La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la...

36
DOCUMENTS –MEMOIRE DU STAGE La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la discipline Organisé par le Pôle National de Ressources en Préhistoire Les 3-4-5 décembre 2003 à Sireuil (Dordogne) Partenaires : La Drac, le rectorat de l’académie de Bordeaux, L’inspection académique de la Dordogne, l’IUFM d’Aquitaine, le conseil régional d’Aquitaine, le conseil général de la Dordogne, le Pôle International de la Préhistoire

Transcript of La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la...

Page 1: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

DOCUMENTS –MEMOIRE DU STAGE

La PréhistoireIntérêts pédagogiques

de la discipline

Organisé par le Pôle National de Ressources en Préhistoire

Les 3-4-5 décembre 2003 à Sireuil (Dordogne)

Partenaires :La Drac, le rectorat de l’académie de Bordeaux, L’inspection académique de laDordogne, l’IUFM d’Aquitaine, le conseil régional d’Aquitaine, le conseil général

de la Dordogne, le Pôle International de la Préhistoire

Page 2: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

2

Avant-propos

Depuis son installation, le Pôle National de Ressources en préhistoire a mené unepolitique active tant dans le secteur documentaire que sur le plan de l’animation et de laformation.

Devenu dans le domaine de la préhistoire un partenaire respecté, pour son apportdans l’expertise pédagogique, il accompagne la mise en œuvre des actions de formationinitiale et continue des enseignants et des acteurs culturels

Ce « document-mémoire » que vous avez en main aujourd’hui est le reflet de laqualité de l’action de formation nationale proposée.

Nous tenons à vous remercier, vous tous, stagiaires, intervenants, organisateurs,pour votre contribution à la rédaction de ce dossier.

Le stage fut riche en échanges d’expériences. Que l’organisation de ces quelquesnotes puisse vous remettre en mémoire tous les regards portés en deux jours surl’évolution de l’homme, sur nous.

Le Directeur du CRDP d’Aquitaine Le directeur du CDDP de la Dordogne

Jean-Marie PUSLECKI Max GAILLARD

Page 3: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

3

Sommaire

• Pourquoi une sensibilisation à la préhistoire ? ….……………………………………..………. 3Serge MAURY, conservateur départemental de l’archéologie

• Le colloque des enfants au Musée d’Aquitaine ……………………………………………..…… 9Sigolène LOIZEAU, assistante de conservation et I. Gubri-Lépine, enseignante détachée

• Compte-rendu des ateliers du 3 décembre 2003 ..……………………………..………………..12Ateliers d’élaboration d’un parcours à partir de 2 projetsvalidés par l’Education nationale

- Le statut de l’objet de la préhistoire à nos jours,Bruno CAUDRON, professeur des écoles

- Créations plastiques à partir des techniques de la préhistoire,Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique

• Compte-rendu des ateliers du 4 décembre 2003 ………………………….…..……………..….. 19Décrypter les représentations

- Images de la préhistoire au XIXè siècle : clefs de lecture et modes d’analyse,Noël COYE, docteur en Préhistoire

- Quels visages pour nos ancêtres ?Sigolène LOIZEAU, responsable des collections préhistoire du Musée d’Aquitaine

- Réflexions sur le thème de la représentation du corps humain,Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique

- « Histoire d’Hommes »,B. CAUDRON, professeur des écoles et M. O’FARELL, archéologue,

- Représentation de la préhistoire dans la littérature pour la jeunesse,Valérie BALIER, documentaliste et Florence LANDAIS, conférencière nationale

- Pour faire le portrait d’un objet,S MAURY, conservateur et archéologue et Y MALHACHE, Médiateur du Patrimoine

Page 4: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

4

Conférence inaugurale

Pourquoi unesensibilisation à la

préhistoire ?

Serge MAURY, conservateur départemental de l’archéologie

Page 5: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

5

POURQUOI UNE SENSIBILISATION A LA PREHISTOIRE?

Universalité de l’histoire de l'homme

La préhistoire représente 99,9 % de l’histoire humaine. Imaginons 2 000 ans d’histoire dans sonrapport à 2,5 millions d’années de l’histoire de l’humanité et matérialisons ces durées en espace. Sur 2,5km, seuls les 2 derniers mètres appartiennent à l’histoire, les 10 derniers à une sédentarisation progressivequi annonce nos modes de vie moderne fondés sur l’exploitation du sol et du vivant : agriculture et élevage.Les 2 490 mètres qui précèdent sont le fait de chasseurs-collecteurs, vivant d’autres formes de vie ensociété, et constituent ce que l’on appelle la préhistoire ancienne ou paléolithique. Ce petit exercice n’estpas sans intérêt pour mesurer l’épaisseur du temps. Il redonne à l’histoire et à la préhistoire leursdimensions respectives dans la genèse des hommes et des sociétés.

Pour être comprise, cette très longue période (très relative par rapport aux 500 millions d’années despremiers vertébrés voire aux 3 milliards d’années des premières bactéries) doit être évaluée et réévaluéeconstamment dans le temps et dans l’espace. Si l’on en réduit la complexité et les dynamiques, il estimpossible d’en saisir la riche diversité malheureusement trop souvent compressée et caricaturée.

Si aujourd’hui la préhistoire prend un sens nouveau, c’est non seulement grâce au progrès de laconnaissance (nous y reviendrons) mais parce qu’elle nous oblige à avoir un regard sur l’ensemble de laplanète, qu’elle casse les frontières du temps et de l’espace. Elle n'est pas locale, pas nationale, elle estmondiale, car quelles que soient les nations du monde qui en possèdent les vestiges, les questions qu'ellenous pose appartiennent à tous. Elle contient l’universalité de l’histoire de l’homme dans ses fondements etses développements.

Universalité de la recherche en préhistoire

Ce positionnement n’est pas anodin, ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, dans les fouilles degrands sites préhistoriques - de cette région par exemple - les collaborations internationales sont trèsdéveloppées. Il n’est pas rare que certains gisements aient vu passer une bonne dizaine de nationalitésdifférentes, que leurs représentants soient chercheurs ou étudiants. Ils ont partagé et partagent toujours desquestionnements communs sur les origines malgré des différences de culture qui, comme par le passé,n’expriment pas forcément les mêmes représentations du monde.

Nous passerons sur l’histoire de la préhistoire qui est un sujet en soi : histoire très récente mais richeet signifiante dans l’expression des croyances et des idéologies du XIXème siècle colonisateur, parexemple, et sur l’histoire de l’archéologie et les actions pionnières des premiers découvreurs. (Je vousrenvoie pour cela au site du PIP qui en a rassemblé la riche expression et aux historiens de préhistoire, iciprésents, comme Noël Coye). Je m’attacherai à l’examen de ces quarante dernières années marquées parun fort développement des implications scientifiques pluridisciplinaires.

Archéologie médiatique : d’Habilis à Toumaï en passant par Lucy

Cette longue distance de temps présentée tout à l’heure ne peut se documenter en un jour…Certaines périodes contiennent des vides avec seulement quelques vestiges clairsemés. C’est dans lesannées 60 que les recherches se sont accélérées dans une sorte de "ruée vers l’os" encouragées par lesprémices des grandes découvertes africaines mais aussi étayées par des progrès méthodologiques etscientifiques certains… Les grands vides se comblent peu à peu, mais les questions sont de plus en plusnombreuses au fur et à mesure de l’enrichissement des connaissances. Quand un chercheur sembledétenir, enfin, une "vérité" qui le hisse vers une gloire naissante une nouvelle découverte vient mettre à basses pseudo certitudes. Cela nous rappelle à plus d’humilité face à des vestiges extrêmement ténus…Affrontements d’os, affrontements d’homme… au-delà des découvertes, il y a souvent des intérêts quidépassent le seul fait scientifique.

Les fondamentaux de l’Archéologie

Cette médiatisation des découvertes a eu pour effet de fortement développer l’intérêt du public pour lapréhistoire même si elle en a donné une vision déformante en sur valorisant la question des origines.

Page 6: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

6

En dehors de ces grandes découvertes médiatiques liées aux vestiges pré-humains ou humains, desmilliers de fouilles d’habitats anciens ont eu lieu. Elles ont permis d’explorer, d’étudier, de questionnerd’analyser jusqu’aux plus petits indices et vestiges constituants ces espaces de vie. C’est cette archéologie,beaucoup plus humble et patiente, qui a, aujourd’hui, rassemblé des centaines de milliers de données surles socio-économies, les déplacements, les savoir-faire techniques, les modes de vie, les expressionssymboliques… en un mot tout ce qui fait la culture des groupes d’hommes du passé ancien. C’est dans cesdomaines que les progrès de la connaissance ont été les plus significatifs et, plus particulièrement, pour lespopulations des cent derniers millénaires.

De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises à contribution, et au-delà, avec ledéveloppement de nouveaux secteurs de recherche créés pour les besoins spécifiques de l’archéologie.C’est le cas, aussi bien, des sciences de la terre, du vivant comme des sciences humaines, de la physiqueou de la chimie, nous l’évoquerons plus loin.

Au-delà d’une meilleure connaissance du passé de l’humanité que nous enseigne l’archéologie enpréhistoire ?

Elle nous apprend à regarder les hommes autrement… Pourquoi ?

• parce qu’elle est confrontée au manque de témoignage direct (à part l’art qui est une représentationimmédiate… mais sans glossaire, ni lexique) ;

• qu’elle a pour seul recours l’étude des vestiges (leur seul inventaire n’apporte que très peud’éclairage) ;

• parce que pour être étudié et prendre sens, ces mêmes vestiges doivent obligatoirement êtrecontextualisé.

La contextualisation, c’est quoi ?Leur mise en situation globale et toutes leurs interactions avec l’environnement, le climat, les

ressources minérales, le milieu vivant, les matières disponibles, etc.

La connaissance des hommes et des groupes ne peut exister sans ces mises en relation avec lesréalités matérielles de leur époque qu’ils ont gérées au regard de leur besoin et de ce que leur offrait leurmilieu.

Autrement dit, la préhistoire nous apprend que l’homme n’est pas qu’une représentation avec unmenton ou pas, des bourrelets sub-orbitaux ou pas, petit ou grand, trapu ou gracile, blanc, noir ourouge…tout cela n'est qu'apparence.

Il existe parce que :

• il vit dans un environnement qui lui offre des ressources... mais quelles ressources ?

• il a des besoins pour vivre... mais quels besoins ?

• il maîtrise des savoir-faire des méthodes et des techniques... mais quels savoir-faire ?…

• il crée, il invente, il innove… mais que crée t’il ? En quoi innove t’il ?

• il a des modes de vie, une organisation socio-économique... mais quels modes de vie, quelle socio-économie ?

• il a une vision du monde, des expressions symboliques et artistiques... mais quelle vision du monde,quelles… etc.

C’est tout cela (et encore plus) qui fait l’homme. L’enjeu principal de l’archéologie et d’essayer derépondre à toutes ces questions. Cette démarche est porteuse d’ouverture du regard sur le phénomènehumain, tout en se focalisant sur le moindre indice, le moindre détail elle va en rechercher le sens dans lecontexte général en l’éclairant et en l’analysant dans toutes ses composantes.

