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    "Point de comprhension sans ponctuation"

    La fonction expressive de la ponctuation peut-elle

    amliorer la comprhension en lecture voix haute? Essai

    chez une enfant de 5me primaire.

    Juliette Dubois

    Juin 2008

    Haute Ecole Robert Schuman de Libramont

    Section Logopdie

    REMERCIEMENTS

    Jexprime ma vive reconnaissance toutes les personnes qui ont collabor de prsou de loin la ralisation de ce travail.

    Je remercie tout particulirement :

    Melle C. CHOFFRAY, promotrice de mon TFE, Melle A. ANCIAUX, conseillrescientifique interne ainsi que D. PUECH, conseiller scientifique externe ;

    Les enseignantes de lcole primaire o jai effectu mon stage ;

    Les professeurs de la HERS de Libramont qui ont contribu ma formation ;

    Mes parents, mes frres et amis pour leur soutien actif tout au long de cette priode.

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    TABLE DES MATIERES

    INTRODUCTION GENERALE

    Chapitre I : la ponctuation

    1 Dfinitions et historique de la ponctuation. .p. 1

    1.1 Dfinitions...p. 11.2 Historique de la ponctuation....p. 22 Signes et ponctuation..p. 4

    2.1 Une unit deux faces.p. 42.2 Le caractre arbitraire..p. 42.3 Le signe est immuable en synchronie...p. 52.4 Le signe est linaire et muable en diachronie..p. 52.5 Le signe est discret...p. 52.6 Axe paradigmatique et axe syntagmatique...p. 52.7 Un signe extra-alphabtiquep. 5

    3 Les signes de ponctuation : classements et usage......p. 63.1 La ponctuation grammaticale......p. 6

    3.1.1 Le point..p. 63.1.2 La virgule...p. 7

    3.2 La ponctuation expressive...p. 73.2.1 Le point-virgule.....p. 83.2.2 Le point dinterrogation....p .83.2.3 Le point dexclamation.p. 83.2.4 Les points de suspension...p. 83.2.5 Les guillemets...p. 93.2.6 Les deux points....p. 93.2.7 Les parenthses......p. 93.2.8 Le tiret....p. 9

    4 Les fonctions de la ponctuation.....p. 104.1 La fonction expressive...p. 10

    4.1.1 Lintonation......p. 104.1.2 Les pauses......p. 124.1.3 Laccentuation....p. 12

    4.2 La fonction syntaxique...p. 134.2.1 La fonction de jonction et de disjonction....p. 134.2.2 La fonction dinclusion et dexclusion.....p. 134.2.3 La fonction de dpendance et dindpendance....p. 13

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    4.3 La fonction smantique.....p. 145 Enseignement de la ponctuation...p. 15

    5.1 Au niveau des programmes scolaires.....p. 155.2 Programmes scolaires et fonctions de la ponctuation..p. 165.3 Enseignement en classe : types dexercices proposs....p. 17

    6 Conclusion.....p. 17

    Chapitre II : la comprhension

    1 Rappel sur la comprhension en lecture......p. 191.1 La comprhension au niveau du mot..p. 19

    1.1.1. La voie dassemblage...p. 191.1.2 La voie dadressage...p. 191.1.3 La comprhension de la lecture...p. 20

    2 La comprhension au niveau de la phrase......p. 202.1 La phrase.....p. 202.2 Les modles de traitement de la phrase.....p. 202.3 Les niveaux de traitement de la phrase..p. 21

    2.3.1 Le traitement syntaxique...p. 212.3.2 Le traitement smantique de la phrase..p. 222.3.3 Le traitement pragmatique de la phrase....p. 23

    3 Les motions : une aide la comprhension de la phrase...p. 233.1 Dfinition de lmotion....p. 243.2 Le choix des motions : les travaux dEKMAN..p. 24

    4 Modles de la comprhension de texte.......p. 264.1 Lapproche psycholinguistique de KINTSCH et VAN DIJK..p. 264.2 Lapproche globale dIRWIN.p. 28

    4.2.1 Le contexte de lecture...p. 294.2.2 La variable texte.p. 294.2.3 La variable lecteur..p. 29

    5 Trois variables : trois niveaux dinterventionp. 305.1 La variable lecteur : les processus de lecture au niveau du

    texte..p. 305.1.1 Les microprocessus...p. 315.1.2 Les processus dintgration..p. 31

    5.1.2.1 Les anaphores.p. 315.1.2.2 Les connecteurs..p. 325.1.2.3 Les infrences.p. 32

    5.1.3 Les macroprocessus..p. 335.1.4 Les processus dlaboration.p. 335.1.5 Les processus mtacognitifsp. 34

    5.2 La variable texte : le choix du type de texte..p. 345.3 La variable contexte : motivation, intrt et intention..p. 356 Conclusion.p. 36

    Chapitre III : utilisation de la fonction expressive de la ponctuation ensituation de lecture voix haute, outil de la comprhension ?

    1 Prsentation de lcolep. 372 Prsentation de B.p. 37

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    2.1 Anamnsep. 372.2 Examen clinique..p. 382.3 Bilan de langage oral..p. 392.4 Bilan des outils de base.p. 40

    3 Rsultats du pr-testp. 413.1 Le vol du PC : valuation fonctionnelle et norme de la

    lecture...p. 413.1.1 Le choix du vol du PCp. 413.1.2 Analyses quantitatives et qualitatives.p. 42

    3.2 Texte personnel : prise en compte de lapprhension deJKp. 43

    4 Lecture silencieuse et lecture voix haute..p. 434.1 La situation de lecture silencieuse...p. 434.2 La situation de lecture voix haute.p. 44

    5 La ponctuation comme signe visuel..p. 455.1 Etat des connaissances de B. sur la ponctuation..p. 455.2 Choix des signes.p. 465.3 Ralisation des signes...p. 47

    6 La fonction expressive de la ponctuation : l'intonation, le sens par rapport l'motion, de la phrase au textep. 48

    6.1Prise de conscience : le jeu des journalistes...p. 496.2 Matrialisation et manipulation au niveau de la phrase : cartes-

    motions , courbes intonatoires et signes expressifs.p. 506.3 Matrialisation au niveau du texte (dialogue) : indices visuels et

    expression des motions..p. 517 La fonction expressive de la ponctuation : les pauses, repres des groupes de

    sens aux niveaux intra et interphrastiquep. 538 La fonction expressive de la ponctuation : laccentuation du mot associe laphrase exclamative..p. 569 Rsultats du post-test..p. 5710 Conclusion...p. 58

    CONCLUSION GENERALE

    TABLE DES MATIERES

    BIBLIOGRAPHIE

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    INTRODUCTION GENERALE

    Le plaisir de lire Vaste programme Jai la chance de le connatre depuis mespremiers apprentissages. Un vrai refuge, une source de dcouvertes, douverturesur le monde et surtout dmotions ! Mais, ce domaine, je lai toujours abord demanire agrable, contrairement aux lves qui nonnaient leurs textes et qui,trangement, semblaient ne pas y comprendre grand-chose. Au cours de cesdernires annes, jai souvent repens ces petits camarades, en abordant lesdivers processus de lecture et les difficults qui pouvaient surgir lors dundysfonctionnement lun ou lautre niveau.

    Mais, justement, maintenant que je disposais dun minimum de connaissances en lamatire, pourquoi ne pas tenter de faire partager ce plaisir de lire ? Il semblaitvident quune lecture vivante tait indispensable une bonne comprhension. Maispouvait-elle tre envisage comme outil damlioration de la comprhension ? Et sioui, comment ? La ponctuation simposait ! Absente en langage oral, cest elle quisert dindicateur nos inflexions, notre rythme en lecture voix haute comme enlecture silencieuse.

    Cest ainsi que je suis arrive cette hypothse de travail : la fonction expressive de

    la ponctuation permet-elle damliorer la comprhension en lecture ?Pour tenter dy rpondre, jai pris en charge JK , 12 ans 2 mois, lve en 5meprimaire et qui se dcrit, lors de la premire sance, de la manire suivante : Toute faon, a sert rien que je lise, moi je lis comme un robot !. Le dcor taitplant !

    Jai compris alors que javais envisag un point relativement douloureux pour elle etquil allait certainement falloir faire preuve de beaucoup de patience ! A moimaintenant de mettre en uvre tous les moyens pour parvenir dsamorcer cetteattitude de dcouragement manifeste face lactivit de lecture chez elle.

    Cest pourquoi jenvisagerai dans un premier temps la ponctuation sous un angleplus thorique pour analyser aussi la faon dont JK la aborde en classe. Dans undeuxime temps, jvoquerai la comprhension au niveau du mot, de la phrase puisdu texte. Enfin, je verrai dans un troisime chapitre dans quelle mesure la fonctionexpressive de la ponctuation peut influer sur la comprhension en lecture voixhaute.

    Je vous souhaite une lecture agrable, sans souci de comprhension

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    CHAPITRE I : LA PONCTUATION

    Ces petits signes Il semblait pourtant si simple den faire le tour ! Cest encommenant mes recherches que je me suis aperue de la complexit et de larichesse des notions quils sous-tendent ! Cest pourquoi ce chapitre nouspermettra denvisager dfinitions et historique dans un premier temps pourclarifier notre position. Ensuite, nous verrons comment organiser en deux axesles dix principaux signes ; cela sera loccasion de dvelopper leurs fonctionsrespectives. Enfin, il semblait indispensable daborder lenseignement de cettematire dans le cadre scolaire.

    1 Dfinitions et historique de la ponctuation

    1.1 Dfinitions

    Il savre difficile de trouver une dfinition commune de la ponctuation, toutdpend du point de vue duquel on se place.

    Daprs le Larousse, il sagit de signes graphiques [] marquant les pausesentre phrases ou lments de phrases ainsi que les rapports syntaxiques. 1.

    La dfinition propose par le Petit Robert aborde, quant elle, la notion de systme en voquant un systme de signes servant indiquer lesdivisions dun texte, noter certains rapports syntaxiques ou certaines nuancesaffectives. 2 On notera ici lajout dune dimension lie laffect qui nousintressera tout particulirement.

    N. CATACH donne une dfinition gnrale : Ensemble des signes visuelsdorganisation et de prsentation accompagnant le texte crit, intrieurs autexte et communs au manuscrit et limprim ; la ponctuation comprend

    plusieurs classes de signes graphiques discrets et formant systme, compltantou supplant linformation alphabtique. 3 Elle rejoint la notion de systme mentionne par le petit Robert.

