La place et le rôle des directeurs locaux au sein des ... · ASSOCIATION A LA CONCEPTION DU...
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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
La place et le rôle des directeurs locaux au
sein des nouvelles organisations des
organismes de sécurité sociale
Nicolas Demesse
Manon Fournier
Pierre Gallet
Pierre-Yves Gérard
Elodie Meissel (chef de projet)
Laura Zanin
Sous la direction de M. Philippe Georges
- Décembre 2012 -
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
3
Sommaire
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 5
RESUME ................................................................................................................................ 7
SUMMARY ............................................................................................................................. 9
INTRODUCTION ................................................................................................................... 11
I. DE L'ERE DES COMMIS A L'ERE DES DELEGUES, PERSPECTIVE HISTORIQUE DU ROLE DU DIRECTEUR D'ORGANISME DE SECURITE SOCIALE ............................................................... 15
A. « L’ERE DES COMMIS » : L’ORGANISATION INITIALE DE LA SECURITE SOCIALE, MARQUEE PAR LA
DISPERSION ET LE CLOISONNEMENT DES CAISSES HERITES DES TRADITIONS MUTUALISTES, NE FAIT GUERE DE
PLACE A LA FONCTION DIRECTORIALE (1945-1960) ......................................................................... 17 B. « L’ERE DES PATRONS » : LA CONSECRATION DE LA FONCTION DIRECTORIALE CREE UNE RUPTURE ENTRE
LA FILIERE POLITIQUE ET LA FILIERE TECHNOCRATIQUE AU SEIN DES ORGANISMES, CONFORTEE PAR
L’INSTITUTION DES CAISSES NATIONALES EN 1967 EN TANT QUE TETES DE RESEAU (1960-1996) ............. 24 C. « L’ERE DES DELEGUES » ? (1996 A NOS JOURS) : LA REFONTE DES RELATIONS ENTRE LES ACTEURS DU
SERVICE PUBLIC DE SECURITE SOCIALE SUR UNE BASE CONTRACTUELLE, POURSUIT LA TRANSFORMATION DE
L’INSTITUTION SOUS LA FORME D’UNE ORGANISATION RETICULAIRE QUI POUSSE A REDEFINIR LE ROLE DES
DIRECTEURS LOCAUX .................................................................................................................. 31
II. A LA RECHERCHE DES FACTEURS DE REUSSITE D’UNE REORGANISATION : ENTRE ADHESION, ACCOMPAGNEMENT, LIBERTES ET SATISFACTION DES DIRECTEURS ................. 43
METHODOLOGIE ....................................................................................................................... 43 L’ECHANTILLON DES DIRECTEURS LOCAUX ....................................................................................... 45 A. UNE CONSCIENCE PARTAGEE DE LA NECESSITE DE REORGANISER LE RESEAU QUI SE FONDE SUR UNE
ASSOCIATION A LA CONCEPTION DU PROJET, UN ACCOMPAGNEMENT INSTITUTIONNEL ET DES MARGES DE
MANŒUVRES LOCALES LORS DE SA MISE EN ŒUVRE .......................................................................... 48 B. SI « AUCUNE RECETTE MIRACLE » NE SEMBLE EMERGER, DES ELEMENTS DE SATISFACTION ET DES POINTS
D’AMELIORATION SONT AVANCES POUR UNE MEILLEURE ACCEPTATION ET REUSSITE DES REORGANISATIONS . 59 C. DE L’ANALYSE DES QUESTIONNAIRES NATIONAUX ET LOCAUX ON PEUT DEDUIRE LES PRINCIPALES
ATTENTES DES DIRECTEURS ET DES CAISSES NATIONALES AFIN D’AMELIORER LEURS RELATIONS ................... 68
III. DE L’ADHESION DES DIRECTEURS A UNE INSTITUTION EN RESEAU CONSOLIDEE, RATIONALISEE ET INNOVANTE. ........................................................................................... 71
A. DANS UN CONTEXTE CONTRAINT, L’INSTITUTION DOIT PROMOUVOIR DES ACTEURS DE LA PROTECTION
SOCIALE, CLEFS DE VOUTE DES ORGANISMES, ORGANISATEURS DE PARTENARIATS, MANAGERS D’EQUIPES ET
INGENIEURS DE LA PROTECTION SOCIALE ......................................................................................... 71 B. L’INSTITUTION DOIT ASSURER LE FONCTIONNEMENT D'UN RESEAU REACTIF, OU CHAQUE ACTEUR EST
PROACTIF ................................................................................................................................. 75 C. LES TETES DE RESEAU DOIVENT METTRE EN PLACE UNE GESTION CLAIRE, MODERNE ET DYNAMIQUE DU
VIVIER DES DIRECTEURS D’ORGANISMES .......................................................................................... 81
CONCLUSION ....................................................................................................................... 89
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 91
TABLE DES MATIERES .......................................................................................................... 93
ANNEXES ............................................................................................................................. 97
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Remerciements
Nous tenons à remercier l’ensemble des personnes sollicitées
pour la rédaction du présent rapport et plus particulièrement
Monsieur Philippe Georges, Inspecteur Général des Affaires Sociales
et Directeur de la recherche-action pour son accompagnement et
Monsieur Dominique Libault, Directeur de l’Ecole Nationale
Supérieure de la Sécurité Sociale (EN3S) pour son partage
d’expérience et d’opinions.
Enfin, nous souhaitons faire part de notre reconnaissance à
l’EN3S et à l’ensemble de son personnel pour nous avoir permis de
découvrir, au travers de cette démarche, la fonction actuelle de
Directeur et d’appréhender de façon réfléchie et pragmatique ses
évolutions, et ainsi de nous projeter avec enthousiasme et
responsabilité dans nos missions de demain au sein de l’institution
de la Sécurité sociale.
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Résumé
Depuis les ordonnances Jeanneney, la professionnalisation des
directeurs s’affirme en faveur d’une plus grande autonomie de gestion des
organismes locaux. Parallèlement les caisses nationales développent un
pilotage stratégique indispensable dans le cadre d’un mouvement de
restructurations des branches qui doit répondre aux nouvelles contraintes
budgétaires. Dans ce cadre, les missions des directeurs ont évolué et ces
derniers apparaissent davantage comme les acteurs territoriaux opérationnels
d’une stratégie nationale.
Aujourd’hui, si la volonté d’atteindre une organisation efficiente
d’entreprise en réseau semble être partagée par l’ensemble des acteurs, de
nombreux obstacles freinent encore cette dynamique. Le dirigeant doit
s’adapter à cette dynamique de réseau dans une relation entre niveaux national
et local renouvelée. Si un consensus semble se dégager concernant la nécessité
d’un réseau fort, clairement positionné dans ses orientations politiques et
engagé dans une démarche d’objectifs et de résultats dans le cadre des
conventions d’objectifs et de gestion, les modalités du management du réseau
doivent s’adapter aux nouvelles attentes des directeurs locaux. La fonction
stratégique de ces derniers nécessite une modernisation de la gestion des
carrières et des compétences afin de faire du dirigeant local la première force
d’un réseau efficient.
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Summary
Since the Jeanneney laws, local organisms gained more and more
autonomy in their governance giving rise to the professionalization of their
local managers. Nevertheless, at the same time the national organisms
implemented a strategic network management, including network
reorganization, in order to answer new budgetary constraints. As part of this
network strategy, missions of local managers have been evolving and they
seem to have become operators implementing a national strategy rather than
autonomous actors.
Today, all the actors of the French welfare system are sharing the same
wish for a more efficient organization. However many obstacles still lie in the
way. This leads to a renewed relationship between local and national organisms
to manage a more efficient network and a forced adaptation of the local
managers to this culture change. Even though, thanks to the conventions signed
with the state, a consensus is emerging for a strong network with clear political
orientations and process, the network and the national organisms managing it
have to take into account expectations of local managers through this cultural
change. These latters need a new governance of their own careers and skills to
be asset within the structure of the French welfare system.
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Introduction
« L’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses
utilisateurs ». C’est par cette phrase que Robert Metcalfe a souhaité démontrer
l’importance potentielle des réseaux grâce à l’utilisation des technologies de
l’information et de la communication. Deux enseignements majeurs ressortent
de la loi de Metcalfe : la richesse du réseau par l’utilisation des outils
collaboratifs augmente plus vite que le nombre d’utilisateurs. Et la loi de
Metcalfe est une loi générique qui s’applique à l’ensemble des réseaux. La
généralisation étant permise, il n’y aura donc aucun inconvénient à se saisir de
cette loi pour illustrer tout l’intérêt que représente le fonctionnement en réseau
de la Sécurité sociale. La protection sociale n’en sera que plus innovante, plus
riche, plus adaptée, bref plus moderne.
Pourtant, l’Institution Sécurité sociale ne cesse d’être en mouvement. Il est
certain que de sa création en 1945 à nos jours, la « Sécu » comme certains
l’appellent, est toujours demeurée un modèle novateur et atypique, autant par
sa distribution des pouvoirs entre conseils et directions, que par son
organisation décentralisée d’organismes autonomes. Mais en dépit de sa
jeunesse institutionnelle, la Sécurité sociale a déjà connu bon nombre de
réformes de grande ampleur visant à modifier son organisation interne, le
périmètre de son offre de service aux bénéficiaires, la répartition des pouvoirs
et ce, pour s’adapter aux changements de la société. Des ordonnances
Jeanneney du 21 août 1967 à la dynamisation actuelle de la carrière des agents
de direction, l’Institution n’en finit pas de voir sa configuration évoluer.
L’analyse de sa « dynamique interne » pour reprendre les termes d’Antoinette
Catrice-Lorey fait apparaître une institution juvénile, marquée par un héritage
qu’elle ne peut renier, et qui cherche encore sa « physionomie définitive »1.
1Catrice-Lorey Antoinette, Dynamique interne de la Sécurité sociale, 2
ème édition, Economica,
Paris, 1982
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Par touches successives, la constitution des caisses nationales, la
modernisation de la gestion de la trésorerie, l’introduction des outils de
pilotage que sont les conventions d’objectifs et de gestion, la réforme de la
nomination des directeurs d’organismes, et enfin, l’effort porté aujourd’hui à
dynamiser leurs carrières, au moins autant que les réseaux de caisses l’ont été,
ont conduit la Sécurité sociale à prendre les allures d’une « entreprise », ou tout
du moins, d’une organisation dirigée en réseau. C’est en effet toute l’ambition
affichée par l’Institution, et plus particulièrement par les différentes branches
de passer de la configuration de réseau d’entreprises au modèle de l’entreprise
en réseau.
Par rapport à la loi de Metcalfe, l’Institution présente toutefois la
spécificité de ne pas placer tous les acteurs sur un pied d’égalité. Le modèle de
l’entreprise en réseau venu du monde des organisations économiques exige que
des centres stratégiques dirigent des centres opérationnels qui appartiennent à
la même organisation réticulaire2. Certains objecteront que les organismes de
sécurité sociale reposent sur le principe d’autonomie hérité du passé.
L’application du modèle de l’entreprise en réseau et les transformations qu’il
induit ont conduit en effet à des réorganisations de l’Institution qui peuvent
bousculer des organisations ancrées dans les territoires, pas nécessairement
accoutumées au travail collaboratif et à décliner une seule et même stratégie
nationale.
Les restructurations à l’intérieur de la Sécurité sociale, dont la branche
recouvrement constitue une illustration récente, confirment le paradigme à
l’intérieur duquel les directeurs d’organismes sont placés depuis 1967. Celui
d’un réseau d’organismes qui doivent se moderniser, fonctionner et travailler
ensemble. La conduite du changement est ainsi devenue un impératif
permanent. L’adaptation aux contraintes, une injonction quotidienne.
2Cf. annexe page 100 Fiche technique du modèle de l’entreprise en réseau
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Le fonctionnement d’un réseau pour être effectif exige de ses participants
qu’ils soient tous alertes des nouvelles méthodes de travail collaboratif, qu’ils
aient tous la même visibilité sur les enjeux, qu’ils bénéficient tous des
conditions nécessaires pour évoluer simultanément. Les transformations de la
Sécurité sociale emmenées par les caisses nationales, qui sont officiellement
devenues les têtes de réseau en 1967, doivent être conduites en associant les
directeurs d’organismes qui sont la clé de voûte de la réussite du changement.
Passés du statut de simples délégués ou de secrétaires généraux des conseils
d’administration à celui d’exécutif presque exclusif des organismes, ils
constituent à la fois la filière technocratique de la Sécurité sociale, par leurs
qualités de gestion, et les vecteurs opérationnels des réorganisations. Les
différentes réformes intervenues depuis 1967 ont toutefois profondément
modifié le rôle et le statut des directeurs, au point de pouvoir les confondre
avec des « délégués des caisses nationales ».
Les exemples récents de restructurations et la diversité des projets de
rationalisation du travail collaboratif dans le réseau doivent alimenter, par les
dysfonctionnements détectés, un processus continu d’amélioration du
fonctionnement en réseau de l’institution. A l’aube d’une régionalisation
effective de la branche recouvrement, il apparaît pertinent de questionner la
qualité de la relation continue entre les niveaux nationaux et locaux qui
constituent les deux niveaux de décision essentiels de la Sécurité sociale. Selon
quelles modalités les dernières restructurations au sein de l’Institution ont-elles
été menées ? Quel est le point de vue des maîtres d’œuvre, les directeurs
d’organismes ? Et quel est l’avis des maîtres d’ouvrage, les caisses nationales ?
Le fonctionnement en réseau est-il effectif ? Quel est le positionnement des
directeurs dans l’institution au regard des réformes qui le concernent depuis les
années 2000 ? Comment peuvent évoluer les missions des directeurs
d’organismes ? Ces différents aspects interrogent la qualité du fonctionnement
en réseau dont se réclame l’Institution Sécurité sociale. La loi de Metcalfe doit
servir de référence pour se diriger vers une institution qui s’articule autour d’un
réseau d’organismes animé par des acteurs des politiques sociales.
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Ainsi, pour traiter l’ensemble des questions sous-jacentes à la qualité du
fonctionnement en réseau de l’institution Sécurité sociale, une démarche en
trois temps est envisagée. Elle débutera par une rétrospective de l’évolution du
statut et du rôle des directeurs d’organismes et tentera de décrire dans quel
contexte ces derniers évoluent (1ère
partie). Elle se poursuivra par l’analyse des
résultats d’une enquête menée auprès de plusieurs dizaines de directeurs
d’organismes ainsi qu’auprès des caisses nationales afin de saisir leur avis
quant à la qualité des réorganisations qui ont été conduites dans l’ensemble de
l’Institution (2ème
partie). Elle se conclura par une présentation des orientations
et des scénarios envisageables quant à l’évolution des missions des directeurs
d’organismes, à l’amélioration du fonctionnement en réseau de l’institution,
ainsi qu’à l’évolution de la place et du rôle des caisses nationales (3ème
partie).
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I. De l'ère des commis à l'ère des délégués, perspective historique du rôle du directeur d'organisme de sécurité sociale
Toute tentative de saisir le rôle des directeurs d’organismes dans le cadre
de la relation entre le niveau national et le niveau local au sein de la Sécurité
sociale est vaine si elle ne comporte pas une rétrospective historique du poste
de directeur depuis la mise en place des caisses en 1945. Premiers
interlocuteurs du conseil d’administration et « maître d’œuvre » des
orientations des caisses nationales, leur positionnement ambiguë traduit leur
rôle de clé de voûte des organismes.
Les réformes dédiées aux rôles et missions des directeurs ont pourtant été
nombreuses afin de sortir de l’ambiguïté et leur confier un statut autonome.
Initialement réduits à être les secrétaires généraux des conseils
d’administration, l’État s’est attaché à créer un statut hybride, afin de rendre
l’exécutif des caisses bicéphale et porter ainsi un coup d’arrêt à la souveraineté
des conseils, jugés peu soucieux de l’efficacité des choix de dépenses. Les
années 70 voient donc émerger deux filières distinctes qui ne cessent de
s’écarter l’une de l’autre. La filière politique d’une part, représentée par les
conseils d’administration, progressivement dépourvus de leurs prérogatives, et
la filière technocratique d’autre part, composée des directeurs, devenus des
professionnels des techniques de gestion. La constitution de têtes de réseau au
même moment inaugure pourtant un autre processus de transformation : la
mise en place d’un fonctionnement en réseau.
Le modèle de l’entreprise en réseau tiré de la sphère des organisations
économiques privées constitue un mode d’organisation fluide et dynamique,
composé par des éléments autonomes, unis dans la réalisation d’un objectif
commun. Ce modèle, en offrant souplesse et flexibilité, apparaît comme une
réponse aux nouvelles contraintes de notre environnement et aux objectifs de
performance et de flexibilité. Le modèle de l’entreprise en réseau dont s’est
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inspirée la Sécurité sociale se structure autour de cinq caractéristiques
principales :
- Un ensemble organisé et mouvant d’entités autonomes ;
- Des frontières d’organisation intérieures ou extérieures diluées ;
- Des entités autonomes constituant les différentes étapes d’un
processus de production ;
- Une interdépendance des entités due à la spécialisation du travail
des unités et à la répartition des ressources ;
- La poursuite d’un objectif commun animé par la satisfaction de la
demande.
La mise en place du fonctionnement en réseau dans l’institution Sécurité
sociale a ainsi donné lieu à plusieurs réformes qui se sont accélérées dans les
années 2000. Tour à tour, la rationalisation de l’organisation des réseaux de
caisses, la réforme de la nomination des directeurs d’organismes et l’effort
porté aujourd’hui à dynamiser leurs carrières, tendent à transformer le rôle et le
statut des directeurs et questionnent l’évolution de leurs missions à moyen et
long terme.
De fait, tracer une perspective historique doit permettre de dégager les clés
de compréhension du contexte contraint dans lequel évoluent aujourd’hui les
directeurs.
Trois périodes peuvent être retenues pour analyser le fonctionnement et les
mutations de cette « œuvre collective »3 et leur impact sur les directeurs de
caisses. La première est « l’ère des commis » débutant avec la Sécurité sociale
en 1945 qui s’installe dans un territoire maillé par les institutions de libre
prévoyance, et dont les instances de gestion ne font guère de place à la fonction
directoriale (A). La deuxième, « l’ère des patrons » qui renvoie à la
professionnalisation de la fonction de directeur dans l’ensemble des
organismes que les caisses nationales s’efforcent de repositionner dans un
réseau (B). Enfin, « l’ère des délégués » qui courre de 1996 à jours, marquée
3 Expression tirée du titre d’Espace social européen consacré aux 50 ans de la Sécurité sociale
(Septembre-Octobre 1995).
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par une verticalisation des relations entre le niveau local et le niveau national
qui transforme progressivement l’Institution en une organisation réticulaire, et
redéfinit la fonction directoriale (C).
A. « L’ère des commis »4 : L’organisation initiale de la Sécurité sociale, marquée par la dispersion et le cloisonnement des caisses hérités des traditions mutualistes, ne fait guère de place à la fonction directoriale (1945-1960)
« L’ère des commis » débute avec la mise en place de la Sécurité sociale
en 1945, une organisation marquée par l’héritage des institutions privées de
prévoyance, et la souveraineté des conseils d’administration en matière de
gestion des caisses (a). Ce primat accordé aux représentants des usagers est dés
lors peu compatible avec les aspirations des directeurs qui n’ont qu’une marge
de manœuvre limitée (b). Il résulte de ce mode de gouvernance cloisonné une
gestion malsaine et inefficace qui interpelle les pouvoirs publics quant aux
moyens de professionnaliser la gestion des organismes (c).
a) La sécurité sociale est créée dans un environnement marqué par le poids des institutions de prévoyance, sous la forme d’une organisation décentralisée et qui accorde la gestion exclusive des caisses aux représentants des assurés
Comme l’explique Jean-Jacques Dupeyroux5, la création de la Sécurité
sociale dans le contexte de la Libération, marqué par une volonté de
transformation sociale, poursuit un triple objectif : réaliser l’unité de la
Sécurité sociale, généraliser celle-ci à l’ensemble des personnes, et étendre les
risques couverts. Le premier objectif est crucial au vu de ce que Bruno Valat
décrit comme étant « un développement anarchique »6 des assurances sociales
de l’époque. En effet, au cours des années 30, la législation en matière de
protection sociale s’est construite par strates, tandis que le réseau des initiatives
locales a fait naître de multiples complications administratives et le
4 Voirin Michel, Les caisses de sécurité sociale et leurs pouvoirs, Paris, 1961, Librairie
générale de droit et jurisprudence 5 Dupeyroux J.-J., Borgetto M., Lafore R., Droit de la Sécurité Sociale, 17ème édition, Dalloz,
Paris, 2011 6 Valat Bruno, Histoire de la Sécurité Sociale (1945 à 196), L’État, l’Institution, et la
Santé, Broché, Paris, 2001
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développement d’actions isolées qui ne permettent pas de couvrir l’ensemble
de la population à partir d’un socle commun. Deux facteurs explicatifs peuvent
être distingués : d’une part, les assurances privées trouvent leur source dans la
loi du 1er avril 1898 aux termes de laquelle le législateur encouragea la
création de sociétés de secours mutuels qui succédèrent aux corporations
abolies en 1789. D’autre part, les lois du 5 avril 1928 et du 30 avril 1930
créèrent, pour les salariés titulaires d’un contrat de travail, une assurance pour
les risques maladie, maternité, invalidité, vieillesse et décès. Et la couverture
étant faible, c’est la prévoyance qui tient à l’époque la plus grande part sur le
champ de la protection sociale. Dès lors, à partir de 1930 on assista au
développement exponentiel des institutions de prévoyance. Ainsi, à la veille de
rédiger l’ordonnance du 4 octobre 1945, on ne compte pas moins de 589
caisses privées couvrant le risque maladie, et 389 caisses de compensation
chargées du « risque familial ». Ces dernières, nées de l’initiative de patrons
isolés versant un sursalaire familial, se sont quant à elles appuyées sur la loi du
11 mars 1932 qui rendit obligatoire pour les salariés l’adhésion aux caisses de
compensation.
Le premier défi du plan national de Sécurité sociale est donc de refondre
l’ancienne organisation des caisses. Si la préoccupation de réseau est encore
lointaine, les réflexions sur la mise en place de la Sécurité sociale font
apparaître la nécessité de repenser le maillage du territoire. Le régime général
de Sécurité sociale qui innove par sa législation unique, et non plus cloisonnée,
a dû en effet composer avec l’héritage mutualiste de caisses éparpillées.
Comme l’explique Brunot Valat, la création du régime général a vu
l’affrontement de deux tendances opposées pour l’organisation des caisses :
d’un côté, la décentralisation issue des traditions des sociétés d’assurances
privées ; de l’autre, une culture jacobine de la centralisation imposée par l’Etat
avec l’idée d’une caisse unique par circonscription. A l’issue des débats, le
législateur fait le choix d’un réseau décentralisé et hiérarchisé. Mais où chaque
caisse est investie d’une légitimité propre et donc d’une autonomie sur un
périmètre large. L’objectif est alors de réaliser une Sécurité sociale la plus
proche possible des bénéficiaires et d’organiser la gestion par les intéressés.
Le lien avec la société civile va trouver une réalité concrète à travers les
conseils d’administration des caisses qui rassemblent des représentants des
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employés et des représentants des employeurs. En 1946, les conseils
d’administration des caisses primaires et régionales de sécurité sociale étaient
composés pour les trois-cinquièmes de représentants des assurés, et pour les
deux-cinquièmes de représentants des employeurs. Au sein de conseils
d’administration des caisses d’allocations familiales, la part des représentants
des assurés était réduite à la moitié au profit des représentants des travailleurs
indépendants. Les administrateurs des caisses primaires et des caisses
d’allocations familiales étaient élus, par collèges, par les intéressés. Le principe
de la gestion par les représentants élus des intéressés a été étendu jusqu’à la
gestion quotidienne des organismes. Ainsi, aux termes de l’ordonnance du 4
octobre 1945, les conseils d’administration sont chargés de la « gestion et du
fonctionnement de la caisse ». Rien n’est encore dit au sujet des directeurs
d’organismes qui doivent se plier face au poids des conseils d’administration
dont les membres sont proches des personnels syndiqués des caisses.
b) La gestion exclusive des conseils d’administration ne laisse que peu de marges à des directeurs qui sont tout juste les « commis » des caisses
Aux termes de l’ordonnance du 4 octobre 1945 et du règlement
d’administration publique du 8 juin 1946, les organismes de sécurité sociale
sont administrés par un conseil d’administration qui est chargé « de la gestion
et du fonctionnement de la caisse ». A l’origine donc, rien n’apparaît quant aux
attributions du directeur qui doit sa nomination au Conseil, et se trouve par
voie de conséquence, lié entièrement à ce dernier. Ce qui devait relever de la
compétence propre du directeur apparaissait tout juste en filigrane dans
l’énoncé des tâches du Conseil d’administration. D’ailleurs, dans l’ordonnance,
le mot directeur ne figure que dans un article portant sur les sanctions pénales
en cas de détournement.
Ce silence quant au statut des directeurs d’organismes peut s’expliquer par
trois raisons principales. D’une part, selon Antoinette Catrice-Lorey, le modèle
mutualiste que le législateur s’est efforcé de ménager en 1945, exige que les
intéressés, les usagers, disposent de la gestion des organismes. D’autre part, les
petites sociétés de secours mutuel comptaient traditionnellement sur la
participation bénévole et collective de l’ensemble des administrateurs pour
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régler les affaires quotidiennes de la caisse. Ils étaient parfois secondés tout au
plus par un personnel subalterne. De fait, si certaines caisses se dotent d’un
directeur, ceux-ci sont systématiquement rabaissés au rang de commis des
conseils d’administration. Enfin, comme l’explique Laurent Duclos, l’occasion
donnée aux syndicats de démontrer leur sens des responsabilités via les
conseils d’administration imposait d’assurer à ces derniers leurs prérogatives,
et non de délimiter les contours de la fonction de directeur. Ainsi, « au risque
d’introduire une certaine confusion des rôles, l’expression du projet
institutionnel par les conseils devait impérativement dominer l’organisation et
l’expression du pouvoir professionnel qui s’y logeait. L’ordonnance de 1945
proposait là encore d’éviter à l’organisation le risque d’étatisme
bureaucratique »7. D’ailleurs, en 1945, aucune disposition ne faisait obligation
au conseil d’administration d’un organisme de désigner un directeur à la tête
des services.
