La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

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URBANISME Comment attirer les cadres sup’ ? L’iNfO TENDANCE soigne ses bobos LA GUILLOTIÈRE P.12 La nuit, deux mondes se croisent P.28 « Vivre à la Guillotière est un état d’ésprit » Myriam Picot P.24

description

Dans ce numéro de l’Info, toute la rédaction, composée d’étudiants en troisième année de journalisme à l’ISCPA Lyon, s’est mobilisée pour parler de la Guillotière. Un quartier en pleine évolution. Entre urbanisme, communautarisme, délinquance, politique, sans oublier les meilleures adresses, la rédaction de l’Info n’a rien laissé au hasard pour proposer au lecteur une immersion dans un quartier fascinant. Guillotière, Lyon, Urbanisme, Communautés, Immobilier.

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URBANISME Comment attirer les cadres sup’ ?

L’iNfOTENDANCE

soigne sesbobosLA GUILLOTIÈRE

P.12La nuit, deux mondes se croisent P.28

« Vivre à la Guillotière est un

état d’ésprit »Myriam Picot

P.24

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L’INFO L’EDITO

ISCPA LYON 47, rue sergent Michel Berthet69009 LYONTel : +33 (0) 4 72 85 71 73Fax : +33 (0) 4 72 85 71 [email protected]

Magazine réalisé par les étudiants en 3ème année du bachelor journalisme de l’ISCPA LYON

DIRECTION

Directeur de la rédaction : Olivier Vassé

REDACTION

Rédacteur en chef : Paul Dalas

Réd. en chef adjoint : Anthony Berthelier

Journalistes : Alice ColmartMarie LacombeÉline DanyLoris GuillaumeAnthony BerthelierStéphane MonierPierre-Antoine BarutDavid HernandezMehdi ElaaboudiMorgan CouturierHugo BorrelLouis BoyerPaul DalasLilian Gaubert

CRÉDITS PHOTOS

Loris Guillaume

MAQUETTE

Eline Dany

SECRETARIAT DE REDACTION ET RÉVISIONS

Morgan CouturierAlice ColmartMehdi ElaaboudiLilian GaubertPaul DalasAnthony Berthelier

REMERCIEMENTS

L’équipe de l’INFO tient à remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce magazine. Notamment toutes les personnes présentes dans ces pages qui ont accepté de nous répondre. Remerciements également à Olivier Vassé pour avoir superviser l’équipe de rédaction. Un grand merci à la machine à café qui a beaucoup souffert pendant 3 semaines.

L’infO

CHACUN SAGUILLOTIÈRE

Lors de notre première conférence de rédaction, nous nous sommes demandés ce que nous évoquait le quartier de la Guillotière. De cette réunion, sans avoir travaillé sur le su-jet auparavant, en est ressortis différents axes de réflexions. “Est-ce que la Guillotière est un quartier communautariste », « Il faut parler des trafics sur la place Gabriel Péri » , « Je

crois que la Guillotière est le plus vieux quartier de ce côté du Rhône », « Il y a plein de kebabs à la Guill’, pourquoi on ne parlerait pas de ça » “Attendez, on ne peut pas parler de la Guillotière sans parler d’urbanisme ! », « Il faut absolument faire un papier sur les bobos qui s’installent dans le quartier ».

Les pistes n’ont pas manqué. Après quelques jours passés sur le terrain, à observer les rues, les vitrines de ce qui ressemblait à un village mon-dial, les gens aux terrasses de cafés, a poser des questions aux acteurs du quartier, peu de temps aura été nécessaire pour comprendre que la vrai Guillotière ne ressemblait pas à l’idée que nous en avions. Après des jours de recherches, de prises de contacts quelque chose nous échappait toujours. Il y a dans ces rues, un aspect indéfinissable qui fait pourtant toute l’âme de la Guillotière.

Traiter ce sujet en une trentaine de pages a été un exercice difficile, il existe autant de Guillotière que d’habitants. D’abord elle possède presque autant de couleurs que d’habitants, et chaque communauté possède ses habitudes. On m’a confié que la Guillotière représentait le véritable vi-sage de l’Afrique, d’autres m’ont affirmé que la Guillotière était le quartier chinois. Et je n’évoquerai pas l’histoire de son urbanisme qui a vu naître puis disparaître des projets plus ahurissants les uns que les autres me-naçant de détruire ce qui fait finalement la beauté de ce quartier. Histo-riquement populaire, la Guillotière a traversé des crises mais a toujours conservé cette fonction de quartier d’accueil, un endroit ou chacun se sentirait chez soi.

Fin de la conversation

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CHACUN SAGUILLOTIÈRE

LE SOMMAIRE/ Le nouvel informateur / Fondateurs : étudiants en 3ème de journalisme à l’ISCPA LYON / n°1 / dec. 2015

AVANT-POSTES

GRANDS FORMATS

DÉBATS

HISTOIRE

TENDANCES

3

L’EDITO de Paul Dalas5 CHOSES À SAVOIR SUR...LES GENSLA FRISE

EN COUVERTURE : URBANISME IMMOBILIER

LE TÉLÉPHONE ROUGELA PHOTO

DELINQUANCE ET TRAFICLA JEUNESSE REGARDE À GAUCHEINTERVIEW DE MYRIAM PICOT

LA MADELEINE DE LA GUILL’

UNE NUIT POUR DEUX MONDESOÙ SORTIR À LA GUILLOTIÈRE 10 LIEUX INCONTOURNABLESOÙ MANGER À LA GUILLOTIÈRE

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À NOS LECTEURS

Du redacteur en chef aux journalistes, chaque membre de la rédaction du « nouvel informateur » atteste sur l’honneur que le présent supplément a été écrit de sa main, que ce travail est personnel et que toutes les sources d’informations externes ainsi que les citations d’auteurs ont été mentionnées conformément aux usages de vigueur. La rédaction certifie par ailleurs qu’elle n’a ni contrefait, ni falsifié, ni copié l’oeuvre d’autrui afin de la faire passer pour sienne et qu’elle a travaillé dans le strict respect de l’éthique et de la déontologie des journalistes.