    1 M. VINCIGUERRA, Y. GARNIER, Le petit Larousse Illustr, p. 8442 P. ROBERT, A. REY et J. REY-DEBOVE, Le petit Robert, Dictionnaire alphabtique etanalogique de la langue franaise, p. 14813 N. CATACH, La ponctuation, in Langue franaise n45, fvrier 1980, p. 20

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    M. GREVISSE y confre une dimension artistique . En effet, pour lui, laponctuation est lart dindiquer dans le discours crit, par le moyen de signesconventionnels, soit les pauses faire dans la lecture, soit certainesmodifications mlodiques du dbit, soit certains changements de registre dansla voix. 4 Il ajoute que bien des gens la ngligent [] tort, car laponctuation est un lment de clart : elle permet de saisir lordre, la liaison, les

    rapports entre les ides. 5

    Les journalistes O. HOUDART et S. PRIOUL, eux, considrent aussi cettediscipline comme un art mais englobent, du fait de leur profession, souslappellation de ponctuation, non seulement les signes, mais aussi la mise enpage et la typographie6.

    Ici, nous envisagerons la ponctuation comme un systme de signesconventionnels essentiels la comprhension du message crit car il en traduitle rythme, le dbit et les units de sens, mais surtout comme vecteur duressenti du lecteur puisque permettant de reflter toute la palette de sesmotions et donc de sa comprhension.

    1.2 Historique de la ponctuation

    Son histoire se retrace sur 24 sicles. Si lhomo sapiens lit et crit depuis 6 000ans, lcriture alphabtique apparat il y a environ 3 400 ans et la ponctuation fait ses dbuts il y a 2 400 ans.

    Jusque-l, les textes se prsentaient dun seul tenant, sans mme despaceentre les mots et ctait au lecteur dy ajouter dabord sa propre ponctuationavant denvisager mme de les dchiffrer.

    Il semble que ce soient surtout des diteurs de manuscrits qui, souhaitantprserver et rendre plus accessibles ces chef-duvres, se posrent laquestion de les diter scientifiquement, cest--dire den tablir des versionsdfinitives qui pourraient tre copies par la suite.

    Cest aux trois responsables successifs de la Grande Bibliothque dAlexandrieaux IIIme et IIme sicles avant J.-C, ZENODOTE, Aristophane DE BYZANCEet Aristarque DE SAMOTHRACE que lon doit linvention des accents, desdivisions en chapitres (ou chants, pour Lilliade). Ils souhaitaient ainsi viter leslectures trop divergentes et faciliter la lecture voix haute. Daprs leshistoriens, ils sont les auteurs du systme des trois points : le point en haut ou

    point parfait (), cest aujourdhui notre point final ; le point mdian (), quelon peut assimiler au point-virgule et aux deux points actuels ; et le point en bas(.) qui quivalait notre virgule7.

    4 M. GREVISSE, Le bon usage, p. 1445 O. HOUDART et S. PRIOUL, La ponctuation ou lart daccommoder les textes, p. 106Ibidem, p. 107 Wikipdia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Ponctuation

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    Au IXme sicle, apparat le point dinterrogation auquel on donne le nom dumoine HILDEMAR. Il permet de signifier le caractre interrogatif dune phrasequi ne comporte alors ni inversion du sujet ni pronom interrogatif.

    Puis, progressivement, interviennent la standardisation de la mise en page etdes blancs entre les mots, les enluminures et les lettrines, lutilisation combine

    des majuscules et des minuscules.

    Cest au dpart lItalie que tout sacclre la fin de lpoque mdivale : deshumanistes prcurseurs dont Coluccio SALUTATI, chancelier de la ville,redcouvrent les textes de lAntiquit et les ditent. Cest alors quils ajoutentdeux signes : le point dexclamation et les parenthses.

    En 1455, GUTENBERG, grce limprimerie, publie le premier livre imprim, laBible.

    Une codification de la ponctuation apparat alors ncessaire. Cest pourquoi E.DOLET, humaniste et imprimeur, publie,en 1540, La punctuation de la langue

    francoyse, ouvrage dans lequel il affirme que ponctuer un crit est du domainedes typographes et correcteurs. Cest le dbut dune longue querelle avec lesauteurs.

    Il dcrit aussi six figures : virgule, deux-points, point, point dinterrogation,point dexclamation et parenthses.

    Au XVIIIme sicle, cest un domaine auquel on attribue peu dintrt et Voltaire lui-mme dclare ( son imprimeur) qui linterroge sur cette questionquil na qu se dbrouiller tout seul avec ce petit peuple-l 8.

    Toujours la mme poque, Jean-Lonor DE GRIMAREST, grammairien quitente de thoriser lutilisation de la ponctuation, la rebaptise la petite science tandis que Nicolas BEAUZEE, grammairien galement et auteur du chapitre Ponctuation dans lEncyclopdie de DIDEROT et de DALEMBERT, luiaccorde plus de valeur en la considrant comme une mtaphysique trssubtile 9.

    Au XIXme sicle, ce sont les diteurs et imprimeurs qui ont la main-mise surce domaine qui est alors standardis uniquement par rapport aux rgleslogiques et syntaxiques.

    Au XXme sicle, les crivains ont pu innover comme bon leur semblait et

    utiliser cette petite science loisir. Par exemple, Louis ARAGON ouGuillaume APOLLINAIRE ont crit des pomes sans ponctuation alors queLouis-Ferdinand CELINE a fait un usage sans limites des points de suspension.

    Aujourdhui, la ponctuation est un outil qui sest stabilis mais on noteracertaines innovations dues, notamment, Internet (Smileys du type ;-) ou

    8 O. HOUDART et S. PRIOUL, op. cit., p.179Ibidem, p.17

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    encore des images en mouvement reproduisant un sentiment, une expression,etc.

    2 Signes et ponctuation

    Cette volution de la ponctuation travers les sicles nous amne aujourdhui un ensemble de signes conventionnels. Ds lors, la notion de signeapparat indissociable de celle de ponctuation et se doit dtre envisage.

    Or, le signe linguistique revt, daprs la conception saussurienne de lalinguistique, plusieurs proprits10 :

    - cest une unit deux faces ;- il est arbitraire ;- il est ncessaire ;- il est linaire et muable en diachronie ;- il est discret ;- il fonctionne sur deux axes.

    Peut-on appliquer ces critres la ponctuation ?

    2.1 Une unit deux faces

    - le signifiant, cest--dire la perception dun segment sonore pour les mots,dun stimulus visuel reprsentant le signe matriel (ex. : le point

    dinterrogation) ;- le signifi, cest--dire le sens attribu au signe (ex. : poser une question,attendre une rponse).

    2.2 Le caractre arbitraire

    Les diffrents signes de ponctuation recouvrent un caractre parfaitementarbitraire, tout comme les signes linguistiques, car rien ne relie leur signification leur aspect, hormis la convention tablie.

    On notera cependant une exception pour les nouveaux signes imagins parH. BAZIN dans Plumons loiseau11, comme le point damour qui ressemble un cur (deux points dinterrogation qui se font face) ou encore les Smileyscits plus haut qui, sur Internet, permettent, en conjuguant plusieurs signes, de dessiner une motion (ex. : ;-) qui marque lironie ou encore :-( pour latristesse).

    10 A.M. BADET, Cours de linguistique I, 1re logopdie,HERS Libramont, 2004-2005, pp. 22-2311 In N. CATCH, La ponctuation, pp. 9-10

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    2.3 Le signe est immuable en synchronie

    Le lien entre le signifi et le signifiant est ncessaire : marquer une questionavec la ponctuation se fait essentiellement par le point dinterrogation et celui-citraduit toujours un questionnement.

    2.4 Le signe est linaire et muable en diachronie

    Les signes ne peuvent apparatre simultanment un mme point dans lemessage crit. Ils se succdent dans le temps.

    La ponctuation volue avec le temps comme il la t prcis plus haut (voir

    1.2). Par exemple, le point parfait () qui quivalait notre point final setranscrit aujourdhui (.).

    2.5 Le signe est discret

    Comme saccordent le dire les diffrents auteurs cits prcdemment, il sagitdun systme o chaque signe prend sa valeur par opposition aux autressans intermdiaire.

    2.6 Axe paradigmatique et axe syntagmatique

    Tout comme pour les signes linguistiques, on peut faire varier les signes deponctuation sur les deux axes suivants :

    - laxe paradigmatique : le signe de ponctuation peut varier pour une mmefonction (ex. : . ? ou ! dlimitent une phrase).

    laxe syntagmatique : lemploi dun signe a des rpercussions sur la phrase(ex. : lutilisation dun point implique lemploi dune majuscule pour la phrasesuivante.).

    2.8 Un signe extra-alphabtique

    Le signe de ponctuation est diffrent de la lettre car il na pas decorrespondance articulatoire mais il peut tre assimil au mot dans la mesureo il peut parfois commuter avec un autre mot, un syntagme, une phrase.

    Par exemple : Camille (tonne). - ? !

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    Que lon pourrait interprter comme Quoi ? , Je nen crois pas mesyeux ! .

    Cependant, on ne peut les dcomposer en units plus petites.

    Si le signe de ponctuation correspond aux critres du signe linguistique, on peutdire quil sagit bien dun systme de signes conventionnels mais il diffrecependant en deux points du graphme :

    - il na pas de correspondance articulatoire ;- il possde une signification qui lui est propre.

    Il sagit donc de signes extra-alphabtiques, non dcomposables en units derang infrieur, qui permettent de complter les informations graphmiques.

    3 Les signes de ponctuation : classements et usage

    D'aprs A. DOPPAGNE, il est difficile de classer de faon satisfaisante lessignes de ponctuation. 12 C'est aussi ce que jai pu observer au cours de mesdiffrentes recherches. En effet, les classifications diffrent selon les auteurs etleurs points de vue.

    D'autre part, le classement n'a pas d'impact sur la pratique dans la mesure ojai t amene travailler avec la fonction des signes. Or, ceux-ci remplissenttous ( des degrs diffrents, certes) trois fonctions : expressive, syntaxique et

    smantique qui seront dveloppes plus loin dans ce chapitre.

    Pour illustration des diffrents modes de classement, se trouvent, en annexe 1,les classifications de A. DOPPAGNE et de N. CATACH.

    Nous retiendrons ici le classement tabli par R. THIMONNIER13 qui distingueponctuation grammaticale et ponctuation expressive, celui-ci tant le plusproche de notre utilisation des signes dans la partie pratique.

    3.1 La ponctuation grammaticale

    Il sagit ici de resituer les lments de la ponctuation en rappelant brivementleur fonction et non pas dentrer dans les dtails de lusage de ces signespuisque, si certains rpondent des rgles plus ou moins prcises, beaucoupdentre eux sont employs selon le got et le style de chacun. Cest dailleurs cequi peut rendre ce domaine de la langue franaise si complexe aborder tantpour lenfant que pour ladulte.

    12 A. DOPPAGNE, La bonne ponctuation, p.613

    R. THIMONNIER, Code orthographique et grammatical, pp.271-283

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    3.1.1 Le point

    Si le discours spontan revt une forme continue, lcrit, le point constitue unlment essentiel de la ponctuation qui permet de crer des subdivisions lintrieur dun texte et de lui confrer ainsi plus de clart. Ces diffrentes

    parties, dans une certaine mesure, se suffisent elles-mmes et forment deslments que lon nomme phrases. 14 Lors de la lecture voix haute, cest luiqui permettra au lecteur de rgler son dbit par des pauses dont la longueurdiffrera suivant le contexte. Il indique aussi une intonation descendante.

