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La patrimonialisation des parcs nationaux: aux frontières de la nature et de la culture Le cas du Parc national de la Jacques-Cartier Mémoire Mathilde Crépin-Bournival Maîtrise en sciences géographiques Maîtrise en sciences géographiques (M. Sc. Géogr.) Québec, Canada © Mathilde Crépin-Bournival, 2015

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La patrimonialisation des parcs nationaux: aux frontières de la nature et de la culture

Le cas du Parc national de la Jacques-Cartier

Mémoire

Mathilde Crépin-Bournival

Maîtrise en sciences géographiques

Maîtrise en sciences géographiques (M. Sc. Géogr.)

Québec, Canada

© Mathilde Crépin-Bournival, 2015

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La patrimonialisation des parcs nationaux : aux frontières de la nature et de la culture

Le cas du Parc national de la Jacques-Cartier

Mémoire

Mathilde Crépin-Bournival

Sous la direction de :

Étienne Berthold, directeur de recherche

Guy Mercier, codirecteur ce de recherche

Matthew Hatvany, codirecteur de recherche

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Résumé

Depuis plusieurs années, les activités anthropiques, alimentées par des technologies plus efficaces et

performantes, créent de fortes pressions sur les écosystèmes. En réponse à cette dynamique, la conservation

revêt un aspect primordial. Elle vise à assurer la protection des écosystèmes tout en y permettant l’accès, afin

de sensibiliser et d’éduquer le public et de favoriser les contacts entre les personnes et la nature.

Les politiques de patrimonialisation constituent un aspect clé des processus de conservation des milieux

naturels. Elles désignent l’ensemble des actions organisées dans le domaine public en rapport avec la

conservation et la mise en valeur du patrimoine naturel. À ce jour, les chercheurs n’ont pas abordé

systématiquement les politiques de patrimonialisation des milieux naturels. Ce mémoire cherche à alimenter la

réflexion en matière de conservation en posant l’hypothèse que le patrimoine naturel, dans ses mécanismes

de constitution, est à l’interface de la nature et la culture. Ainsi, les politiques de patrimonialisation de la nature

s’inspireraient des dynamiques de la formation du patrimoine culturel. En effet, désormais bien documentée, la

notion de patrimoine culturel constitue une construction qu’effectuent les sociétés pour des motifs

économiques, idéologiques et disciplinaires. Reposant sur un fort potentiel discursif, le patrimoine culturel

modifie les usages des objets et des lieux en leur retirant leur fonction première et en les encadrant par des

politiques nourries par l’idéologie de la conservation.

Le mémoire interroge la dynamique des politiques de patrimonialisation des milieux naturels, au Québec, dans

le contexte des parcs nationaux. Il prend appui sur une méthodologie qui emprunte à l’analyse des discours et

fait appel au cas du parc national de la Jacques-Cartier qui, pendant les années 1970, a été au cœur d’une

controverse d’où sont nées les premières législations québécoises en matière de conservation du patrimoine

naturel.

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Summary

For several years, human activities, fuelled by more efficient and effective technologies, create strong

pressures on ecosystems. In response to this dynamic, conservation is of primary aspect. It aims to ensure the

protection of ecosystems while allowing an access to them, sensitize and educate the public and promote

contacts between people and nature.

Patrimonialization policies are a key aspect of the processes of conservation of natural environments. They

refer to all actions organized in the public domain related to the conservation and enhancement of the natural

heritage. To date, researchers did not discuss systematically patrimonialization policies of natural

environments. This thesis aims to provide food for thought for conservation under the assumption that the

natural heritage in its formation mechanisms, is at the interface of nature and culture. Thus, the nature

patrimonialization policies would be guided by the dynamics of the formation of cultural heritage. Indeed, now

well documented, the concept of cultural heritage is a construction being done by companies for economic,

ideological and disciplinary reasons. Based on a discursive potential, cultural heritage modifies the uses of

objects and places by removing their primary function and by mentoring them with policies nourished by the

ideology of conservation.

The dissertation examines the dynamics of the natural environments patrimonialization policies in Quebec in

the context of national parks. It is based on a methodology that borrows to the analysis of discourse and uses

the case of the Jacques-Cartier National Park, which, during the 1970s, was at the heart of a controversy from

which the first laws were born in Quebec in the conservation of natural heritage field.

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé .............................................................................................................................................................. iii Summary ............................................................................................................................................................ iv TABLE DES MATIÈRES ...................................................................................................................................... v LISTE DES TABLEAUX ..................................................................................................................................... vii LISTE DES FIGURES ....................................................................................................................................... viii Remerciements ................................................................................................................................................... ix Introduction ......................................................................................................................................................... 1 Chapitre 1 : Revue de la littérature, principaux concepts, approche et méthodologie ...................................... 10

1.1 Conservation .......................................................................................................................................... 10 1.2 Écosystèmes .......................................................................................................................................... 15 1.3 Patrimonialisation ................................................................................................................................... 15 1.4 Écotourisme............................................................................................................................................ 18 1.5 Développement durable ......................................................................................................................... 20 1.6 Les aires protégées ................................................................................................................................ 21 Conclusion .................................................................................................................................................... 24

Chapitre 2 : La constitution des parcs nationaux et du parc des Laurentides : pratiques de conservation et

dynamiques « culturelles » ............................................................................................................................... 25 2.1 Loi sur les parcs – 1895 ......................................................................................................................... 25

2.1.1 Une approche de la conservation empreinte de l’exploitation forestière ......................................... 25 2.1.2 Chasse, pêche et délassement ....................................................................................................... 26

2.2 Parc des Laurentides .............................................................................................................................. 27 2.2.1 Un parc de conservation dominé par l’exploitation forestière .......................................................... 27 2.2.2 De riches ressources fauniques et halieutiques .............................................................................. 28

Conclusion .................................................................................................................................................... 31 Chapitre 3 : La « bataille de la Jacques-Cartier » : pour une patrimonialisation entre nature… et culture ....... 33

3.1 Un contexte incontournable : l’émergence de mouvements populaires en faveur de l’expression

démocratique, la protection de l’environnement et la création des zones écologiques contrôlées............... 33 3.2 Enjeux énergétiques, logique dirigiste et mobilisation populaire : le « projet Champigny » d’Hydro-

Québec pour la rivière Jacques-Cartier et les oppositions qu’il suscite ........................................................ 36 3.3 La culture à la rescousse de la conservation du milieu naturel : la caractérisation du patrimoine de la

vallée de la Jacques-Cartier ......................................................................................................................... 40 3.4 Conserver les parcs nationaux et à travers eux le Parc de la Jacques-Cartier : la Loi sur les parcs de

1977 et les audiences de 1979 ..................................................................................................................... 48 Conclusion .................................................................................................................................................... 54

Chapitre 4 : Le patrimoine naturel à l’ère du développement durable : quelques pistes d’action au sein du parc

national de la Jacques-Cartier et de la SÉPAQ ................................................................................................ 55 4.1 Du parc de la Jacques-Cartier à la SÉPAQ ............................................................................................ 55 4.2 La Loi sur les parcs (2001) et le Loi sur le développement durable (2006) : associer conservation,

patrimoine naturel et développement durable .............................................................................................. 56 4.3 Conservation, patrimoine naturel et développement durable au sein du parc national de la Jacques-

Cartier ........................................................................................................................................................... 60 Conclusion .................................................................................................................................................... 65

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Conclusion ........................................................................................................................................................ 67 Bibliographie ..................................................................................................................................................... 73 Annexe I ............................................................................................................................................................ 86 Annexe II ......................................................................................................................................................... 122 Annexe III ........................................................................................................................................................ 142

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Principaux articles traitant de patrimoine. Source : De l’auteur. ..................................................... 18

Tableau 2 : Caractéristiques du tourisme de masse et de l’écotourisme. Source : Rosca, Diana. 2008. Dans

Turtureanu et al., 2011, p.70 .................................................................................................................... 19

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LISTE DES FIGURES

Figure 1: Localisation du parc national de la Jacques-Cartier (rivière Jacques-Cartier), du parc des Laurentides

et du parc national des Grands-Jardins. Source : Matthew Hatvany, 2012 ............................................... 3

Figure 2 : Plein air au parc national de la Jacques-Cartier. Photo : © Mathilde Crépin-Bournival, 2014. ........... 4

Figure 3: Localisation du parc national de la Jacques-Cartier (PNJC) dans la réserve faunique (parc) des

Laurentides. Source : Matthew Hatvany, 2012. ......................................................................................... 5

Figure 4 : Schéma du développement durable. Source : De l’auteur................................................................ 21

Figure 5: Croissance cumulative de la superficie et du nombre d’aires protégées dans le monde de 1976 à

1996. Source : Beauchesne et Gaudreau, 2002, p.3 ............................................................................... 23

Figure 6: Localisation du Parc des Laurentides avant 1980. Source : Matthew Hatvany, 2012 ....................... 27

Figure 7: Mise en garde contre les feux de forêt. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales

Québec (BaNQ) (1930), p.29 ................................................................................................................... 29

Figure 8: Mise en garde contre les feux de forêt. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales

Québec (BaNQ) (1930), p. 31 .................................................................................................................. 29

Figure 9: Mise en garde contre les feux de forêt. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales

Québec (BaNQ) (1930), p.46 ................................................................................................................... 29

Figure 10: Le sportsman fervent de pêche à la truite. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales

Québec (BaNQ) (1930), p.5 ..................................................................................................................... 30

Figure 11 : Lac aux canards, ZEC Buteux-Bas-Saguenay, 2004. Photo : ©Mathilde Crépin-Bournival ........... 36

Figure 12: Barrage projeté et territoire inondé : Illustration du projet Champigny. Source : Commission de la

culture et de l'éducation, 1970, p.i. ........................................................................................................... 38

Figure 13: Aménagements prévus du projet Champigny. Source : Gauthier, Poulin, Thériault et ass. 1970, p.9

................................................................................................................................................................. 43

Figure 14: Zones du projet Champigny. Source: Gauthier, Poulin, Thériault et ass. 1970, p.10 ...................... 43

Figure 15: Paysage du parc national de la Jacques-Cartier. Photo : © Mathilde Crépin-Bournival, 2014. ....... 44

Figure 16: Parcs nationaux de la Jacques-Cartier et des Grands-Jardins (en zébré). Source : Matthew

Hatvany, 2012 .......................................................................................................................................... 50

Figure 17: Localisation du parc national de la Jacques-Cartier. Source : Matthew Hatvany, 2012 .................. 53

Figure 18: Inventaire de chicots lors d'une étude de suivi de l'intégrité écologique. Photo : ©Mathilde Crépin-

Bournival, 2015. ....................................................................................................................................... 61

Figure 19: Repos et hébergement au parc national de la Jacques-Cartier. Photo : © Mathilde Crépin-Bournival,

2015. ........................................................................................................................................................ 64

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Remerciements

J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidée dans la réalisation de ce mémoire.

En premier lieu, je remercie M. Étienne Berthold, professeur à l'Université Laval. En tant que directeur de

mémoire, il m'a guidée dans mon travail et m'a aidée à trouver des solutions pour avancer. Il a été présent à

toutes les étapes du projet et a su me guider sur les bonnes pistes, tant pour la recherche que pour la

rédaction du mémoire.

Je remercie aussi M. Guy Mercier, codirecteur de mémoire, qui m'a aidée en me fournissant quelques pistes

de recherche et en m’accordant son appui.

Je tiens finalement à remercier M. Matthew Hatvany, pour avoir pris le temps de me fournir des pistes de

réflexion et pour son aide dans la correction du mémoire.

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Introduction

Face aux dégradations que connaît l’environnement depuis l’ère industrielle, deux positions distinctes

prétendent protéger la nature : la préservation et la conservation. La préservation consiste en une intervention

protectrice ayant pour but le maintien intégral, pour le futur, des conditions actuelles d’un objet, d’un

organisme ou d’un ensemble des deux (Ashworth, 2011). L’intérêt à l’égard de ce concept provient d’abord

d’une nécessité de protéger les qualités naturelles d’un milieu (Shelford, 1933). Il provient également d’un

désir de garder des traces du passé, c’est-à-dire de l’état antérieur des lieux (Cloonan, 2011).

Le concept de préservation est résolument biocentrique et prétend qu’il faut laisser la nature suivre son cours.

Les fluctuations naturelles des milieux sont alors considérées (Shelford, 1933 ; Hatvany, 2014). En ce sens,

aucun élément naturel ne devrait être retiré des milieux. Par exemple, le bois mort devrait rester en place, et

tous les organismes et animaux autochtones, même ceux que l’on considère comme féroces ou dangereux (à

l’image des loups ou des ours) devraient demeurer dans leur environnement naturel, puisqu’ils sont essentiels

au bon fonctionnement des écosystèmes (Shelford, 1933). La préservation considère l’être humain comme un

élément perturbateur (Hatvany, 2014). En ce sens, elle limite les interactions entre l’homme et la nature à des

activités liées à la contemplation, la nature étant mise sous cloche afin d’être gardée intacte (Cunningham,

2013).

La conservation, pour sa part, désigne la protection d’un territoire et de ses composantes, et leur usage

rationnel (Ashworth, 2011 ; Shelford, 1933). Dans la logique de la conservation, les utilisations peuvent être,

par exemple, industrielles ou récréotouristiques. Ainsi, dans certains types d’aires marines protégées,

territoires de conservation, certaines compagnies peuvent exploiter différentes espèces de poissons alors que

d’autres entreprises peuvent proposer des activités de plongée sous-marine (Day et Dobbs, 2013).

La conservation correspond à un concept plutôt anthropocentrique. Le conservateur agit, en quelque sorte, en

gestionnaire de l’environnement et il poursuit un objectif de stabilité ou de productivité d’un milieu naturel

(Correspondent, 1972). En ce sens, les organismes morts ou nuisibles d’un milieu naturel seront délibérément

retirés, pour permettre, par exemple, à une autre espèce de se régénérer (Shelford, 1933). Ainsi, la

conservation peut également permettre la restauration d’une espèce ou d’un milieu naturel, en influant sur les

autres caractéristiques de l’environnement ou sur l’espèce ciblée (Lindenmayer et Hunter, 2010).

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Le terme conservation est, aujourd’hui, plus régulièrement utilisé que le terme préservation, surtout en ce qui a

trait aux aires protégées, tant dans les documents officiels que publics (Hatvany, 2014). Il offre une plus

grande latitude dans les activités qui sont autorisées sur les territoires naturels et s’accorde ainsi mieux avec

le développement récent de l’écotourisme (Ceballos-Lascurain, 1987).

Depuis quelques années, les chercheurs ont montré que les politiques de conservation du patrimoine naturel

sont de plus en plus déployées aux fins de la protection de certains milieux naturels (Sol, 2007). Les études

patrimoniales se sont développées de façon considérable ces dernières années. Dans ce sillage, les

recherches ont fait la démonstration que le patrimoine culturel constitue une construction, c’est-à-dire que les

objets, les ensembles d’objets et les héritages immatériels font l’objet d’un travail de sélection au fil duquel ils

sont jugés dignes, ou non, de conservation et de mise en valeur. Cette construction, appelée

patrimonialisation, résulte de processus complexes englobant les réalités économiques, mais aussi les

opinions et les valeurs (bref, les idéologies) des acteurs engagés dans le mouvement (Di Méo, 2008 ;

Berthold, 2012). Les études relatives au patrimoine naturel dans une perspective théorique sont plus rares,

mais elles suggèrent que ce type de patrimoine est également le résultat de processus de patrimonialisation

influencés largement par les contextes économiques, les valeurs et idéologies des acteurs et même

l’appartenance disciplinaire de ces derniers (Howard et Papayannis 2007). C’est ainsi que la patrimonialisation

des milieux naturels serait à la jonction de la nature et de la culture. De surcroît, les politiques de

patrimonialisation des milieux naturels seraient aussi susceptibles de mener à une plus grande responsabilité

sociale et individuelle et, de ce fait, de concourir aux efforts de conservation de la nature, au sens où nous

avons défini le terme plus haut (Howard et Papayannis 2007).

Le présent mémoire souhaite développer une réflexion sur le rôle que tiennent les processus et politiques de

patrimonialisation, ainsi que les dimensions culturelles qui la sous-tendent, dans la création d’un parc national.

Au Québec, la conservation des milieux naturels est, depuis 2002, encadrée par la Loi sur le patrimoine

naturel. Cette loi prévoit la préservation du caractère, de la diversité et de l’intégrité du patrimoine naturel au

Québec. (MDDELCC, 2002b). Pour ce faire, elle oblige notamment le ministre du Développement durable, de

l’Environnement et des Parcs à tenir un registre des aires protégées (MDDELCC, 2002b). Les aires protégées

dont fait mention la loi proviennent des travaux de l’Union internationale pour la conservation de la nature

(UICN). Il existe plusieurs types d’aires protégées, allant de la réserve naturelle intégrale (catégorie Ia), qui

limite toute activité de développement, quel qu’il soit, jusqu’à l’aire protégée de ressources naturelles gérées

(catégorie VI). Cette dernière vise l’utilisation durable des écosystèmes naturels, c’est-à-dire des services

mutuels entre l’environnement et les utilisateurs (Dudley et al. 2010 ; MDDELCC, 2002a).

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Quelques études en matière de patrimoine naturel ont été consacrées aux aires protégées. Des auteurs

comme Day et Dobbs (2013), Coppock (1982) et, avant eux, Leslie (1986) ont noté les tensions que peut

susciter la mise en valeur du patrimoine dans certains types d’aires protégées, du fait des pressions qui en

découlent sur les territoires : fréquentation touristique, développements économiques, achalandage, etc.

À ce jour, les auteurs n’ont cependant pas cherché à mesurer l’impact que peuvent avoir les politiques de

patrimonialisation sur les parcs nationaux. Or, il s’avère important de comprendre les processus de

patrimonialisation des milieux naturels et les politiques qui s’en dégagent puisque, à terme, ceux-ci modifient

les usages des territoires et les activités qui s’y rattachent.

Nous posons donc la question suivante : comment les processus de patrimonialisation des milieux naturels et

les politiques qui s’y rattachent façonnent-ils l’aire protégée qu’est le parc national? Nous avançons

l’hypothèse suivante : les processus de patrimonialisation et les politiques qui s’y rattachent modifient les

usages des territoires en leur insufflant des dynamiques liées à la culture. De fait, à l’échelle du parc national,

ils accentuent les actions qui visent la conservation des écosystèmes.

À titre de terrain d’études,

nous recourrons au parc

national de la Jacques-

Cartier, situé à quelque 40

km au nord de la ville de

Québec. Ce territoire est

utilisé depuis plusieurs

siècles, d’abord par les

Montagnais et les Hurons

comme axe de circulation et

de commerce, mais aussi

comme endroit de

prédilection pour la pêche et

le piégeage des animaux à

fourrure. À partir du 17e

siècle, le territoire a aussi

Figure 1: Localisation du parc national de la Jacques-Cartier (rivière Jacques-Cartier), du parc des Laurentides et du parc national des Grands-Jardins. Source : Matthew Hatvany, 2012

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servi d’axe de

circulation aux

Jésuites désirant

faire la traversée

Québec-Lac-Saint-

Jean sans passer

par le fleuve Saint-

Laurent. Aujourd’hui,

l’endroit constitue

une importante

source récréative

pour la ville de

Québec et ses

environs, notamment

en raison de la

montée de popularité des activités de plein air dans les dernières décennies.

Le milieu naturel du Parc national de la Jacques-Cartier compte plus de 216 lacs, dont le lac à l’Épaule, et

plusieurs rivières dont la Jacques-Cartier, la Sautauriski et la Cachée (SÉPAQ, 2014d). L’omble de fontaine

est l’espèce exclusive aux lacs, à l'exception de deux lacs où l'on peut observer l'omble chevalier, une espèce

susceptible d'être désignée menacée ou vulnérable au Québec (SÉPAQ, 2014d). La rivière Jacques-Cartier,

en raison de son eau fraîche et bien oxygénée, constitue l’habitat du saumon de l’Atlantique (SÉPAQ, 2014d).

Les vallées du parc national, créées par l’érosion hydrographique préglaciaire et érodées par les glaciations

quaternaires, accueillent trois types de forêts (SÉPAQ, 2014d ; RRPC, 2014). La forêt boréale, composée

principalement d’épinettes et de sapins baumiers, domine les hauts plateaux, là où le climat est le plus

rigoureux (SÉPAQ, 2014d). Au pied des vallées, en raison d’un climat plus clément, la forêt de feuillus

s’impose; bouleaux jaunes, érables à sucre et plantes herbacées dominent la composition végétale (SÉPAQ,

2014). La forêt mixte, composée principalement de sapins baumiers, d’épinettes noires, de bouleaux jaunes et

de bouleaux blancs, prend place entre la forêt boréale et de feuillus (SÉPAQ, 2014d).

Le parc national de la Jacques-Cartier constitue l’habitat de nombreuses espèces animales, dont les trois

grands cervidés du Québec, soit le caribou, l'orignal et le cerf de Virginie (SÉPAQ, 2014d). D’autres

Figure 2 : Plein air au parc national de la Jacques-Cartier. Photo : © Mathilde Crépin-Bournival, 2014.

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mammifères caractéristiques de la forêt boréale y sont également présents : le loup gris, le renard roux, le lynx

du Canada, l'ours noir, la loutre de rivière, le porc-épic et le castor du Canada (SÉPAQ, 2014d). Plus de

169 espèces d'oiseaux y sont observées, dont la chouette rayée et le balbuzard pêcheur (SÉPAQ, 2014d).

Finalement, quelques espèces menacées ou en voie d’être désignées menacées ou vulnérables se retrouvent

sur le territoire du parc : carcajou, salamandre sombre du Nord, campagnol des rochers, couguar, chauve-

souris argentée, etc. (SÉPAQ, 2014d).

Au départ, le territoire actuel du parc national de la Jacques-Cartier faisait partie intégrante du parc des

Laurentides, qui avait été créé en 1895 en tant que réserve forestière de l’État, donc un territoire de

conservation au sens où nous l’avons défini plus haut (SFPQ, 2004). Or, en 1972, Hydro-Québec planifiait la

construction de barrages hydroélectriques dans la vallée de la rivière Jacques-Cartier dans le cadre du

déploiement du « Projet

Champigny » (Labrecque,

2005 ; SFPQ, 2004). Une

vaste mobilisation populaire

(alors sans précédent dans

l’histoire environnementale du

Québec) mena à la création

d’une commission

parlementaire, en 1973, et

conduisit finalement à

l’abandon du projet

(Labrecque, 2005 ; SFPQ,

2004).

La « bataille de la Jacques-

Cartier », comme on la

désigne depuis, constitue un

exemple manifeste d’un

processus de

patrimonialisation au terme

duquel les pratiques de

conservation furent accentuées

autour d’activités culturelles essentiellement récréotouristiques. En 1980, à la suite de cette bataille, on créa le

Figure 3: Localisation du parc national de la Jacques-Cartier (PNJC) dans la réserve faunique (parc) des Laurentides. Source : Matthew Hatvany, 2012.

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parc national de la Jacques-Cartier, ce qui eut pour effet de modifier en majeure partie les usages des

écosystèmes permis dans les limites du parc (SFPQ, 2004). L’exploitation forestière fut abolie et le parc devint

un territoire proposant de multiples activités de découverte et de contact avec la nature, tout en ayant comme

objectifs la protection et la mise en valeur des milieux naturels et de leurs écosystèmes (SFPQ, 2004). À

l’issue du processus de patrimonialisation, il n’y aurait donc pas eu préservation, mais plutôt une modification

des usages permis dans une perspective de conservation. La création du parc national de la Jacques-Cartier

est d’autant plus importante puisqu’elle pava la voie à l’élaboration d’une politique des parcs au Québec

(SFPQ, 2004) et, de là, à l’adoption de la Loi sur les parcs (1977), instrument indispensable à l’organisation,

au développement et au maintien d’un réseau de parcs au Québec (SFPQ, 2004).

La présente recherche poursuit les objectifs suivants : 1 - contribuer à la connaissance des processus et

politiques de patrimonialisation des écosystèmes et des dynamiques culturelles qui s’y rattachent; 2 - éclairer

le concept de « conservation » à l’aune des dynamiques de la patrimonialisation; 3 - étudier le rôle des

processus et politiques de patrimonialisation dans la création d’un parc national; 4 - examiner les formes que

peut prendre la patrimonialisation dans une aire protégée, plus spécifiquement dans un parc national, dans un

contexte de développement durable; 5 - documenter, de façon approfondie, l’étude de cas du parc de la

Jacques-Cartier.

Afin de répondre aux objectifs et à la question de recherche, le texte s’appuiera principalement sur une étude

discursive. Cette méthode d’analyse, qui se présente essentiellement comme une approche qualitative de la

réalité permet d’examiner un phénomène, peu importe sa nature, sous l’angle des discours qu’il engendre ou

qu’il provoque. Puisqu’elle cherche à discerner les logiques d’action et à établir les interrelations existant dans

les phénomènes étudiés, l’accent est mis sur les argumentations des personnages qui produisent les discours.

L’analyse des discours utilise d’abord des sources dites « premières », c’est-à-dire des articles de journaux,

études et « croquis » (d’époque), lois, etc. L’étude sera généralement faite en deux temps; d’abord séparée,

puis croisée. Ce type d’analyse permet de circonscrire les discours des acteurs ainsi que les logiques d’action

au travail dans les processus de patrimonialisation. La diversité de genres d’écrits (et, éventuellement, de

genres argumentaires) peut mener à certaines confusions interprétatives. Ainsi, afin de minimiser ces

complications, une constante critique de chacun des documents est nécessaire, et ce, autant dans le contexte

de production que dans la nature même de l’information transmise et dans son expression. Dans un deuxième

temps, c’est la série entière des documents retenus aux fins d’analyse qui sera examinée (nous pensons ici,

tout spécialement, à l’abondante revue de presse et série de mémoires dont nous disposons pour étudier la

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bataille de la Jacques-Cartier). C’est régulièrement à cette étape d’ensemble que se retrouvent les lacunes

d’informations ou encore les incompatibilités entre les discours des acteurs. Une contextualisation est alors

nécessaire pour comprendre la pensée des acteurs et la confronter au cadre socioculturel, économique et

politique duquel elle découle. À ce point, les quelques travaux spécialisés produits en lien avec notre terrain

de recherche nous offrent une matière à critique.

D’abord, la situation des parcs avant 1977 sera étudiée à l’aide de la Loi sur les Parcs de 1895. La situation du

parc des Laurentides sera également analysée à l’aide de diverses sources premières et secondes, comme

des textes de loi d’époque, des documents touristiques et des rapports administratifs contenus dans les

archives, mais également des ouvrages d’histoire et divers documents produits par des groupes d’intérêt.

Nous rechercherons entre autres les éléments qui sont liés aux règlements du Parc des Laurentides

(exploitation forestière, chasse et pêche), ainsi qu’à quelle clientèle, spécifiquement, étaient dédiés les parcs

(clubs privés, sportsmen américains, etc.). L’analyse des pratiques de gestion de l’époque (protection de la

forêt, animaux « féroces » et mises en garde, etc.) nous sera également fort utile afin de nous aider à mieux

comprendre la vision qu’avaient les dirigeants de l’époque des ressources naturelles : à protéger ou à

exploiter?

Par la suite, le processus ayant mené à la création du parc national de la Jacques-Cartier sera étudié. Nous

étudierons d’abord le changement d’orientation des parcs vers d’autres clientèles (déclubage et zecs). La

revue de presse produite par Raymond Labrecque (2005) sera ensuite lue et étudiée par thèmes et intérêts,

c’est-à-dire selon les préoccupations environnementales, sociales, etc., des acteurs. Comme cette revue de

presse contient un grand nombre d’articles sur un large éventail de préoccupations, cette technique permettra

d’analyser chacun des documents et de les mettre en relation, dans un ensemble. La commission

parlementaire sur le projet Champigny de 1973 sera ensuite analysée. À cet effet, les mémoires présentés

devant la commission par les organismes et citoyens impliqués dans la bataille seront lus et traités par thèmes

(environnement, économie, société, etc.). Cette démarche permettra de séparer les préoccupations des

acteurs impliqués dans la bataille et de mieux comprendre les jeux d’acteurs qui en découlent.

Par la suite, les mémoires présentés par les organismes et citoyens dans le cadre des audiences publiques

sur le parc des Laurentides en 1979 seront traités de la même manière, c’est-à-dire par thèmes et

préoccupations. Cela permettra de souligner les demandes et préoccupations des acteurs impliqués dans la

création du parc national de la Jacques-Cartier.

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Finalement, les composantes des lois (les versions de la Loi sur le patrimoine naturel, de la Loi sur les parcs

et de la Loi sur le développement durable) ayant trait au patrimoine et au développement durable permettront

de mieux comprendre l’évolution des interprétations du patrimoine naturel (ressources exploitables versus

milieux à protéger) ainsi que l’implication du développement durable pour le patrimoine. Nous étudierons

également, dans la même optique, les éléments qui permettent, dans les nouvelles lois et préoccupations

sociales modernes, d’allier conservation, patrimoine naturel et développement durable. Une nouvelle forme de

tourisme et ses spécificités (écotourisme, glamping, etc.) seront à cet effet analysées, et permettront de mieux

comprendre les implications actuelles des trois thèmes mentionnés plus haut. Les lois ont été produites par le

gouvernement du Québec et plusieurs organes gouvernementaux seront cités, puisque responsables de leur

mise en effet (SÉPAQ, MDDELCC, etc.)

La représentation des données obtenues sera transmise de manière écrite; l’analyse des thèmes étudiés

(écosystèmes, aires protégées, conservation de la nature, patrimonialisation, développement durable, etc.)

sera transcrite dans le travail final. De plus, le processus de patrimonialisation sera détaillé, citations à l’appui,

dans le chapitre trois de l’étude. Les implications pour le développement durable seront, pour leur part,

transcrites dans le quatrième chapitre, citations à l’appui.

Plan

Le premier chapitre contient la revue de la littérature permettant l’étude des divers concepts abordés dans la

présente recherche; l’écosystème, la conservation, la patrimonialisation, l’écotourisme, le développement

durable et les aires protégées.

Le second chapitre, abordant la situation des parcs avant 1977 (soit avant la Loi sur les parcs qui modifiera les

utilisations permises des écosystèmes sur ces territoires) permettra de connaître les utilisations autorisées sur

les territoires des parcs entre 1895 et 1977 et leur condition réelle, en lien avec les industries. Également, une

analyse de la description des écosystèmes avant 1977 permettra de voir l’évolution de la perception à l’égard

de ceux-ci au fil du temps.

Le troisième chapitre portera sur la « bataille de la Jacques-Cartier », sur la Loi sur les parcs de 1977 ainsi

que sur la création du parc national de la Jacques-Cartier. Un historique de la bataille sera fait, afin de

comprendre les enjeux qui ont mené à l’abandon du projet Champigny, prévu dans la vallée de la Jacques-

Cartier dans les années 1970. À cet effet, la commission parlementaire sur le projet Champigny de 1973, les

mémoires présentés dans le cadre des audiences publiques sur le parc des Laurentides en 1979, la Loi sur

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les parcs (1895, 1977 et 2001) ainsi que la Loi sur le patrimoine naturel, entrée en vigueur en 2002, seront

étudiés. Ceci permettra de porter un regard sur les préoccupations des acteurs impliqués dans la bataille et de

mieux comprendre les jeux d’acteurs qui en découlent. Cela permettra également de distinguer les utilisations

prohibées et permises dans les parcs nationaux, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi. Les origines des

documents sont diverses : la commission parlementaire et les lois ont été produites par le Gouvernement du

Québec, tandis que les mémoires ont été créés par divers organismes (municipalités, groupes équestres, de

conservation, etc.) des régions de Québec et de Charlevoix.

Le quatrième et dernier chapitre portera sur le développement durable et l’industrie récréotouristique, et leurs

implications pour l’organisme responsable des parcs nationaux, la Société des établissements de plein air du

Québec (SÉPAQ). Ces éléments seront étudiés notamment par l’entremise des implications d’une nouvelle

forme de tourisme, l’écotourisme, et de la Loi sur le développement durable québécoise de 2006, qui oblige à

prendre en compte le patrimoine collectif dans les décisions sur le développement durable, mais qui impose

aussi de protéger les écosystèmes pour les générations présentes et à venir. Par cette incursion dans le

domaine du développement durable, nous chercherons à voir les formes que prend aujourd’hui le patrimoine

naturel et les activités qui s’y rattachent.

