chocs essentiellement économiques, qui mirent en évidence l'écart existant

entre l'industrie japonaise et l'industrie américaine :

• les différents chocs pétroliers,

28 On contrôle les produits finis, on accepte les "bons", on rejette les "mauvais".

29 des contrôles précoces en cours de fabrication permettent de prendre des mesures correctives, afin

de ne pas s'écarter des objectifs.

30 des dispositions sont prises systématiquement dès la conception ou lors de la réalisation afin de

"faire bien du premier coup".

35

• la mondialisation de l'économie,

• l'instabilité monétaire,

• l'évolution technologique avancée,

On assiste, alors, selon M. Crozier31, à un renversement du rapport qualité-quantité. La

“ qualité ” de la production s'oppose à une vision “ quantité ” héritée du taylorisme et du

fordisme.

1. 4 : La qualité et les lois du marché

Cette émergence de la qualité dans les milieux industriels peut être analysée à partir de

l’évolution économique d’après guerre. La qualité est alors un outil pour entrer et rester

sur un marché de plus en plus concurrentiel.

Lorsque la demande dépasse l'offre, la qualité n'est pas la préoccupation première.

Lorsque le niveau de l'offre est égal à celui de la demande, la qualité se résume à la

“ conformité du produit à ses spécifications ”. C'est le producteur qui définit les

caractéristiques du produit et la publicité qui dicte les choix aux clients.

Lorsque l'offre dépasse la demande, la voix du client prend de l'importance. On entre dans

la période où la qualité devient “ l'aptitude d'un produit à satisfaire les besoins des

utilisateurs ”. La qualité est partiellement subjective. Le client ne sait pas toujours

exprimer ses attentes, mais il sait signifier sa satisfaction en achetant ou pas le produit.

De nos jours l'environnement économique de la majorité des entreprises est largement

concurrentiel. L'adéquation entre les spécifications d'un produit et les attentes des clients

ne peut plus être le fruit du hasard. La réponse d'un produit aux attentes des clients

nécessite, pour l’entreprise, de s’ouvrir à son environnement. Il faut qu’elle analyse en

détail les besoins et attentes de sa clientèle et la façon dont les services concurrents y

répondent.

Le tableau suivant permet de mettre en relief l'évolution des lois du marché et son

incidence sur le comportement des clients. Pendant les années de guerre et d’après-guerre

le client est peu exigeant et consomme spontanément et par nécessité ce qui existe. Le

31 Michel Crozier, sociologue dirige le Cycle Supérieur de Sociologie à l’Institut d’Étude Politique de

Paris.

36

client d'aujourd'hui est difficile à satisfaire. De plus, la concurrence est de plus en plus

forte et les produits de plus en plus différenciés. Entre-temps, le marketing a fait son

apparition, dans les années 70, quand l'offre est devenue supérieure à la demande. “ La

finalité du marketing est le maintien ou le développement des marchés ”32. A l'heure

actuelle, le producteur raisonne en terme de client et non plus en terme de produit.

Évolution du contexte économique et adaptation des entreprises aux

changements du marché. Source G. Pernel, J.G. Dezalay, "Le client d'abord".

Années Type

d’économie

Loi du

marché

Incidences sur le

comportement des clients

Incidence au niveau

commercial

1940

1955

Economie de

production

Offre

<

Demande

• Le client va vers l’entreprise

• Pas de concurrence

• Exigences des

consommateurs basées sur la

nécessité

Tout ce qui est produit est

vendu

Objectif : livrer

Vendeur : preneur d’ordre

1955

1970

Economie de

distribution

Offre

Demande

• Peu de concurrence

• Exigences faibles des

consommateurs sauf en

matière de prix

Ecouler les produits via un

réseau de distribution

Objectif : montrer

Vendeur : démonstrateur

32Claire Le Bonniec, Rapport de stage (25/09/95 au 22/12/95) chez Transdev, au département

marketing, Institut Supérieur de Commerce, promotion 1996.

37

1970

1985

Economie de

marché

Offre

>

Demande

• Produits mis en concurrence

• Meilleur niveau

d’information des

consommateurs

• Rapport qualité prix

• Groupes de pression

• Internationalisation

• Intervention des pouvoirs

publics

Apparition de la fonction

Marketing : l’entreprise doit

aller vers le client.

Objectif : faire signer

Vendeur : “ mercenaire ”

1985

2000

Economie

d’environnement

Offre

>

Demande

• Environnement changeant et

instable

• Besoins de solutions

• Les clients veulent choisir en

toute connaissance de cause

• Le client définit et juge la

qualité

• Concurrence de plus en plus

forte avec des produits

différenciés

Objectif : séduire et fidéliser

Différenciation par la relation

client et l’intangible

Adaptation de l’entreprise au

marché

Vendeur : conseiller et

marketer.

L’histoire a fait de la qualité un tri puis un contrôle en fin de processus de production et

enfin, une véritable prévention. Quand l’offre de produit est devenue supérieure à la

demande, la production s’est alors centrée sur le client et ses désirs. La qualité est alors un

outil pour entrer et rester sur le marché.

Les services publics n’ont pas échappé à la règle. Les usagers ont confronté leurs

expériences avec les secteurs privés et publics et sont devenus de plus en plus exigeants.

Les usagers deviennent des clients dans le sens ou ils ne souhaitent plus seulement un

service public, ils exigent un service individualisé. La bureaucratie administrative a eu

tendance pendant de nombreuses années à standardiser les demandes des usagers et à

unifier les réponses des agents. A la longue cela a été préjudiciable au secteur public. Les

usagers se sont vite lassés de cette non adaptation à leur besoin. Les demandes des agents

administratifs eux-mêmes ont rejoint celles des clients. Les limites de l’administration des

services publics se sont rapidement fait sentir. Le service rendu trop standardisés avait

38

perdu de sa qualité, inhérente à l’homme. La qualité est devenue un outil de survie puis

d’évolution des services publics.

Avant d'étudier les rapports entre la notion de qualité et les transports urbains de

voyageurs, nous étudierons la crise des services publics et les différentes réformes qui ont

été mises en place.

Puis, nous travaillerons sur la redéfinition des principes de services publics qui a servi de

moteur à la réforme et qui centre les services publics sur le client et l’agent administratif.

39

Chapître 2 : La crise des services publics.

Les fondements de la crise des services publics sont tels que la réforme devient inévitable.

Les réformes successives vont entraîner des mutations de plus en plus fortes de

l’organisation publique. De quantitatives, les réformes deviennent qualitatives et passent

par une formalisation du rôle des services publics.

2. 1 : La crise des services publics

Dés le début des années 80, le constat de crise des services publics est fait. Cette crise de

légitimité ou crise de “ L’Etat providence ”33 a été identifiée comme telle par diverses

disciplines scientifiques : la sociologie, le droit et la science politique34.

A partir de 1988, de nombreux textes tentent de définir et de comprendre cette crise en

identifiant ses déterminants. Le rapport de la commission “ Efficacité de l’Etat ”35 présidée

par François de Closets en fait une synthèse plutôt axée sur la dimension économique en

1989 :

� L’Union Européenne et l’ouverture des frontières obligent la France a repenser son

système d’organisation publique. L’obligation de convergence du traité de Maastricht et

les différences substantielles entre les administrations publiques européennes accélèrent le

33 Etat protecteur et serviteur du citoyen. La crise des services publics n’est qu’un aspect de celle de

“ l’état providence ” ; avec la crise économique ou de gestion liée aux problèmes de financement, la

crise idéologique due aux thèses dé régulatrices et la crise politique.

Notamment utilisé par Pierre Chambat, maître de conférences de Sciences politiques à l’université

Paris IX-Dauphine.

34 Nous pouvons citer entre autres :

Ouvrage collectif réalisé sous la direction de Pierre Muller ; L’administration française est-elle en

crise ? Paris, L’Harmattan, 1992.

Hervé Serieyx, “ Les stratégies de changements ”, Politiques et managements Public, n°1, mars 1992.

35 François de Closets, “ Le pari de la responsabilité : rapport de la commission, Efficacité de l’état ”,

Paris, la Documentation Française, 1989.

40

processus de mise en place de réformes des services publics. “ Le différentiel de

bureaucratie va devenir, à divers titres, aussi pénalisant pour un pays que le différentiel

d’inflation ”.36

� Les finances publiques limitent les ressources des services publics.

� Les modes d’organisation et de gestion des administrations sont jugés inadaptés. La

généralisation de l’informatique, par exemple, modifie l’organisation du travail. De plus,

les agents ont changé : ils sont plus qualifiés, plus cultivés et par conséquent plus

exigeants vis à vis de leur employeur.

� L’élévation des niveaux de vies, l’amélioration de la qualité des produits et des services

marchands rendent les usagers de plus en plus exigeants. Ils souhaitent bénéficier, auprès

des services publics, des mêmes “ faveurs ” que dans le reste de l’économie.

Au plus haut niveau de l’Etat, la nécessité de reformer les organisations publiques est prise

en compte. Pour Michel Rocard, Premier Ministre :

“ Cet enjeu (le renouveau du service public) est décisif car les services publics

conditionnent de manière parfois déterminante la compétitivité de notre appareil

économique et peuvent jouer un rôle clé dans la construction européenne et occupent,

en tout état de cause, une place essentielle dans la vie des français ”.

Les pesanteurs culturelles telles que la tradition bureaucratique, les tendances à

l’autoritarisme, le manque de dialogue, risquent de freiner les opérations de modernisation

du secteur public. Il ne faudrait cependant pas en conclure qu’il est dépourvu de toute

qualité.

Pierre Chambat en relève trois qui sont fondamentales :

- l’attachement à l’intérêt collectif,

- la compétence technique

- la qualité des personnels.

36 “ Le pari de la responsabilité ”, résumé de la Commission, ‘Efficacité de l’Etat ”. Projet,

“ Réinventer le service public, n°220, décembre 1989.

41

Les services publics devront développer leur autonomie, élaborer des projets de service,

promouvoir l’innovation technologique, responsabiliser les agents, transformer les modes

de gestion et développer des processus d’évaluation de leur action.

Selon Armand Hatchuel, Muriel Jongleux et Frédérique Pallez37, cette crise est une

menace sérieuse pour les fondements du service public. Ce n’est plus une simple

modernisation mais bien une réforme du service public qui doit être entreprise. Son

ambition est de poser les fondements d’une modernité publique38 et, ainsi, adapter le

service public aux modes de gestions actuels et de la moderniser.

Deux grandes vagues de modernisation vont se succéder : les réformes de type

quantitatives (“ plus ” ou “ moins ” d’Etat) et les réformes de types qualitatives (le

“ mieux ” d’Etat).39

37 Armand Hatchuel, Muriel Jongleux et Frédérique Pallez : Modernité Publique : les enjeux de la

création de produits, Revue Politique et management public, volume 8, n°4, décembre 1990 ; Ce

rapport tente de définir ce qu’est la modernité publique aujourd’hui. Il essaie de montrer comment, à

certaines conditions, la création de produits peut être le vecteur d’une modernité spécifique au service

public.

38 mode de cohérence nouvelle entre la société et les services publics.

39 Barouch Gilles et Hervé Chavas, “ Où va la modernisation? Dix années de modernisation de

l’administration d’Etat en France ”, Paris L’Harmattan, 1993

42

2. 2 : Les réformes de types quantitatives

2 .2. 1. : La réforme “ plus d’Etat ”, 1981-1983.

“ La fonction publique est mise sur un piédestal et fait l’objet d’une politique hautement

symbolique ”40.

A. Le Pors est alors ministre délégué chargé de la fonction publique et des Réformes

administratives et lance une réforme guidée par la notion de “ l’Etat efficace ”41. Les axes

de cette réforme, visant la maximisation des bénéfices collectifs grâce au secteur public,

sont :

� La lutte contre le chômage en augmentant les effectifs de la fonction publique. Elle vise

également l’éducation du système productif dans son ensemble, en augmentant les droits

de ses fonctionnaires (insertion des handicapés, développements des droits sociaux et

syndicaux,...).

� L’homogénéisation des statuts des fonctionnaires, et plus particulièrement des

fonctionnaires locaux.

2 .2. 2. : La réforme du “ moins d’Etat ”, 1983-1988.

Cette période est marquée par une recherche de productivité et d’efficacité de gestion

publique. La “ modernité publique ” est un déplacement radical des frontières du secteur

public : il faut déréglementer, privatiser. : “ la réforme de l’Etat se résume à moins

d’Etat ”42.

Le concept de “ Modernité Publique ” s’est tout d’abord attaché à définir le bien public,

afin de légitimer le rôle de l’entreprise publique.

40 Bodiguel, Jean-Luc ; Rouban, Luc, “ La dysfonction publique ou la crise du corporatisme ”. Revue

Française de Science Politique, vol.37, n°4, Août 1987.

41 Le Pors A., “ L’Etat efficace, Paris, Robert Laffont, 1985.

42 Armand Hatchuel, Muriel Jongleux et Frédérique Pallez : Modernité Publique : les enjeux de la

création de produits, Revue Politique et management public, volume 8, n°4, décembre 1990.

43

“Est un bien public ce qu’une société donnée, à un moment donné, considère comme

tel, c’est-à-dire considère comme suffisamment vital au bon fonctionnement de cette

société pour que sa production ou sa régulation soient assurées par la puissance

publique.” 43

La légitimité de l’entreprise publique repose :

sur la fourniture fiable et continue de ce bien vital,

sur la détection précoce du caractère public d’un bien

sur sa capacité à anticiper et à comprendre les évolutions de la demande.

La “ Modernité Publique ” s’est fixé un triple défi44 :

• Adapter les structures, les modes d’organisation et de gestion de l’entreprise

publique au monde d’aujourd’hui, c’est-à-dire emprunter à l’entreprise privée.

• Les services et biens publics dispensés par l’entreprise publique ne pourraient pas

l’être par des entreprises privées.

• Ces services ou biens ne pourraient pas être confiés à la logique du marché.

Ces trois défis obligent les services publics à s’intéresser au secteur privé et à la notion de

concurrence. Notion qui à l’époque devait servir de moteur à la modernisation publique.

Les notions de concurrence et de compétitivité étant liées dans l’esprit des réformateurs de

l’époque. L’Etat va donc réduire ses effectifs (12 000 suppressions d’emploi entre 1984 et

1986 et 33 000 entre 1986 et 1988) et privatiser ses entreprises publiques.

43 “ Approche prospective de la Modernité Publique à la RATP ” ; Elie Cohen, Armand Hatchuel et

Georges Amar, décembre 1991, réseau 2000, RATP, unité Prospective.

44 Elie Cohen, Armand Hatchuel et Georges Amar, Approche prospective de la modernité publique à

la RATP, Paris, décembre 1991, réseau 2000 édité par le département du développement te l’unité

prospective de la RATP.

44

2. 3 : La réforme qualitative des services publics

L’approche qualitative de la modernisation des services publics est qualifiée de logique du

“ mieux d’Etat ”. Elle est largement impulsée par H. de Charette, alors ministre de la

Fonction Publique. Son idée est de

“ réduire les coûts et les charges, c’est-à-dire gagner en productivité ; accroître

l’efficacité et améliorer la qualité du service public ; mobiliser les hommes, c’est-à-dire

mettre en œuvre une véritable gestion des ressources humaines ”.

Le ministre souhaite une gestion des ressources humaines plus proche des personnels,

c’est-à-dire un développement des formations, des gestions de carrières plus attentives et

la mise en place d’intéressements.

Pour la première fois, nous voyons apparaître la notion de qualité dans les services publics

liée à la notion d’efficacité. La qualité devient alors un véritable outil de cette

modernisation. La qualité nécessite de repenser toute l’organisation de l’entreprise :

l’organisation du travail tout d’abord, puis la mise en œuvre du service.

Poursuivie officiellement par Michel Rocard, alors Premier Ministre, par la circulaire du

23 février 198945 , cette modernisation est une véritable politique de renouveau managérial

et d’amélioration de l’accueil des usagers.

Les 4 axes qui organisent la circulaire s’intéresse à :

� Une gestion plus dynamique des personnels : gestion prévisionnelle des emplois, des

carrières, des effectifs, une amélioration des conditions de travail, de la formation et de la

mobilité.

� Un “ développement des responsabilités ” grâce à la décentralisation

� Un “ devoir d’évaluation des politiques publiques ” afin d’optimiser la décentralisation

des responsabilités.

� “ Une politique d’accueil et de service à l’égard des usagers ” en les associant à

l’amélioration des services.

45 Circulaire du 23 février 1989 relative au renouveau du service public, Journal Officiel, 23 février

1989.

45

Plus dynamique, ce renouveau a pour objectif de toucher tous les services publics. Il ne

veut pas proposer de modèle unique et souhaite avant tout responsabiliser chaque acteur :

manager, personnel et usagers. Cette modernisation est organisationnelle au sens ou elle

entraîne des réflexions et des remises en cause de l’organisation du travail, parfois de la

définition des métiers et des relations entre agents. Les organigrammes hiérarchiques

laissent la place aux organisations transversales.

Véritable exemple de cette modernisation, la RATP a entrepris en 1990, sous l’impulsion

de Christian Blanc46, une vaste restructuration : la décentralisation47. La RATP a alors

vécu une véritable mutation organisationnelle à tous les niveaux de l’entreprise. A partir

du concept de “ pyramide inversée ” de Jan Carlson, toute l’organisation du travail a été

repensée. L’organigramme, les métiers, les perspectives de carrières, les relations entre

agents, les relations à la clientèle, tout a été revu. Cette réforme s’est fixée trois objectifs :

� L’amélioration de la qualité de service et la maîtrise des espaces publics, c’est-à-dire

mettre les clients au centre des préoccupations de l’entreprise.

� Concilier service public et saine gestion économique

� S’organiser en une société humaine, compétente et solidaire.

La dynamique qualité de la réforme des services publics est poursuivie par la signature et

la mise en place de la charte des services publics. Ce document est un élément majeur de

la poursuite et de la pérennité de cette réforme qualitative. En plaçant le client au centre

des préoccupations de l’entreprise publique et en redéfinissant ses droits, la charte fait de

l’usager un acteur du service public et de sa réforme.

46 proche de Michel Rocard

47 Voir DEA transport de l’auteur : Raphaëla Le Deschault de Monredon “ le renouveau du service

public à travers un exemple concret : la RATP et la gare d’Auber ”, sous la direction d’Anne Fournié,

Paris, Octobre 1994, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et l’institut d’urbanisme de Paris à

l’Université Paris-Val de Marne.

46

2. 4 : La formalisation du rôle des services public ; la charte des

services publics.48

Le rôle des services publics est défini par “ la charte des services publics ”. Charte qui est

la suite logique de la grande vague de modernisation des services publics, mentionné dans

le XIème plan.

Elle a été créée sur l’initiative de Jean-Pierre Soisson, ministre de la fonction publique et

des réformes administratives. Signée et publiée par son successeur, Michel Delebarre, le

18 mars 1992, elle fixe les principes du service public.

Cette charte enrichit les trois grands principes : égalité, neutralité, continuité, de huit

principes d’actions. Déclinaison des premiers, ils sont la conséquence de l’évolution de la

société et des besoins, mais aussi de l’ouverture des frontières, notamment en Europe.

2 .4. 1. : Les principes fondamentaux du service public

“ Les missions premières et fondamentales de l’Etat garant des valeurs républicaines,

défenseur de l’intérêt général, promoteur du progrès économique et social, imposent aux

services publics des devoirs particuliers : égalité, neutralité et continuité. Ce sont eux qui

donnent tout son sens au service public et qui doivent inspirer les agents qui le servent

dans leur comportement quotidien à l’égard des usagers ”.

“ Le principe d’égalité implique qu’aucune distinction ne soit faite entre les usagers quant

à l’accès au service public comme au service rendu lui-même. Chacun doit être à même de

bénéficier des prestations du service public sans se trouver en position d’infériorité en

48Cette charte a pour objectif de faire connaître, aux usagers des services publics, leurs droits et de

repositionner le rôle et les principes fondamentaux des services publics (égalité, neutralité et

continuité), tout en précisant l'évolution que l’état souhaite lui donner. Les mesures nouvelles sont

pour la RATP : la poursuite des opérations "autrement bus", l'extension du nouveau service en station,

la mesure de la satisfaction des usagers et la gestion de l'information en situation perturbée.

47

raison de sa condition sociale, de son handicap, de sa résidence, ou de tout autre motif

tenant à sa situation personnelle ou à celle du groupe social dont il fait parti ”.

Par égalité, on entend accessibilité géographique, sociale, économique ou même physique

pour tous.

A chaque besoin sa réponse :

“ Mais égalité des droits ne veut pas dire uniformité de la prestation ”.

Aucune distinction ne sera faite entre les usagers quant à l’accès au service public et au

service rendu. Cependant, les usagers et leurs besoins sont différents. Les réponses aux

besoins et les modes d’actions doivent être adaptés.

Ceci peut permettre “ ...de lutter contre les inégalités économiques et sociales ”.

“ La neutralité est inscrite dans l’activité quotidienne des services publics : laïcité,

impartialité des agents publics, non-discrimination. ”

Corollaire du précédent, ce principe souligne la laïcité de l’Etat et l’impartialité des agents

publics. Deux principes définis dans l’avis du conseil d’état du 7 novembre 1989 sur le

“ principe de laïcité et signes d’appartenance à une communauté religieuse ”.

Le principe de continuité est l’essence même du service public.

“ (...) Tout service doit fonctionner de manière régulière (...) en fonction des besoins et

des attentes des usagers ”.

Il sous-entend :

Un fonctionnement régulier, avec des horaires d’ouverture qui ne “ limite pas de façon

anormale le droit d’accès des usagers aux services publics ”.

Un accès géographique facile pour tous par une présence “ dans les zones rurales et dans

les quartiers urbains en difficulté ”.

Ces trois principes fondamentaux qualifient l’accessibilité économique, sociale,

géographique et physique.

48

Dans un souci de modernisation, les principes fondamentaux sont prolongés et enrichis par

les principes d’actions. Plus près du terrain, ils nous aident à comprendre et à cerner le

“ nouveau ” rôle des services publics.

2 .4. 2. : Les Principes d’action des services publics

“ L’expérience attachée au fonctionnement d’une société démocratique, l’évolution

des esprits, l’émergence de nouveaux besoins, l’ouverture des frontières imposent aux

services publics des règles de comportement et d’action qui prolongent ou enrichissent

les principes fondamentaux ”.

Les principes de transparence et de responsabilité permettent aux citoyens et aux usagers

de s’assurer du bon fonctionnement du service public et de faire valoir leurs droits.

“ Le principe de transparence permet à l’usager de s’assurer du bon fonctionnement des

services publics ”.

“ Les services publics doivent, toutes les fois qu’il est possible, consulter leurs usagers

avant de prendre des décisions touchant à l’organisation et au contenu du service

rendu... ”.

Le principe de responsabilité : “ l’usager dispose d’un droit à l’information sur l’action

des services publics et ceux-ci ont l’obligation d’informer les usagers de manière

systématique ”.

Les principes de simplicité et d'accessibilité sont plus particulièrement tournés vers les

usagers et sont une déclinaison du principe d’égalité.

Le principe de simplicité évoque la clarification administrative :

“ Les services publics doivent rechercher en permanence les moyens d’alléger les

démarches et formalités que l’usager doit accomplir ”

49

Il évoque également l’importance de mettre en place des indicateurs de qualité et de

satisfaction de la clientèle.

Les services publics doivent être accessibles en terme d’implantation géographique.

C’est un levier “ d’amélioration de la relation des services publics avec leurs usagers. ”

Les principes de participation et d’adaptation doivent favoriser l’adaptation du service de

plus en plus diversifié.

Le principe de participation renvoie à une obligation collective de résultats :

“ L’usager doit se sentir responsable de l’action des services publics. ”

Le principe d’adaptation découle de celui de participation. Cette obligation collective de

résultat nécessite une implication des agents des services publics. Ce principe fait

également appelle à la déconcentration qui permet un service au plus près de l’usager.

Le principe de fiabilité impose des règles stables : Les changements imposés par

l’évolution de la société... doivent être mis en place suivant des modalités permettant à

l’usager de s’adapter dans les meilleures conditions.

Le principe de confiance s’appuie sur la nécessité d’évaluer les règles existantes et

d’analyser l’impact des nouvelles règles. Les relations entre les usagers et les clients

doivent être pensées en terme de partenariat et de confiance réciproque. La confiance

passe aussi par une aptitude des services publics à reconnaître ses erreurs et à les corriger

(réglementation et réorganisation des services et parfois dédommagements).

50

La crise des services publics a conduit à un énorme chantier réformateur dont l’outil

principal est la qualité. Le secteur public est aujourd’hui centré sur le client et sur ses

personnels de contact.

Le concept de qualité de service, qui nous intéresse ici, est né très lentement à partir de la

prise en compte de la particularité du service par rapport au produit. Le travail conjoint

des chercheurs en marketing et en gestion, ont fait apparaître les clients dans l’entreprise.

Les entreprises se sont mises à réfléchir à partir de ce client et à centrer leur production sur

lui.

Le chapitre suivant exposera les différents stades qui ont conduit à la définition de la

qualité du service utilisée aujourd’hui dans les transports en commun urbain.

51

Chapître 3 : Les enjeux de la qualité de service : le produit

ou le client au centre du processus.

Longtemps négligé au profit du matériel tangible (le produit), le “ service d’aujourd’hui ”

est attaché à la notion de qualité. Nous étudierons donc comment la gestion et le marketing

ont clarifié la notion de service et comment est apparue la qualité de service dans ces

disciplines.

Le concept de qualité des services est né petit à petit. Il est le fruit de plusieurs recherches

successives et complémentaires. Le concept va évoluer jusqu’à la qualité centrée sur le

client, après des années de remise en cause du système de production interne à

l’entreprise. Il nous a donc semblé important de travailler sur les différents concepts

successifs qui ont conduit à celui de qualité du service centré sur le client.

La première étape est celle de la distinction entre le service et le produit. Cette étape

permet aux différents chercheurs de décrire les catégories d’attributs du service que le

client prend en considération dans son évaluation.

La deuxième étape est celle de l’identification de la production du service et de la mise en

évidence du client dans cette production. Le service est une relation entre le client et le

personnel de l’entreprise et par conséquent le client influence la qualité du service.

Le concept de coproduction va faire basculer la qualité du service vers le client.

La troisième étape est celle de la définition de la qualité de service. Premièrement, avec le

modèle Servqual qui identifie les étapes essentielles d’une politique qualité et ses causes

de défaillances. Deuxièmement, avec l’application de la qualité du service au secteur des

transports en commun et la mise en place d’une méthode de mesures et de management de

la qualité directement appliqué aux transports publics de voyageurs : le modèle CYQ.

52

3. 1 : Le service est différent du produit.

En 1983, Théodore Lewitt laisse de côté la relation de vente isolée, notion clé pendant des

années dans les services. Il établit la relation marketing à long terme entre l’entreprise et

son acheteur. Autrement dit, il met en évidence “ l’intangible présent ” dans un produit.

Cette mise en évidence s’exprime par 4 anneaux s’emboîtant les uns dans les autres :

• Produit générique : le produit de base

• Produit attendu : les conditions minimales d’achat par le client (livraison, prix,

S.A.V.,...)

Les anneaux de Lewitt.

• Produit ajouté ou élargi : le produit générique + le produit attendu + les services

inattendus plus ou moins utiles.

• Produit potentiel : “ tout ce qui peut être fait pour attirer et retenir le client ”.

Ce qui est important pour nous, c’est de comprendre que le service en tant qu’entité

immatérielle peut-être quantifiée, normée, afin d’en faire une expérience qualitativement

optimale pour le client. T. Lewitt permet, ici, au service d’exister indépendamment du

produit. Le service devient lui-même un “ produit de base ”.

De nombreux auteurs ont travaillé par la suite à la spécificité des services et plus

particulièrement à trouver des méthodes de gestion et de marketing qui s’appliquent aux

services.

Produit potentiel

Produit élargi

Produit attendu

Produit générique

53

3. 2 : Le service comme relation entre l’entreprise et le client

Les enseignements en matière de gestion des services ne sont pas japonais mais suédois.

Dés le début des années 80, Jan Carlzon prend la direction de l’entreprise aérienne SAS

(Scandinavian Airlines System). Il redresse remarquablement la société grâce à

l’application d’un principe marketing simple : “ Assurez-vous que ce que vous vendez est

réellement ce que le client souhaite acheter ”. Il est à l’origine du “ renversons la

pyramide ” qui met les agents en contact avec le public en première ligne. Ils sont l’image

de l’entreprise auprès du public, puisque c’est auprès d’eux que le client réalise son

service. Il a donc transformé l’organisation tout entière en une entreprise axée sur la

clientèle. Il utilise également la métaphore du “ moment de vérité ” pour qualifier l’instant

de la réalisation du service. Cette notion est basée sur le caractère immatériel ou partiel du

service, sur sa consommation simultanée à la production qui exclut le stockage et le rebut

et sur la dimension subjective et affective du service

Largement basée sur l’expérience de SAS, deux consultants américains49 ont établi en

1985 “ le triangle de service ”. Le modèle place le client au cœur du processus de service :

“ L’organisation existe pour servir les besoins de ceux qui servent le client ”.

Dans la continuité du travail de Jan Carlzon, ils mettent l’accent sur le personnel de

contact et sur l’importance de la gestion des “ moments de vérité ”. Cela passe par la

motivation et la formation des personnels de première ligne. Or, la motivation et le

dévouement sont fragiles et conjoncturels. Il est donc nécessaire de créer un

environnement motivant pour que les employés trouvent des raisons personnelles de

consacrer leur énergie à la satisfaction du client. C’est à toute l’entreprise d’y travailler.

Toute et surtout aux dirigeants : “ Si vous ne servez pas le client, faites en sorte de servir

celui dont c’est le travail ”.

La formation basée sur l’enrichissement personnel plutôt que sur l’enseignement du bon

comportement a porté ses fruits dans de nombreuses entreprises à commencer par SAS.

49 Karl Albrecht et Ron Zemke, "La dimension service", les éditions d’organisations, Paris 1987

54

La dernière étape est l’évaluation des performances et le retour de l’information qui

permettent à l’entreprise de se remettre en cause et donc de progresser.

Essentiellement basée sur la relation client et personnel de première ligne, cette méthode

managériale a fait pénétrer une nouvelle dimension service dans l’entreprise.

3 .2. 1. : La production du service.

En 1987, Pierre Eiglier et Eric Langeard50 partent d’une constatation étymologique. Il

existe autour du mot produit trois termes : production, produire et produit qui font

respectivement référence au processus, à l’action et au résultat. Par contre, au mot service

n’est associé que l’action de servir. Il n’existe pas de terme pour définir le processus.

Aussi ont-ils inventé le néologisme de servuction.

La définition qu’ils en donnent est la suivante :

“ C’est l’organisation systématique et cohérente de tous les éléments physiques et

humains de l’interface client-entreprise nécessaire à la réalisation d’une prestation de

service dont les caractéristiques commerciales et les niveaux de qualité ont été

déterminés ”.

La servuction concerne la réalisation même du service. Pour Pierre Eiglier et Eric

Langeard, quatre éléments entre en interaction lors d’une servuction : ce sont le client, le

personnel en contact mais aussi le support physique et le service.

50 Pierre Eiglier et Eric Langeard sont professeurs de Marketing à l’IAE d’Aix en Provence et

chercheurs associés au Marketing Science Institute à Cambridge USA.

55

La servuction :

Le client ou consommateur est le destinataire du service mais il est également impliqué

dans la fabrication du service. Sans lui le service ne peut pas exister : un bus qui ne

transporte personne ne rend pas de service. Il devient acteur du service.

Le support physique est le support matériel utilisé par le client, le personnel ou les deux à

la fois pendant la réalisation du service. Ce peuvent être les bâtiments, les bus, les

distributeurs de billets...

Le personnel en contact déjà identifié par Jan Carlzon, Pierre Eiglier et Eric Langeard. A

la différence des deux éléments précédents, le personnel n’est pas indispensable à la

servuction (distributeur automatique de billets...).

Le service est l’objectif du système et par conséquent son résultat. La définition des deux

chercheurs est : “ Le service est la résultante de l’interaction entre les trois éléments de

base que sont le client, le support physique et le personnel en contact. Cette résultante

constitue le bénéfice qui doit satisfaire le besoin du client : c’est le fait d’être reposé dans

un hôtel, par exemple”.

Les quatre éléments ci-dessus caractérisent la production du service mais occultent tout ce

qui se trouve en aval de la servuction. Aussi, les auteurs font-ils apparaître deux éléments :

le système d’organisation interne et les autres clients.

Le système d’organisation interne est constitué par toutes les fonctions de l’entreprise :

finance, marketing, personnel... Il définit les objectifs, le management et influence ainsi le

support physique et le personnel en contact.

Support

physique

Personnel en

contact

Client

Service

Pierre Eiglier et Eric Langeard, 1987

56

Les autres clients : L’entreprise de service sert plusieurs clients à la fois et lors de la

servuction, il y a nécessairement interaction entre eux. Ces relations peuvent influencer la

qualité du service rendu et la satisfaction qu’ils en retirent.

Le système de servuction comporte sept éléments :

• trois éléments appartenant à l’entreprise de service : le système d’organisation interne,

le support physique et la personne en contact.

• deux éléments appartenant aux marchés : un client A et un client B

• deux éléments qui sont la résultante de l’interaction entre les clients A et B avec les

éléments de l’entreprise de service : le service A et le service B.

En conclusion, ce modèle met en évidence l’interface entre deux types d'acteurs, le client

et l’entreprise ou, plus particulièrement, le personnel en contact. Il établit le service en tant

que relation entre ces deux acteurs. La "servuction" permet de poser le problème de l’offre

à des clients distincts. Ils ont la possibilité d’interagir sur le service qui leur est rendu et

sur celui qui sera rendu aux autres clients.

Cette possibilité et la prise en compte de l’importance du rôle d’acteur du client dans la

relation de service conduit à la notion de coproduction.

3 .2. 2. : Le client devient acteur du service.

Ici, le client ne fait pas seulement partie de la relation de service, il est également acteur.

La notion de coproduction est née au début des années 90.

“ La coproduction commence au moment de l’interaction entre le bénéficiaire du

service et la structure prestataire. Son support peut être matériel ou humain. Elle finit

alors qu’il n’y a plus de lien direct entre prestataire et bénéficiaire. Elle est favorisée

par un processus interactif fait d’ajustements progressifs et évolutifs. ”51

51 I. Leconte (maître de conférences en gestion à Toulouse 3) et J. Simbille (maître de conférences en

droit public à Toulouse 3) “ service public et qualité : l’enjeu de la coproduction au travers de

l’exemple de l’ANPE ”, Actes du colloque “ Coproduction de la Qualité ” Organisé par le Laboratoire

d’Etudes et de Recherches Appliquées en Sciences Sociales à Toulouse les 12 et 13 novembre 1998.

57

La coproduction est donc faite d’ajustements permanents puisqu’elle est interaction,

échange. C’est un processus d’appropriation des savoir-faire réciproques.

En tant qu’acteur du service, les clients, au même titre que le personnel de l’entreprise

sont responsables du résultat du service.

Par conséquent, la qualité est non seulement une adéquation de conformation au contrat

annoncé, mais aussi un ajustement entre l’offreur et le client sur le contenu du service (A.

Barcet, J. Bonamy52).

Les enjeux de la coproduction au sein des services publics français sont les suivants :

• Le risque lié au résultat de la coproduction doit être co-assumé. La coproduction

suppose que les acteurs acceptent de prendre des risques par rapport au résultat en co-

construisant celui ci.

• La notion d’intérêt général se trouve ébranlée par la coproduction. Le service public

doit donc refondre sa légitimité non plus sur l’égalité et la neutralité mais sur

l’adéquation des réponses à des besoins individuels. La personnalisation du service

public déstabilise l’équilibre reposant sur la séparation entre l’intérêt général et les

intérêts particuliers.

• La coproduction comme démarche d’amélioration de la qualité dans les services

conduit à redéfinir le service public et son traditionnel éloignement de l’usager :

prestataire et bénéficiaire se rapprochent. L’obligation de moyens se transforme peu à

peu en obligation de coopération et de satisfaction.

“ Le service public n’est plus un produit fini servi à l’usager / assujetti dont la stabilité

assureraient l’ordre et la sécurité des rapports sociaux. Le bien public est co-produit

parce que les usagers en sont un élément constitutif : Les clients forment une partie de la

matière première traitée et du produit final ” (F. Mispelblom, 1995).

52 A. Barcet et J. Bonamy : “ qualité et qualification des services ” dans “ relations de service,

marchés de services ”, sous la direction de J. De Bandt et J. Gadrey, CNRS, 1994.

58

Hérité de l’industrie, le concept de qualité a longtemps été synonyme de contrôle et de

conformité. Aujourd’hui, la production des services associe le client à sa réalisation. La

part d’immatérialité, d’éphémère et de subjectivité et la particularité des services publics

ont obligé les chercheurs à travailler sur des modèles différents et sur un concept de

qualité plus adapté aux services.

3. 3 : L’élaboration du concept de qualité de service.

3 .3. 1. : Identification des déterminants de la qualité.

Les différents modèles marketing élaborés au cours des années 80 ont travaillé, dans un

premier temps, sur l’identification des déterminants de la qualité pour le client : la

sécurité, la facilité d’accès, la fiabilité, l’attitude du personnel, la variété des services

offerts, l’atmosphère où se déroule la prestation, le moment et la durée de la prestation.53

Dans un deuxième temps, le travail a consisté à théoriser les données afin de réfléchir à

une politique qualité adéquate. Le modèle de Grönroos, par exemple en 1984 identifie

trois facteurs déterminants de la qualité dans la perception du client : la qualité technique

(la performance technique), la qualité fonctionnelle (la perception du client sur la

réalisation du service) et l’image de l’entreprise (perçue à travers l’expérience du client et

la publicité de l’entreprise). La perception du client attache plus d’importance à la qualité

fonctionnelle qu’à la qualité technique.

Ces différents travaux marketing permettent d’identifier les attentes des clients et

d’effectuer des typologies de clientèle. Ces données servent à définir le concept de la

qualité du service. C’est-à-dire à faire entrer le client dans la politique de l’entreprise.

53 Modèle de W.E. Sasser, P. Olsen et D. Wyckoff en 1978.

59

3 .3. 2. : La politique qualité dans une entreprise

C’est en 1985, que le modèle SERVQUAL a permis d’élaborer le concept de qualité de

service, menée par A. Parasuraman, V.A. Zeithaml et L.L. Berry au sein du Marketing

Science.

Ce modèle est, aujourd’hui encore, utilisé dans de nombreuses démarches qualité car il

identifie les acteurs : client et entreprise et leur interrelation. Il définit les étapes capitales

à la réalisation d’un service de qualité :

• L’entreprise doit travailler à l’identification des attentes et des perceptions des

clients, c’est-à-dire à la segmentation du marché.

• La direction doit s’engager dans la politique de qualité afin de définir une doctrine

qualité pour l’entreprise, le niveau de qualité souhaité, et le contrôle de la qualité.

• La qualité va dépendre de la définition et de la spécification du service en fonction

du segment de clientèle.

Ces deux étapes définissent la qualité de conception.

• Il est important de motiver et de valoriser ou d’améliorer (formation) les

compétences du personnel dans les domaines techniques et relationnels afin

d’optimiser la qualité de la réalisation

• Il faut qu’il y ait adéquation entre la publicité ou la communication aux clients de

l’entreprise et les services proposés.

Ce modèle identifie deux étapes distinctes qui sont la qualité de conception et celle de la

qualité de réalisation. Longtemps laissé de côté les deux concepts sont indissociables (Ils

sont suggérés dans le modèle de Grönroos). Ce modèle introduit également la notion de

“ client vivant ”. Il a un vécu et il apporte un jugement sur le service en fonction de celui

ci (publicité...).

Il permet surtout de réunir les attentes et les contraintes de chacun des acteurs du service.

60

3 .3. 3. : L’application aux transports en commun urbain

Le modèle du cycle de la qualité (CYQ) a été développé à partir de 198754 par Bernard

Averous au sein de deux entreprises de transport public urbain (la Régie des Transports

Marseillais et la RATP). Il est fondé sur la définition du service voulu par l’entreprise et

sur la mesure de l’écart entre le service effectivement réalisé et le service voulu.

B. Averous considère que l’écoute, la compréhension et la satisfaction du client nécessite

un effort véritable, contrairement aux idées reçues.

Le modèle définit quatre types de services :

• Le service attendu par le client est basé sur ses besoins plus ou moins exprimés et sur

son expérience. “ C’est l’expression d’un souhait dans un système de référence ”.

C’est celui que le client trouve “ raisonnable ” d’espérer à cet instant, ici et à ce prix.

• Le service voulu est l’offre que défini l’entreprise à partir des besoins du client.

C’est ce qu’elle souhaite réellement offrir au client. Il prend en compte les

contraintes économiques, les savoir-faire, la concurrence... C’est un choix de

direction générale.

• Le service réalisé effectivement par l’entreprise. C’est-à-dire “ le relevé précis,

objectif, de la réalisation du service sur le terrain ”.

• Le service perçu par le client qui est une perception subjective de la situation et non

l’évaluation objective du service.

54 Le modèle CYQ a été conçu à partir du schéma proposé par V. Zeihaml, A. Parasuramau, L.L.

Berry, chercheurs américains ; “ Delivering Quality Service -Balancing Customer Perceptions and

expectations -the Free Press, A division of Mac Millan, Inc (1990)

61

Le modèle CYQ :

L’intérêt du modèle est de dissocier les deux univers. Ils n’ont pas les mêmes méthodes et

la même approche du même service. Chacun ayant une perception différente : l’une

subjective, basée sur le vécu, le désir et l’affectif (le client) et l’autre objective, basée sur

les moyens mis en œuvre, la technicité du métier (le prestataire).

Le cycle CYQ est un modèle dynamique, aussi chaque flèche correspond t-elle a un

espace. Chaque espace permet d’apporter une ou des contributions spécifiques, où

l’entreprise met en œuvre un aspect de son savoir-faire. La coordination de ces

contributions permet à l’entreprise d’améliorer l’offre.

L’espace 1 : du service attendu au service voulu. C’est l’espace du marketing qui va

définir l’offre à partir du service attendu. Le modèle préconise une implication des acteurs

de terrain, dans la traduction du service attendu en service voulu.

L’espace 2 : du service voulu au service réalisé. C’est l’espace d’amélioration des process

ou de conformité de la production. Il nécessite un travail transversal et pluridisciplinaire

au sein de l’entreprise.

L’espace 3 : du service réalisé au service perçu. C’est l’espace de la communication qui va

réduire l’écart entre les services, réalisé et perçu, en rendant “ plus lisible ” la réalisation

du service. Les campagnes d’information doivent se faire dans le langage du client.

L’espace 4 : du service perçu au service attendu. C’est l’univers de référence, d’expérience

et d’évaluation du client. C’est aussi le champ de réalisation des enquêtes clientèles : Les

Service réalisé

Service attendu

Service voulu

Service perçu

mesure de conformité

mesure de satisfaction

1

2

3

4

Univers du client Univers du prestataire

62

enquêtes de perception (permettent d’analyser les réactions du client sur les dimensions du

service), les enquêtes d’attentes (qualitatives, elles déterminent les critères pertinents pour

le client) et les enquêtes de satisfaction (définissent le jugement final du client).

Les espaces 2 et 4 appartiennent en propre au prestataire et au client. Ce sont des espaces

d’évaluation de la conformité et de la satisfaction.

Les espaces 1 et 3 sont des espaces d’interface entre les acteurs. Ce sont des espaces de

communication, de dialogue.

Le modèle applique le concept de qualité de service aux transports publics de voyageurs.

Il introduit des mesures telles que l’appréciation de la satisfaction et celle de la

conformité. Il détermine la nécessité de pratiquer les deux mesures pour avoir une vue

d’ensemble de la qualité du service rendu.

Très utilisé aujourd’hui dans les entreprises de transports de voyageurs, ce modèle propose

des outils concrets très adaptés au secteur. Il a également servi de base à l’élaboration de

la norme : “ La qualité des services dans les transports : identification des critères de

qualité pour le transport de voyageurs ”55.

55 Norme AFNOR XP X50-805 de 1997 que nous détaillerons dans la partie III, chapitre I, 1.2.3. : Les

outils de la qualité.

63

Partie II : Le secteur des Transports en Commun Urbain

en France et la diffusion de la qualité.

64

Nous l'avons vu précédemment, l'introduction de la qualité dans les services publics est

consécutive à leur modernisation. Elle est une réponse à la crise des services publics. Plus

qu'un outil, elle est pour les transports en commun urbain, un véritable enjeu pour

répondre à la concurrence massive de la voiture particulière.

Le schéma de l'UTP56 en France, nous montre l'utilisation massive et croissante de la

voiture particulière. Il est en est de même dans toute l'Europe.

Evolution des trafics de voyageurs dans les 7 principaux pays membres de

l'Union Européenne. (en milliards de voyageurs par kilomètre)

0

200

400

600

800

1970 1994 1995 1996 1997

VP Chemin de fer Bus et car

Source CEMT57

Les 7 pays pris en considération sont : la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne,

l'Italie, le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

L'exploitant et l'autorité organisatrice doivent aussi répondre à diverses exigences légales,

politiques et gestionnaires.

La modernisation des transports publics va changer la culture et les rapports entre les

acteurs du système transport public urbain. La qualité est un bras de levier qui permet le

56 UTP, "Les chiffres clés du transport public urbain", UTP, 1999, Paris.

57 Conférence Européenne des ministres des Transports.

65

passage d'une culture transport très technique à une culture de service. Nous sommes passé

d'une conception du service lié à l'exploitation à un système lié à la performance du

service. Le service n'est plus évalué en performance opérationnelle mais en qualité du

service rendu.

Cette nouvelle culture du transport en commun urbain va également modifier les processus

de travail de l'entreprise, la culture d'entreprise, l'organisation du travail et le travail lui-

même.

Afin de mieux comprendre comment la qualité va venir modifier le système transport en

commun urbain et améliorer le service rendu, nous allons définir le cadre et l'organisation

du système transport en commun urbain. Dans un premier temps, nous développerons les 4

grandes étapes d'amélioration de l'offre dans les transports en commun qui expliquent

l'émergence de la qualité dans le secteur. Puis, nous fixerons l'organisation institutionnelle

et contractuelle des transports et nous détaillerons les débats qui concourent à la diffusion

de la qualité dans le secteur.

Ces 40 dernières années, le secteur des transports en commun urbain a traversé 4 grandes

étapes d’amélioration de l’offre. Cette évolution explique en grande partie l'introduction

de la qualité dans le secteur. Certaines améliorations ont été engagées faisant appel à

diverses priorités.

La première phase se situe dans les années 60 et 70 et correspond à une période

d’investissements lourds. La seconde époque est celle du début des années 80 au cours de

laquelle se sont multipliés les tentatives d’accroissement de la productivité. La troisième

phase commence au milieu des années 80 et s’accompagne d’une nouvelle vague

d’investissements en infrastructures. Puis, au début des années 90, la qualité est perçue par

les opérateurs publics en général et par ceux des transports urbains en particulier, comme

une exigence pour offrir une alternative à la voiture particulière, pour gagner des parts de

marchés et de nouveaux clients.

66

1960-1980 : Le développement de l’offre en infrastructures

Vers 1960, la conception de la desserte urbaine est basée entièrement sur l’automobile.

Les transports collectifs sont réservés aux déplacements aux heures de pointes et aux

captifs58. La politique de l’automobile s’accompagne d’aménagements d’infrastructures

routières urbaines et suburbaines. Les améliorations routières étaient censées bénéficier

aux transports en commun.

Cependant, la suppression des tramways après la deuxième guerre mondiale entraîne

l’aggravation des conditions de circulation (de 1953 à 1963), la vitesse commerciale des

autobus a diminué de 15% à Paris et de 30% à Nice59). Les politiques s’aperçoivent

rapidement que l’automobile ne réglera pas tous les problèmes de déplacements. En

grande Bretagne, le rapport Buchanam montre que, dans les villes anglaises, pour pouvoir

circuler et stationner librement, il faudrait raser un tiers du bâti.

Cette prise de conscience initie une réflexion nouvelle et l’apparition d’une génération

d’ingénieurs qui proposent de réinvestir dans les transports en commun urbain. C’est à

partir de 1965, que sont prises les décisions de construire les métros de Marseille, Lyon et

le R.E.R. à Paris. Ces projets ont permis de développer substantiellement l’offre de

transport en commun urbain et suburbain. Cependant ces investissements sont lourds et les

projets longs. Aussi, le tronçon central du R.E.R. A à Paris est ouvert en 1976 et les

métros de Lyon et Marseille sont mis en service en 1978. Ces nouveaux sites propres

attirent de nouveaux usagers car ils permettent des gains de temps considérables et

augmentent l’accessibilité de certaines destinations (comme les banlieues pour Paris).

58 Les captifs : ceux qui ne peuvent pas utiliser la voiture particulière, à savoir les individus sans

permis et les non motorisés résidant en centre ville.

59 Chiffres J.P. Coindet chercheur à l'INRETS et professeur à l’ENPC.

67

1980-1985 : L’accroissement de la productivité

La deuxième phase peut être qualifiée d’amélioration de la productivité. L’année 1983 est

marquée par la crise de financement des services publics. Une des solutions proposée et

mise en place est l'élargissement du Versement Transport60 aux agglomérations de plus de

30 000 habitants. Cette contribution a permis de faire baisser la part payée par les

collectivités, sollicitées par de nombreux autres domaines d'intervention. L'état s'est aussi

désengagé.

Les agglomérations qui ont largement investi dans l’extension de leurs réseaux

commencent à ressentir les effets sur les charges d’exploitation et voient leurs ressources

propres de plus en plus engagées. Une nouvelle réflexion sur l’avenir des transports

collectifs commence, placée sous le signe des restrictions financières. Les réseaux se

lancent alors dans l’amélioration de la productivité c’est-à-dire :

- la restructuration de lignes,

- l’augmentation de la fréquence,

- l’achat de matériel neuf,

- le changement de tarification et de mode de gestion.

La relative richesse procurée par le versement transport a permis des extensions de réseau

dans des zones à très faible densité de population.

Ces différentes mesures s’accompagnent d’une relative augmentation des déplacements en

transport en commun urbain dans la plupart des villes. L’usage des deux roues est

cependant fortement pénalisé, y compris dans les cas où des efforts significatifs ont été

faits en leur faveur.

60 Le Versement Transport est une taxe versée par les entreprises aux autorités organisatrices en tant

que contribution aux transports en commun urbain. Il a été mis en place en 1971, en Ile de France puis

diffusé par étapes aux autorités organisatrices de provinces de plus de 20 000 habitants qui le

souhaitent et récemment depuis la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (cf. chapitre 1 dans cette

partie) au communes de plus de 10 000 habitants. Il est versé par les entreprises (0,7% du total de leur

prélèvement fiscaux) de plus de 9 salariés situées à l’intérieur du périmètre de transport urbain.

68

1985-1990 : Développements des infrastructures,

La deuxième moitié des années 80 est marquée par une stagnation puis une baisse

caractéristique du taux d’utilisation des transports en commun61, ce qui conduit les réseaux

à relancer des développements de leur offre : élargissement des périmètres de transport

urbain, construction de transports en sites propres.

Le schéma de l’Union des Transporteurs Publics nous permet de visualiser les évolutions

sur la période.

Evolution de l'offre et de l'usage des transports en commun de 1986 à 1991

(en milliard de voyageurs par km)

90,0

95,0

100,0

105,0

110,0

115,0

86 87 88 89 90 91

Offre Usage Taux d'utilisation Source UTP 1996

L’offre se mesure en km-voitures par habitants et permet de mesurer quantitativement les

services offerts aux habitants de la zone desservie.

L’usage se mesure en voyages par habitant. Ce ratio caractérise le niveau de fréquentation

globale des services à partir de l’unité voyage.

61 Taux d’utilisation des transports en commun : voyages par kilomètres-voitures. Ce ratio est le

meilleur indicateur pour mesurer le remplissage des véhicules de transports. Cependant, il prend en

compte le voyage comme unité de mesure (en cas de correspondances, on comptabilise un

69

Le taux d’utilisation se mesure en voyages par kilomètres - voitures. Cet indicateur mesure

le taux de remplissage des véhicules.

Cette période se caractérise par une augmentation de l'offre, souvent liés à l'élargissement

du périmètre urbain. Cet accroissement de la taille du réseau ne s'accompagne pas

systématiquement d'une croissance des déplacements la première année. Or une hausse de

l'offre accompagnée d'une stagnation de l'usage a pour effet de baisser le taux d'utilisation

comme le montre le graphique.

C’est au cours de cette période que différents tramways sont mis en service : Nantes (en

1985), Grenoble (en 1987) puis par la suite les villes de Strasbourg (en 1994) et de

Toulouse avec la mise en place du VAL (en 1993). Dans ces villes, les fréquences et

l’utilisation des transports en communs ont augmenté. Les nouveaux modes de transport et

la rapidité qu’ils proposent ont permis aux réseaux de gagner de nouveaux clients.

L’ensemble du parc de ces réseaux a été actualisé : la découpe des bus a été mise aux

couleurs du tramway, les tenues des conducteurs changées... Tout ceci pour ne pas créer

un réseau à deux vitesses : d’un côté la modernité et le tramway et de l’autre la vétusté et

le bus. Cependant, rapidement, l'effet "site propre" s'essouffle et le réseau atteint son

"rythme de croisière". La fréquentation stagne alors et son évolution est comparable à

celle des réseaux de taille similaire.

Les investissements lourds ne peuvent pas être infinis, d’une part, car les ressources

financières sont limitées, d’autre part, car les gains de productivité et de part de marchés

ne peuvent pas augmenter continuellement.

déplacement et plusieurs voyages). Son évolution est corrélée à celle de l’usage et de l’offre

kilométrique.

70

L’émergence de la qualité au début des années 90.

Cette période correspond à une véritable prise de conscience des limites du développement

de l’offre d'infrastructure.

Evolution de l'offre et de l'usage des transports en commun urbain de 1988 à

1998 (en milliard de voyageurs par km

85

90

95

100

105

110

115

120

88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98

Offre Usage Taux d'utilisationSource UTP 1999

Ce tableau permet d’étudier successivement l’évolution de l’offre, de l’usage et du taux

d’utilisation des transport en commun urbain en France.

Jusqu’en 1994, l’usage suit le développement de l’offre de transport. Puis à partir de 1995

l'usage des transports publics traverse une crise de 3 ans. Les grèves de fin 1995 et les

divers mouvements sociaux de 1996 n'expliquent qu'en partie cette baisse de

fréquentation.

La baisse constante du taux d'utilisation s'explique par l'augmentation de l'offre

accompagnée d'un moindre augmentation puis d'une baisse de l'usage.

Les éléments qui expliquent l'augmentation de la fréquentation à partir de 1997 sont pour

l'UTP62 : les efforts fait par les réseaux en matière de qualité de service, les politiques

62 Analyse de l'Union des Transports Publics : "Les chiffres clés du transport public urbain" 1999,

Paris.

71

volontaristes de développements d'offres nouvelles, les stratégies commerciales plus

ciblées et plus attractives, les médiations autour des plans de déplacements urbains, sans

oublier la Coupe du Monde de football. Les réseaux de moins de 100 000 habitants voient

leur périmètre de transport urbain augmenter et leur réseau restructuré. Cette augmentation

de l'offre kilométrique leur permet de connaître une forte croissance de l'usage.

L’étude de Marie-Hélène Massot63, parue en 199264, sur l’influence des variations de

l’offre sur l’usage des transports, fixe les limites du développement de l’offre. Ce travail

porte sur les agglomérations de plus de 100 000 habitants ne disposant pas de moyen de

transport en site propre. Il montre que quand l’offre augmente, le nombre de déplacements

individuels croit et la clientèle s’élargit (l’usage des clients occasionnels est plus sensible

que celui des clients réguliers). C’est-à-dire qu’en centre ville l’amélioration de l’offre se

traduit par une augmentation beaucoup plus forte du nombre de déplacements par individu

alors qu’en banlieue, cela conduit à capter de nouveaux usagers. L’extension spatiale de

l’offre joue essentiellement sur la pénétration tandis que l’extension temporelle (nombre

de services annuels) joue sur la mobilité.

Pour les actifs comme pour la population totale, les trois premières causes qui déterminent

le plus les niveaux d’usage des transports collectifs sont indépendants de l'offre de

transport offerte par le réseau : l’accès à la voiture, le temps de trajet en voiture, puis la

possibilité de stationner. Le kilométrage offert par habitant sur leur commune de résidence

n’est donc que le quatrième déterminant de l’usage des transports en commun.

La qualité du service est perçue par les acteurs du transport comme une priorité lorsque le

développement de l’offre n’est plus possible.

La qualité devient un outil de développement et même de modernisation. Elle répond aux

exigences des clients et des Autorités Organisatrices dans une économie

d’environnement65.

63 Chargée de recherche à l’INRETS (Institut National de REcherche sur les Transports et leur

Sécurité).

64 Marie-Hélène Massot, "Quand l'offre crée l'usage", Transport Public, janvier 1992, Paris.

65 Economie d’environnement : l’offre est supérieure à la demande. Les clients sont plus exigeants car

ils savent définir et juger de la qualité d’un produit ou d’un service.

72

Elle va permettre à l’exploitant :

- de se positionner efficacement par rapport à la voiture particulière pendant la durée

du contrat de gestion des réseaux ou plutôt d’établir une complémentarité entre les deux

modes.

- de gagner des parts de marchés et d’accroître la confiance des Autorités

Organisatrices, lors des appels d’offre.

73

Chapître 1 : L'organisation institutionnelle, partenariale et

contractuelle des transports en commun urbain en France.

L'introduction de la qualité dans les transports en commun urbain va moderniser le secteur

en modifiant les relations entre les partenaires. Elle va changer la culture du système ;

nous sommes passé d'une culture technique productiviste à une culture de service. Le

service est désormais évalué en qualité du service rendu.

Afin de comprendre ce que la qualité va modifier (C.F. partie III), nous définirons les

modes de fonctionnement du secteur à travers quatre grands principes : la territorialisation,

la planification décentralisée, le partenariat et la contractualisation.

Le fonctionnement des transports repose plus particulièrement sur un principe de

partenariat officialisé par la contractualisation. Les contrats qui lient les deux acteurs sont

donc un support important de la qualité. Nous avons travaillé plus particulièrement sur

plusieurs contrats des réseaux du groupe Transdev66 afin de comprendre comment la

qualité de service est devenue un enjeu important pour les acteurs et comment elle apparaît

dans les contrats. Nous présentons dans cette partie une convention et un cahier des

charges types. Véritable outil de référence, ils nous permettront de lire et de comparer les

différents contrats étudiés dans la partie III.

Les différentes lois et mesures mises en place alimentent le débat et l'évolution de la

notion qualité de service dans le secteur. Dans le troisième chapitre, nous travaillerons sur

les différents acteurs institutionnels, dont les débats ont permis la mise en place de

mesures favorisant l'apparition la qualité.

66 C.F. Partie III

74

1. 1 : Les grands principes régissant les transports en commun

urbain en France

Le modèle français de services urbains est unique au monde. L’Etat n’y est pas l’acteur

principal et unique. Il est “ l’impulseur ”, “ le financeur ”, le prescripteur de normes. Mais

dans l’histoire, ce sont les communes et les grands groupes de services urbains privés ou

mixtes qui ont joué un rôle déterminant.

En Europe, la France se caractérise par un nombre très important de communes. Ses

voisins européens ont procédé à d’importants regroupements de communes et à des

simplifications administratives. Les services urbains y sont détenus par des entreprises

publiques locales ou régionales.

Notre pays a préféré s’attacher à l'“ échelon de base ”67 : la commune, qui garantit la

proximité avec le quotidien et les Français. La commune est l’entité responsable de la

réalisation des services urbains sur son secteur géographique. Malgré cette fragmentation

et cette autonomie, les villes françaises d’aujourd’hui ont réussi efficacement

l’implantation des services urbains. Les villes se regroupent parfois pour assurer ensemble

un ou des services. La ou les communes peuvent exploiter elles-mêmes leurs services

(régie) ou le “ déléguer ” à un tiers. Elles ont été accompagnées par des entreprises privées

filiales de grands groupes nationaux en position d’oligopole sur le marché. Cette

caractéristique française remonte à la fin du XIXème siècle. Le système repose donc sur le

binôme collectivité locale ou autorité organisatrice qui organise et entreprise privée ou

mixte qui exploite les transports en commun urbain. Le contrat, qui lie les deux acteurs,

régule le système.

L’organisation des transports urbains repose sur 4 grands principes :

- la territorialisation

67 Dominique Lorrain; “ Le modèle français de services urbains ”, Economie et Humanisme, n°312,

mars-avril 1990.

75

- la planification décentralisée.

- le partenariat

- la contractualisation

Ces principes sont les conséquences de la Loi d’Organisation des Transports Intérieurs de

1982 et des textes législatifs et réglementaires relatifs aux délégations de service public et

notamment la loi Sapin (relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la

vie économique et des procédures publiques).

1 .1. 1. : Le principe de territorialisation

Il est défini par l’article 27 de la LOTI. C’est la définition du territoire de compétence ou

Périmètre de Transports Urbains (PTU), concerné par les transports publics de personnes.

C’est donc un territoire géographique. A l’intérieur du périmètre, l’autorité compétente

organise les dessertes de transports locaux.

“ Le périmètre de transports urbains comprend le territoire d’une commune ou le ressort

territorial d’un établissement public ayant reçu mission d’organiser les transports publics

de personnes. (...) Le PTU peut également comprendre le territoire de plusieurs

communes adjacentes ”.

1 .1. 2. : La planification décentralisée.

Institué par la LOTI et modifié par la loi sur l’air, le Plan des Déplacements Urbains

(PDU) organise les transports au sein d’un PTU. C’est-à-dire qu’il définit les principes

d’organisation des transports de personnes et de marchandises, de la circulation et du

stationnement. Il coordonne tous les modes de déplacements et promeut les modes les

moins polluants et les moins consommateurs d’énergie. Les deux principaux objectifs

étant la diminution du trafic automobile et le développement des transports en commun.

