La production biologique de la pomme de terre

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CENTRE D’AGRICULTURE BIOLOGIQUE DE LA POCATIÈRE La production biologique de la pomme de terre Nicole Fraser La production biologique de la pomme de terre

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CENTRED’AGRICULTUREBIOLOGIQUEDE LA POCATIÈRE

La production biologiquede lapomme de terreNicole Fraser

La production biologiquede lapomme de terre

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CENTRED’AGRICULTUREBIOLOGIQUEDE LA POCATIÈRE

La production biologiquede lapomme de terreNicole Fraser

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Rédaction : Nicole FraserÉdition : Centre d’agriculture biologique

de La Pocatière401, rue Poiré, La Pocatière (Québec)G0R 1Z0

Photographies de la page couverture :Champ de pomme de terre,Trois-Pistoles Johanne CoulombeFleur de pomme de terre Claire Fecteau

Les croquis des plants de pommes de terreont été réalisés par Claude Orphée Lafond

Révision linguistique : Denis Dumont

Conception et montage : Les Studios Sigma

Impression : Les Impressions Soleil

ISBN 2-9804412-1-XDépôt légal, Bibliothèque nationale du Québec, 1998Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Canada, 1998

Remerciements

Je remercie sincèrement tous ceux qui ont collaboré,de près ou de loin, à la réalisation de ce guide. En pre-mier lieu, je remercie chaleureusement les productriceset les producteurs agricoles chez qui les essais et lesexpérimentations se sont déroulés : Renée Dumontier etRené-Paul Rousseau, Jeannette Chouinard et DanielProulx, ainsi que Johanne Poirier et Étienne Babin. Desremerciements tout particuliers sont destinés à SergeLafond et à Christian Charest; le premier a été l’instiga-teur du projet et il m’a fourni une multitude de référenceset de bons conseils; le second nous a enseigné et guidésà maintes reprises sur différents aspects de la culture despommes de terre.

Je remercie aussi tous ceux qui ont relu ce guide et quim’ont communiqué leurs corrections et leurs commen-taires constructifs : Robert Robitaille, Claude Gélineau,Jean Duval, Robert Langlois, Charles-Eugène Bergeron,Raymond-Marie Duchesne et Christian Charest.

Contribution financière

Ce guide a été financé par Agriculture et agroalimen-taire Canada dans le cadre de son programme « Essai etexpérimentation en agroalimentaire ».

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Table des matières 3Liste des tableaux 3Introduction 4La matière organique 5La rotation des cultures 6

Impact des rotations sur la production 6Planification de la rotation 7

Gestion de la fertilité 9Besoins de la pomme de terre 9Fertilisation 10Amendements et fertilisants 12

Chaux 12Compost 13Engrais verts 15Phosphore 18Potassium 19

Calcul du bilan prévisionnel de la fertilité 20Apport de la matière organique du sol 20Azote résiduel 20Apport des engrais verts 21Apport du compost 22

Suivi des nitrates 23

Production 24Choix des semences 24Façons culturales 24

Plantation 24Buttage 26Défanage 26Récolte et entreposage 27

Protection 29Adventices 29Insectes 32

Doryphore de la pomme de terre 32Pucerons 35Autres ravageurs 36Alliés (prédateurs) 37Plantes-abris 38

Maladies 40Mildiou 40Autres maladies fongiques 42Maladies virales 43Maladies bactériennes 43

Bibliographie 44Annexe 47

T A B L E D E S M A T I È R E S 3

Table des matières

Liste des tableauxTableau 1 Effet de la culture précédente sur le rendement potentiel de pomme de terre 6Tableau 2 Prélèvement des pommes de terre en kg/tonne

selon les différentes parties de la plante 10Tableau 3 Ajustement de la fertilisation pour la pomme de terre de primeur 11Tableau 4 Besoin en azote de quelques cultivars 11Tableau 5 Principaux engrais verts utilisables en rotation avec la pomme de terre 16Tableau 6 Composition minérale des principaux fertilisants phosphatés et potassiques 19Tableau 7 Quantité d’éléments contenus dans les parties aériennes

de quelques engrais verts d’automne 21Tableau 8 Coefficients d’efficacité des engrais verts 22Tableau 9 Coefficients moyens d’efficacité des éléments fertilisants

d’un compost à base de fumier de bovin 22Tableau 10 Facteurs de division à utiliser dans le calcul des pertes d’efficacité

de P et K liées à la date d’épandage 22Tableau 11 Sommaire des apports de l’exemple 23Tableau 12 Description de variétés de pomme de terre 25Tableau 13 Température et humidité relative recommandées en entrepôt de pommes de terre 28Tableau 14 Grille de fertilisation de la pomme de terre 47

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INTRODUCTIONLes producteurs biologiques de pommes de terre ont longtemps étélaissés à eux-mêmes en ce qui concerne leurs cultures. Même si larecherche en ce domaine est loin d’être complétée, il était essentiel deproduire un guide de production qui viendrait leur prêter main-forte.Depuis plusieurs années, ce projet mijotait dans la tête de différentespersonnes. Le comité d’agriculture biologique du CPVQ avait mêmecommencé à y travailler au début des années 1990, mais, le tempsmanquant, le projet n’en était resté qu’à la première étape. Entre-temps, le Centre d’agriculture biologique de La Pocatière prépara unprojet qui avait pour objectif de développer une régie de culture pourla pomme de terre biologique sous le climat québécois. Le projet s’estdéroulé en champ, chez des producteurs commerciaux, afin de vérifierla pertinence, la faisabilité et l’efficacité des diverses recommandationset techniques proposées soit par des chercheurs, des agronomes ouencore des producteurs maraîchers. En même temps, la rentabilité decette production a été vérifiée en comparant les frais variables et lesrendements avec les données du Comité de références économiquesen agriculture du Québec (CREAQ). Agriculture et Agro-alimentaireCanada a financé ce projet d’une durée de six ans dans le cadre de sonprogramme « Essai et expérimentation en agro-alimentaire ». Ce guideen est la touche finale.

Vous trouverez dans ces pages le fruit de plusieurs années d’essais enchamps, de communications avec des spécialistes de tout acabit et departage avec des producteurs et avec la nature elle-même. La réalisa-tion de ce projet nous a permis de prendre conscience des points fortsde la production biologique de la pomme de terre : les rendementssont équivalents aux rendements moyens québécois lorsque la fertilitédu sol est bien gérée, le contrôle des insectes et des mauvaises herbesest assez facile à réaliser, et ce mode de production est aussi rentableque le mode « conventionnel ». Les points faibles se sont situés auxplans du contrôle du mildiou et du défanage; là, nous estimons que larecherche devrait se poursuivre. Le contrôle du mildiou n’a été réaliséque partiellement, et l’on sait que cette maladie peut occasionner delourdes pertes; il est donc important d’avoir des moyens de lutte effi-caces auxquels les producteurs peuvent recourir en toute confiance.Quant au défanage, mis à part la rampe thermique qui n’est pasnécessairement accessible pour tous les producteurs, peu d’alterna-tives sont disponibles pour le réaliser.

C’est avec fierté que nous remettons ce guide entre vos mains. Puisse-t-il vous guider dans la production de ce merveilleux légume qu’est lapomme de terre.

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Le sol est un amalgame de matériaux minéraux origi-nant de la roche-mère et de matières organiquesdiversifiées. Ces matières organiques sont composéesde micro-organismes morts ou vivants, de débrisvégétaux et animaux, de produits transitoires (pro-duits partiellement décomposés) et d’humus stable.Ce dernier constitue environ 90% de la matièreorganique du sol. Les 10% restants sont des matièresorganiques fraîches et des produits transitoires qui sedécomposeront rapidement. Ce sont ces derniers 10 %qui nourrissent les vers de terre et stimulent l’activitémicrobiologique du sol.

L’humus joue des rôles différents selon qu’il est en solsableux ou argileux. Dans un sol sableux, il lie lesgrains de sable entre eux, leur donnant de la cohésion.Il augmente la capacité de rétention en eau de ces solset diminue le lessivage des éléments nutritifs. À l’in-verse, dans un sol argileux, l’humus disperse la massecompacte du sol lourd en se liant à l’argile pour for-mer le complexe argilo-humique, augmentant ainsi laperméabilité du sol et favorisant le développement enprofondeur des racines.

L’humus se minéralise plus ou moins rapidement selonles types de culture et de sol. Par exemple, dans un solsableux, le taux de minéralisation sera plus élevé quedans un sol argileux; il sera aussi plus élevé dans uneculture sarclée que dans une culture céréalière. C’estpourquoi, lors de la planification des rotations, on doitveiller à faire suivre une culture exigeante (comme lapomme de terre) par des cultures qui retournent beau-coup de matières organiques humifiables au sol et nenécessitent que peu de travaux mécaniques.

La matière organique du sol est en constante évolution :elle se décompose, s’humifie et se minéralise. Cettedécomposition stimule l’activité biologique du sol touten fournissant des éléments nutritifs aux plantes. Onveillera donc à renouveler l’humus minéralisé par desapports réguliers d’engrais organiques tels les compostset les engrais verts. Ce n’est pas tellement à augmenterle taux d’humus du sol que l’on doit viser, mais bien

à y favoriser l’activitébiologique. Lorsque l’ac-tivité biologique estintense, les amendementsorganiques sont rapide-ment décomposés par lesmicro-organismes pour êtreensuite utilisés par lesplantes. L’augmentation dunombre de vers de terresera le premier indice visi-ble du fait que cette activités’intensifie.

Les cultures à haute teneuren azote et en sucre (cellesqui sont tendres et vertes)se décomposeront rapide-ment, libérant une quantitéimportante de nutriments pour les organismes du sol etles plantes, mais elles ne laisseront que peu d’humus. Deleur côté, celles riches en lignine et en cellulose sedécomposeront lentement pour renouveler la réservedu sol en humus : ce sont les pailles, les compostsmûrs, les tiges de maïs, les engrais verts « avancés », lesbois raméaux fragmentés, la tourbe, etc.

Le taux de matière organique souhaitable dépend de latexture du sol. Un niveau élevé de matière organiquen’est pas nécessairement un indice de fertilité. Au con-traire, une forte accumulation peut indiquer que l’activitébiologique est faible. Les principaux facteurs responsablesde ce peu d’activité biologique sont :

� une mauvaise aération du sol,� un mauvais drainage,� un pH très acide,� un sol froid,� la compaction,� un apport massif de matières ligneuses

(copeau de bois, bran de scie, tiges, pailles,etc.),

� des carences en azote et en phosphore.

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LA MATIÈRE ORGANIQUELa matière organique du sol est la base de sa fertilité. Le sol est l’un des actifs lesplus importants de l’entreprise agricole. Il est de toute première importance deveiller à son entretien, à sa conservation et à son amélioration.

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Impact des rotations sur la productionLa rotation est le moyen à privilégier pour maintenir letaux de matière organique du sol et le nettoyer despathogènes. La culture de la pomme de terre estexigeante : elle consomme beaucoup mais retournepeu. Il est important de la faire suivre par des culturesqui vont produire de grandes quantités de résidus,nécessiter moins de travail du sol et causer moinsd’érosion.

La prairie améliore lastructure du sol et aug-mente sa résistance à lacompaction, car lamatière organique estincorporée aux moin-dres particules de solpar les racines et lesmicro-organismes quiles entourent. Les légu-mineuses apportentdes quantités d’azotenon négligeables tan-dis que les céréales,grâce à l’importante

quantité de résidus qu’elles laissent, favorisent lerenouvellement de la matière organique. De plus, lesystème racinaire des céréales favorise l’agrégation dusol et stimule l’activité microbienne. Les crucifères,quant à elles, prélèvent du phosphore et du potassium

dans la roche-mère, et leurs grosses racines pivotantesdécompactent le sol en profondeur. La variété des sys-tèmes racinaires, au fil de la rotation, contribue àrétablir le niveau de matière organique minéraliséelors de la production de pomme de terre, améliore lastructure du sol, lutte contre les organismes pathogènestout en permettant l’installation d’une microfaune etd’une microflore riches et diversifiées.

Il a été démontré que la culture précédant la pommede terre a une influence sur le rendement de celle-ci. Letableau suivant nous indique qu’en choisissant unprécédent de trèfle rouge, le rendement en pomme deterre pourra potentiellement être de 33% plus élevéqu’avec un précédent de pomme de terre.

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LA ROTATION DES CULTURESLes rotations jouent un rôle essentiel dans la production des pommes de terre. Ellesont un impact bénéfique tant sur la qualité de la récolte que sur la conservation dusol et la protection de l’eau.

La pomme de terre est une production qui nécessite une quantité importanted’éléments nutritifs et de nombreux passages de machinerie pour la préparation dusol et l’entretien de la culture. La décomposition de la matière organique estaccélérée et le sol se fait compacter si les conditions d’humidité ne sont pasadéquates lors des passages de la machinerie. Lorsque la pomme de terre est cul-tivée au même endroit pendant une deuxième année, les doryphores qui se sontenfouis à proximité pour l’hiver n’ont qu’à émerger pour retrouver immédiatementleur nourriture préférée. Par ailleurs, si la culture était atteinte de maladies tellesque le flétrissement bactérien, la verticilliose, la gale ou la rhizoctonie, la nouvelleproduction en serait affectée, car ces pathogènes survivent dans les résidus de cul-ture. Le sol, quant à lui, est sans couverture végétale pendant de longues périodes,ce qui favorise l’érosion tant éolienne qu’hydrique.

LES ROTATIONS

PERMETTENT DE CONTRÔLER

PLUSIEURS MALADIES,DE DIMINUER LE STRESS

CAUSÉ PAR LA SÉCHERESSE,L’EXCÈS D’EAU

ET LES DORYPHORES,ET FAVORISENT L’ACTIVITÉ

BIOLOGIQUE DU SOL

EN FOURNISSANT

DES NUTRIMENTS

AUX MICRO-ORGANISMES

ET AUX VERS DE TERRE.

EFFET DE LA CULTURE PRÉCÉDENTESUR LE RENDEMENT POTENTIEL DE POMME DE TERRE

Culture précédant Rendement potentielles pommes de terre de la pomme de terre

Trèfle rouge 1,33Luzerne 1,18Avoine 1,10Orge 1,18Pomme de terre 1,00

Source : Johnston, H.W.,1989.

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Planification de la rotationLa rotation des cultures doit être planifiée en fonctionde ses besoins et des types de sol rencontrés sur laferme. Bien projetée, elle améliorera la qualité et le ren-dement des pommes de terre tout en contribuant à lafertilité et à la conservation du sol.

On planifie une rotation équilibrée en alternant une cul-ture sarclée, qui accélère les processus de minéralisationde la matière organique du sol, avec d’autres culturesqui, parce qu’elles impliquent très peu de travail du solet dont les résidus sont abondants et humifiables,créent des conditions propices à l’accumulation de l’hu-mus et à l’amélioration de la fertilité.

La plante la plus exigeante est placée en tête de rota-tion; la pomme de terre fait partie de ce groupe. Elleest suivie par des plantes plus frugales, puis, en fin derotation, par les légumineuses, les prairies et les engraisverts qui vont fertiliser et regénérer le sol.

La rotation pomme de terre - céréale grainée - prairiede trèfle a démontré de belles performances tant sur leplan économique que sur le plan environnemental.

Il est intéressant de faire suivre la culture de pommede terre par une céréale grainée. Selon certainesétudes, le seigle nettoie le sol des pathogènes etaméliore les rendements de pomme de terre. L’avoineremet en état un sol médiocre et aide à contrôler larhizoctonie. Par contre, l’orge peut augmenter lesproblèmes de gale. Le doryphore va mettre plus detemps à émerger dans un champ de céréale, car le soly est plus froid. Il ne trouvera pas immédiatement sanourriture et pourra éventuellement mourir fauted’avoir atteint le champ de pomme de terre.

La troisième année, la prairie de trèfle occupe l’em-placement des céréales. Le compost est appliqué aprèsla première ou la deuxième coupe (selon les régions), etla prairie absorbe les éléments nutritifs qui sont immé-diatement disponibles. La dernière coupe ne sera pasrécoltée mais enfouie à l’automne, comme engrais vert,lorsque le sol aura atteint une température inférieure à10 °C (ainsi, elle ne se minéralisera pas avant le printempssuivant). La légumineuse (trèfle) fournira à la culture depomme de terre une quantité importante d’azote demême que les autres éléments nutritifs qu’elle auraassimilés au cours de sa croissance.

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AN 3prairie de trèfle

pomme de terr

e

céraé

ale

grainée

AN

2 AN 1

AN 3

prairie

de trèfle prairie detrèfle

AN

4

pomme de terre

AN 1

céréale

grainée

AN

2AN 3

céréale grainée prairie de

trèfle

AN

4

pomme de terre

AN 1

(ou

carotte

ouoignon)

betteraveA

N

2

AN 3

légumes racines engrais verts

de légumineuses

suivis de seigled'autom

ne

AN

4

pomme de terre

AN 1

chou-fleur, canola)

(chou,brocoli,

crucifèreAN

2

Quelques exemples de rotationROTATION DE TROIS ANS

ROTATION DE QUATRE ANS

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Une rotation de trois ans est un minimum. La prairiepeut être implantée pour plus d’une année si lesbesoins de la ferme l’exigent. Autrement, la culture despommes de terre peut être suivie par une autre culturesarclée moins exigeante comme, par exemple, cellesde la betterave ou de la carotte, qui bénéficieront dunettoyage des mauvaises herbes effectué pendant laculture précédente.

Plusieurs essais et expérimentations tant à l’étrangerqu’au Canada ont démontré l’efficacité des systèmesde rotation pomme de terre - céréale grainée -

prairie de trèfle et pomme de terre - betterave -céréale grainée - prairie de trèfle. La structure dusol et sa fertilité se sont améliorées, les rendementscommercialisables se sont accrus et la rentabilité de laproduction a été maintenue.

Le canola, le pois sec et le blé panifiable sont à considérerdans une rotation avec la pomme de terre, car ces cul-tures ont une valeur pécuniaire élevée et contribuent àla rentabilité de l’entreprise.

Le canola laissera une quantité importante de résidus.Il est bien adapté à tous les types de sol, sauf peut-êtreaux sols sableux ayant un faible taux de matièreorganique et une nappe phréatique profonde. Il per-met de recycler le phosphore qu’il prélève en grandequantité dans la roche mère et qui sera retourné à laculture suivante par la minéralisation de ses résidus.

Le pois sec est bien adapté au climat frais. Étant unelégumineuse, il fixe l’azote atmosphérique et le renddisponible pour les cultures suivantes, mais il ne laisseque peu de résidus humifiables. Sa valeur pécuniaireest élevée lorsqu’il rencontre les exigences de la con-sommation humaine.

Le blé panifiable est aussi très intéressant, car en plusd’inclure les avantages d’une céréale dans la rotation, ila une valeur pécuniaire plus élevée que les autrescéréales.

Il est important de faireaussi une planificationéconomique à la suitede l’implantation d’unnouveau système derotation. Le sol devrapeut-être faire face àune période d’adapta-tion agronomique plusou moins longue selonson degré de dégradation. La vie microbiologique abesoin de temps pour bien s’implanter et faire en sorteque le nouveau système de rotation se traduise par uneaugmentation des rendements commercialisables.

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AN 4crucifères

poireaux

et laitue d'automne

hâtive (suivie

dese

igle

pomme de terr

e

ou de vesce

velu

e)

AN

1

épinards, laitue

suivis de pois

oude

seigle en engrais

verts selon la saisonAN2

AN

3lé

gum

esra

cines AN

5légum

ineuses

ROTATION DE CINQ ANSEN CULTURE MARAÎCHÈRE

Source : Lemay, M. (1994)

Ce dernier type de rotation génère des revenus quatreannées sur cinq. La succession tient compte des exi-gences de chaque culture : les légumineuses arriventjuste avant les deux cultures les plus exigeantes : lapomme de terre et l’épinard. Il faut cependant faireattention au bilan humique de cette dernière rotation,c’est-à-dire qu’on doit veiller à enfouir suffisamment dematière humifiable (chaume, compost mûr) pourrenouveler l’humus minéralisé.