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Chapitre 1 : Revue de la littérature, principaux

concepts, approche et méthodologie

Le présent chapitre comporte une revue de la littérature des concepts suivants : conservation, écosystèmes, patrimonialisation, écotourisme, développement durable et aire protégée. La revue de littérature nous permettra de justifier nos questionnements et hypothèses. Nous chercherons notamment à situer plus précisément le rôle que tiennent les processus de patrimonialisation dans la dichotomie « conservation / préservation ».

1.1 Conservation

Pour certains historiens, l’histoire de la conservation de la nature remonte à l’époque moderne (BC Spaces for

Nature, 2014) au sens où celle-ci donna lieu à la protection de territoires de chasse par le roi d’Angleterre (BC

Spaces for Nature, 2014). Les milieux naturels, avant le 18e siècle, ne sont toutefois pas vus uniquement

comme des territoires remplis de ressources. Ils constituent également, pour les sociétés américaine et

européenne, des territoires hostiles, sauvages et désolés; bref, comme le note Cronon, un « gaspillage » :

« Wilderness, in short, was a place to which one came only against one’s will, and always in fear and

trembling1. » (Cronon, 1996, p.8-9).

Les conservateurs romantiques des 18e et 19e siècles voient ensuite la nature en tant que source spirituelle,

indissociable de la condition humaine (Olver et al. 1995). Un tournant survient dans les années 1800, avec

l’arrivée d’artistes tels que John Constable et Joseph Mallord William Turner, deux peintres reconnus pour

leurs tableaux représentant les beautés de la nature. La nature commence alors à être vue sous un nouvel

angle : pour sa beauté, et non seulement comme un territoire riche en ressources de toutes sortes (BC

Spaces for Nature, 2014). À la fin du 19e siècle, la vision des milieux naturels a donc complètement changé.

De la peur et de l’obscurité que ceux-ci appelaient auparavant, ils représentent désormais un paradis que tous

aspirent à fréquenter, qu’importe le prix (Cronon, 1996). Comme le mentionne Campbell (2008, p.11-12) :

«Nineteenth-century nationalism in both Europe and North America incorporated a strongly romantic attitude

towards wild nature; by claiming a native landscape as part of its historical origins, a nation could make a

stronger case for both its ‘natural’ territory and its cultural distinctiveness.2 »

1 Traduction de l’auteur : « La nature sauvage, en somme, était un endroit dans lequel on venait seulement contre son gré, et toujours dans la crainte et le tremblement. » 2 Traduction de l’auteur : « Le nationalisme du 19e siècle en Europe et en Amérique du Nord a incorporé une attitude fortement romantique vers la nature sauvage; en réclamant un paysage natif en tant que partie intégrante de ses origines historiques, une nation pouvait faire un cas fort à la fois pour son territoire «naturel» et sa spécificité culturelle. »

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Cette vision esthétique de la nature ne date pourtant pas d’hier. Comme le mentionne Charlot (2015, p.193) :

« Cet attrait pour la nature est intrinsèquement lié à l’histoire humaine, dont l’essentiel est issu d’une longue

cohabitation avec d’autres espèces végétales et animales. C’est pourquoi notre fonctionnement biologique,

nos cellules et même notre cerveau sont imprégnés de cette naturalité. » De l’Égypte ancienne à la Rome

Antique en passant par l’Amérique précolombienne, la place de la nature, spécialement des jardins, constitue

une part important du tissu social et de son évolution (Bethemont, 1998, Charlot, 2015). D’abord conçus pour

leur beauté et synonymes de puissance des dirigeants, greniers de plusieurs villes et plus récemment utilisés

pour la science, les jardins ont de tous temps présenté des espèces végétales originales et peu communes

(Bethemont, 1998, Charlot, 2015). Les colonisations dont ont fait l’objet nombre de sociétés ont d’ailleurs eu

pour effet de propager diverses espèces sur de nouveaux territoires, agrémentant les jardins d’ailleurs des

espèces les plus exotiques (Bethemont, 1998). À mesure que l’urbanisation s’accélérait, ce besoin de nature,

baume aux problèmes causés par l’entassement citadin, de plus en plus fort en période d’industrialisation,

s’exprimait un peu partout : sur les balcons, les terrasses, les murs, mais aussi dans les parcs et les jardins

(Charlot, 2015). Comme l’affirme le biologiste Edward O. Wilson (1994, dans Charlot, 2015), notre penchant

naturel pour la vie est la substance même de notre humanité et nous lie de ce fait aux autres espèces

vivantes. Selon Charlot (2015, p. 194-198) :

Il n’est donc pas étonnant que de nombreux contemporains ressentent régulièrement le besoin d’aller marcher en forêt, de s’entourer d’animaux et de plantes ou encore de cultiver un jardin. Ces expériences montrent que les citadins ne sont plus seulement en attente d’espaces verts, mais en demande d’un ensemble de lieux, plus ou moins grands, qui laissent la nature « en liberté ». […] Les raisons de cet engouement sont diverses, mais il en ressort une réelle volonté des usagers de faire une coupure avec l’effervescence urbaine, de pouvoir savourer le calme proposé par la nature, sa beauté, son harmonie, ses mystères. […] Les jardins collectifs cohabitent avec les friches urbaines, les trottoirs sont colonisés par les herbes folles, les talus sont envahis de fleurs en pagaille, les animaux sauvages font leur apparition.

Protéger les écosystèmes présente donc des intérêts sur de multiples plans. Au Canada, la Compagnie de la

Baie d’Hudson (d’abord établie à Londres) est une pionnière dans le domaine de la conservation; elle est la

première compagnie à adopter un programme complet de conservation de la faune, en raison de la chute

observée des populations de castors, au début du 19e siècle (Sandlos, 2013). En effet, sous la direction du

Gouverneur écossais George Simpson, la Compagnie de la Baie d’Hudson instaure un système de quotas et

plusieurs restrictions quant à l’équipement utilisé lors de la capture des castors. Elle ferme aussi des postes

de traite dans les zones de trappage et crée un des premiers sanctuaires de fourrures en Amérique du Nord

(Sandlos, 2013).

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La Compagnie de la Baie d’Hudson profite, il faut dire, de l’expertise européenne en matière de conservation

de la nature; les systèmes européens de gestion des forêts, utilisés tant dans les universités que dans la

bureaucratie, dominent en Amérique du Nord durant plusieurs décennies (Sandlos, 2013).

De nombreuses idées de conservation nous viennent également des États-Unis, à travers différentes figures

et différents auteurs tels que John Muir (préservationniste et naturaliste américain, auteur et fervent défenseur

des droits de la nature), Gifford Pinchot (conservationniste, politicien et forestier américain, pionnier dans

l’utilisation durable des ressources forestières) et George Perkins Marsh (philologue et diplomate américain,

considéré par certains comme étant le premier environnementaliste américain, voire un précurseur du concept

de développement durable), mais aussi par l’entremise de congrès, de réunions et d’échanges diplomatiques

(Sandlos, 2013 ; Olver et al. 1995 ; NPS, 2014).

À l’aube du 20e siècle, deux visions se confrontent en matière de gestion des milieux naturels : la préservation

et la conservation. Les préservationnistes de la fin du 19e siècle, dont John Muir, perçoivent la nature comme

une source de calme, de contemplation, de renouveau spirituel et croient, en conséquence, qu’elle doit être

préservée dans son état d’origine, c’est-à-dire qu’elle doit demeurer intouchée, en tant qu’héritage pour toutes

les générations (Van Hise, 1917 ; Olver et al. 1995).

L’intérêt pour la conservation est d’abord observé dans des classes moyennes et supérieures de citadins qui

militent en faveur de réformes urbaines promouvant la création d’espaces verts dans les villes (Hays, 1959).

L’intérêt à l’égard de la ruralité contribue également à attirer d’autres urbanistes dans cette nouvelle tendance

(Hays, 1959).

La conservation est d’abord un concept scientifique qui vise une efficacité certaine d’utilisation des ressources

naturelles; son rôle historique provient donc des implications de la science et des technologies dans une

société de plus en plus moderne (Hays, 1959). Comme le note Hays, ce sont les leaders de la conservation,

provenant de différents domaines, qui amènent le concept dans la sphère politique fédérale : « Conservation

leaders sprang from such fields as hydrology, forestry, agrostology, geology and anthropology. Vigorously

active in professional circles in the national capital, these leaders brought the ideals and practices of their

crafts into federal resource policy.3» (Hays, 1959, p. 2)

3 Traduction de l’auteur : « Les leaders de la conservation jaillissent de domaines tels que l'hydrologie, la foresterie, l’agrostologie, la géologie et l'anthropologie. Vigoureusement actifs dans les milieux professionnels de la capitale nationale, ces dirigeants apportent les idéaux et les pratiques de leurs métiers dans la politique fédérale des ressources. »

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C’est au début du 20e siècle que Gifford Pinchot, chef du Service des Forêts aux États-Unis, met en place des

politiques visant l’exploitation intelligente des ressources et confère ainsi les bases au mouvement de

conservation (Olver et al. 1995 ; Miller et al. 2011). Il faut dire qu’il est soutenu par plusieurs groupes d’intérêt

soucieux de trouver un équilibre entre le développement économique et la conservation de la nature (Hays,

1959).

La différence des perspectives entre la préservation et la conservation est d’ailleurs à l’origine d’une des

premières batailles américaines en matière environnementale, soit le débat sur la vallée Hetch Hetchy, dans le

parc national Yosemite, aux États-Unis (Hatvany, 2014 ; Richardson, 1959). En 1905, la ville de San

Francisco, en plein essor, demande d’utiliser la vallée Hetch Hetchy comme futur réservoir d’eau potable

(Richardson, 1959). Cette demande est adressée à Pinchot. Croyant fermement à la conservation sur la base

de l’exploitation intelligente des ressources, celui-ci approuve le projet (Richardson, 1959). Or, convaincu de la

nécessité de préserver le territoire en fonction d’arguments esthétiques, John Muir tente, en vain, de

convaincre le gouvernement de revenir sur sa décision (Richardson, 1959 ; Van Hise, 1917).

Mais l’opinion publique réagit fortement à cette controverse. En réponse, en 1916, le Congrès américain vote

la loi sur le National Park Service. Cette loi institue un service national des parcs à qui elle donne la mission

d’assurer la préservation, dans un état intouché, des objets naturels, sauvages et historiques des aires

protégées (Hatvany, 2014). Dans ce sillage, le mouvement de conservation est aussi devenu un argument

moral plutôt qu’économique; les groupes d’intérêt voient alors l’occasion de protéger les ressources du

développement économique effréné plutôt que de les utiliser rationnellement (Hays, 1959).

Bien que la loi sur le National Park Service ait été sanctionnée en 1916, la création des premières aires

protégées remonte à la fin du 19e siècle. En 1866, la Colonie britannique de New South Wales, en Australie,

crée le parc national des Blue Mountains et en 1872, c’est au tour du parc national de Yellowstone de voir le

jour aux États-Unis (Sandlos, 2013; Tuvi et al. 2011).

Le rôle des arts, notamment de la photographie, est important dans l’établissement du premier parc national

aux États-Unis, Yellowstone (Dutour, 2008). En effet, ce sont les images rapportées par des photographes

américains envoyés dans l’Ouest qui, ayant animé le public américain, contribuent à l’émergence d’un

mouvement pour le « maintien des splendeurs naturelles » (Dutour, 2008). Ceci inspire un nouveau courant

international : la création d’aires protégées (Tuvi et al. 2011).

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Ce nouveau mouvement représente entre autres la contrepartie au mode de développement économique

rapide auquel faisait face le monde occidental depuis le milieu du 19e siècle (Lachance, 1979). Il est

également rattaché à une recrudescence de l’identité nationale, influencée par l’essor des arts, notamment

visuels. Au Canada, cela se traduit notamment par un attachement de plus en plus fort aux caractéristiques

« nordique » et « sauvage » du pays. Plusieurs nations suivent donc l’exemple de l’Australie et des États-Unis

et créent des aires protégées de divers types (Tuvi et al. 2011 ; BC Spaces for Nature, 2014). Le Canada suit

avec l’ouverture du parc national Sulfur Springs en 1885 (aujourd’hui le parc national de Banff) et le Québec

avec le parc du Mont-Royal en 1876 (BC Spaces for Nature, 2014 ; Les amis de la montagne, 2014).

Aussi, la première moitié du 20e siècle voit apparaître plusieurs organismes de conservation : l’Association

protectrice de la chasse et de la pêche de l’Amérique du Nord, le Club Alpin du Canada, la Fédération des

Naturalistes d’Ontario, Canards Illimités, etc. (Sandlos, 2013). L’Association protectrice de la chasse et de la

pêche de l’Amérique du Nord, créée en 1902, comporte des membres canadiens et américains, tandis que

l’organisme américain Canards Illimités ouvre une filière canadienne en 1938 (Sandlos, 2013). Le Club Alpin

du Canada voit le jour en 1906, et la Fédération des Naturalistes d’Ontario est instaurée en 1931 (Sandlos,

2013 ; The Alpine Club of Canada, 2014).

Plusieurs conférences et réunions internationales ayant pour thème la conservation, dont la première

Conférence Nord-Américaine sur la Conservation, ont également lieu dans la première moitié du 20e siècle

(Sandlos, 2013). Lancée par Theodore Roosevelt en 1909, la Conférence Nord-Américaine sur la

Conservation mène à la formation de la Commission sur la Conservation du Canada, ainsi qu’à une entente

par les États-Unis, le Canada, le Mexique et Terre-Neuve qui consiste à créer des commissions

indépendantes consacrées à la conservation (Olver et al. 1995). À cette époque, plusieurs, dont Theodore

Roosevelt, voient la conservation comme une étape majeure du progrès de la civilisation, au sens où celle-ci

parait amener une conscience et une intelligence dans la gestion des affaires (Hays, 1959).

Dans le même sillage, en 1933, à Londres, la première Conférence Internationale pour la Protection de la

Flore et de la Faune met de l’avant quatre typologies d’aires protégées : parc national, réserve stricte de

nature, réserve de faune et de flore et réserve avec prohibition de chasse et de collecte (Dudley et al. 2010;

Sandlos, 2013).

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1.2 Écosystèmes

Un écosystème peut être défini comme une structure d’interrelations entre des composantes biotiques et

abiotiques, soit entre des organismes et l’environnement dans lequel ils évoluent (Jax, 2007 ; McNaughton et

Coughenour, 1981 ; Pickett et Cadenasso, 2002). L’écosystème tend à être stable et possède la capacité, sur

ce point, d’opérer une certaine autorégulation, tout en étant constamment en changement (Jax, 2007 ; Pickett

et Cadenasso, 2002). La taille d’un écosystème est très variable : un champignon peut constituer à lui seul un

écosystème, tout autant qu’un lac ou une forêt (Jax, 2007 ; Pickett et Cadenasso, 2002).

Selon Jax (2007), le concept d’écosystème est aujourd’hui utilisé de deux façons : en tant qu’objet et en tant

que perspective. Lorsqu’utilisé en tant qu’objet, il réfère à une unité réalisée dans le temps et l’espace, alors

que lorsqu’il est utilisé en tant que perspective, il constitue une façon de regarder et de gérer la nature (Jax,

2007). Cette perspective comporte à elle seule plusieurs expressions (Jax, 2007). L’écosystème est d’abord

conçu comme un niveau d’organisation biologique plus proche de l’approche de recherche scientifique

(écologique, biogéographique, etc.) (Jax, 2007). Plus récemment, dans une optique de gestion des

écosystèmes, l’écosystème est devenu une forme de politique, de valeur et d’approche philosophique, sa

protection étant vue comme essentielle au bon développement des sociétés (Jax, 2007).

1.3 Patrimonialisation

Depuis quelques années, le patrimoine culturel connaît une popularité jamais observée dans plusieurs pays

de l’Occident ainsi que dans diverses autres parties du monde. Historiquement, l’expression de « patrimoine »

contient au moins deux sens distincts. Sa première signification s’inclut dans un cadre juridique en s’affichant

comme un bien transmis de père en fils, de génération en génération (Babelon et Chaste, 2000l). Puis, au fil

des derniers siècles, à compter de la Renaissance (Pomian), du Siècle des Lumières (Poulot, 2006) ou de la

révolution industrielle, selon les différents points de vue, une dimension culturelle est progressivement venue

colorer le concept. Le passé des collectivités nationales en pleine émergence a alors commencé à être

raconté par des monuments et des objets et le patrimoine culturel fait à présent pleinement partie des

recherches d’identités des individus et des communautés. Des objets aux genres de plus en plus hors du

commun, et même des patrimoines immatériels (l’« héritage culturel vivant des communautés »), sont

sélectionnés, conservés et mis en valeur (Berthold, 2012 : 1).

Le fait que le patrimoine constitue une construction par laquelle une société donnée convertit des objets ou

des héritages immatériels en témoins du passé pour correspondre aux préoccupations du présent (Hartog,

2003) a déjà bien été illustré par un courant d’études modernes (Hobsbawm et Ranger, 1983 ; Lowenthal,

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1980, Guillaume, 1980, Poulot, 2006). Pour certains, les objets et héritages immatériels deviennent des

patrimoines et le temps présent a une importante influence sur eux : ces patrimoines sont chargés de

recherches d’identités, de croyances et de valeurs – celle de la conservation (Lacroix, 1996), mais aussi les

idéologies essentiellement politiques - ou, plus généralement, d’applications économiques (économie

touristique, marché immobilier). La « patrimonialisation » constitue, selon la recherche scientifique, l’ensemble

du processus d’établissement du patrimoine. Dans le présent mémoire, nous nous appuierons sur une telle

conception du patrimoine.

La patrimonialisation est une logique d’action qui suppose une sélection, un choix entraînant une modification

de la fonction d’un objet ou d’un héritage immatériel en les liant à l’idéologie de la conservation (Berthold,

2012). Ainsi, le patrimoine n’existe pas a priori, il est construit socialement et les sociétés cherchent à

répondre à leurs préoccupations actuelles à travers lui (Sol, 2007 ; Di Méo, 2008). En tant que construction, le

patrimoine découle grandement des groupes sociaux - et de leurs idéalisations, soigneusement construites, de

leur passé naturel et culturel - qui sont engagés dans le processus de patrimonialisation, tout comme du jeu

des acteurs qui le soutiennent (Bouillon, 1991 ; Vaccaro et Beltran, 2007 ; Guibert, 2014).

De plus, sur le plan historique, au moins trois types d’acteurs distincts jouent un rôle dans la

patrimonialisation : l’État, les spécialistes et les citoyens et groupes d’intérêt (Berthold, 2012). Ces acteurs

possèdent des objectifs différents et, surtout, correspondent à des étapes différentes de la patrimonialisation.

Dans une société traditionnellement centralisatrice sur le plan culturel, comme c’est le cas pour la France et le

Québec pour certains aspects, l’État peut jouer un rôle d’initiateur en matière de politique patrimoniale

(Noppen et Morisset, 2005; Berthold, 2012). Pour leur part, qu’ils soient au service de l’État ou non, les

spécialistes sont des acteurs différents au sein des processus de patrimonialisation (Noppen et Morisset, 2005

; Berthold, 2012). Bien qu’ils soutiennent un discours compétent sur le patrimoine, celui-ci peut être

instrumentalisé par l'intervention publique (Noppen et Morisset, 2005 ; Berthold, 2012). Finalement, les

citoyens et les groupes d’intérêt comptent aussi parmi les acteurs dans la mesure où, depuis la fin des années

1970, ils réclament leur voix dans le domaine de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine

(Noppen et Morisset, 2005). Ils rendent ainsi compte, à leur manière, d’une réorientation essentielle des

pratiques d’aménagement du territoire sur une base « bottom-up » (Noppen et Morisset, 2005).

Les auteurs (Guillaume, 1980, Noppen et Morisset, 2007) ont mis en relief un modèle des phases de la

patrimonialisation. La première consisterait en la caractérisation, soit la construction du patrimoine par les

discours (Berthold, 2012). Cette étape surviendrait en réponse à des changements radicaux au sein des

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sociétés (changements politiques, idéologiques, religieux, etc.) et constituerait un indicateur du changement

s’opérant dans cette société (Di Méo, 2008). C’est à ce stade que la sélection patrimoniale est effectuée, c’est-

à-dire le choix de l’objet à protéger (Berthold, 2012). C’est également à cette étape qu’ont lieu les différents

jeux d’acteurs qui résultent de l’interaction dynamique et dialectique qui existe entre les acteurs et les

contextes sociaux, culturels et territoriaux (Di Méo, 2008 ; Berthold, 2012). En effet, comme l’ont noté

plusieurs auteurs, le patrimoine est éminemment politique (Vaccaro et Beltran, 2007 ; Guibert 2014).

La conservation du patrimoine constitue le second élément du processus de patrimonialisation (Berthold,

2012). Concrètement, cette étape peut consister à établir des lois et règlements qui protègeront le patrimoine

ici désigné (Berthold, 2012). Il s’agit d’encadrer la patrimonialisation par un procédé normatif. À noter que

cette étape résulte non seulement du jeu d’acteurs et de contextes qui opèrent dans le processus de

patrimonialisation, mais aussi des choix des sociétés, de protéger certains objets plutôt que d’autres (Di Méo,

2008 ; Dauvin, 2009).

La dernière étape du processus de patrimonialisation consiste en la mise en valeur du patrimoine (Berthold,

2012 ; Di Méo, 2008 ; François et al. 2006). Il s’agit ici essentiellement de déterminer des stratégies qui

permettront de donner une suite positive à la conservation (Di Méo, 2008). C’est également à ce moment

qu’aura lieu l’association avec le tourisme (François et al. 2006). Dans le cadre de notre recherche, nous nous

appuierons sur ces phases qui, bien qu’elles soient vastes et peut-être trop larges, ont le mérite de permettre

de retracer les grandes étapes d’un processus de patrimonialisation.

Le patrimoine naturel a fait l’objet de plusieurs recherches au fil des dernières années. Comme le soulignent

Howard et Papayanis (2007 : i ss), il y a deux approches principales en matière de patrimoine naturel. La

première consiste à octroyer à la nature une valeur fondamentale […]. La seconde est alignée plus

directement sur les dynamiques de la patrimonialisation selon lesquelles la communauté scientifique aborde

désormais l’étude du patrimoine culturel. Elle suppose une anthropisation de la nature telle qu’on le remarque

depuis la fin de la période moderne4 et, surtout, le changement dans le registre de la conservation : « Viewing

nature as heritage has a double impact. On the one hand it associates nature with human beings, as ‘heritage’

and ‘inheritance’, let alone ‘patrimony’, are highly anthropic terms (at least in this context). On the other hand,

it implies a sense of responsibility of the natural wealth that has been received from our ancestors and the

natural dividends that we shall leave to our descendants » (Howard and Papayanis, 2007, xi). Selon cette

approche, les dynamiques de constitution du patrimoine naturel devraient prendre en considération,

4 Paysage et esthétisation de la nature, 18e siècle ++.

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18

indissociablement, les contextes économiques tout comme les idéologies, les spécialisations disciplinaires et

les normes qui façonnent la construction du patrimoine naturel. À cet égard, l’ensemble scientifique est déjà

bien pourvu. Par exemple, Viven (2009) a exploré plusieurs éléments susceptibles de composer l’économie

patrimoniale des ressources naturelles, en France, en insistant particulièrement sur le concept de « capital

naturel » sur lequel reposerait une telle économie. Sol (2007) a, parmi d’autres, souligné la dimension

touristique des attractions situées en milieu naturel. Pour sa part, par l’entremise d’une étude de cas située

dans les Pyrénées méditerranéennes, Milian (2001) a exploré la dimension idéologique qu’impliquent la

conservation et la mise en valeur du patrimoine naturel. En recourant à une étude de cas située du côté

espagnol des Pyrénées, Vaccaro et Oriol (2007) ont mis en relief le rôle de la science dans la construction du

patrimoine naturel. Finalement, Day et Dobbs (2013) ont insisté sur les processus qui marquent les politiques

de conservation du patrimoine naturel dans une perspective de gouvernance territoriale. Il faut noter que

Dorfman et al. (2012) ont mis en évidence la dimension immatérielle sous-jacente aux objets du patrimoine

naturel (Dorfman, ed., 2012).

Auteurs Année de publication

Titre Éditeur/Journal

APLIN, Graeme 2002 Heritage identification, conservation and management

Oxford University Press

DORFMAN, Eric (ed.)

2002 Intangible natural heritage: new perspectives on natural objects

Routledge

HOWARD, Peter and Thymio PAPAYANNIS

2007 Natural Heritage: at the interface of nature and culture

Routledge

SOL, Marie-Pierre 2007 «La patrimonialisation comme (re)mise en tourisme. De quelques modalités dans les "Pyrénées catalanes"», dans : Philippe Violier & Olivier Lazzarotti (dir.), Tourisme et patrimoine. Un moment du monde.

Presses de l’Université d'Angers

VACCARO Ismael and Oriol BELTRAN

2007 Consuming Space, Nature and Culture: Patrimonial Discussions in the Hyper-Modern Era

Tourism Geographies: An International Journal of Tourism Space, Place and Environment

VIVEN, Franck-Dominique

2009 Pour une économie patrimoniale des ressources naturelles et de l'environnement

Mondes en développement

Tableau 1 : Principaux articles traitant de patrimoine. Source : De l’auteur.

1.4 Écotourisme

En tant que déplacement temporaire à des fins d'agrément, le tourisme constitue un phénomène historique qui

prend racine dans l'histoire de la modernité de l'Occident et, plus particulièrement, dans la période industrielle.

Celle-ci a été à la base du développement des moyens de transport, de même que de la

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19

« compartimentation » du rythme de travail et, éventuellement, de l'aménagement du temps de loisirs (Urbain,

1993 ; Cousin et Réau, 2009).

Les recherches en matière de patrimoine naturel démontrent que celui-ci tend, de plus en plus, à faire l'objet

de pratiques dites d'écotourisme (Valentine, 19935 ; Fennell et Downing, 2003). En émergence depuis peu,

l’écotourisme, au même titre que d’autres formes de tourisme durable telles que le tourisme solidaire, le

tourisme communautaire ou le tourisme équitable, se veut une solution de remplacement au tourisme de

masse, cette forme de tourisme qui mise sur d’importantes masses de touristes, d’activités et de produits mis

en marché et contrôlés par les voyagistes (Delisle et Jolin, 2007 ; Vainikka, 2013). L’écotourisme chercherait

plutôt à minimiser les impacts négatifs du tourisme sur les écosystèmes et sur les communautés locales

(Turtureanu et al. 2011). Cette forme touristique se serait développée au point de devenir une activité

économique importante, soutenue par les corps gouvernementaux et de nombreux organismes touristiques, et

ce, à travers le monde (Gössling et Hultman, 2006).

Caractéristiques du tourisme de masse Caractéristiques de l’écotourisme

Grands groupes de visiteurs.

Petits groupes de visiteurs.

Urbain. Rural.

Activités touristiques générales de vente. Activités d’écomarketing.

Prix moyens à des fins de pénétration du marché. Prix élevé ayant pour but de filtrer le marché.

Grand impact sur l’environnement naturel Petit impact sur l’environnement naturel.

Options avancées de contrôle. Possibilités limitées de contrôle.

Gestion basée sur des principes macroéconomiques.

Gestion basée sur des principes d’économie locale.

Relation anonyme entre les visiteurs et la communauté locale.

Relations personnalisées entre les visiteurs et la communauté locale.

Objectifs généraux de développement. Objectifs locaux de développement.

Activités axées sur le comportement de loisir / divertissement, opposées à des actions d'éducation et de formation.

Fidélisation dans le processus de formation et d'éducation pour la conduite appropriée pour l'environnement naturel.

Développement intensif des installations touristiques.

Développement réduit d'installations touristiques.

Tableau 2 : Caractéristiques du tourisme de masse et de l’écotourisme. Source : Rosca, Diana. 2008. Dans Turtureanu et al., 2011, p.70

5 VALENTINE, Peter S. 1993. Ecotourism and Nature conservation : A definition with some recent developments in Micronesia,

Tourism Management, vol. 14, no 2, p. 107-115 ; David A. Fennel and Ross K. Dowling, ed Ecotourism Policy and Planning, Cambridge, CABI, 2003

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Vaccaro et Beltran (2007) ont démontré le rôle central que peut tenir l’écotourisme dans un processus de

patrimonialisation des aires protégées. Celles-ci protègent en effet un patrimoine naturel collectif et permettent

d’afficher ce patrimoine aux visiteurs tout en expliquant la nature dans des brochures, des randonnées

guidées ou des expositions (Vaccaro et Beltran, 2007). La nature est donc traduite dans la culture et

communiquée par des outils pédagogiques perfectionnés dans les musées ou dans les centres d’interprétation

(Vaccaro et Beltran, 2007). La nature, en d'autres termes, est gérée à plusieurs niveaux et l'écotourisme

apparaît dès lors comme un outil de développement qui peut donner une légitimité au processus de

conservation (Vaccaro et Beltran, 2007).

1.5 Développement durable

Le développement durable n'est pas un phénomène apparu de façon spontanée. Pour la plupart des

observateurs, il a fait son entrée dans le vocabulaire à compter de la fin des années 1980, surtout par

l'entremise de la publication du rapport Bruntland (CMED, 1987). Toutefois, il s'agit d'un concept qui plonge

ses racines dans l'histoire de la période contemporaine, soit celle des 19e et 20e siècles, avec les grandes

mutations économiques, environnementales et sociales qu'elle a connues (Berthold, 2015).

Le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de 1987 définit le

développement durable comme un développement qui satisfait les besoins des générations présentes sans

compromettre ceux des générations futures. Ce développement impliquerait des limites technologiques et

sociales ainsi que des limites imposées par la capacité de la biosphère à absorber les impacts des activités

anthropiques (CMED, 1987).

Selon la théorie du rapport Brundtland, il existe trois sphères au développement durable : économique, sociale

et environnementale (figure 2) (CMED, 1987). La première sphère implique une nouvelle ère économique plus

équitable où tous, y compris et surtout les moins bien nantis, peuvent profiter de l’exploitation des différentes

ressources (CMED, 1987). La sphère sociale implique de subvenir aux besoins des plus pauvres et d’étendre

à tous les possibilités d’atteindre une meilleure qualité de vie (CMED, 1987). La troisième sphère implique une

modification des habitudes de vie, plus en accord avec les moyens de la planète (pour ce qui est de la

consommation énergétique, par exemple) (CMED, 1987). La pression sur les écosystèmes doit être diminuée

afin de permettre une plus haute qualité de vie (CMED, 1987). Ainsi, la croissance des populations doit

s’harmoniser avec la capacité de production des écosystèmes (CMED, 1987). Le développement durable

n’est donc pas un stade d’équilibre; il consiste plus en un processus de changement dans lequel l’exploitation

des ressources et les orientations des investissements et du développement technologique et institutionnel

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21

sont censées être faites de manière cohérente avec les besoins présents et futurs et avec les moyens de la

planète (CMED, 1987).

En 2012, la conférence des Nations Unies sur le Développement durable, Rio +20, réaffirme quelques

objectifs et principes essentiels, décrits dans la déclaration de Rio de 1992, dans l’atteinte du développement

durable. L’éradication de la pauvreté, le

changement des modèles de

consommation et de production et la

gestion des ressources naturelles, à la

base du développement économique et

social, font notamment partie des

objectifs soulignés comme conditions

requises au développement durable

(ONU, 2012). De même, le principe 7

(les responsabilités communes, mais

différenciées des États) est à nouveau

soutenu comme étant partie intégrante

des principes essentiels au

développement durable (ONU, 1992 ;

ONU, 2012). Ce principe soutient

qu’étant donné la diversité des rôles

joués par les États dans la dégradation de l’environnement, une participation plus ou moins grande dans

l’effort mondial de développement durable est demandée (ONU, 1992).

Barker (2008) a démontré qu’au sein de la théorie du développement durable, les aires protégées peuvent

servir d’outils de développement, social et économique : elles peuvent favoriser notamment une interaction

entre les communautés et les milieux naturels qui serait importante sur les plans culturel, écologique et

biologique.

1.6 Les aires protégées

Le concept d’aires protégées, que Dudley et al. (2010 : p.8) définit comme « un espace géographique

clairement défini, reconnu, consacré et géré, par des moyens efficaces, juridiques ou autres, pour obtenir la

conservation de la nature à long terme avec les services associés à l'écosystème et les valeurs culturelles »,

Figure 4 : Schéma du développement durable. Source : De l’auteur.

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est complexe. Sa compréhension est indissociable d’une étude historique. On note deux phases majeures de

création d’aires protégées au plan international (Tuvi et al. 2011). La première s’entame avec la création du

parc national de Yellowstone, aux États-Unis, en 1872, et se termine au début des années 1960 (Tuvi et al.

