La protection de la vue dans les sports

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La protection de la vue-Pashby La protection de la voe dans les sports L 'accident grave survenu recemment a Bryan Berard, des Maple Leafs de Toronto, attire de nouveau !'attention sur le probleme des blessures oculaires dans les sports et les initiatives fort reussies des membres de la SCO en matiere de prevention. En 1973, Page Harshman, alors president de la sea, m' avait demande de faire echo aux inquietudes dont lui avaient fait part par courrier des membres qui soignaient de graves blessures oculaires chez des joueurs de hockey.« Tom, me dit-il, vous etes associe au hockey. Voyez s'il y a un probleme et, le cas echeant, faites quelque chose. » L' etude de la SCO sur Jes blessures oculaires dans les sports venait de naitre. Les membres furent invites a signaler les blessures oculaires qu'ils avaient traitees au cours de la saison de hockey precedente, celle de 1972-73. Ils en denom- brerent alors 289, y compris 20 cas de cecite. Le document fut presente au congres annuel de juin 1974 de la SCO et l'on nous demanda alors de distribuer a tous les membres un questionnaire devant servir de base aune etude prospective des blessures oculaires au hockey pendant la saison de 1974-75. Le resultat fit etat de 43 cas de cecite. Nous avions un probleme! Mon fils, Bob, a presente ce rapport au congres annuel de juin 1975 de la SCO, dans le cadre d'un symposium regroupant des joueurs de hockey, ama- et professionnels, un arbitre, un concepteur d' ap- pare1ls de protection oculaire et la presse. L' Associ- ation canadienne de hockey (ACH) y donna suite en redigeant une nouvelle regle sur le baton eleve, ce demier etant a l'origine de 75 % des blessures ocu- laires. Les medias ont vite reagi, parce que 38 % des cas de cecite etaient attribuables a la rondelle. On avait done besoin de protecteurs oculaires. Le Journal de /'Association medicale canadienne a suivi le debat entre 1975 et 1977, puis en 1979. Grace a leur inter- vention favorable, les medias ont assure la reussite du programme de prevention. L'initiative a fait l'objet d'articles de joumaux et d'interviews a la radio, puis l' emission de television « La soiree du hockey » a presente l'histoire de la visiere, en et en anglais. On se mit alors afabriquer des protecteurs faciaux et oculaires portant le sceau de l' Association cana- 182 CAN J OPHTHALMOL-VOL. 35, NO. 4, 2000 dienne de normalisation. En 1979, l' ACH a exige que les joueurs des ligues mineures portent des protecteurs faciaux fixes a des casques certifies. Enfin, en 1995, l' ACH exigeait que tousles joueurs de hockey portent au moins une visiere certifiee, a partir du niveau junior. On a ainsi regle pratiquement le probleme des blessures oculaires graves au hockey amateur cana- dien, mais pas chez les professionnels oil ce sont les joueurs eux-memes qui decident du port du pro- tecteur oculaire. Plusieurs joueurs qui devaient porter l' appareil au niveau amateur le laissent tomber en devenant professionnels, decision difficile a com- prendre. En mars demier, apres l' accident de Berard, 132 des 700 joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) portaient une visiere. Parmi les 700 joueurs, 56 % sont Canadiens, 16 % viennent des Etats-Unis et 28 %, d'Europe. Les pourcentages de ceux qui portent la visiere sont de 14 %, 19 % et 33 % respectivement. La LNH, de concert avec l' Association des joueurs, exigera peut-etre que tous les joueurs portent une visiere certifiee, avec une clause d' anteriorite. La SCO a ajoute, en 1976, d'autres sports a son etude, sur les instances de Michael Easterbrook qui avait accumule des donnees sur les blessures ocu- laires dans les sports a raquette, pour lesquels on a etabli une norme en 1982. Les joueurs sont invites a porter des protecteurs oculaires et les donnees de l' etude de la sco en demontrent de evidente les avantages. Une autre reussite a porte sur la reduction du nombre de cas de cecite chez les adeptes des jeux de guerre, apres qu'on eut impose le port du protecteur oculaire. Bref, l'etude de la SCO releve, depuis 1972, 4 685 cas de blessures oculaires, comprenant 530 cas de cecite. Seuls les rapports des membres concemant les blessures oculaires dans les sports ont assure la reus- site de cette initiative. J' ose croire que vous continu- erez de m' envoyer vos rapports : Tom Pashby, 215-20 Wynford Dr., Toronto ON M3C 1J4; (416) 441-1313, telecopie (416) 441-6138. Pour la saison de 1999- 2000, on compte jusqu'ici 39 blessures, y compris 4 cas de cecite. Tom Pashby, CM, MD, CRCSC Toronto (Ont.) Traduction par Claude Gendron

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La protection de la vue-Pashby

La protection de la voe dans les sports

L 'accident grave survenu recemment a Bryan Berard, des Maple Leafs de Toronto, attire de

nouveau !'attention sur le probleme des blessures oculaires dans les sports et les initiatives fort reussies des membres de la SCO en matiere de prevention.

