La politesse, du Moyen Âge à nos jours

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DOSSIER : LA POLITESSE – VILLE : NARBONNE, LA PREMIÈRE CITÉ ROMAINE DE FRANCE MAI 2012 – N° 785 – 5,50 € mai 2012 - N° 785 nos rendez-vous inédits : préhistoire, archéologie, les routes de l’histoire, l’origine d’une expression… 3:HIKPKG=\UZZU[:?k@h@i@p@a; M 05067 - 785 - F: 5,50 E Portrait La financière occulte d’un député populiste ALL 6,90 €/BEL 6,30 €/CAN 9,99 $CAN/DOM 6,50 €/ESP 6,50 €/GR 6,50€/ITA 6,50 €/PORT-CONT 6,50 €/LUX 6,50 €/MAR 58,00 DH/MAY 7,90 €/CH 11 FS/TOM AVION 1550,00 XPF/TOM SURFACE 880 XPF/TUN 6,50 TND actuaLités sondage s : ça ballotte depuis 1824 ! du Moyen âge à nos jours comment le savoir-vivre a évolué civilité et incivilités Des usages… hors d’usage ? la politesse

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La courtoisie médiévale, la galanterie du XVIIe siècle, tous les codes de la vie en société sont balayés par la Révolution avant de revenir en force au XIXe siècle.

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Portrait La financière occulte d’un député populiste

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depuis 1824 !

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comment le savoir-vivre a évoluécivilité et incivilitésDes usages… hors d’usage ?

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4 HISTORIA MAI 2012

CONTRIBUTEURS

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Joëlle ChevéHistorienne, spécialiste de la société d’Ancien Régime, elle a signé la première biographie consacrée à Marie-Thérèse d’Autriche, l’épouse de Louis XIII (Pygmalion, 2008).

Olivier CoquardProfesseur au lycée Henri-IV, docteur en Histoire, il a consacré sa thèse à Marat (Fayard, 1993).

Alain VialaTitulaire de la chaire de Lettres françaises à l’université d’Oxford. Il a publié notamment La France galante (PUF, 2008), couronné par le Gapper Prize en 2009.

Jean VerdonMédiéviste de renom. Dernier titre : Information et désinformation au Moyen Âge (Perrin, 2010). À paraître Intrigues, complots et trahisons au Moyen Âge (Perrin).

SOMMAIRE Mai 2012

6 ACTUALITÉLes sondages en ballottage

10 À LA PRÉHISTOIRELes premières maladies

13 ARCHÉOLOGIEDes enseignes de pèlerins

15 LE MUSÉE INSOLITELe musée Baccarat

16 L’ART DE L’HISTOIREGustave MoreauLa fascination pour l’antique

18 LES ROUTES DE L’HISTOIRELa route des Rohan

20 L’INÉDIT DU MOISLe Guide vert de Louis XVI

21 UN ILLUSTRE INCONNURichard-Lenoir

22 UN MOT, UNE EXPRESSIONLes oreilles d’âne

23 L’AIR DU TEMPSL’Internationale

26 CE JOUR-LÀ8 mai 1902,l’éruption de la montagne Pelée

31 DOSSIERLa politesse, du Moyen Âge à nos joursLa courtoisie médiévale, la galanterie du XVIIe siècle,

tous les codes de la vie en société sont balayés par la Ré-

volution avant de revenir en force au XIXe siècle. À médi-

ter à l’heure où les incivilités semblent se multiplier.

62 LES DESSOUS DE…Le putsch d’AlgerLa tentative de renversement de la République, le

21 avril 1961, racontée par l’un de ses acteurs.

68 SPÉCIAL VILLENarbonne, la première citéromaine de… FranceIl y a 2 130 ans, les Romains décident de fonder une ville

étape sur la route de la riche Hispanie.

78 À L’AFFICHEExpositions, théâtre, cinéma, DVD et télévision.

84 LIVRES

91 MOTS CROISÉS

92 PORTRAITLa duchesse d’Uzès, financièreocculte de campagnes électoralesLa richissime descendante de la Veuve Cliquot puise

dans sa cassette pour financer le général Boulanger.