2011). Durant cette période, la motivation première des aires protégées est fondée sur un romantisme national

et sur le désir de protéger des paysages remarquables pour les générations futures (Tuvi et al. 2011).

En 1911, le Canada crée la Branche des Parcs au sein du Département de l’Intérieur et devient ainsi le

premier pays à instaurer une entité bureaucratique spécifique à la gestion des parcs, cinq ans avant les États-

Unis (Sandlos, 2013). En 1930, le premier Acte sur les Parcs Nationaux est mis en place, ce dernier reposant

sur une législation copiant mot pour mot la déclaration américaine sur les parcs, qui soutient que les parcs

nationaux doivent être des territoires intouchés au bénéfice des générations futures (Sandlos, 2013).

Le Premier Congrès des Parcs, en 1962, marque le début de la deuxième phase, soit celle où la protection de

la diversité biologique devient le motif premier à la création d’aires protégées (Tuvi et al. 2011). C’est à partir

des années 1970, soit peu après le premier Congrès des Parcs, que 80% des aires protégées sont créées

(Tuvi et al. 2011). Le nombre d’aires protégées dans le monde connaît alors une forte croissance, passant

d’environ 10 000 sites en 1976 à plus de 30 000 en 1996 (figure 4) (Beauchesne et Gaudreau, 2002; Tuvi et

al. 2011).

La création des aires protégées repose sur une action politique; elle dépend grandement des attentes et des

objectifs de la société et de ses gouvernants (Tuvi et al. 2011). En 1961, la Commission internationale pour les

parcs nationaux (maintenant connue sous le nom de Commission mondiale sur les aires protégées (CMAP)),

de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publie la première Liste mondiale des parcs

nationaux et des réserves équivalentes (Dudley et al. 2010). Cette action soulève le besoin d’une

nomenclature générale et acceptée internationalement relativement aux aires protégées (Dudley et al. 2010).

Ainsi, en 1975, l’UICN développe un système de catégories basé sur les objectifs de gestion spécifiques aux

différentes aires protégées, c’est-à-dire dépendamment du niveau, envisagé, de protection et de

développement des écosystèmes sur les territoires (Dudley et al. 2010).

En 1994, ce système de catégories (en vigueur pour les aires protégées terrestres et marines) est ramené à

six catégories, allant de la réserve naturelle intégrale (catégorie Ia), limitant toute activité de développement

(touristique ou autre), à l’aire protégée de ressources naturelles gérées (catégorie VI), cette dernière ayant

des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels (Dudley et al. 2010 ; MDDELCC, 2002a).

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Cette même année, l’UICN propose aux gouvernements de créer un réseau d’aires protégées aux échelles

nationales afin de tenir compte des caractéristiques propres aux différents environnements et écosystèmes.

Elle leur propose également d’appliquer rétrospectivement le système de catégories (Dudley et al. 2010).

D’abord utilisé comme un cadre pouvant générer des données pour la Base de données mondiale sur les

aires protégées (CMAP), ce système est rapidement devenu un outil utilisé dans le développement des

politiques, ainsi que pour la gestion et la législation des aires protégées (Dudley et al. 2010).

Il existe six catégories d’aires protégées internationalement reconnues. Il existe aussi plusieurs types d’aires

protégées, ces derniers variant d’un pays à l’autre (UICN, 2010). On peut donc retrouver, par exemple, des

sites Natura 2000 en Suède alors que ces derniers n’existent pas au Québec (Commission européenne,

2013). Ces sites forment un réseau européen d’aires protégées dont l’objectif est le maintien de la biodiversité,

tout en tenant compte les diverses

considérations économiques,

sociales, culturelles et régionales

dans une perspective de

développement durable. Les activités

durables (tourisme, chasse durable,

projets d’infrastructures, etc.) sont

encouragées (Commission

européenne, 2009). Il existe plus de 4

000 sites Natura 2000 en Suède

(Commission européenne, 2013).

Pour sa part, le parc national se

classe dans la catégorie II du

classement des aires protégées de

l’UICN (Dudley et al. 2010 ; UICN,

2010). Il vise la préservation de

l’intégrité écologique des

écosystèmes pour les générations

Figure 5: Croissance cumulative de la superficie et du nombre d’aires protégées dans le monde de 1976 à 1996. Source : Beauchesne et Gaudreau, 2002, p.3

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futures tout en offrant des possibilités de visite, à des fins scientifiques, éducatives, spirituelles, récréatives ou

touristiques (UICN, 2010). L’accent est mis sur le respect du milieu naturel et de la culture des communautés

locales et toute activité incompatible avec les objectifs de désignation y est proscrite (MDDELCC, 2002a).

En 2015 il existe, au Québec, 26 parcs nationaux, répartis sur l’ensemble du territoire québécois, et gérés par

la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) (Sépaq, 2014e). L’établissement des premiers

parcs nationaux québécois remonte à 1895 (Mont-Tremblant et Laurentides), tandis que le plus récent,

Kuururjuaq, au nord du Québec, fut créé en 2009 (Sépaq, 2014e). Au Canada, le premier parc national, Sulfur

Springs, fut créé en 1885. Ce parc national est aujourd’hui connu sous le nom du parc national de Banff (BC

Spaces for Nature, 2014).

L’exception du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent est à noter; première cogestion d’un parc national, le

parc est géré à la fois par l’agence québécoise des parcs nationaux, la Sépaq, et par l’agence fédérale des

parcs nationaux, Parcs Canada (Parcs Canada, 2015). Celle-ci gère également les 44 parcs nationaux

canadiens, dont le premier qui fut établi au Canada en 1885, le parc national de Banff (Parcs Canada, 2015).

Conclusion

Ce premier chapitre contenait la revue de littérature des divers concepts abordés dans la présente recherche,

soit : conservation, écosystèmes, patrimonialisation, écotourisme, développement durable et aire protégée. À

l’aide de différents articles scientifiques, ce chapitre a permis de mettre les bases d’une bonne compréhension

du sujet traité dans le présent mémoire et de justifier nos questionnements et hypothèses. Il a également

permis de situer plus précisément le rôle que tiennent les processus de patrimonialisation dans la dichotomie

« conservation / préservation », soit l’augmentation des efforts de conservation. Les prochaines parties du

mémoire se pencheront donc sur la conservation du milieu naturel et plus spécifiquement sur l’histoire de cette

conservation dans la vallée de la Jacques-Cartier.

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Chapitre 2 : La constitution des parcs nationaux et

du parc des Laurentides : pratiques de

conservation et dynamiques « culturelles »

Ce chapitre coïncide avec notre raisonnement empirique basé sur une approche historique et discursive. Il contient un examen de la genèse des parcs nationaux, au Québec, avant 1977. L’accent est mis sur le parc des Laurentides, puisqu’il s’agit de l’ancêtre éloigné du parc national de la Jacques-Cartier, qui est au centre de cette étude. Notre survol historique du parc des Laurentides vise à illustrer qu’il s’y pratiquait une forme de la conservation, comme nous l’avons exposée en introduction et expliquée plus largement dans le chapitre 1. Ce segment de la recherche tente ainsi de définir l’approche de la conservation en question en faisant un court survol des expressions qu’elle comprenait, c’est-à-dire la prédominance de l’exploitation forestière, mais également, en fin de période, l’émergence d’une perspective préculturelle associant le parc à l’image du sportsman anglophone passionné de pêche au saumon. Notre analyse repose sur diverses sources premières et secondes, comme des textes des lois d’époque, des documents touristiques et rapports administratifs contenus dans les archives, mais également des ouvrages d’histoire et divers documents produits par des groupes d’intérêt.

2.1 Loi sur les parcs – 1895

2.1.1 Une approche de la conservation empreinte de l’exploitation forestière

En 1895, dans le contexte de la révolution industrielle et quelques années à peine avant l’émergence du

tourisme automobile (Morisset, 2006), la Législature du Gouvernement de la Province de Québec adopte la

Loi sur les parcs. La législation conçoit les parcs nationaux en tant que territoires de conservation. À l’époque,

la création de parcs nationaux a pour principal objectif de soustraire un territoire, en l’occurrence les forêts

publiques, de l’aliénation de la colonisation, d’assurer la protection contre les feux6, de contrôler les coupes et

d’assurer le maintien des ressources hydriques (SÉPAQ, 2014d; UQCN, 2004 ; SFPQ, 2004). Au sein d’une

telle approche, plusieurs utilisations des écosystèmes des parcs sont permises, mais elles sont règlementées.

Par exemple, la coupe de bois de construction est permise lorsqu’un entrepreneur possède un permis en vertu

soit du régime légal des concessions forestières, soit du règlement du parc même, ou une autorisation du

ministre des terres, mines et pêcheries (Gouvernement du Québec, 1901). La coupe de bois « debout » (en

opposition à la récolte de bois mort) est également permise afin de faciliter le camping sur le territoire des

parcs (Gouvernement du Québec, 1901). À la différence de la coupe de bois, la recherche de minéraux est

proscrite sur les territoires des parcs (Gouvernement du Québec, 1901). Des exceptions peuvent survenir si

elles se font en conformité avec les règlements des parcs (Gouvernement du Québec, 1901).

6 Les feux de forêt sont, à cette époque, vus comme une menace, autant pour la nature elle-même que pour l’établissement humain et ses industries. Autrefois utilisés par les Amérindiens comme un outil de régénération et même de chasse, les premiers Européens décidèrent plutôt de maitriser les incendies. C’est avec l’avènement des connaissances modernes en biologie que le rôle du feu est revu ; pour les bénéfices biologiques importants qu’il apporte et non comme une menace certaine à l’environnement (Gauthier et al. 2008 ; Parcs Canada, 2009).

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2.1.2 Chasse, pêche et délassement

En marge des activités reliées à l’exploitation forestière, les parcs de conservation prennent aussi la forme de

lieux de délassement pour une élite dotée de certains moyens. Ce délassement s’effectue principalement par

l’entremise des activités de pêche et de chasse autour des clubs privés.

Des dates limites des saisons de chasse et pêche sont instaurées pour les différentes espèces présentes sur

les territoires des parcs (Gouvernement du Québec, 1901). La pêche à la mouche est la seule qui soit tolérée ;

tous les autres types de pêche sont déclarés illégaux (Gouvernement du Québec, 1901 ; Gouvernement du

Québec, 1945). Tous les pièges à animaux à fourrures sont également prohibés, tandis que tout port d’arme

est interdit en dehors de la saison de chasse (Gouvernement du Québec, 1901). En ce sens, tous les visiteurs

désirant pratiquer l’une ou l’autre activité doivent se prémunir d’un permis, sans quoi les activités deviennent

illégales et les contrevenants, passibles d’amendes (Gouvernement du Québec, 1901). Comme l’affirme une

brochure promotionnelle datant de 1945, les personnes voulant se prémunir d’un permis doivent

également : « être locataire d’un camp ou habiter l’une des hôtelleries » (Gouvernement du Québec, 1945,

p.3).

Des droits de chasse et pêche sont également émis par le Gouvernement du Québec pour des clubs de

chasse et pêche, essentiellement privés (SÉPAQ, 2014h). Le Québec est alors la seule province à permettre

l’émission de tels droits : « La province de Québec est la seule province au pays et le seul état de l’Amérique

du Nord où des réserves de pêches et de chasse sont louées, à même les terres publiques, à des clubs ou à

des particuliers »7.

Ces clubs privés appartiennent généralement à des non-résidents du Québec ou à une minorité très riche

(SÉPAQ, 2014h). Les Québécois ne peuvent alors pas profiter de ces territoires puisqu’ils y ont seulement

accès à titre de gardien, personnel de soutien ou guide de chasse et pêche (SÉPAQ, 2014h). Le nombre de

ces clubs privés augmente jusque dans les années 1960-1970, période durant laquelle le gouvernement

procède au démantèlement de ces clubs privés en raison des pressions populaires (SÉPAQ, 2014h).

7 QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930) Rapport annuel 1930. Québec, Fonds Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pp. 526

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2.2 Parc des Laurentides

2.2.1 Un parc de conservation dominé par l’exploitation forestière

En 1895, dans le sillage de l’adoption de la Loi sur les Parcs, les premiers parcs nationaux sont inaugurés. Il

s’agit du parc de la Montagne Tremblante et du parc des Laurentides (Cadieux, 2007 ; SÉPAQ, 2014d ;

Hébert, 1995).

Dans l’esprit de la loi, le parc des Laurentides constitue une réserve forestière, une réserve faunique et un lieu

de délassement. Lors de sa formation,

il comprend la majeure partie des

Laurentides au nord de Québec

(SÉPAQ, 2014d ; Hébert, 1998). Le

territoire de la vallée de la Jacques-

Cartier y est annexé à la suite d’un

rapport du conseil exécutif du

Gouvernement du Québec qui

soutient qu’il est nécessaire de mieux

surveiller et gérer les activités de

chasse et pêche qui s’y déroulent,

étant donné la richesse des territoires

sur les plans fauniques et halieutiques

(Gouvernement du Québec, 1901).

À sa création, conformément à l’esprit

de la loi, le parc des Laurentides

constitue donc un territoire de

conservation, administré par le

Département de la Chasse et des Pêcheries. La loi le définit d’ailleurs en ces termes :

Un territoire mis à part comme réserve forestière, endroit de pêche et de chasse, parc public et lieu de délassement, sous le contrôle du ministre des terres, mines et pêcheries, pour les citoyens de la province, sujet aux dispositions de cette loi et aux règlements qui seront faits en vertu d’icelle et sera connu sous le nom de « Parc National des Laurentides ». (Gouvernement du Québec, 1901, Loi sur les parcs provinciaux, Section I, Art.3)

Figure 6: Localisation du Parc des Laurentides avant 1980. Source : Matthew Hatvany, 2012

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28

Ainsi, les concessionnaires forestiers continuent de bénéficier des avantages que leur confère leur contrat de

location, comme le stipule l’article 24 de la Loi sur les parcs provinciaux (Gouvernement du Québec, 1901, Loi

sur les parcs provinciaux, Section I, Art.6) : « Droits sauvegardés : Cette loi n’affecte aucun droit résultant d’un

permis de coupe de bois, ou d’une location accordée à une personne ou à un club de chasse ou de pêche. »

L’exploitation peut donc continuer, et ce, sans appréhender quelque colonisation que ce soit, puisqu’aucun lot

n’est à vendre sur le territoire.

La multiplication et la protection des territoires de coupes s’expliquent par la rapide progression de l’industrie

de la construction et le développement des activités ferroviaires, ceux-ci supposant une consommation

grandissante de bois et de produits dérivés (Castonguay, 2006). Également, l’industrie des pâtes et papiers,

reposant sur des coupes intensives et peu sélectives, impose une forte pression sur les forêts et l’industrie

forestière québécoise (Castonguay, 2006). La création de réserves forestières répond en ce sens au problème

du déboisement rapide du Québec (Hébert, 1998).

Ainsi, au tournant du XXe siècle, 93% du territoire du parc des Laurentides est sous concession forestière

(Hébert, 1998). À titre de réserve forestière, presque l’entièreté du territoire fait l’objet de coupes durant les

années 1920 à 1981, alors que le territoire fait partie d’une concession forestière de la compagnie Domtar inc.

(SÉPAQ, 2014d; UQCN, 2004).

2.2.2 De riches ressources fauniques et halieutiques

Outre les forêts, le parc national des Laurentides comporte des écosystèmes riches et diversifiés. Ceux-ci sont

alors considérés comme des richesses, comme le révèle un passage de la Loi : « Qu’il est désirable qu’une

certaine partie des terres boisées de cette province soit réservée comme Parc National, dans le but de

protéger les vieilles forêts, le poisson et le gibier, de conserver une réserve d’eau constante et d’encourager

l’étude et la culture des arbres forestiers » (Gouvernement du Québec, 1895, p. 168).

Comme le souligne L.-A. Richard, sous-ministre aux Terres et Forêts, dans un rapport administratif daté de

1930, le parc des Laurentides comporte « 1500 lacs et de [une] centaine de rivières (…) où, pour se servir

d’une expression populaire, « bouille » l’incomparable truite rouge (Salvelinus Fontinalis), si combative et d’un

goût si exquis. »8

8 QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930) Rapport annuel 1930. Québec, Fonds Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pp. 526

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Afin de protéger les populations pêchées et chassées, notamment la truite et le caribou, la destruction

d’animaux « nuisibles », tels que les loups, les castors et les ours, est d’ailleurs de mise (Hébert, 1995 ;

Gouvernement du Québec, 1895). À cet effet, plusieurs techniques sont utilisées, dont l’empoisonnement

(Hébert, 1998). Ces efforts d’élimination sont récompensés, par exemple pour les loups, par des primes allant

jusqu’à vingt-cinq dollars par tête, en 1931 (Hébert, 1998). Les préoccupations sont donc centrées sur la

conservation des ressources, mais non sur la préservation des écosystèmes (Hébert, 1998).

Au contraire des animaux nuisibles toutefois, la protection de la forêt est privilégiée. Les brochures

promotionnelles du parc des années 1930 en témoignent d’ailleurs, publiant notamment plusieurs mises en

garde contre les feux de forêt qui pourraient malencontreusement allumés, par exemple, par des cigarettes

oubliées.

Figure 7: Mise en garde contre les feux de forêt. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930), p.29

Figure 8: Mise en garde contre les feux de forêt. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930), p. 31

Figure 9: Mise en garde contre les feux de forêt. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930), p.46

Au fil des années, la conception de la conservation mise en place dans le parc des Laurentides chemine et est

élargie aux activités de pêche sportive9, tout particulièrement aux sportsmen américains : « dans ces pages,

nous faisons un appel particulier au véritable pêcheur, au réel amoureux de la pêche à la truite, même si le

Parc contient de nombreuses autres attractions en dehors de la pêche ». Même les plus robustes sportifs

sont appelés à venir se ressourcer dans le parc des Laurentides : « certains sportsmen trouvent la vie de

9 Il faut noter qu’en 1928, la chasse est définitivement interdite dans le parc des Laurentides, notamment puisque la population de caribous a été complètement décimée, entre autres par la chasse intensive dont elle faisait l’objet (Hébert, 1995 ; Hébert, 1998). Une brochure promotionnelle du parc en fait d’ailleurs mention, en 1945 : « Si la pêche est permise dans le Parc, moyennant les conditions plus haut mentionnées, il est cependant défendu d’y faire la chasse de quelconque façon que ce soit » (QUÉBEC, 1945, p. 4). Le gouvernement oriente ainsi progressivement ses politiques vers la protection de la nature (Hébert, 1998).

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30

camp, même si bien plaisante, pas assez difficile et

préfèrent un exercice plus ardu. Ils ont le choix de

plusieurs magnifiques excursions, dans des parties

complètement sauvages du Parc National, où le

Département n’a pas encore érigé de camps »10.

Le développement des activités de pêche sportive est

loin d’être unique au parc des Laurentides. À compter

du début du 19e siècle, la région de Charlevoix, parmi

d’autres, a accueilli les sportsmen désirant tirer profit

des vastes ressources de saumon présentes dans les

rivières. Ce sont d’ailleurs les sportsmen qui ont

contribué à attirer l’attention sur la région de

Charlevoix, laquelle, dans le dernier tiers du 19e siècle,

a été ajoutée au « tourism belt » ondoyant le nord-est

du continent américain11. Or, le processus n’est pas

moins révélateur pour autant du « tournant culturel » que prend alors le parc des Laurentides. En effet, à

l’image de ce qu’a connu la région de Charlevoix un siècle plus tôt, le Parc devient alors une attraction

naturelle pour de riches individus en quête d’un délassement et mus par la sensibilité au pittoresque. Un

passage d’un texte préparé par le Bureau provincial du tourisme, en 1930 (BaNQ, P66, « The Laurentides

National Park », 1930, p. 3.), l’illustre d’une manière particulièrement éloquente : « But if the National Park is a

sportsman’s paradise, it is also a most picturesque place to visit even for a very short time. The landscapes

are of a most striking nature. Since the Laurentian mountains run though the territory, there is a tremendous

variety of beautiful scenery ».

De façon tout à fait conséquente avec l’« économie » du pittoresque qui caractérise alors plusieurs

destinations canadiennes-françaises, il ne faut pas s’étonner du fait que les responsables du parc n’hésitent

pas à comparer le parc à certains endroits des États-Unis, afin de mieux promouvoir le parc pour les

sportsmen américains : « la superficie du Parc couvre quatre mille milles carrés, ce qui est plus de trois fois la

taille du Rhode Island ».

10 QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930) Quelques excursions recommandées pour de hardis sportsmen. Fonds Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche P66, p. 40. 11 Voir, entre autres, Philippe Dubé, 1986, Deux cents ans de villégiature dans Charlevoix, Québec, Presses de l’Université Laval ; Serge Gagnon, 2001, Le tourisme et la villégiature au Québec : une étude de géographie régionale structurale, Thèse Ph.D, Université Laval, Département de géographie, 245 p.

Figure 10: Le sportsman fervent de pêche à la truite. Source : QUÉBEC, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BaNQ) (1930), p.5

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31

À compter des années 1920, en regard de la hausse de fréquentation citadine sur le territoire du parc, le

gouvernement commencera à construire des camps, c’est-à-dire des petits sites d’hôtellerie (Hébert, 1998).

Par suite de l’aménagement de telles installations, les possibilités « récréotouristiques » du parc des

Laurentides paraîtront décuplées, comme le mentionne une brochure promotionnelle datée de 1933 :

À certains endroits dans le Parc, remarquables par leur site et reconnus comme très

poissonneux, s’élèvent, isolés ou par groupe, des chalets où les touristes à leur gré, suivant

leurs goûts ou leurs ressources, peuvent s’offrir, à des taux égaux sinon moindres, soit le

luxueux confort d’un bon hôtel, soit le bien-être plantureux d’un home fashionable, soit encore le

frugal mais copieux régime d’un campement forestier, comparable en tout point à ce que la

meilleure organisation de club pourrait garantir. Un pareil ensemble de conditions permet donc,

à peu de frais si l’on veut et dans un délai relativement bref, même aux personnes du sexe

faible ou de constitution débile, de prendre contact avec la salubre montagne laurentienne, avec

la forêt de sapins si vivifiante, sans courir le risque de se faire exploiter et sans appréhender la

moindre privation ou un surcroît de fatigue. (Gouvernement du Québec, 1933, p.9-10)

Ainsi, comme l’avance cette même brochure, « arrivé de la ville la tête toute bourdonnante d’idées

tumultueuses, confuses, déprimantes, le visiteur, après un court séjour dans le Parc, retourne à ses affaires,

nanti d’une conception nette et d’un cerveau libéré » (Gouvernement du Québec, 1933, p.9-10).

Conclusion

Ce court chapitre visait à préparer le terrain à l’étude de la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-

Cartier, soit la perspective empirique à partir de laquelle nous souhaitons, dans ce mémoire, examiner la

patrimonialisation des parcs nationaux comme manifestation culturelle.

Sur la base de sources premières, dont plusieurs documents d’archives, nous avons survolé la genèse du

parc des Laurentides, à la fin du 19e siècle, et les principaux éléments des activités qui y étaient pratiquées.

Nous avons aperçu l’importance qu’avait, au sein du parc, la réserve forestière, y trouvant du même coup une

conception de la conservation ouverte à l’exploitation des ressources forestières. Puis, en fin de période, nous

nous sommes aperçus que la popularité des activités de pêche visant le personnage du sportsman américain

a été d’une grande importance dans l’évolution des pratiques de conservation dans le parc des Laurentides.

Largement récréatives et rehaussées de motifs culturels, ces activités ont constitué un premier pas vers une

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transformation de fonction du milieu. En effet, sous leur impact, le parc s’est doté d’une fonction « symbolique

» liée à l’appréciation esthétique du territoire pour son caractère pittoresque. La patrimonialisation provenant

de la « bataille de la Jacques-Cartier », sur laquelle nous tournons maintenant notre regard, affirmera,

beaucoup plus fortement, le poids des dynamiques culturelles dans la création du parc national.

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33

Chapitre 3 : La « bataille de la Jacques-Cartier » :

pour une patrimonialisation entre nature… et

culture

Ce chapitre se situe dans la continuation de notre étude empirique. En lien avec nos objectifs et notre thèse, il vise à mettre en exergue le rôle qu’occupent les dynamiques culturelles dans le processus de patrimonialisation d’un parc national. Comme nous l’avons mentionné en introduction et développé dans le chapitre 1, la patrimonialisation peut nourrir les approches de conservation dans la mesure où elle induit un changement de fonction d’un lieu. Ce changement est fondamentalement culturel lorsqu’il est généré par des idéologies et il se traduit par une (nouvelle) valorisation symbolique des territoires qui, à son tour, crée une importante économie touristique. Notre chapitre se sert d’une des plus grandes controverses environnementales de l’histoire du Québec, la « bataille de la Jacques-Cartier » et la Loi sur les parcs à laquelle elle a mené (1977). L’analyse de la patrimonialisation du parc de la Jacques-Cartier est effectuée selon les 3 étapes que nous avons identifiées dans le chapitre 1, c’est-à-dire la caractérisation sous l’effet des discours, la conservation et la mise en valeur. Par ailleurs, elle est située dans le contexte socio-économique et politique de son époque. Ainsi, elle est mise en évidence avec le renforcement des préoccupations citoyennes à l’égard de l’avancement de la démocratie qui ont marqué une partie des années 1970, de même qu’avec deux importants évènements observés pendant cette décennie : l’adoption de la première législation québécoise en matière de protection de l’environnement (la Loi sur le qualité de l’environnement) et les premières étapes de création des « zones d’exploitation contrôlées » (ZEC). Le chapitre recourt à des sources secondes, de même qu’à une abondante revue de presse, une vaste série de mémoires et des documents politiques (commissions parlementaires) publiés dans les traces de la « bataille de la Jacques-Cartier ».

3.1 Un contexte incontournable : l’émergence de mouvements

populaires en faveur de l’expression démocratique, la protection

de l’environnement et la création des zones écologiques

contrôlées

Afin de bien comprendre la « bataille de la Jacques-Cartier », et la patrimonialisation à laquelle elle mène, il

est nécessaire de la situer dans le contexte de son époque. Or, celui-ci est marqué, au premier abord, par

l'arrivée de mouvements populaires prônant l’expression démocratique.

À l’échelle internationale, la fin des années 1960 et le début des années 1970 sont le théâtre de plusieurs

grands bouleversements, sociaux et environnementaux, qui suscitent des mobilisations populaires d’une

ampleur presque jamais vue jusque-là. L’année 1967 voit la première marée noire provoquée par l’échouage

d’un pétrolier, le Torrey Canyon, le long de la côte britannique (Walsh, 1968). Cet évènement, dont le risque a

été négligé par plusieurs grandes puissances, marque la naissance de certains éléments politiques de

prévention et de lutte contre de telles catastrophes (Walsh, 1968).

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34

Dans les années 1970, la Révolution des Œillets marque la fin de la dictature au Portugal, et donc l’aversion

d’un peuple envers ses dirigeants, tandis que le scandale du Watergate, aux États-Unis (affaire d’espionnage

politique ayant mené à la démission du Président, Richard Nixon), accélère le déclin de la confiance

qu’accordent les électeurs à leurs politiciens (Rodrigues, 2002 ; Weatherford, 1984).

À Québec, ce mouvement démocratique se traduit par l’émergence de nouveaux groupes d’intérêts et de

pression, dans plusieurs domaines de la vie citoyenne. Ainsi, à la fin des années 1960, le Comité de citoyens

de l’Aire 10 (en raison du redécoupage de la ville par les autorités, le quartier Saint-Roch devient la zone 10),

fondé par le curé de Saint-Roch, Mgr Raymond Lavoie, lutte pour la survie du quartier (Gosselin et Couillard,

2014). Ce dernier est alors menacé par les expropriations et les démolitions, dans le cadre de la construction,

notamment, de l’autoroute Dufferin-Montmorency, d’hôtels et de tours de bureaux (Gosselin et Couillard,

2014).

En 1975, des citoyens du Vieux-Québec, souhaitant émettre leur opinion quant aux décisions prises pour leur

quartier, fondent le Comité de citoyens du Vieux-Québec (Comité de citoyens du Vieux-Québec, 2006). Ce

comité se donne pour mission la conscientisation et la sensibilisation des résidents, notamment en ce qui avait

trait à la chute de la population et à la détérioration du quartier (Comité de citoyens du Vieux-Québec, 2006).

En 1976, le projet de démolition de la rue Saint-Gabriel (située au sud du quartier Saint-Jean-Baptiste) pour la

transformer en vaste boulevard urbain, prolongement de l’autoroute Laurentienne, est abandonné suite aux

revendications des citoyens, qui forment le Mouvement Saint-Gabriel (Compop, 2006). Suite aux

protestations, les résidents obtiennent d’ailleurs des rénovations, un nouveau revêtement pour la rue ainsi que

des baux annuels (Compop, 2006). Le Mouvement est encore actif aujourd’hui, transformé en Comité

populaire Saint-Jean-Baptiste, et œuvre pour la défense collective des droits (Compop, 2006).

Outre l’émergence de mouvements populaires en faveur de l’expression démocratique, au Québec, la

décennie 1970 est marquée par la première manifestation concrète d’une politique visant la protection de

l’environnement. En effet, en 1972, est adoptée la Loi sur la qualité de l’environnement (L.R.Q., C. Q-2, LQE).

Il s’agit d’une législation de grande amplitude qui vise plusieurs secteurs environnementaux, de la qualité de

l’eau jusqu’au contrôle du bruit. Elle consiste d’abord à « assurer le droit de toute personne à la qualité de

l’environnement, à sa protection et à la sauvegarde des espèces vivantes qui y habitent », comme le stipule

l’article 19.1 (section III.1) :

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35

Toute personne a droit à la qualité de l'environnement, à sa protection et à la sauvegarde des

espèces vivantes qui y habitent, dans la mesure prévue par la présente loi, les règlements, les

ordonnances, les approbations et les autorisations délivrées en vertu de l'un ou l'autre des

articles de la présente loi ainsi que, en matière d'odeurs inhérentes aux activités agricoles, dans

la mesure prévue par toute norme découlant de l'exercice des pouvoirs prévus au paragraphe

4° du deuxième alinéa de l'article 113 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (chapitre A-

19.1) 12.

Cette première loi en faveur de la protection de l’environnement est importante pour la question qui nous

occupe dans ce chapitre puisqu’elle affirme précisément le droit des personnes à disposer de milieux naturels

de qualité. C’est ainsi qu’elle établit, en quelque sorte, l’environnement au rang d’objet de préoccupations et,

de cette manière, de débats publics.

Un troisième élément doit être rapidement dégagé et développé afin de situer la suite de la « bataille de la

Jacques-Cartier ». Il s’agit du processus conduisant à la création des zones d’exploitation contrôlées. Au

début des années 1970, les clubs privés en milieux naturels, que nous avons mentionnés dans le chapitre

deux, se trouvent à plus de 2000 sur l’ensemble du territoire québécois (Gauthier, 2007 ; Gingras, 1994 ;

Demers, 2003). Sous l’effet du mécontentement d’une population qui se voit privée de l’accès à plusieurs

territoires et rivières de la Couronne, le Québec assiste à plusieurs mobilisations au cours des années 1970 à

1976. Groupes de pression et manifestants veulent conduire le gouvernement à clore les clubs privés

(Demers, 2003). Les manifestants vont même jusqu’à occuper des clubs privés, en 1970, malgré la présence

de gardes-chasse, de plus en plus employés sur les territoires (Demers, 2003).

Devant un tel ralliement, le gouvernement, avec à la tête du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la

Pêche, Madame Claire Kirkland-Casgrain, lance l’Opération accessibilité (Demers, 2003). Cette opération vise

l’accès public sans distinction ni avantage des territoires de chasse et de pêche, ainsi que la protection des

ressources fauniques et de la qualité des milieux naturels sur les territoires accessibles au public (Demers,

2003). C’est ainsi qu’en 1971, huit projets d’accessibilité sont lancés, visant le «déclubage» de cinq parcs

(aujourd’hui les réserves fauniques) : Joliette, Mastigouche et Labelle, Papineau et Mont-Tremblant (Demers,

2003). L’année suivante, le parc de Portneuf, dans la région de Québec, est inclus à ce groupe. En tout, 105

baux de clubs privés sont résiliés (Demers, 2003).

12 BERTHOLD, Étienne (2014) Notes du cours DDU-2000 Aménagement durable du territoire, module 4, Université Laval, Québec, module 4.