COMMUNAUTÉS16

Enquête exclusive

Des aménagements pour une nouvelle image

GRANDS FORMATS l URBANISME 13

L’aménagement de ce quartier du 7ème ar-rondissement de Lyon trouve son origine lorsque le tramway a été réaménagé a la fin du mandat de Ray-mond Barre en 2000. Son installation, en

plus de la ligne D du métro, a davantage ancré le quartier dans le flux humain de la métropole. Souvent considéré comme pauvre face à son voisin le 6ème arrondis-sement, la Guillotière tente de bannir cette image. Les logements indécents et les rues insalubres sont désormais du passé, place au vert ! Une volonté politique défendue par Loïc Graber, adjoint du 7ème arron-dissement en charge de l’urbanisme et de la politique de la ville. Modifier l’urbanisme de ce quartier s’avère difficile car beaucoup de bâtiments appartiennent à des particu-liers. Ce qui n’empêche pas la municipalité, lorsque cela est possible, de se demander s’il faut écrouler ou rénover un bâtiment. Cette question, les élus se la posent sou-vent. Et afin de gagner de l’espace, on pré-fère souvent la première solution. Dans un quartier en pleine mutation, il a fallu non seulement repensé les bâtiments conte-nant des logements mais également l’as-pect extérieur du quartier. Face au nombre de familles s’installant dans cette partie de l’arrondissement, il fallait davantage penser à leurs besoins, et notamment aux aires de jeux. La Guillotière devient donc un lieu où il fait bon vivre pour un couple qui souhaite se balader à travers la végé-tation où un jeune architecte, Cédric, 32 ans cherche à développer son activité dans « un quartier en essor comme peut l’être Gerland mais où le loyer reste abordable. Et puis, beaucoup d’immeubles sont à rénover donc ça me fait du travail » confie-t-il sur le ton de la plaisanterie. L’arrivée d’une nou-velle population pour pousser une autre dehors, la Mairie socialiste s’en défend bien évidemment, attachée à la mixité du quartier.

CONCERNÉS PAR LEUR QUARTIERUne histoire où l’engagement des habi-tants de la Guillotière a été mis à contri-bution. Bien que la Mairie réalise tous les travaux publics, les habitants ont pris une place considérable dans les débats concernant l’avenir de leur quartier. Des

collectifs comme le Comité d’intérêt lo-cal Gerland-Guillotière ou les conseils de quartiers relèvent les besoins des habitants et les difficultés auxquelles ils sont confron-tés au quotidien comme les problèmes de stationnements pour les commerces ou encore le manque de verdure. Les plaintes sont nombreuses et provoquent souvent des discussions houleuses avec la mairie « On cherche juste à améliorer la vie du quartier parce que c’est juste impossible de zigzaguer entre les voitures garées en double file au milieu de la route » confie José Pe-reira, habitant de la Guillotière depuis 13 ans et membre du conseil de quartier. Sur la Grande Rue, au croisement de l’avenue Felix Faure et de la rue Créquie, la voirie a été complètement repensée il y a deux ans face à la démolition de plusieurs im-meubles. Des travaux d’élargissement de trottoirs, de stationnement, d’une voie vélo à doubles sens « encore trop peu nombreux quand on voit le bordel juste derrière la Place Gabriel Péri »

SYMBOLE D’UN ÉCHEC ?En interrogeant Loïc Graber, l’élu ne fait aucune allusion à l’ancienne place du pont devenu Gabriel Péri. Un symbole pour le quartier, qui a cependant participé à ternir son image. Notamment durant l’été 2014 où des barrières ont été élevées pour, of-ficiellement, prévoir le réaménagement de cette place alors que pour beaucoup la raison principale était l’expulsion de Roms. Le test n’a duré qu’un mois face à la pression de la population. Un exemple qui montre bien la difficulté d’aménager le terrain. Depuis l’arrivée du tram, la muni-cipalité se trouve face à une réelle difficulté d’aménagement urbain. En effet, la place se retrouve découpée en zone triangulaire, étroite où la moindre tentative de travaux coupe toute circulation. Or, que ce soit pour José Pereira ou Loïc Graber, « Gabriel Péri est une zone d’hyper-circulation. »Comment réussir alors à aménager cet es-pace? Une question pour le moment sans réponse. Un réaménagement de grande ampleur serait financièrement trop lourd. D’autant plus que la ville se trouve dans un contexte budgétaire assez compliqué, avec une baisse des dotations de collecti-vité locale de l’ordre d’un milliard d’euros. Difficile de faire avancer les choses avec les enveloppes de proximité de l’ordre de 100 000 euros. Le quartier de la Guillotière est donc loin d’avoir terminé sa mutation.

DAVID HERNANDEZ

Depuis maintenant un peu plus de dix ans, les politiques tentent d’insuffler un nouveau dynamisme au quartier de la Guillotière. Avec une évolution de la pensée écologique des pouvoirs publics, les villes ont dû aménager leur territoire afin de répondre à cette prérogative. La Guillotière n’a donc en rien échappé à ce phénomène.

INTERVIEW24

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»

Maire du 7ème arrondissement depuis 2014, Myriam Picot reconnaît volontier le caractère unique de la Guillotière.

Comment réussir à faire de l’urbanisme dans un quartier aussi dense que la Guillotière ? Il faut se rendre compte que la Guillotière, il y a quelques années en arrière, ce n’était pas ce que c’est aujourd’hui. L’espace Mazagrand, par exemple, a mis extrêmement longtemps à voir le jour, parce qu’on voulait le construire avec les habitants et associations du quartier. Désormais, c’est un vrai poumon dans ce quartier extrêmement dense. On a également démo-li quelques immeubles insalubres. Sur ce point aussi, on s’est écharpé avec certaines associations, comme les Guillotins, vent debout contre la rénovation de la Guil-lotière, contre cette gentrification. Mais on ne peut pas non plus laisser vivre des gens dans ces conditions insa-lubres, c’est irresponsable. L’idée est toujours de conser-ver l’esprit des lieux mais aussi de rénover tout ce qu’on peut rénover, tout en gardant à l’esprit qu’on ne peut pas faire de grand projet d’ampleur, la Guillotière, ce n’est pas Gerland, tout se fait par petites touches.

