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p. 1 La presse berlinoise Les Allemands sont des grands lecteurs de journaux : on vend à Berlin deux fois plus d’exemplaires de quotidiens et d’hebdos qu’à Paris ! L’histoire tourmentée de la presse allemande et berlinoise… La liberté de la presse est un élément essentiel à toute démocratie : en Allemagne, son acquisition fut un parcours semé d’embûches. Jusqu’en 1919 et l’avènement de la république de Weimar, la presse allemande est soumise à une censure implacable : c’est l’arrivée du libéralisme dans le pays qui accélère la proclamation de la liberté de la presse. Mais cette liberté ne dure pas : Hitler et le parti nazi accèdent au pouvoir en 1933, signifiant l’abolition immédiate de toutes les libertés. Instrumentalisée par le ministère de l’Information et de la Propagande de Goebbels, la presse allemande devient un outil de propagande pour le régime, la courroie de transmission entre la dictature et le peuple. La chute du régime nazie à la fin de la guerre ne signifie retour à la démocratie et à la liberté d’expression que pour la moitié occidentale de l’Allemagne, la RFA. De ce côté-ci, les Allemands, marqués par les années noires de la première moitié du XXe siècle, font entrer dès 1949 la liberté de la presse dans la Loi fondamentale (équivalent allemand de la Constitution). En revanche, la RDA passe d’une dictature à l’autre. Sous l’influence de l’URSS, le contrôle de la presse par l’État à fin de propagande subsiste. Durant toute la guerre froide, l’antagonisme Est-Ouest se traduit par un renforcement progressif de la scission entre les journaux libéraux et communistes. Les tensions sont à leur comble dans la capitale berlinoise, le mur scelle les dissensions des organes de la presse. La réunification en 1990 signifie liberté de la presse pour l’Allemagne toute entière : elle est inscrite dans la Loi fondamentale de la nouvelle Allemagne. Cependant, la division de la presse entre l’est et l’ouest de l’Allemagne demeure encore aujourd’hui. De fait, en 2013, encore beaucoup d’Allemands de l’Est lisent journaux de l’Est et Allemands de l’Ouest journaux de l’Ouest : les vestiges de la guerre froide persistent toujours dans la mémoire collective. Ainsi, de l’histoire plus que troublée de l’Allemagne durant la grande partie du XXe découle la structure des médias actuels ainsi que l’attachement important des Allemands au principe de liberté de la presse.

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La presse berlinoise

Les Allemands sont des grands lecteurs de journaux : on vend à Berlin deux fois plus d’exemplaires de quotidiens et d’hebdos qu’à Paris !

L’histoire tourmentée de la presse allemande et berlinoise… La liberté de la presse est un élément essentiel à toute démocratie : en Allemagne, son acquisition fut un parcours semé d’embûches.

Jusqu’en 1919 et l’avènement de la république de Weimar, la presse allemande est soumise à une censure implacable : c’est l’arrivée du libéralisme dans le pays qui accélère la proclamation de la liberté de la presse.

Mais cette liberté ne dure pas : Hitler et le parti nazi accèdent au pouvoir en 1933, signifiant l’abolition immédiate de toutes les libertés. Instrumentalisée par le ministère de l’Information et de la Propagande de Goebbels, la presse allemande devient un outil de propagande pour le régime, la courroie de transmission entre la dictature et le peuple.

La chute du régime nazie à la fin de la guerre ne signifie retour à la démocratie et à la liberté d’expression que pour la moitié occidentale de l’Allemagne, la RFA. De ce côté-ci, les Allemands, marqués par les années noires de la première moitié du XXe siècle, font entrer dès 1949 la liberté de la presse dans la Loi fondamentale (équivalent allemand de la Constitution).

En revanche, la RDA passe d’une dictature à l’autre. Sous l’influence de l’URSS, le contrôle de la presse par l’État à fin de propagande subsiste. Durant toute la guerre froide, l’antagonisme Est-Ouest se traduit par un renforcement progressif de la scission entre les journaux libéraux et communistes. Les tensions sont à leur comble dans la capitale berlinoise, où le mur scelle les dissensions des organes de la presse.

La réunification en 1990 signifie liberté de la presse pour l’Allemagne toute entière : elle est inscrite dans la Loi fondamentale de la nouvelle Allemagne.

