La Petite Sirène

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Classiques & Patrimoine TEXTE INTÉGRAL La Petite Sirène Hans Christian Andersen

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TEXTE INTÉGRAL

La PetiteSirène

Hans Christian Andersen

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Traduction de

David Soldi

Appareil pédagogique par

Anne Leteissierprofesseur de Lettres

Lexique établi par

Michèle Sendre-Haïdar

La Petite Sirène

Hans Christian Andersen

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Présentation : l’auteur, l’œuvre et son contexteHans Christian Andersen ————————————————————— 4-5Le contexte historique et culturel ——————————————— 6Le conte ———————————————————————————————— 7

La Petite Sirène de Hans Christian Andersen———————————————— 8

Étude de l’œuvre : séances

Séance 1 La situation initiale —————————————————— 38

LECTURE, ÉTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINENotions littéraires : Le schéma narratif du conteNotions littéraires : Le romantismeMéthode : Comment décrire un paysage

Séance 2 Enfin à la surface ! —————————————————— 43

LECTURE, ÉTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINEHistoire des arts : Le symbolismeMéthode : Comment repérer le point de vue de narration

Séance 3 La sorcière ———————————————————————— 48

LECTURE, ÉTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINENotions littéraires : Le conte merveilleuxHistoire des arts : Le bestiaire fantastiqueMéthode : Comment repérer le tragique d’un texte

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Séance 4 La sirène et le prince ————————————————— 53

LECTURE, ÉTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINEHistoire des arts : La danseMéthode : Comment transposer un récit narratif en scène de théâtre

Séance 5 Le dénouement ———————————————————— 57

LECTURE, ÉTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINEHistoire des arts : La marine, un genre picturalMéthode : Comment relever un champ lexical

Autour de l’œuvre : textes et images dans le contexteLes Sirènes

ÉPOPÉE : L’Odyssée, HOMÈRE ———————————————————— 64

STAMNOS ATTIQUE : Ulysse et les Sirènes ———————————— 66

POÈME : « Nuit rhénane », GUILLAUME APOLLINAIRE —————— 67

PEINTURE : Les Sirènes, GUSTAV KLIMT——————————————— 68

La femme-serpent

ROMAN : Le Bel Inconnu, RENAUT DE BAUGÉ —————————— 70

ROMAN : La Vouivre, MARCEL AYMÉ ———————————————— 73

CONTE TRADITIONNEL : Mélusine ou la Noble histoire de Lusignan, JEAN D’ARRAS ———————————————————— 75

PEINTURE : Le Bain de Mélusine, THÜRING VON RINGOLTINGEN 77

Lexique ——————————————————————————————— 78

Sommaire

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Bien loin dans la mer, l’eau est bleue comme les feuilles

des bluets1, pure comme le verre le plus transparent, mais si

profonde qu’il serait inutile d’y jeter l’ancre, et qu’il faudrait

y entasser une quantité infinie de tours d’églises les unes sur

les autres pour mesurer la distance du fond à la surface.

C’est là que demeure le peuple de la mer. Mais n’allez pas

croire que ce fond se compose seulement de sable blanc ; non,

il y croît des plantes et des arbres bizarres, et si souples, que

le moindre mouvement de l’eau les fait s’agiter comme s’ils

étaient vivants. Tous les poissons, grands et petits, vont et

viennent entre les branches comme les oiseaux dans l’air. À

l’endroit le plus profond se trouve le château du roi de la

mer, dont les murs sont de corail, les fenêtres de bel ambre

jaune, et le toit de coquillages qui s’ouvrent et se ferment pour

recevoir l’eau ou pour la rejeter. Chacun de ces coquillages

referme des perles brillantes dont la moindre ferait honneur

à la couronne d’une reine.