Cette démarche est à l’inverse de l’obscurantisme qui ne connaît l’homme que par dés "a priori"projetés sur lui (souvent limités à son apparence physique individuelle juxtaposée à des performances etdes comportements imaginés)… la préhistoire elle-même a eu beaucoup de mal (et en a toujours beaucoup)à se défaire des idéologies. Un seul exemple encore d’actualité concerne l’homme de Neandertal qui nousrenvoie à l’existence d’un homme "autre" qui partage pourtant nos préoccupations… peut-il exister en

Page 7: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

7

dehors de la famille ? Le débat n’est pas que paléoanthropologique mais aussi philosophique : des humainsdifférents, ont-ils la même valeur que nous... ?!

En bref, ce regard archéologique sur le passé n’est-il pas tout sauf passéiste. Il s'avère très pertinentpour examiner le présent, contrairement à la perception majoritaire du grand public. « Ils s’occupent desvieux os et des vieux cailloux » intérêt dérisoire parce que perçu comme un ailleurs tellement différent quel’on se demande si cela peut avoir un sens. L’archéologie est avec l’ethnologie porteuse d’apprentissaged’un examen moderne pluri et interdisciplinaire du monde et des hommes. Elle nous permet de porter unautre regard sur les hommes d’aujourd’hui, un regard archéologique ancré dans les réalités et non dans lesfantasmes.

Contexte et protection du patrimoine

Cette explicitation de l’importance majeure du contexte et de l’environnement de l’homme pour leconnaître et le comprendre porte en lui-même les bases d’une prise de conscience sur la nécessitéimpérative de protéger les sites d’occupations et d’habitats anciens. Si les sites sont perturbés ou pillés lespossibilités d’appliquer une méthode de recherche s’effondrent et les informations escomptées aussi… seulun inventaire des dégâts restera possible permettant de mesurer l’ampleur des connaissances à jamaisperdues.

C’est l’occasion dans toute action d’éducation ou de médiation d’une prise de conscience del’importance de la protection d’un patrimoine commun au-delà des barrières et des interdits. L’intérêt partagépar le plus grand nombre pour la Préhistoire doit être pour nous un levier important pour cette prise deconscience de la privation de connaissance que représente toute atteinte au patrimoine.

Préhistoire, culture scientifique et construction des savoirs

Les nombreuses disciplines qui examinent les vestiges préhistoriques et leur contexte constituentavec les matières étudiées, leurs méthodes et leurs techniques un ensemble homogène riche et des plusjudicieux pour le développement d’une culture scientifique. Pourquoi ?

• parce qu’elles partagent le même objet d’étude global : les groupes humains du passé ;

• parce ce que l’humain ne pouvant se comprendre que dans son contexte, les traces n’en étant quedes vestiges conservés de différentes natures : elles ont obligation de travailler ensemble dans latranversalité et l’interdisciplinarité.

La préhistoire oblige au dialogue les sciences, dites exactes ou dures et les sciences humaines quis’attachent aux comportements des hommes. Ses différentes disciplines se confrontent aux mêmesensembles de vestiges qui sont porteurs par leur origine même et le contexte de leur dépôt, d’intérêts : pourles sciences de la terre, du vivant, de la physique ou de la chimie mais aussi de celles de l’homme pour sespropres actions, ses comportements techniques ou symboliques qui en sous-tendent leur transport, leurtransformation, leur mode d’utilisation ou d’abandon. C’est cette communauté d’intérêts et dequestionnements multiples qui fonde l’archéologie moderne. Elle transcende l’importance symboliqueaccordée à tels ou tels vestiges emblématiques qui peuvent à certains moments masquer la réalitématérielle quotidienne de ces groupes humains.

La construction des savoir : base pédagogique et de médiation de la préhistoire

C’est à travers l’examen d’un ensemble archéologique de sites bien conservés et récemment fouillésque l’on peut visualiser les différentes disciplines scientifiques qui composent l’archéologie. L’archéologie estune approche dynamique qui examine ces ensembles conservés dans le temps et dans l’espace : macrotemps macro espace, micro temps micro espace.

Les vestiges étant décrits et définis dans leur nature, origine et éventuelle transformation, il reste ànommer les disciplines que cela intéresse et leur méthode d’intervention : les questions qu’elles posent; lafaçon de les traiter dans leur mise en œuvre, leur condition d’application et d’analyse; leurs limites; lesrésultats attendus et leur confrontation aux autres disciplines intéressées par les mêmes objets ou lecontexte de ces objets. Les résultats peuvent faire part d’une impossibilité de réponse, de l’émission deplusieurs hypothèses dans le meilleur des cas d’une réponse argumentée qu’il reste à confronter auxrésultats des autres disciplines. (Les ateliers de ces deux journées permettront, pour certains d'entre eux, lamise en pratique de ces processus).

Page 8: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

8

Ces démarches multiples confèrent à la connaissance sa valeur d’ouverture et de véritable aventureoù transparaît la passionnante complexité de la recherche sur le passé lointain mais aussi la granderichesse de questions qui pénètrent des horizons insoupçonnés. C’est le cas, par exemple :

• de l’étude technologique et tracéologique des matières transformées ou travaillées d’oùémergent des chaînes opératoires très élaborées, précieuses pour connaître les comportements socio-économiques mais aussi pour mesurer les capacités et les potentialités techniques et leur mode de gestiondu milieu.

• de la biologie et de ses rythmes qui nous précise les relations au milieu vivant, la micro-biologie et des liens qu’elle permet de tisser entre les espèces...

• de la physique dans l’étude du comportement mécanique des matières minérales et dans lamesure du temps par les faibles radioactivités...

• des sciences de la terre avec ses apports précieux pour l’étude des ressources naturellesminérales et de la climatologie...

• de la paléontologie animale et de l’archéozoologie pour l’étude de la faune et les modes deprédation et de consommation par l'homme...

• de la botanique avec la palynologie, l’anthracologie, la carpologie, etc., indispensables à laconnaissance du milieu végétal et de son exploitation par l'homme…

Bref il nous faudrait plusieurs pages pour énumérer et détailler l’ensemble des sciences connexes quiapportent leur contribution à l’archéologie et peuvent supporter des démarches disciplinaires de constructionde savoir ou du moins d’enrichissement du savoir. En effet, le savoir n’est pas accumulation mais remise enquestion, abandons d’hypothèses jusque là retenues, apparition de nouvelles questions… il s’élargit, sediversifie… il est à l’opposé du dogme et de la vérité révélée.

C’est justement parce que c’est autour de la question de l’homme que s’ancrent les plus grandsrisques d’enfermement de la pensée que la préhistoire doit nous permettre par sa transversalité sa richediversité de regard d’ouvrir de nouveaux champs de communication, de discussions, d’échange et demédiation avec tous les publics.

Préhistoire et outils pédagogiques

Pour cela nous avons la possibilité d’utiliser un certain nombres d’outils et supports pédagogiques.Certains existent d’autres sont à inventer en fonction des projets et des situations. Nous en approfondironscertains durant ces journées, je n’en ferai pas l’inventaire ni ne les détaillerai. Je proposerai cependantquelques règles essentielles pour nous guider dans leur conception.

Ils doivent, pour le public faciliter l’échange, la communication, l’expression et la démarche deconstruction des connaissances telle que nous l’avons défini dans sa pluralité. Pour le médiateur, il estnécessaire qu’ils fassent l’objet d’une évaluation continue et qu’ils soient évolutifs afin de s’approcher auplus prêt d’une réponse aux besoins définis. S’ils facilitent la conduite d’activités éducatives ou aident àstructurer des projets, il est souhaitable qu’ils ne provoquent pas la mise au placard de la créativité et del’inventivité. La pédagogie doit être vivante et adaptée comme le public et vivant et varié.

Médias et médiateurs

Je terminerai par quelques constats et réflexions sur l’approche actuelle de la préhistoire dans lesgrands médias. J’avais eu l’occasion de l’évoquer lors des journées sur "le documentaire jeunesse enpréhistoire". Je suis à peu près sûr que nous l’aborderons lors du débat sur "l’Odyssée de l’espèce".

Elle retraduit en fait cette archéologie à deux vitesses du début de mon intervention. Il me paraîtimportant qu’en tant que médiateur nous puissions prendre en compte ce phénomène dans notre relationavec le public.

Cela se traduit par deux écueils principaux :

• la transmission de connaissances non questionnées comme abouties et chassées du champdes dynamiques scientifiques pluridisciplinaires ;

• l’ignorance maladive, dans les représentations proposées des groupes d’hommespréhistoriques, des avancées majeures de la connaissance des cultures techniques et matérielles.

Page 9: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

9

Nous ne reviendrons pas sur le premier point. Quant au second, il traduit une "non prise en compte"de marqueurs importants qui particularisent les différentes cultures. Ces manques sont faussementcompensés par un recentrage sur la représentation humaine, très mode et très médiatisée, del’hyperréalisme qui contraste fortement avec la pauvreté et le flou de la restitution de l’environnementculturel et de l’environnement tout court. Cela a pour effet d’effacer toute documentation pouvant nousinformer plus concrètement sur l’identité culturelle des groupes d’hommes présentés.

Cette approche, centrée sur l’apparence de l’homme, est porteuse de risque de simplificationcaricaturale Ce qui caractériserait un homme ou des hommes par rapport à d’autres ne serait pas : ce qu’ilscréent... ce qu’ils échangent... ce qu’ils expriment... ce qu’ils font et comment ils le font, mais : ce qu’ilsparaissent être… ce qu’ils ont l’air d’être... à quoi ils ressemblent…!

La différence d’apparence n’est pas en soi-même, surtout seule, support d’échanges, car elle n’éclaireen rien ce qu’est l’autre, elle est potentiellement porteuse de curiosité, mais aussi, on le sait, de méfiance oude rejet. Les différences montrées et perçues au travers des savoirs, des savoir-faire, des adaptations auxdifférentes situations de la vie, de la créativité, des modes de vie et de pensée définissent, elles, lescontours de l’autre dans son altérité positive et donne matière à question et à échange. Cet autre regard estcelui que porte l’archéologie, il va au-delà de la différence et surtout s’en enrichit.

Ces deux trop courtes journées nous permettrons, je l’espère, d’en enclencher le processus puisquenous venons, riches de nos expériences et de nos différences, à partager et discuter.

SERGE MAURY(janvier 2004)

Page 10: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

10

Colloque des enfants au

Musée d’Aquitaine

Sigolène Loizeau, responsable préhistoire au Musée d’Aquitaine etIsabelle Gubri-Lépine, enseignante détachée au Musée d’Aquitaine

Page 11: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

11

Colloque des enfants au musée d’Aquitaine.

1 - Idée/Concept

Le musée d’Aquitaine a organisé le 25 mars 2003, en partenariat avec l’inspection académique un colloqueoù les enfants étaient les principaux participants.Le déroulement est identique aux colloques professionnels : recherche scientifique, présentation au public etréponses aux diverses questions.