    3.1.2 La virgule

    Cest lorsque les phrases sont dlimites par les points que la virgule intervienten crant ainsi de nouvelles subdivisions dans le texte. Elle correspond unepause de courte dure et revt deux usages principaux15 :

    - dtacher certains membres de la phrase et du discours ;- sparer des termes de mme fonction.

    Ex. : la virgule dtache le vocatif

    Enfin, cher ami, quen pensez-vous ?

    elle spare les termes de mme fonction

    Les chats, les chiens, les chevaux, tous taient bien soigns.

    On notera aussi des usages particuliers tels quavec les conjonctions (et, ni, ou,

    mais, car, donc, certes, eh bien, enfin, en effet, aussi, cependant, nanmoins,pourtant, et aprs, etc.) et en cas dellipse, o la virgule remplace le ou les motssous-entendus.

    Ex : avec les conjonctions

    Ni toi, ni moi, ni euxne sauront qui elle est.

    en cas dellipse

    Il pratique ce sport car il laime. Lui, cest son mtier.

    3.2 La ponctuation expressive

    R. THIMONNIER16 y voit les auxiliaires du point et les auxiliaires de la virgule(dtaills ci-dessous). Cest ce type de ponctuation qui va majoritairement

    14 A. DOPPAGNE, op. cit., p.1015 A. DOPPAGNE, op. cit., pp. 13-1516

    R. THIMONNIER, op. cit., pp 279-283

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    donner du relief aux phrases par le jeu des intonations propres chacun. Eneffet, si lintensit vocale du lecteur se doit de diminuer lapproche dun point,les modulations utilises pour dire une phrase interrogative ou exclamativepeuvent diffrer et en modifier le sens.

    Mais cest dailleurs ce qui fait la richesse de ces signes qui donnent une simple

    indication et autorisent le lecteur interprter la phrase comme il lentend. Onpourrait prendre pour exemple le clbre Tas dbeaux yeux, tu sais ! ,dclam par Jean Gabin Michle Morgan dans Quai des brumesen 1938. Leseul point dexclamation lcrit est une bien faible indication pour qui nauraitjamais entendu cette rplique. Et lintonation choisie par Gabin taitcertainement encore bien diffrente de celle imagine par Jacques PREVERT,auteur des dialogues.

    Cest surtout cet aspect que je mattacherai dans le but de sensibiliser JK,ge de 12 ans 2 mois, lve en 5me primaire, au rle de ces signes et leurfonction expressive.

    Parmi les auxiliaires du point, sont rpertoris le point dinterrogation etdexclamation. Dans ceux de la virgule, on trouve le point-virgule, le deuxpoints, les parenthses, le tiret double, les points de suspension et lesguillemets.

    3.2.1 Le point-virgule

    Il vaut moins que le point et plus que la virgule. Il recouvre deux fonctionsprincipales17 : il permet de lier entre elles deux propositions (quelles secompltent, sopposent ou soient mises en parallle) ou sert de repredargumentation dans une longue phrase o les virgules sont dj nombreuses.

    3.2.2 Le point dinterrogation

    Il permet de marquer linterrogation directe ; il est suivi dune majuscule quand ilest plac en fin de phrase, dune minuscule sil se trouve lintrieur de laphrase ; il peut tre doubl ou tripl et sassocier aux points de suspension etau point dexclamation. Il correspond lintonation ascendante suivie dunepause.

    3.2.3 Le point dexclamation

    Le nom de ce signe est loin de recouvrir toute la palette des motions quil

    permet de traduire : joie, colre, tonnement, injonction, enthousiasme Ilmarque le plus souvent la fin de la phrase, il doit tre suivi dune minuscule silintervient lintrieur de la phrase, il peut tre doubl ou tripl, sassocier auxpoints de suspension et au point dinterrogation et il est indissociable delinterjection. Il correspond lintonation descendante suivie dune pause.

    3.2.4 Les points de suspension

    17 O. HOUDART et S. PRIOUL, op. cit., p.92

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    Daprs M. GREVISSE, ils indiquent soit lexpression dune pense incomplte,soit une pause qui valorise la suite du discours, soit un prolongementinexprim de la pense 18.

    A. DOPPAGNE, lui, y voit trois types de valeurs19 :

    - des valeurs prosodiques ;- des valeurs psycho-affectives ;- des valeurs dappel.

    Quoi quil en soit, on relvera, au travers de ces deux points de vue, ladimension affective lie ce signe. Outre son caractre plutt imprcis, cestpeut-tre lui qui offre au lecteur la plus grande possibilit dinterprtation tant enpense (niveau psychologique) quau niveau prosodique.

    3.2.5 Les guillemets

    Ils semploient par deux et indiquent un changement dauteur du discours 20soit pour une citation, soit pour marquer louverture dun dialogue (discoursdirect). Nous les envisagerons donc comme signe dalerte dun changementdintonation.

    3.2.6 Les deux points

    Ils sont annonciateurs dun changement de ton et indiquent un discours direct,un dialogue, parfois un discours indirect, une citation, une numration, uneexplication (prcision ou cause), une conclusion, ou encore un titre, uneindication.

    Ils sont aussi employs pour annoncer une analyse, une explication, une causeou une consquence.

    3.2.7 Les parenthses

    Elles permettent lauteur dindiquer un complment dinformation qui nestcependant pas indispensable la comprhension globale du texte et dont onne juge pas opportun de faire une phrase distincte. 21

    Elles sont aussi considres comme indices de modification du ton.

    3.2.8 Le tiretIl peut tre utilis seul ou comme signe double. Dans le premier cas, ilintroduira une rplique de thtre, un dialogue ; dans le deuxime il aura valeur

    18 M. GREVISSE, op. cit., p. 123519 A. DOPPAGNE, op. cit., pp. 39-4020 A. DOPPAGNE, op. cit., p. 6921 M. GREVISSE, op. cit., p. 1236

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    de parenthses ou jouera le rle de deux virgules, il isolera un mot ou ungroupe de mots22.

    Dans les deux cas, il implique aussi une modification de lintonation.

    De ces diffrents lments, quelle que soit la catgorie laquelle ils

    appartiennent, on peut regrouper des fonctions gnrales qui permettent declarifier et de justifier leur utilisation sur base de 3 niveaux linguistiques : leniveau smantique, le niveau syntaxique et le niveau suprasegmental ouexpressif.

    4 Les fonctions de la ponctuation

    4.1 La fonction expressive23

    Cest ce dernier niveau qui nous intresse ici tout particulirement. Commenous lavons vu prcdemment, sur un plan historique, cest aux IIme et IIImesicles avant J-C. que la ponctuation est apparue afin dobtenir des lecturesidentiques et aussi de fournir des repres pour la diction24. Elle avait donc unefonction essentiellement lie au souffle.

    Aujourdhui, elle nous permet aussi de traduire lexpressivit dun texte crit.Elle reproduit trois paramtres de la prosodie en langage oral, paramtres surlesquels nous avons tent dagir au cours de notre pratique.

    La prosodie est lensemble des faits suprasegmentaux qui accompagnent la

    parole, savoir lintonation, laccentuation, le rythme, la mlodie et les tons

    25

    .4.1.1 Lintonation

    E. LHOTE dit de lintonation quelle organise l'ensemble de l'nonciation;structure la pense du locuteur travers la syntaxe de la phrase; exprime l'tatd'esprit et, ventuellement, l'tat motionnel de celui qui parle; traduit l'intentionde communication du locuteur; trahit des distorsions entre les mots et le sensque le locuteur veut donner; dvoile l'auditeur des ambiguts caches, desintentions qui ne sont pas exprimes clairement (seulement qui saitentendre!); oriente le choix et l'interprtation de l'auditeur; suggre des pistesmultiples de comprhension, des choix prfrentiels faire dans l'interprtation,

    en particulier dans le non-dit26

    22 M. GREVISSE, op. cit., p.123823 A. LAMBERT, Approche et amlioration de la ponctuation chez lenfant dyslexique, mmoirede fin dtudes, baccalaurat logopdie, HERS Libramont, 1986, p.1924 O. HOUDART et S. PRIOUL, op. cit., p.1125 F. BRIN, C. COURRIER, E. LEDERLE, V. MASY, Dictionnaire dorthophonie, p. 15426 http://courseweb.edteched.uottawa.ca/Phonetique/pages/prosodie/intonation1.htm

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    On peut la rsumer comme une structuration mlodique des noncs engroupes rythmiques. Cest elle qui confre des noncs identiques au niveaudes mots un sens diffrent.

    Ex. : -Elle sera l ? (interrogatif) ;- Elle sera l ! (impratif) ;

    - Elle sera l. (dclaratif).Elle peut aussi marquer une modalit apprciative, cest--dire lie auxmotions. Ainsi, limpratif Elle sera l ! pourrait traduire colre, tristesse,surprise, etc. Cest donc le seul lecteur qui pourra rendre cet effet dpendant la fois de son ressenti propre, de sa comprhension du texte et de la prise encompte ou pas du signe de ponctuation.

    JK, elle, ne semble pas prendre en compte ces signes (point dinterrogation oudexclamation) en situation de lecture voix haute. Elle les considre commedes points quand elle sy arrte. Sa voix est donc trs monotone et sans relief.

    Or, en franais, lintonation repose sur une courbe ascendante et une courbe

    descendante.

    La courbe ascendante suggre linterprtation dune phrase interrogative.

    Ex. : Il travaille ?"

    La courbe descendante correspond un nonc termin comme pour la phraseimprative.

    Ex. : Va travailler !

    La courbe acsendante-descendante correspond un nonc normal comme

    dans lassertive.

    Ex. : Il va travailler.

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    Ces courbes sont schmatises et ne reprsentent donc que de maniresymbolique et gnrale les diverses modulations que la voix peut prendre. Cestle mme type de symbole qui a t employ pour matrialiser les intonationsavec JK.

    On notera aussi que le nombre de signes remplissant une fonction expressiveest trs rduit en regard des nuances affectives que la voix peut exprimer.

    4.1.2 Les pauses

    Elles constituent des arrts ou des silences dans la chane parle 27. Ondistingue alors deux types :

    - les pauses dpendantes de la structure de la phrase. On les trouve en fin dephrase, en fin de groupe smantique.

    - les pauses indpendantes de la structure de la phrase qui seront mises en lien

    avec les hsitations, les expirations du lecteur.

    Tous les signes peuvent avoir une valeur pausale mais pour certains, il sagit deleur principale fonction. A. DOPPAGNE parle du point, de la virgule, du point-virgule, du tiret et de la pause (intervalle laiss en blanc).

    Chez JK, ces pauses sont bien marques en lecture voix haute concernant lepoint, mais la virgule est prise en compte de manire alatoire.

    4.1.3 Laccentuation28

    Cest la mise en relief par la voix dune syllabe ou dun groupe de syllabes, elleconsiste en un plus grand effort expiratoire et articulatoire.