Le législateur va créer une première fissure dans le projet institutionnel
initial pour lequel les conseils d’administration sont compétents pour les
questions de personnels et d’équipement. En effet, la loi du 22 août 1950 vient
exiger de tout organisme de sécurité sociale, qu’il se dote d’un directeur et d’un
agent comptable, ce qui ne va pas manquer d’alimenter un climat de méfiance
réciproque entre l’État et les conseils d’administration. Ainsi, aux termes de la
loi n°50-1045 du 22 août 1950 renforçant le contrôle de l’État sur les
organismes de sécurité sociale « tout organisme de sécurité sociale est tenu
d’avoir un directeur et un agent comptable, dont la désignation est soumise à
l’agrément du ministre compétent, ainsi que, en ce qui concerne l’agent
comptable, celui du Ministre des finances ». Toutefois, l’irruption de cette
première mesure contraignante en termes de gestion n’a aucun impact pour les
conseils d’administration dans la mesure où le texte ne précise nullement les
attributions ni le statut des directeurs. Dès lors, les directeurs, salariés des
conseils, ne disposent que des pouvoirs qui lui ont été confiés par le conseil
d’administration. Leur rôle se limite pour beaucoup d’entre eux à celui de
7 DUCLOS Laurent, « Le paritarisme au quotidien. La médiation du conseil d’administration
dans la production du service public »
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« commis »8 ou de secrétaires de conseils. Ce schéma institutionnel se traduit
très vite par une gestion inefficace et malsaine des caisses.
c) La gouvernance des organismes dominée par des conseils d’administration peu présents et l’absence de prérogatives des directeurs nourrit une gestion inefficace et malsaine des caisses
Le schéma institutionnel à la mise en place de la Sécurité sociale est
articulé autour du principe d’une « gestion des institutions de Sécurité sociale
par les intéressés ». Dans le contexte politique de la Libération, ce schéma
général, défini par l’État, ne prévoyait qu’une tutelle administrative légère. Le
rôle très circonscrit conféré aux directeurs de caisses est une autre conséquence
du modèle. Cependant, la relation de coopération qu’entretiennent
l’administration centrale et la Confédération générale du travail, principal
syndicat à l’intérieur des conseils d’administration de l’époque, va très vite
laisser place à un climat de méfiance réciproque. A partir de 1948, la pluralité
d’acteurs syndicaux issus de l’élection de 1947 donne lieu à une forme de
surenchère entre organisations représentatives et entraîne la politisation de
toutes les décisions, y compris les décisions relatives aux dépenses de
fonctionnement.
La diversification nouvelle du paysage syndical contraste avec la chance
offerte aux organisations en 1945 de démontrer leur sens des responsabilités, et
leur aptitude à la gestion. En effet, les organisations syndicales via leurs
représentants aux conseils d’administration cèdent toutes à une concurrence
exacerbée entre elles et perdent de vue l’intérêt du bon fonctionnement de
l’organisme. Ainsi qu’Antoinette Catrice-Lorey a eu l’occasion de le décrire
dans Dynamique interne de la Sécurité sociale, « les membres des conseils
d’administration se montrent trop accaparés par la gestion quotidienne des
promotions des salariés ou la résolution des conflits», « leurs positions cèdent
trop rapidement aux revendications des salariés ». Pire, comme l’explique
Charles Bonifay, les directeurs se retrouvent « court-circuités et accusent de
8 Voirin Michel, Les caisses de sécurité sociale et leurs pouvoirs, Paris, 1961, Librairie
générale de droit et jurisprudence
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nombreux problèmes d’autorité parmi leurs personnels »9. C’est la
conséquence directe du statut de « commis » qui est réservé aux directeurs par
les conseils d’administration : en temps de conflits entre organisations
syndicales, ils ne peuvent assurer aucun rôle de coordination. Or, toujours
selon Charles Bonifay, la montée en charge de l’activité des caisses,
l’apparition du « phénomène administratif », confronte les conseils
d’administration à de réels problèmes de gestion. Le fonctionnement des
organismes exige donc un cadre de gouvernance plus stable et conduite par des
professionnels de l’activité. Dans cette optique, la loi du 22 août 1950 oblige
les organismes à se doter d’un directeur et d’un agent comptable, mais elle ne
précise rien quant aux compétences qui doivent leur être attribuées. Elle n’en
aura pas moins fini de détériorer les relations entre les conseils
d’administration et la tutelle pour lesquelles, Jean-Jacques Dupeyroux n’hésite
pas à utiliser le terme de « guérilla »10
.
Autre difficulté, l’absence de régulation des caisses au niveau national. Le
choix fait en 1945 d’un système non hiérarchisé, porteur de la tradition
mutualiste de proximité avec l’usager, implique que le pouvoir des unités
périphériques, c’est-à-dire des organismes locaux, est premier. Et comme
l’explique Antoinette Catrice-Lorey, « une telle réunion d’éléments juxtaposés
comporte un risque de dispersion et requiert qu’une fonction de rassemblement
des expériences locales, d’élaboration d’orientations collectives,
d’autorégulation du système soit assumée au sein de l’ensemble ». Or, deux
constats peuvent être dressés au vu du fonctionnement des réseaux de caisses.
D’une part, les compétences confiées au niveau national se révèlent
insuffisantes pour assumer un pilotage effectif de l’ensemble décentralisé. La
caisse nationale créée en 1945 est un établissement public, contrairement aux
organismes dotés d’un conseil d’administration, et qui se trouve relié au
pouvoir de tutelle. De plus, elle ne joue qu’un rôle de trésorerie en assurant la
compensation financière entre les organismes sans disposer d’attributions lui
permettant d’assumer une fonction d’animation de l’ensemble. Parallèlement,
9 Bonifay Charles, Les problèmes d’autorité et de personnel dans la structure de la sécurité
sociale, UNCAF, Études, 1961 10
Dupeyroux Jean-Jacques, Introduction au numéro spécial de Droit social : La sécurité sociale
après la réforme, 1967.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
23
les caisses régionales installées entre les Caisses primaires d’assurance maladie
(CPAM) et la caisse nationale vont rapidement perdre (dès 1960) leurs
attributions au profit des CPAM et souffrent depuis 1945 du manque de
pouvoirs propres. D’autre part, on ne peut que constater le cloisonnement entre
organismes de branches différentes qui tiennent à conserver leur singularité.
Compte tenu de leur histoire respective, les caisses primaires évoluent « dans
leur propre orbite » et les CAF se « tiennent à l’écart » des CPAM. Comme
l’explique Antoinette Catrice-Lorey, les CAF « se sentent en état d’infériorité
du fait qu’elles constituent des organisations de moindre taille, et du fait
qu’historiquement elles ont eu à lutter pour faire reconnaître leurs spécificités
et leur autonomie »11
. Cela se traduit par des pratiques locales très différentes
en termes d’horaires et d’accueil du public. En outre, entre les organismes
d’une même branche, c’est l’autarcie qui domine malgré quelques tentatives de
coordination au niveau régional (à l’exemple des Relais d’Etudes Régionaux).
En somme le schéma institutionnel initial de la sécurité sociale ne paraît
guère adapté à la montée en charge de l’activité qui exige la
professionnalisation des techniques de gestion, et une clarification des rôles et
responsabilités. Les conseils d’administration, et à travers eux, les
organisations syndicales ont manqué à la responsabilité qui leur avait été
confiée en 1945 et ont généré une gestion à la fois inefficace et malsaine,
marquée par la surenchère syndicale auprès des personnels des caisses, et le
rabaissement quotidien des directeurs qui peinent à trouver leur place. La loi du
22 août 1950 signale le mécontentement d’une tutelle, soucieuse de consolider
à l’avenir le rôle du Directeur (B).
11
Catrice-Lorey Antoinette, Dynamique interne de la sécurité sociale, 2ème
édition,
Economica, Paris, 1982
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
24
B. « L’ère des patrons » : La consécration de la fonction directoriale crée une rupture entre la filière politique et la filière technocratique au sein des organismes, confortée par l’institution des caisses nationales en 1967 en tant que têtes de réseau (1960-1996)
La montée en charge de la Sécurité sociale dans le cadre d’un schéma
institutionnel peu propice à la régulation des organismes et une gestion saine et
efficace a conduit les pouvoirs publics à doter les caisses de professionnels de
la gestion (a). La nouvelle gouvernance au sein des caisses est par ailleurs
confortée par une réforme qui pose les fondements d’une organisation en
réseau, basée sur de nouveaux rapports entre les niveaux national et local (b).
Toutefois, les difficultés pour les caisses nationales à s’imposer dans cet
ensemble décentralisé témoignent de la persistance de pratiques locales initiées
par des directeurs désormais implantés et autonomes (c).
a) Le décret de 1960 opère une distinction entre une filière technocratique constituée par les directeurs devenus des professionnels de la gestion et une filière politique incarnée par les conseils d’administration
Le schéma institutionnel de la Sécurité sociale confiant la responsabilité du
fonctionnement des caisses aux conseils d’administration ne résiste pas à la
montée en charge de la Sécurité sociale et l’apparition du phénomène
administratif lié à la croissance du nombre d’allocataires et du volume
d’allocations servies. Les pouvoirs publics tentent d’imposer des contraintes
sur la gestion des caisses par la loi du 22 août 1950, en exigeant d’une part que
les caisses se dotent d’un directeur et d’un agent comptable, et d’autre part, en
imposant un cadre limitatif aux budgets administratifs. La principale lacune de
cette loi est de ne pas préciser les compétences qui doivent revenir aux
directeurs. Dans cette optique, les pouvoirs publics s’attachent à
professionnaliser le cadre de gestion des organismes. Par les dispositions du
décret du 12 mai 1960, ils tracent une ligne de démarcation qui crée de facto un
exécutif bicéphale composé du conseil d’administration et du directeur. Ce
dernier tient de la loi des pouvoirs propres, sur lesquels le conseil ne peut
empiéter. Le temps des directeurs commis des conseils est révolu, la rupture,
immédiate.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
25
Le décret du 12 mai 1960 entend doter les organismes de sécurité sociale
d’une direction investie de compétences et attributions propres pour
l’organisation et le fonctionnement de l’organisme. Les prérogatives du
directeur de l’organisme peuvent être regroupées en quatre catégories :
- Le directeur prépare et exécute les délibérations du conseil
d’administration : il lui revient, notamment, d’élaborer et de
présenter les projets de budget de gestion administrative et d’action
sanitaire et sociale ;
- Le directeur est responsable du fonctionnement et de la gestion
quotidienne des services ;
- Le directeur est doté de pouvoirs propres : il a seul autorité sur le
personnel de l’organisme et a seul compétence pour prendre les
mesures individuelles intéressant les agents (à savoir le recrutement,
l’avancement, les sanctions, etc.) ;
- Le directeur représente l’organisme en justice et dans les actes de la
vie civile dans les domaines qui relèvent de ses pouvoirs propres. Il
peut également recevoir mandat à cet effet du conseil
d’administration dans les autres matières.
Pour conforter le nouveau rôle du directeur dans l’exécutif, les pouvoirs
publics choisissent de limiter le choix des conseils d’administration (qui
continuent de nommer leur personnel de direction) en subordonnant l’exercice
de la fonction de direction à l‘inscription sur une liste d’aptitude, établie par
une commission placée sous l’égide du ministre chargé de la sécurité sociale, et
sur laquelle ne peuvent être inscrits, pour une proportion des 4/5ème, que les
anciens élèves de l’École nationale supérieure de sécurité sociale (EN3S),
anciennement Centre national d’études supérieures de sécurité sociale, crée par
le même décret de 1960.
Comme le résume Bruno Valat, la promulgation du texte s’inscrit en effet
dans un double objectif. En premier lieu, ce décret est une première condition à
l’objectif d’équilibre financier des branches dont la responsabilité incombera
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
26
sept années plus tard aux caisses nationales. Il contribue à « doter les caisses de
gestionnaires, car « la confusion des pouvoirs »12
avec le Conseil
d’administration ne permet pas de tendre vers une gestion plus saine des
organismes. En deuxième lieu, le décret du 12 mai 1960 vient clarifier la
répartition des pouvoirs au sein des organismes de sécurité sociale. Il s’agissait
de définir un périmètre de responsabilité pour le Directeur et de le doter de
prérogatives afin qu’il puisse assurer le bon déroulement des activités de
l’organisme. La rupture entre les conseils d’administration et la tutelle est
définitivement consommée : la « guérilla » dont parlait Jean-Jacques
Dupeyroux est parvenue à son paroxysme pour des conseils d’administration
qui assistent à une remise en cause complète du schéma institutionnel qui leur
avait été offert en 1945.
Du point de vue des directeurs, si le décret de 1960 inaugure un cadre
professionnel de gestion dont ils tirent profit, leurs prérogatives sont cette fois-
ci imposées par la tutelle. Ils sont de fait placés dans une situation de « double
dépendance » : d’une part, à l’égard des conseils d’administration, vis-à-vis
lesquels ils doivent toujours trouver une majorité pour l’approbation des
décisions, d’autre part, à l’égard de la tutelle qui a installé un processus très
bordé pour la nomination et le déroulement de la carrière des agents de
direction. Selon quelques témoignages recueillis par Antoinette Catrice-Lorey
auprès des anciens élèves du Centre national d’études de sécurité sociale
(CNESS), devenue École nationale supérieure de Sécurité sociale (EN3S) :
« les agents de direction sont portés à se couvrir du côté de la tutelle car c’est là
qu’ils sont le plus exposés ». Pour autant, comme l’explique l’auteur de
Dynamique interne de la Sécurité sociale, « par sa position de permanent et en
tant que spécialiste de gestion, le directeur se situe au centre du jeu et
stratégiquement placé pour en contrôler les zones de liberté »13
. Ils tirent leur
autonomie de ces zones de liberté et s’attachent à consolider cette position en
multipliant les initiatives locales en matière d’accueil du public, en matière de
12
VALAT Bruno, Histoire de la Sécurité sociale (1945-1967), L’État, l’Institution et la Santé,
Broché, Paris, 2001 13
CATRICE-LOREY Antoinette, Dynamique interne de la sécurité sociale, 2ème
édition,
Economica, Paris, 1982.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
27
gestion du risque...S’appuyant sur les prérogatives fournies par le décret, ils
tendent à devenir les « patrons » des caisses.
b) La professionnalisation de la gestion des caisses est confortée par la réforme de 1967 qui pose les fondements d’une organisation en réseau inaugurant de nouveaux rapports entre le niveau national et le niveau local
Le décret du 12 mai 1960 a été l’occasion pour la tutelle d’imposer des
« patrons » à la tête des organismes afin de se diriger vers une gestion
professionnelle, saine et efficace. Les directeurs se trouvent toutefois
responsables d’organismes décentralisés sans aucun pilotage effectif de
l’ensemble du réseau au niveau national. Le souci d’améliorer la situation
financière de la Sécurité sociale conduit la tutelle à envisager une nouvelle fois
le niveau de coordination pertinent. Elle accepte dans un premier temps la
constitution de fédérations nationales qui se chargent de coordonner l’action
des organismes : la Fédération Nationale des Organismes de Sécurité Sociale
(FNOSS) et l’Union Nationale des Caisses d’Allocations Familiales (UNCAF).
La première, initiée par la Confédération générale du travail (CGT) dès 1946,
comme le lui permettait l’ordonnance du 4 octobre 1945, devient rapidement
l’expression de l’Institution décentralisée. Jusqu’en 1967, la FNOSS s’efforce
de créer les conditions d’une coordination entre les caisses en faisant circuler
l’information et en ayant un rôle d’assistance technique auprès d’elles (à
l’exemple de la mise en place d’une aide « organisation et méthodes » pour la
modernisation des services). Toutefois, le fonctionnement de la FNOSS exclut
toute forme de hiérarchie, et ses seuls leviers pour coordonner l’action des
caisses désormais attachées à leur autonomie, sont la concertation et
l’incitation. De fait, ses orientations demeurent pour une bonne partie d’entre
elles peu suivies. En témoigne l’exemple des feuilles de soins : malgré les
incessantes tentatives de coordination, pas moins de 80 modèles différents
existent sur le territoire. C’est donc devant l’échec de la tentative
d’autorégulation que la réforme de 1967 intervient en créant de nouvelles
structures.
L’instauration de trois caisses nationales et la séparation des risques
décidée en 1967 annonce un repositionnement de l’ensemble des organismes.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
28
Les caisses nationales se voient attribuer une responsabilité majeure : assurer
l’équilibre financier du risque. L’équilibre financier invoqué devient à partir de
1967 la préoccupation majeure qui sera mise en avant pour les futures
réorganisations structurelles de la Sécurité sociale. Parallèlement, le dispositif
s’accompagne de la création d’une Agence Centrale des Organismes de
Sécurité Sociale, l’ACOSS, chargée par la loi du 31 juillet 1968 de la
centralisation et de la gestion commune des ressources du Régime général.
Pour mener à bien leurs missions de tutelle, les caisses nationales se voient
dotées d’outils. Pour ne parler que du risque maladie, la Caisse nationale
d’assurance maladie (CNAM) s’est vue octroyer un droit de regard sur le
fonctionnement des organismes, un pouvoir qui apparaît vite comme un « relais
de la tutelle étatique »14
. La CNAM, comme l’ensemble des caisses nationales,
est en effet flanquée d’un statut d’établissement public à caractère
administratif, et se voit soumise aux contrôles des Ministres des affaires
sociales et de l’économie et des finances.
Les outils confiés aux têtes de réseaux nationales doivent leur permettre
d’assurer l’équilibre financier de leurs branches. Ainsi, en plus d’un droit de
regard sur le fonctionnement des organismes locaux, le niveau national peut
prescrire au niveau local les mesures nécessaires pour assurer l’équilibre de
leurs gestions. Si ces mesures ne voyaient pas le jour, la caisse nationale peut
se substituer au conseil d’administration de la caisse primaire et ordonner la
mise en application des mesures qu’elle estime nécessaires pour rétablir la
situation financière. Cette nouvelle subordination s’applique également à des
fonctions support comme l’informatique, où l’élaboration des plans
informatiques nationaux par branches doivent conduire à homogénéiser les
pratiques, faciliter les échanges entre organismes réduire les dépenses de
gestion. Enfin, les ordonnances Jeanneney confient aux caisses nationales une
mission d’inspection (à l’exemple de la mission de liaison de la CNAM de
1975) au sein des organismes de base. Au final, ces fonctions introduites
depuis 1967 au profil des caisses nationales sont de nature à « accroître la
14
VALAT Bruno, Histoire de la Sécurité sociale (1945-1967), L’État, l’Institution et la Santé,
Broché, Paris, 2001
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
29
structuration verticale de l’ensemble et hiérarchiser les rapports avec les unités
locales » pour reprendre les termes d’Antoinette Catrice-Lorey.
La réforme de 1967 s’inscrit dans la perspective ouverte par le décret de
1960 et le complète. La ligne de démarcation tracée entre les conseils
d’administration et les directeurs visait à professionnaliser le cadre de gestion
des organismes et éviter les dérives de la gestion malsaine des organisations
syndicales. Dans ce cadre, la réforme de 1967 s’efforce de donner une direction
à chacune des branches du régime général afin de réguler l’activité et le
fonctionnement de l’ensemble des organismes. Les ordonnances Jeanneney ont
ainsi jeté les fondements d’une institution qui doit désormais fonctionner en
réseau et basée sur des exécutifs locaux qui doivent se conformer sur quelques
domaines aux directives de leurs têtes de réseau. Cette réforme a toutefois
constitué une forme d’acculturation pour de nombreux directeurs, désormais
« patrons de leurs caisses », résolus à préserver leur champ de prérogatives.
c) Les difficultés pour le niveau national à s’imposer témoignent de l’ancrage des pratiques locales initiées par des Directeurs locaux désormais implantés et autonomes
La substitution de quatre caisses nationales spécialisées à la caisse unique
nationale créée en 1945 a constitué une rupture significative dans le paysage de
l’Institution. Elles apportent une assistance technique significative aux caisses
locales qui cherchent des outils susceptibles d’améliorer leur gestion.
Toutefois, la réforme de 1967 n’a pas manqué de susciter des réactions
négatives parmi les directeurs d’organismes. En effet, les ordonnances
Jeanneney ont fait sortir les caisses de base du seul champ de la libre adhésion
à une organisation nationale pour les replacer dans le cadre d’un réseau piloté
par le niveau national, qui entretient une relation directive avec elles. Ainsi, les
particularismes locaux forgés depuis 1945, qui pour la plupart se sont érodés au
cours du temps, ont néanmoins encouragé à des réactions de « sensibilité
épidermique » face à toute forme « d’ingérence » du niveau national. D’après
les enquêtes menées par Antoinette Catrice-Lorey auprès des directeurs
d’organismes locaux, il ressort que la caisse nationale leur est vite apparue
comme une organisation floue et éloignée des organismes de base. Plusieurs
éléments concourent à cette image entretenue par les caisses locales : la
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
30
composition des équipes des caisses nationales, pas assez représentatives du
réseau et composées de quelques fonctionnaires, ou encore un manque
d’écoute du niveau national.
Deux éléments dans la stratégie des caisses nationales vis-à-vis des
organismes de base sont apparus comme déterminants dans la nature des
relations entre les deux niveaux. D’une part, la mise en œuvre dans toutes les
caisses d’un plan informatique national. Toujours selon Antoinette Catrice-
Lorey, « si l’élaboration d’un modèle centralisé était nécessaire, la manière peu
démocratique dont a été conçue cette planification au départ, l’intervention
propre de spécialistes, acteurs extérieurs à l’Institution qui sont entrés dans le
jeu, ne sont pas étrangers au fait que l’organe national soit perçu par la base
comme « une seconde tutelle » ». De plus, chacune de leur côté, les caisses
avaient, bien avant la mise en œuvre du plan, développé des projets
informatiques propres. D’autre part, les directeurs d’organismes de base ont pu
reprocher aux caisses nationales de ne pas assurer le niveau de concertation
qu’il était légitime d’attendre du niveau national sur une multitude de sujets
comme l’informatique. Sur ce point, la CNAF se distingue toutefois de la
CNAM en ce qu’elle s’est attachée à promouvoir une collaboration étroite avec
le niveau local. La concertation « existe de manière permanente,
institutionnalisée, et est organisée en vue d’assurer une circulation des
échanges dans les deux sens »15
.
Une autre hypothèse consiste à rappeler que la portée prêtée par certains au
décret du 12 mai 1960 est erronée. Ce dernier avait assis le pouvoir des
directeurs en faisant de ces derniers les responsables quasi exclusifs de la
gestion des caisses. Or, la mise en place d’un fonctionnement en réseau en
1967 constitue une acculturation pour des directeurs, habitués à fonctionner
désormais de manière autonome. Cette autonomie est double : autonomie dans
la gestion et l’administration de la caisse, autonomie pour lancer des initiatives
en matière de gestion du risque, d’accueil du public...etc. De 1960 à 1967, le
développement des pratiques locales propres à des directeurs qui impriment
chacun un style différent de gestion a servi une représentation de dirigeants de
15
CATRICE-LOREY Antoinette, Dynamique interne de la Sécurité sociale, 2ème
édition,
Economica, Paris, 1982
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
31
la sécurité sociale, indépendants, responsables sur tout le champ d’activités de
la caisse. Ainsi, la persistance de pratiques locales, la résistance de plusieurs
directeurs aux directives nationales, ou encore les complaintes par rapport à un
niveau national de plus en plus présent soulignent la prégnance de cette
représentation des directeurs. La branche famille constitue notamment un
exemple significatif : il a fallu attendre 1999 pour que l’ensemble des caisses
d’allocations familiales s’approprient toutes le même système d’information et
que fusionnent l’ensemble des modèles informatiques : « Mona », celui propre
à la caisse mâconnaise, et le modèle de la région Ile-de-France. L’opposition de
quelques directeurs à leurs têtes de réseau s’expliquerait donc par une
interprétation maximaliste du décret de 1960 mais qui donne une image
erronée de la réalité du fonctionnement de l’Institution
La réforme de 1967 a constitué une grande étape dans la constitution d’une
organisation en réseau, articulée autour des organismes locaux qui mettent en
œuvre une stratégie et que s’efforcent de piloter les caisses nationales.
Néanmoins, la moindre capacité du réseau à intégrer l’ensemble des caisses
dans un contexte budgétaire de plus en plus pressurisant mobilise les pouvoirs
publics et les caisses nationales pour entreprendre une réforme de la
gouvernance de l’institution.
C. « L’ère des délégués » ? (1996 à nos jours) : la refonte des relations entre les acteurs du service public de sécurité sociale sur une base contractuelle, poursuit la transformation de l’Institution sous la forme d’une organisation réticulaire qui pousse à redéfinir le rôle des directeurs locaux
La distinction d’une filière technocratique incarnée par les directeurs de
caisses et d’une filière politique représentée par les conseils d’administration
n’a pas permis de résoudre l’ensemble des difficultés de gestion des
organismes. La montée en charge des caisses nationales depuis 1967 n’a pas
non plus permis d’atteindre un fonctionnement en réseau véritable. La période
qui courre à partir de 1996 ouvre une troisième et nouvelle ère et donne une
impulsion nouvelle à la Sécurité sociale. En premier lieu, l’État, pressé par un
contexte financier déjà très préoccupant, s’attache à clarifier la gouvernance
des réseaux d’organisme et inaugure de nouvelles relations contractuelles avec
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
32
les caisses nationales afin de « donner un nouvel essor à la démarche
d’évaluation de l’Institution à travers les conventions d’objectifs et de gestion »
(a). En deuxième lieu c’est ensuite au tour des caisses nationales de poser les
bases d’une nouvelle structuration des réseaux d’organismes, élément clé de la
culture professionnelle, en introduisant un lien vertical direct entre le Directeur
général de la tête de réseau et les directeurs d’organismes dans le processus de
nominations (b). Enfin, les caisses nationales, encouragées par le Parlement, les
corps d’inspection et les juridictions financières ont conduit des opérations de
transformations des réseaux de caisses sur le modèle d’une organisation
économique réticulaire qui conduit progressivement à faire des directeurs des
« délégués » du niveau national sur des territoires (c).
a) L’instauration d’une relation contractuelle nouvelle entre acteurs en charge du service public de sécurité sociale consolide les bases d’un fonctionnement en réseau
Dans un contexte économique contraint et incertain, l’État a souhaité
clarifier la répartition des responsabilités dans l’administration du service
public de Sécurité sociale et s’est attaché à consolider la position les caisses
nationales vis-à-vis de leurs réseaux respectifs. On trouve une formulation très
claire de cet objectif dans le rapport au Président de la République relatif à
l‘ordonnance n°96-344 du 24 avril 1996 : « le projet d’ordonnance vise tout
d’abord à inscrire dans un cadre clair et stable l’exercice des responsabilités
respectives de l’État et de la Sécurité sociale. A cette fin, il institue une
démarche contractuelle au cœur de leurs relations. Dans le respect des lois de
financement de la Sécurité sociale, le projet d’ordonnance prévoit ainsi la
conclusion de conventions pluriannuelles d’objectifs et de gestion. Ces
conventions visent à accroître l’autonomie de gestion des caisses et à renforcer
le partenariat entre les parties signataires ». Cette évolution pouvait apparaître
comme logique au vu de la montée en puissance des caisses nationales depuis
les ordonnances Jeanneney. Comme l’explique Roland Ruellan, « la création
des caisses nationales dotées de pouvoirs importants devait nécessairement
avoir des conséquences sur la nature et les modalités des relations entre la
puissance publique (…) et la responsabilité du pilotage administratif a peu à
peu été transférée aux caisses nationales par l’État (…) ».