98 L’IDÉE REÇUEToutes les croisades visent les Lieux saints

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Guy PerrierAncien militaire, il a publié de nombreuses biographies, dont celles de Leclerc, Brossolette et Bénouville. Dernier ouvrage : Le Suicide de la flotte française (Pygmalion, 2010).

Denis LefebvreSecrétaire général de l’Ours (Office universitaire de recherche socialiste), il a fait paraître Les Secrets de l’expédition de Suez, 1956 (Perrin, 2010).

Pascal marchetti-LecaProfesseur de Lettres à l’Université de Corse, il est coauteur de Voleurs de feu. Moments de grâce dans la littérature française (Flammarion, 2007).

marie-hélène ParinaudAncienne historienne du musée Carnavalet, elle a écrit plusieurs ouvrages et tenu des chroniques dans Le Parisien. En préparation, une biographie de Messaline.

Spécial ville : Narbonne, p. 68La première cité romaine… de France

Dossier : La politesse, p. 31Du Moyen Âge à nos jours

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C’est ici, vers 1120, qu’Alain de Porhoët édifie une forte-resse et décide de prendre le titre de vicomte de Rohan : il est le premier Alain de

Rohan, d’autres suivront, nom-breux, dans cette famille où il est d’usage d’appeler l’aîné Alain ou Josselin. Les vestiges du château disparaissent lorsqu’en 1844 le duc de Rohan donne ses pierres pour la construction de l’abbaye Notre-Dame de Timadeuc, à quelques kilomètres. Première capitale de la vicomté, Rohan était autrefois un centre commercial dynamique qui organisait quatre foires par an. De très belles halles en bois, édifiées à la fin du XVIIe siècle, démontées au début du XXe siècle et réinstallées en 2007, en gardent le souvenir. Au gré des alliances, héritages et achats, les Rohan finissent par pos-séder un cinquième de la Bretagne. Leur territoire forme au XVe siècle une entité cohérente au centre de l’actuel Morbihan, complétée pas d’autres possessions comme le Léon en Finistère et Blain en Loire-Atlantique. Dans le courant du XIVe siècle, ils transfèrent leur capitale de Rohan à Pontivy, plus centrale géographiquement. À partir de 1479, Jean II y fait édifier une forteresse adaptée à l’artillerie de son temps et capable de résister à l’assaillant. Cœur historique de l’ancien duché de Rohan, elle est toujours propriété de la famille. Les Rohan sont les premiers rivaux des ducs de Bretagne. À Stival, à trois kilomètres de Pontivy, sur la route de Guéméné-sur-Scorff, l’église Saint-Mériadec abrite des

peintures murales du XVIe siècle racontant la vie du saint. Elles furent sans doute commandées par Jean II pour rappeler que ses ancêtres descendraient du roi lé-gendaire Conan Mériadec, premier souverain d’Armorique et père du saint. Arguant de cette ascendance royale ainsi que de multiples al-liances avec la famille ducale, les Rohan prétendirent au titre de duc de Bretagne mais n’y parvinrent ja-mais, d’où leur devise « Roi ne puis, Prince ne daigne, Rohan suis ». Au début du XVIe siècle, Jean II, lui-même gendre du duc de Bretagne François II, s’efforce en vain de marier son fils à Anne de Bretagne, héritière du duché. Il se console avec la fonction de gouverneur de Bretagne pour Charles VIII. En continuant la route vers le sud, à mi-chemin entre Pontivy et Ploër-mel, on arrive à Josselin, troisième forteresse familiale. Au début du XIe siècle, Guéthenoc, seigneur de Porhoët, fait élever une chapelle sur les lieux de la découverte d’une statue miraculeuse de la Vierge, trouvée dans un buisson de ronces, devenue aujourd’hui la basilique Notre-Dame du Roncier. La notorié-té du sanctuaire s’accroît avec l’es-sor des pardons : celui des « aboyeu-ses », censé guérir les personnes atteintes d’une maladie convul-sive, a toujours lieu le 8 septembre. Guéthenoc entreprend aussi la construction d’un château, autour duquel se développe une ville qui prend le nom de son fils Josselin, le grand-père d’Alain de Porhoët, le premier Rohan. Le connétable Olivier de Clisson en 1370, dont le