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C’est avec l’Opération gestion faune, débutée en 1977, que les zecs verront le jour (Demers, 2003). Cette

opération, ayant entre autres pour

but l’établissement des zecs, visera

à assurer la protection et la

conservation des ressources

fauniques, à garantir une possibilité

égale d’exploitation de la faune à

tous les citoyens, ainsi qu’à

développer la participation et

l’implication des utilisateurs dans la

gestion de la faune (Demers,

2003).

Il faut préciser que les zecs

fonctionnent selon quatre grands

principes et ne possèdent pas les mêmes objectifs que les parcs nationaux (Demers, 2003). Elles visent

d’abord l’accessibilité complète aux ressources fauniques, pour les citoyens (Demers, 2003). La participation

des usagers est également requise (les membres), afin de choisir les gestionnaires des zecs et de pouvoir

donner un avis sur les projets de règlements (Demers, 2003). Le principe de conservation de la faune est au

cœur des zecs ; un équilibre entre protection et exploitation est évidemment nécessaire afin d’assurer la

pérennité des ressources de chasse et de pêche (Demers, 2003). Finalement, l’autofinancement des

opérations, soit une contribution annuelle des membres des zecs, permet d’assurer un accès physique au

territoire et l’entretien des infrastructures (Demers, 2003).

3.2 Enjeux énergétiques, logique dirigiste et mobilisation

populaire : le « projet Champigny » d’Hydro-Québec pour la

rivière Jacques-Cartier et les oppositions qu’il suscite

Au début des années 1970, la multiplication des appareils électriques fait exploser la demande en électricité

au Québec (Radio-Canada et al. 2006). La mise en activité du chantier d’Hydro-Québec à la Baie James13

13 Le projet de la Baie James est une série d’aménagements hydroélectriques pour Hydro-Québec, construits par la Société d’Énergie de la Baie James. Le projet est achevé en 1985 (Tourisme Baie James, 2014).

Figure 11 : Lac aux canards, ZEC Buteux-Bas-Saguenay, 2004. Photo : ©Mathilde Crépin-Bournival

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37

n’étant prévue qu’au début des années 1980, il semble qu’il faille alors trouver des solutions de remplacement

afin de produire de l’électricité (Radio-Canada et al. 2006).

Dans ce contexte, Hydro-Québec met d’abord en place le projet Saint-Joachim, sur la rivière Saint-Anne-du-

Nord, sur la Côte-de-Beaupré, qui consiste en une centrale fonctionnant sur les heures de pointe, en hiver

(Labrecque, 2005). Toutefois, des problèmes reliés à la corrosion en eau salée forcent la fin des travaux

(Labrecque, 2005). Hydro-Québec se tourne alors vers une autre rivière pour tenter d’approvisionner les

citoyens en électricité : la rivière Jacques-Cartier (Labrecque, 2005 ; Hydro-Québec, 1972).

En août 1972, le projet Champigny d’Hydro-Québec, consistant au harnachement de la rivière Jacques-Cartier

par l’établissement d'une centrale à réserve pompée, est annoncé dans les médias. Ce dernier, d’une

puissance prévue de 1000 MW, projette d’inonder une grande partie de la vallée de la rivière Jacques-Cartier,

soit 16 kilomètres dans le parc des Laurentides et 14 kilomètres dans la municipalité de Tewkesbury (Hydro-

Québec, 1972 ; SÉPAQ, 2014d ; SFPQ, 2004). La centrale, mise en service en 1979, fonctionnerait durant les

heures de pointe en hiver (de 17 heures à 19 heures, de la fin novembre à la mi-mars) (Dumas et al. 1972 ;

Labrecque, 2005 ; Hydro-Québec, 1972). Durant les autres saisons, les niveaux seraient maintenus constants,

à l’exception de problèmes particuliers impliquant l’exploitation de la centrale durant cette période (Dumas et

al. 1972).

L’aménagement planifié par Hydro-Québec prévoit trois éléments principaux (Dumas et al. 1972). D’abord, le

réservoir inférieur aménagé sur la rivière Jacques-Cartier pénètrerait de 16 kilomètres le parc des Laurentides

(Dumas et al. 1972). Le relief particulier du territoire autour de ce réservoir permettrait de limiter la superficie

inondée à 11,7 km2, dont 4 km2 à l’intérieur du parc des Laurentides (Dumas et al. 1972). Ensuite, le réservoir

supérieur formé à partir de deux lacs, sur le plateau de la rive droite de la rivière Jacques-Cartier, serait

contenu dans le parc des Laurentides (Dumas et al. 1972). Il inclurait notamment le lac Aubert (Dumas et al.

1972). D’une superficie de 1,5 km2, il submergerait 1,1 km2 de territoire (Dumas et al. 1972). Finalement, un

réseau hydraulique souterrain reliant les deux réservoirs (prises d’eau, galeries d’apports et de fuites,

conduites forcées, centrale) serait construit, afin que la centrale puisse fonctionner à son plein potentiel

(Dumas et al. 1972). Ce dernier élément serait invisible de l’extérieur, mis à part les parties supérieures des

prises d’eau (Dumas et al. 1972).

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38

Ces aménagements

nécessiteraient par ailleurs

la construction d’une

infrastructure complète de

services autour du chantier,

soit un village ainsi que des

voies d’accès, de

communication et de

transport (Dumas et al.

1972). Selon les règlements

de la Loi sur le parc des

Laurentides, le

gouvernement est en droit

d’autoriser, dans le contexte

d’une réserve forestière

polyvalente, des activités

d’exploitation commerciale

des ressources et de

permettre la construction

d’un barrage

hydroélectrique dans le but

d’assurer

l’approvisionnement

constant en énergie des

citoyens vivant plus au sud,

soit dans la communauté urbaine de Québec (SFPQ, 2004). Le chantier, construit sur cinq ans, nécessiterait

un investissement de 175 millions et permettrait la création de plus de 1000 emplois (Labrecque, 2005). De

fait, dès 1972, Hydro-Québec installe, sur la Jetée en face du Scotora, un camp de base équipé de tous les

instruments nécessaires à la réalisation de sondages de terrain (Hydro-Québec, 1972 ; SFPQ, 2004).

Dès l’annonce du projet, des individus et des groupes d’intérêt ne tardent pas à manifester leur

mécontentement (Labrecque, 2005). Un comité d’opposition au projet Champigny est rapidement constitué. Il

s’agit du Comité de Conservation de la Rivière Jacques-Cartier (CCJC), qui a, à sa tête, le biologiste et

Figure 12: Barrage projeté et territoire inondé : Illustration du projet Champigny. Source : Commission de la culture et de l'éducation, 1970, p.i.

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professeur à l’Université Laval, Jean Bédard (Labrecque, 2005 ; SÉPAQ, 2014d ; SFPQ, 2004). Le Comité

mettra sur pied un groupe de recherche et d’estimation des potentialités récréatives, esthétiques et

écologiques de la région, dans le but de conserver et de mettre en valeur la vallée de la Jacques-Cartier

(Labrecque, 2005).

Une cinquantaine d’organismes, dont la Corporation des ingénieurs forestiers du Québec, se portent en appui

au Comité. La Corporation, dans son 52e congrès annuel, en novembre 1972, adopta une résolution déclarant

que : « ladite corporation est favorable à la conservation de la rivière Jacques-Cartier contre toute affectation

qui aurait pour effet de modifier son écologie et sa beauté naturelle. » (Dans Labrecque, 2005, p. 37)

Plusieurs figures québécoises importantes joignent leurs voix à la cause, dont le philosophe et écrivain Félix-

Antoine Savard (Labrecque, 2005 ; SFPQ, 2004). Ce dernier adresse d’ailleurs un message puissant à Hydro-

Québec, soutenant la nécessité de conserver la vallée de la Jacques-Cartier :

(…) Pour celui qui pense à l’avenir de son pays, et sait, de science certaine le bon et prudent

usage qu’on doit faire de sa nature, ce projet de barrage est ce que j’ose appeler un dangereux

acte de…démence. (…) bientôt viendra le temps où le peuple des villes, asphyxié, affamé et

assoiffé, criera : « Donnez-nous de l’air pur à respirer, de l’eau pure à boire ; donnez-nous des

lieux de silence, de calme, de repos, de contemplation. » (..) (Félix-Antoine Savard, 1972, dans

Labrecque, 2005, p.14)

Les prises de position opposées au projet Champigny s’inscrivent, d’abord et avant tout, dans le mouvement

d’expression démocratique caractéristique des années 1970. De même, il dénonce la culture dirigiste qui

règne chez Hydro-Québec. C’est sur ce contexte que prend place la patrimonialisation de la rivière Jacques-

Cartier. Une déclaration de Jean Bédard au journal La Patrie dès le départ de la mobilisation (Dufour, 1972,

p.1) exprime bien le cœur du programme d’action des contestataires : « L’Hydro-Québec va-t-elle abîmer

notre patrimoine, qu’il s’est dit, sans même qu’on ait à lui donner notre permission? Jamais! Ce serait trop

indigne. » Les activités des foreurs et géologues agacent également la population de Tewkesbury (Labrecque,

2005).

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40

3.3 La culture à la rescousse de la conservation du milieu

naturel : la caractérisation du patrimoine de la vallée de la

Jacques-Cartier

En peu de temps, le mouvement d’opposition se transforme en réelle mobilisation citoyenne (Labrecque,

2005). Une pétition est créée et récolte, en quelques semaines, plus de 20 000 signatures ((Labrecque, 2005 ;

SÉPAQ, 2014d). Un millier d’affiches portant des slogans tels que « Sauvegardons la Jacques-Cartier » sont

affichées près des routes et chemins de Tewkesbury, sur les terrains et sur toutes les surfaces accessibles,

surtout sur les poteaux appartenant à Hydro-Québec (Labrecque, 2005). Une conférence de presse est

organisée par le CCJC dans la vallée de la Jacques-Cartier, afin de promouvoir et se sensibiliser les médias à

la cause (Labrecque, 2005).

Des personnages importants montrent également leur appui au CCJC, dont le président de la Communauté

urbaine de Québec, Armand Trottier et le maire de Québec, Gilles Lamontagne, ce dernier déclarant dans une

émission radiophonique : « À première vue, je serais porté à dire à Hydro-Québec : allez donc construire votre

barrage ailleurs. » (Labrecque, 2005, p.20) De façon somme toute conséquente avec l’adoption de la Loi sur

la qualité de l’environnement, le ministre de l’Environnement, Victor Goldbloom, s’y oppose également, dans

une conférence présentée devant des étudiants de l’Université Laval, tel que rapporté par Labrecque (2005, p.

33). L’annonce de la position de ce dernier, rapportée dans plusieurs quotidiens, en plus d’apporter un soutien

significatif aux groupes et citoyens opposés au projet, a pour effet de sensibiliser les députés à la cause de la

vallée de la Jacques-Cartier et d’exercer une pression sur le conseil des ministres et sur le Premier Ministre de

l’époque, Robert Bourassa (Labrecque, 2005).

Le CCJC tente également d’impliquer le ministère des Affaires culturelles dans la controverse, en s’appuyant

sur l’article 41 de la Loi sur les biens culturels, qui stipule que « Quiconque, à l’occasion de travaux

d’excavation ou de construction entrepris pour des fins autres qu’archéologiques doit en informer le ministère

sans délai. (…) ». (Gouvernement du Québec, 1972, Loi sur les biens culturels, Chapitre B-4, Section II,

Article 41).

Le 14 décembre 1972, le CCJC, après avoir mis la main sur des documents gardés confidentiels par Hydro-

Québec, dévoile un détail important du projet Champigny (Labrecque, 2005). Hydro-Québec a prévu la

construction de non pas une seule, mais sept centrales hydroélectriques, fonctionnant deux heures par jour,

cinq jours par semaine :

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41

Dévoilé hier à Québec par le Comité pour la conservation de la Jacques-Cartier, ce dossier

faramineux indique que sept centrales à réserve pompée pourraient produire près de 26 000

0000 de kilowatts à raison de deux heures par jour, cinq jours par semaine. (…) Un barrage et

une première centrale…si les études sont positives. Et, après, si on se fie au document, une

nouvelle centrale ou un nouveau bloc, chaque fois que le rythme de la demande en énergie de

pointe le justifie. (…) Au rythme où croît la demande totale, l’auteur du document précise le

potentiel de chacune des centrales devant être construites à partir de 1980 :

- Construire pour 1980 une centrale de 1 200 000 kilowatts sur un site ayant ce potentiel.

- Construire, après 1980, par blocs de 800 000 ou de 1 200 000 kilowatts une centrale sur un

site ayant un potentiel de 2 400 000 à 4 000 000 de kilowatts.

- Construire par la suite par blocs de 1 200 000 kilowatts ou plus, par intervalles de quatre ans

ou moins, des centrales de grande taille comme celle de Saurtney. » (Mailhot, 1972, p.1).

Cette information, fort médiatisée, est débattue à l’Assemblée Nationale, comme le rapporte Gilbert Athot,

journaliste au Soleil (1972, p.1) :

Le ministre des Richesses naturelles a affirmé, hier, à l’Assemblée Nationale, qu’il n’avait jamais

vu le rapport concernant l’impressionnant projet d’aménagement hydro-électrique sur la rivière

Jacques-Cartier, dans le parc des Laurentides. M. Gilles Massé a toutefois admis la possibilité

que les hauts fonctionnaires de son ministère, dans le cadre de leurs rencontres avec les

représentants de l’Hydro-Québec, aient pris connaissance de ces documents.

Peu après, la session de l’Assemblée Nationale est ajournée jusqu’en 1973, pour le temps des Fêtes

(Labrecque, 2005). Les membres du CCJC s’assurent toutefois que tous les députés, avant de partir,

reçoivent une brochure intitulée « Le statut et l’avenir des parcs provinciaux au Québec », comportant des

renseignements, informations et réflexions cherchant à rehausser le niveau des discussions (Labrecque,

2005). Une pétition regroupant les signatures de nombreux maires de la région est aussi présentée au

Premier Ministre Robert Bourassa (Labrecque, 2005).

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Le 13 février 1973, un débat est exigé par la Chambre de commerce et d’industrie du Québec métropolitain.

Reprise par plusieurs journaux, dont Le Soleil qui titre « L’Hydro-Québec devra prouver que la Jacques-Cartier

est la seule rivière répondant à ses besoins » (Mailhot, 1973, p.1), la discussion incite la société d’État à

fournir de plus amples explications sur son projet et à démontrer que la vallée de la Jacques-Cartier est un

choix éclairé pour la mise en place d’un barrage (Mailhot, 1973). Même le ministre des Parcs, Claude Simard,

émet de sérieux doutes quant à la localisation du projet d’Hydro-Québec (Mailhot, 1973).

Dans ce contexte, Hydro-Québec présente une maquette dans le but de convaincre l’opinion publique que le

projet Champigny peut être amélioré par des aménagements récréatifs (SFPQ, 2004). Le plan découpe

l’aménagement en trois zones (aménagée, semi-primitive (ou semi-aménagée) et primitive), pour atteindre un

aménagement fort en aval et faible en amont (Gauthier, Poulin, Thériault et Ass., 1973).

La zone aménagée, à l’entrée de la vallée de la Jacques-Cartier, comporterait alors : un vaste stationnement,

un belvédère, un terrain de pique-nique, un terrain de camping (au pied du barrage), une rampe à bateaux,

des quais flottants et un terrain de jeux. Cette zone serait le point de départ d’activités récréatives telles que le

canot, la voile et les croisières (Gauthier, Poulin, Thériault et Ass., 1973). Dans cette même zone, un site

secondaire est prévu : près du lieu secondaire de camping près du lac Guillaume, des sentiers seraient

aménagés pour pouvoir profiter des bords du lac et des montagnes avoisinantes (Gauthier, Poulin, Thériault et

Ass., 1973). La zone semi-aménagée comporterait un site de camping rustique et un stationnement, ainsi

qu’une rampe de mise à l’eau, un réseau de sentiers et un départ public vers la zone primitive (Gauthier,

Poulin, Thériault et Ass., 1973). C’est aussi dans cet espace qu’un centre de renseignement sur les travaux

d’Hydro-Québec pourrait être érigé (Gauthier, Poulin, Thériault et Ass., 1973). L’établissement d’un camp pour

jeunes est aussi prévu (dortoir, musée-laboratoire et centre d’animation) (Gauthier, Poulin, Thériault et Ass.,

1973). La troisième zone, primitive, ne comporterait que des sites de camping sauvage et des sentiers, afin de

conserver le caractère naturel de la vallée de la Jacques-Cartier (Gauthier, Poulin, Thériault et Ass., 1973).

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Figure 13: Aménagements prévus du projet Champigny. Source : Gauthier, Poulin, Thériault et ass. 1970, p.9

Figure 14: Zones du projet Champigny. Source: Gauthier, Poulin, Thériault et ass. 1970, p.10

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Au début du mois de mai 1973, après des demandes répétées de la part du CCJC, une commission

parlementaire est finalement annoncée. D’abord prévue à huis clos, celle-ci est finalement ouverte au public

par suite d’une pétition présentée par le CCJC qui est signée par 46 maires de la région de Québec réclamant

un débat public (Labrecque, 2005). Une quinzaine d’organismes défilent devant la commission et s’entendent

très majoritairement sur le besoin de protéger la vallée de la Jacques-Cartier (SFPQ, 2004).

Par les discours que contiennent les mémoires qui y sont présentés et les délibérations auxquelles elle donne

lieu – dont nous produisons des extraits substantiels dans l’Annexe I - la commission parlementaire constitue

un moment décisif de l’étape de caractérisation patrimoniale de la vallée de la Jacques-Cartier. La

caractérisation patrimoniale de la vallée de la Jacques-Cartier s’appuie sur des arguments de plusieurs ordres.

Au premier chef, elle est traversée par un argumentaire fondamentalement culturel qui met l’accent sur le

caractère esthétique et la beauté de la rivière.

Le CCJC le souligne d’emblée dans son mémoire (1973, p.5) : « il s’agit d’une rivière exceptionnellement

belle. (…) C’est

probablement la plus

belle et la plus

précieuse de toutes

les rivières du

Québec ». Le Conseil

régional des loisirs

considère que la

vallée constitue

(1973, p. 9 ; 11) :

« (l’) un des

paysages les plus

panoramiques [de la

Province de Québec

et] en détruisant ce site, on détruit une de nos richesses naturelles régionales permanentes au détriment d’une

valeur temporaire (c’est un héritage socioculturel qu’il faut conserver) ». Le Conseil québécois de

l’environnement est aussi éloquent sur le sujet (1973, p.2) : « (…) la rivière Jacques-Cartier constitue une

attraction naturelle possédant un intérêt particulièrement remarquable comme entité géomorphologique,

biologique et esthétique. » Il note aussi que (1973, p.9) : « (…) la vallée de la rivière Jacques-Cartier constitue

un monument naturel exceptionnel. » Le Programme Biologique International, quant à lui, souligne que (1973,

Figure 15: Paysage du parc national de la Jacques-Cartier. Photo : © Mathilde Crépin-Bournival, 2014.

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p.2) « le caractère unique de la qualité des paysages de cette vallée » et le fait que la vallée soit (1973, p.2)

« sans doute l’une des quatre plus belles vallées à l’est des Rocheuses qui ne peut être comparée qu’à celles

de la Bonne Bay (Terreneuve), Mont-Saint-Pierre (Gaspésie) et de la rivière Malbaie (Charlevoix) » ont agi en

faveur de leur choix de conservation de la vallée. Georges Gauvin, ingénieur forestier, note quant à lui que

(1973, p.27) : « (…) la vallée de la Jacques-Cartier est l’une des plus belles régions de villégiature au

Québec (…) par la beauté du paysage en toutes saisons et ses vues panoramiques superbes ».

Les acteurs présents à la Commission parlementaire se préoccupent également de la riche biodiversité que

renferme le territoire. Le Programme biologique international souligne ce dernier élément dans son mémoire

(1973, p.2), par le fait que la vallée est l’hôte de « peuplements végétaux, entre autres de bouleau jaune

surexploité au Québec et représentant un actif considérable au point de vue particularité pour le Parc des

Laurentides ». La Société linnéenne et la Société Zoologique de Québec, dans un mémoire commun, notent à

la page quatre (1973) que la vallée constitue : « un sanctuaire où prolifèrent des communautés végétales à

nulle autre pareille » et à la page cinq, qu’elle forme : « un habitat riche en faune ailée, terrestre et

aquatique ». Étienne Corbeil, du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, écrit, à la page six

(1973), que : « c’est la diversité des éléments qui la constituent qui en font toute la richesse », dans un

mémoire qui soutient que la conservation de la vallée de la Jacques-Cartier est nécessaire.

La valeur esthétique attribuée à la vallée de la Jacques-Cartier, qui incite plusieurs acteurs en présence à

qualifier cette dernière de patrimoine naturel (Corbeil, p 7 ; Conseil régional des Loisirs de Québec, p. 11 ;

Fédération des clubs de montagne du Québec, p. 3), s’appuie, dans plusieurs mémoires et délibérations, sur

la nécessité de développer sa vocation récréotouristique. À cet égard, la proximité avec le milieu urbanisé de

la ville de Québec paraît constituer un argument de taille. Jean Bédard le mentionnait dès le départ de la

controverse reliée au projet Champigny : « ce paradis est appelé à devenir le lieu de délassement du million

de Québécois que comprendra bientôt l’agglomération de la capitale » (Dufour, 1972, p.1). Dans le même

mouvement, Jean Cimon, président de la Commission d’aménagement de la Communauté urbaine de

Québec, affirmait également en entrevue au Soleil (1972, p.1) que « les besoins en sites naturels et zones

récréatives de la région de Québec dépassent de beaucoup ceux en électricité » (Labrecque, 2005).

Le CCJC écrit ainsi, à la page six de son mémoire (1973), que : « les citoyens des grandes villes nord-

américaines vivant à proximité de grands parcs naturels en tirent un grand profit » et que « n’importe quelle

ville nord-américaine donnerait des millions pour pouvoir reconstituer à une demi-heure de ses portes, un

milieu naturel aussi grandiose que celui de la Jacques-Cartier ». Georges Gauvin souligne également

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l’importance de la vallée pour la ville de Québec puisqu’elle est (1973, p. 27) : « (…) le plus beau site à

proximité de la vieille capitale (…) » et que (1973, p.28) « si les besoins en électricité augmentent sans cesse

au Québec, les besoins en espaces verts pour des fins de loisirs augmentent également. »

La Fédération québécoise de la faune, quant à elle, se préoccupe de la distance séparant la population des

parcs et réserves, en notant (1973, p.4) qu’il faut : « amener le parc à la ville par l’aménagement de territoire

de grande nature à proximité des régions à haute densité de population », puisque (1973, p.12) : « (…) le

Gouvernement ne doit pas oublier le rôle social des parcs. » Le Conseil des Loisirs de Québec écrit également

(1973, p.7) : « La population métropolitaine qui va doubler dans les 30 prochaines années n’a-t-elle pas un

droit de nécessité d’avoir aussi des oasis de tranquillité, panoramiques, de conservation et de récréation de

plein-air pour les prochaines années? » Finalement, le Conseil québécois de l’environnement le note d’ailleurs

dans son mémoire (1973, p.2) : « La rivière Jacques-Cartier constitue un site remarquable pour sa proximité

de l’agglomération québécoise d’autre part » et (1973, p.3) : « (…) le site offre des ressources de calme, de

silence et d’isolement, permettant un contact avec un environnement naturel non perturbé. Les besoins de cet

ordre ne feront que croître dans l’avenir. »

À un niveau plus général, plusieurs mémoires développent le thème du potentiel récréotouristique de la vallée

de la Jacques-Cartier. Le Programme Biologique International note à cet effet (1973, p.6) que : « la vallée de

la Jacques-Cartier pourrait, avec l’aide d’un marketing approprié, devenir un atout majeur dans le

développement touristique. » Le CCJC, lui, spécifie que Québec constitue déjà un pôle touristique important et

que (1973, p.6) : « La Jacques-Cartier appartient au potentiel touristique de Québec. » Il souligne aussi

qu’outre le fait que les populations puissent elles-mêmes profiter de ces espaces, il est possible (1973, p.6) : «

(…) qu’on tire profit de l’affluence de visiteurs venus participer aux mêmes avantages éducatifs et récréatifs

que peut procurer un tel parc. »14

Le Dr Guy Lemieux, pour sa part, souligne que (1973, p.5) : « Le potentiel attractif unique du canyon disparaît

le jour où on l’inonde. On aura alors un lac comme les autres, même moins facilement utilisable que les

autres » et qu’il s’agit (1973, p.6) : « de la destruction d’au moins 75% du potentiel d’attractivité du site le plus

spectaculaire non seulement du Parc mais de toute la région de Québec. (…) Je ne donnerais pas cher pour

le peu de potentiel qui persisterait encore après l’aménagement hydro-électrique. ». La Régionale des jeunes

14 Il est à noter que l’argument économique, à savoir les possibilités d’emplois et de croissance économique de la région, est à l’origine de débats entre le CCJC et certains citoyens de Stoneham-et-Tewkesbury, qui ne voient que des avantages à la construction du barrage, devant créer un millier d’emplois dans la région (Labrecque, 2005). Ces derniers n’arrivent toutefois pas à former un mouvement de masse et quittent la commission parlementaire avant d’avoir pu se faire entendre (Labrecque, 2005). La pétition signée par les citoyens de Tewkesbury est le seul document à avoir été présenté lors de la commission parlementaire.

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chambres du Québec signale aussi le potentiel récréatif du site qui (1973, p.2) : « (…) recèle un potentiel

récréatif extraordinaire », puisque (1973, p.2) : « le Parc des Laurentides est facilement accessible (…). Le

Gouvernement DOIT tout faire en son pouvoir pour garantir une protection permanente à ce parc. ».

L’Association des parcs provinciaux et nationaux du Canada mentionne que la vallée de la Jacques-Cartier

contribuerait grandement à la croissance du tourisme, industrie importante pour la région de Québec

(Association des parcs provinciaux et nationaux du Canada, 1973). Étienne Corbeil constate aussi (1973, p.9)

que : « l’accessibilité à cette gorge, puisque la vallée n’existera plus, sera pratiquement nulle. (…) la majorité

des activités de plein air deviendront impraticables. » Il observe à cet effet (1973, p.10) que la vallée : « (…)

offre des possibilités extraordinaires pour des fins éducatives et pour toutes les formes de récréation de plein

air. »

Au terme de la logique du processus de caractérisation patrimoniale, qui est à l’origine autant des arguments

culturels que socioéconomiques, se trouve la délicate question des mesures politiques à adopter pour garantir

la conservation de la vallée de la Jacques-Cartier. Ainsi, la plupart des particuliers et des groupes venus

s’exprimer devant la commission parlementaire évoquent le besoin criant d’une politique et d’une loi-cadre sur

les parcs québécois, qui participeraient à instaurer des bases solides pour la conservation des milieux

naturels, mais dans une perspective ouverte à l’exploitation du potentiel récréotouristique du territoire15.

Le Programme Biologique International demande à cet effet (1973, p.5) : « (…) au Ministre Simard de

procéder dans les plus brefs délais à la présentation d’une loi-cadre des parcs au Québec ». Le CCJC

demande (1973, p.25) : «Que soit accélérée la préparation de la loi-cadre des parcs annoncée en février

dernier par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche », tandis que le Conseil régional des Loisirs

de Québec réclame (1973, p.11) : « qu’une nouvelle législation claire et précise concernant les parcs

nationaux soit votée au plus tôt ». La Fédération québécoise de la faune sollicite pour sa part le remplacement

de (1973, p.4) : « la loi actuelle des parcs provinciaux et le recours du Gouvernement aux arrêtés en conseil

par une loi-cadre sur les parcs et réserves. »

Les opposants au projet Champigny ont donc gain de cause, en fin de commission parlementaire (Labrecque,

2005). Le projet n’a pas lieu, comme le titrent certains médias, dont Le Devoir (Longpré, 1973, p.1) : « La

bataille de la Jacques-Cartier semble gagnée », et le dossier est définitivement clos (Labrecque, 2005). Cette

15 Il faut mentionner que, dans l’ensemble de la controverse entourant le projet Champigny, toutes les positions ne militent pas en faveur de l’exploitation du potentiel récréotouristique des lieux, bien que cette position soit dominante. Voir, par exemple, les affirmations des biologistes du Centre de recherche écologique de l’UQAM qui sont en faveur de la suppression des « utilisations irrationnelles » au sein des parcs nationaux. « Pourquoi il faut dire non au projet d’aménagement de la rivière Jacques-Cartier prévu par l’Hydro », Le Devoir, 6 juin 1973, p. 5.

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commission parlementaire constitue la transition de la première étape du processus de patrimonialisation, la

caractérisation, vers la seconde étape, la conservation. Celle-ci est incarnée par la Loi sur les parcs de 1977,

qui suit de près les travaux de la commission parlementaire. La vallée de la Jacques-Cartier, en raison de la

bataille de la Jacques-Cartier, devient ainsi un objet culturel, qu’il importe de protéger en raison de ses

caractéristiques naturelles, culturelles et historiques importantes.

3.4 Conserver les parcs nationaux et à travers eux le Parc de la

Jacques-Cartier : la Loi sur les parcs de 1977 et les audiences de

1979

Au terme de la commission parlementaire ayant eu raison du projet Champigny, le ministre responsable des

parcs mandate ses spécialistes d’élaborer une politique des parcs au Québec devant conduire à l’adoption

d’une législation nouvelle (SFPQ, 2004). Nous postulons que l’adoption de la Loi sur les Parcs de 1977 par le

gouvernement du Québec constitue la dernière étape du processus de patrimonialisation de la vallée de la

Jacques-Cartier, c’est-à-dire l’acte qui encadre sa conservation sur des bases juridiques (Berthold, 2012 ; Di

Méo, 2008 ; François et al. 2006). Cette loi distingue deux types de parcs : les parcs de conservation, voués

en premier lieu à garantir la protection du patrimoine naturel, et les parcs de récréation, conçus pour

encourager la pratique d'activités de plein air (Gouvernement du Québec, 1977 ; SÉPAQ, 2014e).

La définition d’un parc de conservation correspond à : « un parc dont l’objectif prioritaire est d’assurer la

protection permanente de territoires représentatifs de régions naturelles du Québec ou des sites naturels à

caractère exceptionnel tout en les rendant accessibles au public pour des fins d’éducation et de récréation

extensive » (Gouvernement du Québec, Loi sur les parcs, 1977, Section I, Art. I), où le terme récréation

extensive est défini comme : « un type de récréation caractérisée par une faible densité d’utilisation du

territoire et par l’exigence d’équipements peu élaborés » (Gouvernement du Québec, Loi sur les parcs, 1977,

Section I, Art. I). La définition d’un parc de récréation est: « un parc dont l’objectif prioritaire est de favoriser la

pratique d’une variété d’activités récréatives de plein air tout en protégeant l’environnement naturel »

(Gouvernement du Québec, Loi sur les parcs, 1977, Section I, Art. I). Les activités d’exploitation ainsi que de

chasse et de piégeage sont proscrites dans les deux types de parcs, au contraire de ce que prévoyait la loi de

1895 (SÉPAQ, 2014e) :

Nonobstant toute disposition législative,

a) toute forme de chasse est interdite dans un parc;

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b) toute forme de prospection, d’utilisation et d’exploitation des ressources à des fins de

production forestière, minière et énergétique, de même que le passage d’oléoduc, de gazoduc

et de ligne de transport d’énergie sont interdits à l’intérieur d’un parc. (Gouvernement du

Québec, 1977, Loi sur les parcs, Section III, Art. 7)

Toutefois, il est « permis, à la demande du ministre, de construire, d’exploiter et d’entretenir à l’intérieur d’un

parc les équipements de transport d’énergie électrique, les postes de manœuvre et de transformation

d’énergie électrique et les équipements de télécommunication requis pour l’opération d’un parc »

(Gouvernement du Québec, 1977, Loi sur les parcs, Section III, Art. 7). L’article 8 stipule également que :

« Tout autre projet de construction ou de modification des lieux à l’intérieur d’un parc doit être soumis à

l’approbation du ministre » (Gouvernement du Québec, 1977, Loi sur les parcs, Section III, Art. 8).

Celui-ci peut autoriser la mise en marche du projet à la condition que la réalisation de ce projet continue

d’assurer la conservation du milieu naturel ou le maintien du potentiel récréatif, suivant l’objectif prioritaire du

parc (Gouvernement du Québec, 1977, Loi sur les parcs, Section III, Art. 8). Ainsi, tout autre projet, tel qu’un

commerce ou une installation énergétique, peut être possible, dans la mesure où il ne menace ni l’intégrité

écologique du parc, ni son potentiel récréatif (Gouvernement du Québec, 1977). L’adoption de la Loi sur les

parcs est particulièrement significative car, en plus de sceller le sort de la bataille de la Jacques-Cartier, elle

inscrit formellement la patrimonialisation au nombre des stratégies destinées à encourager les approches de

conservation dans les parcs dits de récréation.

