LA PERIODE GRECQUE (332-167 av....

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CHAPITRE 1 LA PERIODE GRECQUE (332-167 av. J.-C.) Les conquêtes d'Alexandre le Grand: Philippe II (382-336 av. J.-C.), roi de Macédoine (356-336 av. J.-C.), voulait une Grèce unifiée. Ayant affermi ses positions du côté de l'Illyrie et de la Thrace, il se tourna vers la Grèce. La victoire de Chéronée en 339 av. J.-C. faisait du lui le maître du pays. Pendant 23 ans, il s'efforça de reprendre les villes grecques à la domination perse et de mobiliser une armée qui lui permettrait un jour d'écraser la Perse. Il s'apprêtait à lui déclarer la guerre, quand il fut poignardé en 336 av. J.-C. au cours d'une procession, à l'instigation de sa femme Olympias. On soupçonna celle-ci, mère d'Alexandre, d'avoir commandité l'assassinat pour empêcher la naissance d'un fils par une autre épouse. Alexandre (356-323 av. J.-C.) devint empereur à l'âge de 19 ans. Aristote lui avait inculqué une grande soif de connaissance, l'amour de la culture et des idées grecques, l'art de gouverner un pays, la philosophie, la métaphysique, l'éthique, la science et la médecine. Il eut l'idée d'établir un empire universel où régnerait la culture grecque. Pour cela, il l'implanta en établissant des colonies partout où il se rendit. Ayant soumis les Thraces au-delà du Danube, il franchit l'Hellespont (détroit des Dardanelles) en 334 av. J.-C. pour livrer combat aux Perses. Il vainquit Darius III à Issus, sur le chemin conduisant

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CHAPITRE 1

LA PERIODE GRECQUE

(332-167 av. J.-C.)

Les conquêtes d'Alexandre le Grand:

Philippe II (382-336 av. J.-C.), roi de Macédoine (356-336 av. J.-C.), voulait une Grèce unifiée.

Ayant affermi ses positions du côté de l'Illyrie et de la Thrace, il se tourna vers la Grèce. La

victoire de Chéronée en 339 av. J.-C. faisait du lui le maître du pays. Pendant 23 ans, il s'efforça

de reprendre les villes grecques à la domination perse et de mobiliser une armée qui lui

permettrait un jour d'écraser la Perse. Il s'apprêtait à lui déclarer la guerre, quand il fut poignardé

en 336 av. J.-C. au cours d'une procession, à l'instigation de sa femme Olympias. On soupçonna

celle-ci, mère d'Alexandre, d'avoir commandité l'assassinat pour empêcher la naissance d'un fils

par une autre épouse.

Alexandre (356-323 av. J.-C.) devint empereur à l'âge de 19 ans. Aristote lui avait inculqué une

grande soif de connaissance, l'amour de la culture et des idées grecques, l'art de gouverner un

pays, la philosophie, la métaphysique, l'éthique, la science et la médecine. Il eut l'idée d'établir un

empire universel où régnerait la culture grecque. Pour cela, il l'implanta en établissant des

colonies partout où il se rendit.

Ayant soumis les Thraces au-delà du Danube, il franchit l'Hellespont (détroit des Dardanelles) en

334 av. J.-C. pour livrer combat aux Perses. Il vainquit Darius III à Issus, sur le chemin conduisant

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de Cilicie en Syrie, s'empara de Tyr qui lui opposa pendant sept mois une résistance farouche

(332 av. J.-C.), de Gaza, puis de Jérusalem. Ayant vaincu l'Egypte, il établit des plans pour une

grande ville qui devait porter son nom, puis se rendit par Damas sur les rives du Tigre où il régla

son sort à l'empire perse en conquérant Babylone, Suse la capitale, et Persépolis. Les butins de

ces villes prospères lui permirent de payer les dettes qu'il avait contractées pour mobiliser son

armée et financer ses campagnes.

Ses conquêtes amenèrent Alexandre dans le pays des Parthes, puis à Bactriane, à l'est de la mer

Caspienne, et enfin sur les rives de l'Indus. Arrivées là, ses troupes refusèrent d'aller plus loin. Il

décida de rentrer, en prenant la route du sud, et mourut d'une fièvre à Babylone (323 av. J.-C.), à

l'âge de 33 ans, après avoir parcouru plus de 25.000 km. En moins de 14 ans, il avait fondé un

empire plus grand que celui des Perses, y avait propagé la culture grecque et établi un nouveau

genre de gouvernement. Il avait aussi employé à la construction de villes les soldats blessés ou

trop vieux pour combattre. Ceux-ci épousaient des femmes du pays et formaient ainsi le noyau de

la population de ces cités nouvelles. Ces mariages mixtes aidèrent à unifier les différentes

cultures. Un an avant sa mort, en 324 av. J.-C., fut publié un édit de déification visant à donner à

Alexandre le rang d'un fils de dieu et à asseoir ainsi son autorité sur l'empire.

Les diadoques:

Alexandre ne laissa aucun héritier au trône, bien que ses généraux l'aient encouragé à se marier

avant d'aller envahir l'Asie. Son successeur devait être son demi-frère, Philippe, un malade

mental, ou l'enfant qu'il attendait de Roxanne, son épouse. Philippe fut tué par sa mère Olympias,

qui avait déjà assassiné son père Philippe II. Finalement tout ce monde fut mis à mort et quatre

généraux s'emparèrent du pouvoir en 315 av. J.-C. On les appela les diadoques, ce qui signifie

les successeurs. Ainsi fut morcelé l'immense empire fondé par Alexandre. Le destin des juifs allait

se jouer entre Seleucus Nicanor qui avait reçu en partage la Babylonie, la Syrie et l'Asie Mineure,

et Ptolémée qui régnait sur l'Egypte et la Palestine.

Les juifs sous la dynastie des Ptolémées (305-198 av. J.-C.):

On sait peu de choses de la Palestine pendant la période des Ptolémées qui vit se succéder

Ptolémée I Soter (323-285 av. J.-C.), Ptolémée II Philadelphe (285-246 av. J.-C.), Ptolémée III

Evergète I (246-221 av. J.-C.), Ptolémée IV Philopator (221-203 av. J.-C.) et Ptolémée V

Epiphane (203-181 av. J.-C.). Le premier souverain de cette dynastie, Ptolémée I Soter, avait

déporté 100.000 juifs en Egypte. D'autres s'y rendirent de leur propre gré. Une forte colonie alla

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s'intaller à Alexandrie, dans un quartier situé à l'écart, près de la côté, où ils purent vivre,

semble-t-il, en toute tranquillité et pratiquer leur religion. Beaucoup de ces juifs furent fortement

influencés par l'environnement grec. Ils développèrent avec le temps un type de judaïsme qui

incorporait les idées nouvelles disséminées par les Grecs. C'est pendant cette période que fut

entreprise la traduction grecque de l'Ancien Testament appelée les Septante (LXX).

Quant aux juifs restés en Palestine, ils payaient un tribut au souverain égyptien, mais jouissaient

d'une certaine autonomie sous la direction du souverain sacrificateur. Mais ils supportaient mal la

domination étrangère et se réjouirent quand ils apprirent que Ptolémée V Epiphane avait été

vaincu par Antiochus III (198 av. J.-C.). Ils ignoraient alors les difficultés auxquelles ils auraient à

faire face sous le règne des Séleucides.

Les juifs sous la dynastie des Séleucides (198-164 av. J.-C.):

En 217 av. J.-C. déjà, Antiochus III (198-187 av. J.-C.) avait tenté à deux reprises de s'emparer

de la Palestine, mais fut chassé par Ptolémée IV Philopator. Le successeur de ce dernier était un

enfant de cinq ans, quand il monta sur le trône égyptien. Antiochus en profita pour lui ravir la terre

des juifs. Dès lors, c'en fut fait de leur paix et de leur tranquillité. Ils allaient devoir affronter

d'énormes difficultés.

Le Carthaginois Hannibal réussit à entraîner Antiochus dans un conflit avec Rome. Il fut vaincu en

202 av. J.-C. et alla se réfugier en Syrie, à la cour d'Antiochus. Celui-ci décida d'envahir la Grèce

à qui Rome avait donné sa liberté. Alors les Romains lui déclarèrent la guerre en 192 av. J.-C..

Antiochus fut vaincu au col des Thermopyles et à Magnésie, dut abandonner tous ses territoires

sauf la Cilicie et verser aux Romains un fort tribut de guerre. Il augmenta donc les impôts des

juifs. Les exigences croissantes des Séleucides à ce sujet ne firent que multiplier les problèmes.

Par ailleurs, depuis l'époque des Ptolémées, le souverain sacrificateur de Jérusalem devait

s'acquitter d'un impôt annuel lui garantissant la reconnaissance royale. Le souverain sacrificateur

Onias II s'y refusa. Son neveu Joseph, dirigeant d'une faction rivale, décida de le payer pour

empêcher Ptolémée de placer la Judée sous contrôle militaire. Il fut alors nommé collecteur

d'impôts pour tout le pays, ce qui fit de lui un haut fonctionnaire et de sa famille une des plus

riches de la Palestine. Malgré l'augmentation des taxes, les juifs jouirent pendant 22 ans d'une

prospérité indéniable.

Pour s'acquitter de l'énorme tribut de guerre imposé par les Romains, Antiochus III avait, en plus

des impôts prélevés sur les juifs, confisqué le trésor du temple de Jérusalem. Son fils Séleucus IV

Philopator (187-175 av. J.-C.) poursuivit cette même politique. Trois des fils de Joseph, connus

sous le nom de "fils de Tobias", soulevèrent la foule et fomentèrent des révoltes. Onias II,

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grand-prêtre depuis 174 av. J.-C., décida d'aller trouver Séleucus pour implorer son secours. Mais

celui-ci fut assassiné.

Son frère Antiochus IV (175-164 av. J.-C.) lui succéda. Il avait vécu 12 ans à Rome comme

otage, après la défaite de Magnésie en 190 av. J.-C., et avait eu l'occasion d'admirer la culture

hellénistique et le pouvoir romain. Il chercha à poursuivre la politique d'expansion de son père

Antiochus III et à promouvoir la culture hellénistique, se donna le titre d'Epiphane, ce qui veut dire

"illustre", se proclama divin et exigea qu'on lui rendît un culte (2 Maccabées 6:2).

Les juifs se révoltèrent contre les prétentions et le style du nouveau régime. Mais Antiochus IV

était déterminé à helléniser son royaume à tout prix. Convaincu que la religion des juifs était le

ferment de leur révolte, il résolut de l'anéantir et de la remplacer par les dieux grecs. Il interdit

l'observance du sabbat, la pratique de la circoncision et la possession de la Torah, introduisit les

rites païens et l'adoration des dieux grecs et punit de mort les rebelles. Il commit même ce que la

Bible appelle "l'abomination de la désolation" (Daniel 11:21-35), fit ériger un autel à Zeus dans le

temple de Jérusalem.

Il suscita ainsi trois types de réactions: l'acquiescement de ceux qui sympathisaient avec

l'hellénisme ou craignaient de s'opposer au roi, la résistance passive et la résistance active,

surtout dans les campagnes. Antiochus ne s'attendait pas à une opposition aussi farouche. Loin

de résoudre le problème palestinien, il incita de nombreux juifs à se révolter ouvertement en 168

av. J.-C.