Cependant, la division de la presse entre l’est et l’ouest de l’Allemagne demeure encore aujourd’hui. De fait, en 2013, encore beaucoup d’Allemands de l’Est lisent journaux de l’Est et Allemands de l’Ouest journaux de l’Ouest : les vestiges de la guerre froide persistent toujours dans la mémoire collective.

Ainsi, de l’histoire plus que troublée de l’Allemagne durant la grande partie du XXe découle la structure des médias actuels ainsi que l’attachement important des Allemands au principe de liberté de la presse.

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…qui jouent tout de même un rôle important dans la société allemande Tous les bouleversements qu’a connus l’Allemagne furent toujours accompagnés d’un aspect médiatique fort. La plupart aurait même été impensable sans l’influence des médias – et plus particulièrement de la presse – allemands.

Qu’aurait été le relèvement de l’Allemagne après la seconde guerre mondiale sans la presse ? Comment l’Allemagne se serait-elle remise de la guerre froide sans la participation active de la presse ? Et l’édification pierre à pierre de l’Union Européenne, à commencer par l’alliance franco-allemande, ce sont encore les médias ! L’influence considérable de la presse sur les Allemands a, durant tout le XXe siècle, joué un rôle crucial dans l’histoire du pays : nulle part ailleurs l’expression « quatrième pouvoir » n’est plus adaptée pour qualifier les médias. Aujourd’hui encore, les journaux allemands sont considérés comme des plus influents d’Europe.

En effet, le nombre de quotidiens allemands s’élève à 350, contre 80 pour la France, faisant de l’Allemagne le premier pays européen et le huitième mondial. Belle différence ! En outre, le tirage des quotidiens allemands s’élèvent à 25 millions par jour, ce qui lui octroie encore la première place européenne. Les journaux exercent donc une véritable influence sur l’opinion publique par la diversité des titres, mais aussi par la différenciation régionale.

Ainsi, à Berlin – comme dans toute l’Allemagne -, trois échelles de publication existent : la première est locale, les journaux sont distribués à Berlin uniquement ; la seconde est l’échelle régionale, la diffusion est étendue à tout le Land de Berlin ; la dernière enfin est l’échelle suprarégionale : la diffusion du journal dépasse les limites de la région de Berlin pour s’étendre à l’ensemble de l’Allemagne. Cela correspond en France à une diffusion nationale, même si l’édition du journal reste basée à Berlin. Ce sont les quotidiens locaux et régionaux qui sont les plus lus, même si les suprarégionaux ont une influence supérieure. L’explication à ce fractionnement géographique ? La tradition fédérale allemande, évidemment !

C’est aussi elle qui explique que Berlin ne centralise pas la plupart des journaux comme en France : en Allemagne, les régions de diffusions sont équitablement réparties. Berlin concentre d’ailleurs moins de quotidiens que les autres régions, même si cette affirmation est de moins en moins vraie actuellement.

Enfin, même si quelques scandales de conflits d’intérêt ont déjà éclaté, la presse allemande bénéficie d’une indépendance forte. La liberté d’expression et de la presse est un principe fondateur de la démocratie allemande, et le pluralisme des opinions et de l’information existe bel et bien. La presse allemande s’est émancipée, elle ne relève plus des gouvernements

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et des partis politiques, ni de grands groupes industriels, mais est entre les mains de groupes exclusivement de presse.

Ainsi, son indépendance réelle et la diversité des régions de publication et des titres octroient à la presse allemande – et particulièrement berlinoise – une réputation de qualité lui permettant de prendre une part active dans les débats et la vie publics.

Des groupes 100% médias Les groupes de médias allemands sont des plus puissants d’Europe, et possèdent des intérêts partout sur le continent. Tous sont spécialisés dans les médias et communications, et n’ont généralement pas de participation dans d’autres secteurs. Depuis 1956, le pays est même doté d’un conseil de la presse allemande, où siègent 10 journalistes et 10 représentants des éditeurs, et pouvant être directement saisi par le public.

En Allemagne, 5 grands groupes exclusivement de médias dominent le marché de la presse écrite. Certains grands journaux comme Süddeutsche Zeitung et Frankfurte Allgemeine Zeitung sont indépendants, mais la majorité de la presse écrite appartient à ces groupes influents.