76

Il est élaboré et révisé à l'instigation de l’autorité compétente, des services de l’Etat, des

représentants des usagers et des professions des transports, des chambres de commerces et

d’industrie et des associations de protection de l’environnement.

La loi du 30 décembre 1996, sur "l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie", définit la

responsabilité des autorités organisatrices par rapport aux enjeux de mobilité. Il en découle

l'obligation d'élaborer des plans de déplacements urbains dans les agglomérations de plus

de 100 000 habitants. Cette implication a été renforcée par la loi "solidarité et

renouvellement urbains" du 13 décembre 2000.

Ces obligations légales ont initié une réflexion sur tous les modes de déplacements

(transports en commun, voiture particulière, marche, vélo et transports de marchandises).

La mobilité est appréhendée globalement et articulée en thématiques environnementales

(consommation d’énergie, bruit, etc), de sécurité routière, d’accessibilité urbaine et

sociale, de développement urbain et d’équité sociale.

L’objectif étant d’améliorer les systèmes de transports, sans avoir systématiquement

recours à une augmentation de l’offre et à la création de nouvelles infrastructures, la loi

sur l’air a fixé six orientations qui se sont traduites plus ou moins différemment dans les

réseaux :

- La diminution du trafic automobile. Les ambitions des réseaux sont généralement

grandes mais les projets de requalification des voies existantes, de partage de voirie, de

maîtrise de la circulation, de construction de rocades, etc, sont rares.

- Le développement du transport collectif et des moyens de déplacements plus

économes et moins polluants. Cela passe souvent par une volonté d’augmenter la part

modale des transports en commun. Certains veulent développer l’offre ou améliorer la

qualité de service. Les composants de la qualité abordés sont en partie ceux de la norme

transport à savoir, le confort, la propreté, l’accessibilité et la sécurité. Les transports moins

polluants comme la marche à pied et le vélo bénéficie de peu d’action mais

vraisemblablement d’un début de prise de conscience de l’importance de re-situer ces

deux modes dans l’agglomération.

77

- L’aménagement et l’exploitation du réseau principal de voirie. Les réflexions

concernent surtout l’inter modalité, c’est-à-dire la complémentarité entre modes. Cela se

traduit souvent par des parcs de stationnement relais (parking aux terminus des lignes de

transports en commun).

- L’organisation du stationnement. La loi a permis une réflexion sur le sujet et a

entraîné des prises de positions variées en fonction des cas. Les PDU se partagent entre

une volonté de restreindre l’offre en centre ville (Grenoble ou Strasbourg) et l’objectif de

stabilisation ou d’accroissement de l’offre.

- Le transport et la livraison de marchandises en centre ville est un thème toujours

développé mais rarement suivi d’action par manque de connaissance sur le domaine.

- Favoriser le transport de personnel. A delà du transport par car, les villes ont fait

des efforts de communication pour développer le co-voiturage.

Cette première génération de PDU crée une culture des déplacements globale. Les

réflexions ont permis de dépasser les développements autonomes du réseau routier d’un

côté et des transports en commun de l’autre. La transformation des autorités organisatrices

de transport en autorités organisatrices de déplacements devrait permettre d’accroître

l’efficacité des mesures inscrites dans les PDU et dans la loi sur l’air68.

68 Loi n°96-1236 du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, rend obligatoire

l'élaboration d'un plan de déplacements urbains par les autorités organisatrices de transport des

agglomérations de plus de 100 000 habitants. La loi porte sur une harmonisation des différentes

utilisations de la voirie urbaine : le transport et la livraison de marchandises, le transport de

personnels mais aussi l'aménagement et l'exploitation de la voirie, l'organisation du stationnement. La

loi vise surtout la diminution du trafic automobile et le développement des transports collectifs et des

transports non polluants (bicyclette, marche à pieds),.

78

1 .1. 3. : Le principe de partenariat

En France le fonctionnement des transports publics urbain repose sur une séparation des

fonctions de gestion et d’exploitation. Le système repose donc sur un partenariat fort entre

les différents acteurs.

L’Etat et l’Europe jouent un rôle d’encadrement. Ils définissent la politique globale des

transports, élaborent des lois, prescrivent les normes et accompagnent les transports

locaux dans leur développement (financement d’infrastructures).

Nous pouvons schématiser le système d'acteurs régissant les transports urbains :

Le système d'acteurs qui régit les transports en commun urbains :

L'exploitant

L’État

Le Client

Délègue le transport public

Rend compte du service rendu

Transporte

Coproduit et finance le service

Organise et est responsable du transport

Elit ses représentants et paye des impôts

Subventionne et régule

L'autorité organisatrice

L'autorité organisatrice est un terme inventé et défini par la Loi d'Orientation des

Transports Intérieurs (LOTI) du 30 décembre 1982 :

Article 4 : "L'élaboration et la mise en œuvre de la politique globale des transports

sont assurés conjointement par l'Etat et les collectivités territoriales concernées dans le

cadre d'une planification décentralisée, contractuelle et démocratique, avec la

participation des représentants de tous les intéressés."

79

Elle est constituée par les membres élus des collectivités locales du Périmètre de Transport

Urbain (PTU). Dans les transports urbains, ce sont les communes ou des regroupements de

communes créant des établissements publics de coopération intercommunale. Dans les

transports interurbains, ce sont les départements et les régions.

La loi définit également le rôle des autorités organisatrices :

- "La réalisation et la gestion d'infrastructures et d'équipements affectés au transport et

leur mise à la disposition des usagers […],

- La réglementation des activités de transport et le contrôle de son application […],

- Le développement de l'information sur le système de transports,

- Le développement de la recherche, des études et des statistiques […],

- L'organisation du transport public".

L'autorité organisatrice a l’entière liberté de choix dans la manière d’organiser et

d’exécuter le service public de transport :

- Soit, elle exécute et organise elle-même le service, pour son propre compte et

avec ses propres moyens. Nous avons alors à faire à une Régie69.

- Soit, elle le confie à une entreprise privée70 ou à une entreprise mixte71. Nous

avons à faire à une délégation de service public72. Dans ce cas, l’autorité

organisatrice joue le rôle de superviseur et de contrôleur des actions entreprises.

69 10% des cas (chiffres du GART 1997)

70 70% des cas (chiffres du GART 1997)

71 Une entreprise est mixte lorsque la collectivité est présente dans son capital. 20% des cas (chiffres

du GART 1997)

72 Dans 90% des cas (chiffres du GART, 1997). "Une délégation de service public est un contrat par

lequel une personne morale de droit public confie la gestion d'un service public, dont elle a la

responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux

résultats de l'exploitation du service. Le délégataire peut être chargé de construire des ouvrages ou

d'acquérir des biens nécessaires au service". Article 3 de la loi "Murcef" du 11 décembre 2001

80

Généralement soutenu par un des grands groupes privés ou semi-privés habitués des

services urbains73, l’exploitant a répondu à un appel d’offre de délégation de service

public. L’autorité organisatrice lui délègue le transport public dans un lieu donné pour un

temps donné. Il gère l’entreprise de transport en mettant en œuvre les transports en

commun urbain dans le respect de la convention signée avec l'autorité organisatrice. Il est

responsable du réseau qui lui est confié et doit régulièrement rendre des comptes

financiers et d’exploitation à son autorité organisatrice sur des critères précis

prédéterminés par les contrats. Le contrat repose sur le respect d’un cahier des charges, sur

des engagements financiers et sur des règles du jeu.

Le cahier des charges définit l'offre minimale de transport, à savoir l'offre kilométrique,

les conditions d'exploitation, les contrôles de l'offre et de la qualité, les tarifs, l'information

des voyageurs, les investissements, etc.

Les engagements financiers sont déterminés une fois pour toutes pour chaque année du

contrat et repos sur l’offre minimale de transport définie dans le cahier des charges.

Les règles du jeu comprennent les règles de modifications et les critères de contrôles. Pour

effectuer des modifications (tracé de lignes, fréquences, etc.), l’exploitant doit établir un

dossier pour l’autorité organisatrice. L’autorité organisatrice peut effectuer des contrôles

inopinés de la qualité, de l’offre de service.

C'est le couple, autorité organisatrice – exploitant, qui détermine l'offre de transport en

définissant le réseau lors de la négociation du contrat. Ils déterminent les différents

moyens quantitatifs à mettre en œuvre : techniques (la conception et la production de

l'offre de services, le nombre de bus, etc.), humains (nombre de conducteurs, etc.) et

73 Le marché est en majorité détenu par trois grands groupes :

SNCF-KEOLIS (ancien VIA-GTI et Cariane) gère 145 réseaux en province, dont Lille et lyon. Il est

2ème en Ile de France.

CONNEX (ancien CGEA) gère 90 réseaux en province dont Bordeaux et Nice. En Ile de France il

gère tous les départements de la deuxième couronne.

TRANSDEV gère 85 réseaux en province dont Grenoble, Nantes, Strasbourg et Montpellier. En Ile de

France; il est au 3ème rang.

81

financiers (régime de financement du réseau, etc.) et les moyens qualitatifs (élaboration

des stratégies de mobilité, études, statistiques, indicateurs, etc.).

Les groupes participent au capital des sociétés exploitantes. Ils leur apportent une aide

technique lors des réponses aux appels d’offres par exemple, managériale, marketing, en

bref à tous les niveaux de l’entreprise.

Les usagers votent, payent des impôts. Ils utilisent les transports publics, mais peuvent

choisir, en complément ou en substitution, un autre mode de transport : voiture

particulière, deux roues ou marche à pied. Aujourd'hui, le terme de client a remplacé celui

d'usager. Emprunté au secteur privé le mot client signifie une capacité à exprimer des

besoins, à faire des choix dont celui d'utiliser le transport urbain (et non pas la voiture

particulière) et à interagir sur le service en le coproduisant avec l'exploitant.

Pour l’entreprise de transport le terme de client est entendu au sens large. Il a plusieurs

clients ; les usagers transportés dans les bus, l’autorité organisatrice à qui il doit rendre des

comptes, mais aussi le groupe dans la mesure où il est actionnaire de la société et le

personnel de l’entreprise. Dans un avenir proche, les clients seront amenés à s'exprimer de

plus en plus, à proposer, essayer. Ils deviennent coproducteurs du service et donc acteur

du développement du transport et de l'émergence de la qualité.

Les entreprises de transport public ont besoin de multiplier des partenariats autres que des

partenariats contractuels avec différents acteurs urbains comme la police, la justice, le

tissu économique et social, l'enseignement, la culture, le monde associatif et les

"générateurs de trafic" (les grandes entreprises, les hôpitaux, etc.). De ces liens dépendront

la plus ou moins grande intégration du transport dans la ville.

82

1 .1. 4. : Le principe de contractualisation

Les recettes directes et le montant du versement transport ne sont pas suffisants pour

couvrir les dépenses des entreprises de transports. Souvent, l'autorité organisatrice a donc

recours à la délégation de service public.

La terminologie de délégation de Service Public apparaît dans la doctrine administrative

pour la première fois dans une circulaire du ministère de l’intérieur le 7 août 198774. Cette

circulaire précise le champ d’application de cette délégation de gestion et la particularité

de ces contrats en les différenciant des marchés publics.

Cette circulaire plutôt destinée à la gestion déléguée de services administratifs s’applique

cependant à tout contrat d’exploitation de service public passé entre une société et une

collectivité locale. Les contrats sont octroyés après une mise en concurrence européenne

des prestataires. Ils ont une durée moyenne de 4 à 7 ans et fixent les relations entre

autorités organisatrices et exploitants.

Le statut juridique des entreprises de transports peut prendre plusieurs formes :

- sociétés publiques ou régies,

- sociétés privées : Sociétés Anonymes (SA), Sociétés à Responsabilités Limitées

(SARL),

- sociétés mixtes : Société d’Economie Mixte (SEM), Société Anonyme d’Economie

Mixte (SAEM).

74 Cette circulaire précisait le champ d’application de cette délégation de gestion et le caractère

intuiti-personnæ de ces contrats les différenciant des marchés publics.

83

Aujourd’hui, avec la loi du 29 janvier 1993, dite loi Sapin, tous les avenants à une

convention sont permis sauf deux :

• Celui qui augmente la durée de la convention, sans investissement dans du

matériel nouveau.

• Celui non inscrit dans la loi mais qui en découle, qui modifie intégralement le

régime financier de la convention.

Il n’est donc plus possible aujourd’hui pour l’autorité organisatrice et pour l’exploitant de

modifier le mode conventionnel choisi à l’origine. Quand la convention choisie devient

trop inadaptée, il y a résiliation anticipée du contrat en cours et lancement d’une nouvelle

procédure de mise en concurrence.

Il est donc essentiel pour les deux cocontractants de fixer clairement leurs objectifs

réciproques et de les traduire dans la convention qui va les unir. Nous percevons ici la

difficulté et l’importance de bien choisir le type de contrat.

Dans le paragraphe qui suit, nous présentons les différents types de contrats. Nous nous

sommes attachés à définir :

• celui qui prend le risque sur la nature des charges.

• celui qui prend le risque sur la nature et l’évolution des recettes

• l’origine de la rémunération de l’exploitant

Nous ne nous intéresserons pas ici à la traduction comptable des différents contrats, ni au

risque industriel. Le risque industriel résulte de la charge des investissements. Il est

toujours supporté par l’autorité organisatrice sauf pour la concession, ce rôle incombe à

l’exploitant.

Il existe aujourd’hui quatre types de contrats de gestion déléguée.

Les différences entre les types de gestion déléguées sont fonction de la répartition des

responsabilités et des risques. Le risque peut porter sur la nature des charges et/ou sur la

nature et l’évolution des recettes.

On dénombre ainsi trois “grandes familles” de conventions :

84

1. 1. 4. 1. : Les conventions dans lesquelles l’exploitant

n’assume aucun des deux risques.

Il existe deux contrats où l'exploitant n'assume aucun des deux risques : le contrat de

gérance et la régie intéressée.

Le contrat de gérance fait l’objet d’un débat sur sa qualification en tant que délégation de

service public. Cependant, le Conseil d’Etat, la cour de Cassation75, les débats

parlementaires, les textes et la doctrine le cite comme un contrat de délégation de service

public.

L'autorité organisatrice est responsable de toutes les charges. Elle supporte le déficit ou

bénéficie de l’excédent. Cela lui procure l’avantage de payer le service à son juste prix

tout en restant maître de ce service. En contrepartie, elle supporte tous les risques. Les

variations d’une année sur l’autre sont grandes et les budgets difficiles à prévoir.

L’exploitant n’est qu’un exécutant rémunéré par forfait pour sa prestation de service. Il

n’est pas responsable des charges. Elles seront toutes couvertes indépendamment du

nombre de passagers dans les véhicules et de la gestion pratiquée.

Le contrat de régie intéressée a la même base que le contrat de gérance. Cependant, il

comporte un intéressement qui permet d’évaluer la gestion de l’exploitant. La régie

intéressée est une délégation de service si la rémunération de l’exploitant est fonction des

résultats de l’exploitation.

L’autorité organisatrice supporte le risque sur les charges. Elle rémunère le service à son

juste coût, à l’intéressement près. Les clauses de rémunération variables peuvent être

fonction du ratio recettes/dépenses, d’objectifs de qualité, de la fréquentation, etc. La

variation de la rémunération est enfermée dans une fourchette définie. C’est la variabilité

des clauses qui font de la régie intéressée une délégation de service public. Car cette

75 Au travers de son contrôle concernant la loi Sapin.

85

variation peut permettre de démontrer que la rémunération de l’exploitant est

substantiellement fonction des résultats de son exploitation.

Ce type de gestion présente un intérêt réel pour l’exploitant du fait de l’intéressement. Il

est responsabilisé sur tous les domaines qui sont compris dans l’intéressement. Cependant,

son autonomie est limitée par l’assiette de l’intéressement.

Dans ce type de contrat, la qualité n’a des chances d’apparaître que dans la mesure où elle

entre directement ou indirectement76 dans le calcul de l’intéressement.

1. 1. 4. 2. : Les conventions dans lesquelles l’exploitant assume

le risque sur les charges : Les garanties de recettes

Le terme de garanties de recettes est caduc depuis la loi des Transports Publics d’Intérêt

Local (TPIL) 77. Il s’agit plutôt d’une garantie de couverture d’un forfait de charges.

L’exploitant assume tous les risques sur les charges.

L’autorité organisatrice assume ceux sur les recettes.

Il s’agit ici d’une rémunération forfaitaire contrairement à la gérance où on a affaire à un

remboursement au franc le franc.

La collectivité verse à l’exploitant la différence entre les recettes réelles du service et la

prévision contractuelle des charges (y compris la rémunération de l'exploitant) si celle-ci

est négative (recettes < charges prévisionnelles). Dans le cas contraire, l’exploitant reverse

à la collectivité le surplus. La collectivité a l’assurance qu’elle ne paiera que les charges de

services. Celles ci ne varieront qu’en fonction de l’actualisation connue et inscrite dans le

contrat.

76 L’intéressement peut dépendre de la fréquentation, être inversement proportionnel aux nombres de

réclamations clientèles, etc.

77 Décret d’application n° 80 851 du 29 octobre 1979.

86

L’exploitant évalue les charges qu’il aura à supporter. Il est responsable de ce qu’il peut

maîtriser (les charges) sans pour autant l’être de ce qu’il ne peut pas maîtriser (les

recettes).

Ce type de contrat est nettement plus propice à l’apparition de la qualité que les deux

précédents. L’exploitant a une certaine autonomie qui lui permet d’introduire un peu

d’innovation. Cependant, comme il doit reverser tout surplus à l’autorité organisatrice, sa

motivation ne peut pas être financière.

Les charges réelles sont supérieures aux charges prévisionnelles.

Charges prévisionnelles

Charges réelles Recettes réelles Coût pour l'AO78

Déficit réel

Pertes pour l'exploitant

Les charges réelles et les recettes réelles sont inférieures aux charges

prévisionnelles.

Charges prévisionnelles

Charges réelles Recettes réelles Coût pour l'AO79

Déficit réel

gains pour l'exploitant

78 L'AO : Autorité organisatrice

79 L'AO : Autorité organisatrice

87

1. 1. 4. 3. : Les contrats où l’exploitant assume tous les risques :

La concession aux risques et périls.

La concession aux risques et périls n'est pas réellement un contrat où l'exploitant prend

tous les risques. Puisque nous le savons, la couverture de l'ensemble des charges de

service exclusivement par les recettes sur les usagers est impossible en transports publics.

Le risque pris par l'exploitant va donc passer par une forfaitisation des charges et des

recettes de services. Il supporte le risque sur la nature des charges et le risque sur la nature

et l’évolution des recettes.

L’exploitant sera rémunéré par un forfait : différence entre les charges prévisionnelles et

les recettes prévisionnelles. Elle est actualisée chaque année. De plus, l’autorité

organisatrice verse des compensations budgétaires quand elle modifie la politique

tarifaire80 ou l’offre et lorsque des éléments extérieurs imprévisibles interviennent. C’est-

à-dire que la collectivité doit maintenir ou rétablir l’équilibre économique de la

convention. Ceci sous-entend qu’elle peut avoir à payer plus que le coût réel du service.

La collectivité peut effectuer des contrôles à posteriori du service.

De même que précédemment, ce type de contrat est favorable à l’introduction de la

qualité, dans la mesure où l’autorité organisatrice se doit de maintenir ou de rétablir

l’équilibre économique de la convention. De plus l’exploitant maîtrise ses charges ; il

dispose d’une certaine marge de manœuvre dans sa gestion et peut donc faire de la qualité.

80 Politique tarifaire : l’autorité organisatrice subventionne certaines catégories de population en

accordant des réductions tarifaires ou même des gratuités.

88

Les charges prévisionnelles sont supérieures aux recettes réelles

Charges – recettes

prévisionnelles au contrat

Charges – recettes réelles

= déficit réel

Coût pour

l'AO81

Pertes pour l'exploitant

Les recettes réelles sont supérieures aux charges prévisionnelles.

Charges – recettes

prévisionnelles au contrat

Charges – recettes réelles

= déficit réel

Coût pour

l'AO82

Gain pour l'exploitant

Tableau récapitulatif des responsables des risques, dans les différents

contrats :

Risques sur les charges Risques sur les recettes

Gérance Autorité organisatrice Autorité organisatrice

Régie Intéressée Autorité organisatrice Autorité organisatrice

Garantie de recettes Exploitant Autorité organisatrice

Risques et Périls Exploitant Exploitant

81 L’autorité organisatrice

82 L’autorité organisatrice

89

1. 2 : Les contrats liant l’autorité organisatrice et l’entreprise

exploitante

Deux contrats lient l'autorité organisatrice et l'exploitant : la convention et le cahier des

charges. Ce sont des documents difficiles à lire et à interpréter, alors que ce sont les

contrats qui définissent les règles de la délégation de service public. Ils représentent le

nœud décisionnel du dispositif de délégation de service public. Ces deux documents sont

construits à partir de l'histoire de l'exploitation du réseau c'est-à-dire à partir des

précédents contrats qui généralement sont peu modifiés. La philosophie des contrats est

difficile à comprendre, car les articles se succèdent sans référence et sans explication. Il

n'y a pas de transparence puisqu'ils sont écrits par ajustement au coup par coup.

Nous proposons de mettre en perspective ces deux documents afin de construire deux

documents de référence qui nous servirons à comparer et à interpréter les contrats analysés

dans la partie III. La constitution de ces documents va nous permettre de définir :

- la philosophie des contrats grâce à l’identification des objectifs énoncés

explicitement et implicitement.

- comment la notion de qualité est défini ou pas par la convention.

- l'évolution des contrats. Comment ces documents négociés passent-ils d'une

culture techniciste (où tous les articles aurait une finalité de performance technique et

financière) à une culture sociale dans laquelle sont énoncés les objectifs de qualité de

service.

Nous avons donc étudié 9 villes du groupe TRANSDEV avec chacune leur convention et

leur cahier des charges qui nous ont permis de construire deux documents types.

L'échantillon est composé par 3 villes de moins de 100 000 habitants (Roman sur Isère,

Chalon sur Saône et Maubeuge), 3 villes de 100 000 à 200 000 habitants (Metz, Avignon

et Le Creusot) et 3 villes de plus de 200 000 habitants (Valenciennes, Grenoble et

Orléans) dont Grenoble qui a un site propre : le tramway.

90

La convention et le cahier des charges sont des documents volumineux écrits par des

juristes pour des juristes. Nous avons voulu construire une méthode pour comprendre

l'organisation des différentes conventions et la portée de chacun des articles.

Nous présentons donc ici les principaux articles. Nous ne nous sommes intéressés qu’à la

trame du contrat en laissant de côté les articles "locaux", c’est-à-dire les articles trop

particuliers ou caractéristiques d’un contrat. Nous n’avons relevé que les articles présents

au moins dans deux conventions. Nous aborderons succinctement le financement des

contrats car cela est fonction du type de contrat choisi et fait appel à des notions qui ne

nous intéresse que très peu pour la suite (analyse des contrats dans la partie III). Par souci

de réalisme, nous avons utilisé la terminologie des contrats. Les deux documents obtenus

pourraient donc peu ou prou exister dans la réalité.

La convention est un document contractuel qui sert à fixer les règles qui unissent les

cocontractants : les objectifs et les échéances, mais aussi les engagements réciproques et

éventuellement le système de suivi. Ils sont le fruit d'une négociation. La LOTI définit

ainsi les conventions :

"La convention fixe la consistance générale et les conditions de fonctionnement et de

financement du service. Elle définit les actions à entreprendre par l'une et par l'autre

partie afin de favoriser l'exercice effectif du droit au transport et de promouvoir le

transport public de personnes."

Le cahier des charges est aussi un contrat qui précise les engagements de services de

l’exploitant et des autres parties prenantes (y compris ceux de l’autorité organisatrice).

C’est un document beaucoup plus didactique que la convention. Il énumère les moyens

quantitatifs, comme le nombre de bus, les tarifs, les différents services, etc et les moyens

qualitatifs comme la mise en place d'indicateurs de qualité et toutes les actions

d'amélioration de la qualité de la sécurité, etc.

91

1 .2. 1. : La convention.

Signés par les deux partenaires, l'autorité organisatrice et l'exploitant, les conventions sont

le fruit d'une négociation.

L’impression générale qui se dégage à la lecture des conventions est que les pouvoirs de

l’exploitant sont très limités alors que ceux de l’autorité organisatrice sont très étendus (du

fait du flou des articles et du pouvoir de contrôle qu’elle détient sur tout ce que fait

l’exploitant). De fait, les articles relatifs aux devoirs de l’autorité organisatrice sont

souvent très succincts. Ceux relatifs aux devoirs de l’exploitant sont, quant à eux,

extrêmement précis et détaillés. Il est souvent tenu de rendre des comptes régulièrement

sur tous les aspects techniques de l’entreprise (plan annuel, programme d’investissement,

prévisions de l’offre du trafic, évolution des charges et des produits, etc).

La qualité y est souvent suggérée mais rarement abordée. Les titres d’articles laissent

supposer la prise en compte de la qualité, mais les contenus s'intéressent plus au côté

technique du métier de transporteur qu’à l’abord de la clientèle. Par exemple, la sécurité

est abordée sous l’angle de la propreté et de l’entretien du matériel.

Nous présentons ici les articles dans l’ordre où ils se trouvent dans la plupart des

conventions. Ceci n’exclut aucunement un ordre différent dans certaines d’entre elles.

Dans l'ensemble les conventions sont organisées en 7 rubriques principales :

1) Objet et durée de la convention

2) Droits et obligations des parties

3) Conditions d'exploitation du service, ou biens nécessaire à l'exploitation

4) Régime financier

5) Rapport et contrôle

6) Révision-Expiration-Résiliation

7) Clauses diverses.

A l'intérieur de chacun de ces points, nous avons repris rapidement les articles qui

apparaissent au moins deux fois dans les conventions étudiées. Ces différents articles vont

92

nous permettre de qualifier la nature des conventions et plus particulièrement les points 3

et 4. Nous pouvons distinguer deux grandes familles de conventions celles avec garantie

de recette et celles aux risques et périls.

Nous pouvons noter les différentes rémunérations possibles de l'exploitant dans le point 4 :

régime financier. Ce point mentionne également les différents bonus malus qui permette à

l'exploitant d'e tenir son rôle d'exploitant. Ce point nous indique les marges de manœuvre

possible pour l'exploitant.

1) Objet et durée de la convention

Cette première partie présente généralement un ou des articles sous le titre d’objet.

Cet article nommé objet est souvent le premier et énonce le nom de l’exploitant et le type

de contrat qui l’unit à l’autorité organisatrice ainsi que la date de début du contrat et sa

durée.

2) Droits et obligations des parties

Cette partie aborde d’une part les rôles de l’autorité organisatrice et les droits et

obligations de l’exploitant. Elle est toujours constituée de l’article continuité des services,

parfois appelé régularité.

- La continuité des services :

Cet article est immuablement rédigé ainsi :

“ L’exploitant est tenu d’assurer la continuité des services publics définis au

cahier des charges quelles que soient les circonstances, sauf cas de force majeure,

intempéries graves ou grèves. En cas d’interruption des services, non motivée par

la force majeure, (...), l’exploitant supporte la charge de toutes les dépenses

engagées par l’autorité organisatrice pour pallier cette interruption”.

93

Il ne règle que peu de choses. Son titre est éloquent mais les exceptions : forces majeures,

intempéries ou grèves, regroupent la majorité des événements pouvant interrompre le

service.

- Les missions de l’autorité organisatrice

Les missions de l'autorité organisatrice sont définies, soit dans l'article politique générale,

soit dans l'article contrôle de la bonne exécution du service.

- La définition de la politique générale,

Dans cet article, l’autorité organisatrice fixe la politique générale du réseau. L'article peut

être écrit comme suit :

"L'autorité organisatrice décide des mesures à prendre et des services à offrir pour

répondre aux mieux aux besoins de déplacements."

- Le contrôle de la bonne exécution du service, qui s'énonce :

"L’autorité organisatrice intervient pour améliorer l’organisation de la circulation

générale et faciliter le fonctionnement du service de transport en commun."

Ces deux articles sont très courts mais ils définissent le rôle d'encadrement qu'à l'autorité

organisatrice. Premièrement avant la réalisation du service, il définit la politique générale,

c'est-à-dire les orientations globales et la définition du service et après la servuction, elle

contrôle le service rendu et a un rôle de conseiller.

- Les droits et obligations de l’exploitant

Ces divers articles concernent la responsabilité technique et le professionnalisme de

l’exploitant. Ils fixent les capacités et les devoirs de l'exploitant autour de la notion de la

productivité. Ils se présentent souvent ainsi :

94

“ L’exploitant dispose de tous les pouvoirs pour faire fonctionner le réseau de

transports en y apportant sa compétence, son personnel et éventuellement son

matériel et dans le double souci : d’efficacité maximum et du coût minimum pour

la collectivité ”

Parfois, cette partie comprend des articles relatifs aux “ modifications du fait de l’autorité

organisatrice et de l’exploitant ”. C’est-à-dire que l’exploitant doit consulter l’autorité

organisatrice pour modifier les services.

L’exploitant peut prendre l’initiative de “ modifications mineures ” : Adaptations

d’horaires, légers changements d’itinéraires, changement d’emplacements des arrêts. Il

doit informer l’autorité organisatrice dans les meilleurs délais.

Il peut également prendre l’initiative de “ modifications substantielles ” : création,

suppression de services. Elles ne peuvent pas être mises en œuvre sans l’accord de

l’autorité organisatrice. La demande préalable est faite dans un délai minimum de 30j ou 3

mois.

Dans la convention d'Orléans, nous avons trouvé un article intitulé “Sécurité” :

“ Si du fait de l’exploitant, la sécurité publique vient à être compromise par le mauvais

état des installations ou du matériel, l’autorité organisatrice propose aux autorités

compétentes en matière de police, de prendre immédiatement, aux frais et risques de

l’exploitant, les mesures nécessaires pour prévenir tout danger”.

La sécurité est une des composantes de la qualité. Son approche ici est très proche de

l'exploitation et de ses objectifs de productivité.

- Sous-traitance - affrètement ou consistance des services

Ces articles concernent la responsabilité de l’exploitant vis à vis de l’autorité

organisatrice. Il est responsable de tout ce qui se passe sur le réseau, même les lignes sous

traitées. Il peut être rédigé comme suit :

95

“ L’autorité organisatrice autorise l’exploitant à sous traiter les services qui font

l’objet de la présente convention. L’autorité organisatrice doit être tenue informée.

L’exploitant conserve l’entière responsabilité des services visés par la

convention ”.

Cet article, quand il est intitulé consistance des services, est généralement une description

sommaire des lignes (qui sont plus amplement détaillée en annexe : les numéros des

lignes, les itinéraires, les arrêts, le nombre d'aller- retour, les durées des trajets, parfois les

horaires, les plans de lignes, les tarifs, etc).

3) Conditions d’exploitation du service ou bien nécessaires à

l’exploitation.

Cette partie fixe les limites techniques et humaines nécessaires à la bonne exécution du

service, qui dépendent de la productivité de l'exploitation.

Les deux articles suivants précisent les rôles des deux partenaires en matière fourniture

des matériels nécessaires à l'exploitation.

- Biens mis à disposition par l’autorité organisatrice

“ L’autorité organisatrice met gratuitement à la disposition du réseau les biens

nécessaires à l’exploitation du service qui figurent en annexe ”.

Cet inventaire peut être complété en cours de contrat. Il précise la date à laquelle ces biens

sont mis à disposition.

Cet article peut préciser l'obligation de maintenir l’âge moyen du parc des autobus,

inférieur à un âge prédéfini, généralement 5 ou 6 ans.

- Biens fournis par l’exploitant

L’exploitant complète les biens fournis par l’autorité organisatrice par ceux qu'il juge

nécessaires à l’exploitation (outillages, matériels et logiciels informatiques). Au fur et à

96

mesure de leur mise en service, ces biens sont inscrits à l’inventaire en annexe. Cet

inventaire est modifié lors de la revente ou de la mise au rebut définitive selon les

procédures en vigueur.

La mise à disposition de ces biens donne lieu à un loyer, négocié préalablement avec

l’autorité organisatrice. De même le retrait des biens est négocié au préalable.

- Renouvellement - entretien des biens fournis par l’autorité

organisatrice

"L’exploitant s’engage à assurer le bon entretien des biens nécessaires à l’exécution du

service. Il a l’entière responsabilité du bon état des installations et du matériel. L’autorité

organisatrice se réserve le droit de faire procéder, à ses frais, par un expert désigné par

elle au contrôle du respect de cette obligation. Elle peut alors exiger la remise en l'état

des installations et du matériel aux frais de l'exploitant ".

- Consistance du(es) service(s)

Cet article est une description sommaire des lignes (détails en annexe dans le cahier des

charges). Parfois, on y parle de modification du fait de l’exploitant (C.F. Les droits et

obligations de l'exploitation dans la partie droits et obligations des parties).

- Assurances

Cet article concerne les obligations de l'exploitant en matière d’assurance. Il doit s'assurer

lui-même, assurer ses clients et l'autorité organisatrice en responsabilité civile, en

assurance dommage, délictueuse et contractuelle, etc.

- Publicité

Tous les contrats de publicité passés par l’exploitant devront recevoir l’agrément de

l’autorité organisatrice. Les recettes afférentes aux contrats de publicité souscrits par

l’autorité organisatrice ou par l’exploitant sont comptées dans les produits d’exploitation.

97

L’exploitant sera autorisé à faire procéder à une publicité sur les véhicules aux

emplacements réservés à cet effet. Elle ne doit pas entraver le bon déroulement du

service : "Les panneaux publicitaires ne devront pas masquer les plaques indicatrices,

affiches et avis destinés au public. Toute affiche maculée ou détériorée sera

immédiatement retirée ou remplacée".

L'exploitant est responsable du choix des publicités :

"Seules seront admises les publicités d’ordre artistique, littéraire, sportif,

commercial ou industriel à l’exclusion de celles de nature à troubler l’ordre public".

- Personnel

" L’exploitant met, à la disposition du service, le personnel nécessaire au fonctionnement

du réseau. Il assure le paiement des sommes liées au recrutement, à l’exécution et à la

cessation du contrat de travail de ce personnel et à l’application des lois et des

règlements, c'est-à-dire les salaires, primes, charges sociales ou indirectes, légales ou

contractuelles ".

- Assistance technique

L’exploitant du fait de son appartenance au groupe TRANSDEV utilisera l’assistance

technique des services centraux du groupe. Il fera profiter la collectivité et les usagers de

son expérience et des moyens mis à sa disposition par le groupe : l’audit interne et les

conseils (études, choix des matériels, élaboration de campagnes de promotion, de

publicité, enquêtes et analyses, statistiques courantes, suivi juridiques et comptable).

98

4) Régime financier

- Tarifs

L’exploitant est autorisé à percevoir auprès des usagers des recettes correspondant aux

prix des billets. La structure et le niveau de ces tarifs sont fixés par la convention. Les

tarifs sont en annexes.

- Comptabilité

L’exploitant doit tenir une comptabilité particulière conforme au plan comptable, pour les

services de transport qui font l’objet du présent contrat. Il peut être tenu de rendre des

comptes régulièrement :

"[…] L’exploitant doit remettre à l’autorité organisatrice un rapport retraçant la

totalité des opérations afférentes à l’exécution de la délégation de services publics

de l’année précédente et une analyse de la qualité de ce service ".

Cette mention de la qualité de service prouve que les autorités organisatrices commencent

à s'y intéresser. Cette obligation d'analyse ne comporte aucun critère. Elle fait donc appel à

la bonne volonté de l'exploitant. Dans un proche avenir, les autorités organisatrices

pourront durcir cette obligation et l'attacher à des critères financiers.

- Charges d’exploitation

Cet article est présent dans les conventions ou l'exploitant supporte le risque sur les

charges, à savoir les contrats à garanties de recettes et les concessions aux risques et périls.

Le rôle de l'exploitant est explicité :

"L’exploitant supporte toutes les charges d’exploitation".

99

- Les charges de perception, de rémunération des dépositaires et de

billetterie

L'exploitant devra s'acquitter de toutes les charges courantes d'exploitation :

"Toutes les indemnités qui pourraient être dues à des tiers à la suite de l’exécution des

services ou l’entretien des installations,

Les impôts et redevances éventuelles du domaine public auxquels sont assujettis les

services,

Les redevances correspondantes à la mise à disposition des biens immobiliers nécessaires

à l’exploitation,

Les amortissements des biens dont il est propriétaire,

Les primes d’assurances,

Les frais de timbre et les droits d’enregistrements éventuels du présent contrat".

Cependant certaines charges exceptionnelles pourront être remboursées en plus de la

rémunération :

"Les frais éventuels versés au titre du contrôle des services de transports publics

effectués pour le compte de l’autorité organisatrice à concurrence du taux et des

modalités en vigueur,

Les surcoûts exceptionnels supportés en raison de dégradations des biens causés par des

actes de vandalisme caractérisé. L’exploitant devra apporter à l’autorité organisatrice tous

les justificatifs de la demande, et notamment copie de la plainte qui aura été déposée.

Les frais et charges supportés du fait d’une modification de l’équilibre économique de la

convention après sa signature et notamment en matière fiscale, réglementaire ou sociale.

Dans le cas où les modifications envisagées seraient durables, un avenant à la présente

convention viendra en modifier le régime financier afin de tirer les conséquences de ces

modifications".

100

- Produits d’exploitation

L'exploitant est autorisé à percevoir les produits de l'exploitation :

"Les recettes perçues auprès des voyageurs en application des tarifs,

Les recettes perçues auprès du département pour les voyageurs scolaires subventionnés et

toutes compensations des réductions tarifaires,

Les participations versées par l’autorité organisatrice ou d’autres collectivités

territoriales,

Les produits divers (spéciaux, occasionnels, financiers, publicité, etc),

La compensation de la redevance des biens immobiliers mis à disposition".

L’autorité organisatrice peut décider, pour certaines catégories d’usagers, des réductions

tarifaires. Dans ce cas, elle verse à l’exploitant des compensations. Elle s’engage donc à

verser à l’exploitant pour chaque titre concerné, la différence entre le montant des titres

vendus au tarif plein et celui des titres vendus au tarif réduit.

- Compte transport et TVA

En fonction du type de contrat : garantie de recettes et concessions aux risques et périls.

Cet article cite les règles concernant la subvention d’exploitation versée à l’exploitant.

Afin de respecter les dispositions de l’instruction fiscale du 21-01-85, l’exploitant tiendra

pour le compte de l’autorité organisatrice le compte transport et s'acquittera de la TVA

due.

5) Rapports et contrôle

- Contrôle

L'exploitation doit veiller à ce que le service rendu aux usagers soit le meilleur possible et

conforme aux contrats signés (horaires, itinéraires, régularité des ventes de titres,

101

vérification des titres de transports des voyageurs). Il en assure la maîtrise par des

opérations de contrôle.

L’autorité organisatrice peut s’assurer de la bonne exécution des services, du respect des

clauses de la présente convention et du cahier des charges par des contrôles.

- Procédure budgétaire

L’exploitant établit chaque année pour l’exercice suivant : une prévision

d’investissements, des propositions de tarifs, un compte prévisionnel pour la gestion des

services.

- Versement de l’autorité organisatrice

L’autorité organisatrice verse chaque début de mois ou chaque trimestre à l’exploitant la

cote part des sommes dues au titre d’avance de la compensation (un douzième ou un

quart).

L’exploitant est tenu de fournir à l’autorité organisatrice, en fin de chaque exercice, toutes

les pièces justificatives relatives aux investissements dont la réalisation lui a été déléguée.

6) Révision - expiration - résiliation

- Résiliation

La résiliation peut être demandée auprès du syndicat mixte par l'un des deux contractants,

en cas de défaillance d'obligation de l'autre.

- Résiliation unilatérale (avec indemnités)

"En cas de manquement répété à ses obligations de l'exploitant, l’autorité organisatrice

peut résilier unilatéralement le présent contrat à tout moment. Dans ce cas, les biens mis

à la disposition de l’exploitant par l’autorité organisatrice sont retournés gratuitement à

cette dernière en bon état d’entretien et de fonctionnement compte tenu de leur âge."

102

- Résiliation sans indemnité - de plein droit

L’autorité organisatrice peut résilier à tout moment sans indemnité le présent contrat :

"En cas de dissolution de la société,

En cas de règlement judiciaire ou de mise en liquidation de biens,

En cas de cession du bénéfice du présent contrat à un tiers sans l’autorisation de l’autorité

organisatrice,

En cas de refus répété et sans justification explicite de se conformer aux

modifications du cahier des charges proposées par l’autorité organisatrice et sans

incidence notable,

En cas d’inobservation des dispositions prévues en matière d’assurance".

- Déchéance

Avant l’expiration contractuelle, la déchéance peut être prononcée en cas de fraude et de

malversations, de transgressions répétées des clauses de la convention, d'incapacité ou de

mauvaise foi qui compromettrait l’intérêt général, d’interruption définitive des services

(sauf cas de force majeure ou de grève) et de dissolution de la société.

- Expiration - dévolution des biens - Effet de l’expiration de la

convention

A l'échéance de la convention ou en cas de résiliation, le transporteur doit remettre à

l’autorité organisatrice, en bon état d’entretien et de fonctionnement, tous les biens

meubles et immeubles mis à sa disposition par elle.

Les biens fournis par l’exploitant pour les besoins du service (véhicules de services) sont

repris à sa demande par l’autorité organisatrice, moyennant indemnités de rachat fixées par

un expert.

Il peut y avoir un article sur l'obligation de reprise du personnel par un nouvel exploitant

103

7) Clauses diverses

- Commission de conciliation - litiges

"Les deux contractants s'entendent sur un médiateur pour régler les litiges sur la

convention. A défaut d’accord, ces litiges seront portés devant la juridiction

administrative compétente."

- Domiciliation

Cet article précise les adresses des contractants : autorité organisatrice et exploitant

1 .2. 2. : Le cahier des charges

De la même façon que pour les conventions, il nous a semblé intéressant d'analyser des

cahiers des charges et d’en sortir une trame “ type ”. Nous présentons dans ce qui suit les

articles les plus souvent cités, dans l’ordre où ils sont le plus souvent présentés. Nous

avons exclu les différents articles caractéristiques d’une ville. Certains d’ailleurs

concernent plus particulièrement la qualité, mais ne concerne qu’une ville ou deux. Nous

reviendrons sur ces différents articles lors des enquêtes.

Les cahiers des charges se divisent en 5 rubriques principales :

1) Objet et consistance des services

2) Tarifs et conditions de transport

3) Exécution des services

4) Information de l'autorité organisatrice

5) Les annexes.

Cette analyse va nous permettre de définir la philosophie des cahiers des charges afin

d'analyser ceux du groupe Transdev dans la partie 3. C'est dans la troisième rubrique :

104

Exécution des services que nous trouverons les éléments qualité susceptibles de faire

évoluer le service.

Le cahier des charges énumère concrètement les moyens que l'exploitant doit mettre en

œuvre pour réaliser le service. Ce sont les moyens quantitatifs, comme le nombre de bus,

les tarifs, les différents services, etc et les moyens qualitatifs, comme la mise en place

d'indicateurs de qualité et toutes les actions d'amélioration de la qualité, de la sécurité, etc.

Dans deux réseaux villes moyennes, les cahiers des charges ne sont que des listes

exhaustives des différentes lignes, du matériel disponible, des services à réaliser et parfois

des tarifs à appliquer à la clientèle.

Dans sept autres réseaux, les cahiers des charges sont “ classiques ”, c’est-à-dire qu’ils

correspondent au texte qui suit.

Un seul cahier des charges (ville moyenne) contient un système de bonus malus.

Dans deux réseaux, Nantes et Agen, des démarches qualité sont menées et apparaissent

dans le cahier des charges.

1) Objet et consistance des services.

- Objet

Cet article définit l'objet du cahier des charges, à savoir, les conditions d’exploitation des

services de transports publics et les obligations de l’exploitant à l’égard des usagers et des

tiers.

- Les services exploités.

Ils sont généralement présentés sous la forme d’un tableau. Celui-ci énumère par lignes,

les itinéraires, les arrêts, le nombre d'aller- retour, les durées des trajets, parfois, les

horaires, les amplitudes (les premiers et derniers départs), les fréquences et parfois les

correspondances, les plans de lignes, les tarifs, etc. Toutes ces données ne sont pas

forcément toutes présentes dans le contrat.

105

2) Tarifs et conditions de transport

- Les tarifs

Présentés sous forme de tableau, les différents tarifs du réseau sont donnés en fonction de

la population de l’agglomération. Ce tableau définit les ayants droits et les modalités

d’utilisation de chaque titre (durée de validité, titre à vue...)

- Les conditions de transport

Cet article peut s’intituler “ obligations des usagers ”. Il présente la réglementation à

laquelle sont soumis les voyageurs : "se munir d’un titre de transport validé".

Cet article peut être complété par un paragraphe ou un article relatif aux accès aux

véhicules. Il définit les priorités d'accès aux véhicules et aux places assises (les personnes

à mobilité réduite, les personnes âgées, les femmes enceintes...). Il détermine les

tolérances (les colis peu encombrants, les poussettes pliées, les animaux sous réserves). Il

définit des interdictions (les produits inflammables ou pouvant gêner les autres passagers,

les objets dangereux ou encombrants, etc).

3) Exécution des services

- Exploitation

"L’exploitant doit assurer le transport des voyageurs dans les meilleures conditions de

régularité, de confort, de propreté et de sécurité ”. Nous avons ici un article qui fait

référence directement aux voyageurs transportés et à la qualité du voyage. On ne parle pas

de moyens techniques à mettre en œuvre. Il est cependant laissé libre interprétation à

l’exploitant de définir la régularité, le confort, la propreté et la sécurité.

- Information des voyageurs

Cet article énumère les conditions minimales auxquelles sont soumises les informations

qui doivent être présentées au public.

106

“ Information à bord des véhicules, aux points d’arrêts et aux stations : les

véhicules doivent porter, de manière très apparente, l’indicatif de la ligne de

destination du véhicule. Les véhicules assurant des services spéciaux ou

occasionnels doivent être signalés de manière à être distingués par les usagers.

Des avis apposés à l’intérieur de chaque voiture ou aux points d’arrêts et stations portent

à la connaissance du public :

- Les principaux arrêts et éventuellement les points de correspondance et le

schéma de la ligne.

- Les avis de service intéressant le public

- Eventuellement, les principales caractéristiques de l’exploitation des

lignes (service du soir et du dimanche, heures du premier et du dernier

passage, fréquences aux heures de pointes et aux heures creuses ou horaires pour

les lignes dont les intervalles entre départs sont supérieurs à 10 minutes,

désignation du plus proche point de vente des titres de transports)."

Ici, l’abord de l’information est intéressant mais succinct. La recommandation est

minimale. Il n’y a pas d’obligation de mise à jour ou de lisibilité de l’information par

exemple. La nomenclature citée ne concerne que l’information aux points d’arrêts et dans

les bus et l’information en situation normale. Il n’est pas spécifié d’obligation

d’information dans les différents points de ventes de titres de la ville et en situations

perturbées.

- Promotion des services

Ici, l’exploitant est chargé de faire la promotion de son réseau afin de “ renforcer les

habitudes des voyageurs et de gagner de nouveaux clients, par des événements

particuliers, des affichages, la presse, etc ”.

- Contrôle des titres de transport

L’exploitant doit faire contrôler régulièrement les titres de transport et veiller à

l’application des règlements.

107

- Constatation des infractions - Assermentation des agents.

L’exploitant est tenu de faire assermenter ses agents afin d’assurer le bon ordre dans les

voitures, l’état des installations de l’entreprise et l’application des règlements.

- Assurance

L’exploitant doit s’assurer lui-même mais aussi assurer ses clients et l’autorité

organisatrice en responsabilité civile, en assurance dommage, délictueuse et contractuelle.

- Publicité

L’exploitant peut faire sa publicité sur des emplacements prévus pour cela. Cette publicité

doit être propre, nette et ne pas gêner l’information du public.

- Appareils automatiques et vitrines.

Cet article spécifie que les appareils et vitrines ne doivent pas entraver la circulation et la

sécurité des voyageurs.

4) Information de l’autorité organisatrice

Ce chapitre énumère les documents d’information que l’exploitant doit fournir à l’autorité

organisatrice.

- Tableau de bord.

Il peut être mensuel ou trimestriel (ou même bimestriel, semestriel, etc) et contient des

données comme l’état des titres vendus, le nombre de voyageurs, les km parcourus, l’état

des investissements ou l’état du matériel, les ratios de contrôle et de fraude.

- Compte rendu annuel d’activité

Ce compte rendu est plus complet que le tableau de bord. Il recense les effectifs de

personnels, le matériel roulant, les tarifs, les voyageurs, l’offre kilométrique, les ratios

financiers, d’offre et d’usage, de coûts, de productivité, etc.

108

Ces deux documents restent bien souvent très techniques et les ratios sont des ratios

d’exploitation. C’est là que l’autorité organisatrice peut simplement intégrer des

indicateurs qualité qui lui permettrait de contrôler l’évolution de la qualité.

5) Les annexes

- L’inventaire

Le cahier des charges comprend toujours un inventaire des biens mis à la disposition du

réseau par l’agglomération :

Mobiliers, matériels et outillages (Oblitérateurs, matériel de bureau, gros matériel

d’atelier),

Matériel de transport : bus, tramway, etc (classement par marque et par modèle)

Parfois cet inventaire constitue à lui seul le cahier des charges.

1 .2. 3. : Les démarches qualité contractuelles.

A l'opposé des conventions et des cahiers des charges traditionnels que nous venons de

présenter, apparaît une famille de contrat centré sur la qualité. Ces contrats sont des

exemples caractéristiques des évolutions possibles des contrats classiques comme ceux

que nous venons de présenter.

Un contrat (convention ou cahier des charges) orienté qualité est un contrat où les devoirs

de l’exploitant s’expriment par rapport aux usagers et non en règles d’exploitation

(nombre d'usagers transportés, satisfaits, insatisfaits, etc)

Le rôle de l’autorité organisatrice est d’assurer un contrôle du service rendu, c'est-à-dire à

partir d’indicateurs de qualité et non plus à partir d'indicateurs de productivité de

l'exploitation.

109

La rémunération de l’exploitant inclut un indice qualité et est basé en grande partie sur les

résultats qualité de l’entreprise exploitante.

L’exploitant devrait périodiquement rendre compte et prouver la mise en œuvre de la

qualité. Cela existe déjà, mais la loi Sapin ne précise pas ce sur quoi l'exploitant doit

rendre compte (c.f. 2.2.2, même partie).

Certains cahiers des charges ne contiennent que l’inventaire des lignes, des services, des

différents tarifs et du parc, etc. Mais d’autres ont des pratiques qualité qui se traduisent

dans leurs contrats avec l’autorité organisatrice. Cependant, cette habitude est encore très

peu répandue.

Les deux exemples que nous présentons sont ceux de la ville d'Agen et de la ville de

Nantes. Cela nous permettra de définir les possibilités qu'a la qualité d'intégrer les

contrats. Comment peut-elle le faire ? Dans quels articles ?

1. 2. 3. 1. : Le contrat de la ville moyenne d'Agen

Le cahier des charges de la STAA (Société des Transports de l'Agglomération d'Agen) a

été signé en 1997. Il inclut un chapitre entier intitulé “la démarche qualité”, établi à partir

de la norme qualité de l’AFNOR. Cette démarche s’intègre dans un véritable renouveau du

réseau et la mise en place d’un nouveau réseau. Le cahier des charges contient les

différents éléments de ce renouveau : un plan marketing d’amélioration de la politique

commerciale, une politique de lutte contre l’insécurité, un plan de formation du personnel,

une politique de maintenance exigeante et l’intégration de ratios qualité dans le rapport

annuel d’activité. L’objectif du contrat est d’obtenir la certification ISO 9002. La

démarche est intéressante car elle englobe toute l’entreprise et tous les aspects du service.

- La politique commerciale va permettre à la STAA de réagir aux tendances du

marché en la dotant d'outils appropriés de connaissance de ce marché et de son évolution

(enquêtes quantitatives et qualitatives, fraude, etc), mais aussi de disposer de données

chiffrées fiables et objectives.

110

- Le plan marketing vise l'amélioration de l’information de la clientèle en

accompagnant la restructuration du réseau, la création de nouveau plan, la diffusion de

nouvelles fiches horaires et d’une nouvelle signalétique. Le réseau tout entier doit se

mobiliser autour de la direction de la fonction exploitation, de la fonction administrative,

et de la fonction maintenance.

- La politique de lutte contre l’insécurité garantit la sécurité des clients et du

personnel par la formation du personnel, la sensibilisation des jeunes, la lutte contre la

fraude notamment.

- La politique de formation sensibilise les conducteurs à la gestion des conflits et à

la conduite souple.

- La politique de maintenance est exigeante et rigoureuse. Le nettoyage accru des

véhicules va permettre “ d’obtenir un niveau de qualité optimale ”. Les différentes

mesures vont également permettre de valoriser le patrimoine et optimiser les coûts.

- Le tableau de bord intègre un ratio qualitatif au sein du ratio de desserte

(proportion de places assises du parc et la vitesse commerciale moyenne).

- La démarche qualité est basée sur la norme AFNOR de certification des

entreprises de transport de voyageurs mais vise l'obtention de la certification ISO 9002.

Elle préconise la mise en place d’indicateurs de qualité dans les domaines suivants : la

ponctualité des bus, la disponibilité du matériel et des équipements, les relations avec la

clientèle, le traitement des réclamations.

Cette démarche est intéressante pour plusieurs raisons. Premièrement, les deux acteurs

entreprise et autorité organisatrice sont directement impliqués, (la demande de

certification émanant de l’autorité organisatrice). Deuxièmement, la démarche est

transversale et mobilise toute l’entreprise (formation des personnels...). Troisièmement,

elle utilise judicieusement les outils proposés par la norme AFNOR. Or, l’autorité

organisatrice avait demandé une certification ISO 9002. Nous verrons que la norme

AFNOR est plus appropriée que la norme ISO 9002 aux entreprises de transport de

personnes. L’utilisation des indicateurs AFNOR comme moteur de la démarche va

111

permettre une construction efficace de la certification et de la démarche qualité dans

l’entreprise.

1. 2. 3. 2. : La démarche d’un grand réseau : Nantes

Le cahier des charges du réseau de Nantes, signé en 1997, a pour particularité d’être très

structuré et la réflexion sur la qualité très avancée. Egalement basé sur la norme AFNOR,

le contrat définit des indicateurs de qualité et met en place un système de bonus malus

motivant. Les mesures mises en place sont bâties à partir des indicateurs de la norme mais

les réflexions locales ont permis des personnalisations et la construction de mesures au

plus près de la vision du client.

Les indicateurs mis en place concernent

- La ponctualité et le respect de la réalisation du service

- La disponibilité des équipements et des moyens d’information au public

- La propreté des stations de tramway, des véhicules tramways et bus et des locaux

ouverts au public

- La sécurité dans les rames de tramway et les autobus.

La construction des indicateurs est intéressante. Elle part des besoins des clients et des

orientations données par la LOTI. Ainsi, la construction de l’indicateur de disponibilité

des équipements et des moyens d’information au public s’est faite à partir du droit au

transport pour tous, donnée par la LOTI. Le travail est décliné en trois mesures :

l’accessibilité au réseau, l’information sur le terrain et l’information clientèle sur et dans

les véhicules. Pour l'exploitant, l’accessibilité au réseau est une réponse de transports en

commun adaptée à une demande de déplacement et pour l’usager, c’est une information

qui lui donne les clefs accès aux services de transports. Le réseau s’engage donc à offrir

“ une desserte de qualité qui soit une alternative crédible aux autres modes, une lisibilité

facile du réseau, une information claire, exacte, accessible et complète et des supports

d’information adaptés au plus grand nombre comme aux publics particuliers ”.

112

L’information sur le terrain concerne l’information disponible aux différents points

d’arrêts du réseau. L’exploitant s’engage à “ garantir la présence permanente de

l’information selon un cahier des charges défini et la qualité de propreté des

infrastructures. ”

L’information clientèle, sur et dans les véhicules, a pour objectif de sécuriser l’usager à

l’arrêt et pendant son trajet.

Les outils de la mesure sont généralement simples. Ce sont des données internes à

l’entreprise qui seront utilisées différemment ou des outils faciles à mettre en place : les

données recueillies par les procès verbaux indemnités d'effraction, par exemples, des

sondages statistiques, des contrôles des véhicules aux sorties de dépôts.

L’intérêt de tout ceci est la réflexion menée par le réseau à partir des clients et de la façon

dont il voit le transport. En terme d’information, le réseau parle d’accessibilité.

Le cahier des charges incite la T.A.N. à conduire une politique qualitative de gestion et de

réalisation du service. Le contrat fixe un intéressement sur les indicateurs précédemment

cités. Pour chaque critère, une prime modulable est instituée allant de 0 euro (lorsque le

seuil d’exigence est juste atteint) à 7 623 euros (50 000 francs) (lorsque la valeur

d’objectif est atteinte ou dépassée). De la même façon, une pénalité (1524 euros soit 10

000 francs) sera appliquée lorsque le seuil n’est pas atteint.

Ces deux contrats sont deux exemples de prises en compte de la qualité dans les textes. Ils

reflètent une prise de conscience des deux acteurs. Dans les deux cas, c'est dans le cahier

des charges qu'apparaît la qualité. Elle émane des réflexions de l'exploitant à partir des

exigences de l'autorité organisatrice dans l'appel d'offre. Dans les deux cas, l'entreprise

met en place des outils d'amélioration de la qualité et des outils de contrôles interne du

service rendu. Nous sommes loin des outils de mesure de la productivité interne.

Cependant, les deux conventions restent classiques et les outils de mesures financiers et

basés sur la productivité. L'introduction de la qualité dans les conventions est une

deuxième étape qui nécessite un travail conjoint des deux acteurs. A Agen et à Nantes, la

qualité est exigée par l'autorité organisatrice mais les réflexions sur le sujet sont internes à

l'entreprise. Le rôle des deux autorités organisatrices est maintenant, de construire des

113

outils de contrôle et de rémunération, basés sur la perception qu'a la clientèle du service

rendu

Nous avons défini la logique du secteur, son évolution ces 40 dernières années, son

organisation et ses outils. Nous avons fixé le cadre dans lequel la qualité s'est introduite.

Cela va nous permettre de mieux comprendre comment la qualité peut améliorer le

système et faire basculer la logique productiviste à une logique de service centrée sur le

client.

114

Chapître 2 : Les débats qui concourent à la diffusion de la

qualité de service dans les transports en commun urbain.

Les acteurs institutionnels : Europe, état français, groupes, exploitants s'approprient

successivement la qualité. Ce chapitre va nous permettre de définir les pressions qui

pèsent sur le secteur des transports en commun urbain en matière de qualité et le poids des

différents acteurs institutionnels et professionnels sur le sujet.

L'Europe a un rôle d'encadrement et d'orientation. Nous étudierons les orientations et les

niveaux d'exigences posés par la communauté en matière de qualité.

L'Etat a également un rôle d'encadrement et d'orientation. Nous détaillerons les grandes

lois qui ont récemment modifié le fonctionnement du système des transports en commun

urbain en favorisant l'introduction de la qualité.

Nous définirons ensuite les grands acteurs professionnels du secteur et notamment les

grands groupes. Ce chapitre va nous permettre de préciser le niveau d'avancement des

différents professionnels en ce qui concerne la qualité.

Ce chapitre est une photographie des différents acteurs institutionnels et professionnels de

secteur des transports en commun urbain sur la qualité. Cela permettra d'avoir une idée des

rôles de chacun dans l'intégration de la qualité de service dans le secteur des transports en

commun urbain

2. 1 : Les exigences européennes.

Les exigences de qualité ne sont pas seulement locales, mais elles peuvent être

européennes. L’Europe définit des directives et des orientations en la matière dans le

secteur public en général et les transports urbains en particulier.

Dans un premier temps, l’Europe détermine l’utilité de la qualité.

Dans un deuxième temps, elle fixe des objectifs de qualité pour les transports publics.

Dans un troisième temps, elle s’intéresse à la certification et donne des orientations

didactiques.

115

2 .1. 1. : Les mesures européennes d’amélioration de la

qualité.

En 1996, la commission européenne a publié le livre vert “un réseau pour les citoyens :

comment tirer parti du potentiel des transports publics de passagers en Europe83". Très

didactique, ce document fait un bilan du secteur.

La demande de transport en Europe augmente et est satisfaite par un usage accru de la

voiture. Ceci engendre des nuisances telles que : la pollution, les accidents, les

embouteillages, etc. La demande de mobilité s’auto alimente : l’accès à la mobilité crée

une nouvelle demande de mobilité satisfaite par la voiture particulière : "la flexibilité de la

voiture limite la liberté de mouvement".

Une augmentation des infrastructures ne pouvant pas être une solution, l’objectif du

document est d’orienter les transports publics de passagers vers des systèmes efficaces.

Pour cela, le texte propose des mesures incitatives d’amélioration de la qualité du système

de transport. L’idéal est une combinaison des mesures incitatives et des mesures

dissuasives84.

Les orientations choisies par le livre vert sont :

Assurer la complémentarité entre les modes, c’est-à-dire travailler les

interconnexions85, l’information (en temps réels), la gestion de la circulation,

l’harmonisation de la billetterie pour faciliter les déplacements de passagers, les

correspondances86, le service porte à porte87, etc.

83 Source d’Europe, COM (96) 583, final du 27.11.96

84 comme des mesures financières : taxes sur les carburants, péage en centre ville, suppression du

stationnement.

85 les terminaux multimodaux ou points de correspondances doivent permettre un stationnement sûr et

couvert des vélos.

86 temps d’attente, horaires, coordination des horaires pour améliorer les correspondances et donc les

temps d’attente.

