LA PLAINE DE PIERRELAYE, UNE HISTOIRE SINGULIÈRE

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LA PLAINE DE PIERRELAYE, UNE HISTOIRE SINGULIÈRE

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LA PLAINE DE PIERRELAYE, UNE HISTOIRE SINGULIÈRE

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Pierrelaye. 2001 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y. Lacôte.

Couverture : Méry-sur-Oise : repiquage des céleris. 1969 © Collection particulière.

Dos : Méry-sur-Oise : colonne d’équilibre de la Haute-Borne. 2001 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y. Lacôte.

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Un million d’arbres sur millehectares : la forêt qui va croîtred’ici peu sur la plaine de Pierre-

laye promet d’être l’une des contributions majeures du Grand Paris au développement du-rable, qui viendra enrichir la ceinture verte del’Île-de-France. Aux franges, des cultures spé-cialisées et des logements complèteront l’en-semble, dans une perspective d’aménagementglobal. Regroupées dans l’entente intercommu-nales Cœur Val-d’Oise, les 7 communes con-cernées1 ont travaillé avec le Conseil général, la Région et l’État à donner à ce site des pers-pectives de développement.

La plaine de Pierrelaye n’a pourtant pas tou-jours été délaissée et dégradée. Son histoire ren-voie à celle du « Grand Paris » des années 1900.Equilibre fragile des relations entre la capitale etsa grande couronne, problèmes d’assainisse-ment et d’approvisionnement : les probléma-tiques ne sont pas si éloignées des grands enjeuxactuels de développement.

Mis en place à Saint-Ouen l’Aumône, Méry,Pierrelaye et alentours au tournant des XIXe-XXe

siècle, les champs d’épandage ont répondu aux

besoins de l’époque : épurer les eaux usées de lacapitale avant leur rejet en Seine ou dans l’Oiseet amender les sols pour nourrir les parisienstoujours plus nombreux. Les compétences tech-niques des ingénieurs, la ténacité des édiles lo-caux, l’ingéniosité des populations ont permisde concilier des objectifs a priori contradictoires.Après cent années d’irrigations intensives, la pol-lution de la plaine a révélé l’obsolescence dusystème et sa dangerosité ; mais c’est, para-doxalement, le principe d’épuration agricole quia permis de préserver cet espace cerné par l’ur-banisation.

Au moment où la plaine se transformait et quedisparaissaient les derniers témoins d’une his-toire singulière, l’Atelier de restitution du Patri-moine et de l’Ethnologie à la Direction de l’Actionculturelle a collecté photos et récits des dernierstémoins. Cette brochure ainsi que l’expositionréalisée conjointement, témoignent de l’éton-nante aventure d’une micro société de cultiva-teurs et d’artisans vivant au rythmedu « ventre de Paris ».

côte.

Édito

Arnaud Bazin, Président du Conseil général

du Val-d’Oise

[1] Bessancourt, Frépillon, Herblay, Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Saint-Ouen l’Aumône, Taverny

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En 1900, 71 km de canalisations et 987 bouchesd’irrigation permettaient de répartir l’eau sur les zonesirrigables de Bessancourt, Frépillon, Herblay, Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Saint-Ouen-l’Aumône. À côté des 500 hectares de la ville de Paris – domaine de la Haute-Borne –, les cultures libres s’étendaient sur 1 600 hectares.

Un siècle plus tard, l’urbanisation a grignoté le pourtourde la plaine, dont la superficie n’est plus que de 900 hectares environ, tandis que s’accroissent les frichesau centre.

Durant l’été 2009, 108 hectares ont été irrigués par 7 agriculteurs. 600 bouches demeurent opérationnelles – soit 55 km de canalisations – mais seule une centainefonctionne réellement.