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
33
Ainsi, toujours selon Rolande Ruellan « les caisses ont vu croître leurs
moyens de gestion et leur capacité à agir quand ceux de l’État stagnaient. Ce
renforcement de compétences s’est opéré dans les domaines budgétaire et
informatique. Et la montée en charge des pouvoirs de contrôle des caisses
nationales sur les organismes de leur réseau a tendu à faire de ceux-ci, au
moins sur le plan de la gestion administrative et financière, des établissements
déconcentrés des caisses nationales, impactant ainsi l’action des DRASS ». Le
législateur a pris en compte ces évolutions en allégeant aux termes de la loi du
25 juillet 1994 relative à la Sécurité sociale « la tutelle sur les organismes ».
Elle a alors définitivement confié aux caisses nationales l’approbation des
budgets des caisses locales et des établissements qu’elles gèrent. Dans le même
temps, un nouveau chapitre de cette loi contrôle a posteriori énonce désormais
que « l’autorité compétente de l’Etat exerce sur les organismes de sécurité
sociale un contrôle destiné à évaluer l’efficacité de l’action de ces organismes
au regard des objectifs fixés par eux-mêmes et par l’Etat »16
. Les caisses
nationales concluent en effet un Contrat Pluriannuel de Gestion (CPG) avec
chacun des organismes de la Branche, le CPG étant la déclinaison de la COG.
C’est l’occasion pour les directeurs locaux de fixer les orientations stratégiques
de l’organisme, les objectifs en termes de productivité et de qualité et ses
indicateurs, ainsi que de négocier le niveau des ressources allouées. La
négociation du CPG constitue un temps fort pour chaque organisme et rythme
le fonctionnement de la branche dès la conclusion de la COG.
Si l’État s’est désengagé du pilotage administratif du service public de
Sécurité sociale, il n’en demeure pas moins très attentif quant à la qualité de
gestion des caisses nationales et pose un certain nombre de conditions à ce
transfert de responsabilités. Les COG sont signées pour le compte de chaque
organisme national par le président du conseil ou du conseil d’administration et
par le directeur général ou le directeur pour une période minimale de quatre
ans. Elles détaillent les objectifs en matière de gestion du risque, ainsi qu’en
matière de service des prestations. On y trouve également les objectifs liés à
l’amélioration de la qualité de service aux usagers, et les données budgétaires
16
Ruellan Rolande, « La Sécurité sociale du contrôle à l’évaluation », DREES, Échanges
santé-social n°103, octobre 2001, pp. 65-70.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
34
de gestion administrative. Ces COG donnent ensuite lieu à des Contrats
Pluriannuels de Gestion (CPG) passés entre les organismes de base et leurs
têtes de réseau.
Chaque COG arrivant à son terme fait l’objet d’un bilan d’exécution et
d’une évaluation minutieuse des résultats, dont la conduite a été détaillée dans
la circulaire DSS du 5 octobre 1998, relative à l’évaluation par les DRASS des
COG. La Cour des Comptes et l’Inspection générale des affaires sociales sont
également chargées de porter un avis sur le bilan des COG et la nature des
orientations fixées par l’État avec les caisses nationales. Sur ce point, leurs
remarques sont de nature à améliorer la précision, et l’ordre des objectifs fixés
aux branches du régime général ainsi qu’aux autres régimes. Par ailleurs, un
pan entier des COG est dédié aux systèmes d’information afin de consacrer des
objectifs liés à l’homogénéisation et la modernisation des outils informatiques.
Il donne lieu par la suite à la rédaction des schémas directeurs des systèmes
d’information pour chacune des branches et chacun des régimes.
Les deux « nouveaux avatars du contractualisme »17
des ordonnances Juppé
de 1996 pour reprendre les termes de C.A. Garbar, ont donc définitivement
positionné les caisses nationales comme des centres décisionnels par rapport à
des organismes qui évoluent au rythme de la branche comme des centres
d’exécution.1996 constitue une date clé pour l’édification du réseau de la
Sécurité sociale. Le modèle de l’organisation réticulaire implique que le réseau
soit animé par un seul et même centre stratégique, garant du respect des
orientations par l’ensemble des unités qui le composent. A partir de 1996, les
caisses nationales qui négocient directement avec l’État les objectifs de la COG
sont désormais les centres stratégiques et les organismes locaux des centres
opérationnels tout en participant à la réflexion de la branche. Les indicateurs de
suivi des objectifs présents dans la COG et dans les CPG consolident la
position de tête de réseau des caisses nationales, garantes des exigences
stratégiques de leurs branches. Conscientes de cet impératif et des difficultés
liées au pilotage de l’ensemble d’organismes, les caisses nationales se tournent
alors vers la réorganisation et l’adaptation du réseau des caisses.
17
Garbar C.-A., Les COG, nouvel avatar du contractualisme, Dr soc., 1997.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
35
b) La réforme particulière à la branche maladie de 2004 avec ses modalités nouvelles de nomination des directeurs d’organisme étendue aux autres branches ouvre la voie à un repositionnement des directeurs d’organismes vis-à-vis de la « tête de réseau »
Les modalités de nomination des directeurs d’organismes sont radicalement
changées depuis l’installation des organismes en 1945. Une seule règle en la
matière demeure : les directeurs et l’ensemble du personnel de direction
(directeur-adjoint, sous-directeur, secrétaire général) ainsi que les agents
comptables sont liés à l’organisme par un contrat de travail et ne sont pas
nommés par décret ou arrêté.
A l’origine, les directeurs étaient les salariés des conseils d’administration,
ce qui signifie qu’il détenait uniquement les pouvoirs qui lui avaient été
délégués. Cette position subordonnée correspond à la logique initiale qui a
prévalu en 1945 à savoir la souveraineté totale des conseils d’administration.
Les modalités de nomination du personnel de direction des organismes étaient
donc à la discrétion des conseils d’administration qui n’étaient pas soumis à
une réglementation de la tutelle. Le choix des conseils se portait naturellement
sur des personnes en accord avec leurs stratégies et leurs choix de dépenses.
Dans Dynamique interne de la Sécurité sociale, Antoinette Catrice-Lorey a
l’occasion de souligner les effets néfastes de la collusion syndicale formée avec
le temps entre les conseils et les directeurs salariés. Le décret de 1960 relatif
aux pouvoirs propres des directeurs a constitué une première fracture avec les
conseils d’administration qui cessaient d’être les délégants exclusifs. Il n’en
demeure pas moins que ce modèle de gouvernance des organismes a perduré
après 1960 et a interrogé la tutelle sur la pertinence des modalités de
nomination. Comme l’explique Jean-Jacques Dupeyroux : « les conseils livrés
à eux-mêmes ont eu tendance à promouvoir sur place des agents connus ou à
privilégier telle ou telle appartenance syndicale »18
. Il ressort en effet de cette
configuration, un cadre peu propice à une gestion saine et responsable des
organismes.
Deux limites ont été apportées au libre choix des conseils d’administration,
l’une propre à la qualité des agents de direction, l’autre relative aux conditions
18
Dupeyroux Jean-Jacques, Droit de la sécurité sociale, 17ème
édition, Dalloz
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
36
de sélection. D’une part, les agents éligibles pour composer le personnel de
direction doivent être obligatoirement recrutés parmi les personnes inscrites sur
une liste d’aptitude établie annuellement par le ministre par catégories
d’organismes et d’emploi, et sur laquelle, en principe, ne peuvent être inscrits,
pour une proportion des 4/5ème, que les anciens élèves de l’École nationale
supérieure de Sécurité sociale (EN3S). De plus, la nomination de ce personnel
est soumise à l’agrément du ministre chargé de la sécurité sociale ou sur
délégation, du préfet de région.
D’autre part, trois réformes sont venues limiter l’amplitude de choix des
conseils d’administration. Tout d’abord, l’ordonnance du 24 avril 1996 a
associé la caisse nationale à la nomination du personnel de direction des
organismes. Selon le rapport de la Cour des Comptes de 1999 consacré à la
Sécurité sociale, « le directeur de la caisse nationale intervient dans le
descriptif du poste rédigé et signé par lui et par le président du conseil de
l’organisme recruteur, dans l’évaluation des candidats originaires de sa
branche, il participe au comité des carrières qui sélectionne les candidats jugés
adéquats au profil du poste à pourvoir (créé par la même ordonnance et
composé entre autres des quatre directeurs des caisses nationales afin de
donner un avis sur l’adéquation de chaque candidature à un poste), il établit la
liste des trois candidats qu’il propose au choix du conseil d’administration, et
enfin il nomme le candidat retenu par cette instance ». Par la suite, la loi du 13
août 2004 a modifié pour les seuls organismes de la branche maladie les
modalités de nomination des directeurs et agents comptables : le directeur
général de la CNAM nomme directement ces personnels après avis du comité
des carrières et après en avoir informé le conseil de l’organisme concerné qui
peut s’y opposer à la majorité des 2/3 de ses membres. De plus, il peut mettre
fin à leurs fonctions, hors procédure disciplinaire, dans le cadre prévu par la
convention collective et après avis du conseil. Le vote de la loi Hôpital,
patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009 a constitué la troisième
et dernière étape. Aux termes du décret n°2010-1059 du 6 septembre 2010
relatif aux modalités de nomination et de cessation de fonctions des directeurs
et agents comptables des organismes de sécurité sociale, les directeurs de
caisses nationales nomment les directeurs et agents-comptables des organismes
locaux après concertation avec le président du conseil d‘administration de
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
37
l’organisme et après avis du comité des carrières. Ils en informent
préalablement le conseil d’administration qui peut s’y opposer à la majorité
des 2/3 de ses membres. Par ailleurs, il est possible de mettre fin aux fonctions
de directeur ou d’agent comptable pour un motif tiré de l’intérêt du service par
le directeur de la caisse nationale après avis du président du conseil
d’administration de l’organisme et sous les garanties de reclassement offertes
par la convention collective.
Comme l’explique Jean-Jacques Dupeyroux, « Ces différentes dispositions
ont retiré aux conseils leurs pouvoirs essentiels : la nomination du directeur et
de l’agent-comptable. Elles ont été adopté dans une optique de
professionnalisation du recrutement ». Ces mesures sont en effet de nature à
accroître le fossé entre la filière technocratique constituée par les agents de
direction et la filière politique des conseils d’administration. Les caisses
nationales ont créé un lien vertical direct entre leurs directions et la direction
des organismes : elles ont ainsi consolidé leur gestion du réseau tout en
réduisant les pouvoirs laissés aux conseils d’administration. La dernière étape
que certains acteurs appellent de leurs vœux serait de faire des personnels de
direction des salariés des caisses nationales et donc de formaliser la relation de
subordination.
La loi de 2004 relative à l’assurance maladie a constitué un signe fort dans
la refonte du réseau des caisses primaires d’assurance maladie. Couplée à la
réforme de 1996, l’assurance maladie s’est dirigée plus vite que les autres
branches vers un fonctionnement en réseau, articulé autour d’une caisse
nationale qui définit des orientations stratégiques, et qui peut positionner les
agents de direction qui les mettront en œuvre. Après le décret de 2010, les
caisses nationales voient donc comme pour l’assurance maladie leur autorité de
« centre stratégique » confortée vis-à-vis de leurs réseaux respectifs
d’organismes qui sont des « centres opérationnels ». Replacée dans le cadre de
l’instauration des CPG, la réforme de la nomination des directions tend
parallèlement à décloisonner le vivier des directeurs et à faire de ces derniers
davantage des délégués du niveau national.
Le cadre défini après 2010 porte donc un coup d’arrêt aux relations étroites
entre directeurs et syndicats, et tend à éviter l’inertie de l’exécutif des caisses,
ce qui offre un cadre propice à une gestion plus saine et responsable des
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
38
organismes. Au-delà du statut des directeurs, les caisses nationales se sont
également attachées à refondre la structuration et le maillage historiques des
organismes afin de tendre vers un fonctionnement en réseau plus efficace.
c) Les restructurations des réseaux d’organismes engagées depuis le milieu des années 2000 s’inscrivent dans la démarche de transformation de la Sécurité sociale en une organisation réticulaire qui conduit à faire des directeurs des délégués du niveau national poursuivant un objectif commun
Parallèlement à la refonte des modalités de nomination des personnels de
direction, les caisses nationales se sont engagées depuis le début des années
2000 dans un processus de transformation de la structuration historique des
réseaux d’organismes. Le maillage du territoire avait constitué en 1945 le point
de cristallisation entre le législateur et les institutions de libre prévoyance.
D’ailleurs, le projet initial d’installer une caisse unique de sécurité sociale par
département n’a pas résisté longtemps face au « lobby » des caisses de
compensation soucieuses de maintenir leurs spécificités.
A l’aube des années 2000, plusieurs enjeux relatifs à la structuration
historique de l’Institution ont mobilisé les caisses nationales et ont été fixés
dans les conventions d’objectifs et de gestion. La contrainte économique a été
l’enjeu premier et le plus prégnant. L’accumulation des déficits publics et
l’impact politique du sujet de la dette publique ont conduit à l’État à associer
les caisses nationales à l’effort de réduction des coûts de gestion. Les COG ont
ainsi été le levier pour inscrire la performance parmi les objectifs de
l’institution. Et des objectifs de performance apparaissent sous la forme
d’indicateurs dans la COG et sont ensuite déclinés dans les CPG. La qualité du
service aux assurés est le deuxième enjeu. Les « intéressés » qui étaient les
responsables du système, il y a 50 ans, sont devenus la finalité et l’approche
clients est désormais au cœur des engagements de la Sécurité sociale. L’enjeu
de la qualité de service s’est par ailleurs décliné sous deux aspects : celui de
l’homogénéité de l’offre aux assurés, et celui du maillage du territoire. Dans le
cadre de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la
Sécurité sociale sur l’organisation et le coût de gestion des branches de la
Sécurité sociale (MECSS), le député Jean-Pierre Door expliquait que la
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
39
« question de la carte de l’implantation des réseaux des branches du régime
général et celle de l’éventuelle fusion d’organismes locaux sont devenues des
questions taboues (…) mais que le nombre excessif d’organismes (…) peut
mettre en cause l’égalité de traitement des usagers ». Le député juge en effet
que la carte des organismes « n’a pas tiré toutes les conséquences des
profondes évolutions démographiques, économiques, et sociales intervenues »
depuis la mise en place de la Sécurité sociale. La différence de ratios de
cotisants entre les seules CPAM suffit à illustrer les problèmes de répartition
des caisses. Comme l’explique Monsieur Door, ce ratio de cotisants « peut
varier d’un facteur 1 à 22 ». Le rapport parlementaire pointe également les
conséquences négatives liées à un réseau pléthorique peu adapté à son
contexte : « il nuit tout d’abord à la bonne mutualisation des moyens, il gêne
ensuite le pilotage du réseau, et peut mettre enfin en cause l’égalité de
traitement des usagers ». « Ainsi, s’agissant de la branche famille, le bilan de la
dernière COG fait par la Direction de la Sécurité sociale (DSS) rend compte, en
matière d’action sociale et de vérification des droits, de l’absence de règles
communes entre les CAF, conduisant à traiter différemment les dossiers de
personnes pourtant géographiquement proches et dont les situations au regard
des textes sont également très voisines ».
Ces enjeux ont pressé les caisses nationales à engager une réflexion sur les
restructurations possibles de leurs réseaux d’organismes. Deux axes de
réorganisation ont donc été envisagés.
La mutualisation est le premier axe de rationalisation du réseau
d’organismes et désigne la mise en commun entre plusieurs organismes d’une
activité, d’une mission ou d’une fonction qui deviennent de fait
interdépendants. La création de l’UCANSS en 1970 en est la meilleure
illustration. Plus récemment, de nombreux organismes des branches famille et
maladie se sont lancés dans des projets de mutualisation de services support
comme le service paye ou la gestion de la formation du personnel. Certains
organismes ont même tenté de mutualiser les activités de pilotage. L’exemple
de l’expérimentation de la CNAM pour la branche AT-MP est ici significatif :
il s’agit de regrouper au niveau régional le pilotage de fonctions et d’activités
dirigées jusque-là par les caisses locales. Le service médical de la région Île-
de-France des maladies professionnelles a ainsi constitué un pôle d’expertise
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
40
pour la reconnaissance des maladies professionnelles et la fixation du taux
d’incapacité. Les caisses primaires continuent, en amont, de réceptionner les
demandes et de réaliser l’instruction administrative du dossier et, en aval,
d’assurer le suivi de l’indemnisation ; tandis que le pôle régional prend les
décisions après examens des dossiers. Cette initiative a permis de réduire les
écarts interdépartementaux du taux de reconnaissance des maladies
professionnelles, mais également d’améliorer la qualité du service par
l’homogénéisation des décisions de reconnaissance. Les mutualisations
développées dans l’ensemble de l’Institution sont ainsi très nombreuses. Les
COG actuelles et futures pour l’ensemble des branches fixent d’ailleurs des
objectifs en matière de mutualisation. Ainsi, aux termes de la COG Etat-
Assurance Maladie actuellement en vigueur, deux opérations de mutualisation
doivent être conduites chaque année au sein de la branche.
La fusion d’organismes constitue le deuxième axe de restructuration. En
pratique, deux étapes peuvent être distinguées : la fusion juridique des
organismes qui consiste en la création d’une seule entité à partir de plusieurs
organismes de base ; et la réorganisation des centres de production et du réseau
d’accueil. La fusion d’organismes, qui a pendant longtemps constitué une
question taboue devant la structuration historique des réseaux d’organismes, a
deux objectifs principaux. D’une part, rationaliser les implantations en vue
d’améliorer l’accessibilité des différents points d’accueil et de réduire les écarts
de ratios de cotisants. D’autre part, la fusion doit permettre d’atteindre une
taille critique efficiente. Il s’agit de déterminer un niveau de regroupement
pertinent afin d’améliorer le pilotage des organismes et de réaliser des
économies structurelles. La mutualisation peut donc paraître ici
complémentaire de la fusion d’organismes. Car la mutualisation des activités,
aussi opérationnelle et porteuse d’économies qu’elle puisse être, ne permet pas
nécessairement d’améliorer les capacités de pilotage de la branche. Une
réduction du nombre d’organismes au profit d’entités de plus grande taille
permettait de restructurer le réseau autour des caisses nationales et donc de
faciliter le pilotage du réseau par ces dernières. En dehors des réflexions
internes à l’Institution, la Cour des comptes et l’Inspection générale des
affaires sociales ont, à plusieurs reprises, appelé au regroupement d’organismes
locaux dont elles évaluent la progression chaque année. Ce mode
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
41
restructuration a concerné récemment plusieurs branches. L’assurance maladie
en premier lieu qui s’est efforcée dès 2005 de mettre en œuvre la
départementalisation et de réduire le nombre de CPAM de 123 à 101. C’est
également la voie empruntée par la branche famille à partir de 2008. La COG
avait alors fait de « l’unicité de la branche dans le département » un objectif clé
pour faire des CAF l’interlocuteur unique des conseils généraux dans chacun
des départements. Il s’agissait également de simplifier le pilotage grâce à un
nombre réduit d’organismes, et de supprimer des organismes de taille trop
réduite. Enfin, du côté de la branche recouvrement, une fois la
départementalisation achevée, l’ACOSS a engagé en 2010 le processus de
régionalisation afin de créer 22 URSSAF régionales qui disposent du poids
nécessaire pour influer sur le contexte économique régional.
Ces transformations tendent à modifier la physionomie et le
fonctionnement de la Sécurité sociale. Le regroupement des ressources
d’expertise et d’informations doit permettre de faciliter le pilotage des
activités, et de développer des leviers d’action plus efficaces. Les Directeurs à
la tête des organismes restructurés et approchant d’une taille critique gagnent
en autonomie pour mettre en place des initiatives qui ont davantage d’impact
sur un territoire. L’exemple des CAF et des URSSAF régionales sont ici
significatifs. D’un côté, les CAF ont pu imposer avec la départementalisation
un interlocuteur unique face aux conseils généraux et rationalisé leurs
interventions en matière d’action sociale. De l’autre, la constitution des 22
URSSAF régionales et le regroupement d’outils comme a gestion de trésorerie
ou le conseil aux entreprises va permettre à la branche recouvrement d’influer
davantage sur la situation économique des régions.
Ces restructurations sont aussi de nature à améliorer le fonctionnement de
la Sécurité sociale comme organisation réticulaire. Elles ont été complétées par
une réforme en parallèle de la nomination des agents de direction dans les
caisses qui tend à consolider la position des caisses nationales et soumettre ces
derniers à la mise en œuvre des orientations stratégiques définies dans les
COG. D’ailleurs, l’autonomie des directeurs décrite plus haut doit être
appréhendée avec une dimension nouvelle. Elle s’envisage dans un cadre
contraint créé par la caisse nationale qui définit la stratégie de la branche (ou
du régime). La question de l’autonomie n’est donc plus à envisager comme
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
42
l‘éventualité de respecter ou de ne pas respecter les politiques de la caisse
nationale mais doit interroger l’action des directeurs pour créer une plus-value
par rapport à la stratégie nationale. En ce sens, les directeurs s’approchent donc
progressivement d’un rôle de « délégués » mais dont l’autonomie leur permet
de lancer des initiatives innovantes à l’échelle d’un territoire.
A l’issue cette rétrospective, il est possible de saisir les grandes étapes de
l’évolution du statut et du rôle des directeurs. Ces derniers sont pendant
plusieurs années restés des secrétaires généraux de conseils d’administration
souverains dans chacun des territoires. Dès 1960, Ils doivent leur statut fort au
sein de l’exécutif des caisses à un État soucieux de ne pas laisser les
organismes de sécurité sociale au bon vouloir de conseils d’administration peu
soucieux de la qualité de leur gestion financière et de mettre en place une offre
de service homogène sur tout le territoire. La professionnalisation des
directeurs et leur autonomie de gestion ont pour pendant la constitution de
caisses nationales qui s’efforcent de ramener l’ensemble des organismes à des
réseaux par branche dont elles gèrent l’équilibre financier. Les réformes qui
suivront auront toutes pour ambition de décloisonner les branches, de
rationaliser des structures très implantées sur les territoires, et de renforcer le
rôle et les missions des caisses nationales vis-à-vis des organismes locaux.
Les directeurs actuels des organismes de sécurité sociale demeurent des
acteurs autonomes mais qui conduisent leurs actions dans un cadre contraint.
Les restructurations à l’œuvre depuis les années 2000 tendent à modifier les
missions des directeurs. Ils ont vocation à être les vecteurs opérationnels des
orientations stratégiques définies par les caisses nationales. Les transformations
actuelles qui s’opèrent à un rythme intense bousculent les directeurs tant dans
leurs missions que dans la configuration de leurs postes dans les caisses. Elles
soulèvent des réactions qui doivent être analysées et prises en compte pour
mieux associer les directeurs aux évolutions à l’œuvre dans l’institution.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
43
II. A la recherche des facteurs de réussite d’une réorganisation : entre adhésion, accompagnement, libertés et satisfaction des directeurs
Méthodologie
Suite à la définition du sujet et de l'orientation retenue pour la réalisation
de ce mémoire, il nous a paru pertinent d'interroger à la fois des représentants
des caisses nationales ayant participé aux mouvements de réorganisation de
leur régime ou de leur branche, et des directeurs d'organismes locaux, selon des
modalités différentes. Plusieurs facteurs viennent argumenter notre choix.
Tout d'abord, partant du postulat admis que les réorganisations de réseaux
sont pilotées au niveau d'une caisse nationale, nous avons retenu l'hypothèse
que les informations recueillies seraient de nature politique et stratégique. Afin
de cadrer nos recherches, nous avons fait le choix de recueillir des informations
qualitatives auprès des têtes de réseau. Pour cela, un questionnaire destiné aux
caisses nationales a été élaboré et a constitué une base pour des entretiens avec
les représentants de ces organismes. Ceci pour pouvoir instaurer un échange
avec la personne interrogée et d’expliciter ses éléments de réponse.
Compte tenu des contraintes de l’exercice, des possibilités de
déplacements limitées et du souci de respecter cette étape de notre programme
de travail, nous avons opté pour la conduite d'entretiens téléphoniques.
Plusieurs binômes ont ainsi été constitués au sein de notre groupe afin de
procéder à leur réalisation dans le courant du mois d’avril 2012. Cinq
représentants des différentes caisses nationales du régime général de Sécurité
sociale mais également de la Caisse nationale du RSI et de la Caisse centrale de
la MSA ont répondu à notre sollicitation. Les entretiens ont fait l’objet d’un
compte-rendu complété et validé par les personnes interrogées19
.
19
Paul ISTRIA pour la MSA, Yvan TALPAERT pour l’ACOSS, Yves CORVAISIER pour la
CNAV, Thierry Mathieu pour la CNAF, Jean-Yves CASANO pour la CNAM, François
DAVIAUD pour le RSI.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
44
Loin de décrire une réorganisation idéale, l’exploitation du questionnaire a
vocation à comprendre les différentes expériences de réorganisation, et de
recueillir le point de vue des caisses nationales sur leurs propres choix. Ces
premiers éléments d’analyse nous permettent ainsi d’identifier les éléments et
étapes clés d’un processus de restructuration et leurs impacts sur le
positionnement et le rôle des directeurs locaux.
Concernant la sollicitation des directeurs d'organismes locaux, nous avons
construit des questionnaires reposant sur les premières exploitations des
données nationales. Ils nous ont permis de dégager des pistes de réflexion
nécessaires pour recueillir quantitativement, à des fins statistiques, les retours
d'expérience et le ressenti des directeurs locaux. Les renseignements, que nous
avions identifiés comme utiles, nous ont permis de définir certaines typologies
et de vérifier nos premières hypothèses de travail.
De plus, il convenait d'intégrer dans notre réflexion le rôle, à la fois
principal et secondaire, des directeurs locaux dans ces mouvements de
réorganisation. Principal tout d'abord, le directeur devant mener à son niveau la
réorganisation décidée tout en assurant son rôle de gestionnaire et de dirigeant.
Secondaire ensuite, car le directeur local, bien qu'acteur essentiel de la
réorganisation, réalise la mise en œuvre d'une décision nationale. Les différents
interlocuteurs ont pu être identifiés par le biais de leurs interventions au sein de
l’EN3S, ou être recommandés pour leur participation aux mouvements de
réorganisation par des représentants de la branche ou du régime. Il a pu aussi
s’agir de personnes ressources identifiées par M. Philippe Georges, notre
directeur de recherche.
Le questionnaire destiné aux organismes locaux a fait l’objet d’un mode
spécifique de recueil des informations. Au début de notre réflexion, nous
avions prévu d'envoyer notre questionnaire à l'ensemble des directeurs locaux.
Cependant, plusieurs autres groupes de recherche action souhaitant solliciter
ces directeurs, l'école a choisi de limiter les sollicitations à une vingtaine de
directeurs au maximum par branche ou par régime. Cette réduction importante
de notre échantillon nous a obligés à adapter notre action. Nous avons dû dès
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
45
lors identifier les organismes les plus pertinents pour notre recherche, tout en
nous coordonnant avec les autres groupes. De plus, il a fallu constituer une
base de données actualisée afin de recenser les directeurs en fonction sur les
organismes retenus et leurs adresses électroniques.
Afin de faciliter le recueil d'informations et de limiter les coûts liés à cette
opération, nous avons choisi de créer une adresse de messagerie électronique
dédiée à l'envoi et la réception des questionnaires sous forme dématérialisée.