87 augmenter la flexibilité grâce aux taxis par exemple ou par minibus avec arrêts à la demande

116

Définir des mesures encourageant l’utilisation des transports publics et

décourageant l’utilisation de la voiture particulière grâce à la tarification, aux technologies

de l’information et de la communication, etc.

Intégrer les différents modes de transports pour donner le choix aux voyageurs : la

marche, le vélo et les deux roues à moteur, le taxi, la voiture particulière, les transports

publics.

Une fois les directives en matière d’amélioration de la qualité du service fixée, l’Europe a

établi de nouvelles règles en matière d’appels d’offre.

2 .1. 2. : Ouverture des appels d’offre à tout le marché

européen.

En Europe, les systèmes de transports publics sont souvent planifiés, détenus et exploités

par les pouvoirs publics. Cela permet de mettre en œuvre directement la politique des

transports. Souvent les transports publics ont du mal à rencontrer les besoins des usagers, à

améliorer la qualité ou le rapport coût / efficacité de l’exploitation.

Les pays européens ont adopté différentes options. Certains88 ont adopté la

déréglementation totale de l’accès à l’offre de service de transport. Ceci accroît le rapport

coût / efficacité mais implique une baisse des marges de manœuvre.

D’autres89 octroient des concessions. Cela crée un environnement compétitif sans nuire à

la réalisation de la politique des transports et permet d’attirer des capitaux privés.

La commission européenne travaille depuis plusieurs années sur les règles qui régissent les

marchés publics. L’objectif étant de simplifier et de coordonner les procédures nationales.

En 1996, le livre vert est le point de départ du travail sur les marchés publics. Le débat qui

a suivi a mis en évidence la nécessité de simplifier le cadre juridique et de l’adapter à l’ère

électronique.

88 comme la Grande-Bretagne

89 comme la France

117

Les directives européennes qui vont modifier les règles de passation des marchés publics

ne concernaient pas à l’origine les concessions de services. Sous ce nom se trouvent les

délégations de services publics, qui sont une particularité du droit français. La directive de

1993 laisse le libre choix des procédures de conclusion des contrats, appels d’offres

ouverts, appels d’offres restreints et négociation de contrats.

La directive datant du 10 mai 200090 ouvre, sous certaines conditions, aux marchés de

l’eau, de l’énergie, des transports et des télécommunications, les directives de 1993 et de

1995 concernant les marchés publics.

Article 5 : “ La présente directive s’applique aux entités visant l’exploitation de

réseaux destinés à fournir un service au public dans le domaine du transport par

chemin de fer, système automatique, tramway, trolley, autobus ou câble. En ce qui

concerne les services de transports, il est considéré qu’un réseau existe lorsque le

service fourni dans les conditions déterminées par une autorité compétente d’un

état membre, telles que les conditions relatives aux itinéraires à suivre, à la

capacité de transport ou à la fréquence du service”.

Les modifications qui concernent les délégations de service public françaises sont relatives

à l’ensemble de la procédure d’appel d’offre et aux outils qu’elles utilisent.

La procédure d’attribution du marché passe obligatoirement par un appel d’offre. C'est le

cas en France depuis la loi Sapin.

Afin d’harmoniser les présentations et de faciliter la compréhension des appels d’offres,

les normes nationales mentionnées doivent faire référence aux normes et aux techniques

européennes.

90 “ Directive du parlement européen et du conseil, portant coordination des procédures de passation

des marchés dans les secteurs de l’offre, de l’énergie et des transports ” Communauté des Etats

Européens, Bruxelles, 10.5.2000, Com (2000), Source d’Europe, Paris, la Défense.

118

Tous les appels d'offre doivent être publiés au Journal officiel des Communautés

européennes, de même que les conclusions des appels d'offre91.

La publication de l’annonce doit précéder la publicité dans un journal national (jusqu’à 12

jours d’attente).

De plus, la collectivité se devra de ne pas nuire aux règles de bases européennes.

- Ecarter ou défavoriser un candidat sous prétexte qu’il n’est pas du pays;

- Imposer des normes techniques non autorisées,

- Refuser une offre anormalement basse sans s’être assuré, par les procédures

appropriées, de la réalité de cette offre.

A partir d’un certain seuil (205 800 euros ou 1 350 000 francs hors T.V.A.), le droit

français ne doit pas aller à l’encontre du droit communautaire. Cependant en raison de

seuils élevés, les champs couverts par les directives sont relativement restreints.

L’estimation de la C.E.E. considère que 80% des marchés sont inférieurs à 700 000 francs.

C’est-à-dire deux fois moins que le seuil européen le plus bas.

Lorsque le seuil est franchi, les directives européennes vont donc considérablement

modifier la procédure. Ces directives vont sans doute multiplier sensiblement le nombre

de réponses aux appels d’offre. Les offres, venant d’autres pays, seront très différentes en

terme de prix mais également en terme de qualité de la prestation. Les obligations de

publicité et de prise en compte de toutes les offres, vont obliger les exploitants à repenser

leur offre et à être les plus compétitifs.

La communauté européenne souhaite que les critères d’attribution des marchés ne soient

plus seulement le moindre prix. L’évolution souhaitée est d’intégrer la notion de “ mieux-

disant ” par opposition au “ moins-disant ” dans les propositions de réponses. En amont,

les communautés introduisent des critères qualitatifs de choix de l’exploitant dans les

91 identité de tous les candidats et de ceux retenus avec le motif de la décision, la gamme de prix, le

service après-vente, etc.

119

appels d’offre : qualité de service, valeur technique de l’exploitant, caractère esthétique

des moyens de transport, fonctionnalité des réseaux, service après vente et assistance

technique. Ces mesures vont certainement développer la concurrence et renforcer

l’importance du rôle de la qualité.

2 .1. 3. : La politique communautaire en matière de certification

des transports publics

La Commission des Communautés a publié en 1992 “ le livre blanc ” : “ le développement

futur de la politique commune des transports : construction d’un cadre communautaire

garant d’une mobilité durable "92. Ce document définit le cadre communautaire applicable

au secteur des transports en commun urbain. Il a pour objectif de faciliter l’ouverture des

frontières en soutenant la restructuration et la modernisation des réseaux. Largement

tourné vers la qualité, le texte est surtout axés sur la certification :

“ (...) Le rôle de l'assurance de qualité, sur base de normes internationales telles que ISO

9000, fera l'objet d'une attention particulière dans ce contexte. En effet, elle peut

contribuer à une solution qui est particulièrement attrayante du point de vue de la

subsidiarité, étant donné qu'elle réduit à la fois la nécessité de règles détaillées au niveau

communautaire ou national et de contrôles ponctuels ”.

Cet engagement est une véritable directive pour les réseaux européens, et peut conduire à

des obligations en matière de qualité et de certification. Les réseaux doivent donc

s’intéresser de près à ce sujet non seulement pour eux-mêmes mais pour répondre aux

injonctions européennes.

Le projet de certification Quattro qui s’est clôturé les 14 et 15 mai 1998 au Luxembourg, a

pour objectif premier de coordonner les actions des différents agents du système transports

publics en matière de qualité.

92 Commission des Communautés.

120

La recherche Quattro a bénéficié de l’expertise de 20 organisations européennes reconnues

(consultants, instituts de recherche, autorités, opérateurs), du support et des commentaires

de 5 organisations européennes représentant des villes et des opérateurs, les

consommateurs et l’appui de la commission européenne.

Le travail a permis :

- de donner une définition commune à la qualité des services de transports de

passager93 ,

- d’identifier un outil de gestion de la qualité des système de transport public,

performant : la boucle qualité (processus dynamique d’amélioration de la qualité basé sur

la roue de Deming)

- de proposer une “ boite à outils ”, développée à partir de la boucle qualité,

comprenant des recommandations pratiques pour définir les contrats et les procédures

d’appel d’offres.

La recherche Quattro a pour ambition de combler le retard entre le secteur européen du

transport public et le secteur des services, en ce qui concerne la qualité. L’enjeu étant de

proposer un complément efficace à la voiture particulière, en présentant des outils issus

des pratiques existantes qui ont fait leur preuve localement et de profiter mutuellement des

performances et des erreurs des autres. Par exemple, le Benchmarking qui est une méthode

de partage des connaissances, des expériences et des “ meilleures pratiques ” avec pour

objectif l’amélioration des performances.

Les recommandations du projet en matière de procédures d’appels d’offre sont favorables

aux candidats maîtrisant la gestion de la qualité dans toutes ses dimensions. Ceci sous-

entend que :

- Les appels d’offre et les contrats doivent clarifier les responsabilités des différents

acteurs. Les objectifs stratégiques doivent être déclinés en objectifs opérationnels

mesurables.

93 centrée sur le service rendu

121

- Un opérateur qui démontre son implication dans la gestion de la qualité lors d’une

procédure d’appel d’offre doit être retenu plutôt qu’un autre.

- Les résultats doivent être suivis et mesurés. La non-conformité doit être analysée

pour éviter qu’elle ne se reproduise. La standardisation et la certification permettent de

garantir un niveau minimum de qualité et de définir des spécifications de service qualité.

- Les objectifs proposés doivent être réalistes et équilibrés, mais aussi ambitieux.

- L’utilisation d’objectifs qualité, d’indicateurs et la mise en œuvre de la gestion de

la qualité doit être faite à tous les niveaux de l’entreprise.

La norme AFNOR XPX 50-80594 est devenue en septembre 2002, une norme européenne

au sein du CEN sous la référence NF EN 13816.

2. 2 : Points de vue de l’Etat français

Ce chapitre a pour objet essentiel d’identifier les formes prises par la qualité dans les

textes de lois français. Ceci nous renseignera sur la perception de l’Etat, ses objectifs et les

moyens qu’il met en œuvre. Nous présenterons ici les deux grandes lois qui ont introduit

la qualité dans le secteur des transports en commun urbain : la Loi d'Orientation sur les

Transports Intérieurs (LOTI) et la loi Sapin.

2 .2. 1. : La Loi d’Orientation sur les Transports Intérieurs95,

(LOTI.)

La LOTI date de 1982, mais a été modifiée de nombreuses fois depuis. Elle organise les

transports sur le territoire français.

Les grands principes sur lesquels elle s’appuie sont :

94 La norme française existe depuis 1997 et est développée dans la partie III 2.3.2. : les outils de la

certification.

95 Loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d’Orientation des Transports Intérieurs.

122

- L’harmonisation des différents modes de transport et notamment le

développement des transports en commun,

- La définition des rôles des différents acteurs

- Le droit aux transports pour tous,

- La protection de l’environnement.

2. 2. 1. 1. : L’harmonisation des différents modes de transports

La loi organise les différents modes de transports et se veut l’outil de leur fonctionnement

harmonieux :

Article 3 : “La politique globale des transports de personnes et de marchandises assure le

développement harmonieux et complémentaire des divers modes de transports individuels

et collectifs”.

Pour cela, elle définit deux outils d’aménagement et de coordination : le schéma

multimodal de services collectifs de transports (un pour les voyageurs et un pour les

marchandises) et le Plan des Déplacements Urbains à l’intérieur du Périmètre de

Transports Urbains. Le schéma multimodal est une amélioration apportée à la loi en 1992.

Etabli par l’Etat, les schémas multimodaux de services collectifs de transports sont chargés

d’optimiser l’utilisation des réseaux et des équipements existants. En plus d’être un outil

géographique, les schémas ont des vertus organisationnelles : Ils favorisent également la

complémentarité entre les modes et la coopération entre acteurs. Tous les schémas

régionaux ou locaux doivent s’appuyer sur ces schémas nationaux et ne pas aller à leur

encontre. Pour le transport de marchandises par exemple, le schéma multimodal détermine

les infrastructures de contournement ou de délestage des nœuds de trafic.

Au sein d’une ou de plusieurs communes, le Périmètre de Transports Urbains (ou

périmètre de compétence) et le Plan des Déplacements Urbains sont des relais locaux des

schémas multimodaux. Les orientations du PDU ont été développées dans la partie

précédente relative aux principes régissant le secteur des transports urbains. Nous noterons

123

seulement sur la volonté forte de développer les transports collectifs et les moyens de

déplacements économes et les moins polluants comme la bicyclette et la marche à pied.

2. 2. 1. 2. : La définition des rôles des différents acteurs

La loi définit les missions “ qui incombent aux pouvoirs publics ” en matière de transport

public. Ces missions de services publics sont d’ordre organisationnel et réglementaire :

- La réalisation et la gestion d’infrastructures et d’équipements affectés au transport,

- La réglementation des activités de transport et le contrôle de son application,

- Le développement de l’information,

- Le développement de la recherche, des études et des statistiques,

- L’organisation des transports publics.

La loi fixe les territoires de compétence de chacun des acteurs.

Ainsi, l’Etat a un rôle de prescripteur de normes et de grand organisateur. L’organisation

institutionnelle des transports de voyageurs, définie par la LOTI repose sur la séparation

des fonctions d’organisation et d’exécution des services. L’organisation est faite par

l’autorité publique ou Autorité Organisatrice qui a le choix pour l’exécution entre la

gestion directe et la gestion déléguée

Avec l’aide des collectivités territoriales, l’Etat établit les schémas multimodaux.

L’Autorité Organisatrice96 est responsable de la conception de la politique des

déplacements urbains et du PDU97, de l’organisation des transports urbains et de la

réalisation et la gestion des infrastructures et des équipements affectés au transport.

96 En urbain, les autorités organisatrices sont les communes ou les établissements publics de

coopération intercommunale qui constituent le PTU.

En Interurbain, L’autorité organisatrice est constituée par les départements et les régions.

97 “Le plan de déplacement urbain définit les principes de l’organisation des transports de personnes

et de marchandises, de la circulation et du stationnement dans le périmètre de transports urbains(...).

124

2. 2. 1. 3. : Le droit aux transports pour tous,

La qualité est un élément important et plusieurs fois abordée dans la loi. Elle est synonyme

d’harmonisation des différents modes, de satisfaction des besoins des usagers (article 1), et

d’accessibilité géographique, physique et financière aux transports mais, en tenant compte

des contraintes économiques, sociales et environnementales (article 2). La modification de

la loi en 1992 impose aux autorités responsables de réfléchir à la diminution du trafic

automobile et au développement des transports collectifs (article 28-1). C’est-à-dire que la

loi protège la société contre l’individu.

2. 2. 1. 4. : La protection de l’environnement.

La préoccupation de la loi pour l’environnement est récente. Elle est le fait des dernières

modifications, notamment celle de la loi du 25 juin 1999. Bon nombre d’articles se

trouvent enrichis de préoccupations environnementales. La loi favorise les transports “ qui

satisfont les usagers dans les conditions économiques, sociales et environnementales les

plus avantageuses pour la collectivité”.

La protection de l’environnement entre dans tous les domaines abordés par la loi : la

politique globale des transports de personnes et de marchandises et les choix relatifs aux

infrastructures, équipements et matériels de transports.

2 .2. 2. : La loi Sapin ; relative à la prévention de la corruption et à

la transparence de la vie économique et des procédures

publiques

Cette loi est relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie

économique et des procédures publiques. Elle est publiée au Journal Officiel du 30 janvier

Il couvre l’ensemble du territoire compris à l’intérieur du périmètre. Il vise à assurer un équilibre

durable entre les besoins en matière de mobilité et de facilité d’accès, d’une part, et la protection de

l’environnement et de la santé d’autre part. Il a comme objectif un usage coordonné de tous les

modes de déplacements, (...)”. Article 28 de la LOTI

125

1993, signée par le président de la république François Mitterrand, le Premier Ministre

Pierre Bérégovoy et l’ensemble du conseil des Ministres de l’époque.

Le texte de loi touche les activités de gestion des services publics (et notamment les

transports) de deux façons. Premièrement lors de la signature des contrats de délégations

de services publics entre collectivités locales et exploitant et, deuxièmement, lors de la

signature des contrats passés par les Sociétés d’Economie Mixte et des tiers.

La loi instaure des règles nouvelles dans la gestion des services publics :

- La mise en concurrence et la procédure de publicité préalable à toute passation de

contrat.

- La durée de ces contrats est limitée dans le temps

- Ils sont assortis d’une clause de non-reconduction tacite.

- Chaque année, le délégataire rend un rapport à son Autorité Organisatrice

contenant les comptes des opérations afférentes à l’exécution du service et une analyse de

la qualité de service.

C’est-à-dire que la loi instaure des règles strictes d’encadrement des contrats afin de

prévenir toute corruption. Ces règles sont de trois ordres : introduction de la concurrence,

restriction des marges de manœuvre, contrôles et sanctions.

2. 2. 2. 1. : L’introduction de la concurrence.

L’article 38 de la loi prévoit que :

“ Les délégations de service public des personnes morales de droit public sont soumises

[...] à une procédure de publicité permettant la présentation de plusieurs offres

concurrentes”.

L’introduction de la concurrence a modifié les relations entre acteurs. La procédure est

encadrée strictement : publicité, puis élaboration de la liste des candidats aptes à présenter

une offre, négociation des offres et choix du délégataire. Les délais entre chaque étape

sont fermes et doivent être respectés.

126

Cette procédure a permis aux Autorités Organisatrices de se montrer exigeante dans le

document qu’elles adressent à chaque candidat et lors des négociations.

La loi insiste sur les garanties professionnelles et financières et l’aptitude des candidats à

assurer la continuité du service public. Le premier critère est peu défini mais simple et

garantit un minimum sur les qualifications professionnelles et financières du candidat.

Cependant, le second est très subjectif et n’étant pas précisé, il laisse libre cours à

l’interprétation de chacun.

2. 2. 2. 2. : Les restrictions imposées par la loi

Pour prévenir toute corruption, les contrats sont limités dans le temps et la reconduction

tacite est interdite. Ce qui signifie qu’à la conclusion du contrat, l’autorité concédante doit

organiser un nouvel appel d’offre et lancer une publicité.

Les prolongations de conventions sont cependant autorisées lorsque l’exploitant a

entrepris des investissements matériels, comme l’achat de véhicules, l’équipement

billettique, etc. Ces investissements ne pourraient pas être amortis pendant la convention

restant et ils ne sont pas prévus dans le contrat initial. Avant 1995, les investissements

immatériels permettaient également de prolonger le contrat. Les réseaux pouvaient

bénéficier d'un allongement de contrat s'il engageait des études par exemple.

Pendant toute la durée de l’appel d’offre, tous les candidats doivent être traités

égalitairement (article 432-14 du code pénal). Toute infraction à cet article est passible de

deux ans d’emprisonnement et de 30 500 euros d’amende (ou 200 000 francs).

2. 2. 2. 3. : Les obligations des parties.

L'exploitant doit rendre annuellement (tous les 1er juin), un rapport contenant :

“ les comptes retraçant la totalité des opérations afférentes à l’exécution de la délégation

de service public et une analyse de la qualité de service ”.

Le précédent article ne réclamait qu’une production des comptes.

127

Aujourd’hui, le rapport doit retracer ce qui concerne la délégation de service public. Ceci

peut être fastidieux pour des sociétés ayant plusieurs activités (scolaires, transport de

personnels, etc) et pour certaines sociétés interurbaines qui ont une délégation par ligne.

Le rapport doit, en plus, s’accompagner d’une analyse sur la qualité de service. Les

exploitants ont donc une obligation légale de faire de la qualité et de le prouver.

Cependant, les paramètres à prendre en compte dans l’analyse n’étant pas spécifiés, la

liberté est assez grande. Ces paramètres seront certainement spécifiés ultérieurement. Les

délégataires doivent s’y préparer.

Ces documents sont désormais publics et doivent pouvoir être consultés par les citoyens, à

la mairie ou dans les sociétés d’exploitation.

La loi du 8 mai 1995 modifiant la loi Sapin, impose notamment l’introduction dans les

contrats d’une clause devant “ préciser l’incidence sur ces tarifs des paramètres ou indices

qui déterminent leur évolution ”. Il paraît difficile d’indiquer pour toute la durée de la

convention, les paramètres qui déterminent l’évolution des tarifs. Cela pourrait enfermer

les deux parties dans un système rigide. C’est celui des deux acteurs qui supporte le risque

commercial qui doit s’engager sur la formule d’actualisation. Dans un contrat au risque et

périls, l’exploitant devra prendre un risque supplémentaire : s’engager sur l’évolution des

tarifs.

La nouvelle loi de 1995 permet à toute juridiction administrative (juridictions financières,

les missions interministérielles sur les marchés et délégation de services, etc) ou civile (les

chambres régionales des comptes, etc) de contrôler la gestion des sociétés délégataire de

service. L'autorité organisatrice exerce un contrôle sur son délégataire grâce aux différents

rapports que celui-ci lui envoie régulièrement. Il peut mettre en place, dans le contrat un

système de bonus malus sur des thèmes qui lui paraissent importants, par exemple, la

propreté dans les bus ; plusieurs critères peuvent être ainsi définit dans la convention,

128

comme le niveau de propreté souhaité (pas plus de 4 déchets au mètre carré98), dont le

contrôle s'effectue de façon inopiné, par l'autorité organisatrice.

2. 2. 2. 4. : La loi Sapin a t-elle modifié les contrats ?

A titre d'exemple, nous présentons ici les résultats d'une enquête réalisée à la fin de

l’année 1994 par le GART et le CERTU auprès des départements. Ce travail ne dissocie

pas les réseaux urbains des réseaux interurbains. Il avait pour but de faire le point sur la

première année d’application de la loi Sapin. 55 départements ont répondu.

En 1993, 82% des contrats avaient une durée de un an.

En 1994, les contrats renégociés l’ont été pour :

2% d’entre eux pour un an,

35% d’entre eux pour cinq ans,

et 35 % pour sept ans.

Les services réguliers avaient déjà des durées de cinq ans et plus. La loi n’a donc eu que

peu d’incidence sur la durée.

Il faut noter également le peu de bouleversement dans la transmission des marchés. En

1994, seulement 12% des contrats scolaires et 9% des contrats de services réguliers ont

“ changé de mains. ” Ceci a profité à de petits transporteurs locaux.

La moitié des départements ont utilisé la possibilité de prolongation de un an.

Aujourd’hui, après 8 ans de loi Sapin, on observe que la majorité des délégations est

reconduite. La mise en concurrence régulière en instaurant un “ danger de perte ” régulier,

oblige l’exploitant à se remettre en cause. Il est pour cela une garantie de qualité pour

l’autorité organisatrice.

98 indicateur de la RATP

129

Au sein de Transdev, nous nous sommes intéressés aux modifications contractuelles

apportées par la loi.

A partir des chiffres que nous avons, il semble que la loi Sapin n’a pas modifié les types

des contrats. En effet, dans les différents contrats étudiés, aucune ville n’a changé de type

de convention depuis la loi Sapin, c’est-à-dire 1993. Le tableau ci dessous permet de

comparer les chiffres. La loi n'a pas eu d'incidence sur le choix du contrat. Mais peut-être

est–il encore trop tôt ?

Répartition des types de contrats avant et après la loi Sapin

Type de contrat Avant 1993 Après 1993

Risques et périls 1 3

Garantie de recette 5 6

Les réseaux qui faisaient déjà de la qualité étaient ceux dont le contrat était aux risques et

périls. Cependant, les chiffres ne sont pas suffisants pour conclure avec certitude, mais ils

corroborent les conclusions du GART sur le sujet. Le mémento du GART signale un recul

des contrats de gérance et une forte progression des contrats à prix forfaitaire, autrement

dit les contrats aux risques et périls.

En ce qui concerne la structure des textes, il est très difficile de comparer les différents

contrats en les positionnant temporairement par rapport à la loi Sapin. Certains articles

sont souvent ou même toujours présents dans les contrats, comme ceux relatifs à la

continuité ou à la sécurité. Ils sont identiques d’un contrat à l’autre et l’apparition de la loi

Sapin n’y a rien changé.

D’autres articles sont très typiques des préoccupations locales, pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, chaque ville a une culture contractuelle différente. La culture locale,

les habitudes des contractants sont des éléments qui jouent un rôle important dans

l’écriture d’une convention ou d’un cahier des charges.

130

Les contrats d’une même ville servent à l’écriture du contrat suivant. Les articles

sont tous plus ou moins similaires dans le temps pour une même ville.

De plus l’échantillon choisi (7 villes moyennes et 6 grands réseaux urbains), n’est

pas assez important pour obtenir des résultats fiables.

Nous pouvons dire qu’au vu des textes étudiés, la loi n’a pas modifié la structure des

contrats.

De même, la loi Sapin n’a pas introduit de nouveaux articles dans les conventions.

Cependant, elle a modifié le contenu de certains articles et donc l’idée générale des

conventions. A savoir que certains termes ont évolué : client a remplacé usager, certains

objectifs sont moins techniques et plus dirigés vers le "bien voyager" des passagers.

Cependant si les conventions n’ont pas changé, les cahiers des charges ont évolué

significativement. La lecture de ceux qui sont en notre possession, nous permet de dire que

la loi a introduit une préoccupation forte de la clientèle qui remplace les usagers. Des

annexes entières de cahiers des charges sont consacrées à la qualité (Agen) ou plus

simplement à des éléments de la qualité (l’information, les réclamations, etc).

L’enjeu de la loi est de clarifier la procédure d’appel d’offre en favorisant la transparence

par la mise en concurrence. A ce propos, l’étude réalisée par le CERTU est intéressante :

“ Impact de l’application de la loi Sapin dans les transports collectifs ”99.

Ce travail porte essentiellement sur la procédure de mise en appels d’offre des marchés de

transports urbains.

Il a mis en évidence les critères pris en compte par l’autorité organisatrice au cours des

différentes phases de l’attribution du marché.

131

Au moment de la consultation, les critères dominants sont les critères techniques (24 fois

dont 6 démarches qualité) devant le critère financier (cités 19 fois). Nous pouvons noter

également que l’engagement à faire évoluer le service est cité 11 fois.

Lors de la phase de négociation, les critères financiers deviennent les critères déterminants

(cités 14 fois). Les critères techniques tels la qualité joue un rôle important dans la

décision (9 fois). L’engagement à faire évoluer le service a été cité 5 fois.

Lors de la négociation finale, les propositions financières ont encore été décisives (cités

21 fois) devant les propositions techniques (cités 11 fois).

La concurrence est la plus vive non seulement sur les critères financiers (cités 6 fois) mais

également sur les critères techniques (4 fois dont 1 démarche qualité).

Nous pouvons noter que les critères financiers deviennent décisifs dès lors que la décision

approche. Cependant, la part prise par les critères techniques (dont les démarches qualité)

et l’engagement à faire évoluer le service ont une part non négligeable dans la décision.

La loi Sapin n’a que très peu modifié les contrats. La qualité est encore peu mentionnée

dans ces textes. Les obligations contractuelles la concernant sont rares, mais les incitations

ou les termes qualitatifs (clients pour usager par exemple) commencent à apparaître dans

certains textes.

2. 3 : Les professionnels du transport et la qualité.

L’intérêt de ce chapitre est d’identifier les acteurs du système des transports en commun

urbain et leur niveau d’appropriation de la qualité.

Au sein du ministère de l’équipement, des transports et du tourisme, la Direction des

Transports Terrestres (DTT) réglemente, définit et garantit la mise en œuvre de la

99 CERTU, "Impact de l'application de la loi Sapin dans les transports collectifs urbains année 1996",

Rapport d'étude du CERTU, février 1998, Lyon.

132

politique de l’Etat en matière de transports. Elle est composée de sous - directions

spécialisées : la sous direction des transports urbains régionaux et départementaux

(STURED) qui travaille en particulier sur les transports collectifs de province...

L’organisation représentant les Autorités Organisatrices au niveau national est le GART

(Groupement des Autorités Responsables de Transport). Créé en 1980, le GART est

administré par un conseil d'administration de 28 membres élus pour 6 ans, par l'assemblée

générale composée par des membres des autorités organisatrices françaises. Il a pour

mission de regrouper les Autorités Organisatrices du secteur transport, de les représenter

auprès des ministères et des collectivités locales, de les conseiller et de favoriser des

échanges entre ses membres. Par ailleurs il réalise des enquêtes et des études, sur les

thèmes, de l'organisation et de l'évolution des déplacements, sur l'aménagement urbain, sur

l'environnement, sur la qualité de service, sur la politique de la ville, sur la tarification, sur

la politique générale des transports et plus particulièrement sur les conditions de travail, la

sécurité des déplacements, la politique salariale et le financement...

En novembre 1994, les rencontres nationales du GART à Saint-Etienne avaient pour

thème : “ consommateur - citoyen : le ticket gagnant ”. Le GART s'était associé pour

l'occasion au CERTU 100 afin de préparer l'atelier sur la “qualité de service dans les

transports collectifs”, dont les principaux intervenants étaient : Serge Monnier, Président

du district du Puy-en-Velay, Jean-Pierre Gabriel, secrétaire général du district de Dijon,

Claude Quin, du conseil général des Ponts et Chaussées, etc. Il est ressorti du congrès que

la qualité est un enjeu multi-partenaires : Les utilisateurs, l’Autorité Organisatrice,

l’entreprise et son personnel, et l’Etat. Les objectifs mis en avant en matière de qualité

sont de parfaitement connaître les attentes des usagers et d’être très précis avec

l’exploitant. C’est-à-dire, lui fixer des objectifs techniques, mais aussi des objectifs

d’accueil, de confort, de sécurité...

100Centres d’Etudes sur les Réseaux, les Transports, l'Urbanisme et les constructions publiques,

dépend du ministère de l'équipement du logement et du tourisme.

133

L’exploitant est représenté par l’Union des Transporteurs Publics (UTP). Créé en 1899

sous le nom de Syndicat Professionnel de Tramway, il devient l’Union des Transports

Publics Urbains et interurbains (UTPUR), puis l’Union des Transports Publics en 1981.

C'est un syndicat professionnel, regroupant les entreprises de transport public urbain de

voyageurs en France, dont la RATP et la SNCF101. Il assure la défense des intérêts

collectifs économiques des entreprises adhérentes et le développement du transport public

de voyageurs en France et en Europe. Il représente la profession auprès des instances

nationales de décision, pouvoirs publics et administrations, associations d’élus et au sein

des différentes instances européennes (EuroTeam, Comité Union européenne de l’UITP -

Union internationale des transports publics, Comité européen de normalisation). Il négocie

et gère la convention collective de la branche, réalise des études et édite des données

statistiques annuelles relatives à l’activité des entreprises de la branche, ainsi que le

mensuel Transport public, revue de référence du secteur.

Depuis le mois d’octobre 1995, l’UTP organise des groupes de travail autour du thème :

“ la qualité du service ”. Un des groupes travaille sur “ la gestion de la qualité de service ”,

un autre sur “ la définition de la qualité ”, un autre sur “ la qualité de service dans les

relations contractuelles ”.

Le congrès de Tours (1994) et divers articles dans “ Transport Public ”102 abordent le

thème de la qualité.

• Le groupe de travail sur “ la gestion de la qualité de service ” propose à plusieurs

réseaux de réfléchir sur diverses démarches qualité dans les services (France-Télécom,

Sodexho, etc)

• Le groupe de travail sur “la définition de la qualité de service” envisage de

travailler sur la mise en place d’une démarche qualité, et plus précisément :

101 Ses membres sont les responsables des réseaux français, comme son président qui est Michel

Cornil, le président directeur général de la Société Lyonnaise de transports en Communs (SLTC), ou

son vice président, Philippe Segrétain, président de TRANSDEV.

102 Notamment le numéro de septembre 1994.

134

- la définition des termes : qualité de service attendue, voulue, réalisée et perçue

- les différentes démarches qualité et les grandes étapes

- une liste des écueils à éviter, à partir des différentes expériences de chacun

- des outils de mesures de la qualité de service.

Au niveau international, l'Union Internationale des Transports Publics (l'UITP) a choisi la

gestion de la qualité comme un des thèmes de son congrès biennal de 1995 (mai - juin à

Paris). La qualité y est abordée pour le transport régional et pour les métros.

En France, le secteur est concentré, un petit nombre de groupes gèrent ou apportent une

assistance technique à de nombreux réseaux, soit directement, soit par l'intermédiaire de

filiales locales.

Environ 75%103 du marché est détenu par trois grands groupes Keolis (38%), Connex

(23%) et Transdev (15%). Le reste est détenu par des groupes privés familiaux (Verney,

Gallienne), une association (Agir) et une filiale de la SCETA (Cariane).

La SNCF a acquis VIA-GTI en 2000. La fusion entre VIA et Cariane a donné Keolis.

Ainsi la SNCF est devenue un "poids lourd" du transport public urbain. En Ile de France,

le Transilien est le deuxième opérateur de transport public. En Province, Keolis se classe

premier des groupes en exploitant 145 réseaux dont Lille, Tours, Rennes et Lyon. Ces

réseaux sont essentiellement des sociétés anonymes.

Transdev, filiale de C3D (Caisse Des Dépôts et Développement), elle-même filiale de la

CDC (Caisse des Dépôts et Consignations). En Ile de France, Transdev est au troisième

rang104 et exploite 80 lignes (Essonne et Seine et Marne). En Province, ce groupe gère 85

réseaux dont ceux de Grenoble, Nantes, Strasbourg et Montpellier. Groupe semi-public

103 Source UTP, 2002

104 Le montage financier du début 2002 avec la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) lui

permettra de se positionner plus favorablement dans un avenir proche.

135

Transdev détient des réseaux qui sont essentiellement des Sociétés d’Economie Mixte. Au

début de 2002, TRANSDEV a conclu un accord de partenariat avec la RATP.

La Compagnie Générale d’Entreprise Automobile (CGEA) est créée en 1972 par une

filiale de la société suisse Electrowatt, le groupe Paribas et la Compagnie Générale des

Eaux. En 1988, la CGEA achète la Compagnie Générale Française de Transports et

d’Entreprise (CGFTE, créée en 1953). En 2000, la CGEA est devenu Connex (groupe

Vivendi). En 2002, CONNEX a acquis les activités des transports Verney, à l'exclusion

des agences de voyages.

En Ile de France, le trafic de voyageurs de Connex est le plus important du trafic des

groupes privés. Son activité concerne tous les départements de la seconde couronne, avec

près de 300 lignes. En province, Connex assure l'exploitation de 90 réseaux dont

Bordeaux et Nice.

L'association AGIR (Association pour la Gestion Indépendante des Réseaux de transports

publics) regroupe des entreprises exploitant des réseaux sans l'assistance de l'un des 3

grands groupes. L'association réunie environ 11% des réseaux membres de l'UTP, dont

Marseille, Poitiers, la Rochelle et Troyes.

Dans les groupes prestataires, de nombreuses démarches qualité sont en cours. La stratégie

des groupes est de maîtriser la qualité et d'en faire un outil de différenciation par rapport à

leurs concurrents, tant sur le plan intérieur que sur les marchés européens et mondiaux.

Deux types de démarches se développent : d'une part, au niveau des réseaux (comme

Grenoble), d'autre part au niveau des groupes (de manière plus prospective). Ces derniers

entreprennent des démarches qualité internes relevant de la responsabilité de l'entreprise,

car ils souhaitent tenir l’Autorité Organisatrice loin de ces considérations.

La Fédération Nationale des Associations des Usagers des Transports ou FNAUT

regroupe 150 associations à caractère national, régional et local. Ces associations assurent

136

la défense des usagers et agissent pour l’amélioration, le développement et la promotion

des transports en commun, urbains, interurbains, régionaux et ruraux. Elles tentent, par

exemple, d’obtenir de meilleures conditions de déplacements aux handicapés, aux

cyclistes et aux piétons.

Le rôle de la FNAUT est de coordonner les actions des différentes associations et de les

représenter auprès des pouvoirs publics, des entreprises, et des organismes professionnels

des transports. Elle est représentée au Conseil National des Transports (CNT), aux

conseils d’administrations de la SNCF, de la RATP et au Conseil National de la

Consommation. Elle informe les usagers et contribue à la rédaction de la revue

“ Transports Urbains ” du Groupement pour l’Étude des Transports Urbains Modernes

(GETUM).

137

Partie III : L'appropriation de la qualité par

les acteurs du transport public urbain.

138

L'instant de la coproduction du service, entre l'entreprise et le client est un moment

capital qui existe à un instant t. Le service n'étant pas stockable, le travail en amont de sa

réalisation est primordial. Notre étude porte, donc, sur les deux acteurs principaux de la

production du service transport, c'est-à-dire l'entreprise de transport et l'autorité

organisatrice. Nous avons voulu identifier tout ce qui était mis en œuvre par les acteurs du

système transports en commun urbain pour améliorer la production du service, c'est-à-dire

comprendre comment la qualité se diffuse dans une entreprise de transport et dans la

relation contractuelle et partenariale entre l'autorité organisatrice et l'exploitant.

Nous étudierons, donc, les démarches qualité des réseaux du groupe TRANSDEV. Nous

observerons les actions qu'ils mettent en place et les indicateurs qu'ils construisent. Ce

travail sur les outils va nous permettre de caractériser la qualité réalisée par les réseaux et

leur degré de compréhension de celle-ci. C'est-à-dire comment la mise en place d'enjeux

qualité contribue à modifier la culture d'entreprise, l'organisation du travail et les métiers.

Nous travaillerons ensuite sur la qualité contractuelle, c'est-à-dire sur l'introduction de la

notion dans les conventions et les cahiers des charges. Nous caractériserons, ainsi la

qualité voulue, c'est-à-dire toutes les obligations et les engagements pris par les parties

lors de la signature du contrat.

Cette photographie de la qualité voulue et de la qualité réalisée nous conduira à réaliser

une typologie des réseaux du groupe quant à leur niveau d'approche de la qualité. Puis

nous mettrons en perspective ce que nous aurons défini en matière de qualité voulue et de

qualité réalisée, afin de comprendre ce que la qualité modifie dans les relations entre

acteurs et surtout, quelles types de relation permettent à la qualité d'exister.

Mais avant cela, nous définirons ce qu'est un réseau et comment se construit le transport

urbain puis, dans un deuxième temps, nous verrons comment la qualité peut intégrer un

réseau et avec quels outils.

139

Chapître 1 : Un réseau de transport urbain et la qualité

1. 1 : Les grandes étapes de la vie d'un réseau.

L'organisation d'un réseau de transports en commun urbain peut se décomposer

chronologiquement. Nous avons distingué cinq grandes étapes qui vont nous permettre de

décrire un réseau et les rôles des différents acteurs : Définition du réseau, définition du

service, définition des besoins, production du service et évaluation du service.

La définition du réseau est fixée par contrat (conventions et cahiers des charges) négociés

entre l'autorité organisatrice et l'exploitant. Les conventions fixent juridiquement les droits

et les devoirs des parties mais sont le reflet des priorités politiques de l'autorité

organisatrice. La notion de qualité dans les conventions est différente de celle présente

dans les cahiers des charges. En effet, celui-ci émane plus particulièrement de l'exploitant.

Il engage ce dernier, sur les moyens à mettre en œuvre pour réaliser le service de transport

urbain dans les termes définis par la convention.

La définition du service est élaborée par le département exploitation ou études du réseau, à

partir de divers éléments fournis par les autres départements de l'entreprise et par les

acteurs externes. Cette offre est bâtie à partir du graphicage et de l'habillage.

Le graphicage est une méthode graphique définissant pour chaque ligne les départs et les

fréquences de passage des bus aux différents points d'arrêts du réseau. Il est basé sur la

demande de transport (nombre de voyageurs à transporter, la quantité de voitures à mettre

en ligne, etc) déterminé par le département marketing (par enquêtes ou par sondages) et

par les contrats (qui peuvent imposer certaines dessertes, certains horaires, etc). Il

détermine un nombre de journées agents, de voitures et de kilomètres.

Cette phase est suivie de l'habillage des horaires qui est lui aussi réalisé par le département

exploitation ou le service études du réseau. A partir des données fixées par le graphicage,

l'habilleur va déduire les horaires de travail des conducteurs dans le respect des conditions

de travail (nombre d'heure de travail, place et durée des repos obligatoires, etc). Les

différents services sont ainsi créés : services du matin, de l'après-midi, les services en deux

140

fois (qui permettent de couvrir les heures de pointes du matin et du soir par exemple), etc.

C'est le tableau de marche.

Au quotidien, le régulateur de la ligne ou le responsable d'exploitation gère les véhicules

en mouvement, les événements et perturbations quotidiennes (défaillances du personnel,

du matériel, des embouteillages, des travaux, etc) avec les moyens techniques dont il

dispose. Il doit assurer l'exploitation la plus conforme possible aux tableaux de marche.

La définition des besoins est déterminée par les départements exploitation et ressources

humaines. A partir des nécessités de l'exploitation mises à jour par les tableaux de marche,

les deux départements vont déterminer le nombre de personnel utile (conducteurs,

contrôleurs, etc) à la bonne marche de l'exploitation.

Le département exploitation élabore les grilles de repos et les tableaux de roulement à

partir des tableaux de marche. C'est-à-dire qu'il affecte des conducteurs aux services

définis. Avec l'aide du service ressources humaines, il définit les niveaux de qualification

nécessaires et les besoins en formation. Ce dernier gère les effectifs de l'entreprise

(recrutement, etc) et les évolutions de carrière.

Ces trois phases : définition du réseau, définition du service et définition des besoins

constituent l'offre de transport. C'est un processus complexe, très morcelé, qui mobilise de

nombreux acteurs. Les diverses opérations sont réalisées à des niveaux et par des services

et des département différents. La lisibilité du processus est donc loin d'être évidente. Peu

de personnes ont une vision complète du processus dans son ensemble et en particulier les

conducteurs.

La production du service est le "moment de vérité" de Jan Carlzon. Celui où l'entreprise et

le client se rencontrent et produisent ensemble le service. La coproduction du service est

donc la rencontre entre deux mondes, deux attentes, deux objectifs.

Le client arrive à l'instant t de la production avec ses attentes, à chaque fois différentes.

141

Une femme qui rentre de son travail en semaine et la même femme qui rentre chez elle un

samedi les bras chargés de paquets n'a pas les mêmes besoins. Dans le premier cas, sa

priorité sera d'avoir un bus rapidement. Dans le deuxième cas elle souhaitera sûrement

d'abord une place assise. Les attentes sont multiples, et les priorités toujours différentes.

C'est à l'entreprise d'anticiper et de gérer cette rencontre. Elle prépare la réalisation de ce

service à partir de ses objectifs de productivité et de rentabilité.

L'évaluation du service est faite par le client qui porte un jugement sur le service qui vient

de lui être rendu. Ce jugement est rarement basé sur le dernier service rendu. En général, il

donne son avis à partir de son approche globale des transports en commun urbain.

Aujourd'hui l'image des transports en commun urbain ne leur est pas très favorable, le

client a alors certaines difficultés à ne parler que du dernier voyage, même si celui ci s'est

bien passé.

Cependant l'entreprise doit savoir évaluer le service rendu avec le plus d'objectivité

possible. C'est-à-dire, savoir identifier les évaluations réelles faites par la clientèle afin

d'adapter le service à ses attentes et à ses objectifs internes de productivité. C'est le travail

du département marketing. Cela permettra d'ajuster le service rendu aux évolutions des

attentes des clients.

142

Les rôles des différents acteurs au cours des 5 grandes étapes de vie d'un

réseau.

Etapes Acteurs Rôles

Définition du

réseau

AO,

Entreprise,

Clients

L'AO105 et l'entreprise négocient la définition du service,

chacun avec ses objectifs et ses capacités.

Définition du

service

Entreprise L'entreprise définit le service qu'elle souhaite rendre, à

partir de ses objectifs internes de productivité, de ses

ressources et de sa maîtrise de la qualité

Définition des

besoins

Entreprise L'entreprise détermine les moyens humains, techniques

et matériels à mettre en œuvre pour réaliser le service

défini

Production du

service

Entreprise,

Clients

Coproduction du service

Evaluation du

service

Entreprise,

Clients

L'entreprise doit déterminer la perception du client afin

d'ajuster sa production du service.

1. 2 :La qualité dans un réseau de transport urbain

1 .2. 1. : La stratégie d’un groupe de transport

Dans ce paragraphe, nous présenterons la stratégie qualité, mise en place par le groupe

TRANSDEV et les différents outils pouvant être mis en œuvre par les réseaux de

transports en commun urbain.

105 L’autorité organisatrice

143

Certains réseaux du groupe Transdev font de la qualité localement, notamment des

réseaux interurbains, comme les Courriers de l’Aube, VEA (desserte d’Eurodisney) et

également des réseaux urbains comme Nantes, Orléans, Toulouse ou Bayonne, etc. Il ne

s’agit pas toujours de démarche globale impliquant toute l’entreprise. Ce sont souvent des

démarches débutantes, c’est-à-dire des mises en place d’actions d’amélioration de la

qualité souvent isolées émanant d’un service de l’entreprise.

Le groupe a élaboré une véritable stratégie de développement dans le souci de répondre

aux exigences européennes, de moderniser les services publics et de lutter contre la

concurrence imposée par la loi Sapin. L’idée est de rester “à niveau ” pour pouvoir

répondre aux appels d’offre et remporter des marchés français et internationaux.

Il a voulu fédérer ces démarches et motiver l’ensemble des réseaux du groupe afin de créer

une dynamique qualité cohérente autour d’une “ politique qualité groupe ”106.

TRANSDEV a pris conscience de l’enjeu représenté par la qualité vers le milieu des

années 90 à cause des exigences nouvelles des appels d'offre. Le groupe a beaucoup

travaillé à partir de l'expérience de Grenoble, avec l'aide de Christine Ponsetti107, de

François-Xavier Perrin108 et du groupe de travail "qualité de service" de l'Union des

Transporteurs Publics, auquel le responsable marketing du groupe, Roger Mastio, a

participé.

Denis Suchet, chargé de mission à la Direction des Etudes et du Conseil (DEC), a précisé

les grandes orientations du groupe aux différents directeurs et responsables d'exploitation

lors de plusieurs interventions regroupant ces derniers et notamment lors du Groupe de

métier exploitation interurbaine109, à Troyes les 21 et 22 mai 1996 :

106 A partir de 1995, C.F. suite du texte.

107 Responsable qualité du réseau de Grenoble (SEMITAG), mais salariée du groupe TRANSDEV.

108 Directeur général du réseau de Grenoble.

109 Les groupes de métiers regroupent tous les responsables d'un métier par taille de réseau. Ainsi il y

a des groupes de métiers exploitation, marketing, informatique, etc. Pour le métier d'exploitant, il y a

3 groupes de métiers en onction de la taille des réseaux : les grands réseaux, les villes moyennes et les

réseaux interurbains. Il y a aussi les journées des directeurs qui regroupe tous les directeurs de

144

" Poursuivre les actions d’amélioration de la qualité de service existant dans tous

les réseaux et les fédérer dans une approche qualité (conditions préalables) et

anticiper les demandes des Autorités Organisatrices en terme de qualité

contractuelle en préparant des conventions ad hoc, intégrant des critères de l’une

ou l’autre des deux premières démarches110. […] Il est important de ne pas passer

à coté de la certification qui pourrait constituer à terme, un critère de présélection

dans les appels d’offres."

Ce type de réunion permet d'échanger des expériences exemplaires, comme la démarche

qualité à Grenoble, la mise en place du Système d'Aide à l'Exploitation à Chalon, la lutte

contre la fraude de Toulouse. C'est aussi pour le groupe, l'occasion de présenter sa

stratégie ou des outils qu'il juge importants pour les réseaux, comme les indicateurs

qualité, par exemple, présentés par le responsable marketing du siège.

La politique qualité de TRANSDEV s'articule autour de quatre objectifs :

- Les entreprises du groupe doivent mieux servir leurs clients, afin d'en conquérir de

nouveaux et de les fidéliser. Dans un contexte économique difficile où le développement

quantitatif de l'offre s'essouffle, ce premier objectif devient primordial.

- Les performances économiques des entreprises doivent être améliorées grâce à un

management plus efficace, visant à motiver le personnel et à valoriser ses compétences.

- Il nous faut démontrer aux collectivités locales notre capacité à aller au-delà de leurs

exigences de qualité, en innovant au travers d'engagements contractualisés sur la

qualité, intégrant la dimension financière. Cette voie devrait permettre d'éviter toute

mise en place autoritaire de normes.

- La stratégie constitue aussi un enjeu stratégique majeur au plan commercial. De fait,

l'alternative s'exprime ici de façon dichotomique : accroître nos avantages

réseaux. Ces groupes de travail sont accueillis par les réseaux du groupe, à tour de rôle et sont des

lieux de travail et d'échange entre les réseaux et entre le groupe et les réseaux. 110 Grenoble et Courriers de l'Aube (réseau interurbain basé à Troyes)

145

concurrentiels face aux autres groupes par une politique de qualité ou se faire

disqualifier pour "non-qualité"111.

L’approche proposée par le groupe se décline en trois dimensions :

La qualité de service à la clientèle,

La qualité conventionnelle,

La qualité fonctionnelle.

La qualité de service à la clientèle est à la fois l’origine et l’aboutissement des actions

qualité. En effet les actions sont bâties à partir des besoins identifiés auprès des clients.

C’est la satisfaction des besoins des clients qui sanctionne ces démarches. Cette première

dimension a été construite à partir des travaux de B. Averous et de la norme AFNOR.

L’idée est de construire une démarche participative et d’associer tous les acteurs :

personnel, client, autorité organisatrice. Le groupe incite les réseaux à s’engager à l’aide

de “ charte ” et de démarche de certification AFNOR.

La qualité conventionnelle doit garantir un certain niveau de qualité.

"L’enjeu d’une démarche qualité est une reconnaissance de la part de l’autorité

organisatrice. On fait primer ici, le client “ le plus important ”, mais indirectement on va

satisfaire les autres"112.

Le groupe incite à la définition de critères précis dans les contrats, des mécanismes

financiers (type bonus malus) incitatifs, et des contrôles qui permettront d'atteindre et de

garantir ce niveau.

"Les demandes de qualité des autorités organisatrices évoluent. Il faut les traduire sous

forme de :

- taux d’échec

111 La politique qualité de TRANSDEV, Hervé de la Morsanglière, responsable d'exploitation,

Direction du développement, janvier 1998.

112 Intervention de Denis Suchet, Chargé de mission au Département des Etudes et du Conseil lors du

groupe de métier exploitation interurbaine à Troyes les 21 et 22 mai 1996..

146

- taux d’engagement, c'est-à-dire de “ garantie de service ”

car aujourd’hui les critères sont techniques, demain ils seront tournés vers les usagers.

L’autorité organisatrice confie l’exécution des services à un exploitant, elle va vouloir

effectuer des contrôles, souvent par l’intermédiaire d’un tiers, type SCETA d’où

l'importance :

- de s’auto-contrôler à priori et à posteriori.

- de se doter d’une capacité de discuter et d’étager la qualité du service."113

La qualité fonctionnelle englobe tout ce qui se passe en amont de la production du service,

c'est-à-dire ce qui sur le plan de l’organisation des processus et des procédures concourt à

produire un service sans défaut à un coût optimal. La qualité va modifier l'organisation du

travail et des processus. Le management de personnes a alors pour mission de motiver et

de valoriser les compétences.

Le groupe et plus particulièrement les responsables marketing et exploitation du siège,

ont travaillé sur un plan qualité. Celui-ci s'articule autour de 3 axes :

"- promouvoir la qualité au sein des réseaux du groupe. Le groupe souhaite

communiquer sur la qualité et inciter les réseaux à s'engager dans des démarches qualité,

grâce au développement d'outils qualité groupe.

- développer des relations privilégiées avec l'autorité organisatrice, en s'engageant

contractuellement sur des actions qualité et sur des indicateurs qualité.

- valoriser les initiatives et la créativité, en communiquant les initiatives sous formes de

fiches pratiques, en présentant les démarches au sein des groupes de métiers."

Cette approche tridimensionnelle, nous gène puisque que nous considérons que la

première dimension englobe les deux autres. La qualité de service au client englobe la

qualité conventionnelle et la qualité fonctionnelle. Chacune étant une étape de la qualité

113 idem.

147

du service au client. Mais sachant que l’objectif de la qualité est le client et non pas la

production elle même, nous ne pouvons concevoir, une terminologie qui dissocie les

clients, des contrats et de le production. Toute entité en amont de la réalisation du service

doit donc être intégrée en une seule et même entité ; la qualité du service au client.

Le plan qualité du groupe n’est qu’un élément stratégique et en aucun cas un outil

didactique appropriable par les réseaux. Bien qu’impulsé par les réseaux, ce plan est une

première approche de la qualité. La mission qualité repose sur le travail du responsable

marketing, Roger Mastio et du responsable d'exploitation, Hervé de la Morsanglière. La

responsabilité de cette mission appartient au responsable d'exploitation et est contrôlée par

le directeur général du groupe.

1 .2. 2. : La qualité dans l’organisation interne d’un réseau de

transport urbain.

La qualité est appréhendée différemment au sein d’un même réseau en fonction des

métiers. Les services exploitation et marketing ont deux approches différentes, parfois

indépendantes mais pourtant, complémentaires. Ces deux services sont ceux qui abordent

en général, en premier, la qualité dans une entreprise de transport.

L’élaboration d’une démarche qualité au sein d’un service marketing est une démarche qui

intervient en temps différé114 c’est-à-dire avant la réalisation du service.

Le service marketing va chercher à définir, dans un premier temps, le service attendu par

le client. Pour cela, de nombreux outils existent : les enquêtes de fréquentation, d’origine-

destination, etc et ce qui va permettre de déterminer les besoins et les habitudes des clients

tant réguliers qu’occasionnels.

114 cf B. Averous dans le modèle CYQ

148

Dans un deuxième temps, le service marketing va mettre en œuvre la politique marketing

et travailler à l’élaboration et la mise en œuvre de l’information et de la signalétique, la

gestion des réclamations, création et gestion des ventes de billets et des dépositaires, etc.

Dans un troisième temps, il va mettre en place des actions ponctuelles d’amélioration de la

qualité, par exemple des opérations promotionnelles tarifaires accompagnant un

événement (fête de la musique par exemple), des opérations de sensibilisation des jeunes

au respect (stages de foot avec des conducteurs, dans les écoles ou des quartiers dits

difficiles).

L’élaboration d’une démarche qualité au sein d’un service d’exploitation intervient en

temps réel, c’est-à-dire au moment où s’établit la relation de service entre l’entreprise et le

client.

Le service exploitation va, dans un premier temps, définir le service qu’il désire rendre à

partir de données marketing (le service voulu par le client) et de ses contraintes

techniques. Puis, il va mettre en œuvre sa politique d’exploitation, c’est-à-dire organiser la

circulation des bus (gestion des conducteurs, respect des horaires, des fréquences...) et

respecter le cahier des charges en matière de propreté, de maintenance...

Dans un deuxième temps il va s’assurer du bon déroulement de l’exploitation grâce au

tableau de bord. Outils qui contiennent de nombreuses mesures de l’exploitation : taux de

pannes des véhicules, taux de charges des bus, respect des horaires, propreté des bus,

nombres de kilomètres réalisés, nombres de conducteurs...

Dans la plupart des réseaux que nous connaissons ( C.F. chapitre 3) , les objectifs et les

actions mis en œuvre restent inhérents à la logique des services concernés. Le service

exploitation, par exemple, recherche à améliorer la productivité. Lorsque se pose la

question de la qualité globale, se pose aussi celle de l'articulation entre les pratiques et les

modes d'actions de ces services entre eux. Est-ce que l'approche se fait par ajustement

entre les deux services ? Ou y-a-t'il une réflexion globale de l'entreprise sur la production

du service ? Ces questions sont fondamentales pour appréhender efficacement la qualité à

l'échelle de l'entreprise.

149

1 .2. 3. : Les outils de la qualité

1. 2. 3. 1. : Les outils d’accompagnement d’une démarche qualité

interne à l’entreprise

Outre le concept de contrôle qualité que nous avons abordé dans le premier chapitre, les

outils d’accompagnement d’une démarche qualité interne à l’entreprise ont évolué. On

parle successivement de maîtrise de la qualité puis de qualité totale et enfin de

management de la qualité.

La maîtrise de la qualité permet de piloter un processus et d’éliminer les non-conformités

ou déviations par rapport à ce qui est attendu. C’est-à-dire qu’elle développe des

techniques de prévention qui permettent de minimiser la correction. Le contrôle est une

opération de maîtrise de la qualité à un stade donné du processus qui détermine si les

résultats obtenus à ce stade sont conformes aux exigences spécifiées. Les méthodes et les

outils utilisés sont pour la plupart des méthodes statistiques destinées à identifier les écarts

de production : diagramme de Pareto, le diagramme cause à effet d’Ishikawa, les

histogrammes, les relevés d’observations, etc, mais aussi des analyses fonctionnelles, de la

valeur. La maîtrise de la qualité identifie l’importance du rôle de la direction et plus

particulièrement de la hiérarchie opérationnelle.

“ La qualité totale nécessite la mobilisation permanente de tout le personnel pour

améliorer la qualité des produits et des services, l’efficacité du fonctionnement, la

pertinence des objectifs en relation avec l’évolution de l’environnement. ” [J. Chové,

1992]. Elle englobe la maîtrise de la qualité et l’assurance qualité. A l’inverse de la

certification qui est figée dans le temps, la qualité totale a pour vocation d’être dynamique.

Cette démarche passe tout d’abord par un projet d’entreprise soutenu par la direction. Son

implication est primordiale. Le développement des capacités humaines vers l’objectif

qualité sous-entend la sensibilisation, la motivation, la mobilisation et l’équité des

personnels. Les outils les plus utilisés sont la formation, l’objectif du zéro défaut et les

cercles de qualité qui permettent de mobiliser les équipes autour d’un projet commun et de

faire évoluer les méthodes de travail et les objectifs vers la qualité.

150

Le management de la qualité est effectué par l’ensemble de la fonction générale de

management. Il détermine la politique qualité, les objectifs et les responsabilités et, les met

en œuvre.

Le management total de la qualité est une extension du concept de management de la

qualité. C’est la participation et la motivation de tous les membres d’un organisme dans

son intérêt et dans celui de son environnement.

Le système qualité est “ l’ensemble de l’organisation des procédures, des processus et des

moyens nécessaires pour mettre en œuvre le management de la qualité ” (ISO 8402).

Les documents relatifs au système qualité sont le manuel qualité, le plan qualité, les

procédures et différents documents opérationnels tels que les consignes, les modes

opératoires, les comptes-rendus, les instructions, etc.

Le manuel qualité définit la politique qualité et décrit le système qualité. C’est un

document de gestion interne à l’entreprise. Il fait référence à l’ensemble des documents

qualité applicables dans l’entreprise.

Le plan qualité définit les pratiques et les moyens liés à la qualité d’une activité.

Pour chacun des documents, il existe son pendant en assurance qualité. Ce sont des

documents externes bâtis à partir de leurs homologues internes, qui sont destinés à la

certification : le manuel d’assurance qualité, le plan d’assurance qualité.

Les procédures comprennent l’ensemble des règles écrites propres à une activité. Elles

comportent généralement “ l’objet et le domaine d’application d’une activité, ce qui doit

être fait et qui doit le faire, quand, où et comment, quels matériels, quels documents

doivent être utilisés et comment cela doit être maîtrisé et enregistré ” (ISO 8402).

1. 2. 3. 2. : Les outils de la certification

A partir de 1950, aux Etats-Unis apparaît le concept d’assurance qualité appliqué en

premier lieu aux secteurs spatial et nucléaire. Il s’est étendu à tous les secteurs :

industriels, tertiaires et administratifs grâce aux normes ISO 9000. On est passé

151

progressivement du simple concept de contrôle qualité du produit à l’assurance de la

qualité pour les produits ou services et enfin au management de la qualité.

La certification est une attestation reconnue au niveau national ou international,

garantissant l'aptitude d'une entreprise à produire un produit ou un service de qualité.

Les principaux acteurs de la certification sont principalement le COFRAC et l'AFNOR.

Les outils de la certification, c'est-à-dire les normes sont éditées par l'ISO au niveau

international et par l'AFNOR au niveau national.

En France, le COFRAC est une association sans but lucratif qui accrédite les sociétés qui

délivrent la certification. Ses membres peuvent être toute personne intéressée par son

activité : des professionnels, des groupements de professionnels ou de consommateurs, des

représentants de l'état, des représentants des acheteurs publics ou des groupements des

accrédités. En avril 1994, les pouvoirs publics mettent en place le COFRAC, sur

l'initiative de l'ensemble des opérateurs économiques. Il est conçu en tous points

conformes aux exigences européennes et internationales et permet aux laboratoires et

organisations qu'il accrédite d'apporter la preuve de leur compétence et de leur

impartialité. Il est une référence en matière d'accréditation des organismes de certification

en France, en Europe et dans le monde..

En France il existe plusieurs organismes certificateurs comme l’A.F.A.Q., BVQI (filiale

du Bureau Véritas), UTAC, LOYDDS, pour les principaux.

Organisme à but non lucratif créé en 1988, l'AFAQ évalue et certifie les systèmes de

management de la qualité et environnementaux des entreprises ainsi que les personnels

ayant vocation à procéder aux évaluations de systèmes. Jusqu'au début de 1996, l'AFAQ

bénéficiait d'un monopole sur le marché de la certification en France. Ces certifications et

évaluations sont réalisées au regard des exigences internationales en vigueur ou aux

référentiels existants qu'AFAQ a validés. AFAQ implique dans ses activités les

152

professionnels représentant à la fois les acheteurs tels que Nestlé, Seita, Renault ou Elf

Aquitaine, et donneurs d'ordres, les fournisseurs et les organisations techniques tels que

l'AFNOR, le Mouvement Francais pour la Qualité (MFQ), le DQA-Armemement et les

représentants des différentes formations (batiment, carroserie, plasturgie...). Ses membres

sont aussi bien de grands acheteurs, des organismes techniques,. L'AFAQ est composée de

16 comités de certification chargés de gérer les activités de certification : instruction des

dossiers, examen des résultats ...

Elle a une filiale internationale AFAQ-ASCERT International (AAI), créée en 1995, qui

lui permet de certifier des clients implantés à travers le monde dans une vingtaine de pays.

Le processus de certification en France :

Les normes nécessaires à la certification sont éditées par ISO et par l'AFNOR.