La plaine aujourd’hui

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Retracer le patient labeur des gens de la plaine qui ont façonné leurterritoire autour d’un système imposé par la ville, c’est reconstituer lamise en place d’un réseau technique, emblématique du triomphe de l’in-génieur en ce XIXe siècle finissant, et le fonctionnement d’une micro so-ciété de cultivateurs et d’artisans vivant au rythme du « ventre de Paris ».

Raconter la plaine, c’est évoquer des flux : saisonniers à la recherchede travail, charrois de légumes cheminant vers les halles de Paris aurythme lent des bêtes, wagons de gadoues, eaux usées. Les rapports siparticuliers de la capitale et de sa périphérie s’inscrivent dans ces flux :la ville rejette, la banlieue recycle et renvoie à la ville ce qu’elle a pro-duit. La gestion des déchets de la capitale devient un enjeu.

La plaine se présente aujourd’hui en une succession de visionscontrastées, paysage modelé par l’homme en surface, doublé d’un réseautechnique souterrain émergeant de place en place. Le site, qui s’est consti-tué à la fin du XIXe siècle comme un territoire de banlieue, ne présentepas l’aspect classique des zones vouées tôt à des fonctions résidentiellesou industrielles, donc densément urbanisées. Entre la ville nouvelle deCergy-Pontoise et la vallée de Montmorency, cet espace fragilisé par lapression foncière, la pollution et la crise de l’agriculture péri-urbaine, retrouve, avec la décision d’y aménager une forêt, un projet d’avenir struc-turant.

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L’ÉMISSAIRE GÉNÉRAL : UNE PROUESSETECHNIQUE

Depuis 1861, l’effluent des égouts parisiensconçus par l’ingénieur Eugène Belgrandaboutit dans la Seine, en aval de la capital

et la qualité de l’eau ne cesse de se dégrader. Enl’absence d’autre procédé d’épuration, les ingé-nieurs du Service de l’Assainissement de la villede Paris préconisent l’épandage agricole*.

Les eaux usées sont canalisées et acheminéesvers les zones d’irrigation de Gennevilliers puisd’Achères en Seine-et-Oise. En 1899, la ville deParis prolonge l’émissaire général jusqu’à Car-rières-Triel et aménage en champs d’épandage lesterrains acquis trente ans auparavant à Méry-sur-Oise et Pierrelaye par le préfet Haussmann pourl’aménagement d’une nécropole parisienne, pro-jet finalement abandonné.

Bassins de décantation, usines de relevage deseaux à Clichy, Colombes et Pierrelaye, aqueducsou siphons traversant la Seine, l’Oise et le ravin dela Frette, édicules et cheminées d’aération jalon-nent le parcours, long de 28 km. ■

* Épandage agricole : épuration des eaux par filtration à travers un sol cultivéappelé « champ dʼépandage ».

© Archives SIAAP.

La Frette : passage de l’émissaire général sous larue de la Ville de Paris puis en aqueduc au-dessus du ravin de La Frette. 2001© Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y. Lacôte.

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UNE BANLIEUE VOUÉEÀ RECYCLER LESDÉCHETS DE LA VILLE

L a mise en place de l’épandage agricole estliée aux préoccupations de la seconde moi-tié du XIXe siècle : épurer les eaux usées de

la capitale et réutiliser les éléments fertilisantsqu’elles contiennent. En outre, il s’avère néces-saire de cultiver des terrains proches de la capi-tale afin de nourrir les citadins plus nombreux. Auxpréoccupations hygiénistes se superposent desintérêts économiques, ce qui explique la doublefonction, a priori contradictoire, assignée auxchamps d’épandage.

La plaine de Méry-Pierrelaye témoigne ainsi dela capacité régénératrice de certains espaces, ca-pables d’épurer et de produire pour la ville. Au-paravant peu fertile, la plaine devient un territoirede banlieue dont l’aménagement se décide à Paris.

Mais les rapports se durcissent entre les com-munes de Seine-et-Oise et la capitale, accusée devouloir empoisonner sa périphérie en y rejetantses déchets.