Depuis plusieurs années le roi de la mer était veuf, et sa

vieille mère dirigeait sa maison. C’était une femme spirituelle,

mais si fière de son rang, qu’elle portait douze huîtres à sa

queue tandis que les autres grands personnages n’en portaient

que six. Elle méritait des éloges2 pour les soins qu’elle pro-

Vocabulaire1. Bluets : fleurs bleues sauvages qui poussent dans les champs de blé.2. Éloges : compliments.

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diguait à ses six petites-filles, toutes princesses charmantes.

Cependant la plus jeune était plus belle encore que les autres ;

elle avait la peau douce et diaphane1 comme une feuille de

rose, les yeux bleus comme un lac profond ; mais elle n’avait

pas de pieds : ainsi que ses sœurs, son corps se terminait par

une queue de poisson.

Toute la journée, les enfants jouaient dans les grandes salles

du château, où des fleurs vivantes poussaient sur les murs.

Lorsqu’on ouvrait les fenêtres d’ambre jaune, les poissons y

entraient comme chez nous les hirondelles, et ils mangeaient

dans la main des petites sirènes qui les caressaient. Devant le

château était un grand jardin avec des arbres d’un bleu sombre

ou d’un rouge de feu. Les fruits brillaient comme de l’or, et

les fleurs, agitant sans cesse leur tige et leurs feuilles, ressem-

blaient à de petites flammes. Le sol se composait de sable

blanc et fin, et une lueur bleue merveilleuse, qui se répandait

partout, aurait fait croire qu’on était dans l’air, au milieu de

l’azur du ciel, plutôt que sous la mer. Les jours de calme, on

pouvait apercevoir le soleil, semblable à une petite fleur de

pourpre versant la lumière de son calice.

Chacune des princesses avait dans le jardin son petit ter-

rain, qu’elle pouvait cultiver selon son bon plaisir. L’une lui

donnait la forme d’une baleine, l’autre celle d’une sirène  ;

mais la plus jeune fit le sien rond comme le soleil, et n’y

planta que des fleurs rouges comme lui. C’était une enfant

bizarre, silencieuse et réfléchie. Lorsque ses sœurs jouaient

Vocabulaire1. Diaphane : transparente, immatérielle.

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avec différents objets provenant des bâtiments naufragés, elle

s’amusait à parer une jolie statuette de marbre blanc, repré-

sentant un charmant petit garçon, placée sous un saule pleu-

reur magnifique, couleur de rose, qui la couvrait d’une ombre

violette. Son plus grand plaisir consistait à écouter des récits

sur le monde où vivent les hommes. Toujours elle priait sa

vieille grand-mère de lui parler des vaisseaux1, des villes, des

hommes et des animaux.

Elle s’étonnait surtout que sur la terre les fleurs exhalassent2

un parfum qu’elles n’ont pas sous les eaux de la mer, et que

les forêts y fussent vertes.

Elle ne pouvait pas s’imaginer comment les poissons chan-

taient et sautillaient sur les arbres. La grand-mère appelait les

petits oiseaux des poissons ; sans quoi elle ne se serait pas fait

comprendre.

« Lorsque vous aurez quinze ans, dit la grand-mère, je vous

donnerai la permission de monter à la surface de la mer et

de vous asseoir au clair de la lune sur des rochers, pour voir

passer les grands vaisseaux et faire connaissance avec les forêts

et les villes. »

L’année suivante, l’aînée des sœurs allait atteindre sa quin-

zième année, et comme il n’y avait qu’une année de différence

entre chaque sœur, la plus jeune devait encore attendre cinq

ans pour sortir du fond de la mer. Mais l’une promettait tou-

jours à l’autre de lui faire le récit des merveilles qu’elle aurait

Vocabulaire1. Vaisseaux : bateaux.2. Exhalassent : dégageassent.

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vues à sa première sortie ; car leur grand-mère ne parlait jamais

assez, et il y avait tant de choses qu’elles brûlaient de savoir !