IL FAUT PLANIFIER

NOTRE ROTATION

DE FAÇON STRATÉGIQUE,EN DESSINER LE PLAN

ET L’AFFICHERBIEN EN VUE : IL SERVIRA

DANS L’ORGANISATIONDE TOUS LES TRAVAUX

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Besoins de la pomme de terreLa pomme de terre est une grande consommatrice d’a-zote et de potassium. Elle a aussi besoin de phosphore,de calcium et de magnésium en bonne quantité etnécessite un sol équilibré en oligo-éléments. Elle préfèreun sol dont le pH est légèrement acide et dont le tauxd’humidité est suffisant pour lui permettre d’absorberces éléments. Le producteur visera un sol équilibré enéléments nutritifs où l’activité biologique sera intense.

Les besoins de la pomme de terre varient au fil de sacroissance. Cette dernière est divisée en plusieurs stadesde développement.

Du début de la germination jusqu’à l’émergence (stade0), le planton fournit toute l’énergie nécessaire à lacroissance du plant. À ce stade, les éléments nutritifsdu sol ne sont pas utilisés, car les racines ne sont pasencore développées. Le stade 0 peut prendre de une àdeux semaines selon la température du sol et l’éveil destubercules au moment de la plantation.

Au stade végétatif (stade I) débute la photosynthèse,qui fournit l’énergie nécessaire à la croissance et audéveloppement de la plante. Les racines absorbentactivement les éléments nutritifs du sol. À ce stade, quipeut durer entre 15 et 30 jours selon la date de plan-tation, la pomme de terre n’utilisera que 15% de sesbesoins totaux en azote.

G E S T I O N D E L A F E R T I L I T É 9

GESTION DE LA FERTILITÉNous avons vu, dans le chapitre sur la matière organique, qu’il est essentiel de veillerau renouvellement de la matière organique du sol par l’apport régulier d’amende-ments humifères. La pomme de terre est une culture exigeante : elle exporte degrandes quantités d’éléments minéraux. Les rotations et l’enfouissement d’engraisverts ne parviendront pas à restituer au sol les éléments exportés par les tubercules.Il faut y ajouter des éléments fertilisants provenant soit des déjections animales(fumier et compost), soit de roches broyées (éruptives ou sédimentaires), soit derésidus marins ou animaux (algues, poudre d’os, etc).

Afin d’évaluer les apports que l’on doit faire, nous allons voir quels sont les besoinsde la pomme de terre.

0 I II III IV

Stades de développementde la pomme de terre

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Le stade II est celui de l’apparition des boutons floraux etdu début de la tubérisation. Ce stade est de courte durée(environ 10 jours), mais il est crucial pour la production.La pomme de terre y consommera près de 30 % de sesbesoins en azote. L’humidité du sol, sa température,l’azote disponible et les hormones de croissance pro-duites par la plante sont tous des facteurs qui vontinfluencer la formation des tubercules. Par exemple, undéficit en eau pendant cette période réduira le nombrede tubercules par plant.

Au stade du grossissement des tubercules (stade III), ledéveloppement se poursuit de façon linéaire si aucundes facteurs de croissance ne devient limitatif. Leshydrates de carbone (fabriqués à l’aide de la photosyn-thèse) et les minéraux mobiles se déplacent vers lestubercules. Les hydrates de carbone seront alors trans-

formés en amidon et augmenteront le pourcentage dematière sèche des tubercules. Divers facteurs (conditionsclimatiques, fertilité insuffisante, etc.) peuvent limiter lacapacité du plant de fournir les hydrates de carbone oules minéraux à un rythme suffisant pour la croissance destubercules. À ce moment-là, ces matériaux seront solu-bilisés dans les parties végétales et transportés vers lestubercules, ce qui pourra provoquer une sénescenceprématurée des tiges ainsi qu’un affaiblissement de larésistance aux maladies. Ce stade est d’une durée de60 à 120 jours selon les variétés. La majorité des élé-ments nutritifs utilisés par le plant le seront pendantcette période.

Pendant le stade de maturation (stade IV), le taux dematière sèche des tubercules atteint son maximum, lesnutriments de la partie aérienne et des racines se solu-bilisent et migrent vers les tubercules : c’est la sénes-cence du feuillage. Les plants ne prélèveront presqueplus rien des éléments du sol.

FertilisationLe maintien d’un bon niveau de matière organique, unsystème de rotation bien planifié et un pH adéquatsont la base de la fertilité des sols. Cependant, ils nesauront suffire à remplacer tous les éléments nutritifsprélevés par la pomme de terre pour sa croissance, puisexportés par les tubercules.

Le tableau 2 nous renseigne sur les prélèvements faitspar une culture de pommes de terre; les fanes resterontsur le champ et retourneront les éléments prélevés, cequi n’est pas le cas pour les tubercules. La productionde 25 tonnes/hectare de pommes de terre exportera92,5 kg d’azote, 12,5 kg de phosphore, 100 kg depotassium, 5 kg de calcium et 5 kg de magnésium parhectare.

L’objectif de la fertilisation est de rendre disponiblessuffisamment d’éléments nutritifs pour favoriser :� une bonne croissance du feuillage tôt en saison afinque l’interception de la lumière soit optimale pour laphotosynthèse, mais pas trop pour ne pas avoir undéveloppement végétatif excessif qui retarderait latubérisation;

� la résistance aux maladies et aux insectes;� la formation des tubercules et leur développementrégulier afin d’obtenir une récolte de bonne qualitéet de calibre optimal.

Afin de bien gérer la fertilité de nos sols, il faut lesconnaître. Quelle est leur texture? Y-a-t-il une coucheindurée qui empêche les racines de pénétrer en pro-fondeur? Quel est le niveau de matière organique et laquantité d’éléments nutritifs disponible?

La couche indurée peut être localisée (s’il y a lieu) aumoyen d’un pénétromètre ou d’un profil de sol. Cettecouche indurée devra être brisée, car elle empêche lesracines d’aller puiser l’eau et les éléments en pro-fondeur. Les plants seront affectés par les périodes de

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PRÉLEVÈMENT DES POMMES DE TERRE EN KG/TONNESELON LES DIFFÉRENTES PARTIES DE LA PLANTE

Partie Humidité N P K Ca Mg(%) (kg/t) (kg/t) (kg/t) (kg/t) (kg/t)

Tubercules 80 3,7 0,5 4 0,2 0,2Fanes m.s. 15 1,8 40 14 6

Source : Giroux et coll., 1996.

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sécheresse ou asphyxiés lors d’étés pluvieux, l’eau nepouvant bien s’égoutter.

Les analyses de sol sont une source d’information depremière importance en ce qui concerne les quantitésde matière organique et d’éléments nutritifs que con-tient un sol. Idéalement, on examinera les analyses deplusieurs années pour un même champ, car les résultatspeuvent varier grandement selon la date et la qualité del’échantillonnage ou encore selon le climat prédomi-nant durant l’année concernée. On peut apprendrebeaucoup en conservant l’historique de nos champs,non seulement des résultats d’analyses chimiques, maisaussi des cultures et de leurs rendements. Ainsi, on aune vue globale de l’évolution de nos sols dans le tempset de leur réaction aux apports qu’on y fait; par exem-ple, les rendements s’améliorent, les problèmes de galediminuent ou s’aggravent, etc.

Un sol fertile pour la pomme de terre devrait avoir lescaractéristiques suivantes :

Quant à l’azote, on s’assurera d’en fournir entre 125 à175 kg/ha pour un sol minéral et 50 kg/ha pour un solorganique. En sol minéral, la dose d’azote recommandéeest établie en fonction de la texture des sols, des cultivarset de la date prévue pour la récolte. Les tableaux ci-con-tre vous donnent quelques indications à ce sujet.

À partir des renseignements fournis par les analyses, oncherchera à équilibrer les éléments nutritifs du sol de façonà ce que les besoins de la pomme de terre soient comblés.

Azote (N) On évalue la quantité d’azote fournie par leprécédent cultural et la matière organiquedu sol, et on comble la différence par lecompost. La minéralisation des matièresorganiques sera d’autant plus intense queles températures seront chaudes et sèches,comme aux mois de juillet et d’août. Cettepériode correspond au besoin maximum enazote des pommes de terre.

Phosphore (P) On évalue la quantité de phosphorefournie par le précédent cultural et parle compost. Lorsque le sol est pauvre enphosphore et que l’apport du compostest insuffisant, on comblera les besoinspar du phosphate de roche, naturel oucolloïdal. La poudre d’os est aussi uneexcellente source de phosphore; cepen-dant, elle est trop onéreuse pour êtreutilisée en grande culture.

Potassium (K) On procèdera de la même façon pourl’évaluation du potassium. On apporteraune attention toute particulière à la pro-portion K / Mg dans le sol. Il devrait yavoir au moins deux fois plus de potas-sium que de magnésium. On cherchera àpréserver du lessivage le potassium con-tenu dans le compost, car ce dernier estla meilleure source de potassium dont unproducteur puisse disposer. En dernierressort, le sulfate de potassium et le sul-fate de potassium et magnésium peuventêtre utilisés pour corriger une carence.

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pH 5,5 à 6,0Phosphore (P) 200 à 300 kg/haPotassium (K) 300 à 375 kg/haCalcium 1000 kg/ha et plusMagnésium (Mg) 100 kg/ha et plusBore 1,15 à 1,70 ppmMatière organique 4 à 6 %

AJUSTEMENT DE LA FERTILISATIONPOUR LA POMME DE TERRE DE PRIMEUR

Nombre de jours Dose d’azote recommandéede culture kg/ha

sol sableux sol loameux

65 100 7575 120 11085 140 13595 150 140

Source : Pomme de terre; Culture, CPVQ (1992)

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BESOIN EN AZOTE DE QUELQUES CULTIVARS

Cultivars Dose d’azote recommandéekg/ha

sol sableux sol loameux

Chieftain 135 125Hilite Russet 150 140Kennebec 135 125Norland 135 125Shepody 135 125Superior 150 140

Source : C. Charest, communication personnelle

T A B L E A U 4

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Calcium (Ca) Un sol qui aura des quantités inférieuresà 800 kg/ha de cet élément sera con-sidéré pauvre et des carences pourronten résulter. Cependant, avec les apportsde compost, de phosphate de roche(33% Ca) ou de chaux, il est plutôt rarede faire face à cette déficience en agri-culture biologique.

Magnésium (Mg) Les besoins en magnésium peuventêtre comblés soit par la chauxdolomitique ou magnésienne si lepH du sol a besoin d’être corrigé,soit encore par le sulfate de potas-sium et magnésium (Sul-Po-Mag) sile sol a aussi besoin de potassium.

Les oligo-éléments sont généralement en quantitésuffisante lorsqu’on entretient la fertilité des sols par lescomposts et les engrais verts qui en sont une excellentesource. Comme la pomme de terre est sensible auxcarences en bore, on veillera à maintenir le bore à unniveau de 1,15 à 1,70 ppm.

L’activité des micro-organismes va contribuer à mettreen solution des éléments nutritifs qui autrementseraient fixés à des molécules relativement stables. Deplus, les plantes disposent de moyens physiologiquespour puiser ce dont elles ont besoin : par exemple,elles exsudent des acides organiques qui contribuent àsolubiliser le phosphore dans la zone racinaire. Un solayant de bonnes propriétés physiques (structure, per-méabilité, élasticité) permettra aux racines de s’enfon-cer en profondeur et d’explorer les couches arables afind’y prélever les éléments nutritifs et l’eau nécessaires àleur croissance.

L’irrigation est aussi de première importance en culturede pommes de terre. Très souvent, ces dernières sontcultivées en sol sableux et, sauf exception, ces sols neprésentent pas de problème de drainage mais plutôt desproblèmes de sécheresse. La formation des tubercules etleur grossissement sont des périodes particulièrementcritiques en ce qui concerne les besoins en eau. Il fau-dra veiller à combler ce besoin lors des périodes desécheresse, sinon on risque de connaître des baissesde rendements importantes même si la fertilité du solest adéquate. De plus, la qualité des tubercules peuten être affectée, car les organismes responsables de lagale sont plus virulents en conditions de sécheresse.

Amendements et fertilisantsCHAUX

La chaux est produite à partir du concassage et de lapulvérisation de la pierre calcaire naturelle. On l’utilisepour neutraliser l’acidité du sol. Elle est principalementcomposée de carbonate de calcium (CaCO3) auquelpeut s’ajouter une quantité variable de carbonate demagnésium (MgCO3). On distingue trois types dechaux brute : la chaux calcique (0 à 4,9% de MgCO3),la chaux magnésienne (5 à 19,9% de MgCO3) et lachaux dolomitique ou dolomie (20% et plus deMgCO3). L’une ou l’autre sera choisie en fonction desbesoins en magnésium des sols. La composition de lapierre à chaux varie selon les dépôts sédimentaires quel’on retrouve un peu partout au Québec; parfois, ellevarie à l’intérieur d’un même gisement.

La chaux vive et la chaux hydratée sont des produitsobtenus par calcination de la pierre à chaux. La chaux vive(CaO) est le produit à la sortie du four tandis que la chauxhydratée est de la chaux vive traitée à l’eau (Ca(OH)2); elleest aussi appelée chaux éteinte. Ces deux produits ontune très grande solubilité, ils agissent rapidement surl’acidité du sol et accélèrent la décomposition de lamatière organique. Parce qu’ils sont très réactifs, ils neseront pas utilisés sur les sols en agriculture biologique.

Les tables qui établissent les relations entre le pH tampondu sol et les quantités de chaux à appliquer ne sont pasutilisées en culture de pomme de terre, car des applica-tions massives pourraient accentuer les problèmes degale sur les tubercules. On recommande plutôt de fairedes apports en petites quantités sur une base régulièrelorsque le pH à l’eau est de 5,5 ou moins. On appliqueraun maximum de 1 tonne/hectare de chaux suivie par unhersage afin qu’elle soit bien mélangée aux 10 premierscm du sol. Idéalement, cette application sera faite aprèsla culture de la pomme de terre. Ainsi, elle sera incor-porée au sol de façon homogène et aura eu le temps deréagir avant le retour des pommes de terre.

La pierre à chaux est non seulement un régularisateurde pH, mais elle est aussi un amendement pour le solpar son apport important en calcium. Le calcium délogeles ions hydrogène (responsables de l’acidité) des col-loïdes du sol pour prendre leur place et sert de lienentre les colloïdes, leur permettant de s’agglomérer etde former des agrégats. Les agrégats, quant à eux, con-stituent la structure du sol. Le calcium agit donc commefloculant et comme structurant pour le sol. De plus, lechaulage des sols stimule l’activité biologique et favorisela minéralisation du phosphore organique et de l’azote.

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COMPOST

Le compost est la base de la fertilisation en agriculturebiologique. Sa fabrication est un art qui se développe etse perfectionne avec l’expérience. En quelques mots, lecompost est un mélange homogène de différentsmatériaux organiques qui se sont transformés pendantles processus de décomposition et d’humificationmicrobienne en conditions aérobies. La température àl’intérieur du tas de compost devrait s’élever à 65 °Cpendant au moins trois jours consécutifs, pour assurerl’élimination des éléments pathogènes, des insectesnuisibles et des graines de mauvaises herbes. Les tem-pératures peuvent atteindre des valeurs encore plusélevées, mais ce n’est pas l’idéal, car à 65 °C et plus, ellesentraînent des pertes par volatilisation. On recommandeplutôt de viser des températures entre 45 et 55 °C ,et ce,sur tout le matériel; ainsi, la plupart des graines de mau-vaises herbes et des organismes pathogènes auront étédétruits et les pertes auront été limitées.

Le compost améliore les propriétés physiques,biologiques et chimiques du sol. Il en augmente lacapacité d’échange cationique (C.E.C.) et le pouvoirtampon. Il stimule l’activité biologique par l’ajout dematières organiques et d’éléments minéraux qui ser-vent d’aliments aux micro-organismes du sol et auxplantes en plus d’y inoculer des milliards d’êtres vivantset diversifiés. Grâce à certains de ces micro-organismes,le compost a un effet fongistatique, c’est-à-dire qu’ilpeut arrêter le développement des champignonspathogènes. Les recherches sont loin d’être complétéesà ce sujet, mais il semble qu’il ait un effet fongicide surle mildiou de la pomme de terre. Peut être a-t-il lemême effet sur d’autres maladies fongiques telles lagale poudreuse ou la rhizoctonie?

On appliquera entre 20 et 25 t/ha de compost mi-mûr(selon l’analyse du compost) l’année précédant lapomme de terre, au début août, lors de la préparation dusol pour la culture d’engrais verts ou après la coupe de laprairie. La culture emmagasinera les éléments nutritifsimmédiatement disponibles, empêchant ainsi leur lessi-vage. Cette application se fera une année sur trois dansle cas d’une rotation de trois ans. Lors d’une rotationplus longue, elle pourrait être fractionnée, voire mêmeaugmentée selon les exigences des espèces cultivées.

La pomme de terre n’apprécie guère le fumier frais ni lejeune compost, qui favorisent le développement de lagale. C’est pourquoi on choisira un compost mi-mûr. On

dit d’un compost qu’il est jeune lorsqu’il a complété laphase chaude de sa dégradation et que la températureest descendue à moins de 30 °C. À ce stade, la plupartdes matériaux d’origine sont encore identifiables. Uncompost mûr aura connu, en plus, une période dematuration prolongée. Les matériaux d’origine ne sontplus reconnaissables; le matériel ressemble à du terreauet a une bonne odeur de terre. Entre les deux, existenttous les stades de décomposition.

Notions de base sur le compostage

Les composts à base de fumier sont les mieux indiquéspour la fertilisation des cultures, car ces composts vontatteindre des températures plus élevées que les com-posts maraîchers (uniquement à base de végétaux), cequi permet un meilleur assainissement des matériaux.

Le fumier peut perdre beaucoup de sa valeur fertilisanteselon la façon dont il est entreposé. On veillera àcréer un milieu anaérobie et humide lors de l’entre-posage afin d’éviter le démarrage de la fermentationchaude qui doit intervenir plus tard. Les litières et lesexcréments seront incorporés le plus complètementpossible. Le fumier sera très pailleux pour assurer lesconditions aérobies nécessaires à la prolifération desmicro-organismes.

Les meilleures façons d’entreposer les fumiers destinésau compostage sont :� la stabulation libre sur litière fortement paillée;� en tas bien tassé sur plateforme cimentée avecrécupération du purin et arrosage avec ce dernierpour bien imprégner la litière.

Il y a deux techniques d’utilisation des fumiers qui opti-misent leur valeur fertilisante.

1.Le compostage en andainLa mise en andain aère le fumier qui était entreposéen condition anaérobie. L’apport d’oxygène favorisela prolifération de milliers de micro-organismesdiversifiés qui s’activeront à la transformation desmatériaux bruts et feront grimper les températures.L’andain sera recouvert pour le protéger du lessivageoccasionné par les pluies (le potassium est très sensi-ble au lessivage).

2.Le compostage de surfaceLe fumier est épandu en couche fine et homogènesur les prairies, les engrais verts ou les chaumes.

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Immédiatement après cet épandage ou après un cer-tain délai, le fumier est incorporé superficiellement(10 cm) pour qu’il y ait contact étroit avec le sol, cequi stimule la fermentation aérobie et entraîne unedécomposition et une humification très rapide. Lecompostage de surface ne doit pas être confonduavec l’épandage conventionnel du fumier. Lematériel doit être bien émietté par l’épandeur etappliqué sous des conditions de température etd’humidité du sol favorables à l’activité biologique(et non pas sur un sol nu à l’automne). Lorsqu’onpratique le compostage de surface avant une culture,on doit attendre de une à trois semaines avant lesemis pour éviter le risque de phytotoxité.