Localement, les conflits se cristallisent autour del’appropriation et des usages de l’eau. Ils oppo-sent les ingénieurs parisiens, soucieux d’épurerdes volumes d’eau toujours plus considérables, etles cultivateurs préoccupés de rentabilité. Dès lamise en service des champs d’épandage, les nui-sances apparaissent : infiltrations, inondationsmalodorantes. Autour du principe d’épuration agri-cole, les polémiques ne cesseront plus. ■

Saint-Ouen-l’Aumône. Collection particulière. La culture maraîchère,

c’étaient 3 hectares et un cheval. Les gens travaillaient en famille.Ils faisaient deux récoltes : pommes de terre, haricots, choux,artichauts, céleris, poireaux, petitspois… L’arrivée des eaux apermis de diversifier les cultures ;les terrains sont devenus fertiles.C’était rentable !

Pierrelaye : années 1900. Collection particulière.

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L’USINE ÉLÉVATOIRE

L ’usine élévatoire de Pierrelaye est mise enservice le 1er avril 1899 pour refouler leseaux usées vers les points hauts de la

plaine. Alimentées par quatre chaudières, les ma-chines à vapeur relèvent 10 000 m3 d’eau par jour.En 1901, on double la capacité de refoulement etdes terrains irrigables sont aménagés sur Bes-sancourt et Frépillon afin d’absorber les rejets pa-risiens toujours plus importants.

Symboliquement, la rue où se trouve l’usine élé-vatoire est nommée rue de la Ville de Paris, et pourbaliser son territoire, la capitale appose son bla-son sur le pignon de l’édifice et dans le petit jar-din. Les plans, réalisés par les ingénieurs de laVille de Paris, font appel aux méthodes deconstruction de l’époque : structure métallique etremplissage de briques. L’usine est électrifiée en1950. ■

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CANALISATIONS &BOUCHES D’IRRIGATION

L e réseau souterrain est constitué de cana-lisations en ciment armé. Des bouches placées le long des routes ou des chemins

permettent à l’eau de s’écouler et d’irriguer plu-sieurs hectares.

Rattachés aux Services Techniques de la Ville deParis, et désormais au SIAAP, les cantonniers en-tretiennent le réseau. Les cultivateurs ouvrent etferment eux-mêmes les bouches lorsqu’ils ontbesoin d’eau. À la ferme de la Haute-Borne, les « irrigateurs » sont chargés de réguler le débitd’eau. Ils dirigent les flux sortant des bouchesvers les zones à « mouiller » à l’aide de pierres, demottes de terre et, plus récemment, de gaines enplastique. ■

Les irrigations fonctionnaient jour et nuit : quand j’avais 18 ans,je passais 2 à 3 nuits par semaine

pour arroser, je marchais toute la nuit dans les champs.

J’avais les jambes pleines de rosée, je crevais de froid.

Blason de la ville de Paris dans le jardin de l’usine. 2000 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo Pierre Gaudin.

Bouche en fonctionnement et irrigation du maïssur le domaine de la Ville de Paris. 2001 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y. Lacôte.

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LES COLONNESD’ÉQUILIBRE

L e réseau d’irrigation présente la particularitéde refouler de l’eau sous pression dans desconduites de distribution. C’est pourquoi les

ingénieurs ont conçu des colonnes, ou cheminéesd’équilibre. Elles permettent d’éviter les coups debélier, c’est à dire les effets d’une surpression dansles conduites suite à la fermeture d’un grand nom-bre de bouches d’irrigation, surpression pouvantprovoquer la rupture des canalisations.

Ces colonnes sont en ciment armé ; leur som-met crénelé rappelle l’architecture industrielle del’époque. Chacune est reliée au réseau par uneconduite métallique verticale et un déversoir detrop plein. En cas de surpression, l’eau montedans la colonne et un drapeau fixé sur un flotteurapparaît au sommet. Les cultivateurs ouvrent alorsdes bouches d’irrigation tandis que l’usine réduitle débit d’eau refoulé.