Cinq classes de niveaux CM1 et CM2 sont sélectionnées pour participer au colloque. Soit environ 150élèves. Chaque classe choisit un thème parmi 12 proposés.En 2003, les enfants ont travaillé sur la préhistoire en lien avec l’exposition Vénus et Caïn. Ce type derencontre pouvant être appliqué à toutes les époques historiques, nous avons choisi de commencer avec lapréhistoire.

APPORTS DANS LE TRAVAIL EN CLASSENouveaux programmes : accent sur l’oral, l’éducation civique, le contact avec les professionnels.Aspect pluridisciplinaire, compétences transversales

2 - Temps de préparation

Sélection des classesLa sélection des enseignants se fait sur candidature et motivation.Le choix final est revenu à Isabelle Gubri-Lépine (enseignante détachée au musée). Elle a fait son choixselon des critères géographique en 2003 : 2 classes de Bordeaux, 2 de la CUB et une extérieur. En 2004 : 2de Bordeaux, 1 de la CUB et 2 extérieures (Libournais, Blayais). A chaque fois, 2 classes de ZEP.Première visite au musée (en décembre)Vision globale des collections de préhistoire.

Retour en classeDécouverte des 12 thèmes : habitat, feu, production manufacturée, art, environnement, homme deNeandertal, homme de Cro-Magnon, Chasse-pêche-cueillette, Agriculture, Les sépultures, Age du bronze,Fouilles.Définition de chaque thème.Discussions sur le contenu.Vote et dépouillement.Communication des différents choix au musée (3 par classe, avec un ordre de préférence).Chaque classe a émis plusieurs vœux, pour chacune, c’est le premier qui a été retenu.Le choix est définitif avant Noël.Entre Noël et février : recherches documentaires.Février à mars : synthèse, rédaction et entraînement des élèves à présenter leurs résultats de recherches.Les textes ont été remis au musée 15 jours avant le colloque.La recherche s’est effectuée en classe et chez soi :Livres personnelsInternetCD-RomBibliothèque du quartier, de l’école.

La synthèse des infosTravail en groupesPhotocopies, découpages, collages et classement des informations dans des boites thématiques.

Rédaction des textesTravail en groupe.Discussions.

Choix iconographique pour illustrer le proposCe choix est difficile. Les enfants ne se rendent pas compte du rendu et de la pertinence des images.

Page 12: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

12

Choix des rapporteursIls sont volontaires, des remplaçants sont prévus.La classe participe aux entraînements et donne son avis sur les interventions.

Problèmes rencontrés1 : Difficulté pour trouver une chronologie unique. Chaque livre présente des références différentes et destermes parfois trop précis pour des enfants de cet âge. Exemple : le feu 400.00, 450.000 ou 500.000 ans.Une chronologie unique et simple a été proposée par Isabelle à toutes les classes : tirée de « image doc. »2 : faire une synthèse de tous les documents n’est pas une chose facile.3 : la préparation du colloque a pris beaucoup de temps sur l’année.

3 – Déroulement

PrésentationToute la classe est mise en valeur, elle est assise en face des autres. Les 2 à 6 intervenants volontaires sontinstallés sur une estrade.Trois classes ont utilisé des nouvelles technologies (Power Point) pour présenter leurs résultats, une aprésenté des diapos, la dernière a réalisé un mime.Intermèdes/ récréationsLes présentations sont coupées par des intermèdes cinématographiques : des séquences de L’odyssée del’espèce ont été présentées, des récréations et bien sûr le repas de midi pris sur place, dans diverses sallesdu musée.Complément scientifique/ questionsAprès chaque intervention des classes, un conservateur du musée intervient, complète le discours desenfants, et surtout, répond aux multiples questions.Les enfants sont restés attentifs tout au long de la journée.

Conclusion :

Chaque élève a été récompensé nominativement et a reçu entre autre 2 livres.Les élèves ont gardé un bon souvenir de cette journée.Une couverture de presse importante a été réalisée.Des élus étaient présents à la remise des prix, ainsi que plusieurs représentants de l’éducation Nationale etdu CDDP.SuiteEn guise de conclusion à tout ce travail, les classes ont visité l’exposition temporaire Vénus et Caïn.

4 - Conception et partenaires

Conception

Isabelle Gubri-Lépine, enseignante détachée : lien avec les enseignants, suivi du travail en classe.Christian Block, responsable du service pédagogique : conception, organisation.Philippe Chauveau : gestion de l’intendance et logistique.Tout le service éducatif : prise en charge des classes durant toute la journée.Sigolène Loizeau : présente le jour du colloque pour répondre aux diverses questions et présenter son pointde vue sur les interventions.En tout, six mois de travail pour réaliser ce colloque.

Partenariat

CDDP : journée entièrement filmée. Actes du colloque sur le site Web du CDDP :http ://crdp.ac-bordeaux.fr/cddp33/art/colloque_prehistoire.htmEducation Nationale, le partenariat se renforce pour l’année prochaine.

Page 13: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

13

5 – Reconduction

Le partenariat se renforce entre l’éducation nationale et le musée.2004 : Mythologie, en relation avec l’expo Saint-Augustin2005 : Gallo-Romain2006 : Médiéval en relation avec l’exposition Gracia Deï

Pour en savoir +Consulter le site Internet du CDDP de Mérignac :

http://crdp.ac-bordeaux.fr/cddp33/art/colloque_prehistoire.htm

Ce site regroupe :

• les travaux réalisés par les élèves• Les interventions de Sigolène Loizeau, responsable des collections de préhistoire musée

d'Aquitaine, et de Joëlle Perroux, archéologue à l'Institut National de RecherchesArchéologiques Préventives (INRAP)

• des bibliographies destinées aux enfants et aux enseignants, élaborées par Sigolène Loizeau

Page 14: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

14

Compte-rendu des ateliers du3 décembre 2003

Ateliers d’élaboration d’un parcours à partir de 2 projetsvalidés par l’Education nationale.

Page 15: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

15

« LE STATUT DE L’OBJET DE LA PREHISTOIRE A NOS JOURS »

! Faire raconter une histoire aux objets anciens! Reconstituer des scénarios à partir de traces enfouies! Décrire l’itinéraire de l’objet archéologique de la fouille au musée

Bruno CAUDRON, professeur des écoles

Parcours avec qui et comment :les publics scolaires du départementLes dispositifs subventionnées (PAC, TPE…).Les dispositifs hors subventions (majorité des parcours)Pas d’atelier hors projet.

Proposition d’une procédure pour utiliser les ressources du PIP :définition du projet : modalités, thématiques à préciser, rencontres avec les enseignantschronogramme : durée du projet fixée avec l’enseignant en fonction des questions posées, actions quidéterminent un calendrier.définitions des besoins : visites de sites, lister les ressources pour servir le projet, préciser le temps que lesenseignants peuvent y consacrer.analyse des conditions de réalisation du projetvalidation / Evaluation :La validation du projet n’est pas du ressort de l’animateur, mais il est de son ressort de préciser lesmodalités pour qu’il ait un sens pour l’élève (au moins 6 heures au préalable avec les enseignants).

Première définition du projet :Définition de la philosophie du projet avec les enseignants et les élèves. Relation contractuelle (IUFM,INRAS, DRAC, Musée…) et « partenariale ». Articulation entre les lieux ressources, les ressourceshumaines et le projet. Propositions de dispositifs pédagogiques.

Exemple d’un parcours en cycle 1 (GS) :Ce parcours avait pour thème l’art pariétal.Premier atelier : outils et supports utilisés à partir d’un dessin d’animal.Deuxième atelier : différentes techniques de dessin.A l’issue de ces deux ateliers, l’enfant doit être capable de choisir son outil, son support, l’animal etl’éclairage.Ce travail a été illustré par la visite d’une grotte : Font de Gaume.

Exemple d’un parcours en cycle 2/3 (CE1/CE2) :Ce parcours s’est déroulé sur deux trimestresPartir des représentations initiales et des questions de départ permettant de lister les problématiques.Première approche par le dessin, permettant à l’élève de commenter ses représentations. Il est alorsintéressant de vérifier si les représentations initiales sont remises en cause en fin de parcours.

Exemples de questions de départ :« L’Homme de Cro-magnon parlait-il ?», « avait-il des animaux domestiques ?», « se soignait-il ?»,« avaient-ils les même goûts que nous ?», « quel était le climat ?», « pourquoi existe t-il toujours dessinges ?»…On part alors des questions et des dessins pour que l’enfant puisse exprimer ce qu’il sait et comment il lesait. Cela évolue vers « comment obtient on de l’information en préhistoire ?», puis « comment lesscientifiques glanent-ils de l’information ? ». On peut alors choisir les outils et les ressources qui permettrontde répondre, comme le module de fouille (outil pédagogique d’apprentissage des techniques de fouillereconstituant une partie d’un habitat du paléolithique supérieur) qui permet d’approcher la démarche del’archéologue et de comprendre à quelles questions peut répondre la fouille. Cet outil permet d’insister alorssur la qualité de la fouille, l’importance de la protection du patrimoine et des liens entre les objets sanslesquels ces derniers ne sont plus porteurs d’informations. Le travail autour de la fouille est particulièrementintéressant pour développer les repères dans l’espace et dans le temps.

Etape suivante du parcours : réalisation d’un chantier de fouilles à l’école : les archéologues du futur vontfouiller un site dans lequel ont été placés des objets du XXI ème siècle choisis pour raconter une histoire

Page 16: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

16

(habitat provisoire en tente). Les enfants étant trop jeunes pour assimiler l’enregistrement des coordonnées,ils se sont servis d’un appareil photographique numérique. Pour l’enregistrement de l’information, ilsdisposaient d’une fiche simplifiée permettant de dessiner l’objet, de coller sa photographie, indiquer sonutilisation éventuelle, si l’objet semble entier … Les objets ont ensuite été mis en relation, confrontés à unedocumentation après recherche documentaire. Ce travail a permis de développer des hypothèses et de lesconfronter, pour évoluer vers le débat argumenté. Certains ont choisi l’exposition pour restituer l’information,ce qui a demandé l’étude du parcours de l’objet après la fouille jusqu’au musée et développé desproblématiques autour de la muséographie.D’autres ont choisi de réaliser des maquettes d’habitat à partir d’un sol archéologique carroyé, ce qui apermis de travailler sur les problèmes d’hypothèses et d’interprétations.Un troisième groupe a réalisé un diaporama du site, permettant une approche d’un paléo-environnement.

Exemple de projet dans un lycée (Terminale) :Concerne les TPE de classe Terminale sur les méthodes de datation. Les élèves ont été confrontés à lamise en place des cadres chronologiques de la préhistoire au 19ème siècle, ont rencontré des professionnelsde la science (archéologues, palynologues…), ont testé l’adaptation des méthodes de datation en fonctiondu type de site lors d’une visite d’un chantier de fouille préventive. Une aide à la recherche documentaireleur a été fournie par une équipe formée d’un archéologue, d’un documentaliste et d’un enseignant qui s’estdéplacé dans l’établissement.