L’I.S.O.(Institut of Standard Organisation) créée en 1946 et qui siège à Genève. Il met au

point et édite les normes internationales. Il regroupe 147 pays, selon le principe d'un

membre par pays. La participation à l'ISO est ouverte aux instituts nationaux de

normalisation ou à des organisations analogues, représentatives de la normalisation dans

leur pays. Il y a d’abord les comités membres (membres à part entière), qui ont chacun une

voix. Il y a également deux catégories de membres pour les pays ayant des ressources

limitées : membre correspondant et membres abonnés. Bien que n'ayant pas le droit de

Le COFRAC

L'AFAQ BVQI UTAC

Entreprise 1 Entreprise 2 Entreprise 3

accrédite

certifie certifie certifie

153

vote, ces pays ont la possibilité de se tenir informés des faits nouveaux en normalisation.

Un membre correspondant est en général une organisation dans un pays qui n'a pas encore

entièrement développé son activité nationale en matière de normalisation La catégorie de

membres abonnés permet aux instituts de pays à économie très limitée de rester en contact

avec la normalisation internationale.

L'ISO occupe une position privilégiée entre les secteurs public et privé. La raison tient à

ce que l'ISO compte dans ses membres de nombreux instituts (pour la France c’est

l’AFNOR) faisant partie de la structure gouvernementale de leur pays ou mandatés par

leur gouvernement et d'autres organismes issus exclusivement du secteur privé, établis par

des partenariats d'associations industrielles au niveau national. L'ISO peut donc agir en

tant qu'organisation de liaison permettant d'établir un consensus sur des solutions

répondant aux exigences du monde économique et aux besoins de la société, notamment

ceux de parties prenantes comme les consommateurs et les utilisateurs.

L’Association Française de NORmalisation (AFNOR) est une organisation crée en 1926,

reconnue d’autorité publique et placée sous la tutelle du ministère chargé de l’industrie.

En tant qu'association reconnue d'utilité publique, ses grandes missions consistent à

animer et coordonner le système qui élabore les normes françaises et qui suit les travaux

européens. Elle représente et défend les intérêts français dans les instances de

normalisation. Elle édite les normes françaises et détermine celles qui sont applicables aux

techniques, aux sciences et au commerce. Cette normalisation se fait en accord avec l'ISO.

En France, les normes sont réalisée par l’AFNOR et des spécialistes du métier concerné.

Ces opérateurs sont généralement demandeur de la réalisation de cette norme. Ces derniers

apportent la connaissance qu’ils ont du métier et de l’autre L’AFNOR apporte sa

connaissance de la certification. Il est également garant de la dérive productiviste qui

pourrait tenter les opérateurs.

La certification française est basée sur les normes internationales et européennes.

154

NF est la marque de référence de la certification en France. Elle représente 75% du

volume de produits et services certifiés. Elle atteste qu'un produit ou service est conforme

aux normes françaises, européennes ou internationales qui la concernent. C'est une marque

volontaire, c'est-à-dire qu'elle correspond à une décision libre de la part du producteur ou

du prestataire, de même que le consommateur reste libre de choisir ou non un produit

certifié NF (contrairement par exemple aux normes concernant la sécurité). Ces dernières

années l'AFNOR s'est intéressée à de nouveaux secteurs d'activité et sont ainsi nées les

marques NF Environnement ( à efficacité et performances d'usage équivalente, NF

Environnement garantit un impact relatif moindre d'un produit sur l'environnement), NF

Agroalimentaire (les premières certifications concernent le jambon cuit et le saumon

fumé) et NF Service (le secteur du déménagement en sont les premiers bénéficiaires)

Il existe plusieurs types de normes : Les normes françaises (NF), les normes reproduisant

intégralement une norme européenne (NF/EN) et les normes reproduisant une norme

internationale (NF/ISO). A la différence des normes européennes, la reprise d’une norme

ISO, par l’organisme national, n’est pas obligatoire ou peut se faire partiellement.

La certification est valable par période de trois ans et l'AFAQ assure un audit annuel afin

de vérifier si le système certifié est effectivement appliqué. La procédure dure 4 mois

lorsque l'entreprise a déjà un niveau de qualité satisfaisant. Dans le cas contraire il faut

plutôt compter entre 18 et 24 mois pour procéder à la remise à niveau. Le coût d'une telle

démarche, d'après l'AFAQ, serait pour une PME de taille moyenne certifiée ISO 9002 de 6

098 à 9 147 euros (40 à 60 000 francs) la première année, puis de 1 524,5 à 2 287 euros

(10 à 15 000 francs) les deux années suivantes. Mais il faut prendre en compte dans ce

calcul les investissements liés à l'accroissement de la qualité (formation, conseil...) qui

peuvent revenir beaucoup plus chers.

155

La certification d'entreprise ou certification du système assurance de la qualité atteste

qu'une entreprise est apte à réaliser un produit ou un service conforme aux besoins de

l'utilisateur. Ce type de certification sectorise l’entreprise en entité de conception, de

production, d’installation, etc. et considère que si chaque entité réalise correctement son

travail, le produit fini sera de qualité. C’est en fait la certification de la production

L'obtention de la certification NF est une démarche volontaire qui se déroule en quatre

temps :

L'entreprise doit faire une demande auprès de l'AFNOR avec les éléments techniques

nécessaires à l'instruction de sa demande (descriptif du produit, notice d'utilisation,

plan ...)

- Le produit fait ensuite l'objet d'essais afin d'évaluer sa qualité.

- Au vu des résultats des essais, des vérifications et des audits, l'AFNOR délivre à

l'entreprise le droit d'usage de la marque NF.

- Des contrôles réguliers assureront la permanence de la conformité du produit ou du

service certifié et de l'efficacité du système qualité de l'entreprise. Des résultats non

conformes peuvent conduire à un avertissement, une suspension, voire un retrait définitif

du droit d'usage de la marque NF.

Adapté aux entreprises de fabrication de produit, cet ensemble de normes (ISO) est une

véritable garantie des moyens mis en œuvre. Cette certification concerne tous les acteurs

du secteur agricole et alimentaire et peut s'intégrer dans une démarche qualité individuelle,

collective et/ou de la filière. Ces caractéristiques portent selon le cas sur la production, la

fabrication, la transformation et, depuis la loi du 03 janvier 1994, sur l'origine. Leur

niveau d'exigences doit être supérieur à la réglementation en vigueur.

Les normes ISO ont permis de fixer un cadre à la notion de qualité. Les principales

normes sont :

ISO 9000 : Normes pour la gestion et l’assurance de la qualité (norme de terminologie)

156

ISO 9001 : Normes en conception/développement, production, installation et soutien

après vente.

ISO 9002 : Normes en production et installation

ISO 9003 : Normes en contrôle et essais finaux.

ISO 9004 : Gestion de la qualité et éléments de système qualité - lignes directrices.

Les normes ISO 9001, 2, 3 et 4 ont été adoptées en 1987 sous forme de normes

européennes et ont été incorporées à la normalisation française en 1988.

Les sociétés désirant être certifiées doivent s’aligner sur un référentiel défini par la norme

et faire l’objet d’un audit de contrôle. Le référentiel est exigeant et nécessite la rédaction et

la remise en cause de toutes les procédures de l’entreprise. Nous détaillerons le principe de

la certification en étudiant le cas de Grenoble dans la typologie des réseaux. Ce type de

certification est particulièrement adapté au secteur des produits car il est une garantie de

moyens. Or le produit est stockable (par opposition au service qui ne l'est pas), l'obligation

de moyens garantit donc la qualité du produit fini.

Le secteur des produits et des services a tout d’abord commencé par utiliser les normes

ISO. Puis rapidement leur spécificité a fixé les limites de ces normes. Aussi l’AFNOR

s’est t'elle appliquée à mettre en œuvre des normes adaptées aux produits et aux services.

La normalisation des produits et des services s’est progressivement diffusée à l’ensemble

des activités et notamment tertiaires comme le transport, les services d’assainissement,

traitement et distribution de l’eau, les services du bâtiment et travaux publics, et les

services postaux. Les services comme les produits peuvent aujourd'hui, être certifiés par

des normes créées par une profession.

La certification des services a été définie par la loi du 3 juin 1994. S'adressant à des PME,

la loi propose une démarche de certification de service par profession à l'instigation de ou

des organisations professionnelles concernées. L'AFNOR a profité de son expérience dans

le secteur des produits industriels pour lancer la marque NF-services, applicable depuis le

17 novembre 1994 aux activités de déménagement. Elle a été suivi de nombreuses

applications concernant les services de déménagement de particuliers, de garde meubles,

d'accueil et d'information des offices de tourisme et syndicats d'initiative, la formation

157

professionnelle continue, le transport de voyageurs, le service de dépannage ou le

remorquage des véhicules légers et les pépinières d'entreprises. Ce type de certification

englobe toute l’entreprise, mais la production n’est plus sectorisée comme précédemment.

L’objectif n’est plus la production elle-même, mais le client. Aussi ce type de certification

est une obligation de résultats et non plus seulement une obligation de moyens.

Datant d’avril 1997, la norme AFNOR XPX 50-805 “ qualité de service dans les

transports de voyageurs ”, a permis d’introduire la notion de résultat indispensable à la

qualité du service des transports de personnes.

Cette norme a pour particularité de proposer des outils de définition et de mesure du

service de transport, c’est-à-dire qu’elle définit les familles de critères qualité, orientées

vers le service rendu au voyageur. Elle propose une démarche de gestion de la qualité

impliquant les opérateurs et les autorités organisatrices.

Récapitulatif des grandes étapes de la démarche de certification de service. 115

Les étapes obligatoires de la démarche : Les acteurs :

� Définition de la démarche d’entreprise Exploitant

� Elaboration du “ référentiel de certification ”

- les activités concernées

- les caractéristiques du service ou performances du service

- le plan d’actions envisagé pour améliorer la qualité

l’exploitant, l’AO116,

l’administration, les

consommateurs, encadré

par l'AFNOR

� Mise en conformité du service réalisé avec les niveaux de services

voulus

Exploitant

� Certification AFNOR

115 Tableau élaboré par Hervé de la Morsanglière, responsable de l'exploitation, Direction des Etudes

et du Conseil, TRANSDEV, Boulogne, 1997.

116 L’autorité organisatrice

158

- Evaluation du référentiel de service et du dossier qualité

- Audit NF (surveillance annuelle)

- Contrôle des services sous forme de parcours voyageurs

Les étapes facultatives de la démarche :

� Contractualisation de la démarche qualité entre AO et exploitant AO et Exploitant

� Communication au public d’une “ charte qualité ” Exploitant

Les outils de mesures sont indispensables à la progression de la qualité dans une

organisation. Cependant, la mesure de la qualité de service est difficile à mettre en place à

cause de la spécificité des services. Un service est difficile à quantifier par les grandeurs

habituelles. De plus, une mesure de l’accueil, par exemple, établie dans une entreprise, est

difficilement transposable.

La norme propose des mesures du service basées sur le schéma de V. Zeithalm, A.

Parasuramau et L.L. Berry et sur les travaux de B. et D. Averous. C’est-à-dire sur la

définition des qualités attendue, voulue, réalisée et perçue. Elle a servi de base à la

construction de la norme européenne éditée en septembre 2002.

Les mesures proposées permettent à l’entreprise de situer le service qu’elle a offert par

rapport au service qu’elle voulait offrir mais également de savoir ce que le client pense du

service rendu.

Les critères de qualité retenus par la norme sont proposés par la norme c'est-à-dire par les

professionnels du milieu des transports publics urbains :

- L’information,

- L’accueil,

- La régularité - ponctualité,

- La disponibilité des équipements liés strictement au voyage (distributeurs de titres de

transport, ligne de péage, ascenseurs, tapis–roulants, etc) et ceux des services associés

(téléphone, distributeurs de boissons, friandises, distributeurs de billets, etc),

- La propreté - netteté des installations (gares, arrêts, etc),

159

- La propreté – netteté des modules de transports),

- Le confort - taux de charge,

- La sécurité,

- La fraude.

1. 2. 3. 3. : Les étapes de la certification :

- La mise en place de la démarche de certification,

- L'attribution du certificat au prestataire candidat à la certification,

- La décision d'attribution ou de refus du certificat ou de son report,

- Le suivi de l'attribution du certificat.

La démarche de certification est mise en place volontairement par une entreprise ou une

profession. Le demandeur élabore le référentiel en partenariat ou non avec l'organisme de

certification. C'est un document technique qui définit les caractéristiques du service, les

méthodes de contrôles et les engagements contractuels pris par le prestataire. Ce

référentiel est examiné, validé et publié par l'organisme de certification.

Le candidat est évalué par l'organisme certificateur à partir d'audits. Puis après l'attribution

de la certification, le candidat est contrôlé pendant trois ans, sur la validité du certificat et

sur le respect des caractéristiques certifiées. Il s'agit autant de contrôles internes (auto

contrôles) effectués par le prestataire lui-même que de contrôles externes conduits par

l'organisme certificateur.

On pourrait être amené à penser que la démarche de certification rigidifie le processus de

production. En réalité la mise en œuvre de la norme AFNOR se fait par ajustements

successifs du service. Cette certification des services décompose le service en critère

qualité pour le client et propose des outils de mesure (indicateurs) pour ajuster chaque

critère et faire ainsi évoluer le service. La Norme ISO, quant à elle, fixe la production elle-

même et ne remet pas en question le produit final.

160

Une des critiques courante de la certification est son approche bureaucratique. L'approche

par la norme AFNOR de certification des services, est plus dynamique dans le sens ou les

rôles de chacun sont repensés en fonction du client et non plus seulement en fonction du

produit. Rien n’est figé par la normalisation, au contraire, tout est remis en cause en

permanence grâce aux indicateurs mis en place. Les mesures qu’ils procurent, les

évolutions qu’ils engendrent, et les remises en question qu’ils soulèvent, permettent à

l’entreprise de répondre aux logiques du marché et aux exigences des clients. "Les

indicateurs sont les gardes fous de la certification".

161

Chapître 2 : L'analyse de la qualité : les différents types

d'enquêtes

Lorsque nous avons commencé notre travail de recherche sur la qualité dans les transports

publics, nous avons observé que la "qualité" pouvait s'appréhender à partir de différentes

approches. Fallait-il faire une typologie de la clientèle des réseaux de transport en

commun et définir la qualité attendue du service ? Ou encore faire une typologie des

démarches qualité ? Ou s’intéresser en interne aux différents outils d’amélioration de la

qualité ? Ou ne s’intéresser qu’à la certification ?

En effet, en matière de qualité, l’entreprise de transport public a plusieurs clients :

l’usager, le personnel, les actionnaires et l’autorité organisatrice.

La notion de qualité est donc complexe suivant l'acteur qui la met en œuvre. Un réseau,

choisira l'une ou l'autre de ces approches. Nous présenterons dans ce chapitre les différents

objectifs et les différentes approches de la qualité. Ce panel d’outils n’est jamais utilisé

dans son ensemble. Les réseaux utilisent l’un ou l’autre des outils en fonction des besoins

ponctuels, pour des raisons d’organigrammes et des raisons financières. Il existe rarement

de service spécialisé dans les enquêtes dans les réseaux. Les enquêtes les plus

fréquemment mises en œuvre par les réseaux sont les enquêtes de fréquentation et de

satisfaction. Les enquêtes sont souvent trop pointues et poussées pour être réalisées en

interne. Les outils informatiques et humains pour réaliser ces enquêtes sont difficilement

mobilisables en interne par une entreprise aussi ces enquêtes sont effectuées par des

spécialistes, c’est-à-dire des cabinets d’études. Ceci est vrai pour l’ensemble des groupes,

mais également pour le leader, la RATP.

Notre travail d’investigation pouvait s’orienter vers une démarche marketing et par

conséquent s’intéresser à l’usager. Les possibilités sont alors doubles. Faire une étude des

besoins des publics et de la perception de l’offre de service ou bien faire une étude de

fréquentation, de satisfaction et de perception.

162

L'étude des besoins des publics et de l’offre de service analyse la rencontre des demandes

des publics et des offres de l’entreprise. Cette étude permet de définir par exemple la

qualité attendue par la clientèle ou la qualité voulue par l’entreprise (C.F. Partie I, 3.3.3.).

Les études de fréquentation et de satisfaction portent sur les publics et les prestations

existantes. Elles permettent d’identifier les usagers et de définir leur niveau de satisfaction.

Elles aident à la conception de l’offre de transport et à son adaptation aux besoins

(nombres de bus à mettre en service par exemple, etc.). Le recueil des données se fait à

l’aide de questionnaires plus ou moins complexes remis aux clients. Cet outil peut

permettre la construction d’indicateurs performants comme les baromètres de satisfaction.

Ils sont performants s’ils sont renouvelés régulièrement. Ce type d’enquête est difficile et

coûteux à mettre en place car il nécessite souvent l'intervention d'un cabinet spécialisé

externe à l'entreprise.

Les outils pour réaliser ces deux types d'études sont multiples.

- Elles peuvent être réalisées à partir des données du réseau (lettres de

réclamations, données suivies par les services exploitation ou marketing d’un réseau de

transport, etc), à partir d’entretiens exploratoires, d’enquêtes qualitatives ou d’enquêtes

quantitatives. En fonction de l’outil choisi les résultats obtenus seront plus ou moins

approfondis. L’utilisation des données du réseau donne une amorce d'approche de la

connaissance des publics. Il est peu coûteux. Il peut être valorisant pour les agents s’ils

sont consultés.

- L’entretien exploratoire permet d’obtenir des données plus approfondies. C’est un

entretien face à face avec un client, pendant un temps donné (1/2h, 1h ou plus).

Cependant, à cause de sa lourdeur, ce type d’enquête ne peut être réalisé qu’à petite

échelle. Il peut servir à bâtir un questionnaire pour une enquête à plus grande échelle.

- L’enquête qualitative a pour spécificité d’être non directive et de porter sur des

échantillons restreints. Elle cherche à décrire l’ensemble d’attitudes ou de comportements

le plus complet possible d’une population. Elle n’a pas de vocation statistique, l’objectif

étant de recueillir l’avis des clients courants, futurs et anciens. Ce type d’enquête se fait à

partir d’entretiens individuels ou groupés, d’observations in situ, et d’analyses

sociologiques.

163

- L’enquête quantitative permet de chiffrer des faits à partir d’échantillons

représentatifs de la population. L’enquête peut être faite face à face, in situ dans la rue ou

à domicile. L’entretien face à face a une bonne qualité de réponse mais nécessite de

former les enquêteurs. L’enquête téléphonique est adaptée à une clientèle professionnelle

car il permet de prendre rendez-vous et d’obtenir un taux de réponse maximal, nécessaire

quand l’échantillon est petit. L’enquête postale correspond plus à une clientèle

individuelle mais son taux de réponse faible est peu maîtrisable.

Nous pouvions également travailler sur les employés de l’entreprise de transport. Nous

savons qu’une démarche qualité a pour objectif interne l’amélioration des processus de

production. Une étude des conséquences des modifications des processus de production

sur les différents métiers de l’entreprise analyse les différentes formations, motivations et

primes mises en place. Pour cela, les outils cités précédemment sont adaptés.

Nous pouvions travailler sur les actionnaires. Par exemple, définir les conséquences

financières de l’introduction de la qualité dans l’entreprise ou le rôle des actionnaires dans

l'introduction de la qualité.

Enfin la dernière possibilité était d’étudier les relations entre l’autorité organisatrice et

l’entreprise de transport suite à l’introduction de la qualité. Nous avons choisi cette clef

d’entrée pour travailler sur la qualité : la phase en amont de la réalisation du service.

Les deux acteurs sont responsables de la définition du service de transport. C'est la relation

entre eux, qui définit l'offre de transport en commun urbain. C'est un véritable partenariat

encadré par la contractualisation. Ces dernières années, la modernisation des services

publics, les nouvelles contraintes européennes, les exigences nationales (lois, mises en

concurrence, etc.) ont modifié le cadre dans lequel évolue les deux acteurs.

Les diverses questions qui se présentent au sujet de l'introduction de la qualité dans le

système d'acteurs tournent autour des modifications de rôles et des pouvoirs des différents

intervenants. L'organisation des transports urbains repose sur le principe de partenariat et

164

de contractualisation117. Les contrats sont issus de négociations entre les parties. Ces

négociations engendrent des compromis entre les deux acteurs. Les contrats qui résultent

de ces négociations sont alors des textes qui laissent une certaine marge de manœuvre aux

deux cocontractants. Ce sont donc des textes juridiques très axés sur les rôles et devoirs

des parties. Il ne s'agit pas ici de remettre en cause l'organisation des transports en

commun urbain, mais plutôt de comprendre dans quelle mesure la qualité est un outil de

progression pour le secteur, car elle modifie les relations entre les acteurs. Nos

interrogations portent sur la qualité dans la relation de délégation de service public et sur

l'appropriation de la qualité par une entreprise de transports en commun urbain. Si l'on

considère que la délégation de service public est une délégation de la capacité à mettre en

œuvre le service de transport urbain, comment la qualité va t'elle modifier le système

d'acteurs des transports en commun urbain ? Comment les deux coproducteurs vont-ils

s'approprier la qualité ? Quels sont les objectifs et les enjeux de chacun des acteurs ?

Auront-ils des évolutions parallèles, une approche commune, des attentes passives, en bref

qui prend l'initiative d'introduire la qualité ? Quelle forme peut-elle prendre dans les

contrats et dans les réseaux au jour le jour ?

Le réseau a un rôle un peu particulier de mise en œuvre quotidienne et de production du

service transport, c'est-à-dire d'expert. Le transport urbain a été gagné par la

problématique de modernisation des services publics. Comment la qualité, qui est un outil

issu du secteur privé, peut-elle répondre aux objectifs des services publics ? Quels sont les

modes de diffusion de la qualité dans l'organisation d'un réseau de transports en commun

urbain ?

Pour répondre à ces deux niveaux de questions, nous avons intégré le groupe Transdev en

1995 pour une durée de trois ans. Au cours desquels nous avons construit notre thèse

autour d'une double problématique de concurrence : Concurrence entre les candidats lors

des appels d’offre et concurrence entre les différents modes de déplacements :

La loi Sapin remet en cause la situation monopolistique des transports publics. L’évolution

des frontières du secteur public vers des logiques concurrentielles, oblige le transport

117 C.F. Partie II, Chapitre 1 : L'organisation institutionnelle, partenariale et contractuelle des

transports en commun urbain en France, 1.1.4. : Le principe de contractualisation.

165

public à repenser ses modes de fonctionnement. La concurrence introduit une possibilité

de choix pour l’autorité organisatrice. L’introduction de la qualité permet à l’autorité

organisatrice de faire non pas le choix au moindre coût mais de choisir le meilleur

“ rapport qualité prix ”.

La qualité permet aux transports publics de rivaliser avec d’autres modes plus flexibles,

comme la voiture particulière. La problématique de la qualité dans les transports en

commun urbain est donc liée aux politiques des déplacements urbains. La qualité peut

modifier les comportements modaux. Le transport public doit trouver des réponses

individuelles à des besoins individuels. La personnalisation du service peut-elle être la clé

pour lutter efficacement contre la concurrence automobile ?

L’autorité organisatrice et l’entreprise de transport coproduisent la qualité. Premièrement

au moment de la signature de la convention et du cahier des charges, mais également

pendant toute la durée de vie du contrat dans tous leurs échanges. Ce qui signifie que les

rôles et les responsabilités des acteurs doivent être clarifiés.

Nous proposons de travailler sur les moyens mis en œuvre par les réseaux pour améliorer

le service rendu et sur l'adéquation de ces moyens avec les objectifs des contrats liant

l'autorité organisatrice et l'exploitant.

2. 1 :Le recueil de données sur les actions et les indicateurs qualité

dans les réseaux.

Pour comprendre comment un réseau répond à son objectif concurrentiel au quotidien,

nous avons identifié la qualité réalisée118. Pour rendre compte de celle-ci, nous avons

travaillés sur les actions et les indicateurs mis en place par les réseaux urbains du groupe.

C'est-à-dire que nous avons présenté les moyens et les outils dont dispose un réseau pour

mettre en œuvre la qualité et proposer un service individualisé au plus près des besoins des

clients.

118 nous faisons référence au cycle de la qualité présenté dans la première partie chapitre III.

166

Dans un premier temps nous avons exploité une enquête réalisée par le service

exploitation du groupe auprès de tous les réseaux urbains villes moyennes (moins de

100 000 habitants) et les réseaux interurbains. Pour la thèse nous n'avons retenus que les

données concernant les réseaux urbains.

Dans un deuxième temps, nous avons nous avons enrichis cette enquête, d'une deuxième

sur les actions qualité et les indicateurs qualité. Nous souhaitions avoir une image

exhaustives des réseaux urbains du groupe. L’objet étant d’identifier les moyens mis en

œuvre par l'entreprise pour améliorer le service transport et les ajustements qu’elle

effectue pour y parvenir. C’est-à-dire pour limiter les écarts entre le service voulu et le

service réalisé.

Nous avons souhaité recenser toutes les actions d'amélioration de la qualité et tous les

indicateurs qualité par tous les réseaux urbains du groupe Transdev. Le groupe compte 36

réseaux qui ont une activité urbaine : (18 grands réseaux urbains de plus de 100 000

habitants et 18 villes moyennes de moins de 100 000 habitants). Pour les deux enquêtes,

nous avons exclu différents réseaux à partir des critères suivants :

- La situation géographique : les réseaux situés outre-mer ou à l’étranger ont été

exclus. Nous avons ainsi exclu Saint Denis de la Réunion et Londres

- Le manque de données nous a contraint à exclure Saint-Malo et Chelles de

l’échantillon. Le réseau de Saint-Malo a peu d'ancienneté dans le groupe et Transdev n’a

qu’un contrat d’assistance auprès du réseau puisqu’il s’agit d’une régie 119.

- L'impossibilité de dissocier pour un réseau les données urbaines des données

interurbaines. L'activité de ces réseaux étant essentiellement interurbaine : Sens, Auxerre

Carpentras et Briançon.

119 Régie : c’est l’autorité organisatrice elle même (ici la commune de Saint Malo) qui assure la

gestion du réseau. Elle ne délègue pas le service public, comme dans la plupart des cas à un

exploitant.

167

Nous avons donc travaillé sur 28 réseaux au total : 14 grands réseaux urbains et 14 villes

moyennes.

Les 14 grands réseaux urbains sont situés en France métropolitaine :

- 7 réseaux de plus de 300 000 habitants :

Grenoble, Nantes, Rennes, Saint-Étienne, Strasbourg, Toulouse, Valenciennes.

- 7 réseaux de 100 000 à 300 000 habitants :

Avignon, Bayonne, Limoges, Maubeuge, Metz, Montpellier, Orléans.

- et les 14 réseaux villes moyennes de moins de 100 000 habitants situés en France

hors région parisienne :

Agen, Ajaccio, Aurillac, Cagnes sur mer, Cambrai, Chalon sur Saône, Epernay, Le

Creusot, Longwy, Mâcon, Menton, Orange, Sainte Geneviève des Bois et Romans sur

Isère.

� La première enquête : les actions d'amélioration de la qualité.

Transdev a réalisé et envoyé un questionnaire, en octobre 1995 de recensement de

l'amélioration de la qualité. Cette enquête, destinée aux 17120 villes moyennes et aux

réseaux interurbains du groupe, a eu un taux de réponse de 52,94% soit 9 réseaux. Nous

avons effectué le traitement des données au cours du premier trimestre de 1996. L'objectif

était de sensibiliser les réseaux à la qualité en dénombrant les actions d'amélioration de la

qualité. Le questionnaire a été commenté lors d’un groupe de métiers121. Pendant les deux

jours qu’a duré le groupe de métier122, Transdev a présenté les réflexions du groupe dans

ce domaine. Il s’agissait de sensibiliser les réseaux au concept et aux outils qualité grâce à

120 A l'époque Saint Malo n'était pas dans le groupe, ce qui explique le chiffre 17 au lieu de 18 villes

moyennes.

121 groupe de métier : Rassemblement de tous les responsables d’exploitation ou de production des

réseaux par catégories (grands réseaux, villes moyennes et interurbains). L'échantillon est donc

constitué par : Agen, Ajaccio, Aurillac, Sens, Auxerre, Cambrai, Cagnes sur mer, Carpentras,

Briançon, Chalon sur Saône, Epernay, Le Creusot, Longwy, Mâcon, Menton, Orange, Romans sur

Isère

122 Groupe de métier exploitation des réseaux villes moyennes à Agen, les 23 et 24 octobre 1996.

168

la présentation de démarches exemplaires du groupe comme Grenoble. Pour la thèse, seule

l’enquête sur les villes moyennes nous intéresse.

Le questionnaire portait sur :

- Le recensement des actions qualité mises en place

- Les outils utilisés pour identifier les besoins de la clientèle, les méthodes de

travail orientées vers le client (les indicateurs, les normes ou formations)

- Les obligations conventionnelles en matière de qualité (bonus malus, contrôles) ?

Nous n’avons pas pu maîtriser le bon déroulement de l’enquête, de la réalisation du

questionnaire à son exploitation. Lorsque nous avons eu l’enquête en charge, le

questionnaire avait été rédigé et envoyé. De plus nous avons eu un taux de retour plutôt

faible de seulement 9 réseaux123. Nous n'avons pas pu exploiter toutes les données

recueillies lors de la première enquête car elles étaient incomplètes, caduques et parfois

indissociables des chiffres interurbains comme pour Sens et Carpentras. Cependant cette

première approche nous a servi pour construire la deuxième enquête. Les réponses nous

ont permis de préciser les questions. Quand les réponses étaient vagues, nous avons

complété les questions ou nous avons abordé différemment le sujet.

� La deuxième enquête : les actions d'amélioration de la qualité et les indicateurs qualité.

En mars 1998, nous avons envoyé un nouveau questionnaire aux 28 réseaux urbains de

l'échantillon. Nous avons enquêté sur les actions d'amélioration de la qualité et sur les

indicateurs de qualité mis en place auprès des villes moyennes (14 réseaux) et des grands

réseaux urbains (14 réseaux). Aux réseaux qui avaient répondu au premier questionnaire

(villes moyennes), nous avons fait un bilan des nouvelles actions menées et nous avons

recensé les indicateurs qualité mis en place.

Cette enquête avait pour objectif de compléter l’état des lieux effectué. Plus précisément

de rapprocher les facteurs qui influencent la mise en place de la qualité et les moyens mis

123 Agen, Aurillac, Cambrai, Carpentras, Chalon, Epernay, Longwy, Macon et Sens.

169

en œuvre par les réseaux pour améliorer la qualité de service. Nous pouvons ainsi faire un

état des lieux quant au “ comportement qualité ” des réseaux et identifier les pratiques

marketing et exploitation dans le domaine qualité à travers les outils utilisés notamment,

mais aussi le degré de compréhension et d’implication dans une démarche commune.

Les questions étaient :

- Quelles sont les actions qualité que vous avez mis en place cette année? (Les réseaux

pouvaient s'aider d'une liste non exhaustive d'actions, élaborée lors de l'exploitation de la

première enquête).

- Avez-vous des indicateurs de qualité, si oui lesquels ? Pourquoi ? Avec quelle

périodicité ?

Bien souvent, devant la pauvreté des réponses concernant la mesure, (pauvreté en terme de

nombre, mais aussi et surtout sur le fond : les indicateurs cités étaient trop souvent des

indicateurs de gestion), nous avons dû renoncer à insister sur les questions de pourquoi et

de périodicité.

Les actions et les indicateurs cités comme étant des actions et des indicateurs de qualité

nous renseignent sur l’état d’avancement des réseaux en ce qui concerne la qualité. Leur

niveau de compréhension et de capacité de mise en œuvre de la qualité. Les causes des

faiblesses des différents réseaux sont à chercher dans les conventions, c’est-à-dire dans le

comportement de l’autorité organisatrice, mais pas uniquement.

Elle a été réalisée auprès de tous les responsables d’exploitation de tous les réseaux du

groupe : grands réseaux urbains, villes moyennes et interurbains. Nous n’utiliserons les

données des réseaux interurbains qu’à titre comparatif. Nous avons rempli le questionnaire

par téléphone avec les personnes concernées par le sujet. Même si cette enquête n’a été

faite qu’auprès des responsables d’exploitation, lorsqu’il y avait des indicateurs mesurés

par le marketing, ceux-ci nous ont été communiqués. Ceci nous a permis d’avoir un taux

de réponse de 100 % des grands réseaux urbains et de 90, 32 % auprès des villes

moyennes. Trois villes moyennes ne nous ont donnés aucune information (ou 17,65% des

villes moyennes).

170

Cette enquête ayant été faite par téléphone, les interrogés n’ont pas eu beaucoup de temps

pour réfléchir. Les personnes interrogées nous ont parlés de ce qu’ils considéraient être

des indicateurs de qualité. Bien souvent, dans les réseaux, il n’y a pas d’indicateurs de

qualité identifiés comme tel, mais il y a des mesures. Lorsque nous avons posé la question

sous l’angle qualité :

Bien peu de réseaux savent ce qu’est un indicateur.

Bien peu de réseaux ont eu l’honnêteté de répondre.

La partie sur les indicateurs a permis de créer un document didactique distribué aux

réseaux afin de les sensibiliser à l’intérêt de la mesure, mais aussi de leur présenter les

possibilités qu’ils avaient en leur proposant un “ catalogue ” des indicateurs mis en place.

Et ceci en mettant en avant les plus simples, les plus judicieux, et les moins chers.

Dans la thèse, l’enquête va nous permettre de faire un état des lieux des réseaux du groupe

pour ce qui est de leur état d’avancement par rapport à la qualité.

2. 2 : La qualité dans le système d'acteurs gérant les transports en

commun urbain

Nous avons travaillé ensuite sur le système d'acteurs et plus particulièrement sur les

contrats qui lient l'exploitant et l'autorité organisatrice. Nous avons essayé de comprendre

dans quelle mesure la qualité modifie les rapports entre les deux partenaires, lors de la

signature de la convention et du cahier des charges et pendant toute la durée de vie des

contrats. Comment la qualité va t'elle se formaliser dans les contrats ? Qui va permettre

son intégration dans le service de transport en commun urbain ?

Nous avons d'abord souhaité compléter l'enquête réalisée par le cabinet OGM en 1996 :

"Historique des missions Transdev". Le cabinet a analysé dix conventions du groupe sous

l'angle de la qualité, des engagements qualité et des principes du service public. Cette

étude est insuffisante. En effet, l'analyse proposée est très limitée. Elle consiste

essentiellement à recenser des mots clés, des concepts et des engagements. L'échantillon

est restreint : dix réseaux et le choix de ces villes a été fait sur des critères non définis. De

171

plus, les réseaux n'ont pas été séparés par taille, ni par territoire géographique, alors

qu'entre un grand réseau de 350 000 habitants et un autre de 30 000 habitants, il y a de

grandes différences de moyens, dont il faut tenir compte. De plus en urbain et en

interurbain, les logiques d'exploitations sont très différentes124. L'analyse n'a porté que sur

4 cahiers des charges. Or, nous savons que c’est dans le cahier des charges que

transparaissent les obligations et/ou les engagements qualité faits par les réseaux.

Pour toutes ces raisons nous avons travaillé sur des contrats du groupe Transdev. Mais les

conventions et les cahiers des charges mentionnent très rarement le terme de qualité. Pour

identifier les motivations des contractants, il nous a fallu déchiffrer les données avec un

outil qualité performant. Nous avons donc choisi d’interpréter les conventions et les

cahiers des charges à partir de la charte des services publics125 et de la norme AFNOR126.

Il est important de préciser qu’il n’y a aucune obligation pour les contractants de rédiger

les contrats à partir de ces textes ou à utiliser les notions présentes dans les textes.

Cependant, ces textes nous paraissent être suffisamment importants dans l’histoire de la

qualité pour que l’interprétation des données soit intéressante.

Le choix de l’échantillon s’est fait à partir des critères suivants :

- Le nombre d’habitants en 1997,

- Les différents modes de transports présents dans le réseau.

Nous avons travaillé sur 13 réseaux :

- 8 villes moyennes (moins de 100 000 habitants) : Agen, Ajaccio, Cagnes sur mer,

Cambrai, Chalon sur Saône, Epernay, Longwy et Romans sur Isère.

124 En interurbain la délégation de service public se fait par ligne (plutôt que pour un réseau). Les

entreprises sont privées, le personnel est celui de l'entreprise de transport et certaines lignes

(périscolaires) sont en concurrence totale).

En urbain la délégation de service public se fait pour le réseau dans son ensemble. Les entreprises

sont entreprises publique ou semi-publiques. Le personnel est celui du réseau. Toutes les lignes sont

en monopoles pendant toute la durée de la délégation.

125 Cf Partie I, chapitre 2 : La crise des services publics

126 Cf Partie III, Chapitre 3: La qualité dans un réseau de transport urbain

172

- 3 villes de 100 000 à 300 000 habitants : Orléans (construction d'une ligne de

tramway au moment de notre étude), Strasbourg (2 lignes de tramway) et Valenciennes.

- 2 villes de plus de 300 000 habitants : Nantes (2 lignes de tramway) et

Montpellier (1ligne minibus et construction du tramway au moment de notre étude)

Nous avons choisi de ne travailler que sur le secteur urbain car, dans l’interurbain, les

logiques sont différentes. Les cahiers des charges et les conventions sont beaucoup plus

sévères en interurbain qu’en urbain et les marges de manœuvres très faibles.

Nous n’avons pas tenu compte des villes étudiées par le cabinet OGM.

Les contrats, conventions et cahiers des charges rendent compte de la façon dont

l'exploitant "vend" la qualité aux autorités organisatrices et du niveau de préoccupation de

l'autorité organisatrice par rapport à la qualité. On ne peut pas réinterpréter les exigences

de l'une ou l'autre des parties (autorité organisatrice et exploitant) car les contrats sont le

résultat d'une négociation entre les acteurs. Les négociations produisent des textes qui

laissent des marges de manœuvre aux deux parties. L'intérêt de notre travail est la mise en

perspective des contrats par rapport aux actions et aux indicateurs qualité mis en œuvre

dans les réseaux. Le rapprochement entre les deux va nous permettre d'apprécier la

conformité entre les objectifs des documents de référence et les actions mises en place.

Nous préciserons aussi les écarts et les modalités de cette mise en œuvre et la nature des

actions les plus pertinentes pour répondre aux objectifs.

C'est l'exploitant qui a la capacité de proposition et le savoir-faire. La nature des actions

nous éclaire sur ses choix et ses savoir-faire. L'adaptation entre les documents de référence

et ce qui se passe sur le terrain est fonction du degré de précision des documents de

référence. Soit les documents de référence sont imprécis et laissent la place aux

interprétations. Soit, ils sont très précis, très exigeants et laissent peu de marge de

manœuvre au réseau. Les actions sont définies en fonction des priorités de l'autorité

organisatrice, de l'exploitant, des moyens mobilisables, et de ce qui est plus facile à mettre

en œuvre.

Les actions et les indicateurs engagés par les réseaux sont essentiellement dus à leur

compétence et à leur capacité. Mais l'implication de l'autorité organisatrice va permettre

173

une intégration plus ou moins grande de la qualité. La mise en perspective des contrats,

cahiers des charges et conventions et des moyens mis en œuvre par les réseaux va nous

permettre de mieux comprendre comment la qualité peut exister dans le système de

transports en commun urbain.

174

Chapître 3 : La diffusion de la qualité dans un réseau de

transport urbain de voyageurs en France.

Nous avons présenté au chapitre 2 les différents types d'enquêtes exploités et réalisés pour

appréhender la mise en œuvre de la qualité dans les réseaux. Le chapitre 3 se propose de

restituer les résultats de ces différentes enquêtes sur deux grandes dimensions : sur la mise

en place des actions qualité au sein des réseaux et deuxièmement sur la mesure de la

qualité, c'est-à-dire sur la mise en place d'indicateurs qualité.

Notre volonté est de déterminer les méthodes de travail orientées vers le client et d'évaluer

le degré d'appropriation de la qualité de service grâce au recensement exhaustif des outils

utilisés. Pour les réseaux qui font de la certification, la démarche qualité est encadrée par

la certification. Mais peu de réseaux souhaitent être certifiés, aussi pour les autres, nous

avons observé leur travail sur la qualité, c'est-à-dire les moyens humains et techniques mis

en place : les modifications des métiers ainsi que les actions et les indicateurs qu'ils

construisent. Les diverses pratiques marketing et exploitation dans le domaine qualité nous

renseignent sur le degré de compréhension et d’implication des réseaux.

L'action qualité correspond à la mise en place d'une amélioration de la qualité du service

proposé, à un moment donné. Ce peut être une action temporaire ou une mise en place

définitive.

L'indicateur qualité est une mesure du service rendu. C'est un outil de contrôle de

l'efficacité du transport réalisé.

Ces deux outils relèvent du service exploitation mais interviennent à des moments

différents. L'action qualité correspond à la conception du service. C'est l'instant t-1. Alors

que l'indicateur qualité intervient après la réalisation du service. C'est le ressenti du client

à l'instant t+1.

A l'issu du chapitre nous proposerons une typologie des réseaux, quant à leur

comportement face à la qualité.

Au préalable les actions des réseaux s’expriment à travers la mise en place d’une politique

de formation de son propre personnel et de création de nouveaux métiers.

175

Nous travaillerons donc dans un premier temps, sur les métiers des agents en contact avec

la clientèle, puis nous détaillerons les différentes actions mises en place par les réseaux de

l'échantillon. Dans un troisième temps, nous analyserons les indicateurs mis en place par

les réseaux. Enfin nous confronterons ces différents résultats pour élaborer une typologie

des réseaux, afin de hiérarchiser les comportement qualité de chacun d'entre eux.

3. 1 : Les modifications des métiers des agents en contact avec la

clientèle

Les mesures d'amélioration des fonctions des agents en contact127 avec la clientèle mises

en place et les éventuelles primes qualité destinées aux conducteurs et aux contrôleurs ont

pour objectif la progression des relations entre l'entreprise et les clients existants. De fait,

l'introduction de la qualité modifie les métiers et les missions. Les réseaux mettent en

place des formations sur des thèmes qui concourent à l’introduction de la qualité et

définissent des missions spécifiques améliorant la qualité du service.

3 .1. 1. : La mise en œuvre des formations à la qualité dans les

réseaux.

La formation à la qualité des agents en contact avec les clients est décliné sur 5 thèmes :

L’accueil, la sécurité, le confort, la qualité et les autres actions de formation. Les 28

réseaux ont réalisés 51 actions de formations, c’est-à-dire que chaque agent de contact a

suivi 1 ou 2 formations à la qualité dans l’année. Ceci traduit une évolution considérable

quand on sait que cette catégorie d’agent se situe peu dans une perspective d’évolution de

127 Les agents en contacts avec les clients sont les conducteurs, les contrôleurs et les agents d'accueil.

176

carrière et sont de façon générale peu demandeur de formation128. Ces actions de

formations ont pour objectif de faire évoluer les métiers en fonction du service rendu à la

clientèle. Longtemps, les conducteurs étaient cantonnés dans leur rôle de chauffeur, les

contrôleurs dans celui de vérificateur et les agents d'accueil dans celui de vendeurs de

billets. Tout ceci représente autant d’éléments pour faire évoluer ces métiers techniques

vers des métiers de service.

Répartition des thèmes de formation

Thèmes des formations Actions de formation Quantité

Accueil La relation aux clients 14

Sécurité La gestion des conflits 16

Confort La conduite souple 10

Qualité La qualité 5

Autres Autres. 6

Total 51

Le choix des thèmes de formations traduit la volonté des réseaux “ de nouer le contact

avec le client ”. Les actions de formations dispensées sont relatives à l’accueil et au

confort des clients : la relation client, la gestion des conflits et la conduite souple. La

formation des agents à la gestion des conflits est également une mesure préventive de lutte

contre les incivilités. Résolument tournées vers la clientèle, ces formations ont toutes pour

but de faire prendre conscience aux conducteurs et aux contrôleurs leurs missions de

contacts et d’accueil du public.

128 BUENO LEME M., "La politique de formation professionnelle dans les entreprises de transports

collectifs urbains en France – Le cas des conducteurs d'autobus", Thèse de Doctorat sous la direction

de A. FOURNIE, Institut d'Urbanisme de Paris, Université de Paris XII Val de Marne, Novembre

1995.

177

Les formations à la qualité sont le faits de grands réseaux urbains, déjà en phase de

maîtrise de la qualité : Grenoble, Nantes et Toulouse. Ces formations sont des supports à

la mise en place de démarches qualité et ou de certification (Grenoble)

Les bénéficiaires de ces formations sont principalement des conducteurs qui assurent

l'interface entre le réseau et le client :

Les bénéficiaires de ces formations :

Les conducteurs 30

Les contrôleurs 10

Le personnel d’accueil 8

Autres ou tous 17

Total 65

Ce sont principalement les conducteurs. Ce sont eux que les clients voient le plus souvent.

Il est donc important de leur rappeler leurs fonctions d’accueil et leur rôle dans le

désamorçage des conflits. Leur rôle s'enrichit et les métiers évoluent.

3 .1. 2. : Les nouveaux métiers dédiés à la qualité.

L’exploitation de « l’enquête réseau » montre que 7 réseaux ont des agents129 qui ont en

plus de leur fonction classique130 ont une mission spécifique qui concerne l'amélioration

de la qualité. Les missions répertoriées concernent surtout la sécurité. Essentiellement

préventive, la lutte contre l’insécurité consiste à mettre plus d’agents dans les bus : des

agents de prévention à Nantes, des Correspondants Prévention Sécurité ou des "Pulsar" à

Strasbourg, une équipe de prévention à Toulouse, des agents d’accompagnements et

129 Le terme d'agent recouvre ici, les catégories de personnel d'exécution : conducteurs, contrôleurs

agent d'accueil et agent de maintenance.

130 Accueil, contrôle, etc.

178

d’ambiance à Valenciennes. Aussi diverses que soient les appellations, les missions sont

doubles :

- Préventive : “ faire de la présence dissuasive ” : agents d’ambiance

- Accompagnement de personnes (client ou conducteurs) agressées :

Correspondants Prévention Sécurité

Il n’y a pas de structure répressive. Ce rôle est laissé à la Police qui est rapidement

contactée en cas de problème grave.

Le sondage sur l'image des transports publics131 fait apparaître que l'amélioration des

services est au premier rang des priorités des français, la sécurité est au deuxième rang et

la présence du personnel au cinquième rang. Ainsi les différentes actions des réseaux sur

les personnels avec la mise en place d'agents et la formation des salariés en contact avec le

public, tente de répondre à ces attentes. La sécurité (16 formations et 7 créations de

postes) est un sujet jugé prioritaire pour la plupart des réseaux du groupe et pour certains

elle constitue une clé d’entrée pour s’investir dans la qualité. Ainsi à Toulouse, le réseau a

développé un travail de concertation entre les acteurs publics et les acteurs sociaux. Tous

les mois Jean-Jacques Arnal (ancien éducateur) anime un groupe de travail avec des

conducteurs : “ présence Semvat dans les quartiers ”. Il organise avec ceux-ci et les

différents acteurs de la ville (l’office HLM, les associations de quartiers, les collèges, les

services sociaux culturels de la ville, la justice), des événements sociaux et culturels

(cross, comédie musicale) destinés aux habitants des quartiers difficiles. Ceci répond à un

double objectif : acculturer les conducteurs à leur environnement social et socialiser les

réseaux auprès des usagers. D’autres actions de sensibilisations peuvent être évoquées,

comme les actions de sensibilisation auprès des jeunes : les conducteurs vont dans les

collèges expliquer leur rôle, présenter la SEMVAT et surtout rencontrer les jeunes. Le rôle

131 UTP, "Une vision de citoyen", Transport Public, octobre 1997, Paris

179

des conducteurs est préventif, ils participent aux actions mises en œuvre par la SEMVAT.

Par exemple, ils vont dans les collèges pour expliquer aux élèves leur métier et les

problèmes qu’engendrent les incivilités pour les conducteurs et pour les clients.

Même si pour la plupart des réseaux les modifications des métiers en vue d'améliorer la

qualité concernent surtout la sécurité, les modules de formations sur l'accueil, le confort et

la qualité en général, montrent que la démarche d’amélioration de la qualité dans les

réseaux passe par l’implication des personnels de contact.

3. 2 :La mise en place de la qualité dans la conception du service de

transport urbain.

L’exploitation de « l’enquête réseaux » montre qu’ils s’intéressent de près à la qualité de

service. 254 actions qualité pour 28 réseaux, ont été mises en œuvre ,soit une moyenne

d'un peu plus de 9 actions par réseau (hors formation).

Répartition des actions par taille de réseaux.

Nombre

d’actions

%

Moyenne

par réseau

Villes moyennes (14) 40 15,75 % 2,8

Grands réseaux urbains (14) 214 84,25 % 15,3

Total 254 100 % 9

Cependant, il y a une nette différence entre les villes moyennes et les grands réseaux. La

répartition des actions entre les grands et les moyens réseaux est caractéristique des

capacités des uns et des autres. Les grands réseaux ont des possibilités humaines et

financières, bien plus importantes que les réseaux moyens, ce qui se traduit dans les

chiffres. Ainsi, les grands réseaux ont une moyenne de 15 actions, alors que les villes

moyennes n’en font que 2,8 par réseau. Ceci est dû aux différences énormes de personnels

180

entre les deux catégories. Dans les villes moyennes, les personnels cumulent généralement

plusieurs fonctions : Direction, marketing, exploitation et production. A partir de ces

quatre fonctions, toutes les associations existent ou presque : Directeur - exploitant,

Directeur – marketing – exploitant, etc. Chaque cumul de fonctions multiplie les tâches à

accomplir, ce qui rend difficile les réflexions sur la qualité. Dans les grands réseaux par

contre, chaque fonction est occupée par une seule personne. Ceci permet à chacun de

prendre du recul par rapport à son métier et donc de travailler à l’intégration de la qualité

dans le réseau.

L’hétérogénéité des réponses nous renseigne sur le niveau d’appropriation et de

compréhension des réseaux. Pour la grande majorité d’entre eux l’appropriation de la

qualité est encore en cours et son interprétation encore incertaine. Les réseaux ont, à

première vue, des idées toutes faites sur le sujet. Pour les uns, il s’agit d’améliorer la

productivité de l’exploitation en contrôlant par exemple la consommation de carburant.

Pour d’autres, il s’agit de comptabiliser les réclamations et d’y répondre, c’est-à-dire

d’identifier les attentes des clients en recensant leurs doléances. C’est un moyen peu

coûteux pour y parvenir et donc une méthode intéressante pour des petits réseaux. Pour

d’autres encore, cela signifie mettre en place une charte de qualité de service ou une

démarche qualité.

Ces exemples, assez caractéristiques, nous montrent à quel point les réseaux ont un désir

réel de “ faire de la qualité ”, chacun avec leurs moyens.

3 .2. 1. : La grille de traitement des données

On observe que 254 actions qualité mises en œuvre par les réseaux sont de nature très

variées et correspondent aux politiques qualité définies par les réseaux. Celles-ci tentent

de répondre à 4 objectifs principaux :

- Les actions qui facilitent l'accès des clients aux réseaux,

- Celles qui visent à améliorer l'offre de transport,

- Celles qui améliorent le trajet des clients,

181

- Les actions qualité.

Pour analyser les actions nous avons définies un système d’analyse thématique en

référence aux indicateurs cités par la norme AFNOR. Ainsi nous distinguerons 9

catégories d’actions :

L’information, comprend tout ce qui permet d’informer le public : aux arrêts, dans les bus,

en cas de perturbation, ainsi que les guides que l’on trouve dans les points d’accueil, dans

les boîtes aux lettres,

L’accueil : recense toutes les actions qui visent à améliorer l’accueil : l’amélioration des

tenues des conducteurs, l’amélioration des points de ventes (nombre de dépositaires,

équipements carte bleue aux agences commerciales...), réponses aux réclamations et tout

ce qui touche les titres de transports (la mise en place de nouveaux titres, l’actualisation de

certains titres, la réalisation d’opération dite “ commerciale ”...)

L’amélioration de l'offre des équipements du réseau, vise à améliorer l’offre de service

grâce à la mise en place d’un nouveau mobilier urbain, à l’extension du réseau ou la

restructuration d’une ligne, à l’installation de la billétique ou encore à la création d’un

pôle intermodal.

La disponibilité du matériel, c’est-à-dire toutes les actions qui améliorent la disponibilité

des bus : achat de véhicules neufs, maintenance préventive...

La ponctualité, c’est-à-dire le respect des horaires, l’amélioration des fréquences ou la

création d’un couloir de bus

La propreté, tant intérieure, qu’extérieure des bus. Certains réseaux ne font

malheureusement pas la distinction entre les deux ou ne traitent que l’un des deux.

Le confort, tout ce qui participe au confort des passagers : formation des conducteurs à la

conduite souple, suivi des taux de charge des bus en vue d’améliorer la répartition des

clients dans les véhicules...

La sécurité, tout ce qui favorise la sécurité et permet de lutter contre les incivilités

quotidiennes, notamment la réorganisation du service contrôle, la formation des

conducteurs et des contrôleurs à la gestion des conflits.

Divers, tous les inclassables qui n’ont parfois qu'un lointain rapport avec la qualité.

182

La mise en relation des actions engagées par rapport aux objectifs énoncés permettent

d’apprécier la politique qualité des réseaux et leur volonté de gagner de nouveaux clients

ou de fidéliser leurs clients et les moyens mis en œuvre pour y parvenir.

Tableau global de répartition des actions par thèmes

Accès au réseau 146

Information 70

Favoriser le premier contact 44

Entretenir l'utilisation 26

Accueil 76

Améliorer les contacts entre personnels et clients 39

Amélioration des supports d'accueil 37

Amélioration de l'offre de transport 51

Amélioration du réseau 29

Disponibilité du matériel 22

Amélioration du trajet du client 40

Ponctualité 12

Propreté 7

Confort 9

Sécurité 12

Démarche qualité globale 2

Qualité 2

Autres 15

Divers 15

Total 254 254

A partir du tableau ci-dessus, nous analyserons dans les points suivants la relation entre les

actions qualité mises en œuvre par les réseaux et la satisfactions des objectifs énoncés.

183

3 .2. 2. : Les actions qui facilitent l’accès des clients au réseau

Le travail des réseaux sur la partie intangible du service est énorme puisque 57 % des

actions sont des actions visent à améliorer l’information (70 actions) et l’accueil (76

actions).

Seul deux réseaux, Mâcon et Avignon, ne travaillent pas sur ces thèmes : c’est-à-dire un

réseau ville moyenne et un grand réseau urbain.

Les actions qui facilitent l’accès des clients au réseau

Information 70

Favoriser le premier contact 44

Entretenir l'utilisation 26

Accueil 76

Améliorer les contacts entre personnels et clients 39

Amélioration des supports d'accueil 37

Réalisé par les services marketing, le travail des réseaux concernant l’information prend

deux formes :

- Favoriser le premier contact avec les transports en commun

- Entretenir l’utilisation et satisfaire les “ captifs ”

Les 70 actions recensées concernant l’information se répartissent comme ci-

dessous :

Favoriser le premier contact 44

Information aux arrêts 20

Edition ou réactualisation de guides ou distribution dans les boites aux

lettres (horaires, plan, tarifs...)

24

Entretenir l'utilisation 26

Information embarquée, c’est-à-dire dans les bus 18

Information générale (en cas de perturbation, avec un n° vert...) 4

Mise en place de SAEI132 1

Mise en place d'une charte d'information 3

132 Système d'Aide à l'Information et à l'Exploitation

184

Sur ces 70 actions, 44 actions (soit 63% des actions d’information) ont pour but de

favoriser le premier contact avec les transports en commun et donc de gagner de nouveaux

clients.

La pratique la plus courante consiste à distribuer une information personnalisée dans les

boîtes aux lettres (24 actions). Elle peut alors prendre la forme d’un ticket gratuit, d’un

plan du réseau, des horaires à l’arrêt le plus proche...

Faciliter le déplacement potentiel, c'est aussi l’information que l’on trouve aux arrêts (20

actions). Ainsi, les réseaux font-ils généralement un gros travail sur l’information de

proximité : l’adresse du dépositaire133 le plus proche, les plans du réseau et de la ou des

lignes qui passent par l’arrêt, les horaires... Ce travail comprend également une

réactualisation régulière.

Les réseaux ne consacrent que 26 actions à l'entretien de l'utilisation existante et à la

satisfaction de leurs clients. Ceci est surprenant quand on voit le travail qu’ils font pour en

gagner de nouveaux (44 actions). Or, les théories marketing sont formelles. Il est plus

facile de conserver des clients que d’en convaincre de nouveaux. Ceci est sans doute dû au

fait que les réseaux travaillent depuis longtemps sur le sujet de l’information. L’existant

est performant. Par conséquent les actions mises en place ne sont que de l’entretien ou de

la mise à jour de ce qui existe.

Pour entretenir l’utilisation et satisfaire les clients, les réseaux mettent en place de :

- L’information embarquée, c’est-à-dire dans les bus. On l’a trouve sous forme de

rappel des consignes de sécurité et des règles du réseau concernant les titres et leur

validité...

- La garantie d’une information en cas de perturbation.

- La mise en place d’un Système d’Aide à l’Exploitation et à l’Information. Ce

système permet de connaître l’intervalle d’attente entre deux bus.

133 Personne, dont la charge principale n’a rien à voir avec le transport (café, journaux...), qui vend

des titres de transport.

185

- La mise en place d’une charte d’information, outil performant qui garantie la

cohérence et la mise à jour de l’information.

Le service est basé sur l’échange entre le client et le personnel. Aussi, les réseaux ont-ils

dans une très grosse majorité (76 actions) travaillé sur l’accueil.

Les actions d'accueil :

Amélioration des contacts entre le personnel et les clients 39

Amélioration des tenues des conducteurs 9

Accueil commercial du conducteur ou du contrôleur (formation, recrutement...) 12

Développement des contacts avec les dépositaires 6

Amélioration de l'accueil aux agences commerciales (attentes, équipement CB...) 12

Amélioration des supports d'accueil 37

Prise en compte et réponses aux réclamations 12

Nouvelle mascotte ou logo 3

Mise en place ou actualisation d'un ou des titre(s) et de son fonctionnement 22

Nous pouvons distinguer un travail sur l'amélioration des contacts entre le personnel et le

client et un travail sur les supports d’accueil.

39 actions concernent l'amélioration des contacts entre le personnel et le client, c’est-à-

dire plus de 50% des actions d’accueil. Cette catégorie d’action est surtout caractérisée

par :

L’amélioration de l’image du premier représentant du réseau pour le client : le conducteur.

C’est-à-dire une harmonisation des tenues afin de créer une identité au réseau et de

promouvoir son image.

Egalement par leur formation à la relation clientèle, ceci pour améliorer l’ambiance dans

les bus, personnaliser le service et lutter contre les incivilités (et permettre à l’entreprise de

redéfinir son territoire parfois perdu).

Pour compléter ce travail d’image, quelques réseaux travaillent également sur la

modernisation de leurs agences commerciales et leur relations avec les dépositaires.

En interne, 12 réseaux travaillent à l’amélioration de l’accueil aux agences commerciales,

en modernisant l’équipement (implantation de lecteurs de cartes bleues...), mais surtout en

186

formant les agents d’accueil à la relation commerciale. Ces formations sont généralement

communes avec celles des conducteurs.

En externe, développer les contacts avec les dépositaires, permet de multiplier leur nombre

et donc d’être toujours plus près des clients.

Ce travail sur l'image et la perception du réseau par les habitants d'une ville permet de

conquérir de nouveaux clients.

Les actions d’amélioration des supports d’accueil sont les actions d’amélioration des titres

et les réponses aux réclamations, qui permettent de répondre à des besoins des clients. Ces

actions ont donc pour objectif d'entretenir l'utilisation des transports par ses clients, c'est-

à-dire d'augmenter la mobilité.

L’amélioration et la création de titres permettent au réseau de répondre à des demandes

spécifiques, avec par exemple la création d’un titre jeune et/ou étudiant dans une ville qui

voit cette population augmenter. La gamme tarifaire est le reflet de la politique sociale et

économique de l’autorité organisatrice.

Les actions concernant les réclamations sont très diverses. Tous les réseaux y accordent de

l’importance. Tous les prennent en compte, en les comptabilisant, les répertoriant et en les

analysant. Beaucoup tentent d’y répondre, pour défendre leur image. Certains s’engagent à

répondre dans un délai imparti (8,10 ou 15 jours). Le réseau de Grenoble va même jusqu’à

les susciter par des formulaires spéciaux à la disposition du client. Leur nombre a

largement augmenté depuis que cette mesure a été mise en place. Les réclamations

permettent à beaucoup de réseaux d’identifier les besoins de la clientèle à travers ce qu’ils

ne veulent pas. Ceci peut paraître un peu excessif et complexe, mais beaucoup n’ont pas

les moyens d’entreprendre d’enquête fiable de grande envergure. C’est pour beaucoup le

seul moyen de définir les besoins de la clientèle.

187

3 .2. 3. : Les actions qui visent à améliorer l’offre de transport.

Les réseaux y consacrent 51 actions, c’est-à-dire 20,8% de l’ensemble des actions. La

qualité de service, bien qu’intangible, a besoin de supports qui permettent aux réseaux de

se donner une image aux yeux du public avant de pouvoir entrer en contact avec lui.

Nous pouvons distinguer deux catégories d’actions : celles qui contribuent à

l’amélioration du réseau (29 actions) et celles qui améliorent la disponibilité du matériel

roulant (22 actions).

Les actions qui visent à améliorer l'offre de transport

Amélioration de l'offre de transport 51

Amélioration du réseau 29

Disponibilité du matériel 22

Par amélioration du réseau, on entend toutes les actions de modernisation physique de tout

ce qui compose le réseau, à savoir les restructurations ou extensions de lignes, la mise en

place de la billétique ou la création d’un pôle intermodal. Toutes ces actions auront un

impact sur les habitants de la ville. L’objectif est de conquérir de nouveaux clients en

donnant du réseau une image moderne, adaptée, efficace et prenant en compte les besoins

de ses clients.