Le plus puissant est Axel Springer qui contrôle un quart du marché et des titres emblématiques tel que le tabloïd Bild, vendu à 3 millions d’exemplaires par jour, ou le sérieux Die Welt ou encore le berlinois Berliner Morgenpost. Pour Bertelsmann Gruner + Jahr, le cinquième groupe mondial de médias, c’est différent. Le mastodonte possède beaucoup d’actifs à l’étranger : RTL, M6, vous connaissez ? Et Géo, Voici, Femme Actuelle ? Tout ça, c’est Bertelsmann ! N’oublions pas le petit poucet, si j’ose dire, des groupes de médias allemands : Holtzbrinck, le plus secret des géants dans le paysage médiatique allemand, qui possède des titres de moindre importance, à l’image du Handelsblatt et du Tagesspiegel de Berlin.

Vous pourriez vous dire que deux groupes concentrant autant de parts de marchés, « n’est-ce pas problématique ? » Cependant, contrairement à la France où de grands groupes industriels, comme Bouygues, investissent dans tous les domaines et engendrent de nombreux conflits d’intérêt, en Allemagne, le débat reste limité : la loi allemande qui interdit qu’un groupe cumule à lui seul 30% des parts d’audience l’étouffe dans l’œuf.

Le reste du paysage médiatique allemand est contrôlé par deux groupes du service public, plus précisément par des conseils audiovisuel censés refléter la société allemande.

Ce pluralisme des groupes de médias et leur unicité d’activités renforcent donc encore l’indépendance de la presse écrite allemande.

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La distribution des journaux allemands Il existe une différence significative entre la diffusion des journaux allemands et français : la distribution. En effet, à Berlin par exemple, le principal mode de distribution des journaux est l’abonnement des lecteurs ; tandis qu’à Paris, c’est la vente en kiosque qui est privilégiée.

On peut aussi observer à Berlin deux modes de distributions pouvant paraître étonnant pour des Parisiens : la vente dans la rue, à la criée (elle se fait de plus en plus rare), et même des distributeurs des journaux, libre d’accès et sans surveillance, où s’empilent le plus souvent des journaux à scandale aux Unes accrocheuses. Ces petites boîtes bien germaniques comptent sur l’honnêteté (!) du badaud pour verser la somme demandée en échange du quotidien. Inimaginable à Paris !

En revanche, cette opposition entre le portage à domicile allemand et la vente au numéro française ne se traduit pas par une différence de prix : dans nos deux pays, le prix de vente du quotidien tourne autour des 1,50€.

Tour d’horizon des principaux journaux de Berlin

Les quotidiens locaux & régionaux

Ce sont surtout les petites villes qui possèdent des journaux uniquement locaux. À Berlin, presse locale et régionale se confondent. Vous remarquerez que la majorité des titres suivants sont aux mains des trois plus importants groupes de presse allemands : Axel Springer, Bertelsmann et Holtzbrinck.

Berliner Zeitung : 145 000 exemplaires (DuMont Schauberg)

Fondé dans l'immédiat après-guerre (le 21 mai 1945), titre de l'ex-RDA, le quotidien s'enorgueillit d'avoir su créer, après la chute du Mur, une rédaction Est-Ouest. Depuis janvier 2009, il est la propriété du groupe DuMont Schauberg. Son directeur, Uwe Vorkötter, est l'ancien rédacteur en chef de la Frankfurter Rundschau, titre qui appartient au même groupe.

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La Berliner Zeitung touche plus de 400 000 lecteurs à Berlin et dans l'ensemble du Brandebourg ; c'est le titre le plus lu de la capitale allemande, à égalité avec le B.Z.

B.Z. : 145 000 exemplaires (Axel Springer)

Créé en 1877, le B.Z. est un tabloïd berlinois appartenant au groupe Axel Springer. Ce quotidien ne doit pas être confondu avec le Berliner Zeitung, un journal sérieux, avec lequel il est en concurrence pour la place de premier journal berlinois.

Berliner Morgenpost : 135 000 exemplaires (Axel Springer)

Créé en 1898, c'est le journal de droite, traditionnel et de qualité de la capitale. Depuis 2001, il partage sa rédaction avec Die Welt. Le titre appartient au groupe Axel-Springer.

Der Tagesspiegel : 132 000 exemplaires (Holtzbrinck)

Le sérieux et la qualité honorent ce titre régional de la capitale allemande. Éclairé, de tendance centriste et libérale. Der Tagesspiegel appartient au groupe Holtzbrinck.