Jean-Yves Sécheresse, en charge de la sécurité à la mairie centrale relève un certain manque de moyens de police municipale pour lutter contre les trafics, notamment sur la place Gabriel Péri. C’est aussi votre sentiment ?Je trouve que la situation s’est bien améliorée. On a vécu des périodes beaucoup plus chaudes, il y a un an en arrière. Nous avons instauré un dispositif assez satisfai-

sant, qui consiste à la fois à mettre en place, une patrouille de po-lice municipale qui ne reste pas statique sur la place, parce que les trafics, la prostitution se fait aussi dans les rues attenantes. Et puis sur la place elle-même, une équipe de trois médiateurs sociaux qui permet aux gens qui errent, d’être informés de leurs droits, sociaux et médicaux, ainsi de ce que l’Etat peut faire pour eux.Avec le taux de chômage, il y a forcement du petit trafic mais ce n’est pas une place qui est criminogène, vous pouvez la traverser sans crainte.

Cette petite délinquance est inévitable ? Il est important d’envoyer des signes forts et montrer qu’on ne la laisse pas s’installer. La loi reste la loi. Personnellement, je ne crois pas du tout a une société avec un taux de délinquance zéro. Ça n’existe pas, encore moins dans un secteur qui connaît un taux de chômage pareil.Ce qu’il faut c’est que les gens soient en sécurité, mais ce n’est pas un trafic qui atteint à la sécurité des personnes. Il y a aussi une délinquance de besoin. La prostitution de Guillotière n’est pas la même que celle de Gerland. Elle se différencie dans le sens où à la Guillotière on trouve de la prostitution alimentaire.

Est-ce qu’il n’y pas un risque de voir évoluer une Guillotière à deux vitesses ? Celle qui a les moyens de fréquenter les nouveaux lieux de culture et de loisir, et les autres. Forcement, on ne peut pas rassembler dans un même lieu, toutes les populations, indépendamment du prix. Qu’il y ait des lieux dans lesquels certaines communautés aiment se retrouver entre elles, ne me paraît pas condamnable. C’est inéluctable même. L’im-portant c’est que subsiste toujours cette mixité, ce brassage. Et puis

il peut y avoir des ponts entre ces lieux-là.

Justement, existe-t-il des lieux ou des événe-

ments fédérateurs dans le quartier ?Il y a déjà le gros travail des associations qui fourmillent à la Guillotière. Il y a également le conseil de quartier qui brasse pas mal de population. Il est très vigilant sur les projets urbains, la propreté, l’écologie. La population de Guillotière a envie que son quartier vive. Il y a tout un tas d’événements - vraimentportés par les associations, la po-pulation et les commerçants - comme les brasseries, qui se déroulent tout au long de l’année. Je me rappelle d’une pièce de théâtre sur le parvis de la mairie dans le cadre de ‘Tout L’Monde Dehors’. Beaucoup de jeunes étaient assis devant avec des enfants et derrière il y avait les anciens du quartier avec leurs sièges pliants. Tout le monde était venu. C’est le charme de ce quartier.

La Guillotière est le quartier asiatique de Lyon, où en est la création de l’arche de la rue Passet ? On avait réussi à obtenir l’accord des bâtiments de France. Cette arche s’adossait sur deux immeubles et les copro-priétaires d’un des immeubles ont refusé. On en est là.

Quelle est votre Guillotière ? Ma Guillotière c’est une place extrêmement mixte et intéres-sante à de très nombreux point de vue. C’est, d’abord, un lieu historique d’entrée dans Lyon. Quoi qu’on fasse de la Guillo-tière, dans le monde entier, on sait que quand on arrive sur Lyon, on passe par la Guillotière. Ce lieu de rassemblement des étrangers à Lyon a toujours subsisté et on peut y lire toutes les vagues d’immigrations successives. Donc forcément, c’est un lieu de multiculturalisme, de mouvement permanent et d’ébullition permanente.

Justement, comment, dans ce quartier, arrive-t-on a faire vivre ensemble autant de culture, de religion, de communautés différentes ? Je pense que les gens qui ont choisi de vivre et de travail-ler dans ce quartier sont des gens à l’esprit ouvert et qui ont conscience de la richesse du multiculturalisme. Je ne fais pas d’angélisme, je ne dis pas qu’il n’y a pas de conséquences moins agréables, mais c’est sûr que si vous ne vous installez pas à la Guillotière avec cet esprit là, vous ne restez pas. Globalement, les habitants du quartier sont en général des gens ouverts sur le monde. Il y a aussi dans la Guillotière beaucoup d’habitats pas chers, même dans des beaux immeubles. Forcément, il existe toute une population aux revenus modestes qui a envie de res-ter dans le centre-ville. De plus, c’est un quartier très riche en activités culturelles, bars, lieux de musique, gastronomie. C’est ce que recherche une population plus jeune.

Est-ce-que l’arrivée de cette nouvelle population de cadre supérieur, cette gentrification est un phéno-mène encadré ? Je ne crois pas du tout à une gentrification d’avenir dans ce quartier. Je pense que l’âme de ce quartier, c’est sa mixité, et jusque dans les projets immobiliers, on fait tout pour conser-ver ce caractère. On ne peut pas construire dans la Guillotière, mais quand il y a des reventes d’appartements, la ville essaie de préempter en faveur d’habitats sociaux. C’est-à-dire que ce sont des biens rachetés par des bailleurs sociaux, qui les mettent ensuite en location. On a ce souhait-là. On a pu voir que placer une population homogène dans un même quartier est un échec. D’ailleurs, on en paie aujourd’hui le prix. On sait que la solution, c’est la mixité, et si on veut que dans les crèches, les écoles il y ait une population mixte, il faut que l’on retrouve cette mixité dans les immeubles.

« Je ne crois pas à une gentrification d’avenir »

Politique

ANTHONY BERTHELIER l PAUL DALASANTHONY BERTHELIER

MYRIAM PICOT, l’ancienne batonnière de Lyon, succède à Jean-Pierre Flaconnèche en 2014

GRANDS FORMATS l COMMUNAUTÉS 19GRANDS FORMATS l COMMUNAUTÉS18

« EntrE communautés, qui sE rEssEmblE, s’assEmblE »

Comment expliquer ce lien entre Lyon et la Chine ?C’est un lien puissant portant sur quatre axes : la culture, l’aspect uni-versitaire, les échanges économiques et l’entente politique. Sur ce dernier point, il faut savoir que la ville de Lyon est jumelée depuis 1988 avec celle de Canton en Chine et la région Rhône-Alpes avec la municipalité de Shanghaï. À ce titre, elle jouit de rela-tions privilégiées. Économiquement, Lyon est la seule ville de France, si l’on retire Paris qui accueille un bâtiment de la Bank of China dédié aux affaires. Mais le point le plus important c’est la question culturelle et étudiante. En 1921 est fondé l’Institut Fran-co-Chinois qui a pour but d’accueillir des étudiants chinois en France en lien avec une ouverture de la politique chinoise aux « études occidentales ». De nombreux personnages politiques et intellectuels français et chinois s’y rencontraient alors, et les échanges naissaient. L’Institut existe toujours aujourd’hui. L’immigration à Lyon de communautés asiatiques coïncide avec le mouvement Travail Etudes (élaboré par Li Shizeng qui avait ef-fectué ses études en France). Là bas, des milliers de Chinois vont aller se former. Ainsi qu’en Europe et surtout en France dans les années 1900.

