La Préhistoire dans la bande dessinée -...

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Les Cahiers nouveaux N° 79 Septembre 2011 61 61-64 Michel Toussaint Service public de Wallonie DGO4 Département du Patrimoine Direction de l’Archéologie Attaché La Préhistoire dans la bande dessinée Les sources qui construisent l’imaginaire préhis- torique sont variées : romans de fiction, chromo- lithographies, timbres poste, dessins animés, ci- néma, ouvrages de vulgarisation, publicités, livres scolaires, monuments… La bande dessinée (BD), thème de la présente contribution, a elle aussi lar- gement contribué à alimenter les conceptions que la société actuelle et particulièrement les jeunes générations se font de la préhistoire. Premières bandes dessinées préhistoriques Le nombre de BD qui évoquent la préhistoire est étonnant, plusieurs centaines rien qu’en français. La première réalisation semble pourtant avoir été suédoise, avec Unrhunden, un homme préhis- torique et son chien déplacés dans les temps modernes, imaginée par Oskar Andersson au tout début du 20 e siècle. Apparaissent ensuite Gertie le Dinosaure de W. Mac Cay (1909), dans la grande presse américaine, puis une planche de Equis dans la revue espagnole TBO (1917), suivie par El Foc dessiné par Junceda pour une revue catalane (1923). La première bande dessinée francophone sur le sujet pourrait bien être Les aventures de Ra et Ta écoliers de la préhistoire (1928) de Maurice Cuvillier. Parmi la production hexagonale de ces temps héroïques, figurent par exemple Mitou et Toti à travers les âges (1938) de Saint Ogan ou encore Tumak fils de la jungle (1948-49) dessiné par Poïvet. La seconde moitié du 20 e siècle voit la multiplication du genre avec le développement de grandes sagas pseudo réalistes comme Rahan, de Chéret et Lécureux, débutée en 1969 dans Pif-Gadget. On citera encore la Chronique de la nuit des temps de Houot, dont le premier volume, La représentation que la société occidentale se fait des temps préhistoriques, consciemment ou non, est loin d’être neutre. Fruit de l’imaginaire collectif, elle repose sur la combinaison de nom- breux paramètres, pas toujours très objectifs, qui varient en fonction du milieu et de l'époque. Ces facteurs créent des distorsions entre le discours des chercheurs, censés être dépositaires du savoir, et celui qui atteint le public. Ainsi la personnalité et la psychologie de ceux qui donnent à voir la préhistoire, qu’il s’agisse d’illustrateurs, d’écrivains ou d’autres vulgari- sateurs, influencent la manière dont la vie de nos lointains ancêtres est représentée. Le degré d’éducation scientifique de tous ces passeurs de mémoire, leur intérêt plus ou moins relatif pour l’évolution de la recherche, les préjugés sociaux voire racistes dominants de leur temps et les leurs propres, ou encore leurs orientations philoso- phiques ne sont pas davantage sans influence. L’optique adoptée, réaliste, romanesque, fan- taisiste ou humoristique, contribue également à moduler les représentations. En outre, comme de nombreux aspects des modes de vie des hommes préhistoriques sont très difficilement acces- sibles, par exemple le langage, les rites, la religion ou les mythes, l'imagination des artistes peut s’en donner à coeur joie pour rêver à souhait les informations lacunaires de la recherche, parfois en s’aidant de comparaisons ethnographiques. La conjonction de tous ces processus trouve son ex- pression dans la naissance d’un certaine nombre de représentations de la préhistoire, parfois plus ou moins proches de l’idée que s’en font les spé- cialistes du moment, plus souvent mythiques.

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61-64Michel ToussaintService public de WallonieDGO4Département du PatrimoineDirection de l’ArchéologieAttaché

La Préhistoire dans la bande dessinée

Les sources qui construisent l’imaginaire préhis-torique sont variées : romans de fiction, chromo-lithographies, timbres poste, dessins animés, ci-néma, ouvrages de vulgarisation, publicités, livres scolaires, monuments… La bande dessinée (BD), thème de la présente contribution, a elle aussi lar-gement contribué à alimenter les conceptions que la société actuelle et particulièrement les jeunes générations se font de la préhistoire.