Mais les eaux usées jaillissent parfois des cré-neaux et détériorent les récoltes. Par la suite, l’au-tomatisation du réseau permet de réguler pressionet débit d’eau. Aujourd’hui, quelques colonnesse dressent encore, telles des phares ou des vigies, dans la plaine et au cœur même du bourgde Pierrelaye. ■

Colonne d’équilibre de la Haute-Borne. 2009 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo Armelle Maugin.

Projet pour la colonne d’équilibre des Bellevuessituée en plaine. Élévation : 14m75. 1898 © Archives SIAAP.

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UNE FERME MODÈLE

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S ur son domaine de Méry-sur-Oise, la ville deParis aménage une construction adaptée àl’élevage. L’agronome Paul Vincey et le fer-

mier organisent le fonctionnement de l’exploitationavec un double objectif : répondre aux nécessitésde l’épuration et être rentable. Le plan allie une division stricte des services et une distributionrationnelle des bâtiments. Laiterie, forge, écurieset magasins sont regroupés sous le regard dufermier tandis que la salle de préparation des ali-ments du bétail et les silos à fourrages sont amé-nagés côté champs. Les employés, 125 en 1900,sont logés au dessus des étables. À partir de 1910,on construit des maisons ouvrières à proximité.

Des étables – bouveries – édifiées à proximité de la ferme ou en plaine abritent le bétail et lesmoutons. Les matériaux permettent de conserverune température idéale de 15 à 18°. L’hygièneest facilitée par un sol pavé et par l’établissementde couloirs séparés pour l’approvisionnement, letransport du lait et l’enlèvement du fumier parwagonnets.

Bien approprié aux irrigations intensives, le ma-raîchage remplace progressivement l’élevagemais nécessite une main d’œuvre abondante. ■

Méry-sur-Oise, domaine de la Haute-Borne. Vers 1910. Collection particulière.

Moi j’ai travaillé étant gamin dans les champs :

cueillette, binette, tout à la main,c’était dur ! C’était mon argent

de poche.

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“ Les saisonniers, ils venaient de Paris ou des

alentours. Ils sarclaient, ils cueillaient les pois. Ils

balançaient un champ de pommesde terre dans la journée!

Ceux qui dormaient sur place,on les appelait barlatas.

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POUR « LE VENTRE DE PARIS »

A u prix d’un labeur acharné et d’un savoir-faire spécifique, les cultivateurs réussissentà tirer parti des eaux qui leur sont imposées.

Entre avril et octobre les saisonniers affluent, des alentours puis de province et de l’étranger :Belges, Polonais, Italiens, Yougoslaves, Tchèques,Espagnols puis Portugais, Turcs... Ils sont recru-tés pour la saison ou se louent à la journée, en-cadrés par des tâcherons. À côté du domaine dela ville de Paris où s’affairent plus de 500 per-sonnes en été, les petites exploitations familialesdominent.

À Pierrelaye, dans les années 1950, l’agriculturereste peu mécanisée. Tous vivent des épandages :approvisionneurs prospères assurant transport et vente aux Halles de Paris, exploitants, ouvriersagricoles, irrigateurs, charretiers, bouviers, vachers,mécaniciens, charrons, selliers, bourreliers, can-tonniers de la ville de Paris… ■

Paris : cultivateurs de Pierrelaye aux Halles.Collection particulière.

C’étaient les femmes quibornaient, deux rangs en mêmetemps avec une casserole au bout d’unmanche. Elles prenaient l’eau dans la rigole pour arroser les plants de choux.

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Méry-sur-Oise, la Haute-Borne : arrosage desjeunes plants avec les casseroles à borner.Collection particulière.