Les juifs, ayant perdu leur indépendance politique en partant en exil à Babylone, reconstituèrent

leur nation autour de leur religion. Ceux de la diaspora avaient compromis leurs croyances en

assimilant des éléments de la civilisation grecque, mais ceux de la Palestine entendaient, au

moins dans leur majorité et surtout dans les campagnes, rester fidèles à la religion de leurs pères.

Onias III, souverain sacrificateur jusqu'en 174 av. J.-C., entra en conflit avec Simon,

commandant de la garde du Temple, parce qu'un civil collectait les impôts à sa place. Quant à

Séleucus, il fit piller le trésor du temple pour payer l'impôt à Rome. La tension entre les juifs

orthodoxes et ceux favorables à l'hellénisme s'accrut. Onias III était fidèle au mouvement

orthodoxe, mais son frère Josué, qui avait adopté le nom de Jason, dirigeait le parti helléniste de

Jérusalem. Quand Onias III fut démis de ses fonctions par Antiochus, il devint souverain

sacrificateur à sa place. Il est probable qu'il ait monnayé cette charge au roi. Cependant les juifs

orthodoxes trouvèrent intolérable qu'un souverain sacrificateur fût nommé à ce poste par un

païen. Le fait que Jason fût de famille sacerdotale les retint de se révolter.

Jason fit construire un gymnase et encouragea l'hellénisation de la ville. Sous son sacerdoce, des

conflits éclatèrent entre les hellénisants conduits par les prêtres et les juifs orthodoxes appelés

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hassidim. La jeunesse acceptait les idées nouvelles, adoptait le costume grec (tunique attachée

aux épaules par des broches, chapeau à larges bords et bottes lacées). Comme les athlètes

évoluaient nus dans le stade, bien des jeunes gens firent "réparer" leur circoncision pour ne pas

être l'objet des moqueries de la foule. Courses de chevaux, théâtre, jeux divers et langue grecque

attirèrent de plus en plus de juifs. Jason non seulement ne fit rien pour interdire le culte d'autres

dieux, mais semble même l'avoir encouragé.

En 171 av. J.-C., Ménélas, frère d'un personnage haut placé du temple, offrit à Antiochus une

somme d'argent supérieure à celle de Jason et fut nommé souverain sacrificateur. A la différence

de ce dernier, il n'appartenait pas à la famille sacerdotale et encouragea une hellénisation plus

radicale encore. Il était détesté de tous les juifs qui respectaient la Loi. Il organisa l'assassinat

d'Onias III, le souverain sacrificateur légitime. Jason échappa à la mort en s'enfuyant chez les

Ammonites. Quand la rumeur courut qu'Antiochus IV avait été tué, il rentra de son exil et chassa

Ménélas de Jérusalem. Mais Antiochus était encore en vie. Il revint à Jérusalem, neutralisa Jason,

confisqua les trésors du temple et établit des magistrats sur la ville.

L'année suivante, il organisa une campagne contre Alexandrie en Egypte. Les Romains

débarquèrent (peut-être les "navires de Kittim" de Daniel 1:30), et le légat romain Laenas lui

ordonna de se retirer. Antiochus obéit, mais se vengea de l'affront subi et libéra sa colère en s'en

prenant à nouveau à la Palestine.

Il fit périr des milliers de gens en représailles pour avoir permis que Ménélas fût démis de son

sacerdoce et chassé hors de Jérusalem, et décida d'anéantir le judaïsme et de coloniser le

territoire en y installant des gens à tendances hellénistiques. Un détachement de 20.000 hommes

conduit par Apollonius entra dans la ville le jour du sabbat, sachant que les juifs orthodoxes ne

combattraient pas ce jour-là, et commença son oeuvre de destruction. De nombreux hommes

furent exécutés, des femmes et des enfants emmenés en esclavage. Toute pratique religieuse fut

supprimée, le temple profané, les livres sacrés brûlés. En 167 av. J.-C., des décrets vinrent

interdire la circoncision, l'observance du sabbat et la lecture de la Bible. En décembre de la même

année, on offrit de la viande de porc sur l'autel de Zeus érigé dans le sanctuaire (2 Maccabées

6:2). Des orgies indécentes accompagnèrent les cultes idolâtres. On obligea les gens, sous peine

de mort, à participer aux nouveaux rites religieux. Certains juifs choisirent de mourir plutôt que de

se souiller en mangeant les mets du roi (1 Maccabées 1:63; cf. Daniel 1). Des mères qui avaient

circoncis leurs nouveau-nés furent exécutées (1 Maccabées 1:60.61). Beaucoup de hassidim

résistèrent jusqu'à la mort (2 Maccabées 6:18-31; 2 Maccabées 7), tandis que d'autres choisirent

de s'enfuir de la ville. Les vieux murs de la ville, construits par Néhémie, furent détruits. On bâtit

l'Acre, citadelle flanquée de murs solides et d'énormes tours. La ville de David fut ainsi

transformée en une forteresse syrienne.

Les hassidim furent les précurseurs des pharisiens de l'époque du Christ, tandis que les prêtres

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sympathisant avec l'occupant et favorables à l'hellénisation firent naître le mouvement des

sadducéens connu pour son engagement politique en faveur du pouvoir impérial et la tolérance

dont il faisait preuve à l'égard des idées importées du paganisme. L'Acre continua à abriter des

soldats étrangers pendant la période romaine. L'araméen persistait en Palestine, mais le grec

était devenu la langue officielle et culturelle, celle qu'utiliseront les auteurs du Nouveau

Testament. Du temps de Jésus, la traduction de l'Ancien Testament appelée les Septante était

répandue non seulement dans la diaspora, mais dans toute la Palestine.

Questions de révision et exercices:

1) Quel fut le rôle militaire et culturel d'Alexandre le Grand?

2) Qu'appelle-t-on l'hellénisme?

2) Qui étaient les Ptolémées et les Séleucides?

3) Pourquoi les juifs ne pouvaient-ils pas accepter la nomination des souverains sacrificateurs par

les souverains régnant sur eux?

4) Quelles furent les différentes façons dont les juifs réagirent à l'héllenisation de leur pays?

6) Quelles furent les atrocités commises par Antiochus IV Epiphane?

7) Qu'est-ce que les Septante?

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CHAPITRE 2

LA REVOLTE DES MACCABEES

ET LA PERIODE ASMONEENNE

(167-63 av. J.-C.)

La révolte des Maccabées (167-142 av. J.-C.):

En 167 av. J.-C., des agents du gouvernement syrien arrivèrent à Modin et exigèrent des

villageois qu'ils offrent des sacrifices sur les autels païens. Mattathias, un prêtre et responsable

de la communauté, refusa d'obtempérer. Lui et ses fils s'enfuirent dans les montagnes de la

Judée et organisèrent la résistance, bientôt rejoints par les hassidim. Il mourut en 166 av. J.-C. et

son fils Judas Maccabée lui succéda. Il fut le chef de la révolte de 166 jusqu'à sa mort en 161 av.

J.-C. On décida que la loi du sabbat n'interdisait pas la légitime défense et instaura une guérilla

qui s'avéra efficace contre les forces syriennes. Judas remporta des victoires à Beth-horon,

Emmaüs, Beth-zur qui encouragèrent d'autres volontaires à se joindre à lui dans la défense de la

liberté. Il parvint à occuper Jérusalem et purifia le temple, rétablissant le 25 décembre de l'an

164 av. J.-C. le culte lévitique et les sacrifices. L'événement est commémoré chaque année par la

Fête de la Dédicace (ou Fête des Lumières). Pour assurer désormais la sécurité de la ville, on

l'entoura de grands murs flanqués d'énormes tours.

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Satisfaits des résultats obtenus sur le plan religieux, les hassidim décidèrent de cesser le combat.

Mais Judas voulait obtenir aussi la liberté politique. Antiochus mourut en Perse, en 164 av. J.-C.

Ayant besoin de ses troupes ailleurs, il n'avait pu les envoyer en Judée pour mater la révolte. Mais

des juifs hellénistes dévoilèrent à Lysias, régent et tuteur du jeune Antiochus V, les plans de

Judas Maccabée. Il vint alors en Palestine à la tête d'une grande armée et assiégea Jérusalem.

Obligé de repartir, il signa un traité de paix aux termes duquel Judas céda les fortifications autour

du temple et obtint en contrepartie une amnistie générale et la révocation des décrets par

lesquels Antiochus IV avait institué le culte des dieux païens. Les juifs continuèrent donc à vivre

sous la domination syrienne, tout en jouissant de la liberté religieuse.

Judas Maccabée, puis ses frères Jonathan et Simon poursuivirent le combat, dans l'espoir de

conquérir l'indépendance politique. On leur donna le nom de Maccabées, ce qui signifie

"marteau". Ils perdirent cependant le soutien des hassidim. Lysias profita de cette division interne

pour nommer Alcimus, membre de la famille sacerdotale, mais sympathisant helléniste, souverain

sacrificateur. Les Maccabées s'opposèrent à cette nomination. Alcimus en appela à Démétrios I

(162-150 av. J.-C.). Une armée fut envoyée sous le commandement de Nicanor, pour capturer

Judas et confirmer Alcimus dans ses fonctions. Judas la vainquit, tua Nicanor et obligea Alcimus

à s'enfuir en Syrie. Mais des troupes de renfort envoyées de Syrie écrasèrent ses forces. Judas

Maccabée mourut, non sans avoir pu auparavant envoyer une délégation à Rome pour tenter

d'établir une alliance et chercher du secours. Rome envoya un avertissement à Démétrios et sut

préserver les juifs de toute nouvelle agression syrienne.

Jonathan, le cinquième fils de Mattathias et le cadet de la famille, prit la direction du mouvement

de résistance et fut le chef de la Judée de 160 à 142 av. J.-C. Quand Alcimus mourut en 159 av.

J.-C., on ne lui trouva pas de successeur qualifié. Le poste de souverain sacrificateur resta donc

vacant pendant sept ans.

Une rivalité d'intérêts concernant la succession au trône syrien dressa Démétrios I et Alexandre

Balas l'un contre l'autre. Alexandre Balas reçut l'appui du sénat romain. Les deux hommes

recherchèrent la faveur de Jonathan, le reconnurent comme chef du peuple juif et retirèrent leurs

troupes de la Judée. Alexandre Balas offrit à Jonathan le poste de souverain sacrificateur et le

titre d'"ami du roi", tandis que Démétrios I lui proposa une exemption d'impôts, la restitution de

l'Acre et des territoires cédés, des subsides pour le temple et de l'argent pour reconstruire les

murs de la ville. Mais Jonathan décida de soutenir Alexandre Balas qui, ayant tué Démétrios I, le

traita avec le plus grand respect et le nomma général et gouverneur de la Judée.

Quand Balas fut assassiné en Arabie, Jonathan négocia avec Démétrios II qui le confirma dans

sa position de souverain sacrificateur. Mais il fut infidèle à ses promesses, incitant Jonathan à se

tourner vers son rival Tryphon qui soutenait Antiochus VI, fils d'Alexandre Balas. Mais Tryphon,

qui complotait le meurtre d'Antiochus VI et projetait de s'emparer du trône en personne, décida

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d'éliminer la menace que représentait Jonathan. Il l'arrêta, massacra ses hommes et, par la suite,

le tua.

La domination asmonéenne (142-63 av. J.-C.):

Simon, deuxième fils de Mattathias, fut nommé successeur de Jonathan, devint souverain

sacrificateur et dirigea la nation juive pendant la période d'indépendance, de 142 à 134 av. J.-C. Il

offrit sa loyauté à Démétrios II dans sa lutte contre Tryphon et fut, en échange, exempté d'impôts,

ce qui constituait une reconnaissance de la Judée comme Etat indépendant. Deux de ses exploits

les plus notables furent la capture de l'Acre à Jérusalem et l'écrasement du parti hellénisant.