Outre la rapidité de ce mode de communication, ce choix permettait également
de recenser par une voie unique les réponses et d'éviter la circulation de flux
papier, mais aussi d'assurer l'information de l’ensemble des membres du
groupe à chaque instant.
Nous avons ainsi décidé d'inclure dans cet échantillon des directeurs de
CPAM, de CAF, d'URSSAF, du RSI, de la MSA et du régime minier de
Sécurité sociale. Nous avons décidé de ne pas retenir les CARSAT dans le
champ de notre étude, ces organismes ayant vécu depuis plusieurs années la
réorganisation de leur réseau.
Enfin, un dernier outil de recueil d'information a été la réalisation
d'entretiens de personnes ressources, ayant travaillé sur la question des
réorganisations. Nous avons ainsi pu interroger le directeur de l'EN3S, des
personnes identifiées au cours de nos lectures et de nos recherches, mais
également des agents de direction rencontrés durant notre scolarité.
C'est à partir de cet état des lieux, et du travail préalablement effectué, que
nous avons pu identifier les grandes orientations de notre mémoire.
L’échantillon des directeurs locaux
Le questionnaire s’adressant aux directeurs locaux (annexe page 104) a été
envoyé à un échantillon de 132 organismes issus de quatre régimes : la
Mutualité sociale agricole, trois branches du Régime général, le Régime minier
et le Régime social des indépendants.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
46
Le taux de réponse de 34,8% (46 réponses) peut être jugé comme
satisfaisant et se décompose comme suit :
Régime/Branche Nombre
d'envois
Nombre de
réponses
Taux de
réponse
Part des
réponses
CPAM 34 12 35% 26%
CAF 24 6 25% 13%
URSSAF 23 10 43% 22%
Sous-total RG 81 28 35% 61%
MSA 17 5 29% 11%
MINES 6 2 33% 4%
RSI 28 11 39% 24%
Ensemble 132 46 35% 100%
Avec une moyenne de 55,8 ans, l’amplitude d’âge est assez étendue : de
36 à 74 ans (écart type 7,9 ans) et les valeurs d’âge sont variées (24 âges
différents). L’ancienneté dans la fonction de directeur est de 10,8 ans avec une
amplitude de 0,5 à 28 ans (écart type de 7,8 ans). Enfin, l’ancienneté moyenne
dans la branche d’exercice est de 23,3 ans sur une amplitude très étendue de 1 à
53 ans (écart type de 13,1 ans).
Le tableau ci-après présente le détail des résultats par branches ou régimes.
CAF CPAM MINES MSA RSI URSSAF Ensemble
Age moyen 57,3 56,7 54,5 60,0 52,5 55,7 55,8
Ancienneté branche 18,3 30,5 12,5 35,4 16,7 20,7 23,3
Ancienneté fonction 11,0 12,0 8,0 9,9 12,2 8,6 10,8
Les agents de direction ayant répondu sont très majoritairement des
hommes : près de 78% de l’échantillon. Plus de la moitié d’entre eux sont
membres de l’association des directeurs (56,5%). Tous ont connu une
réorganisation de leur organisme : principalement une mutualisation (65,2%)
ou une fusion (69,6%) et rarement une déconcentration des responsabilités
(2,2%). Ces réorganisations sont souvent combinées (39% des organismes) et
essentiellement par mutualisation-fusion (89% des combinaisons).
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
47
L’échelon géographique des organismes correspond principalement au
département (55,6% des réponses) ou à la région (24,4%) ; dans les autres cas
il s’agit de circonscriptions pluri-départementales au sein d’une ou de plusieurs
régions.
Enfin s’agissant de leur taille, les organismes présentent de fortes
disparités sur le nombre de salariés :
- un effectif variant de 76 à 1500 personnes ;
- une distribution des effectifs sur quatre quartiles étendus : 25% des
organismes ont au moins 149 agents ; 25% ont de 150 à 299 agents ;
25% de 300 à 599 agents ; 25% de 600 à 1500 agents.
Au final, il est possible de conclure sur un échantillon varié de directeurs,
en âges et anciennetés et exerçant dans des organismes dont la taille en
effectifs est particulièrement varié. En l’espèce, les réponses peuvent être
réputées comme pas ou peu influencées par un effet de génération de directeur
ou de dimension d’organisme.
Sans permettre de statuer sur une représentativité de l’ensemble des
directeurs d’organismes locaux, l’échantillon des réponses offre la possibilité
de dégager des tendances d’opinions :
- par l’expression de niveaux plus ou moins forts de satisfactions (par
exemple sur l’accompagnement, l’association des directeurs ou leur
consultation préalable) ;
- par le choix, la détermination ou le classement de facteurs favorables à
la conduite du changement (par exemple les moyens associés, le temps
disponible).
L’analyse des réponses à chaque question a abouti à plusieurs
recoupements afin d’en allonger la portée ; le questionnaire portant sur trois
thèmes distincts :
- le contexte et les conditions de la réorganisation vécue ;
- la conduite de la réorganisation par la caisse nationale ;
- l’appréciation portée sur la réorganisation.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
48
A. Une conscience partagée de la nécessité de réorganiser le réseau qui se fonde sur une association à la conception du projet, un accompagnement institutionnel et des marges de manœuvres locales lors de sa mise en œuvre
1. Le lancement du projet et sa construction par la caisse
nationale ne peut se faire sans l’association et la consultation
des directeurs locaux
Les modalités de lancement sont déterminantes dans la conduite de la
réorganisation. Il est nécessaire de connaître l’origine d’un tel changement
pour comprendre le positionnement des différents acteurs. Dans la phase de
préparation de la réorganisation, nous constatons que les caisses nationales
associent très différemment les directeurs locaux, plus ou moins en amont du
processus.
a) Comment est née la réflexion de la réorganisation ?
Les modalités de lancement du processus de réorganisation sont
sensiblement différentes d’une branche ou régime à l’autre. Ces différences
s’expliquent tout d’abord par l’origine de cette réorganisation. En effet, elle
peut découler d’une volonté propre de la branche ou d’un choix des pouvoirs
publics.
Ainsi, le processus de régionalisation au sein de la branche recouvrement
est issu d’une volonté propre de la branche, tandis que la fusion d’organismes
au sein du RSI est le résultat d’une volonté des pouvoirs publics ; ce qui peut
expliquer une différence dans la mise en œuvre et l’acceptation de la
réorganisation. La réorganisation peut en outre naître d’une volonté partagée de
la branche et des pouvoirs publics (Etat, corps d’inspection, et Cour des
comptes), comme cela a été le cas pour les fusions et mutualisations dans la
branche maladie.
La départementalisation menée au sein de la branche famille est née de la
volonté des pouvoirs publics, d’une demande expresse faite par l’Etat à la
CNAF précise Thierry Mathieu, directeur du réseau de la CNAF. La
réorganisation a ainsi très rapidement rencontré l’hostilité du conseil
d’administration de la CNAF, dirigée à l’époque par Philippe Georges. La
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
49
départementalisation doit répondre à deux impératifs principaux : le premier,
installer dans chaque département un seul interlocuteur face aux conseils
généraux en matière d’affaires sanitaires et sociales ; le second, non affiché
explicitement, la réalisation d’économies structurelles importantes.
Concernant le régime agricole, la première fusion a lieu en 1995, et est à
l’époque suivie de très près par les pouvoirs publics, notamment par le
Ministère de tutelle, mais la décision relève de la CCMSA. La réorganisation
est en effet issue de la volonté propre du réseau, tout comme les modalités de
construction des rapprochements. Selon Paul Istria, directeur délégué
« ressources humaines institutionnelles et réseau », si la pression des pouvoirs
publics s'est accentuée avec le temps, elle n'en a donc pas été le déclencheur.
La source de la réorganisation est un premier élément clé du processus car
elle permet de comprendre le positionnement des acteurs. Néanmoins, quelle
que soit son origine, les directeurs locaux peuvent être associés à la
réorganisation.
b) Si les modalités d’association des directeurs par les caisses nationales ont pris des formes diverses…
Une seconde modalité importante dans le lancement du processus est
l’association des directeurs locaux. En effet, ces derniers sont associés à des
degrés différents, et ce plus ou moins en amont de la réorganisation. On note
alors un impact important de ce choix sur la conduite du changement et son
acceptation au niveau local.
En cela, il est intéressant d’étudier le processus de régionalisation20
qui a
réorganisé le RSI depuis 2006. François Daviaud, directeur de l’animation du
réseau RSI, nous a indiqué qu’aucune consultation des directeurs locaux n’a eu
lieu lors du lancement de la démarche. Les directeurs d’organismes des anciens
régimes ont dû se positionner lors de la création du RSI en faisant acte de
20
L’échelon géographique retenu est la région. Une nuance peut cependant être apportée,
puisque certaines régions ont conservé plusieurs caisses : Ile-de-France (3 caisses), la région
PACA (2 caisses) et la région Rhône-Alpes (2 caisses).
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
50
candidature pour les postes de directeur d’organisme du RSI. Il n’y a pas eu de
phase de préparation, simplement une instance nationale provisoire, chargée du
suivi de la création du RSI.
A l’inverse, la branche vieillesse, dans le cadre de la mutualisation de son
système d’information, a associé les directeurs locaux, dès la préparation du
processus. Yves Corvaisier, directeur délégué à la CNAVTS nous a précisé que
la conception du schéma directeur du système d’information (SDSI) s’est faite
en amont de la rédaction de la COG de façon très participative, ce qui a permis
de construire les documents avec l’ensemble des collaborateurs du réseau. Le
réseau a donc été associé à la préparation, à la conception et à la mise en œuvre
du dispositif. Toutefois, il est à noter que cette consultation est largement
facilitée dans le cadre d’un réseau constitué de quinze caisses régionales, où
l’on connaît chaque directeur.
L’exemple du régime agricole illustre encore un degré différent
d’association des directeurs locaux à la préparation et la mise en œuvre du
processus de réorganisation. En effet, dès 2001, les caisses ont connu une étape
d’autodiagnostic impliquant les équipes de direction. Ces dernières se sont
interrogées sur leurs capacités à assurer un service public de qualité dans les
conditions actuelles mais également dans l'avenir. Selon Paul Istria, sur le plan
stratégique, les directeurs ont été impliqués au sein de groupes de travail sur la
bonne structure du réseau à stabiliser. Ainsi, ils ont eu un rôle d'appui et de
conseil auprès des présidents, mais sur le plan formel ils n'ont pas été inclus
dans le processus de décision. En d’autres termes, ils ont été impliqués dans la
construction, sur le terrain auprès des conseils d’administration et des
assemblées générales, sans prendre part aux processus de décision en lui-
même.
La préparation des fusions au sein de la branche maladie est passée par la
tenue régulière de réunions nationales et régionales. Elles avaient pour objet
d’alerter les directeurs locaux sur les enjeux de cette fusion et de fixer les
finalités de la restructuration du réseau. En parallèle, la caisse nationale s’est
attachée à anticiper les risques de tensions entre caisses. Pour ce faire, elle s’est
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
51
efforcée de conjuguer les effets bénéfiques de la pyramide des âges qui allait
voir partir plusieurs directeurs, et une attention significative à l’égard de la
carrière des directeurs dont la caisse était absorbée. Certains directeurs se sont
vus notamment confier des missions nationales. Les rares cas de concurrence
entre directeurs ont conduit le niveau national à imposer son arbitrage.
L’association des directeurs locaux au processus s’illustre à des étapes et
degrés différents. Nous pouvons donc différencier l’information donnée en
amont par les têtes de réseaux au niveau local, d’une association pensée
comme une véritable co-construction de la réorganisation.
c) … la très grande majorité des directeurs a été consultée ou associée au lancement de la réorganisation.
Il est intéressant de constater que 68,9% (31 sur 45) des directeurs
d’organismes locaux ont été consultés ou associés à la prise de décision lors du
lancement de la démarche de réorganisation. Les résultats par branche ou
régime restent assez élevés pour les CAF (83%), les CPAM (82%), le RSI
(73%) mais sont en retrait pour la MSA (60%), le régime des mines et les
URSSAF (50% chacun).
Parmi les 31 directeurs, 78,1% ont eu le sentiment d’avoir été plutôt ou
complètement consultés ou associés.
Question 4 : « Pouvez-vous évaluer le degré d’association à la démarche de réorganisation ?»
40,63% 37,50% degré d’association à la
démarche de réorganisation
Très peu associé(e)
Peu associé(e)
Plutôt associé(e)
Complètement associé(e)
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
52
2. Si l’accompagnement institutionnel est généralisé et
nécessaire, l’accompagnement individualisé, plus
exceptionnel, est d’autant plus apprécié par les directeurs
a) Comment la caisse nationale a-t-elle accompagné le changement ?
Une fois le lancement et la préparation de la réorganisation effectués,
l’accompagnement de la caisse nationale demeure un aspect fondamental dans
la réussite du processus. Cet accompagnement peut revêtir différentes formes,
il peut être plus ou moins formel, et plus ou moins personnalisé. Cet
accompagnement est différemment apprécié par les directeurs locaux, et est le
plus souvent confié à un cabinet de consultants. Les entretiens réalisés avec les
caisses nationales ont révélé différents cas de figure, qui impactent directement
la conduite du changement.
Dans la branche maladie, l’accompagnement des directeurs locaux a dû
composer avec l’autonomie des directeurs. La fusion des organismes n’a pas
fait l’objet d’un accompagnement via un cabinet de conseil choisi au niveau
national. Des directeurs ont toutefois, de manière isolée, eu recours à ce type de
prestations pour les aider dans la conduite du changement.
Dans le cadre de la régionalisation des URSSAF, un accompagnement
global a été mis en place par la direction de la gestion du réseau, avec une
cellule dédiée au projet, composée de quatre agents de direction et d’un cadre
(dont trois exclusivement affectés au projet). Un marché national a été lancé
pour des consultants sur la conduite du projet, la communication managériale,
les relations sociales et le coaching. Par ailleurs, un accompagnement
institutionnel a été mis en œuvre à travers l’élaboration d’un guide
méthodologique régionalisation (inspiré de celui mis en place pour la
départementalisation). Enfin, les agents de direction du réseau ont pu bénéficier
d’un accompagnement plus personnalisé grâce à une offre de coaching. En
définitive, l’accompagnement a surtout été axé sur les directeurs préfigurateurs
(consultants, coaching individuel obligatoire sur 21 mois). Les autres
directeurs bénéficient néanmoins d’un accompagnement par coaching mais sur
une durée plus courte (six mois).
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
53
Ces modalités d’accompagnement se retrouvent au sein de la branche
vieillesse. Pour la construction du SDSI, un accompagnement méthodologique
a été réalisé par le groupe Cap Gemini. Une fois le schéma directeur rédigé,
l’accompagnement et la mise en œuvre au plan local ont été menés par le
réseau lui-même. Sur le plan institutionnel, la caisse nationale a mis en place
un accompagnement sous la forme de travaux de groupes internes. Par ailleurs,
il a été fait appel, en 2011, à un autre cabinet de consultants pour accompagner
le changement. C’est ainsi que des recrutements sont en cours pour faire
émerger dans chaque caisse des référents en ce domaine.
Dans le cadre de la création du RSI, si la caisse nationale a également fait
appel à un cabinet de consultants pour accompagner les directeurs locaux,
aucun accompagnement spécifique n’a été instauré pour les directeurs n’ayant
été ni préfigurateurs, ni promus à de nouvelles fonctions. Ainsi, François
Daviaud nous a confié que le manque d’accompagnement a pu aboutir à des
crispations au lancement de la réorganisation.
La CNAF n’a quant à elle pas eu recours à un cabinet de consultants.
Toutefois, elle a produit un grand nombre de guides, qui faisaient défaut
auparavant, avec un niveau de détail très avancé21
. Sur le plan personnel, la
CNAF n’a pas mis en place un dispositif bordé pour accompagner les futurs
directeurs départementaux. Elle s’est toutefois montrée très attentive au
quotidien aux questions des directeurs acteurs du processus. La
départementalisation a par ailleurs impliqué la suppression d’un grand nombre
de postes d’agent de direction. Sur ce point, la caisse nationale s’est efforcée de
limiter l’impact en conjuguant mobilité ascendante de certains directeurs,
mobilité d’agent de direction vers la caisse nationale, et pyramide des âges
favorable. Cela n’a toutefois pas empêché le mécontentement de nombreux
directeurs de CAF mais Thierry Mathieu insiste sur le comportement
bienveillant de la CNAF.
21
A son arrivée à la direction du réseau, Thierry Mathieu, a défini douze chantiers centraux de
la départementalisation (SI, relations avec les IRP, offre de service..) avec un référent de la
CNAF pour chacun des chantiers.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
54
Enfin, au sein du régime agricole, l’accent a été mis sur l’accompagnement
des cadres dirigeants avec l’association des agents de direction pour animer la
motivation collective (ateliers de formations) et répondre à la solitude du
directeur. En effet, une diminution du nombre de caisse induit une baisse des
relations entre leur directeur. Par ailleurs, la CCMSA s’est attachée à
accompagner plus spécifiquement les directeurs locaux n’ayant été ni
préfigurateurs ni promus aux nouvelles fonctions en adaptant la convention
collective (création d’une nouvelle fonction : directeur général adjoint).
L'utilisation des opportunités ouvertes par la création de postes en caisse
centrale ou l'appui aux caisses en cas de rupture, sont également des mesures
d'accompagnement. Enfin, l'université des cadres dirigeants évoquée par Paul
Istria, inclut des rencontres annuelles de tous les cadres dirigeants, des
échanges d'expérience, et des actions de communication.
En somme, les entretiens réalisés avec les caisses nationales nous ont
montré que l’ensemble des branches ou régimes ont accompagné les directeurs
locaux dans la conduite du changement par différents biais. Ces choix ne sont
pas neutres et influent directement sur la mise en œuvre, et surtout
l’acceptation de la réorganisation par les directeurs locaux. Sur le plan des
ressources humaines, le réseau accompagne plus ou moins bien les
reconversions et les évolutions de périmètres d’activité. On le voit,
l’accompagnement des directeurs locaux n’ayant été ni préfigurateurs ni
promus aux nouvelles fonctions est un enjeu majeur dont la caisse nationale
devra au final tenir compte.
b) Cet accompagnement institutionnel, variable d’un régime à l’autre, a été jugé nécessaire par les directeurs locaux à la condition qu’il soit adapté
L’accompagnement institutionnel a été très fréquent puisqu’il a concerné
82,2% (37 sur 45) des directeurs. Cependant, le degré d’accompagnement est
perçu avec beaucoup de contrastes d’un organisme à l’autre. Si 60% des
directeurs (35) ont jugé avoir été plutôt ou complètement accompagnés,
l’URSSAF est la branche où le sentiment d’avoir été accompagné est le plus
fort, et au RSI le plus faible.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
55
Question 5a : « Pouvez-vous évaluer le degré d’accompagnement institutionnel ?»
Près de la moitié des dirigeants (22 réponses), s’est exprimée sur le
caractère préjudiciable ou non d’une absence d’un accompagnement
institutionnel. Elle est globalement considérée préjudiciable dans 63,6% des
suffrages. Paradoxalement, les directeurs qui n’ont pas bénéficié d’un tel
accompagnement (au nombre de huit), ont jugé cette absence comme bien
moins préjudiciable que ceux qui ont pu en bénéficier : respectivement à
hauteur de 37,5% contre 78,5% de réponses « plutôt » ou « complètement
préjudiciable ».
Question 5b : « Comment jugez-vous l’absence d’accompagnement institutionnel lors d’une
réorganisation ? »
Pour connaître les modalités d’accompagnement proposées, le
questionnaire en proposait quatre différentes. Les 38 réponses exprimées ont
permis d’apprécier que cette courte liste, en apparence, représentait dans les
faits l’essentiel de l’accompagnement institutionnel, à savoir :
- soit un guide méthodologique ou des fiches repères (33 fois cités) ;
- soit des groupes de travail (28 fois cités) ;
- soit une cellule dédiée au projet (18) ;
- soit un accompagnement par un cabinet de consultants (12).
6,3%
11,1%
20,0%
20,0%
15,63%
57,10%
22,20%
40,00%
20,00%
25,00%
40,63%
42,90%
66,70%
40,00%
40,00%
100,00%
25,00%
37,50%
20,00%
50,00%
Ensemble
RSI
CPAM
CAF
MSA
Mines
URSSAF Très peu accompagné(e)
Peu accompagné(e)
Plutôt accompagné(e)
Complètement accompagné(e)
14,3%
62,5%
7,1%
25,0%
57,1%
12,5%
21,4%
N'a pas bénéficié d'un accompagnement
A bénéficié d'un accompagnement
Très peu préjudiciable
Peu préjudiciable
Plutôt préjudiciable
Complètement préjudiciable
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
56
Pour conforter cette idée, seuls quelques verbatim ont été proposés pour
compléter cette liste : le coaching ; l’identification d'un correspondant
national, de comités de pilotage ou de comités de pilotage thématiques ; des
réunions avec la direction déléguée aux opérations (gestion du risque) de la
CNAMTS et l’investissement du directeur délégué aux opérations ; un chef de
projet dédié à la CNAF.
Enfin, les directeurs ont été questionnés sur leur niveau de satisfaction
quant à l’accompagnement dont ils avaient bénéficié. Leur satisfaction a été
constatée dans plus de 76% des cas, mais ce résultat est à relativiser : plus de la
moitié de « plutôt satisfaits » (55%) et plus de « peu satisfaits » (23,7%) que de
« très satisfaits » (21,1%).
Question 5.d : « Pouvez-vous évaluer votre satisfaction au regard de cet accompagnement ? »
c) L’accompagnement individualisé est préféré aux offres génériques
Seuls 20% des directeurs locaux (neuf) ayant répondu au questionnaire ont
déclaré avoir bénéficié d’un accompagnement personnel mis en place par leur
caisse nationale :
- un accompagnement individualisé pour trois d’entre eux (par un cabinet
spécialisé par exemple) ;
- un accompagnement générique pour deux d’entre eux (formation) ;
- ces deux formes d’accompagnements pour quatre d’entre eux.
Bien que la possibilité ait été offerte dans le questionnaire, aucune autre
forme d’accompagnement personnel n’a été proposée.
Le faible nombre de réponses hypothèque leur représentativité. Cependant,
les deux formes d’accompagnement citées ont été appréciées avec 100% de
satisfaction chacune ; l’accompagnement individualisé regroupant le plus de
« très satisfaits » (42,9% contre 16,7% pour l’accompagnement générique).
23,68% 55,26% 21,05% Satisfaction au regard de
l'accompagnement
Pas du tout satisfait(e) Peu satisfait(e)
Plutôt satisfait(e)
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
57
Question 6 : « Comment évaluez-vous l’accompagnement personnel mis en place par la caisse
nationale ?
3. Les marges de manœuvres laissées aux directeurs
locaux apparaissent comme le troisième élément déterminant
de la gestion d’une réorganisation
a) Quelles marges de manœuvre les caisses nationales ont laissées aux directeurs locaux dans la mise en œuvre de la réorganisation ?
Les directeurs locaux peuvent bénéficier de diverses marges de manœuvre
dans la mise en œuvre de la réorganisation. Il peut s’agir de moyens
supplémentaires, qu’ils soient humains ou budgétaires, de formations
spécifiques, de délais, voire de véritables libertés dans les choix d’organisation
au niveau local. Ces choix de périmètres ou de calendrier de mise en œuvre
dépendent de la stratégie fixée par la tête de réseau.
Au sein de la branche maladie, une fois les orientations stratégiques fixées,
le niveau national a souhaité que les caisses locales profitent de leur autonomie
pour conduire la fusion à leur échelon. De plus, la CNAMTS n’a pas imposé un
calendrier organisationnel précis afin de ne pas créer de tensions sur le terrain.
Sur ce point, des marges de manœuvres sur le plan des ressources humaines ont
pu être accordées ponctuellement aux caisses locales (recrutement de CDD).
Concernant les marges de manœuvre du RSI, les directeurs des caisses
locales ont bénéficié d’une autonomie complète pour mener la réorganisation
du réseau. La caisse nationale a attribué, sur justification, des moyens
budgétaires supplémentaires aux caisses du RSI. Le rapport IGAS 22
sur le RSI
a d’ailleurs pointé le manque de pilotage de la CNRSI dans la conduite de ce
projet.
Les trois grandes vagues de régionalisation des URSSAF offrent une
illustration particulière de l’autonomie accordée aux directeurs locaux. Des
22
Rapport IGAS d'octobre 2011 : "Bilan de la COG 2007-2011 signée entre l'Etat et le RSI et
recommandations pour la future convention".
83,3%
57,1%
16,7%
42,9%
Accompagnement générique
Accompagnement individualisé
Pas du tout satisfait(e)
Peu satisfait(e)
Plutôt satisfait(e)
Très satisfait(e)
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
58
préconisations générales sur l’organisation des futures Urssaf ont été définies
par la caisse nationale comme un socle commun de la réorganisation. Il s’agit
d’un document de cadrage d’un certain nombre de processus, établi en lien
avec les nouvelles instances de gouvernance. Ce document ne propose pas de
modèle unique mais différents scenarii, leurs avantages et inconvénients,
quelques préconisations ou interdits. Ce socle est amené à s’enrichir avec les
apports de chaque vague.
Plus les marges de manœuvre laissées au niveau local sont importantes,
plus le directeur local s’implique dans le projet de restructuration. Un certain
degré d’autonomie laissé aux directeurs locaux dans la mise en œuvre de la
réorganisation peut ainsi favoriser leur acceptation et garantir un meilleur
positionnement des acteurs.
b) Davantage de libertés offertes que de moyens supplémentaires pour mener les réorganisations
Sur les 46 organismes ayant répondu au questionnaire, 26,1% (12
organismes) n’ont bénéficié d’aucun moyen pour mener la réorganisation
engagée. En revanche, les moyens dont ont disposés les autres organismes ont
été principalement :
- des libertés dans les choix d’organisation : 67,4% (31 organismes) ;
- des moyens spécifiques fournis par la caisse nationale : 30,4% (14
organismes) et notamment des moyens budgétaires supplémentaires
(85,7%) plutôt que des effectifs supplémentaires ou des crédits de
formation (35,7%) ;
- des délais : 30,4% (14 organismes).
Au global, si une part non négligeable d’organismes (21,7%) a bénéficié à
la fois de libertés dans les choix d’organisation et de moyens budgétaires
supplémentaires, ce sont 69,6% des organismes qui n’ont bénéficié d’aucun
transfert de moyens mais des libertés ou des délais dans la réorganisation.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
59
B. Si « aucune recette miracle » ne semble émerger, des éléments de satisfaction et des points d’amélioration sont avancés pour une meilleure acceptation et réussite des réorganisations
1. Les évaluations plus ou moins formalisées ont permis
aux caisses nationales de mesurer le ressenti des directeurs
locaux et de mettre en avant des éléments déterminants pour le
succès d’une réorganisation sans qu’une méthode commune
se détache
a) Une évaluation de la réorganisation est-elle réalisée par la tête de réseau ?