Berliner Kurier : 105 000 exemplaires (DuMont Schauberg)

En 1949, le B.Z. donne naissance à son petit frère, le B.Z. am Abend, renommé par la suite Berliner Kurier, quotidien dans le genre du B.Z. diffusé aujourd’hui à près de 105 000 exemplaires.

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Les quotidiens suprarégionaux

Les quotidiens suprarégionaux (nationaux) sont donc diffusés presque partout en Allemagne, dont évidemment Berlin.

Bild : 3 millions d’exemplaires (Axel Springer)

Populaire et populiste, le titre est l’équivalent du Sun britannique et impressionne plus par son tirage que par la qualité de son contenu. Politiquement proche des chrétiens-démocrates et considéré comme le "confessionnal" du pays, il raffole des révélations, des photos-choc et du lavage de linge sale. Il publie souvent en Une une photo de femme dénudée. À cause de son influence sur les opinions, Bild est également lu par les dirigeants politiques. Ses 3 millions d’exemplaires de tirage font de lui le journal le plus vendu d’Europe.

Süddeutsche Zeitung, SZ : 428 000 exemplaires (indépendant)

Fondé à Munich en 1945, le "journal intellectuel du libéralisme de gauche allemand" est l’autre grand quotidien de référence du pays, avec la FAZ.

La SZ est un journal réputé pour sa tolérance, sa vigilance et son indépendance. Le traitement de l’information nationale et internationale y tient une très large place.

Frankfurter Allgemeine Zeitung, FAZ : 380 000 exemplaires (indépendant)

Fondée en 1949 et menée par une équipe de cinq directeurs, la FAZ, grand quotidien conservateur et libéral, est un outil de référence dans les milieux d'affaires et intellectuels allemands. Plus de 300 rédacteurs et 40 correspondants à l'étranger participent à son élaboration, ce qui le rend largement indépendant des agences de presse.

Il s'est longtemps distingué par son refus de la couleur et de l'image. En 2007 apparaît pour la première fois l'image de Une. Considéré

comme le plus grand quotidien en Allemagne, il s'inscrit dans la lignée des grands titres anglophones comme The New York Times et le Financial Times. Une place importante est accordée au traitement de l'information internationale et économique.

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Die Welt : 263 000 exemplaires (Axel Springer)

"Le Monde", porte-drapeau des éditions Springer, est une sorte de Figaro à l’allemande. Très complet dans le domaine économique, il est aussi lu pour ses pages concernant le tourisme et l'immobilier. Notamment avec sa rubrique d'analyse, nommée « Arrière-plan », ce journal se revendique conservateur. Il est quotidiennement distribué dans plus de 130 pays. Depuis 1948, paraît son cousin dominical, le Welt am Sonntag, qui fait partie des médias allemands les plus repris.

Handelsblatt : 143 000 exemplaires (Holtzbrinck)

Le principal journal économique, financier et boursier d'outre-Rhin. Indispensable aux hommes d'affaires allemands. Fondé en 1946, il appartient comme la Zeit au groupe de presse Holtzbrink. Il a conclu un partenariat avec le groupe Dow Jones qui possède le Wall Street Journal et a accès à son réseau de correspondants.

Die Tageszeitung, Taz : 53 000 exemplaires (indépendant)

Le journal alternatif Tageszeitung, ou Taz, est né en 1979 à Berlin-Ouest en réaction au terrorisme du mouvement de guérilla urbaine communiste RAF (Rote Armee Fraktion). Il s'est imposé comme le quotidien de gauche des féministes, des écologistes et des pacifistes.

Neues Deutschland : 38 000 exemplaires (proche du parti politique Die Linke)

Ancien organe du Parti communiste est-allemand. Aujourd'hui, proche du parti de gauche, Die Linke. Journal édité par Lothar Bisky, il trouve son lectorat en Allemagne de l'Est. Avant la chute du Mur, le journal se vendait à un million d’exemplaires. Depuis 1998, il adopte plutôt la ligne des communistes "réalistes".

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Les hebdos

Der Spiegel : 976 000 exemplaires (indépendant des grands groupes de médias, Rudolf Augstein)

Un grand, très grand magazine d’enquêtes, lancé en 1947, agressivement indépendant, et qui a révélé plusieurs scandales politiques. Depuis sa création, le Spiegel a choisi la ligne du journalisme d'investigation et a déclaré la guerre à la corruption et à l’abus de pouvoir. Il est en général peu tendre avec la droite allemande. Connu pour avoir développé son propre jargon journalistique, il publie aussi quatre hors-séries par an.