Premières bandes dessinées préhistoriques

Le nombre de BD qui évoquent la préhistoire est étonnant, plusieurs centaines rien qu’en français. La première réalisation semble pourtant avoir été suédoise, avec Unrhunden, un homme préhis-torique et son chien déplacés dans les temps modernes, imaginée par Oskar Andersson au tout début du 20e siècle. Apparaissent ensuite Gertie le Dinosaure de W. Mac Cay (1909), dans la grande presse américaine, puis une planche de Equis dans la revue espagnole TBO (1917), suivie par El Foc dessiné par Junceda pour une revue catalane (1923). La première bande dessinée francophone sur le sujet pourrait bien être Les aventures de Ra et Ta écoliers de la préhistoire (1928) de Maurice Cuvillier. Parmi la production hexagonale de ces temps héroïques, figurent par exemple Mitou et Toti à travers les âges (1938) de Saint Ogan ou encore Tumak fils de la jungle (1948-49) dessiné par Poïvet. La seconde moitié du 20e siècle voit la multiplication du genre avec le développement de grandes sagas pseudo réalistes comme Rahan, de Chéret et Lécureux, débutée en 1969 dans Pif-Gadget. On citera encore la Chronique de la nuit des temps de Houot, dont le premier volume,

La représentation que la société occidentale se fait des temps préhistoriques, consciemment ou non, est loin d’être neutre. Fruit de l’imaginaire collectif, elle repose sur la combinaison de nom-breux paramètres, pas toujours très objectifs, qui varient en fonction du milieu et de l'époque. Ces facteurs créent des distorsions entre le discours des chercheurs, censés être dépositaires du savoir, et celui qui atteint le public.

Ainsi la personnalité et la psychologie de ceux qui donnent à voir la préhistoire, qu’il s’agisse d’illustrateurs, d’écrivains ou d’autres vulgari-sateurs, influencent la manière dont la vie de nos lointains ancêtres est représentée. Le degré d’éducation scientifique de tous ces passeurs de mémoire, leur intérêt plus ou moins relatif pour l’évolution de la recherche, les préjugés sociaux voire racistes dominants de leur temps et les leurs propres, ou encore leurs orientations philoso-phiques ne sont pas davantage sans influence. L’optique adoptée, réaliste, romanesque, fan-taisiste ou humoristique, contribue également à moduler les représentations. En outre, comme de nombreux aspects des modes de vie des hommes préhistoriques sont très difficilement acces-sibles, par exemple le langage, les rites, la religion ou les mythes, l'imagination des artistes peut s’en donner à coeur joie pour rêver à souhait les informations lacunaires de la recherche, parfois en s’aidant de comparaisons ethnographiques. La conjonction de tous ces processus trouve son ex-pression dans la naissance d’un certaine nombre de représentations de la préhistoire, parfois plus ou moins proches de l’idée que s’en font les spé-cialistes du moment, plus souvent mythiques.

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Le couteau de pierre, paraît en 1987, ainsi que les séries Vohuna (2002-2005) et Neandertal (2007-2011) de Roudier. La veine humoristique est domi-née par Astérix le Gaulois, résistant de la fin de La Tène à l’envahisseur romain, imaginé dès 1959 par Uderzo et Goscinny dans le magazine Pilote.

Et en Belgique ?