La mise en œuvre d’une réorganisation, quelle que soit sa nature, intègre le
plus souvent une évaluation a posteriori, plus ou moins formelle. En effet, la
tête de réseau peut réaliser une évaluation officielle auprès des caisses locales,
notamment sur les gains d’efficience constatés, le respect des échéances, et les
difficultés rencontrées. Par ailleurs, il peut s’agir de retours d’expérience,
formels ou informels, permettant de mesurer la satisfaction des directeurs
locaux. Nous avons ainsi questionné les représentants des régimes ou branches
au niveau national pour apprécier cette démarche évaluative. De nos entretiens,
nous retirons des situations hétérogènes.
Selon Yves Corvaisier, aucune évaluation "officielle" n’a été réalisée par
la CNAV mais un retour d’expériences, nécessitant un fort investissement en
temps de réunions avec l’ensemble des directeurs locaux.
Dans la branche recouvrement, le processus de régionalisation est soumis à
une évaluation officielle de l’ACOSS23
. Aucune mesure de satisfaction auprès
des directeurs locaux n’a été établie. Néanmoins, les retours d’expérience des
agents de direction des régions pilotes ont été précieux dans le processus et
sont davantage détaillés sur certaines thématiques telles que les ressources
humaines, la communication, la comptabilité ou l’informatique.
23
Le processus s’étalant jusqu’en 2014, la démarche d’évaluation est en cours.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
60
Enfin, un dernier exemple illustre l’hétérogénéité des situations, celui du
RSI. En effet, François Daviaud nous a indiqué qu’aucune évaluation, officielle
ou non, n’a été effectuée au sein du réseau suite à la création du RSI. La caisse
nationale ne dispose d’aucune mesure de satisfaction des directeurs locaux, ni
même de retours d’expérience. Le rapport IGAS a ainsi relevé l’absence de
valorisation de bonnes pratiques, notamment sur un instrument évaluant la
satisfaction des directeurs d’organismes.
b) Les éléments d’adhésion et de réticence des directeurs locaux face à la réorganisation mis en avant par les caisses nationales
Toujours dans le cadre d’une évaluation a posteriori de la réorganisation,
nous avons interrogé les représentants des caisses nationales sur les éléments
d’adhésion et de réticence des directeurs locaux qu’ils ont pu percevoir.
Au sein de la branche maladie, il semble que les directeurs locaux
perçoivent positivement les réorganisations dès lors qu’elles constituent un
moyen pour répondre aux orientations stratégiques de la caisse nationale, non
pas un objectif en tant que tel. Selon Jean-Yves Casano, les marges de
manœuvre accordées au niveau local par la CNAMTS dans le cadre d’une
stratégie partagée, ont renforcé l’adoption des directeurs locaux à la démarche.
Toutefois, les directeurs souhaitent disposer du temps nécessaire pour
garantir une bonne appropriation par les hommes et sécuriser
l’accompagnement au changement. Ainsi, Jean-Yves Casano nous a confié que
le nombre de six projets inscrits dans la COG a été diversement apprécié.
Paul Istria note quant à lui une acceptation collective au sein du régime
agricole. Si personne ne rentre volontiers dans un processus de fusion, les
enjeux et la nécessité de la restructuration du réseau ne font pas débat. Une
telle réorganisation déstabilise la fonction de directeur local et redistribue les
rôles et responsabilités sur le territoire, néanmoins les directeurs ont éprouvé la
satisfaction d’avoir réussi à relever ces défis.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
61
Nos entretiens révèlent que si les directeurs locaux adhèrent bien souvent à
la finalité de la stratégie de réorganisation impulsée par la caisse nationale, ils
peuvent se montrer en désaccord avec les moyens adoptés pour arriver à
l’objectif. Ainsi, l’urgence ne semble pas permettre de mener une démarche co-
construite avec les caisses locales. Enfin, de manière générale, les difficultés de
repositionnement des directeurs locaux représentent un enjeu majeur dans la
réorganisation.
Afin de mesurer ces éléments, nous avons demandé à chaque interlocuteur
de noter sur une échelle de un à dix, l’acceptation de la réorganisation par les
directeurs locaux. Pour cela, nous avons posé la question suivante : « Sur une
échelle de 1 à10, comment évalueriez-vous l’acceptation de la réorganisation
par les directeurs locaux? (1 refus total à 10 acceptation totale) ». Le tableau
suivant rapporte les résultats obtenus.
Mesure de l’acceptation de la réorganisation par les directeurs locaux
CCMSA RSI CNAMTS CNAV CNAF ACOSS
Note sur
10 7.5 2.5 7.5 8.5 ND 6
Ces résultats doivent être analysés en lien avec l’ensemble des
commentaires apportés par nos interlocuteurs, pour toutes les phases du
processus : préparation, mise en œuvre, accompagnement, évaluation. Nous
pouvons en conclure que l’acceptation des directeurs locaux n’est pas évidente
alors même qu’elle semble déterminante dans la réussite de la réorganisation.
c) Les facteurs de réussite sont identifiés par les organismes nationaux
A l’issue de ces entretiens, nous avons questionné les représentants des
régimes ou branches au niveau national, sur les facteurs indispensables à
l’acceptation du processus par les directeurs locaux. A la lumière de leur
propre expérience, chacun nous a apporté des éléments de réponses différents,
néanmoins nous pouvons identifier des pratiques à préconiser.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
62
De manière générale, l’ensemble des interlocuteurs perçoit l’association
des directeurs locaux en amont du processus comme le premier facteur de
réussite. L’accompagnement de la caisse nationale, les marges de manœuvre
locales ainsi que la communication, sont également trois facteurs clés identifiés
par les têtes de réseau. Enfin, l’adaptation du système d’information ainsi que
les opportunités démographiques et la politique des ressources humaines
apparaissent dans une moindre mesure comme éléments favorisant la réussite
de la réorganisation. Les témoignages de nos interlocuteurs viennent préciser
certains éléments mentionnés et apportent d’autres facteurs de réussite.
Pour rendre un tel processus acceptable, Thierry Mathieu juge que le
facteur de réussite premier consiste à savoir donner de la visibilité aux acteurs.
Ce type de projet mené sur le long terme exige de ceux qui l’animent, qu’ils
explicitent le résultat attendu, et les étapes pour y parvenir. Sur ce point, il
considère que le niveau de détail très avancé des fiches repères préparées par la
CNAF, a vraiment contribué à rassurer les directeurs acteurs de la
départementalisation.
Selon François Daviaud, concernant le RSI, l’enjeu majeur est le
développement d’une politique de communication homogène. Ainsi, la création
du régime s’est accompagnée d’une communication interne forte mais a
souffert d’une communication externe quasi inexistante. Les différentes caisses
du réseau se concertent peu sur les actions et fonctionnent, pour l’instant, de
façon isolée par rapport au réseau.
Plusieurs facteurs ont participé à l’acceptation de la régionalisation des
URSSAF. Une compréhension partagée des enjeux et la conscience des limites
du processus de mutualisation permettent une bonne mise en œuvre de la
réorganisation. La pyramide des âges favorable a permis au directeur général
de l’ACOSS de ne pas céder sur la mise en place de départs anticipés. Enfin,
d’après Yvan Talpaert, une certaine adhésion par « renonciation », notamment
pour les directeurs en fin de carrière, est à noter.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
63
Selon Yves Corvaisier, un des principaux facteurs de réussite est celui du
temps qui peut être accordé au projet. Cela suppose qu’il n’y ait pas d’urgence
à gérer une problématique d’effectifs, par exemple, ou tout autre élément
contraignant le temps disponible. Un deuxième facteur déterminant est
d’associer le réseau à la conception et à la mise en œuvre du dispositif. Cela est
largement facilité dans la branche retraite par le nombre limité de caisses, qui
rend un travail personnalisé avec chacune plus envisageable. Cela induit une
méthode de travail très participative. Un troisième facteur de réussite évoqué
par Yves Corvaisier est d’ « assurer le gagnant-gagnant ». Dans la mesure du
possible, il faut éviter que les directeurs soient les perdants d’une
mutualisation. Or, il n’est pas évident de toujours trouver du gagnant dans
chaque projet de mutualisation, notamment lorsqu’un directeur perd son centre
informatique. Ainsi, pour la mutualisation de l’informatique, la CNAV a
cherché à maintenir une activité spécifique dans les caisses impactées, au
moins dans un premier temps : de développement, d’expertise, d’intégration,
de planification ou de production.
Les entretiens réalisés auprès des représentants des caisses nationales nous
ont permis de mieux comprendre les réorganisations réalisées dans chaque
branches ou régimes, de la stratégie à l’opérationnel. Ces premiers éléments
d’analyse constituent de précieux indices sur la relation national/local qui est
au cœur des restructurations de réseaux actuelles. Parallèlement, les
questionnaires adressés aux directeurs des organismes locaux viennent enrichir
notre travail de recherche.
2. Les directeurs portent une appréciation contrastée sur
les réorganisations : majoritairement positive en matière de
gestion mais très perfectible sur les moyens déployés
Le questionnaire adressé aux directeurs d’organismes locaux se conclut sur
leur appréciation de la réorganisation des réseaux. En premier lieu, en mettant
en avant les domaines profitant d’effets bénéfiques ou les modifications
d’activités auxquelles ils ont été confrontés. En second lieu, en exprimant leur
satisfaction à l’égard de la réorganisation et en développant librement les
facteurs qui selon eux auraient pu accroître leur satisfaction.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
64
a) Les réorganisations n’ont pas manqué d’effets bénéfiques, notamment de gestion, ni d’impact sur les responsabilités des dirigeants
Concernant les effets bénéfiques dus aux réorganisations, une large
majorité de réponses s’oriente vers l’amélioration de la gestion (maîtrise des
coûts et pilotage) plutôt que l’offre de services24
:
- Meilleure maîtrise des coûts de gestion : 77,3% (34 des 44 réponses) ;
- Maîtrise de coûts des fonctions supports : 75,0% (33) ;
- Renforcement des capacités de pilotage : 61,4% (27).
Les autres propositions sont en retrait, à savoir la création de nouvelles
activités (19 fois), l’amélioration des relations avec les assurés (18) et
l’amélioration des services rendus aux partenaires (11).
A noter quelques verbatim proposant d’autres domaines où les
réorganisations peuvent produire des effets bénéfiques : dynamique du
changement pour l'avenir ; la gouvernance du réseau et des organismes, la
suppression des doublons dans les services fonctionnels convertis en effectifs
dans les secteurs de la production.
S’agissant de leurs responsabilités, 81,8% des directeurs locaux ont connu
une évolution de leurs activités (36/44 réponses). Parmi eux, la plupart a
constaté un accroissement du champ d’activités (47,7% de l’échantillon) ou un
changement de fonctions (34,1%), et parfois les deux cumulés (13,6%).
Inversement, parmi ceux ayant constaté une limitation du champ d’activités
(25% de l’échantillon), la majorité a vécu un changement de fonctions (54,4%).
Par déduction, la part des directeurs qui n’ont fait l’objet d’aucune
évolution est de 18,2% (8/44 réponses).
A noter quelques verbatim illustrant les changements opérés, tels que des
déplacements intersites en raison d’un élargissement de couverture
géographique, la responsabilité de directeur régional, ou du pilotage général,
24
Question 8 avec réponses à choix multiples
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
65
mais encore un témoignage « plus d'agents, plus de partenaires, plus de
travail ».
b) Les facteurs d’acceptation mis en avant par les directeurs locaux
Pour connaître quels facteurs leur paraissent indispensables à l’acceptation
de toute réorganisation, les directeurs ont été invités à sélectionner et
hiérarchiser cinq facteurs parmi onze proposés. Une pondération entre la
fréquence et le classement 25
a été appliquée pour classer les réponses par ordre
d’importance :
- Associer les directeurs locaux à la conception et la mise en œuvre du
projet est le facteur ayant la meilleure pondération (4,97) et étant le
plus cité (37 fois) ;
- Adapter les systèmes d'information (3,05 / 26 fois cité) ;
- Disposer de délais suffisants (2,93 / 31 fois cité) ;
- Maintenir des libertés d’organisation locales (2,62 / 25 fois cité) ;
- Expliciter les gains attendus pour le réseau (2,25 / 22 fois cité) ;
- Accompagner le personnel (par la CN ou un cabinet spécialisé) (2,20 /
21 fois cité.
Inversement, pour connaître quels facteurs leur paraissent constituer un
frein à l’acceptation de toute réorganisation, les directeurs ont été invités à
sélectionner et hiérarchiser trois facteurs parmi huit proposés. Trois facteurs se
démarquent tant en fréquence qu’en classement pondéré 26
:
- mobilité géographique imposée (5,4 / 28 fois cité) ;
- manque de visibilité quant aux enjeux (4,2 / 25 fois cité) ;
- manque d'association au projet (3,6 / 24 fois cité).
L’absence d’accompagnement au changement arrive en 4ème
position en
étant cité 15 fois.
25
1ère
position pondérée à 0,9 ; la 2ème
à 0,8 ; la 3ème
à 0,7 ; la 4ème
à 0,5 ; la 5ème
à 0,3 ; sinon 0 26
1ère
position pondérée à 1,0 ; la 2ème
à 0,6 ; la 3ème
à 0,3 ; sinon 0
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
66
S’agissant de la justification de la réorganisation du réseau, les directeurs
ont pu s’exprimer sur cinq critères proposés. Quatre sont plébiscités : la
réduction des coûts avec 89,1% de suffrages « d’accord » ou « plutôt
d’accord », suivi par l’optimisation des performances (82,6%), puis l’expertise
à développer (78,3%) et la garantie de continuité de service 76,1%).
L’évolution de la population couverte semble une justification de moindre
importance (39,1%).
Question 1 : « Selon vous, quels sont les critères qui ont justifié la réorganisation du réseau ? »
A noter quelques verbatim proposant d’autres critères justifiant une
réorganisation : la modernisation, la complexification des réglementations, le
mode de la pensée unique et l’hétérogénéité de la performance du réseau, la
pression de la Cour des comptes, le phénomène de mode, une démarche
institutionnelle, une modification de gouvernance, l’harmonisation avec les
zones d'influence géographique des partenaires ou le pilotage national.
c) D’une branche ou régime à l’autre, la satisfaction autour des réorganisations est très contrastée et des facteurs d’amélioration auraient pu être mis en œuvre
Sur les 44 suffrages exprimés en matière de satisfaction globale à l’égard
de la réorganisation, une forte majorité des directeurs (63,6%) se prononce
comme plutôt (45,5%) ou complètement (18,2%) satisfaits.
17,4%
45,7%
28,3%
17,4%
28,3%
21,7%
32,6%
47,8%
71,7%
54,3%
Evolution de la population couverte
Expertise à développer
Garantie de continuité de service
Réduction des coûts de gestion
Optimisation de la performance
ND
Pas d’accord
Plutôt pas d’accord
Plutôt d’accord
D’accord
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
67
Question 10 : « Comment évaluez-vous votre satisfaction à l’égard de la réorganisation ?»
Cependant, ces valeurs d’ensemble cachent de fortes disparités d’une
branche ou régime à l’autre27
, le niveau d’insatisfaction le plus fort étant en
MSA (80%) puis au RSI (70%) et le niveau de satisfaction le plus fort étant en
CAF (66,7% dont 50% de complètement satisfaits) puis en URSSAF (60% ;
40% de complètement satisfaits) et enfin en CPAM (81% de plutôt satisfaits).
Enfin, le questionnaire a permis à chaque directeur local de s’exprimer sur
un ou plusieurs facteurs sur lesquels il aurait pu être possible d’agir afin
d’accroître significativement leur satisfaction au regard des réorganisations.
L’ensemble des verbatim (au nombre de 27 ; voir annexe page 114) est
regroupé ci-après par thème de manière à dégager des pistes de réflexion :
- Sur un plan social :
o Penser la GPEC en amont, y compris pour les agents de
direction ;
o Ne pas réduire les responsabilités des directeurs, pourtant
sollicités dans le soutien au projet, sans considération quant à
leur satisfaction personnelle ;
27
Les résultats pour le régime des Mines ne sont pas exploitables.
31,8% 45,5% 18,2% Satisfaction à l'égard de
la réorganisation
Pas satisfait(e)
Peu satisfait(e)
Plutôt satisfait(e)
Complètement satisfait(e)
10,0%
10,0%
60,0%
18,2%
33,3%
80,0%
30,0%
30,0%
81,2%
16,7%
20,0%
20,0%
50,0%
40,0%
RSI
CPAM
CAF
MSA
MINES
URSSAF Pas satisfait(e)
Peu satisfait(e)
Plutôt satisfait(e)
Complètement satisfait(e)
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
68
o Préserver la motivation de chacun en évitant une dégradation de
la satisfaction professionnelle : par exemple en reconnaissant à
une nouvelle organisation la légitimité d’une montée en
puissance dans l’atteinte de ses objectifs ;
- Sur un plan organisationnel :
o Préparer en amont les systèmes d'information à la fusion ;
o Instaurer un accompagnement financier au plus tôt pour éviter
l’autofinancement et donc le règlement des difficultés par les
seuls organismes locaux ;
- Sur un plan stratégique :
o Inscrire des réorganisations dans une stratégie nationale claire et
ambitieuse, avec une meilleure lisibilité sur les enjeux ;
o Apporter un soutien plus pertinent au niveau du conseil du
nouvel organisme.
C. De l’analyse des questionnaires nationaux et locaux on peut déduire les principales attentes des directeurs et des caisses nationales afin d’améliorer leurs relations
1. L’hétérogénéité des mouvements de réorganisations
induit pour les directeurs locaux des attentes en termes de
visibilité des enjeux et de positionnement
Les mouvements de réorganisation trouvent leurs origines dans différentes
volontés, qu’elles émanent des branches ou des pouvoirs publics. Ils visent tous
à rationaliser les activités et à en améliorer la qualité. Néanmoins, la
clarification des enjeux entourant ces mouvements apparait comme une attente
forte des directeurs. Les résultats des questionnaires locaux montrent que le
lien entre les orientations stratégiques et les projets de réorganisation doit être
direct pour emporter l’adhésion.
Parallèlement, les caisses nationales témoignent quant à elles d'une volonté
de mener à bien les réformes par une association des directeurs. L’analyse des
questionnaires montre qu’elle est d’autant plus efficace lorsqu’elle se situe en
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
69
amont du projet. Celle-ci se traduit toutefois de façon différente selon les
branches. Nous pouvons reprendre pour exemple les cas de la branche
vieillesse et du régime agricole qui ont associé les directeurs dès la préparation
du projet. A l’inverse le RSI n’a pas fait le choix de consulter les directeurs
dans la démarche de création du régime.
Le positionnement des directeurs locaux tout au long du processus de
réorganisation est conditionné à la fois par leur degré d’implication et le
moment où celle-ci est mobilisée.
Les directeurs attendent une vision précise de la stratégie de branche ou du
régime pour être à même de conduire le changement mais également pour se
positionner dans le futur paysage organisationnel. En effet, la réorganisation
d’une branche ou d’un régime peut faire évoluer les prérogatives des directeurs
en poste.
Si l’association des directeurs est une donnée plutôt bien intégrée en amont
du projet, des attentes en termes d’accompagnement restent à satisfaire.
2. La nature et la dimension de l’accompagnement des
directeurs locaux est à adapter aux objectifs et à la stratégie
nationale
Les directeurs locaux bénéficient en général d’un accompagnement. Ce
dernier est attendu tant dans sa dimension institutionnelle que dans sa
dimension personnelle. Si l’on retrouve cette même volonté au niveau national,
force est de constater que la mise en œuvre prend plus une forme
institutionnelle (82,2% des directeurs interrogés ont été concernés).
L’accompagnement personnalisé se révèle finalement plutôt rare mais
apprécié. Selon notre échantillon, si seulement 20% des directeurs en ont
bénéficié, le taux de satisfaction mesuré est de 100%.
Une raison pouvant expliquer ce choix d’accompagnement par le niveau
national est peut-être à chercher dans la volonté de ne pas déresponsabiliser les
directeurs et les conforter dans leur rôle d’acteurs du réseau. Il est à noter que
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
70
pour mener à bien la réorganisation, les directeurs locaux ont plus bénéficié de
marges de manœuvre (délais, libertés) que de moyens supplémentaires. Chaque
directeur dispose d’une marge d’autonomie, d’un volant d’initiatives. L’attente
du niveau national réside dans la capacité du directeur local à bien utiliser cette
marge. Le directeur s’appropriera d’autant cette dernière qu’elle sera
clairement liée à un objectif et/ou une contrainte formulée par le niveau
national.
Le manque d'accompagnement, tout comme l'absence de vision à moyen et
long terme, sont des facteurs d'inquiétude qu’il semble nécessaire de prendre
en compte pour conduire une réorganisation.
3. Quelle est la corrélation entre les préoccupations du
niveau national et du niveau local ?
En définitive, les caisses nationales et locales se retrouvent autour de
préoccupations et attentes communes. Elles souhaitent mener à bien les
réformes tout en améliorant leur coopération. Les directeurs locaux sont en
général en phase avec les réformes qui, de leur point de vue de gestionnaire,
sont nécessaires et produisent des effets bénéfiques. Néanmoins, pour les
mener à bien, les dispositifs d’accompagnement, notamment personnalisés,
apparaissent comme un outil à développer. Cet accompagnement est également
à associer à une conséquence des réorganisations : l’évolution du métier de
directeur.
La plupart du temps, ces réorganisations ont une incidence, positive ou
négative, sur les fonctions des directeurs de plein exercice. Ainsi, une attente
forte existe dans la mise en œuvre d’une stratégie ressources humaines plus
développée (GPEC, évolution professionnelle et fonctionnelle, gestion des
risques psychosociaux, ...).
Cette attente est à rapprocher de la volonté de dynamisation de la carrière
des agents de direction de la Sécurité sociale, au centre des travaux du rapport
d’Annick Morel.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
71
III. De l’adhésion des directeurs à une institution en réseau consolidée, rationalisée et innovante.
A. Dans un contexte contraint, l’institution doit promouvoir des acteurs de la protection sociale, clefs de voûte des organismes, organisateurs de partenariats, managers d’équipes et ingénieurs de la protection sociale
1. Les directeurs locaux doivent s’emparer d’une marge
de manœuvre dans la gestion de leur organisme
Comme cela a été évoqué, le décret du 12 mai 1960 a conféré de nouvelles
prérogatives au directeur d’organisme, lui octroyant une certaine autonomie
dans la façon de piloter son organisme. Cependant le contexte dans lequel
s’exercent les missions d’un directeur est de plus en plus contraint du fait de
nouvelles exigences de maîtrise du risque et de régulation de la dépense. Le
processus de normalisation à travers la mise en œuvre d’une démarche qualité,
les audits, le contrôle interne, la validation des comptes participent également
à contraindre la marge de manœuvre des directeurs. Ces évolutions peuvent
laisser penser que l’autonomie des dirigeants d’organismes a été amputée de sa
substantifique moelle.
Les différents entretiens menés dans le cadre de cette étude ont démontré
qu’une telle conclusion est trop hâtive.
Les directeurs évoluent depuis la loi du 22 août 1950 dans un
environnement contraint pour la gestion et l’animation de leur organisme du
fait du cadre d’élaboration des budgets, et des directives nationales précises
entourant les systèmes d’information (achats des matériels informatiques,
utilisation des mêmes applicatifs au niveau national) par le mode de relation
établi avec les caisses nationales, à travers la mise en œuvre d’une
réglementation qui leur échappe, la fixation de budgets, de moyens alloués, de
règlementation et des systèmes d’information.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
72
Ainsi, la singularité d’un directeur réside dans sa capacité à conjuguer au
mieux ces contraintes et les moyens alloués en contrepartie : innover dans la
contrainte pour améliorer les performances de son organisme.
Au cours des échanges avec des directeurs, on a pu noter que lorsqu’un
directeur est contraint de rendre un pourcentage de ses effectifs, plusieurs
possibilités s’offrent à lui. Il peut laisser faire, rendre les postes et faire reposer
la charge de travail sur les autres agents, et ainsi subir la contrainte dans une
démarche passive. Il peut également adopter une attitude proactive, afin que la
décision soit la plus acceptable possible en utilisant sa marge de manœuvre.
Chaque contrainte devient l’occasion d’établir un diagnostic sur l’activité en
question, les moyens associés, en vue d’y trouver des gains d’efficience et de
qualité.
Ainsi la fonction de directeur dépend elle de la façon dont chaque individu
souhaite l’exercer.
De cette étude il ressort également que cette marge de manœuvre semble
de plus en plus dissociée de la fonction de directeur de plein exercice au profit
de l’implication de celui-ci dans le réseau.
Les restructurations dans les branches aboutissent à des organismes de
taille plus grande qui ont vocation à donner de nouveaux leviers d’autonomie.
Les partenariats sont facilités par le poids économique et social de ces
organismes mutualisés. Il ne revient pas à la caisse nationale seule de nouer des
partenariats mais bien au représentant de l’organisme localement. A terme, le
poids accentué de certains organismes et la capacité du directeur à se saisir des
opportunités offertes par le réseau doivent favoriser l’innovation. Des exemples
nous ont été cités illustrant ces propos, comme par exemple le projet de santé
active initié par le directeur de la CPAM du Mans Monsieur Negaret en 2004
ou le projet « Santé sport ». Ce dernier expérimenté par l’ARS et la CPAM de
Strasbourg consiste à rembourser des séances de sport afin d’inciter à
l’exercice d’une activité physique.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
73
2. Le rôle du directeur doit évoluer pour s’adapter aux
nouvelles exigences d’une organisation en réseau
La fonction de directeur tend à s’enrichir des relations proactives avec les
caisses nationales. L’association des directeurs aux réflexions du réseau est
autant bénéfique à ce dernier qu’elle est nécessaire à l’évolution de la fonction.
Que ce soit par leur implication dans la réflexion collective ou par les
nouvelles missions qui leur sont confiées, les directeurs sont voués à devenir
des animateurs du réseau. Ils assument désormais la gestion du risque (GDR),
mais une GDR qui se développe dans des sens différents et dans chacune des
branches. Ils doivent participer à l’analyse des impacts économiques et
financiers et être incubateurs d’idées. Ils sont invités à consacrer une partie de
leur temps de travail à des activités nationales, notamment par le biais de
participation à des comités nationaux.
La volonté de la direction de la sécurité sociale par le biais du rapport
Morel, insiste sur le besoin de diversification des métiers et des compétences :
« [43] Parallèlement, les métiers des ADD se sont diversifiés apportant des
inflexions qualitatives aux profils requis par l’institution.
[44] Tout d’abord, l’encadrement de la « production » qui était le cœur du
métier des ADD coexiste avec d’autres fonctions : qualité du service ; gestion
du risque ; pilotage de réseaux, animation de partenariats ou d’une réflexion
institutionnelle sur un thème émergent, créations d’outils stratégiques pour
l’institution, expertises pointues au profit de l’ensemble des organismes. »28
L’heure n’est plus qu’à la seule loyauté aux valeurs de la sécurité sociale,
elle doit également être à la prospective. Les directeurs réclament cette
association à la pensée collective de l’institution, il revient peut être aux caisses
nationales à la faciliter ? Les directeurs ont la plupart du temps été associés à
la mise en œuvre des réorganisations des réseaux mais sont-ils associés aux
réflexions futures. Les futurs dirigeants sont-ils incités à penser l’organisation
en réseau de demain ? Existe-t-il des outils permettant cette réflexion
collective ?