Les matériaux

Plusieurs matériaux peuvent être utilisés pour le com-postage : il faut simplement équilibrer ces matériauxafin que le rapport C/N (carbone/azote) ne soit pastrop élevé. On cherchera à atteindre un rapport C/N dedépart entre 25 et 35. Sans nous étendre sur les rap-ports C/N de tous les matériaux utilisables, il suffit decomprendre que plus le matériel est tendre et vert, plusle rapport C/N est bas (gazon, fumier, engrais vertjeune), tandis que plus le matériel est parvenu à matu-rité ou plus il est ligneux, plus ce rapport est élevé(paille, bran de scie).

Un fumier n’ayant que très peu de paille (3 kg/U.A./jourou moins) est impropre au compostage en andain, carl’oxygénation y est déficiente.

Les activateurs

On pourra faire différents ajouts lors de la mise en andain.Les plus intéressants sont le phosphate de roche pourl’apport de phosphore et de calcium, les préparats bio-dynamiques qui intensifient l’activité biologique et laterre ou le compost, ajoutés dans le tas ou en couverture,qui ensemencent le milieu en ferments. De plus, la terrefavorise la formation des complexes argilo-humiques. Cesajouts ne sont pas nécessaires, mais ils semblent donnerdes résultats supérieurs.

La mise en andain

Critères de sélection d’un site de compostage :- proximité des champs où il sera utilisé ou des bâti-ments de ferme;

- terrain surélevé et bien drainé;- conformité au règlement sur la réduction de la pollutiond’origine agricole du ministère de l’Environnement etde la Faune.

L’andain peut être fabriqué au moyen de l’épandeur àfumier, qui assurera le mélange et l’oxygénation dumatériel, ou par la benne basculante d’un camion.Dans ce dernier cas, le fumier devra être très pailleux(au moins 7 kg et plus de paille / UA / jour).

L’andain peut être aussi long qu’on le désire, mais ilne devra pas être plus haut que 1,2 à 1,5 mètre surenviron 2,5 mètres de largeur pour ne pas nuire àl’oxygénation. Il est important d’avoir un andainarrondi, c’est-à-dire sans dépression, pour éviter lesaccumulations d’eau. Les matériaux devront avoirune humidité suffisante, soit entre 50 % et 70 %,pour permettre le travail des micro-organismes;cependant, l’humidité ne doit pas être excessive cequi priverait ceux-ci d’air et augmenterait les risques decontamination du sol par perte de liquide. On estimeque l’humidité est suffisante lorsque, en prenant unepoignée du matériel et en le pressant, une ou deuxpetites gouttes d’eau s’échappent entre les doigts.

On surveillera la température à l’intérieur de l’andain.Si les conditions sont adéquates (aération et humidité),la température grimpera rapidement à des niveaux de55 à 70 °C. Lorsque les températures redescendent au-dessous de 40 °C, le tas est retourné afin de remélangerles couches extérieures et intérieures et d’aérer lemilieu pour stimuler à nouveau le développement desmicro-organismes. Cette opération est faite au moyend’un retourneur à compost ou d’un épandeur à fumier.

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QUELQUES DONNÉES

C/N de départ visé : 25 à 35

Fumier de bovin sans paille : C/N 8 à 13Fumier de bovin pailleux : C/N 25 à 30

selon la quantité de paille (4 kg ou + par U.A./jour)

Engrais vert et gazon : C/N 10 à 20Paille d’avoine et d’orge : C/N 50-60Feuilles mortes : C/N 30-60Bran de scie : C/N 100-600

C/N à atteindrepour un compost mûr à base de fumier : 15C/N à atteindrepour un compost maraîcher mûr : 10

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En dernier recours, on pourra utiliser le chargeurfrontal du tracteur, sur lequel on aura installé lesfourches à fumier, et on retournera le tout en aérant lemieux possible.

Les bâches de recouvrement

La valeur fertilisante des composts est précieuse. Desétudes québécoises ont démontré que les pertes d’élé-ments nutritifs par lessivage sont jusqu’à 10 fois plusimportantes sous un andain de compost non recouvertque sous un andain recouvert d’une bâche géotextile.

La paille est peu efficace pour protéger les andains desprécipitations. Le plastique et le géotextile sont, de leurcôté, très efficaces. Cependant, le plastique empêcheles échanges gazeux et nuit au bon fonctionnementdes processus de compostage. Le matériel à privilégierest le géotextile : il est perméable aux échanges gazeuxet garde l’andain au sec. De plus, il est plus facile àmanier que le plastique, surtout lorsqu’il y a du vent. Lavaleur des éléments conservés dans l’andain recouvertcomparativement à celui non recouvert rentabilise labâche dès la première année.

On peut couvrir l’andain immédiatement après sa con-fection, surtout si on prévoit des pluies abondantes. Onpeut aussi attendre environ deux semaines, faire unpremier retournement et recouvrir l’andain par la suite.Le taux d’humidité de l’andain devra être d’au moins70% avant le recouvrement, car sous le géotextile, lecompost a tendance à s’assécher.

ENGRAIS VERTS

Culture

La culture des engrais verts a de multiples avantages : ilsaméliorent la structure du sol, le protègent contre l’éro-sion, augmentent sa fertilité et y stimulent l’activitébiologique. En plus, comme ils absorbent les minéraux

disponibles, ils en diminuent le lessivage et les gardenten réserve pour la culture suivante. Et ce n’est pastout! Certaines espèces ont la particularité de puiserdes éléments dans la roche-mère, qui y sont sousformes insolubles, tandis que d’autres transformentl’azote atmosphérique. Ces éléments sont ensuite resti-tués sous des formes organiques assimilables par lesautres plantes. Et que dire de la prolifération des micro-organismes et des vers de terre lors de l’enfouissementde ces matières organiques vertes et tendres! Quant auxmauvaises herbes, le sol étant occupé, elles n’ont pas deplace pour s’implanter.

Chaque espèce ayant son impact particulier, on veillera àchoisir l’engrais vert en fonction des besoins spécifiquesdu champ et de la culture suivante. L’engrais vert peutêtre cultivé seul ou en association; il peut être utilisécomme culture principale ou comme culture dérobée. Letableau 5 donne plusieurs informations sur les différentesespèces pouvant être cultivées comme engrais verts dansune rotation avec la pomme de terre.

Voici les principales particularités des familles utiliséescomme engrais vert.

CRUCIFÈRES : Elles puisent le potassium (K) et le phos-phore (P) contenus dans la roche-mère. Leurs puissantesracines pivotantes décompactent le sol en profondeur. Ilest préférable de ne pas les utiliser dans les champs enculture maraîchère où la rotation prévoit des crucifères(choux, brocolis, etc.), car elles peuvent être attaquéespar les mêmes maladies et attirer les mêmes insectesnuisibles.

GRAMINÉES : Elles ont un système racinaire très ramifié etimportant se développant dans la couche superficielledu sol. Elles améliorent la structure du sol et aident à ycontrôler plusieurs pathogènes. Leurs pailles constituentun apport important en matière organique humifiable.

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Photo : François Chalifour

Photo : Serge Lafond

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T A B L E A U 5PRINCIPAUX ENGRAIS VERTS

UTILISABLES EN ROTATION AVEC LA POMME DE TERRE

Espèce Famille Taux de semis Utilisation Remarques(kg/ha)

c. pleine saisonAméliore le rendement et la qualité

Agrostis blanc graminéeseul ou mélangé

des tubercules; utilisé seulou en mélange avec le trèfle alsique.

Avoine graminée 100 à 120culture dérobée Favorise la structure du sol;c. pleine saison aide à contrôler la rhizoctonie.

Canola et colza crucifère 8 à 10culture dérobée Plante vigoureuse à racine pivotante;c. pleine saison apport important de matière organique.

Millet japonais graminée 20 à 25 c. pleine saisonApport important

en matière organique humifiablePlante vigoureuse à racine pivotante;

Moutarde blanche crucifère 6 à 8 culture dérobéeétouffe les mauvaises herbes

et décompacte le sol;envahissante si on la laisse venir en graine.

Orge graminée 100 à 120culture dérobée

Peut augmenter les problèmes de gale.c. pleine saisonculture dérobée Croissance rapide,

Phacélie hydrophyllacée 15 c. pleine saison améliore le taux de phosphore assimilable,seul ou mélangé très mellifère.

Pois fourrager légumineuse 170c. pleine saison Surtout utilisé en mélange avec vesces,seul ou mélangé féveroles et avoine.

Radis fourragerPlante très vigoureuse à racine pivotante;

ou huileuxcrucifère 8 à 10 culture dérobée étouffe les mauvaises herbes

et décompacte le sol.

Ray-grass graminée 25 à 35culture dérobée Implantation rapide,c. pleine saison adapté à tous les types de sol.

Pouvoir désherbant très intéressant;Sarrasin polygonacée 70 c. pleine saison on doit attendre 45 jours

après l’enfouissement avant de semer.

c. pleine saisonAméliore la structure du sol;

Seigle graminée 100 à 120culture dérobée

le nettoie des pathogènes; augmenteles rendements de pommes de terre.

Trèfle rouge légumineuse4 à 8 culture associée Tolère les sols acides; bon établissement10 c. pleine saison en association avec les céréales.

Trèfle alsique légumineuse 6 à 8 culture associéePréfère les sols frais et humides,

tolère l’acidité.

25 c. pleine saisonCraint les sols légers et secs,

Vesce velue légumineuse15 (mélange) seul ou mélangé

tolère les sols acides;excellente fixatrice d’azote.

Page 19: La production biologique de la pomme de terre

HYDROPHYLLACÉES : La phacélie a un système racinairetrès important et ramifié qui retient fortement le sol.Elle tolère plusieurs types de sol, mais préfère les solslégers. Elle est souvent considérée comme une plantenématicide et attire un grand nombre d’insectes auxil-liaires (syrphides, carabes, trichogrammes). Elle estcependant chère à ensemencer.

LÉGUMINEUSES : Elles utilisent l’azote atmosphérique etle transforment en azote organique qui sera rapidementdisponible à la culture suivante. Une certaine partie decet azote est aussi disponible aux cultures qui leur sontassociées durant la saison.

POLYGONACÉES : Le sarrasin est reconnu pour sa capacitéà combattre les adventices non seulement en les étouf-fant, mais aussi par les substances qu’il dégage lors desa décomposition et qui empêchent la germination desgraines de mauvaises herbes. C’est pourquoi il fautattendre 45 jours avant de réensemencer après sonenfouissement. C’est une espèce à croissance rapidequi a la capacité d’extraire des minéraux insolubles enterre pauvre.

Les engrais verts en culture dérobée sont les plusfréquemment ensemencés au Québec. La plupart sontde la famille des crucifères (moutarde blanche, radishuileux, canola, etc.), car celles-ci ont une croissancerapide et se développent bien sous les conditionsfraîches et humides de la fin de l’été.

Le seigle d’automne est aussi une excellente espèce àutiliser comme engrais vert en culture dérobée. Il estrésistant aux gels hâtifs; son système racinaire se

développe rapidement, ce qui assure une très bonneprotection du sol. De plus, il est un excellent précédentà la pomme de terre, car il nettoie le sol des pathogènes.

Dans le cas d’une rotation incluant une prairie detrèfle, la dernière coupe n’est pas prélevée, maisenfouie comme engrais vert l’année précédant lapomme de terre. Le mélange des espèces à prédomi-nance de légumineuses que constitue la prairie à basede trèfle est un excellent conditionneur de sol etfournira une bonne quantité de l’azote nécessaire à lapomme de terre.

L’engrais vert de pleine saison sera utilisé pour préparerde nouvelles terres ou encore pour reconditionner uneterre épuisée et endommagée. On doit l’enfouir avantla formation des grains. Il faudra peut-être semer unengrais vert dérobé par la suite afin de ne pas laisser lesol nu trop longtemps.

Enfouissement

Principes à respecter1.Enfouir l’engrais vert suffisamment longtemps (aumoins 2 semaines) avant le semis ou la plantation dela culture suivante. Il pourrait y avoir un effet dépres-sif à la suite d’un apport de matières organiquesfraîches, causé par :� une confiscation momentanée de l’azote pour ladégradation des matériaux plus ligneux;

� un antagonisme entre la microflore de décomposi-tion et la microflore symbiotique qui entoure lesracines et facilite l’absorption des nutriments.

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DATES DE SEMIS POUR LES CULTURES DÉROBÉES

Légumineusesavant le 15 août pour le centre et le sud du Québec;

le 1er août au plus tard pour l’est du Québec

Crucifèresdu début à la mi-août

Céréalesavant le 1er septembre

Seigle ou blé d’automneavant le 15 septembre

Phacéliedu début à la fin août pour le centre et le sud du

Québec; le 15 août au plus tard pour l’est du Québec

Source : Lemay M. (1994)

EXEMPLES D’ASSOCIATION D’ENGRAIS VERTSAVEC LEUR TAUX DE SEMIS

Avoine (79 kg/ha) - pois Lenca (34 kg/ha) -vesce (22 kg/ha)

Avoine (100 kg/ha) - pois (50 kg/ha)

Seigle (100 kg/ha) - vesce (10 - 25 kg/ha)La vesce est semée à la volée, au printemps,quand la céréale a environ 10 cm de hauteur

(5 à 6 feuilles).

Phacélie (8 kg/ha) - sarrasin (40 kg/ha)

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2.Favoriser la décomposition rapide de l’engrais vertpar :� une incorporation superficielle des résidus;� une richesse suffisante en azote;� la présence d’activateurs (phosphate, carbonate decalcium et magnésium, compost).

La décomposition et la minéralisation du matériel seferont plus ou moins rapidement selon sa nature et samaturité. En règle générale, on cherchera à produire unmatériel vert et tendre, rapidement minéralisable, quiproduira peu d’humus mais fournira de bonnes quan-tités de nutriments aux plantes et aux organismes du sol.

Il est recommandé d’enfouir partiellement l’engrais vertpar un passage de chisel peu profond ou par la herse àroulette lorsque le sol aura atteint une températureinférieure à 10 °C, à l’automne (vers la mi-octobre), aulieu de pratiquer un labour profond. Les résidus laissésen surface par cet enfouissement partiel protégeront lesol contre l’érosion. Cependant, si on fait face à unproblème de mauvaises herbes ou encore si on a utiliséle seigle d’automne avant une culture de pomme deterre, un labour peu profond, jeté à plat, permet de biendétruire la végétation tout en ameublissant le sol.

Quelques passages de cultivateur au printemps suivant,avant la plantation des pommes de terre, aérera etmélangera les matières végétales enfouies à l’automneprécédent, stimulant leur décomposition par les micro-organismes du sol. On peut aussi attendre au printempspour enfouir les engrais verts, surtout si les conditionssont trop humides pour travailler le sol à l’automne ousi on a utilisé des espèces qui seront détruites par le gel.Le sol restera sous couvert végétal plus longtemps.

PHOSPHORE

Phosphate de roche

Le phosphate de roche est disponible sous deux appel-lations : le phosphate naturel et le phosphate colloïdal.Pour être efficace, le phosphate de roche doit être fine-ment moulu. Il peut provenir de différentes parties duglobe et n’aura ni la même granulométrie, ni la mêmedureté, ni la même valeur fertilisante d’une provenanceà l’autre. Le phosphate naturel de Tunisie est, aumoment où nous écrivons ces lignes, le plus tendredonc celui où le phosphate est le plus disponible. Ildose 25% P2O5 total (0-25-0) et contient 7% de P2O5disponible.

Le phosphate colloïdal est un résidu de l’exploita-tion des gisements de roche phosphatée. Il contientenviron 18% de P2O5 total (0-18-0), dont 2% sontdisponibles.

Le phosphate de roche n’est pas soluble à l’eau, maisle fumier et les micro-organismes du sol contribuent àle dissoudre et à rendre disponible le phosphore qu’ilcontient. On privilégiera l’application du phosphatede roche à l’étable. Cependant, les producteursmaraîchers doivent très souvent s’approvisionner àl’extérieur en fumier à composter, n’ayant pas deproduction animale sur leur ferme. Dans ce cas, lephosphate de roche sera incorporé aux matériaux àcomposter au moment de la mise en andain. Endernier lieu, il pourra être appliqué sur le sol immé-diatement sous l’application de compost à raisond’une dose maximale de 1 tonne/hectare.

Le phosphate de roche contient aussi près de 33% decalcium dont il faut tenir compte dans l’évaluation denos apports. Le phosphate naturel est peu efficace dansles sols dont le pH est supérieur à 6,0, car il faut une cer-taine acidité pour solubiliser cette forme de phosphore.Dans le cas des sols dont le pH est supérieur à 6,0, ondoit soit l’incorporer au fumier, soit faire travailler lesengrais verts. L’utilisation du trèfle à l’intérieur d’unerotation rend la fertilisation à base de phosphate naturelplus efficace. Les légumineuses ont un effet acidifiantsur le sol et ont la faculté de dissoudre les minérauxphosphatés. Les crucifères, quant à elles, prélèvent debonnes quantités de phosphore généralement nondisponible et le transforment en phosphore assimilable.

Seule une faible proportion du phosphore contenu dansle phosphate de roche est disponible la première année.Le reste le deviendra par l’activité des micro-organismes

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QUANTITÉ DE PHOSPHATE DE ROCHEÀ APPLIQUER

à l’étable300 g à 500 g / jour / unité animale

200 g / jour / m2 dans les étables à veaux100 g / jour / m2 dans les bergeries et porcheries

dans le compost10 à 40 kg/tonne de fumier

sur le sol1 tonne/hectare

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et des plantes au cours des années suivantes et constitueraune réserve qui pourrra durer de 5 à 10 ans.

Poudre d’os

La poudre d’os est une source de phosphore d’origineanimale. Elle est plus riche en P2O5 que le phosphate deroche, et le phosphore y est plus disponible. Elle con-tient 2% d’azote et de 11 à 22 % de P2O5 disponible.La poudre d’os pourra être utilisée sur de petites super-ficies en début de culture maraîchère ou pour des solsen voie de transition à l’agriculture biologique, ouencore pour ceux dont le pH est près de la neutralité(7,0). En règle générale, elle ne sera pas utilisée sur degrandes superficies, car elle est très coûteuse.

Potassium

Le compost à base de fumier animal est la source depotassium à privilégier. Le potassium étant très sensibleau lessivage, le compost doit être protégé de la pluie etdes eaux de la fonte des neiges. Le producteur qui faitface à une carence chronique en potassium pourraitutiliser des fumiers très riches en cet élément pour faireson compost. Par exemple, les fumiers de volailles, demoutons et de chèvres contiennent environ trois foisplus de K2O que les fumiers de bovins.

Le sulfate de potassium et de magnésium et le sulfatede potassium peuvent être utilisés en agriculturebiologique lorsque des analyses de sol indiquent unecarence en cet élément. Le sulfate de potassium et demagnésium (Sul-Po-Mag) provient d’un minerai (lelangbéinite) broyé et ne subit aucun autre traitement.Il contient 22 % de K20 et 11 % de Mg. Quant au sul-fate de potassium, seul le produit minier est accepté. Il

contient environ 50% de K2O et 1,2 % de Mg. Il serautilisé pour corriger une carence en potassium lorsquele magnésium est à un niveau suffisant. Certainsorganismes de certification ne l’acceptent que pour lesproductions en serre. Par ailleurs, il semble que tout lesulfate de potassium vendu au Québec proviendrait degisements naturels et que le seul traitement qu’il subitest un broyage mécanique. Ce sera à chaque produc-teur de vérifier auprès de son fournisseur et de sonorganisme de certification, s’il y a lieu.

Le basalte (3,6 % K2O et 5,5 % Mg) et la glauconite(7 % K2O et 18 % Mg), quant à eux, libèrent peu depotassium et fournissent du magnésium en plus oumoins grande quantité. Ils peuvent être utilisés pourcombler des besoins en potassium si les carences enmagnésium sont importantes.