Les actions qui visent à améliorer le réseau

Amélioration du réseau 29

Création d'un pôle intermodal (correspondances, rallongement d'un quai...) 2

Extension du réseau ou restructuration de lignes 15

Mise en place de la billétique 3

Mise en place d'un nouveau mobilier urbain 9

La mise en place de la billétique ou l’installation d’un pôle intermodal sont deux bons

exemples. Le premier est un outil moderne qui facilite la validation des titres et donc

accélère la montée dans le bus. C’est aussi l’utilisation d’une technologie nouvelle qui

permet de donner une image moderne, (elle sert également à lutter contre la fraude et à

188

faciliter les comptages des voyageurs). Le deuxième facilite les correspondances pour le

client.

Les actions qui améliorent disponibilité du matériel roulant se traduisent surtout par

l’achat de matériel neuf adapté à l’évolution du trafic (19 actions).

Les actions qui améliorent disponibilité du matériel roulant

Disponibilité du matériel roulant 22

Achat de véhicules neufs (baisse âge du parc, adaptation modèles au trafic...) 19

Maintenance préventive, suivi des pannes 2

Amélioration du système de radio 1

Ce sont généralement des bus à plancher bas qui permettent d’améliorer l’accessibilité des

personnes âgées et des personnes à mobilité réduite.

C’est aussi, dans certains cas, l’achat de minibus pour circuler en centre ville dans des rues

piétonnes et/ou très étroites ou sur des lignes peu fréquentées. Ceci améliore la rapidité, la

flexibilité et la rentabilité de la ligne.

C’est également la mise en place d’une maintenance préventive qui permet de prévenir les

pannes et améliore la disponibilité des véhicules.

L’amélioration de la radio interne optimise la circulation d’information entre le P.C.C.134

et les conducteurs.

Ce travail sur l'accessibilité physique (plancher bas), géographique (minibus) et sur

l'efficacité du service (maintenance et radio interne) a un impact sur l'utilisation des

transports par ses usagers, c'est-à-dire qu'il développe la mobilité.

134 P.C.C. : Poste de Commandes Centralisées

189

3 .2. 4. : Les actions d’amélioration du trajet du client.

Nous avons répertorié ici les actions qui travaillent à l’amélioration du trajet du voyageur :

les moyens humains et les moyens techniques mis en place. C’est-à-dire la formation des

agents en contact avec la clientèle et la mise en place "d'agent qualité". Ce sont aussi les

moyens techniques (40 actions) mis en place. Ils concernent les actions d'amélioration de

la ponctualité (12 actions), les actions d'amélioration du confort des passagers (9 actions),

les actions concernant la propreté (7 actions) et les actions d’amélioration de la sécurité

(12 actions).

Le nombre de ces actions est relativement peu important (40 actions au total), soit à peine

plus d’une action par réseau. La préoccupation prioritaire des réseaux ne semble pas être

d’améliorer le quotidien de ses passagers.

Les actions d’amélioration du trajet du client.

Amélioration du trajet du client 40

Favoriser le premier contact 19

Ponctualité 12

Propreté 7

Augmenter la mobilité 21

Confort 9

Sécurité 12

Les actions d’amélioration de la ponctualité des véhicules sont essentiellement des

mesures de respect des horaires aux dépôts, parfois aux arrêts. Quelques actions vont plus

loin, en travaillant sur les fréquences. En centre ville, le respect des horaires n’a que peu

d’importance. Ce qui compte c’est de trouver rapidement un bus quand on en a besoin.

190

Les actions de ponctualité

Ponctualité 12

Respect des horaires 7

Amélioration des fréquences 4

Création d'un couloir de bus 1

L’action concernant la création d’un couloir de bus, doit grandement améliorer la

circulation des véhicules de cette ligne et par conséquent garantir les horaires et les

fréquences.

Seulement 7 actions concernent la propreté. Cela ne signifie pas que les réseaux ne s’y

intéressent pas. C’est plutôt le signe d’un niveau de propreté général satisfaisant.

Par conséquent peu nombreux sont les réseaux qui jugent utile de renforcer la propreté.

Les actions de propreté

Propreté 7

Intérieure et extérieure 7

Les réseaux qui initié ces actions "propreté" ont voulu améliorer leur travail de nettoyage.

Les actions sont généralement très ciblées sur un problème clairement identifié puisque la

plupart des réponses mentionnent soit un travail particulier sur la propreté extérieure soit

un renforcement de la propreté intérieure des véhicules.

Ces deux types d'actions améliorant la propreté et la ponctualité, ont pour objectif

d'améliorer le service rendu et de parfaire l'image du réseau auprès des habitants de la

ville. Elles auront donc pour but d'accroître le nombre d'utilisateurs du réseau.

Les actions qui améliorent le confort du voyageur sont directement orientées vers les

clients du réseau. Le travail réalisé par les réseaux sur le sujet est assez complet.

191

Les actions d'amélioration du confort

Confort 9

Rénovation de véhicules 3

Formation des conducteurs à la conduite souple 4

Suivi des charges 2

Il comprend des rénovations de véhicules qui sont généralement des changements de siège

contre des sièges ergonomiques, anti-graffiti...

Deuxièmement des formations de conducteurs à la conduite souple.

Troisièmement un suivi des charges des véhicules. Ce qui permet d’équilibrer le nombre

de voyageurs dans les voitures en fonction de la demande. Ceci est particulièrement

important aux heures de pointes.

Bien que peu nombreuses, ces actions sont importantes puisque l’inconfort dans les bus est

une critique qui revient souvent chez les utilisateurs des transports en commun.

La sécurité ou plutôt l'insécurité est à l’honneur ces derniers temps. Beaucoup de grèves

surprises ont été causées par l’agression d’un conducteur. Plus que la violence ce qui rend

la vie des conducteurs et des passagers difficiles ce sont toutes les petites incivilités

répétées et quotidiennes. Toutes les actions citées sont préventives et se veulent donc

dissuasives.

Les actions qui améliorent la sécurité

Sécurité 12

Les conducteurs expliquent les comportements de groupe dans les écoles 2

Formation à la gestion des conflits 2

Réorganisation du contrôle 4

Humanisation des stations : création de pôles multi services 1

Mise en place d'agent d'ambiance 3

192

Certaines actions consistent à humaniser le réseau (bus ou stations) par la présence

d’agents d’ambiance dans les bus et à humaniser les stations en créant des pôles multi

services où l’on peut prendre un café, etc.

D’autres acteurs visent à revoir l’organisation interne, en :

- en réorganisant le service contrôle afin de réaliser plus de contrôle,

- en formant les conducteurs et les contrôleurs à la gestion des conflits, afin de leur

donner des outils pour dénouer les conflits dès leur origine pour éviter les débordements.

D'autres actions encore cherchent à prévenir les jeunes clients des risques encourus par la

violence (visites d'école et sensibilisation des jeunes à la lutte contre la violence). L’idée

est de toucher des jeunes pas encore concernés par la violence, mais aussi à travers eux

leur entourage.

Les actions d'amélioration du confort et de la sécurité ont pour but de parfaire l'image du

réseau auprès des clients du réseau et par conséquent d'augmenter leur mobilité.

3 .2. 5. : Les actions qualité

Peu nombreuses, ces actions sont l’apanage de réseaux déjà très avancés dans le domaine

de la qualité. Des réseaux qui ont dépassé la phase d’appropriation de la qualité et qui en

font quotidiennement.

Chalon sur Saône135 a mis en place une charte qualité de service sur l’information, la

propreté et l’accueil commercial des conducteurs.

La certification ISO 9001du réseau de Grenoble a été acquise en 1997. Véritable

démarche d’entreprise, elle a touché toute l’entreprise, tous ses métiers, toutes ses

fonctions. C’est-à-dire que toutes les procédures existantes ont été rédigées, repensées puis

modifiées et réécrites. Puis l’entreprise tout entière a été auditée et certifiée. La démarche

135 C.F. Analyse du réseau de Chalons dans le chapitre suivant.

193

de certification a été suivie par un responsable qualité directement rattaché au directeur

général.

Les actions qualité

Les actions qualité 2

Mise en place d'une démarche qualité ou d'une charte qualité de service 2

3 .2. 6. : Les autres actions.

Ces 14 actions ne sont pas à proprement parler des actions qualité. Elles sont plutôt des

actions de “ rattrapage ”, comme la création d’un service marketing ou la réorganisation

du service exploitation. Elles ont cependant été définies comme des actions qualité par les

réseaux qui les ont entreprises.

Les autres actions

Les autres actions 14

Réorganisation exploitation (Hastus, stage management, intéressement qualité...) 7

Essai de véhicules de démonstration 3

Création d'un service (marketing, du personnel...) 2

Réalisation d'enquête fraude 1

Communication institutionnelle 2

3 .2. 7. : En conclusion

L'analyse de la taille des réseaux permet de mettre en lumière que, ce sont surtout les

grands réseaux urbains qui travaillent sur l'accessibilité aux réseaux. Le graphique suivant

nous le montre très clairement.

194

Les actions d'amélioration de la qualité par taille de réseaux

2815

5 1

34 35

1

110

0

20

40

60

80

100

120

Accés réseau Offre de transport Trajet Q

VM GRU

Les niveaux d’offre sont difficiles à comparer. Montpellier compte 249 véhicules et une

ligne de tramway en construction. Elle ne peut être assimilée à Romans sur Isère qui ne

possède que 9 véhicules. Cependant, il est intéressant de noter les différences de grandeurs

entre les deux tailles de réseaux. A part pour les démarches qualité “ pures ”, le nombre

d’actions par thème est très supérieur pour les grands réseaux. Outre leurs préoccupations,

leurs moyens sont plus importants, leurs besoins aussi.

Dans les villes moyennes, les catégories d'actions sont mieux réparties. Les actions pour

améliorer l'offre et le trajet sont quasiment aussi nombreuses (20 actions) que les actions

d'amélioration de l'accès au réseau (28 actions). Les villes moyennes mobilisent donc leurs

moyens plus globalement que les grands réseaux urbains.

Cependant, nous notons que pour la plupart des réseaux, les actions mises en place sont

généralement indépendantes les unes des autres, sans démarche globale de qualité.

Nous avons isolé d'un côté les actions qui visent à améliorer le service rendu au client,

c'est-à-dire à accroître la mobilité et de l'autre les actions qui visent à améliorer l'image du

réseau auprès des habitants d'une ville et donc à augmenter le nombre d'utilisateurs.

195

Les actions d'amélioration de la qualité

Augmenter le nombre de client : 124 Information, favoriser le premier contact 44 Accueil, améliorer les contacts entre le personnel et les clients 39

Amélioration du réseau 29

Ponctualité 12

Accroître la mobilité : 113

Information, entretenir l'utilisation 26 Accueil, amélioration des supports d'accueil 37

Disponibilité du matériel 22

Confort 9

Propreté 7

Sécurité 12

La tendance générale est donc de privilégier les actions destinées aux nouveaux clients:

124 actions pour 28 réseaux. Ce qui fait une moyenne de plus de 4,4 actions par réseau.

Ceci va dans le sens de la volonté des transports publics d'augmenter leur part de marché

dans l'ensemble des déplacements mais aussi de concurrencer la voiture particulière.

Par contre les actions qui visent directement les clients acquis, sont moins nombreuses

(113 actions). Ce qui donne une moyenne par réseau de 4 actions.

Les réseaux ont pour objectif premier de faciliter l'accès du réseau aux habitants de leur

ville et dans une moindre mesure, d'améliorer le service aux clients qu'ils ont déjà. Ils

privilégient donc les nouveaux clients potentiels en améliorant leur image et l'accessibilité.

Or nous savons qu'il est plus facile d'accroître la mobilité que d'augmenter le nombre de

clients.

D'autre part, la clientèle des transports publics a changé. Les personnes qui ont emprunté

au moins une fois dans l'année les bus, le tramway ou le métro de leur ville, a diminué

196

entre 1991 et 1997, passant de 51% à 41%136. Ce sont essentiellement les utilisateurs

occasionnels qui ont régressé, expliquant en partie la baisse de fréquentation. "L'enjeu se

situe bien sur cette clientèle occasionnelle, dont il convient de réfléchir à la façon de la

"fidéliser", et non pas sur les utilisateurs exclusifs de la voiture"137. Ce sont des personnes

qui utilisent à la fois la voiture particulière et les transports en commun. Ceci est nouveau,

car auparavant nous avions d'un côté les utilisateurs exclusifs des transports publics

(souvent des captifs en province138) et de l'autre les automobilistes. L'utilisation des

transports en commun urbain dépend de la possession d'une voiture et de sa disponibilité.

Aujourd'hui il y a de plus en plus d'utilisateurs mixtes, et l'usage des transports en

commun est lié à l'accès à la voiture, au temps de trajet en voiture, au stationnement et aux

kilomètres offerts en transport publics139. Il y a donc une véritable possibilité de transfert

modal pour des motifs précis (trajet domicile travail par exemple).

Les réseaux ont bien compris cette évolution, puisque dans les actions, transparaît la

volonté de concurrencer la voiture particulière en offrant un service le plus individualisé

possible (confort, fréquence, minibus…), en allant chercher les clients potentiels chez eux

(distributions d'information sur le réseau dans les boîtes aux lettres) et en développant leur

offre géographiquement (par l'extension de lignes…). Le travail des réseaux vise les

possesseurs de voiture, ceux qui utilisent de temps en temps les transports et surtout ceux

qui ne les utilisent jamais. Il est destiné essentiellement, à ces clients mixtes ou futurs

mixtes qui ont aussi accès à une voiture. Pour les séduire, ils améliorent leur image et

travaillent sur l'accessibilité. Le travail sur les dépendants exclusifs de la voiture est très

difficile aussi les réseaux devraient privilégier les actions qui améliorent la mobilité des

personnes motorisées, c'est-à-dire travailler sur leurs clients réguliers et surtout

occasionnels.

136 Chiffres émanant des sondages réalisés par la Sofres et paru dans "transports publics", de juin

1994 et d'octobre 1997. Sondages sur les déplacements des français et sur l'image des transports en

commun urbain.

137 Dampierre Joël, "Comment se déplace les Français", Transport public, n°927, juin 1994, Paris.

138 Des personnes sans permis, personnes âgées, mineurs…

197

De plus, les réseaux ont encore une vision très quantitative de la qualité, c’est-à-dire une

volonté de trop en faire, alors qu’il suffit souvent de rendre opérationnel l’existant. Une

information toujours à jour, propre, complète et en bon état à tous les arrêts de bus sera

perçue comme meilleure qualitativement par la clientèle qu’une information en couleur

esthétique mais partielle et non actualisée.

Le sondage sur l'image des transports publics140 montre que les Français attendent des

transports publics, dans l'ordre, une amélioration des services (horaires, accessibilité,

nouvelles lignes…), une amélioration de la sécurité, une diminution des tarifs et une

amélioration de l'environnement (propreté, odeurs, lumière, décor…). Le travail des

réseaux est donc cohérent avec les demandes des français. Ils travaillent, à la fois sur

l'amélioration de l'offre de transport elle-même (disponibilité de l'information, accueil,

amélioration du réseau, ponctualité et propreté) et sur la perception des clients

(information sur le réseau, accueil, disponibilité du matériel, confort et sécurité). Ils ont

donc bien compris que l'amélioration de la qualité est un ensemble et que la perception du

client potentiel et de l'utilisateur passe aussi par l'amélioration de l'environnement du

voyage. Cependant faire de la qualité n'est pas seulement, répondre aux demandes des

clients. Il s'agit de l'intégrer comme une entité productrice du service et donc repenser la

conception et la production du service avec le client. Le travail sur les usagers potentiels et

dans une moindre mesure sur la mobilité des clients leur permet d'accroître la qualité et de

l'intégrer dans la production du service.

139 C.F. partie II étude de Marie-Hélène Massot, "Quand l'offre crée l'usage", Transport Public,

janvier 1992, Paris.

140 UTP, "Une vision de citoyen", Transport Public, octobre 1997, Paris

198

3. 3 : La diffusion de la qualité dans la mesure du service de

transport.

Le recensement des indicateurs de qualité s’est déroulé en mai 1997. Elle a précédé

l’enquête sur les actions car nous pensions que les indicateurs utilisés par les réseaux

étaient suffisamment significatifs pour caractériser leur état d’avancement sur la qualité.

Or il s’est avéré que les réseaux n’en étaient qu’au stade de l’appropriation de la qualité

aussi le recensement des indicateurs fut maigre. Il m’a donc fallu compléter notre étude

afin de cerner les préoccupations qualité des réseaux. L’enquête sur les actions qualité

s’est alors imposée. Le recensement des indicateurs a permis d’enrichir nos données et de

nous éclairer sur les motivations et le niveau d’avancement des réseaux face à la qualité.

La mise en place d’indicateurs est le signe que l’entreprise est tournée vers ses clients et

est prête à se remettre en cause en effectuant des mesures. Cela supprime le côté aléatoire

de l'approche par les actions.

Un indicateur est un outil de mesure. Il existe trois types d’indicateurs :

Les indicateurs de gestion mesurent la productivité de l’activité en fonction des critères

qu’elle s’est fixée.

Les baromètres de satisfaction mesurent la qualité perçue par le client avec un biais

important dans notre domaine d’activité. La personne interrogée a du mal à répondre à

partir de la prestation qui vient de lui être fournie et à faire abstraction de la perception et

de l’image qu’elle a de la société.

L’indicateur de qualité est la mesure de l’activité avec l’œil du client.

Il est important de bien différencier les indicateurs de gestion des indicateurs de qualité.

L’exemple souvent cité est celui de la mesure du taux de remplissage d’un bus.

L’indicateur de gestion serait le nombre de passagers par bus, calculé à partir de la

fréquence quotidienne sur une ligne dans un sens, rapporté au nombre de bus ayant circulé

ce jour là. L’indicateur qualité pourrait être le nombre de voyageurs ayant voyagé dans des

conditions acceptables. Il faut dans cet indicateur tenir compte des heures de pointes.

Alors que le premier permet de lisser sur la journée le nombre de passagers, le deuxième

est le strict reflet de la réalité vue par le client. Si par exemple deux bus se suivent d’assez

199

près, le premier étant bondé, le deuxième vide (le premier ayant ramassé tout le monde).

Un indicateur de gestion dira que le taux de remplissage des deux bus est de 50%, ce qui

est plutôt bon. Un indicateur de qualité dira que 0% des voyageurs ont voyagé dans des

conditions acceptables. C’est bien cela que voit le client !

L’indicateur de qualité permet d’intégrer et de développer la culture client dans

l’entreprise. Il permet également de progresser à partir du point de vue du client.

Plusieurs opérateurs publics et privés sont engagés dans des démarches de certification ou

sont déjà certifiés. L’indicateur permet de visualiser le présent avec l’œil du client et de

suivre son évolution dans le temps. Il est une véritable preuve de l’intégration du client

dans les préoccupations du réseau et permet de “ vendre ” de manière plus efficace la

qualité en cas d’appel d’offre.

Le nombre important de réseaux n’annonçant pas d’indicateurs qualité (13), m’a surpris.

J'ai voulu savoir si, comme le sous-entend l’enquête sur les actions qualité, les réseaux

sans indicateur sont les réseaux villes moyennes. Cependant l’échantillon (28 villes) n’est

pas suffisant pour conclure de façon fiable. Les chiffres obtenus lors du comptage (voir

tableau ci dessous) indiquent que le nombre d’indicateurs mis en place par les réseaux est

3,5 fois moins important que le nombre d’actions qualité, 70 indicateurs contre 254

actions. Ceci signifie que les réseaux sont prêts à faire de la qualité, grâce aux actions

mises en place, mais pas à repenser structurellement leur service an fonction du client.

Les réseaux et les indicateurs

Les réseaux qui n’ont pas d’indicateur Les réseaux qui ont des indicateurs

7 villes moyennes 7 villes moyennes

5 grands réseaux urbains 9 grands réseaux urbains

12 16

Il est important de souligner qu’il est beaucoup plus difficile de mettre en place des

indicateurs que des actions qualité. La structure même de l’indicateur (voir chapitre

intitulé l’échantillon) et sa mise en place sont complexes. Les indicateurs obligent

200

l’organisation interne à l’entreprise à se remettre en cause régulièrement grâce aux

mesures faites avec l’œil du client final.

Le nombre d’indicateurs déclarés qualité par réseau est caractéristique d’une catégorie de

réseaux. Il y a une fois encore une différence entre les villes moyennes et les grands

réseaux. Les grands réseaux sont bien sûr en avance sur le sujet.

Les indicateurs par taille de réseau

Nombre

d’indicateurs

% Moyenne par

catégorie de réseaux

Villes moyennes (7) 17 23 % 2,4

Grands réseaux (9) 57 77 % 6,3

Ceci n’a rien de surprenant car comme nous l’avons déjà écrit, les grands réseaux

disposent de moyens humains et financiers bien plus importants que ceux des villes

moyennes.

Les indicateurs recueillis m’ont renseigné sur la définition que les réseaux ont de la

qualité. Ce qui est une donnée particulièrement intéressante. Les réseaux appréhendent les

indicateurs qualité pour la plupart par le biais de la propreté, de l’accueil et de la

ponctualité. Ces différents thèmes sont des composantes de la qualité de service. Le client

tient compte de ces données pour juger de la qualité d'une prestation. Mais c'est l'ensemble

de ces données et de quelques autres qui constituent la qualité du transport public et non

pas ces mêmes données indépendamment les unes des autres.

201

Tableau global de répartition des indicateurs par thème

Nbre d'indicateurs % Nbre de réseaux

Propreté 14 20% 9

Accueil 13 18,6% 9

Ponctualité 10 14,3% 8

Disponibilité du matériel 7 10% 5

Indicateurs globaux 8 11,4% 4

Information 5 7,1% 5

Confort 5 7,1% 5

Indicateurs ≠ qualité 4 5,7 % 3

Amélioration du matériel du réseau 3 4,3% 3

Sécurité 1 1,4% 1

Total 70 100% /

Cette approche encore timide des indicateurs nous indique qu’en moyenne les réseaux du

groupe Transdev sont en phase d’appropriation du sujet. C’est-à-dire qu’ils sont en cours

de définition de la qualité avec des tentatives de mises en place d’action et d’indicateurs,

ceci de façon encore décousue.

Sur les 70 indicateurs qualité annoncés, 4 ne sont pas des mesures de la qualité. Ces

mesures sont des indicateurs de gestion qui mesurent la productivité de l’activité en

fonction des critères qu’elle s’est fixée.

Ces indicateurs sont des comptages techniques d’éléments touchant essentiellement à la

productivité du réseau, la bonne marche de l’exploitation. Ils ont une influence sur le

service à la clientèle, mais ils n’ont aucun rapport avec la mesure de l’exploitation par

l’œil du client.

202

L’indicateur de qualité est la mesure de l’activité par l’œil du client. Il permet d’intégrer et

de développer la culture client dans l’entreprise en progressant à partir du point de vue du

client.141

Les indicateurs qui ne sont pas des indicateurs de qualité.

Statistiques sur le chiffre d’affaires urbain 1

Stationnement abusif 1

Nombre de relève SAE 1

Analyse des km perdus 1

3 .3. 1. : La grille de traitement des données.

J’ai utilisé la même grille que celle de l’enquête sur les actions. Nous y avons cependant

ajouté deux catégories :

Les indicateurs qui ne sont pas des indicateurs de qualité

Les indicateurs globaux.

La première catégorie comprend les indicateurs dont l’appellation qualité est largement

erronée. A l’inverse, la deuxième catégorie comporte des indicateurs particulièrement

intéressants car ce sont des “ concentrés ” de ce que pense le client : “ baromètre d’image

ou de satisfaction ”. Ils sont le résultat d’enquêtes annuelles.

Comme pour les actions nous avons regroupé les différents critères en catégories afin de

déterminer les objectifs des mesures mises en place.

141 Nous avons été particulièrement tolérants dans le recensement des indicateurs qualité. En effet peu

de réseaux peuvent prétendre avoir de “ vraies ” mesures de la qualité. Cependant pour notre étude,

nous y avons inclus les données dont les intitulés “ trahissaient ” des préoccupations qualité. Ceci

nous permet outre de définir la qualité, telle que la perçoivent les réseaux, mais aussi d’identifier leur

niveau de maîtrise et de compréhension du sujet.

203

Les indicateurs mesurant l’accès au réseau :

- L’information,

- L’accueil,

Les indicateurs mesurant l’offre de transport :

- L’amélioration du matériel du réseau

- La disponibilité du matériel,

Les indicateurs s’intéressant au trajet du client :

- La ponctualité,

- La propreté,

- Le confort,

- La sécurité,

Les autres indicateurs

- Les indicateurs globaux

- Les mesures non-qualité

Répartition des indicateurs par critère

Accès au réseau 18 25,71%

Information 5

Accueil 13

Amélioration de l'offre de transport 10 14,29%

Amélioration du matériel fixe 3

Disponibilité du matériel 7

Amélioration du trajet du client 30 42,86%

Ponctualité 10

Propreté 14

Confort 5

Sécurité 1

Indicateurs globaux 8 11,43%

Indicateurs non qualité 4 5,71%

Total 70 100%

204

Les thèmes principalement abordés par les réseaux pour les indicateurs de qualité ne sont

pas les mêmes que ceux des actions qualité.

Loin de donner une image décousue de leur approche de la qualité comme le sous-

entendait l’enquête sur les actions, ceci construit une démarche qualité plus cohérente.

Les réseaux ont dans l’ensemble privilégié les indicateurs qui mesurent l’amélioration du

trajet des passagers (42% des indicateurs) sans pour autant laisser de côté les indicateurs

mesurant l’accès au réseau (26%).

Les réseaux adoptent deux comportements opposés face aux indicateurs.

Les uns les utilisent en amont du travail sur la qualité et s’en servent pour faire un état des

lieux sur les thèmes choisis

D’autres les utilisent sur des thèmes qu’ils maîtrisent. Il y a alors tout un travail en amont

avec notamment la mise en place d’actions.

En fonction de l’un ou l’autre des comportements, nous saurons qui est en phase

d’appropriation de la qualité (premier cas) et qui est en phase de maîtrise (deuxième cas).

Pour cela nous devrons également travailler sur les formations des différents métiers de

contact et sur les primes éventuelles sur ces mêmes métiers. (partie suivante)

L’enquête sur les indicateurs n’a pas révélé de données très hétérogènes comme l’enquête

sur les actions. C’est pourquoi le traitement des données est plus simple. Les indicateurs

cités sont pratiquement toujours les mêmes. Il y en a peu par thème, ce qui confirme bien

l’hypothèse que les réseaux en sont globalement à la phase d’appropriation de la qualité.

A partir du tableau ci-dessus, nous analyserons dans les points suivants la relation entre les

indicateurs qualité mises en œuvre par les réseaux et la satisfactions des objectifs énoncés.

3 .3. 2. : Les indicateurs qui mesurent l’accessibilité au réseau

Alors que l’accessibilité au réseau représentait 57% des actions qualité, elle ne représente

que 26% des indicateurs mis en place. Cela signifie que l’accent n’est plus mis

exclusivement sur la volonté des réseaux à conquérir de nouveaux clients.

205

Les indicateurs qui mesurent l’accessibilité au réseau

indicateurs réseaux

Information 5 5

Accueil 13 9

Le nombre total de réseaux correspond au nombre de réseaux qui ont mis en place des

indicateurs de qualité information et/ou accueil.

Les indicateurs d’information

Information 5

Aux arrêts 2

Signalisation générale 2

Information sur et dans les véhicules 1

Ils sont pour la plupart orientés vers les nouveaux clients (4 indicateurs) : Information aux

arrêts et signalisation générale. Ces mesures sont volontairement globales pour être le plus

possible le reflet de la perception subjective de la clientèle. Mais, attention à être trop

floues, les mesures perdent de leur efficacité. Il est important que les mesures à effectuer

soient les plus précises et les plus proches de la réalité possible, c’est-à-dire quantifier le

qualitatif. Il est pour cela important de détailler les éléments perçus par le client. Par

exemple, l’indicateur d’information à l’arrêt peut comporter les éléments suivants : le nom

de l’arrêt doit non seulement être présent et lisible mais également facilement visible de

loin, du bus...

Le plan du réseau doit être en bon état

Les horaires doivent être à jour

Le plan de la ligne et la direction du bus,...

206

Il n’est pas nécessaire de déployer des moyens techniques extraordinaires (comme la

possibilité de connaître l’heure d’arrivée du prochain bus en temps réel) pour faire de la

qualité, il suffit d’être cohérent et précis sur l’existant.

Les indicateurs d’accueil recensés sont en grosse majorité relatifs aux réclamations.

Les indicateurs d’accueil :

Accueil 13

Réclamations 9

Relationnel conducteur, actions envers le personnel 3

Dépositaires 1

Certains réseaux se contentent de les compter et de corriger en interne les anomalies

mentionnées. D’autres mesures intègrent le traitement des réclamations (le but étant de

répondre à toutes les doléances). D’autres encore vont plus loin et comptabilisent le

nombre de retards, les délais moyens de réponses ou le suivi par type de réclamations et

s’engagent à répondre selon des critères précis (pas de réponses types, mais personnelles,

avec reprise des termes utilisés par le client...), dans un délai de 15 jours (Grenoble).

Aussi diverses que soient ces démarches, elles sont toutes centrées sur la volonté en

interne de prise en compte de la clientèle. Nous l’avons déjà mentionné, les réclamations

sont pour beaucoup de réseaux le seul moyen de connaître l’opinion de la clientèle sur le

service transport.

Alors que les actions d’amélioration de l’accueil commercial du conducteur sont

nombreuses (9 actions), les indicateurs le sont beaucoup moins (3 indicateurs). Les

réseaux qui mentionnent cet indicateur ne sont pas ceux qui ont mis en place des actions

qualité sur le sujet. Nous avons rencontré deux types de réseaux :

à savoir ceux qui se servent de l’indicateur pour faire un état des lieux (Cambrai),

sans mettre en place d'actions sur le thème,

et ceux qui l’utilisent en aval d’une démarche qualité construite et cohérente qui a

débuté par de la mise en place d’actions qualités.

207

Cette mesure intitulée actions envers le personnel est réalisée par le réseau de Nantes.

L’opinion des clients est recueillie par sondage. L’objectif de cet indicateur est de susciter

un comportement plus commercial des conducteurs en impliquant les volontaires dans la

préparation de l’action.

L’indicateur de mesure des dépositaires est un peu en marge de la qualité. Il fait partie

d’une démarche comprenant des actions qualité qui visent à aller vendre des titres au plus

près du client en développant un réseau de dépositaires plus important (Agen).

3 .3. 3. : Les indicateurs qui mesurent l’amélioration de l’offre

de transport

Dans cette catégorie, tous les indicateurs cités touchent à la disponibilité du matériel mis à

la disposition du client : tant roulant que fixe (distributeurs de billets par exemple).

Les indicateurs qui mesurent l’amélioration de l’offre de transport

indicateurs réseaux

Amélioration de l'offre de transport

Disponibilité du matériel roulant 7 4

Amélioration du matériel fixe du réseau 3 2

Les 7 indicateurs relatifs à la disponibilité du matériel roulant sont des indicateurs de

disponibilité, de fiabilité ou de conformité des véhicules, des mesures du nombre de

pannes, d’accidents. Ce deuxième type d’indicateur n’est pas un indicateur qualité, mais il

est l’ancêtre des indicateurs de disponibilité, de fiabilité... qui sont des notions synonymes

de qualité.

208

Les indicateurs relatifs à la disponibilité du matériel roulant

Disponibilité du matériel roulant 7

Taux de pannes, accidents, absences 6 Disponibilité des véhicules 1

De même pour les indicateurs relatifs à l’amélioration du matériel fixe. Deux sont des

mesures de la disponibilité des distributeurs de titres et l’autre celle de la fiabilité de la

monétique.

Les indicateurs relatifs à l’amélioration du matériel fixe

Amélioration du matériel fixe 3

Disponibilité des distributeurs de titres et appareils annexes 2 Monétique 1

3 .3. 4. : Les indicateurs qui mesurent l’amélioration du trajet

du client

Les réseaux ont beaucoup travaillé sur ce thème. 42% des indicateurs qualité mis en place

par les réseaux sont des mesures de l’amélioration du trajet du client. Il y a donc une vraie

préoccupation pour les clients acquis, à l’inverse de l’enquête sur les actions.

La très nette prédominance du nombre d’indicateurs de propreté nous interroge :

Les indicateurs sont-ils simples à mettre en place ?

Est-ce que c’est la chose jugée la plus importante par les clients ?

209

Les indicateurs d’amélioration du trajet du client :

indicateurs réseaux

Ponctualité 10 8

Propreté 14 8

Confort 5 5

Sécurité 1 1

Les 10 indicateurs de ponctualité cités peuvent se répartir en trois catégories :

Ceux qui sont récents et qui ne sont pas encore des indicateurs qualité

Ceux qui sont de véritables mesures qualité de la ponctualité.

Ceux qui permettent annuellement une remise en cause des horaires existants.

Les indicateurs de ponctualité

Ponctualité 10

Générale 2

Horaires, amélioration des horaires 2

Aux arrêts [-1;+3] 4

Intervalle excessif d'attente sur le tram 1

Des départs aux terminus 1

Les indicateurs, qui ne sont pas encore des indicateurs qualité, sont pour la plupart des

comptages d’avance ou de retard. Ceux mesurés aux départs et arrivées aux terminus (3)

ne sont pas des indicateurs de qualité :

2 indicateurs de ponctualité générale

1 indicateur de départs des terminus.

Il est très important pour l’exploitant de s’assurer que les bus ou tramways partent à

l’heure. Les mesures de productivité de l’exploitation n’ont souvent que peu d’incidence

sur le service rendu à la clientèle. Aux heures de pointes du matin et du soir, les véhicules

210

doivent respecter les horaires ou une fréquence. Ce sont les signes perçus par les

voyageurs.

Les indicateurs, qui sont de véritables mesures qualité de la ponctualité, mesurent aux

arrêts, les avances et les retards par rapport aux horaires. Ils sont proches de ce que vit le

client, puisque la mesure est faite sur la ligne aux points d'arrêts des bus et des tramways :

- 2 indicateurs de mesure des horaires

- 4 indicateurs de mesure de la ponctualité aux arrêts

- 1 indicateur de mesure des intervalles excessifs d’attente sur le tramway

Il est impossible de faire des mesures à tous les arrêts d’un réseau. Elles sont faites aux

arrêts les plus fréquentés, notamment au heures de pointes, afin de savoir quand les

voyageurs les plus nombreux sont gênés par un retard ou une avance sur l’horaire.

Le réseau de Strasbourg y a même introduit la notion d’attente, qui est exactement ce que

vit le client. Dans les grands réseaux où les fréquences sont importantes, le voyageur se

moque souvent des horaires. Ce qui l’intéresse c’est d’avoir un véhicule (ici le tramway)

au moment où il en a besoin. Cet indicateur permet au réseau alsacien de mesurer les

attentes des clients et d’y répondre.

La RATP mesure également l’attente : le service non rendu, c’est-à-dire le pourcentage de

voyageurs dont l’attente est supérieure à 15 minutes.

La troisième catégorie d’indicateurs sont ceux qui annuellement permettent une remise en

cause des horaires existants. Ils permettent une adéquation entre les horaires pratiqués et

les besoins des clients. Le réseau de Nantes rassemble cette information à partir des

réclamations et des bilans de rentrée fait avec les différentes communes de

l’agglomération. Un peu en marge du quotidien, cette mesure permet une remise en cause

annuelle de l’existant et une adaptation aux besoins. Les horaires sont construits à partir

des besoins identifiés de la clientèle et évoluent en fonction de la demande (rentrée et

sortie des établissements scolaires...)

La propreté est un des thèmes le plus fréquemment abordés par les réseaux du groupe

Transdev. Les thèmes sont plus ou moins précis et plus ou moins définis. Les trois types

de mesures pratiquées par les réseaux sont les suivantes :

211

Les indicateurs de propreté

Propreté 14

Générale 3

Des arrêts et des stations 2

Intérieure et extérieure 9

Les deux dernières catégories comportent des indicateurs de qualité très bien construits.

Ce sont des indicateurs de mesures de la propreté aux endroits identifiés comme

fréquentés par les clients (les bus ou tramways et les arrêts). Ces indicateurs de propreté

des arrêts et des stations sont évolués. Les réseaux de Maubeuge et d’Orléans effectuent

des mesures aux arrêts selon des critères très précis : présence de graffitis, d’autocollants,

propreté et lisibilité des informations du réseau (horaires, plan, nom de l’arrêt...), propreté

des abords, du banc, de la poubelle... Ainsi tout ce qui donne une image de propreté ou de

saleté a été répertorié. Ceci est important car nous savons qu’un arrêt fraîchement nettoyé,

avec des informations à jour et lisibles, mais dont les abords sont sales sera perçu comme

sales. De même une station du métro parisien, toute propre mais sombre sera mal perçue

par les voyageurs. Ce qu’il faut comprendre ici c’est qu’il ne suffit pas de nettoyer les

vitres de l’arrêt, le banc, le sol : la perception de propreté par le client englobe beaucoup

de données telle que l’environnement, la non présence de graffiti qui font évoluer la

propreté vers la netteté.

Un grand nombre des indicateurs de propreté (9) concernent les véhicules et leur propreté

intérieure et extérieure. Pour la plupart, les mesures sont souvent des suivis quotidiens de

la propreté à la sortie du dépôt. Elles ne tiennent pas compte de la vision du client à

l’heure de pointe du soir, par exemple.

Les réseaux de Bayonne et d’Orléans ont le même type de démarche que ci-dessus, à

savoir qu’ils ont travaillé sur la perception de netteté des bus que peut avoir le client.

Ainsi, Orléans a dissocié deux indicateurs l’un sur l’intérieur des bus, l’autre sur

l’extérieur. Les éléments pris en compte sont alors la présence de tags, de graffitis, de

vandalisme, la propreté des sièges, du sol pour l’intérieur et la propreté générale, les chocs

212

éventuels sur la carrosserie, la girouette142 pour l’extérieur. Cette démarche montre que le

réseau d’Orléans a compris la notion de netteté perçue par le client et qu’il a essayé de la

définir. Cette définition est, cependant, encore à compléter.

Le réseau de Bayonne effectue un travail de contrôle de l’entreprise de nettoyage qui est

extérieure au réseau. La propreté se décline en 3 indicateurs : propreté du poste de

conduite, de la cabine et les odeurs dans le bus. Pour les deux premiers, le réseau vérifie

divers critères pour contrôler la propreté : les sièges, le volant, le tableau de bord, le

rétroviseur, les vitres, le composteur, les poignées, le pilastre, les soubassements, etc. Les

mesures sont faites régulièrement ; de même, une enquête mensuelle auprès de la clientèle

et des conducteurs permet de donner une note d’acceptabilité avec un seuil à ne pas

franchir. L’objectif est de ne pas obtenir plus de 10% de clients insatisfaits et pas plus de

20% de conducteurs insatisfaits.

Les indicateurs de propreté générale sont plutôt subjectifs. Cependant les 3 indicateurs

globaux sont le fait de réseaux de villes moyennes qui ont peu de moyens humains et

financiers pour s’investir dans la qualité. Nous pouvons espérer, qu’avec l’expérience ils

évolueront vers des mesures plus précises et plus “ qualité ”.

Nous avons ici trois types d’indicateurs :

- Ceux qui sont trop globaux et basés sur du subjectif et qui ne sont pas des

indicateurs de qualité.

- Ceux qui ont des préoccupations qualité mais qui doivent évoluer pour être

appelées indicateurs qualité. Ce sont les mesures basées sur divers critères définit comme

importants pour le client.

- Ceux qui sont de véritables indicateurs de qualité et qui mesurent la propreté en

nombre de clients satisfaits

142 La girouette est le panneau qui indique la direction du bus à l’avant du véhicule.

213

C’est la deuxième catégorie qui prédomine. Ce sont des réseaux en phase d’appropriation

de la qualité.

Les indicateurs mesurant le confort sont, en majorité, des mesures de la productivité de

l’exploitation.

Les indicateurs de confort

Confort 5

Taux de charge 3

Surcharge des véhicules 1

Taux de fréquentation 1

La mesure du taux de charges des véhicules est un renseignement précieux pour un

responsable d’exploitation pour qu’il adapte le nombre de véhicule sur la ligne en

question. Cependant, il ne dit rien sur le nombre de personnes ayant voyagé dans des

conditions "confortables" (C.F. l'exemple cité au début de ce chapitre).

Les notions de surcharge ou de taux de fréquentation introduisent la perception de la

clientèle et sont déjà des préoccupations qualité pour l’entreprise.

Alors que l’enquête sur les actions qualité a recensé 12 actions relatives à la sécurité, seul

le réseau de Nantes effectue une mesure de l’insécurité. Cette mesure, qualifiée de

traitement du vandalisme, comptabilise les méfaits causés sur le parc et les infrastructures.

Le fait d’avoir beaucoup d’actions sur le sujet et peu d’indicateurs indique que les réseaux

commencent seulement à s’intéresser au sujet. Plus encore que lutter contre la violence, il

leur faut au quotidien lutter contre les incivilités dont sont victimes les conducteurs mais

aussi les passagers.

214

Les indicateurs de sécurité

Sécurité 1

Traitement du vandalisme 1

3 .3. 5. : Les indicateurs globaux.

J’ai appelé indicateurs globaux, des mesures de la qualité qui englobent plusieurs des

thèmes ci dessus. Particulièrement intéressantes pour notre étude, ces mesures abordent

des thèmes importants pour les clients avec des appellations proches de leurs besoins.

Les indicateurs globaux

Indicateurs globaux 8

Nantes : Conformité des véhicules ; propreté et fiabilité du matériel 1

Nantes : Nantes droit au transport et à l'information 1

Valenciennes : Qualité de l'offre (horaires, correspondances itinéraires) 1

Valenciennes : Qualité de service (service non assuré, avance retard, surcharge-arrêt non desservi,

surcharge-inconfort, correspondance manquée, erreur d'itinéraires)

1

Valenciennes : Qualité d'accueil (comportement, information) 1

Valenciennes : divers (promiscuité, chahut, insécurité, problème de tarification, problème divers en gare,

autres dont sonorisation)

1

Toulouse : Baromètre de satisfaction clientèle 1

Stibus : enquête image 1

Maubeuge et Toulouse utilisent des enquêtes clientèles pour définir une note générique au

service rendu : le baromètre de satisfaction de la clientèle.

Les réseaux de Nantes et de Valenciennes dissocient différents thèmes.

Pour Nantes :

La conformité des véhicules ; propreté et fiabilité du matériel

215

Le droit au transport et à l’information qui se décline en trois indicateurs : l’accessibilité

au réseau, l’information sur le terrain et l’information clientèle sur et dans les véhicules.

La gestion des situations de crise

Valenciennes classe les réclamations reçues par thème et mesure ainsi les thèmes définis :

La qualité de l’offre : horaires, correspondances et itinéraires,

La qualité du service : services non assurés, avance retard, surcharge - arrêt non desservi,

surcharge - inconfort, correspondance manquée, erreur d’itinéraires

La qualité de l’accueil : comportement et information

Divers : promiscuité, chahut, insécurité, problème de tarification, problème divers en gare,

autres dont sonorisation.

Cette démarche peut encore être enrichie avec des données sur la propreté par exemple,

mais elle est déjà un excellent reflet de ce que peut percevoir le client. Les thèmes

génériques (qualité de l’offre, du service...) sont proches de la perception de la clientèle.

3 .3. 6. : En conclusion

Comme pour l'enquête sur les actions, l'analyse de la taille des réseaux montre que, ce sont

surtout les grands réseaux qui travaillent sur la mesure. Pour les villes moyennes, les

données sont là encore très proches, les unes des autres.

Cette différence de proportion entre les tailles de ville montre à quel point les

moyens humains et financiers sont éloignés les uns des autres. Les grands réseaux

ont des capacités qui leur permettent de prendre de l'avance quant à la mise en place

de la mesure et de la qualité.

216

Les indicateurs par taille de réseaux

6

2

7

0

12

8

21

8

0

5

10

15

20

25

Accés réseau Offre de transport Trajet Q

VM GRU

Nous avons regroupé par thèmes les indicateurs qualité des réseaux. Les résultats obtenus

sont différents de ceux de l’enquête action. Les réseaux mesurent surtout les éléments du

voyage et dans une moindre mesure les éléments antérieurs au voyage comme l'accès au

réseau et la constitution de l'offre.

Les thèmes des indicateurs qualité

18

10

29

0

5

10

15

20

25

30

35

Accés au réseau Amélioration de l'offre detransport

Amélioration du trajet duclient

Les éléments qui constituent le trajet (propreté, ponctualité, sécurité et confort) sont des

éléments techniques constitutifs du métier de transporteur. Ils permettent de mettre en

217

place facilement des indicateurs de productivité. Les éléments d'amélioration de l'offre et

sur l'accès au marché sont plus difficiles à mettre en place car il nécessite des indicateurs

qualité. Les réseaux mesurent ce qu'ils maîtrisent c'est-à-dire les éléments constituants le

"transport pur", avec des outils de mesure de la productivité. Ils n'ont pas encore, pour la

plupart, intégré la vision du client dans l'entreprise et encore moins la mesure de la qualité

avec l'œil du client.

Nous devons nous poser la question de l'acceptabilité des indicateurs, c'est-à-dire sur leur

composition même. Nous avons fait une présentation, au début de ce chapitre, des

différents types d'indicateurs : indicateurs de gestion, baromètres de satisfaction et

indicateurs de qualité. Or pour la plupart les réseaux appellent indicateurs de qualité des

mesures de la productivité de l'entreprise, c'est-à-dire des indicateurs de gestion. Cette

donnée a l'intérêt de fixer le niveau de compréhension et de mise en œuvre de la qualité du

réseau. Ceci est fonction de sa culture et de sa faculté d'appropriation de la qualité et de la

norme AFNOR. Bien souvent dans l'ignorance de la norme, le réseau met en place des

mesures qui lui paraissent accessibles, c'est-à-dire faciles à mettre en place et à mesurer et

dont la mesure sera positive pour le réseau. C'est pour cela que dans leur première

approche de la qualité, les réseaux mettent en place des indicateurs de gestion qui émanent

souvent des tableaux de bord d'exploitation : propreté, accueil et ponctualité pour les plus

souvent cités. Puis les réseaux utilisent ou s'inspirent de la norme. Or cette norme est très

intéressante pour la plupart des mesures qu'elle propose, mais pour certaine, son travail

n'est pas achevé : pour la sécurité et la fraude, notamment. Aussi ces deux thèmes

difficiles à cerner au niveau qualitatif, sont sujet à l'interprétation des réseaux.

218

3. 4 :Typologie des réseaux

A partir des deux enquêtes précédentes, nous avons réalisé une typologie des réseaux

quant à leurs comportements par rapport à la qualité.

Les indicateurs retenus sont de deux types et ont permis de caractériser les comportements

face à la qualité :

- l'amélioration interne de la qualité,

- l'amélioration externe.

Ces outils de mesures de l'amélioration "interne" concernent toutes les modifications

internes à l'entreprise pour améliorer la productivité : les changements de l'organisation du

travail, l'amélioration de l'exploitation, les propositions de formation des personnels et les

investissements financiers (création d'un poste…) et les indicateurs de production.

Les outils "externes" d'amélioration de la qualité concernent toutes les actions entreprises

par le réseau à destination du client, la communication et les indicateurs qualité.

Ces deux types d'outils vont permettre de classer les réseaux les uns par rapport aux

autres. Le classement se fait à partir d'un total quantitatif d'actions et d'indicateurs. Il est

possible qu'un réseau soit classé dans une catégorie supérieure ou inférieure à celle qui

devrait l'accueillir. Il effectue beaucoup d'actions sans véritable démarche ou réalise peu

de chose. Mais ce qu'il fait est très intéressant au regard de la qualité et suppose un

véritable travail construit et pluridisciplinaire.

Cependant le classement a le mérite de définir une classification proche de la réalité.

Nous avons distingué quatre niveaux d'appropriation de la qualité à partir du nombre

d'actions et d'indicateurs mis en place par les réseaux.

- Le premier niveau, l'amélioration de l'image : moins de 5 actions et indicateurs. Les

réseaux mettent en place des actions d'amélioration de la qualité rapidement perceptibles

par la clientèle et qui visent à améliorer l'image du réseau..

- Le deuxième niveau, le questionnement interne : entre 5 et 10 actions et indicateurs

qualité. Les réseaux mettent en place des indicateurs de mesures des actions mises en

219

oeuvre. Ils se recentrent sur leurs activités internes et s'interrogent sur la qualité de leur

travail.

Au cours de ces deux étapes, le réseau travaille directement sur le service rendu de façon

superficielle, sans remettre en cause son organisation interne.

- Le troisième niveau, la réorganisation interne : entre 10 et 20 actions et indicateurs.

Les réseaux mettent en place des démarches globales d'amélioration de la qualité,

englobant plusieurs activités de l'entreprise. Le réseau s'interroge en interne sur ses modes

de fonctionnements.

- Le quatrième niveau, un processus définitivement tourné vers les clients : plus de 20

actions et indicateurs. Les réseaux ont un responsable qualité en interne et travaillent à

l'obtention de la certification. Ils remettent en cause toute leur organisation. La qualité

modifie les processus de travail, les métiers et améliore la production du service.

Ces quatre catégories peuvent être représentées par des cercles inclus les uns dans les

autres. Chaque étape étant un niveau de plus franchi par les réseaux sur leur route de

l'appropriation et de la maîtrise de la qualité.

3 .4. 1. : Le premier pas vers la qualité, l'amélioration de

l'image.

Ces 8 réseaux ont mis en place, au plus, 5 actions d'amélioration et indicateurs de mesures.

Ils font leurs premiers pas dans l'approche de la qualité. Ces réseaux sont de petite taille (8

réseaux dont 5 ont au plus 50 000 habitants et 3 environ 100 000 habitants). Ils disposent

de peu de moyens humains et financiers (il n'y a qu'un seul cadre dans la plupart de ces

réseaux).

Ces réseaux ont une approche de la qualité essentiellement dû à la mise en concurrence

lors des appels d'offre et à l'obligation légale de faire un rapport annuel, sur le sujet, à

l'autorité organisatrice. La prise de conscience de l'importance de la qualité est récente,

aussi les démarches entreprises sont-elles sommaires.

220

Leur activité qualité se résume à des actions de communication externes envers la clientèle

que l'on peut qualifier de modification d'image. Ils travaillent à l'amélioration d'éléments

rapidement perceptibles par les clients.

Ils travaillent sur tous les supports d'information : points d'arrêts, bureaux de vente, fiches

horaires, dépliants, mais aussi sur les campagnes d'information (distribution de prospectus

dans les boîtes aux lettres, publicité…).

L'amélioration de l'image passe aussi par l'harmonisation ou la modification des tenues des

personnels en contact.

Ce travail sur l'image est encore souvent succinct, réalisé au "coup par coup" et ne repose

généralement que sur une ou deux actions. Mais il témoigne d'une prise de conscience et

de l'importance de la perception de l'entreprise par les clients. Chaque réseau ayant ses

priorités, les démarches tâtonnent et sont très hétérogènes. Plusieurs services ou

départements de l'entreprise (en général le département exploitation et le département

marketing) s'impliquent dans cette démarche, chacun avec ses outils.

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, premier niveau

Actions

Q

Taille

agglo

Modif

orga L

Amél Q

serv O

Modif

RH

Modif

fin

Indi

c P°

total

interne

Co

m

Indic

Q

total

externe

Ajaccio 59000 1 1 2 1 1

Aurillac 48000 1 1 2 2

Avignon 137000 1 1 0

Cagnes Nc 0 0

Chalon 96000 0 1 1

Creusot 100000 1 1 1 1

Macon 41000 1 1 2 2

Menton 29000 1 2 3 1 1

Légende :

221

Actions Q : Actions qualité

Taille agglo: Taille de l'agglomération

Modif orga L : Modifications de l'organisation du travail

Amel serv O : Amélioration du service offert

Modif RH : Modifications des ressources humaines

Modif fin : Modifications financières

Indic P° : Indicateur de productivité

Total interne : Total des outils internes, c'est-à-dire concernant les modifications

internes à l'entreprise.

Com : Communication

Indic Q : Indicateurs de qualité

Total externe : total des outils externes, c'est-à-dire à destination des clients.

3 .4. 2. : Le deuxième pas vers la qualité, le questionnement

interne

Les 4 réseaux concernés ont mis en place entre 5 et 10 actions d'amélioration de la qualité.

Ils se sont déjà interrogés sur le sujet de la qualité. Ils ont des idées intéressantes mais

encore trop peu nombreuses. Ce sont pour la plupart des villes moyennes (au plus 100 000

habitants) : Agen, Longwy et Romans et un très grand réseau (avec site propre),

Strasbourg.

Ils ont déjà franchi la première étape vers la qualité. Après un travail sur leur image, ils

s'interrogent sur le bien fondé de leurs actions qualité.

Ils se caractérisent par des interrogations en interne sur le travail effectué et une tentative

de "maîtriser" les actions qu'ils entreprennent. Cela passe, par exemple, par des mesures

du service rendu, de la qualité et de l'impact des actions de communication mises en place,

information de la clientèle et suivi des réclamations, et par des contrôles de l'amélioration

de la propreté et de la ponctualité.

222

Ces réseaux commencent à travailler sur des modifications plus profondes du service

offert (l'extension ou la modification du réseau ou de lignes). L'implication de l'entreprise

est plus grande, tous les services se mobilisent autour de la qualité. Les outils sont fédérés.

La démarche qualité commence à se construire, souvent synonyme d'amélioration de la

productivité de l'exploitation. De plus, l'entreprise commence à investir financièrement

(achat de mobilier urbain et de nouveaux bus), preuve de sa plus grande implication.

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, deuxième niveau

Actions Q Taille

agglo

Modif

orga L

Amél Q

serv O

Modif

RH

Modif

fin

Indic

total

interne

Co

m

Indic

Q

total

externe

Agen nc 1 1 1 3 3 2 5

Longwy 58000 0 6 1 7

Romans 42000 2 1 2 5 4 1 5

Strasbourg 430000 1 1 2 2 3 5

Dans ces deux premières étapes, les réseaux ont une approche productiviste de la qualité.

Ils travaillent sur le service rendu. L'objectif premier est d'améliorer la productivité. Ils

utilisent au mieux les ressources existantes en interne pour favoriser l'introduction de la

qualité de service. La qualité reste un élément indépendant de la production du service

transport. Elle ne va pas le modifier. Les métiers ne changent pas. La qualité utilise des

outils d'amélioration de la productivité interne à un département exploitation et/ou

marketing.

223

3 .4. 3. : Le troisième pas vers la qualité, la réorganisation

interne

Les 11 réseaux concernés ont mis en place entre 10 et 20 actions d'amélioration de la

qualité.

Ils travaillent déjà sur le thème de la qualité. Les démarches se construisent petit à petit.

Cette catégorie est constituée, en grande majorité par des grands réseaux (de 120 000

habitants à 670 000) sauf deux réseaux de moins de 50 000 habitants particulièrement

dynamiques : Cambrai et Epernay.

Dans cette étape, les réseaux réorganisent profondément le travail. L'entreprise se remet en

question dans son ensemble, souvent avec un plan d'entreprise. Les réseaux repensent leur

façon de travailler en interne et mettent le client au centre de leur préoccupation.

La réorganisation interne du travail est alors synonyme de création de services (marketing,

service du personnel) ou de poste de travail (agent d'accompagnement). Plus simplement,

la plupart des réseaux réorganisent les procédures existantes et le travail en général

(procédures de recrutement, la restructuration du service contrôle, du service exploitation,

la création d'une cellule de résolution des problèmes de sécurité).

Les actions d'amélioration technique du service se tournent également vers le client

(amélioration de la ponctualité et de la propreté, la rénovation des véhicules, la

restructuration des lignes, la modernisation ou la création d'une agence commerciale, la

restructuration de la billetterie).

Les réseaux investissent financièrement plus lourdement (achat de véhicules neufs, parfois

des planchers bas, renouvellement du mobilier urbain, mise en place du SAEI) et parfois

motivent leurs salariés en contact avec le public, grâce à une prime d'intéressement.

Cette étape est celle qui fait basculer l'entreprise de la production productive à une

entreprise de service centrée sur le client. Le client est maintenant, pris en compte dans la

fabrication du service. Ces différentes actions d'amélioration de la qualité nécessitent la

définition d'une démarche qualité ou plus simplement un plan qualité proposé et géré par

le département exploitation ou marketing. Les objectifs de l'entreprise sont définis en

fonction du client et non plus seulement en fonction des contraintes d'exploitation. C'est

pourquoi toute l'entreprise est impliquée et se mobilise dans cette étape d'appropriation de

224

la qualité (ressources humaines, marketing, exploitation, maintenance, études…). Le

service rendu par le réseau devient une véritable finalité dont le client est moteur.

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, troisième niveau

Actions Q Taille

agglo

Modif

orga L

Amél Q

serv O

Modif

RH

Modif

fin

Indic

total

interne

Co

m

Indic

Q

total

externe

Bayonne 124000 2 3 2 2 9 3 1 4

Cambrai 49000 1 1 2 4 4 3 7

Epernay 33000 1 4 2 2 1 10 5 1 6

Limoges 173000 7 2 1 10 7 7

Maubeuge 128000 4 2 1 1 8 4 3 7

Metz 160000 8 2 5 4 19 12 12

Montpellier 282000 2 1 3 8 8

Orléans 249000 1 3 4 2 7 9

Rennes 332000 4 2 2 8 5 5

Toulouse 673000 1 1 1 2 4 7 11

Valenciennes 336000 6 6 2 4 18 12 5 17

3 .4. 4. : Le quatrième pas vers la qualité, un processus

définitivement tourné vers les clients.

Cette catégorie est composée de trois réseaux, mais deux sont plus caractéristiques de cette

étape. Le troisième est particulièrement dynamique en matière de qualité mais sa

démarche est encore mal définie. Les trois réseaux se sont intéressés à la qualité après la

mise en place de leur tramway respectif, pour maintenir un niveau de fréquentation

amplifié par l'arrivée du site propre.

Les réseaux sont bien sûr des très grands réseaux urbains : Grenoble (370 000 habitants) et

Nantes (510 000 habitants) et Saint Etienne (316 000 habitants). Ils ont des démarches

225

qualité biens construites et déjà anciennes. L'un travaille à la certification NF, quant à

l'autre, il a déjà obtenu la certification ISO 9000 et toujours une démarche qualité.

Ces réseaux se caractérisent par l'utilisation de tous les outils mentionnés précédemment,

par l'existence d'une démarche qualité construite et affichée soutenue par un responsable

qualité. Cette donnée laisse supposer un véritable projet d'entreprise et un suivi quotidien

du concept de qualité. L'organisation et le maintien de la qualité en interne ne sont pas

chose aisée.

Les deux démarches ont été portées dans un premier temps par la mise en place de la

certification. Il est vrai que cet audit externe est un véritable moteur. Résolument tournée

vers le client, la certification oblige l'entreprise à repenser ses modes de fonctionnements à

partir des critères du client.

Ces démarches ne sont plus l'apanage d'un service marketing ou exploitation, mais bel et

bien celui de l'entreprise et de tous ses salariés. Pour cela, le responsable qualité, chargé de

la mise en place de la démarche et de la certification n'a pas de relation hiérarchique avec

les autres membres de l'entreprise. Il est directement rattaché au directeur. Son rôle est de

définir, de fédérer la démarche en accord avec la stratégie de l'entreprise et de motiver les

salariés.

Les deux démarches sont parties d'enquêtes sur les besoins de la clientèle et sur la mesure

de la satisfaction. Ces résultats ont permis de bâtir un plan qualité interne. Tous les

salariés de l'entreprise ont travaillé à l'introduction de la qualité. Des réunions internes

impliquant tous les niveaux hiérarchiques ont permis de fixer les objectifs, de définir les

outils à mettre en œuvre, les mesures adéquates (indicateurs qualité).

De plus, tout au long de la démarche de certification, les deux réseaux observés ont

interrogé, reçu, suivi des clients et des habitants de leur ville. Cette étape peut s'apparenter

au processus de coproduction du service où le client intervient activement à toutes les

étapes de la conception et de la réalisation du service.

226

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, quatrième niveau

Actions Q Taille

agglo

Modif

orga L

Amél Q

serv O

Modif

RH

Modif

fin

Indic

total

interne

Co

m

Indic

Q

total

externe

Grenoble 378000 2 3 2 4 3 14 11 4 15

Nantes 510000 1 1 1 1 4 5 9 14

St Etienne 316000 5 4 2 3 14 11 11

La démarche du réseau de Grenoble est la plus ancienne du groupe Transdev. Après une

croissance rapide et une hausse importante de la fréquentation avec l'ouverture des deux

lignes de tramway en 1987 et 1990, en 1992 le groupe de direction et l'encadrement ont

souhaité "concentrer leurs efforts pour améliorer le service et l'organisation". Cette mise

en commun des volontés a conduit à l'élaboration du plan à moyen terme 1993-1997

PAQT (Plan d'Action Qualité TAG) et à définir l'objectif de certification pour 1996.

"Nous voulons améliorer l'entente et la coopération avec l'autorité organisatrice, stimuler

l'organisation interne et nous tourner vers le client."143

L'introduction de la qualité et la certification a été soutenue par le groupe TRANSDEV

qui a embauché un responsable qualité chargé de mettre en place la démarche qualité et

d'obtenir la certification pour le réseau. Ce responsable qualité placé sous la responsabilité

du directeur de la SEMITAG était un salarié du groupe.

L'objectif du réseau est d'être certifié, il souhaite aussi mettre en place une démarche

qualité ou de progrès en parallèle de la certification.

143 Christine Ponsetti, responsable qualité de la SEMITAG, présentation de la démarche qualité du

réseau de Grenoble au groupe de métier exploitation et méthodes des grands réseaux urbains les 9 et

10 janvier 1997 à Strasbourg.