28
Rapport MOREL
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
74
L’Ecole nationale supérieure de sécurité sociale (EN3S) est un des rares
lieux de croisée des branches et des régimes de la sécurité sociale et le travail
de recherche-action participe sans doute à cet objectif de faire des dirigeants
des penseurs de la dynamique des réseaux.
3. Les directeurs doivent mettre leur ingénierie au service
de la dynamique des réseaux
Dans le cadre contraint et restructuré du nouveau paysage institutionnel, le
rôle du directeur doit être tridimensionnel :
- Etre responsable de la production et de l’action du service public de
sécurité sociale
- Etre le garant du climat social dans lequel s’exerce l’activité
- Etre ingénieur des politiques sociales dans la vie du réseau
Pour développer ce dernier volet de la fonction, l’EN3S se doit d’apporter
une réponse pédagogique à ces évolutions en se faisant laboratoire d’idées. Elle
s’est fixée pour missions de permettre aux futurs et actuels directeurs d’être
force de proposition et force d’initiative dans un cadre autonome délimité,
d’offrir un espace propice à la réflexion sur les politiques publiques, afin de
percevoir les perspectives d’évolution, et que les élèves « apportent leur
contribution intellectuelles et leur engagement dans le débat public »29
Pour développer cette dimension d’analyse et de contribution à la pensée
commune prospective, l’EN3S a introduit un cycle intitulé « Stratégie nationale
et dynamique des réseaux » (SNDR).
Outre la volonté de favoriser l’ingénierie sociale, un tel cycle dynamisera
le fonctionnement en réseau de la sécurité sociale ne serait ce qu’en
éclaircissant la notion de réseau et ce que cela implique en termes de
fonctionnement, de pilotage et d’implication des acteurs.
29
Article de la revue Regard n°41 Pourquoi penser – Philippe Georges
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
75
B. L’institution doit assurer le fonctionnement d'un réseau réactif, où chaque acteur est proactif
1. Les évolutions du réseau, quelles qu'elles soient,
doivent être pensées avec les directeurs afin d'optimiser leur
compréhension et leur implication
La perception qu’ont les directeurs de l’évolution du réseau est liée aux
conditions de la mise en place d’une nouvelle gouvernance.
A partir des années 2000 la branche maladie a commencé une réflexion sur
comment la tête de réseau doit conforter sa gouvernance interne et son réseau,
le tout afin de stimuler l’accompagnement, l’innovation et promouvoir la
mutualisation. Il en ressort l’idée d’une coordination en région, notamment
dans le domaine de la gestion du risque. Pour cela, il a fallu convaincre les
directeurs du champ des possibles, les associer à l’émergence de services
nouveaux, plus homogènes et en synergie avec les autres partenaires extérieurs
(création d’un comité régional de direction avec CPAM, CARSAT, CAF).
Selon un autre modèle, la branche du recouvrement s’est engagée dans une
restructuration radicale et rapide en régionalisant son réseau. Aboutissant à une
perception différente de celle des CPAM.
L'association des directeurs locaux, en amont de toute réflexion et
conception à travers une communication homogène, permet une meilleure
appropriation des enjeux. Cela conditionne également leur degré d'acceptation
et d'implication dans la réussite de la reconfiguration.
Au sein du réseau des CPAM, la mise en place de la nouvelle stratégie de
coopération a été peu ou pas assez expliquée, et s’est donc superposée à la
stratégie historique de compétition entre caisses aboutissant à une
incompréhension face aux difficultés rencontrées, l’apparition de coûts
supplémentaires et de tensions dans le réseau30
.
30
Article de la revue Regard n°41 Les enjeux de la dualité de stratégies au sein des CPAM : de
la compétition à la coopération
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
76
L’association à la « pensée du réseau » participe de l’unité de ce dernier et
à sa capacité à innover. Or rien ne peut être plus mauvais que de réduire la
capacité d’inventer et d’innover d’un réseau.
2. Les têtes de réseau ne peuvent reconfigurer
l'organisation de la branche sans un accompagnement des
directeurs locaux et une communication efficace
L’accompagnement, comme l’ont révélé les questionnaires, est essentiel à
la participation efficace des directeurs. Il se décline en deux volets.
L’accompagnement dit institutionnel, déjà généralisé sous des aspects
différents selon les branches et les objectifs visés. Et l’accompagnement
personnel, plus rare mais très apprécié.
S’il convient de veiller à ne pas faire de cet outil un levier
déresponsabilisant et inhibiteur d’initiative, force est de constater qu’il est
moteur pour l’ensemble des acteurs. Il constitue un point de réflexion croisée
sur les attentes et besoins du réseau et de ses acteurs. Formaliser un
accompagnement nécessite en effet de s’intéresser à son utilité et à l’objectif
qu’il poursuit.
L’accompagnement institutionnel constitue un outil relativement
développé dans la reconfiguration des réseaux et apparaît pour la caisse
nationale comme un corollaire de la mise en œuvre d’une réorganisation. En
revanche, le développement de l’accompagnement personnel des directeurs
semble trop peu avancé. Or, de notre point de vue, ce type de démarche
présente plusieurs avantages. En effet, il permet d’intégrer le fait que le
directeur local, afin de mener à bien le projet de la branche du régime, doit
disposer des moyens et informations nécessaires mais aussi se trouver dans une
posture adaptée. Tandis que l’accompagnement institutionnel permet plus de
donner de l’information, l’accompagnement personnel permet plus la mise en
œuvre dans des bonnes conditions de préparation.
L’accompagnement personnel a également pour avantage de permettre au
directeur local, dont les fonctions évoluent vers des fonctions de type directeur-
délégué, chargé de projets, de faire un point sur ses compétences, de se
préparer au changement et en définitive, de lui permettre de trouver sa place
dans un contexte changé.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
77
Le développement de l’accompagnement personnel doit s’inscrire dans la
modification de la gestion des ressources humaines par la caisse nationale, que
nous développerons dans la suite de notre étude.
Les modalités de développement restent cependant à déterminer :
généralisation ou sur la base de volontariat ? Action par des acteurs
institutionnels (EN3S) ou par des cabinets extérieurs ? Il n’en demeure pas
moins que l’accompagnement des directeurs est à considérer de manière
attentive par la caisse nationale, du fait de ses effets facilitateurs pour la
réorganisation et des conséquences de cette dernière sur le rôle des dirigeants
locaux.
En sus de l’accompagnement plébiscité par les directeurs, il semble qu’une
communication efficace doit être pensée en amont. Cette dernière doit offrir un
maximum de visibilité lors de la mise en œuvre de la reconfiguration.
La communication doit être présente sur plusieurs plans. La
communication interne doit permettre de faire circuler dans le réseau
d’organismes locaux les éléments constitutifs de la réorganisation. Cette
dernière concerne bien entendu les dirigeants et les salariés mais aussi un
ensemble de partenaires internes (conseils, conseils d’administration) et
externes (associations, entreprises, collectivités locales).
Il est donc primordial que la communication interne permette à la caisse
nationale de fournir aux directeurs locaux le même niveau d’information, au
même moment. Ceci doit permettre d’éviter toute mésentente sur le projet, de
fixer la ligne de conduite, les objectifs attendus et de permettre aux dirigeants
d’informer le personnel de leur organisme. Un déficit de communication dans
le réseau présente plusieurs dangers : spéculations sur le projet, incertitudes
conduisant à une inquiétude des personnels, difficultés quant aux relations avec
les partenaires sociaux et les partenaires extérieurs.
Pensée en amont, la communication interne permet à la fois de donner de
l’information et de prévenir certaines difficultés dans la mise en œuvre du
projet, que pourrait rencontrer le dirigeant local.
La communication externe doit également être intégrée en amont et tout au
long du projet. Compte tenu de l’impact de la présence des organismes de
sécurité sociale sur un territoire, la réorganisation doit s’appuyer sur un
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
78
dispositif de communication fort destiné aux partenaires externes de
l’organisme. Ceci permet de confirmer les missions de l’organisme et quelque
part de « rassurer » les bénéficiaires de ses actions. Elle permet aussi de
diffuser de manière large et maîtrisée la transformation du réseau pouvant
produire un impact sur les relations entre usagers et organismes
(départementalisation des CPAM) ou sur l’identité du régime ou de la branche
(création du RSI, transformation des CRAM en CARSAT...).
La communication, tout comme l’accompagnement, est un outil
d’information et donneur de visibilité, à la fois pour les dirigeants et
l’organisme.
3. Les directeurs locaux, premiers acteurs du réseau,
doivent pouvoir y trouver leur place afin de le faire vivre au
mieux et pour cela, la tête de réseau doit assurer un maximum
de visibilité à chacun en définissant un cadre clair
Afin que les directeurs s'approprient pleinement leur place dans le réseau,
faire vivre leur marge de manœuvre et leur possibilité d'initiative, la visibilité
des réorganisations constitue un véritable enjeu pour la direction des caisses
nationales.
En effet, la marge de manœuvre et la capacité d’innovation d’un directeur
local représente un outil significatif pour le niveau national et local. Du point
de vue du national, ces deux capacités représentent une capacité
d’expérimentation et de développement de problématiques de la branche ou du
régime. Bon nombre d’initiatives locales ont conduit à une généralisation dans
le réseau. De manière plus classique, de nombreux exemples d’expérimentation
existent dans des organismes pilotes de projets nationaux.
Ces deux éléments permettent également d’offrir la possibilité à un
organisme local de trouver sa place dans un environnement en évolution, de
fournir à son personnel des éléments de motivation et de développement des
compétences internes, utiles au réseau. Ceci prend d’ailleurs tout son sens dans
un contexte où de nombreux acteurs locaux participent aux travaux de la caisse
nationale (mises à disposition, association à des groupes de travail).
La faculté d’un directeur local à pouvoir utiliser pleinement ses ressources
internes représente donc un élément de motivation pour l’organisme et conforte
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
79
le dirigeant local dans sa capacité d’agir au sein de l’organisme dont il a la
charge. Il s’agit d’un élément facilitateur en interne et potentiellement
générateur de plus-value pour le niveau national.
En parallèle, les têtes de réseau doivent définir un cadre de référence clair
et contrôlé. Devant l'évolution de la taille des réseaux et la redéfinition des
missions et des moyens liés pour les mener à bien, la caisse nationale, en tant
que tête du réseau, doit fixer le cadre permettant l'action des directeurs locaux.
Il doit ainsi jouer un rôle de régulateur dans la définition et l'animation du
réseau, développer une logique de coopération au sein du réseau. Ce cadre de
travail doit permettre aux directeurs locaux de se positionner dans la nouvelle
organisation et de passer d'une logique d'organismes en compétition à une
logique de coopération entre eux.
Enfin, la caisse nationale, en tant qu'initiateur de la stratégie doit s'atteler à
donner une visibilité aux directeurs sur l'avenir du réseau, et ainsi leur
permettre de se projeter au sein de la branche et de l'institution sur le plus long-
terme.
En effet, comme nous avons pu le relever lors de nos travaux, la visibilité
donnée aux acteurs locaux apparaît comme une dimension forte dans la mise en
œuvre d'une réorganisation et un élément attendu d’amélioration par les
dirigeants locaux. Elle permet ainsi de donner aux dirigeants locaux une vision
sur l'évolution du réseau, leur permettant ainsi de la préparer et de la diffuser
au sein des organismes du réseau, le cas échéant.
Au-delà de la visibilité du projet, la nécessité de disposer pour les
dirigeants locaux d'informations permettant de se projeter à moyen et long
termes représente un enjeu essentiel du processus d'évolution des réseaux.
Comme nous le détaillerons par la suite, la transformation du métier de
dirigeant local doit s'accompagner de la mise en œuvre d'outils de gestion des
ressources humaines et de détermination d'objectifs à atteindre. De ce fait, la
connaissance de l'évolution du réseau sur une perspective relativement longue
est un facteur permettant au dirigeant local de se positionner et d'anticiper au
maximum les évolutions de son organisme et son évolution personnelle.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
80
Comme tout acteur du réseau, le dirigeant local se doit de disposer des
éléments de contexte permettant de comprendre le but recherché, afin de
pouvoir s'intégrer dans le dispositif et favoriser l'atteinte de l'objectif. Donner
de la visibilité au réseau exige d’associer plus étroitement les directeurs
d’organismes aux instances stratégiques de la branche. La branche famille
constitue sur ce point un exemple significatif. Aux termes de la COG 2009-
2012, en matière de pilotage stratégique, la branche famille s’est tout d’abord
dotée d’un comité stratégique, composé de directeurs de CAF sur une base
régionale, et chargé de participer à la réflexion prospective de la caisse
nationale. On trouve également un conseil de réseau qui rassemble des
directeurs de caisses sur une base régionale, sensés s’exprimer sur les projets
institutionnels de la branche. D’autre part, en matière de pilotage opérationnel,
la Caisse nationale d’allocations familiales a créé un comité opérationnel de
branche, composé des directeurs des territoires où sont implantés les centres
informatiques, et qui doit traiter l’ensemble des difficultés rencontrées dans le
déploiement des missions des CAF. Le degré d’association des directeurs aux
réflexions collectives distingue la branche famille des autres branches comme
la branche maladie, davantage articulée autour de relations verticales entre la
tête de réseau et les CPAM, et confiant plus volontiers des missions nationales
aux directeurs d’organismes. Le nombre pertinent d’instances et la
configuration de ces instances restent à préciser mais les caisses nationales
doivent aménager les conditions d’une association effective des directeurs à la
réflexion stratégique des branches et des régimes.
En définitive, il est donc nécessaire pour les caisses nationales de faire
évoluer leur relation avec les directeurs locaux afin de profiter de la richesse
que représente un tel vivier d’acteurs territoriaux des politiques sociales. Cela
passe par une gestion dynamique et modernisée des ressources constituées par
les dirigeants des organismes locaux.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
81
C. Les têtes de réseau doivent mettre en place une gestion claire, moderne et dynamique du vivier des directeurs d’organismes
Les caisses nationales doivent assumer et consolider leur position de tête
de réseau vis-à-vis de leur vivier d’agents de direction (ADD). Cette démarche
serait à considérer selon deux aspects : la gestion de la relation contractuelle
entre le niveau national et le directeur local et le développement d'une gestion
modernisée et dynamique des carrières de ces personnels de direction.
1. Clarifier la position des directeurs d’organismes vis-à-
vis de leurs caisses nationales : quelle nécessité d’instaurer
une relation contractuelle ?
Directement impliqués dans l'activité du réseau, les directeurs constituent
pour la tête de réseau des acteurs essentiels dans la conduite du changement, la
mise en œuvre des stratégies nationales et la réalisation des objectifs du régime
ou de la branche. Depuis 1996, un certain nombre de dispositifs concernant les
directeurs ont vu le jour, rénovant leurs relations avec le niveau national et
visant à dynamiser les relations entre ces deux niveaux de responsabilités.
Ainsi, l'évolution des modes de nomination et de révocation des directeurs
locaux depuis 2004 a fortement renforcé le rôle du directeur de la caisse
nationale, modifiant notamment le lien hiérarchique entre le directeur général
et le directeur local.
Toutefois, malgré cette évolution, des questions subsistent dans le domaine
de la relation entre ces acteurs. En effet, bien que nommé et pouvant être
« révoqué » par le directeur général de la caisse nationale, la relation
contractuelle demeure au niveau local entre le directeur et l'organisme dont il a
la charge. Selon le rapport IGAS de 2007, cet état de fait pourrait entraîner des
difficultés dans la mise en œuvre de certaines missions ou dispositifs (fin de
fonction par exemple, effectivité des lettres de mission pour des durées
déterminées). Se pose dès lors la question de modifier la relation contractuelle
et d'évoluer vers l'établissement d'un contrat de travail entre la caisse nationale
et le directeur local. Cette hypothèse se retrouve ainsi posée dans le rapport
2007 IGAS, introduisant une dimension supplémentaire : faire de tous les
agents de direction des salariés de la caisse nationale.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
82
En replaçant cette proposition dans le contexte de notre étude et donc au
niveau des directeurs locaux, plusieurs éléments sont à considérer, quant aux
bénéfices de sa mise en œuvre. Il apparaît logique d’inscrire cette possibilité
dans l’évolution du lien entre le niveau national et local. En effet, compte tenu
de l’évolution des réseaux et du décret de 2010 renforçant les pouvoirs du
directeur général à l’encontre des directeurs locaux (proposition quant à la
nomination, révocation) mais également du rôle du directeur local de mettre en
œuvre au plan local les stratégies de branche, pourquoi ne pas considérer le fait
que le directeur local soit lié contractuellement avec la caisse nationale ? Cette
évolution permettrait de résoudre les difficultés liées au statut actuel des
directeurs locaux, à savoir responsable de la gestion de leur organisme et de ses
actions, et dépendant du niveau national : mise en œuvre des stratégies de
branches, attribution des moyens humains et financiers… Il permettrait de
clarifier le lien existant en le formalisant et fixerait les objectifs et les
contreparties liées.
De plus, l’existence d’un tel contrat permettrait de faciliter la gestion de
situations complexes, liées au repositionnement des directeurs locaux à l’issue
des mouvements de réorganisation. En effet, le lien contractuel pourrait rendre
plus flexible leur positionnement, permettant d’évoluer vers d’autres
organismes du réseau mais aussi vers des fonctions différentes de gestion de
projets nationaux.
Cependant, malgré cette clarification des relations, certaines difficultés
seraient à considérer avant d'envisager la mise en œuvre d'une telle réforme.
Outre les oppositions politiques et syndicales potentielles, notamment au sein
des conseils, qui pourraient y voir une réduction de leurs pouvoirs et des
associations de directeurs, un risque de rigidification des relations entre le
niveau national et local existe. De plus, dans un cadre d'évolution des réseaux
de la sécurité sociale, ce dispositif pourrait renforcer le cloisonnement entre les
branches, alors que le développement de la mobilité, géographique mais aussi
interbranche est un axe de travail fort de ces dernières années. Une difficulté
existerait également eu égard aux directeurs de CARSAT, dont l'activité
recouvre deux branches. Quelle branche serait compétente ? Quels seraient les
critères à appliquer : ratio des activités dans l’organisme, parcours
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
83
professionnel ? Il est d'ailleurs à signaler qu'au niveau des caisses nationales, si
ce dispositif se réalisait, ces dernières l'envisageraient plus pour les directeurs
et les agents comptables que pour l'ensemble des agents de direction31
.
En définitive, et à notre sens, la question de proposer une relation
contractuelle formelle entre la caisse nationale et le directeur local ne nous
apparaît pas comme un enjeu fort actuellement. Le dispositif actuel est un
dispositif « ambigu » qui a le mérite de préserver les équilibres de pouvoirs et
les initiatives locales. Le fait de formaliser par un contrat écrit la relation de
travail entre un directeur et la caisse nationale remettrait en cause le statut du
directeur, tel qu’il est conçu actuellement. En cas de rédaction d'un tel contrat,
cela pourrait conduire à une certaine « fonctionnarisation » de la fonction de
directeur. Cela risquerait de limiter les initiatives et pourrait se révéler
contreproductif.
Il nous apparaît plus intéressant de privilégier les outils à disposition de la
caisse nationale, constituant des moyens d’action et d’incitation pour
« manager » les directeurs, tels que les rendez-vous de carrière. D'autres axes
de travail peuvent être privilégiés, notamment dans l'évolution des dispositifs
conventionnels ou contractuels. Les caisses nationales pourraient ainsi
développer et favoriser la mobilité des directeurs et agents comptables, soit en
prévoyant de manière explicite le principe de mobilité dans la convention
collective ou en prévoyant, au sein de contrats types, une clause relative à la
mobilité, définissant les principes de début et de fin de mission.
Un autre levier serait de confier une mission nationale en sus des activités
déjà assurées (tout en veillant à donner un réel intérêt à la mission et en
anticipant la fin de cette dernière). Ce dispositif serait intéressant pour des
agents de direction en montée de carrière. L'utilisation des groupes de travail
intervenant sur un projet national, l'obligation de passer par des chantiers
nationaux dans le cadre du parcours professionnels apparaissent comme des
outils intéressants en la matière.
31
Rapport IGAS 2007
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
84
D'autres pistes de réflexion, développées dans le rapport Morel, sont
également à considérer dans le développement des relations entre la caisse
nationale et le directeur local : développement de l'accompagnement ressources
humaines, proposition d'une offre de services par la caisse nationale aux
directeurs locaux (participation aux entretiens de recrutement d'ADD,
méthodes d'évaluation...), mise en place des entretiens de carrière destinés aux
ADD, GPEC et gestion des risques psycho-sociaux.
2. Développer une gestion modernisée de la carrière des
directeurs en privilégiant une dynamique de gestions de
compétences et un accès rénové aux fonctions de dirigeant
Comme nous l'avons vu précédemment, de fortes questions demeurent
quant à la gestion des fonctions de directeurs par la caisse nationale notamment
dans la relation contractuelle et le traitement des attentes des directeurs à
l'encontre de leur caisse nationale. Une autre dimension, entrant dans ce
questionnement, est à développer. En effet, outre la question du lien
hiérarchique, toute la problématique du développement des compétences, de la
gestion des parcours professionnels et de l'adaptation des fonctions des
directeurs aux évolutions des réseaux est à prendre en considération. Cette
question est en lien direct avec le développement d'une gestion dynamique et
rénovée des carrières d'agents de direction, thème des travaux menés par
Annick Morel.
Partant du constat d'une gestion peu dynamique et n'ayant su s'adapter aux
évolutions des besoins à la fois des organismes de sécurité sociale et des agents
de direction, le rapport Morel de décembre 2010 dresse un bilan de la gestion
des ressources dirigeantes, des conditions d'accès aux fonctions d'agents de
direction (mécanisme des listes d'aptitude) et le mode de formation de ces
personnels (rôle de l'EN3S) mais aussi propose un ensemble de mesures
concourant au développement d' « une nouvelle dynamique de gestion des
agents de direction ».
Ces propositions, placées sous un nouveau fonctionnement évoqué au sein
du rapport et un maintien de la liste d'aptitude (LA), sont envisagées selon
cinq axes d’évolution de sa gestion :
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
85
- Modification des critères pour l’accès à la liste d’aptitude afin de
correspondre à l’expression des attentes de l’institution et non de
logiques administratives ;
- Professionnalisation des évaluations ;
- Diversification des accès à la liste d’aptitude en fonction des profils ;
- Clarification du rôle des instances collectives intervenant dans le
processus de sélection.
Si ces propositions apportent une réponse au constat réalisé du
fonctionnement actuel, il s'agit surtout des conditions nécessaires à la réussite
de la réforme qui se révèlent cruciales dans l'atteinte des objectifs attendus. En
effet, il ne peut être envisagé de mener à bien une réforme sans considérer et
agir sur les conditions d'accès aux fonctions d'agent de direction et sur les
formations de ces derniers. Cela suppose notamment une réforme de la
scolarité EN3S (voie d'accès privilégiée à ces fonctions) et la définition de la
mobilité fonctionnelle envisagée pour ces acteurs.
Toutefois, ces éléments, bien qu'essentiels à la définition des parcours des
agents de direction et a fortiori des directeurs, ne constituent pas des outils
appartenant en propre aux caisses nationales. Il existe néanmoins plusieurs
facteurs qui permettraient pour les caisses nationales, selon le rapport Morel,
de participer à la dynamisation de la carrière des agents de direction dans leur
ensemble.
Une première voie de réflexion concerne le rôle des caisses nationales
dans la liste d'aptitude. Les caisses nationales siégeant à la commission de la
liste d’aptitude communiqueraient, par l’intermédiaire des directeurs
d’organismes, les évaluations effectuées aux agents inscrits et non-inscrits sur
la liste d’aptitude.
Une autre piste de réflexion entrant à notre sens plus en cohérence avec les
attentes des directeurs locaux, est le développement de l'offre
d'accompagnement dans la prise de fonctions et dans la réalisation du parcours
professionnel. En effet, dans un contexte marqué par une évolution de la taille
des réseaux et de leurs modes de fonctionnement, par la dimension de la
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
86
mobilité (inter-organismes, interbranches ou inter-régimes), l'accompagnement
institutionnel constitue un champ d'activité impératif à la réponse de ces
problématiques. Cet accompagnement, présent tout au long de la carrière,
apparaît comme un élément manquant à ce jour et nécessaire, à notre sens, pour
répondre aux attentes des directeurs et des agents de direction. En effet, la prise
de fonction, dans des contextes pouvant être difficiles, la modification des
missions induites par les réorganisations, le besoin de visibilité et la prévention
des risques psycho-sociaux constituent à ce jour des préoccupations supposant
l'appui et l'action des caisses nationales.
L'EN3S, en lien avec les caisses nationales, constitue dans le cas d'espèce
un partenaire privilégié des caisses nationales pour organiser cet
accompagnement, pour l'ensemble des branches32
. La recherche d'un
décloisonnement entre les branches et les régimes apparaît également comme
une attente forte des directeurs et de l'Institution, dans le cadre du
développement des compétences et des parcours professionnels. Associé à un
contexte de réorganisation et d'évolution des réseaux, le développement des
possibilités de mobilité constitue un levier d'action important pour les
directeurs. Le rapport Morel évoque ainsi plusieurs pistes visant à lever les
freins à la mobilité :
- limiter les points de cumul des fonctions ;
- développer des dispositifs conventionnels ;
- mieux prendre en compte la question des conjoints internes à
l'institution, en termes d'employabilité, mais également expérimenter
pour les conjoints hors institution, la possibilité de recourir à un
cabinet de placement après six mois de recherches d'emploi
infructueuses.
Ainsi, la réussite d’une réorganisation des réseaux, outre ses aspects
réglementaires et stratégiques, dépend également de la gestion des ressources
humaines réalisée au niveau des directeurs locaux. La dynamique des réseaux
32
Rapport MOREL, p.18
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
87
doit se retrouver au niveau de la gestion des acteurs animant ces derniers. Une
démarche particulière doit ainsi être portée à l’impact de la réorganisation des
réseaux sur les métiers de dirigeants d’organismes et le rôle moteur des
dirigeants locaux dans la transformation des organisations.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
89
Conclusion
Depuis les ordonnances Jeanneney de 1967, la professionnalisation des
directeurs s’affirme en faveur d’une plus grande autonomie de gestion des
organismes locaux. Parallèlement les caisses nationales développent un
pilotage stratégique indispensable dans le cadre d’un mouvement de
restructurations des branches qui doit répondre aux nouvelles contraintes
budgétaires. Dès lors, les missions des directeurs évoluent et ces derniers
apparaissent davantage comme les acteurs territoriaux opérationnels d’une
stratégie nationale.
L’Institution se dirige vers le renforcement d’un réseau intégré avec une
caisse nationale constituée comme un centre stratégique fort exerçant un
contrôle de l’activité et des ressources et un management hiérarchique du
réseau des unités locales autonomes. Cette évolution suscite certaines
questions. Les nombreuses réorganisations qui découlent de ce mouvement ne
sont pas sans conséquences sur les dirigeants locaux qui formulent de
nombreuses attentes. Les questionnaires et entretiens réalisés ont montré tous
les enjeux du repositionnement de la relation entre les niveaux national et local.