La première aventure censée se dérouler en milieu préhistorique réalisée par un dessinateur belge est l’adaptation de La guerre du feu (1948) de Rosny, par Funcken. Vient ensuite le volume initial de Timour, de Sirius, édité à partir de 1953 dans Spirou. C’est l’histoire, quasi évangélique, d’un héros christique qui rassemble dans la paix des individus isolés et est ainsi à l’origine de la création d’une tribu. Au cours des années 1950, Moniquet produit une série d’épisodes d’Avio-rix, un héros gaulois qui sera publié dans Heroic Albums jusqu’en 1956 avec reprise en 1969-1970. Réalisées par Aidans, les aventures de Tounga, entamées en 1961 dans Tintin, feront l’objet de 17 albums de 1964 à 2004. Elles sont loin d’être conformes à la moindre réalité préhistorique. Comme Timour cependant, Tounga cherche à faire le bien. Dans la même veine apparaît Tumak (1979) de Magda et Linssen. Il faut encore signaler Les chasseurs de l’Aube (2003) de René Hausman qui, malgré diverses erreurs de conformité, offre la moins mauvaise bande dessinée préhistorique de la veine réaliste produite en Belgique.

Les créations humoristiques sont plus nom-breuses. À titre d’exemple parmi les premières : Tor l’homme des cavernes et Tori, de Vandersteen au début des années 1940 ; Yopy (1954) puis divers épisodes de la série Primus et Musette de Craenhals, notamment Les bâtons volants (1961). Depuis 1958, on citera Saki et Zunie de Hausman, La clavicule du dinosaure (1971) de Vandersteen, Cro-Magnon de Bara à partir de 1974 ou encore Gour le Ba-Lhour, ses amis, ses amours… (1977) de Joke, pseudonyme d’Aidans. Bien d’autres bandes dessinées belges proposent des références à la préhistoire dans le cadre des aventures de héros modernes, par exemple Les menhirs dansants et Le pied du druide, épisodes de Jérôme, de Vandersteen, Vingt milliards sous la terre (1974) et El demonio (1977) de Mitacq, La molaire de Mindanao (1985) de Magda et Lamquet, La danse des géants (1999) de Jarbinet, La grotte aux esprits (1977) de Mitteï et Vasseur…

Une préhistoire cohérente ou mythique ?

On peut, et c’est le cas de la majeure partie des archéologues, être interloqué par les incohé-rences et les incroyables libertés que prennent les scénaristes et dessinateurs de bandes dessinées par rapport à l’état des connaissances scientifiques relatives à la préhistoire. Conception diamétralement opposée, certains estiment que la liberté d'artiste permet les fantaisies les plus débridées, arguant que la BD n’a pas de voca-tion éducative mais a simplement pour but de distraire. Il serait parfaitement légitime, dans

Pinko et Cie dans l’après-histoire, de Bottaro, 1983, Éditions Bédésup.© Héritiers Bottaro

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cette optique, que les dessinateurs s'emparent de l'attrait du passé pour composer des histoires dé-lirantes qui ne respectent ni le temps ni l'espace ni les fondements mêmes de la recherche. Cette façon de rêver la préhistoire fait appel aux pires clichés et aux mythes les plus éculés (Toussaint, 2011). On apprend ainsi que l’homme préhisto-rique vivait à moitié nu au fond des grottes, pour se protéger des bêtes sauvages et se réchauffer dans la fumée de son famélique foyer. Côtoyant les dinosaures, armé d’un pauvre gourdin, il se révèle aussi une brute épaisse, à l’instinct san-guinaire, sectaire, raciste, cannibale et misogyne. À ce dernier égard, il est symptomatique que le héros soit quasi toujours un homme, conférant à la plupart des histoires une connotation ma-chiste : le fier guerrier traîne bien sa femme par les cheveux… Dans le monde de la préhistoire, tout est donc violence, des autres groupes hu-mains aux animaux sauvages et aux catastrophes naturelles. Il résulte de tous ces fantasmes, largement démontés par les archéologues au fil des décennies, que la bande dessinée est un des domaines où la préhistoire est la plus déformée. Les nombreuses oeuvres, tant francophones qu'américaines, rivalisent également d'ana-chronismes et d'incohérences de toutes sortes, même si nombre de héros font preuve de qualités humaines non négligeables. Il faut donc, pour l’apprécier malgré ses errances, voir l’essentiel de cette production, qui ne manque pas de qualités artistiques, comme des fictions, essentiellement fantaisistes ou humoristiques, et pas comme des traductions des conceptions scientifiques. C’est seulement récemment, avec la Chronique de la nuit des temps de Houot, que s’observe une véritable réconciliation entre les dessinateurs et les préhistoriens dans la mesure où aventure et humour s’y mêlent harmonieusement à une plus grande rigueur scientifique.