L'hellénisme continua cependant à jouer un rôle important dans la vie culturelle du peuple juif.

Simon était un chef plein de sagesse et un homme de paix, dévoué au respect de la Loi. Sa

nomination comme souverain sacrificateur, général et ethnarque annonça la montée de la

dynastie des Asmonéens, quand ses successeurs réclamèrent le titre de rois. L'appellation vient

sans doute d'Asmon, nom du grand-père de Mattathias.

A un banquet près de Jéricho, en 134 av. J.-C., un des gendres de Simon l'assassina, ainsi que

deux de ses fils. Jean Hyrcan I, deuxième fils de Simon, échappa au massacre et se réfugia à

Jérusalem où il hérita de son père la fonction de souverain sacrificateur et le pouvoir civil. Mais la

Judée, quoique indépendante, était un Etat vassal de la Syrie, comme l'atteste le raid par lequel

Antiochus VII envahit la Judée, assiégea Jérusalem et soumit Hyrcan I à un impôt. Cependant

des guerres civiles en Syrie empêchèrent celle-ci d'aller plus loin dans ses revendications sur la

Palestine. Hyrcan connut un moment de répit et en profita pour élargir ses frontières. Il conquit

Sichem et détruisit, vers 108 av. J.-C., le temple samaritain sur le Mont Garizim, puis Samarie,

ville grecque.

Pharisiens et sadducéens prospérèrent pendant le règne d'Hyrcan I. Un incident lors d'un banquet

causa un schisme entre les deux partis. Hyrcan se déclara soumis à la Loi et invita ses convives à

le corriger, s'il avait mal agi en quoi que ce soit. Alors le pharisien Eléazar se leva et laissa

entendre qu'il était un détenteur illégitime du sacerdoce, sa mère ayant été captive du temps

d'Antiochus Epiphane. Les femmes captives en effet étaient généralement violées, ce qui signifiait

qu'elle était impure et que son fils Hyrcan était, par conséquent, inapte au sacerdoce. Les

sadducéens profitèrent de la situation pour insinuer que cette suggestion calomnieuse avait

l'approbation de tous les pharisiens. Ils surent ainsi à leur avantage créer une dissension entre

Hyrcan et la secte rivale.

Hyrcan avait décrété que sa veuve lui succéderait comme "maîtresse du royaume" et que l'aîné

de ses fils, Jeahuda, serait souverain sacrificateur. Mais celui-ci convoitait le pouvoir religieux et le

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pouvoir civil. Il emprisonna donc sa mère et ses frères et régna sous le nom d'Aristobule I

(104-103 av. J.-C.). Il annexa la Galilée à la Judée et imposa à ses habitants la circoncision et

l'observance de la Loi, bien qu'ils fussent pour la plupart des païens. L'acceptation du judaïsme

par les Galiléens fut facilitée par l'installation de familles juives dans la région, le dynamisme des

pharisiens et la construction de synagogues. Sans le savoir, Aristobule prépara ainsi la Galilée au

ministère de Jésus et de ses disciples.

Il mourut un an après ses cruelles actions envers sa mère et ses frères. Sa veuve, Salomé

Alexandra, libéra ses frères emprisonnés et épousa Jonathan (Jannée, en grec). Alexandre

Jannée (103-76 av. J.-C.) succéda ainsi à son frère comme souverain sacrificateur et s'appropria

le titre de roi. Il fut impitoyable, mais compétent. Cependant ses exactions, sa débauche et son

ivrognerie le rendirent impopulaire. Un jour qu'il officiait lors de la Fête des Tabernacles, la foule

lui lança une volée de citrons et réclama sa démission comme souverain sacrificateur. Il entra

dans une violente colère et fit massacrer 6.000 personnes. Les pharisiens profitèrent d'un

moment propice pour fomenter une révolte. Il s'ensuivit une guerre civile qui coûta la vie à environ

50.000 hommes. A l'occasion d'une fête en l'honneur de ses concubines, il ordonna que 800 de

ses ennemis assistent au massacre de leurs femmes et enfants avant d'être eux-mêmes

crucifiés. Beaucoup d'entre eux s'enfuirent de nuit et s'exilèrent. Certains historiens associent

cette fuite à l'organisation de la communauté de Qumrân.

Après le départ de ses adversaires, le règne d'Alexandre Jannée connut la paix. Il en profita pour

conquérir les territoires voisins et étendre son royaume. Quand il mourut en 76 av. J.-C., sa veuve

Alexandra lui succéda et régna pendant dix ans (76-67 av. J.-C.). Elle fit de son fils Hyrcan II le

souverain sacrificateur, mais garda le pouvoir politique. Suivant le conseil de son époux défunt,

elle s'allia aux pharisiens qui obtinrent le contrôle du Conseil suprême qui détenait le pouvoir

législatif et judiciaire, et surent imposer leur doctrine et leurs idées. Aristobule, le frère d'Hyrcan II,

prit le parti des sadducéens et organisa la résistance. Quand la mère mourut en 67 av. J.-C., à

l'âge de 73 ans, Hyrcan II monta sur le trône, mais Aristobule décida tout de suite de se battre

contre son frère aîné et le vainquit à Jéricho.

Tout aurait bien marché sans l'intervention d'Antipater dont le père avait été nommé gouverneur

d'Idumée par Alexandre Jannée et dont le fils allait devenir célèbre sous le nom d'Hérode le

Grand. Il décida d'aider Hyrcan II et incita les juifs influents à s'opposer à Aristobule. Il complota

ensuite avec Arétas, le roi nabatéen, qui vint en aide à Hyrcan. Aristobule II (67-63 av. J.-C.) fut

vaincu et s'enfuit à Jérusalem. Les prêtres et les sadducéens lui restèrent fidèles, mais les

pharisiens et les masses soutenaient Hyrcan II.

L'armée romaine, avec à sa tête le général Pompée, arriva en Syrie avec l'intention d'imposer son

autorité jusqu'à l'Euphrate. Trouvant la guerre civile en Palestine intolérable, il envoya Scaurus,

légat romain de Syrie, à Jérusalem résoudre le problème. Aristobule II sut gagner ses faveurs et

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fut confirmé dans sa fonction de roi. Mais apparemment Pompée se méfiait de lui. Un jour il

pénétra dans Jérusalem dont les adeptes d'Hyrcan II lui ouvrirent les portes. Il mit le siège devant

l'enceinte fortifiée du temple. La résistance dura trois mois. Finalement, le mur s'effondra et le

temple fut pris. Douze mille juifs, y compris des prêtres en train d'officier dans le sanctuaire,

périrent dans un effroyable massacre. Pompée et ses hommes commirent le sacrilège d'entrer

dans le lieu très saint, mais ne pillèrent pas les trésors du temple. Le lendemain, le général

romain permit la purification du temple et rendit le poste de souverain sacrificateur à Hyrcan.

Celui-ci était devenu ethnarque. Il avait perdu le titre de roi. Scaurus, le légat de Syrie, exerça le

pouvoir à ses côtés. Aristobule fut arrêté et emmené à Rome avec ses deux filles et ses deux fils,

Alexandre et Antigone. La victoire de Pompée avait mis fin à la domination des Asmonéens.

Questions de révision et exercices:

1) Qui furent les Maccabées? Nommez les principaux d'entre eux.

2) Quel est l'origine de la Fête de la Dédicace?

3) Qu'appelle-t-on les Asmonéens?

4) Quel fut le statut politique de la Judée pendant le règne des Asmonéens?

5) Que penser, sur la base de l'Ecriture Sainte, du cumul des fonctions politiques et sacerdotales

pratiqué par eux?

6) Pourquoi Hyrcan I cessa-t-il de favoriser les pharisiens et leur préféra-t-il les sadducéens?

7) Que fit Aristobule I concernant la Galilée?

8) Dans quelles circonstances prit fin l'indépendance de la Palestine?

__________

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CHAPITRE 3

LA PERIODE ROMAINE

AVANT

JESUS-CHRIST

(63-4 av. J.-C.)

La Judée était devenue en 63 av. J.-C. une province romaine de la Syrie. Le territoire gouverné

par Hyrcan comprenait la Judée, la Galilée, la Pérée et l'Idumée. Les territoires hellénistes, y

compris les villes côtières, la Samarie et la Décapole (dix villes de la Transjordanie et la vallée du

Jourdain) furent placés, quant à eux, directement sous le gouvernement syrien. Quant aux

territoires juifs, gouvernés par Hyrcan, ils n'étaient plus un royaume, mais une communauté

religieuse avec pour centre cultuel Jérusalem. Le souverain sacrificateur et ethnarque Hyrcan

était personnellement responsable devant le gouverneur romain à qui il payait un tribut annuel.

Mais en réalité, c'est Antipater qui dirigeait le pays, grâce à l'autorité qu'il exerçait sur Hyrcan. La

paix régna pendant sept ans, jusqu'en 57 av. J.-C. Après de nouveaux troubles dus au

mécontentement général que suscitait le sacerdoce d'Hyrcan II, le territoire juif fut divisé en cinq

districts indépendants placés sous le contrôle direct du gouverneur syrien. Antipater fut nommé

en 55 av. J.-C. procurateur romain à Jérusalem.

Jules César devint empereur, après avoir vaincu Pompée en 48 av. J.-C. Il relâcha Aristobule

pour l'envoyer combattre les partisans de Pompée en Syrie. Antipater qui avait soutenu son rival

fit allégeance à César. Il fut nommé procurateur romain de la Judée et nomma ses fils, Phasaël et

Hérode, gouverneurs militaires de la Judée et de la Galilée. Les juifs, qui avaient aidé César dans

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sa lutte contre Pompée, en furent récompensés par une réduction d'impôts, l'autorisation de

reconstruire les murs de Jérusalem et l'annexion de quelques villes de la vallée de Jizréel. Ils

pleurèrent César, quand il mourut en 44 av. J.-C.

En 40 av. J.-C., Antigone, le dernier fils vivant d'Aristobule II, chercha encore une fois à reprendre

le trône avec l'aide des Parthes. Il fit prisonniers Hyrcan et Phasaël et coupa l'oreille d'Hyrcan, le

disqualifiant ainsi pour le sacerdoce (Lévitique 21:17 ss.). Les Parthes l'emmenèrent captif à

Babylone. Hérode qui avait échappé à l'arrestation retourna à Rome.

En 42 av. J.-C., lorsqu'Antigone eut mené une révolte contre Hyrcan II, Hérode se porta à son

secours en massacrant les rebelles. Quoiqu'il se méfiât de lui, Hyrcan II lui en fut reconnaissant et

lui donna en mariage Mariamne, sa petite-fille et fille d'Alexandra qui avait épousé Alexandre, fils

d'Aristobule II. Il devint ainsi beau-frère d'Aristobule III. Lorsque le roi asmonéen Antigone fut

expulsé de Jérusalem et exécuté à Antioche, Hérode le Grand (37-4 av. J.-C.), à qui le sénat

romain avait déjà donné le titre de roi, monta sur le trône. Du fait de son mariage avec Mariamne,

petite-fille d'Hyrcan, il détenait aussi le sacerdoce. Les juifs cependant lui étaient hostiles, en

raison de ses origines iduméennes.