Pouvons-nous par-ler d’un quartier chinois à Lyon ? Il serait plus juste de parler d’un quartier asiatique. Il n’existe en France aucune sta-tistique ethnique. La majorité de cette po-pulation est française, qu’ils soient immigrés de première, deuxième ou troisième généra-tion. On estime tout de même à 40 000 le nombre de personnes de la communauté asiatique en région R h ô n e - A l p e s - Au -

vergne. Dans le quartier de la Guil-lotière, il y a un plus grand nombre de Vietnamiens, de Cambodgiens, Thaïlandais et de Laotiens mais qui se revendiquent Chinois en raison de à leurs liens familiaux et à l’influence chinoise qu’ils ont (langue, religions, culture).

Pourquoi la Guillotière ? Je pense que c’est lié à l’histoire du quartier. « La Guille » a toujours été et reste un quartier d’accueil. Précédem-ment, c’était une commune indépen-dante qui était à la porte du pont de la Guillotière. Celle-ci servait de ville péage et où les immigrés s’installaient. La question du coût et des habitudes du quartier est également un facteur. On constate une récente tendance à augmenter pour le rendre un peu plus « chic ». Mais c’était un quartier abor-dable qui permettait aux communau-tés de s’intégrer. À la Guillotière, il existe beaucoup de commerces étran-gers. Or, la plupart des commerçants n’y habitent pas automatiquement. Seules les vieilles familles qui ont créé les premiers commerces ici possèdent des appartements. Mais une majorité s’étale un peu partout dans Lyon. C’est en effet plus symbolique. Notre asso-ciation voudrait monter un projet qui se tiendrait une fois par an : le « Mar-

ché du monde ». L’idée serait de re-grouper toutes les communautés de la Guillotière pour faire un marché. Par manque de personnel organisateur, le projet reste en attente.

La communauté asiatique est-elle une « grande famille » ?La communauté asiatique est assez sectorisée dans le quartier ce qui n’est pas le cas de toutes. Cela marche plus par affinité, il n’existe pas de volonté de ségrégation de telle ou telle com-munauté. Parce que les communautés se ressemblent, elles se rapprochent. Le concept de famille dans la culture asiatique est très important. À la mai-son, on parle le chinois même si on ne l’écrit pas. Ainsi, des associations d’apprentissage du chinois se sont développées afin de perpétuer la tradition. Dans la culture asiatique, toutes les relations sont basées sur ce que l’on appelle le Guang Xi, sorte de réseau social, que l’on développe à partir de sa naissance. Et cela se re-produit aussi énormément à Lyon, ils ont importé le modèle dans toutes les communautés asiatiques dans le monde. Le Guang Xi n’est pas exclu-sif et ne concerne pas uniquement les communautés asiatiques. L’entraide s’effectue entre asiatiques, noirs, ma-ghrébins, tout dépend des besoins.

« Depuis quelques années, on a vu arriver des gens plus aisés et presque bourgeois à la Guillotière, et inévitablement des commerces qui leur ressemblent. La plupart du temps, ils s'intègrent bien, participent à la vie de la Guill. Mais je suis certain que changer la population du quartier. Même en augmentant les loyers (le propriétaire de Loren a

doublé son loyer du jour au lendemain ndlr), ça ne fera pas partir tous les gens qui sont ici. Il y aura toujours cette interculturalité à la Guillo-tière, donc c’est pas gagné. Pour ce qui est des bourgeois, j'ai remarqué que c'était souvent lorsqu'ils étaient célibataires ou alors quand ils ont de jeunes enfants qu'ils s’installent ici. Après, quand ils commencent à

grandir, qu'il faut penser à l'avenir de leurs enfants, ils partent » LOREN

La Guillotière, c’est le meilleur moyen de donner la vraie image de l’Afrique «La Guill, c’est le meilleur moyen de donner la vraie image

de l’Afrique. Celle du mélange, des différences. Ce quarter est une zone Africaine, comme la rue Sébastien griffe par exemple. Nous

formons à nous même plusieurs communautés. Certaines commu-nautés s’entendent plus ou moins avec les autres. Les camerounais

du nord sont amis avec les Peuls par exemple. Au début des années 1990, un africain s’installe à la Guillotière, ouvre un magasin de cosmétique, aider par sa femme. Il sera ensuite suivi par un autre

africain qui lui même incitera un autre Africain à s’installer là. Ca s’est fait comme ca. L’Etat nous a aidé, en donnant 16 000 euros pour monter nos commerces. Traditionnellement, on n’oublie pas d’ou on vient. Chaque région a sa particularité en terme de tradition. il faut

savoir que nous avons des traditions fortes en Afrique. C’est d’ail-leurs ce qui peut créer un certain communautarisme.

SENDE

J’habite dans le quartier depuis plus de 20 ans maintenant et je

vois pas de mélange de la popula-tion. Chaque famille ou commu-nauté vit et reste ensemble et elles ont très peu de contact ensemble. Seul le tissu commercial permet de lier les habitants. Peut-être ce qui rapproche aussi c’est le fait de vivre dans le même appartement mais en-dehors, dans le privé les maghrébins par exemple restent entre eux et dans les associations

auxquelles je suis inscrit c’est la même chose. Mais c’est en

train de changer avec l’appui de certains centres d’acceuil pour les

jeunes et enfants dans lesquels après l’école ou le mercredi, toutes

les cultures se côtoient.Je pense aussi qu’il y a 10 ans de cela, tout était plus mélangé mais je ne saurais expliquer comment cette sectorisation s’est produite..