Essai de classification

L’abondante production du neuvième art relative à la préhistoire peut être répartie en diverses catégories.

La première regroupe ainsi les aventures sup-posées se dérouler pendant la préhistoire dont toutes les phases, des Australopithèques à la pro-tohistoire, sont évoquées. Il s’agit cependant sou-vent d’une espèce de préhistoire intemporelle qui ne correspond réellement à aucune période par-ticulière mais à un mélange des particularités de plusieurs d’entre elles. Ces confusions sont bien illustrées dans les aventures de Tounga où, par exemple, dans Le faiseur de feu (1982), le héros et ses amis, hommes modernes du Paléolithique su-périeur, sont attachés sur un dolmen néolithique par des homininés primitifs. Divers sous-groupes peuvent être distingués :

— Les grandes sagas pseudo réalistes, incarnées par Tounga et Rahan, montrent une préhistoire rude, violente avec, souvent, télescopage de périodes. Les personnages sont peu vêtus, même dans la neige. Leurs armes sont caricaturales. Les héros, auxquels la jeunesse doit pouvoir

s’identifier, ont cependant des valeurs morales qu’ils tentent d'inculquer à leurs contemporains.

— Les BD d'humour dont beaucoup cherchent à parodier la société actuelle, souvent en proje-tant dans le passé des défauts et attitudes de la civilisation contemporaine, jouant sur le fait que le détachement lié à la distance chronologique permet plus facilement de s'en moquer. Les divers épisodes de Primus et Musette, de Craenhals, ou encore Archibald, de Jean Ache, satire de nos institutions parue dès 1948, en fournissent de bons exemples. La plus connue des réalisations qui peut éventuellement encore, par sa position chronologique, se rattacher aux BD d’humour préhistorique est sans contexte Astérix. Héros intelligent et généreux, Astérix magnifie aussi les valeurs nationales françaises de gouaillerie et d’humour rigolard. Les auteurs de cette série n’hésitent malheureusement pas à associer les mégalithes aux druides, négligeant qu’il s'est passé presque autant de temps entre notre époque et les Gaulois qu'entre ces derniers et la construction des mégalithes.

— Les aventures où les héros et leur contexte de vie sont à peu près conformes à l'image que donne la science actuelle de la réalité préhistorique sont extrêmement rares. La palme du genre revient, on l’a vu, au dessinateur français Houot.

Le fils de la lune, une aventure de Rahan, de Chéret et Lécureux, 1979, dessin de Roméro, Pif Gadget.

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Une deuxième catégorie pourrait regrouper les aventures de héros modernes dans des sites pré-historiques, qui servent juste de toile de fond à une partie, souvent réduite, de l'histoire. C’est ainsi que les célèbres cercles de Stonehenge sont abondam-ment représentés, par exemple dans L'éveilleur, une aventure de Simon du fleuve de Auclair et Riondet (1988), dans Le puits nubien de Juillard et Martin (1987), dans L'affaire Francis Blake de Benoit et Van Hamme (1996), ou encore dans La danse des géants de Jarbinet (1999). À la même veine appartiennent encore Le pied du Druide (1974), une aventure de Jérôme de Vandersteen ou Vingt milliards sous la terre (1974), épisode de La patrouille des castors dessinée par Mitacq.

Les voyages dans la préhistoire composent une troisième catégorie : les héros y sont envoyé grâce à des machines à remonter le temps. Dans La clavicule du dinosaure (1971), Jérôme et ses compagnons rencontrent ainsi des hommes pré-historiques. Les héros modernes peuvent aussi se retrouver dans une espèce d'ère secondaire, comme Bob Morane de Vernes dans Les chas-seurs de dinosaures, illustrés en 1983 par Coria.