La cendre de bois est riche en potassium, mais elle aaussi un pouvoir alcalinisant très important dont il fauttenir compte. Sa teneur en éléments minéraux et sonpouvoir alcalinisant seront fonction du bois dont elleest issue et de la façon dont elle a été obtenue (poêledomestique ou brûleur industriel). Il est possible d’ef-fectuer un lessivage de la cendre pour diminuer sonpouvoir alcalinisant. Il suffit de la faire tremper dans del’eau pendant trois jours pour extraire près de 70% dupotassium qu’elle contient. Si le trempage dure pluslongtemps, peu de potassium supplémentaire sera dis-sout, mais le pouvoir alcalinisant, lui, sera augmenté.

Le tableau 6 résume les valeurs fertilisantes des princi-paux engrais minéraux utilisés en agriculture biologique.Il est à noter que tous ces fertilisants contiennent desoligo-éléments en plus ou moins grande quantité.

G E S T I O N D E L A F E R T I L I T É 19

COMPOSITION MINÉRALEDES PRINCIPAUX FERTILISANTS PHOSPHATÉS ET POTASSIQUES

Fertilisants N total P2O5 disponible K2O Calcium Magnésium(%) (%) (%) (%) (%)

Basalte 3,6 3 3,3Cendre (valeur moyenne) 1,8 5,5 à 10 23,3 2,2Glauconite 7 18Phosphate naturel 0 3 à 7 33Phosphate colloïdal 0 2 27 0,2Poudre d’os 2 à 4,5 11 à 22 20 à 25Sulfate de potassium 50 1,2Sul-Po-Mag 22 11

T A B L E A U 6

Page 22: La production biologique de la pomme de terre

Calcul du bilan prévisionnel de la fertilitéLa matière organique, les engrais verts, les compostscontribuent à rendre le sol fertile et apte à produire unbon rendement de pommes de terre de qualité. Il estutile d’analyser les apports de chacun afin de vérifiers’ils seront suffisants pour combler les besoins de lapomme de terre.

Une des meilleures façon de vous expliquer commentfaire les différents calculs est de vous donner un exemple.Pour éviter toute confusion, les données se rapportant àl’exemple seront en italique.

APPORT DE LA MATIÈRE ORGANIQUE DU SOL

La quantité d’azote fournie par le sol est complexe àévaluer, car elle dépend de plusieurs facteurs tels lescaractéristiques du sol, l’activité biologique, les con-ditions climatiques, l’arrière-effet des engraisorganiques, etc.

Une méthode très approximative consiste à calculer quechaque pourcentage (%) de matière organique au-dessus de 3% fournit 15 kg/ha d’azote (N). Par exemple,si votre analyse indique un taux de 5% de matièreorganique, votre sol minéralisera environ 30 kg/had’azote au cours de l’été.

La fourniture d’azote d’un sol au moyen des coeffi-cients de minéralisation (K2) est une méthode un peuplus précise, car elle tient compte du type de sol et descultures. Les coefficients de minéralisation serontfaibles dans les sols lourds et compactés (0,8 à 1%),moyens dans les loams et les argiles structurées (1,2 à1,5%), et élevés dans les sables (2 à 2,5%). De plus, lecoefficient K2 sera faible dans les prairies alors qu’il seraélevé dans les cultures sarclées.

Pour calculer la fourni-ture d’azote de notresol, l’analyse de cedernier devrait indiquerle pourcentage d’azote(N) total. Lorsque cetteinformation n’est pasdisponible, on peut cal-

culer la teneur en azote d’un sol à partir de son rapportC/N et du taux de matière organique (M.O.) en utilisantla formule suivante :

% N = M.O. (%)C/N x 1,724

Exemple5 % = 0,23 % N total

12,4 x 1,724

(C/N moyen des sols au Québec : 12,4)

Sachant que : % x 10 000 = ppm,et que ppm x 2,24 = kg/ha,on évalue l’azote qui sera minéralisé au cours de la sai-son de cette façon :

% N x 10 000 x 2,24 x K2 = kg/ha N minéralisé

Exemple0,23% N x 10 000 x 2,24 = 5 152 kg/ha

de N dans notre sol dont 1,5 % (K2) seront minéralisés;soit : 5 152 x 1,5% = 77 kg/ha

de N minéralisé au cours de la saison.

Compte tenu que la culture de pomme de terre est enrangée et que toute la surface du sol ne sera pasoccupée par les racines, on estime qu’approximative-ment 75% de cet azote minéralisé sera disponible à laculture, soit : 77 kg/ha x 75% = 58 kg/ha N

AZOTE RÉSIDUEL

Les recherches tendentà démontrer que l’azoteminéral disponible àl’automne ne sera pasentièrement lessivé etqu’une partie seradisponible au printempssuivant. On peut con-naître la teneur du sol enazote minéral résiduelen prenant un échantillon, tôt au printemps, dont onanalysera la teneur en nitrate. On peut retrouver de 5 à20 ppm d’azote minéral résiduel au printemps, dont onestime que le coefficient d’utilisation sera de 50%.

Par exemple, si votre sol contient 10 ppm d’azoteminéral au printemps, il y aura :

10 ppm N x 2,24 x 50% = 11,2 kg/ha Nde disponible pour la culture.

G E S T I O N D E L A F E R T I L I T É20

EN CULTURE

DE POMME DE TERRE,AU QUÉBEC,

LE COEFFICIENT

DE MINÉRALISATION K2EST ESTIMÉ À 1,5 %.

ON PEUT TENIR

COMPTE D’UNE VALEUR

APPROXIMATIVE DE

10 KG/HA D’AZOTEMINÉRAL RÉSIDUEL

SI AUCUNE ANALYSE

NE VIENT COMPLÉTER

NOTRE ÉVALUATION.

Page 23: La production biologique de la pomme de terre

APPORT DES ENGRAIS VERTS

Pour évaluer avec justesse l’apport en éléments fertilisantsdes engrais verts, ceux-ci doivent être échantillonnés etanalysés (voir l’encadré pour la méthode d’échantillon-nage des engrais verts). Cependant, si l’échantillonnagen’a pu se faire, vous pouvez vous guider à partir dutableau 7, qui donne des moyennes de certains élé-ments contenus dans les parties aériennes de plusieursengrais verts ensemencés en fin d’été. Vous pourrezavoir ainsi une approximation de l’apport de votreengrais vert. Cependant, la croissance de ces engraisverts et, par conséquent, leur contenu en élémentsnutritifs dépend de la fertilité du sol dans lequel ilssont ensemencés, des conditions climatiques et de lapériode de croissance. Il est donc nettement préférabled’échantillonner vos propres engrais verts.

Calcul de l’apport fait par les engrais verts

Imaginons que vous avez échantillonné votre prairie detrèfle vers le début d’octobre et que.....

Vos 3 m2 de matière fraîche pèsent 8,8 kg; la biomasseverte de votre champ est donc de :

8,8 kg / 3 m2 x 10 000 m2 /ha= 29 333 kg/ha(1 ha = 10 000 m2 )

Vos résultats d’analyse vous indiquent :m.s. 16,5%; N : 1,8%; P : 0,23%; K : 2,12%

La valeur des éléments est en % de la matière sèche(m.s.); c’est pourquoi vous devez maintenant convertir le

rendement du champ en kg/ha de matière sèche :

29 333 kg/ha x 16,5% m.s.= 4 840 kg/ha de m.s.

G E S T I O N D E L A F E R T I L I T É 21

MÉTHODE D’ÉCHANTILLONNAGEDES ENGRAIS VERTS

Peu de temps avant l’enfouissement, prélever 3échantillons de 1 m2, au hasard dans le champ, auxendroits les plus représentatifs. Couper les partiesaériennes à ras le sol. Ne pas prendre les racines nile sol. Peser le matériel frais et noter le poids. Pourconnaître le poids du matériel frais, peser le sacplein, le vider et peser le sac vide. Soustraire le poidsdu sac vide de votre première pesée; vous aurezalors le poids du matériel frais. Remplir ensuite les3/4 d’un sac de plastique de grosseur moyenne avecune partie du matériel frais et bien mélangé pourl’envoyer aussitôt au laboratoire d’analyse (il ne fautpas que la décomposition commence ni que lematériel perde son humidité). Faire analyser lesparamètres suivants : % de matière sèche, rapportC/N, N, P, K, Ca, Mg et B.

Vous pouvez faire sécher votre matériel avant del’envoyer au laboratoire d’analyse et ainsi éviter qu’ilne se détériore avant de parvenir au laboratoire.Peser une certaine quantité de matériel frais (environ50 g), le noter et de le faire sécher au four à micro-ondes par périodes de 60 à 90 secondes à intensitémaximale, en incluant un petit verre d’eau. Brasserle matériel et refaire sécher. Lorsque le matériel sem-ble sec, le peser, remettre au four à micro-ondes etrepeser; répéter jusqu’à ce que le poids ne changeplus.

Calculer le % de matière sèche comme suit :poids du matériel sec x 100poids du matériel frais

QUANTITÉ D’ÉLÉMENTS CONTENUS DANS LES PARTIES AÉRIENNES DE QUELQUES ENGRAIS VERTS D’AUTOMNE

Espèce Rendements Prélèvements par les parties aériennesmatière sèche (kg/ha)

(t/ha) N P2O5 K2O

Avoine 3,2 - 4,1 89 - 108 37 - 46 174 - 275Colza (canola) 2,4 - 5,1 70 - 170 27 - 69 134 - 329Moutarde blanche 1,9 - 5,5 89 - 200 30 - 55 144 - 300Phacéllie 1,4 - 2,8 47 - 109 23 - 57 73 - 222Radis huileux 2,4 - 5,3 75 - 200 30 - 66 122 - 283Seigle d’automne 2,4 - 2,5 77 - 99 27 - 39 104 - 155Vesce 1,7 - 5,0 78 - 185 15 - 35 58 - 155

Source :Millette, 1992 et Jobin et Douville, 1997.

T A B L E A U 7

Page 24: La production biologique de la pomme de terre

Vous pouvez maintenant évaluer la quantité de chaqueélément contenu dans votre engrais vert.

N : 1,8% x 4840 kg/ha = 87 kg/haP : 0,23% x 4840 kg/ha = 11 kg/haK : 2,12% x 4840 kg/ha = 103 kg/ha

Tous ces éléments ne sont pas disponibles la premièreannée. Le tableau 8 nous donne les coefficients

d’efficacité (valeur fertilisante) des principaux élémentsfournis par les engrais verts.

Valeur fertilisante des éléments de notre exemple :N : 87 x 50%= 44 kg/haP : 11 x 80%= 8,8 kg/ha

K : 103 x 100 %= 103 kg/ha

Vous avez donc un total de 112 kg/ha d’azote(44 kg/ha fournis par l’engrais vert, 10 kg/ha d’azoterésiduel et 58 kg/ha fournis par la matière organique)qui seront rendus disponibles lors de la minéralisation

par les micro-organismes.

La pomme de terre demande entre 125 et 175 kg/hade N selon les variétés et la destination de la récolte. Lecompost devra fournir la différence.

APPORT DU COMPOST

Votre compost doit être analysé pour en connaître lavaleur fertilisante. Les matériaux de base et la maturitédu compost vont varier d’une fois à l’autre, et la seulefaçon de savoir ce que vous avez entre les mains, ce quevous appliquez sur votre sol, c’est de le faire analyser.

Les éléments nutritifs du compost ne sont pasdisponibles à 100% la première année. Quoique l’on neconnaisse pas encore avec précision les coefficients d’ef-

ficacité du compost, on pense qu’ils devraient être trèssemblables à ceux du fumier pailleux en ce qui con-cerne le phosphore et le potassium. Quant à l’azote, saminéralisation est très variable selon les conditions cli-matiques, les types de sol et les types de compost. Letableau 9 nous indique les coefficients d’efficacitémoyens pour un compost à base de fumier de bovin.

Dans le cas du compost, il n’y aura sans doute pas depertes d’azote dues à la période d’épandage, car celui-ci est lié à la matière organique. Cependant, il peut yavoir des pertes de phosphore et de potassium dues àla rétroversion, à la fixation ou au lessivage. Le tableau10 donne les facteurs de division permettant de calculerles pertes de P et K en fonction des dates d’épandage.

Comme on évalue nos apports en fonction d’une culturede pomme de terre qui suit une culture d’engrais vert etune application de compost, on considère que ce derniera été appliqué à l’automne. De plus, on suppose que lepotassium du compost est entièrement recyclé dansl’engrais vert; ils ne s’additionnent donc pas.

G E S T I O N D E L A F E R T I L I T É22

COEFFICIENTS D’EFFICACITÉDES ENGRAIS VERTS

N P K(%) (%) (%)

50 80 100

Source : A. Brunelle (1990)

T A B L E A U 8

COEFFICIENTS MOYENS DES ÉLÉMENTS FERTILISANTSD’UN COMPOST À BASE DE FUMIER DE BOVIN

N P K(%) (%) (%)

20 65 80 à 100

Note : pour le K, utiliser le plus faible pourcentage lorsquele niveau de fertilité du sol est faible.

Source : adapté de Grilles de référence en fertilisation,CPVQ, 1996 et R. Robitaille (1998)

T A B L E A U 9

FACTEURS DE DIVISION À UTILISERDANS LE CALCUL DES PERTES D’EFFICACITÉDE P ET K LIÉES À LA DATE D’ÉPANDAGE

Période d’épandage P KSable Autres sols

Printemps-été 1 1 1Automne 1,6 1,4 1,1

Source : Grilles de référence en fertilisation, CPVQ, 1996

T A B L E A U 1 0

Page 25: La production biologique de la pomme de terre

Continuons notre exemple.

Votre compost a été analysé et il dose :

N : 8,21 kg / tonneP : 4,80 kg / tonneK : 3,05 kg / tonne

La variété que vous prévoyez cultiver nécessite150 kg/ha d’azote. Votre engrais vert, la matièreorganique et votre sol fournisssent 112 kg/ha de N

(tel que calculé précédemment). Il reste donc à fournir38 kg/ha d’azote par le compost.

Quantité de compost à appliquer pour avoir 38 kg/ha N

Coefficient d’efficacité 20% :38 kg/ha ÷ 20% = 190 kg/ha

L’analyse indique que le compost contient8,21 kg/tonne de N

Quantité à appliquer : 190 kg/ha ÷ 8,21 kg/t = 23 t/ha

Vous appliquerez donc 23 tonnes de compost parhectare pour vous assurer de fournir 150 kg/ha d’azoteà vos pommes de terre. Le compost apportera aussi desquantités non négligeables de P, K, Ca, Mg et plusieurs

oligo-éléments.

L’idéal maintenant est de mettre tous ces résultats dansun même tableau pour avoir une vue d’ensemble.

N’oubliez pas que 54 kg/ha de Péquivaut à 124 kg/ha de P2O5

et que 103 kg/ha de K équivaut à 124 kg/ha de K2O.Ces valeurs sont adéquates si votre sol

a une bonne fertilité (voir la grille de fertilisationet les équivalences à l’annexe 1).

Suivi des nitratesIl est possible de connaître assez justement la disponi-bilité de l’azote tout au long de la saison en analysant lateneur du sol en azote sous forme nitrate (N-NO3).L’échantillonnage du sol est fait sur une profondeur de0 à 30 cm à plusieurs endroits dans le champ. La terreest ensuite mélangée et émiettée pour en obtenir unmatériel homogène dont on prélève un échantillon quel’on fait sécher aussitôt que possible pour minimiser latransformation des nitrates. Pour ce faire, on peut soitétendre la terre sur un papier journal, dans un endroitchaud, pendant une douzaine d’heures, soit l’étendre surune tôle à biscuits et la mettre dans un four chauffé de 93à 107 °C (200 à 225 °F). Reste ensuite à la faire analyserpar un laboratoire d’analyse de sol. Il y a aussi, sur lemarché, des ensembles d’analyse pour les nitrates trèsvalables, avec lesquels vous pouvez faire l’analyse vous-même et suivre l’évolution des nitrates dans votre sol.

On évalue que, lorsque le sol contient plus de 25 ppmde N-NO3 au moment de la plantation et entre 20 et25 ppm de N-NO3 lors du grossissement des tubercules,l’azote est en quantité suffisante pour la croissance despommes de terre.

L’évolution des nitrates a été suivie pendant deux annéesconsécutives par le Centre d’agriculture biologique de LaPocatière dans des champs en production biologique depommes de terre. Une rotation de trois ans (céréalegrainée-prairie de trèfle-pomme de terre), un apport decompost l’année précédant la pomme de terre et l’en-fouissement de la dernière coupe de la prairie ont étépratiqués tels que décrit dans le présent guide. Les analy-ses de sol ont clairement démontré que cette forme degestion de la production peut fournir suffisamment d’a-zote tout au long de la saison. Le niveau des nitrates aaugmenté rapidement en début de saison pour ensuiteredescendre graduellement au fur et à mesure que lesplants grossissaient et absorbaient l’azote disponible. Ils’est stabilisé entre 15 et 20 ppm vers la fin floraison, etce, pour toute la période du grossissement des tuber-cules.

G E S T I O N D E L A F E R T I L I T É 23

P : 23 t/ha x 4,8 kg/t x 65% 1 ÷ 1,6 2 = 45 kg/haK : 23 t/ha x 3,05 kg/t x 100% 1 ÷ 1,1 2 = 64 kg/ha

1 Coefficient d’efficacité2 Facteur de division - automne

SOMMAIRE DES APPORTS DE L’EXEMPLE

Apport N P K(kg/ha) (kg/ha) (kg/ha)

Matière organique 58 - -Azote résiduel printemps 10 - -Engrais vert 44 9 103Compost (23 t/ha) 38 45 64*Total 150 54 103

* On suppose que 100% du compost est recyclédans l’engrais vert

T A B L E A U 1 1

Page 26: La production biologique de la pomme de terre

Période optimale de commercialisation en mois

ERAMOSA (Primeur)

AC BELMONT (Primeur)

SUPERIOR

KENNEBEC

Juille

t

Août

Sept

embr

e

Oct

obre

Nov

embr

e

Déce

mbr

e

Janv

ier

Févr

ier

Mar

s

Avril

Mai Juin

Juille

t

Période optimale de commercialisation en mois

NORLAND

CHIEFTAIN

Juille

t

Août

Sept

embr

e

Oct

obre

Nov

embr

e

Déce

mbr

e

Janv

ier

Févr

ier

Mar

s

Avril

Mai Juin

Juille

t

Période optimale de commercialisation en mois

HILITE RUSSET

SHEPODY

Juille

t

Août

Sept

embr

e

Oct

obre

Nov

embr

e

Déce

mbr

e

Janv

ier

Févr

ier

Mar

s

Avril

Mai Juin

Juille

t

Période optimale de commercialisation en mois

YUKON GOLD

Juille

t

Août

Sept

embr

e

Oct

obre

Nov

embr

e

Déce

mbr

e

Janv

ier

Févr

ier

Mar

s

Avril

Mai Juin

Juille

t

RONDES BLANCHES

ROUGES

CHAIR JAUNE

LONGUES

UTILISATIONTYPE DE CUISSON BOUILLIE PURÉE FOUR FRITE SALADE

Juin1997

PLANCHE COULEUR 1

Page 27: La production biologique de la pomme de terre

PLANCHE COULEUR 2

Ravageurs

Symptômes de mildiou à la face inférieured’une feuille de pomme de terre

Grappe d’œufs de doryphore

Larve de doryphore, dernier stade

Pucerons de la pomme de terre(Macrosyphum euphorbiæ)

Doryphore adulte, très jeune

Symptômes de mildiou à la face supérieured’une feuille de pomme de terre

Léon Tartier, MAPAQ

Léon Tartier, MAPAQ

Bernard Drouin, M

APAQ

Bernard Drouin, M

APAQ

Bernard Drouin, M

APAQ

Bernard Drouin, M

APAQ

Page 28: La production biologique de la pomme de terre

PLANCHE COULEUR 3

Alliés

Coccinelle maculée (coleomegilla maculata)adulte

Coccinelle maculée (coleomegilla maculata)au stade larvaire

Bernard Drouin, M

APAQ

Bernard Drouin, M

APAQ

Punaise masquée (perillus bioculatus) adultesuçant une larve de doryphore

Punaise masquée(perillus bioculatus)au stade pré-adulte

Conrad Cloutier, Université Laval

Lebia grandis attaquantune grappe d’œufs de doryphore

Potato Health

Managem

ent, APS Press

Punaise à ventre taché (podisus maculiventris)

MG, M

APAQ

Conrad Cloutier, Université Laval

Page 29: La production biologique de la pomme de terre

PLANCHE COULEUR 4

De gauche à droite et de haut en bas :

1 Papillon monarque sur une tige de menthe (Photo Roll

Grenier)

2 Ancolie vulgaire — Aquilegia vulgaris (Photo Roll Grenier)

3 Amélanchier — Amelanchier canadensis (Photo Roll Grenier)

4 Kalmia — Kalmia augustifolia (Photo Roll Grenier)

5 Tanaisie — Tanacetum vulgare (Photo Roll Grenier)

6 Lobélie cardinale — Lobelia cardinalis (Photo Steven Still)

7 Épervière orangée — Hieracium aurantiacum (Photo Roll

Grenier)

8 Rudbeckie — Rudbeckia hirta (Photo Steven Still)

Page 30: La production biologique de la pomme de terre

Il est fortement recommandé de vous procurer de lasemence certifiée (classes ELITE, FONDATION ou CERTI-FIE). Les semences de pomme de terre sont produites defaçon végétative, c’est-à-dire qu’on utilise les tuberculesproduits une année pour ensemencer la production del’année suivante. Les virus et les bactéries sont ainsitransmis de tubercule mère à tubercules filles. Commeplusieurs maladies s’attaquent aux pommes de terre,plus elles auront été reproduites en champ, plus ellescourent de risques d’avoir contracté des maladies. Deplus, si vous tranchez les tubercules pour votre planta-tion et si ceux-ci sont infectés, vous multipilez parautant de plantons le nombre de plants qui serontinfectés dans votre champ, mais aussi, vous avez infec-té vos couteaux et vous transmettez ainsi la maladieaux tubercules sains.