227

Représentation schématique de la démarche de Grenoble

Démarche de progrès Démarche de certification

- Identification des besoins des clients

- Politique qualité de service

- Réalisation d'une charte qualité

- Mesures : audits, enquêtes, clients mystères

- Ecriture de toutes activités internes :

procédures, la revue qualité, le manuel

d'assurance qualité, les définitions de

fonctions et les missions des directions

- Optimisation des activités internes

- Audit par l'AFAQ

- Certification par l'AFAQ

Les flèches ci dessus symbolisent l'utilisation des outils d'une démarche dans l'autre. Ainsi

les outils de la certification servent à l'élaboration de la politique interne et de la charte

d'engagement.

Pour la démarche de progrès, la SEMITAG a commencé par réaliser une enquête

d'identification des besoins et de satisfaction, auprès de 830 clients occasionnels et

réguliers. Cette enquête a permis d'identifier la perception qu'a le client du service rendu et

de connaître ses attentes, c'est-à-dire de définir la qualité perçue et la qualité attendue par

le client sur le service offert par l’entreprise. L'enquête a fait ressortir que le client est

satisfait à plus de 75% sur les horaires du tramway, sur la manière dont la TAG contribue

à la vie de la ville et de son agglomération et sur les conditions de transport dans les

tramways. Les clients expriment des attentes sur l'information, les correspondances, les

chauffeurs de bus, les titres de transports, les contrôleurs, les points d’accueil, les

conditions de transport dans les bus, les horaires des bus, les conditions d'attente et le

traitement des réclamations.

Cela a permis à la TAG de hiérarchiser les éléments qui rentrent dans la composition de la

satisfaction :

- L'information écrite et orale pour 38%,

- L'utilisation du ticket pour 17,5%,

- Les chauffeurs pour 15,6%,

- Les correspondances pour 12,5%,

- Les conditions de transport dans les bus pour 10,4%,

228

- Le traitement des réclamations pour 6%.

A partir de cette enquête, la SEMITAG a défini une politique qualité de service qui met le

client au centre des préoccupations de l'entreprise grâce à la mise en place de diverses

actions d'amélioration de la qualité de service offerte à la clientèle et des actions

d'amélioration du fonctionnement interne tourné vers les préoccupations qualité. C’est-à-

dire qu’à partir des composantes de la satisfaction, la TAG a fait des choix d’orientation

de sa politique qualité. Ces choix sont bien sûr basés sur les attentes des clients et sur leur

ressentis (qualité attendue et qualité perçue), mais aussi sur ses contraintes internes :

techniques d’exploitation, financières, de politiques internes, etc.

Le plan PAQT (Plan Assurance Qualité TAG) s'est fixé les objectifs suivants :

- Mieux servir le client,

- Mieux valoriser les hommes et les compétences,

- Mieux gérer la contrainte économique.

Le groupe de direction a ensuite élaboré une charte de service qui formalise les

engagements de la SEMITAG vis à vis de ses clients en matière d'accueil, d'information,

de vente et d'utilisation des tickets, de conditions de trajets et de réclamations. Cette charte

se décline en 150 "standards de qualité" qui sont des promesses faites aux clients et des

objectifs pour l'entreprise et qui visent à améliorer la satisfaction définie ci-dessus :

"Vous considérer comme le bienvenu et vous accueillir avec courtoisie, prévenance et

compétence" ou

"Vous informer précisément et utilement, chaque fois que vous le jugez nécessaire",

"Vous proposer des tickets et des abonnements faciles à acheter et pratiques à utiliser",

"Vous amener plus rapidement à destination, dans les meilleures conditions de confort et

de sécurité",

"Recevoir avec intérêt vos suggestions, demandes et réclamations et y répondre

rapidement et de façon personnalisée"

Ici l’entreprise répond aux attentes concernant l'information, les titres de transport, les

chauffeurs de bus, les conditions de transport dans les bus et les réclamations. Pour

229

l'instant la TAG ne souhaite pas améliorer les correspondances. Elle considère que cette

action est encore techniquement trop difficile pour elle compte tenu de ses contraintes.

Ces standards sont hiérarchisés et leur réalisation planifiée pour l'année.

Les deux démarches qualité et de certification ont nécessité un travail important et

méthodique sur le fonctionnement interne et sur la formation des personnels. Soutenue par

le directeur général du réseau, auquel le responsable qualité est directement rattaché144, les

démarches sont relayées dans chaque département par des correspondants qualité145 et des

observateurs qualité146. La fonction qualité existe ainsi dans chaque direction.

Par ailleurs le groupe de direction et les responsables de service animent des groupes de

travail sur des thèmes transversaux comme l'information écrite et orale, les

correspondances, l'achat de titres dans les bus, etc. Ces groupes réunissent tous les acteurs

concernés par le thème. Ceci crée une dynamique interne en faisant participer chacun sur

des thèmes individuels et collectifs. Ce qui permet à chacun de participer à la démarche en

ayant une approche transversale.

Plusieurs documents ont permis de transmettre en interne l'évolution de la démarche : les

revues qualité147, le manuel d'assurance qualité148, les procédures149, les définitions de

fonctions150 et les missions des différentes directions.

144 Ceci évite tout rapport hiérarchique entre les responsables qualité et un autre membre de

l'entreprise. Cela permet également d'asseoir la crédibilité du responsable qualité.

145 Il y en a un par direction. Au delà de leur fonction habituelle, ils informent aux côtés de leur

responsable, les collaborateurs sur la démarche en gagées et recensent les domaines d'amélioration des

activités du service. Ils se réunissent tous les mois avec le responsable qualité.

146 Ils réalisent les audits qualité internes permettant à chaque service de mesurer l'efficacité et

l'application des organisations pour apporter des améliorations. Ils n'appartiennent pas au service, ni à

la direction qu'ils auditent, afin d'avoir un œil neuf et candide.

147 Le journal interne "point de rencontre" et son complément "PAQT actualités"

148 Il décrit succinctement les fonctionnements mis en place pour atteindre les objectifs fixés et

assurer la qualité de service attendue par ses clients.

230

Par ailleurs la démarche a mis en place trois outils de mesures réguliers pour évaluer

l'efficacité des fonctionnements : les audits internes151, les enquêtes de satisfaction152 et les

clients mystères153.

Cette démarche peut être qualifiée de "descendante" puisqu'elle est entrée dans l'entreprise

par la direction et le groupe de direction avant d'être diffusée à l'ensemble des employés.

Elle a, très tôt, mobilisé tous les membres de l'entreprise en les rendant acteurs de la

démarche. Elle a modifié structurellement l'organisation du réseau, l'organisation du

travail, les métiers, les savoir-faire et bien sûr la production du service.

Obtenue en mars 1996, la certification a permis une reconnaissance de l'entreprise. Elle est

perçue comme une entreprise dynamique et innovante et les clients ont le sentiment d'être

écoutés. Elle a également contribué à faire connaître les missions et les responsabilités de

chacun, à améliorer l'offre, à faire entrer le client dans l'entreprise et à le placer au centre

des préoccupations de chacun et enfin à tenir le cap grâce aux audits internes réguliers.

Afin de maintenir sa certification, la SEMITAG poursuit son travail en communiquant en

externe ses standards de qualité et en s'engageant dans la mesure avec la mise en place

d'indicateurs de qualité. A la fin de la mise en place de la démarche, une fois la

certification obtenue la TAG va s'engager sur les correspondances, notamment à la gare.

Elle propose même de rembourser les billets de train aux personnes ayant raté leur train à

cause de la TAG et des horaires non respectés.

149 La majorité des activités de l'entreprise a donné lieu à la rédaction de procédures, afin de faciliter

la consultation par les autres membres de l'entreprise, de disposer d'un référentiel à jour et de

favoriser la transmission de l'expérience.

150 Les missions et les responsabilités de chaque fonction ont été écrites afin de répondre aux

exigences de la norme ISO 9001, de disposer d'un référentiel et d'améliorer les relations

fonctionnelles entre les acteurs internes.

151 Les 14 observateurs qualité apprécient régulièrement l'efficacité et l'application des dispositions

définies par les différents services.

152 La direction du marketing réalise deux enquêtes de satisfaction par an.

153 Ce sont des voyageurs non identifiables par les membres du réseau qui remplissent un

questionnaire sur les conditions d'un voyage.

231

La mise en service de la première et de la deuxième ligne de tramway entre 1985 et 1994 a

impulsé une nouvelle dynamique au réseau de Nantes. SEMITAN154 a alors ressenti le

besoin d'améliorer le contact avec la clientèle. L'entreprise a donc mis en place un module

de formation des conducteurs et des agents de maîtrise, puis, elle a fait faire une enquête

d'opinion afin de mesurer en externe155 les effets de cette formation. Cette première

expérience n'a pas permis d'obtenir les résultats escomptés, d'une part car elle était peu

fédératrice et pas assez ouverte sur l'entreprise dans son ensemble et sur les clients.

Forte de cette expérience, la direction met en place une nouvelle structure en 1996. La

TAN a réalisé une enquête sur l'ensemble des réseaux bus et tramway, pour mieux

comprendre la perception et les attentes des clients. Les résultats ont mis en évidence les

points forts et les points faibles de la TAN. Ainsi les clients reconnaissent que la TAN

réalise de bons résultats concernant :

- la desserte ("Avec la TAN on peut aller partout dans l'agglomération"),

- les fréquences ("dans le centre, ça ne pose pas de problème"),

- les horaires, le respect de la ponctualité ("on va nettement plus vite qu'en

voiture"),

- l'entretien du matériel (bus, abribus et poteaux d'arrêts),

- la tarification (simple, complète et économique),

Ils apprécient en particulier leur tramway, son image, sa qualité, sa performance et

son accessibilité.

Par contre ils regrettent :

- des fréquences faibles en périphérie,

- un manque d'infrastructures (abribus, informations aux arrêts),

- un manque de disponibilité, de courtoisie et d'efficacité du personnel ("le

personnel n'est pas conscient qu'il doit faciliter la vie des usagers"),

154 SEMITAN ou TAN : Transport de l'Agglomération Nantaise

155 Auprès du cabinet KHI 2, spécialisée dans les enquêtes clientèles dans le secteur des transports

232

- des points d'informations peu agréables et aux horaires contraignants,

- un manque d'accessibilité des bus.

L'enquête a montré un déséquilibre de perception du réseau entre le bus (qui a une

image de clientèle captive156 et le tramway qui a une image moderne et dynamique).

La Tan a alors travaillé à partir de ces attentes révélées par l'enquête, à définir des

objectifs pour l'entreprise :

- Améliorer la fiabilité : c'est la capacité à fournir ce qui a été promis de façon

précise et fiable.

- Améliorer l'accueil, c'est-à-dire la compétence et la courtoisie des employés et

leur capacité à inspirer confiance,

- Améliorer l'image, c'est-à-dire les locaux, les équipements et la présentation

extérieure du personnel,

- Améliorer l'empathie, c'est-à-dire le degré d'attention individuelle accordée aux

clients.

Le groupe de direction de la Tan a alors décliné ces objectifs en actions pour l'entreprise :

- Adapter la communication marketing,

- Faire évoluer les mentalités et plus particulièrement les relations entre les conducteurs

et la hiérarchie,

- Humaniser les contacts clients conducteurs en améliorant l'attitude, la disponibilité,

l'écoute et l'amabilité des conducteurs.

Le groupe de direction a souhaiter intégrer à la démarche à toute l'entreprise. Le

responsable qualité a alors mis en place des groupes de travail inter métiers (conducteurs,

agents de maîtrise et coordinateur). Ces groupes ont permis de fixer des objectifs de

progrès afin de pallier aux points faibles de la TAN tout en maintenant les points forts.

Ces groupes ont également travaillé sur des exemples externes comme la poste, la banque,

rent-a-car (location de voitures), la SNCF, etc. Les conducteurs ont travaillé sur l'accueil

156 c'est-à-dire les clients sans voiture qui n'ont pas d'autre choix que d'utiliser les transports en

commun pour se déplacer.

233

et ont réalisé une charte sur le sujet. Il est basé sur la disponibilité, l'écoute, une tenue

soignée (et pas seulement correcte), la conduite, l'exemplarité, l'information et la capacité

à être maître à bord. Le projet ainsi défini est présenté aux cadres de l'entreprise en 1997.

Parallèlement TAN a travaillé à l'élaboration d'indicateurs qualité. Cette recherche est

basée sur les résultats de l'enquête, c'est-à-dire des besoins de la clientèle et de mesures de

satisfaction effectuées. Elle a alors mis en place des outils de mesures particuliers au

réseau qui répondent aux objectifs qu'elle s'est fixée : améliorer la fiabilité, améliorer

l'accueil, améliorer l'image et améliorer l'empathie . N'ayant pas fait appel à l'extérieur

dans la construction de ces indicateurs, les mesures élaborées ne ressemblent pas à ceux de

la norme ou à ceux d'autres entreprises.

- Par exemple, la mesure des contraintes horaires permet de définir les horaires en

fonction des contraintes de la clientèle. Ces contraintes sont, par exemple, la prise en

compte des heures de bureau, des horaires de trains à la gare, des heures de cours ou de

classe pour l'université et les écoles, etc. Elles sont identifiées grâce aux réclamations et

aux bilans de rentrée fait avec les différentes communes. Bien sûr tout cela n'est pas

nouveau, mais la prise en considération de ces données introduit la vision du client dans la

mesure du service rendu par l'entreprise.

Le droit au transport et à l'information fixé par la LOTI a donné naissance à trois

indicateurs :

- L'évaluation de l'accessibilité au réseau permet de mesurer la capacité de

l'exploitant à apporter une réponse en transport en commun à la demande de déplacement.

C'est-à-dire que la TAN tente d'offrir une desserte de qualité qui soit une alternative

crédible aux autres modes, une lisibilité facile du réseau, une information claire, exacte,

accessible et complète et des supports d'information adaptés au plus grand nombre

(images, sons, fiches, guides).

- La mesure de l'information sur le terrain comptabilise celle disponible pour le

client aux différents points d'arrêts du réseau. L'objectif étant de garantir une présence

permanente et une qualité de l'information définie selon un cahier des charges ainsi que

des infrastructures (stations de tramways, abribus, poteaux d'arrêts) propres.

234

- L'information clientèle sur et dans les véhicules permet de sécuriser l'usager à

l'arrêt et pendant son trajet.

Ces mesures sont faites à partir d'outils simples de l'exploitation, détournés et utilisés à la

mesure de la qualité. Ce sont par exemple la fréquentation, les taux d'utilisation des

équipements (fiches, services…), les donnés d'exploitation, des contrôles statistiques en

sortie de dépôts, l'analyses des réclamations… Ces mesures sont assez exemplaires, car

construites par le réseau lui-même, à partir de ses besoins propres. Elles permettent une

mesure du service avec l'œil de client et sont en cela de véritables indicateurs de qualité et

par conséquent de formidables moteurs pour la démarche interne.

Forte de cette expérience et toujours pour répondre aux objectifs qu'elle s'est fixée :

améliorer la fiabilité, améliorer l'accueil, améliorer l'image et améliorer l'empathie,

l'entreprise TAN a travaillé à l'élaboration du cahier des charges de l'appel d'offre de

décembre 1997. Pour cela, le réseau a défini un plan qualité de service. Ce plan se décline

en objectifs et critères qualité visant à améliorer certaines dimensions de service :

- Accueil et considération : amabilité, politesse, tenue, compétence, conduite,

attention en cas de problèmes…

- Fiabilité du service : respect des horaires, gestion des situations perturbées,

disponibilités des équipements…

- Correspondance : temps de correspondances, distance entre deux arrêts, repérage

des arrêts des lignes en correspondances, conditions d'attente.

- Confort : conditions de transports aux arrêts (propreté, éclairage, ambiance,

distraction), conditions de transport dans les véhicules (propreté, éclairage, places

disponibles, montée descente…).

Ces dimensions de service ont été déclinées en standards de service tels que : "Le client est

toujours accueilli par un personnel avec une tenue et une présentation impeccable" ou "Le

client est sûr que les horaires de passage seront respectés dans 90% des cas, à [-1' /

+3' ]"…

235

L'entreprise propose de s'engager auprès de la clientèle grâce à des garanties de service et

des dédommagements proportionnels à la gène occasionnée. Par exemple "La

SEMITAN157 s'engage à vous transporter rapidement et dans les meilleures conditions de

confort et de sécurité". C'est-à-dire que les horaires sont respectés dans 90% des cas (sauf

cas de forces majeurs) et pour tout retard de 15 minutes, indépendant de la volonté de la

SEMITAN, nous remboursons votre voyage ainsi que les frais engendrés par ce retard à

hauteur de 500 francs.

Cette démarche d'amélioration s'accompagne d'une évaluation par indicateurs de gestion et

de qualité. Ils sont conçus de manière à prendre en compte les objectifs de la politique

qualité et l'impact sur la clientèle, c'est-à-dire que TAN a défini un système de référence,

des niveaux de référence et de seuil d'in acceptabilité (voir la norme AFNOR).

D'autre part, la SEMITAN s'engage à obtenir la certification ISO 9002 pour les activités

de maintenance du tramway.

Le réseau de Nantes mène donc deux démarches de front, l'une d'amélioration de la qualité

qui s'appuie sur la norme NF de certification des transports de voyageurs et l'autre de

certification d'une partie de l'entreprise à l'aide de la norme ISO. La SEMITAN s'est

appuyée sur l'expérience de Grenoble. Elle a voulu l'améliorer en bénéficiant des

nouveautés en matière de certification des services.

Ces deux démarches associent à la fois les demandes des clients, les salariés de l'entreprise

et l'autorité organisatrice. Elles ont toutes les deux introduit des outils de mesures pour

progresser. Enfin elles valorisent leur résultats auprès de leur client, de leur salariés et de

leur autorité organisatrice. Ces deux démarches peuvent donc être qualifiées de

dynamiques puisqu'elle sont évolutives en fonction des besoins du service.

Nous avons donc distingué quatre grandes étapes successives dans l'appropriation de la

démarche qualité. L'étape 3 est capitale. Elle fait basculer l'entreprise de transport d'un

réseau d'exploitation du transport public, à une entreprise de service. La qualité oblige

157 SEMITAN : Société d'Economie Mixte des Transports de l'Agglomération Nantaise

236

l'entreprise à recentrer sa production sur le client. Cela implique la modification de

l'organisation du travail et du travail lui-même. Les modifications sont nombreuses et

mobilisent tous les métiers de l'entreprise en modifiant toutes les tâches.

Il y a plusieurs facteurs exogènes et endogènes qui influencent l'introduction de la qualité

dans l'entreprise de transports en commun urbain. Les réseaux sont motivés par :

- la concurrence automobile,

- les exigences des utilisateurs,

- les exigences des autorités organisatrices,

- le durcissement des appels d'offre depuis la loi Sapin,

- les salariés de l'entreprise (mouvements sociaux), …

A partir de ce que nous venons de voir les facteurs endogènes qui accélèrent la diffusion

de la qualité sont :

- la construction d'une démarche qualité avec prise en compte du client dans la

fabrication du service,

- la présence d'un responsable qualité dans l'entreprise.

Le niveau d'appropriation de la qualité est fonction de la prise en compte du nombre des

éléments cités ci-dessus. C'est le recentrage de l'entreprise sur elle-même qui va permettre

à la qualité d'exister. Plus l'intervention du client dans l'entreprise est importante, plus

l'appropriation de la qualité est grande, c'est-à-dire qu'elle s'améliore. Le client n'intervient

dans un premier temps que lors de la production du service, puis l'entreprise l'intègre en

amont de la production : dans la conception et dans la définition. C'est lorsque l'entreprise

l'intègre au processus de fabrication du service en amont de la production que la qualité va

s'améliorer. Les ressources internes à l'entreprise vont lui permettre de se constituer une

culture qualité propre et de s'approprier le phénomène,

La présence d'un responsable qualité et la mise en place d'une démarche de certification

est aussi un élément qui fait progresser un réseau très rapidement. Ainsi les 3 réseaux du

quatrième niveau sont des cas particuliers car ils ont fait, très vite de la qualité au niveau

4. Ils ont saisi l'opportunité de la construction du tramway. L'image procurée par ce site

propre augmente substantiellement la fréquentation. Les démarches qualité et /ou de

237

certification mises en place ont tenté de maintenir le niveau de fréquentation procuré par la

mise en service du site propre.

238

Chapître 4 : L'introduction de la qualité dans le système

d'acteurs.

La question de la qualité se pose différemment en fonction de l’acteur qui prend

l’initiative. Le secteur des transports repose sur un processus de coproduction encadré par

les contrats (convention et cahiers des charges). Chacun des deux acteurs ayant des

objectifs et des outils qui lui sont propres, l’autorité organisatrice est maître d’ouvrage et

travaille pour des administrés. Elle a des objectifs politiques. Alors que le réseau est

maître d’œuvre et travaille pour des clients. Il a des objectifs d’exploitation et de gestion.

Les contrats sont alors un compromis entre les deux parties et leurs objectifs respectifs. La

négociation rend donc compte d’une double réalité. La qualité a été introduite dans le

secteur des transports en commun urbain par l'exploitant. Cependant, l'enjeu réel de la

qualité étant politique, c'est la négociation qui permettra à la qualité d'exister.

Notre travail a pour objet d’identifier les différentes formes ou modalités prises par la

qualité dans les contrats (convention et cahiers des charges) et de définir les rôles des deux

acteurs de la conception du transport en commun urbain. Pour effectuer ce travail, nous

avons étudiés l'ensemble des documents contractuels de 13 réseaux, qui constituent notre

corpus de référence, afin d'identifier d'une part dans la rédaction des cahiers des charges et

d'autre part dans celles des conventions, la façon dont la qualité y apparaissaient.

L'analyse de ces documents nous a paru intéressante car le cahier des charges et la

convention sont des documents contractuels qui résultent des négociations entre les parties

et d'autre part car ils expriment le niveau de prise en compte de la qualité par les parties, à

un moment donné.

Après une analyse étymologique des contrats peu fructueuse158, nous avons choisi de

travailler à partir d'une définition officielle de la qualité. Pour cela nous avons choisi la

158 Nous avons, dans un premier temps fait une analyse des contrats par terme. Les résultats n'ont pas

permis d'identifier un quelconque engagement qualité réel. En effet les termes utilisés sont très divers

239

charte des services publics et la norme AFNOR, transports de voyageurs. Ces deux textes

fixent un cadre à la qualité en définissant des critères constitutifs de la qualité appliquée

dans le premier cas, au service public et dans le deuxième cas aux transports de voyageurs.

La charte des services publics redéfinit les fonctions des services publics au cours d'une

période où les services publics préoccupent et inquiètent les usagers et les pouvoirs

publics. Les années 1980 à 1990 sont marquées par la crise des organisations publiques.

Cette crise est un signe du mécontentement profond des usagers et est une menace sérieuse

pour les fondements du service public. La charte des services publics a servi à clarifier les

principes fondateurs des services publics et à définir des principes d’actions en

positionnant les usagers au cœur des préoccupations des agents publics.

La norme AFNOR est, quant à elle, beaucoup plus récente. La certification et les normes

ISO 9000 sont particulièrement utilisées depuis le début des années 90. Elles ont permis la

certification de centaines d’entreprises industrielles. Ces normes ont été et sont encore des

outils performants de la certification de la production et la commercialisation des produits.

Elles ont rapidement été limitées dans le secteur des services et plus particulièrement des

services publics. La norme AFNOR de transports publics de voyageurs de 1997 est venue

combler un vide dans le domaine des normes. S’intéressant aux transports urbains de

voyageurs, elle présente une méthode de définition et de mesure du service de transport de

voyageurs. Elle propose des familles de critères qualité, orientés vers le service rendu au

voyageur.

Parfaitement adaptée au secteur des services, la norme est un engagement de résultats et

non pas seulement une garantie de moyens, comme pour les normes destinées aux

produits.

Ces deux textes sont désormais des outils de référence. Ils ont contribué à faire évoluer la

qualité vers une qualité de service telle que nous la connaissons aujourd’hui. Aussi nous a

t-il paru important d’en faire des outils de lecture des conventions et cahiers des charges

afin de déceler d’éventuelles préoccupations qualité.

et cette analyse restait trop superficielle. Elle ne permettait pas de définir des concepts et d'identifier

des comportements.

240

La méthode a consisté à identifier dans les documents contractuels la présence des critères

définis par la charte des services publics et par la norme AFNOR de transport de

voyageurs afin de définir la présence de la qualité à l'aune de référents nationaux

constitués.

Dans les différents contrats étudiés nous avons, d’un côté un petit nombre de citations de

la charte des services publics (43 citations) et de l’autre, une présence importante de la

norme AFNOR (150 citations). La charte des services publics n’est peut être pas assez

didactique pour être utilisée dans les contrats ?

4. 1 :La charte des services publics

4 .1. 1. : Peu de critères cités.

La mission de service public telle qu’elle est décrite dans la charte du même nom est peu

prise en compte dans les contrats liant les Autorités Organisatrices et les exploitants.

Les différents principes du service public sont généralement peu présents dans les

conventions et les cahiers des charges. Le nombre total d’articles relatifs aux critères du

service public (43) est relativement peu important.

241

Répartition des critères de la charte des services publics

Egalité

Neutralité

Continuité 23

Transparence 4

Responsabilité 9

Simplicité 1

Accessibilité 2

Participation 1

Adaptation

Confiance

Fiabilité 3

Total 43

Les critères cités sont souvent les mêmes : continuité, transparence, responsabilité,

simplicité, accessibilité, participation, fiabilité

Présent dans toutes les conventions, le critère de continuité est le seul des critères

fondamentaux cités. Il implique la permanence du service et un fonctionnement basé sur

les attentes des usagers. Ce principe est l’essence même du service public. La formulation

généralement utilisée est assez décevante puisque très limitée :

“ L’exploitant est tenu d’assurer la continuité du service défini au cahier des charges

quelles que soient les circonstances, sauf cas de force majeure ou de grève”.

Le cas particulier est une généralité car, à part les intempéries, la grève ou le cas de force

majeure (très vague) qu’est-ce qui pourrait empêcher la continuité du service public ?

Cependant, les deux autres principes fondamentaux : égalité et neutralité, sont absents des

contrats. Or, ils concernent le métier même des agents en contacts avec les clients. Ces

critères sont présents dans les missions et les fonctions mêmes des agents concernés. Ce

qui signifie que les réseaux en tiennent compte. Les actions et les mesures envers les

personnels et les formations à l'accueil sont des éléments permettant de garantir la

neutralité des agents et l’égalité des clients.

242

Ceci met en évidence que les réseaux ont intégré ces différents critères constitutifs de la

notion de service public, mais que les autorités organisatrices commencent à se doter de

cette capacité là.

Les deux principes d’actions : adaptation et confiance ne sont jamais cités dans les textes

que nous avons étudiés. Ces deux principes concernent directement les fonctions des

agents. Là encore, le travail des réseaux en interne permet de répondre à ces critères. Le

critère d’adaptation qui nécessite l’implication des agents et une déconcentration des

services pour être le plus près possible de l’usager. Les actions et les formations relatives à

l’amélioration de l’accueil des conducteurs, des contrôleurs ou le développement du

réseau des dépositaires, etc répondent au critère d’adaptation.

De même, les actions d’amélioration des contacts entre les personnels et les clients, de la

sécurité et les formations concernant la relation aux clients, la gestion des conflits...

répondent au critère de confiance.

Ces 4 critères absents des contrats sont-ils si peu significatifs pour les autorités

organisatrices ? Les réseaux ont montré qu’ils avaient de l’importance en mettant en place

des actions qui y répondent. L’autorité organisatrice considère que cela correspond au

métier de l’exploitant. Elle ne juge peut être pas nécessaire d'affirmer cette notion de

service public.

4 .1. 2. : Des différences entre les tailles de réseaux.

Nous étudierons ici les principes de la charte des services publics abordés dans les textes,

concernant à la fois les villes moyennes et les grands réseaux urbains :

le principe de continuité cité par tous les réseaux

le principe de transparence cité 4 fois

le principe de responsabilité cité 9 fois

Nous l'avons vu précédemment, le principe de continuité est le seul critère cité par toutes

les conventions.

243

Les principes de transparence et de responsabilité, bien que moins présents

(respectivement 4 et 9 citations) dans les textes, sont cités par les deux catégories de

réseaux. Ces deux principes impliquent directement l’usager dans le fonctionnement du

service public. Le principe de transparence lui alloue le droit de s’assurer du bon

fonctionnement du service public et le principe de responsabilité, celui d’avoir accès à

l’information. Les enquêtes sur les actions et les indicateurs qualité ont montré que les

réseaux accordaient beaucoup d’importance à l’information, à sa qualité, à sa disponibilité

(au plus près du client et en cas de perturbation).

Les villes moyennes (VM) se caractérisent par un nombre plus important de principes

cités dans les contrats que les grands réseaux urbains (GRU).

Répartition des critères de la charte des services publics par taille de réseaux.

VM GRU

Continuité 15 8

Transparence 2 2

Responsabilité 6 3

Accessibilité 2

Participation 1

Simplicité 1

Fiabilité 3

Total 27 16

Les principes de fiabilité et de simplicité présents uniquement dans deux textes de villes

moyennes sont relatifs à la stabilité des règles, à la clarification administrative et à la mise

en place d’indicateurs de qualité.

Les principes d’accessibilité et de participation ne sont mentionnés que dans des contrats

de deux grands réseaux : Orléans et Valenciennes. Alors que l’accessibilité est directement

liée au rôle du service public lui-même puisqu’il s’agit d’accessibilité géographique, le

principe de participation concerne à la fois le service public et le client. Ce principe est

244

une obligation collective de résultats : l’usager et l’agent doivent se sentir responsable de

la production du service.

Les différentes présences des principes de la charte des services publics dans les contrats

sont dues à des sensibilités locales et à une continuité dans l'histoire des contrats plutôt

qu'à des phénomènes caractéristiques d'une taille de réseaux.

Les principes sont toujours abordés de façon succincte, il est laissé libre court à

l’exploitant de les interpréter.

Ce qu’il faut noter c’est que la charte des services publics mentionne souvent le terme

d’usager. Or, dans les contrats que nous avons étudiés, les clients sont toujours l’autorité

organisatrice. Les deux cocontractants sont les seuls mentionnés dans les contrats et les

seuls bénéficiaires des principes. Exception faite pour le principe de continuité, le client

final n’est jamais présent dans les textes. Or, de grands thèmes le concernant sont abordés

comme l’information, la sécurité, etc, mais cela concerne toujours les obligations que

l’exploitant a vis à vis de l’autorité organisatrice. Bien sûr, le bénéficiaire final est sous-

entendu mais il n’est jamais mentionné.

Cette analyse met en relief le peu de prise en compte de la charte des services publics par

les contrats. Or, nous savons que les réseaux s’intéressaient au sujet. La conclusion que

nous pouvons faire est que la charte des services publics n’est pas un document

suffisamment didactique pour les Autorités Organisatrices. Les critères de la charte sont

peu mentionnés (à part le principe de continuité) et presque par hasard.

Nous pensons que la notion de services publics défini par la charte n'est pas encore

intégrée par les autorités organisatrices. Les villes et les réseaux ne sont pas dotés des ,

mêmes capacités d’expertise. Les réseaux ont déjà la capacité d'expertise sur certains

principes de la charte. Les autorités organisatrices n'ont pas encore cette capacité.

4. 2 :La norme qualité des transports publics

La norme AFNOR est un texte très didactique qui est beaucoup plus représenté dans les

contrats puisqu’elle est citée 150 fois. Contrairement à la charte des services publics, tous

les critères de la norme AFNOR sont mentionnés. Tous les textes citent plusieurs critères.

245

Généralement, les contrats qui citent beaucoup de critères de la norme sont ceux qui ont

mis en place une démarche qualité. Les cahiers des charges, lorsqu’ils abordent les

différents critères de la norme, s’engagent dans de véritables démarches qualités, souvent

bien construites et intéressantes.

Les critères les plus fréquemment cités sont l’information, la sécurité et la propreté des

installations et des modules de transports. Ces thèmes sont aussi ceux qui intéressent le

plus les réseaux dans la mise en place d’actions (information et sécurité) et d’indicateurs

(propreté).

Dans l’ensemble, les grands réseaux ont plus de préoccupations qualité que les villes

moyennes159. Les critères de la norme sont plus nombreux dans les textes des grandes

villes que les autres, à part 3 exceptions : accueil, netteté des modules de transports et

sécurité où la différence est très marquée, mais dans l’autre sens. Sont ce des thèmes à

traiter d’urgence pour cause de retard (sécurité, accueil) ? Les réseaux villes moyennes

disposent de moins de personnel et parfois de personnel polyvalent (contrôleur

conducteur...). La mission première du métier est alors la seule préoccupation par manque

de temps. Les missions considérées comme annexes telles que l’accueil et le contrôle de la

fraude par le conducteur sont un peu laissées de côté par manque de temps.

159 Enquête UTP auprès des entreprises adhérentes (154 réseaux), de mars 2001 sur les démarches

qualité engagées. 87 ont répondu : 58% ont un engagement contractuel concernant la qualité. Plus la

taille des réseaux est grande plus il y a d'engagements contractuels. Ainsi, pour les villes de moins de

100 000 habitants, 58% n'ont pas d'engagement et 42% en ont. Les villes de 100 000 à 250 000

habitants, 34% n'ont pas d'engagements contractuels et 66% en ont. Pour les villes de plus de 250 000

habitants, 21% n'ont pas d'engagements contractuels et 79% en ont.

246

Répartition des critères de la norme AFNOR dans les contrats :

GRU VM Ensemble

Information 17 16 33

Accueil 1 8 9

Régularité 6 6 12

Disponibilité des équipements 10 7 17

Netteté des installations 11 9 20

Netteté des modules de transports 5 15 20

Confort, ambiance 4 6 10

Sécurité 8 16 24

Fraude 3 2 5

4 .2. 1. : L’information

L’information collective des voyageurs est citée 33 fois par 11 des 13 réseaux. Ce qui fait

un peu plus de 3 citations par réseau.

C’est le critère le plus souvent mentionné dans les textes. C’est aussi le thème le plus

souvent choisi pour mettre en place des actions qualité (70), comme si les réseaux avaient

répondu aux injonctions contractuelles sur le sujet. Cependant, c’est un critère identifié

comme important pour le client, par la norme et par de nombreuses études marketing :

enquêtes de satisfaction... Nous analyserons cela dans le chapitre suivant où nous

confronterons les textes de chaque réseau avec les actions et les indicateurs mis en place.

Les grands et les moyens réseaux s'intéressent dans les mêmes proportions à l'information.

C'est un critère qui est fréquemment abordé dans les textes.

La norme dissocie l’information en situation normale et en situation perturbée. A

l’intérieur de chaque catégorie, la norme différencie l’information avant et pendant le

voyage. Voyons comment les textes parlent d’information :

247

L'information avant le voyage

situation normale 16

situation perturbée 3

L'information pendant le voyage

situation normale 8

situation perturbée 2

L’information en situation normale, avant le voyage, semble être la plus importante pour

les contrats. C'est celle qui permet de gagner de nouveaux clients. Cette donnée explique

le fait que les actions qualité sur le sujet soient plus nombreuses que les actions

concernant l’information pendant le voyage c’est-à-dire celles des clients actuels.

La répartition de l’information en situation perturbée avant et pendant le voyage a été plus

difficile à identifier, car la dissociation est rarement faite dans les textes. La norme est

assez explicite sur la notion d’information et lui attribue les qualités d’accessibilité, de

disponibilité, de lisibilité, de validité, de compréhension, d’exhaustivité, de

positionnement visible, de périodicité de la mise à jour... Ces notions sont rarement

présentes dans les contrats. Souvent les textes parlent de disponibilité, de validité, et

parfois de lisibilité. Les autres notions sont généralement absentes. L’accessibilité à

l’information, par exemple, nous paraît être un sujet important pour gagner de nouveaux

clients.

248

4 .2. 2. : L’accueil

Ce critère intéresse globalement peu les réseaux avec 9 citations par 5 réseaux. Ce sont

surtout les villes moyennes qui le prennent en compte avec 8 mentions contre 1 en grands

réseaux urbains.

Dans la norme, le critère d’accueil a pour but de mesurer les paramètres suivant :

- Evaluation du personnel selon la compétence, la disponibilité, la tenue et

l’amabilité

- Evaluation du lieu d’accueil selon la netteté du lieu (rangements, vitres propres...)

Signalétique

- Repérage selon la facilité d’usage du lieu et les correspondances.

Les différents thèmes d'accueil :

Compétence 1

Disponibilité 1

Tenue 6

Amabilité 4

Ce tableau nous renseigne sur la définition que les réseaux ont de l’accueil. Certains

s’intéressent à l’amélioration de l’accueil et travaillent surtout et souvent uniquement sur

les tenues des conducteurs et dans une moindre mesure, sur l’amabilité. Il ne nous semble

pas que la tenue soit le critère premier de l’accueil dans un réseau. Avec l’amabilité, ces

deux critères définissent le premier paramètre de la norme : évaluation du personnel selon

la compétence, la disponibilité, la tenue et l’amabilité. Ces 3 autres paramètres sont

absents des contrats, le travail des réseaux concernant l’accueil est donc encore incomplet.

249

4 .2. 3. : La régularité/ponctualité.

12 fois cité, le critère de régularité/ponctualité fait partie de la définition de la qualité de la

plupart des réseaux (10 sur 13).

Les différences entre les deux types de textes sont assez nettes : 9 citations dans les cahiers

des charges et 3 dans les conventions.

L’indicateur de la norme ne dissocie pas les services à fréquence (sites propres) des

services à horaires (bus). “ En effet, le voyageur apprécie la régularité/ponctualité par

rapport au temps qu’il va attendre le départ du véhicule et/ou le temps d’arrivée du

véhicule. Cette attente doit être mesurée au minimum aux deux arrêts les plus chargés. ”

[Norme AFNOR XP X50-805]

Cependant, les préoccupations des Autorités Organisatrices concernent la disponibilité des

équipements à mettre en place afin de garantir la ponctualité. Ce qui correspond à une

obligation de moyens mais pas une obligation de résultats comme le préconise la norme.

La notion de temps d’attente est absente de tous les textes. Il n’y a aucune allusion à un

indicateur mesurant le pourcentage de voyageurs partant et arrivant à l’heure comme dans

la norme.

4 .2. 4. : Le critère de qualité “ disponibilité des équipements ”.

17 fois cités par 8 réseaux, ce critère est peu représenté. Cependant, nous le verrons dans

les critères suivants, beaucoup de réseaux amalgament disponibilité avec propreté, confort

ou encore sécurité. Tous ces thèmes confondus, nous avons comptabilisé 91 citations, ce

qui montre que ce critère est important pour les réseaux. Il nécessite la maîtrise de

l’entretien et de la maintenance, de la propreté, de l’organisation de l’exploitation...

Nous ne travaillerons ici que sur les citations qui concernent directement la disponibilité.

Cette mesure concerne les équipements de transport et ceux qui accompagnent le

transport : les distributeurs de billets, les téléphones... L’indicateur de la norme a pour

objectif de comparer le nombre de voyageurs ayant pu utiliser un équipement mis à

250

disposition par rapport à ceux qui désiraient l’utiliser. Chaque réseau devant établir au

préalable une liste des équipements dont elle souhaite suivre la disponibilité.

Comme le montre le tableau ci dessous, les textes parlent essentiellement de disponibilité

et d’entretien du matériel roulant (10 fois) et peu des équipements qui accompagnent le

transport (1 fois).

La disponibilité des équipements

Disponibilité des équipements

Disponibilité du parc 6

Entretien maintenance du parc 4

Disponibilité des équipements annexes 1

Jamais ce taux d’équipements n’est rapproché du nombre de voyageurs ayant désiré

l’utiliser. C’est-à-dire que nous n’avons aucun indicateur de disponibilité au sens de la

norme. Les notions des différents réseaux doivent donc évoluer sur ce sujet de la

disponibilité s’ils veulent parler de qualité. Les considérations sont encore beaucoup trop

proches des préoccupations de l’exploitant. De plus, seuls les équipements roulants sont

pris en compte ou presque.

4 .2. 5. : Le critère de netteté / propreté des installations.

La propreté des installations est un thème qui intéresse particulièrement les réseaux

puisqu’il apparaît dans presque tous les contrats (12 sur 13) et souvent plusieurs fois (20

citations).

Il y a une nette avance des grands réseaux urbains sur le sujet avec 11 citations contre 9

pour les villes moyennes.

La norme précise bien qu’il “ ne s’agit pas de vérifier le processus de nettoyage ” mais

bien de “ contrôler le pourcentage de parcours voyageurs conforme à un service de

référence ”. La référence est basée sur les aspects suivants : odeurs, éclairage,

individus/activités (indésirables, mendicité, vendeurs ambulants...), propreté (murs, sols,

vitres...), état des installations (sièges, signalétique, toilettes, indicateurs lumineux...). Le

251

terme de propreté est remplacé par la notion de netteté qui permet d’inclure tous ces

paramètres “ annexes ”.

Lorsqu’elle est abordée dans les contrats, la propreté l’est de façon générale. Utilisée

comme un terme générique, les textes mentionnent (20 fois) la propreté générale,

l’entretien ou le bon état de façon globale. Un seul réseau fait part d’un référentiel

photographique qui fixe donc des critères. Le district effectue des contrôles inopinés à

partir du référentiel et attribue une note à chaque élément du référentiel. Le total pondéré

des notes permet de construire un indicateur (rapport entre le total des notes et le total

maximum possible). Cette mesure permet au district de pénaliser le réseau si l’indicateur

passe en dessous de 0,90. Le texte ne mentionne malheureusement pas les critères du

référentiel. Nous supposons qu’il a été construit à partir des connaissances, que possède

l’exploitant des besoins des clients. Bien qu’intéressant, cet indicateur doit évoluer pour

mériter l’appellation qualité.

4 .2. 6. : La netteté - propreté des modules de transports

La définition de la netteté - propreté des modules de transports est la même que celle des

installations. Cependant, ce critère concerne tout ce qui touche au matériel roulant.

La propreté des bus et tramways préoccupe autant que celles des “ installations ”. 20

citations dans 10 contrats pour les modules de transports contre 20 dans 11 textes pour les

installations. Ce thème intéresse davantage les réseaux villes moyennes (15 citations) que

les grands réseaux (5 citations). Il est important de remarquer que plusieurs réseaux

s’intéressent à la propreté des installations et pas à celles des modules de transports (1

réseau ville moyenne) et inversement (3 réseaux).

La netteté, propreté des modules de transports

Bon entretien, propreté générale 11

Propreté intérieure et extérieure 4

Disponibilité 2

Système d’évaluation 3

Référentiel photographique 1

252

De même que pour les installations, les textes abordent la propreté des modules de

transports de façon très globale. Elle y est fréquemment abordée sous les termes de bon

entretien ou de propreté générale (11 citations) ou encore de propreté intérieure et

extérieure (4 citations) et de disponibilité (2 citations). C’est à dire des termes où la marge

de manœuvre de l’exploitant est grande mais où il n’est nullement fait mention du client.

Quatre réseaux parlent cependant de l’existence d’un système d’évaluation. Pour trois

d’entre eux il s’agit d’un droit qu’a l’autorité organisatrice de procéder ou de faire

procéder à des contrôles inopinés. Pour le dernier, c’est le même réseau (que ci dessus) et

donc le même système mis en place avec un référentiel photographique.

4 .2. 7. : Le critère de confort / ambiance

Le critère de confort est peu pris en compte par les réseaux (10 citations pour 7 réseaux).

Plus présent dans les cahiers des charges que dans les conventions (respectivement 7

citations contre3). 4 villes moyennes et 3 grands réseaux.

Le critère de confort, ambiance

confort 4

disponibilité et entretien du matériel roulant 3

nombre de places offertes 1

fréquence 1

C’est une notion dont la définition est subjective et encore récente. Pendant longtemps, le

confort dans les bus s’apparentait au nombre de places assises et à l’état de la sellerie.

La norme lui associe la notion d’ambiance qui est intéressante aux yeux du client. Le

voyageur ne se borne pas seulement au confort matériel des sièges et à la température, il

inclut dans son jugement une part d’immatérialité et de psychologie. La norme laisse à

chaque réseau le soin d’inventer les spécifications du confort et de l’ambiance du voyage.

Comme le montre le tableau ci-dessous, la définition que les réseaux donnent au confort

est souvent vague. Le terme est utilisé comme un générique au milieu d’autres : “ Le

253

transport de voyageur doit être effectuer dans les meilleures conditions de régularité, de

confort et de propreté, de sécurité et de rapidité. ”

Lorsque des précisions sont apportées quant à la définition du confort, il est apparenté à la

disponibilité du matériel roulant. Ceci sous-entend la capacité du réseau à offrir un nombre

de places suffisant pour transporter tous les clients. Il faut donc le rapprocher du nombre

de places offertes et de la fréquence. Les termes cités par les conventions sont encore très

loin de la notion de confort/ ambiance telle qu’elle est définie par la norme.

4 .2. 8. : Le critère de sécurité.

C’est un des critères les plus préoccupants pour les réseaux (24 citations dans 12 réseaux).

Plus particulièrement dans les villes moyennes (16 citations contre 8 pour les grands

réseaux).

La norme ne propose aucune définition sur la sécurité ni surtout aucun outil de mesure, ce

qui rend le travail des réseaux difficile. Pour la plupart des réseaux, la notion de sécurité

contractuelle renvoie aux obligations d’exploitations de l’entreprise de transport. Cette

interprétation doit encore évoluer.

Le critère de sécurité

L’état et l’entretien des installations et du matériel 9

Disponibilité du matériel 4

Horaires, cadences 2

Constations des infractions 1

C’est-à-dire 16 citations sur 24.

Pour quelques-uns uns, elle reste encore une notion générique à interpréter car elle est

mentionnée 6 fois sans atours avec le confort et la régularité.

Cependant, nous avons travaillé sur le sujet de la sécurité dans les grands réseaux et nous

savons que tous les réseaux agissent concrètement sur le sujet. Les deux seules mentions

254

faites, concernant la politique de lutte contre l’insécurité et la formation des personnels à

la gestion des conflits, ne sont pas les seules actions entreprises. Nombreuses sont les

actions de prévention (la montée par l’avant, les agents d’ambiance...), de dissuasion (les

cabines anti-agression, les caméras...) et de répression (partenariat avec la police, coalition

avec les acteurs sociaux et publics...) mises en œuvre.

4 .2. 9. : Le critère de fraude.

C’est le critère le moins souvent cité par les textes (5 citations par 3 réseaux : 2 grands

réseaux urbains et 1 ville moyenne). Cependant c’est un sujet très préoccupant pour

chacun. Plus que la perte de revenu, il engendre l’insécurité et surtout le sentiment

d’injustice chez les clients qui sont en règle. Aussi, afin de légitimer les clients et de

récupérer son territoire, beaucoup de réseaux s’y intéressent de près. Les grands réseaux

investissent dans des études du taux de fraude et les villes moyennes cherchent un moyen

de le connaître à peu de frais.

Ce critère ne fait lui non plus pas l’objet d’une définition de la part de la norme.

Cependant, il existe une donnée universelle qui est le taux de fraude, c’est-à-dire le

rapport entre le nombre de voyageurs en infraction et le nombre total de voyageurs.

De multiples discussions se sont tenues devant nous au sein de TRANSDEV pour savoir

quelle était la méthode la plus appropriée pour le calculer : méthode des choix raisonnés,

méthode par grappe... Nous ne nous intéresserons pas ici à la méthode utilisée, mais plutôt

à la préoccupation des textes face au taux de fraude.

Les trois réseaux qui mentionnent la lutte contre la fraude dans leur contrat ont des actions

plutôt timides face à l’ampleur du problème (25% à Montpellier en 1998). Le tableau ci-

dessous nous donne des précisions sur les injonctions que peuvent faire les Autorités

Organisatrices sur le sujet.

Le critère de fraude

Taux de contrôle = Nbre de voy contrôlés/nbre total voyageur 1

Contrôle des titres par contrôleurs et conducteurs 2

Rappel des règles d’utilisation des transports. 1

255

Elles touchent essentiellement le contrôle, c’est-à-dire que nous sommes dans le domaine

de la répression. Or, il semble aujourd’hui qu’un taux de contrôle important ne soit pas

suffisant pour enrayer la fraude. L’investissement en agent est trop important par rapport

au gain que l’on pourrait en attendre. La prévention peut être un moyen efficace de

diminuer la fraude. Or, une seule des actions est préventive, c’est celle qui demande de

rappeler les règles d’utilisation des transports : un titre en règle, validé, etc.

4. 3 :En conclusion

A partir du travail précédent, nous nous sommes interrogés sur les possibles

correspondances entre les deux catégories de textes (conventions et cahiers des charges)

pour un même réseau. La plupart de ces textes abordent les mêmes thèmes. Dans ce cas, le

cahier des charges opérationalise ce qui est mentionné juridiquement dans la convention.

En fonction de la plus ou moins grande appropriation de la qualité, le cahier des charges

décline des consignes ou élabore une véritable charte sur le sujet. Avec le temps la

définition, puis l'appropriation de la qualité par les acteurs, est de plus en plus fine.

Nous avons ici cherché à caractériser l'introduction de la qualité dans les conventions et

les cahiers des charges.

Récapitulatif des indicateurs par thème

Propreté 40

Information 33

Sécurité 24

Disponibilité 17

Régularité 12

Confort 10

Accueil 9

Fraude 5

256

Les thèmes qui sont ici privilégiés sont la propreté, l'information et la sécurité160.

Les différents points de la charte des services publics et de la norme AFNOR présents

dans les conventions sont, dans un premier temps, déclinés en devoirs de l'exploitant. Ces

devoirs touchent au côté technique du métier de transporteur et à la productivité du réseau.

Exemple, le principe de disponibilité : " L'exploitant s'engage à fournir les biens

nécessaires à l'exploitation des services. Il a l'entière responsabilité du bon état des

installations et du matériel".

Depuis le milieu des années 90161, les différents critères cités évoluent un peu. Les

précisions apportées font glisser le travail de l'exploitant du métier de transporteur,

purement technique, vers le métier de service rendu à la clientèle. Ainsi, certains thèmes

sont définis comme importants : la communication des conducteurs, l'image du réseau, les

critères définissant l'information, etc.

Exemple le principe de participation : " Les voyageurs peuvent faire des suggestions et

introduire des réclamations". La tournure même de cette phrase est intéressante car il n'est

pas fait mention ici du rôle de l'exploitant de susciter les réclamations mais bien du droit

des clients d'en faire.

La notion d'image du réseau suscite l'intérêt des autorités organisatrices. Elle est

mentionnée à partir de différents critères : la fiabilité (charte des services publics) et le

confort (la norme AFNOR).

"L'exploitant met en place un réseau présentant une image cohérente et attractive. Il

associe en terme d'image l'autorité organisatrice en utilisant tous les supports […], et les

éléments visibles du réseau […]. La couleur du réseau doit prendre en considération la

charte graphique […]".

160 L'enquête de l'UTP de mars 2001 sur les démarches qualité engagées, a déterminé que les critères

principaux sont la propreté, la ponctualité et l'information, cependant les questions posées lors de

cette enquête étaient des questions fermées avec plusieurs propositions de réponses. Nous avons quant

à nous déterminé des familles de critères sur la base de la norme AFNOR à partir des réponses à des

questions ouvertes. Nous souhaitions être le plus exhaustif possible et le plus proche de la réalité de la

perception des réseaux.

257

Cette notion d'image est récente dans les conventions. Elle n'apparaît d'ailleurs que dans

quelques-unes d'entre elles. La stabilité des règles est intéressante car l'identité d'un réseau

contribue à améliorer la qualité perçue par les clients.

Avec le temps, les textes conventionnels ont évolué. Cependant, la notion de qualité n'y

est pas encore déclinée explicitement. Elle apparaît à travers des éléments de la qualité qui

contribuent à faire évoluer le transport d'un métier technique à un métier de service. Ceci

pose des bases différentes au métier. Les services publics sont maintenant redéfinis à partir

des clients qui remplacent les usagers. Cette évolution est un signe de la montée de la

capacité d'expertise de l'autorité organisatrice qui tente de s'approprier le phénomène.

Les cahiers des charges font également partie de la négociation entre les partenaires. De

par sa nature, la qualité y est abordée de façon plus concrète, à l'aide des outils à mettre en

place. Les différents cahiers des charges étudiés font état de plusieurs niveaux

d'appropriation de la qualité, reflet de l'état d'avancement du réseau.

Les premiers textes sont des énumérations des ressources, dont disposent le réseau et des

moyens mis en œuvre pour assurer le service : parc, horaires, service, etc.

La seconde catégorie concerne des textes qui abordent la qualité avec des termes très

contractuels proches de ceux utilisés dans les conventions. A savoir "l'exploitant s'engage

à assurer le bon entretien des biens nécessaires à l'exploitation…". Ces cahiers des

charges fixent les rôles et devoirs des exploitants. Cet abord du service reste très

préoccupé par la productivité et la rentabilité du réseau.

La troisième catégorie de textes centre ses préoccupations sur le client. On n'y parle plus

de parc ou de services à mettre en œuvre mais d'information de la clientèle, d'accueil, de

réclamation, etc. En bref, les différents critères de la norme AFNOR y sont mentionnés.

Centrés sur les besoins des clients, les différents thèmes abordés font l'objet de véritable

charte engageant la responsabilité de l'exploitant.

161 La loi Sapin date de 1993

258

Exemple : "Information des voyageurs : Les véhicules doivent porter de manière

apparente, l'indicatif de la ligne et le point de destination du véhicule. Les véhicules

assurant des services spéciaux ou occasionnels doivent être signalés de manière à être

distingués par les clients. Les informations portées à la connaissance du public aux points

d'arrêts sont au minimum les suivants : plan du réseau, horaire de passage…"

Les critères qualités sont encore abordés de façon décousue et les objectifs fixés restent

très généraux. Il n'y a pas encore de démarche construite autour du thème qualité. C'est

une première étape avec la prise en considération du client dans l'entreprise. Le cahier des

charges de Cagnes-sur-mer en est un bon exemple. Il associe l’exploitant et l’autorité

organisatrice dans la démarche et fixe clairement les rôles des deux parties.

Exemple : "l'autorité organisatrice doit favoriser par ses actions la circulation des bus, le

stationnement et l'entretien du réseau viaire". "L'exploitant doit mettre en place des

indicateurs sur les différents thèmes empruntés à la norme".

Cette démarche nous semble bien partie puisque tous les acteurs se sont définis un rôle

dans la mise en place de la qualité. Il ne leur reste plus qu’à faire évoluer les thèmes

choisis vers des éléments plus qualitatifs, perceptibles par le client.

Le quatrième niveau d'appropriation de la qualité comprend des textes mentionnant de

véritables politiques qualité, construites à partir des besoins de la clientèle. Les énoncés de

chapitre sont autant de thèmes de la qualité de service : l'information, la lutte contre

l'insécurité etc. Plus ou moins complètes, ces démarches utilisent largement les principes

et les outils énoncés par la norme AFNOR. Ils définissent des objectifs en terme de niveau

de service souhaité avec des critères précis.

A titre d'exemple, nous citerons le réseau d'Agen qui a largement intégré la qualité dans

son cahier des charges en impliquant l'autorité organisatrice. L’ambition du cahier des

charges d’Agen est de mettre en place un “ plan qualité ”. Il est basé sur la mise en place

de 4 indicateurs (ponctualité, disponibilité du matériel, les relations avec la clientèle, et les

réclamations), une politique de lutte contre l’insécurité et une maintenance accrue. Bien

qu’incomplète par rapport à la norme, cette démarche est intéressante. Structurés autour

259

d’un plan qualité qui inclut les différents membres de l’entreprise, les indicateurs prennent

en compte la vision du client.

Le réseau de Nantes est dans cette catégorie aussi. Il est plutôt autonome dans le sens où il

est moteur dans la démarche qualité. Il y a une volonté certaine de l’autorité organisatrice

de voir la mise en place de la qualité. La démarche est assez complète : réalisations

d’études et mise en place d’indicateurs sur des thèmes proches de la norme AFNOR et

toujours orientés vers l’amélioration du service rendu au client : la ponctualité, le respect

de la réalisation des services, la disponibilité des équipements... A savoir que la démarche

définie dans le cahier des charges commence en amont de la mise en place des indicateurs,

avec la réalisation d'enquêtes par exemple. Toute l'entreprise joue un rôle direct,

clairement défini dans la démarche : le service marketing réalise les enquêtes, le service

exploitation met en place et surveille les indicateurs, le département maintenance s'assure

de la bonne marche du parc, le service du personnel gère les formations et l'adéquation

aux besoins des recrutements, etc.

En conclusion, les conventions sont des textes juridiques où les thèmes sont abordés

sobrement sous l'angle des droits et obligations des parties. La qualité ne modifie pas

radicalement la structure des textes, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'articles spécifiques traitant

de la qualité. Cependant certains articles mentionnent des recommandations relatives à la

qualité.

Alors que les cahiers des charges recensent les engagements souvent chiffrés des

exploitants, la qualité n'a pas encore fait évoluer les rôles de chacun des cocontractants, à

part Nantes et Agen. Ces deux textes définissent des règles nouvelles aux contrats, en

fixant des objectifs précis à la qualité. Ainsi, les réseaux s'engagent sur des thèmes

déterminés (information, accueil, etc.), c'est-à-dire sur un niveau de service voulu

clairement et préalablement défini. L'autorité organisatrice joue alors un rôle

d'encadrement et de contrôle sur les critères prédéfinis.

260

L'évolution des contrats axés sur la productivité et la rentabilité des réseaux vers des textes

orientés vers le client permet aux autorités organisatrices de justifier leurs devoirs citoyens

et d'asseoir leur pouvoir politique. Elles redéfinissent ainsi leur capacité politique à

entreprendre et à évoluer. Elles adaptent la ville aux besoins évolutifs des électeurs.

Cette politique permet à l'autorité organisatrice d'être autonome. Plutôt que de seulement

subir les propositions du réseau, cela lui permet de fixer des objectifs d'amélioration de la

qualité indépendants des objectifs proposés par le réseau en matière de productivité et de

qualité. C'est alors au réseau de défendre son point de vue et de faire se rencontrer qualité

et productivité. Cette responsabilité est nouvelle puisque dans un premier temps, c'est le

réseau qui a vendu la qualité à l'autorité organisatrice en lui proposant des outils adaptés à

ces capacités productives. Aujourd'hui, c'est l'autorité organisatrice qui fixe des objectifs

politiques de qualité assortis de bonus malus. La capacité politique l'emporte maintenant

sur la capacité d'expertise.

261

4. 4 :Les critères de la norme AFNOR :

Identification de ces critères dans les contrats au regard de ce qui est mis en œuvre dans les réseaux.

Accès réseau Offre de transport Trajet Information Accueil Amel matér Disponibilité Ponctualité Propreté Confort Sécurité IMO C A+I C A+I C A+I C A+I C A+I C A+I C A+I C A+I

Cagnes X X X X X X 0 Ajaccio X X X X X X 1

Epernay X X X X X X X X X 1 Longwy X X X X X X X X X 2

Cambrai X X X X X X X X 2 Chalon X X X X X X 2

Montpellier X X X X X X X X X 2 Romans X X X X X X X X X X X 3

Agen X X X X X X X X X X X 4 Orléans X X X X X X X X X 4

Strasbourg X X X X X X X X X X X X 5 Nantes X X X X X X X X X X X X 5

Valenciennes X X X X X X X X X X X X X X 6

C : pour les contrats, c'est-à-dire les conventions et les cahiers des charges.

A : pour les actions mises en place par les réseaux.

I : pour les indicateurs mis en place par les réseaux.

IMO : c'est un indicateur de mise en œuvre du contrat, c'est-à-dire de réalisation par le réseau des critères indiqués dans le contrat. Amel matér : amélioration du matériel

262

Le tableau "les critères de la norme AFNOR : identification de ces critères dans les

contrats au regard de ce qui est mis en œuvre dans les réseaux" reprend un certain nombre

de résultats des enquêtes sur les contrats et sur les réseaux (actions et indicateurs) que

nous avons réalisé et analysées précédemment. Il met en relation pour 13 agglomérations

(celles de l'enquête sur les conventions et les cahiers des charges), les critères de la norme

AFNOR présents dans les contrats et les actions et les indicateurs sur ces mêmes thèmes,

mis en œuvre par les réseaux.

Nous avons démontré que l'implication de la collectivité est un facteur accélérateur de la

diffusion de la qualité. Le tableau va permettre de montrer les acteurs (autorité

organisatrice et entreprise) en phase sur le sujet de la qualité.

Notre enquête n'a recensé que les actions et les indicateurs mis en place en 1997. Pour

mettre en relief les deux, nous avons utilisé la même grille de données, à savoir la norme

AFNOR. La durée de validité des contrats est en moyenne de cinq ans, pour les réseaux

d'autobus et de dix ans pour les réseaux à sites propres. La mise en perspective des

activités des réseaux et des contrats a des limites temporelles. Nous n'avons pas pu

recenser tout ce qui s'était fait au sein des réseaux car ils ne tiennent pas de comptes des

actions entreprises dans le passé. Nous avons, donc, concentré le recueil des données sur

l'année 1997.

Dans cette confrontation, le critère de taille du réseau joue un rôle important.

Ainsi, les réseaux villes moyennes ne travaillent, pour la plupart, que sur un ou deux

thèmes négociés avec l'autorité organisatrice. Ces contrats citent des critères constitutifs

de la qualité selon la norme AFNOR, tel le thème de l'information qui revient dans la

plupart des contrats et des actions des réseaux. C'est celui qui est identifié comme le plus

important par les parties. Il s'agit presque toujours d'information en situation normale et

avant le trajet : distribution de plan dans les boîtes aux lettres, affichage des horaires,

identification des bus, etc.

Les grands réseaux ont pris de l'avance sur les villes moyennes, puisqu'ils travaillent sur

au moins 3 thèmes abordés dans les conventions et les cahiers des charges (sauf

Montpellier qui n'a que 2 items communs).