    Cette mise en relief, trs prsente en langage oral, nest peu ou pas traduite enlangage crit.

    En franais, on distingue deux types daccents :

    - laccent tonique qui permet de dlimiter les units importantes ;- laccent dinsistance grce auquel la mise en relief de ces units est possible.Laccent dinsistance regroupe deux variantes :

    - laccent affectif o la hauteur est prvalente. Il porte sur lapremire syllabe du mot ou sur la deuxime, si linitiale estvocalique.Ex. : Cest splendide !

    Cest horrible !

    27 R. GOBBE, Pour appliquer la grammaire nouvelle 1, p. 9628 A. LAMBERT, op. cit., p. 26

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    - laccent intellectuel o cest lintensit qui domine. La premiresyllabe du syntagme en relief est renforce.Ex. Il nest pas introverti mais extraverti !

    Ce nest pas un ami, cest mon meilleur ami !

    4.2 La fonction syntaxique29

    Il sagit du rle premier de la ponctuation, marqueur de relations syntaxiques auniveau de la phrase, daprs une majorit de linguistes et de grammairienscomme il la t voqu prcdemment (voir 1.1).

    Dans le cadre de cette fonction principale, elle revt trois sous-fonctions.

    4.2.1 La fonction de jonction et de disjonction

    Certains signes ont pour valeur de remplacer des conjonctions ou des locutions

    conjonctives afin dviter des rptitions et de rendre le style plus lger .

    Exemple de jonction :

    Il a pris un livre, il sest tendu sur le sofa et il a commenc lire. (=ensuite, et)

    Exemple de disjonction :

    Tu veux aller la plage ; elle non. (= mais)

    4.2.2 La fonction dinclusion et dexclusion

    La ponctuation permet dinclure ou dexclure un mot dun syntagme et denmodifier ainsi le sens. Do la ncessit de respecter les pauses indiques parles signes lors de la lecture.

    Exemple dexclusion :

    Il observait le cheval, calme.

    Calme se rapporte ici au pronom sujet il .

    Exemple dinclusion : Il observait le cheval calme.

    En labsence de virgule, calme qualifie le groupe nominal complmentdobjet direct le cheval .

    29 A. LAMBERT, op. cit., p.19

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    4.2.3 La fonction de dpendance et dindpendance

    Cest le signe employ qui marquera le type de relation entre les deuxpropositions.

    Exemple de dpendance :

    Cest le meilleur : il remportera la mdaille.

    Exemple dindpendance :

    Cest le meilleur. Il remportera la comptition.

    4.3 La fonction smantique30

    Cest elle qui dtermine le rle primordial dans la comprhension du discourscrit.

    Les signes prennent alors deux valeurs :

    - ils peuvent tre redondants et donc pas ncessaires lacomprhension ;

    - ou bien pertinents et indispensables la comprhension de la phrasecomme du texte.

    Exemple de signe redondant (au niveau de la phrase) :

    Je sors, mais pas toi .

    Ici, la virgule, si elle ntait pas prsente, naltrerait pas le sens de la phrase.

    Exemple de signe pertinent (au niveau de la phrase puis du texte) :

    Tu travailles . Tu travailles ?

    Le seul changement de signe modifie toute la valeur smantique de la phrase.

    Comment vas-tu moi a va mais je suis un peu fatigue je dois me reposer tuviendras quand mme la piscine eh bien il parat quune nouvelle salle degym a t installe ct oui elle est plus grande que la prcdente elle estsuperbe et de nouveaux appareils ont t ajouts alors avec plaisir.

    - Comment vas-tu ?- Moi, a va, mais je suis un peu fatigue : je dois me reposer.

    30 A. LAMBERT, op. cit., p. 21

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    - Tu viendras quand mme la piscine ?- Eh bien il parat quune nouvelle salle de gym a t installe ct ?- Oui !- Elle est plus grande que la prcdente ?- Elle est superbe ! Et de nouveaux appareils ont t ajouts !- Alors, avec plaisir !

    On peut donc dire, laide de ces illustrations, que la ponctuation joue un rleessentiel au niveau de la comprhension du message crit.

    Mais comment les enfants sont-ils sensibiliss cet outil indissociable dulangage crit et quel ge ? Quelles sont les exigences des programmesscolaires et quelle approche leur est propose ?

    5 Enseignement de la ponctuation

    5.1 Au niveau des programmes scolaires31

    Les socles de comptences en lien avec la ponctuation sont inclus dans lesrubriques suivantes :

    - Lire : Tenir compte des units grammaticalesF 31 Comprendre le sens dun texte en sappuyant sur la ponctuation etsur les units grammaticales ;

    - Ecrire : utiliser les units grammaticales et lexicalesF 60

    Utiliser de manire approprie les signes de ponctuation .

    Ces deux comptences sont values en fin de deuxime cycle (fin de ladeuxime anne primaire) et en fin de quatrime cycle (fin de sixime anneprimaire).

    Le programme indique implicitement quels signes doivent tre acquis selon lescycles. Les comptences requises pour les enfants sont :

    - en fin de 2me anne primaire : reprer une phrase par la ponctuation = pointet majuscule ;

    dlimiter une phrase par lemploi de lamajuscule et du point.

    31 Programme dtudes pour lenseignement primaire tabli par le Conseil de lEnseignementdes Communes et des Provinces. Programme officiel en vigueur dans les coles de laCommunaut Franaise

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    - en fin de quatrime anne primaire : reprer une phrase interrogative,

    dclarative ou imprative par laponctuation ;reprer un groupe nominal enapposition ;utiliser le point dinterrogation en fin dephrase interrogative ;utiliser la virgule dans lesnumrations ;rdiger un dialogue en respectant laponctuation.

    - en fin de sixime anne primaire : reprer tous les types de phrases

    daprs la ponctuation ;comprendre les variations de laponctuation au sein dune phrase ainsique les nuances quelle y apporte ;utiliser correctement le pointdexclamation,utiliser la virgule pour isoler lecomplment circonstanciel en dbut dephrase.

    On peut remarquer que les principaux signes voqus sont la virgule, le point,le point dinterrogation et le point dexclamation. On peut supposer que lesguillemets, tirets et autres points de suspension sont pris en compte dans lescomptences relevant du dialogue, mais ils ne sont pas explicitementenvisags.

    5.2 Programmes scolaires et fonctions de la ponctuation

    Au niveau de la lecture, le but recherch est de lier fonctions de la ponctuationet units grammaticales pour accder au sens.

    Ds la fin du cycle 2, les trois fonctions de la ponctuation sont requises :

    - smantique et syntaxique avec la dlimitation par la majuscule et lepoint ;

    - expressive par lintonation qui accompagne cette dcoupe.

    Lors du cycle 3, la fonction expressive est sollicite par le reprage des troistypes de phrases (dclarative, interrogative et imprative) et de lapposition duGN. Indissociablement, la fonction smantico-syntaxique est envisage.

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    Au cours du cycle 4, il sagit dun approfondissement des connaissancesconcernant la ponctuation qui est envisage de manire plus fine et plus subtilemais les directives ne sont pas explicites.

    Tout au long du programme, elle est envisage au niveau de la phrase et dudialogue. Cest lune des raisons pour laquelle mon travail est essentiellement

    constitu de dialogues insrs dans de courts textes.

    On notera aussi que lemploi de la virgule pour isoler le complmentcirconstanciel en dbut de phrase est requis en fin de cycle 4, mais pas enlecture. Or, il semble fournir un indicateur essentiel pour la comprhension ;cest pourquoi il sera mis en valeur ds que possible de manire fournir unindice supplmentaire JK.

    5.3 Enseignement en classe : types dexercices proposs

    Aprs un entretien avec lenseignante de la classe de JK, jai pu rpertorier

    brivement le type dexercices proposs concernant la ponctuation : ceux-ciconcernent majoritairement lemploi de la ponctuation en production crite,cest--dire ponctuer une phrase, un texte de cinq six lignes, un courtdialogue.

    La prise en compte en production orale seffectue au travers des diversesoccasions qui sont donnes aux lves de lire un texte voix haute.

    6 Conclusion

    Au cours de ce chapitre, nous avons envisag les diffrentes acceptions de laponctuation et son histoire, les signes qui la constituent, son enseignement etles trois fonctions indissociables quelle remplit.

    En effet, la ponctuation revt trois niveaux qui sont expressif, smantique etsyntaxique. Je postule ici quen stimulant le niveau expressif, nous aurons unimpact sur les niveaux smantique et syntaxique qui sont, par ailleurs, voqusau niveau de la comprhension en lecture.

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    Ce quon peut rsumer laide du schma suivant :

    Concrtement, il sagit de fournir JK des outils pour rendre sa la lecture voixhaute plus porteuse de sens pour elle et pour les autres, cest--dire lasensibiliser lemploi de la fonction expressive de la ponctuation afin dinfluersur sa comprhension du texte.

    Fonctionexpressive

    Fonctionsyntaxique

    Fonctionsmantique

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    CHAPITRE II : LA COMPREHENSION

    De manire gnrale, les processus de comprhension sont essentiels danstoutes les activits et comportements ncessitant une adaptation. Grce cesprocessus, nous pouvons donner un sens aux vnements auxquels noussommes exposs, acqurir et transmettre des connaissances afin dinteragiravec notre environnement. Mais ces interactions dpendent de notre capacit intgrer de nouvelles informations en utilisant les savoirs dj acquis, et donc lammoire long terme.

    Quen est-il au niveau de la lecture ?

    1 Rappel sur la comprhension en lecture

    1.1 La comprhension au niveau du mot

    Si lon considre classiquement les deux grandes voies de lecture proposesdans de nombreux modles, nous pouvons dgager trois aspects :

    - la voie dassemblage ;- la voie dadressage ;- la comprhension en lecture.

    1.1.1. La voie dassemblage32

    Cest un processus spcifique qui permet au lecteur didentifier des motsrencontrs pour la premire fois par crit. Elle implique la matrise de lasegmentation graphmique, des habilets mtaphonologiques et de la fusionsyllabique.

    1.1.2 La voie dadressage33

    Elle consiste en un processus spcifique dappariement du mot crit unereprsentation orthographique stocke dans le lexique orthographique dentrequi, aprs avoir accd la signification, permettra de retrouver le codephonologique correspondant au niveau du lexique phonologique de sortie.

    32C. CAMPOLINI, V. VAN HVELL et A.VANSTEELANDT, Dictionnaire de Logopdie Le

    dveloppement du langage crit et sa pathologie, p. 4233Ibidem, p. 41

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    Cest la combinaison de ces deux processus qui permet une lecture rapide etautomatise des mots. Ainsi, des ressources cognitives vont tre libres pourpermettre au lecteur daccder aux processus de comprhension du texte.

    1.1.3 La comprhension de la lecture34

    Cest un processus complexe qui sous-tend une comprhension du langageoral suffisante, une mmoire de travail et une mmoire long termeperformantes, des connaissances antrieures suffisantes, ainsi quunecomprhension syntaxique, infrentielle et lexicale correctes et des habiletsspcifiques telles que les processus dassemblage et dadressage voqusprcdemment.