Alexandra, sa belle-mère, ne lui pardonna jamais d'être devenu roi à la place de son fils Aristobule

III. Elle sut cependant le convaincre de lui confier la prêtrise. Mais Hérode la soupçonnait de

vouloir renverser le gouvernement. Pendant une réception organisée pour les jeunes gens de la

cour, il fit noyer Aristobule dans une piscine. Alexandra en appela à Cléopâtre d'Egypte, qui incita

Antoine à convoquer Hérode à Rome pour rendre compte de cet incident. Hérode, comprenant

qu'il ne reviendrait peut-être pas de ce voyage, confia Alexandra et sa femme Mariamne à son

oncle Joseph, en donnant cependant des ordres secrets pour que Mariamne soit tuée, s'il ne

revenait pas de Rome.

Quand Octave vainquit Antoine à Actium, en 31 av. J.-C., Hérode, qui avait été loyal à Antoine, se

demanda s'il resterait roi de la Judée. Pour assurer ses arrières, il fit accuser Hyrcan, seul

prétendant vivant, de trahison par le sanhédrin, le fit condamner à mort et exécuter, puis promit

son amitié à Octave. Celui-ci le confirma sur son trône et lui donna les possessions de Cléopâtre

en Palestine, en plus des territoires de la Samarie et de la Transjordanie.

Quand il revint en Judée en 29 av. J.-C., Hérode soupçonna sa femme Mariamne et son garde

Soème d'adultère. Sa soeur Salomé insinua que Mariamne avait l'intention de l'empoisonner. Il

ordonna alors sa mise à mort et celle de son amant supposé. L'année suivante, il fit exécuter sa

belle-mère Alexandra, qui avait participé à un nouveau complot contre lui. D'autres exécutions

eurent lieu trois ans plus tard, en 25 av. J.-C.

Malgré tous ses efforts pour apaiser les juifs et les Grecs vivant dans son royaume, Hérode était

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méprisé par eux. Les Grecs ne voulaient pas d'un roi à moitié juif, et les juifs d'un souverain à

moitié iduméen. Les nombreuses exécutions auxquelles il avait fait procéder le rendaient

détestable aux uns et aux autres. Juif de religion, Hérode favorisait les pharisiens qui s'occupaient

moins de politique que les sadducéens, mais qui, par contraire, se méfiaient de lui. C'est qu'il

gouvernait la Judée pour le compte de Rome. Il avait par ailleurs rejeté la nomination héréditaire

et à vie du souverain sacrificateur, pour nommer à ce poste des hommes de son choix.

Centralisant le pouvoir, il avait limité les attributions du sanhédrin aux questions religieuses. Les

affaires civiles et politiques étaient traitées par un conseil royal séculier nommé par lui. Bien qu'il

eût adopté la religion juive, il était un partisan fervent de l'hellénisme. On comprend donc la

méfiance et l'opposition des pharisiens et de tous ceux qui voulaient préserver un judaïsme

orthodoxe.

Le règne d'Hérode amena un temps de paix et de prospérité qui lui permit de se livrer à

d'importants travaux de construction: le port de Césarée, l'expansion de la Samarie avec la

construction d'un temple en l'honneur d'Auguste, des forteresses militaires comme Massada près

de la Mer Morte, et, à Jérusalem, un théâtre, un amphithéâtre, un hippodrome, le renforcement de

l'ancienne forteresse de l'Acre qu'il nomma Antonia en l'honneur d'Antoine, et enfin la restauration

du temple. Celle-ci commença en 20 av. J.-C. et n'était toujours pas achevée 46 ans plus tard,

quand Jésus accomplit son ministère. Les travaux ne furent terminés qu'en 63 apr. J.-C.. Sept

ans plus tard, il fut détruit par les Romains. Il était deux fois plus grand qu'à l'époque de

Zorobabel. Un mur continu entourait l'enceinte, avec des portiques soutenus par d'imposants

piliers. La porte d'entrée avait été couronnée d'un aigle doré représentant à la fois le dieu-soleil et

le gouvernement impérial de Rome. A part cela, Hérode respectait les croyances du peuple.

Helléniste convaincu, il envoya plusieurs de ses fils à Rome pour y faire leurs études.

La vie privée d'Hérode fut dominée par d'incessantes querelles de famille. La jalousie et la

suspicion régnaient parmi ses dix épouses et leurs quinze enfants. Sa première femme était

l'Iduméenne Doris, dont le fils était Antipater. Salomé, soeur d'Hérode, protégea Antipater contre

les revendications d'Alexandre et d'Aristobule, fils de Mariamne I laquelle était de lignée

asmonéenne. Elle les accusa de comploter contre Hérode. Ces accusations les amenèrent

devant l'empereur qui prononça un non-lieu. Là-dessus, Hérode désigna Antipater comme son

successeur principal et, après lui, les fils de Mariamne I, au cas où Antipater ne resterait pas

fidèle. Cette décision ne fit qu'accroître les intrigues et les complots. Antipater craignait aussi les

revendications de ses demi-frères Archélaüs et Antipas (fils de Malthace, femme samaritaine

d'Hérode), Philippe (fils de Cléopâtre de Jérusalem) et Hérode (fils de Mariamne II).

En l'an 5 av. J.-C., Hérode envoya l'héritier présomptif Antipater à Rome. Pendant son absence, il

découvrit un complot qui visait à l'empoisonner et dans lequel trempaient Antipater lui-même,

Doris et Mariamne II. Hérode le condamna à son retour, modifia son testament et nomma comme

successeur Antipas, fils cadet de Malthace. Peu avant sa mort, il changea une troisième fois son

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testament et nomma Archélaüs roi de Judée, Antipas tétrarque de la Galilée et de la

Transjordanie, et Philippe tétrarque de la Gaulanitide, de la Trachonite et de Panéas. Il ordonna

enfin la mise à mort d'Antipater.

Hérode souffrait d'une cruelle maladie qui lui causait de grands tourments physiques et mentaux,

partiellement responsable sans doute des atrocités dont il se rendait coupable envers son

entourage. C'est peu avant sa mort en 4 av. J.-C. qu'il fit mourir les enfants de Bethléhem.

Dernier crime commandité par lui: le massacre des rabbins Judas et Matthias et de quarante de

leurs élèves pour avoir détruit l'aigle au-dessus de la grande porte du temple, un jour que circulait

la rumeur de sa mort. Ils furent jugés devant le roi mourant. Les deux rabbins furent brûlés vifs et

leurs élèves supprimés par le glaive.

Selon Matthieu 2:1, Jésus naquit à Bethléhem au temps d'Hérode. Selon Luc 1:5.26, sa

naissance eut lieu six mois après Jean-Baptiste, probablement du vivant du même roi. L'empereur

romain César Auguste avait édicté un recensement et Quirinius était à cette époque gouverneur

de la Syrie (Luc 2:2 ss.). Ce recensement n'est pas attesté ailleurs. On se demande donc s'il eut

lieu sous le règne d'Hérode le Grand. Si tel est le cas, Jésus serait né au plus tard en l'an 4 av.

J.-C., puisque c'est cette année-là que mourut Hérode. Il avait environ 30 ans, quand il

commença son ministère public (Luc 3:23), la quinzième année du règne de Tibère (14-37 apr.

J.-C.), c'est-à-dire en l'an 28 de notre ère. Ponce Pilate était procurateur de la Judée (26 à 36 apr.

J.-C.), quand Jésus mourut, sans doute peu après l'an 30.

Questions de révision et exercices:

1) Quelle était la différence entre pharisiens et sadducéens en matière de religion et de politique?

2) Voici cinq fonctions politiques dans le Proche-Orient de l'époque: roi, gouverneur, ethnarque,

proconsul, tétrarque. Lesquelles étaient exercées par des dirigeants de la Palestine et lesquelles

l'étaient par des Romains, représentants du pouvoir impérial?

3) Quels étaient les sentiments de Jules César à l'égard des juifs?

4) Caractérisez le règne d'Hérode le Grand sur les plans politique, culturel, religieux et personnel.

5) Quelle fut sa contribution architecturale à la ville de Jérusalem?

6) Quelle est la date approximative de la naissance de Jésus?

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CHAPITRE 4

LA PALESTINE AU TEMPS DU CHRIST

ET

DES APOTRES

(4 av. J.-C. - 70 apr. J.-C.)

Les successeurs d'Hérode le Grand:

Selon Josèphe, l'historien juif de l'époque, Hérode le Grand donna à Archélaüs le titre d'ethnarque

et la moitié de son royaume, soit la Judée, l'Idumée et la Samarie. L'autre moitié fut partagée

entre ses deux autres fils, qui furent nommés tétrarques: Hérode Antipas reçut la Galilée et la

Pérée et Philippe la contrée à l'est de la Galilée englobant la Batanée, l'Auranitide, la Trachonite,

Panéas et la Gaulanitide. Trois autres fils d'Hérode avaient été exécutés en raison de leurs

ambitions politiques. Quant aux plus jeunes, ils n'entraient pas en ligne de compte pour la

succession.

Quant à Varus (6-3 av. J.-C.), il était le gouverneur romain de la Syrie quand mourut Hérode. Il

eut à réprimer une révolte, lorsque le procurateur romain par intérim à Jérusalem chercha à

confisquer les biens d'Hérode. Un certain Judas, fils d'Ezéchias, déclara être le Messie et prit la

tête du mouvement, mobilisant des troupes en Judée, en Pérée et en Galilée. Varus vint en Judée

avec ses troupes et écrasa la révolte, exécutant environ deux mille juifs. D'autres soulèvements

populaires eurent lieu sous la direction des zélotes en l'an 6 av. J.-C., puis de 66 à 70 de notre

ère.

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Les fils d'Hérode désignés pour régner se rendirent à Rome pour obtenir l'approbation du

gouvernement impérial. Malgré l'opposition d'une délégation de nobles juifs désireux de se

débarrasser de la maison d'Hérode et de se placer directement sous l'autorité de l'empereur, ils

l'obtinrent. On refusa cependant à Archélaüs le titre de roi et lui donna celui d'ethnarque,

c'est-à-dire de responsable de toute une province. Antipas et Philippe furent nommés tétrarques,

gouverneurs d'un "quart de région". Ils étaient de ce fait subordonnés à l'ethnarque. Ces termes

étaient d'origine grecque, mais les Romains les avaient conservés pour désigner ceux qui

gouvernaient les provinces de l'empire. Les proconsuls étaient les gouverneurs choisis par le

sénat pour gérer les provinces en temps de paix, alors que les procurateurs étaient nommés par

l'empereur pour gouverner les provinces à problèmes. Ils étaient directement responsables

devant l'empereur et bénéficiaient de l'appui de l'armée.

Lorsque Joseph et Marie rentrèrent d'Egypte avec Jésus, ils s'installèrent en Galilée et non en

Judée, car ils avaient appris qu'Archélaüs régnait sur cette région (Matthieu 2:22). L'ethnarque

Archélaüs (4 av.-6 apr. J.-C.) régnait en fait sur deux pays bien différents: la Samarie dont la

population était mixte depuis la déportation en Assyrie des habitants du l'ancien royaume du Nord,

et que les juifs méprisaient pour cette raison, et la Judée qui entretenait des relations avec la

Galilée et la Pérée, mais qui était géographiquement et politiquement séparée de ces deux

provinces, puisqu'elles dépendaient d'Hérode Antipas.