263

Pour quatre d'entre eux : Strasbourg, Nantes, Orléans et Valenciennes les perspectives

d'avenir de la qualité sont bonnes. En effet, ces réseaux travaillent sur 4, 5 et 6 critères

(information, accueil, disponibilité du matériel, ponctualité, propreté, confort et sécurité)

cités par les contrats. Ce qui signifie que l'autorité organisatrice est réceptive à la notion de

qualité et que les négociations ont abouti sur les thèmes concernés.

Plus le nombre de thèmes cités par les contrats et mis en œuvre par les réseaux est grand,

meilleure sera l'intégration de la qualité. Nous avons identifié quatre types de cas.

1) Ceux où les contrats (convention et cahiers des charges) mentionnent plusieurs

critères qualité et les réseaux ne mettent en place aucune action qualité. C'est le

cas de Cagnes sur mer. Ceci est dû à un décalage temporel. Le contrat date de

1996 : le réseau n'a pas eu le temps (au moment de notre enquête) de mettre en

place des actions et des indicateurs qualité basés sur la norme AFNOR.

2) Le cas inverse où les contrats ne mentionnent aucun thème de l'AFNOR et le

réseau met en place beaucoup d'actions et d'indicateurs qualité. C'est le cas

d'Epernay et d'Ajaccio.

3) Le cas idéal où tout ou presque des thèmes cités dans les contrats sont mis en

place par les réseaux. C'est le cas de Valenciennes, de Strasbourg, de Nantes ou

encore d'Agen. Ce dernier, par exemple, a mis en place quatre actions et

indicateurs mentionnés dans la convention et le cahier des charges, preuve de la

volonté des deux coproducteurs d'aboutir sur le sujet. Nous avions déjà noté ces

prédispositions, lorsque nous avions travaillé sur le cahier des charges. Ce

dernier expliquait la mise en place d'un plan qualité. Ce cas illustre parfaitement

une autorité organisatrice très motivée par l'introduction de la qualité et un

réseau qui s'est saisi des outils adéquats pour réfléchir à la mise en place de

celle ci.

4) Puis il y a les cas intermédiaires. Les contrats citent plusieurs thèmes de la

norme AFNOR qui ne sont pas forcément repris par les réseaux. Par contre

ceux ci entreprennent des actions et des indicateurs qui ne sont pas mentionnés

dans les contrats.

264

Nous observons des décalages importants entre les objectifs contractuels et les actions et

les indicateurs mis en place sur le terrain. Nous ne sommes pas en mesure d'expliquer la

nature de ces décalages. Nous pouvons tenter plusieurs hypothèses :

- Le décalage temporel comme pour Cagnes sur mer où la signature de la

convention précède juste notre enquête.

- La demande financière liée à l'introduction de la qualité n'est pas comprise par

l'autorité organisatrice et le réseau n'a pas la capacité technique et financière

pour mettre en œuvre la qualité.

- La qualité n'est pas perçue comme moteur de développement et de

modernisation, mais comme une tâche supplémentaire ?

- Le système d'acteur fait preuve d'une certaine inertie en reproduisant, par

exemple, la convention précédente.

La mise en perspective de ces données permet d'identifier l'importance de l'entente entre

les deux partenaires pour faire exister la qualité. Sa mise en place est d'autant plus facile,

que les négociations sur le sujet ont abouti à la rédaction d'un article clair et précis sur un

des critères de la qualité dans les contrats.

Ce sont les relations entre les coproducteurs, encore déséquilibrées sur la qualité, qui

freinent la diffusion de la qualité. Les réseaux sont dans ce cas moteur. Les autorités

organisatrices veulent introduire la qualité (les chiffres ci dessus le prouvent), mais leur

approche du service est encore trop technique.

L'autorité organisatrice est un partenaire actif de la production du service transport. C'est

bien la relation entre les deux acteurs et même le partenariat, qui permet à la qualité

d'exister. Un trop grand déséquilibre entre les deux, freine la diffusion du concept. Le rôle

de l'autorité organisatrice est indispensable en matière d'encadrement et en terme financier

: avec l'achat de matériels neufs, le financement de nouveaux personnels, des formations,

etc. Le rôle de l'exploitant est de trouver des outils afin de proposer un service de plus en

plus individualisé.

265

En conclusion, plus les exigences des autorités organisatrices sont importantes plus les

réseaux vont intégrer la qualité. C'est-à-dire que le durcissement de la concurrence lors des

appels d'offre ou les exigences plus importantes des autorités organisatrices vont faire

entrer, à moyen terme, les réseaux dans les niveaux trois et quatre. Ainsi Agen qui est ici

classé en niveau 2 ( des étapes de diffusion de la qualité dans l'entreprise), devrait vite

progresser vers les niveaux 3 et 4 grâce à la mise en place de la démarche qualité et de la

certification exigée par l'autorité organisatrice lors de la signature de la convention.

Donc en plus des facteurs endogènes qui accélèrent la diffusion de la qualité : la présence

d'une démarche qualité et la présence d'un responsable qualité, un facteur exogène

contribue à sa propagation, c'est l'implication de l'autorité organisatrice.

266

Chapître 5 : Le comportement adopté par les acteurs des

Transports Publics Urbains de la ville de Chalon-sur-Saône

Les données que nous avons traitées précédemment l'ont été avec les mêmes critères,

cependant le niveau de l’information recueillie de part et d’autre n’est pas le même.

D’un côté nous avons les réseaux de transport qui sont, pour la grande majorité, en phase

d’appropriation de la qualité, c’est-à-dire, qu’ils se sont appropriés le phénomène, qu’ils

l’ont défini et commencent à y travailler.

De l’autre, nous avons les Autorités Organisatrices qui sont en phase de définition de la

qualité, c’est-à-dire qu’elles commencent à s'y intéresser. Elles travaillent à l'appropriation

des termes de la qualité.

Il nous a paru intéressant de confronter, pour un cas particulier, le niveau de service voulu

et le niveau de service réalisé. Pour cela, nous proposons de mettre en relation les

documents contractuels et les activités qualité mises en place pour le réseau ville moyenne

de Chalon-sur-Saône, ceci afin de réinterpréter la nature des actions et des indicateurs mis

en place en fonction du service voulu. Nous montrerons comment un modèle de

management favorise plus ou moins la diffusion de la qualité.

Il nous semble qu’un travail sur l’ensemble des réseaux manquerait d’intérêt car les

comportements sont assez homogènes. L’étude approfondie d’un réseau type est plus

intéressante.

Nous avons donc choisi Chalon-sur-Saône, une ville de moins de 100 000 habitants pour

diverses raisons :

Nous n'avons pas pu mobiliser suffisamment d'information sur un grand réseau. Le groupe

Transdev considère que ce type de réseau est suffisamment bien doté en hommes et en

finances et que la qualité y est déjà bien intégrée ou en voie de l'être. Les petits réseaux

disposent de moins de moyens humains et financiers.

267

Sur ce type de réseau, le caractère aléatoire de la mise en place de la qualité est lié à

l'initiative de l'exploitant. C'est le seul réseau ville moyenne qui a mis en place une charte

qualité de service.

De plus, c'est un réseau sans histoire, étiqueté par le groupe comme un réseau "normal" et

même “bon élève”. Il ne connaît pas de graves problèmes de sécurité liés à la délinquance,

ni de problèmes d’exploitation. L'offre de transport proposée est performante : la vitesse

d’exploitation est proche de celle des meilleurs réseaux urbains et la STAC propose un

transport à la demande. De plus le réseaux est doté d'un outil moderne tel que le GPS...

Il est également intéressant par la composition de son entreprise et ses caractéristiques

d'exploitation : un petit nombre de cadres (3), la présence d’un département marketing

dynamique (vente de billets en grandes surfaces...). Le réseau est dirigé par une directrice

auquel sont rattaché deux directions : marketing et production. Le réseau comme

l'ensemble des réseaux de Transdev est "sous le contrôle" d'un directeur délégué162

régional appartenant au groupe Transdev, situé à Chalon sur Soane qui supervise

l'ensemble des réseaux bourguignons.

Le choix de Chalon a bien sûr des limites, car nous n'avons pas d'enquête de satisfaction et

d'attentes de la clientèle. De plus, dans tous les réseaux de cette taille, les attentes de la

clientèle sont plus limitées. Le nombre de captifs des transports en commun urbain est plus

important. Cependant, aujourd'hui, on ne raisonne pas en terme de report modal, mais

plutôt en terme de mobilité et de diversification des modes de déplacements. Auparavant,

les usagers de la voiture particulière étaient considérés comme des captifs de la voiture.

Aujourd'hui il y a une véritable multi capacité modale qui est fonction des motifs de

déplacements. C'est-à-dire que l'utilisation de la voiture particulière est stable et que

162 Transdev compte 5 directeurs délégués. Les relations entre les réseaux et leur direction déléguée

sont essentiellement financières (contrôle de gestion). Par contre le groupe assure aux réseaux des

missions d'assistances techniques rémunérées

268

l'usage des transports en commun urbain augmente pour des motifs particuliers (cultes,

marchés, trains, etc).

5. 1 :Les caractéristiques urbaines de Chalon sur

5 .1. 1. : La péri urbanisation de la ville

Avec une croissance démographique de 3,8% entre 1982 et 1990, l’agglomération de

Chalon était la plus dynamique de la et Loire. Cette croissance était surtout celle des

villes de la première couronne163, car dans le même temps, la ville perdait 1600 habitants.

Le dernier recensement a confirmé cette tendance : alors que Chalon perdait 4500

habitants entre 1990 et 1999, les communes des premières et deuxièmes couronnes

bénéficiaient de cette fuite de la ville centre.

De plus, depuis 1990, l’emploi public augmente dans les deux couronnes. L’emploi privé

diminue dans la ville centre et la première couronne au profit de la deuxième couronne.

On assiste alors à une periurbanisation autour de multiples pôles secondaires issus des

anciens villages périphériques. Ces pôles secondaires (surtout en deuxième couronne),

attirent majoritairement les familles. Ces quartiers voient leur population et le nombre

d’emplois tertiaires augmenter, offrant une grande diversité de fonctions et de statuts

résidentiels. Les familles monoparentales, les couples, les personnes seules et les

populations les plus défavorisées habitent principalement dans la ville centre et la

première couronne. On y rencontre alors les problèmes liés à ces catégories de population

: le chômage, l’isolement, la vieillesse et la précarité.

163La première couronne comprend les villes situées à moins de 10km de Chalon.

269

5 .1. 2. : Un nouveau Plan des Déplacements Urbains est en

cours.

Une agglomération de 96 848 habitants (INSEE 1999), un étalement urbain important, une

dynamique socio-économique en périphérie font travailler le Syndicat Intercommunal

(SITUC) à la mise en place d’un Plan des Déplacements Urbains164. Aujourd’hui à l’étude,

le projet de plan propose une approche globale avec les différentes procédures de

rédaction de documents contractuels : le schéma directeur, le Programme Local de

l’Habitat, le Dossier de Voirie de l’Agglomération chalonnaise et le Plan des

Déplacements Urbains. Ces documents travaillent essentiellement autour de deux axes : le

maintien de l’habitat en ville centre en valorisant les ressources de logements disponibles

(capables de répondre aux différents besoins) et en accompagnant le développement des

communes périphériques (coordination de l’offre en équipements publics). Au sein de ces

problématiques de développement périurbain, le sujet des déplacements urbains est

central. L’agglomération s’interroge sur le potentiel de développement des Transports en

Commun face à l’évolution de la mobilité. La préfecture de Saône-et-Loire préconise des

mesures en faveur des transports en commun et de limitation de la circulation automobile.

Le questionnement tourne autour des thèmes suivants : l’inter modalité, l’accessibilité, la

tarification, l’exploitation (priorité aux bus dans certaines zones, voies réservées,

SAE165...), service à l’usager (billétique, monétique, SAI166...), horaires, offre de

stationnement.

164 L’agglomération se situant en dessous du seuil fatidique de 100 000 habitants, il n’y a pas

d’obligation de mise en place de PDU.

165 SAE : Système d’Aide à l’Exploitation : localisation en temps réel des bus par satellites

166 SAI : Système d’Aide à l’Information : même principe que le SAE, qui permet de donner en temps

réel à la clientèle l’information sur les fréquences, les horaires des bus...

270

5 .1. 3. : La mobilité dans l’agglomération.

L’étude du PDU au sein de l’agglomération se décline dans l’entreprise de transport en un

travail de dynamisation du réseau basé sur la mobilité. Les principes de la restructuration

tournent autour d’un triple concept intitulé C.L.E. :

Clarté (itinéraires simples),

Lisibilité (information simplifiée avec des horaires cadencés et un point d’échanges

central avec correspondances assurées),

Efficacité (des itinéraires directs, des fréquences, des véhicules adaptés à la demande et

une augmentation des recettes).

Cette re-dynamisation du réseau tourne autour de grands principes :

Dans une agglomération de taille moyenne, le client privilégiera la fréquence d’une ligne

par rapport à la proximité de l’arrêt. Il fera facilement 300 mètres à pied plutôt qu’attendre

plus longtemps un bus qui passe devant chez lui. De la même façon, il préférera une ligne

plus directe et donc plus rapide. Il faut que le réseau trouve un compromis entre vitesse de

déplacement et desserte des générateurs de clientèle (habitat, emploi, équipements sportifs,

publics...). Le parti pris de la STAC est de hiérarchiser le réseau en concentrant l’offre afin

de pouvoir proposer de bonnes fréquences. Le potentiel de clientèle existe surtout en

première couronne. Le réseau va donc développer son offre dans ce secteur (tracés de

lignes simples, limitation des kilomètres improductifs...). La deuxième couronne bénéficie

essentiellement de lignes scolaires. La STAC va mettre en place des solutions de

proximité (des services de rabattement sur les lignes urbaines) et maintenir les dessertes

utiles du matin et du soir pour les scolaires notamment.

271

5. 2 :Le réseau de Transport public de la ville de Chalon

5 .2. 1. : L’intégration urbaine du réseau.

Les objectifs de la restructuration du réseau sont de gagner de nouveaux clients et de

fidéliser une clientèle non captive. Pour cela, le réseau travaille à l’intégration spatiale et

qualitative du réseau. Les installations urbaines permanentes vont servir de support

marketing à la valorisation de l’offre et de l’image du réseau, c’est-à-dire qu’ils vont

permettre de gagner de nouveaux clients en améliorant l’accessibilité, les correspondances

et la visibilité et vont également permettre de fidéliser les clients “ acquis ” an améliorant

l’attractivité des arrêts.

5. 2. 1. 1. : Les clients du réseau de transport

La population desservie est de 96 848 habitants. Les habitants ont effectué 3 406 083

déplacements167 en 1999.

L’enquête Origines/Destinations de KHI 2168 faite en 1999, donne des informations sur les

types de clientèles et leurs comportements :

La catégorie socioprofessionnelle des clients.

Enquête Origines/Destinations KHI 2, 1999.

Sur un jour type (mardi/jeudi), les scolaires (captifs) représentent près de 60% du trafic.

La part des actifs est plutôt faible (15,6 %).

167 on appelle déplacement le fait d’aller d’un point A à un point B avec un motif particulier. On

appelle voyage l’utilisation d’un véhicule. Un déplacement peut donc être constitué de plusieurs

voyages. En 1999 L’agglomération compte 3 648 318 voyages.

168 Cabinet marketing d'enquête et d'analyse de la clientèle des transports publics de voyageurs.

272

La fréquence d’utilisation des transports à Chalon.

0

10

20

30

40

50

60

4 fois / jour ou+

2 à 3 fois /jour

Au - 1 fois /sem

1 à 3 fois /mois

< à 1 fois /mois

Exceptionnel

Enquête Origines/Destinations KHI 2, 1999.

Les fréquences d’utilisation intensives (au moins 2 fois par jour) représentent 83% du

trafic total et sont surtout le fait des scolaires. Les utilisateurs occasionnels sont rares ce

qui justifie le travail de la STAC sur l’accessibilité.

Les motifs de déplacements à Chalon

0102030405060

Domici

le/ tr

avail

Domici

le/ E

cole,

collè

ge, L

ycée

Domici

le/ IU

T, BTS, e

nseig

nement

sup...

Domici

le/ C

ourse

s

Domici

le/ Lo

isirs

Domici

le/ D

émarc

hes

Autres

moti

fs

Enquête Origines/Destinations KHI 2, 1999.

273

Le motif premier de déplacement sur l’agglomération sont les lieux d’études

(essentiellement pré-baccalauréat). 56,4% du trafic sont des liaisons domicile-lieux

d’enseignement (1ère couronne : 44,3% et 2ème couronne : 94%).

Les liaisons domicile-travail sont assez faibles : 13,7%.

Les déplacements autres que pendulaires (courses, loisirs, démarches...) représentent près

de 30% du trafic.

Le travail de re dynamisation entrepris par le réseau est largement justifié par les chiffres

ci-dessus. Notamment concernant l’accessibilité et l’attractivité du réseau.

5. 2. 1. 2. : L’offre de transport proposée par la STAC.

Le réseau a réalisé 2 163 145 kilomètres en 1999, c’est-à-dire 22,4 km/habitant.

Le parc est constitué par 40 véhicules de 6 types différents, ce qui permet à la STAC

d’adapter l’offre à la demande.

Sur certaines lignes peu fréquentées, le transport se fait à la demande. C’est-à-dire que le

client réserve par téléphone sa place la veille avant 18h. Le trajet est adapté aux voyageurs

du jour et permet des trajets plus directs. La taille du véhicule en circulation est fonction

de la demande du jour. Si la demande est nulle, le service n’est pas effectué.

Le réseau propose 10 titres de transports dont deux titres scolaires et un titre étudiant.

Cette catégorie de population représente près de 60% des clients. Cependant, le trafic

scolaire - étudiant ne représente que la moitié des voyages enregistrés sur le réseau. Ce

taux est plus important dans les autres villes moyennes. Il témoigne de l’intérêt du réseau

pour une clientèle non captive.

La part d’actifs sur le réseau est de 15,6% sur un jour type (mardi, jeudi). La carte orange

(ouverte à tous) est le titre le plus mobile, alors qu’il ne représente que 5,3% du trafic sur

un jour type (mardi, jeudi). Ce qui confirme le travail du réseau envers les “ non captifs ”.

Les titres sont vendus dans les bus (titres unités), au point d’information central du réseau

(par des hôtesses), chez les dépositaires (boulangerie, tabac, etc, au moins un par ville de

274

l’agglomération), et dans deux supermarchés de l’agglomération depuis 1997 (les carnets

pleins tarifs qui représentent 26,63% des ventes de carnets PT)

275

5 .2. 2. : La STAC et son organisation.

L’organigramme de la STAC :

Source STAC, 1999

3 mécaniciens et 1 apprenti 63 conducteurs-receveurs

6 contrôleurs et 1 apprenti exploitation

Responsable de maintenance

Responsable de production

Directrice (salarié TRANSDEV) Secrétariat

Responsable marketing

3 hôtesses

52 dépositaires

Gérant (salarié TRANSDEV)

TRANSDEV 80% Girardot 20%

276

Ce réseau embauche 3 cadres, 10 agents de maîtrise, 4 agents et 63 conducteurs.

La particularité d'un réseau ville moyenne, par rapport à un grand réseau urbain est le petit

nombre de cadres multi - fonctionnels. Leurs fonctions sont génériques et multitâches. Par

exemple dans le réseau de Chalon, le responsable de la production s'occupe, à la fois de

l'exploitation et de la maintenance et le responsable du marketing assure les fonctions de

marketing et de commercial. Alors que dans les grands réseaux, ces différentes fonctions

sont occupées par respectivement deux directeurs. : un directeur de l’exploitation et un

directeur de la maintenance d'un côté et un directeur du marketing et un directeur

commercial, de l'autre.

Dans le réseau de Chalon, le directeur de la production dirige l’exploitation, la

maintenance, les ressources humaines (concernant les agents de maîtrise, conducteurs,

contrôleurs), et gère en accord avec la directrice, les études concernant l'exploitation et la

maintenance (comme le calcul des temps de parcours grâce au graphicage169 et à

habillage170), et la qualité (gestion et mise en place dans son département).

Le directeur marketing dirige le marketing, le commercial (publicité, promotion...), et gère

en accord avec la directrice, les enquêtes marketing (comme les enquêtes origines

destinations...) et la qualité (la charte qualité et son évolution et la mise en place d'actions

et d'indicateurs qualité).

La directrice coordonne les missions des 2 directions et supervise toutes les fonctions

remplies par les deux autres cadres : pour la production ; la maintenance, l'exploitation et

169 Le graphicage est une méthode graphique définissant pour chaque ligne les départs et les

fréquences de passage des bus aux différents points d'arrêts du réseau. Il est basé sur la demande de

transport déterminé par le département marketing et par les contrats. Il détermine un nombre de

journées agents, de voitures et de kilomètres.

170 L'habillage des horaires est basé sur le graphicage. L'habilleur va déduire les horaires de travail

des conducteurs dans le respect des conditions de travail (nombre d'heure de travail, place et durée des

repos obligatoires, etc). Les différents services sont ainsi créés : services du matin, de l'après midi, les

services en deux fois etc. C'est le tableau de marche.

277

les ressources humaines et pour le marketing ; le marketing et le commercial. Il dirige

aussi toute la partie juridique et financière en accord avec les services adéquats dépendant

de la direction déléguée de Transdev en Bourgogne. De plus il définit et dirige en accord

avec les deux directeurs de la production et du marketing, les études et la qualité. Ces deux

fonctions de prospective et développement et de qualité sont définit en amont avec

l'autorité organisatrice.

Ce réseau a pour particularité sa forme de management. Le directeur de la production a la

responsabilité d'un certain nombre de fonctions techniques et assume le management des

personnels qui y sont attachés. Ceci est possible car 96% du personnel travaille dans la

direction de la production. Ce processus de management favorise la mise en œuvre et la

diffusion de la qualité car c'est la même personne qui définit les objectifs qualité qui dirige

le processus d'exploitation et de maintenance et qui manage le personnel. L'originalité du

réseau est que l'organisation est à la fois verticale et horizontale. Il est vertical car chaque

directeur dirige les fonctions techniques qui lui sont propres. Il est horizontal car il assure

le management du personnel.

Le schéma ci-dessous représente l'organisation du travail à la Société des Transports de

l'Agglomération Chalonnaise (STAC). Les rectangles désignent les métiers et les ovales

les fonctions).

278

Répartition des différentes fonctions de l'entreprise entre les trois cadres du

réseau.

: titre

: fonction

Ce schéma montre à quel point la qualité a modifié structurellement l'organisation du

réseau et les métiers. Chacun des cadres s'est vu attribuer une nouvelle fonction.

L'introduction de la qualité a obligé chacun des trois acteurs à prendre en compte ce

concept dans son organisation. Ainsi le responsable de l'exploitation doit gérer la mise en

place de la qualité dans son département. Ceci sous-entend l'information, la motivation et

la formation des conducteurs, des contrôleurs, du responsable de la maintenance et des

mécaniciens. C'est-à-dire qu'il devra aménager les temps de travail (gestion des temps de

travail, de formation, de mesures, de mise en place des actions…) de chacun de ses

collaborateurs.

Directeur de Production Directeur du Marketing

Exploitation Maintenance

Juridique Ressources-

humaines Finances

Marketing Commercial

Etudes

Qualité

Directeur Général

Définissent les objectifs qualité

279

Le responsable du marketing a de nouvelles taches à effectuer. Il doit réfléchir aux outils

appropriés à mettre en place pour appliquer la stratégie du réseau en matière de qualité.

Ainsi, il travaille à l'élaboration d'actions, d'indicateurs et de la charte qualité.

Le directeur réfléchit à la stratégie du réseau en matière de qualité. Il rédige le rapport

annuel sur la qualité, mentionné par la loi Sapin. Il travaille également en collaboration

avec l'autorité organisatrice à l'introduction de la qualité dans le réseau et aux objectifs

contractuels ou non. En période d'appel d'offre chacun des trois cadres du réseau, doit

intégrer la notion de qualité sans la réponse au cahier des charges. Ils s'engagent sur toute

la durée du contrat sur leurs activités transports.

L'introduction de la qualité marque une nouvelle étape dans l'organisation du travail. Elle

est définie conjointement par l'ensemble des directions : la direction générale et les

directions techniques et mises en œuvre dans chacun des métiers par chaque direction

concernée. On est ici en présence d'un modèle d'organisation du travail et du management

qui facilite la diffusion de la qualité auprès du personnel et dans chacun des métiers.

Chaque cadre est responsable de l'organisation et de la mise en place de la qualité dans son

département. La qualité est plus facile à intégrer par les agents, lorsque qu'elle émane d'un

hiérarchique qui connaît le métier et qui sait quelles formes lui donner et quelles méthodes

utilisées pour optimiser son introduction.

Nous avons vu qu'un responsable d'assurance qualité, indépendant, rattaché au directeur

était ce qu'il y avait de plus efficace pour un grand réseau. Mais le coût est important. Pour

optimiser l'introduction de la qualité dans les réseaux villes moyennes et investir de façon

moindre, le modèle de la STAC est plus approprié.

280

5. 3 :La qualité dans le partenariat entre la communauté urbaine et

le réseau de Chalon sur Saône.

Ce qui nous intéresse ici, c’est la relation entre le SITUC (Syndicat Intercommunal des

Transports Urbains de l’agglomération chalonnaise) et la STAC (Société des Transports

de l’Agglomération chalonnaise) ; plus particulièrement l’introduction et la pérennité de la

qualité de service dans cette relation.

Nous allons étudier les comportements des deux acteurs indépendamment l’un de l’autre

avant de travailler sur leur possible entente.

5 .3. 1. : La STAC et la qualité de service.

La lecture du rapport d’activité de 1999 nous renseigne sur les actions engagées par le

réseau au cours de l’année. Ces actions ont été définies au sein du réseau par le groupe de

direction en accord avec les syndicats et les clients. Les syndicats sont consultés lors de

tables rondes sur des thèmes précis. Les demandes des clients sont prises en compte dans

les réclamations qu'ils rédigent et lors des enquêtes définies par le directeur marketing et

réalisées par une école de Brevet de Technicien Supérieur.

Les différentes actions mises en place dans le réseau :

Accès au réseau 9

Information 1

Favoriser le premier contact

Réunion d’information sur la carte scolaire dans des établissements scolaires

1

Entretenir l'utilisation 0

Accueil 8

Améliorer les contacts entre personnels et clients

Deux bus de la rentrée pour désengorger l’espace SITUC

Le bus info : point de vente mobile

Embauche d’une hôtesse pour augmenter les heures d’ouverture de l'espace SITUC

1

1

1

Amélioration des supports d'accueil

Accompagnements des événements chalonnais (dessertes, billets spéciaux, spectacles, ateliers...)

Actions de fidélisation sur trois titres

1

4

281

Amélioration de l'offre de transport 3

Amélioration du réseau

Transformation de desserte du pénitencier et de 2 usines (services à la demande et

véhicules adaptés à la demande)

3

Disponibilité du matériel 0

Amélioration du trajet du client 2

Ponctualité 0

Propreté 1

Confort 0

Sécurité

Sensibilisation des jeunes (CM2) à la fraude et aux règles de civilités

1

Démarche qualité globale 0

Qualité 0

Autres 0

Divers 0

Total 13

Le réseau continue de faire vivre sa charte qualité de service mise en place en 1997, basée

sur la propreté des bus, l'accueil et l'information.

En 1999, les actions d'amélioration de la qualité destinées à gagner de nouveaux clients,

sont moins importantes que celles qui sont destinées à entretenir l'utilisation,

contrairement à l'ensemble des réseaux.

Les actions (3 actions) qui améliorent l'image de la STAC en allant à la rencontre des

habitants sont :

- l'embauche d’une hôtesse pour augmenter les heures d’ouvertures du point de

vente en centre ville,

- la transformation de desserte du pénitencier et de 2 usines.

Ces opérations marketing visent à gagner de nouveaux clients.

Les actions (10 actions) qui visent à fidéliser les clients :

282

- les actions de fidélisation sur des titres,

- la mise en place des 2 bus de ventes circulant sur l’agglomération à la rentrée

- la mise en place d'un bus d'information

- l'accompagnement des événements chalonnais,

- la réunion d'information sur la carte scolaire

- la propreté

- la sensibilisation des jeunes à la fraude et aux règles de civilité.

Ces actions sont des actions de fidélisation de la clientèle.

Les transferts modaux sont faibles. La STAC l'a bien compris puisqu'elle travaille

essentiellement à des actions de fidélisation, en améliorant les titres de transports ou en

allant à la rencontre des clients (les bus information et de ventes qui circulent sur

l'agglomération, accompagnement des événements locaux, réunion d'information dans une

école…). Dans les années précédentes elle a mis en place des actions qui durent et qui ont

amélioré le service rendu à la clientèle : la vente de titre en supermarché et le service à la

demande sur certaine ligne. Ces deux actions permettent également à la STAC de

s'intégrer dans le quotidien des habitants et de susciter des besoins de déplacements. La

desserte de la gare en navette à la demande est par exemple un plus pour qui ne veut pas

laisser sa voiture sur le parking ou pour une personne qui n'a pas de voiture (la gare TGV

du Creusot est très éloignée du centre ville et uniquement accessible en voiture

particulière). La vente de billet en grande surface permet aux habitants de Chalon

d'acheter les titres de transport en faisant ses courses. Cela augmente l'accessibilité aux

transports en commun urbain en touchant un maximum de monde.

5 .3. 2. : L’autorité organisatrice et la qualité de service.

La convention a été signée le 1er janvier 1997 pour 8 ans, c’est-à-dire jusqu’au 31

décembre 2005, entre :

Le Syndicat Intercommunal des Transports Urbains de l’agglomération chalonnaise

(SITUC), représenté par Monsieur Serge Sene, son président.

283

La Société des Transports de l’Agglomération chalonnaise (STAC) SARL au capital de

100 000F, représentée par monsieur Jean-Luc Frizot, son directeur.

Le contrat est une convention aux risques et périls. C’est-à-dire que l’exploitant supporte

le risque sur la nature des charges d'exploitation et le risque sur la nature et l’évolution des

recettes. Cependant, il est compensé par une somme forfaitaire : différence entre les

charges prévisionnelles et les recettes prévisionnelles171.

La convention de Chalon est un texte juridique où les critères de la charte des services

publics et de la norme AFNOR sont présentés sous formes de droits et devoirs de

l'exploitant vis-à-vis de son autorité organisatrice. Ainsi les articles relatifs à la continuité,

à la disponibilité des équipements et à la sécurité sont des engagements des parties sur ces

critères :

"La STAC est tenue d'assurer la continuité des services définis au cahier des

charges, quelles que soient les circonstances, sauf cas de force majeure".

Les deux thèmes : information et propreté sont fréquemment cités dans les conventions,

respectivement cités dans 60% et 40% des textes étudiés.

L'article 3 – modifications, de la convention définit ses attentes en matière d'information :

"L'exploitant est tenu de porter à la connaissance du public, les modifications

d'horaires, les changements d'itinéraires ou d'emplacements d'arrêts et les

créations et suppressions de services, par affichage préalable".

L'article 9 – droits et obligations de l'exploitant, de la convention précise le minimum

souhaité en matière de propreté :

"L'exploitant a l'entière responsabilité du bon état des installations (hors poteaux

et abribus) et du matériel. […] Si du fait de l'exploitant, la sécurité publique vient

à être compromise par le mauvais état des installations ou du matériel […]".

Les exigences de la convention sur ces deux thèmes sont assez limitées. D'une part, la

STAC ne doit informer ses passagers qu'en cas de modifications. L'exploitant n'a pas

d'obligation sur l'information "quotidienne" : plan de réseau, horaires, itinéraires, tarifs…

171 C.F. Partie II, Chapitre I, 1.1.4. : le principe de contractualisation.

284

Par ailleurs le critère de propreté est traité sous l'angle de l'entretien et du maintien en bon

état plutôt que de l'intérêt visuel du voyageur. Ces deux articles sont très fréquents dans

les conventions que nous avons étudiées. Ils ne permettent pas d'identifier un

comportement qualité caractéristique. Heureusement le réseau va plus loin et met en place

nombre d'actions qualité pertinentes.

Il travaille à améliorer son image en faisant parvenir les informations nécessaires à la

clientèle (nouveaux tarifs, etc). De même, la charte de qualité mise en place en 1997,

mentionne le critère de propreté. Il fait l'objet d'attentions et de mesures particulières au

sein du réseau. Cependant le réseau travaille aussi sur d'autres thèmes comme la sécurité,

l'accueil, l'amélioration des dessertes. Cette démarche montre a quel point l'exploitant est

moteur en matière de qualité.

Par ailleurs l'article 13 – régime financier, mentionne l'obligation pour l'exploitant de

présenter :

" à la même date de chaque année le compte rendu général d'activité de l'exercice

précédent comportant notamment : […] un rapport indiquant les actions

d'information de la clientèle de l'exercice précédent."

"le compte rendu d'activité présenté le 15 avril comporte les éléments

d'appréciation de la qualité du service rendu aux usagers au travers des quatre

derniers points cités".

Ces obligations obligent l'exploitant à faire un bilan annuel de ses activités d'information

et de qualité et permet à l'autorité organisatrice d'exercer un contrôle et d'évaluer le travail

réalisé sur le terrain. Cependant le terme de qualité de service n'est pas explicité, aussi

l'exploitant est-il libre de l'interpréter. Nous l'avons vu précédemment, ceci est une

obligation de la loi Sapin172 qui ne précise pas non plus le terme de qualité de service.

Le cahier des charges, quant à lui, ne définit pas les modalités pratiques de mise en œuvre

de la convention (comme c'est souvent le cas des réseaux taille moyenne). Il définit les

172 C.F. dans Partie II : le secteur des transports en communs en France et la diffusion de la qualité, le

chapitre 2.2.2 : La loi Sapin

285

moyens généraux à mettre en place pendant la durée de la convention : nombre et nature

des personnels, inventaire du parc, des installations techniques et des tarifs.

La qualité est une dimension de la convention. Cependant la demande de l'autorité

organisatrice est très globale, imprécise et "classique"173. Mais elle donne une dimension

politique volontariste à la qualité. C'est l'exploitant qui gère et impulse toute la démarche

qualité.

173 Elle est classique car la convention ne mentionne pas plus d'article "qualité" que la plupart des

conventions que nous avons étudiées.

286

Conclusion

Alors qu'elle existe depuis toujours, la qualité est identifiée comme un outil de progrès

tardivement dans l'histoire. En effet, elle s'est diffusée lentement dans toute l'économie.

D'abord dans l'industrie, au début du vingtième siècle, puis dans tout le secteur des

produits, elle n'apparaît dans les services et dans les services publics, qu'au début des

années 80. Elle a alors pris plusieurs significations en fonction des périodes : tri puis

contrôle et enfin prévention. Cette évolution a permis notamment au secteur des services

de passer de la rentabilité productive à la qualité de service centrée sur le client.

Dans les services publics, cet outil de la modernisation représente un véritable enjeu pour

les services publics en quête d'efficacité. La qualité permet aux services publics et plus

particulièrement aux transports publics, de coproduire le service avec les clients eux-

mêmes. Cette prise de conscience de l'importance du client dans la servuction, renouvelle

le service rendu lui-même, en remettant en cause l'organisation interne de l'entreprise, les

métiers et les fonctions.

A la fin des années 80, le secteur des transports prend conscience de la dominance de

l'usage de la voiture particulière. L'offre de transports urbains n'est pas capable d'absorber

la demande de mobilité tant en terme quantitatif que qualitatif. Elle ne permet pas d'offrir

des déplacements accessibles au plus grand nombre (en termes géographiques, physiques

et financiers), sûrs (au sens de fiables et de sécuritaires) et pratiques (fréquences, dessertes

proposées). Après plusieurs phases de modernisation de l'offre axées sur les

investissements lourds en infrastructures et en accroissement de la productivité, les

développements de l'offre de transport n'étant plus possibles financièrement ou plus

287

suffisamment rentables, la qualité émerge et devient alors une priorité pour les acteurs du

secteur des transports en commun urbain au début des années 90. Ce retard de

l'introduction de la qualité, est-il dû à l'absence de concurrence ? Ce manque de

concurrence entraîne t’il une absence de questionnement sur les changements

méthodologiques ? En fait, les transports urbains sont concurrencés par la voiture

particulière et lors des appels d'offre par tous les réseaux européens, mais le

positionnement de ces concurrences a été perçu très tardivement. Cette notion de

concurrence a, entre autre, permis et nécessité l'émergence de la qualité comme outil de

progrès pour le secteur des transports en commun urbain.

Notre étude sur les réseaux du groupe TRANSDEV a déterminé dans un premier temps,

comment la qualité se diffuse dans un réseau de transport et les facteurs qui permettent

cette diffusion. Puis nous avons déterminé comment la qualité s'intègre dans le système

d'acteurs régissant les transports en commun urbain. Notre conclusion déterminera

également les obstacles qui s'opposent à la diffusion de la qualité dans les transports en

commun urbain.

Nous avons, tout d'abord identifié les différentes étapes de l'appropriation de la qualité par

un réseau : l'amélioration de l'image, le questionnement interne, la réorganisation interne

et la démarche qualité. L'introduction de la qualité dans l'entreprise de transport se fait

grâce au recentrage de l'entreprise sur elle-même et à l'intégration du client dans la

production du service. C’est-à-dire que la qualité va modifier l’organisation du travail, des

métiers, des tâches, va introduire de nouvelles missions. L'entreprise "bascule" dans la

qualité au moment où elle se réorganise en interne (niveau 3) et où le client devient un

coproducteur du service transport. La clé de la qualité est le client. Il intervient dans un

premier temps dans la production du service, puis l'entreprise l'intègre en amont, dans la

définition et la conception du transport. Nous avons montré que pour être mise en œuvre la

qualité passe par une redéfinition du processus de travail, par une responsabilisation et une

prise en charge de la qualité dans les différents moments de l’organisation du travail :

- Redéfinition des processus productif

- Redéfinition des métiers

288

- Enrichissement de l’organigramme (création d’un poste de responsable qualité par

exemple, ou d’agent d’accueil).

- Modification culturelle du travail.

Nous avons également démontré qu'un petit réseau comme Chalon sur Saône a une

structure organisationnelle favorisant l'introduction et la diffusion de la qualité. Chaque

responsable de département est responsable au sein de son entité, de la mise en place de la

qualité dans toute sa durée de vie, de sa définition, de sa conception, de sa mise en place et

de son suivi. La qualité ici, n'est pas autonomisée, elle devient une composante de

l'ensemble des fonctions qui sont assurés dans chaque service de l'entreprise. Ceci repose

sur la capacité des agents à repenser l'ensemble des métiers pour les redéfinir en intégrant

les différents aspects inhérents à l'approche qualité.

Les changements engendrés par la qualité au sein des réseaux sont encore loin d'être

achevés. Ceux réalisés jusqu'à ce jour ne sont pas suffisants pour permettre aux entreprises

du groupe TRANSDEV de proposer une "offre de qualité". La plupart des réseaux sont

encore loin du principe de production centré sur le client. Ceci car ils n'ont pas, pour la

plupart mis en place une démarche qualité et de responsable qualité. Nous avons démontré

que ces deux facteurs accéléraient la diffusion de la qualité. Les entreprises qui ont intégré

la qualité privilégient la norme AFNOR. Cependant celle-ci est réductrice car elle est

globale et ne tient pas compte des spécificités locales. A ce propos, le travail de Nantes est

intéressant car indépendant de la norme. Tout en s'inspirant de celle-ci, il reste très

indépendant et a défini ses propres outils de mesures et de progrès. Le rôle réel de la

norme est de modifier les objectifs de l'entreprise. Bien que performante et proposant des

outils intéressants, une norme reste normative et son application limite le progrès et

l'émancipation de l'entreprise. A Nantes, le réseau bénéficiait de la maturité suffisante

pour créer ses propres indicateurs.

Dans un deuxième temps, notre travail s'est attaché à définir l'introduction de la qualité

dans le système d'acteurs régissant les transports en commun urbain. Nous avons démontré

que la qualité de service apparaît de façon peu explicite dans les contrats. En effet, ce sont

des éléments constitutifs de la qualité comme l'information, la fraude ou la sécurité. De

façon générale, les textes ont une approche encore très productiviste. Cependant,

289

lorsqu'elle est présente dans les textes, la qualité fait basculer les contrats d'une logique

productiviste à une production centrée sur le client.

Dans le même temps, nous avons observé une réelle évolution du métier de transporteur,

dans les cahiers des charges. Il est passé d'un métier technique d'exploitant à un métier de

service centré sur le client. "Depuis quelques années, les entreprises de transport se sont

engagées dans l'élargissement de leurs activités. De simples transporteurs, elles

deviennent des prestataires de services et des gestionnaires de déplacements".174 C'est

l'implication de l'autorité organisatrice qui accélère l'intégration de la qualité dans le

service de transport urbain.

Même si l'intégration de la qualité dans les contrats est faible, son introduction dans le

système d'acteurs a modifié les relations entre les deux cocontractants en accroissant leurs

exigences. Elle est aujourd'hui, un outil pour répondre aux appels d'offre français et

européens en offrant la possibilité d'être le "mieux disant" et non plus le "moins disant".

Elle permet aussi de répondre à la concurrence quotidienne de la voiture et aux exigences

des clients. Chacun des deux partenaires s'est mobilisé sur le sujet afin de pouvoir

répondre aux besoins et aux demandes de ses clients (son partenaire et les usagers).

En bref, la mise en œuvre de la qualité dans l'entreprise de transport et par conséquent

dans le service de transports en commun urbain est liée à quatre facteurs qui sont la prise

en compte du client comme un élément producteur du service, la mise en place d'une

démarche qualité, la présence d'un responsable qualité et l'augmentation des exigences des

autorités organisatrices. Nous avons démontré que la mise en œuvre de la qualité passe par

une redéfinition des process de travail à partir de la prise en compte du client dans le

processus productif et par une responsabilisation de chacun. Nous avons vérifié notre

hypothèse, car la diffusion de la qualité permet aux réseaux de définir le transport à partir

de critères, non plus techniques et productivistes, mais à partir de la demande, c'est-à-dire

des clients.

174Patrice PATTEE "Nouveaux rythmes urbains et organisation des transports" La Lettre du CNT

n°65.

290

Nous pouvons nous interroger sur les enjeux de la qualité et les objectifs pour les autorités

organisatrices. Leur posture est à la fois politique et professionnelle.

- Les autorités organisatrices veulent mettre en œuvre des transports publics de

qualité grâce à une politique de transport qui offre une alternative à la voiture particulière.

Cette posture politique est également une posture sociale qui vise les populations locales

et une posture de la performance. Cette visée sociale et performantielle a pour but

d'asseoir son autorité politique.

- Elles ont aussi une posture professionnelle afin d'être un véritable interlocuteur

technique performant. Cela leur permettrait d'être plus efficace dans la gestion des

systèmes de transport.

Empiriquement les réseaux et les autorités organisatrices vont lentement car il y a une

prise de risque importante et un coût substantiel. Compte tenu de l'importance de la qualité

dans l'avenir du secteur des transports en commun urbain (réponses aux appels d'offres,

etc.), nous sommes surpris que les responsables des grands groupes n’incitent pas plus les

réseaux à la mise en œuvre de la qualité. Cette attitude est paradoxale dans la mesure où

les grands groupes français travaillent sur le sujet depuis le début des années 90. Ils

n’acculturent pas forcément leur réseaux. Quels sont alors les rôles des réseaux, de

l'autorité organisatrice et du groupe ? Les réseaux restent très indépendants de leur groupe

sur le sujet et sont donc très autonomes. Aussi la responsabilité de mise en œuvre de la

qualité leur appartient. Cependant, l'évolution des contrats est le signe d'un accroissement

des capacités et du niveau d'exigence de l'autorité organisatrice en terme de qualité.

Ces avancées lentes vers le client et la qualité s'expliquent par deux freins : humains et

financiers. Les freins humains sont pour B. Averous, des résistances liées aux

représentations des acteurs. Elles sont souvent synonymes de contresens, de naïveté et de

craintes. Elles sont le reflet de craintes sur la remise en cause du soi, de la qualité de son

travail et de son rapport à celui-ci : "Mais qu'est-ce qu'on me reproche ?", "Je connais

mon métier", "On ne veut pas se faire fliquer"175. Il ne s'agit pas de remettre en question

directement l'individu mais l'organisation dans son ensemble. L'entreprise doit s'interroger

175 Bernard et Danièle Averous "Mesurer et Manager la qualité de service", INSEP éditions, 1998,

Paris

291

sur son organisation et sur son efficacité. Avec toutes ces petites phrases, nous saisissons

bien les résistances communes, à toute introduction d'une démarche qualité. Ce type de

résistances est bien souvent relayé par les syndicats. Ceci montre alors l'importance de la

gestion, de la formation et de la motivation des personnels. La démarche doit être

appropriée par tous. Pour cela elle doit être fédératrice et faire l'objet d'un véritable projet

d'entreprise émanant de la direction, relayée par tous les responsables hiérarchiques et

impliquer tous les employés de l'entreprise. Il faut que chacun se sente acteur de la

démarche et non simple exécutant.

Les démarches de Grenoble et Nantes sont particulièrement parlantes à ce sujet. Toutes

deux ont été instituées par la direction, relayées par le responsable qualité et les

responsables hiérarchiques de tous niveaux. La "base" a été associée dès le début dans la

démarche à l'aide de réunions qui ont permis de définir, à partir des attentes des clients et

des connaissances de chacun, les objectifs de la démarche et les moyens à mettre en œuvre

pour y parvenir. C'est à partir des connaissances de la "base" que les deux démarches ont

été construites. C'est ainsi que chacun a participé à la construction et à la mise en œuvre de

la démarche. Le travail a été long et difficile. Mais sa réussite est en grande partie due à la

personnalité et au travail des responsables qualité.

D'autre part, la qualité a un coût et l'évaluation de ce coût n'est pas aisé, aussi, le calcul des

coûts de la non-qualité peut permettre de relativiser. Le calcul du coût de la non-qualité est

une méthode comptable qui permet de localiser dans l'entreprise toutes les dépenses

inutiles provoquées par les défaillances des produits et des services. On les désigne parfois

par l'expression "l'usine cachée176". C'est le coût des défaillances et de leur détection. Le

calcul de coût de la non qualité permet de définir des priorités à l'amélioration du produit

ou du service rendu (il est illusoire de vouloir tout améliorer en même temps).

176 "Si nous prenons toutes les machines qui produisent des pièces que l'on met au rebut, tous les

ouvriers qui font des réparations, tous les employés qui font des contrôles, tous les ingénieurs qui

recommencent leurs calculs, nous obtenons une usine dont la fonction serait de faire uniquement des

produits défectueux ; c'est "l'usine cachée". Elle atteint souvent 30 % du volume de l'usine réelle ;

c'est donc un énorme gaspillage. Cette usine est cachée parce que chaque employé et chaque machine

participent à la production des défauts et que le management s'est mis peu à peu à considérer cette

situation comme normale." Jean-Marie Gogue "Management de la qualité", Economica, 1997, Paris.

292

Les documents comptables "classiques" d'une entreprise ne sont pas faits pour mettre en

évidence "l'usine cachée". Il faut pour cela un système comptable particulier : c'est le coût

de la qualité. Le coût de la qualité comporte les coûts de la prévention177, les coûts de la

détection et de contrôle178, les coûts de non-qualité internes179 et les coûts de non-qualité

externes180. C'est la régularité de ce calcul qui permet à l'entreprise d'améliorer sa qualité.

En effet la mesure régulière du coût de la qualité donne à chaque membre de l'entreprise

l'habitude de considérer les opérations dont il a la charge en termes de coûts. Ce réflexe

économique va permettre de mettre en place des actions correctives qui sont

fondamentales pour l'amélioration de la qualité et de la productivité.

Le calcul du coût de la qualité est difficile car que faut il prendre en compte ? L'entreprise

peut compter, dans un premier temps le coût des enquêtes des attentes des clients et de leur

niveau de satisfaction (C.F. Partie III, chapitre 2). Les résultats de ces enquêtes vont

permettrent de déterminer les objectifs à atteindre. Le réseau choisira les outils à mettre en

œuvre et les actions à mener, à partir des points faibles révélés par l’enquête, des coûts

directs et une appréciation du retour sur investissement. Dans un deuxième temps

l'entreprise doit compter, les formations des personnels à la qualité ou à des composantes

de la qualité (accueil, etc), les recrutements, le coût des actions mises en place et le temps

homme nécessaire à cette mise en place. L'entreprise est souvent démunie face à des

comptabilisations de données nouvelles et qualitatives. Elle a du mal à évaluer les temps

de travail par mission ou même par tâche pour évaluer à postériori le coût de la qualité. Il

serait bien sûr intéressant de l'évaluer à priori. Mais comment détermine t’on le coût de

l’amélioration de la qualité ? Est ce que ce sont des coûts directs ou des coûts plus

globaux ? Qu’est-ce qui compte sur le long terme et sur le court terme ? De plus comment

177 Investissements humains et matériels engagés pour réduire les risques de non qualité ; ils incluent

les coûts de mise en place et de maintien d'un système qualité et notamment des activités d'assurance

qualité.

178 Ce sont les dépenses engagées pour vérifier la conformité du produit ou du service aux exigences

de qualité.

179 Ce sont les frais engagés lorsque le produit ne satisfait pas aux exigences de qualité, avant d'avoir

quitté l'entreprise.

180 Ce sont les frais engagés lorsque le produit ne répond pas aux exigences de qualité, après avoir

quitté l'entreprise.

293

mettre en regard l'amélioration de la qualité et la fidélisation et/ou l'accroissement de

clientèle ?

D'autre part, la prise en considération de ce coût dépend d'un paramètre important, à savoir

l'initiateur de la démarche (autorité organisatrice ou exploitant). Dans un premier cas nous

aurons un réseau qui fait de la qualité pendant la durée de la convention et qui finance seul

ses actions qualité ou même sa démarche. Dans un deuxième cas, nous aurons un réseau

qui négocie avec l'autorité organisatrice la mise en place de la qualité. Il anticipe sa

réalisation et l'introduit grâce à des indicateurs dans le coût kilométrique. Dans un

troisième cas la qualité sera négociée lors de la signature de la convention et apparaîtra

clairement dans le budget du réseau. Cette ligne budgétaire sera le résultat d'une

discussion explicite sur la définition de la qualité et sur les attentes de l'autorité

organisatrice. Les parties s'engagent à travers cette ligne comptable.

Dans la grande majorité des cas que nous avons étudiés, c'est le réseau qui commence seul

à faire de la qualité au cours de la convention. Il négocie lors du contrat suivant, la prise

en compte du coût de la qualité avec son autorité organisatrice.

Le réseau de Cagnes sur mer (1996) entre dans la deuxième catégorie avec la mise en

place d'une prime d'intéressement basée sur la fréquentation à partir des objectifs fixés

conjointement par l'autorité organisatrice et par l'exploitant.

Dans quelques cas très particuliers la demande de l'autorité organisatrice est pressente.

Aussi la négociation porte t'elle sur la définition et la mise en place de la qualité. A Agen

par exemple, l'autorité organisatrice a demandé au réseau d'obtenir la certification ISO

9002. Nous sommes alors dans le troisième cas.

La puissance publique est en train d'acquérir la capacité nécessaire à une négociation que

Y. Joncour et O. Raymundie nomment "choix délibéré". Cette capacité à maîtriser la

qualité est un véritable enjeu social. Ceci va justifier la délégation de service public et

permettre à la puissance publique de "négocier pied à pied" avec l'entreprise181.

Cependant, les conventions restent formelles. Nous avions beaucoup d'espoirs, mais

l'analyse des textes a montré que la qualité n'était pas encore prise en compte pleinement

181 C.F. note n°9

294

dans les textes. Nous sommes dans un moment de transition entre des textes juridiques et

techniques et des chartes d'engagement de la qualité.

Idéalement, un contrat qui inclurait efficacement la qualité serait un contrat ou la

convention encadrerait la définition de la qualité et le cahier des charges serait une

véritable charte d'engagement de la qualité. Ces textes contiendraient des objectifs de

qualité clairs, assortis de pénalités, en matière de qualité et des thèmes qui s'y rattachent

(fraude, sécurité, information, accueil, netteté des installations et des modules de transport,

confort, la régularité / ponctualité et la disponibilité des équipements). L'autorité

organisatrice a un rôle essentiel dans la définition des objectifs, dans l'encadrement et dans

le contrôle de la qualité prédéfinie. Les deux cocontractants agiraient en partenariat sur le

sujet. Elles développeraient des partenariats avec les acteurs de la ville, la police pour la

sécurité, les entreprises et les générateurs de trafics (entreprises, hôpitaux…)

On peut imaginer que dans un avenir proche les collectivités locales s'engagent dans une

charte d'engagement de la qualité. Cependant, la plupart des autorités organisatrices n'ont

pas actuellement, la capacité d’expertise nécessaire. Mais pourquoi ne s'y mettent-elles

pas ? Les enquêtes réalisées auprès des autorités organisatrices, rendent compte de la

façon dont les plus dynamiques d’entre elles sont entrées dans cette période de

changement. Nous sommes dans l'entre-deux, dans la phase du changement où nous

sommes passé de la qualité-produit à la charte. Nous avons rendu compte

d'expérimentations, de tâtonnements et d'ajustements des changements au sein de

l'entreprise et entre les autorités organisatrices et les entreprises exploitantes. Le plus

important dans cette transition est que l'autorité organisatrice et l'entreprise affichent et

négocient de véritables objectifs.

De plus, les grands groupes se partagent le marché national et il y a eu peu de changement

dans les passations de marchés (en 1994, seulement 9% des contrats de services réguliers

et 12% des contrats scolaires ont changé d'exploitant). Pourquoi n'y a-t-il pas de

mobilisation des réseaux sur la qualité ? La concurrence lors des appels d'offre est-elle une

véritable concurrence ? Ou bien les réseaux se sentent-ils protégés par le marché ?

Est-ce que cette faible avancée sur la qualité dans les conventions est spécifique au groupe

TRANSDEV où est ce une situation partagée par les réseaux des autres groupes en France

et en Europe ?

295

Est-ce lié au fait que les autorités organisatrices, même si elles ont la volonté de diffuser la

qualité, sont peu efficaces. Elles n'ont pas la capacité d'expertise et en interne le personnel

nécessaire pour suivre cette qualité ? Qu'est-ce qui pourrait accélérer le processus ? Faut-il

un élément exogène déclencheur tel qu'une aggravation importante de la pollution, des

encombrements plus nombreux et gênant fortement les déplacements individuels et une

grande intolérance aux bruits ?

Nous pouvons, également, nous interroger sur la vague de concentration des réseaux qui a

eu lieu ces trois dernières années. Ces concentration ne sont pas favorables à des

améliorations sociales. De plus ce phénomène ne va-t-il pas exacerber les objectifs de

rentabilité financière au détriment de la diffusion de la qualité ?

L’ouverture du marché européen, ne devrait-elle pas engendrer une plus grande

intégration de la qualité ? Pour l’instant le marché français est peu convoité par les réseaux

étrangers. Aussi la logique de marché n’est elle que verbale. Mais le jour où il y aura

dérégulation totale, les réseaux se comporteront sûrement différemment.

Les transports publics sont passés d'enjeux productivistes à un enjeu social. Ils doivent

aujourd'hui offrir à tous, des modes de déplacements accessibles, abordables

économiquement, sûrs, fiables, commodes et propres182. La communauté européenne a

ainsi fixé ses directives en matière de développement des transports publics urbains. Elle

souhaite encourager l'utilisation des transports en commun et améliorer les transferts

modaux de la voiture particulière vers les transports en commun, par notamment

l'amélioration de la complémentarité entre les modes et l'intégration des différents modes.

Plus récemment183, elle traite succinctement des transports urbains dans la mesure où

ceux-ci relèvent des politiques nationales et locales. Au nom de ce principe de

subsidiarité, la CEE ne peut donc pas procéder par voie réglementaire pour imposer des

182 Commission européenne, "un réseau pour les citoyens", livre vert de la commission européenne,

Bruxelles, Luxembourg, 1996.

183 Commission européenne, « la politique européenne des transports à l’horizon 2010, livre blanc de

la commission européenne, Bruxelles, Luxembourg, 2001.

296

solutions alternatives à la voiture. Elle ne peut que promouvoir les bonnes pratiques184.

Les préconisations tournent donc autour de l’amélioration des niveaux de confort, de

qualité et de rapidité. Les solutions proposées comme alternative à la voiture sont autant

dissuasions, qu’encouragements à l’utilisation des transports en communs. Les mesures

dissuasives proposent par exemple, de limiter la construction de parking dans les

nouveaux immeubles de bureaux et la mise en place de péage urbain. Les mesures

incitatives proposent de développer les infrastructures (métro, tramways, couloirs de bus,

pistes cyclables) et d’améliorer le service rendu (qualité des dessertes, informations aux

usagers). Cependant les exemples de villes volontaristes avec des tramways modernes,

comme Stuttgart, Fribourg, Strasbourg et Nantes, sont peu encourageants. Ces villes ne

parviennent à faire baisser la part d’utilisation de la voiture particulière que de 1% par

an185.

Par ailleurs, la communauté a rédigé une norme qualité européenne186 basée sur la norme

AFNOR française. Au nom de l’harmonisation européenne, cette norme va permettre de

garantir un « minimum qualité » dans les réseaux de la communauté européenne. La

France a été pilote en terme de méthodologie au sein des discussions européennes.

Cependant c’est surtout la RATP ou la qualité est largement mise en œuvre qui est à la

base des travaux européens. Il y a cependant un écart entre la vitrine RATP et les autres

réseaux français.

Ces dernières années, le contexte de constitution des grands groupes de transport a

considérablement évolué. Mais une question demeure : est-ce que l’intégration des deux

184 Sauf pour les carburant de substitution (gaz naturel, bio diesel, gazole sans souffre, hydrogène…)

pour lesquels la commission envisage de nouvelles règles fiscales et une directive fixant un quota

minimal de consommation obligatoire de biocarburants.

185 Dans les autres villes la part d’utilisation de la voiture est de plus de 1% par an.

186 Norme NF EN 13 816 sortie en septembre 2002.

297

grands opérateurs publics (RATP et SNCF) au sein des groupes privés de transport ne va

pas stimuler cette prise en compte de la qualité dans la gestion des réseaux ?

298

Bibliographie

Ouvrages :

ALBRECHT K., et ZEMKE R., "La dimension service", Les Editions d'Organisation,

1987, Paris.

AVEROUS B. et D. "Mesurer et Manager la qualité de service", INSEP éditions, 1998,

Paris

BAGUENARD J., "La décentralisation", Presses Universitaires de France, collection Que

sais-je?, n°1879, Paris.

BAROUCH G. et CHAVAS H., “ Où va la modernisation? Dix années de modernisation

de l’administration d’Etat en France ”, Paris l’Harmattan, 1993

BEAUMONT O., "Réussir votre certification ISO 9000, dix conseils", AFNOR, collection

A Savoir, Paris 1996.

CARLZON J., "Renversons la pyramide!", Inter Editions, 1986, Paris.

CLOSETS (de) F., “ Le pari de la responsabilité : rapport de la commission, Efficacité de

l’état ”, Paris, La Documentation Française, 1989

COHEN G., "Modélisation des réseaux urbains", Les cahiers du PIR Villes, CNRS

Editions, 1995, Paris.

CORIAT B., université de Villetaneuse, "Penser à l'envers", Christian Bourgeois Editeur,

collection Choix - Essais, Paris, 1991.

299

CROZIER M., "L'entreprise à l'écoute ; Apprendre le management post-industriel", Inter

Editions, 1990, Paris.

CRUCHANT L., "La qualité", Presse Universitaire de France, Collection Que sais-je?

n°2779, Paris 1995.

DRAGOMIR R., HALAIS B., "Petite histoire de la qualité", Ministère de l'Industrie,

Direction Générale des Stratégies Industrielles, Sous-Direction de la Qualité pour

l'Industrie et de la Normalisation, novembre 1995, Paris.

EIGLIER P. et LANGEARD E. sont professeurs de Marketing à l’IAE d’Aix en Provence

et chercheurs associés au Marketing Science Institute à Cambridge USA, "Servuction, le

marketing des services", Mc Graw-Hill éditions, collection Stratégie et management,

Paris, 1987.

FOURNIE A. (Dir) ; "La mobilité est ses territoires", L’Harmattan, Paris, à paraître fin

2003.

FREJE X., "La décentralisation", Editions La Découverte, collection Repères, 1986?

Paris.

FROMAN B., "Le manuel qualité, outil stratégique d'une démarche qualité", AFNOR,

Paris 1995

GAUDIN J.-P., et NOVARINA G., "Politiques publiques et négociation", Les cahiers du

PIR Villes, CNRS Editions, 1997, Paris.

GANDOIS J. Commission "Compétitivité française" (présidée par), "France : le choix de

la performance globale", Préparation du Xième plan, La Documentation Française,

décembre 1992, Paris.

300

GOGUE J.-M. "Management de la qualité", Economica, collection Gestion Poche, 1997,

Paris.

HERICHON E., "La décentralisation", Hatier, collection Profil Dossier n°545, janvier

1983, Paris.

HOROVITZ J., "La qualité de service à la conquête du client", Inter Editions, 1987, Paris.

HOROVITZ J., "Les cinquante règles du service zéro défaut", First, Collection les carnets

de bord du Manager, Paris, 1989

HOSOTANI K., "Les 20 lois de la qualité, l'expérience japonaise au service de votre

entreprise", Dunod Editeur, Paris 1994.

ISHIKAWA Kaoru, "La gestion de la qualité : outils et applications pratiques", Dunod,

Bordas, Paris 1984.

JURAN J.M., "La gestion de la qualité", AFNOR Gestion, 1983, Paris-La défense

JURAN J.M., "La qualité dans les services", AFNOR Gestion, 1987, Paris-La Défense.

LE DUC M., "Services publics de réseau et Europe", Les études de la documentation

Française, collection Economie, Paris, 1990.