Si la volonté d’atteindre une organisation efficiente d’entreprise en réseau
semble être partagée par l’ensemble des acteurs, de nombreux obstacles
freinent encore cette dynamique. L’absence d’un projet suffisamment partagé,
la culture d’indépendance de certains organismes, l’ambigüité des liens entre
les caisses nationales et l’Etat et une créativité individuelle et collective encore
insuffisantes sont autant de défis à relever. A l’issue de ce travail de recherche
action, il convient de souligner le souhait partagé d’une évolution du réseau et
son corollaire, la nécessité de repenser la fonction de dirigeant local.
Le réseau doit offrir la possibilité de coopérations concrètes et un
partage de bonnes pratiques pour améliorer l’efficacité collective, notamment
en favorisant et diffusant l’innovation locale. L’objectif est de renforcer
l’homogénéité et la pertinence de l’offre de service. Si un consensus semble se
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
90
dégager concernant la nécessité d’un réseau fort, clairement positionné dans
ses orientations politiques et engagé dans une démarche d’objectifs et de
résultats dans le cadre des COG, les modalités du management du réseau
doivent s’adapter aux nouvelles attentes des directeurs locaux.
Parallèlement, le rôle et les missions du directeur doivent s’adapter à
cette dynamique de réseau. En effet, le fonctionnement en réseau accroît la
dimension stratégique de la fonction de dirigeant. L’EN3S doit ainsi apporter
une réponse pédagogique à ce besoin de diversification des métiers et des
compétences qui a fait de la qualité du service, de la gestion du risque ou
encore de l’animation de partenariats, les nouvelles exigences du réseau. Le
passage d’une organisation de type hiérarchique à une organisation en réseau
nécessite par ailleurs une modernisation de la gestion des carrières des
directeurs afin de dynamiser leur évolution au sein de l’Institution.
En somme, les dirigeants locaux sont la première force d’un
fonctionnement en réseau et doivent trouver leur juste positionnement dans une
relation renouvelée. La « relation national/local chez les dirigeants » souligne
ainsi la délicate articulation de deux nécessités conjointes : l’intégration et la
différenciation des organismes locaux.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
91
Bibliographie
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93
Table des matières
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 5
RESUME ................................................................................................................................ 7
SUMMARY ............................................................................................................................. 9
INTRODUCTION ................................................................................................................... 11
I. DE L'ERE DES COMMIS A L'ERE DES DELEGUES, PERSPECTIVE HISTORIQUE DU ROLE DU DIRECTEUR D'ORGANISME DE SECURITE SOCIALE ............................................................... 15
A. « L’ERE DES COMMIS » : L’ORGANISATION INITIALE DE LA SECURITE SOCIALE, MARQUEE PAR LA
DISPERSION ET LE CLOISONNEMENT DES CAISSES HERITES DES TRADITIONS MUTUALISTES, NE FAIT GUERE DE
PLACE A LA FONCTION DIRECTORIALE (1945-1960) ......................................................................... 17 a) La sécurité sociale est créée dans un environnement marqué par le poids des institutions de prévoyance, sous la forme d’une organisation décentralisée et qui accorde la gestion exclusive des caisses aux représentants des assurés .................................................................. 17 b) La gestion exclusive des conseils d’administration ne laisse que peu de marges à des directeurs qui sont tout juste les « commis » des caisses .......................................................... 19 c) La gouvernance des organismes dominée par des conseils d’administration peu présents et l’absence de prérogatives des directeurs nourrit une gestion inefficace et malsaine des caisses ......................................................................................................................................... 21
B. « L’ERE DES PATRONS » : LA CONSECRATION DE LA FONCTION DIRECTORIALE CREE UNE RUPTURE ENTRE
LA FILIERE POLITIQUE ET LA FILIERE TECHNOCRATIQUE AU SEIN DES ORGANISMES, CONFORTEE PAR
L’INSTITUTION DES CAISSES NATIONALES EN 1967 EN TANT QUE TETES DE RESEAU (1960-1996) ............. 24 a) Le décret de 1960 opère une distinction entre une filière technocratique constituée par les directeurs devenus des professionnels de la gestion et une filière politique incarnée par les conseils d’administration ............................................................................................................ 24 b) La professionnalisation de la gestion des caisses est confortée par la réforme de 1967 qui pose les fondements d’une organisation en réseau inaugurant de nouveaux rapports entre le niveau national et le niveau local ............................................................................................... 27 c) Les difficultés pour le niveau national à s’imposer témoignent de l’ancrage des pratiques locales initiées par des Directeurs locaux désormais implantés et autonomes .......................... 29
C. « L’ERE DES DELEGUES » ? (1996 A NOS JOURS) : LA REFONTE DES RELATIONS ENTRE LES ACTEURS DU
SERVICE PUBLIC DE SECURITE SOCIALE SUR UNE BASE CONTRACTUELLE, POURSUIT LA TRANSFORMATION DE
L’INSTITUTION SOUS LA FORME D’UNE ORGANISATION RETICULAIRE QUI POUSSE A REDEFINIR LE ROLE DES
DIRECTEURS LOCAUX .................................................................................................................. 31 a) L’instauration d’une relation contractuelle nouvelle entre acteurs en charge du service public de sécurité sociale consolide les bases d’un fonctionnement en réseau ......................... 32 b) La réforme particulière à la branche maladie de 2004 avec ses modalités nouvelles de nomination des directeurs d’organisme étendue aux autres branches ouvre la voie à un repositionnement des directeurs d’organismes vis-à-vis de la « tête de réseau » ..................... 35 c) Les restructurations des réseaux d’organismes engagées depuis le milieu des années 2000 s’inscrivent dans la démarche de transformation de la Sécurité sociale en une organisation réticulaire qui conduit à faire des directeurs des délégués du niveau national poursuivant un objectif commun ............................................................................................... 38
II. A LA RECHERCHE DES FACTEURS DE REUSSITE D’UNE REORGANISATION : ENTRE ADHESION, ACCOMPAGNEMENT, LIBERTES ET SATISFACTION DES DIRECTEURS ................. 43
METHODOLOGIE ....................................................................................................................... 43 L’ECHANTILLON DES DIRECTEURS LOCAUX ....................................................................................... 45 A. UNE CONSCIENCE PARTAGEE DE LA NECESSITE DE REORGANISER LE RESEAU QUI SE FONDE SUR UNE
ASSOCIATION A LA CONCEPTION DU PROJET, UN ACCOMPAGNEMENT INSTITUTIONNEL ET DES MARGES DE
MANŒUVRES LOCALES LORS DE SA MISE EN ŒUVRE .......................................................................... 48 1. Le lancement du projet et sa construction par la caisse nationale ne peut se faire sans l’association et la consultation des directeurs locaux .............................................. 48
a) Comment est née la réflexion de la réorganisation ? ....................................................... 48
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
94
b) Si les modalités d’association des directeurs par les caisses nationales ont pris des formes diverses… .................................................................................................................................... 49 c) … la très grande majorité des directeurs a été consultée ou associée au lancement de la réorganisation. ............................................................................................................................ 51
2. Si l’accompagnement institutionnel est généralisé et nécessaire, l’accompagnement individualisé, plus exceptionnel, est d’autant plus apprécié par les directeurs ................ 52
a) Comment la caisse nationale a-t-elle accompagné le changement ? ............................... 52 b) Cet accompagnement institutionnel, variable d’un régime à l’autre, a été jugé nécessaire par les directeurs locaux à la condition qu’il soit adapté ............................................................ 54 c) L’accompagnement individualisé est préféré aux offres génériques ................................ 56
3. Les marges de manœuvres laissées aux directeurs locaux apparaissent comme le troisième élément déterminant de la gestion d’une réorganisation ................................ 57
a) Quelles marges de manœuvre les caisses nationales ont laissées aux directeurs locaux dans la mise en œuvre de la réorganisation ? ............................................................................ 57 b) Davantage de libertés offertes que de moyens supplémentaires pour mener les réorganisations ........................................................................................................................... 58
B. SI « AUCUNE RECETTE MIRACLE » NE SEMBLE EMERGER, DES ELEMENTS DE SATISFACTION ET DES POINTS
D’AMELIORATION SONT AVANCES POUR UNE MEILLEURE ACCEPTATION ET REUSSITE DES REORGANISATIONS . 59 1. Les évaluations plus ou moins formalisées ont permis aux caisses nationales de mesurer le ressenti des directeurs locaux et de mettre en avant des éléments déterminants pour le succès d’une réorganisation sans qu’une méthode commune se détache ............................................................................................................................. 59
a) Une évaluation de la réorganisation est-elle réalisée par la tête de réseau ? .................. 59 b) Les éléments d’adhésion et de réticence des directeurs locaux face à la réorganisation mis en avant par les caisses nationales....................................................................................... 60 c) Les facteurs de réussite sont identifiés par les organismes nationaux ............................. 61
2. Les directeurs portent une appréciation contrastée sur les réorganisations : majoritairement positive en matière de gestion mais très perfectible sur les moyens déployés............................................................................................................................ 63
a) Les réorganisations n’ont pas manqué d’effets bénéfiques, notamment de gestion, ni d’impact sur les responsabilités des dirigeants .......................................................................... 64 b) Les facteurs d’acceptation mis en avant par les directeurs locaux ................................... 65 c) D’une branche ou régime à l’autre, la satisfaction autour des réorganisations est très contrastée et des facteurs d’amélioration auraient pu être mis en œuvre ................................ 66
C. DE L’ANALYSE DES QUESTIONNAIRES NATIONAUX ET LOCAUX ON PEUT DEDUIRE LES PRINCIPALES
ATTENTES DES DIRECTEURS ET DES CAISSES NATIONALES AFIN D’AMELIORER LEURS RELATIONS ................... 68 1. L’hétérogénéité des mouvements de réorganisations induit pour les directeurs locaux des attentes en termes de visibilité des enjeux et de positionnement .................. 68 2. La nature et la dimension de l’accompagnement des directeurs locaux est à adapter aux objectifs et à la stratégie nationale ............................................................. 69 3. Quelle est la corrélation entre les préoccupations du niveau national et du niveau local ? ............................................................................................................................... 70
III. DE L’ADHESION DES DIRECTEURS A UNE INSTITUTION EN RESEAU CONSOLIDEE, RATIONALISEE ET INNOVANTE. ........................................................................................... 71
A. DANS UN CONTEXTE CONTRAINT, L’INSTITUTION DOIT PROMOUVOIR DES ACTEURS DE LA PROTECTION
SOCIALE, CLEFS DE VOUTE DES ORGANISMES, ORGANISATEURS DE PARTENARIATS, MANAGERS D’EQUIPES ET
INGENIEURS DE LA PROTECTION SOCIALE ......................................................................................... 71 1. Les directeurs locaux doivent s’emparer d’une marge de manœuvre dans la gestion de leur organisme ............................................................................................................. 71 2. Le rôle du directeur doit évoluer pour s’adapter aux nouvelles exigences d’une organisation en réseau ..................................................................................................... 73 3. Les directeurs doivent mettre leur ingénierie au service de la dynamique des réseaux ............................................................................................................................. 74
B. L’INSTITUTION DOIT ASSURER LE FONCTIONNEMENT D'UN RESEAU REACTIF, OU CHAQUE ACTEUR EST
PROACTIF ................................................................................................................................. 75 1. Les évolutions du réseau, quelles qu'elles soient, doivent être pensées avec les directeurs afin d'optimiser leur compréhension et leur implication ................................. 75
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
95
2. Les têtes de réseau ne peuvent reconfigurer l'organisation de la branche sans un accompagnement des directeurs locaux et une communication efficace ........................ 76 3. Les directeurs locaux, premiers acteurs du réseau, doivent pouvoir y trouver leur place afin de le faire vivre au mieux et pour cela, la tête de réseau doit assurer un maximum de visibilité à chacun en définissant un cadre clair ......................................... 78
C. LES TETES DE RESEAU DOIVENT METTRE EN PLACE UNE GESTION CLAIRE, MODERNE ET DYNAMIQUE DU
VIVIER DES DIRECTEURS D’ORGANISMES .......................................................................................... 81 1. Clarifier la position des directeurs d’organismes vis-à-vis de leurs caisses nationales : quelle nécessité d’instaurer une relation contractuelle ? ............................. 81 2. Développer une gestion modernisée de la carrière des directeurs en privilégiant une dynamique de gestions de compétences et un accès rénové aux fonctions de dirigeant 84
CONCLUSION ....................................................................................................................... 89
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 91
TABLE DES MATIERES .......................................................................................................... 93
ANNEXES ............................................................................................................................. 97
ANNEXE : QU’EST-CE QU’UNE ENTREPRISE EN RESEAU ? .................................................................... 98 ANNEXE : LE QUESTIONNAIRE NATIONAL ....................................................................................... 100 ANNEXE : LE QUESTIONNAIRE LOCAL ............................................................................................ 104 ANNEXE : LES REPONSES AU QUESTIONNAIRE LOCAL........................................................................ 108
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
97
Annexes
ANNEXE : QU’EST-CE QU’UNE ENTREPRISE EN RESEAU ? ................................................................................ 98
ANNEXE : LE QUESTIONNAIRE NATIONAL ..................................................................................................... 100
ANNEXE : LE QUESTIONNAIRE LOCAL ........................................................................................................... 104
ANNEXE : LES REPONSES AU QUESTIONNAIRE LOCAL .................................................................................. 108
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
98
Annexe : qu’est-ce qu’une entreprise en réseau ?
Dans le domaine de la sociologie des organisations, le concept de réseau est aujourd’hui
central comme le démontre la multiplication de la littérature scientifique et managériale à ce
sujet. Malgré ce foisonnement de sources documentaires, il est possible de mettre en évidence
quelques éléments de définition structurants sur l’organisation réticulaire.
D’abord utilisée pour décrire les relations entre individus ou groupe ou encore les
infrastructures physiques et techniques, le modèle d’organisation réticulaire est aujourd’hui
mobilisé pour décrire les évolutions des systèmes productifs. La métaphore du réseau décrit
« un nombre d’unités liées entre elles, impliquées dans des processus économiques qui
convertissent des ressources en biens et en services (…). Le réseau est caractérisé par l’action
complémentaire et organisée de nombreux modules insérés dans une chaine comportant
les diverses phases du cycle de production et qui doit, pour produire de la valeur, être conçue
d’une façon étendue »33
. Le réseau constitue donc avant tout un mode d’organisation fluide
et dynamique composé par des éléments autonomes unis dans la réalisation d’un objectif
commun. Ce mode d’organisation en offrant souplesse et flexibilité apparaît aujourd’hui
comme une réponse aux nouvelles contraintes de notre environnement et aux objectifs de
performance et de flexibilité.
Le concept de réseau se structure autour de cinq caractéristiques principales :
Un ensemble organisé et mouvant d’entités autonomes,
Des frontières d’organisation intérieures ou extérieures diluées suite à des
pratiques d’externalisation et des partenariats collaboratifs,
Des entités autonomes ou autonomisées constituant les différentes étapes d’un
processus de production,
Une interdépendance des entités due à la spécialisation du travail des unités et à la
répartition des ressources,
La poursuite d’un objectif commun animé par la satisfaction de la demande et la
figure du client final ou encore la création de valeur.
Etant par définition un espace de coordination, la structure organisée en réseau fait l’objet
d’une très forte hétérogénéité qui peut néanmoins s’étudier au travers la typologie suivante 34
:
Les réseaux d’externalisation : de « sous-traitance » illustrant un phénomène de
recomposition d’une chaîne de valeur,
Les réseaux internes se concrétisant par l’organisation en semi-autonomes par pays,
marché ou produit, un aplatissement la hiérarchie, dépassement des cloisonnements
fonctionnels et des relations internes entre unités décentralisées organisées selon des
principes le marché.
L’association ou l’assemblage ponctuel ou permanent d’entités différentes ou
autonomes dans un système productif cohérent se concentrant sur l’architecture de la
chaine de valeur et l’optimisation des transactions entre les maillons.
Les réseaux d’alliance constitués par des entreprises exerçant des activités similaires
et avec pour objectif d’obtenir par la mise en coopération de chaînes similaires, une
taille critique suffisante pour une réalisation donnée ou pour atteindre des ressources
inaccessibles autrement.
33Weiss, 1994 34B. RORIVE, 2006
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
99
Si les réseaux peuvent revêtir des formes extrêmement diversifiées en s’adaptant aux modes
de fonctionnement internes, aux rapports et jeux de pouvoirs, leurs apparitions et
généralisations dans les organisations répondent à des tendances et déterminants
communs :
Accroître la flexibilité : la configuration réticulaire apparaît comme une réponse à
l’instabilité croissante des marchés, la complexification des technologies et enfin, à la
mondialisation de l’économie,
Contrôler les coûts : la production et les risques financiers sont répartis sur
l’ensemble des entités spécialisées par activité,
Contourner les contraintes du droit du travail
Répondre à des changements culturels et sociaux
Les réseaux ne sont cependant pas sans risque et les entreprises qui se configurent en réseau
s’exposent à des fragilités. La première difficulté se présente sous la gestion du paradoxe
fondamental de l’organisation réticulaire, des unités autonomes et interdépendantes au cœur
d’une chaîne de valeur. En outre, l’accord de partenariat ou de collaboration apparaissent loin
d’être un outil de flexibilité et l’organisation réticulaire apparaît moins réactive que prévue.
Du fait de l’interdépendance des activités, les organisations ne peuvent évincer la question
sociale, tout conflit affectant les autres unités de la chaîne de production. Enfin, s’il est
nécessaire d’harmoniser la culture d’ensemble pour lier les différents entités de l’organisation,
il ne faut pas sous-estimer l’influence forte des sous-cultures liée aux spécificités des métiers
et des méthodes de travail.
Le fonctionnement des entreprises en réseau se trouve structurer autour de deux éléments
clés :
Un usage intensif des technologies de l’information et de la communication : elles
réduisent les problèmes de logistique ainsi que de communication induits par la
distribution de la production et diffusent également des normes et standards dans le
traitement de l’information notamment,
Un renforcement par la confiance : une organisation en réseau repose sur une
culture commune fondée sur le partage de normes et d’un système de valeurs commun
La question de la pérennité de ce mode d’organisation se pose aujourd’hui. L’organisation
réticulaire est-elle pérenne et stable ? Ou n’est-ce qu’une structure éphémère appelée à
évoluer ? Les études sur le sujet tendent à démontrer que l’organisation aura tendance à
évoluer vers une nouvelle intégration. Certaines mettent en avant le retour à un
fonctionnement hiérarchique alors que d’autres insistent sur le fait que les structures mises en
place dans la nouvelle intégration ne signent pas fin de la distribution de l’activité sur
plusieurs unités interdépendantes.
Ainsi, les réseaux se fondent avant tout sur l’interdépendance d’entités autonomes et
sont capables grâce à leur organisation hybride de s’ajuster aux contraintes externes. Les
réseaux apparaissent dans toutes leurs diversités comme des réponses à nos environnements
incertains, menaçants et en constante évolution. Ils ne sont néanmoins pas dépourvus de
fragilités, notamment en étant construit sur une dualité fondatrice (autonomie –
interdépendance) et avec des frontières mouvantes difficiles à définir et à garder.
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
100
Annexe : le questionnaire national
Version du 1/03/12
Questionnaire relatif au thème de Recherche-Action « Rôle et positionnement des directeurs locaux dans les réorganisations de réseaux. »
I. Modalités de lancement du processus au sein de la branche
1. Le choix de procéder à une réorganisation du réseau est-il né d’une réflexion propre à la branche ou d’une volonté des pouvoirs publics ?
Réflexion propre de la branche
Volonté des pouvoirs publics Observations : ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
2. Une consultation ou une association à la prise de décision des directeurs locaux a-t-elle eu lieu lors du lancement de la démarche de réorganisation ?
Oui
Non Si oui, pouvez-vous préciser sous quelles formes ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
3. Quel type de réorganisation avez-vous mis en place ?
Fusion d’organismes
Mutualisation d’activités
Coopération
Autres Pouvez-vous préciser? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
4. Quel échelon géographique a été choisi pour la réorganisation ?
Région
Département
Autres :______________________________________________________________
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
101
5. Par ordre d’importance (de 1 le plus important à 4 le moins important), quels critères ont été déterminants dans le choix du type de réorganisation de la branche ?
Qualité de Gestion/de services (recherche d’une taille critique d’organismes, meilleure couverture de la population…)
Economique (économies d’échelle, recherche de synergies…)
Cohérences avec le niveau d’organisation local (Conseils généraux, Conseils régionaux…)
Autres Si « Autres », pouvez-vous préciser les critères concernés ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
II. Accompagnement de la Caisse Nationale dans la conduite du changement
6. Un accompagnement, notamment par un cabinet de consultants, a-t-il été mis en place ?
Oui
Non Si oui, pouvez-vous préciser selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
III. Accompagnement des directeurs locaux par la Caisse Nationale
7. Un accompagnement institutionnel (ex : guide des bonnes pratiques, guide de la réorganisation…) des directeurs locaux dans le processus a-t-il été mis en place par la Caisse Nationale ?
Oui
Non Si oui, selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
8. Un accompagnement personnel (ex : formation RH, accompagnement au changement…) des directeurs locaux dans le processus a-t-il été mis en place par la Caisse Nationale ?
Oui
Non Si oui, selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
9. Un accompagnement spécifique pour les directeurs locaux n’ayant été ni préfigurateurs ni promus aux nouvelles fonctions créées par la réorganisation a-t-il été instauré ?
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
102
Oui
Non Si oui, pouvez-vous préciser selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
10. De quelle(s) marge(s) de manœuvre, définie(s) par la Caisse Nationale, les directeurs locaux ont-ils bénéficié pour s’approprier et mener la réorganisation ?
Des moyens spécifiques fournis par la Caisse Nationale ?
Moyens budgétaires supplémentaires
Moyens humains supplémentaires
Formation
Autres :______________________________________________________
Des délais ?
Des libertés dans les choix d’organisation ?
IV. Evaluation a posteriori de la démarche
11. Une évaluation officielle de la réorganisation, par la Caisse Nationale, a-t-elle été réalisée (notamment sur le respect des échéances, les difficultés éventuelles rencontrées, les gains d’efficience constatés…) ?
Oui
Non Si oui, pouvez-vous indiquer selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
12. Un instrument de mesure de la satisfaction des directeurs locaux a-t-il été mis en place ? Et si oui lequel ?
Oui
Non Pouvez-vous préciser selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
103
13. En outre, un retour d’expérience des directeurs locaux, formel ou non, a-t-il été mis en place ?
Oui
Non
Si oui, selon quelles modalités ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
14. Quels ont été les éléments d’adhésion des directeurs locaux à la réorganisation ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
15. Quels ont été les éléments de réticence des directeurs locaux à la réorganisation ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
16. Sur une échelle de 1 à 10, comment évalueriez-vous l’acceptation de la réorganisation par les directeurs locaux? ( 1 = refus total à 10 acceptation totale) ?
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
V. Facteur(s) de réussite
17. Parmi les facteurs suivants, quels sont pour vous, ceux indispensables à l’acceptation du processus pour les directeurs locaux :
Association des directeurs locaux en amont ?
Accompagnement, pilotage de la Caisse Nationale ?
Opportunités démographiques (pyramide des âges des Directeurs favorable) ?
Marges de manœuvre locales ?
Adaptation des systèmes d’information ?
Politique GRH, GPEC ?
Communication ?
Autres (à préciser ci-dessous) ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
18. Observations ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Nous vous remercions pour votre participation essentielle à notre recherche.
Les élèves de la 51ème
promotion de l’EN3S Manon Fournier, Nicolas Demesse, Pierre Gallet, Pierre-Yves Gérard, Elodie Meissel, Laura Zanin
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
104
Annexe : le questionnaire local
Questionnaire relatif au thème de Recherche-Action « Rôle et positionnement des directeurs locaux dans les réorganisations de réseaux. »
A noter qu’il ne sera pas fait un usage nominatif des réponses. Pouvez-vous nous préciser les éléments suivants vous concernant ? Année de naissance : Sexe : Homme / Femme: Branche ou régime où vous exercez votre activité : Ancienneté au sein de la branche ou du régime : Ancienneté dans la fonction de directeur : Membre de l’association des directeurs : Oui / Non
Pouvez-vous nous préciser les éléments suivants concernant votre organisme ? Nom de l’organisme : Nombre de salariés : Echelon géographique (ex : département) : Les réseaux de caisses évoluant, quel type de réorganisation votre organisme a connu récemment ou va connaitre prochainement ?
☐Mutualisation
☐ Fusion
☐ Réorganisation de la déconcentration des responsabilités
☐ Autre :_____________________________________________________________________________
☐ Aucune Vous pouvez également remplir ce questionnaire si vous avez connu une telle réorganisation dans un précédent organisme.
I. CONTEXTE ET CONDITIONS DE LA REORGANISATION
1. Selon vous, quels sont les critères qui ont justifié la réorganisation du réseau ?
Pas
d’accord Plutôt
pas d’accord Plutôt
d’accord D’accord
Evolution de la population couverte
Expertise à développer
Garantie de continuité de service
Réduction des coûts de gestion
Optimisation de la performance
Autre : __________________________
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
105
2. Dans la liste suivante, classez de 1 à 5 (1 étant le plus important), les cinq facteurs indispensables à l’acceptation de toute réorganisation ?
Associer les directeurs locaux à la conception et la mise en œuvre du projet Saisir les opportunités démographiques (pyramide des âges du personnel de direction) Accompagner le personnel (par la Caisse Nationale ou un cabinet spécialisé) Maintenir des libertés d’organisation locale Adapter les systèmes d’information Mettre en place une cellule de reclassement pour les agents de direction Mettre en place une communication ciblée vers les directeurs Proposer aux directeurs des éléments de langage en direction de leur personnel Disposer de délais suffisants Expliciter les gains attendus pour le réseau Identifier une contrepartie équitable Autres : __________________________________________________________________
3. Dans la liste suivante, classez de 1 à 3 (1 étant le plus important), les trois facteurs pouvant
constituer un frein à l’acceptation de toute réorganisation ?
Mobilité géographique imposée Mobilité fonctionnelle imposée Manque d’association au projet 2 Manque de visibilité quant aux enjeux 1 Manque de communication interne Absence d’appui à une communication externe Absence d’accompagnement au changement 3 Délais insuffisants Autres : ______________________________________________________________
II. CONDUITE DE LA REORGANISATION PAR LA CAISSE NATIONALE
4. Avez-vous été consulté(e) ou associé(e) à la prise de décision lors du lancement de la démarche de réorganisation ? Oui / Non
Si oui, pouvez-vous évaluer le degré d’association à la démarche de réorganisation ?
Très peu associé(e) Peu associé(e) Plutôt associé(e) Complètement
associé(e)
5. Avez-vous bénéficié d’un accompagnement institutionnel (ex : guide des bonnes pratiques,
guide de la réorganisation…) mis en place par la caisse nationale ? Oui / Non
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
106
a) Si oui, pouvez-vous évaluer le degré d’accompagnement ?