Stern : 869 000 exemplaires (Bertelsmann)

Ce magazine d’actualité, fondé en 1948, a acquis une solide réputation pour ses reportages abondamment illustrés. Il tend désormais à privilégier la recherche du sensationnel.

Brigitte : 800 000 exemplaires (Bertelsmann)

Brigitte est le magazine féminin le plus vendu en Allemagne, avec un tirage d'environ 800 000 exemplaires pour 3,6 millions de lectrices. Édité toutes les deux semaines par Bertelsmann Gruner + Jahr, le magazine a été créé en 1954 en Allemagne de l'Ouest.

Focus : 620 000 exemplaires (Burda)

Lancé en 1993 par le groupe de presse Burda, ce newsmagazine "moderne" avec ses articles courts et son infographie envahissante est un grand succès. Il se veut le concurrent de droite de Der Spiegel.

À la différence du Spiegel, Focus délivre plus de faits que d'analyses critiques et d'enquêtes et s'attache plus à faire entendre

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les opinions des politiques et personnalités en vue que celle de sa propre rédaction. Sa création et sa mise sur le marché ont été préparées par des spécialistes en marketing, dont la cible était la jeune élite désireuse d'informations rapides et faciles à lire. Focus s'impose désormais comme le deuxième magazine généraliste en Allemagne après Der Spiegel.

Die Zeit : 540 000 exemplaires (Holtzbrinck)

Le journal hebdomadaire de l'intelligentsia allemande. Tolérant et libéral, c'est un grand journal d’information et d’analyse politique qui paraît tous les jeudis. Créé en 1946 par la force d’occupation britannique, le journal appartient au groupe Holtzbrinck. L'ancien chancelier Helmut Schmidt, un des éditeurs, signe régulièrement des articles dans ses colonnes.

Der Freitag : 20 000 exemplaires (Jakob Augstein)

Titre orienté au centre gauche, il est né en 1990 de la fusion de la Volkszeitung de l'ex-RFA et de la Sonntagszeitung de l'ex-RDA. D’abord dédié aux conséquences politiques et sociales de la réunification allemande, il a changé de formule en 2009, pariant sur le débat et les articles d'opinion. Il offre une large place à ses bloggeurs qu'il publie aux côtés des articles de ses rédacteurs.

La presse allemande au défi du numérique Les journaux français ne sont pas les seuls à subir de plein fouet la crise de la presse papier : la presse écrite allemande, pourtant la plus forte d’Europe, en est aussi victime.

Ainsi, à la fin de l’année dernière, deux grands journaux allemands ont dû mettre la clé sous la porte : le Financial Times Deutschland et le Frankfurter Rundschau, deux prestigieux quotidiens allemands pourtant diffusés dans tout le pays. Ce sont peut-être les premiers à sombrer, mais ce ne seront sûrement pas les derniers.

Le responsable de cette débâcle ? Internet, et le développement de l’information gratuite sur le net, vers laquelle les lecteurs préfèrent se tourner. À l’ère du numérique portable et omniprésent, la presse écrite est délaissée. Pour couronner le tout, la pub, qui représente deux

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tiers des recettes des quotidiens, est bien moins chère sur internet. Faute d’annonceurs, de plus en plus de rédactions rognent sur leurs enquêtes et études approfondies, qui ont pourtant fait leur réputation.

Cela porte doublement atteinte aux principes de la démocratie : en effet, les journaux n’ont plus les moyens de faire des analyses de fonds et les citoyens se noient dans une masse d’informations qu’ils ne sont plus à même de trier correctement ; pire encore, le pluralisme de la presse et, par là, les valeurs culturelles en pâtissent.

Cependant, cette évolution n’a pas que des aspects négatifs ; elle représente même une chance pour la presse quotidienne : en effet, sur internet, les quotidiens peuvent transmettre des informations plus détaillées que dans un journal, car ils ne subissent plus les contraintes d’espace et de temps.

Les journaux allemands devront donc trouver la formule magique permettant de concilier survie de la presse papier et développement de l’information web pour ne pas rester sur le bord du chemin. Pour l’instant, la mort lente de la presse papier se confirme : l’Allemagne compte encore de nombreux grands quotidiens, mais la vague qui a entraîné la disparition de journaux en France et aux États-Unis vient à l’évidence d’atteindre les rives du Rhin.

Bonne lecture !

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