Mon père a fait les Halles.La charrette était complètementchargée le soir ; il se couchait dansla voiture et il dormait. Le cheval connaissait parfaitement leparcours. À 3 ou 4 heures du matinquand les Halles commençaient àpalpiter, il se levait, il allait boireun café et il vendait sur le Carreau.Au retour, on dormait encore dansla voiture à cheval parce qu’il fallaitrécupérer des forces étant donnéqu’on allait travailler toute lajournée aux champs.

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L a plaine s’apparente aujourd’hui à une mo-saïque où se côtoient des zones dégradéespar les irrigations et des zones préservées.

L’épandage a entraîné la détérioration des boi-sements antérieurs caractéristiques des sols pau-vres et sableux de la plaine, constitués à l’originede chêne sessile, chèvrefeuille, fougère, muguet.Les zones irriguées se sont dégradées par enri-chissement en matières nitratées organiques (eutrophisation). Cela a favorisé l’implantationd’espèces banales comme l’ortie ou le géranium « herbe à Robert ». Cependant, les quelques 360 plantes recensées témoignent de la biodi-versité du site. En zone sableuse, on peut remar-quer des plantes méditerranéennes rares dans leBassin parisien, comme le mélampyre à crêtes.

Espace peu fréquenté et spécifique en Île-de-France de par la présence de bassins de décan-tation riches en matière organique et en inverté-brés, donc en éléments nutritifs, la plaine offraitencore il y a quelques années des opportunitéspour les oiseaux d’eau nicheurs – vanneaux hup-pés, petits gravelots –, les migrateurs et les petitséchassiers tels les chevaliers et bécasseaux. ■

UN MILIEU ARTIFICIELFAÇONNÉ PAR L’HOMME

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Méry-sur-Oise. 2001 © Conseil général du Val-d’Oise.Photo J.Y. Lacôte.

Saint-Ouen-l’Aumône : iris des marais au drain de Liesse. 2001 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y Lacôte.

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S i le principe d’épuration agricole a fait polé-mique, c’est parce qu’il était fondé sur lecaractère ambivalent de l’eau usée : élément

fertilisant et déchet dont il faut se débarrasser. Ce double aspect a donné aux champs d’épan-dage leur image contrastée. N’est-ce pas d’ail-leurs, à l’époque, l’image même de la banlieue pa-risienne, succession de jardins et d’usines? De nosjours, sous l’effet des polluants notamment, l’eauusée a perdu sa valeur et les champs d’épandagedemeurent des lieux stigmatisés.

Les nuisances ont contribué à relancer la notionde risque, dénoncé très tôt par les hygiénistes et àinstaurer les premiers principes de précaution. Aufur et à mesure qu’apparaissaient des procédésd’épuration plus efficaces et que s’affinaient lessensibilités en matière de salubrité, on est passé

d’un souci de santé publique à des préoccupationsenvironnementales puis à la notion de développe-ment durable. La prise en compte du contextetechnique, économique, social et de son impact surla perception des risques permet désormais denuancer les propos et de relativiser les représenta-tions que l’épandage agricole a suscitées. ■

Pierrelaye. 2001 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y. Lacôte.

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QUEL USAGE POUR LA PLAINE ?

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mise en place, à Gennevilliers, d’un jardin d’essai irrigué avec l’eau deségouts parisiens.

loi du 10 juillet imposant le tout à l’égout et obligeant la ville de Paris àretraiter ses eaux usées sur des champs cultivés.

inauguration de l’émissaire général et des champs d’épandage d’Achères.

arrivée des eaux usées à l’usine élévatoire de Pierrelaye ; inaugurationdes champs d’épandage et de la ferme de la ville de Paris.

interdiction de cultiver des légumes à consommer crus sur les champsd’épandage.

mise en place de la station d’épuration d’Achères.

une redevance est imposée aux cultivateurs pour l’usage des eaux usées.

arrêt des épandages à Gennevilliers dans un contexte d’urbanisation.

constitution du Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement del’Agglomération Parisienne (SIAAP).

expropriation d’une partie du domaine de la ville de Paris au profit de l’Établissement Public d’Aménagement de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise.