    Ce mme processus qui sapplique au niveau du mot entre en jeu aussi auniveau de la phrase et du texte.

    2 La comprhension au niveau de la phrase

    Si lactivit de comprhension du texte consiste en un agencement complexede phrases, encore faut-il que ces dernires soient correctement comprises.

    2.1 La phrase

    Cest une entit qui contient au minimum un syntagme nominal et un syntagmeverbal (sauf pour les impratives). Ceux-ci peuvent tre diviss en units plus

    petites (jusquaux morphmes)

    35

    .

    2.2 Les modles de traitement de la phrase

    La comprhension dune phrase ncessite un traitement du mot efficace devanttre complt par un traitement aux niveaux smantique et syntaxique.Cependant, plusieurs thories sopposent sur ce point.

    N. CHOMSKY36, lui, considre que la syntaxe est prioritaire la smantiquedans la comprhension de phrases. Mais cette thorie na pas t valideexprimentalement.

    Or, en 1996, SLOBIN37 a prouv que le traitement smantique ne serait pastoujours prcd du traitement syntaxique. Les deux types dinformations

    34 C. CAMPOLINI, V. VAN HVELL et A.VANSTEELANDT op. cit., p. 3135 F. BRIN, C. COURRIER, E. LEDERLE, V. MASY, op. cit., p.14836 M. RENOU, Proposition dun matriel ludique pour amliorer la comprhension de texteschez des enfants en enseignement ordinaire primaire, TFE, Baccalaurat logopdie, HERSLibramont, 2006-2007, p. 437Ibidem, p. 4

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    interviendraient paralllement. Tout dpend de lintervention de la smantiqueou pas dans la phrase.

    Deux thories apparaissent alors :3839

    - les modles architecture modulaire qui envisagent que les processussyntaxique, smantique et de reprsentation de la phrase fonctionnent demanire indpendante ;

    - les modles architecture parallle qui supposent que les diffrentsprocessus peuvent sinfluencer et intervenir simultanment dans lacomprhension de la phrase.

    2.3 Les niveaux de traitement de la phrase

    2.3.1 Le traitement syntaxique40

    La comprhension repose aussi sur le traitement de linformation syntaxique dela phrase qui conduit un reprage quasi instantan de cette mme unit.Ainsi, en 1987, JUST et CARPENTER, spcialistes britanniques de la lecture,ont mis en vidence 6 types dindices qui amlioreraient ce traitement :

    - lordre des mots : son rle dans le traitement de la phrase sassocie notre connaissance de la structure GN+GV (+GN) ;

    Ex. : laveugle lve le singe llve aveugle le singe llve singe laveugle

    - la classe grammaticale des mots : connatre la nature des mots peutfavoriser la lecture par groupes de mots, ce qui influe sur lacomprhension en lecture ;

    Ex. : le mot enseigne peut tre un nom ou un verbe.

    - les connecteurs : ils interviennent entre deux propositions quilspermettent de relier sans renvoyer pour autant aucun concept. Ilsconstituent cependant larticulation dune phrase et jouent aussi unrle primordial au niveau du texte ;

    Ex. : le connecteur aprs que indique une succession temporelledactions entre deux propositions.

    38 P. LECOQ, S. CASALIS, C. LEVEURS et N. WATTEAU, Apprentissage de la lecture etcomprhension dnoncs, p. 15939

    C. GOLDER et D. GAONNACH, Lire et comprendre, Psychologie de la lecture, pp. 72-7340 M. RENOU, op.cit., p.5

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    - les indices morphologiques : ils permettent didentifier la classegrammaticale du mot ;

    Ex. : tract-eur

    tract-era le suffixe eur indique quil sagit dun nom masculin singulier.

    - le sens des mots : la signification des mots indique le syntagme auquelles relier.

    Ex. : Il voit un animal avec quatre pattes . Il voit un animal avec des lunettes .

    Dans la premire phrase, le syntagme quatre pattes sera rattachprfrentiellement au mot animal plutt qu voir . Alors que dansla deuxime, lunettes sera reli plus facilement voir .

    - la ponctuation : elle revt un rle primordial dans lanalyse syntaxiquecomme il la t explicit prcdemment (voir 4.2) puisque cest elle quidlimite la phrase. Mais il sagit aussi dun aspect spcifique qui a pourquivalent en langage oral pauses et facteurs suprasegmentaux.

    Ex. : La pause et lintonation descendante marqueront la fin de la phrase.

    2.3.2 Le traitement smantique de la phrase41

    Si le traitement syntaxique de la phrase est indispensable, il est sous-tendu parun traitement du sens. Les mots constituant les phrases sont donc analysssuccessivement et ce traitement comporte deux aspects :

    - la comprhension de la signification de chaque mot : lesinformations relatives aux mots (sens et rle dans la phrase) sontstockes en mmoire long terme dans le lexique mental. Mais lanalysedun nouveau mot implique que les informations actives par leprcdent soient toujours disponibles. Cest donc ce moment que lesinformations concernant chaque mot de la phrase sont stockes enmmoire court terme.

    - lanalyse du sens littral : cette analyse pour chaque mot nest passuffisante et le lecteur se doit davoir une reprsentation plus globale du

    sens de la phrase. Il va donc transformer la suite de mots en diffrentespropositions reprsentant chacune une unit minimale laquelle onpeut rpondre par vrai ou faux42. Une phrase pourra alors ainsicomprendre plusieurs propositions.

    Ex. : la phrase Le petit garon marche avec sa grande sur contient quatre propositions :

    41 C. GOLDER, D. GAONNACH, Lire et comprendre, Psychologie de la lecture, pp. 97-9942Ibidem

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    - /le garon marche/ ;- /le garon est petit/ ;- /le garon a une sur/ ;- / la sur est plus grande/.

    Bien entendu, plus le nombre de propositions sera important dans une phrase,

    plus celle-ci sera complexe traiter. Dans le cas de JK, la phrase a t utilisede manire dsamorcer son apprhension face la lecture et ciblait plusspcifiquement lapproche de la ponctuation. Cest pourquoi, seules desphrases de ce type, cest--dire contenant cinq six propositions maximum, ontt envisages.

    2.3.3 Le traitement pragmatique de la phrase

    Afin de saisir lentiret du sens de la phrase, le lecteur se doit aussi de percevoir ce que lnonc exprime ou voque et ce que fait le locuteur enlnonant 43.

    On identifiera alors :

    - lintention du locuteur : le lecteur doit, dans la mesure du possible,saisir le message transmis par lauteur (ex. : lironie).

    - le contexte : il va permettre au lecteur dorienter son choix par rapportau sens dun mot lorsque celui-ci revt plusieurs acceptions dans unephrase.

    Ex. : Cest le plus petit restaurateur = il a la plus petite taille ou cestle moins important des restaurateurs).Il permet aussi de prciser la comprhension dune phrase difficile saisir hors du contexte de situation ;

    Ex. : Afin datteindre son but, il devait travailler. Il le savait car il lavaitdj expriment ses dpens .

    Un lecteur expert pourra comprendre cette succession de phrases mais abesoin dune connaissance supplmentaire au niveau du texte pour apprcier lecontexte de situation et affiner sa comprhension.

    3 Les motions : une aide la comprhension de la phrase

    Dans ce travail, lutilisation des motions a tenu une place diffrents niveaux :les motions de JK elle-mme par rapport lactivit de lecture voix haute etleur utilisation amplifie lors du travail des intonations au niveau de laphrase (voir chapitre III, 5.3)

    43 F. BRIN, C. COURRIER, E. LEDERLE, V. MASY, op. cit., p.151

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    3.1 Dfinition de lmotion44

    Ce sont des ractions rapides qui rpondent des vnements divers et semanifestent travers des changements physiologiques (respiration, pupillesdilates, pouls, etc.) et des comportements tels que les mouvements du visage,les gestes et attitudes, le ton de la voix, les sons non verbaux et le contenu dumessage mis verbalement.

    On voit, par cette dfinition, que les intonations constituent lun des vecteursdes motions, traduisibles soit au niveau visuel, soit au niveau auditif et quellesfont partie intgrante du contenu du message verbal, donc du sens.Cest pourquoi elles ont t associes aux exercices et particulirement misesen valeur au niveau de la phrase afin de complter le sens.

    3.2 Le choix des motions : les travaux dEKMAN45

    Etant dans limpossibilit de reprsenter toute la palette des motionshumaines, il a fallu que jopre un choix quant celles exprimer dans unpremier temps.

    Je me suis retrouve devant la difficult suivante : obtenir des cartesreprsentatives, et donc identifiables immdiatement, pour permettre JK demobiliser rapidement son attention sur la lecture de la phrase.

    Or, les travaux dEKMAN rpondaient expressment ce critre puisque celui-ci prouve que les six motions quil propose (joie, peur, tristesse, dgot, colresurprise) sont bien identifies dune culture lautre en prsentant desphotographies de personnes excutant diffrentes mimiques des tudiantsamricains, japonais, chiliens, brsiliens et argentins. Il dmontre ainsi laspectuniversel des motions primaires.

    44 J. RENAULD, Cours de psychologie gnrale Lmotion, 1re logopdie, HERS, Libramont,2004-200545 In Science et vie, Lempire cach de nos motions, Hors-srie n232, pp. 16-22

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    Les motions de base issues des travaux dEKMAN

    (de gauche droite et de haut en bas : colre, peur, dgot, surprise, joie et tristesse)On prcisera que EKMAN a dtermin ses motions de base partir des

    critres suivants :- lmotion doit sexprimer par des changements physiologiques propres ;- tre associe des vnements dclencheurs universels (ractions pr-

    programmes) ;- apparatre spontanment, de faon rapide et tre de courte dure ;- tre value automatiquement ;- entraner des images, des penses ou des sensations spcifiques ;- tre prsente chez dautres primates que chez ltre humain.

    Ces motions primaires permettent de former par combinaison des motionssecondaires ne rpondant pas tous ces critres et spcifiques aux tres

    humains (fiert, culpabilit, etc.).Cependant, si ce panel dmotions rpondait mes critres, il mest apparudifficile de les proposer sous cette forme JK.

    En effet, elles ne sont pas particulirement attractives. De plus, les visagesdiffrent et ne facilitent donc pas la reconnaissance. Cest pourquoi jai recrles cartes-motions au dpart de photographies couleur avec un visageidentique pour exprimer chaque motion.

    Les cartes-motions

    (de gauche droite et de haut en bas : colre, peur, dgot, surprise, joie et tristesse)

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    Ces cartes ont t identifies sans difficult par JK lorsque je les lui aiprsentes de manire isole.

    Lorsquelle est parvenue matriser son propre ressenti par rapport lactivitde lecture voix haute, ces cartes lui ont servi dindicateur dintonation auniveau motionnel.

    Si ltape au niveau de la phrase tait ncessaire pour rassurer JK, lessentieldu travail sest fait au niveau du texte.