Le système canadien de production de semences certi-fiées est reconnu dans de nombreux pays. Les semencesde pomme de terre sont d’abord épurées au moyen dela thermothérapie et du prélèvement de méristème. Siles tests démontrent que les plantules sont exempts demaladies, ils sont propagés par microbouturage et cul-ture en éprouvette. Par la suite, on procède à leur mul-tiplication en serre. Tant que les plants n’ont pas étéproduits en champ, ils sont appelés plants nucléaires.La première récolte effectuée en champ devient PRÉ-ELITE, la deuxième ELITE I, et ainsi de suite jusqu’àELITE IV, puis FONDATION et finalement CERTIFIE. Unesemence de classe CERTIFIE a donc connu une cultureen champ pendant 7 ans (à moins qu’elle ait étédéclassée en cours de route). Les semences certifiées nesont pas à l’abri des maladies, mais les inspecteurs del’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA)

surveillent les productions de près afin que celles-cirépondent aux normes.

Le tableau 12 donne une brève description dequelques variétés parmi les plus intéressantes.

Façons culturalesLa plupart des techniques culturales utilisées en culturebiologique de pommes de terre diffèrent peu de cellesde l’agriculture conventionnelle. Le Guide de culturedes pommes de terre du Conseil des productions végé-tales du Québec (CPVQ) est une excellente référenceconcernant ce sujet. Les techniques culturales serontabordées ici de façon assez sommaire afin que chacunpuisse y trouver des données de bases qui pourrontêtre complétées et approfondies en consultant le guidedu CPVQ ou d’autres références.

PLANTATION

Il est préférable de planter les tubercules ronds afind’éviter la propagation des maladies. La températuredu sol au moment de la plantation devrait être d’aumoins 8 degrés Celsius à 10 cm de profondeur. Un solplus froid ralentira la germination et favorisera la pour-riture des plantons. Dans le cas de plantation de dif-férentes variétés, il est conseillé de planter les variétéshâtives deux semaines après la plantation des variétéssemi-tardives. Ainsi, la récolte se fera en même tempspour toutes les variétés, et les températures seront plusfraîches au moment de la récolte, donc favorables à laconservation. Par contre, les variétés qui seront des-tinées à la vente de primeur seront mises en terre aus-sitôt que possible.

P R O D U C T I O N24

PRODUCTIONChoix des semencesAu Québec, la Superior, la Chieftain et la Kennebec sont les variétés les plus cultivées.Il y en a de nombreuses autres. En fait, plus de 150 variétés sont présentementenregistrées au Canada. Les variétés de mi-saison à tardives sont tout indiquées pourla conservation tandis que les variétés très hâtives seront préférées pour la vente deprimeur et la consommation immédiate. Si vous choisissez des variétés de mi-saisonou des variétés tardives, vous devez prendre en considération qu’il faudra proba-blement les défaner, c’est-à-dire détruire le feuillage, de deux à trois semainesavant la récolte, car elles n’ont souvent pas le temps de parvenir à maturité sousnotre climat. Par ailleurs, il peut être intéressant de récolter tôt une certaine partiede la production, car les prix pour les pommes de terre de primeur sont souventmeilleurs que ceux obtenus lors de la période de récolte intensive.

Page 31: La production biologique de la pomme de terre

P R O D U C T I O N 25

DESCRIPTION DE VARIÉTÉS DE POMMES DE TERRE

Variété Maturité Tubercules Qualités culinaires Caractéristiques

VARIÉTÉS DESTINÉES À LA VENTE DE PRIMEUR

Ac Belmont précoce peau chamois et chair bonne bouillie résistante à la verticillioseblanche, tubercule rond et cuite au four et à l’enroulement, sensible au

mildiou et à la gale communeEramosa très précoce peau chamois lisse et excellente bouillie résistante à la gale commune

propre, chair blanche, à la récolte, passable et à l’enroulement;tubercule ovale et cuite au four sensible à la tache argentéesemi-aplati

Jemseg précoce peau tan, chair blanche, bonne bouillie résistante à plusieurs virus;belle apparence, et cuite au four modérément sensible à la galetubercule oblong, commune; sensible au doit être planté rond cœur creux et à l’enroulement

VARIÉTÉS BONNES POUR LA CONSERVATION

Chieftain mi-saison rouge vif à chair blanche; bonne à excellente résistante au mildiou, à la galetubercule ovale, belle bouillie; bonne pour commune,à la verticilliose;apparence, se conserve les croustilles à la sensible à l’enroulementbien; bonne aptitude récolte, excellente et à la jambe noireau lavage à maturité pour les frites

Hilite hâtive peau roussetée, chair excellente bouillie résistante à la gale commune; Russett blanche, tubercule et cuite au four sensible à la brûlure

allongé, de belle alternarienne et au syndrômeapparence, se conserve de mort précocebien jusqu’en mars

Kennebec mi-saison peau chamois, chair bonne à excellente résistante au mildiou du feuillageblanche; nombreux bouillie, cuite au four, et à la jambe noire,et gros tubercules; pour les frites sensible au mildiou du tubercule,excellente conservation et pour les croustilles à la verticilliosesur une longue période et à la gale commune

Shepody mi-saison peau chamois, chair très bonne bouillie et sensible à la gale commune,blanche; tubercule cuite au four; excellente au mildiou et à l’enroulementde forme allongée pour les frites

Yukon Gold mi-saison peau blanc jaunâtre, très bonne bouillie très résistante au virus A;chair jaune, de forme et cuite au four modérément résistanteovale, excellente pour à l’enroulement; sensiblela conservation à la gale commune

VARIÉTÉS BONNES POUR UNE COURTE CONSERVATION (DÉCEMBRE AU PLUS TARD)Caribe précoce peau lisse et bleutée, bonne bouillie, modérément résistante à la gale

chair blanche; belle passable cuite au four, commune et à l’enroulement;apparence, bonne pour les frites sensible au mildiouconservation mais perd et pour les croustillesde sa couleur avecle temps

Norland hâtive peau rouge à chair très bonne bouillie modérément résistante à la galeblanche; s’adapte bien et pour les frites; et à l’enroulement, sensible à laà divers types de sols, passable cuite au four jambe noire et au mildiousensible à la sécheresse

Superior hâtive peau crème, chair blanche; bonne bouillie, Moyennement résistante à la galeà bien adapté à la récolte passable cuite au four commune; sensible à la jambemi-saison mécanique, tubercule et pour les frites noire, au mildiou, à l’enroulement

rond de taille uniforme et la verticilliose

Précoce : moins de 80 jours Hâtive : 75 à 90 jours Mi-saison : 95 à 125 jours (parfois plus)

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Préparation du sol

Les sols loameux et les sols argileux seront ameublis enprofondeur par un labour ou un chisel à l’automne précé-dent, ce qui permettra de préserver la stabilité struc-turale. Au printemps, pour compléter la préparation du litde semence, un ou deux hersages viendront mélanger lesengrais verts et le compost, aérant le milieu et stimulantl’activité biologique. Les sols sableux, dans les régions oùles conditions climatiques le permettent, profiteront d’unpassage de chisel au printemps au lieu de l’automne; lesol sera ainsi plus longtemps sous couvert végétal.

Profondeur de plantation

Les tubercules sont plantés à 5 cm de profondeur, nonpas au niveau du sol avec ajout de 5 cm de terre maisbien sous le niveau du sol. Ce dernier sera nivelé aprèsla plantation; de cette façon, le planton sera moinssujet à souffrir de la sécheresse.

Distance de plantation

L’espacement le plus recommandé entre les rangs estde 91 cm. Il va sans dire que le producteur, tout enessayant de respecter cette norme, doit s’adapter à samachinerie. La distance entre les plants sur le rangdépendra de la grosseur des plantons, de la variété etde la destination de la récolte. Par exemple, on planteraplus rapprochés les plantons destinés à la productionsemence, car on cherche à produire de petits tuber-cules. Par contre, on laissera suffisamment d’espaceentre les plants pour la production de pommes de terrede consommation (généralement de 25 à 30 cm). Cer-taines variétés ont tendance à faire de gros tuberculessensibles au cœur creux; dans ce cas, on plantera plusserré sur le rang. En respectant les distances de planta-tion appropriées, le producteur optimise les rendementsde ses cultures et assure une bonne couverture végétalequi protégera le sol contre l’érosion et réduira l’incidencedes adventices.

BUTTAGE

Le buttage permet d’augmenter la couche de terremeuble autour des tubercules, ce qui les protège contrele verdissement, le mildiou et la gelée tout en facilitantl’arrachage. Le moment idéal pour cette opération est àl’apparition des boutons floraux, ce stade étant aussicelui du début de la tubérisation. Plus tôt, les stolonscontinuent de croître et on perd l’avantage du buttage;plus tard, la maturation des tubercules est retardée. Ilest déconseillé de contrôler les adventices au moyen de

plusieurs buttages, car à chaque fois que l’on butte desplants en pleine croissance, les racines de surface sontcoupées et la croissance est ralentie. Si on décide toutde même de faire plus d’un buttage, le dernier sera faitau plus tard à l’apparition des boutons floraux.

Le billon sera large à sa base et plat au sommet avecune légère dépression le long des tiges pour favoriserl’absorption de l’eau.

DÉFANAGE

Les variétés précoces et hâtives ont le temps de parvenirà maturité sous notre climat, ce qui n’est pas toujours lecas pour les variétés semi-tardives. Le défanage con-siste à détruire le feuillage pour accélérer la maturationdes plants. Lorsque les plants sont parvenus à maturité,le feuillage jaunit et se dessèche pendant que lesminéraux et les hydrates de carbone sont solubilisés etmigrent vers les tubercules. Le poids des tuberculespeut augmenter de 30% pendant cette période. Leurpeau se durcit et s’épaissit, ce qui les protège desblessures mécaniques et de l’évapotranspiration exces-sive pendant l’entreposage. Le défanage sera aussi utilisépour protéger la récolte d’un champ atteint par le mil-diou ou encore pour arrêter le grossissement des tuber-cules. Il est effectué de 2 à 3 semaines avant la récolte.

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De plus, le défanage facilite la récolte des variétés plustardives, dont le feuillage abondant viendrait ralentirles opérations de récolte.

Brûleur au propane

Le brûleur au propane (ou rampe thermique) a été util-isé avec succès pour le défanage des pommes de terreautant en conditions expérimentales que commerciales.L’appareil n’est pas encore commercialisé au Québecmais pourrait l’être. Il suffit que les producteurs agri-coles en manifestent l’intérêt. En effet, l’efficacité del’appareil a été démontrée autant pour le défanagedes pommes de terre que pour le contrôle des mau-vaises herbes et desdoryphores. Les proto-types de recherche ontune portée de six rangsoù, malgré la puissancedégagée par les brûleurs(chaque brûleur dégage500 000 BTU), le confortet la sécurité de l’opéra-teur ont été assurés.

Défanage mécanique

La destruction mécanique des fanes peut être utiliséepour hâter la maturation des tubercules, mais elle n’estpas recommandée. En effet, les bouts de tiges et lefeuillage laissés sur les rangs sont autant de sites possi-bles d’infestation et de propagation des maladies, enparticulier du mildiou. Lorsque cette méthode estutilisée, il est préférable d’enlever le feuillage au lieu dele laisser sur le champ. Si aucun symptôme de mildioun’est présent, il pourrait être composté avec d’autresdéchets organiques; sinon, il serait préférable de ledétruire, par le feu par exemple.

Alternatives

Il n’y a pas d’autre méthode inventoriée pour effectuerun défanage en culture biologique de la pomme deterre. Cependant, le Centre d’agriculture biologiqueprévoit faire des essais en ce sens avec deux produits :le sulfate de cuivre et la silice. Vous pouvez faire vous-même certains essais. Voici comment procéder pourfaire l’essai avec la silice :

La silice est une substance bien connue en bio-dynamie. Serait-elle efficace pour défaner unchamp de pomme de terre? L’expérience nous

renseignera à ce sujet. La silice intensifie lesrayons solaires en créant une multitude deloupes microscopiques sur le feuillage. Ellesera pulvérisée par temps sec et ensoleillé pourfaire l’effet d’un défanant. Elle peut êtreobtenue auprès des distributeurs d’intrants enagriculture biodynamique.

Récolte et entreposage

L’étape de la récolte est aussi importante pour lacommercialisation des pommes de terre que l’étapede la production l’a été pour les rendements. Tropsouvent, le producteur ensache un produit qui ne

répond pas aux critèresde qualité exigés par lesconsommateurs. Il aug-mente considérablementses coûts de productionlorsqu’il doit trier et retrierafin de répondre auxdemandes des transforma-teurs et des clients. Cesont des milliers de dollarsqu’il peut perdre à chaque

année à cause des blessures mécaniques excessives queles tubercules ont subies durant les opérations de récolteet d’entreposage. Cette dernière étape nécessite doncune gestion attentive des opérations et la sensibilisationdu personnel à la vulnérabilité des tubercules.

Trois types de blessure peuvent survenir pendant cesopérations : des éraflures, des déchirures et des tachesbrunes internes. Les éraflures sont superficielles et vontse subériser rapidement si les conditions le permettenttandis que les déchirures sont parfois très profondes, cequi altère grandement la qualité du tubercule. Lestaches brunes internes ne sont pas visibles au momentde l’entreposage; elles résultent des chocs et des coupsqu’aura subis le tubercule au cours des différentesétapes de la récolte. Chacune de ces blessures est uneporte d’entrée aux organismes pathogènes; elles aug-mentent les risques de contamination de la récolte enentrepôt et diminuent la qualité de la production.

Un des premiers critères à observer pour une récoltede qualité est de ne récolter que lorsque les tuber-cules sont matures (sauf pour les récoltes de primeur).À maturité, la peau des tubercules est plus épaisse, cequi les protège contre les blessures mineures et lacontamination par les organismes pathogènes. On

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Brûleur au propane Photo : Nicole Fraser

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défanera les variétés qui n’auront pas encore atteint lestade de maturité de 2 à 3 semaines avant la récolte(voir section sur le défanage).

Le second critère est d’entreposer les tubercules dansdes conditions adéquates. Avant la récolte, le producteurinspectera son système d’entreposage. Il doit nettoyerson entrepôt, le désinfecter et y faire l’entretien néces-saire en apportant une attention particulière aux portes.En effet, parce qu’elles sont beaucoup utilisées, lesportes sont les parties qui nécessitent le plus souventdes travaux d’entretien.

Un troisième critère est de commencer la récolte avecune machinerie en bonne condition. Quoi de plusstressant pour un producteur pressé par le temps qued’avoir à faire des réparations en cours d’opération?Les véhicules et l’équipement auront été nettoyés etdésinfectés pour ne pas que la nouvelle récolte soitcontaminée par des organismes pathogènes de l’annéeprécédente. Les compresseurs à eau chaude sont parti-culièrement efficaces pour ce travail. Ils seront ensuiteinspectés, les pièces usées ou défectueuses seront rem-placées et les lubrifications nécessaires seront effectuées.Tous les caoutchoucs enrobant les parties qui entrent encontact avec les tubercules doivent être vérifiés et, s’ilssont durcis ou fendus, ils seront remplacés, sinon ils nepourront protéger les tubercules contre les chocs.

Toute l’équipe de travail doit être sensibilisée à lafragilité des tubercules. Ainsi, chacun travaillera enfonction d’un même objectif d’une récolte sansblessure. La manipulation des tubercules doit toujours

se faire avec précaution. Ils ne devraient jamais faireune chute de plus de 15 cm. Les gens ne doivent pasnon plus marcher sur le tas de pommes de terre dansl’entrepôt. Lorsqu’il y a eu de la maladie au champ oudes dommages à cause du gel, les tubercules seronttriés avant l’entreposage. Les pommes de terre nedevraient pas être récoltées lorsque les températuressont inférieures à 4 °C, car les tubercules sont plus sen-sibles aux chocs à basse température. De plus, lorsquel’écart entre la température du sol et celle de l’air estgrand, les risques de fendillement sont plus élevés.

Au début de la période d’entreposage, on doit s’assurerd’une bonne ventilation à travers le tas pour permettrela subérisation des blessures, ce qui minimisera les pertespendant l’entreposage. Cette période de subérisation estessentielle et dure environ 10 jours. L’humidité relativesera maintenue à 95 % et la température à 10 °C. Par lasuite, la température sera ajustée en fonction de la des-tination de la récolte. Le tableau 13 donne les valeursrecommandées à cette fin.

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TEMPÉRATURE ET HUMIDITÉ RELATIVERECOMMANDÉES EN ENTREPÔT DE POMMES DE TERRE

Utilisation Température Humidité relative(°C) (%)

Semence 4-5 95Table 7-8 95Bâtonnets (frites) 7-10 95Croustilles 10 90

Source : Pomme de terre, culture, CPVQ (1992)

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Les mauvaises herbes ne sont pas toujours «mauvaises » :elles sont de bons indicateurs des conditions physiqueset nutritives des champs et peuvent avoir un effetbénéfique sur le sol et l’environnement. Par exemple,certaines puisent en profondeur des minérauxgénéralement peu solubles et les remettent en circula-tion, d’autres vont décompacter le sol par leurs puis-santes racines pivotantes; elles peuvent protéger le solcontre l’érosion, améliorer sa structure, absorber lesminéraux lessivables, diversifier la microflore et lamicrofaune du sol et attirer un grand nombre d’in-sectes prédateurs. N’empêche qu’on ne peut pas leslaisser compétitionner indûment les cultures.

Voici quelques exemples d’indicateurs des conditionsdu sol.

Compaction superficielleChiendent, liseron des champs, pissenlit, tussilage,marguerite, plantain, matricaire odorante.

Compaction profondeChardon des champs, asclépiade, liseron des champs,patience, pissenlit, amarante à racine rouge, bardane.

Sols très lourdsTussilage

Sols acidesPetite oseille, potentille argentée, épervière orangée,épervière jaune, marguerite, renoncule, fougère, spar-goute des champs, radis sauvage, fraisier.