Page 17: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

17

« CREATIONS PLASTIQUES A PARTIR DES TECHNIQUESDE LA PREHISTOIRE »

! Intégration du projet PAC dans le projet d’école. Articulation avec un secondprojet PAC concernant une autre classe de l’école.

! Présentation du travail de l’artiste participant au projet.! Réflexion sur les rapports à établir entre les techniques préhistoriques et une

production contemporaine.

Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique

" Plan de l’intervention :

! Proposition de départ : atelier à partir d’un projet validé! Rappel du contexte institutionnel! Présentation du projet de La Force! Sources préhistoriques :

o Thèmeso Techniques

! Sources contemporaines :o Connaissances scientifiqueso Création artistique

! Quelques exemples

" Rappel du cadre institutionnel :

! Le projet d’école! La classe à PAC

" Présentation du projet de La Force

! Intentions : créations contemporaines au moyen de :o Techniques ancienneso Modes d’expression anciens

! Rôle de l’artiste :o Intégrer ces démarches « préhistoriques » dans une création contemporaine et non

pour une paraphrase « à la manière des hommes de la préhistoire »

" Les supports :

! Art pariétal (sur paroi)! Art sur blocs! Art mobilier

- Les thèmes :

! Fauneo Isoléeo En panneaux Lascaux salle des taureaux

! Représentations humaineso Représentations figurées plus ou moins réalistes Vénus Willendorfo Figures composites Trois-Frères sorcier

! Signes Lascaux blason + tableaux + Pech-Merle points! Traces du corps :

o Fortuites (empreintes de pieds) Pech-Merleo Intentionnelles (mains) Gargas

Page 18: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

18

" Les techniques préhistoriques :

! La peinture et le dessin (au pinceau, soufflée…) Lascaux, Cougnac, Pech-Merle! La gravure Niaux, Laugerie-Basse, La Vache! La sculpture sur paroi ou sur bloc Bourdeilles, Cap-Blanc, Gorge d’Enfer! La sculpture en ronde-bosse Bedeilhac, Willendorf! Le modelage Tuc d’Audoubert! Les objets de parure

o Objets naturels (dents, coquillages, fossiles…) Doni Vestoniceo Objets fabriqués (perles, rondelles, disques…)

" Quelques exemples de réalisations (travaux d’élèves ou d’artistes) :! Tixador Pas de photos! Quelquesexemples à éviter :

o « pseudo-Lascaux »o « pseudo-panneau »

! Dubuffet! Merz! Oppenheim! Gabo! Tapies! Klein! Fioretti

o Matières, peinture de sable! Pech-Merle (empreintes de pieds)

o Traceso Marquageso Grattageso Empreintes

! Gargas (empreintes de mains)o Empreintes

! Emergence! Cheval Mas d’Azil

o Galets peints! Plaquette au bison

o Interprétation! Levielle + Silhouettes Lalinde

Les classes de CM1 et CM2 de l’école de La Force ont choisi de travailler toute l’année sur un projet axé surla préhistoire, sous forme d’un P.A.C. validé par l’Education Nationale. La classe de CM1 a travaillé sur unvolet scientifique : « les techniques de la recherche en préhistoire ». La classe de CM2 a choisi de travaillersur l’art visuel. C’est ce projet que Monsieur Picollier nous présente à l’occasion de cet atelier.

Le plan de travail, réparti sur toute l’année scolaire, comporte :- la présentation du contexte de l’art préhistorique aux élèves,- des visites de sites alternées avec des applications artistiques,- 12 à 15 heures de travail avec un artiste plasticien dont les références sont préhistoriques,- la réalisation finale d’une fresque sous le préau.

L’art préhistorique est utilisé dans ce projet comme support de création, il ne s’agit pas de copier desœuvres de la préhistoire mais d’observer des techniques, des supports, de comprendre une démarche, et deles transposer pour créer une nouvelle œuvre. Il ne s’agit pas non plus d’essayer d’interpréter lesmotivations des artistes de la préhistoire, dont on ne sait rien, mais de transposer les indices témoignant deleur comportement.

Page 19: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

19

Selon les instructions officielles de l’Education Nationale, l’enfant doit savoir produire un art visuel et, pourceci, acquérir un bagage artistique et culturel. Lorsque l’on fait reproduire à un enfant un dessin de chevalpréhistorique sur un galet, il ne s’agit que de copie. Sans confrontation avec des expériences d’artistesactuels, cette démarche est restrictive.

1 - Présentation aux élèves du contexte de l’art préhistorique

Art du Paléolithique supérieur :– Les supports : pariétal, mobilier, sur bloc.– Les thèmes : les sujets représentés. La présentation aux élèves se fait sans essai d’interprétation.

- la faune : animaux isolés / en groupe (Lascaux) / enchevêtrés / en scène.- les humains : réalistes / figuratifs (Laussel) / hybrides.- les signes (Lascaux / recueil d’A. Leroi-Gourhan / ponctuations de Pech-Merle).- les traces : fortuites (Pech-Merle) / intentionnelles (Gargas) / tracés digitaux (Gargas).

– Les techniques.- peinture et dessin : cerfs de Lascaux, bouquetin de Cougnac (utilisation du support), mammouth de

Pech-Merle (en volume).- l’outillage : les pinceaux (archéologie expérimentale), les bâtons, les tubes (crachats).- les matériaux : ocres, oxydes, liants (chevaux de Pech-Merle : mélange de techniques).- les pochoirs, les tamponnements (scène du puits de Lascaux).

Une première réaction des élèves est provoquée par la comparaison de ces peintures avec leurs propresfaçons de dessiner : les œuvres du Paléolithique ne sont pas des représentations de la nature, il n’y a pasde paysage, pas de ligne de sol, pas de ciel. Une réflexion est menée sur les conventions de représentation.

- gravure : au doigt (Niaux) / avec des outils (bâtonnet, silex).La photographie d’une rondelle décorée d’une biche de Laugerie-Basse sert à aborder l’adaptation ausupport et le respect des proportions. La lionne gravée sur os de La Vache permet d’illustrer l’association detechniques de gravure : le tracé net est utilisé pour le contour de l’animal, les petites entailles légèresfigurent le pelage.

- sculpture : aurochs de Bourdeilles, cheval du Cap Blanc, salmonidé de l’abri du Poisson.- ronde-bosse : faon de Bédeilhac, vénus de Willendorf, Lespugue, Brassempouy, Tursac,

Sireuil. Ces vénus, dont les moulages sont présentés, permettent d’ouvrir une réflexion sur l’idée degéométrisation du corps, de faire la différence entre réalisme et figuration.

- modelage : bison du Tuc d’Audoubert.- objets de parure : dents percées, reconstitution de colliers de Dolni Vestonice retrouvés en

connexion, comprenant des coquillages. Ces objets permettent d’aborder les déplacements des hommes dela préhistoire, leurs préoccupations esthétiques et l’utilisation de matériaux de récupération.

Tête de cheval, réaliséepar Marion.

Page 20: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

20

2 - Présentation aux élèves de la démarche de quelques artistes contemporains

- Laurent Tixador a voulu appliquer un principe de transposition du mode de vie préhistorique, sans vouloir lecopier, sous forme d’une installation-performance. Pendant un mois, il a vécu dans un bunker en béton et aessayé de vivre en chassant les pigeons avec des armes qu’il a fabriquées à partir de matériaux derécupération. Cette tentative de chasse ayant échoué, l’artiste a survécu en faisant du troc avec les visiteursde la galerie. Pour cet artiste, la peinture de la préhistoire est un marquage de territoire. Il a donc utilisé cescodes pour reproduire des signes commerciaux actuels sur des rochers.- Jean Dubuffet : pour aborder l’intérêt du support (travail de « matériologie »).- L’Arte Povera, dont l’igloo de Merz.- Land’s Art : la montagne marquée d’Oppenheim, permettant une réflexion sur les traces durables oufugaces dans le paysage.- La sculpture des arts premiers.- Les signes sur matériaux naturels de Tapiès.- Les « Anthropométries » de Klein.- Le travail du support, les traces de Gérard Fioretti.- Les toiles peintes avec des matériaux naturels de Levielle, qui s’est inspiré des silhouettes féminines deLalinde, ont permis d’aborder la suggestion dans la représentation.

3 - Travaux des élèves

Les élèves ont travaillé sur la matière : ils ont tracé des signes avec un mélange de pigments, de terre, desable et de résine.Ils ont ensuite travaillé sur l’empreinte : des empreintes de pieds dans le sable sont des traces fugaces,alors que ces empreintes dans l’argile sont transmissibles. En transposant la méthode vers d’autresmatériaux, les élèves ont marché dans la peinture pour laisser des traces de plus en plus organisées.Les micro-traces d’usure des outils préhistoriques forment des figures abstraites. Elles sont mises enparallèle avec les mouvements graphiques de prises d’empreintes.Un autre travail a consisté à faire des grattages sur des supports périssables ou protégés, avec les doigts etavec divers objets.Des élèves ont peint des galets dont les formes naturelles les inspiraient.

L’objectif de ce travail est de garder le geste de l’artiste de la préhistoire en changeant le matériau et lesupport. Il a aussi permis d’apprendre à voir la forme du sujet (un animal par exemple) dans l’objet brut, às’adapter au support.

La leçon à retirer de ce travail est que tout le monde a un bagage culturel, plus ou moins fort, qui ressortdans son travail artistique.

NB : les élèves qui ont travaillé avec Monsieur Picollier ont réalisé des œuvres splendides, qui illustrent trèsbien les différentes démarches présentées ci-dessus.

Mammouth, réalisé parMarion.

Page 21: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

21

Compte-rendu des ateliers du4 décembre 2003

Décrypter les représentations

Page 22: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

22

IMAGES DE LA PREHISTOIRE AU XIXè SIECLE : CLEFS DE LECTUREET MODES D’ANALYSE

Cet exercice a un double but :montrer comment des images qui nous semblent constituer une connaissance vaguement familière de lapréhistoire sont en fait de pures constructions intellectuelles du XIXe siècle et par là-même nous faireréfléchir sur les images de préhistoire actuellement produites.

Noël COYE, Docteur en Préhistoire — Historien des sciences

Atelier d’analyse d’images du 19è siècle.Ce siècle est celui de la naissance de l’archéologie, c’est aussi celui des grandes idées sur l’origine del’Homme, idées qui ont encore leur place dans notre imaginaire collectif. L’objet de cet atelier est depermettre à l’homme du 20è siècle de remettre la lecture des images du 19 ème dans leur contexte.Cinq grands thèmes ont été dégagés par l’animateur : l’ancienneté de l’homme, l’ancêtre singe, les savantset vulgarisateurs, l’évolution biologique et culturelle, la lutte pour l’existence.

Ancienneté de l’hommeFiguier, Luis, La terre avant le déluge. 1862.Cet ouvrage a connu neuf éditions entre 1862 et 1883. Les derniers chapitres illustrent l’apparition del’homme :Analyse de l’image « Scène de la vie préhistorique par Rioux »La juxtaposition de l’homme et des animaux traduit bien la découverte d’ossements fossiles d’animaux etd’homme dans la même couche archéologique, impliquant que l’homme est aussi ancien que les animauxfossiles. Mais la convivialité totale qui existe entre le groupe humain et des animaux actuels l’apparente àl’imagerie biblique où Adam nomme les animaux, et réfute la théorie de Darwin sur l’évolution en illustrantcelle du catastrophisme de Cuvier où des créations multiples suivent des déluges successifs. Cetteillustration faussement scientifique conforte le récit biblique.