luxueux tombeau en marbre blanc se trouve dans l’église Notre-Dame du Roncier, transforme l’édifice en une place forte de grande im-portance. Son descendant, Henri (1579-1638), premier duc de Rohan, chef du parti protestant, soutient trois guerres contre Richelieu. Pour se venger, celui-ci ordonne, en 1629, la destruction du donjon et de cinq des neuf tours. Le 14e duc, ancien maire de la ville, président de la Région Bretagne et sénateur, habite toujours le superbe logis, édifié à la fin du XVe siècle par Jean II, magnifique témoignage du gothique flamboyant et de la Renaissance bretonne. De site en site réapparaît le blason des Ro-han : « De gueules à neuf macles d’or rangées 3, 3, 1 ». Le macle est un losange doré considéré comme symbole d’une pierre de la forêt de Quénécan, non loin de l’étang des Salles près duquel les Rohan ont édifié des forges au XVIIe siècle.

En plein cœur du Morbihan, ce circuit, créé l’an dernier, retrace l’histoire de l’illustre lignée qui doit son nom à la petite cité dominée par le fameux « petit rocher », Roc’han en breton.

LES ROUTES DE L’HISTOIRE Par Éric Mension-Rigau

Un arrêt gastronomique s’impose dans ce fief

acquis par les Rohan à la fin du XIVe siècle, réputé

pour son andouille qui, contrairement à celle de

Vire, est fabriquée par enfilages successifs de

boyaux de porc. C’est de la branche des Rohan-

Gueméné que sont issus tous les Rohan actuels.

De l’ancien château, démoli en 1926, ne subsiste

plus que la porterie. Mais les maisons anciennes,

ont un grand charme. Ouvert toute l’année.

La route des Rohan

Page 5: La politesse, du Moyen Âge à nos jours

Un itinéraire de

106 km environ.

Avec deux étapes

quotidiennes,

il faut trois jours

pour en profi ter.

La forteresse, édifiée par Jean II, est un exemple remarquable de l’architecture militaire de la fin du XVe siècle. Sa façade a conservé deux grosses tours à mâchicoulis, coiffées en poivrière. Les murs de vingt mètres sont bordés de douves sèches. On visite la salle des gardes, les salles du premier étage donnant sur le magnifique chemin de ronde, la chambre ducale au beau plafond et la chapelle. Ouvert de juin à septembre.

Le caractère défensif du château contraste avec la façade gothique flamboyant, ouverte sur la cour d’honneur et les jardins. Nulle part en Bretagne n’a été poussé plus loin l’art de sculpter le granit pour en faire de la dentelle : couronnes, feuilles, lys de France, hermine de Bretagne décorent pi-gnons, lucarnes et balustrades. Un musée de 600 poupées est installé dans les anciennes écuries.Ouvert d’avril à octobre.

Le domaine de Kerguéhennec, surnommé le « petit Versailles breton », est construit en 1710 pour de riches banquiers actionnaires de la Com-pagnie des Indes. Il appartient aux Rohan pendant soixante-dix ans, de 1732 à 1802. Propriété du dé-partement du Morbihan, il accueille aujourd’hui un centre d’art. Son splendide parc de 170 hecta-res est émaillé de sculptures contemporaines.Ouvert toute l’année, sauf décembre-janvier

L’abbaye de Bon-Repos, à la lisière de la forêt de

Quénécan, voit s’installer en 1184, avec l’appui

d’Alain III de Rohan et de son épouse, Constance de

Bretagne, des moines cisterciens. Nécropole de la

famille de Rohan, treize vicomtes y sont inhumés

de 1195 à 1516. Les tombes ont disparu à la Révolu-

tion. De l’abbatiale restent des vestiges. Les bâti-

ments conventuels sont restaurés depuis 1986.

Ouvert de mi-juin à mi-septembre.

L’ancien village, entouré de trois étangs, se trouve

au cœur de la forêt de Quénécan que possédait la

famille de Rohan. En 1621-1623, le duc y fait édifier

l’une des plus grosses forges à bois de Bretagne,

d’où sortent les canons de la Royale. Vendu en

1802, le site reste en activité jusqu’en 1877. Les

bâtiments sont intacts : halles à charbon, haut

fourneau, ateliers, maisons des forgerons.Ouvert de Pâques à la Toussaint.