Le règne d'Archélaüs fut marqué par l'opposition des sadducéens et des pharisiens qui

revendiquaient plus de liberté que ne leur en octroyait le fils d'Hérode, lequel était en revanche

soutenu par les hérodiens. Certains de ces derniers cependant lui préféraient son frère Antipas de

Galilée. Archélaüs offensa les juifs en déposant des souverains sacrificateurs et fit beaucoup pour

les irriter. Il épousa notamment la veuve de son demi-frère Alexandre qui avait été exécuté en 7

av. J.-C. Accusé devant l'empereur, il fut exilé à Vienne, en Gaule, et remplacé par un procurateur

romain.

Le tétrarque Hérode Antipas (4 av.-39 apr. J.-C.) régnait sur la Galilée et la Pérée (Transjordanie

du sud), deux régions séparées par la Samarie et la Décapole. Les deux pays avaient embrassé

le judaïsme à la suite de la conversion des habitants et de la réinstallation de juifs en Galilée, sous

le règne d'Aristobule I et d'Alexandre Jannée. Les ancêtres de Jésus faisaient partie de ces

émigrés venus de Judée.

La Galilée était un pays prospère. Hérode Antipas y construisit une nouvelle capitale qu'il appela

Tibériade en l'honneur de l'empereur régnant Tibère (14-37 apr. J.-C.). Mais les juifs refusèrent

pendant un certain temps d'aller vivre à Tibériade, disant que la ville était impure, parce que

construite sur un ancien cimetière (Nombres 19:16). Elle était habitée essentiellement par des

Gentils d'origine araméenne. Mais l'opposition des juifs finit cependant par diminuer. On y

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construisit des synagogues. Tibériade devint même le centre du grand sanhédrin.

Les zélotes étaient très actifs en Galilée. Ils s'opposaient aux impôts et à la domination romaine.

Pharisiens et scribes, par contre, y étaient moins nombreux qu'en Judée.

Antipas était un fervent helléniste. Mais il respectait la religion des juifs et régna en paix pendant

une trentaine d'années, jusqu'à son mariage avec l'ambitieuse Hérodias, laquelle avait divorcé

d'avec son premier mari, Hérode Philippe (Marc 6:17). Elle fut l'instigatrice de l'exécution de

Jean-Baptiste. Petite-fille d'Hérode et de Mariamne I, elle avait hérité des ambitions politiques

qui caractérisaient la famille. Elle était si avide de pouvoir qu'elle amena son mari à prétendre au

poste de son frère Agrippa II, roi de la tétrarchie nouvellement indépendante de Philippe.

L'empereur Caligula jugea qu'Antipas était trop ambitieux et l'exila en Gaule en 39. Agrippa I,

petit-fils d'Hérode le Grand et de Mariamne I et frère d'Hérodias, fut nommé roi de la tétrarchie

d'Antipas en l'an 40.

Le règne du tétrarque Philippe (4 av.-34 apr. J.-C.) dans la Transjordanie du nord fut caractérisé

par la paix. On parlait dans son territoire l'araméen et le grec. Philippe construisit deux villes:

Césarée de Philippe (sur le site de Panéas, siège favori de Pan, dieu grec et romain de la nature,

et des déesses cananéennes de la fécondité). Il appela la ville Césarée en l'honneur de

l'empereur de l'époque, Tibère. "Philippe" fut ajouté au nom de Césarée, pour la distinguer de la

Césarée qu'Hérode le Grand avait bâtie sur la côté et pour honorer son architecte. C'est là que

Jésus demanda à ses disciples qui il était et que Pierre fit sa célèbre confession (Matthieu

16:13-20). Philippe agrandit aussi Bethsaïda-Julias, à l'endroit où le Jourdain se jette dans la Mer

de Galilée. La ville reçut son nom en l'honneur de Julia, fille de l'empereur.

Philippe épousa Salomé, la fille d'Hérodias dont la danse avait entraîné la mort de Jean-Baptiste.

Quand il mourut en l'an 34, sa tétrarchie fut ajoutée à la province de Syrie et placée en 37 sous

l'autorité d'Agrippa I.

La Judée sous les procurateurs romains:

Quand Archélaüs eut été exilé en Gaule, la Judée fut placée sous le contrôle direct de l'empereur

et gouvernée par des procurateurs. Le pays devint une partie de la Syrie sous le légat syrien

Quirinius (6-9 apr. J.-C.). Celui-ci organisa en l'an 6 un recensement pour les impôts en Judée et

en Samarie. Ses réformes en matière fiscale poussèrent les pharisiens à encourager le

mouvement nationaliste des zélotes.

Le procurateur avait pour mission de percevoir l'impôt pour l'empereur et de maintenir l'ordre. Il

déléguait généralement la perception des impôts à des compagnies ou des particuliers qui

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travaillaient sous contrat. Ces collecteurs d'impôts pouvaient être des Romains ou des juifs qui

collaboraient avec eux, d'où leur mauvaise réputation (Matthieu 5:46).

Le procurateur avait à sa disposition un groupe de soldats pour maintenir l'ordre et réprimer

d'éventuels soulèvements. L'armée romaine était divisée en légions et en cohortes, mais aucune

légion n'était cantonnée en Palestine. Chaque cohorte était placée sous le commandement d'un

officier appelé tribun. Sous les ordres des tribuns il y avait les centurions ou centeniers. Une

cohorte se tenait en permanence à Jérusalem, dans la forteresse de l'Acre. Chaque cohorte se

composait de 500 fantassins et de 100 cavaliers. Une escorte de soldats accompagnait toujours

le procurateur, quand il se rendait dans la ville. Lui et ses gardes du corps habitaient dans le

palais construit par Hérode à qui on avait donné le nom romain de prétoire (Matthieu 27:27).

Le procurateur avait autorité sur les soldats romains, présidait le tribunal militaire et avait seul

qualité pour faire exécuter les sentences de mort prononcées à l'encontre de civils (Jean 18:31).

C'est la raison pour laquelle Jésus fut conduit devant Ponce Pilate et Paul mené devant Félix pour

être jugé (Actes 23:24).

Du temps des procurateurs, les juifs avaient gardé une certaine autonomie. L'empereur respectait

leur religion et leurs traditions. Il avait fait ôter l'effigie impériale qui se trouvait sur les étendards

militaires de Palestine. Par ailleurs, les juifs étaient exemptés du culte impérial et du service

militaire.

Pour les juifs, l'autorité suprême s'incarnait dans le sanhédrin dont l'origine remonte à l'époque

d'Esdras et de Néhémie. Il était composé de soixante-dix ou soixante et onze anciens dont la

majorité appartenait aux familles sacerdotales, et présidé par le souverain sacrificateur. Anne

occupa le poste de 6 à 15 apr. J.-C. Sadducéen riche et favorable au gouvernement romain, il

continua à dominer le conseil après sa destitution en 35. Il exerçait son influence par le

truchement de son gendre Caïphe et, plus tard, de ses quatre fils qui occupèrent le poste. Caïphe

fut souverain sacrificateur de 18 à 36, donc à l'époque du procès du Christ. Les Romains se

réservaient le droit de nommer et de déposer les souverains sacrificateurs qui avaient pour autre

fonction de veiller au culte et à l'observance des fêtes annuelles et de représenter les juifs devant

le procurateur.

Le conseil se réunissait dans l'enceinte du temple, ce qui permettait d'y assister à tout juif

désireux de mieux comprendre les détails compliqués de la loi juive. Lors d'un procès, les

membres du sanhédrin revêtaient de longues robes et s'asseyaient en demi-cercle autour du

souverain sacrificateur. Les plaignants et les défenseurs se tenaient debout devant le président.

On faisait intervenir les témoins, écoutait les plaignants et la défense, puis le procès avait lieu à

huis clos. Tous les membres du sanhédrin étaient appelés à voter à main levée.

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Le sanhédrin avait à l'époque du Christ un consistoire formé du souverain sacrificateur, du

capitaine des gardes du temple, de cinq prêtres et de trois ou quatre trésoriers. Il exerçait ses

compétences dans les affaires religieuses. Mais puisque la Loi de Moïse touchait à tous les

aspects de la vie, il gérait les affaires courantes de la société. Rares étaient les cas qui ne

tombaient pas sous sa juridiction.

La garde du temple était composée de juifs faisant fonction de vigiles et contrôlant les

mouvements populaires. Ils participèrent à l'arrestation de Jésus et montèrent la garde devant sa

tombe (Jean 18:3; Matthieu 27:65).

En l'an 26, Ponce Pilate fut nommé procurateur de Judée. Son insistance sur la suprématie

romaine fut à l'origine de bien des conflits. Les procurateurs dépendaient de leurs supérieurs pour

leurs promotions. Ils devaient donc chercher à leur plaire, ce qui rendait très difficile une politique

et une administration objectives. Ils nommaient et destituaient les souverains sacrificateurs selon

leur humeur du moment, suscitant mécontentement et colère. Pour démontrer la suprématie

romaine, Ponce Pilate eut la malencontreuse idée de faire défiler sa cohorte dans Jérusalem,

pendant la nuit, en portant des étendards impériaux à l'effigie de l'empereur. Une autre fois, il prit

de l'argent du temple pour financer un chantier. Mais il savait aussi, sous la pression du moment,

céder aux juifs. Il le fit quand ceux-ci lui demandèrent de relâcher Barabbas et de crucifier Jésus.

Cependant l'impopularité de Ponce Pilate devint telle que Vitellius, le nouveau légat de Syrie, le

destitua. Le souverain sacrificateur fut également démis de ses fonctions et remplacé par

Jonathan, un fils d'Anne.

C'est sans doute sous le sacerdoce de Jonathan, en 36, que le sanhédrin condamna Etienne à

mort et l'exécuta, sans consulter les autorités romaines. Un an plus tard, Vitellius remplaça

Jonathan par son frère Théophile (37-41 apr. J.-C.). L'empereur Tibère mourut en 37 et fut

remplacé par Caligula, fervent helléniste qui plaça le gouvernement de la Judée sous l'autorité

d'un procurateur impérial, Maurulus (37-41).

Hérode Agrippa I devint roi de la tétrarchie de Philippe en 37. La tétrarchie d'Antipas y fut ajoutée

en 40. Il avait été éduqué à Rome, avec les fils de l'empereur, et sut dissuader Caligula d'ériger

en 39 une statue de lui-même dans le temple de Jérusalem. Caligula fut assassiné en 41 et eut

pour successeur Claude qui régna jusqu'en 51. Agrippa avait été son camarade de classe, aussi

Claude lui confia-t-il le gouvernement de toute la Palestine qui fut sous son autorité de 41 jusqu'à

sa mort en 44.

Agrippa I chercha à gagner l'estime des pharisiens en observant tous les rites du judaïsme. Pour

leur plaire, il persécuta les chrétiens et fit tuer l'apôtre Jacques et emprisonner Pierre (Actes 12).

Deux ans plus tard, il mourut (Actes 12:19-23).

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Ce fut alors le retour des procurateurs. L'empereur Claude décida en effet de mettre un terme au

royaume de Judée et de placer à nouveau la province sous contrôle romain. Il y adjoignit la

Galilée et la Samarie et fit d'Agrippa II, fils d'Agrippa I, le chef des territoires avoisinants de 50 à

94. Drusille, troisième fille d'Agrippa I, épousa le procurateur Félix. Bérénice, première fille

d'Agrippa I et veuve d'Hérode II, fut soupçonnée d'avoir des relations incestueuses avec son frère

Agrippa II (Actes 25:13.23). Celui-ci étant conseiller romain pour les affaires juives, on lui

demanda son avis dans le procès de Paul à Césarée (Actes 25:13-26:32).

Le premier procurateur que Claude chargea de gouverner la Palestine fut Cuspius Fadus (44-46).