Analyse de l’image « Faune quaternaire »Grand ours, mammouth, auroch, rhinocéros… sont mis en scène. Il s’agit d’une vue idéale, le propos n’estpas anecdotique, c’est une somme, et ce type de présentation est à l’origine des panoramas présentés dansles musées actuels.

« L’Homme primitif » chez Hachette. L’édition de 1870 est dépoussiérée en 1872 et utilise une autregravure pour l’apparition de l’homme.Les animaux représentés sont bien des animaux fossiles et l’homme est aussi ancien qu’eux. Mais ilest désormais sorti du paradis, il y a séparation entre l’homme et l’animal, matérialisée sur l’imagepar un fossé. Cette séparation indique bien que l’homme n’appartient pas au règne animal, il estdifférent. Cette représentation se réfère au créationnisme où évolution et ancienneté sont deuxquestions différentes.Ces deux images montrent ainsi que tenants du catastrophisme et du créationnisme arrivent à la mêmeconclusion par des chemins différents.

Ancêtre singe

Boitard « Paris avant les hommes » 1861La vulgarisation du 19ème refuse la représentation de l’homme singe. Il s’agit ici d’une vue idéale, l’hommeest sur un îlot matérialisé par la terrasse d’une falaise, le singe fait pendant à droite sur un arbre.

Boitard Frontispice de « L’homme fossile »Il apparaît que la différence entre l’homme fossile et l’homme actuel est la même qu’entre le mammouth etl’éléphant. Mais l’homme reste différent de l’animal. Il s’agit donc d’une image inspirée par le créationnisme,et qui peut donner l’idée fausse que l’on représente un homme-singe.Gravure apparue en 1838 en illustration d’un article de Boitard dans le « Magasin universel » et rééditée àl’infini jusqu’en 1886.

Page 23: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

23

Elle présente l’image défaitiste d’un homme fossile qui part en laissant traîner un outil, suggérant qu’il laissela place à l’homme préhistorique. C’est l’illustration classique de l’origine de l’homme, toujours créé « ex-nihilo ». C’est bien un ancêtre-singe mais pas un homme puisque ce dernier est apparu après le déluge.

Savants et vulgarisateurs

Figuier « L’homme primitif », 1 ère édition.Scène anecdotique de l’affrontement entre l’homme et l’ours

Du Cleuzioux « La création de l’homme » 1887Les hommes préhistoriques ressemblent à des esquimaux. Leur présentation a été actualisée et ils sont tousaccompagnés de leurs outils et bien différenciés (homme du Moustier, homme de La Madeleine…).Vers 1870-1880, il y a passage de relais de Lartet à Mortillet et sa classification. L’outil devient le moteur del’évolution humaine, au moment où l’homme est inclus dans le monde animal et entre dans l’évolution.

Evolution biologique et culturelle

Jules Rengade, « La création naturelle et les êtres vivants »Evolutionniste et matérialiste.« Variation selon le milieux » :L’image suggère un parallèle entre l’évolution de la main humaine et celle du monde marin. Elle présenteégalement la transition des poissons aux amphibiens et le développement de la grenouille. Cetteprésentation rappelle la théorie biologique plaquée sur la culture selon laquelle l’ontogenèse reproduit laphylogenèse, et où apparaît une échelle des êtres (gradation des espèces) hiérarchisées où une espècesupérieure ancienne ressemble à l’espèce actuelle qui lui est directement inférieure (= loi de récapitulation,pilier de la théorie darwinienne, utilisée dans le comparatisme ethnographique). Dans cette optique, l’hommede Solutré ancien est illustré comme un esquimau actuel, ce qui revient à assimiler ces gens à une espècedirectement inférieure à l’homme actuel. Cette analyse permet de retrouver les racines du comparatismeethnographique dans la biologie.

La démarche du comparatisme ethnographique peut ainsi illustrer deux concepts radicalement différents,d’un côté le racisme et de l’autre l’expérimentation archéologique. Ce qui était au départ un comparatismeethnographique basé sur la culture a glissé au comparatisme anthropologique par une assimilation de laculture et du stade évolutif.

La lutte pour l’existence « Combat contre l’ours des cavernes ».Affrontement homme / animal où le plantigrade est debout et se présente en tant que rival pour la chassecomme pour le logement. L’illustration transmet ainsi un message évolutionniste où l’homme à remplacél’ours dans la lutte pour la vie. Dans la théorie darwinienne, chaque espèce est en lutte en permanencecontre toutes les autres, ce qui est facteur important de cohésion sociale.Comparaison avec une gravure de l’ouvrage de Du Cleuziou (1887) : « Gravure sur os de renne trouvée àLa Madeleine », où les hommes emportés par les animaux sont sans armes, symboles de la culture qui adonné son véritable avantage à l’homme.

« L’homme vainqueur de l’ours des cavernes » :L’affrontement singulier homme/ours apparaît comme le raccourcis de l’histoire naturelle de l’homme. Dansle chapitre sur l’homme « moustérien », il y a conjonction de deux processus évolutifs : le processusdescendant de l’évolution de l’ours parallèlement au mouvement ascendant de l’homme (au moment duprogrès industriel). Le moustérien étant considéré comme le moment de la première industrie offensive où ilassoit sa suprématie comme le montre la légende de la gravure qui ne présente plus un affrontement. Lesos humains sont les restes d’hommes mangés appartenant à une espèce disparue. Idée évolutionniste decélébration de la culture, le progrès étant une loi immuable de la nature.La préhistoire permet bien à cette époque de célébrer le mouvement industriel. Présente dans lesexpositions universelles, elle permet de constater rapidement le chemin parcouru. La préhistoire a alors unrôle vraiment social, permettant de démontrer que le progrès industriel est une loi de la nature et la sourced’un progrès global (éducation, morale…). A l’origine d’une mission civilisatrice qui justifie toutes lesdisparitions et tous les abus.

Page 24: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

24

QUEL VISAGE POUR NOS ANCETRES ?

Au 19e siècle deux types de reconstitutions se côtoient, certaines ne s'inspirent que vaguement desdécouvertes archéologiques, les autres sont issues d'une collaboration étroite entre artistes et savants.Quelles sont les diverses sources d'inspirations ? Pourquoi les scientifiques ont-il souhaité mettre un visagesur les crânes qu'ils exhumaient ? Quels sont les type humains les plus souvent représentés au 19e siècle ?

Sigolène LOIZEAU, Responsable des collections préhistoire du Musée d’Aquitaine à Bordeaux

Introduction

L’exposition « Vénus et Caïn, figures de la préhistoire, 1830.1930 » a été conçue par le musée d’Aquitaine àBordeaux où elle a été présentée de mars à juin 2003. Elle a ensuite été présentée à Altamira, haut lieu dela préhistoire espagnole. Elle est actuellement au musée des Beaux-arts de Québec.Près de 200 objets ont été réunis : un mélange d’objets archéologiques (ossements, silex taillés), manuscritset publications de préhistoriens, sculptures, peintures, photos, mettant en scène l’homme préhistorique.

Au 19e siècle deux types de reconstitutions se côtoient, certaines ne s’inspirent que vaguement desdécouvertes archéologiques, les autres sont issues d’une collaboration étroite entre artistes et savants.Quelles sont les sources d’inspiration ?Quelles sont les relations entre savants et artistes ?

I - LES RECONSTITUTIONS PUREMENT ARTISTIQUES.

Des thématiques récurrentes

Les lacustres

Toutes sortes d’images représentant des cités lacustres ont été produites.Ces scènes de vie sont imaginées suite aux découvertes faites, au cours des années 1850, dans les lacssuisses et de l’Est de la France. Les artistes s’inspirent également de l’imagerie ethnographique présentantles cités lacustres d’Océanie et d’Asie.

Diapo : Hegi, 1865. Retour du chasseur au temps des lacustres.Aquarelle réalisée par un enseignant suisse pour les élèves de son école. C’est une des plus anciennesreprésentations de l’homme préhistorique. La femme attend sur le ponton le retour de son mari, le chasseuret pourvoyeur.

Diapo : Anker, Femme lacustre, 1973

Diapo : Hippolyte Couteau, Un soir dans un village lacustre, 1896, Huile sur toile, 260 x 174 cm,musée d’art et d’Histoire de Genève.Cette toile présentée dans les salles de préhistoire du musée de Genève est le point de départ de notreexposition.

Diapo : Alfred Berthoud, sans date, Idylle lacustre

Diapo : Achille Lemoine, 1905-1908, vues stéréoscopiques. Nus de style préhistorique

Les luttes

Les artistes ont représenté les hommes luttant entre eux mais également les luttes hommes-animaux. Unanimal est d’ailleurs fréquemment représenté, il s’agit de l’ours. L’homme est parfois chasseur mais aussichassé.

Page 25: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

25

Diapo, Léon Perrault, Le premier meurtre, 1899Les scènes bibliques présentant Abel et Caïn sont traitées à la mode préhistorique, les personnages sontvêtus de peaux de bêtes.

Diapo : Léon Maxime FAIVRE, L’envahisseur, 1884, Huile sur toile, Vienne

Diapo : Paul JAMIN, Rapt à l’âge du bronze, 1900, Huile sur toile, ReimsDans ces deux toiles les artistes présentent des luttes pour la possession des femmes.

Diapo : Paul JAMIN, La fuite devant le mammouth, esquisse, 1885, Huile sur toile, Dédié « à l’amiCapitan », Paris, collection particulière

Diapo : Paul JAMIN, Un drame à l’âge de pierre, esquisse, 1886, Huile sur toile, Dédié « à l’amiCapitan », Paris, collection particulièrePour ces deux toiles, Paul Jamin s’est inspiré des informations que lui fournissait son ami, le préhistorienLouis Capitan.

Le mythe de l’ours des cavernesLuttes pour l’habitat : au XIXe siècle on pensait que, comme l’ours, les hommes préhistoriques vivaientexclusivement dans les grottes. Les artistes ont régulièrement utilisé cette thématique dans leurs tableaux.

Diapo : Emmanuel BENNER, L’alerte, dite aussi Une famille à l’âge de pierre, 1892, Huile sur toile,Colmar, musée d’Unterlinden

Diapo : Léon Maxime FAIVRE, Deux mères, 1888, Huile sur toile, Paris, musée d’OrsayLutte entre deux mères et leur progéniture, une ourse et une femme. La femme préhistorique, vêtue d’unepeau de bête accrochée sur l’épaule, est armée d’une hache polie. Il existe un décalage chronologique entrel’utilisation de la hache (Néolithique) et ce type de vêtement non cousu (la couture étant maîtrisée dès lePaléolithique).