SAID

Personnellement, je pense qu’il n’y a aucune tension, aucun soucis à la Guillo-

tière. Je constate que toutes les communautés s’entendent

entre elles, la preuve est que vous pouvez trouver

des commerces de cultures différentes à proximité l’une

de l’autre. Baladez-vous dans les faubourgs, vous verrez des cambodgiens dans des boucherie halal et des algé-

riens au Nouvel An Chinois. Toutes les cultures qu’elles soient asiatiques , maghré-bines ou afro et hispaniques ont en commun la notion de partage, donc de l’inclusion plutôt que de l’exclusion. De

nombreuses associations dont la nôtre (ACOM)

essayons de rapprocher les habitants ensemble en lan-çant des événements et des projets auxquels la popula-tion adhère et se mélange.

KEAR KUN LO

Quelle est votre vision de l’interculturalité à la Guillotière ?

12

1923

Page 4: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

5 CHOSES À SAVOIR SUR ... 4

La Guillotière

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Un monument historique dans le parc sergent BlandanLe château de la Motte… avec ses façades

et ses toitures de manoirs du XVème siècle sont inscrites à l’inventaire complémentaire des monuments historiques depuis le 4 novembre 1983. Depuis peu, il fait l’objet d’un appel à projet pour sa réhabilitation et sa transformation en complexe hôtelier en 2018. En effet cette demeure classée, «témoin de l’architecture médiévale et renaissance», ainsi que le magasin d’armes situé à côté devraient devenir un hôtel-restaurant et une salle des fêtes.

Un quartier qui attire les jeunes

Depuis 1982, on assiste à une forte reprise de la croissance démogra-phique dans tout l’arrondissement. La population représente plus de 15% de la population totale de la ville de Lyon. Mais les caractéris-tiques de cette population évoluent eux aussi et se modifient. La part de la population des moins de 30 ans ne cesse d’augmenter. La Guillo-tière est le quartier le plus jeune de toute la région Rhône-Alpes et as-surément un secteur attractif pour les jeunes et plus particulièrement pour les étudiants.

Tous à la Guill!Pour valoriser la richesse des

diversités culturelles de son quartier et dans la continuité du travail par-tenarial conduit tout au long de l’an-née, le festival 6e Continent propose des soirées depuis quatre ans «Tous à la Guill » De nombreuses animations et projets artistiques sont proposés en partenariat avec les acteurs du quartier. En effet, les commerçants, associations et structures de la Guil-lotière invitent à venir découvrir des artistes originaires du monde entier. Ce sont au total plus de cinquante événements dans plus de cinquante lieux dans le quartier de la Guillo-tière.

4 L’origine du nom de Guillotière, une histoire imprécise

Difficile de connaître réellement l’origine du nom de Guillotière. Certains diront qu’à une époque il y avait des cérémonies et que les druides après les festivités allaient stocker le gui dans un temple qui était situé dans le coin. Donc le stock de gui, Guy l’Hostière, qui aurait donné Guillotière. D’autres diront qu’un établissement nommé « chez le Père Guillot », un endroit à la mode au XIIIe siècle. Les habitants y allait souvent et disaient « voilà ce quartier c’est le quartier du père Guillot, c’est la Guillotière ». Enfin il existe encore d’autres histoires comme celle qui raconte que la Guillotière était envahie de grillons, également appelées les grillots et qu’ils ont donné leurs noms à la Guillotière. Ou encore que l’origine viendrait de la création de la Guillotine. Une chose est sûre personne ne sait clairement d’où vient le nom…

5 Un des quartiers de Lyon les mieux desservisCompte tenu de la situation centrale du quartier de la Guillotière, les transports en commun sont actifs dès 1880. La construction du métro à Lyon à partir de 1967 va renforcer l’accessibilité du quartier, aujourd’hui les lignes de métro B et D des-servent le quartier. En outre, on recense de nombreuses lignes de bus qui parcourent le quartier et plusieurs autres qui le longent par l’avenue Berthelot. Les deux lignes de tramway achevées en 2000 desservent également le quartier du nord au sud et d’est en ouest : T1 : arrêts : Guillotière, Saint André, rue de l’Université et T2 : arrêts : Jean Macé, Centre Berthelot. La gare de Perrache et celle de Part-Dieu ne sont qu’à quelques minutes du quartier, il en est de même pour l’hyper-centre (la Presqu’île).

Ils font bouger le quartierELINE DANY

© DR

Page 5: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

LES GENS 5

Ils font bouger le quartier

Marie-France Antona, la resistanteEtudiante, Marie France Antona vivait déjà à la Guillotière. « J’étais fasciné par ce quartier sombre, mais très vivant. D’origine corse et née au Maroc, je m’y suis tout de suite sentie chez moi »explique-t-elle. Linguiste de formation, elle enseigne à Science-po et s’intéresse à la place des anonymes dans les premières émissions de télévisions. Touchée par la ghettoïsation de son quartier, elle décide de militer pour préserver la richesse de son quartier. Lutter contre les projets d’urbanismes en mobilisant les citoyens, de défendre ces lieux de mixité. Elle est également fondatrice du centre social Bonnefoi,

créé en 2006.

Loren, l’engagé

Installé depuis 17 ans à la Guillotière, Loren est une figure emblématique du quartier. Il suffit de visiter sa galerie, la Rage (située Rue Pasteur, ça ne s’invente pas...) pour se rendre compte de l’importance de l’artiste. Très impliqué dans la vie du quartier (il organisait notamment la Fête des Lumières à la Guillotière), il intervient aussi dans les écoles afin d’initier les enfants à l’art. « C’est normal, nous confie-t-il. J’aime beaucoup interagir avec les gens, et la Guillotière

et le quartier parfait.»

Pierre « Qyrool » Trouillet, le papa de

Lyon City Crunch

Arrivé « un peu par hasard » à la Guillotière il y a 8 ans, Pierre Trouillet est depuis tombé sous le charme du quartier. Il a d’ailleurs choisi de rapatrier son bébé, Lyon City Crunch, rue Saint-André, en plein cœur de la Guillotière. «  Ce quartier, c’est un coup de cœur. La Guillotière est en constante évolution, et c’est peut-être faux, mais j’ai de plus en plus l’impression que c’est ici que les choses se passent à Lyon.  » C’est d’ailleurs pour ça que Lyon City Crunch traite régulièrement des restaurants ou des bars du quartier. «  C’est plus facile pour nous, ici il y a quasiment un nouveau commerce qui ouvre chaque semaine, on n’a pas a aller loin  », conclu

ironiquement Qyrool.