Un magicien nommé Theudas, voulant se faire passer pour le Messie, mena une révolte contre

les Romains en 45. Il tenta en vain de partager les eaux du Jourdain en marchant sur Jérusalem

et fut décapité par Fadus. Le procurateur suivant fut Tibère Alexandre (46-48), juif d'Alexandrie et

neveu du philosophe Philon. Peu aimé des juifs, il fit exécuter plusieurs rebelles. Puis ce fut

Ventidius Cumanus (48-52). Il dut faire face aux soulèvements des juifs qui suivirent leur

expulsion de Rome en 50. Une guerre civile éclata par ailleurs entre les zélotes et les

Samaritains.

Antoine Félix fut nommé procurateur en 52. Bien que déjà marié à une princesse romaine,

descendante d'Antoine et de Cléopâtre, il épousa la belle princesse juive Drusille (Actes 24:24).

Le fait qu'Agrippa II ait permis à sa soeur d'épouser un Romain incirconcis révèle l'intérêt qu'il

portait à l'hellénisme et ses ambitions en matière de politique. Félix fit assassiner Jonathan,

l'ancien souverain sacrificateur, et d'autres juifs. L'agitation nationaliste ne cessa d'augmenter,

surtout quand Néron accéda au pouvoir (54-68).

L'apôtre Paul, emprisonné à Césarée, comparut devant Félix dont le mandat prit fin en 60, et

devant son successeur Festus (60-62). Celui-ci fut remplacé par Albinus (62-64), puis par Florus

(64-66), dernier procurateur de Judée.

Avec l'intensification du nationalisme juif et les agitations des zélotes, les chrétiens de Palestine

commencèrent à émigrer de Jérusalem, ceci avant la révolte juive contre Rome (66-70).

Beaucoup s'installèrent à Pella, sur le plateau transjordanien, à l'est du Jourdain. La plupart des

communautés chrétiennes de Jérusalem, de Judée et de Galilée semblent s'être dispersées

ailleurs en Orient. Il est probable que le fanatisme des zélotes les y ait contraintes, ce qui entraîna

aussi le départ de Pierre pour Rome en 63. Paul et lui furent exécutés sans doute en 65, sous le

règne de Néron, pendant les persécutions déclenchées par le grand incendie de Rome (64) dont

on accusa les chrétiens.

Le patriotisme des zélotes parvint à son paroxysme en 66. Les deux derniers gouverneurs avaient

appauvri la Palestine pour faire face aux dépenses de leur armée. La lutte culturelle entre Grecs

et juifs à Césarée de Palestine déboucha sur des combats de rues. Le procurateur Florus avait

réclamé dix-sept talents au trésor du temple, provoquant une manifestation antiromaine. Zélotes

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et patriotes de l'aristocratie dirigeaient la révolte.

Gallus, le légat syrien, se souleva contre Jérusalem en novembre 66, mais dut abandonner le

siège du temple. Les rebelles juifs surprirent les légions romaines qui battaient en retraite, ce qui

obligea le légat à réclamer l'aide de l'empereur. Au printemps 67, Vespasien vint avec 60.000

hommes. Les juifs rebelles se retranchèrent derrière leurs fortifications et lui résistèrent. Mais

quelques mois plus tard, en automne 67, Vespasien avait pris le contrôle de la Galilée. Au

printemps suivant, il vainquit la Pérée et le Judée. Les défaites des juifs étaient dues pour une

large part aux luttes internes qui opposaient leurs différents partis.

L'armée romaine monta le siège de Jérusalem. L'assaut final fut entravé à deux reprises par des

révoltes parmi les troupes dues à la mort de Néron et à l'accession au trône de Vespasien. Le

nouvel empereur envoya son fils Titus parachever la défaite des juifs. Titus entama un nouveau

siège en avril 70 et réussit à prendre le temple qui fut incendié, ainsi que la plus grande partie de

la ville. Quand il retourna à Rome, il confia son rôle de commandant en chef à Vettenius Cerialis.

Ce jour-là, la nation juive cessa d'être une entité politique. La Judée ne fut plus administrée par un

procurateur placé sous l'autorité du gouverneur de la Syrie, mais gouvernée par un légat ayant

rang de sénateur, directement responsable devant l'empereur. D'importantes troupes y tenaient

garnison. C'étaient d'abord des détachements de la 10 légion (Fretensis), auxquels se joignirent

entre 120 et 130 des éléments de la 6 (Ferrata). Le siège du gouvernement était à Césarée,

devenue colonie romaine.

Les trois premiers légats furent Vettenius Cerialis, commandant de la 5 légion qui avait pris

d'assaut Jérusalem, Lucius Bassus qui s'était emparé des forteresses d'Herodium et de

Machaerus, et Flavius Silva qui prit Massada. Puis ce fut le tour de Lusius Quietus qui sut réduire

une rébellion en Mésopotamie en 115, de Tineius Rufus, qui fut légat quand éclata la révolte de

Bar-Kochba, et de Julius Severus qui l'écrasa en 135. Mais la liste des légats de la Palestine est

incomplète. La province reçut par la suite le nom de Syria Palestina. Jérusalem était maintenant

une ville païenne que les Romains détenaient envers et contre les juifs, ce qui suscita la révolte

de Bar-Kochba (132-135 apr. J.-C.). La reconstruction, momentanément interrompue, fut achevée

et la ville appelée Colonia Aelia Capitolina. Colonia, car c'était une colonie romaine. Aelia, en

l'honneur de l'empereur Hadrien dont le prénom était Aelius. Et Capitolina, parce que la cité avait

été dédiée à Jupiter Capitolin. Jérusalem avait joué le rôle que Dieu lui avait assigné. Il l'avait

châtiée pour son incrédulité et n'avait plus à la préserver des vicissitudes de l'histoire.

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Questions de révision et exercices:

1) Quel sont les noms des trois successeurs d'Hérode et sur quels pays régnèrent-ils?

2) Quelle est la difference entre un ethnarque et un tétrarque, entre un proconsul et un

procurateur ou gouverneur?

3) Quelle était la différence entre la Judée, la Galilée et la Samarie à l'époque du Christ?

4) Quels étaient les sentiments des empereurs romains à l'égard des juifs?

5) Qu'était le sanhédrin et quelles en étaient les attributions?

6) Nommez les souverains sacrificateurs qui exercèrent leurs fonctions à l'époque du Christ.

7) Les soldats qui arrêtèrent Jésus à Gethsémané et ceux qui gardèrent sa tombe étaient-ils juifs

ou romains?

8) Expliquez le comportement de Ponce Pilate dans le procès de Jésus.

9) Lequel des Hérode fit exécuter l'apôtre Jacques (Actes 12)?

10) Qui était Drusille?

11) Quel parti juif fut responsable de la révolte et de la destruction de Jérusalem?

12) Racontez les péripéties de la prise de Jérusalem.

13) Beaucoup de chrétiens périrent-ils avec les juifs pendant la révolte de 66-70?

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CHAPITRE 5

LE JUDAISME

Origine et développement:

Ce qu'on a coutume d'appeler le judaïsme prit naissance pendant l'exil à Babylone. Aujourd'hui,

en utilisant l'adjectif "juif" on ne désigne généralement que la race d'une personne. A l'époque du

Nouveau Testament, la religion et la nationalité aussi bien que la race caractérisaient les

descendants d'Abraham. Avant l'exil on les appelait enfants d'Israël, puis, le royaume de Juda

ayant seul survécu à la déportation, le terme juif désigna les exilés au retour dans le pays.

L'exil leur fit perdre leur identité nationale et les éloigna du temple, deux éléments qui

contribuèrent à modeler le judaïsme pour l'adapter aux nouvelles conditions d'existence. Les

Israélites formaient le peuple de l'alliance, le peuple élu. Bien souvent, ils imaginèrent que leur

élection les exempterait du châtiment divin, ce contre quoi des prophètes comme Amos durent

protester avec fermeté. Les faux prophètes prêchaient que Dieu délivrerait son peuple sans tenir

compte de ses péchés, que l'alliance conclue était pour lui une sorte de sauf-conduit. Mais la

captivité à Babylone donna raison aux vrais prophètes de Yahvé.

Israël avait à répondre à deux questions: Pourquoi Dieu avait-il laissé le peuple partir en exil, lui

retirant ses bénédictions, et comment celui-ci pourrait-il maintenant accomplir sa destinée? La

réponse à la première question était simple: le châtiment était une conséquence directe de sa

désobéissance. Il fallait se repentir et observer scrupuleusement la Loi. Ainsi naquit le courant

légaliste des hassidim qui eut son prolongement dans la secte des pharisiens. La réponse à la

seconde question était dans l'attente patiente du secours divin. Yahvé délivrerait son peuple en

son temps.

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Deux commandements prirent une importance particulière, celui interdisant l'idolâtrie, le culte des

dieux païens, et le précepte concernant le sabbat. Pour se protéger contre le péché, Israël se

sépara des nations païennes considérées comme impures, et pour assurer l'observance du

sabbat, il multiplia les règles et les instructions le concernant. Ajoutons à cela l'importance

attachée à la circoncision, signe visible de l'alliance. Ainsi naquit la "tradition des anciens" que

Jésus dénonça avec tant de vigueur pour ce qu'elle avait de légaliste. Loin du temple, Israël ne

pouvait apporter de sacrifices. Il chercha donc de nouvelles formes de piété et vit dans

l'observance scrupuleuse de la Loi la condition de la délivrance divine.

Les exilés rentrés de Babylone n'avaient pas le zèle et la fermeté de conviction nécessaires pour

sauvegarder les clauses de l'alliance. Les mariages mixtes contractés avec les païens venus

habiter dans le pays les exposaient à l'idolâtrie. Il fallait l'oeuvre de redressement d'un Esdras

pour juguler le danger. Ce n'est pas pour rien qu'on l'a appelé parfois le "père du judaïsme".

On sait peu de choses sur le développement du judaïsme pendant la dernière partie de la période

perse et la première phase de la période grecque (400-200 av. J.-C.). Zorobabel avait refusé

l'aide des Samaritains pour rebâtir le temple (520 av. J.-C.), suscitant leur antipathie pour les juifs.

Le schisme fut consommé quand les Samaritains construisirent vers 300 av. J.-C. leur propre

temple sur le Mont Garizim. Ils adoptèrent le Pentateuque et lui seul comme Saintes Ecritures, en

en modifiant certains textes, et rejetèrent les Prophètes et les Ecrits. A l'époque du Christ, les juifs

continuaient à n'avoir aucun rapport avec eux.

D'autre part, la prophétie cessa progressivement au cours de l'exil: "Nous ne voyons plus nos

signes. Il n'y a plus de prophète, et personne parmi nous qui sache jusqu'à quand..." (Psaume

74:9). 1 Maccabées 9:27 reconnaît le fait. Du coup, l'oeuvre des scribes prit de l'ampleur. Comme

aucun prophète ne se levait plus pour parler au nom de Dieu et que celui-ci ne donnait plus de

révélations, on s'appliqua à commenter et expliquer sa Parole.

Particularités du judaïsme:

Trois facteurs caractérisent le judaïsme postexilique: 1) Le canon, c'est-à-dire l'ensemble des

livres reconnus comme divinement inspirés. 2) La synagogue, lieu de réunion, de méditation et de

prière pour un peuple privé des cérémonies du temple. 3) Les rabbins, docteurs de la Loi et, de ce

fait, nouveaux responsables religieux en Israël.