Sols pauvresPetite oseille, épervière, potentille argentée, silèneenflée, spargoute des champs. La faiblesse, la pâleur etla petite taille des adventices sont aussi de bons indices.

Sols humides et mal drainésPrêle, renoncule, menthe, roseaux, carex, renouée,poivre d’eau, phragmite.

Excès d’azoteAdventices de grandes dimensions et de couleur foncée,amarante à racine rouge, chénopode, galinsoga,seneçon vulgaire, ortie royale, mouron des oiseaux,chardon des champs.

Ce classement doit être utilisé avec discernement, carles espèces de mauvaises herbes retrouvées dans unchamp ne donnent que des indices sur les conditionsdu sol. La situation réelle devra être évaluée par uneanalyse plus approfondie.Source : LaFrance, D. (1991)

Principales clés de succèspour le contrôle des adventicesINVENTORIER LES MAUVAISES HERBES DE SES CHAMPS

Noter les zones à problèmes, la sévérité de l’infestation,les espèces; remarquer les changements d’une année àl’autre en fonction des cultures, de la fertilisation. Lebut de l’exercice est de comprendre pourquoi tellemauvaise herbe pousse à tel endroit et quelles sont lesconditions qui lui sont favorables. On cherchera alors àmodifier ces conditions afin de perturber l’habitat de

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PROTECTIONAdventicesLa connaissance des adventices et de la dynamique écologique impliquée fournirontau producteur agricole des indices qui l’aideront à bien planifier ses stratégies decontrôle. En effet, les mauvaises herbes ne poussent pas toutes de la même façon,ni dans les mêmes sols, ni dans les mêmes cultures. De leur côté, les producteursbiologiques n’essaieront pas d’éliminer toutes les mauvaises herbes. Quelques-unespeuvent être tolérées en autant qu’elles n’affectent pas les rendements ni ne causentde problèmes aux opérations de récolte. Le producteur devra aussi veiller à cequ’elles n’augmentent pas la banque de graines de mauvaises herbes du sol defaçon excessive. Plusieurs annuelles vont produire d’énorme quantité de graines sion les laisse fructifier (l’amarante à racine rouge (Amaranthus retroflexux) produit110 000 graines par plant), tandis que les graines de certaines variétés (la patiencecrépue (Rumex crispus) par exemple) peuvent rester viables pendant plus de 80 ans.

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l’adventice à problème tout en améliorant les conditionspour la culture. Par exemple, la spargoute et la petiteoseille poussent généralement dans les sols pauvres. Enaméliorant la fertilité de ces sols, leur habitat est pertur-bé tandis que la croissance de la culture est favorisée.

S’ASSURER DE PRODUIRE UNE CULTURE VIGOUREUSEET COMPÉTITIVE

Lorsque la production a un bon départ et forme un cou-vert végétal dense, elle peut compétitionner avec suc-cès les mauvaises herbes. En pomme de terre, favoriserla fermeture des rangs en respectant l’espacement idéalde 91 cm, et s’assurer de fournir les nutriments etl’humidité nécessaires à la culture vont permettred’atteindre cet objectif.

PRATIQUER LA ROTATION DES CULTURES

Chaque culture est associée à certaines espèces de mau-vaises herbes; si on pratique la rotation avec des culturesnécessitant une gestion et une fertilité différentes dansun même champ, le cycle vital des mauvaises herbes estinterrompu, dérangé.

CULTIVER DES ENGRAIS VERTS AU LIEU DE LAISSERLE SOL NU EN FIN DE SAISON

Un couvert végétal dense empêchera les adventices des’implanter et, de plus, certaines plantes produisentnaturellement des toxines soit par les racines, soit parles parties végétales en décomposition, qui inhibent lacroissance des autres espèces. Ce phénomène estappelé allélopathie.

ACHETER DES SEMENCES EXEMPTES DE MAUVAISESHERBES

Pour l’ensemencement d’une prairie, par exemple, leproducteur aura avantage à acheter ses semencesséparément et à faire lui-même le mélange au lieu d’a-cheter un mélange préparé d’avance. Les semences parvariété sont généralement plus propres.

EFFECTUERLES TRAVAUX MÉCANIQUES APPROPRIÉS

Un labour, fait à l’automne ou au printemps selon le typede sol, suivi de quelques hersages, par temps sec, per-mettra de contrôler les adventices et de bien préparer lesol pour la plantation. Après la plantation, l’utilisationd’un outil de sarclage léger telles la herse peigne(LelyMC ), ou la vibrobineuse articulée (SchönbergerMC ),ou encore l’utilisation d’un brûleur au propane vontcompléter le contrôle des mauvaises herbes avant leplein développement des pommes de terre.

La herse Lely est constituée d’un cadre rigide muni detrois rangées de dents souples et ajustables. Ces dentsseront ajustées avant de commencer les opérations desarclage. Pour ce faire, placer la herse au début des rangsde pommes de terre et ajuster chacune des dents : cellesvis-à-vis de l’entre-rang seront à la tension maximaletandis que celles sur le rang seront à la tension mini-male. La herse Lely est plus efficace lorsque les rangs depommes de terre sont parfaitement équidistants;autrement, les dents les plus tendues risquent de seretrouver sur le rang et peuvent déterrer les tubercules.

La vibrobineuse articulée ressemble à une herse àpacage, mais en plus léger. Il n’y a aucun ajustementde dents à faire avant de l’utiliser; elle épouse parfaite-ment les formes du terrain, que vous ayez du talent ou

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Herse Lely Photo : Nicole Fraser

Dents ajustables de la herse Lely Photo : Robert Robitaille

Page 37: La production biologique de la pomme de terre

non pour faire des rangs équidistants. Par contre, elleest un peu trop légère là où les roues de tracteur circu-lent. On peut y remédier en fixant des dents sous letracteur, vis-à-vis des roues, et en les descendantlorsque le besoin se fait sentir.

Ces deux instruments peuvent être utilisés avant et aprèsla plantation. Un passage en pré-levée et un second enpost-levée (avant que les plants aient atteint 15 cm)permettront d’exercer un bon contrôle sur les adven-tices. Parfois, selon le degré d’infestation du champ, unseul passage en pré-levée sera suffisant. La périodepropice pour leur utilisation se situe au moment où lesadventices commencent à peine à sortir de terre (ondistingue quelques cotylédons ici et là). Idéalement, latempérature aura été humide avant le traitement etsèche après afin que, d’une part, les adventices aientl’humidité nécessaire pour germer et, d’autre part,qu’elles dessèchent après le sarclage.

Le brûleur au propane peut être utilisé simultanémentpour contrôler les adventices et les doryphores. Lestade de développement des mauvaises herbes doitêtre le plus jeune possible, soit de 0 à 2 feuilles pour lesgraminées et de 2 à 4 feuilles pour les adventices àfeuilles larges. Le contrôle des vivaces par cette méthodeest toutefois plus difficile à réussir et nécessitera plusd’un traitement (seul le feuillage est affecté par lebrûleur, et la vivace a de bonnes réserves dans sesracines). Il est à noter que la méthode thermique n’estutilisable qu’en sol minéral, car les risques de feu sonttrop importants en sol organique.

Le brûleur au propane peut être utilisé en pré-levée eten post-levée pour le contrôle des adventices. Toute-fois, les plants de pomme de terre ne doivent pas avoirplus de 10 cm afin que les rendements ne soient pasaffectés. La méthode thermique a deux avantages :

1. le brûleur ne ramène pas en surface les graines demauvaises herbes du sol;

2. les populations de doryphore sont affectées par letraitement.

SARCLER MANUELLEMENT SI NÉCESSAIRE

Parfois le contrôle des adventices a été presque parfaitsauf pour quelques plants qui vous narguent de leurfloraison indésirée. Il est toujours profitable à longterme d’arracher manuellement ces plants, car lesgraines qu’ils se préparent à laisser tomber dans votrechamp pourraient multiplier votre problème pour lesannées à venir. Les plants en fleurs doivent être sortisdu champ, car bien souvent, ces fleurs deviendrontgraines si elles sont laissées à l’ombre, entre les rangsde pommes de terre.

UTILISER LA DEMI-JACHÈRE LORSQU’UN CHAMP ESTINFESTÉ DE CHIENDENT

Plusieurs hersages sont effectués à l’aide d’un outil àdents, par temps sec, pour faire sortir les racines duchiendent et les laisser sécher au soleil. Surtout, nepas utiliser de rotoculteur ni de herse à disques lorsd’une telle infestation : les racines se feraient couperet multiplieraient votre problème. Une demi-jachèreest celle qui ne dure que la moitié de la saison devégétation. Par la suite, ensemencer le champ avecune culture d’engrais vert qui continuera le contrôledes adventices dans le champ tout en protégeant eten enrichissant le sol.

L’utilisation d’un ensemble de méthodes en fonctiondu degré d’infestation et de la sorte de mauvaisesherbes permettra d’exercer un contrôle efficace sur lesadventices.

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Vibrobineuse articulée Photo : Renée Dumontier

Page 38: La production biologique de la pomme de terre

Doryphore de la pomme de terreLe principal ennemi des cultures de pommes de terreest sans contredit le doryphore. Une brève descriptionde l’insecte et de son cycle vital va vous permettre debien planifier vos interventions.

De la famille des coléoptères, le doryphore (Leptinotarsadecemlineata) se nourrit du feuillage de plusieursespèces de solanacées (pomme de terre, aubergine,tomate, etc.). L’adulte mesure de 6 à 11 mm; il est decouleur jaune orangé striée de bandes longitudinalesnoires (planche couleur 2). Au Québec, il émerge de sonhibernation de la fin mai à la fin juin. À ce moment, il nepeut se déplacer qu’en marchant, car les muscles lui per-mettant de voler ont besoin d’un délai de 5 à 7 jourspour se regénérer. Cette information est de premièreimportance pour qui souhaite lui faire la lutte de manièrephysique. L’adulte mange peu et les dégats causés parles doryphores au printemps ont peu d’impact sur laproduction (sauf s’ils sont en nombre excessif).

La femelle dépose des grappes d’œufs orange pâle(planche couleur 2) sur la face inférieure des feuilles;elle peut pondre de 300 à 500 œufs par saison. Après4 à 9 jours d’incubation, les œufs vont éclore pour don-ner naissance à de petites larves rouge foncé ayantplusieurs taches noires de chaque côté du corps; leurcouleur deviendra de plus en plus orangée à l’approchede la maturité. Le développement larvaire est divisé enquatre stades : au stade 1, les petites larves demeurentregroupées, mangeant d’abord les coquilles de leursœufs pour ensuite manger le bord des feuilles; au stade2, elles ont environ 3 mm et commencent à se dis-perser sur la plante; aux stades 3 (5 mm) et 4 (8 mm),elles se dispersent de plus en plus et deviennent trèsvoraces (planche couleur 2). La défoliation sévèrequ’elles peuvent causer, surtout pendant la période des

bourgeons floraux, affecte la production de tuberculeset entraîne une diminution des rendements. Ledéveloppement larvaire a une durée de 14 à 21 jours.Parvenue à la fin de son développement, la larve s’en-fonce dans le sol pour la pupaison, d’où émergera unnouvel adulte 10 à 15 jours plus tard.

Ce sont les conditions climatiques qui vont le plusinfluencer la rapidité de son développement. Plus letemps sera chaud et sec, plus les stades de développe-ment seront de courte durée et, à l’inverse, plus latempérature sera fraîche et pluvieuse, plus ils serontlongs. Par temps ensoleillé, les larves se tiennent sur ledessus du feuillage et se nourrissent activement; partemps pluvieux, elles se tiennent sous les feuilles. Parailleurs, les petites larves (stades 1 et 2) sont les plussensibles aux interventions; c’est pourquoi il faut visiterses champs souvent afin de pouvoir intervenir sur cesdernières.

Il existe plusieurs moyens de lutte pour réduire effi-cacement les populations de doryphores. C’est enappliquant un ensemble de techniques et de stratégiesque le producteur peut venir à bout de cet insecteravageur et exercer sur lui un contrôle à long terme.

PRÉVENTION

Rotation

La rotation des champs en culture de pomme de terre estune stratégie essentielle dans la lutte contre le doryphore.Plus le champ de pommes de terre de l’année en courssera éloigné de celui de l’année précédente et plus il yaura d’obstacles entre eux (champ de céréale, rivière,boisé, etc.), plus le doryphore sortant de son hiberna-tion aura le temps de s’affaiblir ou de mourir de faimavant d’atteindre les pommes de terre.

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InsectesLes insectes qui s’attaquent aux cultures de pommes de terre sont relativement peunombreux. Cependant, certains peuvent causer des dégats appréciables. La miseen place d’une bonne régie de culture contribue dans bien des cas à les contrôlerefficacement. De plus, elle permet la croissance de plants sains et vigoureux quisupporteront mieux les attaques causées par les insectes. Il est important de visiterrégulièrement ses champs (de une à deux fois par semaine) pour prendre connais-sance des insectes présents, de leur niveau d’infestation et de leur stade dedéveloppement afin d’agir au moment opportun.

Page 39: La production biologique de la pomme de terre

Les rotations jouent plusieurs rôles dans le contrôle desdoryphores :1. elles créent un effet de barrière : les doryphores qui

émergent ou qui circulent dans un champ decéréale sont confrontés à des températures plusfroides (l’émergence est stimulée par la chaleur) et àune végétation plus dense au niveau du sol;

2. elles favorisent la présence d’autres insectes dontcertains seront des prédateurs du doryphore;

3. la colonisation du champ en pomme de terre est plustardive en raison de son éloignement, moins dedoryphores y parviennent et les femelles affaibliespondent moins d’œufs.

Lorsque le champ de pommes de terre de l’année encours est adjacent à celui où elles étaient l’année précé-dente, il est nécessaire d’utiliser d’autres méthodes decontrôle conjointement avec les rotations, comme parexemple : les pièges-fosses, les pulvérisations à based’insecticide biologique, le brûlage des abords deschamps, les plantes-pièges, etc.

Piège-fosse

Afin de contrôler la migration des doryphores nonseulement au printemps mais aussi tout au long de lasaison de végétation, on peut installer un piège-fosseen bordure du champ de pomme de terre. Il s’agit decreuser un sillon (une raie de labour par exemple) d’en-viron 20 à 25 centimètres de profondeur entre lechamp de l’année précédente ou le site d’hibernationdes doryphores et celui de l’année en cours, et de le

recouvrir d’un plastique noir. Le plastique sera main-tenu en place au moyen de quelques pelletées de terre(ou des pierres) jetées à intervalles dans le fond, tandisque les bords seront recouverts par du sol. Un appareila été spécialement conçu à cette fin dans le cadre d’unprojet « Essai et expérimentation en agro-alimentaire »à l’Île d’Orléans. Traîné par un tracteur, il creuse le sil-lon tout en déroulant le plastique. Il facilite l’installationdes pièges-fosses sur de très grandes superficies.

La technique du piège-fosse s’avère très efficace pourcontrôler les doryphores qui migrent au printemps.Ces derniers descendent dans la fosse et ne peuvent enressortir à cause de la fine pellicule de poussière quis’est déposée sur le plastique. Une fois prisonniers dansle piège, les doryphores, sous l’action du soleil et de lachaleur, se font déshydrater et meurent rapidement.Les études effectuées pour évaluer l’efficacité du piège-fosse ont démontré une diminution de 36% à 50% dunombre d’adultes par plant au printemps ainsi qu’unediminution de 70% des masses d’œufs. Au Québec,cela se traduit par une diminution de deux traitementsinsecticides. Ces pourcentages peuvent varier d’uneannée à l’autre, car le piège-fosse n’est efficace quecontre les doryphores qui se déplacent en marchant;ces derniers sont plus nombreux lorsque les tempéra-tures sont fraîches et humides, tandis que les envoléesseront plus importantes par temps sec et chaud.

Note : L’Université de Cornell a préparé un vidéo intituléAlternative management techniques for the C.P.B.(techniques alternatives pour la gestion des doryphores)qui contient de très bonnes explications concernant latechnique du piège-fosse ainsi que l’utilisation desbrûleurs au propane. Ce vidéo est disponible à :

Cornell Cooperative extension264 Griffin aveRiverhead, NY 11901(516) 727-7850

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Appareil servant à l’installation du piège-fosse Photo : Nicole Fraser

PRINCIPES À RESPECTERPOUR L’INSTALLATION D’UN PIÈGE-FOSSE

� ameublir le sol à l’automne pour faciliter l’instal-lation au printemps suivant;

� l’installer tôt au printemps, avant l’émergencedes pommes de terre;

� les extrémités doivent avoir un angle de 50°(pour ne pas que les doryphores s’échappent),

� les bords doivent être bien plats afin que ledoryphore puisse se rendre et tomber dans lepiège-fosse;

� perforer le fond à quelques endroits pour per-mettre l’écoulement de l’eau;

� desherber le long du piège-fosse, car les mau-vaises herbes peuvent diminuer son efficacité enfaisant obstacle à la migration des doryphores ouen perforant le plastique.

Page 40: La production biologique de la pomme de terre

Semis différés

Les semis de pomme de terre faits tôt en saison présen-teront des plants robustes au moment de l’émergencedes doryphores. Par conséquent, le pourcentage de ladéfoliation causée par ces derniers sera moins impor-tant que sur des plants peu développés. De plus, unerécolte hâtive forcera les doryphores soit à émigrer à larecherche de nouveaux hôtes, soit à entrer en hiberna-tion avant d’avoir complété leur cycle physiologique,ce qui diminuera leur survie à l’hiver. D’un autre côté,les semis tardifs forceront les doryphores à chercher leurnourriture ailleurs puisque les plants n’auront pas com-mencé leur croissance au moment de l’émergence.

Pour que la méthode des semis différés soit efficace, laconcertation entre les producteurs d’une même régions’avère nécessaire, car des semis faits à différentes datesdans des champs contigus annuleront l’effet recherché.

Plante-piège

Les plantes-pièges sont utilisées spécialement pourattirer un insecte en particulier. Les producteurs cultivantplusieurs variétés de pomme de terre ont sans douteremarqué que certaines d’entre elles étaient plus rapide-ment envahies que d’autres. Parmi ces variétés plusappétissantes pour les doryphores, citons l’Atlantique, laNorland, la Caribe. Par ailleurs, les doryphores semblentpréférer les aubergines aux pommes de terre.

La technique des plantes-pièges consiste à semer envi-ron 4 rangs de pommes de terre pré-germées aussitôtque le sol est réchauffé. Les doryphores qui émergent auprintemps envahiront les plantes-pièges sur lesquelles onconcentrera les traitements (arrosage à la roténone,brûlage, cueillette manuelle). Cette technique ne serapas nécessaire lorsque les doryphores auront été biencontrôlés l’année précédente, que la rotation aura étébien planifiée et qu’il y aura eu un piège-fosse entre leschamps contigus d’une année à l’autre.

Prédateurs

Étant originaire du Mexique, le doryphore a peu deprédateurs naturels sous notre climat. Toutefois, on aobservé que certains insectes, telles la punaisemasquée et la coccinelle maculée, s’attaquent à un ouplusieurs des stades de son développement. Le sol,quant à lui, contient naturellement divers insectes etmicro-organismes qui peuvent s’attaquer aux larves,aux pupes et aux adultes du doryphore, par exemple le

Beauvaria bassiana (microchampignon pathogène) etles nématodes entomophages. La présence des préda-teurs sera favorisée par l’aménagement d’habitatsnaturels, les rotations, l’utilisation des moyens de luttemécaniques et physiques et par l’usage parcimonieuxd’insecticides spécifiques.

La section traitant des alliés vous donnera de plus amplesinformations sur différents prédateurs et parasitoïdes etsur les moyens de les attirer et de les conserver.