Romain Blachier, l’élu DJ Reggae

Né à la Guillotière et âgé de 39 ans, Romain Blachier travaille dans l’industrie de l’énergie renouvelable et le numérique. Bien que quatrième adjoint au maire du 7ème arrondissement, il a, depuis peu, lancé une carrière de DJ Reggae et se produit dans différents bars de l’arrondissement. Pour lui, la Guillotière représente une richesse culturelle. Non seulement grâce au nombre de restaurants et de bars récemment installés dans le quartier, mais aussi grâce à l’extrême diversité des visages qui composent la Guillotière. En effet, pour lui : « Les habitants de la Guillotière, peu importe leurs origines, se ressemblent et s’assemblent

pour un quartier toujours plus beau ».

ELINE DANY, MEHDI ELAABOUDI, PAUL DALAS

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LA FRISE 6

En 2500 – 2100 av J-C

43 av J-C

Premières traces de l’occupation du site de la Guillotière

Création de Lugdunum

Des fouilles menées dans la rue Paul Chévrier, à la limite de l’actuel quartier de la Guillotière, ont permis de relever l’existence d’installations qui servaient à l’élevage domestique.

La création de la colonie romaine est encore controversée mais elle pourrait avoir vu le jour pour offrir un asile aux colons romains chassés de la ville de Vienne par les Allobroges, une tribu gauloise.

À la fin du XIXe siècle, le développement du quartier s’accélère avec l’arrivée du tramway dans la « Grande Rue ». Peu à peu, de nombreuses lignes passent par la place du pont, qui devient un véritable carrefour pour les Lyonnais. Une aubaine pour les commerçants, profitant de cet afflux.

VIe au XIVe siècle

1954Reconstruction du pontAu sortir de la seconde guerre mondiale, la destruction partielle du pont isole le quartier du centre de Lyon. Le pont trop abimé est totalement détruit en 1952 avant d’être reconstruit 4 ans plus tard.

Lyon accueille l’exposition internationale. Si elle se tient essentiellement dans le quartier de Gerland - dans la Halle Tony Garnier construite pour l’occasion - la Guillotière n’est pas en reste avec la rue de Marseille qui relie la place du Pont au sud de l’arrondissement.

L’exposition internationale à Lyon1914

Le développement du quartier de la GuillotièreÀ l’époque le pont en bois va jusqu’à l’actuelle place Gabriel Peri, plus connue comme la « place du pont ». Le quartier, hors de Lyon et très marécageux est alors prisé par les Lyonnais.

1881Création du tramway de la Guillotière

8 mars 1912Séparation du 3ème et du 7ème arrondissementDepuis 1852, le Guillotière fait partie du troisième arrondissement, qui représente toute la rive gauche de la ville. Avec la création du 7ème - le 8 mars 1912 - le quartier se scinde en deux au niveau du cours Gambetta. De fait, la Guillotière se retrouve à cheval sur deux arrondissements.

L’histoire de la Guillotière

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30 avril 1871L’insurrection communaliste de la GuillotièreUne trentaine d’insurgés tente d’empêcher la tenue d’élections municipales voulues par le gouvernement, afin d’affaiblir la Commune de Paris. Les émeutiers, soutenus par la population, bloquent les troupes chargées de les déloger. À 19 heures, la cavalerie et l’artillerie, investissent la place du pont et matent l’insurrection.

LA FRISE 7

1475

1570

1995

Création du Pont de la Guillotière

Reconstruction du pont

Bien que les historiens supposent fortement l’existence d’un pont en bois dans l’Antiquité à la place de l’actuel pont de la Guillotière, la première existence d’un pont attesté remonte à 1090. Date à laquelle la construction en bois s’écroule sous le poids des croisés de Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la destruction partielle du pont isole le quartier du centre de Lyon. Le pont trop abimé est totalement détruit en 1952 avant d’être reconstruit 4 ans plus tard.

Restée « authentique » à travers les siècles, la place du Pont a subi une important transformation au milieu des années 90. Le bâtiment du Clip sort alors de terre et modifie totalement l’architecture de la place. Au milieu des bâtiments anciens se dresse alors un immeuble au design ultra-moderne, et à la façade de verre.

Point de passage pour les voyageursPour les voyageurs venant de Savoie ou d’Italie, la Guillotière est la dernière étape avant d’arriver à Lyon. Ainsi, le quartier devient peu à peu, un véritable point de halte pour des visiteurs parfois prestigieux… Louis XI et sa cour, logent à Guillotière après que le pont reliant le quartier à la ville se soit partiellement effondré.

1570

1856Construction des quais

Jusqu’en 1811 et la construction de la place du Pont, la Guillotière se résume principalement à sa « Grande Rue ». L’annexion du quartier à la ville de Lyon en 1852, suivi de l’édification des quais en 1856 fait de la place du Pont un des lieux incontournables de la Guillotière.

Création du tramway de la Guillotière

La construction du CLIP

L’histoire de la Guillotière

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ÉVÉNEMENT

Une culture populaire

Si deux théâtres aux mouvances classiques tentent d’atti-rer les habitants de la Guillotiere, le quartier laisse depuis toujours plus de place à la modernité. L’offre du quartier est particulièrement basée sur les cultures du monde.

De plus en plus attrayant, le secteur de la Guillotière connaît depuis peu une évolution culturelle. La culture ? Une parfaite illustration du changement du quartier, par son expansion actuelle. Le théâtre de l’Elysée, ancré à la Guillotière depuis déjà 1998,

reçoit un public régulier ; principalement des personnes n’habitant pas le secteur. « Ce sont des Lyonnais qui habitaient auparavant à la Guillotière. Ils ont simplement gardé leurs habitudes d’étudiants à venir voir nos représentations » confie Martine Desmaroux, as-sistante de direction à l’Elysée. Faites simplement quelques pas en dehors de l’établissement, vous tomberez sur un second théâtre qui n’a pas hésité à se lancer au centre-même de la Guillotière ; c’est le théâtre de l’Uchronie. Un établissement créé l’an dernier, en 2014. A l’origine de cette initiative : Mac Guffin. Son objectif ? Partager tout un monde autour de la culture. « Théâtre, danse, musique mais aussi cinéma, le théâtre attire des spectateurs de Lyon, mais aussi quelques habitants du quartier » explique Catherine Cernot, chargée de diffusion à l’Uchronie. Des habitants de la Guillotière qui restent timides, donc, face aux théâtres du quartier. Ceci, dû à des programmations non spécialement adaptées au multicultu-ralisme de celui-ci. Récitals de poèmes, cabarets, démonstrations de violons, … Les évènements restent encore trop classiques pour charmer la Guillotière.