Deux partis importants virent le jour, les pharisiens qui s'occupaient de la Loi, et les sadducéens

dont faisaient partie beaucoup de membres de la classe sacerdotale. Quant aux notions

fondamentales qui caractérisent le judaïsme de l'époque, ce sont les suivantes:

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1) La foi en un Dieu unique, Créateur de toutes choses et qui seul a droit à l'adoration. On le

concevait si saint que son nom ne devait pas être prononcé à haute voix. Aussi lorsque le nom

Yahvé apparaissait dans les Ecritures, lui substituait-on le terme Adonaï (Seigneur). La coutume

apparut au III siècle av. J.-C.

2) L'élection, la certitude, avec pour gage la circoncision, de faire partie du peuple élu, ce qui

entraîna un sentiment de supériorité envers les païens accusés d'idolâtrie et d'immoralité. Il n'y

avait pour eux d'espérance de salut que s'ils devenaient prosélytes en acceptant la Loi et, si

possible, la circoncision.

3) Enfin la Torah interprétée de façon sourcilleuse et légaliste comme un chemin du salut. D'une

façon générale on attachait plus d'importance à sa lettre qu'à son esprit, à la conformité extérieure

à ses exigences qu'à son sens profond.

La construction du temple fut achevée en 515 av. J.-C., alors que Josué était souverain

sacrificateur et Zorobabel, petit-fils du roi Jéchonias, gouverneur de la Judée. Il fallut les

encouragements répétés et les avertissements des prophètes Aggée et Zacharie, pour que sa

reconstruction fût menée à bonne fin. Les travaux du sanctuaire lui-même furent achevés en

dix-huit mois (20-19 av. J.-C.), mais la construction des bâtiments annexes et de l'enceinte requit

plusieurs décennies.

Les païens avaient l'autorisation de pénétrer dans le parvis extérieur, parfois utilisé comme place

de marché. Le temple proprement dit était au fond de la cour, avec à droite le parvis des femmes

et à gauche le parvis d'Israël. Au milieu de ce dernier se trouvait le sanctuaire où officiaient les

sacrificateurs. Le tout était surélevé par rapport au parvis extérieur. Un double rideau très épais

séparait le lieu saint long d'environ vingt mètres du saint des saints, où seul le souverain

sacrificateur pénétrait une fois par an, au jour des expiations.

Les prêtres étaient seuls qualifiés pour apporter les sacrifices prescrits et officier dans le temple,

tandis que les scribes, qui étaient des laïcs, les avaient remplacés dans leur rôle de maîtres de la

Torah. Le souverain sacrificateur régnait à vie et sa fonction était héréditaire dans la maison de

Tsadoq, descendant direct d'Aaron. Il exerçait à la fois une autorité politique, même limitée, et

l'autorité religieuse. La fonction tomba en discrédit, quand Antiochus IV Epiphane nomma à ce

poste des gens lui versant d'importants pots-de-vin. Les Maccabées étaient des descendants

d'Aaron, mais pas de la famille de Tsadoq. Simon cependant fut reconnu comme souverain

sacrificateur en 142 av. J.-C. Hérode le Grand et les Romains ne reconnaissant pas le caractère

héréditaire de la fonction, s'arrogèrent le droit de les nommer et de les destituer.

Sacrificateurs et lévites étaient répartis en 24 groupes (1 Chroniques 24:1-19) qui servaient dans

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le temple pendant une semaine, et cela deux fois par an. Chaque groupe comprenait environ un

millier de personnes. Ceux qui habitaient près du temple s'acquittaient de leurs fonctions dans le

sanctuaire de Jérusalem, tandis que ceux vivant dans les villes lointaines ou à la campagne

officiaient dans les synagogues. Leurs responsabilités (récitation du Shema, Deutéronome 6:4-9,

lecture des Commandements, offrande de l'encens, libations et sacrifices) étaient définies par un

tirage au sort, tandis que les Lévites accomplissaient des tâches subalternes et que leur chorale

interprétait les psaumes du jour.

Les Juifs célébraient sept fêtes par an:

1) Le rosh hasch-schana, la fête du Nouvel An, célébrée le premier tishri (septembre/octobre). On

sonnait des trompettes dans le temple du matin au soir. La fête étant aussi célébrée dans les

synagogues, peu de juifs se rendaient à Jérusalem à cette occasion.

2) Le yom kippour, jour des expiations, le 10 tishri. C'était un jour de repentance et de jeûne, où le

souverain sacrificateur procédait à l'expiation annuelle des péchés du peuple, en aspergeant le

sang du sacrifice sur l'arche de l'alliance dans le lieu très saint.

3) La fête des tabernacles, soukkoth, le 15 tishri et les jours suivants. C'était la commémoration,

sous des huttes de branchages, de la traversée du désert et l'action de grâces à la fin de la

moisson. La fête se terminait par le grand jour de la sainte convocation (Jean 7:37).

Ces trois premières fêtes marquaient le début de l'année civile. L'année religieuse débutait avec

la quatrième:

4) La fête de la Pâque, pèsach, le 14 nisan (avril), qui se poursuivait pendant sept jours sous le

nom de "fête des pains sans levain". De nombreux pèlerins se rendaient à Jérusalem pour

commémorer l'Exode.

5) La fête des semaines, jour des prémices ou Pentecôte, cinquante jours après la Pâque. Le

peuple louait Dieu pour ses bénédictions dans les récoltes futures.

6) La fête de la dédicace, hanoukah, le 25 kisleu (décembre), commémoration de la purification,

par Judas Maccabée, en 164 av. J.-C., du temple profané par Antiochus IV Epiphane. Les juifs

illuminaient leurs maisons et on racontait l'histoire des Maccabées.

7) La fête de Purim, les 14 et 15 adar (mars), fête nationale instituée d'après le livre d'Esther pour

célébrer la victoire des juifs sur leurs ennemis.

L'origine de la synagogue est obscure. On sait cependant qu'elle remonte à l'époque de l'exil,

quand les juifs expatriés désirèrent se réunir pour célébrer leurs cultes. La construction de

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temples hors de Jérusalem était interdite par la Loi et aurait été financièrement impossible. Privés

de la possibilité d'apporter des sacrifices, ils ne pouvaient célébrer leurs cultes qu'en écoutant et

méditant la Parole que Dieu leur avait donnée. L'observance correcte de la Loi exigeait qu'elle fût

bien connue et comprise. Il fallait donc se réunir pour l'étudier. Le culte était fait de prières, de la

lecture de textes de la Loi et des prophètes, de leur commentaire et du chant de psaumes.

Pour établir une synagogue, il fallait au minimum dix hommes. Un groupe d'anciens en dirigeait

les activités. Ils avaient le pouvoir d'excommunier. Parmi eux, certains étaient nommés à des

fonctions spéciales. Le chef de la synagogue était sans doute un de ces anciens élu à ce poste. Il

dirigeait le culte en nommant ceux qui devaient lire les Ecritures, prêcher et prier. Un autre était

chargé de la préparation du lieu. Il annonçait aussi les sabbats et les fêtes en sonnant de la

trompette sur le toit de la synagogue, allait chercher les rouleaux nécessaires pour le service, puis

les rangeait. D'autres proclamaient le shema, recevaient ou distribuaient les aumônes. Les

synagogues étaient disséminées dans tout l'empire romain, partout où vivaient des juifs. Au

temps de Jésus, chaque village palestinien possédait la sienne.

Questions de révision et exercices:

1) D'où vient le mot "juif" et que signifie-t-il?

2) Quelle différence peut-on faire entre la religion d'Israël et le judaïsme?

3) Quels étaient pour le judaïsme postexilique les deux commandements les plus importants?

4) Quels sont les signes extérieurs de la piété juive?

5) Pourquoi les juifs considéraient-ils les païens comme impurs, alors que l'Ancien Testament ne

le fait pas?

6) Pourquoi les scribes, puis les rabbins prirent-ils une telle importance dans le judaïsme?

7) Qu'est-ce qu'une synagogue?

__________

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CHAPITRE 6

LES PARTIS

ET LES DOCTRINES DU JUDAISME

Il y avait quatre partis relativement importants dans le judaïsme à l'époque du Christ, bien que la

majorité des juifs n'adhérât à aucun d'eux: les sadducéens, les pharisiens, les zélotes et les

esséniens.

Les sadducéens:

L'origine de la secte et son nom sont obscurs. Le terme provient peut-être de Tsadoq, nom d'un

souverain sacrificateur sous le règne de David, ou de tsadiq, adjectif hébraïque qui signifie juste.

A l'époque d'Esdras, des prêtres et même des souverains sacrificateurs avaient épousé des

femmes étrangères, d'où une certaine ouverture au monde païen que n'appréciaient pas les

scribes et spécialistes de la Loi. L'antagonisme s'intensifia à l'époque d'Antiochus IV Epiphane: un

parti hellénisant chercha à importer des idées et des pratiques grecques, suscitant les

protestations des hassidim, les "pieux", ancêtres spirituels des pharisiens.

Les sadducéens soutenaient les Asmonéens, chefs qui cumulaient les fonctions politique et

sacerdotale et occupaient les postes les plus importants dans le temple, les cours de justice et le

sanhédrin. Ils dominaient ce dernier qui fonctionnait sous l'autorité du souverain sacrificateur

connu pour ses sympathies pour la culture hellénistique et le pouvoir impérial. Selon Josèphe, ils

étaient puissants et jouissaient "de l'appui des riches plutôt que du peuple" (Antiquités juives, XIII,

10, 6). Ils séparaient politique et religion, tandis que les pharisiens pensaient que Dieu

interviendrait sur un plan politique pour déterminer l'avenir de son peuple.

Leurs doctrines et pratiques étaient les suivantes:

1) Ils acceptaient la Loi écrite, mais rejetaient les traditions orales adoptées par les pharisiens.

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2) Ils niaient la résurrection du corps et l'immortalité de l'âme, ne trouvant pas ces doctrines

clairement enseignées dans le Pentateuque. L'au-delà, du reste, les préoccupait peu et ils étaient

plutôt portés sur le monde matériel.

3) Grands partisans du libre-arbitre, ils soutenaient que Dieu n'intervient pas dans le monde et les

affaires des hommes, mais qu'il a donné à ceux-ci le libre-arbitre nécessaire pour diriger leur vie

et régler leurs problèmes.

4) Ils niaient le jugement après la mort et croyaient que la récompense et le châtiment étaient des

conséquences naturelles de nos actions.

5) Ils n'étaient pas aussi scrupuleux que les pharisiens concernant les lois sur la pureté.

6) Ils étaient par contre beaucoup plus sévères que les pharisiens pour juger les affaires

criminelles, à l'exception des faux-témoins pour lesquels ils faisaient preuve de clémence. Ils

pensaient que beaucoup de lois de l'Ancien Testament devaient être interprétées littéralement et

appliquées sans indulgence.

Les pharisiens:

Le nom provient sans doute d'une racine verbale qui signifie "être à part". Il fut employé pour la

première fois sous Jean Hyrcan et donné à ceux qui s'opposèrent à ce qu'un Asmonéen occupât

le poste de souverain sacrificateur. Les pharisiens avaient pour ancêtres les hassidim, groupe de

juifs pieux luttant contre la pénétration de l'hellénisme dans la culture hébraïque. Ils étaient

héritiers des idées d'Esdras et luttaient pour une interprétation rigoureuse de la Loi et de ses

exigences. Moins influents que les sadducéens sur le plan politique, ils étaient soutenus par le

peuple et orientaient la vie cultuelle des juifs.