En 1973, Page Harshman, alors president de la sea, m' avait demande de faire echo aux inquietudes dont lui avaient fait part par courrier des membres qui soignaient de graves blessures oculaires chez des joueurs de hockey.« Tom, me dit-il, vous etes associe au hockey. Voyez s'il y a un probleme et, le cas echeant, faites quelque chose. » L'etude de la SCO sur Jes blessures oculaires dans les sports venait de naitre.

Les membres furent invites a signaler les blessures oculaires qu'ils avaient traitees au cours de la saison de hockey precedente, celle de 1972-73. Ils en denom­brerent alors 289, y compris 20 cas de cecite. Le document fut presente au congres annuel de juin 1974 de la SCO et l'on nous demanda alors de distribuer a tous les membres un questionnaire devant servir de base aune etude prospective des blessures oculaires au hockey pendant la saison de 1974-75. Le resultat fit etat de 43 cas de cecite. Nous avions un probleme!

Mon fils, Bob, a presente ce rapport au congres annuel de juin 1975 de la SCO, dans le cadre d'un symposium regroupant des joueurs de hockey, ama­teur~ et professionnels, un arbitre, un concepteur d' ap­pare1ls de protection oculaire et la presse. L'Associ­ation canadienne de hockey (ACH) y donna suite en redigeant une nouvelle regle sur le baton eleve, ce demier etant a l'origine de 75 % des blessures ocu­laires.

Les medias ont vite reagi, parce que 38 % des cas de cecite etaient attribuables a la rondelle. On avait done besoin de protecteurs oculaires. Le Journal de /'Association medicale canadienne a suivi le debat entre 1975 et 1977, puis en 1979. Grace aleur inter­vention favorable, les medias ont assure la reussite du programme de prevention. L'initiative a fait l'objet d'articles de joumaux et d'interviews ala radio, puis l'emission de television « La soiree du hockey » a presente l'histoire de la visiere, en fran~ais et en anglais.

On se mit alors afabriquer des protecteurs faciaux et oculaires portant le sceau de l'Association cana­

182 CAN JOPHTHALMOL-VOL. 35, NO. 4, 2000

dienne de normalisation. En 1979, l'ACH a exige que les joueurs des ligues mineures portent des protecteurs faciaux fixes a des casques certifies. Enfin, en 1995, l'ACH exigeait que tousles joueurs de hockey portent au moins une visiere certifiee, a partir du niveau junior.

On a ainsi regle pratiquement le probleme des blessures oculaires graves au hockey amateur cana­dien, mais pas chez les professionnels oil ce sont les joueurs eux-memes qui decident du port du pro­tecteur oculaire. Plusieurs joueurs qui devaient porter l' appareil au niveau amateur le laissent tomber en devenant professionnels, decision difficile a com­prendre.

En mars demier, apres l' accident de Berard, 132 des 700 joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) portaient une visiere. Parmi les 700 joueurs, 56 % sont Canadiens, 16 % viennent des Etats-Unis et 28 %, d'Europe. Les pourcentages de ceux qui portent la visiere sont de 14 %, 19 % et 33 % respectivement. La LNH, de concert avec l'Association des joueurs, exigera peut-etre que tous les joueurs portent une visiere certifiee, avec une clause d' anteriorite.

La SCO a ajoute, en 1976, d'autres sports a son etude, sur les instances de Michael Easterbrook qui avait accumule des donnees sur les blessures ocu­laires dans les sports a raquette, pour lesquels on a etabli une norme en 1982. Les joueurs sont invites a porter des protecteurs oculaires et les donnees de l' etude de la sco en demontrent de fa~on evidente les avantages.

Une autre reussite a porte sur la reduction du nombre de cas de cecite chez les adeptes des jeux de guerre, apres qu'on eut impose le port du protecteur oculaire.

Bref, l'etude de la SCO releve, depuis 1972, 4 685 cas de blessures oculaires, comprenant 530 cas de cecite. Seuls les rapports des membres concemant les blessures oculaires dans les sports ont assure la reus­site de cette initiative. J'ose croire que vous continu­erez de m' envoyer vos rapports : Tom Pashby, 215-20 Wynford Dr., Toronto ON M3C 1J4; (416) 441-1313, telecopie (416) 441-6138. Pour la saison de 1999­2000, on compte jusqu'ici 39 blessures, y compris 4 cas de cecite.

Tom Pashby, CM, MD, CRCSC Toronto (Ont.)

Traduction par Claude Gendron