Le travailDiapo : La Chasse, Cormon. Décoration de l’amphi du muséumCormon a été sélectionné pour réaliser le décor du plafond de l’amphithéâtre du muséum d’HistoireNaturelle de Paris. Cet artiste a lu énormément d’ouvrages sur la préhistoire. Dans la fresque du muséum, ilretrace l’évolution de l’homme, le la barbarie vers la civilisation.

La familleDiapo : Emmanuel BENNER, L’affût, 1879, Huile sur toile, Limoux, musée PetietLe thématique préhistorique est utilisée par les peintres pour réaliser des corps nus.

Conclusion/ Discussion

Des reconstitutions à l’image de la société du XIXe siècle, on retrouve les valeurs importantes de l’époque (letravail, la famille...). NB : la préhistoire a été présentée pour la première fois dans une exposition universelledans les années 1860 : le matériel était présenté dans une salle sur l’histoire du travail !

Dans ces représentations les visages des hommes préhistoriques sont très modernes.

Quelques anachronismes : les hommes domestiquent les chiens, utilisent des haches polies mais sont vêtusde peaux de bêtes non cousues. Les deux premières observations sont liées à la période Néolithique alorsque la couture apparaît dès le Paléolithique. Ces mélanges s’expliquent en parti par une chronologiepréhistorique encore mal établie à cette époque.Diapo : Lucien PORCHERON, Scène préhistorique, 1930, Huile sur toile, Le Grand-Pressigny

Les sources d’inspiration des artistes sont multiples :- Quelques découvertes archéologiques : les hommes représentés sont souvent armés de haches polies

(ont-elles réellement servi d’arme ou d’outils)

Page 26: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

26

- Des informations ethnographiques : les citées lacustres par exemple.- La vie courante et les valeurs du XIXe siècle.

Ces représentations ne sont pas scientifiques.

II - LES RECONSTITUTIONS SCIENTIFIQUES.

Les scientifiques ne sont pas totalement d’accord avec les reconstitutions qui sont faites. Le plus belexemple est celui de l’ouvrage de Figuier. La première édition de « L’homme primitif » sort au début del’année 1870, très vite épuisée, elle doit être réimprimée fin 1870. Entre temps les scientifiques critiquent lesreprésentations, selon eux elles sont plus proches de l’homme actuel que de nos ancêtres qu’ils pensaientvenir d’Asie. La seconde édition de l’ouvrage, revue et corrigée, présente des hommes, non plus avec unfaciès aryen mais mongoloïde.

Diapo : Figuier, illustration de « L’homme primitif » (x 2)

Peu à peu les préhistoriens fournissent des preuves archéologiques aux artistes, ensembles ils tentent desreconstitutions ; la plus remarquable collaboration est celle de deux Belges : Louis Mascré et Aimé Rutot.

A- La collaboration Mascré, Rutot.

Leurs reconstitutions sont basées sur des découvertes archéologiques. Elles retracent l’état de laconnaissance en préhistoire entre 1909 et 1914.

Diapo Précurseur de l’ère tertiaire. Industrie éolithiqueA Trinil en 1891, Eugène Dubois, savant hollandais, exhume quelques ossements humains (dont une calottecrânienne et un fémur) qu’il baptise Pithecanthropus erectus. Mascré et Rutot imaginent ce premierreprésentant de l’espèce humaine à la cime d’un arbre, s’apprêtant à cueillir un fruit.

Diapo L’Homme de Galley-Hill. Industrie strépyenne, entre 1909 et 1914Découverts à Galley-Hill dans le Kent en 1888, des ossements humains sont alors datés de 200 000 ans.Cet homme est considéré comme un contemporain de l’homme du Sussex. En 1949, on a prouvé qu’ils’agissait d’ossements récents attribués à des couches plus anciennes.Selon Aimé Rutot, l’outil porté autour du cou est une arme de rechange qui rend l’hommeredoutable ; Ce type d’arme devenu à la mode est alors inutile, la taille de l’outil diminue et c’est lanaissance de la parure.(Lire le livre d’Herbert Thomas, récemment publié)

Diapo Homme de Mauer. Descendant des Précurseurs. Âge chelléenUne mâchoire inférieure d’Homo heidelbergensis découverte en 1907 au sud d’Heidelberg (Allemagne) est àl’origine de cette reconstitution. Cette mandibule est aujourd’hui attribuée aux Homo erectus d’Europe.Non loin des restes humains, des vestiges osseux de lions, de sangliers, de rhinocéros sont mis au jour.Aimé Rutot en déduit que l’homme de Mauer est un chasseur et lui associe un sanglier.

Diapo Le Brachycéphale de Grenelle. Industrie moustérienneLe gisement de Grenelle a livré en 1867 des restes osseux appartenant à un individu brachycéphale (decrâne large) que Rutot attribue à une industrie moustérienne. L’individu reconstitué tient dans sa main unnucléus Levallois qu’il débite à l’aide du percuteur.Diapo Chasseur de rennes de Furfooz. Industrie du magdalénien supérieur, entre 1909 et 1914Outre de nombreux vestiges de rennes et de rongeurs, des ossements humains exhumés à Furfooz(Belgique), évoquant le type mongoloïde, ont inspiré Rutot et Mascré pour leur chasseur de rennes. SelonRutot, il reste des descendants de cette race de Furfooz dans les forêts ardennaises. Il les décrit comme deshommes de petite taille, aux yeux et cheveux noirs, de caractère sournois, batailleurs et vivant des produitsde la forêt.

Diapo Mineur néolithique d’Obourg. Industrie campignyenne, entre 1909 et 1914

Page 27: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

27

À Obourg (Belgique), les ossements d’un homme que l’on pensait préhistorique, un pic en bois de cerf enmain, ont été exhumés. À l’époque on pensait qu’il devait être en train d’extraire du silex d’une tranchéequand les parois se sont effondrées sur lui. Les vêtements et le chapeau devaient le protéger des éclats desilex.

Diapo Chef néolithique de Spiennes. Âge de la pierre polie (spiennien supérieur)Selon Rutot, cet homme protège les réserves de silex de sa tribu, son casque ailé signale à l’envahisseurson agilité au combat. Le Spiennien supérieur est considéré au XIXe comme l’âge de la hache polie, deslances et des poignards, c’est donc une époque guerrière.

B- Travaux d’autres préhistoriens.

Les préhistoriens critiquent souvent les reconstitutions de leurs collègues.Plusieurs exemples de collaboration savants/artistes : Marcellin Boule et Joanny Durand, Henri Martin etCharles Bousquet, Faure et Parvillée.

De nombreuses reconstitutions se sont inspirées des restes de l’homme de Neandertal. Les premiersrestes sont découverts dans la vallée de Néander en Allemagne en 1856. Puis en 1909 à La-Chapelle-aux-Saints en Corrèze, et en 1911 à La Quina.

Diapo : Joanny DURAND et Marcellin BOULE, Reconstitution des muscles de la tête et du cou deNéandertalien de la Chapelle-aux-Saints, 1921Charles BOUSQUET et Léon HENRI-MARTIN, Reconstitution de la femme de La Quina, 1913

C- Conclusion/ Discussion

Quels sont les type humains les plus souvent représentés au 19e siècle ?

Cro-Magnon/ artiste

Diapo Figuier, artistes

Diapo : Paul RICHER, Premier artiste, vers 1890, Plâtre, Le Puy-en-VelayLe médecin Paul Richer s’est inspiré du crâne de Cro-Magnon pour réaliser cette sculpture. Sur le socle, desvestiges archéologiques sont représentés : gravure de mammouth sur fragment d’ivoire de mammouthretrouvé à La Madeleine. Cette œuvre d’art est une preuve supplémentaire quant à l’ancienneté de l’homme(l’homme a été capable de graver un mammouth (animal disparu) ils ont donc été contemporains).

Diapo L’artiste magdalénien de la race de Cro-magnon.Mascré et Rutot sont partis des restes humains mis au jour à Cro-Magnon en Dordogne en 1968. Dans lamain de l’homme ils ont glissé le poignard exhumé à Laugerie-Basse. Dans la chevelure on retrouve laparure en coquillages découverte sur le gisement de Cro-Magnon.

Diapo : Jamin, Peintre décorateur à l’âge de pierre, 1903L’artiste s’est inspiré des éléments fournis par son ami Louis Capitan, peu après la découverte des peinturespaléolithiques de la grotte de Font-de-Gaume.Neandertal

Diapo L’homme de Neandertal. Descendant des Précurseurs. Âge moustérienRéalisé d’après le crâne découvert dans la vallée de Néander en Allemagne à côté de Düsseldorf. SelonRutot, l’homme de Neandertal serait asservi par les races de Cro-Magnon : « un esclave soumis, avachi,souvent mal traité, couvert à cause de la température, des peaux de bêtes abandonnées après usage,exécutant d’un œil terne et résigné le travail commandé par le maître et consistant, dans le cas présent, àbriser un os pour en extraire la moelle. ».Les reconstitutions de l’homme de sont très fréquentes et très diverses, allant de la plus glabre desreprésentations à la plus velue.

Page 28: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

28

Diapo La préhistoire de l’humanité reconstituée, Carnet de cartes postales édité par l’Institutinternational d’anthropologie à Nice ; Maurice Faure et Yvonne ParvilléeMaurice Faure estime que les reconstitutions s’apparentent la plupart du temps à des « fictions ou desallégories [...] des écorchés ou des momies »1, elles manquent de vie et de mouvement. Avec lacollaboration du sculpteur Yvonne Parvillée, il exécute des représentations de Neandertal à partir desquelettes. Il met en scène ces figurines dans un décor végétal afin de réaliser des photographies, diffuséesensuite sous forme de cartes postales.

Diapo Habitant du Moustier il y a cinq mille ans, Tursac, collection Bernard Henriette

Diapo Frederick BLASCHKE, Reconstitutions de Neandertal, 1920, Photographies des étapesintermédiaires des reconstitutions réalisées pour le Field Museum de Chicago

Diapo Femme de la race de Neandertal. Descendant des précurseurs. Âge moustérienSculpture réalisée d’après le crâne de la femme de la Quina découverte en Charente en 1911. Cette femmeporte un enfant et « sort de la caverne sombre et enfumée qui sert de refuge à la famille, et se trouve tout àcoup en présence d’un groupe de grands Ours des Cavernes [...]

Diapo Frederick BLASCHKE, Reconstitutions de Neandertal, 1920, Photographies des étapesintermédiaires des reconstitutions réalisées pour le Field Museum de Chicago

Quelles sont les diverses sources d’inspirations ?

Matériel archéologique connu à l’époqueLes faux

Diapo Homme du Sussex. Eonthropus Dawsoni. Sm. Wood. Industrie préchelléenneEntre 1911 et 1912, dans la gravière de Piltdown (Sussex) des chercheurs anglais mettent au jour un crânefossile : Eonthropus Dawsoni. Une étude réalisée en 1953 révèle qu’il s’agit d’un faux réalisé à partir d’uncrâne d’homme actuel et d’une mandibule d’orang-outang dont les dents auraient été limées et les osteintés.