Antithèse de la précédente, une quatrième catégorie surfe sur le thème de la survivance d'hommes ou d’animaux préhistoriques. On peut y distinguer :

— l’éveil à l'époque actuelle d'hommes préhis-toriques tel Lombok (1979), de Berck et Daniël, décongelé du bloc de glace qui lui a permis de traverser le temps avant de se livrer à de multiples facéties à notre époque.

— des hommes préhistoriques transférés à l'époque actuelle par une machine à remonter le temps, notamment Alley Oop de Hamlin.

— la découverte de mondes perdus, îles ou forêts, où survivent encore de nos jours des hommes pré-historiques et, parfois, des dinosaures. Dans L’île hors du temps (1974), Tarzan, le héros de Burroughs dessiné par Manning, est ainsi confronté à des survivants d’une espèce de préhistoire. Le sujet est également exploité, parmi beaucoup d’autres exemples, dans les diverses transcriptions en bandes dessinées du Monde perdu de Conan Doyle.

Un cinquième grand thème évoque une sorte de retour à la préhistoire dans un futur plus ou moins rapproché, après une catastrophe planétaire, par exemple une guerre atomique. C’est notamment le cas dans les aventures humoristiques de Pinko et Ponko créés en 1957 par Bottaro. Avec leur savant ami Pythagore, ces personnages évoluent dans un futur lointain où la nature a subi des mutations et où les hommes, retombés à l'âge de la pierre, cherchent les traces de leur passé.

Le recours à la BD à des fins didactico-pédago-giques rassemble également, sixième catégorie, diverses productions comme La planète menacée (1991) de Goyallon, Coppens et Vomorin ou encore La vallée des Rennes (2001) de De La Fuente et Vaidis.

Pour conclure

La bande dessinée qui fait référence à la préhis-toire est d’une grande richesse, tant en nombre qu’en variété thématique. Ces productions, où mythes et clichés foisonnent, ne répondent pour la plupart pas aux impératifs de conformité que souhaiteraient les archéologues. Leur analyse contribue pourtant à mieux comprendre, en en décryptant une des sources, les représentations que la société actuelle et particulièrement les jeunes se font de la préhistoire. Abstraction faite des inévitables réserves que le sujet soulève, il faut, pour apprécier les meilleures BD dites préhistoriques pour leurs qualités intrinsèques, les considérer comme des fictions, humoristiques ou proches de l’heroïc fantasy, et non comme des ouvrages de vulgarisation scientifique qu’elles n’ont jamais eu la prétention d’être. Il convient également, au delà de l’analyse des thèmes préhistoriques reflétés, qui expriment souvent certaines caractéristiques de la société actuelle, de s’intéresser à la bande dessinée elle-même en tant que sujet d’étude à part entière. Il s’agit notamment de décrypter l’originalité des scéna-rios proposés, le style graphique des oeuvres, leur contexte historique et les conventions propres au genre. C’est donc au prix de la variété des points de vue que la grande richesse du neuvième art, en expansion continue, pourra être pleinement mise en évidence et appréciée, notamment dans sa composante vaguement inspirée d’une préhistoire souvent très déformée.

À découvrir

Exposition temporaire, Mythique Préhistoire. Idées fausses et vrais clichés, du 8 avril au 30 septembre 2011, au Préhistosite de Ramioul, Rue de la Grotte 128 à 4400 Flémalle. Voir http://www.ramioul.org/ expo-mythique.php

Bibliographie

M. TOUSSAINT, Mythique préhistoire. Idées fausses et vrais clichés. Les sources belges, Les Éditions du Musée de la Préhistoire en Wallonie, Flémalle, 2011, 86 p.

La saison de Mordagg, tome 2 de Vohuna, de Roudier, 2003, Éditions Soleil.