La plus curieuse, c’était certes la plus jeune  ; souvent, la

nuit, elle se tenait auprès de la fenêtre ouverte, cherchant à

percer de ses regards l’épaisseur de l’eau bleue que les poissons

battaient de leurs nageoires et de leur queue. Elle aperçut en

effet la lune et les étoiles, mais elles lui paraissaient toutes

pâles et considérablement grossies par l’eau.

Lorsque quelque nuage noir les voilait, elle savait que

c’était une baleine ou un navire chargé d’hommes qui nageait

au-dessus d’elle. Certes, ces hommes ne pensaient pas qu’une

charmante petite sirène étendait au-dessous d’eux ses mains

blanches vers la carène1.

Le jour vint où la princesse aînée atteignit sa quinzième

année, et elle monta à la surface de la mer.

À son retour, elle avait mille choses à raconter. «  Oh  !

disait-elle, c’est délicieux de voir, étendue au clair de la lune

sur un banc de sable, au milieu de la mer calme, les rivages de

la grande ville où les lumières brillent comme des centaines

d’étoiles  ; d’entendre la musique harmonieuse, le son des

cloches des églises, et tout ce bruit d’hommes et de voitures ! »

Oh  ! comme sa petite sœur l’écoutait attentivement  !

Tous les soirs, debout à la fenêtre ouverte, regardant à travers

l’énorme masse d’eau, elle rêvait à la grande ville, à son bruit

et à ses lumières, et croyait entendre sonner les cloches tout

près d’elle.

Vocabulaire1. Carène : partie immergée de la coque du navire.

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ESéance 1

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La situation initialeLECTURE

Lecture d’ensemble (p. 8-11)

1. Dans quel univers se déroule le conte ?

2. Quels personnages sont présentés dans ce passage ?

3. Quel est le personnage principal ? Comment le devinez-vous ?

4. Relevez les éléments merveilleux.

5. Quelles sont les caractéristiques de la petite sirène ?

6. Que décrit-on du monde sous-marin ?

7. Sur quel lieu s’achève la description ?

Lecture linéaire (p. 8-10, l. 1-63)

8. L. 1-5 : comment l’impression de profondeur est-elle indiquée dans ce premier paragraphe ?

9. L. 6-42 : montrez que le monde marin ressemble au monde terrestre.

10. L. 43-53 : en quoi le jardin de la petite sirène révèle-t-il son attirance pour le monde de la surface ?

11. L. 48-63 : qu’est-ce-que la petite sirène connaît de la surface ?

12. L. 57-63 : quelles sont les différences entre le monde terrestre et le monde marin ?13. L. 57-63 : montrez que sa vision du monde terrestre est déformée.

14. Quels éléments indiquent que la petite sirène est différente de ses sœurs ?

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Séance 1 La situation initiale

NOTIONS LITTÉRAIRESLe schéma narratif du conte

Le conte se déroule suivant un schéma narratif qui comprend cinq étapes importantes.– La situation initiale, écrite à l’imparfait, met en place les personnages et le contexte. Ici, la petite sirène, ses sœurs, sa grand-mère et l’univers sous-marin.– L’élément perturbateur, événement qui provoque le bouleversement de la situation initiale : le premier voyage à la surface de la sirène.– Les péripéties, actions du récit : le sauvetage du prince, la transformation de la sirène, la rencontre du prince sur terre, son mariage…– L’élément de résolution qui amène le dénouement : les sœurs apportent un couteau et supplient la petite sirène de tuer le prince avant le lever du soleil.– Le dénouement qui explique comment le conte se termine : la petite sirène devient une fille de l’air.

Lecture d’image

To Hear the Sea-Maid’s Music, Arthur Rackham, illustration pour

le Songe d’une nuit d’été (acte II, scène 1).