Leurs grands principes étaient les suivants:

1) Une religion basée sur la Loi et une observance stricte de la circoncision, du sabbat et des

fêtes annuelles.

2) Le légalisme, c'est-à-dire l'affirmation que le salut réside dans l'accomplissement des

commandements divins. Ils insistaient plus particulièrement sur la purification et la séparation à la

fois des personnes et des objets employés dans le culte, pratiquaient l'exclusivisme et évitaient

tout contact avec les impurs.

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3) Les traditions ancestrales, sorte de loi orale interprétant la loi écrite et permettant d'appliquer

les commandements aux détails de l'existence quotidienne et d'ajuster les pratiques religieuses à

des situations nouvelles.

Pour ce qui est des doctrines des pharisiens, on retiendra les idées maîtresses suivantes:

1) La Torah et les traditions: les deux ont valeur normative, alors que les sadducéens rejetaient la

loi orale. Les pharisiens les considéraient comme nécessaires pour empêcher que la Loi soit

transgressée. Ils allaient jusqu'à enseigner que Dieu avait révélé à Moïse sur le Sinaï non

seulement le contenu du Pentateuque, mais aussi tous les préceptes véhiculés par la tradition.

2) L'existence d'un Dieu unique et souverain dominant le monde entier et qui devait seul être

adoré. Quoique transcendant, il était présent dans le temple. Sa toute-puissance assurait aux

pharisiens que rien ne pourrait résister à son jugement ni déjouer ses desseins.

3) Le péché est conçu comme une désobéissance à Dieu. Il est l'expression d'une tendance au

mal que Dieu a créée chez l'homme. Mais celui-ci a reçu aussi dans la création une tendance au

bien. D'où la nécessité d'utiliser son libre-arbitre pour faire le bien.

4) La croyance en l'immortalité de l'âme et en des récompenses et des châtiments dans l'au-delà.

Les pharisiens croyaient aussi en une résurrection des morts qui permettrait aux fidèles défunts

de goûter aux joies d'un paradis terrestre à venir. Ils s'attendaient également à ce que de

nombreux païens se convertissent et participent au salut d'Israël.

5) Le Messie attendu serait fils de David et un roi politique. Il délivrerait Jérusalem des nations

païennes qui l'oppriment. L'attente messianique prit deux formes: a) la vision nationaliste d'un

âge glorieux comprenant le rétablissement de l'indépendance et de la puissance juives, b) la

vision eschatologique de la catastrophe mondiale et l'établissement d'un monde nouveau. Le

règne rétabli de David apporterait une ère de paix et de prospérité, d'équité et d'amour fraternel

parmi les hommes. Mais pour cela il fallait que vienne un descendant de David désigné par Dieu,

un libérateur humain héroïque, le "fils de l'homme" de Daniel 7:13. Jérusalem serait le siège de

son royaume. Cependant certains pharisiens militant pour une attente messianique plus religieuse

que politique, se contentaient d'annoncer que la suprématie de Dieu serait établie et que le

judaïsme deviendrait la religion universelle.

6) A l'inverse des sadducéens, les pharisiens croyaient en l'existence et en le ministère des

anges, intermédiaires entre Dieu et les hommes et médiateurs de ses bénédictions.

Les zélotes:

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C'était une secte consacrée à la défense de la Loi et de la vie nationale juives. Ils avaient

beaucoup d'influence en Galilée et plus tard à Jérusalem, de l'époque d'Hérode jusqu'à la chute

de la ville en l'an 70. S'opposant à la domination de Rome, ville idolâtre, ils fomentèrent maintes

révoltes. Leur dessein était de lutter farouchement contre toute domination étrangère.

Un jour, dix zélotes, dissimulant des poignards, pénétrèrent dans le théâtre de Jérusalem dans le

dessein de tuer Hérode qui assistait à un spectacle. Le roi eut vent du complot et les fit exécuter,

mais le peuple réagit avec colère et lapida l'espion qui l'avait informé. Plus tard, sur son lit de

mort, il fit arrêter et mettre à mort une quarantaine de jeunes gens qui, sous la direction de deux

rabbins, avaient décidé d'enlever le grand aigle d'or qu'il avait placé sur la porte du temple. Il avait

aussi fait décapiter sans procès le zélote Hezekias. Les fils de ce dernier rassemblèrent les

rebelles en un parti politique agressif qui s'engagea dans la révolte galiléenne menée en l'an 6

par Judas de Gamala pour protester contre l'impôt des propriétés décrété par Quirinius,

gouverneur de Syrie.

Les zélotes s'étaient engagés à assassiner tout païen pénétrant dans le sanctuaire. Une

inscription placée sur le mur séparant le parvis des Gentils de celui d'Israël mettait les incirconcis

en garde contre le châtiment infligé pour toute intrusion. Bien que leur origine soit obscure, ils

perpétuaient l'esprit des Maccabées. Les plus extrémistes d'entre eux étaient connus sous le nom

de "sicaires" (assassins). Dissimulant de petits poignards sous leurs manteaux, ils frappaient les

traîtres juifs qui collaboraient avec les Romains.

Les esséniens:

Les esséniens apparurent peut-être vers la fin de la révolte des Maccabées, quand le sacerdoce

exercé par les sadducéens dégénéra en raison de leurs compromissions avec l'hellénisme.

Certains juifs pieux se retirèrent du monde et fondèrent des communautés monastiques d'où les

femmes étaient généralement exclues. Ils mettaient leurs biens en commun et menaient une vie

austère, pourvoyant à leurs besoins par le travail manuel, généralement l'agriculture. Le temps qui

leur restait était consacré à l'étude de la Loi. Selon le philosophe juif Philon d'Alexandrie, ils ne

furent jamais très nombreux. Beaucoup de savants ont identifié les esséniens à la communauté

de Qumrân.

Dans leurs doctrines et leurs pratiques, ils étaient plus proches des pharisiens que des

sadducéens. Ils rejetaient cependant la doctrine de la résurrection des morts, tout en croyant en

l'immortalité de l'âme. Ils s'appliquaient par ailleurs à observer strictement les préceptes de la Loi,

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surtout ceux concernant la pureté rituelle.

Curieusement, les esséniens ne sont pas mentionnés une seule fois dans le Nouveau Testament,

bien que leur existence à l'époque du Christ soit clairement attestée. De nombreux

commentateurs pensent d'ailleurs que l'Eglise primitive fut très influencée par l'organisation et le

style de vie de leur communauté.

Les doctrines du judaïsme:

Nous ne reviendrons plus sur le monothéisme radical caractérisant le judaïsme postexilique ni sur

l'autorité qu'il attribuait à la Parole de Dieu, particulièrement à la Loi de Moïse. La littérature

théologique produite par le judaïsme à l'époque intertestamentaire se caractérise par l'importance

que revêt la doctrine des anges et des démons. Les juifs ont de tout temps cru en leur existence.

Il en est question dans le Pentateuque, surtout la Genèse, et chez les prophètes, mais il se

pourrait qu'ils aient subi pendant leur exil l'influence de la religion perse avec son angélologie

structurée. Cela pourrait expliquer bien des détails fournis par la littérature juive de l'époque sur la

position, les tâches et la hiérarchie des anges. Sept archanges reçurent des noms: Uriel,

Raphaël, Raguel, Michel, Saraqael, Gabriel et Remiel. Certains anges de haut rang étaient

nommés par Dieu pour régner sur les nations, tandis que d'autres étaient dits agir avec

méchanceté et écarter les peuples du droit chemin (Livre des Jubilées 15:31). D'autres anges

avaient la responsabilité de diriger les saisons et les éléments naturels.

Ce qui caractérise le judaïsme de l'époque, c'est une certaine fièvre eschatologique, d'où le

foisonnement de toute une littérature apocalyptique. On attendait avec impatience, et les zélotes

essayèrent même de hâter la fin de l'oppression d'Israël, la venue du grand jour où Dieu jugerait

le monde et rachèterait son peuple. Ce jour-là, il accomplirait enfin ses promesses en lui donnant

prospérité et paix dans un âge d'or associé à la restauration du règne de David. Certaines

questions que les disciples posèrent à Jésus-Christ reflétaient cette fièvre et l'espoir de voir

s'accomplir bientôt des prédictions consignées dans les livres des prophètes, mais mal

interprétées par un peuple aux conceptions eschatologiques charnelles.

L'attente du Messie était aussi au centre de la piété juive. Le terme désigne celui qui a été oint par

Dieu et chargé d'une mission. C'était le cas en particulier des rois. Mais le Seigneur avait promis à

David que ses descendants seraient à jamais assis sur son trône (2 Samuel 7:12). Les

espérances liées à cette promesse continuèrent à l'époque de l'exil et par la suite. L'attente d'un

fils de David, représentant de Dieu sur la terre, coexistait cependant avec celle, moins politique,

d'une intervention et d'un règne personnels de Yahvé.

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L'observance parfaite des préceptes de la Torah était pour les juifs la condition pour

l'accomplissement des promesses divines. On attendait la venue d'un grand prophète semblable

à Moïse, qui parlerait pour Dieu, rétablirait la Loi et exigerait qu'elle soit respectée (Deutéronome

18:18). On attendait aussi, à moins qu'il ne s'agît du même personnage, la venue d'un prêtre

juste qui conduirait le peuple dans la justice. Cette espérance était particulièrement vivante dans

la communauté de Qumrân où on soulignait le contraste entre le Maître de Justice et le Prêtre

Impie. Leur Manuel de Discipline parle de la venue "du prophète et des Messies d'Aaron et

d'Israël" (9:11) qui doivent apparaître à la fin des temps.

On retrouve dans le Nouveau Testament l'attente du futur prophète. Se fondant sur le livre de

Malachie, Jésus l'identifia en déclarant que Jean-Baptiste était l'Elie qui devait venir. Par contre, le

messianisme prêché par le Christ et les apôtres est très différent de celui du judaïsme. Il n'est pas

question dans leur prédication d'un âge d'or, fait d'une joie et d'une paix paradisiaques, et l'attente

des fidèles est orientée exclusivement vers le monde à venir. D'autre part, si le Messie est vrai

homme et fils de David, il est aussi Fils de Dieu et donc Dieu lui-même, et sa véritable mission a

consisté à apporter, en mourant sur la croix et en ressuscitant le troisième jour, le sacrifice qui

expie les péchés du monde entier et le réconcilie avec Dieu.

Questions de révision et exercices:

1) Décrivez les sadducéens, les pharisiens, les zélotes et les esséniens, en montrant les

différences et les antagonismes entre ces différents partis.

2) Quelle était la foi des juifs concernant

a) les traditions orales,

b) les anges,

c) l'immortalité de l'âme et la résurrection des morts,

d) le Messie,

e) la fin des temps?

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3) Pourquoi Jésus a-t-il eu plus de démêlés avec les pharisiens qu'avec les sadducéens?

4) Quelle est la différence entre l'attente messianique des juifs et ce que les chrétiens confessent

à propos de Jésus?

5) Montrez la différence entre l'eschatologie (doctrine de la fin des temps) du judaïsme et celle du

christianisme.

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TABLE DES MATIERES

Pages

Préface

La période grecque

(332-167 av. J.-C.)

La révolte des Maccabées et la période asmonéenne

(167-63 av. J.-C.)

La période romaine avant Jésus-Christ

(63-4 av. J.-C.)

La Palestine au temps du Christ et des apôtres

(4 av. J.-C.-70 apr. J.-C.)

Le judaïsme

Les partis et les doctrines du judaïsme

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