LE PORS A., " L’Etat efficace", Paris, Robert Laffont, 1985.

LUCAS F., "La qualité Totale, Abrégé d'un nouveau management", Institut Qualité Et

Management (IQM), Nanterre 1995

MISPELBLOM, F., université d'Evry "Le secret des services : les usagers, acteurs autant

qu'objets de travail", Actes du colloque : "A quoi servent les usagers?", 16-18 janvier

1991, Tome 4 : Gestion des services et ressources humaines, Plan Urbain, RATP, DRI.

301

MISPELBLOM, F., "Au delà de la qualité , démarches qualité, conditions de travail et

politiques du bonheur", Syros, collection Alternatives sociologiques, Paris 1995

MULLER P., Ouvrage collectif réalisé sous la direction de; "L’administration française

est-elle en crise ?" Paris, l’Harmattan, 1992.

ORFEUIL J.P., "Je suis l'automobile", La Tour D'Aigue, Editions de l'Aube, Paris, 1994.

ORGOGOZO I., Ecole Nationale d'Administration, "Les paradoxes du management, des

châteaux forts aux cloisons mobiles", Les Editions d'Organisation, Paris, 1991.

QUATREBARBES (de) B., "Usagers ou clients?, Marketing et qualité dans les services

publics", Les Editions D'organisation, Collection service public de la mission au métier,

Paris, 1992.

QUIN C., MERLET Y., "L'amélioration de l'information et de la qualité du service dans

les réseaux de transports collectifs urbains", Conseil général des ponts et chaussées, Paris,

1993.

SCHEID J.C., Conservatoire National des Arts et Métiers "Les grands auteurs en

organisation", Dunod, Collection Sciences Humaines, Paris 1996.

SHEWHART W.A, Les fondements de la maîtrise de la qualité, Economica, 1989.

STOFFAËS C., Rapport au ministre de l'Economie "L'Europe de l'utilité publique des

industrie de services publics rénovés dans une Europe libérale", Paris 1995.

TADDEI D. et CORIAT B., "Made in France : L'industrie française dans la compétition

mondiale", Le livre de poche, collection biblio-essais, Librairie Générale Française, 1993,

Paris.

ZIV J.-C. et NAPOLEON C., "Le transport urbain : un enjeu pour les villes" , DUNOD ,

Paris 1981.

302

Articles et contributions :

ADINE J.-P., "SNCF, la vérité sur un désastre", Le Point, n°1207, 4 novembre 1995.

Paris.

AFFATICATI R.-C., "L'assurance de la qualité dans les services – spécificités, difficultés,

intérêt" Les cinquièmes assises de la recherche en qualité, 10 et 11 décembre 1996,

Versailles

AFNOR, "Grand programme de normalisation n°9, Transport",

www.afnor.fr/progtri/gpn9.htm, avril 1998, Paris

ARABEYRE A., "Organisation d'un tissu industriel local et infrastructures de transport :

le cas de l'industrie aéronautique dans les pays de l'Adour et l'autoroute A64", Etats des

travaux de thèse présentés au Séminaire Européen des Doctorants en Economie Régionale

(SEDER), 24-25-26 juin 1996, Université Montesquieu-Bordeaux IV.

ARNOUX J.-P., "Vers la qualité totale?", Entreprise et personnel (Institut d'Etudes et de

Développement), 1985, Paris.

ARNOUX J.-P., "Analyse des auteurs clés de la qualité totale : Ishikawa K ", Entreprise et

personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1987, Paris.

AVEROUS Bernard., "Vous avez dit qualité", Transport Public, n°881, Avril 1990, Paris.

AVEROUS Bernard., "Les standards de service et mesures associées, un levier d'évolution

des pratiques professionnelles", Les quatrièmes assises de la recherche en qualité, 5 et 6

décembre 1995, Versailles.

AZENCOT S., "Dossier : La qualité dans les services", Qualité en mouvement n°21, édité

par le Mouvement Français pour la Qualité, 1995, Nanterre.

AZENCOT S., "Dossier : Le réengineering", Qualité en mouvement n°23, édité par le

Mouvement Français pour la Qualité, 1996, Nanterre.

303

BAPTISTE H., "Réseaux de transport et hiérarchies urbaines, analyse systématique par

simulation dynamique", Etat des travaux de thèse présentés au Séminaire Européen des

Doctorants en Economie Régionale (SEDER), 24-25-26 juin 1996, Université

Montesquieu-Bordeaux IV.

BARCET A. et BONAMY J.: “ Qualité et qualification des services ” dans “ relations de

service, marchés de services ”, sous la direction de J. DE BANDT et J. GADREY, CNRS,

1994.

BARRE N., "Mais que se passe-t-il donc au Japon ?", Les Echos, lundi 27 avril 1998,

Paris.

BATISSE François, "Les transports urbains sont-ils en manque ?" Le Rail, novembre-

décembre 1994, p7-10.

BERTRAND Y., "La qualité en conception des services associés ou non à un produit", Les

sixièmes assises de la recherche en qualité, 10 et 11 décembre 1996, Versailles.

BODIGUEL, J.-L. ; ROUBAN, L., “ La dysfonction publique ou la crise du

corporatisme ”, Revue Française de Science Politique, vol.37, n°4, Août 1987.

BODIGUEL J.-L. et ROUBAN L., "Vers une redéfinition du rôle des fonctionnaires",

Revue Française de Gestion, n°85, septembre-octobre 1991, Paris.

BONIS J., "L'action qualité dans les activités administratives et de service", Entreprise et

personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1984, Paris.

BOUZON A. et SIMBILLE J., "Etude sur les déterminants de la relation de service au

sein d'un service public d'Etat", Les cinquièmes assises de la recherche en qualité, 10 et 11

décembre 1996, Versailles.

304

BRACHET P., université de Paris X et sciences politiques, "Réseau, service public,

partenariat", Le Manager des entreprises de réseau, n°1, janvier-fevrier-mars 1993, édité

par l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications (ENSPTT), Paris,

1993.

BROMBERGER L., "Enquête qualité", La vie du rail, n° 2496, 17-23 mai 1995, Paris.

BROMBERGER L., "Les cinq critères qui comptent", La vie du rail, n° 2496, 17-23 mai

1995, Paris.

BROMBERGER L., "Enquête sur la qualité", La vie du rail, n°2496, 17 au 23 mai 1995,

Paris.

BROMBERGER L., "La SNCF se remet en questions", La vie du rail, n° 2542, 17 avril

1996, Paris.

BROMBERGER L., GRASSART P., MARIN P., POINGT M.-H., "La réforme en

suspens", La vie du rail, n°2555, 17 juillet 1996, Paris.

BRUNHES B., WEIL N., "La modernisation du service public dans cinq pays d'Europe

occidentale", Bernard Brunhes Consultants, Paris 1992.

BUENO LEME M., "La politique de formation professionnelle dans les entreprises de

transports collectifs urbains en France – Le cas des conducteurs d'autobus", Thèse de

Doctorat sous la direction de A. FOURNIE, Institut d'Urbanisme de Paris, Université de

Paris XII Val de Marne, Novembre 1995.

CARRON P., "La maintenance certifiée", RATP Entre les lignes, n°62, juin-juillet 1996,

Paris.

CHAPMAN WOOD R., "Les Prophètes de la qualité", Qualité en mouvement n°15, édité

par le Mouvement Français pour la Qualité, 1990, Nanterre.

305

CHENEVELLE A.R., "Vers la qualité totale dans les transports publics", Transport

Public, septembre 1994, Paris.

CEE, "Un réseau pour les citoyens, comment tirer parti du potentiel des transports publics

de passagers en Europe", Livre vert de la Commission européenne, Bruxelles,

Luxembourg, 1996.

CEE, "Urban public transports quality, tendering contract : Quattro technical reports

database", Projet QUATTRO (Quality Approach in Tendering Transport Operations),

1997.

CEE, "Final Conference : Practical Tools to Implement Quality in Urban Public Transport

and the Impact in the Tenders and Contracts", Projet QUATTRO (Quality Approach in

Tendering Transport Operations), 14 et 15 mai 1998 au Luxembourg.

CEE, "L'europe des consommateurs : Les citoyens face à l'ouverture à la concurrence des

monopoles de services publics", fonds documentaire Source d'Europe, La défense, janvier

2001.

CEE, "Projet de charte des droits fondamentaux de l'union européenne", www.info-

europe.fr, fonds documentaire Source d'Europe, La défense, janvier 2001.

CEE, "Communication de la Commission au conseil, au parlement européen, au Comité

économique et social et au comité des régions", www.info-europe.fr, fonds documentaire

Source d'Europe, Politique commune des transports, Mobilité durable : perspectives pour

l'avenir, La défense, janvier 2001.

CEE, "Communication de la commission, les services d'intérêt général en Europe",

www.info-europe.fr, fonds documentaire Source d'Europe, La défense, 1996.

CERTU, "Impact de l'application de la loi Sapin dans les transports collectifs urbains

année 1996", Rapport d'étude du CERTU, février 1998, Lyon.

306

CERTU, "La qualité dans les services publics de transport de personnes : sa traduction

dans les conventions", Dossiers du CERTU, Collection Transports Publics, CERTU,

GART, Ministère de l'équipement des transports et du tourisme, Octobre 1994, Paris,

Lyon.

COHEN E., HATCHUEL A. et AMAR G., "Approche prospective de la modernité

publique à la RATP", Collection Réseau 2000, Décembre 1991, édité par le département

du développement, unité Prospective., Paris

COHEN-TANUGI L. : "L'Etat et la déréglementation : les enjeux institutionnels de la

déréglementation", Réseaux, n°40, mars-avril 1990, CENT/CNRS, Issy-les-Moulineaux.

CORDONNIER Stéphane, "La politique de marketing de la Ratp ou comment redorer

l'image de marque d'une société de transport centenaire", Mémoire réalisé sous la direction

de Monsieur Beck, Ecole Supérieure des Transports, 1988, Paris.

COSNIER J. et PICARD D., "La relation de service en station : Analyse pragmatique des

interactions agents-usagers à la RATP", Réseau 2000, RATP, édité par le département du

développement, unité Prospective, n°67, février 1992, Paris.

COSSALTER P., "Le service public face à la gestion déléguée : le règne de l'insécurité",

Le Bulletin de l'Institut de la décentralisation, n°50, septembre 1997, Boulogne

Billancourt.

COUTURIER R., "Satisfaire le client et le fidéliser : Le retour du bon sens", Les Cahiers

de l'Institut Supérieur du Marketing, Avril 1995, n°3, Paris.

COUTURIER R., "Relais H : une minute pour satisfaire et fidéliser", Les Cahiers de

l'Institut Supérieur du Marketing, Avril 1995, n°3, Paris.

DANG DINH CUNG, "La certification : mode ou nécessité?", Gestion 2000, Management

et prospective, n°4 août 1993.

307

DELETTRE Claude, "Transport et qualité totale" Mémoire réalisé sous la direction de

Marcel Gay et de Jacques Houbiers, Ecole Supérieure de Transports 1989.

Direction Générale des Stratégies Industrielles, "L'ingénierie centrée sur l'homme",

Ministère de l'Industrie de la Poste et des télécommunications, 1996, Paris.

Direction Générale des Stratégies Industrielles, "Qualité et certification dans les services à

l'industrie", Ministère de l'Industrie de la Poste et des télécommunications, 1996, Paris.

Direction Générale des Stratégies Industrielles, "La certification clé d'un nouvel essor

économique", Ministère de l'Industrie des Postes et télécommunications et du commerce

extérieur, 1992, Paris.

DIRIE J.-J., "Que dit la norme expérimentale XP X 50-805?", Séminaire AFNOR : Mise

en œuvre en Ile-de-France de la nouvelle norme expérimentale : identification des critères

de qualité pour le transport de voyageurs, mardi 28 octobre 1997, La Défense.

DUMONT F., LOMAZZI M., "La réforme en dix questions", La vie du rail, n°2551, 19

juin 1996, Paris.

DUMONT F., LOMAZZI M., "L'idée est d'offrir un service garanti", La vie du rail,

n°2552, 26 juin 1996, Paris.

DURUPTY M., université Paris I, "Service public et concurrence : prémices d'une

convergence", Les Echos, Mercredi 27 1996, Paris.

EIGLIER P. et LANGEARD E., "La qualité de l'offre de service…", Harvard l'expansion,

Groupe Expansion, PARIS.

EIGLIER P., LANGEARD E., DAGEVILLE C., "La qualité de services", Revue

Française de Marketing, n°121, 1989, Paris.

308

EGG G. et GENTIL B., "Les apports de la qualité totale à la fonction personnel",

Entreprise et personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1989, Paris

ELKAN S., TARGA P., "La qualité dans les transports collectifs urbains", DESS

d'Urbanisme sous la direction d'A. FOURNIE, Institut d'Urbanisme de Paris, PARIS XII-

Créteil, 1994.

ENSAE (Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Economique)

Conférence débat "Le service public français face à l'Europe", 21 Avril 1998, Paris.

FAIVRE D'ARCIER B., STEFFEN J.-P., "Table ronde 1992, Marketing et qualité de

service dans le transport public", Conférence Européenne des Ministres des Transports

(CEMT), 1993, Paris.

FAIVRE D'ARCIER B., CLEMENT L., DENANT-BOEMONT L., "Cohérences et

Intégration des projets de transports en commun en site propre dans une politique

globale", Laboratoire d'Economie des Transports (LET) et Institut National de Recherche

sur les Transports et leur Sécurité (INRETS), Rapport pour la Direction des Transports

Terrestres, juin 1994, Paris.

FAUKNER J., "Qualité de service : Un succès pour la France", Transport Public, juin

1995, Paris.

FEIGNIER S., "Dossier qualité", RATP Entre les lignes, n°46, novembre 1994, Paris.

FEIGNIER S., "Cadre technique : trouver ses marques", RATP Entre les lignes, n°62,

juin-juillet 1996, Paris.

FELICI A., NEGRI L., "La qualité du service voyageurs des chemins de fer : Perception et

souhaits des clients d'affaires et de banlieue", Recherche Transport Sécurité, n°36,

décembre 1992, Paris.

309

FENOT R., "Au service de la fidélisation", Les Cahiers de l'Institut Supérieur du

Marketing, Avril 1995, n°3, Paris.

FEVE M., "Le rapport Stoffaës ; L'Europe : avenir du ferroviaire", Transports, n°375,

janvier-février 1996.

FIGUEIREDO LOPEZ (de) A., "CEE : la spécificité de la fonction publique

communautaire, l'exemple de la commission", Revue Française d'Administration Publique,

n°55, juillet septembre 1990, Paris.

FILICI A., NEGRI L., TRONCI M., "La qualité dans le service voyageurs des chemins de

fer", Recherche Transports Sécurité, n°34, juin 1992, Paris.

FRANCOIS Sylvie, "Aux origines du renouveau du service public", Administration,

octobre-décembre 1991, n°153, Paris.

FRAUDET J.-P., "Comment réussie une démarche d'amélioration de la qualité de service

dans une entreprise de transport", Transports, n°351, janvier 1992, Paris.

FRERE Consultants, "La recherche en Economie urbaine en Europe", FRERE

Consultants, Avril 1989, Paris.

FRESSOZ F., "Le RPR divisé sur l'avenir de l'Europe", Les Echos, mercredi 20 mars

1996.

FRESSOZ M., "Le jour où la révolution commerciale a commencé", La vie du rail,

n°2552, 26 juin 1996, Paris.

FREYSSINET J., université Paris I, "Syndicats et services publics en Europe", Les Echos,

jeudi 19 décembre 1996, Paris.

GRAAF (de) G. et NIEUWENHUIS D.K., "La législation communautaire en matière de

marchés publics", Transport Public International, n°1993/4, 1993, Paris.

310

GART, "Touche pas à mon service public", La lettre du GART, n°108, mai 1995, Paris

GHERARDI S. et MAMOU Y., "Il faut une approche secteur par secteur, pays par pays, et

partir du besoin social", Le Monde, 24 juin 1997.

GODARD X., "La qualité de service des transports publics à l'épreuve des faits en Afrique

Sub-Saharienne", Revue UITP international, Septembre octobre 2002.

GODBOUT J., université du Québec, "Les ambiguïtés de la notion de coproduction",

colloque "A quoi servent les usagers?", Tome 5 : Droit des usagers et co-production des

services publics, 16-18 janvier 1991, RATP, Paris.

GRAINDORGE J., "Les deux approches de la qualité", Le Monde, mercredi 14 décembre

1994, Paris.

GRASSART P., "Les clients mis en question", La vie du rail, n°2534, 21 février 1996,

Paris.

GRASSART P., "Nous avons testé pour vous", La vie du rail, n°2534, 21 février 1996,

Paris.

GUILHAMON J.-P. et de CHAPLAIN J.-M. (sous la direction de), Les cahiers qualité

management, n°1, (juin 1994), n°2 (mai 1995), n°3 (octobre 1996), Institut Qualité

Management (IQM), Nanterre

HATCHUEL A., JONGLEUX M. et PALLEZ F. : "Modernité Publique : les enjeux de la

création de produits", Revue Politique et management public, volume 8, n°4, décembre

1990;

HATCHUEL A., COHEN E., et AMAR G. “ Approche prospective de la Modernité

Publique à la RATP ”, Réseau 2000, RATP, édité par le département du développement,

unité Prospective, décembre 1991, Paris.

311

HERRADA L., "Nouveau service en station", DEA transport à l'Ecole Nationale des Ponts

et Chaussées (ENPC) sous la direction de HAMELIN P., 1991, Paris.

HOROVITZ J. "La non-qualité tue", Harward l'Expansion, n°41, été 1986, Paris.

HUNTZINGER L., Mémoire de fin d'études, "Les entreprises de transport interurbain

vont-elles opter pour la certification ISO 9002?", EDTR, mai 1996, Paris.

HYENVEUX S., "Deux approches qualité complémentaires", Séminaire AFNOR : Mise

en œuvre en Ile-de-France de la nouvelle norme expérimentale : identification des critères

de qualité pour le transport de voyageurs, mardi 28 octobre 1997, La Défense.

JACQUEMIN A., université de Louvain, "Compétitivité, intérêt général et services

publics européens", Le Manager des entreprises de réseau, n°1, janvier-fevrier-mars 1993,

édité par l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications (ENSPTT),

Paris, 1993.

JOCOU P. et PEYRAT O., "Du préstructuré au cousu main", Le Monde, mercredi 14

décembre 1994, Paris.

JOSEPH I., "Métro, espace public et relation de service", Collection Réseau 2000, n°38,

novembre 1988, RATP édité par le département du développement, unité Prospective,

Paris.

JOUSLIN DE NORAY B., "Le mouvement international de la qualité : son histoire",

Qualité magazine, la revue de l'AFCIQ, n°12, juillet-août-septembre 1989, Paris.

KHI 2 Conseil, " SEMTAO, Baromètre satisfaction", Cabinet de conseil en Marketing,

Juillet 1996, Toulouse.

KLECHA D., "la reconception d'un service", Les sixièmes assises de la recherche en

qualité, 10 et 11 décembre 1996, Versailles.

312

KÜHN F., KAUV J., "La qualité des services : application aux transports collectifs

urbains", Synthèse n°34, Institut National de REcherche sur les Transports et leur Sécurité

(INRETS), Juillet 1999, Arcueil.

KÜHN F., KAUV J., "Indicateurs de qualité de service et faits marquants sur 22 réseaux

de transport urbain en Europe", Synthèse n°33, Institut National de REcherche sur les

Transports et leur Sécurité (INRETS), Juillet 1999, Arcueil.

LACROIX Jean-Michel, "Cercles de Qualité et qualité totale ; un outils et un concept en

mesure d'intéresser les entreprises de transports routiers de marchandises. Les entreprises

de transports routiers dans leur politique de gestion du personnel", Mémoire réalisé sous la

direction de Marcel Gay et de Jacques Houbiers, Ecole Supérieure de Transports 1987

LAHAYE J., "Qualité totale : analyse critique des différents auteurs", Entreprise et

personnel (Institut d'Etudes et de Développement), Février 1987, Paris.

LAHAYE J., "Analyse des auteurs clés de la qualité totale : Jean-Marie Douchy",

Entreprise et personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1988, Paris.

LAHAYE J., "Analyse des auteurs clés de la qualité totale : Gilbert Stara et Jean-

Montaigne", Entreprise et personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1989, Paris.

LAHAYE J., "Analyse des auteurs clés de la qualité totale : Armand Feigenbaum",

Entreprise et personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1990, Paris.

LAHAYE J., "Analyse des auteurs clés de la qualité totale : Robert Fey et Jean-Marie

Gogue", Entreprise et personnel (Institut d'Etudes et de Développement), 1991, Paris.

LASFARGUE Y., "Iso, sado, maso", Le Monde, 9 juin 1994, Paris.

LAURENS P., université de Toulouse, “ la construction de la qualité, organisation et

communication pour une qualité des services de formation ”, Cinquième assises nationales

313

de la recherche en Qualité, 10 et 11 décembre 1996 au Laboratoire d’Etudes et de

Recherches Appliquées en Sciences Sociales, université de Toulouse III.

LAURENS P., "La coproduction : une approche communicationnelle limitée de la

qualité", Colloque "Coproduction de la Qualité" organisé par le Laboratoire d'Etudes et de

Recherches Appliquées en Sciences Sociales (LERASS), 12/13 novembre 1998, Toulouse.

LE BONNIEC C., Rapport de stage chez TRANSDEV, au département marketing, Institut

Supérieur de Commerce, promotion 1996.

LECONTE I. et SIMBILLE J., université de Toulouse, “ service public et qualité : l’enjeu

de la coproduction au travers de l’exemple de l’ANPE ”, Actes du colloque

“ Coproduction de la Qualité ” Organisé par le Laboratoire d’Etudes et de Recherches

Appliquées en Sciences Sociales à Toulouse les 12 et 13 novembre 1998.

LE DESCHAULT de MONREDON R., “ Le renouveau du service public à travers un

exemple concret : la RATP et la gare d’Auber ”, Mémoire de DEA Transport, RATP, sous

la direction de Anne Fournié, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées-Institut d'Urbanisme

de Paris, Paris XII, Novembre 1994, Paris.

LEMOYNE DE FORGES J.-M. , "Crise et crises : la modernisation comme remède",

Administration, octobre-décembre 1991, n°153, Paris.

LESPINASSE X., "La normalisation des activités de service dans les transports",

Séminaire AFNOR : Mise en œuvre en Ile-de-France de la nouvelle norme expérimentale :

identification des critères de qualité pour le transport de voyageurs, mardi 28 octobre

1997, La Défense.

LINHART D., "Modernisation et décentralisation des contraintes", Communication

Technologie Société, n°69, janvier-février 1995, édité par le CNT-CNRS, Issy-les-

Moulineaux.

314

LOMAZZI Marc, "Transports urbains, le palmarès 94 des grandes villes", La vie du rail,

14 décembre 1994, p 14-26.

LORRAIN D., "L'industrie des réseaux urbains en France (des origines nationales à une

dynamique mondiale)", Revue d'Economie Régionale et Urbaine, n°1, 1986, Paris.

LORRAIN D., "Le grand fossé? (le débat public/privé et les services urbains)", Revue

Politiques et Management Public, volume 5, n°3, septembre 1987, Institut de Management

public, Paris.

LORRAIN D., "La montée en puissance des villes", Economie et Humanisme, n°305,

janvier 1989, Paris.

LORRAIN D.; “ Le modèle français de services urbains ”, Economie et Humanisme,

n°312, mars-avril 1990.

LORRAIN D. "Le modèle français de services urbains", Economie et Humanisme, n°312,

mars-avril 1990, Paris.

LOUBIERE M.-J., "Un élément fort de la qualité de service dans un réseau d'autobus : le

personnel en contact", Mémoire de DEA Transport RATP, sous la direction de M. Bieber,

, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées-Institut d'Urbanisme de Paris, Paris XII,

Septembre 1989, Paris.

MAFFRE P., "Actualisation de la notion de service public", Le Manager des entreprises

de réseau, n°1, janvier-fevrier-mars 1993, édité par l'Ecole Nationale Supérieure des

Postes et Télécommunications (ENSPTT), Paris, 1993.

MAMOU Y., "Quels services publics pour l'Europe", Le Monde, 24 juin 1997.

MASSOT M.-H., "Quand l'offre crée l'usage", Transport Public, janvier 1992, Paris.

315

MATHIEU Y. et DE RIDDER J., "Gazette du carrosse à cinq sols", édité par O.G.M.

consultants, n°1, novembre 1995, Bruxelles.

MATHIEU Y., "Chartes : Une nouvelle approche de la qualité dans le secteur des

déplacements", OGM consultants, Octobre 1997, Paris.

MAUROY P. (présidée par ) "Commission pour l'avenir de la décentralisation", lire par

exemple "Quelles évolutions pour les collectivités territoriales? Les perspectives ouvertes

par la commission pour l'avenir de la décentralisation", Denis PERRIN, les cahiers de la

fonction publique et de l'administration, décembre 2000, n°196, Paris.

MAYERE A., "Contrôle et gestion des réseaux urbains, évolution des techniques et des

acteurs", Economie et humanisme, Secrétariat permanent du plan urbain, Avril 1989,

Lyon.

MERCIER D., "Mesure des effets sociologiques d'une démarche qualité", Les quatrièmes

assises de la recherche en qualité, 5 et 6 décembre 1995, Versailles.

MILLER S.F., "Le message du docteur Joseph Juran pour l'Europe : le XXIème siècle sera

le siècle de la qualité", Qualité en mouvement n°17, édité par le Mouvement Français pour

la Qualité, 1995, Nanterre.

MISPELBLOM F., université d'Evry, "L'efficacité : évaluation ou approche stratégique?",

Les quatrièmes assises de la recherche en qualité, 5 et 6 décembre 1995, Versailles.

MOHR M., "le "R.O.I." de la satisfaction client", Les quatrièmes assises de la recherche

en qualité, 5 et 6 décembre 1995, Versailles.

MOREAU J., (sous la direction) "Services Publics en Europe : nouveaux défis", Europe et

Société, Les cahiers de la fondation, Avril-Septembre 1988, n°9-10, Paris 1988.

MOREAU J., (sous la direction) "1993 : la nouvelle donne des entreprises de service

public", Europe et Société Les cahiers de la fondation, Avril-Juin 1993, n°29, Paris 1993.

316

MORGADO BELO A., DEA en Urbanisme et Aménagement, "Mutations managériales à

la RATP, l'histoire d'un conflit", Institut d'Urbanisme de Paris (IUP), sous la direction de

FOURNIE A, 1991, Paris XII-Créteil.

NANGERONI C., LE ROUX A., LOMAZZI M., "Les géants du transport urbains", La

vie du rail, 15 avril 1998, Paris.

PECHEUR P., "Le conventionnement des transports non urbains de voyageurs", Transport

Environnement Circulation, n°67, novembre-décembre 1984, Paris.

PEYRICAZ J.-M., "Délégations de service public : une catégorie juridique à part entière",

Le Moniteur, 28 mars 1997, Paris.

PICARD J.-M., "La qualité science du profit partagé", Management et qualité, n°43, avril

mai 1995, Paris.

PLANTIE C., "Le projet ISOTOPE : Vers un modèle européen d'organisation des

transports urbains", Transport Public, n°964, novembre 1997, Paris.

PLANTIE C., "Commission Européenne : Un livre vert sur les marchés publics",

Transport public, janvier 1997

POINGT M.-H., "Les réseaux de services publics passés au crible", La vie du rail, n°2508,

23 au 29 août 1995, Paris.

POINGT M.-H., "Ce que les Français se demandent à la SNCF", La vie du rail, n° 2542,

17 avril 1996, Paris.

RICHER L., Université Paris I, "Délégation de service public, une notion difficile à

cerner", Le Moniteur, 6 juin 1997.

317

ROCARD M. et DURAFOUR M., "Renouveau du service Public" Séminaire

gouvernemental, Paris, 11 avril 1991.

ROSANVALLON P., "Administration politique et société", Réseaux, n°40, Mars-avril

1990, CENT/CNRS, Issy-les-Moulineaux.

ROUBAN L., "Modernisation de l'administration et nouveau statut de l'usager", colloque

"A quoi servent les usagers?", Tome 5 : Droit des usagers et co-production des services

publics, 16-18 janvier 1991, RATP, Paris.

ROZIER S., "L'identité du service public à l'heure du changement ; des paradoxes riches

d'enseignement", Communication publique, n°7, mai-juin 1991, Paris.

SCHAFFER R., THOMSON H., "Qualité : se concentrer sur les résultats", Harward

l'Expansion, n°66 automne 92, Paris.

SCHMITT J.L., "Comment adapter les techniques et les pratiques du marketing aux

transports de voyageurs", Mémoire réalisé sous la direction de Monsieur Beck et Monsieur

Richner, Ecole Supérieure des Transports, 1989, Paris.

SEGAL J.-P., "La maîtrise polyvalente du métro face à la décentralisation", Réseau 2000,

RATP, édité par le département du développement, unité Prospective, n°58, juin 1991,

Paris.

SENSENBRENNER J., "Mettre le service public au service du public", Harward

l'expansion, n°64, printemps 1992, Paris.

SERIEYX H., “ Les stratégies de changements ”, Politiques et managements Public, n°1,

mars 1992.

SERVEL L., "Pour un autre usage du temps : L'expérience modernisatrice de la RATP",

Thèse de doctorat sous la direction de R. SAINSAULIEU, Institut d'Etudes Politiques de

318

Paris, Fondation Nationale des Sciences politiques, cycle supérieur de sociologie, Janvier

1998, Paris.

SERVEL L., "De la communauté à la société ? Le cas d'une ligne de métro suite à une

réforme décentralisatrice", Mémoire de DESS "Gestion de l'emploi et développement

social d'entreprise", sous la direction de R. SAINSAULIEU, Institut d'Etudes Politiques de

Paris, 1991, Paris.

SILBERT N., BARJONET C., "Le Floch-Prigent : La nation et les salariés doivent être

d'accord sur la SNCF", Les Echos, 25 mars 1996, Paris.

SOUPAULT T., "Le transport public urbain en France", Transport Public International,

n°1995/2, 1995.

SOURCE D’EUROPE “ Directive du parlement européen et du conseil, portant

coordination des procédures de passation des marchés dans les secteurs de l’offre, de

l’énergie et des transports ” Communauté des Etats Européens, Bruxelles, 10.5.2000, Com

(2000), Paris, la Défense.

STOFFAES C., "Concurrence et service public : le vrai débat n'est-il pas celui de la

gestion?" Le Manager des entreprises de réseau, n°1, janvier-fevrier-mars 1993, édité par

l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécomunications (ENSPTT), Paris, 1993.

TAVOILLOT P.-A., " Norme ISO 9000 : c'est l'intention qui compte", La Tribune

Desfossés, mercredi 20 septembre 1995, Paris.

TEXIER J., "Bilan de la certification en France", Management et qualité, n°40, 1993?

Paris.

THUILLEZ S., Rapport de stage, "Apprécier la qualité", Institut d'Urbanisme de Paris

(IUP), sous la direction de DRIANT J.-C., 1990, Paris XII-Créteil.

319

TRAMHEL S., "Le secteur public mise sur la compétitivité", Courrier Cadres, n°998, 8

janvier 1993, Paris.

UTP, "Contribution de l'UTP au débat sur les transports", Transport Public, supplément au

n°905, juin 1992, Paris.

UTP, "Transports Publics : Services et Innovations pour plus de clients : Le choix de la

qualité", Congrès UTP, 28-29-30 octobre 1998 à Orléans.

VIENNET R. et DAMPIERRE J., "Passer du débat d'experts au débat politique",

Transport Public, septembre 1993, Paris.

VIENNET R., "La qualité nouveau moteur de l'entreprise", Transport Public, septembre

1994, Paris.

WAKS L., "Grenoble : Plus loin avec le tram", Transport public, avril 1996, Paris

WARNOTTE G., Université de Louvain, "Qualité totale : fondements, principes d'action

et enjeux", Humanisme et Entreprise, 1992, Paris.

WOEHRLING J.-M., "Réflexions sur le renouveau du service public", La revue

administrative, septembre 1992, n°269, Paris.

ZEIHAML V., PARASURAMAU A., BERRY L.L., chercheurs américains ; “ Delivering

Quality Service -Balancing Customer Perceptions and expectations -the Free Press", A

division of Mac Millan, Inc (1990)

320

Documents officiels :

Décret n°956225 relatif à la procédure de passation des délégations de services en deçà de

certains seuils, Journal Officiel, 1er mars 1995.

"La charte des services publics", Direction Générale de l'Administration et de la Fonction

Publique, Mai 1992.

Livre IV : Service Publics Locaux, Titre 1er : Les délégations de service public, Code

général des collectivités territoriales, 1996.

Loi n°82-1153 d'orientation des transports intérieurs (LOTI), Journal Officiel, 30

décembre 1982.

Loi n°93-122 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie

économique et des procédures publiques, Journal Officiel, 30 janvier 1993.

Loi n°95-127, relative aux marchés publics et délégations de services publics, Journal

Officiel, 8 février 1995.

Ministère de l'Industrie, "Charte Nationale de la qualité : La qualité un atout pour la

France dans la compétition internationale", le 26 octobre 1995, Paris.

Normalisation Française, "Gestion de la qualité et éléments de système qualité", AFNOR,

1992, La Défense.

321

Documents internes :

GAUTIER M.-J, "Flash juridique : Modification de la loi Sapin, loi du 8 août 1994",

direction juridique TRANSDEV, Septembre 1994, Boulogne Billancourt.

GAUTIER M.-J., “ Le système français d'organisation et de financement des transports

urbains : la délégation de service public ”, direction juridique TRANSDEV, Octobre 1996,

Boulogne Billancourt.

GAUTIER M.-J., “ Les conventions de délégation du service public de transport urbain de

voyageurs ”, direction juridique TRANSDEV, Octobre 1996, Boulogne Billancourt.

GAUTIER M.-J, "Flash juridique : Mise en place de l'article 48-1 de la loi relatif aux

contrats de travaux, études et maîtrise d'œuvre des sociétés d'économie mixte", direction

juridique TRANSDEV, Avril 1998, Boulogne Billancourt.

GRANJON-LEGENDRE M., "Flash juridique : Projet de loi relatif à la prévention de la

corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques",

direction juridique TRANSDEV, Octobre 1992, Boulogne Billancourt.

GRANJON-LEGENDRE M. et GAUTIER M.-J, "Flash juridique : Mise en place de la

procédures de publicité permettant la présentation de plusieurs offres concurrentes",

direction juridique TRANSDEV, Avril 1993, Boulogne Billancourt.

MATHIEU Y., ABEILLE M., "La qualité : sa traduction dans les conventions

d'exploitation", Direction des Etudes et du Conseil TRANSDEV, Journées des directeurs

grands réseaux urbains, 5 et 6 avril 1995, Boulogne Billancourt.

MATHIEU Y., KAUFFMAN G., "Historique des missions Transdev", OGM Consultants,

janvier 1997, Bruxelles.

322

Index des schémas et tableaux. La “ roue de Deming ” : 30

Évolution du contexte économique et adaptation des entreprises aux changements du marché. 36

Les anneaux de Lewitt 52

La servuction : 55

Le modèle CYQ : 61

Evolution des trafics de voyageurs dans les 7 principaux pays membres de l'Union Européenne. (en

milliards de voyageurs par kilomètre) 64

Evolution de l'offre et de l'usage des transports en commun de 1986 à 1991 (en milliard de voyageurs

par km) 68

Evolution de l'offre et de l'usage des transports en commun urbain de 1988 à 1998 (en milliard de

voyageurs par km 70

Le système d'acteurs qui régit les transports en commun urbains : 78

Les charges réelles sont supérieures aux charges prévisionnelles. 86

Les charges réelles et les recettes réelles sont inférieures aux charges prévisionnelles. 86

Les charges prévisionnelles sont supérieures aux recettes réelles 88

Les recettes réelles sont supérieures aux charges prévisionnelles. 88

Tableau récapitulatif des responsables des risques, dans les différents contrats : 88

Répartition des types de contrats avant et après la loi Sapin 129

Les rôles des différents acteurs au cours des 5 grandes étapes de vie d'un réseau. 142

Le processus de certification en France : 152

Récapitulatif des grandes étapes de la démarche de certification de service. 157

Répartition des thèmes de formation 176

Les bénéficiaires de ces formations : 177

Répartition des actions par taille de réseaux. 179

Tableau global de répartition des actions par thèmes 182

Les actions qui facilitent l’accès des clients au réseau 183

Les 70 actions recensées concernant l’information 183

Les actions d'accueil : 185

Les actions qui visent à améliorer l'offre de transport 187

Les actions qui visent à améliorer le réseau 187

Les actions qui améliorent disponibilité du matériel roulant 188

Les actions d’amélioration du trajet du client. 189

Les actions de ponctualité 190

Les actions de propreté 190

323

Les actions d'amélioration du confort 191

Les actions qui améliorent la sécurité 191

Les actions qualité 193

Les autres actions 193

Les actions d'amélioration de la qualité par taille de réseaux 194

Les actions d'amélioration de la qualité 195

Les réseaux et les indicateurs 199

Les indicateurs par taille de réseau 200

Tableau global de répartition des indicateurs par thème 201

Les indicateurs qui ne sont pas des indicateurs de qualité. 202

Répartition des indicateurs par critère 203

Les indicateurs qui mesurent l’accessibilité au réseau 205

Les indicateurs d’information 205

Les indicateurs d’accueil 206

Les indicateurs d’accueil : 206

Les indicateurs qui mesurent l’amélioration de l’offre de transport 207

Les indicateurs relatifs à la disponibilité du matériel roulant 208

Les indicateurs relatifs à l’amélioration du matériel fixe 208

Les indicateurs d’amélioration du trajet du client : 209

Les indicateurs de ponctualité 209

Les indicateurs de propreté 211

Les indicateurs de confort 213

Les indicateurs de sécurité 214

Les indicateurs globaux 214

Les indicateurs par taille de réseaux 216

Les thèmes des indicateurs qualité 216

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, premier niveau 220

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, deuxième niveau 222

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, troisième niveau 224

Répartition des actions et des indicateurs par thèmes, quatrième niveau 226

Représentation schématique de la démarche de Grenoble 227

Répartition des critères de la charte des services publics 241

Répartition des critères de la charte des services publics par taille de réseaux. 243

Répartition des critères de la norme AFNOR dans les contrats : 246

L'information avant le voyage 247

324

L'information pendant le voyage 247

Les différents thèmes d'accueil : 248

La disponibilité des équipements 250

La netteté, propreté des modules de transports 251

Le critère de confort, ambiance 252

Le critère de sécurité 253

Le critère de fraude 254

Récapitulatif des indicateurs par thème 255

Identification de ces critères dans les contrats au regard de ce qui est mis en œuvre dans les réseaux.261

La fréquence d’utilisation des transports à Chalon. 272

Les motifs de déplacements à Chalon 272

L’organigramme de la STAC : 275

Répartition des différentes fonctions de l'entreprise entre les trois cadres du réseau. 278

Les différentes actions mises en place dans le réseau : 280

325

Annexes

327

Annexe 1 : Norme Afnor XP X 50-805 ; Qualité

des services dans les transports de voyageurs

328

329

330

331

332

333

334

335

336

337

338

339

340

341

342

343

344

345

346

347

348

Annexe 2 : La charte des services publics

349

350

351

352

353

354

355

356

357

358

359

360

361

362

363

364

365

Annexe 3 : Document sur les indicateurs qualité, réalisé

pour sensibiliser les réseaux à la mesure de la qualité

366

Les indicateurs de qualité

Transcet

Direction du développement

Département exploitation et méthodes

Juin 199

367

Ce document se veut didactique mais avec une certaine modestie. Il n’est en aucun cas un catalogue

exhaustif. Il veut simplement sensibiliser, ou mieux, aider à la mise en place de premiers indicateurs,

montrer ce que l’on peut faire avec plus ou moins de moyens et donc de donner des idées de mesures.

Mais tout d’abord qu’est ce qu’un indicateur, pourquoi mesurer et enfin comment mesure-t-on la

qualité?

Qu’est-ce qu’un indicateur?

Un indicateur est un outil de mesure. Il existe trois types d’indicateurs :

� Les indicateurs de gestion mesurent la productivité de l’activité en fonction des critères qu’elle

s’est fixée.

Exemple : le taux de panne aux 1000 km...

� Les baromètres de satisfaction mesurent la qualité perçue par le client avec un biais important

dans notre domaine d’activité. La personne interrogée a du mal à répondre à partir de la prestation qui

vient de lui être fournie et à faire abstraction du vécu et de l’image qu’elle a de la société.

� L’indicateur de qualité est la mesure de l’activité avec l’œil du client.

Nous sommes bien conscients qu’il est difficile d’intégrer d’emblée les indicateurs de qualité.

L’approche par les indicateurs de gestion peut être intéressante. Nous verrons que certains indicateurs de

gestion peuvent répondre à des préoccupations de la clientèle plus ou moins prononcées.

Pourquoi mesurer?

L’indicateur de qualité permet d’intégrer et de développer la culture client dans l’entreprise. Il

permet également de progresser à partir du point de vue du client.

Faire de la qualité est devenu indispensable pour tous les réseaux. C’est ce qui fait de plus en plus

la différence dans les appels d’offre. La qualité est aussi une préoccupation importante de la communauté

européenne, qui a lancé un programme de recherche sur les critères qualité et leurs traductions dans les

appels d’offre.

368

Plusieurs opérateurs publics et privés sont engagés dans des démarches de certification ou l’ont

déjà.... L’indicateur permet de visualiser le présent avec l’œil du client et de suivre son évolution dans le

temps. Il est une véritable preuve de l’intégration du client dans les préoccupations du réseaux et permet

de « vendre » de manière plus efficace la qualité en cas d’appel d’offre.

Les caractéristiques d’un bon indicateur de qualité.187

� Favorise l’action et son suivi :

- corrélé avec des leviers d’actions,

- fiable,

- sensible,

- non pervers c’est-à-dire qui ne peut pas s’améliorer sans améliorer le service Contre

exemple : les kms perdus,

- système de mesure non sanction et mobilisateur - axe de progrés,

- pérennité de la mesure dans le temps.

� Communicable :

- compréhensible par tous,

- appropriable,

- reconnu,

- déclinage localement.

� Facilement mesurable :

- simple,

- peu coûteux,

- objectivement quantifiable même s’il est qualitatif.

� Orienté client :

- appréhendé avec le regard du client,

- traduisible en nombre de clients servis (non servis).

187 Présentation de Roger Mastio -responsable marketing à Transcet- à Limoges en octobre 1996.

369

Nous avons réalisé une enquête téléphonique au cours du mois de Mai 1997. Cette enquête a été

faite auprès de tous les réseaux, c’est-à-dire les réseaux interurbains, les réseaux urbains villes moyennes

et les grands réseaux urbains.

A partir des données recueillies lors de cette enquête téléphonique, à partir du document de Daniel

Cousin et des tableaux de bords RATP et RTM188, nous avons identifié les indicateurs qualité les plus

intéressants.

Nous avons divisé le document en cinq parties qui recouvrent les thèmes les plus couramment cités

:

� l’information et l’accueil,

� la propreté,

� les réclamations,

� la ponctualité,

� le suivi des charges

Ces thèmes font l’objet de mesure dans bons nombres de réseaux. Certains indicateurs nécessitent

de petites évolutions pour les transformer en véritables indicateurs de qualité. Nous verrons qu’en cela

l’expérience d’autres réseaux peut être utile.

Les indicateurs qualité choisis sont ceux qui sont :

� soit ceux le plus souvent cités,

� soit ceux les plus facilement transformables en indicateurs qualités

� et bien entendu ceux qui sont déjà très pertinents.

188 Il est important de préciser que nous avons les tableaux de bords de ces deux réseaux mais pas les méthodes de

calcul des indicateurs.

370

I) Répartition thèmatique des indicateurs de qualité dans les

réseaux

Information /

accueil

32 22%

Information embarquée 8 10%

Information aux points d’arrêts 7

Accueil dans les agences 1

Nombre de réclamation 6 7%

Suivi des réclamations 4

Accueil téléphonique au standard 1

Signalisation 5

Personnel 18 13%

Respect du règlement, du code de la route 2

Relation conducteurs-clients 7 5%

Tenue vestimentaire 6

Conduite souple 2

Absence 1

Méthodes 51 36%

Ponctualité départ / arrivée 18 18%

Horaires de passage 7

Mobilisation à la rentrée 1

Disponibilité du parc 3

Contrôle des voyageurs 5

Accidents, incidents, pannes 11 8%

Contrôle conducteur et qualité 6

Lignes et véhicules 37 25%

HLP 1

371

Maîtrise C°, Pté maintenance 4

Respect des itinéraires 4

Suivi des charges 3 2%

Propreté aux arrêts 2

Propreté intérieure 16 16%

Propreté extérieure 5

Amélioration points d’arrêts 2

Titres 3 2%

Tarification 1

Billetterie magnétique 1

Dépositaire : objectif � des ventes 1

Environnement 1 0,7%

Insécurité 1

Divers 4 3%

Statistique sur CA urbain 1

Intervalle excessif d’attente du tram 1

Surcharge arrêts non desservi, ou

inconfort

1

Refus de prise en charge ou de descente 1

Total 146 100%

372

II) information / accueil

Ce chapitre inclus des indicateurs mesurant :

� l’information embarquée,

� l’information aux points d’arrêts.

Cette catégorie d’indicateurs est souvent citée. Mais c’est un indicateur qui, en général, reste très

technique. Nous verrons qu’il est possible de faire simplement des choses intéressantes.

1) Les indicateurs existants.

L’indicateur qui mesure la qualité et la mise à jour de l’information : il permet d’éviter les confirmations

téléphoniques.

L’indicateur de mesure de l’information ponctuelle : l’objectif étant qu’elle soit affichée dans les bus et

aux points d’arrêts au moins 8 j avant.

L’indicateur qui concerne les points d’arrêts : l’objectif est que 100% des arrêts soient équipés.

Une évolution possible de ces trois mesures vers des indicateurs de qualité est de calculer, par exemple,

le pourcentage de voyageurs qui attendent à un point d’arrêt conforme (cf. RATP) ou de s’inspirer de la

démarche de la TAN.

2) La démarche de la TAN

La démarche de la TAN est très intéressante. Elle est basée sur la Loi d’Orientation des Transports

Intérieurs : «Le droit au transport comprend le droit des usagers d’être informés sur les moyens qui leur

sont offerts et sur les modalités de leur utilisation ». Leur travail s’articule donc autour des thèmes : le

droit au transport et l’information.

Ceci se décline en trois indicateurs :

l’accessibilité au réseau,

373

l’information sur le terrain,

l’information clientèle sur et dans le véhicule.

1) L’accessibilité au réseau :

« C’est la capacité pour l’exploitant d’apporter une réponse transport en commun face à une demande de

déplacement. Pour l’usager, c’est l’information qui lui donne les clefs d’accès aux services de transport.

L’objectif étant d’offrir :

� Une desserte de qualité offrant une alternative crédible aux autres modes,

� Une lisibilité facile du réseau de TC,

� Une information claire, exacte, accessible et complète,

� Des supports d’information accessibles au plus grand nombre comme aux publics particuliers.

La mesure :

� La fréquentation du réseau,

� Les taux d’utilisation des fiches, des équipements, des services. »

Cet indicateur est semble-t-il accessible à tous, puisque la fréquentation est suivie partout.

2) L’information sur le terrain

« C’est l’information disponible pour les clients aux différents points d’arrêts sur le réseau.

L’objectif est de :

� garantir la présence permanente de l’information selon un cahier des charges défini,

� la qualité de propreté des infrastructures.

La mesure :

� Le système de suivi de l’exploitation,

� La centralisation des données aux IF. »

Cet indicateur est facilement accessible aux réseaux munis d’un SAE/SAI.

3) L’information clientèle sur et dans le véhicule.

374

« L’objectif est de sécuriser l’usager à l’arrêt et pendant son trajet

La mesure :

� Des sondages réguliers sur l’information à bord,

� Des contrôles statistiques en sortie de dépôt. »

Cet indicateur est accessible aux réseaux qui ont les moyens de faire des sondages de façon régulière.

Une idée d’évolution pour cet indicateur est de s’inspirer de la démarche de la RATP (cf. §3).

3) Les démarches extérieures au groupe

1) La RTM mesure :

L’information clientèle aux points d’arrêts. Cet indicateur prend en compte la qualité de l’information et

non l’état du point d’arrêt. Ils s’appliquent aux lignes dont les heures de passages aux arrêts sont

annoncées aux clients.

Les critères sont :

� les horaires,

� le schéma de ligne,

� l’identification des arrêts,

� la tarification.

Chaque information a un poids différent en fonction des attentes des clients et de l’importance des flux

de passagers (montées, correspondances..).

Cet indicateur est très proche de ce que font beaucoup de réseaux mais la démarche de la RTM est plus

complète.

2) La RATP quant à elle, mesure :

Le pourcentage de points d’arrêt conformes, c’est-à-dire où l’information est présente, à jour et lisible.

Cet indicateur est déjà mis en place de façon plus ou moins évoluée dans bon nombre de réseaux du

groupe.

Le pourcentage de voyageurs qui attendent à un point d’arrêt conforme. Cet indicateur est très intéressant

et doit pouvoir être mis en place facilement.

375

La mise en parallèle de ces deux indicateurs donnent un aperçu intéressant de la vision clientèle.

III) Propreté

Ce chapitre inclus :

la propreté aux arrêts,

la propreté intérieure des véhicules

la propreté extérieure des véhicules.

22 réseaux s’intéressent à la mesure de la propreté. Ces indicateurs sont plus ou moins orientés qualité.

Les mesures sont souvent des suivis quotidiens de la propreté à la sortie du dépôt. Elle ne tient pas

compte de la vision du client à l’heure de pointe du soir, par exemple.

1) La démarche de la STAB

A la STAB, la mesure est faite par deux apprentis réseaux. Ils font une enquête mensuelle auprès de la

clientèle et des conducteurs sur la propreté. A partir de cette enquête, ils définissent un seuil

d’acceptabilité avec l’entreprise de nettoyage :

� pas plus de 10% de clients insatisfaits,

� et pas plus de 20% de conducteurs insatisfaits.

Coût : deux emplois de villes

L’idée de compter des clients et des conducteurs est très bonne. Elle est simple et permet d’obtenir un

indicateur de qualité.

Afin de faire de la mesure de façon positive, c’est-à-dire que si l’indicateur augmente le service

s’améliore, nous retiendrons le pourcentage de clients et de conducteurs satisfaits. Les seuils

d’acceptabilité deviennent :

plus de 80% de conducteurs satisfaits,

plus de 90% de clients satisfaits.

376

2) Les démarches extérieures au groupe.

A la SNCF

La norme à respecter est :

� Pas plus de 4 déchets dans un rayon de 15 mètres.

A la RATP

Ils calculent les pourcentages de parcours-voyageurs conformes par rapport à une norme.

Cet indicateur est très intéressant et peut se mettre en place simplement à partir de la définition d’une

norme de propreté et de la fréquentation.

IV) Réclamation

1) La démarche de la TAN

La TAN a pour objectif d’apporter une réponse écrite à toute réclamation dans les 5 jours

Les moyens mis en œuvre :

� l’enregistrement des réclamations sur informatique

� la réorganisation du circuit de traitement

� l’identification d’une structure de rédacteur

� le déclenchement des relances auprès des rédacteurs

� la personnalisation des courriers

� le tableau de bord

2) La démarche de la TAG

La TAG a pratiqué de la même façon.

Elle a mis en place une chaîne opérationnelle pour obtenir les informations nécessaires à une réponse

correcte, personnalisée, simple et claire.

Ëlle a fait évoluer le support mis à la disposition de la clientèle. De « fiche de réclamation », ils sont

passés à « Tag à votre écoute », puis « nous établissons le contact ».

377

Après quelques temps, ils ont interrogés les « réclamants », sur la qualité de la réponse. La surprise fut

que dans l’ensemble, malgré tous les efforts faits, les clients trouvent les réponses très administratives,

inadaptées...

Aussi est-il nécessaire de rester prudent. Il nous semble que cette démarche de réponse personnalisée,

simple, répondant clairement et réellement aux questions ou tout au moins à la réclamation, est

indispensable. Mais au vue de l’expérience grenobloise non suffisante.

Nous n’avons pas d’exemple de réel indicateur sur cette dimension. Cependant un indicateur de qualité

concernant les réclamations pourrait être :

Le pourcentage de clients satisfaits par la réponse apportée à « sa » réclamation.

Par ailleurs plus on incite les clients à dire ce qu’ils pensent, plus ils le font. Un document tel celui de la

TAG : « nous établissons le contact » est une main tendue auxquels les clients sont plus sensibles. Ainsi

la TAG a enregistré une augmentation du volume des réclamations en changeant de formulaire.

V) Ponctualité

Ce chapitre inclus :

- des indicateurs de ponctualité,

- des indicateurs mesurant l’attente,

- un indicateur concernant les correspondances.

Ces deux derniers types d’indicateurs sont des évolutions possibles d’un indicateur de ponctualité

classique (départ aux terminus...). Ils ont l’avantage d’être de véritables indicateurs de qualité car

véritable reflet de la vision du client sur le service. Nous verrons qu’ils ne sont pas forcément compliqués

à mettre en œuvre.

1) Les indicateurs de ponctualité

378

Aircar a un indicateur de ponctualité qui est la base de son contrat avec Air France.

� Niveau 1 : Retard au départ de l’avion de 1 minute,

� Niveau 2 : Retard à l’arrivée de l’avion de 10 minutes,

� Niveau 3 : Absence d’identification, mauvais état du véhicule, mauvais comportement du

personnel.

Cet indicateur est utilisé par Air France pour calculer la prime qu’elle attribue à Aircar. Mais il pourrait

être facilement rattaché à la fréquentation pour construire un indicateur pourcentage de clients à l’heure.

On pourrait d’ailleurs le transposer à tous les réseaux qui ont des dessertes SNCF à assurer et qui ont des

horaires en conséquence.

A la STAC, le conducteur remplit le dos de la feuille journalière de travail :

� le nombre de tournées pour lesquelles il a roulé avec plus de 3’ de retard sur la totalité de la ligne,

� le retard maximal constaté.

La RTM a un indicateur de ponctualité :

� ponctualité des départs : départ à l’heure [-1’;+2’]

Et pourquoi ne pas réaliser des mesures en ligne. En couplant ces mesures avec les fréquentation et les

horaires on peut construire l’indicateur suivant :

Le pourcentage de clients ayant attendu moins de X minutes (X sera déterminé par la fréquence sur la

ligne).

2) La mesure de l’attente

Elle existe à la CTS et à la RATP. C’est une mesure très intéressante car c’est un réel reflet de mesure de

l’entreprise avec l’œil du client.

379

La CTS mesure :

� Les intervalles excessifs d’attente sur le tram, suivi grâce au SAE chaque jour.

Cet indicateur peut être facilement mis en place dans les réseaux munis d’un SAE.

La RATP mesure :

� Le service non rendu, c’est-à-dire le pourcentage de voyageurs dont l’attente est supérieure à 15

minutes. Cet indicateur est intéressant mais parait difficile à mettre en place.

Afin de faire de la mesure positive, c’est-à-dire que l’indicateur ne s’améliore que si le service

s’améliore, nous retiendrons le pourcentage de voyageurs dont l’attente est inférieure à 15 minutes.

Cet indicateur peut être calculé à partir de la fréquentation, et des relevés d’heures de départs et

d’arrivées aux terminus. (Ces relevés d’heures donnent une moyenne de retard par course ou par ligne).

3) La mesure des correspondances et des situations de crise :

La TAN travaille sur :

Les correspondances : ils en sont encore à la phase d’identification des correspondances.

L’objectif étant d’informer la clientèle des correspondances afin de facilité leurs déplacements.

La gestion des situations de crise :

L’objectif est «de s’adapter dans les plus brefs délais (gestion en temps réels) et de mettre les moyens en

place sur le terrain pour répondre aux besoins d’information de la clientèle ».

Il n’existe pas encore de mesure (à suivre...).

Même si ces deux indicateurs n’existent pas encore, ils nous donnent des idées, et pourquoi pas par

exemple mesurer à terme le pourcentage de correspondance manquée?

380

VI) Le suivi des charges

Le terme générique de suivi des charges n’est pas à proprement parler un indicateur de qualité. Mais il

est retenu souvent comme tel. Nous nous sommes aperçus que le transformer en un indicateur qualité

n’était pas compliqué, il suffisait de le lire différemment.

La plupart des réseaux mesurent les charges chaque jour. Ceci leur permet d’équilibrer les charges entre

véhicules.

La TAN mesure les charges à partir de :

� Des signalements des conducteurs au PCC,

� Des réclamations,

� Des comptages embarqués et aux points d’arrêts (notamment aux points critiques) et de

l’observation de terrain.

Ceci leur permet de déterminer le niveau de l’offre souhaité et permet ainsi d’agir sur les renforts sans

modifier l’information sur les horaires de base.

Mais cela pose aussi des problèmes : d’information de la clientèle, de disponibilité du matériel et de

réactivité.

La RATP mesure :

� Le pourcentage de voyageurs dans un bus de charge normale à l’heure la plus chargée, c’est-à-dire

le pourcentage de voyageurs transportés dans un bus à moins de 4 personnes debout par m² à l’heure de

pointe sur le tronçon le plus chargé.

La RTM mesure :

� Le nombre de clients ayant voyagé dans des conditions inacceptables. Ce qui équivaut à un calcul

de charges par bus. Ils travaillent à partir d’une norme qu’ils se sont fixés (qui doit être proche de celle

de la RATP).

381

Ces deux indicateurs émanent de sondages.

Afin de faire de la mesure de façon positive, c’est-à-dire que l’indicateur ne peut pas s’améliorer sans que

le service ne s’améliore, nous retiendrons le pourcentage de voyageurs ayant voyagés dans des conditions

acceptables. (C’est le complémentaire des indicateurs RATP et RTM)

VII) Récapitulatif

L’information et l’accueil

� Le pourcentage de clients qui attendent à un point d’arrêt conforme.

Cet indicateur se calcule par sondage.

La propreté

� Pourcentage de clients et de conducteurs satisfaits.

A la STAB, la mesure est faite par deux apprentis réseaux, mensuellement auprès de la clientèle et des

conducteurs. Les seuils d’acceptabilité utilisés :

plus de 90% de clients satisfaits,

plus de 80% de conducteurs satisfaits .

Les réclamations

� Le pourcentage de clients satisfaits par la réponse apportée à « sa » réclamation.

Cet indicateur est calculé à partir de sondage auprès des « réclamants »

La ponctualité

� Les intervalles excessifs d’attente.

A la CTS, il est suivi chaque jour grâce au SAE.

382

� Le pourcentage de voyageurs dont l’attente est inférieure à X minutes.

Cet indicateur peut être calculé à partir :

soit d’un SAE

soit de la fréquentation, et des relevés d’heures de départs et d’arrivées aux terminus qui nous

donne une moyenne de retard par course ou par ligne.

Le suivi des charges

� Le pourcentage de voyageurs ayant voyagés dans des conditions acceptables.

Cette mesure est faite par comptage régulier sur la base d’une norme (par exemple à la RATP : pas plus

de 4 personnes debouts par m²à l’heure de pointe sur le tronçon le plus chargé).

383

ANNEXE

Domaines et types d'action d'amélioration de la qualité

INFORMATION / ACCUEIL:

� Amélioration de l'information embarquée (statique et dynamique).

� Amélioration de l'information aux points d'arrêt (statique et dynamique).

� Distribution d'informations dans les boîtes aux lettres

� Numéro d'appel direct, numéro vert.

� Accroissement de l'amplitude horaire des agences.

� Création ou modernisation des points d'accueil

� Traitement des réclamations et suivi.

� Formation à l'accueil téléphonique.

� Horloge dans les bus.

� Définition et mesure de la Qualité de la signalétique. Réponse aux réclamations en moins de 8 jours.

� Développer le contact avec les dépositaires. Nouveau plan du réseau.

PERSONNEL

� Formation des conducteurs à la relation - client.

� Modification de la tenue vestimentaire.

� Formation de l'encadrement à la communication.

� Mise en place d'outils de management participatif (entretien d'évaluation, groupes de résolution de

problèmes, groupes de travail).

� Recrutement sur des critères techniques et relationnels.

� Contrat d'intéressement portant notamment sur des critères de Qualité (plaintes, services manqués,

accidents).

� Cours d'anglais pour conducteurs et personnel d'accueil.

� Formation des conducteurs à la conduite souple.

384

METHODES:

� Améliorer la ponctualité.

� Respecter les horaires de passage.

� Mobilisation de l'entreprise pour gérer la rentrée scolaire.

� Réorganisation de l'exploitation orientée Service Client.

� Création du poste de Contrôleur.

� Re - dynamisation des lignes de bus.

� Restructuration du contrôle - voyageurs

LIGNES ET VEHICULES:

� Achat de véhicules neufs.

� Rénovation des véhicules.

� Essai d'un véhicule de démonstration.

� Nettoyage intérieur accru.

� Augmentation de fréquence.

� Création de lignes.

� Desserte de nouveaux quartiers.

� Réduction des temps de parcours.

TITRES:

� Création de titres mieux adaptés aux clients.

� Billetterie magnétique.

� Billetterie électronique.

� Equipement carte bleue.

� Lancement d'une carte libre - circulation pour étudiants et scolaires.

� Procédure de remboursement des titres démagnétisés.

PROMOTION:

� Valorisation des clients mensuels par du marketing direct.

� Communication institutionnelle.

� Nouveau logo.

� Marketing direct dans des périmètres de 300 mètres autour des lignes.

385

ENVIRONNEMENT:

� Mise en place de mobilier urbain neuf et confortable.

� Nouvelle infrastructure gare routière.

386

Annexe 4 : Questionnaire de l'enquête qualité (actions et

indicateurs) réalisée auprès des réseaux du groupe TRANSDEV

387

388

389

390

391

392