VISITES INSOLITES AVEC CYBELES

Depuis l’année 2013, le projet de créer une grande arche en inox qui marquerait l’entrée de la Guillotière, est porté par l’Association des Chinois d’outre-mer. Située au niveau de la rue Passet, par les quais, cette dernière décorerait entre autre le nouvel an chinois mais pourrait aussi être éclai-rée lors de la Fête des Lu-mières. Selon Romain Lam-bert, trésorier de l’association, le projet est prêt, les autorisa-tions ont été délivrées par la Mairie, qui apporte d’ailleurs tout son soutien à la mise en place de ce monument. Au niveau des financements, l’Arche coûterait 70 000 eu-ros. La mairie de Canton, en Chine, jumelée à Lyon y ac-cordera une dotation, le reste proviendra d’apports privés. Ce qui bloque ? Le refus d’une copropriété située aux abords des quais et sur laquelle trois points d’ancrage de l’arche doivent être fixés. Un décision qui, pour le moment, suspend tout le projet.

L’ARCHE DANS LE QUARTIER ASIATIQUE C’EST POUR BIENTÔT ?

« Toute l’équipe est déçue mais compréhensive. Nous compre-nons que derrière cette inter-diction il y a une dimension humaine. Et puis j’imagine que ça n’a pas été une décision facile à prendre pour la muni-cipalité », explique Jonathan Richer, membre du studio de création art et technolo-gie Théoriz. L’artiste aurait dû présenter ses créations à la Fête des Lumières pour la cinquième année consécutive. Leur œuvre « Crystallized », prévue pour le site de la place Gabriel Péri, devait être l’une des six animations du quartier de la Guillotière. Pour l’artiste et le studio il s’agit d’une perte considérable non seulement pour la valorisation de leur travail mais également sur un plan économique : « pour nous c’est un événement ma-jeur qui permet de donner de la visibilité à notre œuvre ». Cet événement devenu in-ternational réunit en effet, chaque année, près de 3 mil-lions de personnes à Lyon.

ANNULATION DE LA FÊTE DES LUMIERES

LE TELEPHONE ROUGE 8

Dans le quartier de la Guillotière, les lieux où pratiquer divers sports gratuitement (football, basket, handball) sont nombreux. Parmi eux : le « terrain Clémenceau » rue Sébastien Gryphe, l’aire de détente du parc Sergent Blandan ou encore le « Bowl » situé sur les quais du Rhône, composé d’un skatepark et d’un petit terrain de football à cinq. Moyennant quelques euros en poche, il est aussi possible de pratiquer le sport en club. C’est le cas du Club du Rhône, plus grand centre d’arts martiaux et de sports de combats de Lyon. Outre sa longévité vieille de soixante ans, le Club du Rhône peut se targuer d’arborer plus de 80% de taux de

remplissage. Enfin, l’offre sportive s’étend aussi aux femmes. Après le travail, il est ainsi possible de pratiquer l’aquabiking, la zumba ou bien d’autres disciplines. Dans le quartier, la diversité se retrouve aussi dans le sport.

Qu’elles soient extravagantes, à l’heure de l’apéro ou en fa-mille : les visites proposées par Cybele sont toujours dé-routantes. Gérard Fauchet propose une kyrielle de for-mules farfelues ayant pour seul but de vous faire décou-vrir Lyon autrement !

DU SPORT PARTOUT POUR TOUS

Terrain de foot sur les berges du Rhône

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ÉVÉNEMENT

Coup de polish’ pour Citroën

Depuis maintenant un an, le célèbre ga-rage, à cheval sur la rue de Marseille et la rue de l’Université, se transforme. Racheté par le groupe immobilier « 6ème Sens », ce dernier s’inscrit parfai-

tement dans la politique d’aménagement du quartier de la Guillotière « afin de donner une nouvelle jeu-nesse à ce bâtiment incontournable du quartier ». Da-tant de 1932 et inscrit aux monuments historiques de la Ville en 1992, le garage garde son aspect historique avec les fameuses lettres de la marque automobile mais aussi la façade et le hall d’accueil à l’identique. Ce sont dans les niveaux supérieurs que la création de Maurice-Jacques Ravazé se métamorphose. Elle accueille depuis la rentrée scolaire 2015-2016, l’école de commerce privée INSEEC. Pas moins de 2 500 étu-diants ont investi le troisième niveau du bâtiment. Des locaux flambant neufs et proches de résidences qui enchantent les nouveaux arrivants comme Hugo, en deuxième année de commerce : « On était à l’étroit dans nos anciens locaux et on trouve ici des conditions de travail très agréables ». Et ils ne seront pas les seuls puisqu’une agence de voyage, une société d’assurance pour animaux ainsi que de nombreux locaux pour des professions libérales mais aussi publiques (non dévoilées pour le moment ndlr) intègreront petit à petit les locaux courant 2016, « une façon de relan-cer l’activité dans ce lieu » pour 6ème Sens. Sans ou-blier bien évidemment le constructeur automobile français, Citroën, qui continue d’occuper le rez-de-chaussée de l’immeuble avec un hall d’exposition de voitures ainsi qu’une concession.

LE RAS-LE-BOL DES HABITANTS

LE SOUK DE LA TÉLÉPHONIE

LES BARS À CHICHAS PARTENT EN FUMÉEAutrefois, les bars a chichas faisaient partie de l’identité du quartier. Désormais, ils ne sont plus que deux à tenter de résister à l’expansion de leurs concurrents du centre-ville, beaucoup plus à la mode. Ils souffrent également de la créa-tion de nombreux sites inter-net qui proposent de plus en plus d’achats de narguilés et de tabac de qualité. Deux rivaux qui séduisent un public relati-vement jeune. Qu’importe, ces « résistants » ont tous deux mis un point d’honneur à conserver leur identité. Des chichas tra-ditionnelles avec une carte de goûts restreinte aux classiques comme menthe et double pomme. Une philosophie qui séduit une clientèle plus âgée à le recherche d’un moment de détente généralement ponctuée d’une boisson chaude - café ou thé - là encore traditionnelle.