Laussel

Diapo La femme négroïde de Laussel. Industrie aurignacienne

Diapo Vénus à la corne de LausselEn 1911 les fouilleurs employés par le Docteur Lalanne sur le site de Laussel en Dordogne mettent au jourplusieurs bas-reliefs peints, dont un figurant une femme portant une corne dans sa main droite. Lacorpulence de cette femme a parfois été associée à une grossesse en cours, ou encore assimilée à lamorphologie de certaines africaines (telle la célèbre Saartjie Baartman, surnommée la Vénus hottentote).Ainsi, lorsque Rutot et Mascré imaginent le portrait de la femme de Laussel, c’est une femme noire qu’ilsreprésentent.La découverte de ce bas-relief à figuration humaine a eu un retentissement considérable dans la presseinternationale, chaque journaliste interprétant à loisir.Dans Paris Journal, en janvier 1912, on pouvait lire:C’est M. C. Jullian, professeur au Collège de France, qui a annoncé hier à l’Académie des inscriptions etbelles lettres cette sensationnelle découverte qui vient d’être faite par un préhistorien bien connu, le DrGaston Lalanne de Bordeaux [...] la Vénus de Laussel n’est pas un type raffiné de beauté : par ses jambescourtaudes et tassées, par ses seins tombants et flasques, par son ventre flou et rebondi, elle évoquel’esthétique spéciale de la Vénus Hottentote [ethnie d’Afrique du Sud]. Et dans Le Temps du 28 mars 1912 :L’accumulation de masses considérables de graisse dans la région inférieure du corps n’est pas d’ailleurs uncaractère de race ; il paraît se rattacher plutôt à la vie sédentaire de la femme, qui déjà était la ménagère

1 Faure Maurice, « Reconstitution de l’Homo mousteriensis ou neanderthalensis », Compte rendu de la 46e

session du Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences, Paris, Masson, 1923, p. 439-444.

Page 29: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

29

attendant patiemment au fond de sa grotte, entourée de sa progéniture, le retour du hardi chasseur, sonmaître et pourvoyeur [...]Culte féminin, destin biologique de la femme - la Vénus serait enceinte - sont les convictions les pluspartagées aujourd’hui.

CONCLUSION

Importance de mettre des visages sur des squelettes, de même, nous souhaitons mettre un visage sur despersonnages historiques.

Les reconstitutions sont le reflet de notre société.Diapo Neandertal, coll. HamyDiapo Buste de Lalanne

Les reconstitutions que l’on réalise aujourd’hui avec des moyens modernes, comme « L’Odyssée del’espèce », ne sont pas forcément plus exactes que les reconstitutions de Mascré au début du XXe siècle.

En 1919, le musée de San Diego, aux Etats-Unis, a commandé une copie de la série des bustes réalisés parMascré et Rutot, mais les conservateurs n’ont pas voulu des deux reconstitutions de négroïdes.

Diapo Le Négroïde de Menton. Industrie aurignacienneEn 1901, deux squelettes issus d’une même sépulture sont exhumés à Menton. Les crânes, en partiedéformés par le poids des sédiments, présentent un certain prognathisme ; rapidement, les anthropologuesidentifient ces individus comme les ancêtres de la « race noire ».Cet homme achève la sculpture d’une statuette féminine retrouvée à Willendorf (Autriche). La couronne decoquilles qu’il porte rappelle la parure exhumée à Menton, tout comme les bracelets de coquillage de lafemme.

Diapo Cro Magon présenté à San Diego

Page 30: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

30

REFLEXIONS SUR LE THEME DE LA REPRESENTATION DU CORPS HUMAIN

La figuration humaine au cours de la préhistoire (peinture, sculpture, modelage…).La représentation du corps par les artistes préhistoriques : réalisme (« vénus stéatopyges », « sorciers »…)ou interprétation ?Les traces laissées par le corps (empreintes, tracés), la parure.Un regard actuel sur les productions préhistoriques (aspects techniques et esthétiques)Ateliers de pratique :Réalisation d’un production sur le thème du corps en utilisant des techniques préhistoriques : modelage,gravure, empreintes.Réalisation d’objets de « parure » en utilisant des matériaux actuels

Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique

On ne traitera ici que des traces directes (empreintes) et des représentations figurées du corps humain, etpas des représentations animales ou des signes, qui sont bien entendu des traces laissées par l’homme.

Problèmes posés par l’art préhistorique :" Aucun texte d’accompagnement

o Hypothèses fondées sur :! La fouille archéologique (localisation, datation…)! L’analyse scientifique des traces (techniques, pigments…)! L’archéologie expérimentale! L’observation et l’analyse des caractères plastiques et stylistiques! La comparaison ethnographique! La comparaison avec les mythes et les religions

La représentation du corps : plusieurs niveaux d’interprétation :

" l’homme préhistorique a une perception de son corps dans son environnement. Laquelle ? on n’ensait rien.

o Il marque l’environnement de ses empreintes :! Fortuites (traces de pas) Pech-Merle! Intentionnelles (mains, tracés digités…) Gargas (mains), Pech-Merle, Gargas

o Il se représente (peinture, gravure, sculpture, modelage) :! Silhouettes Lalinde! Sexes Gorge d’Enfer, Monpazier! « Vénus » Willendorf! Individus composites (« chamanes », « sorciers »…) Trois Frères, Hollenstadt, Mas

d’Azil! « Portraits » Dolni Vestonice

o Il orne son corps :! Parure Collier ivoire, dents percées, collier + sépultures! Vêtements ?! Peintures corporelles (traces d’ocre ?)! Tatouages, scarifications ?! Coiffure ? Brassempouy

" L’homme moderne interprète ces représentations :o L’exemple des Vénus :

! Du point de vue de l’anatomie et de la physiologie (représentation d’une réalitébiologique) :

• Réserves de graisse Vénus hottentote, Dora Maar• Femmes enceintes Laussel

Page 31: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

31

! Du point de vue de la mythologie et de l’histoire des religions :• Culte de la Fécondité, de la sexualité Angles, .Laurent• Déesses-mères Catal Hüyük

! Du point de vue de l’histoire de l’art (analyse stylistique, évolution des formes…) :• Analyse stylistique (géométrie) Tableau• Evolution des formes Tableaux• Productions ultérieures Capdenac, Cyclades, Statue-menhir

o L’exemple des représentations composites :! Du point de vue de l’ethnographie (comparaison avec d’autres civilisations) :

• Scènes de chasse (cf. Indiens d’Amérique) Trois Frères• Scènes de guerre Hommes blessés, Lascaux• Sorciers (cf. Breuil) Gabillou

! Du point de vue de la mythologie et de l’histoire des religions :• Chamanes (cf. Clottes) Chamane 1705• Divinités (cf. Ganesh) Combarelles, Chauvet• Tabou de la représentation du corps ou du visage (cf. Islam)

! Du point de vue de l’histoire de l’art (analyse stylistique, évolution des formes…) :• Incapacité à représenter le corps humain Marsoulas, Rouffignac• Caricatures Profils

o Les représentations plus réalistes :• Des portraits ? Malta, La Marche

" Atelier de pratique :o Modelageo Gravure sur plaque d’argile

! Réaliser une production représentant tout ou partie d’un corps humain, en mettanten évidence une partie de ce corps.

Page 32: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

32

"HISTOIRE D'HOMMES"

A partir de 4 restitutions humaines proposées dans le cadre de l'exposition "Histoire d'Hommes" au prieuréde Montignac, on pourra distinguer ce qui relève des affirmations scientifiques du moment de ce quiappartient plutôt au champ de l'imaginaire.

B. CAUDRON, professeur des écoles et M. O’FARELL, archéologue

Cette exposition présente l’évolution de l’Homme en partant des périodes récentes (Paléolithique supérieur)pour aller vers les plus anciennes (époque de Lucy).Elle se compose de nombreux textes et surtout de plusieurs reconstitutions humaines pour moitié locale.

L’intérêt pédagogique de cette exposition ne réside pas tant dans l’information portée écrite mais plutôt dansces quatre « interprétations très subjectives » de nos ancêtres : l’Homme moderne, l’Homme de Néandertal,l’Homo erectus et l’Australopithèque (Lucy).

Elle peut s’adapter à tous les niveaux, des enfants de maternelle aux jeunes de lycée et introduire ou cloredes projets établis par les « éducateurs ».Elle constitue un bon support à une activité de découverte et à une approche de la démarche scientifique.

Cela dit il est clair qu’elle ne peut se suffire à elle-même. Certaines notions (abandon, enfouissement,conservation, fouilles, spécialités scientifiques, …) doivent être abordées afin de pouvoir porter une vuecritique sur les éléments présentés.

Il est évident ces représentations humaines (et américaines) posent problème et soulèvent des questions.Quelle est la part de certitudes et celle de l’imaginaire ?

Les certitudes scientifiques sont celles portées par les témoins archéologiques (lampe à graisse, aiguilles àcoudre, …) et anthropologiques (squelette : forme du crâne, taille).

Le reste relève la plupart du temps d’hypothèses basées sur des observations archéologiques, sur descomparaisons actualistes, voire sur de pures spéculations : utilisation des outils, forme des vêtements,pilosité, couleur de peau, des yeux…La morphologie et surtout les traits de visage sont aussi à classer dans cette catégorie, les méthodes de lapolice scientifique pour la reconstitution des masses musculaires n’étant pas forcément fiable, d’autant plusles plasticiens y projettent leurs propres représentations culturelles…

Page 33: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

33

REPRESENTATION DE LA PREHISTOIRE DANS LA LITTERATUREPOUR LA JEUNESSE

La documentation : élément clé du parcours. Présentation d’outils bibliographiques, aides au choix d’undocumentaire ; réflexion autour de la réalisation d’une fiche d’analyse pour enfants.

Valérie BALIER, documentaliste et Florence LANDAIS , conférencière nationale

Présentation de deux bibliographies analytiques sur la préhistoire, jointes au dossier distribué auxstagiaires :la bibliographie complète conçue et éditée par le Musée Départemental de Préhistoire (du Pas-de-Calais)les fiches d’analyse de documentaires pour la jeunesse qui ont plusieurs objectifs :- aider les enseignants non-spécialistes de la préhistoire à choisir des documents de travail,- aider les bibliothécaires à orienter leurs achats d’ouvrages,- aider les lecteurs néophytes,- développer la lecture du documentaire, moins répandue que la lecture de fictions.

Au vu de ces réalisations, il est clair qu’il manque au moins deux produits :Une sélection thématique (vie quotidienne, art, anthropologie…) d’ouvrages en fonction de l’âge.Un modèle de fiche d’analyse destiné aux enfants et conçu par eux auquel cet atelier se proposait deréfléchir…., et a abouti à une réflexion sur l’intégration d’une démarche documentaire basée sur lesreprésentations des élèves dans le cadre d’un parcours préhistoire.

Objectifs : s’initier à une démarche documentaire en accompagnant des pratiques de lecture, d’oral,d’expression écrite, d’esprit critique ; et en enrichissant les connaissances scientifiques et leur construction.