RÉPRESSION

Les rotations et les pièges-fosses vont permettre decontrôler une bonne proportion des doryphores deprintemps. Cependant, vous n’êtes pas nécessairementau bout de vos peines : certains vont envahir votrechamp par la voie des airs. Certains printemps, lorsqueles températures sont particulièrement chaudes etsèches, les envolées peuvent être très importantes etnécessiter une intervention. Mais, en règle générale, lesquelques adultes que vous retrouverez au printemps nedevraient pas causer trop de dégâts : ils vont mangerun peu et se reproduire beaucoup. C’est au momentde l’éclosion des œufs que vous devrez être prêt à agir.

Bacillus thuringiensis

Le Bacillus thuringiensis (B.t.) est une bactérie qui s’at-taque surtout aux larves de lépidoptères et, parfois, auxlarves de quelques autres espèces. Des souches ont étédéveloppées spécialement pour lutter contre ledoryphore : il s’agit des variétés san diego (M-TrakMC) ettenebrionis (NovodorMC). Le B.t. est très spécifique ettrès sécuritaire, ainsi les insectes prédateurs ne sont pasaffectés par le traitement. Il est surtout efficace sur lespetites larves (stades 1 et 2), c’est-à-dire pas plus grossesque 0,5 mm. Les recherches ont clairement démontréque les traitements au B.t. se sont avérés aussi efficaceset aussi rentables que ceux faits avec des insecticideschimiques. La clé de cette efficacité est de faire lestraitements aux moments opportuns en respectant lemode d’emploi fourni par le fabriquant.

Il faut donc inspecter ses champs régulièrement (1 à 2fois par semaine) afin de détecter la présence desdoryphores, des masses d’œufs et leur éclosion. Lorsquele tiers des masses d’œufs sont écloses, c’est le momentde faire un premier traitement, que l’on répétera 5 à 7jours plus tard, si nécessaire. Comme les doryphoress’activent avec la chaleur, l’application sera faite endébut de journée, par temps sec et chaud. Si des cir-

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constances particulières vous empêchent de faire votrepulvérisation à ce moment, tout n’est pas perdu. Lesaméliorations qui ont été apportées aux produits àbase de Bacillius thuringiensis au cours des dernièresannées les ont rendus très efficaces pour contrôler lesdoryphores. Tous les stades du développement larvairede l’insecte seront affectés par le produit. Cependant,plus les larves sont petites, plus elles meurent rapide-ment, tandis que les plus grosses auront le temps decauser une bonne défoliation aux plants avant de mourir.D’ailleurs, il faut toujours viser les petites larves, qui sontplus sensibles, plutôt que les grosses larves qui serontmoins affectées et qui pourront contribuer au développe-ment de résistance chez l’insecte. Ce sera alors la fin del’efficacité de ce merveilleux insecticide naturel.

Roténone

Extraite des racines de légumineuses tropicales, laroténone agit par contact et par ingestion. Elle est defaible toxicité pour les animaux à sang chaud et sedégrade rapidement sous l’effet de la lumière et de lachaleur. Cependant, elle se dégrade plus lentementdans l’eau que dans l’air et elle est fortement toxiquepour les poissons. Non sélective, elle détruit aussi lesinsectes utiles. Elle ne sera utilisée qu’en cas d’infesta-tion grave, sous forme d’applications localisées. Laroténone en poudre est efficace contre tous les stadesdu doryphore tandis qu’en pulvérisation (poudremouillable ou émulsion), son efficacité diminue au furet à mesure que le doryphore parvient à maturité.

L’application se fera idéalement en fin de journée et onrépétera le traitement 5 à 7 jours plus tard si nécessaire.Il est déconseillé de l’entreposer à long terme, car elleperd graduellement son efficacité. La roténone enpoudre mouillable nécessite parfois l’ajout d’un agentémulsifiant pour bien la diluer. On recommande d’a-jouter, à l’eau du pulvérisateur, 0,1% d’huile minérale(1 litre/1000 litres), et ce, avant d’y ajouter la roténone.

Brûleur au propane

Le brûleur au propane permet de contrôler les doryphoresprintaniers en même temps que les mauvaises herbes.Chez l’insecte, il provoque une augmentation de lachaleur interne et brûle les antennes et les pattes, cequi entraîne la mort dans un court laps de temps. Laméthode thermique ne sera utilisée qu’une fois en débutde saison, lorsque les plants n’ont pas plus de 10 cm. Àcette période, les dommages aux plants sont mineurs,car ces derniers récupèrent rapidement tandis qu’à la

période des bourgeons floraux, les dommages sont plusimportants et peuvent affecter la récolte. En fin de saison,le brûleur utilisé pour le défanage détruira en mêmetemps les populations de doryphores prêts à hiberner. Onobtiendra une plus grande mortalité si le brûlage est faitpar une chaude journée ensoleillée et calme, période oùles doryphores se nourrissent activement et où ils sontbien exposés à la flamme sur le dessus des plants.

Bâches ou couvertures flottantes

Les bâches ou couvertures flottantes, utilisées pour laproduction de pomme de terre de primeur, permet-tent de réduire considérablement l’envahissement desparcelles par les adultes printaniers. Pour que cettetechnique soit efficace contre les doryphores, il faut êtreparticulièrement attentif à la pose de la bâche : elle doitêtre bien ancrée dans le sol afin de couper toute ported’entrée et elle doit être installée dans un champ depomme de terre de première année. De plus, le matérielutilisé sera non troué. Dans les meilleures conditions(stabilité des bâches, absence de bris...), bâche et rota-tion éliminent totalement l’envahissement des plantspar le doryphore (jusqu’à l’enlèvement des bâches).

PuceronsLes pucerons sont des petits insectes suceurs, au corpsmou, vivant surtout à l’envers des feuilles (planchecouleur 2). De trois à quatre espèces différentes depucerons peuvent se retrouver sur les cultures depomme de terre : le puceron vert du pêcher (Mysus per-sicæ), le puceron du nerprun (Aphis nasturtii), le puceronde la pomme de terre (Macrosiphum euphorbiæ) et par-fois, le puceron de la digitale (Aulacorthum solani). Ilspeuvent apparaître à partir de la fin juin et, dans lesconditions favorables (température et humidité relativeélevées), ils se reproduisent très vite. En contrepartie,les pluies froides et abondantes ralentiront leur multi-plication. En grand nombre, ils peuvent endommagersérieusement les récoltes en suçant la sève des feuillesqui se décolorent et s’enroulent. De plus, les puceronscontribuent à la propagation de certaines maladies de lapomme de terre, tels l’enroulement et les mosaïques.

DÉPISTAGE

Le dépistage des pucerons requiert une attention spé-ciale à cause de leur petite taille, de leurs dommagespeu visibles et de leur localisation sur les plants. Laprésence de coccinelles dans un champ de pommes de

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terre signifie généralement l’apparition des pucerons.Selon les espèces, on pourra les découvrir sur les bour-geons floraux ou végétatifs ou encore sur les feuillesintermédiaires des plants. Les premières colonies appa-raîtront d’abord en périphérie du champ.

Prédateurs

En agriculture biologique, les pucerons sont efficace-ment contrôlés par les coccinelles et de nombreuxautres prédateurs tels les punaises, les chrysopes, lescarabes et les parasitoïdes. De plus, en condition d’hu-midité élevée, les champignons pathogènes con-tribuent également à diminuer les populations. Il estimportant de conserver et d’aménager des habitatsnaturels pour une grande diversité d’insectes; cesderniers peuvent être d’importants alliés dans la lutteaux insectes nuisibles. Veuillez consulter la section surles alliés pour de plus amples informations.

RÉPRESSION

Les producteurs de pomme de terre de semencedoivent être vigilants et visiter régulièrement leurschamps, car les pucerons sont d’importants vecteurs demaladies de la pomme de terre. Si la culture présenteune bonne quantité d’insectes prédateurs (surtout deslarves de coccinelles), ces derniers exerceront un con-trôle efficace. Si les insectes prédateurs ne semblent pasavoir le contrôle et si les pucerons sont tropenvahissants, on devra avoir recours à un insecticidebiologique tel le savon insecticide.

Pour la production de pommes de terre de consom-mation, il est rare que les pucerons atteignent des den-sités suffisamment élevées pour justifier un traitementinsecticide, spécialement si l’activité des coccinelles etdes autres ennemis naturels est évidente par leurprésence sur le feuillage.

Savon insecticide

Le savon insecticide est composé de sel de potassiumd’acides gras. Il est efficace contre plusieurs insectes(pucerons, tétraniques, acariens, etc.) et son spectred’action est beaucoup moins vaste que celui de laroténone, épargnant ainsi certains insectes prédateurs.

Autres ravageursLes insectes suivants, quoique fréquemment rencontrés,ne causent généralement pas de dégats significatifsdans les cultures de pomme de terre au Québec.Leurs populations demeurent habituellement sous leseuil de nuisibilité, surtout si on favorise la présencedes prédateurs.

ALTISE DE LA POMME DE TERRE

L’altise de la pomme de terre (Epitrix cucumeris Harr)est un très petit insecte noir mesurant à peine 1,5 mmde longueur. L’adulte se nourrit de feuillage enperçant une multitude de petits trous, sautant aumoindre dérangement. Les larves vivent dans le sol.Les adultes hivernent dans la terre et réapparaissentdès que le pomme de terre est levée. La premièregénération apparaîtra au printemps et la deuxième,vers la fin juillet. L’altise ne cause généralement pasde dégats significatifs au Québec.

CICADELLE

La cicadelle de la pomme de terre (Empoasca fabæ(Harr)) est un petit insecte de couleur vert pâle et deforme effilée qui se rencontre surtout sur les poussesterminales. Elle injecte une substance toxique qui causele dessèchement de la pointe et du bord des feuilles.Les adultes déposent leurs œufs dans les nervures desfeuilles et dans les tiges; ces œufs éclosent au bout de7 à 10 jours. La nymphe, vert pâle, ressemble à l’adultemais ne possède pas d’ailes; elle est très agile et sedéplace souvent latéralement pour disparaître rapide-ment sous une feuille.

MÉLOÉ

Le méloé (Meloidæ) se rencontre occasionnellementsur les cultures de pomme de terre, C’est un insecte deforme allongée mesurant 13 à 15 mm, au corps mourecouvert par des ailes ayant l’aspect du cuir. Sacouleur varie du bleu métallique foncé à noir violet. Lesadultes se nourrissent de feuillage, principalement celuide la pomme de terre. Les larves parasitent les œufs desabeilles sauvages. Les méloés ont la particularité desécréter une substance corrosive aux articulations despattes, laquelle a pour effet de provoquer desampoules sur la peau des humains qui les manipulentet des animaux. Si elles sont présentes en très grandnombre, la défoliation qu’elles occasionnent peutaffecter les rendements.

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Alliés (prédateurs)COCCINELLES

La famille des coccinelles comprend une grande variétéd’espèces dont la majorité sont d’excellents prédateurssurtout de pucerons, mais aussi d’œufs et de larves dedoryphore. Les femelles pondent leurs œufs en grappessous les feuilles des plantes. Ces grappes d’œufsressemblent malheureusement à ceux des doryphores,et on peut facilement les confondre. Les œufs des coc-cinelles sont généralement d’un jaune plus pâle, leurforme est plus allongée et plus mince, et ils sont dis-posés en rangée dans les grappes. Les larves sont decouleur gris bleuté à noire, tachetée de points orange.Elle sont très agiles et voraces.

La coccinelle maculée (Coleomegilla maculata) s’estavérée bonne prédatrice de doryphores, se nourrissantdes œufs et des petites larves. Elle est caractérisée parun corps allongé, tacheté de 11 points noirs sur desélytres orange et de deux points distincts sur le prono-tum (planche couleur 3). Les coccinelles maculéeshibernent à l’état adulte, en groupe pouvant atteindre300 000 individus et même plus, au pied des arbres(érables, ormes, saules, trembles), se cachant sous lesfeuilles mortes.

La densité des coccinelles semble être déterminée parleur survie à l’hiver et par l’abondance des puceronsplutôt que par l’abondance des œufs de doryphores.Un excellent moyen de favoriser leur présence et leursurvie consiste à inclure dans la rotation la culture dumaïs sucré, à établir une bordure permanente deplantes-hôtes et à préserver les sites d’hibernation. Lesindustries d’élevage d’insectes prédateurs commencentà s’intéresser aux Coleomegilla maculata et peut-êtreque sous peu, celles-ci seront disponibles commerciale-ment pour des lâchers massifs.

PUNAISES

La famille des punaises des bois (Pentomidæ) comprendplusieurs espèces qui se nourissent de la sève des plantes,mais on retrouve aussi quelques espèces prédatrices d’in-sectes (planche couleur 3) : la punaise masquée (Perillusbioculatus), la punaise à ventre taché (Podisus maculiven-tris) et la punaise épineuse (Picromerus bidens L.).

Perillus bioculatus, ou punaise masquée, est surtoutrencontrée dans l’extrême sud du Québec, sur lesvégétations basses. Elle a besoin d’hivers tempérés etde bon nombre d’abris pour survivre. Elle se nourritprincipalement de doryphores, dont elle pique lesœufs et les larves pour les vider de leur contenu. Elleserait très efficace en lâchers massifs si elle étaitdisponible commercialement.

Podisus maculiventris se nourrit d’une grande variétéd’insectes incluant les œufs et les larves du doryphoreet même l’adulte (elle s’attaque aussi aux coccinelles).On la rencontre sur les arbres et les arbustes danspresque toutes les régions du Québec; elle est aussidisponible commercialement pour des lâchers massifs.Pour ce faire, on utilisera surtout les larves, car cesdernières ne se déplacent qu’à de courtes distances, cequi n’est pas le cas pour les adultes.

Picromerus bidens est un polyphage qui se nourrit, entreautres, de doryphores à tous les stades de leurdéveloppement. Son comportement particulier fait delui un excellent prédateur : il abandonne une proie àdemi consommée pour s’attaquer à une autre qui setrouve à proximité. On le retrouve dans les champs, leshaies, à l’orée des bois, sur les arbustes, plus particulière-ment sur les framboisiers sauvages.

CARABES

Les carabes sont aussi d’excellents prédateurs com-muns dans nos régions. Mentionnons Lebia grandis,coléoptère d’un noir bleuté aux reflets métalliques, quise nourrit des œufs, des larves et des pupes dudoryphore. Les larves tout autant que les adultes duLebia grandis sont très actifs, surtout la nuit, se pro-tégeant sous la litière ou les pierres durant le jour. C’estsans doute pour cette raison qu’il est peu remarqué,même si son habitat naturel se situe dans les champsde pommes de terre (planche couleur 3).

CHRYSOPES

Les chrysopes, plus particulièrement Chrysoperla rufi-labris, se nourrissent de petits insectes incluant les œufset les larves de doryphores. Ce sont des insectes verts àl’allure très délicate. Ils ont de longues antennes, desyeux dorés, et leurs ailes transparentes nervurées de vertsont repliées le long du corps lorsqu’ils sont au repos.

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Page 44: La production biologique de la pomme de terre

TACHINIDES

La mouche tachinide Myiopharus (=Doryphorophaga)doryphoræ est commune au Québec et ressemble à lamouche domestique. Elle serait même l’ennemi naturelle plus abondant en fin de saison. Elle parasite les larvesdu doryphore en pondant ses œufs près ou à l’intérieurde ces dernières. On a remarqué, vers la fin août, unparasitisme allant de 60 à 70% des larves et des pupesdu doryphore, causé par la mouche tachinide. On peutfavoriser sa présence en implantant des plantes-hôtesproduisant pollen et nectar, tels l’aneth, le persil, letrèfle, le sarrasin et les herbes aromatiques.

PLANTES-ABRIS

Les plantes-abris, ou plantes-hôtes, ont pour fonctiond’attirer et de favoriser la multiplication des insectesutiles. Elles peuvent être intercalées ou semées en bor-dure de la culture (planche couleur 4), le long des fossés,des systèmes d’irrigation, etc. On peut en faire une cul-ture annuelle ou les implanter de façon permanente.Une bordure de plantes-hôtes peut être aménagée nonseulement pour son utilité, mais aussi pour sa beauté, lesinsectes étant attirés par le pollen et le nectar des fleurs.

Une bordure permanente de plantes-abris est uneexcellente façon d’attirer et de conserver les insectes

prédateurs. Il s’agit d’implanterune bordure composée d’arbustes

et de plantes herbacéesdont la floraison va attir-

er les insectes béné-fiques. Cependant,

non seulement faut-il lesattirer, mais il faut aussi

veiller à ce que les besoinsspécifiques des insectes quel’on veut conserver soient

comblés. Par exemple, on verra àaménager des refuges et des lieux

propices à leur reproduction, et onfavorisera une floraison qui s’étend

du printemps à l’automne.

La bordure sera variée tant au pointde vue des espèces qui la composentque dans la hauteur de la floraison.Il devrait y avoir aussi deszones ombragées et deszones ensoleillées, desrefuges naturels faits depierres plates un peusorties de terre, desmorceaux d’écorcerecouvrant la matièreorganique, des aires desable légèrement surélevéespour la ponte, des talusdégarnis de végétation et desfleurs odorantes et variées quiattireront les insectes et leurfourniront nourriture tout au long dela saison.

Plusieurs variétés deplantes etd’arbustesd’ornement

peuvent êtreutilisées, maisles variétésindigènes à

fleurs simplessont plus effi-caces que lesvariétés orne-men t a l e shautement

amé l i o r é e s .Parmi les

plantes-hôtes pou-vant être utilisées,mentionnons le maïs

sucré, qui favorise la présencede la coccinelle maculée (Coleomegilla maculata) et latanaisie vulgaire, l’aneth et le carvi, qui attiront unegrande variété d’insectes utiles (syrphes, guêpes,araignées, coccinelles, tachinides, etc.) et peut-être aussides pucerons. Eh oui! Les prédateurs ont aussi besoin denourriture. Cependant, lorsque l’équilibre existe entreles insectes utiles et ceux qui sont nuisibles, les plantesne subissent pas de dégâts majeurs.

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MENTHE

SAMBUCUS

Illustrations : Thomas C. Quirk. Jr., Field Guide to Wild Herbs

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ANETH

Page 45: La production biologique de la pomme de terre

PETIT GUIDE DES PLANTES-ABRISpouvant être utilisées au Québec

Plantes fleurissantau début de l’étéARBUSTES : églantier (Rosa eglanteria), pimbina(Viburnum trilobum), spirée (Spiræa); le cornouillerrouge (Cornus sericea) n’est pas recommandé, caril devient envahissant.

PLANTES HERBACÉES : ail ornemental (Alliumsp.), antennaire (Antennaria), benoîte (Geummacrophyllum), campanule (Campanula), fenouil(Fœniculum vulgare), herbe de sainte-barbe (Bar-barea vulgaris), lobélie du cardinal (Lobelia cardi-nalis), lychnide (Lychnis viscaria), menthe* à épi,menthe poivrée ou menthe des champs, orpinpourpre (Sedum purpureum), pavot de Californie(Eschscholzia) et Sedum sp.

Plantes fleurissanttôt le printempsARBUSTES : amélanchier du Canada (Ame-lanchier canadensis), amélanchier à feuillesétroites (A. lævis), petit merisier (Prunus pensyl-vanica) qui est moins envahissant que le cerisierà grappes (P. virginiana), sorbier (Sorbus sp.),sureau rouge (Sambucus pubens), sureau blanc(Sambucus canadensis); les groseilliers et gade-liers (Ribes sp.) sont intéressants tout comme leséricacées (bleuets, cassandre, kalmia, thé duLabrador et bruyère (Calluna et Erica)).

PLANTES HERBACÉES : ail sauvage (Allium tricoc-cum), crocus, chionodoxa, Geranium phæcum,jacinthe, myosotis, perce-neige, primevère,tulipe botanique.

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* Les variétés suivies d’un astérisque sont à utiliser avec une certaine précaution, car elles peuventdevenir rapidement envahissantes. Source : Horti Centre du Québec, collaboration, 1992

Plantes fleurissantau milieu de l’étéARBUSTES : sorbier* (Sorbaria sorbifolia et Sor-bus aucuparia).