Très peu accompagné(e)
Peu accompagné(e) Plutôt accompagné(e) Complètement accompagné(e)
b) Si non, comment jugez-vous l’absence d’accompagnement lors d’une
réorganisation :
Très peu préjudiciable Peu préjudiciable Plutôt préjudiciable Complètement préjudiciable
c) Pouvez-vous identifier parmi ces propositions, quelles ont été les modalités de
cet accompagnement ? (plusieurs réponses possibles) Guide méthodologique/Fiches repères Cellule dédiée au projet Accompagnement par un cabinet de consultants Groupes de travail Autres :_____________________________________________________________________ d) Pouvez-vous évaluer votre satisfaction au regard de cet accompagnement ?
Pas du tout satisfait(e) Peu satisfait(e) Plutôt satisfait(e) Très satisfait(e)
6. Avez-vous bénéficié d’un accompagnement personnel mis en place par la caisse nationale ?
Oui / Non
Si oui, comment l’évalueriez-vous?
Pas du tout satisfait(e)
Peu satisfait(e) Plutôt satisfait(e) Très satisfait(e)
Accompagnement générique (Formation, ..)
Accompagnement individualisé (par un cabinet spécialisé, …)
Autres : _________________
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
107
7. Avez-vous bénéficié de moyens pour mener la réorganisation ? Oui / Non
Des moyens spécifiques fournis par la caisse nationale Moyens budgétaires supplémentaires Effectifs supplémentaires Crédits de formation Autres Des délais Des liberté(s) dans les choix d’organisation Aucune
III. APPRECIATION PORTEE SUR LA REORGANISATION
8. Selon vous, dans quels domaines la réorganisation a-t-elle pu produire ou produira-t-elle des effets bénéfiques (plusieurs réponses possibles)?
Maîtrise de coûts des fonctions supports Création de nouvelle(s) activité(s) Renforcement des capacités de pilotage Amélioration des relations avec les assurés Amélioration des services rendus aux partenaires Meilleure maîtrise des coûts de gestion Autres : __________________________________________________________________
9. Pour vous, la réorganisation a-t-elle impliqué ou impliquera-t-elle une modification de vos
activités ?
Changement de fonction Limitation du champ d’activités Accroissement du champ d’activités Le cas échéant, de quel type : ___________________________________________ Aucune
10. Comment évaluez-vous votre satisfaction à l’égard de la réorganisation ?
Pas satisfait(e) Peu satisfait(e) Plutôt satisfait(e) Complètement
satisfait(e)
x
11. Quels facteurs auraient pu, le cas échéant, contribuer significativement à accroître votre
satisfaction ? __________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
108
Annexe : les réponses au questionnaire local
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OSS2 250Inter-
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OSS3 200Inter-
départementalx x
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Pas
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OSS4 220 Régional xPas
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OSS5 140 Régional x x xPlutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord
Plutôt
d’accord1 0 5 2 3 0 0 0 4 0 0
OSS6 210 Régional x D’accord D’accord D’accord 3 0 0 0 4 0 0 0 5 2 0 1
OSS7 200 Autre x 1 0 0 4 2 0 0 0 3 5 0
OSS8 110 Régional x xPlutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord 2 0 3 4 1 0 0 0 5 0 0
OSS9 110 Régional x xPas
d’accord
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Pas
d’accordD’accord
Plutôt
d’accordND ND ND ND ND ND ND ND ND ND ND
OSS10 97 Régional xPas
d’accord
Pas
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Plutôt
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OSS11 230 Régional x x D’accordPlutôt
d’accord
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OSS12 690 Départemental x xPas
d’accord
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d’accord
Plutôt
d’accordD’accord 1 0 0 5 0 0 0 3 0 2 4
OSS13 420 Départemental xPas
d’accordD’accord D’accord D’accord D’accord 1 0 0 0 2 4 0 0 3 0 5
OSS14 440 Départemental xPlutôt pas
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Plutôt pas
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Plutôt
d’accord2 5 0 3 0 0 0 0 4 1 0
OSS15 850 Départemental xPlutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord 1 0 2 3 0 0 0 0 4 5 0
OSS16 1200 Départemental x xPlutôt pas
d’accordD’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord1 0 5 4 3 0 0 0 2 0 0
l'adhésion au projet le soutien et
l'accompagnement de la démarche par
le conseil sont indispensables
OSS17 900Inter-
départementalx x
Plutôt pas
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Plutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord 1 4 0 2 3 0 0 0 0 5 0
OSS18 480 Départemental x D’accord D’accord D’accord D’accord D’accord 1 0 2 3 0 4 0 0 0 0 5
OSS19 720 Départemental x xPas
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord Modernisation 2 0 0 4 1 0 0 0 5 0 0 Elaborer un argumentaire pertinent
OSS20 270 Départemental xPas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord2 0 0 5 3 0 0 0 4 0 0
Elaborer une vision commune et
motivante de l'avenir du ouvel
organisme
OSS21 350 Départemental xPlutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord D’accord
Complexification des
règlementations1 0 2 3 0 0 5 4 0 0 0
OSS22 1250 Départemental xPlutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord
Plutôt
d’accordD’accord 1 0 0 0 3 0 0 0 5 2 4
OSS23 250 Départemental xPas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord
Plutôt
d’accord3 4 1 0 2 0 0 0 5 0 0
Les cinq facteurs indispensables à l’acceptation de toute réorganisation
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Type de réorganisation
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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
109
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Au
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OSS24 140 ND xPas
d’accord
Pas
d’accord
Pas
d’accord
Plutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Mode de la pensée unique
et hétérogénéïté de la
performance du réseau
2 5 0 1 0 0 0 0 3 4 0
OSS25 200 Départemental x xPas
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord 1 0 3 2 0 5 4 0 0 0 0
OSS26 620 Départemental x xPas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt pas
d’accord
Plutôt pas
d’accord
Pression de la Cour des
Comptes0 0 0 3 1 0 0 0 4 2 5
OSS27 420 Départemental x xPas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord
Plutôt pas
d’accordPhénomène de mode 0 4 0 5 0 0 0 0 2 0 3
Confiance des parties (personnels, CA)
dans le pilote de l'opération
OSS28 365 Départemental xPlutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord
Plutôt
d’accord1 0 0 3 2 5 0 0 4 0 0
OSS29 580 Départemental xPlutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord 4 0 5 0 2 0 0 0 3 1 0
OSS30 600Inter-
départementalx
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accord
DEMARCHE
INSTITUTIONNELLE0 0 0 1 0 0 0 0 3 2 4
La question des Directeurs n'est pas la
plus importante ; vision un peu trop
"RG" sans doute…….
OSS31 500 Départemental x D’accord D’accord D’accord D’accord D’accord 1 0 2 3 0 0 0 0 5 4 0
OSS32 300 Régional x D’accord D’accord D’accord D’accord D’accord 3 0 1 4 0 0 0 0 0 0 0Transparence totale vis-à-vis du
personnel et des IRP
OSS33 650Inter-
départementalx x D’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord 1 5 0 2 0 0 0 0 4 3 0
OSS34 114 Régional x D’accord D’accord D’accord D’accord D’accord 1 0 2 0 4 0 0 0 3 5 0
OSS35 400 Inter-régional x x D’accord D’accord modification gouvernance ND ND ND ND ND ND ND ND ND ND ND
OSS36 1500 Régional x D’accord D’accord D’accord D’accord 1 5 2 0 3 0 0 0 0 4 0
OSS37 645 Régional xPlutôt pas
d’accordD’accord D’accord D’accord D’accord 4 0 3 0 5 0 0 0 2 0 0 1
OSS38 97 Départemental x xPlutôt
d’accordD’accord
Plutôt
d’accord1 0 0 0 2 5 0 0 3 0 4
OSS39 123 Départemental xPlutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt pas
d’accordD’accord
Plutôt pas
d’accord1 0 2 5 4 0 0 0 3 0 0
OSS40 190 Départemental xPas
d’accordD’accord D’accord D’accord D’accord 4 0 1 0 5 0 0 0 3 2 0
OSS41 100 Départemental xPas
d’accord
Plutôt
d’accord
Pas
d’accordD’accord
Pas
d’accord1 0 0 4 0 0 0 0 3 5 2
OSS42 80 Départemental x D’accord D’accord D’accord D’accord D’accord ND ND ND ND ND ND ND ND ND ND ND
OSS43 210 Départemental xPlutôt
d’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord
Harmonisation avec les
zones d'influence
géographique de nos
partenaires
1 0 5 0 2 4 3 0 0 0 0
OSS44 76 Départemental xPas
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt pas
d’accordD’accord
Plutôt
d’accord4 0 5 1 2 0 0 0 0 3 0
OSS45 x xPlutôt
d’accordD’accord D’accord D’accord D’accord 5 1 3 0 0 2 0 0 4 0 0
OSS46 270 Départemental x xPlutôt
d’accordD’accord
Plutôt
d’accordD’accord D’accord pilotage national 1 4 0 3 0 0 0 0 5 2 0
Les cinq facteurs indispensables à l’acceptation de toute réorganisation
Qu
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Type de réorganisat°
vécueCritères ayant justifier la réorganisation du réseau
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
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en
t
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ivid
ua
lisé
OSS1 ND ND ND ND ND ND ND ND ND OuiPeu
associé(e)Non
Peu
préjudiciable0 0 0 1 Peu satisfait(e) Non
OSS2 1 0 2 3 0 0 0 0 0 Non OuiPeu
accompagné(e)1 1 0 1 Peu satisfait(e) Non
OSS3 0 0 1 0 0 0 0 2 3 OuiPeu
associé(e)Oui
Peu
accompagné(e)1 1 0 1 Peu satisfait(e) Non
OSS4 ND ND ND ND ND ND ND ND ND OuiPeu
associé(e)Oui
Peu
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 0 0 Peu satisfait(e) Non
OSS5 2 0 3 1 0 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)1 0 1 1
Plutôt
satisfait(e)Oui
Plutôt
satisfait(e)
Plutôt
satisfait(e)
OSS6 3 0 0 2 0 0 0 0 1 Non NonComplètement
préjudiciableNon
OSS7 0 0 2 1 0 0 3 0 0 OuiPlutôt
associé(e)Oui
Peu
accompagné(e)1 1 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS8 1 0 0 3 0 0 2 0 0 Non OuiPlutôt
accompagné(e)1 1 1 1
Plutôt
satisfait(e)Oui
Plutôt
satisfait(e)
OSS9 ND ND ND ND ND ND ND ND ND OuiPlutôt
associé(e)Non
Peu
préjudiciableNon
OSS10 0 0 0 0 3 0 2 1 0 OuiPlutôt
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)1 0 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS11 1 0 2 3 0 0 0 0 0 OuiPlutôt
associé(e)Non
Plutôt
préjudiciable0 1 0 1 Peu satisfait(e) Non
OSS12 0 0 2 1 0 0 3 0 0 Non OuiPeu
accompagné(e)1 0 0 1 Peu satisfait(e) Non
OSS13 3 0 1 2 0 0 0 0 0 OuiPlutôt
associé(e)Oui
Très peu
accompagné(e)1 0 0 0
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS14 0 0 2 1 3 0 0 0 0 Non NonPlutôt
préjudiciableNon
OSS15 1 2 0 0 0 0 3 0 0
OSS16 2 0 0 3 0 0 1 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)
Complètement
préjudiciable1 1 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS17 0 2 0 1 3 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 1 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS18 2 3 0 0 0 0 1 0 0 OuiPlutôt
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)1 1 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS19 0 0 3 2 0 0 1 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Peu
accompagné(e)0 0 0 1
pilotage rigoureux du
"chantier" informatique
Très
satisfait(e)Non
OSS20 3 0 0 0 0 0 2 0
Absence d'un projet
commun donnant du
sens et une ambition
pour le nouvel organisme
OuiComplètement
associé(e)Non
Peu
préjudiciableNon
OSS21 1 0 0 0 3 0 2 0 0 OuiPlutôt
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)1 1 0 1
Réunions avec la DDO de la
Cnamts et investissement du
directeur délégué aux
opérations
Très
satisfait(e)Non
OSS22 1 0 2 0 3 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)1 0 0 0
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS23 2 0 0 1 3 0 0 0 0 OuiPlutôt
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
Qu
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ion
Les facteurs pouvant constituer un frein à l’acceptation de toute
réorganisation
Consultation, association et accompagnement
institutionnelModalités de l'accompagnement institutionnel
Accompagnement
personnel
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
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lisé
OSS24 1 0 3 0 0 0 0 2 0 OuiTrès peu
associé(e)Oui
Peu
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 0 0
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS24 0 3 0 0 0 0 2 0 Oui
Très peu
associé(
e)
Oui
Peu
acco
mpag
né(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 0 0 Plutôt satisfait(e) Non
OSS25 1 3 2 0 0 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui 1 1 1 0
Très
satisfait(e)Non
OSS26 3 0 0 1 0 0 0 2 0 Non OuiPlutôt
accompagné(e)1 1 0 0
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS27 1 0 0 3 0 0 0 2 0 Oui Peu associé(e) OuiTrès peu
accompagné(e)
Très peu
préjudiciable1 0 0 1
Un chef de projet à la Cnaf à partir de
2009 très performant
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS28 2 3 1 0 0 0 0 0 0 Oui Peu associé(e) OuiPlutôt
accompagné(e)1 0 0 0
Peu
satisfait(e)Non
OSS29 0 0 2 1 0 0 3 0 0 OuiTrès peu
associé(e)Oui
Peu
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 0 1
Peu
satisfait(e)Non
OSS30 1 0 2 3 0 0 0 0 0 Non OuiTrès peu
accompagné(e)
Très peu
préjudiciable
SPECIFICITE DES FUSIONS MSA
(Plan stratégique national + Autonomie
locale de mise en œuvre)
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS31 0 0 2 1 0 0 3 0 0 Oui Plutôt associé(e) OuiPlutôt
accompagné(e)1 0 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS32 3 0 2 0 1 0 0 0 0 Non OuiPeu
accompagné(e)1 0 0 1 Non
OSS33 2 0 0 1 3 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Plutôt
accompagné(e)
Peu
préjudiciable
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS34 2 1 0 0 0 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Complètement
accompagné(e)1 0 0 1
Très
satisfait(e)Oui
Plutôt
satisfait(e)
OSS35 ND ND ND ND ND ND ND ND
l'absence de conditions
favorables à un pilotage
régional ou local
Oui Plutôt associé(e) OuiPlutôt
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 0 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS36 1 0 2 3 0 0 0 0 0 Non NonPeu
préjudiciable0 1 0 0 Non
OSS37 0 0 0 3 1 0 0 2 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Complètement
accompagné(e)1 1 1 1
Très
satisfait(e)Oui
Très
satisfait(e)
Très
satisfait(e)
OSS38 1 2 3 0 0 0 0 0 0 Non Plutôt associé(e) OuiPeu
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 0 1 1
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS39 0 2 1 0 0 0 0 3 0 Non OuiPlutôt
accompagné(e)1 1 1 0
Plutôt
satisfait(e)Non
OSS40 1 2 3 0 0 0 0 0 0 Non Oui 1 1 1 1Très
satisfait(e)Oui
Très
satisfait(e)
OSS41 1 0 3 0 0 0 2 0 0 Non OuiPeu
accompagné(e)
Complètement
préjudiciable1 0 1 0
Peu
satisfait(e)Non
OSS42 ND ND ND ND ND ND ND ND ND Oui Plutôt associé(e) OuiPlutôt
accompagné(e)
Complètement
préjudiciable1 1 1 1
Plutôt
satisfait(e)Oui
Plutôt
satisfait(e)
Plutôt
satisfait(e)
OSS43 1 0 2 3 0 0 0 0 0 OuiComplètement
associé(e)Non
Peu
préjudiciableNon
OSS44 0 0 2 1 0 0 3 0 0 Oui Plutôt associé(e) OuiComplètement
accompagné(e)1 1 1 1
identification d'un correspondant
national, comités de pilotage, comités
de pilotage thématiques
Plutôt
satisfait(e)Oui
Plutôt
satisfait(e)
OSS45 0 3 0 1 0 0 2 0 0 OuiComplètement
associé(e)Oui
Complètement
accompagné(e)0 0 1 1
Très
satisfait(e)Oui
Très
satisfait(e)
OSS46 1 2 0 3 0 0 0 0 0 Non OuiComplètement
accompagné(e)
Plutôt
préjudiciable1 1 1 1 coaching
Très
satisfait(e)Oui
Plutôt
satisfait(e)
Plutôt
satisfait(e)
Les facteurs pouvant constituer un frein à l’acceptation de toute
réorganisation
Consultation, association et accompagnement
institutionnelModalités de l'accompagnement institutionnel
Accompagnement
personnelQ
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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
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OSS1 0 0 0 0 1 1 0 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS2 0 0 0 0 1 1 0 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS3 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 1 1 0 0 0 Pas satisfait(e) Verbatim
OSS4 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 0 1 0 0 1 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS5 1 1 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 1 1 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS6 0 0 0 0 0 0 1 0 1 1 1 0 0 0 0 1 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS7 0 0 0 0 0 1 0 1 1 1 1 0 0 0 0 1 1 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS8 1 1 0 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 0 0 1 1 0 Verbatim
OSS9 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 0 0 0 1 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS10 1 1 1 1 0 1 0 1 1 0 0 0 1 1 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS11 1 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS12 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1 1 1 0 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS13 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0 1 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS14 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 1 1 0 0 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS15 Verbatim
OSS16 1 1 1 1 1 1 0 1 1 1 1 1 1
dynamique du
changement pour
l'avenir
0 0 0 1 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS17 1 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS18 0 0 0 0 0 0 1 0 1 1 0 0 1 0 0 0 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS19 1 1 0 0 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS20 0 0 0 0 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS21 1 0 0 0 1 1 0 1 1 1 0 0 1 0 0 0 1 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS22 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 1 0 0 0 1 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS23 0 0 0 0 1 1 0 1 0 0 1 0 1 0 1 0 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
Qu
estio
n
Modification des
activités du fait de la
réorganisation
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à l’
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facte
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nMoyens obtenus pour la réorganisationLes domaines où la réorganisation a pu produire des
effets
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OSS24 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS25 1 1 0 0 0 1 0 1 1 1 0 0 1 1 0 0 0Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS26 0 0 0 0 0 1 0 1 0 1 0 0 0 0 1 1 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS27 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0
Suppression des doublons dans les
services fonctionnels convertie en
effectifs dans les secteurs de la
production
0 0 1Plus d'agents, plus de
partenaires, plus de travail0
Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS28 0 0 0 0 0 1 0 1 1 1 0 0 1 0 0 1 0Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS29 0 0 0 0 1 1 0 1 0 1 0 0 1 0 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS30 0 0 0 0Pas de moyens spécifiques
d'ailleurs pas souhaités0 1 0 1 1 1 1 0 1 0 0 1
Conséquences du changement
de dimension de l'entreprise,
Déplacements inter-sites
0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS31 0 0 0 0 0 0 1 1 0 1 1 0 1 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS32 0 0 0 0 0 1 0 1 1 1 1 1 1 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS33 1 0 0 0Accord cadre national
Ressources Humaines1 1 0 1 0 1 0 0 1 0 0 1 Territorial (4 départements) 0
Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS34 1 0 0 0 1 1 0 1 1 0 1 0 1 0 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS35 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0gouvernance du réseau et des
organismes1 0 1 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS36 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 1 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS37 1 1 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 1 0 0 0 1Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS38 0 0 0 0 0 1 0 1 0 0 0 1 1 1 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS39 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 1 1 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS40 0 1 1 0 1 1 0 1 1 1 0 0 1 0 0 0 1Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS41 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 1 1 1 0 0 Pas satisfait(e) Verbatim
OSS42 0 0 0 0 0 1 1 1 0 1 1 1 1 1 1 0 0 Peu satisfait(e) Verbatim
OSS43 0 0 0 0 0 1 0 1 1 0 0 1 0 0 0 1 0Complètement
satisfait(e)Verbatim
OSS44 0 1 1 0
effectifs CDD, financement de
mesures salariales visant à
harmoniser les rémunérations
en région
0 1 0 1 0 1 0 0 1 1 0 0 directeur régional 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS45 1 1 0 0 1 1 0 0 0 1 1 1 0 1 0 0 0 Plutôt satisfait(e) Verbatim
OSS46 0 0 0 0 1 1 0 1 1 1 0 0 1 1 0 1 pilotage général 0Complètement
satisfait(e)Verbatim
Modification des activités du fait de la
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Moyens obtenus pour la réorganisation Les domaines où la réorganisation a pu produire des
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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
114
Verbatim en réponses à la question 11 « Quels facteurs auraient pu, le cas échéant, contribuer
significativement à accroître votre satisfaction ? »
- A ce stade, cadrage des projets régionaux par la CNAMTS en matière de mutualisation ;
- Avoir des systèmes d'information adaptés à la fusion ;
- Ne pas confondre vitesse et précipitation !;
- Conserver la direction du futur site départemental au sein de l'URSSAF de région ;
- De meilleurs résultats aux indicateurs de gestion. La fusion de deux organismes entraine
nécessairement des disfonctionnements sur la période de déploiement des activités dans
leur nouvelle configuration notamment dans les changements de métiers et autres
modifications d'organisation. Ce qui accroit la difficulté à atteindre les objectifs du CPG
et ne donne pas entière satisfaction en termes de reconnaissance des personnels au
regard de l'intéressement, par exemple ;
- des moyens humains en accompagnement ;
- Evaluer en amont de façon objective, les conséquences de la mutualisation ;
- Il y aura pour moi modification substantielle du contrat de travail, changement de statut,
de contenu d'activités et du champ des responsabilités. Passage d'une fonction de
directeur de pleine responsabilité à celle d'agent de direction de proximité. C'est donc un
changement majeur qui ne peut se nourrir de grands concepts, de grandes considérations
théoriques ou notions philosophiques. Une activité réduite avec des domaines d'initiative
rabotés dans le cadre de ce qui, dans les faits, est un déclassement hiérarchique, peine,
même avec la meilleure volonté du monde, à se traduire intellectuellement par une
évolution dans la carrière .Quand on souhaite s'inspirer des schémas d'évolution
structurelle du privé on met en place les diverses solutions de GPEC que ce dernier met
en place en ce genre de circonstances (véritable aide à la mobilité, au changement de
branche, au reclassement interne, compensations financières digne de ce nom, dispositif
amélioré de rupture etc.. etc.....) ;
- Le passage de 78 à 35 caisses de MSA présente des aspects spécifiques par rapport aux
réorganisations mises en œuvre par le Régime général (Existence d'un Plan stratégique
contraignant sur l'objectif mais pas sur les modalités, aspects "politiques" sans doute
plus prégnants qu'au RG, etc.) ;
- La départementalisation et la mutualisation ont été conduites sur la base de consignes
extérieures (DSS, Cour des comptes, MECCS, …). Il n’y avait au départ pas de demande
de la Branche. Au final, la départementalisation accroît la difficulté de gestion du réseau
(l’écart entre la Caf la plus petite et le plus importante est passé de 1 à 33 avant la
départementalisation à 1 à 50 après) ;
- la mise en place de l'ISU, en 2008, est arrivée trop vite après la mise en place du RSI en
07/2006, et surtout avec un outil informatique non adapté. Les caisses sont encore
impactées par les effets de l'ISU : au niveau de la qualité de service et au niveau des
équipes, même si de gros progrès ont été réalisés ;
- La prise en compte réelle de l'impact sur la ressource humaine ;
- la satisfaction à l'égard de la fusion porte sur les excellents résultats obtenus. En
revanche, l'accompagnement mis en place par la Caisse nationale (NDR : CNAF) est
intervenu beaucoup trop tardivement (les caisses locales avaient déjà dû régler les
difficultés et faire les arbitrages auparavant). D'autre part, aucun moyen d'aucune sorte
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE SÉCURITÉ SOCIALE
115
n'a été dégagé par la caisse nationale pour les caisses concernées, qui ont dû
intégralement autofinancer, selon leurs moyens, tous les surcouts engendrés par cette
opération ;
- L'adaptation des systèmes d'informations et disposer de plus de délais pour la mise en
place de l'Interlocuteur Social Unique ;
- Le temps accordé à la mise en œuvre de la fusion ;
- Les projets de mutualisation gagneraient à s'inscrire dans une stratégie nationale claire
et ambitieuse, avec le souci de compensations équitables aux pertes d'activités et de
moyens. Faute de cela, il est difficile de s'engager efficacement dans des projets
significatifs ;
- Plus de lisibilité sur les enjeux, pilotage national plus précis avec réactivité et
accompagnement des directions sur la dimension RH et relations avec IRP ;
- Rien.
- Un soutien plus pertinent au niveau du Conseil du nouvel organisme ;
- Une approche économique justifiant les mutualisations. L'affichage de critères de
sélection des caisses pivot dans les domaines de mutualisation retenues ;
- Une attention plus soutenue des dirigeants (irréalisable à leur niveau) ;
- Une communication plus fluide entre niveaux national et local, avec meilleure
anticipation des évolutions par le national (NDR : CNAM) ;
- une GPEC des ADD par la caisse nationale aurait été un vrai plus dans la gestion de la
régionalisation (NDR : ACOSS) ;
- Une mise à disposition d'outils parfaitement fiables dès le premier jour de la création de
l'Urssaf régionale ;
- Une plus grande maitrise du projet, une adaptation préalable des SI, des moyens
supplémentaires durant la phase d'adaptation.
Ecole Nationale Supérieure de Sécurité Sociale Élèves-stagiaires Elodie Meissel (interne, chef de projet) Nicolas Demesse (interne)
Laura Zanin (externe) Pierre Gallet (externe)
Manon Fournier (externe) Pierre-Yves Gérard (interne)
LA PLACE ET LE ROLE DES DIRECTEURS LOCAUX AU SEIN DES NOUVELLES ORGANISATIONS DES ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE
Sous la direction de M. Philippe Georges, IGAS, ancien directeur général de la CNAF Mots clés ORGANISME DE SECURITE SOCIALE ; REORGANISATION ; RESEAU ; DIRECTEUR LOCAL ; REUSSITE DU CHANGEMENT ; EFFICIENCE. Résumé Dans un système de protection sociale sans cesse en mouvement, quel type de fonctionnement participera à rendre la Sécurité sociale plus innovante, riche, adaptée et moderne ? En dépit de sa jeunesse institutionnelle, la Sécurité sociale a connu bon nombre de réformes pour s’adapter aux changements de la société. Elle prend aujourd’hui les allures d’« entreprises » dirigées en réseaux, la conduisant à se réorganiser et à bousculer les organisations territoriales au bénéfice de stratégies nationales, bousculant au passage la place et le rôle des dirigeants. A travers l’étude historique du statut des directeurs, des ordonnances d’octobre 1945 à la dynamisation actuelle de la carrière des agents de direction, et à travers deux enquêtes menées auprès de directeurs en « tête de réseau » ou en organismes locaux, il est mis en évidence l’évolution des missions des directeurs de sites ; acteurs territoriaux opérationnels d’une stratégie nationale. Des obstacles freinent encore la dynamique d’une organisation en réseau. Si la nécessité d’un réseau fort est partagée par les acteurs, les modalités de management du réseau restent à adapter aux attentes des directeurs locaux et à la nécessaire modernisation de la gestion de leur carrière et de leurs compétences pour faire du dirigeant local la première force d’un réseau efficient.