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Page 7: La politesse, du Moyen Âge à nos jours

Dossier

Les codes de comportement, qui fixent ce qui est permis ou interdit, facilitent les relations entre individus et contribuent à favoriser l’harmonie sociale. Ils font partie de l’Histoire. Le savoir-vivre

d’Ancien Régime, issu de la courtoisie médiévale, se fait balayer par la Révolution… avant de revenir en force avec la bourgeoisie du XIXe siècle. Aujourd’hui, la nostalgie de la politesse gagne toute la société, touchée par ce qu’on appelle pudiquement les incivilités.

du Moyen Âge à nos jours

La politesse

32Le Moyen Âge invente la courtoisieLe mot apparaît au XIIe siècle, véhiculé par les ménestrels. Le vrai chevalier va devoir se conformer à ses règles.Jean Verdon

41Des précieuses pas si ridiculesC’est au XVIIe siècle que naît, dans les salons mondains, la galanterie française. Un modèle suivi partout en Europe.Alain Viala

44Liberté, égalité, civilitéL’abolition des privilèges provoque un nouveau savoir-vivre : l’antipolitesse ! Tout bon révolutionnaire doit avoir lu la Civilité républicaine.Olivier Coquard

50Me permettez-vous de vous tutoyer ?Comment on est passé du vouvoiement, marque de respect, au tutoiement, marque de familiarité.Joëlle Chevé

55Du baiser au baisemainAu Moyen Âge, on s’embrasse sur la bouche entre seigneur et vassal. Puis, au XIXe siècle, l’homme galant baise juste les doigts de la dame.Pascal Marchetti-Leca

Page 8: La politesse, du Moyen Âge à nos jours

34 HISTORIA MAI 2012

Les leçons d’Érasme ont-elles porté ? Comment se comporte-t-on à table aux siècles suivants ? Avec plus de décence, c’est certain. Le XVIIe siècle est, par excellence, le temps du contrôle des pulsions, des gestes mesurés et codifiés. La joyeuse pagaille des siècles anciens est bien finie. Dorénavant, les règles à observer sont celles de l’étiquette

tatillonne de la cour de Versailles. La première est de respecter les hiérarchies sociales. Ainsi, Antoine de Courtin dans son Nouveau Traité de civilité (1671) prévient qu’il serait malséant de se servir dans le plat avant « les plus qualifiés ». En 1703, Jean-Baptiste de la Salle, auteur des Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, renchérit : hors

de question de déplier sa serviette avant les personnes de qualité. La deuxième règle est d’observer une attitude faite de modestie et de discrétion. L’assiette et le couvert individuels, qui sont d’un usage commun depuis Louis XIII, obligent à plus de retenue, ce qui emplit d’aise les tenants de l’ordre moral issu de la Contre-Réforme catholique.

EN UN CLIN D’ŒIL À TABLE

AUX ÉTATS-UNIS• Entre amis, on ne se fait pas la bise, on se tape dans le dos.• Lorsque vous apportez un cadeau chez un hôte, celui-ci ne l’ouvrira pas devant vous.• Se moucher à table est mal vu.• Se lever pour aller aux toilettes au milieu du repas ne pose pas de problème.• On peut demander un doggy bag au restaurant.

EN ARGENTINE• Le regard occupe une place importante dans les relations entre Argentins qui se tiennent très près l’un de l’autre dans les conversations.• Arriver avec une heure de retard n’est pas une impolitesse.• On ne doit pas mettre ses coudes sur la table.• Le tutoiement est rapidement adopté.• On peut se téléphoner jusqu’à 23h, mais jamais avant 9h du matin !

EN ÉGYPTE• Ne pas embrasser une femme sur la joue : elle se sentirait offensée.• En revanche, les hommes peuvent s’embrasser et se tenir par la main.• On ne boit qu’après le repas.• Le couteau est exclu de la table. Manger du riz ou du couscous à la fourchette est une hérésie.• On ne doit pas refuser un plat, même si on n’a pas faim.

EN RUSSIE• Il est normal de venir prendre le thé sans invitation ni coup de fil préalable.• Il est normal de refuser une invitation, même si vous en mourez d’envie. Et l’hôte devra insister plusieurs fois.• On ne se serre pas la main sur le seuil de la porte, qui a un pouvoir maléfique : il faut entrer dans la maison ou sortir à l’extérieur pour se saluer.• Il est normal d’ouvrir la porte de la voiture pour faire sortir une femme, lui enlever son manteau.• À table, on boit de la vodka : ne pas oublier de porter un toast (à l’amitié, à son hôte, aux affaires).