    Plusieurs gnrations dtudes se sont succdes concernant la modlisationde la comprhension du texte. Cest pourquoi il me semble ncessaire delenvisager plus en dtails afin den comprendre lapproche retenue.

    4 Modles de la comprhension de texte4647

    4.1 Lapproche psycholinguistique de KINTSCH et VAN DIJK

    Au niveau du texte, pour une comprhension efficace, le lecteur doittransformer linformation en reprsentations mentales qui pourront ensuite tremises en relation avec ses connaissances dj stockes en mmoire longterme.

    Le texte est alors conu comme un systme-stimuli 48, (squence structurede stimuli) qui active deux niveaux de connaissances : les connaissances en

    rapport avec le contenu du texte et les connaissances linguistiques permettantle traitement des informations fournies par les graphmes.

    Le traitement de ces informations peut tre reprsent par deux types demodles49 :

    - tout dabord, ceux qui utilisent la notion de schma comme le modle deKINTSCH et VAN DIJK (1978), lors de la premire gnration derecherches.

    Daprs ces auteurs, la comprhension de texte correspondrait pour le lecteur squencer, ordonner et relier des propositions afin daboutir une base de

    texte cohrente. Pour ce faire, un micro-traitement est ncessaire, dpendantdes caractristiques de la mmoire humaine.

    46 S. BAUDET et G. DENHIERE, Le fonctionnement cognitif dans la comprhension de textes,pp.15-2647 C. MBENGONE EKOUMA, Rle des facteurs de variabilit culturelle et linguistique dans lacomprhension et le rappel de textes en langue seconde, Thse dirige par le Pr. D. LEGROS,Universit Paris 8, 30 mars 2006, pp. 20-2848S. BAUDET et G. DENHIERE, op.cit., p. 1649Ibidem, p. 20

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    Il comprend le traitement dunits de texte correspondant la taille des phrasesqui sont organises en nombre restreint, mais cohrent. Ensuite, certaines deces units sont slectionnes en fonction de leur hauteur dans lahirarchie50 et de leur rcence. Elles permettront un lien avec les unitssuivantes. Si la liaison est impossible, le lecteur fait appel aux propositions dj

    stockes en MLT (Mmoire Long Terme). Dans le cas o cette liaison estinefficace, il produira une infrence.

    Exemple dinfrence : Aujourdhui, une course a t organise pour les lvesdans la cour de lcole. Toute laprs-midi, les enfants se sont bien amuss etont pris ensuite un jus bien frais, sauf deux dentre eux qui sont rests enclasse pour travailler.Si lon demande au lecteur pourquoi les enfants sont rests en classe, il peutrpondre sil a eu linformation plus tt dans le texte, sinon il devra produire uneinfrence et imaginer que cest parce quils ont t punis.

    Paralllement, un macro-traitement est mis en place qui labore un rsum du

    texte. Cette macro-structure reprsente une srie de propositionshirarchiquement organises et constituant la structure globale du texte.

    Actuellement, les notions de micro-traitement et de macro-traitement sontrespectivement relies la micro-structure (comprhension des lments de laphrase pour aboutir un traitement de celle-ci ; nous sommes donc au niveauintraphrastique) et la macro-structure, cest--dire, la comprhension dephrases entre elles pour dboucher sur le traitement de la cohrence du texte :il sagit du niveau interphrastique.

    Ce modle est toutefois amlior en 1983 par une perspective thorique quireste encore trs largement admise dans le domaine de la psychologiecognitive du traitement de texte51.

    Le premier niveau est la surface du texte qui comprend les mots du texteet la syntaxe utilise.

    Le deuxime niveau est la base de texte , le niveau smantique de lareprsentation. Il est constitu de lensemble des propositions du texteorganises en deux niveaux, le niveau local et le niveau global quicorrespondent aux micro et macro-traitements voqus ci-dessus.

    Le troisime niveau, lui, est appel modle de situation et reprsente les

    connaissances et expriences du lecteur. Il construit ainsi, en quelque sorte, unmodle original de la situation du texte en lien avec ses propresconnaissances culturelles.

    50 C. MBENGONE EKOUMA, op. cit., p.2151Ibidem, p. 22

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    - ensuite, on peut considrer les modles dinspiration connexionniste (McCLELLAND & RUMELHART, 1986) issus dune deuxime gnration derecherches, tel celui de construction-intgration propos par KINTSCH

    (1988)52

    .

    Il postule lintervention de deux systmes : le systme de construction quignre une base de texte partir des connaissances du lecteur. Elle nest pascohrente car elle contient lensemble des lments activs (par exemple, lesdiffrentes acceptions dun mot). Reprsente par des nuds (les propositions)en connexion par lintermdiaire darcs, elle fait intervenir des forces positivesou ngatives qui activent les nuds. Par exemple, dans la phrase ces belleslunettes de couleur bleue que tu as achetes hier te permettront dy voir plusclair !, on comprend quil sagit des lunettes de vue, mais ceci nest possibleque grce lactivation des nuds constitus par les diffrentes propositions(lunettes / y voir, etc.)

    le systme dintgration, lui, meten jeu la notion de contexte qui va permettre de replacer la base de texte dansun ensemble cohrent. Le rseau de connexions peut alors se stabiliser .

    Ces deux types doprations sont automatiques. Si la base de texte obtenuenest toujours pas cohrente aprs leur intervention, alors, des activitsdinfrences sont mises en place.

    Dans ce cas, on postule aussi une comprhension par lintermdiaire delactivation de connaissances, mais celles-ci ne seraient plus stockes en MLT ;elles nexisteraient que potentiellement dans une base de connaissancesconue comme un rseau associatif complexe. 53 Elles apparatraient au coursde lexcution de la tche et seraient continuellement renouveles. Cest lecontexte qui permet leur activation.

    Pour conclure, si elles se diffrencient quant la reprsentation desconnaissances en mmoire, ces deux classes de modles octroient une placeprimordiale lintervention des connaissances antrieures au niveau de lacomprhension de texte.

    4.2 Lapproche globale dIRWIN

    Le rle du lecteur a cependant volu ; il nest plus considr comme passif et ayant pour seul but didentifier le sens dgag par le texte. On accordeactuellement une place non seulement lutilisation des connaissances propresdu lecteur, mais aussi son intention de lecture et, bien sr, au texte lui-mme.

    52 S. BAUDET et G. DENHIERE, op. cit., p. 2253Ibidem, p. 23

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    La lecture devient alors un processus interactif prenant en compte troisvariables indissociables.En sappuyant sur le modle dIRWIN54, on envisagera ces trois variablesindissociables les unes des autres et influant sur la comprhension dun texte.

    4.2.1 Le contexte de lecture

    Il sagit des conditions psychologiques (motivation, intrt pour la lecture, etc.),sociales et physiques (bruit environnant, temps disponible, etc.) dans lesquellesse trouve le lecteur lorsquil est face un texte.

    4.2.2 La variable texte

    Elle concerne le texte lui-mme, cest--dire sa forme, son contenu, ainsi quelintention de lauteur (agir sur les connaissances avec un texte informatif, agirsur laffectif avec un texte narratif, etc.).

    4.2.3 La variable lecteur

    Cest la plus importante et certainement la plus complexe. Le lecteur aborde lalecture avec ses propres outils constitus de ses ressources cognitives,linguistiques et affectives qui vont influer sur les processus de comprhensiondu texte.

    Modle contemporain de comprhension en lecture (IRWIN, 1986)55

    Mon choix sest port sur ce modle dans la mesure o il me semblait plusexplicite au niveau des variables sur lesquelles agir avec JK.

    54 In J. GIASSON, La comprhension en lecture, pp. 4-755Ibidem, p.7

    LECTEUR

    CognitifLinguistiqueAffectif

    TEXTE

    IntentionFormeContenu

    CONTEXTE

    PsychologiqueSocial

    Physique

    COMPREHENSION

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    De plus, il prend en compte la dimension du contexte qui sest avre jouer unrle inattendu mais primordial dans la prise en charge.Nous allons voir maintenant dans quelle mesure jai tent dintervenir sur cestrois variables chez JK.

    5 Trois variables : trois niveaux dintervention

    5.1 La variable lecteur : les processus de lecture au niveau dutexte

    Ils renvoient aux habilets ncessaires pour aborder le texte et aux activitscognitives mobilises lors de la lecture. Ils correspondent la variable lecteur.

    Ces cinq processus intervenant de manire simultane ont t rpertoris parIRWIN selon le modle suivant56 :

    56J. GIASSON, op. cit., p.16

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    5.1.1 Les microprocessus

    Ils permettent la comprhension de linformation au niveau de la phrase etconcernent trois habilets fondamentales :

    - la reconnaissance des mots en lien direct avec lautomatisation desprocessus didentification des mots, celle-ci autorisant alors chez lelecteur une comprhension plus globale du texte. Dans le cas de JK,cette automatisation est fonctionnelle.

    - La lecture par groupes de mots qui sous-tend lutilisation dindicessyntaxiques et dindices de ponctuation pour regrouper, au niveauintraphrastique, les lments formant une unit de sens. Cest ce que JKparvient difficilement effectuer et qui sera donc envisag lors de lapartie pratique.

    - La microslection consiste identifer lide principale de la phrase pourfaciliter le traitement de linformation. Elle est lie aux macroprocessus

    LES PROCESSUS EN LECTURE

    Reconnaissancedes mots

    Lecture pargroupes de mots

    Microslection

    MICROPROCESSUS

    Identification de laperte decomprhension

    Rparation de laperte decomprhension

    Identification desides principales

    Rsum

    Utilisation de lastructure du texte

    Utilisation des rfrents

    Utilisation desconnecteurs

    Infrences fondes surles schmas

    Prdictions

    Imagerie mentale

    Rponse affective

    Lien avec lesconnaissances

    MACROPROCESSUS PROCESSUSMETACOGNITIFS

    PROCESSUS DINTEGRATION PROCESSUS

    DELABORATION

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    dans le sens o limportance de linformation sera dtermine par rapport lensemble du texte. Cette habilet nest que partiellement fonctionnellechez JK. Au niveau de la phrase, elle nprouve aucune difficult, mais ilest plus compliqu pour elle de mmoriser et de mettre en relation lesdiffrentes informations. Nous esprons donc que ces liens serontfavoriss en agissant pralablement sur la lecture par groupes de mots.

    En langage oral, aucune difficult de comprhension particulire nestobserve chez JK. Cet aspect sera dvelopp plus loin.

    5.1.2 Les processus dintgration

    Ce sont eux qui permettent la mise en relation des phrases. Il faut donc que lelecteur puisse comprendre les indices explicites (anaphores, connecteurs detemps, de but, de cause, etc.) comme implicites (infrences). Daprs cesindices, il devra effectuer des infrences grce au seul texte ou ses propresconnaissances.

    Constituants essentiels et souvent lorigine de difficults de comprhension, il

    semble ncessaire de sy attarder un peu plus en dtails.