PLANTES HERBACÉES : ancolie du Canada (Aqui-legia canadensis), aneth, chicorée sauvage(Cichorium intybus), cœur saignant (Dicentra),digitale (Digitalis), épervière orangée*, herbe àdindes* (Achillea millefolium), liatride (Liatris),lotier corniculé (Lotus corniculata), lupin (Lupi-nus), luzerne, phacélie (Phacelia), salicaire(Lythrum salicaria), trèfle Alsike, trèfle blanc, trèflerouge, vipérine* (Echium vulgare).

Plantes fleurissantà la fin de l’étéPLANTES HERBACÉES : asters* (Aster sp.), carottecultivée (en laissant en terre quelques plants, carelles ne fleurissent que la deuxième année), carvicommun (Carum carvi), centaurée (Centaureamontana), chicorée sauvage (Cichorium inty-bus), rudbeckie pourpre (Echinacea purpurea),vergerette* (Erigeron), panais sauvage (Pastinacasativa), tanaisie vulgaire* (Tanacetum vulgare),tournesol annuel, verge d’or* (Solidago sp.).

Page 46: La production biologique de la pomme de terre

MildiouDESCRIPTION

Le mildiou de la pomme de terre (Phytophthora infes-tans) est aussi appelé brûlure tardive. C’est une maladiefongique causée par un champignon qui se développesur diverses plantes de la famille des solanacées, maisqui s’attaque surtout aux pommes de terre et auxtomates (Planche couleur 2). Il survit à l’hiver sur destubercules infectés qui n’ont pas été détruits par le gelhivernal. Le mycélium (corps du champignon)développe ses sporanges (agents d’infection en repro-duction asexuée) lorsque les températures se situententre 3 et 26 °C et que les conditions d’humidité sontélevées. En fait, c’est lorsque les températures oscillentautour de 21 °C et que l’humidité relative (au niveau dufeuillage) est supérieure à 90 % que l’infestation est laplus rapide et la plus sévère. Il est important que cesdeux conditions soient réunies (température chaudeet humidité relative très élevée) pour qu’il y ait infes-tation. Ensuite, il suffit du vent pour disséminer lessporanges ou de pluie pour les faire tomber au sol etatteindre les tubercules non protégés à cause d’unmauvais rechaussage ou de fissures dans le sol.

Depuis quelques années, des souches d’un type différent(A2) ont été répertoriées sur le territoire québécois. Cenouveau type permet maintenant au mildiou de sereproduire de façon sexuée tandis qu’il n’y a pas silongtemps, on ne rencontrait que des souches d’unmême type (A1). Il faut des conditions très particulièrespour qu’il y ait reproduction sexuée, c’est-à-dire qu’ilfaut que les deux types se retrouvent sur une mêmefeuille et dans la même goutte d’eau. Si cela se pro-duisait, nous pourrions voir apparaître des souches demildiou présentant des résistances différentes aux fongi-cides, ou encore, elles pourraient attaquer des variétés

de pomme de terrereconnues jusqu’à main-tenant comme étantrésistantes. Seul l’avenirnous renseignera à cesujet.

SYMPTÔMES

Le mildiou a des symp-tômes très caractéris-tiques sur le feuillage, etla personne qui en a vuune première fois sauratoujours le reconnaître. Un halo vert pâle entoure unezone entièrement noircie sur le dessus de la feuille tan-dis qu’un duvet blanchâtre en recouvre la faceinférieure (planche couleur 2). Parfois, le mildiou s’at-taque aussi aux tiges, où il cause des taches brun foncérecouvertes de duvet blanc. Sous des conditions clima-tiques optimales, le mildiou se propage très rapidement.On reconnaît facilement une infestation sévère lorsque,dans un champ, on rencontre une ou plusieurs zones,plus ou moins circulaires, où tous les plants sont noircis.

Il ne faut pas confondre le mildiou avec la moisissuregrise qui, elle, se développe surtout en bordure ou à lapointe des feuilles, ou encore sur les bourgeons florauxqui, en tombant, contaminent les feuilles. Le duvet serade couleur grise et généralement sur le dessus desfeuilles. La moisissure grise ne cause habituellementpas de dommages importants aux cultures.

MOYENS DE LUTTE

Afin de lutter efficacement contre le mildiou, il faututiliser de bonnes pratiques culturales et employer desfongicides aux moments opportuns. La rotation est unmoyen de défense de première intervention. Il ne faut

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IL FAUT PRENDRE L’HABITUDEDE MARCHER RÉGULIÈREMENT

DANS SES CHAMPS POUR VOIR

CE QUI S’Y PASSE.QUELS INSECTES SONT

PRÉSENTS, QUELLE EST

LEUR DENSITÉ DE POPULATION?Y A-T-IL DE LA MALADIE?

QUELLES SONT LES MAUVAISES

HERBES? SONT-ELLES LIMITÉES

À CERTAINES ZONES?ON VOIT AINSI LA CROISSANCE

DES PLANTS, LEUR VIGUEUR;ON PEUT REMARQUER

LES ZONES MOINS FERTILES

ET VÉRIFIER LA SOURCE

DU PROBLÈME. ON EN PROFITE

POUR ARRACHER

QUELQUES MAUVAISES HERBES

EN PASSANT.MARCHER DANS SES CHAMPS

S’AVÉRERA ÊTRE LA MEILLEURE

SOURCE D’INFORMATION

QU’UN PRODUCTEUR PUISSE

AVOIR PENDANT LA SAISON

DE CROISSANCE.

MaladiesPlusieurs maladies peuvent s’attaquer à la pomme de terre. Cependant, il est pos-sible de produire des cultures saines en suivant certaines règles phytosanitaires etcertaines mesures préventives de base. Le présent chapitre ne s’attardera pas sur ladescription de toutes ces maladies, mais plutôt sur les mesures préventives àrespecter afin de réunir les conditions nécessaires à la protection de nos cultures.Pour plus d’information concernant la description des maladies et leur prévention,voir le Guide de protection des pommes de terre du CPVQ (AGDEX 161/605) et leCompendium of Potato Diseases, édité par The American Phytopathological Society(uniquement en anglais mais très complet).

Page 47: La production biologique de la pomme de terre

pas cultiver de pommes de terre plusieurs années con-sécutives au même endroit et on doit inclure, dans larotation, des cultures non sensibles au mildiou (parexemple, des céréales ou des légumineuses). Il faut biendésinfecter les entrepôts, détruire les rebuts de tuber-cules, choisir des semences saines, rejeter tout tuberculed’apparence douteuse, faire un buttage adéquat desplants de pomme de terre, irriguer judicieusement afinde ne pas maintenir le feuillage mouillé trop longtemps,et même accroître l’espacement entre les plants pourfavoriser une meilleure circulation de l’air.

Lors de l’utilisation de fongicides, il faut d’abord vérifierle pulvérisateur, remplacer les buses défectueuses etveiller à bien le calibrer. Le produit doit recouvrir toutle feuillage. Prendre soin de lire attentivement le moded’emploi et appliquer les doses recommandées. La plu-part des fongicides agissent comme protectants; il fautdonc faire les applications régulièrement lorsque lesconditions sont favorables au mildiou, soit aux 7 ou 10jours. Tout comme pour le contrôle des doryphores, ilfaut inspecter ses champs régulièrement pour y décelerles infestations.

Il est recommandé de détruire les champs infestés aumoyen d’un défanage afin d’éviter la propagation dumildiou aux autres champs et auxtubercules. Mais nous sommes enagriculture biologique, et bienchanceux sont ceux qui ont accèsà une rampe thermique pourdéfaner leur champ; c’est lemoyen idéal lorsque l’on fait face àune infestation de mildiou. La plu-part des producteurs biologiquesattendent que les plants soientmatures, de façon naturelle, pourprocéder à la récolte. Si le champest infesté par le mildiou, il ne fau-dra surtout pas défaner au moyendu fauchage et laisser le feuillagesur le champ, car on ouvrirait lavoie à une infestation encore plussévère. Quant à une récolte « enver t», peut-on la recommanderlorsque l’on sait que les spores demildiou présents sur le feuillagevont se propager sur les tuber-cules? Il faudra donc faucher enrecueillant immédiatement lefeuillage et en le détruisant. Ici, la

place est grand ouverte à l’ingéniosité des producteurs.Il ne faut surtout pas laisser vieillir le feuillage en tas, carle mildiou continuerait de se propager. On pourraitcependant l’arroser avec un produit phytotoxique tel lesulfate de cuivre, qui inhiberait par le fait même ledéveloppement du mildiou. Le meilleur moyen resteencore la prévention, en étant attentif aux avertisse-ments phytosanitaires et en appliquant un fongicidelorsque les conditions sont favorables au développe-ment de la maladie.

S’il y a présence de mildiou et si vous ne pouvez défaner,appliquez un fongicide jusqu’à ce que le feuillage soitcomplètement desséché. Ne procédez à la récoltequ’une fois la peau des tubercules endurcie (deux àtrois semaines après le dessèchement complet du feuil-lage). Triez soigneusement la récolte et rejetez lestubercules infectés. Le mildiou a absolument besoind’humidité pour se développer. Aussi, procédez à larécolte lorsque le sol est sec. Les tubercules en prove-nance d’un champ contaminé seront entreposés à unetempérature aussi fraîche que possible (3 à 4 °C) et à untaux d’humidité relative inférieur à celui généralementrecommandé, soit à 85% HR. De plus, veillez à ce qu’il yait une bonne circulation d’air à travers le tas.

QUELS FONGICIDES UTILISER?

Le purin de prêle des champs, l’ex-trait de compost et la bouillie bor-delaise peuvent être utilisés pourprotéger les plants de pomme deterre contre le mildiou. Les infor-mations concernant le purin deprêle et l’extrait de compost nesont données qu’à titre indicatif,car les recherches doivent êtrepoursuivies pour confirmer leurefficacité. Quant à la bouillie bor-delaise, elle fut le seul moyen decontrôle du mildiou recommandéau cours de la première moitié dece siècle, et elle était reconnuepour son efficacité à protéger lefeuillage des pommes de terre. Ellea été remplacée par des produitsplus élaborés mais aussi plus sim-ples à utiliser.

La prêle des champs (Equisetumarvense) est riche en silice, ce qui a

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TIGE FERTILE

TIGESTÉRILE

PRÊLE DES CHAMPS

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pour effet de stimuler le système de défense des plantscontre les maladies fongiques. La prêle semble stimulerla circulation dans les cellules extérieures des végé-taux, permettant la cicatrisation rapide des blessures.Ce n’est pas un poison mais un stimulant pour la santédes plantes.

On cueille la prêle vers la fin juin ou le début juillet, tôtle matin, après que la rosée est évaporée. On cueilleuniquement la partie supérieure (verte et branchue), etnon les tiges souterraines ni les racines. On peut fairesécher la plante pour une utilisation ultérieure. Le purinest préparé en remplissant la moitié d’un baril avec laplante fraîche que l’on compresse légèrement, et oncomble le tout avec de l’eau. Le mélange est brassé unefois par jour pendant 5 à 7 jours. Le purin est ensuitefiltré, dilué 1:10 et pulvérisé sur les plants, le matin,avant que les rayons du soleil ne deviennent tropchauds. Une première application sera faite au début dela saison de croissance, lorsque les plants n’auront pasencore atteint leur plein développement (20 à 25 cm).Le traitement devrait se poursuivre tout au long de lasaison à intervalles réguliers.

L’extrait de compost aurait un effet fongistatique etcombattrait efficacement le mildiou, selon desrecherches actuellement en cours en Europe. Un com-post où l’activité biologique est intense contiendraitdes micro-organismes qui s’attaquent au champignonresponsable du mildiou. Aucune recherche n’a étéeffectuée à ce propos sous le climat québécois, mais cetextrait, s’il ne peut combattre efficacement le mildiou,ne peut que stimuler la croissance des pommes deterre avec tous les minéraux et micro-organismes qu’ilcontient. On prépare l’extrait en mettant une partie decompost mature dont l’efficacité microbiologique estintense dans un contenant et on y ajoute 9 partiesd’eau. Agiter quotidiennement et laisser macérer pen-dant 7 jours. Diluer ensuite 1 :10 et pulvériser sur lefeuillage, le matin, par temps sec. Comme pour laprêle, la première application se fera lorsque les plantsauront environ 20 cm de hauteur. Les applications sepoursuivront à intervalles réguliers par la suite.

Afin d’augmenter l’adhérence sur le feuillage du purinde prêle et de l’extrait de compost, un adjuvant naturel(huile de canola, Nu Film 17MC, Basic-HMC) ou un extraitd’algues peuvent être ajoutés à la solution.

La bouillie bordelaise est préparée en remplissant lamoitié du réservoir avec de l’eau, en y ajoutant le sulfatede cuivre et en mettant l’agitateur en marche. On dilueensuite la chaux hydratée à vaporiser dans un contenantavec un peu d’eau et on verse le tout dans le réservoirdont l’agitateur est toujours en marche. On finit decombler avec l’eau. Précisément, les quantités à respectersont : 10 kg de sulfate de cuivre, 10 kg de chaux hydratéepour 1000 litres d’eau ou, si vous préférez, 10 lbs desulfate de cuivre, 10 lbs de chaux hydratée pour 100gallons d’eau. La chaux hydratée à vaporiser est plusfacile à solubiliser que la chaux hydratée ordinaire. Nemélangez pas la chaux avant le sulfate de cuivre, car decette façon, il y aurait précipitation et les agglomératsboucheraient les buses du pulvérisateur.

La bouillie bordelaise agit en protection , par con-séquent on veillera à bien couvrir tout le feuillage. Lesapplications se feront en fonction des risques dedéveloppement du mildiou, à des doses variant de 600à 1000 litres par hectare selon la densité du feuillage.La façon la plus efficace de connaître ces risques est deprendre contact avec le réseau d’avertissement phy-tosanitaire du Québec.

AUTRES MALADIES FONGIQUES

Plusieurs autres maladies fongiques vont s’attaquer à lapomme de terre soit pendant la période de croissance,soit pendant l’entreposage.

Principales maladies fongiques s’attaquant auxpommes de terre pendant la période de croissance :

� la brûlure alternarienne ou brûlure hâtiveelle sera contrôlée en même temps et de la mêmefaçon que le mildiou;

� la rhizoctoniel’achat de semence saine et la rotation sont lesmeilleures façons de la contrôler;

� la gale poudreusepour la contrôler, il faut maintenir un bon taux d’hu-midité dans le sol au grossissement des tubercules etbien composter les fumiers des animaux qui auraientmangé des pommes de terre infectées; notez bienque deux sortes de gale attaquent les tubercules :l’une est causée par un champignon (gale poudreuse)et l’autre par une bactérie (gale commune); souvent,les deux sont présentes en même temps; la galepoudreuse est caractérisée par des petits points blancssur la peau du tubercule au début de l’infestation.

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Principales maladies fongiques s’attaquant auxpommes de terre pendant l’entreposage :

� la pourriture sèche fusarienne,� la pourriture phoméenne,� la tache argentée.

On peut exercer un certain contrôle sur ces maladies enachetant de la semence saine, en assurant de bonnesconditions d’entreposage (température, humidité rela-tive et circulation d’air) et en évitant de blesser lestubercules lors des manipulations.

MALADIES VIRALES

Les maladies virales peuvent être transmises par lesinsectes broyeurs et suceurs (cicadelle et puceronsurtout), par les blessures mécaniques et par lasemence. Une personne avertie pourra remarquer lessymptômes de ces maladies sur le feuillage tandisqu’ils passeront totalement inaperçus pour d’autres.Ces maladies n’affectent en rien le goût des pommesde terre ni la santé humaine, mais elles réduisent lesrendements. Les plants qui en sont affectés produirontmoins de tubercules et ces derniers seront plus petitsque la normale; parfois même, ils seront difformes.

Principales maladies virales :� l’enroulement,� les mosaïques,� la filosité.

Pour protéger les récoltes de ces maladies, il faut seprocurer des semences saines, éviter de trancher lestubercules pour la plantation et protéger ses champsdes insectes ravageurs.

MALADIES BACTÉRIENNES

Principales maladies bactériennes :

� le flétrissement bactérien,� la jambe noire,� la gale commune,� la pourriture molle bactérienne.

Les maladies bactériennes, quant à elles, sont transmisespar les semences, les blessures mécaniques et un solpréalablement contaminé (les bactéries survivent dans

les matières organiques du sol). La plus dévastatrice est,sans contredit, le flétrissement bactérien. Seul un œilaverti peut reconnaître les symptômes sur le feuillage(ils apparaîssent vers la mi-août). Par contre, la pourri-ture de l’anneau vasculaire du tubercule avec produc-tion d’un liquide crémeux est très caractéristique etfacilement reconnaissable. Cette maladie entraîne delourdes pertes au champ et en entrepôt, à tel point qu’iln’est pas recommandé d’entreposer une récolteatteinte du flétrissement bactérien. Surtout, il ne fautpas l’utiliser comme semence. Les producteurs desemence voient toute leur production de l’année rejetéesi cette maladie est découverte dans un de leurschamps. Ils doivent alors repartir à neuf leur production.

Comme la bactérie responsable du flétrissement bac-térien survit dans le sol, il faut, pour s’en protéger :� se procurer de la semence certifiée;� bien laver et désinfecter les entrepôts et la machinerie,y compris les équipements loués ou empruntés;

� ne pas réutiliser les sacs de pommes de terre;� ne pas permettre aux transporteurs de pommes deterre de dépoussiérer leur camion sur la ferme.

La gale commune ne provoque pas de pourriturecomme la plupart des autres maladies bactériennes,mais plutôt des gales brunâtres et liégeuses sur la peaudes tubercules. Il n’y aura aucun symptôme sur le feuil-lage. L’organisme responsable de la gale survit dans lesol, sur les matières organiques en décomposition etparfois sur les racines des autres plantes. Presque tousles sols à pommes de terre en sont affectés.

Les meilleures façons de réduire au maximum lesatteintes de la gale sont :

� faire de longues rotations;� éviter le fumier frais;� appliquer les amendements calcaires une ouplusieurs années avant la culture de pomme de terre

� remplacer l’orge par une autre céréale dans leschamps en rotation avec les pommes de terre;

� maintenir un bon taux d’humidité dans le sol pendantla tubérisation et le grossissement des tubercules(irriguer au besoin).

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ANNEXELa grille de fertilisation de lapomme de terre du C.P.V.Q.(1996) est un outil qui nouspermet d’évaluer la fertilité denos sols et qui nous guidequant aux quantités d’élé-ments minéraux à y ajouter.Cette grille a été établie enfonction d’un taux de matièreorganique de 3%. Elle ne tientpas compte de l’activitébiologique du sol.

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GRILLE DE FERTILISATION DE LA POMME DE TERRE

AZOTE (N)

Type de sol Recommandation(kg N/ha)

Sol sableux 135-175 selon lesSol loameux 125-150 cultivars

PHOSPHORE (P)

Analyse Recommandation(kg P/ha) (kg P2O5/ha)

Pauvre 0-50 23051-100 215

Moyen 101-150 190151-200 145

Bon 201-300 105Riche 301-400 65Excessivement riche 401 et + 30

POTASSIUM (K)

Analyse Recommandation(kg K/ha) (kg K2O/ha)

Pauvre 0-75 24076-150 215

Moyen 151-225 160226-300 120

Bon 301-375 80Riche 376-450 50Excessivement riche 451 et + 20

MAGNÉSIUM (Mg)

AnalyseK2O appliqué (kg/ha)

(kg Mg/ha)100 170 225

Recommandation (kg Mg/ha)

0-25 40 50 60

26-100 20 30 40101 et + 0 10 20

Source : Grilles de référence en fertilisation, CPVQ, 1996 (AGDEX 540).

T A B L E A U 1 4

MÉTHODE SIMPLIFIÉEDE CONVERSION DES PPM EN kg/ha

ppm x 2,24 = kg/haP2O5 x 0,4369 = PP x 2,2886 = P2O5

K2O x 0,8302 = KK x 1,2046 = K2O

ÉQUIVALENCES

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