règlement sanitaire départemental interdisant la culture de légumes à consommer crus sur des champs irrigués avec des eaux usées non traitées.

pré-traitement (clarifloculation) des eaux parisiennes acheminées versPierrelaye ; arrêtés interdisant temporairement la commercialisation duthym cultivé sur la plaine.

création du SIECUEP, Syndicat intercommunal pour l’Étude d’une Charted’Urbanisme et d’Environnement de la plaine de Méry-Pierrelaye.

arrêtés préfectoraux et interministériels interdisant les cultures légumièreset aromatiques sur les parcelles où ont été épandues des eaux usées.

retraitement, à Achères, des eaux usées épandues sur le site de Méry-Pierrelaye.

engagement du SIAAP à fournir de l’eau épurée aux agriculteurs pendant50 ans.

convention passée entre l’État, la Région, la Chambre interdépartementaled’Agriculture d’Île-de-France, l’Agence de l’Eau Seine/Normandie et leSIAAP qui contractualise l’engagement pour une durée de 9 ans.

arrêté du Conseil général du Val-d’Oise portant classement desboisements de la plaine (427 hectares) en zone de préemption EspaceNaturel Sensible régional. Étude engagée par le Conseil général et les services de l’État sur lesperspectives d’aménagement du site.

l’État, le Conseil général et les collectivités locales décident de créer sur la plaine une forêt de 1 000 hectares, labellisée « Grand Paris ».

Chronologie

PierrEnvirVille © Co

Pierrelaye : l’usine élévatoiredes eaux. 2002© Conseil général du Val-d’Oise.Photo Isabelle Lhomel.

Pierrelaye : récolte descarottes. 1998 © Conseil général du Val-d’Oise.Photo Pierre Gaudin.

Méry-sur-Oise : colonned’équilibre des Bellevues.2001 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo J.Y. Lacôte.

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Cette brochure a été conçue enaccompagnement de l’exposition « Eaux usées, usages de l’eau, épandageet maraîchage dans la plaine de Méry-Pierrelaye », réalisée par l’Atelier duPatrimoine et de l’Ethnologie (ARPE)Direction de l’Action Culturelle, Conseilgénéral du Val-d’Oise.

Recherches et conception :Béatrice Cabedoce, Isabelle Lhomel,Catherine Crnokrak, Sandrine RobertPhotographes : Armelle Maugin, Isabelle Lhomel,Jean-Yves Lacôte, Pierre GaudinSuivi administratif :Patricia De Lisi

Nous remercions :Le Service départemental d’Archéologie et la Direction des systèmes d’Informationau Conseil général,le Syndicat Interdépartemental pourl’Assainissement de l’AgglomérationParisienne (SIAAP),ainsi que les structures et les personnes quiont bien voulu confier photographies ettémoignages.

Conception graphique :Nathalie Ponsard-GutknechtImpression :Groupe Morault

© Conseil général du Val-d’Oise, 2012ISBN 978-2-915541-54-0Diffusion gratuite

Une période, il y avaitbeaucoup de paysans à Pierrelaye.

Mais ça a commencé à baisser en 1960 ; c’est devenu plus dur.C’étaient des petites exploitations

de 6-7 hectares et ils n’arrivaientplus à vivre. Tout s’est modernisé.

Il y a eu la concurrence de laprovince avec des transports plus

rapides. La génération d’après apréféré partir en usine. Il y en a qui

sont devenus chefs d’atelier.

Pierrelaye : cabane de cantonnier. Au fond AuroreEnvironnement, filière de retraitement des déchets de laVille nouvelle. 1995 © Conseil général du Val-d’Oise. Photo Pierre Gaudin.

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Conseil général du Val-d’Oise tél : 01 34 25 38 00Hôtel du département fax : 01 34 25 38 302, avenue du Parc www.valdoise.fr95032 Cergy-Pontoise cedex [email protected]

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