    5.1.2.1 Les anaphores57

    On parle danaphore lorsque, pour comprendre un segment, il est ncessairedavoir lu le prcdent. Cest un mot ou une expression qui en remplace uneautre. La tche, pour le lecteur, est de parvenir les associer au bon rfrentcit prcdemment.

    Ex. : Le jeune garon joue au ballon. Il est content.

    Trois lments interviennent :

    - le rfrent, cest--dire le concept qui va tre remplac ;- le terme qui remplace le rfrent ;- la relation tablie entre le rfrent et le terme, cette relation devant treeffectue par le lecteur.

    5.1.2.2 Les connecteurs5859

    Dans un langage logique, un connecteur est un lment qui permet de former

    une phrase complexe partir de phrases plus simples. Cest un outil permettant de faciliter lintgration smantique, de prciser les rapports entreles propositions et les paragraphes dun texte qui intervient au niveau de lamicro comme de la macrostructure de celui-ci.

    57 J. GIASSON, op. cit., pp.53-5858 J. GIASSON, op. cit., pp.58-6059 B. GARRIGUES, La comprhension, valuation et prise en charge, in Rducationorthophonique, n227, septembre 2006, p.50

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    Les connecteurs peuvent tre explicites (Ex. : Alice regarde la tlvision parcequelle veut se dtendre) ou implicites (Ex. : Alice regarde la tlvision. Elle veutse dtendre). Il est noter que la comprhension avec un connecteur implicitesera plus difficile pour le lecteur qui doit produire une infrence pourcomprendre la relation entre les deux phrases. Le cot cognitif est donc pluslev pour lui.

    5.1.2.3 Les infrences6061

    La distinction la plus souvent admise pour les infrences est celle emprunte CUNNINGHAM :

    - les infrences logiques permettant lintgration des informationsconcernant les relations de condition, de conjonction, de disjonction,etc.) ;

    - les infrences pragmatiques qui sont fondes sur les connaissancesdu lecteur.

    Cependant, daprs J. GIASSON, la capacit infrer na pas atteint sa pleinematurit en primaire et elle continue se dvelopper longtemps aprs.

    Or, il semble que, pour JK, cette capacit soit efficace en langage oral maisperturbe en langage crit par une angoisse ou un dgot de lacte delecture.

    5.1.3 Les macroprocessus

    Au nombre de trois, ils interviennent dans la comprhension globale du texte,dans llaboration dun ensemble logique et cohrent.

    - Lide principale que le lecteur dgage du texte. Daprs WINOGRAD(1984)62, le lecteur dbutant, ou le mauvais lecteur, aurait tendance dgagerune ide qui lintresse personnellement et qui donc peut tre diffrente decelle vhicule par lauteur.

    - Le rsum reprsente globalement le texte en conservant sa valeurinformative et permet une conomie au niveau cognitif. Il est li lideprincipale ainsi qu la structure du texte.

    - La structure du texte renvoie la manire dont les ides sont organisesdans le texte et dpend du type de texte propos. En effet, un texte narratif (lercit) respecte un schma particulier63 : situation initiale du rcit - lment

    60 J. GIASSON, op. cit., p. 60-7161 B. GARRIGUES, op. cit., pp.58-5962 In C. BOUTARD, I. CLAIRE et L. GRETCHANOVSKY, Le vol du PC Evaluationfonctionnelle de la lecture chez les sujets de 11 18 ans, p. 963 http://fr.wikipedia.org/wiki/Texte_narratif

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    perturbateur pripties conscutives cette perturbation lment dersolution situation finale. Les textes informatifs, eux, observent la structuredescription numration comparaison cause-effet problme solution.

    Le texte narratif tant plus familier aux lves et surtout plus propice lemploidune ponctuation expressive, cest lui qui sera utilis avec JK.

    5.1.4 Les processus dlaboration

    Grce eux, le lecteur peut effectuer des infrences qui nont pas t prvuespar lauteur et donc indpendantes des microprocessus, processus dintgrationet macroprocessus. Daprs IRWIN, il existe cinq processus dlaboration telsque :

    - les prdictions, cest--dire les hypothses mises par lecteur au sujet de lasuite de lhistoire. Elles interviennent uniquement au niveau du texte.

    - limagerie mentale qui serait essentiellement visuelle. Pour J. GIASSON, Elle

    constituerait un outil de mmorisation de linformation tire de la lecture etaugmenterait lintrt et le plaisir de lire. On peut donc supposer quelle nestque peu utilise par JK.

    - les rponses affectives qui sont en relation avec lintrigue et lidentificationpersonnages. Cest ce type de raction que jenvisage de stimuler afin derendre la lecture plus porteuse de sens chez JK.

    - le raisonnement permettant de se dtacher du texte et dmettre unjugement sur son contenu. JK tant capable de saisir lide matresse du texte,elle peut formuler un jugement ce sujet.

    - lintgration de linformation du texte aux connaissances seradpendante de lintention de lecture du sujet. Dans ma pratique, lintgration delinformation long terme ne sera pas essentielle. Par contre, lintention delecture sera primordiale et donc pralablement dfinie avec JK dans le but de larassurer et de donner un sens autre que laccomplissement dun devoir lactede lecture.

    5.1.5 Les processus mtacognitifs

    Ils rgissent la comprhension et permettent au lecteur de sajuster au texte et

    la situation. Ils concernent la capacit du lecteur se rendre compte duneperte de comprhension et mettre en uvre les stratgies ncessaires pourrsoudre ce problme. JK est parfaitement consciente de ses difficults decomprhension en lecture et parvient difficilement les compenser. Jutiliseraidonc cet atout chez elle pour verbaliser difficults et solutions (ou essais desolutions) proposes.

    5.2 La variable texte : le choix du type de texte

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    Si lon suit la classification de MARSHALL (1984)64, elle nous propose decombiner les deux principaux ples de la communication, cest--dire lastructure du texte (textes prsentant une squence et textes autour dun thme)et lintention de communication (elle en dgage trois principales : agir sur lesmotions, le comportement ou les connaissances du lecteur).

    Forme

    FonctionsSquence temporelle Thme

    Agir sur les motionsTexte narratif Texte potique

    Agir sur le comportement Texte directif Texte incitatif

    Agir sur les connaissances

    Texte informatif (avec

    squence)

    Texte informatif (avec

    thme)

    Grille de classification des textes adapte de MARSHALL (1984)

    On peut voir ici que cest le texte narratif qui agit principalement sur lesmotions et facilitera donc lemploi de la fonction expressive.

    De plus, le texte narratif permet linsertion de dialogues qui constituent lasituation de texte la plus propice lemploi dune ponctuation expressive,hormis la bande dessine.

    Cest aussi le type de texte le plus aisment compris par les enfants65

    .Enfin, il rpond aux critres dadaptation JK et aux exigences du programmescolaire.

    Cest pourquoi nous avons retenu le texte narratif contenant des dialogues.Il reste maintenant une dernire variable sur laquelle agir et qui a occup uneplace particulire dans la prise en charge de JK, celle du contexte et donc de lamotivation la lecture.

    5.3 La variable contexte : motivation, intrt et intention

    Cette variable comporte les contextes sociaux et physiques ainsi quepsychologiques.

    64 In J. GIASSON, op. cit., pp. 20-2165

    J. GIASSON, op. cit., p. 21

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    Si les facteurs concernant lenvironnement, comme le bruit, le temps disponible,ont pu tre matriss facilement dans un local calme, avec un temps de sancebien dtermin et rgulier, il en a t autrement de laspect psychologique.

    J. GIASSON distingue trois aspects propres au lecteur dans ce facteurpsychologique66 :

    - sa motivation pour la lecture ;- son intrt pour le texte lire ;- son intention de lecture.

    Je me suis rapidement aperue que JK prouvait un sentiment plutt ngatifvis--vis de la situation de lecture qui, visiblement, ne lui procure que peu desatisfaction.

    En effet, si elle prouve des difficults de comprhension, on peut aismentcomprendre que cette pratique constitue plus une corve quun plaisir pourelle. Difficile alors de trouver une motivation pour lire !

    Or, la motivation est le moteur des activits humaines. C'est elle qui nouspermet de nous dpasser en utilisant au maximum notre potentiel et noscomptences.

    Cest donc elle aussi qui permet de mobiliser les ressources ncessaires unecomprhension optimale. Et elle est indissociable de lactivit de lecture.

    Il a fallu, avec JK, prendre en compte cet aspect tout au long de la prise encharge en la rassurant et en essayant, rgulirement, de lui redonner confianceen ses capacits.

    JK est une jeune fille qui est motive pour dcouvrir et apprendre, donc, lacrainte de la situation de lecture dpasse, tout texte deviendra source dintrtpour elle.

    Cependant, je me suis attache lui proposer des supports de lecture enrelation avec ses centres dintrts, savoir sport et bricolage dans loptique detravailler des domaines abordables pour elle, ne ncessitant pas de raliser unnombre trop important dinfrences essentielles puisque cette capacit infrernest pas encore arrive maturation.

    Enfin, pour lintention de lecture, elle occupe un rle dans la comprhension qui

    nest plus dmontrer

    67

    puisque la manire daborder le texte influe sur ceque le lecteur comprend et retient du texte.

    J. GIASSON rappelle lexprience de PICHERT et ANDERSON (1977)68 danslaquelle il a t demand deux groupes de sujets de lire un texte dcrivantune maison. Un groupe tait dsign comme acheteurs ventuels et lautre

    66 J. GIASSON, op. cit., p. 2267

    J. GIASSON, op. cit., p.2268

    Ibidem, pp.22-23

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    comme cambrioleurs . Lors de la restitution des lments lus, le groupe desacheteurs avait retenu des informations concernant le nombre de salles de bainet ltat de la toiture alors que le groupe cambrioleurs rappelait des lmentscomme lemplacement des portes ou labsence de voisins.

    Cest donc un exemple flagrant de limportance de lintention de lecture. Cest

    pourquoi nous la dfinirons avec JK avant chaque type de lecture.

    6 Conclusion

    Au cours de ce chapitre, nous avons resitu la comprhension en lecturesuccessivement au niveau du mot, de la phrase, en y ajoutant laide desmotions, puis au niveau du texte.

    Ce dernier niveau danalyse fut loccasion daborder le modle dIRWIN quiconstitue une approche globale de la comprhension. Cest aussi le moyen decibler les niveaux dintervention de la prise en charge de JK, cest--dire uneaction sur la variable lecteur, mais aussi sur le texte et le contexte danslesquels se droule la situation de lecture.

    Voyons maintenant comment la fonction expressive de la ponctuation a permisune intervention sur ces variables et quels en ont t les effets.

    CHAPITRE III : utilisation de la fonctionexpressive de la ponctuation en situation de

    lecture voix haute, outil de la comprhension ?

    Si ces deux paramtres que sont la fonction expressive de la ponctuation et lacomprhension peuvent paratre invitablement lis pour un normo-lecteur, ilnen va pas de mme pour JK. Cest pourquoi, au cours de ce chapitre,je vous propose de suivre ce cheminement de dix sances et les rsultats dutravail que nous avons effectu ensemble.