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50

L’article 13 de la Loi sur les parcs,

entrée en vigueur le 29 novembre

1977, donne jusqu’au 30 novembre

1981 pour déterminer le statut des

quatre parcs déjà existants (Mont-

Tremblant, Laurentides, Mont-

Orford, Gaspésie), à la suite

d’audiences publiques tenues pour

chacun d’eux (SÉPAQ, 2014d,

SFPQ, 2004). En 1979, les

audiences publiques du parc des

Laurentides sont donc lancées par

le ministère du Tourisme, de la

Chasse et de la Pêche (SFPQ,

2004). Ce dernier propose, dans

une brochure nommée

Métamorphose, de modifier le

territoire original du parc des

Laurentides en une réserve faunique

et deux parcs de conservation, soit la réserve faunique des Laurentides, le parc des Grands-Jardins et le parc

de la Jacques-Cartier (SFPQ, 2004). Le gouvernement tient à doter ces deux derniers lieux, reconnus comme

étant géographiquement remarquables, d’un statut de conservation plus fort, tandis que le territoire résiduel

obtiendrait un statut équivalent à celui qui existait déjà, soit le statut de réserve faunique (SFPQ, 2004).

Trente-huit mémoires, pour lesquels nous produisons également des extraits substantifs dans l’Annexe II, sont

déposés à l’été 1979, soutenant pour la plupart l’objectif du gouvernement (Gouvernement du Québec, 1979 ;

SFPQ, 2004).

En ce qui a trait au parc national de la Jacques-Cartier, les demandes des différents groupes et citoyens

s’orientent surtout vers une meilleure conservation des milieux naturels, tant pour la faune que pour la flore.

En ce sens, les citoyens demandent de restreindre ou d’abolir l’exploitation forestière des limites du parc,

comme le souligne le Service des loisirs et parcs de la ville de Beauport en notant qu’il faut (1979, p.4) :

« Corriger la surexploitation qu’a fait l’objet du Parc des Laurentides depuis plusieurs années par une politique

de coupe plus restrictive et la mise en place d’un programme de reboisement ». Le Casting Club de Québec

Figure 16: Parcs nationaux de la Jacques-Cartier et des Grands-Jardins (en zébré). Source : Matthew Hatvany, 2012

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51

écrit (1979, p.3) : « Nous souhaitons une règlementation pour que cette exploitation forestière se fasse à

l’avenir de façon rationnelle et surtout en fonction d’une meilleure conservation de la faune ». Louis Bélanger,

Marcel Darveau et Benoît Houde, dans leur mémoire commun, réclament (1979, p.5): « Que la Réserve

Laurentides soit une réserve faunique tant en pratique qu’en principe, c’est-à-dire qu’on y fasse un

aménagement faunique au lieu d’un aménagement forestier avec restrictions pour la conservation de la

faune ». Le Conseil régional de développement du Saguenay-Lac-Saint-Jean demande (1979, p.30) : « Que

la coupe à blanc soit bannie le long des routes et dans les unités à potentiel récréatif de classe 2, 3, tolérée

ailleurs à condition que la régénération forestière soit assurée de façon naturelle ou artificielle et à condition

que leur étendue ne vienne pas entraver la production de faune ongulée ». La Fédération québécoise de

canot-camping Inc. exige (1979, p.3) : « Que la coupe forestière soit subordonnée aux impératifs de

conservation de la faune d’abord, mais par un type de zonage approprié (…) », et la Fédération québécoise de

la montagne en appelle au Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pour qu’il (1979,

p.12) : « exerce une vigilance de tous les instants pour assurer une utilisation rationnelle des ressources

ligneuses dans le territoire proclamé « Réserve Faunique » ».

L’Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec, l’Association des industries forestières du

Québec Inc., et l’Ordre des ingénieurs forestiers n’adhèrent toutefois pas à cette idée, eux qui se voient retirer

les droits de coupe sur un territoire forestier très productif. En conséquence, l’Association des manufacturiers

de bois de sciage du Québec souhaite (1979, p.14) que : « la nouvelle délimitation n’affecte pas les exploitants

forestiers, donc permettre la récupération en priorité de bois marchands » ainsi que : « de prolonger dans la

zone dite « parc de conservation » des coupes sélectives pour une période de 5 ans. » Elle demande

également (1979, p.15) que : « des coupes à diamètre limite dans ces territoires bénéfiques pour la

conservation de la faune et le renouvellement d’un couvert forestier désiré soient pratiquées ». L’Ordre des

ingénieurs forestiers, lui, demande (1979, p.50) : « Que le territoire de ce plateau continue à faire partie des

terres publiques, serve de territoire récréatif, autant que possible, et continue à être prioritairement utilisé à

des fins d’exploitation forestière ». L’Association des industries forestières du Québec Inc. considère quant à

elle que la superficie des parcs projetés est trop grande, nuisant du même coup à la productivité de l’industrie

(1979, p.2) : « Nous sommes d’avis que vous pourriez, avec avantage, réduire la superficie des aires

protégées comme parcs de conservation (…). Nous croyons superflu et exagéré d’y inclure la portion du

plateau jusqu’à la route 175 qui est une des aires forestières les plus productives du parc.»

À l’opposé, il est souvent recommandé d’agrandir les limites du futur parc national afin d’inclure tout le bassin

de la rivière Jacques-Cartier, soit du grand lac Jacques-Cartier jusqu’à son embouchure, dans le fleuve Saint-

Laurent. Le Service des loisirs et parcs de la ville de Beauport note ainsi qu’il faudrait (1979, p.4) : « Agrandir

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les deux territoires (…). Ceux-ci sont trop restreints, on croirait se voir confiner dans une cage comme les 46

caribous. ». L’Association sportive Miguick Inc., Association sportive de chasse et de pêche de Plessisville fait

également la même requête (1979, p.5) :

Nous nous demandons si la loi pourra permettre au secteur de la Vallée de la Jacques-Cartier

de s’étendre vers l’est et d’inclure le secteur de la rivière Montmorency et si un certain périmètre

autour des Grands-Jardins pourra être ajouté si les besoins se font sentir afin de garder ce

territoire dans son intégrité et de permettre une meilleure circulation à la faune terrestre et de

procurer à cette faune terrestre ou aquatique une meilleure protection.

Le Comité de restauration de la Jacques-Cartier écrit aussi qu’il désire (1979, p.3-4): « que la prolongation du

Parc des Laurentides s’effectue d’une façon linéaire de chaque côté du lit de la rivière Jacques-Cartier jusqu’à

la région de Shannon. », tandis que la Société linnéenne de Québec recommande (1979, p.10) : « que la

Vallée de la Jacques-Cartier s’étende vers l’amont jusqu’à la tête de façon à y inclure le grand lac Jacques-

Cartier. »

La protection du patrimoine culturel, soit le sentier des Jésuites ainsi que différentes caractéristiques

géologiques (fossiles, glaciaires), est également revendiquée. Le Comité de restauration de la Jacques-Cartier

l’écrit d’ailleurs dans son mémoire (1979, p.3) : « (…) le cours moyen et inférieur de la Jacques-Cartier

renferme des trésors géologiques considérables (…). » Ainsi (1979, p.3) : « De très nombreux sites sont à

protéger tout au long du cours de la rivière. ». Quant au Sentier des Jésuites, le Service de loisirs et de parcs

de la ville de Beauport note (1979, p.2) : « On oublie d’inclure un sentier historique faisant partie de notre

patrimoine « Le Sentier des Jésuites ». Le Service demande donc (1979, p.4) de : « Protéger de façon

permanente le sentier des Jésuites (…) ».

La question de l’accessibilité, par tous les citoyens, est aussi soulevée lors des audiences publiques, comme

le soulignent les mémoires du Casting Club de Québec (1979, p.2) : « Nous croyons qu’il est très sage de

conserver tout le territoire restant du parc actuel en réserve faunique si nous voulons que demain nos enfants

puissent profiter des mêmes avantages que nous dans les domaines de la chasse et de la pêche ou autres

activités de plein air », de la Chambre de commerce senior de Saint-Raymond (1979, p.3) : « (…) nous

recommandons que le système qui est présentement en vigueur soit maintenu et amélioré de façon à

accommoder plus d’adeptes qui désirent pratiquer surtout la pêche », du Comité de citoyens de Saint-

Urbain (1979, p.2) : « Que les clubs et lacs soient tous accessibles à la masse de la population (…) », de la

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Commission scolaire régionale Chauveau, secteur foresterie 1979, (p.6-7) : « Nous recommandons de faciliter

l’accès de cette réserve faunique aux maisons d’enseignement qui dispensent des cours de foresterie tels

que : « agent de conservation de la faune », (…) Nous recommandons aussi de faciliter l’accès de ce territoire

aux groupes d’élèves accompagnés de leurs professeurs afin d’éduquer le plus de jeunes possible à la

conservation du milieu naturel », de la Maison Painchaud (1979, p.4) : « (…) que des arrangements spéciaux

demeurent possibles afin que l’accessibilité aux ressources de chasse et pêche demeure réelle pour notre

organisme et la clientèle que nous desservons », et de la Société linnéenne de Québec (1979, p.7) : « (…) il

faudra prévoir des extensions aux espaces retenus comme prioritaires puisque ces espaces sont et seront

pour les générations présentes et futures, par conséquent de plus en plus nombreuses ».

Finalement, les audiences publiques marquent le besoin d’une gestion des parcs nationaux par une autorité

unique, comme l’appuient la Commission scolaire régionale Chauveau, secteur foresterie (1979, p.8): « Nous

sommes d’avis que la gestion sur le territoire de la réserve faunique soit confiée à une autorité unique » et

Jean Piuze, de Québec (1979, p.13) : « Que, dans l’optique d’une éthique de l’environnement, une véritable

politique à long terme de mise en place d’un réseau de parcs de conservation soit élaborée, afin de viser à

protéger au moins 5% du territoire québécois ». L’autorité unique désignée devient, quelques années plus

tard, la Société des Établissements de Plein Air, encore aujourd’hui responsable du réseau des parcs

nationaux québécois (Gouvernement

du Québec, 1979).

Au terme des audiences publiques,

en 1980, la réalisation du plan

directeur du parc de la Jacques-

Cartier débute (SFPQ, 2004). En

1981, soit peu après l’adoption de la

Loi sur les parcs en 1977, le parc de

la Jacques-Cartier est officiellement

créé (SÉPAQ, 2014d). Il porte alors

le nom de parc de conservation et

devient un territoire voué uniquement

à la conservation, à l'éducation et à la

Figure 17: Localisation du parc national de la Jacques-Cartier. Source : Matthew Hatvany, 2012

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récréation (SÉPAQ, 2014d ; MDDELCC, 2002). Les activités d’exploitation commerciale des ressources

naturelles (mines, forêts, énergie, etc.) sont désormais interdites, ainsi que toute forme de chasse et de

piégeage (SÉPAQ, 2014d ; MDDELCC, 2002).

Conclusion

Ce chapitre a été consacré à l’étude de la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier. En lien avec

nos objectifs et notre thèse, il cherchait à démontrer que la patrimonialisation de la nature s’inspire

grandement de dimensions culturelles.

À travers le débat relié au projet Champigny, mais aussi la commission parlementaire qui lui a succédé et

l’adoption de la Loi sur les parcs à laquelle elle a conduit, il est apparu nettement que la patrimonialisation de

la vallée de la Jacques-Cartier a été alimentée par des processus discursifs mettant en valeur le caractère

d’exception du lieu sur le plan esthétique ainsi que sa portée sur un degré récréotouristique. À l’étape de

caractérisation patrimoniale qui a pris place suite au dévoilement du projet Champigny a finalement succédé

une période de conservation marquée par l’adoption de la Loi sur les parcs. Le parc national de la Jacques-

Cartier a été créé suite à cette étape. C’est ainsi qu’en plus de témoigner de l’influence des dimensions

culturelles, la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier tient une place historique dans l’affirmation

des politiques en matière de patrimoine naturel, au Québec.

Il faut également rappeler que la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier est à comprendre dans

le contexte de la création des zecs, de l’adoption de la Loi sur la qualité de l’environnement et de l’affirmation

du mouvement démocratique, ces éléments étant fortement liés par le sentiment d’appartenance des citoyens

envers le territoire québécois. C’est ainsi que la patrimonialisation de la nature continue à se nourrir de valeurs

culturelles, c’est-à-dire celles qui sont à la base du développement durable, et qui mènent à la mise en valeur

des territoires protégés d’abord et avant tout par et pour les citoyens.

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Chapitre 4 : Le patrimoine naturel à l’ère du

développement durable : quelques pistes d’action

au sein du parc national de la Jacques-Cartier et de

la SÉPAQ

En lien avec nos questionnements et objectifs de départ, nous avons démontré que la patrimonialisation de la nature, parce qu’elle puise dans les dimensions culturelles, permet d’enrichir les approches de conservation, plutôt que de mettre sous scellé les territoires à la façon d’une préservation qui ne s’occuperait que peu de la place de l’être humain dans les milieux naturels. À cet effet, le cas de la bataille de la Jacques-Cartier, qui a mené à l’adoption d’une loi majeure en matière de conservation, constitue sans aucun doute un cas particulier. À titre prospectif, le dernier chapitre de notre mémoire souhaite maintenant considérer la place qu’occupent la patrimonialisation et les approches de conservation au sein de l’actuel paradigme du développement durable. Pour ce faire, il se fonde toujours sur le cas du parc de la Jacques-Cartier, bien que celui-ci fasse désormais partie du réseau de la SÉPAQ. Le chapitre examine ainsi quelques manifestations actuelles de conservation prônées par la SÉPAQ au parc national de la Jacques-Cartier et qui sont créées dans une perspective de développement durable. Le chapitre s’appuie sur des sources premières qui, mis à part les législations, proviennent essentiellement de la gestion du parc et du réseau auquel elle appartient, la SÉPAQ.

4.1 Du parc de la Jacques-Cartier à la SÉPAQ

Depuis 1999, les parcs nationaux québécois au sud du 50e parallèle (on en compte maintenant 26, tous

établis sur les Terres de la Couronne) sont gérés par la Société des établissements de plein air du Québec

(SÉPAQ), une compagnie à fond social, créée en 1984 en vertu de la Loi sur la Société des Établissements de

Plein Air du Québec (SÉPAQ, 2014e).

En 1984, la SÉPAQ avait pour mission « d’administrer, d’exploiter et de développer, seule ou avec d’autres,

les équipements, les immeubles, ou les territoires à vocation récréative ou touristique qui lui sont transférés en

vertu de la présente loi » (Gouvernement du Québec, 1984, Loi sur la Société des Établissements de Plein Air

du Québec, Section II, Art.18), ainsi que de « concevoir, de construire, d’administrer, d’exploiter et de

développer, seule ou avec d’autres, tout autre équipement, immeuble, ou territoire à vocation récréative ou

touristique » (Gouvernement du Québec, 1984, Loi sur la Société des Établissements de Plein Air du Québec,

Section II, Art.18).

En 1999, la Loi sur la Société des Établissements de Plein Air du Québec est modifiée et la SÉPAQ a pour

nouvelle mission, en plus des mandats antérieurs, de protéger les patrimoines naturel et culturel des parcs

nationaux (ainsi que des réserves fauniques) tout en permettant leur accessibilité au public (SÉPAQ, 2014e ;

MDDELCC, 2014a; Gouvernement du Québec, 2014) :

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3° d'exploiter, dans les conditions prévues à la Loi sur les parcs (chapitre P-9), à la Loi sur le

parc marin du Saguenay-Saint-Laurent (chapitre P-8.1) ou à la Loi sur la conservation et la mise

en valeur de la faune (chapitre C-61.1), de même que dans le respect des politiques établies,

selon la matière visée, par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des

Parcs ou par le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, les parcs situés au sud du

territoire visé à la Loi sur les droits de chasse et de pêche dans les territoires de la Baie James

et du Nouveau-Québec (chapitre D-13.1) et des réserves fauniques; les frais de gestion,

calculés selon la méthode fixée par le gouvernement, sont supportés par celui-ci dans la mesure

qu'il détermine. (Gouvernement du Québec, 2001, Loi sur la Société des Établissements de

Plein Air du Québec, Section II, Art.18)

4.2 La Loi sur les parcs (2001) et le Loi sur le développement

durable (2006) : associer conservation, patrimoine naturel et

développement durable

En tant que modèle structurant, le développement durable s’impose aux activités effectuées par la SÉPAQ, et

à travers elle au parc de la Jacques-Cartier, par l’entremise des politiques publiques et, plus particulièrement,

de la Loi sur les parcs (2001) et de la Loi sur le développement durable (2006).

En 2001, des modifications sont apportées à la Loi sur les Parcs afin de renforcer la mission de conservation

des parcs nationaux (MDDELCC, 2002b). Les notions de conservation et de récréation sont abandonnées,

tandis que les mêmes activités demeurent permises ou prohibées, tel que convenu dans la loi de 1977. De

plus, tous les parcs du réseau Parcs Québec deviennent des parcs nationaux satisfaisants aux exigences de

l’UICN en matière d’aires protégées (SÉPAQ, 2014e). Tous poursuivent donc les mêmes objectifs, selon une

même définition :

Parc : un parc national dont l’objectif prioritaire est d’assurer la conservation et la protection

permanente de territoires représentatifs des régions naturelles du Québec ou de sites naturels à

caractère exceptionnel, notamment en raison de leur diversité biologique, tout en les rendant

accessibles au public pour des fins d’éducation et de récréation extensive. (MDDELCC,

2002b)16.

16 Une région naturelle correspond ici à « (…) une unité écologique fonctionnelle de haut niveau (grands écosystèmes) induite par une structure spatiale particulière, exprimée au travers de la nature du socle rocheux, de la configuration du relief, de l’hydrographie, des dépôts de surface, du climat, de la végétation, etc. » (Tingxian et Ducruc, 1999). Ce sont donc de grands ensembles tels que les

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Les modifications à la loi de 2001 ont donc pour conséquence de mettre la conservation en priorité, dans tous

les parcs nationaux québécois (MDDELCC, 2002b).

En ce qui la concerne, la Loi sur le développement durable est adoptée en 2006 (MDDELCC, 2006). Celle-ci a

pour but d’établir un cadre de responsabilisation commun aux ministères et organismes du Gouvernement du

Québec en ce qui a trait au développement durable. Elle définit le développement durable dans le sillage du

rapport Brundtland (1987) tout en tenant compte des avancées sociales au sein de la doctrine du

développement durable :

Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des

générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable s'appuie sur une vision à

long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale,

sociale et économique des activités de développement. (MDDELCC, 2006, Chapitre I, Article 2).

La loi établit 16 principes importants pour guider l’administration publique dans l’atteinte du développement

durable (MDDELCC, 2006). Parmi ces 16 principes, trois se distinguent particulièrement en ce qui a trait au

patrimoine et aux écosystèmes.

Le principe K, la « protection du patrimoine culturel », qui se compose tant de biens matériels que de

paysages ou de lieux, impose donc de prendre en compte le patrimoine culturel dans les objectifs de

développement durable (MDDELCC, 2006). À cet effet, la loi sur le développement durable soutient qu’il : «

importe d’assurer son identification, sa protection et sa mise en valeur, en tenant compte des composantes de

rareté et de fragilité qui le caractérisent » (MDDELCC, 2006, Chapitre II, Article 6).

Pour leur part, les principes C et L, la « protection de l’environnement » et la « préservation de la

biodiversité », tiennent compte de l’environnement et des écosystèmes. Ainsi, le principe C soutient que, dans

une optique de développement durable : « la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du

processus de développement » (MDDELCC, 2006, Chapitre II, Article 6). Le principe L, quant à lui, soutient

que : « la diversité biologique rend des services inestimables et doit être conservée pour le bénéfice des

Appalaches, les Basses-Terres-du-Saint-Laurent, les Laurentides méridionales, les Laurentides centrales, etc. (Tingxian et Ducruc, 1999).

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générations actuelles et futures. Le maintien des espèces, des écosystèmes et des processus naturels qui

entretiennent la vie est essentiel pour assurer la qualité de vie des citoyens » (MDDELCC, 2006, Chapitre II,

Article 6).

Afin d’atteindre le développement durable, la loi impose aux ministères et les organismes gouvernementaux

l’établissement d’un plan d’action suivi d’une stratégie en développement durable (MDDELCC, 2006). Le

contenu de la stratégie de développement durable, soit l’idée soutenue, les enjeux, les orientations ou les

lignes directrices d’action, ainsi que les cibles de développement durable, doit également refléter les diverses

préoccupations des citoyens, ainsi que leurs milieux et conditions de vie (MDDELCC, 2006). De ce fait, toutes

les situations, urbaines et rurales, ainsi que celles des communautés autochtones, sont prises en compte dans

l’élaboration de la stratégie (MDDELCC, 2006).

Dans le sillage de la Loi sur le développement durable, la SÉPAQ s’est dotée, en 2008-2009, d’un plan

d’action en développement durable (SÉPAQ, 2014g). Ce plan comporte quatre volets, soit Volet 1 – Informer,

sensibiliser, éduquer, innover, Volet 2- Produire et consommer de façon responsable, Volet 3 – Aménager et

développer le territoire de façon durable et intégrée et Volet 4 – Sauvegarder et partager le patrimoine collectif

(SÉPAQ, 2014).

Le quatrième volet est le plus significatif en ce qui concerne le patrimoine, naturel et culturel. Il consiste

notamment à considérer les milieux naturels comme patrimoine collectif et de ce fait, vise à maintenir l’intégrité

écologique à un certain niveau (SÉPAQ, 2014). À cet effet, la SÉPAQ a créé, en 2010, le Fonds Parcs

Québec, dédié uniquement à l’appui de projets servant à la protection et à la conservation des parcs nationaux

(SÉPAQ, 2014b). Dans le parc national de la Jacques-Cartier, cela a notamment permis la mise en place d’un

programme de caractérisation des anciens chemins forestiers dans l’aire de fréquentation du caribou forestier

afin de réduire les habitats propices à la prédation (SÉPAQ, 2014b). Ce projet se fait en partenariat avec la

Nation huronne-wendat (SÉPAQ, 2014b).

De plus, l’accent est mis sur l’acquisition de connaissances, culturelles, écologiques et historiques, sur les

différents territoires de la SÉPAQ (SÉPAQ, 2014b). Une telle position vise à mieux connaître le territoire et

ainsi de cibler, à l’aide de programmes de gestion du milieu naturel, les éléments et écosystèmes ayant le plus

besoin d’être protégés ou restaurés (SÉPAQ, 2014b).

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Par ailleurs, dans le sillage de la Loi sur les Parcs mais également en fonction des exigences reliées à

l’actualisation de son modèle d’affaires et d’entreprise, la SÉPAQ a préparé, pour la période couvrant les

années 2012 à 2017, un Plan Stratégique (PS) visant à favoriser la croissance de la SÉPAQ (SÉPAQ, 2014b).

Le PS comporte cinq enjeux et cinq orientations liées à ceux-ci (SÉPAQ, 2012).

Le premier enjeu, la conservation du patrimoine, est soutenu par l’orientation « assurer la conservation du

patrimoine naturel et culturel » (SÉPAQ, 2012). Différents axes d’intervention ont été ciblés en ce sens,

notamment le maintien de l’intégrité écologique et l’augmentation de la connaissance des territoires (SÉPAQ,

2012). Un document complémentaire a aussi été produit à cet effet : la Stratégie de Conservation de la

SÉPAQ (SÉPAQ, 2013).

Cette Stratégie vise à orienter les actions de la SÉPAQ afin de favoriser la conservation du patrimoine naturel

et culturel et de maintenir l’équilibre entre les différentes sphères du développement durable (SÉPAQ, 2013).

Diverses démarches sont alors possibles : maintenir l’intégrité écologique, minimiser les impacts des différents

services offerts, effectuer des suivis et inventaires de la faune et de la flore, gérer les perturbations naturelles

et anthropiques, etc. (SÉPAQ, 2013). Ces outils de mesure, tels que le PSIE, ont été mis en place afin de

savoir si les mesures mises de l’avant ont des répercussions positives dans l’atteinte de la mission de

conservation des parcs (Charest et Mondou, 2005).

La Stratégie propose également des collaborations entre les divers acteurs impliqués ainsi que des outils

d’information afin de sensibiliser les acteurs et la clientèle à la conservation des patrimoines naturel et culturel

(SÉPAQ, 2013). En ce sens, la mobilisation de la population permet, à l’aide de la Table d’harmonisation, une

concertation entre les divers acteurs impliqués dans la gestion des parcs nationaux (scientifiques, industrie

touristique, groupes environnementaux, monde des affaires, etc.) (Charest et Mondou, 2005 ; SÉPAQ, 2013).

Pour sa part, l’enjeu « essor économique des régions, dans un contexte de développement durable » est

soutenu par l’orientation « contribuer au développement durable du tourisme de nature » (SÉPAQ, 2012). Les

interventions visent alors à assurer des retombées économiques en région, par exemple en créant des

richesses collectives à l’aide de partenariats d’affaires, ainsi qu’à assurer la pérennité du patrimoine géré par

la SÉPAQ (SÉPAQ, 2012). En ce sens, des investissements sont faits chaque année pour favoriser la

protection du territoire et afin de diminuer l’empreinte écologique de la Société elle-même (SÉPAQ, 2012).

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L’enjeu « accroissement de la clientèle et de sa satisfaction » cherche à offrir un bon produit et à répondre aux

attentes de la clientèle (SÉPAQ, 2012). À cet effet, l’orientation « garantir une expérience client de qualité »

mise sur une démarche de qualité ainsi que sur des activités adaptées et personnalisées afin de favoriser le

contact du client avec la nature (SÉPAQ, 2012). Des outils éducatifs sont ainsi disponibles, afin de sensibiliser

la clientèle aux diverses caractéristiques des patrimoines naturel et culturel (activités de découvertes, groupes

scolaires, etc.) (Charest et Mondou, 2005 ; SÉPAQ, 2012).

Le quatrième enjeu, « croissance des revenus », inspiré en grande partie par l’obligation qu’ont les sociétés

d’État québécoises à engendrer des revenus, porte sur le rapport qualité-prix des produits de la SÉPAQ

(SÉPAQ, 2012). Ainsi, l’orientation « générer de nouveaux revenus » mise sur la bonification des activités

ainsi que sur la diversification des revenus, par exemple à l’aide d’alliances stratégiques en marketing

(SÉPAQ, 2012). Sur ce point, il faut noter que la santé financière des parcs se maintient grâce à la tarification

d’accès aux parcs nationaux, qui représente la contribution des visiteurs à la conservation et à la mise en

valeur du patrimoine naturel du Québec (SÉPAQ, 2014c). Les sommes ainsi recueillies sont totalement

réinvesties dans les parcs (infrastructures, activités, etc.), au profit des générations actuelles et futures.

(SÉPAQ, 2014c).

Le dernier enjeu, « l’amélioration continue de performance organisationnelle » cherche à maximiser les

méthodes de gestion de la SÉPAQ (SÉPAQ, 2012). L’orientation « accroître l’agilité et la souplesse de

l’organisation » cherche donc à améliorer l’administration des ressources humaines, en misant sur

« l’expérience employé », ainsi que les processus d’affaires, notamment à travers les outils technologiques et

administratifs (SÉPAQ, 2012).

4.3 Conservation, patrimoine naturel et développement durable au

sein du parc national de la Jacques-Cartier

En plus de sa Stratégie de conservation et en réponse à l’encadrement de la Loi sur les parcs et de la Loi sur

le développement durable, la SÉPAQ s’est dotée de plusieurs outils modernes considérés de conservation du

patrimoine naturel. Elle a d’abord instauré un zonage légal possédant différents degrés de conservation, ceux-

ci se modifiant en fonction de la vulnérabilité ou de l'importance écologique des habitats présents : zone de

préservation extrême, de préservation, d'ambiance, de services et de récréation intensive (SÉPAQ, 2014a).

De ce fait, les activités humaines jugées tolérables changent en fonction de la désignation de ces différentes

zones (SÉPAQ, 2014a). Par exemple, il est attendu que les zones de services soient plus développées et que

les zones de préservation extrême ne soient l’objet d’aucune activité humaine (SÉPAQ, 2014a). Les

gestionnaires des parcs nationaux se doivent donc d'opter pour une approche réfléchie en ce qui a trait à tout

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projet de développement et pour toute intervention visant à rétablir ou à modifier le patrimoine naturel ou

culturel (SÉPAQ, 2014a).

Afin d’assurer la protection du patrimoine naturel et puisque l’atteinte de cet objectif ne serait possible sans

une connaissance adéquate des conditions actuelles et de l’évolution des écosystèmes, la SÉPAQ a

également mis en place le programme de suivi de l’intégrité écologique (PSIE) (SÉPAQ, 2014a ; Timko et

Innes, 2009). L’objectif du PSIE est clair : il cherche à suivre l'évolution du niveau d'intégrité écologique17 dans

les parcs nationaux du Québec, à l’aide de différents indicateurs (SÉPAQ, 2014a). La mise en place, le suivi et

l’administration du PSIE sont gérés par les responsables du service de la conservation et de l'éducation

(RSCE) de chacun des parcs (SÉPAQ, 2014a). Ces derniers sont les responsables du programme auprès du

réseau des parcs et doivent toujours être au courant de la situation du PSIE de leur parc, notamment afin de

pouvoir communiquer les récents développements aux autres gestionnaires et au public en général (SÉPAQ,

2014a).

Le PSIE comprend également trois objectifs spécifiques, applicables au sein des parcs même (SÉPAQ,

2014a). Il tente d’abord d’évaluer

l'efficacité globale des principes de

gestion par rapport à la mission de

conservation, c’est-à-dire qu’il cherche à

vérifier, concrètement, si les mesures de

gestion sont bénéfiques pour les

écosystèmes (SÉPAQ, 2014a). Aussi, il

tente de détecter la présence ou

l'apparition de conditions singulières et,

dans de tels cas, s’assure de

l’application de mesures rectificatives ou

d'atténuation, lorsque ces dernières

sont envisageables (SÉPAQ, 2014a ; Timko et Innes, 2009). L’atteinte de ces deux objectifs est notamment

réalisable grâce au suivi de divers indicateurs, légèrement différents d’un parc à l’autre, ainsi qu’à l’archivage

d’information, qui rend possible le suivi des indicateurs et de l’évolution des écosystèmes sur une longue

période de temps (SÉPAQ, 2014a ; Timko et Innes, 2009). Cela permet, en somme, d’augmenter l’efficacité

des stratégies de gestion au fil du temps (Timko et Innes, 2009). Le dernier objectif spécifique consiste en la

17 L’intégrité écologique est l’état réel du parc. Son suivi permet d’observer les modifications faites dans l’environnement et l’efficacité des mesures de protection (SÉPAQ, 2014a).

Figure 18: Inventaire de chicots lors d'une étude de suivi de l'intégrité écologique. Photo : ©Mathilde Crépin-Bournival, 2015.

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diffusion d'information en regard de l'évolution de l'état de santé des parcs auprès des autorités

gouvernementales, des collaborateurs, des utilisateurs et du public en général (SÉPAQ, 2014a).

Ces objectifs contribuent notamment à atteindre des buts de conservation plus globaux, c’est-à-dire à acquérir

des connaissances sur le patrimoine naturel, utiles pour aider les gestionnaires à prendre les meilleures

décisions possibles, ainsi qu’à mieux exprimer les repères, pour les différentes mesures de gestion, participant

à la mission des parcs nationaux, soit à assurer la protection permanente du patrimoine naturel tout en

garantissant l'accessibilité aux territoires (SÉPAQ, 2014a ; Timko et Innes, 2009).

Le parc national de la Jacques-Cartier possède, pour sa part, vingt-et-un indicateurs, mieux détaillés dans

l’Annexe III. Grâce au suivi généré par le PSIE 2003-2012, les gestionnaires ont pu constater une stabilité

notable de l’intégrité écologique, voire même une amélioration pour certains indicateurs, notamment en ce qui

a trait à l’organisation du territoire et aux infrastructures. Ces dernières données sont d’autant plus importantes

puisque l’une des pressions majeures sur le parc provient des activités humaines, presque toutes concentrées

dans la vallée de la Jacques-Cartier.