15. Décrivez cette illustration.16. Que fait la sirène ?17. La mer est-elle calme ou agitée ? Justifiez votre réponse.

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ESéance 1 La situation initiale

Lecture d’image (premier rabat)

18. Voit-on dès le premier coup d’œil qu’il s’agit d’une sirène ?

19. Quelle est son activité ? Est-elle différente de ce que fait la sirène d’Arthur Rackham (p. 39) ?

20. Que voit-on placé devant la sirène ?

21. Quelle impression se dégage du paysage ? Justifiez votre réponse.

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Séance 1 La situation initiale

NOTIONS LITTÉRAIRESLe romantisme

Le romantisme est un mouvement artistique et littéraire qui prend naissance en Angleterre et en Allemagne à la fin du xviiie siècle. Il s’étend à l’ensemble de l’Europe au début du xixe siècle et influencera Andersen. Le romantisme met en avant la nature, l’individu, les sentiments et les passions. Il s’oppose aux règles contraignantes qui brident l’imagination et rompt avec les règles classiques et les références à l’Antiquité, pour prôner la liberté de création et le retour au Moyen Âge et à la Renaissance. Ce mouvement privilégie les paysages tourmentés, reflets des passions violentes qu’éprouve le héros romantique jusqu’au plus profond désespoir. La petite sirène en est la représentation ; elle ne parvient à trouver sa place ni dans le monde marin, ni dans le monde humain et souffre mille tourments par amour pour un prince qui en épousera une autre. Au cours de ses voyages, Andersen a rencontré des artistes importants du romantisme comme Victor Hugo ou Lamartine en France ou encore Friedrich Schelling en Allemagne.

Étude de la langue

Grammaire

22. L. 6-7 : à quel temps est écrit ce début de paragraphe ? Précisez sa valeur.

23. L. 29-56 : relevez cinq exemples d’imparfait dans ces deux paragraphes. Indiquez leur valeur.Orthographe

24. Expliquez l’accord des mots soulignés dans « les fleurs, agitant sans cesse leur tige et leurs feuilles » (l. 36).

25. Expliquez l’accord du participe passé dans l’expression « le récit des merveilles qu’elle aurait vues » (l. 73-74).Vocabulaire

26. Qu’est-ce que l’ambre (l. 13) ?

27. Recherchez le sens et l’étymologie de « diaphane » (l. 25).

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ESéance 1 La situation initiale

EXPRESSION

Expression écrite

28. Décrivez un pays imaginaire qui serait un monde idéal ou un monde terrifiant.

Expression orale

29. Faites une recherche sur les paysages sous-marins et sur ce qui les compose (algues, rochers, coraux, coquillages). Faites-en un court exposé.

30. Par groupe de deux, proposez une lecture alternée, à voix haute, du passage pages 8-11.

31. Que fait-on avec l’ambre et le corail ?

32. Qui sont les tritons, les néréides, les vouivres, les naïades, les nixes et les ondines ?

PATRIMOINE

Pour décrire un paysage, il est important de se l’imaginer dans sa tête et de s’efforcer de rendre par les mots l’image que l’on s’en est faite.On peut ainsi décrire le paysage en une succession de plans, du plan le plus lointain au premier plan, en étageant la description du plus près au plus lointain, ou l’inverse. On peut également essayer de dégager une impression générale, une atmosphère particulière propre au lieu décrit : émerveillement, inquiétude, sérénité, etc.Au début de notre conte, la description du monde sous-marin et du château où vit la petite sirène est chargée de références merveilleuses et paradisiaques. Le champ lexical et les comparaisons donnent à la description plus d’intensité : dans la situation initiale de La Petite Sirène, on trouve par exemple le champ lexical de la richesse.

Comment décrire un paysageMéthode

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Hans Christian Andersen

La Petite SirèneMétamorphoses, sorcières, êtres fantastiques, prince et princesse, quête pour atteindre l’impossible, dépassement de soi jusqu’à l’extrême, tous les ingrédients du conte merveilleux sont présents dans La Petite Sirène d’Andersen. Dans ce conte, le destin cruel et tragique de la petite sirène se poursuit douloureusement et inexorablement jusqu’au dénouement.

ISBN 978-2-210-75686-1

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Les atouts d’une œuvre commentée avec, en plus, tous les repères pour les élèves :

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