Méthodologie :Les documentaires jeunesse sur la préhistoire comportent certaines inexactitudes et des stéréotypes. Pourque des enfants, pour la plupart néophytes, puissent initier une analyse critique de ces ouvrages, il fautintégrer cette démarche dans un parcours culturel, permettant la collaboration d’un spécialiste.Cette démarche pourra s’intégrer au début ou au cours du parcours. Un travail sur le thème choisi par laclasse (habitat, scène de chasse, art, représentation de l’homme, représentation des outils, des animaux…),en collaboration avec un scientifique et en liaison avec les représentations initiales des élèves sera donccomplémentaire, soit en préalable, soit à l’occasion du travail sur les documentaires.

Faut-il faire travailler la classe sur un ou plusieurs livres ? Pour des raisons de diversité, de liberté de choix,de richesse de recherche et d’analyse permettant la vérification de l’information par la mise en réseau, ilsemble que plusieurs ouvrages soient préférables.

Analyse du document :

-Travailler par petits groupes, avec plusieurs livres de thème(s) comparable(s).

-Faire circuler les livres parmi les groupes qui choisissent ensuite un titre. Les enfants peuvent-ilsexpliquer leur choix ?Retenir quelques critères qui pourront être intégrés à la fiche d’analyse.

-A partir du titre du livre, faire réfléchir et argumenter sur les représentations globales des élèves.

- Analyse de l’image à partir de la première de couverture et/ou d’une double page illustrant lathématique choisie par la classe :Lecture de l’image par description orale et confrontation des représentations de l’enfant et del’auteur/illustrateur du document, de manière à contrer immédiatement les erreurs possibles et fairecomprendre que les illustrateurs des ouvrages ont aussi représenté leur propre préhistoire.La comparaison et la démarche de vérification des informations apportées par les images peut demanderune recherche sur l’origine de ces images, qui font partie de l’histoire de l’archéologie. Un spécialiste de

Page 34: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

34

cette approche a un rôle à jouer dans la compréhension de la vulgarisation (voir les images du 19 èmesiècle en ligne sur www.pole-prehistoire.com).

Retenir quelques critères qui pourront être intégrés à la fiche d’analyse.Eventuellement, établissement de critères d’alerte transposables, comme l’absence de photographies (seservir de la fiche d’analyse documentaire et de sa bibliographie, ainsi que de la bibliographie d’Arras).Eventuelle restitution écrite.

- Travail sur la relation image/texte et sur le texte : légendes, chapitres et sous-chapitres, textegénéral.Etudier la place de l’image par rapport au texte (redondante…).Favoriser la manipulation et le repérage par la familiarisation avec le péritexte (auteurs, sommaire,glossaire…) à partir du texte (vérifier si les titres des chapitres correspondent à leur contenu, s’il existe unglossaire lors de la rencontre de termes scientifiques, à quelle partie du sommaire correspond la doublepage consultée, si ce sommaire est compréhensible sans préalables, s’il s’agit d’une traduction …).On peut se baser sur les questions posées dans la fiche d’analyse documentaire (adultes) pour lister lespoints à étudier.Retenir quelques critères qui pourront être intégrés à la fiche d’analyse.

Eventuellement, établissement de critères d’alerte transposables : souligner les erreurs éventuellesrelevées, vocabulaire utilisé en fonction du type de texte annoncé (découverte ou approfondissement),image des connaissances à un moment donné (date d’édition)….Etablir un parallèle entre les représentations des enfants et celles de l’auteur et valider un choix.Les critères de choix d’un document ont-ils évolués, se sont-ils enrichis, sont-ils transposables à d’autresthématiques, aux revues ?

Restitutions possibles :- Fiche listant les critères d’alerte dans la lecture d’un documentaire (confusion dans le temps, absence dephotographies…)- Constitution d’un « bêtisier de la préhistoire », un inventaire des stéréotypes.- Le livre idéal est il possible ou souhaitable ? Débat à partir de la réalisation d’une page sur le thème.Comparaison des pages produites avec celles des livres étudiés, favorisant une relativisation du statutd’auteur.- Réalisation d’une fiche d’analyse terminale, qui peut s’articuler autour des critères de choix.- Réalisation d’une fiche évolutive, qui permettra de garder trace des représentations successives et devérifier si les représentations initiales ont été mises en cause en fin de parcours.

Page 35: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

35

POUR FAIRE LE PORTRAIT D’UN OBJET

Serge MAURY (conservateur et archéologue) et Yann MALHACHE (Médiateur du Patrimoine)

Encore aujourd’hui, à l’exception de quelques nouvelles muséographies, les modes de présentationdes objets archéologiques restent très classiques. Amorphes, décontextualisés, privés de la connaissancedont ils sont porteurs, de leur dynamique de fabrication et de leur mode éventuel d’utilisation, ces objetsn’ont, de surcroît, le droit d’être exposés dans une vitrine de musée que lorsqu’ils sont représentatifs de« leur catégorie». A leurs pieds, la lecture d’une épitaphe avec un nom et une date « grattoir sur lameMagdalénien, aux environs de 15000 ans » fige leur image laisse peu de place au questionnement.

L’atelier proposé dans le cadre de la formation PNR avait pour but de casser ce modèle, enpostulant que l’objet existe uniquement s’il est porteur de questionnement. Nous avons tenté de montrerque :

• Bien plus que la seule fonction supposée de l’objet exposé, l’intérêt de celui-ci résidesurtout dans ce qu’il peut nous raconter de la vie et de la structuration de la société et deshommes qui l’ont fabriqué.

• Cette histoire peut être racontée de manière différente mais complémentaire selon l’orateur: scientifiques, techniciens, géologues ou encore par ceux dont le savoir est habituellementconsidéré comme «vulgaire» c'est-à-dire le public directement.

• Cette histoire évolue au rythme de nouvelles découvertes, de nouvelles hypothèses, elle estainsi complétée, corrigée, remise en cause en permanence.

C’est aussi la question des représentations de l’objet qui a été abordée : qu’est-il vraiment ? Lareprésentation que l’on se fait aujourd’hui d’un burin par exemple, ou un objet fonctionnel différent de ce quel’on imaginait ? Il faut s’abstraire du déterminisme de l’objet, mettre de coté nos images, nos préjugés,essayer afin de ne négliger aucune piste, d’avoir un regard neuf et distancié.

Nous avons mené pendant deux heures une investigation, afin de faire émerger desproblématiques autour de la reconstitution de l’histoire d’un objet.

Les participants ont choisi dans l’ensemble de fac-similés d’objets archéologiques (bifaces,grattoirs…) proposés, un petit objet rouge d’environ 5 cm et ils l’ont soumis à un interrogatoire en règle.Nous l’avons dessiné sous toutes ses faces. Nous avons cherché :

à savoir s’il portait à sa surface : des traces de fabrication, de façonnage et d’usage,liées à des actions humaines et de qualifier mécaniquement et physiquement ces traces.

à déterminer : sa nature ; la culture à laquelle il pourrait appartenir, donc son âge ;sa provenance, le pourquoi de sa couleur ? Etait- ce un outil ? Si oui était-ilemmanché ? « Il est pointu, a-t-il servi à percer ? » Sa couleur impliquerait-elle untraitement particulier (thermique ?) ? Ce traitement est il intentionnel ? Si oui pourquoi ? A-t-il été appliqué avant ou après son façonnage?..........

Après avoir posé toutes ces questions et bien d’autres, sans évidemment apporter toutes lesréponses nous avons listé les moyens et les ressources que nous avions et/ou qu’il faudrait mettre en œuvrepour y répondre. Ce questionnement nous a rapproché de la démarche « hypothético-déductive » et permisde répertorier une partie du large éventail des métiers et des spécialités qui interviennent dans l’étude destraces du passé.

Page 36: La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la disciplinecrdp.ac-bordeaux.fr/data/uploads/Doc-PNRprehistoire-CDDP24.pdf · De nombreuses disciplines scientifiques ont été mises

36

Ainsi à travers ce petit bout de matière pourpre, nous avons abordé successivement : la géographie,la géologie1, la pétrographie2, la tracéologie3, la technologie4 et l’archéologie expérimentale. Nous avonsmontré comment l’étude de l’origine des matières premières lithiques (lithologie) utilisées pour façonner cetobjet nous permettait de mettre en évidence l’espace parcouru par l’homme, la socio économie desgroupes, et l’exploitation du milieu. (Certains types de silex, de bonne qualité, facilement identifiables etayant une origine géographique et géologique précise, comme les silex du « Bergeracois » ou « duFumelois » ont une diffusion qui recouvre pratiquement la totalité du bassin aquitain. Les transports sur delongues distances pourraient correspondre, en partie, à des échanges.) Nous avons également évoqués lapaléontologie avec les microfossiles marins contenus dans le silex, la micromorphologie, et sommes rentrédans le détail de sciences très pointues comme les datations par thermoluminescences. Enfin nous avonsfait un crochet par les sciences sociales telles que l’ethnologie et la sociologie. En bref nous avons abordél’archéologie dans toute sa pluridisciplinarité.

En conclusion même si l’archéologie est absente des programmes scolaires elle reste une véritable« mine » de par son contenu pluridisciplinaire. Elle est un excellent moyen de fournir des cas concrets etpassionnants pour mener des projets pédagogiques transdisciplinaires vivants et dynamiques, adaptés auxproblématiques les plus diverses.

Enfin n’oublions pas que d’ici quelques dizaines d’années, peut être même avant ce petit objet, quenous avons, grâce à un faisceau convergent d’indices reconnu comme un perçoir, sera peut être, au vue del’avancement des moyens d’analyse, réexaminé, revisité et encore mieux documenté.

---------------------------------------------------------

1Le silex est une roche sédimentaire, formée à l'intérieur du calcaire. Un échantillon de silex présente, leplus souvent, des caractéristiques qui permettent de le rattacher à l'étage géologique dans lequel il s'estformé. La carte géologique indique les endroits où affleurent l'étage. On détermine ainsi une airegéographique à l'intérieur de laquelle les hommes ont pu collecter le silex. Les raisonnements sont conduitsen considérant l'origine la plus proche .Une fois l'origine géologique déterminée, l'étude de la répartition desaffleurements permet de proposer une origine géographique. En croisant ces données avec celles de latechnologie lithique, il est possible de déterminer à quels niveaux de transformation les objets ont étéintroduits dans le gisement : bloc brut, préforme, support, produit2 Pétrographie Science qui décrit les roches et étudie leurs structures et leur composition3L'analyse tracéologique permet de préciser la fonction des outils à partir des traces d'usure qu'ils portent,par comparaison avec des répliques expérimentales dont on connaît précisément l'utilisation.4La lecture technologique permet de reconstituer la totalité de la séquence de production des outils. Eneffet, chaque éclat porte, sur la face opposée à la surface d'éclatement, les traces des enlèvementsprécédents. L'observation de chaque éclat permet de reconstituer la séquence des gestes qui ont précédéson propre détachement. De proche en proche, il est possible de reconstituer les chaînes opératoires deproduction des outillages et de comprendre les méthodes élaborées par les hommes préhistoriques.

Pour tous renseignements complémentaires concernant l’archéologie et les sciences connexes quilui sont liées nous vous invitons à consulter notre site internet : www.perigord.tm.fr ou www.cg24.fr