Dans le contexte du développement durable, le recours à la technique du zonage et les démarches au profit

du maintien de l’intégrité écologique (qui sont à l’origine de la spécialisation disciplinaire du biologiste) ont

pour but de raffermir les approches de conservation du patrimoine naturel à l’intérieur du réseau de la SÉPAQ

et du parc national de la Jacques-Cartier. Au passage, ils spécifient encore plus (et peut-être même limitent) la

nature des activités qui peuvent être imaginées et pratiquées au sein des parcs nationaux. Le paradigme du

développement durable s’alimente également de la pratique de l’écotourisme (tourisme durable), aux fins

duquel les établissements du réseau de la SÉPAQ et le parc national de la Jacques-Cartier développent de

nouvelles activités et initiatives. Des activités de découvertes et d’information sont destinées au grand public,

afin de le sensibiliser et de l’éduquer quant aux conditions des patrimoines culturels et naturels présents dans

les parcs nationaux (SÉPAQ, 2014b). Ainsi, l’Explorateur Parc Parcours, un parcours d’interprétation,

autoguidé à l’aide de téléphones intelligents, est offert dans plusieurs parcs, dont au parc national de la

Jacques-Cartier (SÉPAQ, 2014b). D’autres activités d’interprétation sont également offertes par les

naturalistes (SÉPAQ, 2014b). Aussi, un blogue de conservation et un bulletin de conservation sont disponibles

pour les visiteurs, afin de présenter les divers éléments de la conservation, mais aussi les projets de

conservation et leurs résultats (SÉPAQ, 2014b). Pour la SÉPAQ, de telles initiatives permettront de conserver

et de mettre en valeur les richesses naturelles propres au parc et ce, pour les générations présentes et à venir

(SÉPAQ, 2014).

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Dans la cadre de ses orientations institutionnelles, la SÉPAQ a, en outre, créé un Programme de Gestion

Environnementale (PGE) visant à réduire l’empreinte écologique des parcs par la diminution et une meilleure

gestion de l’énergie, de l’eau, des matières résiduelles et des matières dangereuses et toxiques (SÉPAQ,

2014 ; SÉPAQ, 2014g). Ce programme vise aussi une meilleure gestion des aménagements, de même que le

développement de meilleures pratiques de gestion hôtelière et d’achats, ce qui contribue à la conservation des

écosystèmes (SÉPAQ, 2014g).

Par exemple, des systèmes de navette, modèles de transport collectif, ont été mis en place dans certains

parcs lors de journées de fort achalandage (SÉPAQ, 2014g). Des véhicules électriques sont également

utilisés sur certains sites de camping, ainsi que des robinets, douches et toilettes à consommation réduite, etc.

(SÉPAQ, 2014g). Il est aussi mentionné, dans les règlements du parc national de la Jacques-Cartier, qu’il est

interdit, dans le but de préserver les ressources naturelles pour les générations futures, de prélever des

éléments naturels sur le site du parc national (bois, plantes, fruits, etc.) (SÉPAQ, 2014f).

L’aspect de la gestion hôtelière est particulièrement important dans le troisième volet, puisqu’il se situe dans la

lignée de l’essor des types d’hébergement dans les parcs nationaux québécois (SÉPAQ, 2014f). Cet élément

est d’autant plus essentiel dans une optique d’écotourisme, qui tend à minimiser ses impacts négatifs sur les

écosystèmes et les communautés locales (Turtureanu et al. 2011). L’hébergement est aussi important afin de

satisfaire les attentes de la clientèle, fortement citadine, qui recherche le confort de la ville, en nature (Chaire

de Tourisme Transat, 2012).

En effet, selon la Chaire de Tourisme Transat (2012), les campeurs, qui s’adonnent à cette activité notamment

en raison de l’attrait de la nature, proviennent surtout des villes de Montréal et Québec, et de leurs

arrondissements. Comme le mentionne Campbell (2008, p.28) : «Most visitors are urbanites who come

seeking a glimpse of a mysterious, spirit-filled wilderness, or the colourful life of the pays d’en haut. 18»

L’augmentation des populations urbaines et l’engouement pour les environnements naturels poussent ainsi les

parcs nationaux à offrir des lieux d’hébergement à proximité des villes (Chaire de Tourisme Transat, 2012).

18 Traduction de l’auteur : « La plupart des visiteurs sont des urbains qui viennent chercher une parcelle d’une mystérieuse vie sauvage, empreinte d’un esprit particulier, ou la vie coloré des pays d’en-haut.

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64

Cette dernière

tendance se

traduit

notamment par

l’essor d’un

nouveau type de

camping, le

glamping

(Brooker et

Joppe, 2013).

Alliant glamour

(en français,

charme) et

camping, ce

terme désigne un

type de camping luxueux, présent notamment dans les safaris africains (tentes luxueuses, mets recherchés,

guides et interprètes, etc.), mais de plus en plus établi dans les parcs nationaux (yourtes, chalets et autres

hébergements uniques rappelant le confort de la maison, etc.) (Brooker et Joppe, 2013). Il représente la

maturation du camping traditionnel, ayant pour nouvel accent l’hébergement confortable en plein air (Brooker

et Joppe, 2013). Ce type de camping permet notamment de diversifier la clientèle, en proposant diverses

possibilités au camping traditionnel (Brooker et Joppe, 2013).

De plus, la majorité de la clientèle utilisant les types d’hébergement, en majeure partie citadine, favorise les

pratiques écoresponsables sur ces lieux (Chaire de Tourisme Transat, 2012). Ainsi, de nombreux campeurs,

en plus d’être ouverts à la mise en place de certifications d’hébergement écologiques, ont adopté des

comportements écoresponsables tels qu’éviter le gaspillage d’eau et d’énergie et éviter la surconsommation

de produits dérivés de plastique (bouteilles, sacs, etc.) (Chaire de Tourisme Transat, 2012).

L’offre d’hébergement se diversifie alors, et en plus du camping traditionnel, du refuge et des camps rustiques,

on retrouve aujourd’hui une panoplie d’hébergements, de plus en plus écologiques et misant sur l’expérience

du visiteur (SÉPAQ, 2014h). Il est donc possible de loger dans un camp de prospecteur, dans une yourte,

dans un chalet compact ou dans un chalet classique, mais aussi dans des infrastructures plus modernes telles

que le Chalet Nature et le Chalet EXP. (SÉPAQ, 2014i).

Figure 19: Repos et hébergement au parc national de la Jacques-Cartier. Photo : © Mathilde Crépin-Bournival, 2015.

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Le Chalet Nature, construit en bois, est de petite taille, afin de diminuer son empreinte écologique (SÉPAQ,

2014i). De plus, il est construit au cœur des activités ; il limite donc les déplacements des visiteurs et

employés (SÉPAQ, 2014i).

Le Chalet EXP., quant à lui, est fait de façon à augmenter l’expérience nature du visiteur : construit en bois,

vitré, il donne l’impression d’être toujours un peu à l’extérieur, tout en étant dans le confort de l’intérieur

(SÉPAQ, 2014i). Petit, il est constitué d’une seule pièce, ce qui minimise les pertes de chaleur et donc,

diminue l’empreinte écologique (SÉPAQ, 2014i).

Ces efforts pour réduire l’empreinte écologique de la SÉPAQ portent d’ailleurs fruit : en 2013-2014, la quantité

totale de gaz à effet de serre diminue de 13,6%, alors que la cible est de -8% (SÉPAQ, 2014b). La quantité

d’électricité achetée diminue de 9,9%, pour une cible de -6%, tandis que le pourcentage de recyclage versus

le potentiel de recyclage obtient le résultat de 73,8%, pour une cible de 70% (SÉPAQ, 2014b). La quantité

d’eau potable consommée diminue également de 29,4 %, alors que le pourcentage ciblé est de -9 % (SÉPAQ,

2014b).

Ainsi que le suggère cette brève énumération, à l’ère du développement durable, le concept d’écotourisme

(tourisme durable) joue une fonction motrice dans la conception des activités mises de l’avant par le réseau de

la SÉPAQ et par le parc national de la Jacques-Cartier. Celles-ci laissent percevoir clairement le fait qu’elles

reposent sur une nature récréative tout comme éducative et qu’elles possèdent une dimension consumériste

destinée à attirer les clientèles des villes.

Conclusion

À titre prospectif, ce dernier chapitre souhaitait examiner la place que détiennent la patrimonialisation et les

approches de conservation au sein du modèle actuel du développement durable. Pour y arriver, il s’est appuyé

sur la documentation produite par le réseau de la SÉPAQ dont fait maintenant partie le parc national de la

Jacques-Cartier. Après avoir situé l’action de la SÉPAQ dans le contexte de la Loi sur les parcs (2001) et de la

Loi sur le développement durable (2006), ce chapitre a montré que, dans les parcs nationaux du Québec, les

approches de conservation et le patrimoine naturel sont aujourd’hui encadrés par une série de mesures

techniques (zonage) et scientifiques (l’intégrité écologique du biologiste). Il a également présenté qu’à l’ère du

développement durable, l’écotourisme (tourisme durable) participe à influencer les activités et les initiatives

mises de l’avant dans les parcs nationaux du Québec en colorant celles-ci d’un aspect récréatif et éducatif

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naturellement destiné aux clientèles des villes. C’est ainsi que la patrimonialisation de la nature continue à se

nourrir de valeurs culturelles, c’est-à-dire celles qui sous-tendent le développement durable.

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Conclusion

Comme nous l’avons mentionné précédemment, le patrimoine culturel, largement influencé par les réalités

économiques et les idéologies des acteurs engagés dans le mouvement, constitue, selon les chercheurs, une

construction (Di Méo, 2008 ; Berthold, 2012). Les études relatives au patrimoine naturel, plus rares, suggèrent

également que ce type de patrimoine est le résultat de processus de patrimonialisation considérablement

inspirés d’éléments semblables (Howard et Papayannis 2007). Dans cette optique, la patrimonialisation des

milieux naturels serait à la jonction de la nature et de la culture et pourrait mener à une plus grande

responsabilité sociale et individuelle et, ainsi, concourir aux efforts de conservation de la nature, telle que nous

l’avons décrite dans le chapitre un (Howard et Papayannis 2007).

Le présent mémoire souhaitait développer une réflexion sur le rôle que tiennent les processus et politiques de

patrimonialisation, ainsi que les dimensions culturelles qui le sous-tendent, dans la création d’un parc national.

Nous avons vu qu’au Québec, la conservation des milieux naturels est, depuis 2002, encadrée par la Loi sur le

patrimoine naturel (MDDELCC, 2002b). De plus, certaines études en matière de patrimoine naturel ayant été

consacrées aux aires protégées, pointent les tensions que peut susciter la mise en valeur du patrimoine dans

certains types d’aires protégées.

Toutefois, les auteurs n’ont, jusqu’ici, pas cherché à mesurer l’impact que peuvent avoir les politiques de

patrimonialisation sur les parcs nationaux, alors que celles-ci peuvent, à terme, modifier les usages des

territoires et les activités qui s’y rattachent. Nous posions donc la question suivante : comment les processus

de patrimonialisation des milieux naturels et les politiques qui s’y rattachent façonnent-ils l’aire protégée qu’est

le parc national ? L’hypothèse soutenue était la suivante : les processus de patrimonialisation et les politiques

qui s’y rattachent modifient les usages des territoires en leur insufflant des dynamiques liées à la culture. De

fait, à l’échelle du parc national, ils accentuent les actions qui visent la conservation des écosystèmes.

Pour cette recherche, le parc national de la Jacques-Cartier a constitué notre terrain d’études. D’abord partie

intégrante du parc des Laurentides, la création du parc national de la Jacques-Cartier fut d’autant plus

importante puisqu’elle pava la voie à l’élaboration d’une politique des parcs au Québec (SFPQ, 2004) et, de là,

à l’adoption de la Loi sur les parcs (1977).

La présente recherche poursuivait les objectifs suivants : 1 - contribuer à la connaissance des processus et

politiques de patrimonialisation des écosystèmes et des dynamiques culturelles qui s’y rattachent ; 2- éclairer

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le concept de « conservation » à l’aune des dynamiques de la patrimonialisation ; 3- étudier le rôle des

processus et politiques de patrimonialisation dans la création d’un parc national ; 4- examiner les formes que

peut prendre la patrimonialisation dans une aire protégée, plus spécifiquement dans un parc national dans le

contexte du développement durable ; 5- documenter, de façon approfondie, l’étude de cas du parc de la

Jacques-Cartier.

Afin de répondre aux objectifs et à la question de recherche, le texte s’est appuyé principalement sur une

étude discursive, cette méthode d’analyse étant particulièrement appropriée au contexte de notre recherche.

L’analyse des discours présentée ici a donc utilisé des sources premières, c’est-à-dire des articles de

journaux, études et « croquis » (d’époque), lois, etc., étudiés en deux temps, d’abord séparés puis croisés. La

représentation des données obtenues a été transmise de manière écrite, c’est-à-dire consignée dans le

présent travail.

Le premier chapitre contenait la revue de littérature des divers concepts abordés dans la présente recherche.

À l’aide de différents articles scientifiques, ce chapitre a permis de mettre les bases d’une bonne

compréhension du sujet traité dans le présent mémoire et de justifier nos questionnements et hypothèses. Il a

également permis de situer plus précisément le rôle que tiennent les processus de patrimonialisation dans la

dichotomie « conservation / préservation », soit l’augmentation des efforts de conservation.

Le second chapitre visait à ouvrir la porte à l’étude de la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier,

soit l’angle empirique à partir duquel nous souhaitions, dans ce mémoire, étudier la patrimonialisation des

parcs nationaux comme phénomène de culture. Sur la base de sources premières, dont plusieurs documents

d’archives tels que la Loi sur les Parcs de 1895, des textes des lois d’époque, des documents touristiques et

rapports administratifs contenus dans les archives, mais également des ouvrages d’histoire et divers

documents produits par des groupes d’intérêt, nous avons survolé le contexte de création du parc des

Laurentides, à la fin du 19e siècle, et les principaux aspects des activités qui y étaient menées. Nous avons

entrevu l’importance que tenait, au sein du parc, la réserve forestière, y trouvant du même coup une

conception de la conservation ouverte à l’exploitation des ressources forestières. Puis, en fin de période, nous

nous sommes aperçus que la montée des activités de pêche visant le personnage du sportsman américain a

été d’une grande importance dans l’évolution des pratiques de conservation au sein du parc des Laurentides.

Amplement récréatives et empreintes de motivations culturelles, ces activités ont constitué un premier pas

vers un changement de fonction du milieu. En effet, sous leur impact, le parc s’est doté d’une fonction «

emblématique » liée à l’appréciation esthétique du territoire pour ses qualités pittoresques.

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Le troisième chapitre a été dédié à l’étude de la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier. En lien

avec nos objectifs et notre thèse, il cherchait à démontrer que la patrimonialisation de la nature s’inspire

fortement de dimensions culturelles. À cet effet, les mémoires présentés dans le cadre des audiences

publiques sur le parc des Laurentides en 1979, la Loi sur les parcs (1895, 1977 et 2001) ainsi que la Loi sur le

patrimoine naturel, entrée en vigueur en 2002, ont été étudiés. À travers la polémique reliée au projet

Champigny, mais également la commission parlementaire qui l’a suivie et l’adoption de la Loi sur les parcs à

laquelle elle a conduit, il est apparu clairement que la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier a

été alimentée par des processus discursifs mettant en valeur le caractère d’exception du lieu sur le plan

esthétique ainsi que sa portée sur le plan récréotouristique. À l’étape de la caractérisation patrimoniale qui a

pris place suite au dévoilement du projet Champigny a finalement succédé une phase de conservation

marquée par l’adoption de la Loi sur les parcs. C’est dans son sillage qu’a été créé le parc national de la

Jacques-Cartier. Ce chapitre a permis de confirmer que la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier

occupe une place historique dans l’affirmation des politiques en matière de patrimoine naturel, au Québec.

La partie a également rappelé que la patrimonialisation de la vallée de la Jacques-Cartier est à comprendre

dans le contexte de la création des zecs, de l’adoption de la Loi sur la qualité de l’environnement et de

l’affirmation du mouvement démocratique, ces éléments étant fortement liés par le sentiment d’appartenance

des citoyens envers le territoire québécois. C’est ainsi que la patrimonialisation de la nature continue à se

nourrir de valeurs culturelles, c’est-à-dire celles qui sont à la base du développement durable, et qui mènent à

la mise en valeur des territoires protégés d’abord et avant tout par et pour les citoyens.

Le quatrième et dernier chapitre souhaitait examiner la place qu’occupent la patrimonialisation et les

approches de conservation au sein du paradigme actuel du développement durable. Pour ce faire, il s’est

appuyé sur la documentation produite par le réseau de la SÉPAQ dans lequel est maintenant compris le parc

national de la Jacques-Cartier. Après avoir situé l’action de la SÉPAQ dans le contexte de la Loi sur les parcs

(2001) et de la Loi sur le développement durable (2006), ce chapitre a montré que, dans les parcs nationaux

du Québec, les approches de conservation et le patrimoine naturel sont aujourd’hui encadrés par une série de

mesures techniques (zonage) et scientifiques (l’intégrité écologique du biologiste). Il a également fait la

démonstration qu’à l’ère du développement durable, le tourisme durable concoure à appuyer les activités et

les initiatives mises de l’avant dans les parcs nationaux du Québec en apportant à celles-ci une couleur

récréative et éducative naturellement vouée aux clientèles urbaines. C’est ainsi que la patrimonialisation de la

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nature continue à s’alimenter de valeurs culturelles, c’est-à-dire celles qui sont à la base du développement

durable.

Suite à l’étude présentée ici, il convient de revenir sur l’hypothèse que nous posions en début de mémoire, soit

la présomption que les processus de patrimonialisation et les politiques qui s’y rattachent modifient les usages

des territoires en leur insufflant des dynamiques liées à la culture. De fait, à l’échelle du parc national, ils

accentueraient les actions qui visent la conservation des écosystèmes.

Nous croyons que cette hypothèse, basée sur l’étude des multiples documents provenant de diverses

sources, s’avère vraie. L’exemple du parc de la Jacques-Cartier illustre assurément cette affirmation, lui qui

détint d’abord essentiellement le titre de réserve forestière, comportant ainsi une vision de la conservation liée

à l’exploitation forestière, et plus tard, en raison de la progression des activités de pêche visant le sportsman

américain, un titre beaucoup plus récréatif et empreint de motivations culturelles, tournées vers l’esthétisme du

parc, induisant un premier pas vers un changement de fonction du milieu. Comme l’écrit MacEarchern (2001,

p.4) : « And more than this, the naturalness of the park is itself a product of cultural decisions. People chose

this land to be a national park for a variety of aesthetic, economic and political reasons and every subsequent

decision also bore cultural weight. We cannot see national parks as natural without understanding that it is our

culture that has made them so and declares them so.19»

La « bataille de la Jacques-Cartier », développée dans le chapitre trois, exprime bien le passage d’une

conservation orientée vers l’exploitation des ressources, vers une conservation liée aux motifs culturels,

nourrie par des processus discursifs mettant en valeur le caractère d’exception du lieu sur le plan esthétique

ainsi que sa portée sur le plan récréotouristique, mais aussi rehaussés d’une affirmation de la démocratie et

d’une réappropriation du territoire suite au « déclubage » effectué par le gouvernement québécois. De ce fait,

à l’issue du projet Champigny s’est développée une importante étape de conservation marquée par l’adoption

de la Loi sur les parcs. Dans son sillage a été créé le parc national de la Jacques-Cartier, certifiant une fois de

plus de l’influence des dimensions culturelles en matière de patrimoine naturel, au Québec.

Finalement, le chapitre quatre a été l’occasion de démontrer qu’à l’échelle du parc national, à l’ère du

développement durable, les processus de patrimonialisation accentuent les actions qui visent la conservation

19 Traduction de l’auteur : «Et plus que cela, le naturel du parc est lui-même un produit de décisions culturelles. Les gens ont choisi cette terre pour être un parc national selon une variété de raisons esthétiques, économiques et politiques et chaque décision subséquente porte aussi ce poids culturel. Nous ne pouvons pas voir les parcs nationaux comme naturels sans comprendre que c’est notre culture qui les a construit ainsi et qui les a déclarés ainsi.»

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des écosystèmes, entre autres grâce à l’écotourisme (tourisme durable). Celui-ci teinte en effet les activités et

initiatives de conservation d’un aspect récréatif et éducatif fondamentalement destiné aux clientèles des villes.

C’est ainsi que la patrimonialisation de la nature continue à s’alimenter de valeurs culturelles, c’est-à-dire

celles qui soutiennent le développement durable. Comme le mentionne Craig-Dupont (2012, p. 83): « En tant

qu’interprétation de l’histoire naturelle et culturelle des paysages, les parcs nationaux peuvent ainsi être vus

comme des productions historiographiques. En effet, les parcs sont la matérialisation d’une interprétation

particulière du milieu naturel qui fait des paysages sublimes de l’Amérique du Nord un patrimoine naturel

fondamental de l’histoire culturelle nord-américaine. »

Notre hypothèse s’inspire toutefois largement de recherches théoriques en développement et d’autres

recherches empiriques, ou études de cas, seront nécessaires pour la confirmer. Certains aspects pourraient

être vérifiés, entre autres les similitudes des processus entre différentes régions du Québec, ou du monde. En

effet, notre recherche se basait exclusivement sur le parc national de la Jacques-Cartier, mais il serait

intéressant de savoir si les mêmes conclusions peuvent être tirées dans le cas d’autres parcs nationaux et

sinon, ce qui distingue ce parc des autres, que ce soit dans sa composition esthétique particulière ou dans les

mouvements qui sous-tendent le processus de patrimonialisation. Peut-être y existerait-il des différences

notables à différents niveaux, par exemple au plan de la localisation des parcs, que ce soit par rapport à la

proximité des villes, ou des classes de population interpellées par le processus de patrimonialisation ?

Tous ces aspects culturels, étudiés ici dans le cas du parc national de la Jacques-Cartier, sont susceptibles

d’orienter les méthodes de gestion vers une administration des milieux naturels de plus en plus consciente et

soucieuse des besoins culturels des populations auxquelles elle s’identifie. En ce sens, la présente recherche

a permis une meilleure compréhension de certains mouvements et jeux d’acteurs derrière la patrimonialisation

des milieux naturels. Elle a permis de retracer l’histoire de l’une des premières et plus importantes batailles

environnementales au Québec, et de mieux comprendre, autant en précision qu’en globalité, les logiques

d’actions et les motifs qui animaient ses acteurs, puisque prenant en compte de nombreux aspects de ces

motivations. Elle a aussi permis de retracer l’évolution du concept de « conservation » et de mieux

comprendre ses implications actuelles. Fortement lié à l’exploitation des ressources forestières et halieutiques,

il est maintenant largement axé sur la récréation et l’éducation des populations qui fréquentent les milieux

naturels.

Un apport notable de notre réflexion concerne le développement durable ; en prenant en compte divers

éléments, provenant tous d’une sphère ou d’une autre du développement durable, cette recherche invite à une

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prise en compte globale des éléments composant un parc et son histoire. Elle pourrait ainsi guider, ou à tout le

moins outiller, des décideurs dans une gestion des milieux naturels en constante évolution, où les frontières

entre nature et culture n’ont jamais été aussi minces.

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ASSOCIATION DES MANUFACTURIERS DE BOIS DE SCIAGE DU QUÉBEC (1979) « Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 15 p. ASSOCIATION DES PARCS NATIONAUX ET PROVINCIAUX DU Canada (1973) « A brief to The Joint Parliamentary Committee on Industry and Commerce, Tourism, and Fish and Game, Government of Quebec », Mémoire, Ontario, 3 p. ASSOCIATION SPORTIVE MIGUICK INC., ASSOCIATION SPORTIVE DE CHASE ET DE PÊCHE DE PLESSISVILLE (1979) « Mémoire sur les Parcs et Réserves des Laurentides », Mémoire, Plessisville, 8 p. ASSOCIATION TOURISTIQUE DE CHARLEVOIX INC. (1979) « Mémoire », Mémoire, La Malbaie, 3 p. ASSOCIATION TOURISTIQUE DU SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN—CHIBOUGAMAU (1979) « Le Parc des Laurentides, une porte sur la région 02 », Mémoire, Alma, 11 p. BÉDARD, Jean et Jean HUOT (1979) « Audiences publiques : Parc des Laurentides », Mémoire, Tewkesbury, 6 p. BÉLANGER, Louis, DARVEAU, Marcel et Benoît HOUDE (1979) « Mémoire concernant le réaménagement du Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 5 p. CASTING CLUB DE QUÉBEC INC. (1979) « Mémoire », Mémoire, Québec, 3 p. CENTRE DE RECHERCHE ÉCOLOGIQUE DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL (1973) « Position du Centre de Recherche Écologique de l’Université du Québec à Montréal sur le Projet Champigny (Aménagement hydroélectrique de la rivière Jacques-Cartier) », Mémoire, Québec, 7 p. CHAMBRE DE COMMERCE SENIOR DE SAINT-RAYMOND (1979) « Modification des limites du Parc des Laurentides », Mémoire, Saint-Raymond, 4 p. CLAVEAU, Denis et Jocelyn VÉZINA (1979) « Mémoire concernant le réaménagement du Parc des Laurentides », Mémoire, Chicoutimi, 6 p. CLUB DES ORNITHOLOGUES DU QUÉBEC (1979) « Mémoire du club des ornithologues du Québec », Mémoire, Québec, 68 p. COMITÉ DE CITOYENS DE SAINT-URBAIN (1979) « Mémoire », Mémoire, Saint-Urbain, 2 p. COMITÉ DE RESTAURATION DE LA JACQUES-CARTIER (1979) « Mémoire sur l’extension du Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 4 p. COMITÉ POUR LA CONSERVATION DE LA JACQUES-CARTIER (1973) « Pourquoi il faut conserver la rivière Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 26 p. COMMISSION SCOLAIRE RÉGIONALE CHAUVEAU, SECTEUR FORESTERIE (1979) « Mémoire du secteur Foresterie, C.R.S. Chauveau, Niveau secondaire (polyvalente de Loretteville) », Mémoire, Loretteville, 9 p. CONSEIL ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION DE CHARLEVOIX INC. (1979) « Mémoire sur la Métamorphose du Parc des Laurentides », Mémoire, La Malbaie, 6 p.

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CONSEIL DES LOISIRS DE LA RÉGION DE QUÉBEC (1979) « Le Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 9 p. CONSEIL RÉGIONAL DES LOISIRS DE QUÉBEC (1973) « Mémoire du Conseil Régional des Loisirs de Québec présenté à la Commission Parlementaire de l’Industrie, du Commerce, et du Tourisme concernant la conservation de la Rivière Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 12 p. CONSEIL RÉGIONAL DE DÉVELOPPEMENT DU SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN (1979) « Avis technique et prospectif sur le plan de réaffectation du territoire du Parc des Laurentides », Mémoire, Jonquière, 32 p. CONSEIL RÉGIONAL DES LOISIRS DU SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN (1979) « Le Parc des Laurentides entre deux régions », Mémoire, Alma, 15 p. CONSEIL QUÉBÉCOIS DE L’ENVIRONNEMENT INC. (1973) « Position du Conseil Québécois de l’Environnement sur le Projet Hydroélectrique de la Rivière Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 9 p. CORBEIL, Étienne (1973) « Le projet de la rivière Jacques-Cartier et l’intégrité des parcs », Mémoire, Québec, 11 p. CORPORATION MUNICIPALE DES CANTONS UNIS DE STONEHAM ET TEWKESBURY (1979) « Mémoire présenté au Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, Monsieur Yves Duhaime, lors des audiences publiques concernant la réaffectation du territoire du Parc des Laurentides, les 14 et 15 juin 1979, par la Corporation Municipale des Cantons Unis de Stoneham et Tewkesbury », Mémoire, Stoneham, 10 p. CORPORATION DES INGÉNIEURS FORESTIERS DE LA PROVINCE DE QUÉBEC (1973) « Le parc Jacques-Cartier, une alternative au harnachement », Mémoire, Québec, 12 p. FÉDÉRATION DES CLUBS DE MONTAGNE DU QUÉBEC (1973) « Mémoire à la commission parlementaire sur la vallée de la Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 4 p. FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DE LA FAUNE (1973) « Mémoire présenté par la Fédération québécoise de la Faune devant la Commission Parlementaire, du Tourisme de la Chasse et de la Pêche », Mémoire, Québec, 18 p. FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DE CANOT-CAMPING INC. (1973) « Mémoire de la Fédération québécoise du canot-camping », Mémoire, Montréal, 4 p. FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DE CANOT-KAYAK (1973) « Le canotage sur la rivière Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 3 p. FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DE LA MONTAGNE (1979) « Mémoire », Mémoire, Québec, Canada, 15 p. GAUVIN, Georges (1973) « Mémoire concernant le projet d’aménagement hydro-électrique sur la rivière Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 5 p. JEUNE BARREAU DE QUÉBEC (1973) « Mémoire du Jeune Barreau de Québec à la Commission Parlementaire, du Tourisme de la Chasse et de la Pêche siégeant le 17 mai 1973 », Mémoire, Québec, 8 p. SAYWELL, John (1979) « Mémoire sur l’avenir du Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 11 p.

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LA RÉGIONALE DES JEUNES CHAMBRES DE QUÉBEC (1973) « Mémoire concernant le projet de l’Hydro-Québec sur la Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 4 p. LEMIEUX, Guy (1973) « L’aménagement de la rivière Jacques-Cartier », Mémoire, Québec, 8 p. LEDUC, Phil (1973) « Éditorial », Mémoire, Québec, 1 p. MAISON PAINCHAUD (1979) « Mémoire sur le réaménagement du parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 6 p. ORDRE DES INGÉNIEURS FORESTIERS DU QUÉBEC (1979) « Mémoire concernant les nouvelles affectations du Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 59 p. PIUZE, Jean (1979) « L’éthique de l’environnement et l’avenir du Parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 13 p. PROGRAMME BIOLOGIQUE INTERNATIONAL, SECTION “CT” – QUÉBEC (1973) « La vallée de la Jacques-Cartier, l’une des quatre plus belles vallées de l’est de l’Amérique du Nord », Mémoire, Québec, 20 p. REGROUPEMENT DES ORGANISMES NATIONAUX DE LOISIR DU QUÉBEC (1985) « Loi sur les parcs nationaux. Mémoire présenté à la Commission Parlementaire sur le projet de loi 13 », Mémoire, Québec, 17 p. SENTIERS-QUÉBEC (1979) « Mémoire sur l’avenir du Parc des Laurentides », Mémoire, Alma, 7 p. SERVICE DES LOISIRS ET PARCS, VILLE DE BEAUPORT (1973) « Mémoire », Mémoire, Québec, 6 p. SOCIÉTÉ DE GÉORAPHIE DE QUÉBEC (1979) « Positions de la Société de Géographie de Québec en rapport avec les propositions du ministre Yves Duhaime sur la classification et la délimitation du parc des Laurentides », Mémoire, Québec, 8 p. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE QUÉBEC (1979) « Mémoire soumis dans le cadre des audiences publiques de Juin 1979 entreprises sous les auspices du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, Monsieur Yves Duhaime », Mémoire, Québec, 11 p. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE QUÉBEC ET SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE QUÉBEC (1973) « Mémoire présenté à la Commission Parlementaire, du Tourisme de la Chasse et de la Pêche », Mémoire, Québec, 5 p. THE CANADIAN NATURE FEDERATION (1973) « Brief on the future of the Jacques Cartier River Valley, Quebec », Mémoire, Québec, 5 p. UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI, CLUB DE MONTAGNE DU SAGUENAY INC. (1979) « Pour une nouvelle définition du Parc des Laurentides afin de protéger dans leur totalité les unités biophysiques de l’ensemble du massif montagneux Laurentien », Mémoire, Chicoutimi, 19 p.

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Annexe I

Commission parlementaire sur le projet Champigny, préoccupations, 1973.

Note : La présente annexe contient des éléments des préoccupations soulignées lors de la commission

parlementaire de 1973, entourant le projet Champigny. Les préoccupations ont été divisées en 4 catégories :

environnement, société, économie ou autres, non pour s’appuyer directement sur le schéma du

développement durable, mais par souci pratique. Cette division permet de bien décomposer les divers aspects

des argumentaires et de mieux analyser les types de préoccupations des différents groupes/personnes. Il faut

également mentionner que les délibérations de la commission parlementaire ont été incluses au tableau.

Les catégories en rouge sont celles qui sont en défaveur de la protection du parc national de la Jacques-

Cartier, tandis qu’ont été mises en gras les préoccupations relatives à la législation entourant le même parc.