    1 Prsentation de lcole

    Jai effectu mon stage dans une cole primaire ordinaire de la CommunautFranaise. Elle compte 52 lves rpartis en 3 classes dont 12 en 5meprimaire.

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    2 Prsentation de JK

    2.1 Anamnse

    JK est donc ge de 12 ans 2 mois lorsque nous dbutons la prise en charge.Elle est en 5me primaire.

    Composition de la famille et situation familiale

    Elle a un frre an.

    Situation scolaire

    Elle a t marque par une scolarisation cahotique dans de nombreuxtablissements et me prcise quil tait difficile pour elle de changer dcole etde sadapter aux mthodes. Elle a doubl la 4me primaire.

    Suivi logopdique

    Elle me dit avoir t suivie par une logopde pour des difficults deconcentration et des problmes en mathmatiques et en franais en 3meprimaire.

    Activits extra-scolaires

    JK pratique le triathlon avec son pre et la gymnastique 2 fois par semaine. Elle

    aime les activits de bricolage.

    2.2 Examen clinique

    Facis-Maintien postural

    Son facis ne prsente pas de particularit, mis part le port de lunettes pourmyopie. Le maintien postural global est tonique.

    Respiration dglutition

    Sa respiration est nasale au repos et sa dglutition est de type secondaire.

    Voix

    Sa voix est claire et pose.

    Praxies bucco-phonatoires

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    Cet aspect na pas fait lobjet dun testing particulier mais il semble ny avoiraucune difficult spcifique.

    Attitude de communication

    Elle communique sans rserve avec moi et maintient un discours cohrent en

    respectant le tour de parole. Elle rpond de manire adquate mes questions.Son visage est trs expressif et ses mimiques tout fait adaptes sondiscours.

    Comportement

    JK est volontaire, calme et applique au cours des sances. Elle est tout faitconsciente de ses difficults. Son institutrice dcrit le mme type decomportement en classe.

    2.3 Bilan de langage oral

    Cet aspect a t valu, chez JK, laide de la batterie L2MA. Mon choix sestport sur cet outil dvaluation car il permet de situer lenfant en langage oralpar rapport un niveau scolaire. Or, les textes labors pour raliser la partiepratique avec JK le sont partir douvrages scolaires pour respecter, la fois,ses capacits et les exigences du programme.

    Tous les carts-types sont exprims ici par rapport la moyenne des enfantsde 5me primaire.

    Versant expressif

    - Aspect phonologique : preuves 6-7 Phonologie-Rptition de motsdifficiles : elle obtient 30/30 et rpte sans difficult tous les itemsproposs. Elle se situe +1 cart-type. JK nprouve donc pas dedifficult organiser la chane des phonmes pour un mot donn.

    - Aspect lexical : preuves 1-2 Fluence phontique et Fluencesmantique : elle produit 22 mots pour lpreuve de fluence phontiqueet 37 pour celle de fluence smantique. Pour ces deux preuves, elle sesitue aussi +1 cart-type. On peut donc considrer quelle ne rencontrepas de difficult daccs au lexique, quels que soient les champs

    smantiques, et que celui-ci est riche.preuve 8 Antonymes ou contraires : sa cote est de

    9/10. Elle est +1 cart-type. Pas de difficult rencontre au niveau dela richesse articulatoire du lexique.

    preuve 14 Vocabulaire dnomination. Cettepreuve permet de mesurer la richesse du vocabulaire concret. JKobtient 21/25 ; elle est +1 cart-type.

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    - Aspect morphosyntaxique : preuve 3 Intgration morphosyntaxique : JKobtient 8/10. Elle est +1 cart-type et donc capable de produire unephrase en utilisant morphologie ou syntaxe prsentes dans le modle.

    Les deux erreurs sont produites pour les deux phrases les plus

    complexes, soit au niveau de la drivation morphologique appliquer(utilisation du conditionnel pass premire forme elle serait tombe ),soit au niveau syntaxique : la structure de la phrase nest pas frquenteen langage oral et la comprhension en est donc difficile : La sallentait pas remplie que les clowns commenaient leur spectacle. Ce quiexplique que lintgration syntaxique soit difficile pour elle.

    Versant rceptif

    - Aspect lexical : lpreuve 8 permet dvaluer le lexique en rception etmontre quaucune difficult nest rencontre. De plus, au vu de ses

    rsultats au niveau expressif, on peut supposer que le niveau rceptif estfonctionnel.

    - Aspect morphosyntaxique : preuve 3 Intgration morphosyntaxique. Sacote de 8/10 et les rponses fournies permettent daffirmer quelle est enmesure de comprendre, loral, les relations morphologiques etsyntaxiques sous-tendues dans les phrases modles.

    preuve 10 Comprhension de consignescomplexes. Elle obtient 17/20 et se situe +1 cart-type. Elle est donccapable de comprendre des consignes complexes donnes loral et deles excuter sans difficult.

    Lerreur quelle commet concerne la consigne demandant de classer lescarrs et toiles autrement que par la forme. La rponse attendue est unclassement par couleur, or, JK les met en ligne en alternant un carr etune toile. Il est probable quelle ait confondu classer au sens de catgoriser avec ranger ou disposer.

    Globalement, on peut donc en conclure quau niveau du langage oral, JK neprsente pas de difficult particulire.

    2.4 Bilan des outils de baseDe nouveau, les preuves choisies pour valuer ces diffrents aspectsproviennent de la batterie L2MA.

    Balayage visuel : elle slectionne les lments de gauche droite et de haut enbas lors de lpreuve 17 Attention continue test de barrage . Cet aspect estdonc fonctionnel.

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    Attention/concentration : lors de lpreuve 17, elle obtient la cote de 2 et sesitue dans la moyenne. Cet aspect constitue tout de mme un lment prendre en compte au cours de la prise en charge, dans la mesure o il amotiv un suivi logopdique lors de sa 3me primaire. Il se peut que le maintiende lattention soit encore fragile chez JK.

    Mmoires :

    - Mmoire auditive immdiate (mots) : lpreuve 4 mmoire - rappel demots, elle obtient 4/6 et se situe dans la moyenne.

    - Mmoire auditive court terme avec vocation image (aideventuelle) : sa cote est de 5/6 pour lpreuve 5 Mmoire rappel demots avec aide visuelle. Elle est dans la moyenne. La reprsentationiconique constitue une aide qui lui permet de retrouver un itemsupplmentaire. Les images-piges sont vites.

    - Mmoire diffre (mots) : le rappel est de 4/6, elle est toujours dans la

    moyenne. La stratgie de rappel quelle emploie est plutt visuelle carelle pointe les emplacements des images sur la table avant de lesnommer.

    - Mmoire auditive immdiate (matriel verbal sans charge smantique) :il sagit de lpreuve 12 Mmoire squences de chiffres lendroit .Elle parvient rpter des squences de 5 chiffres dans lordre ; sa coteest de 3/6 et la situe dans la moyenne.

    - Mmoire auditive de travail : cet aspect a t valu grce lpreuve 13Mmoire squences de chiffres lenvers . JK restitue dessquences allant jusqu 4 chiffres lenvers. Elle obtient donc 3/5 et sesitue dans la moyenne.

    Dans lensemble, les mmoires sont fonctionnelles chez JK.

    Latralit : JK prsente une latralit croise il gauche main droite pieddroit. Lenseignante me signale une certaine lenteur dans les activits de copie(elles font effectivement intervenir il et main). Je nai pu obtenir dinformationsau sujet dune prise en charge logopdique antrieure pour ce motif.

    Le langage oral est performant et les outils de base sont fonctionnels chez JK.Ces pr-requis une lecture efficace tant vrifis, il sagit maintenant

    dvaluer lefficience de la lecture voix haute de JK.

    3 Rsultats du pr-test

    3.1 Le vol du PC : valuation fonctionnelle et norme de lalecture

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    3.1.1 Le choix du vol du PC

    Pour valuer sa lecture voix haute, le vol du PC semblait simposer et ce,pour plusieurs raisons :

    - il est fond sur le modle de comprhension en lecture dIRWIN qui est aussicelui que jai retenu ;

    - il est rcent ;

    - il correspond lge de JK ;

    - il est compos dun texte narratif incluant des dialogues comme ceux que jesouhaite proposer JK et ce rcit narratif est valu distinctement du rcitdocumentaire ;

    - il permet dvaluer la lecture voix haute, la vitesse de lecture, la

    comprhension, ainsi que la qualit de la lecture qui est prise en compte dansla cotation ;

    - la passation est relativement rapide (10 20 minutes).

    3.1.2 Analyses quantitatives et qualitatives

    Lecture de texte

    Elle est value sur base des critres suivants :

    - Rapidit de lecture : 259 secondes, soit une note de 1 la situant entre -2et -3 carts-types par rapport la moyenne des filles de 12 ans.

    - Qualit de lecture : jai attribu JK une note de 3 correspondant une lecture hache, avec des pauses en milieu de rhses, uneintonation peu expressive et une ponctuation peu respecte, [] deserreurs, voire une absence de liaisons69

    - Erreurs : elles sont au nombre de 7, pas derreurs phontiques ni

    dinversions de mots, une erreur sur les logatomes, 4 erreurs globales etdeux ajouts.

    Le score total de lecture de JK est de 5. Elle est donc -1 cart-type parrapport la moyenne des filles de 12 ans.

    Comprhension du texte

    69C. BOUTARD, I. CLAIRE et L. GRETCHANOVSKY, Le vol du PC Prise en main rapide de

    lpreuve, consignes de passation, cotation, tableaux dtalonnage, p.4

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    Elle est value laide des preuves suivantes :

    - Rcit : elle obtient une note de 4 correspondant -1,2 carts-types ;- Questions ouvertes : elle se situe dans la moyenne avec une note de 5 ;- Questions Choix Multiple : la note de 5 la place entre -1 cart-type et la

    moyenne ;- Choix des titres : elle est entre -1 cart-type et la moyenne avec unenote de 5 ;

    - Recherche dinformations : elle obtient 3, ce qui correspond -1,5carts-types.

    Globalement, elle se situe -1 cart-type pour la comprhension du texte parrapport la moyenne des filles de 12 ans.

    On peut donc dire, partir de ce test, que JK a une vitesse de lecture assezpeu performante pour son ge, ce qui retentit invitablement sur la qualit de lalecture voix haute et les paramtres que je me propose de stimuler chez elle

    (notamment en travaillant sur les pauses). Les erreurs de lecture quelleeffectue ninfluent pas (hormis lajout dune ngation) ou peu sur lacomprhension du texte car il sagit de substitutions comme /voir/ pour /voit/,/ignorez/ pour /ignoriez/.

    Jai cependant remarqu que le texte propos angoissait JK par son apparentelongueur (une page A4 pleine). Il est donc possible que ce facteur soit intervenusur la qualit de sa comprhension.Cest pourquoi je lui ai propos un texte plus court agrment de quelq