AU JAPON• On ne plante pas ses baguettes dans le bol de riz : c’est synonyme de mort.• Pas de contact physique avec autrui : pour se dire bonjour, on incline la tête légèrement.• Quand vous trinquez, éviter de dire «tchin- tchin» : cela signifie petit pénis!• On ne doit pas se regarder dans les yeux.• Ne pas attendre que tout le monde soit servi pour commencer à manger.

1000 km

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Petit tour du monde des

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MAI 2012 HISTORIA 35

Mais, à la cour de Louis XIV, il est encore permis de se servir et de manger avec les doigts. Peu habile de la fourchette, le Roi-Soleil ne s’en prive pas. Jean-Baptiste de la Salle y met le holà en déclarant : « Il est tout à fait contre la civilité de toucher les viandes et encore plus le potage avec les doigts seuls. » La troisième règle d’or est la propreté.

Au XVIIe siècle, où l’on se lave si peu, la tache est infamante. Il faut s’en garder comme de la peste et, selon Antoine de Courtin, renoncer à « toucher à quelque chose de gras, à quelque sauce, à quelque syrop avec les doigts ». Mais la partie n’est pas gagnée, car Jean-Baptiste de la Salle est obligé de rappeler, comme Érasme, qu’il ne faut pas se moucher

dans sa serviette, se lécher les doigts, laper comme un pourceau, cracher dans son assiette… Seul le XIXe siècle, où la haine du corps et de ses manifestations triomphe, viendra à bout de ces détestables habitudes !

Michèle Barrière, romancière, est coauteur de la série « Histoire en cuisine » pour Arte.

AUX ÉTATS-UNIS• Entre amis, on ne se fait pas la bise, on se tape dans le dos.• Lorsque vous apportez un cadeau chez un hôte, celui-ci ne l’ouvrira pas devant vous.• Se moucher à table est mal vu.• Se lever pour aller aux toilettes au milieu du repas ne pose pas de problème.• On peut demander un doggy bag au restaurant.

EN ARGENTINE• Le regard occupe une place importante dans les relations entre Argentins qui se tiennent très près l’un de l’autre dans les conversations.• Arriver avec une heure de retard n’est pas une impolitesse.• On ne doit pas mettre ses coudes sur la table.• Le tutoiement est rapidement adopté.• On peut se téléphoner jusqu’à 23h, mais jamais avant 9h du matin !

EN ÉGYPTE• Ne pas embrasser une femme sur la joue : elle se sentirait offensée.• En revanche, les hommes peuvent s’embrasser et se tenir par la main.• On ne boit qu’après le repas.• Le couteau est exclu de la table. Manger du riz ou du couscous à la fourchette est une hérésie.• On ne doit pas refuser un plat, même si on n’a pas faim.

EN RUSSIE• Il est normal de venir prendre le thé sans invitation ni coup de fil préalable.• Il est normal de refuser une invitation, même si vous en mourez d’envie. Et l’hôte devra insister plusieurs fois.• On ne se serre pas la main sur le seuil de la porte, qui a un pouvoir maléfique : il faut entrer dans la maison ou sortir à l’extérieur pour se saluer.• Il est normal d’ouvrir la porte de la voiture pour faire sortir une femme, lui enlever son manteau.• À table, on boit de la vodka : ne pas oublier de porter un toast (à l’amitié, à son hôte, aux affaires).

AU JAPON• On ne plante pas ses baguettes dans le bol de riz : c’est synonyme de mort.• Pas de contact physique avec autrui : pour se dire bonjour, on incline la tête légèrement.• Quand vous trinquez, éviter de dire «tchin- tchin» : cela signifie petit pénis!• On ne doit pas se regarder dans les yeux.• Ne pas attendre que tout le monde soit servi pour commencer à manger.

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Petit tour du monde des convenances et inconvenances

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92 historia mai 2012

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À la mort de son mari, elle renonce au rouge à parements et jupe bleus de la tenue de chasse familiale, pour le noir du deuil.