Légende :

VJC : Vallée de la Jacques-Cartier

PJC : parc national de la Jacques-Cartier

PL : parc des Laurentides

JC : Jacques-Cartier

GJ : Grands-Jardins

PGJ : Parc des Grands-Jardins

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Préoccupations Mémoires/délibérations sur le projet Champigny 1973

Favorable ou non à la protection de la Vallée de la Jacques-Cartier

Environnement

Société Économie

Autres

Programme Biologique International

Favorable (le groupe québécois du PBI appuie donc le CCJC et demande en plus au Ministre Simard de procéder dans les plus brefs délais à la présentation d’une loi-cadre des parcs au Québec (résumé)).

Interdiction de tout développement hydroélectrique, minier ou industriel ((…) et demandons au gouvernement au gouvernement québécois d’interdire tout développement hydroélectrique ou toutes autres activités minières ou industrielles dans la vallée de la JC). P. 5 Réserve écologique (une réserve écologique permettrait d’assurer la pérennité des peuplements naturels qui font la beauté de la vallée p.6) « Une des raisons pour laquelle nous avons choisi la rivière Jacques-Cartier était tout d'abord la

« Les autres facteurs qui nous ont poussés à choisir la vallée de la rivière Jacques-Cartier sont, en plus, la proximité de cette vallée de la ville de Québec et la probabilité d'une surexploitation touristique ou industrielle. Journal des débats, 1973-05-17, p. 69»

Marketing approprié (mise en valeur) : atout majeur dans le développement touristique (la VJC pourrait, avec l’aide d’un marketing approprié, devenir un atout majeur dans le développement touristique p. 6)

Loi-cadre des parcs au Québec (demande en plus au Ministre Simard de procéder dans les plus brefs délais à la présentation d’une loi-cadre des parcs au Québec (résumé + p.5)) et zonage en fonction de leurs caractéristiques ((…) et que ceux-ci soient zonés en fonction de leurs caractéristiques p.5)

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qualité du site; deuxièmement, la présence de peuplements végétaux de qualité assez exceptionnelle, surtout que nous venions de faire l'inventaire de tous les sites possibles pour la conservation d'au moins quelques échantillons de bouleau jaune. Journal des débats, 1973-05-17, p. 69»

Centre de recherche écologique de l’Université du Québec à Montréal

Favorable (nous croyons fermement qu’il est encore temps d’arrêter cet aménagement hydroélectrique (conclusion)).

Arrêter les utilisations irrationnelles des parcs (mais il faut que de telles utilisations irrationnelles des parcs cessent un jour p.6) Aménagement des rivières dans la future loi soumises aux mêmes possibilités et limitations que l’exploitation forestière ou minière (p.6)

Loi-cadre des parcs au Québec (il est impératif que le gouvernement du Québec sorte de ses tiroirs la cadre des parcs provinciaux du Québec p.6) (il est évident que nous ne pourrons parler de conservation au Québec tant que cette loi cadre ne sera pas adoptée et mise en vigueur p.7) Établissement d’un parc soit le privilège de l’Assemblée Nationale et non du Lieutenant-

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Gouverneur en conseil (comme le prévoit ce projet de loi, p.6) « Nous aimerions mentionner accessoirement que nous préférerions de beaucoup que l'établissement d'un parc soit le privilège de l'As- semblée nationale au lieu d'être laissé au lieutenant-gouverneur en conseil, comme le prévoit ce projet de loi. Journal des débats, 1973-05-17, p.46»

Jeune Barreau du Québec

Favorable (Le Jeune Barreau réitère son opposition au projet d’aménagement d’une centrale à réserve pompée sur la rivière Jacques-Cartier p.2)

Modification de la Loi sur les parcs (violée par le projet d’aménagement hydro-électrique (L’aménage-ment hydroélectrique de la rivière Jacques-Cartier se ferait en violation de la Loi des Parcs p.2) afin d’interdire de tels aménagements (pour les interdire sous quelque forme que ce soit p.4) Modification de la loi sur Hydro-Québec

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(L’aménagement récréatif et touristique de la JC par l’Hydro-Québec outrepasse les objets et pouvoirs de l’Hydro-Québec et exigerait des modifications à la loi sur l’Hydro-Québec p.6) Loi sur les parcs devrait comprendre un mécanisme par lequel la population pourrait se faire entendre (permettant au public de faire valoir son point de vue lorsque L’intégrité des territoires réservés à la détente et à la récréation est menacée p.7) « On pense que les législations nouvelles doivent de façon générale tendre à la préservation de l'environnement et ceci, à plus forte raison, dans les parcs du Québec dont il faut protéger l'intégrité et non permettre la dégradation, même sous prétexte de soi-disant impératifs économiques.

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Journal des débats, 1973-05-17, p.50»

Hydro-Québec : Service hydraulique (étude préliminaire de l’environnement)

Défavorable (l’évaluation montre que l’ensemble serait très bénéfique à la qualité de l’environnement, compte tenu de la proximité de l’agglomération urbaine de Québec, de ses besoins et du potentiel récréatif élevé de cette région) p. 27

Inventaires bio-physiques complets (Il est donc recommandé d’effectuer des inventaires bio-physiques complets de façon à permettre des études écologiques plus détaillées) p. 27

Préparation d’un plan directeur d’aménagement polyvalent du territoire (Il est donc recommandé de préparer un plan directeur d’aménagement polyvalent du territoire p.27)

Comité pour la conservation de la Jacques-Cartier (CCJC)

Favorable (D’abord, parce qu’il s’agit d’une rivière exceptionnellement belle; deuxièmement, qu’elle est située à quelques milles à peine d’une importante agglomération urbaine ; troisièmement, parce que la majeure partie de l’aménagement proposé sur cette rivière se ferait à l’intérieur d’un

Beauté (D’abord, parce qu’il s’agit d’une rivière exceptionnellement belle p.5) (C’est probablement la plus belle et la plus précieuse de toutes les rivières du Québec p.5)

Valeur culturelle (Les citoyens des grandes villes nord-américaines vivant à proximité de grands parcs naturels en tirent un grand profit p.6) (N’importe quelle ville nord-américaine donnerait des millions pour pouvoir reconstituer à une demi-heure de ses portes, un milieu naturel aussi

Valeur économique touristique (La Jacques-Cartier appartient au potentiel touristique de Québec p.6) ((…) qu’on tire profit de l’affluence de visiteurs venus participer aux mêmes avantages éducatifs et récréatifs

Autres solutions à la hausse de la demande en énergie (turbines à gaz) (Les fort modestes installations des turbines à gaz ne deviendraient pas désuètes, mais offriraient dans le réseau un élément avec ses caractéristiques propres, ayant le grand avantage d’être à très faible distance du centre de consommation, ce qui, du point de vue électrique, offre un atout considérable.

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parc provincial p. 5)

grandiose que celui de la Jacques-Cartier p.6) «C'est un petit peu ça, la fonction des parcs, et les parcs provinciaux devraient au Québec jouer ce rôle et être ces sanctuaires où on va garder à son état original un petit fragment de notre patrimoine. Que le "lobbying" soit là pour dire: Ce n'est pas vrai, on immobilise par là des ressources inouïes, inestimées, inestimables, quand on y regarde de près, on s'aperçoit qu'après quelques années Shenandoah et Yosemite ou les autres grands parcs sont devenus des richesses inestimables, sont devenus un capital touristique que personne

que peut procurer un tel parc p.6) « Pour ce qui est du site en lui-même, moi, je pense que le site de la Jacques-Cartier, ce caractère unique, c'est ce qui en fait sa valeur, c'est d'abord l'harmonie de la vallée, c'est aussi le fait que ces paysages deviennent de plus en plus marchands, de plus en plus commerciaux. Journal des débats, 1973-05-17, p.22»

P.14) Loi-cadre sur les parcs (Que soit accélérée la préparation de la loi-cadre des parcs annoncée en février dernier par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche p.25) Aménagement rationnel du bassin de la JC en conformité avec la vocation d’un parc naturel (Que soit entrepris immédiatement l’aménagement rationnel du bassin de la rivière Jacques-Cartier, en conformité avec la vocation du véritable parc naturel p.25) «Ce n'est pas contre ça qu'on en a. Ce contre quoi on en a c'est que l'Hydro-Québec, tout à coup, embarque dans un domaine où elle n'est vraiment pas à la hauteur et où elle n'a pas de juridiction ou de compétence. Elle embarque dans un domaine où il

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ne voudrait troquer contre quelques profits passagers qui seraient allés à l'entreprise forestière ou encore à l'utilisation hydro-électrique qui peut se faire dans un autre site. Journal des débats, 1973-05-17, p.19»

«La rivière Jacques-Cartier, à notre avis, est une rivière unique, superbe dans laquelle on peut grandir, s’enrichir. C’est seulement ça, notre but. On veut que ce soit accessible à tous les Québécois. Les gens les plus ordinaires pourraient aller vivre une expérience unique, en un milieu naturel absolument unique. Je pense que le projet de l'Hydro-Québec ne

s'agit de respecter ou d'aménager le territoire de façon globale, pas seulement pour des fins hydroélectriques mais aussi des fins de récréation, d'utilisation éducative, industrielle ou autres. Elle embarque dans ça et, à mon humble avis, elle le fait sans beaucoup d'élégance. Journal des débats, 1973-05-17, p.20»

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permet pas, justement, de vivre cette expérience unique. Là où le commentaire, qui a paru dans les journaux d'hier, nous met sur une mauvaise piste, c'est qu'il y a une confusion entre la notion de parc naturel — la Jacques-Cartier, c'est un parc naturel; ce qui est beau dans cela, c'est l'intérêt du site — et le parc urbain dans lequel on va procurer de la récréation, où on va voir des gens qui font du jogging avec des sandales, où on va voir des aménagements pour la baignade, des aménagements pour la récréation intensive. Il y a deux mondes, c'est deux mondes complètemen

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t distincts. Un parc naturel comme la Jacques-Cartier, cela ne peut pas se prêter à des activités intensives du type qu'on propose ou qu'on voudrait voir se réaliser là, que la personne qui a signé l'article dans le journal hier voudrait voir s'y développer. C'est comme si on vous proposait, demain, d'installer un café-terrasse en bas du rocher Percé ou encore en bas des falaises d'oiseaux à l'île Bonaventure, c'est absolument incompatible parce que les falaises d'oiseaux, d'abord, dans les cocktail, ce n'est pas très bon, mais aussi le fait que c'est absolument incompatible qu'on puisse

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associer la nature à une activité aussi mondaine que celle qu'on envisage là-dedans. Journal des débats, 1973-05-17, p.21-22»

Dr. Guy Lemieux Favorable (À notre avis, le canyon de la Jacques-Cartier doit être préservé dans son état actuel et aménagé de façon très discrète juste pour le rendre accessible. P.6)

Perte d’un potentiel touristique et de plein air important «L'ensemble du parc des Laurentides a un excellent potentiel pour la pêche et la chasse, mais pour toutes les autres formes de récréation de plein air le canyon de la Jacques-Cartier est unique. Journal des débats, 1973-05-17, p. 8»

Perte d’un potentiel touristique et de plein air important (Le potentiel attractif unique du canyon disparaît le jour où on l’inonde. On aura alors un lac comme les autres, même moins facilement utilisable que les autres. P.5) (De la destruction d’au moins 74% du potentiel d’attractivité du site le plus spectaculaire non seulement du Parc mais de toute la

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région de Québec (…) je ne donnerais pas cher pour le peu de potentiel qui persisterait encore après l’aménagement hydro-électrique. p.5-6) « A notre avis, le canyon de la Jacques-Cartier doit être préservé dans son état actuel et aménagé de façon très discrète juste pour le rendre accessible. Il viendrait alors compléter de façon extraordinaire le pôle d'attraction touristique qu'est déjà Québec. Journal des débats, 1973-05-17, p. 8»

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Fédération québécoise de canot-kayak

Favorable (La Fédération québécoise de canot-kayak s’oppose au Projet Champigny. P.2)

Destruction du potentiel pagayable/ca-notable (Toutefois, l’érection d’un barrage ayant pour effet de transformer cette partie de la rivière en un immense lac rendrait le parcours en canot pratiquement sans intérêt. (…) le nombre de rivières canotables près des centres urbains est très faible. p.2)

« Nous sommes en mesure de témoigner que la valeur récréative de la vallée sera indéniablement et irrémédiable-ment diminuée. Journal des débats, 1973-05-17, p.53»

«Dans la région de Québec, il y a effectivement peu de rivières accessibles à

Destruction du potentiel pagayable/ca-notable (le nombre de rivières canotables près des centres urbains est très faible. p.2)

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tous. C'est un peu la difficulté. On peut parler de la rivière Saint-Charles, par exemple, où les problèmes d'accessibilité ne sont pas non plus tellement résolus. (…)Dans la région métropolitaine, on pourrait parler de la rivière aux Ecorces qui est également dans le parc des Laurentides. On pourrait parler d'autres rivières, mais là, il faut aller tout de suite très loin. Par exemple, la rivière Sainte-Anne, la rivière Batiscan, la rivière du Loup sont des rivières qui sont à cent milles de Québec, qui offrent, peut-être chaque fois une trentaine de milles de canotage, mais,

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effectivement, un trajet de canot, disons de 20 milles, accessible à tous est extrêmement rare. Journal des débats, 1973-05-17, p.55»

Fédération des clubs de montagne du Québec

Favorable (Nous ne voulons pas d’un projet comme celui-là) p. 2

Perte du patrimoine/territoire pour le plein air (marche/escalade) (Les parois situées au nord du Scotora ne seront pas atteintes par l’eau, mais leur accès sera rendu totalement impossible dû aux reliefs de terrains que les routes ne pourront franchir. P.2) (La JC, c’est 30 milles de Québec; c’est un patrimoine auquel nous voulons sincèrement contribuer. P.3)

Conseil régional des Loisirs de Québec

Favorable (Que la vallée soit immédiatement protégée et conservée intégralement à tout prix à son état

Beauté naturelle (un des paysages les plus panoramiques p.9)

Héritage socio-culturel (qu’en détruisant ce site, on détruit une de nos richesses naturelles régionales

« Étant avec la population et étant avec la population intéressée au secteur du loisir

Considérations récréatives/écologiques pour toutes les classes de populations (Que ce territoire soit développé avec une orientation

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naturel (…) p. 10)

permanentes au détriment d’une valeur temporaire (c’est un héritage socio-culturel qu’il faut conserver) p.11)

d'une part et regardant ce qui se passe ailleurs, il nous appert, en tout cas, pour un aspect qui est celui des espaces verts, qu'il est important de conserver cette vallée mais aussi sur le plan touristique, parce que, cette vallée, elle est unique. Si on pouvait mettre un contrepoids à ces deux aspects, on dirait que l'aspect touristique, l'aspect économique de ce site, je pense, vaut toutes les argumentations quant à l'accessibilité sur le

de conservation, de récréation de plein-air au plus grand avantage de toutes les classes de population du Québec (…) p.10) Loi sur les parcs (qu’une nouvelle législation claire et précise concernant les parcs nationaux soit votée au plus tôt (…) p.11)

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plan de la récréation. Journal des débats, 1973-05-17, p.62)

Société linnéenne de Québec et Société zoologique de Québec

Favorable (que le Gouvernement du Québec aménage la vallée de la rivière Jacques-Cartier pour répondre aux besoins culturels et récréatifs de la population) p.5

Habitat riche (un sanctuaire où prolifèrent des communautés végétales à nulles autres pareilles p.4) (un habitat riche en faune ailée, terrestre et aquatique) p.5 « Pour l'Amérique du Nord, la vallée de la rivière Jacques-Cartier est un monument de la nature, un lieu unique où la nature s'est plu à déployer ses procédés les plus puissants, géo- morphisme, glaciation, boisement de pentes abruptes, cycle hydrologique; un sanctuaire où prolifèrent des communautés végétales à nulle autre pareille; un habitat riche en faune ailée,

Mise en valeur de la nature : bien-être de l’Homme et travail d’éducation (besoins culturels et récréatifs) (La mise en valeur du potentiel culturel et récréatif de la vallée de la rivière Jacques-Cartier, à son état naturel, permettra la poursuite de la tâche d’éducation (…) p.3) (La mise en valeur de la vallée de la rivière Jacques-Cartier, à son état naturel, est devenue une nécessite (…), sur le besoin profond de l’homme de se rapprocher de la nature (…) p.4) « La mise en

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terrestre et aquatique; un écosystème dont l'équilibre et l'harmonie doivent demeurer pour l'homme un témoignage et un exemple de sagesse et de prudence. Journal des débats, 1973-05-17, p.66»

valeur du potentiel culturel et récréatif de la vallée de la rivière Jacques- Cartier, à son état naturel, permettra la poursuite de la tâche d'éducation que réalisent nos sociétés auprès de la population de Québec. (…) Que ce soit par le biais d'une excursion en famille, de quelques observations bien faites, de quelques heures de pêche en rivière ou au moyen d'une escalade des falaises, le citoyen de Québec prendra contact de façon directe et personnelle avec la nature: c'est la seule et unique façon de la connaître et de la respecter. (…) La mise en valeur du site naturel

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de la vallée de la rivière Jacques-Cartier permettra à la population de la région de Québec de retrouver la nature sous son visage laurentien, en un endroit qui ne sera pas surchargé comme le sont déjà tous les centres récréatifs de plein air qu'on vient d'ouvrir autour de Québec. (…) Pour la population du Québec et plus particulièrement pour la population de la région de Québec, la vallée de la rivière Jacques-Cartier constitue: un lieu de détente, de culture et de revalorisation de la personne humaine; un lieu d'apprentissage des voies de la nature pour tous les citoyens qui fréquenteront

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ce haut-lieu de l'environnement; un milieu propice à la ré- flexion et à la prise de conscience sur le sens de l'environnement et le devoir qu'a chaque citoyen de respecter cette nature qui soutient la vie.

Journal des débats, 1973-05-17, p.65-66»

Fédération québécoise de la faune

Favorable (Les 60 000 membres de la Fédération québécoise de la faune s’opposent donc sans équivoque à toute exploitation du parc des Laurentides par l’Hydro-Québec. P.1)

« Ce qu'il

faut faire, à notre avis, c'est tout simplement d'interdire l'aménage- ment de la Jacques-Cartier, raffermir et refaire la Loi

Politique de conservation pas assez forte (Pour protéger ce patrimoine qui est nôtre, le Gouvernement devrait, dès maintenant, et bien sûr à partir de son futur plan d’ensemble, désigner dans les différentes régions, des terres propices à devenir parcs et réserves, même s’il n’est pas prêt à les aménager toutes immédiatement. P.12)

Distance séparant la population des parcs et réserves (amener le parc à la ville par l’aménagement de territoire de grande nature à proximité des régions à haute densité de population. P.4) ((…) le Gouvernement ne doit pas oublier le rôle social des parcs. P.12)

Loi-cadre des parcs (Remplacer la loi actuelle des parcs provinciaux et le recours du Gouvernement aux arrêtés en conseil par une loi-cadre sur les parcs et réserves. P.4) Parcs sous l’autorité d’un seul ministère (placer la désignation, le zonage, l’aménagement et la gestion des parcs et des réserves sous une autorité comptable à un seul ministère. P.4)

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des parcs pour interdire, à l'avenir, toute exploitation commerciale dans les quatre parcs qu'on trouve dans la province de Québec. Là, on aurait la paix. On n'aurait pas besoin, tous les 75 ans, ou à tous les 30 ans de venir se battre pour des espaces verts qu'on pensait acquis. Journal des débats, 1973-05-17, p.37»

La régionale des jeunes chambres du Québec

Favorable (La vallée de la Jacques-Cartier : une question de survie pour la race humaine. P.2) ((…) s’oppose au projet de harnachement de la vallée de la Jacques-Cartier (…). P.2)

«Le parc des Laurentides est un musée naturel. C'est donc dire qu'il constitue un endroit de conservation et non d'exploitation. Journal des débats, 1973-05-17, p.49»

«La nature doit cesser de reculer car le peuple a besoin de cette aspirine plein air qui est la solution à tous nos maux de tête et à nos dépressions nerveuses. Journal des débats, 1973-05-17, p.49»

Potentiel récréatif ((…) recèle un potentiel récréatif extraordinaire. p.2) (Le Parc des Laurentides est facilement accessible (…). Le Gouvernement DOIT tout faire en son pouvoir pour garantir

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une protection permanente à ce parc. P.2)

Association des clubs de randonnée pédestre du Québec inc.

Favorable (Pourquoi le public adepte de la randonnée, du camping rustique et du camping léger réclame la sauvegarde de la vallée de la Jacques-Cartier? P.2)

Valeurs esthétiques et morales (Parce qu’il est conscient que ce coin de pays vaut un nombre incalculable de piastres ($) pour tout ce qu’il peut transmettre de valeurs esthétiques et morales (…)) p.2)

Pour un libre accès à la Vallée, sans guide ni installations, et surtout sans installations industrielles (Il faudrait aussi se mettre dans la tête que le public randonneur et autre n’est pas du tout intéressé à se faire accueillir dans la vallée par un guide en uniforme de style engagée pour débiter aux visiteurs tonnages, volume coûts et kilowatts. P.2)

Conseil québécois de l’environnement

Favorable (que la nature unique de la vallée de la JC impose aux autorités responsables le devoir d’en assurer la protection pour le bénéfice des générations présentes et à venir, ce qui implique l’abandon de tout projet hydroélectrique. P.7)

Diversité (la rivière JC constitue une attraction naturelle possédant un intérêt particulièrement remarquable comme entité géomorphologique, biologique et esthétique. P.2) ((…) la vallée de la rivière JC constitue un monument naturel exceptionnel.

Bien-être des populations (calme, etc.) ((…) le site offre des ressources de calme, de silence et d’isolement, permettant un contact avec un environnement naturel non perturbé. P.3) (La rivière JC constitue un site remarquable : pour sa proximité de

Potentiel récréo-touristique (La rivière JC constitue un site remarquable : pour sa proximité de l’agglomération québécoise d’autre part. p.2)(À côté des activités récréatives sensu stricto (…)

« Dans le cas de la rivière Jacques-Cartier, on touche à un conflit fondamental d'utilisation ministres, MM. les députés, je suis ingénieur- du territoire dont la solution ne réside pas seulement dans une expertise scientifique. Nous avons affaire à un cas où la science seule ne peut

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P.4)

« Au court terme comme à long terme, l’aménagement hydro-électrique aboutirait à une dégradation irréversible du site. Il est faux de prétende à ce propos que les conséquences écologiques seraient peu importantes. En réalité, l’aménagement proposé conduirait à une et de la récréation au principe de la protection véritable rupture d'équilibre biologique et à une de la nature. Lorsque le Congrès des Etats-Unis profonde perturbation de l'ensemble de cette en 1872, décida de soustraire la zone du partie de la vallée. Le projet consiste en fait à transformer un équilibre naturel en un équilibre artificiel. De

l’agglomération québécoise d’autre part. p.2)

le site offre des ressources de calme, de silence et d’isolement, permettant un contact avec un environne-ment naturel non perturbé. P.3)

apporter de solutions. Je crois que l'on reconnaît universellement les limites de la science. La question est de savoir si nous sommes disposés à sacrifier des valeurs qualitatives plus que jamais indispensables. Des zones naturelles non perturbées, proches des villes, doivent être sauvegardées, car elles constituent pour la population des points de repère stables dans une société en perpétuel changement. Journal des débats, 1973-05-17, p.43»

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plus, les installations hydro-électriques ne seront durables, d'aucune façon. A long terme, après l'utilisation du site, on se retrouvera avec une vallée ruinée. Journal des débats, 1973-05-17, p.43»

«La transformation de la rivière en un réservoir réduit la diversité du territoire puisque les lacs et les réservoirs ne font pas défaut dans le Québec alors que de telles vallées sont exceptionnelles. Journal des débats, 1973-05-17, p.44»

Casting Club de Québec Favorable (Demandez à votre député ou ministre de dire « NON AU BARRAGE » p.1)

Intégrité des parcs ((…) c’est l’intégrité des parcs qui est mise en cause. P.1)

« Le Casting Club ne

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s'oppose pas seulement à l'aménagement de la Jacques-Cartier, mais également au principe d'aller dans les parcs. Les parcs, à notre idée, c'est inviolable. Journal des débats, 1973-05-17, p. 63»

Association des parcs provinciaux et nationaux du Canada

Favorable ((…) expressing our concern about the proposal and urging him to intervene to prevent it from going ahead. P.1)

Éducation (For this reason, the National and Provincial Parks Association of Canada strongly recommends that the Government of Quebec reject entirely the proposal of Quebec Hydro and instead take steps immediately to develop a management policy for the watershed that will permanently protect it and help realize its enormous educational, scientific and recreational potential for the benefit of this and the

Potentiel récréo-touristique (For this reason, the National and Provincial Parks Association of Canada strongly recommends that the Government of Quebec reject entirely the proposal of Quebec Hydro and instead take steps immediately to develop a management policy for the watershed that will permanently protect it

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future generation. P.2)

and help realize its enormous educational, scientific and recreational potential for the benefit of this and the future generation. P.2)

Fédération canadienne de la nature

Favorable (The Canadian Nature Federation hopes that in the future your children and your children’s children will be able to go to see an unspoiled Jacques-Cartier Valley (…) p. 3)

Enrichissement du bien-être, culture ((…) they provide incalculable benefits to society by enriching the lives of the people (…) p. 2) « Cette vallée n'est pas située dans une région éloignée, elle est t o u t proche du grand centre urbain qu'est Québec, dont la population doublera en deux ou trois générations. Les besoins récréatifs de cette population doubleront en deux ou trois générations. Les besoins récréatifs de cette population

Potentiel récréo-touristique ((…) they provide incalculable benefits to society by enriching the lives of the people and by contributing in a major way to the growth of tourism which is an important developing industry in Quebec. P. 2)

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seront très grands. Un besoin d'action entreprenante qui assurera la planification soignée des parcs de cette région se fait donc sentir. (…) Il y a un vieux proverbe qui dit qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, mais je dirais

qu'unerivière

blanche qui existe et qu'on a déjà comme parc vaut mieux que deux ceintures vertes potentielles qu'on n'a pas encore en main. Journal des débats, 1973-05-17, p. 67»

Citoyens de la Paroisse de St-Edmond de Stoneham

Défavorable (Nous, citoyens de la paroisse de St-Edmond de Stoneham, aimerions par la présente, témoigner en faveur du Projet Hydro-électrique Champigny.)

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Étienne Corbeil – Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche

Favorable ((…) le Gouvernement du Québec doit donc conserver intacts et mettre à la disposition des québécois des espaces verts reconnus pour leur valeur esthétique et leur possibilité de récréation de plein air. P.4) «Conclusion. La vallée de la Jacques-Cartier, à cause de son potentiel éducatif, culturel, récréatif et biologique, doit être considérée comme une partie de notre patrimoine national qu'on doit conserver à tout prix. C'est un espace vert nécessaire près de la ville de Québec. Journal des débats, 1973-05-17, p.6»

Gaspillage des ressources Effets néfastes sur la biologie, l’esthétique et l’écologie de la vallée (C’est la diversité des éléments qui la constituent qui en font toute la richesse. P. 6) (La réalisation du projet aura des effets néfastes sur la biologie, l’esthétique et l’écologie de la vallée (…) le lac ainsi formé ne sera pas un enrichissement au patrimoine naturel du Québec p.7) «Ces associations de peuplements forestiers doivent être conservées intactes pour qu'on puisse, dans quelques décennies, observer certains échantillons types des forêts québécoises à leur climat. Journal des débats, 1973-06-17, p.5»

«Ce que nos gens veulent aujourd'hui c'est non seulement de la chasse et de la pêche mais aussi et surtout de la vie en plein air, des contacts directs avec la nature, de la détente, du repos et de la tranquilité loin des centres urbains, toutes choses que les parcs sont en mesure d'offrir dès qu'on en facilite l'accès. Aujourd'hui, ce que la population demande c'est qu'on respecte l'intégrité des parcs et qu'on prenne les dispositions nécessaires pour mettre en valeur tous leurs aspects récréatifs et pour faciliter leur accès. Nos gens deviennent de plus en plus conscients de la valeur

Gaspillage du potentiel récréo-touristique (L’accessibilité à cette gorge, puisque la vallée n’existera plus, sera pratiquement nulle. P.9) ((…) la majorité des activités de plein air deviendront impraticables. P.9) ((…) offre des possibilités extraordinaires pour des fins éducatives et pour toutes les formes de récréation de plein air. P.10)

Plan de mise en valeur (Il y a une urgence de préparer un plan de mise en valeur de cette région afin d’en faire profiter toute la population du Québec. P.11)

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esthétique, culturelle et récréative des aires de pleine nature que constituent les parcs et sont de plus en plus soucieux de les conserver dans leur intégrité. Pour répondre à ce vœu et à ce besoin de la population, le gouvernement du Québec doit donc conserver intacts et mettre à la disposition des Québécois des espaces verts reconnus pour leur valeur esthétique et leurs possibilités de récréation de plein air. Journal des débats, 1973-05-17, p. 5» «La vallée de la rivière Jacques-Cartier, qui est en partie située dans le parc des Laurentides, offre des possibilités extraordinaire

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s pour des fins éducatives et pour toutes les formes de récréation de plein air. Journal des débats, 1973-05-17, p.6 »

Corporation des Ingénieurs Forestiers – Georges Gauvin

Favorable ((…) je puis affirmer que cette opposition n’est pas de la pure fantaisie p.27) (à titre de citoyen québécois, je conteste le projet d’Hydro-Québec sur la rivière JC. P.29) « Ces constatations d'ordre général nous per- mettent d'affirmer que la vocation première et naturelle de la vallée de la Jacques-Cartier devrait en être une de récréation. Tout aména- gement de cette rivière risquerait d'en altérer la valeur et de perturber, à

Rôle social de la forêt (Le temps est venu où l’aménagement et l’utilisation de nos ressources naturelles doivent être basées sur des études plus sérieuses. Autrement dit, tous les besoins de la population doivent être pris en considération sur un même pied, y compris la détente en milieu naturel. P.29) «C'est exact. Il faudrait, non pas seulement mettre l'accent, mais aménager la vallée pour lui rendre sa valeur ou la mettre en

«Qu’une loi spéciale soit votée le plus rapidement possible de façon à assurer la protection permanente du territoire du parc proposé et de le soustraire à toute forme d’exploitation des ressources et de l’espace susceptible d’en altérer la valeur scénique ou d’en diminuer le potentiel récréatif.(…) Que le gouvernement du Québec, par l’intermédiaire du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, prépare un plan directeur de développement pour le parc proposé en respectant les objectifs fondamentaux d’un parc naturel de conservation.

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tout jamais, les conditions qu'on y trouve présentement. Les raisons qui militent en faveur de l'option récréative sont les suivantes: l'augmentation constante des besoins dans le domaine des loi- sirs, la proximité d'un bassin considérable de population à Québec, la présence d'un site naturel unique qui ne peut être déplacé et les vestiges historiques qui font partie du patrimoine culturel du Québec. Journal des débats, 1973-05-17, p. 31»

valeur, exploiter sa vocation récréative. Alors, l'idée qu'on propose, c'est de retenir, pour la vallée, un aménagement récréatif extensif, à cause du caractère fragile de l'espace en question. Ensuite, on propose l'idée de développer la récréation intensive ou les facilités d'hébergement, les lieux de rassemblement. Le point où la concentration des visiteurs pourrait se faire, on propose de l'aménager en dehors des limites du parc. A présent, vous me parliez de parcs. Il s'agirait, pour appliquer la proposition qu'on fait, de retirer actuellement la portion de la vallée de la

Journal des débats, 1973-05-17, p. 31-32»

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Jacques-Cartier qui se trouve dans le parc des Laurentides, de la retirer du parc et ensuite de créer, avec toute la vallée, un parc naturel de conservation, c'est-à-dire un parc différent de celui du parc des Laurentides.

Alors, dans deux temps. Dans le premier, il s'agirait de retirer la portion de la vallée qui se trouve dans le parc actuellement et ensuite de prendre tout l'espace de la vallée comme telle et d'en créer un parc avec une vocation bien déterminée, dans le but d'en faire un parc…Journal des débats, 1973-05-17, p.33»

M. Claude Bernard (citoyen)

Défavorable « Une dimension

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« Le projet de la rivière Jacques- Cartier me semble plausible, serviable à notre région sous-développée à titre de future bouée de secours communautaire en cas de panne d'urgence. Journal des débats, 1973-05-17, p. 40»

économique queje n'ai pas eu le temps de développer ici, qui estque nous sommes le deuxième pôle économiquede la région de Québec. Nous avons une population qui va dépasser bientôt le demi- million. Il y a des aspects sécuritaires et il y aaussi des aspects économiques à long

terme. etc.

C'est pour cela que je dis que la présence d'un pouvoir, d'un bloc énergétique si près de nousest utile en plus de cela. Journal des débats,

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1973-05-17»

M. Michel Jurdant (citoyen)

Défavorable

«L’utilisation de la Jacques-Cartier doit se faire dans un esprit d'aménagement intégré des ressources et non stricte- ment de conservation.

Je suis convaincu qu'il existe dans ce territoire une certaine compatibilité entre l'utilisation du potentiel hydro-électrique et l'utilisation du paysage pour la récréation dans la nature, surtout si l'on songe que le coût de la seconde peut être défrayé par la première, ce qui entraîne même une certaine complémentarité économique. Journal des

« La Jacques-Cartier ne revêt pas plus de caractère unique que d'autres sites de la région de Québec, lesquels sont utilisés par et pour des intérêts privés et donc, à toutes fins pratiques, rendus inaccessibles au grand public. Journal des débats, 1973-05-17, p. 70»

« Le lac créé par un aménagement hydro-électrique sera le seul lac accessible au grand public de la région de Québec. Journal des débats, 1973-05-17, p. 71» «La Jacques-Cartier, musée vivant, est sans doute un objectif très valable pour les écologistes et les amoureux de la nature, mais cela reste à mes yeux un objectif qui ne servira qu'à une minorité de privilégiés.

On supprime les clubs de chasse et pêche mais on crée des clubs pour écologistes. Ceci dénote une forme très subtile de ségrégation ou d'apartheid. On aménage

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120

débats, 1973-05-17, p. 70»

la nature pour ceux qui sont capables de l'admirer et on ignore la masse de ceux qui n'ont eu ni la chance ni les moyens de l'apprécier. Journal des débats, 1973-05-17, p. 71»

M. Raynald Lortie, groupe de jeunes ayant présenté un projet dans le cadre des programmes Perspectives-Jeunesse 1973.

« Nous nous portons à la sauvegarde de la Jacques-Cartier et nous désirons vous faire part de l'existence d'un sentier historique, lequel est relié au développement du Québec au début de la colonie. (…) La disparition de la section ci-haut mentionnée du Sentier des Jésuites serait une perte inestimable pour le patrimoine québécois. Journal des débats, 1973-05-17, p.74-

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75»

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Annexe II

Audiences publiques sur l’avenir des parcs nationaux, 1979

Cette annexe comprend un tableau divisant les diverses préoccupations soulignées lors des audiences

publiques entourant l’avenir des parcs nationaux en 1979. Ici aussi, les préoccupations ont été divisées en

quatre catégories (environnement, société, économie et autre), non pas pour suivre intégralement le modèle

du développement durable, mais par souci pratique. Cela permet de diviser les arguments et de mieux

analyser ces derniers, par rapport à la situation étudiée.

Légende :

PL : Parc des Laurentides

PJC : Parc de la Jacques-Cartier

JC : Jacques-Cartier

GJ : Grands-Jardins

PGJ : Parc des Grands-Jardins

Préoccupations

Mémoires Environnement Société Économie Autre

Services des loisirs et parcs, Ville de Beauport

Conservation du milieu naturel (Corriger la surexploitation qu’a fait l’objet du Parc des Laurentides depuis plusieurs années par une politique de coupe plus restrictive et la mise en place d’un programme de reboisement. P.4) Superficie des parcs (Agrandir les deux territoires (…). Ceux-ci sont trop restreints, on croirait se voir confiner dans une cage comme les 46 caribous. P.4) (Nous vous demandons de tripler les superficies afin d’inclure des sites exceptionnels oubliés (…). P.5)

Sentier des Jésuites (On oublie d’inclure un sentier historique faisant partie de notre patrimoine « Le Sentier des Jésuites » p. 2) (Protéger de façon permanente le sentier des Jésuites (…) p.4)

Pas de bureaucratisation des activités de plein air ((…) ne pas bureaucratiser les activités de plein air (…), les amateurs de plein air ont besoin de plus de spontanéité, liberté et possibilités de défis et d’aventures. P.3) (Que la gestion de ces deux nouveaux parcs possède un budget et un personnel indépendant de l’administration de la future réserve faunique. P.4)

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Rivières Métabetchouane et Malbaie

Association d’équitation western de Québec Inc., Association hippique de Québec Inc., Club Appaloosa Huron Inc., Cavalcade des Seize Inc., Association équestre régionale de Québec, secteur western Inc.

Sentiers accessibles pour les randonneurs équestres, et quelques installations nécessaires. (Nous venons donc aujourd’hui vous demander de bien vouloir tenir compte dans le plan d’aménagement du parc des besoins et des désirs des randonneurs équestres. P.3) ((…) les seuls aménagements réellement essentiels seraient les quelques ponts à renforcer ou à construire de façon plus résistante au-dessus des gouffres. P.5)

Association des industries forestières du Québec Inc.

Superficie des parcs trop grande : baisse de production. (Nous sommes d’avis que vous pourriez, avec avantage, réduire la superficie des aires protégées comme parcs de conservation (…)) (Nous croyons superflu et exagéré d’y inclure la portion du plateau jusqu’à la route 175 qui est une des aires forestières les plus productives du

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parc. P.2)

Association sportive Miguick Inc., Association sportive de chasse et de pêche de Plessisville

Superficie du parc des Laurentides agrandie : meilleure conservation. (Nous nous demandons si la loi pourra permettre au secteur de la Vallée de la Jacques-Cartier de s’étendre vers l’est et d’inclure le secteur de la rivière Montmorency et si un certain périmètre autour des Grands-Jardins pourra être ajouté si les besoin se font sentir afin de garder ce territoire dans son intégrité et de permettre une meilleure circulation à la faune terrestre et de procurer à cette faune terrestre ou aquatique une meilleure protection. P.5)

Statut de la réserve faunique (exploitation?). (Nous voudrions que la loi créant ces parcs et confirmant le statut de réserve faunique à la réserve des Laurentides soit très rigide afin d’éviter que des abus et erreurs irréparables à l’environnement soient commises. P.5)

Association touristique de Charlevoix Inc.

Reconnaissance de la vallée de la Malbaie en tant que réserve faunique. (Cette mesure permettrait une revalorisation de l’arrière-pays offrant aux populations du Québec un circuit intégré (…). P.2)

Circuits de randonnée et ski. (Mieux que du Sight Seeing, le séjour de ces visiteurs viendrait bonifier leur compréhension du milieu, améliorer leurs connaissances et leur condition physique tout en contribuant à la relance économique d’une

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sous-région en difficulté. P.3) Route d’accès entre la Baie et Saint-Urbain. (Cette mesure vise à faire bénéficier aux régions du Saguenay et de Charlevoix de l’achalandage touristique en termes de retombée économique. P.2)

Casting Club de Québec Inc.

Limites de conservation : englober la rivière Malbaie Pas d’exploitation forestière dans les parcs de conservation Contrôle sévère des activités de plein air (faune, flore) dans la réserve faunique Bordures vertes autour des lacs et rivières (Nous souhaitons que se continuent les activités de plein air avec un contrôle de plus en plus sévère en ce qui concerne la conservation de la flore et de la faune et la protection de l’environnement en général. P.3) (Nous souhaitons une règlementation pour que cette exploitation forestière se fasse à l’avenir de façon rationnelle et surtout en fonction

Accessibilité des territoires ($) (Nous croyons qu’il est très sage de conserver tout le territoire restant du parc actuel en réserve faunique si nous voulons que demain nos enfants puissent profiter des mêmes avantages que nous dans les domaines de la chasse et de la pêche ou autres activités de plein air. P.2)

Rétablissement des barrières, kiosques d’information, règlementation pour l’exploitation forestière (en ce qui concerne la coupe du bois, il faudrait empêcher que se poursuive l’exploitation souvent démesurée que nous avons connue jusqu’à maintenant. P.3)

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d’une meilleure conservation de la faune. P3) (Nous voudrions que s’améliore le système de surveillance pour éviter le braconnage. p.3) (En tout temps, il faudrait conserver une lisière raisonnable de boisé autour des lacs et des rivières et même s’il s’agit d’un petit ruisseau. P.3)

Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) UL

Protection des écosystèmes (Dans le but de soulager la pression exercée par les sportifs sur l’écosystème de la vallée de la JC, nous croyons qu’il faut offrir au public d’autres possibilités de récréation de plein air. P.8)

Encadrement légal des parcs, classification des parcs, zonage (À notre avis, la protection accordée au territoire par le statut légal de parc doit être élargie pour couvrir les quelques secteurs actuels de récréation intensive. P.8) ((…) Nous considérons le statut de parc de conservation comme une contrainte majeure au plein développement des potentiels récréatifs que possède le reste du territoire. P.7)

Chambre de commerce senior de Saint-Raymond

Conservation de l’orignal : proposition d’un 3e parc dans la partie Nord-Ouest du territoire ((…) nous en proposons un troisième qui serait

Accessibilité pour les pêcheurs (Triton et Lac-Sainte-Anne) ((…) nous recommandons que le système qui est

Gestion des territoires (solutions pour la gestion, p.3-4)

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pour la conservation de l’orignal qui semble oubliée dans les projets de réaménagement proposés. (…) P.1)

présentement en vigueur soit maintenu et amélioré de façon à accommoder plus d’adeptes qui désirent pratiquer surtout la pêche. P.3)

Comité de citoyens de Saint-Urbain

Prohibition de la chasse pendant 5 ans (Le gouvernement devrait prohiber toute chasse dans ce secteur pendant 5 ans afin d’assurer une meilleure protection de la survie du gibier. P.2)

Clubs et lacs accessibles à toute la population (Que les clubs et lacs soient tous accessibles à la masse de la population (…)) p.2)

Limites des parcs pour la réglementation (clubs de chasse et pêche) ((…) afin d’éviter que les gens qui iront à un de ces clubs aient affaire à 2 règlementations. P.2). Voie d’accès (Que la voie d’accès au Centre administratif du parc des Grands Jardins se fasse par la 181 (…) p.2), Barrières (Que les barrières aux extrémités du parc soient remises afin de mieux contrôler la chasse et pêche dans ces secteurs (…) p.2)

Comité de restauration de la Jacques-Cartier

Sites à protéger (ex. fossiles) ((…) le cours moyen et inférieur de la JC renferme des trésors géologiques considérables (…)) p.3) (De très nombreux sites sont à protéger tout au long du cours de la rivière. P.3) Shannon : frayères nombreuses, à protéger. (Il serait

Limites du parc, loin vers l’aval (En conclusion, nous désirons que la prolongation du Parc des Laurentides s’effectue d’une façon linéaire de chaque côté du lit de la rivière JC jusqu’à la région de Shannon. P.3-4)

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donc éminemment souhaitable que cette portion de la rivière soit incluse dans la zone protégée (…) p.3)

Commission scolaire régionale Chauveau, secteur foresterie

Conservation de la rivière Malbaie Règlementations (boisés, déchets, etc.) Protection de la faune (braconnage, habitats, zones tampon) (Un personnel plus nombreux, plus dense et mieux équipé qu’ailleurs devra mettre un frein et même viser à éliminer tout braconnage dans la réserve faunique. P.4) (En ce qui concerne les parcs de conservation, il faudrait veiller à ce que leur étendue soit suffisante pour leur permettre de s’autoperpétuer sur le plan écologique. p.5) (La protection, dans la réserve faunique, devra donc être conçue de telle façon que le personnel qui en sera chargé ne néglige aucun des aspects essentiels pour qu’elle survive et même plus, qu’elle se maintienne dans un état dynamique. P.4)

Comité public de vigilance Éducation dans la réserve faunique (Nous recommandons de faciliter l’accès de cette réserve faunique aux maisons d’enseignement qui dispensent des cours de foresterie tels que : « agent de conservation de la faune », (…). P.6) (Nous recommandons aussi de faciliter l’accès de ce territoire aux groupes d’élèves accompagnés de leurs professeurs afin d’éduquer le plus de jeunes possible à la conservation du milieu naturel. P.7)

Application de la réglementation : garde forestier et agent de la faune Aménagements écologiques Gestion par une autorité unique (Dans ce sens, il faudrait établir un nouveau plan d’aménagement ayant pour objectifs entre autres : un aménagement intensif de la forêt (bois) particulièrement sur les sites les plus productifs et les plus rapprochés des usines, (…) p.7) (Nous sommes d’avis que la gestion sur le territoire de la réserve faunique soit confiée à une autorité unique. P.8)

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Conseil économique de la région de Charlevoix Inc.

Consultations publiques (Le Conseil économique de la région de Charlevoix Inc. Propose que (…) le ministre écoute très attentivement les remarques qui lui seront adressées par les organismes populaires et spécialisés rn aménagement (…) p.5)

Parcs trop orientés en fonction des citoyens de la région métropolitaine, donc plus en fonction des visiteurs que des habitants, autre accès que l’ouest pour le parc des GJ (Le Conseil économique de la région de Charlevoix Inc. Propose que l’accès principal des GJ à Caribous ne soit pas à l’ouest, mais à l’est de ce nouveau parc de conservation. P.5)

Conseil des loisirs de la région de Québec

Limites des parcs pour améliorer la conservation (Tourilli, lac JC) (étendre le PJC vers le nord, afin de protéger ce bassin hydrographique jusqu’au lac JC. P.6), minimiser les impacts, zones tampon entre les zones exploitées (forêt) et les parcs de conservation (Cette mesure, tout en assurant une saine gestion à long terme, permettrait et assurerait la complémentarité qui doit s’établir avec les zones connexes de conservation. P.6)

Limites des parcs pour améliorer la conservation du patrimoine (Tourilli) (ajouter aux réseaux des vallées du PJC la vallée Tourilli qui, en présentant des caractéristiques aussi intéressantes que les autres, a une valeur historique importante avec le passage du sentier des Jésuites. P.5-6),

Ajouter l’élément « parc de récréation » à la proposition, dans un territoire connexe aux parcs de conservation ((…) permettrait de recevoir une clientèle beaucoup plus vaste, tout en diminuant l’impact sur ceux-ci (les parcs de conservation).p. 7)

Corporation Bien-être des Pertes de revenus Prolongation de la

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municipale des cantons unis de Stoneham et Tewkesbury

résidents, garder leur « joyau » (Notre municipalité regorge de lacs et rivières qu’il faut souvent défendre contre les gestes inconscients de la population. P.9)

annuels de 5 000 000$ (Aucune municipalité (…), ne peut accepter de perdre un territoire de 50 km2 représentant une évaluation municipale de plus de un demi-million de dollars, des revenus annuels de 5 000 00 sans s’opposer à semblable situation. P.10)

route, dédommagement pour la perte de territoire (Nous suggérons que cette route soit prolongée jusqu’au boulevard Talbot, à environ 2-3 milles. P.7) ((…) aussi longtemps que notre municipalité n’aura pas reçu, en retour, l’équivalent de ce qu’elle est forcée de céder. P.10)

Maison Painchaud

Accessibilité, notamment des lacs, pour le type de clientèle de l’organisme (ex-détenus) ((…) que des arrangements spéciaux demeurent possibles afin que l’accessibilité aux ressources de chasse et pêche demeure réelle pour notre organisme et la clientèle que nous desservons. p. 4)

Société de géographie de Québec

Extension du parc des GJ, notamment pour la protection de la flore ((…) d’agrandir d’une dizaine de km tant à l’est qu’à l’ouest le « parc de conservation des GJ ». p.6)

Autres réserves écologiques ((…) il soit envisagé la possibilité de créer d’autres réserves écologiques dont la responsabilité incombe au ministre de l’Environnement. P.6)

Société linnéenne de Québec

Règlements à caractère faunique, normes, espaces pour la faune (Il ne

Générations futures ((…) il faudra prévoir des extensions aux

Bien définir les termes récréation et conservation (Outre de bien

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faudrait pas oublier que dans tout aménagement de parcs il faut qu’il y ait des endroits où certains animaux ont besoin de se soustraire à la pression des excursionnistes. P.7), conservation des lacs GJ (Or, aucun de ces six lacs exceptionnels, même le grand lac JC, n’a été inclus dans « le parc de conservation et de récréation ». p.8) (De ce grand lac, nous désirons que le concept de parc de conservation et de récréation, après avoir été mieux défini, s’applique au territoire si entre le grand lac JC et les GJ en y incluant la forêt mature, la tourbière du lac Malbaie et la pessière noire à cladonie et à bouleaux nains du lac à Jack ainsi que les lacs du même nom. P.10)

espaces retenus comme prioritaires puisque ces espaces sont et seront pour les générations présentes et futures, par conséquent de plus en plus nombreuses. P.7)

définir les termes conservation et récréation, il faudrait prévoir les espaces non seulement pour l’application de ces deux types d’aménagement mais aussi pour toutes les nuances entre les deux. P.6), extension du PJC jusqu’au lac JC (Aussi recommandons-nous que la Vallée de la JC s’étende vers l’amont jusqu’à la tête de façon à y inclure le grand lac JC. P.10), rejet de la réserve faunique telle que présentée parce qu’onéreuse (Par contre, nous rejetons le statut de réserve faunique à certains territoires tel qu’il nous a été présenté. Nous croyons que cette loi de réserve sera très peu efficace en plus d’être onéreuse. P.11) (Pour cette raison, nous nous demandons au sujet du statut des réserves fauniques, quelle sera la différence entre les conditions d’exploitation dans les réserves fauniques par rapport à celles qui prévaudront sur les terres domaniales en dehors des

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réserves puisque, dans les deux cas, les lois antérieures s’appliquent déjà? P. 5)

Jean Bédard et Jean Huot, Tewkesbury

Pas d’exploitation ((..) les québécois ne peuvent absolument pas se satisfaire de ce que le Parc des Laurentides tel qu’ils le connaissent, le respectent et l’utilisent soit tout à coup transformé en une réserve faunique où les impératifs de l'exploitation soient désormais consacrés légalement et placés au-dessus de ceux de la récréation et de la conservation. P.5) (Votre seul devoir, monsieur le ministre, est de conserver au nom des québécois, les parcs actuels dans leur intégrité même si leur périmètre semble exagéré aux yeux de ceux qui convoitent les ressources qu’ils contiennent et même si ces périmètres sont dus davantage à des accidents historiques ou à la perception de coureurs des bois plutôt qu’à l’inexorable dialectique de

Générations futures (Ces parcs ne répondent même pas à la demande contemporaine! Que dire des générations futures? P.3)

Limites mal expliquées (on ne nous explique pas pourquoi le bassin versant de la JC est tronqué de toute sa partie supérieure alors qu’une saine approche écologique eût commandé de cerner le bassin tout entier. P.2) (On ne nous explique pas la logique en vertu de laquelle on crée deux nouveaux parcs de conservation exigus autour de deux pôles d’une valeur exceptionnelle incontestable mais d’une fragilité tout aussi indiscutable. P.3)

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techniciens contemporains. P.5)

Louis Bélanger, Marcel Darveau et Benoît Houde, Québec

Aménagements fauniques plutôt que forestiers (Que la Réserve Laurentides soit une réserve faunique tant en pratique qu’en principe, c’est-à-dire qu’on y fasse un aménagement faunique au lieu d’un aménagement forestier avec restrictions pour la conservation de la faune. P.5)

Intégration du réaménagement à un réseau de parcs Réserve des Laurentides gérée et aménagée comme une entité distincte plutôt que morcelée (Que le ministère précise le réseau global de parcs pour la région de Québec. Que la Réserve Laurentides soit aménagée et gérée comme entité distincte au lieu d’être morcelée en cinq unités de gestions. P.6)

Daniel Dolan, Québec

Secteur Van Bruyssel : exploitation par un pourvoyeur (Comme l’accès est unique il me semble que la gérance et le contrôle de l’exploitation devrait être unique aussi. P.3) (Je présume que l’exploitation par un pourvoyeur permettra de rentabiliser le secteur Van Bruyssel. P.4)

Jean Piuze, Québec

Conservation de l’environnement (On y protège la faune, mais pas la flore ni l’habitat, comment peut-on espérer accomplir cela? P.10) (On ne se soucie jamais

Parc des Laurentides au complet comme parc de conservation (Si la réserve faunique fournissait des garanties solides de conservation du

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de toutes les autres espèces, sauf pour suggérer la possibilité de les chasse, comme c’est le cas pour la gélinotte et le tétras à la page 12 de la proposition métamorphose. p. 10

patrimoine naturel, la proposition serait déjà beaucoup plus acceptable; mais tel n’est pas le cas. P. 10) (Que l’actuel Parc des Laurentides soit entièrement déclaré comme parc de conservation. P.11) Réseau de parcs (Que, dans l’optique d’une éthique de l’environnement, une véritable politique à long terme de mise en place d’un réseau de parcs de conservation soit élaborée, afin de viser à protéger au moins 5% du territoire québécois. P.13)

Association provinciale des trappeurs indépendants Inc. Saguenay-Lac-Saint-Jean

Économie (Au point de vue économique, l’activité de trappage engendre de bons revenus autant pour le gouvernement que pour le trappeur lui-même en plus de créer ou de maintenir des emplois dans les industries connexes à la fourrure (…) p. 3)

PL comme zone de terrains enregistrés de trappage (Notre proposition concernant le PL demande à votre Ministère de décréter la réserve Laurentides comme zone de terrains enregistrés de trappage. P.1) (Des études écologiques ont prouvé, et votre Ministère est bien placé pour le savoir, qu’une récolte annuelle est favorable au maintien de populations saines. P.3)

Association touristique du

Protéger la ressource de base

Veut avoir la responsabilité de

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Saguenay-Lac-Saint-Jean - Chibougamau

(Que la philosophie globale du développement du territoire garantisse : C) de protéger la ressource de base. P.10)

l’accueil et du service (C’est à l’Étape que le visiteur a la première occasion de prendre contact avec la région (…) Nous, de l’Association touristique du Saguenay-Lac-Saint-Jean – Chibougamau, croyons que la responsabilité de l’accueil et du service devrait nous être confiée à titre de concessionnaire. P.7) Que le parc des Laurentides ne devienne pas un parc de récréation pour la communauté urbaine de Québec (Que le parc des Laurentides ne devienne pas un parc de récréation pour la communauté urbaine de Québec. p.9)

Conseil régional de développement du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Coupe à blanc bannie à certains endroits (Que la coupe à blanc soit bannie le long des routes et dans les unités à potentiel récréatif de classe 2, 3, tolérée ailleurs à condition que la régénération forestière soit assurée de façon naturelle ou

Réserve de matière ligneuse (Que la forêt du bassin versant soit considérée, à l’exception des secteurs faisant l’objet de conservation (parc de conservation) comme une réserve de matière ligneuse pour le développement économique de la

Gestion adaptée (Que, dorénavant étant donné le caractère particulier de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau, l’on respecte l’intégration des parcs régionaux (PL, Parc de Chibougamau) à la planification régionale. P.29)

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artificielle et à condition que leur étendue ne vienne pas entraver la production de faune ongulée. P.30)

région dont la gestion devra assurer la préservation de la faune, la protection des eaux ainsi que l’utilisation diversifiée (récréative et autres) p. 29) Développement socio-économique (Que l’intégrité du bassin versant nord du PL (tel que suggéré par l’Ordre des Ingénieurs forestiers) soit respectée pour permettre l’utilisation rationnelle du territoire et le développement socio-économique de la région 02. P.29)

(Que le gouvernement offre le support logistique nécessaire à la gestion du territoire (protection de l’environnement, service de la faune, infrastructures, etc. p.30) (Que la réaffectation du territoire du parc se fasse en respectant les aires naturelles et en permettant une souplesse au niveau de la gestion qui associe les organismes régionaux. P.30)

Conseil régional des loisirs du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Limites étendues pour les différents parcs (Que soit créé le parc des GJ tel que proposé par le Ministère en y incluant les Hauts-Monts de Charlevoix afin de rendre plus accessible ce parc à la population du Qc. P.15) (Que le territoire de l’ancien PL soit protégé par la loi des réserves fauniques tel que proposé par le Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche en y incluant les territoires

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suivants : La Métabetchouan jusqu’à la limite municipale de St-André (…). P.15)

Université du Québec à Chicoutimi, Club de montagne du Saguenay Inc.

Protection du reste du territoire (Il serait bon de mentionner que le reste du territoire, classifié comme réserve faunique, sera lui protégé par une « autre » loi, celle de la conservation de la faune (Loi 71). P.16) (De plus, il ne faudrait pas que les nouveaux parcs semblent être de nouveaux compromis plutôt qu’une véritable politique de conservation du milieu et de l’aménagement intégré des ressources des grands espaces. P.16) (La conservation est aussi une ressource et non une perte. P. 17)

Denis Claveau et Jocelyn Vézina, Chicoutimi

Sentier de randonnée traversant le PL (Le PL a toujours constitué une barrière naturelle pour les habitants du Saguenay-Lac-Saint-Jean. (…) Nous proposons un sentier de randonnée traversant le PL à partir de notre

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région jusqu’à la vallée de la JC. P.3-4)

Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec

Approvisionnement aux usines de sciage Maintenir l’activité économique de Québec au plus haut (L’AMBSQ recommande au Ministère québécois du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche de faire en sorte que la nouvelle délimitation n’affecte pas les exploitants forestiers, donc permettre la récupération en priorité de bois marchands. P.14) (L’AMBSQ recommande de prolonger dans la zone dite « parc de conservation » des coupes sélectives pour une période de 5 ans. P.14) (L’AMBSQ recommande que des coupes à diamètre limite dans ces territoires bénéfiques pour la conservation de la faune et le renouvellement d’un couvert forestier désiré soient pratiquées. P.15)

Limites JC (L’AMBSQ appuie le Ministère québécois du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans sa proposition d’un parc de conservation, mais ce parc doit se limiter à la rivière JC et à ses versants. Le territoire suggéré doit être englobé dans une superficie ne dépassant pas les 300 km2. P.14)

Club des ornithologues du Québec

Inclure tout le bassin versant de la JC, Metabétchouane

Gestion cédée au Ministère de l’Environnement (Attendu que les

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et Malbaie dans le parc Cratère de Charlevoix Et toundra soient représentés dans le parc (Que le bassin versant de la rivière JC actuellement compris dans le PL soit inclus en entier dans le futur parc de conservation. P.19) (Que le bassin versant de la rivière Metabetchouan actuellement compris dans le PL, soit la partie nord du sentier des Jésuites, soit inclus en entier dans le futur parc de conservation. P.19) (Que la partie la plus spectaculaire de la vallée de la rivière Malbaie, en dehors du parc actuel, soit classée parc de conservation. P.19) (Que le cratère météoritique de Charlevoix et la toundra soient représentés, dans le futur parc de conservation, par au moins le mont du lac des Cygnes, déjà prévu comme réserve écologique, de même que le mont du lac à l’Empêche. P.19)

compétences du MTCP sont orientées plutôt vers l’exploitation que vers la conservation, il est recommandé : Que la gestion des parcs de conservation soit transférée au Ministère de l’Environnement. P.19)

Fédération Pas de coupe Gestion éducative

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québécoise de canot-camping Inc.

forestière Conservation de la faune en priorité (Que la coupe forestière soit subordonnée aux impératifs de conservation de la faune d’abord, mais que par un type de zonage approprié (…). P.3) Zonage pour préserver les sites naturels au potentiel récréatif important (Déplacer le territoire d’est en ouest de façon à récupérer la rivière Tourilli qui se situe dans le prolongement de la faille (…) p. 1)

et récréative (Nous estimons que l’on devrait s’orienter vers de véritables programmes d’éducation et de récréation en nature et que le Ministère y consacre les ressources humaines, physiques et financières indispensables à la réalisation de tels objectifs. P.4)

Fédération québécoise de la montagne

Utilisation rationnelle des ressources ligneuses du PL (Que le MTCP exerce une vigilance de tous les instants pour assurer une utilisation rationnelle des ressources ligneuses dans le territoire proclamé « Réserve Faunique ». p.12) Vallée Malbaie Corridor protégé entre la riv. Malbaie et le futur parc du Saguenay (Que le MTCP étudie la possibilité d’établir un corridor protégé entre le parc de la rivière

Aménagements et infrastructures GJ PJC (Que les aménagements effectués dans les limites des Parcs de Conservation proposés soient axés, surtout sur la récréation extensive de Plein-Air : escalade, randonnées (..). p.12) Accessibilité (Que le MTCP élabore une politique d’accessibilité et de circulation, en toutes saisons, à l’intérieur des parcs du Québec. P.12)

Limites du GJ plus grandes (Que les limites s’étendent vers le Nord et le Nord-Est de façon à inclure la portion Nord de la rivière Malbaie de même que le secteur des monts Élie, Jérémie, Écluse, des Érables, la Muraille, Équerre. P.13) Tout le bassin de la JC dans le parc (Que les limites du PJC suivent sensiblement celles de l’actuelle Forêt Domaniale des Laurentides. P.12)

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Malbaie et le futur parc du Saguenay. P.12)

Ordre des ingénieurs forestiers du Québec

Moins de protection JC (juste 2 vallées glaciaires et pas au complet) (Nous proposons donc que le territoire naturel préservé soit l’ensemble de ces deux vallées glaciaires en forme d’auge « U » incluant le fond des vallées et leurs versants abrupts jusqu’aux premiers sommets des rebords supérieurs, mais jusque-là seulement. P.4)

Exploitation (Que le territoire de ce plateau continue à faire partie des terres publiques, serve de territoire récréatif, autant que possible, et continue à être prioritairement utilisé à des fins d’exploitation forestière, etc. p.50)

Protection max. dans les parcs de conservation, mais ces derniers doivent être réduits au max. (Que ce parc soit utilisé exclusivement à des fins d’éducation au milieu naturel, de recherche scientifique et de récréation en milieu naturel les plus compatibles possibles avec sa fonction première de préservation du milieu naturel. P.50) (Que la superficie totale du parc de la Jacques-Cartier soit réduite de 698 km2 à moins de 200 km2. P.50)

Sentiers-Québec Limites plus grandes. ((…) il faut également protéger les zones de reproduction. P.4) (Nous demandons de déplacer la limite ouest du parc de la JC vers l’ouest d’environ 10 kms. P.3) (Nous suggérons d’étendre le parc des GJ afin d’y inclure les hauts sommets situés du côté est de la route 381. P.4)

Protection de grands corridors de plein-air (Nous souhaitons donc la création d’un corridor polyvalent reliant la vallée de la JC à Tadoussac. P.5)

Politique d’implantation des parcs (Nous demandons au ministre de dévoiler sa politique d’implantation des parcs. P.6)

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Annexe III

Parc national de la JACQUES-CARTIER

Dernière mise à jour – 4 mars 2014

Liste des indicateurs

Paramètre Indicateur Méthodologie Code

Co

mp

osa

nte

s é

cosy

sté

miq

ues

Qualité de l'air Degré d’acidité des précipitations pH de la pluie – Stations du MDDEFP 1-1-01-001

Qualité de l'eau État de la faune benthique SurVol Benthos 1-2-01-002

Niveau d'acidité des lacs Acidité de lacs sélectionnés 1-2-02-001

État de la

biocénose

Propagation des plantes non indigènes Quadrats d'échantillonnage 1-3-01-001

Espèces exotiques envahissantes Liste des EEE présentes 1-3-02-001

Incidence d'événements anthropiques sur

les processus écologiques Indice de perturbation/restauration 1-3-03-001

Importance de la déprédation Indice de déprédation 1-3-04-001

Situation des espèces fauniques

Suivi des oiseaux nicheurs 1-3-05-001

Suivi des chauves-souris 1-3-05-101

Indice de la qualité de l’habitat de

l’orignal 1-3-05-108

Route d'écoute des anoures 1-3-05-201

Situation des espèces à statut particulier Suivi de l'omble chevalier 1-3-06-301

Qualité des habitats exceptionnels ou sensibles

Suivi des ÉFE – Bétulaie jaune à sapin,

à orme et à frêne 1-3-07-001

État de la ressource halieutique Indice de qualité de pêche 1-3-08-001

Co

mp

osa

nte

s h

um

ain

es Organisation

spatiale du

territoire

Densité des infrastructures Indice de densité des infrastructures

actives 2-1-01-001

Fragmentation du territoire Indice de dissection du paysage 2-1-02-001

Utilisation des terres en zone périphérique Indice d'occupation du sol 2-1-03-001

Qualité des infrastructures

Emprise des sentiers Mesure de l'emprise des sentiers 2-2-01-001

État des sites de camping Indice de dégradation 2-2-02-001

Qualité des aménagements reliés aux

berges Indice de dénaturalisation 2-2-03-001

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