Depuis 15 ans, ce sont désormais près de 25 boutiques qui font la réputation de la Guillotière, à travers la région ; un quartier ré-férence en terme de téléphonie. Toutes agglutinées les unes aux autres, il s’agit ici d’une certaine stratégie de marketing. Le fait de se placer à côté de leurs concur-rents permet aux réparateurs de se différencier. Une façon égale-ment d’éviter d’être débordé avec les nombreux clients venant pour des prix défiants ceux des opéra-teurs. Comptez environ 75 euros pour un changement d’écran à la Guillotière, contre 129 en bou-tiques agréées.

Mal construit le Clip? La question se pose après que plusieurs dizaines de morceaux de miroir soient tombés au cours des dernières années. Des filets ont d’ailleurs dû être posés autour de l’immeuble, il y a main-tenant deux ans, pour protéger les passants. Depuis, les locataires sont obligés de vivre avec et ils ont de plus en plus de mal. « C’était drôle au début, maintenant c’est pesant. On a l’impression d’être en prison» confie Pierre, habitant de l’immeuble. Alors que la ville a voté la rénovation du bâtiment il y a un an et demi, rien n’a encore été fait.

LE TELEPHONE ROUGE 9

Lion phone, boutique à la Guillotière

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Chibanis, les oubliés de la République

LA PHOTO 10

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25 Novembre 2015, association l’Olivier des Sages à la Guillotière. Youcef Hacene, 68 ans, exulte ce qu’il a sur

le coeur, d’un pays qui l’a accueilli, d’un pays qui l’a abandonné, la France.

Le chibani c’est le vieux, le vieil homme aux cheveux blancs en dialecte. En France, ce sont les 850 000 immigrés d’Algérie, du Maroc, de la Tunisie et d’Afrique subsaharienne qui viennent rebâtir et offrir une main d’oeuvre à la France d’après-guerre. Le jour où j’ai pris cette photo de Youcef, « plus français que vous » comme il aime à le dire, je devais interviewer des membres de l’association l’Olivier des Sages. Une des asso-ciations qui aide et accompagne les personnes âgées du quartier de la Guillotière. Je me suis retrouvé dans une petite pièce sombre et exi-güe avec Youcef et Saïd deux chibanis. Un en-clos obscur et refermé à l’image de la souffrance qu’ils portent au gré des discriminations à l’em-ploi, du racisme ambiant et de l’indifférence des gens « d’en haut ». Au moment où j’appuyais sur le déclencheur, j’étais placé en face de Youcef Hacene, une lumière de bureau braquée sur son visage. Parlant pour tous les chibanis de France qui gagnent « une misère de 800 euros par mois après plus de quarante ans de cotisa-tions ». J’avais ma photo, le cri de désespoir d’un Français comme les autres, pourtant oublié de

la République.

LORIS GUILLAUME

LA PHOTO 11

LE CONTRECHAMPLes membres de l’association se détendent autour d’un café après une partie de mîmes avec les plus

jeunes du quartier.

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Enquête exclusive

Des aménagements pour une nouvelle image

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Des aménagements pour une nouvelle image

GRANDS FORMATS l URBANISME 13

L’aménagement de ce quartier du 7ème ar-rondissement de Lyon trouve son origine lorsque le tramway a été réaménagé à la fin du mandat de Ray-mond Barre en 2000. Son installation, en

plus de la ligne D du métro, a davantage ancré le quartier dans le flux humain de la métropole. Souvent considéré comme pauvre face à son voisin le 6ème arrondis-sement, la Guillotière tente de bannir cette image. Les logements indécents et les rues insalubres sont désormais du passé, place au vert ! Une volonté politique défendue par Loïc Graber, adjoint du 7ème arron-dissement en charge de l’urbanisme et de la politique de la ville. Modifier l’urbanisme de ce quartier s’avère difficile car beaucoup de bâtiments appartiennent à des particu-liers. Ce qui n’empêche pas la municipalité, lorsque cela est possible, de se demander s’il faut écrouler ou rénover un bâtiment. Cette question, les élus se la posent sou-vent. Et afin de gagner de l’espace, on pré-fère souvent la première solution. Dans un quartier en pleine mutation, il a fallu non seulement repenser les bâtiments conte-nant des logements mais également l’as-pect extérieur du quartier. Face au nombre de familles s’installant dans cette partie de l’arrondissement, il fallait davantage penser à leurs besoins, et notamment aux aires de jeux. La Guillotière devient donc un lieu où il fait bon vivre pour un couple qui souhaite se balader à travers la végé-tation où un jeune architecte, Cédric, 32 ans cherche à développer son activité dans « un quartier en essor comme peut l’être Gerland mais où le loyer reste abordable. Et puis, beaucoup d’immeubles sont à rénover donc ça me fait du travail » confie-t-il sur le ton de la plaisanterie. L’arrivée d’une nou-velle population pour pousser une autre dehors, la Mairie socialiste s’en défend bien évidemment, attachée à la mixité du quartier.

CONCERNÉS PAR LEUR QUARTIERUne histoire où l’engagement des habi-tants de la Guillotière a été mis à contri-bution. Bien que la Mairie réalise tous les travaux publics, les habitants ont pris une place considérable dans les débats concernant l’avenir de leur quartier. Des

collectifs comme le Comité d’intérêt lo-cal Gerland-Guillotière ou les conseils de quartiers relèvent les besoins des habitants et les difficultés auxquelles ils sont confron-tés au quotidien comme les problèmes de stationnements pour les commerces ou encore le manque de verdure. Les plaintes sont nombreuses et provoquent souvent des discussions houleuses avec la mairie « On cherche juste à améliorer la vie du quartier parce que c’est juste impossible de zigzaguer entre les voitures garées en double file au milieu de la route » confie José Pe-reira, habitant de la Guillotière depuis 13 ans et membre du conseil de quartier. Sur la Grande Rue, au croisement de l’avenue Felix Faure et de la rue Créquie, la voirie a été complètement repensée il y a deux ans face à la démolition de plusieurs im-meubles. Des travaux d’élargissement de trottoirs, de stationnement, d’une voie vélo à doubles sens « encore trop peu nombreux quand on voit le bordel juste derrière la Place Gabriel Péri »

SYMBOLE D’UN ÉCHEC ?En interrogeant Loïc Graber, l’élu ne fait aucune allusion à l’ancienne place du pont devenu Gabriel Péri. Un symbole pour le quartier, qui a cependant participé à ternir son image. Notamment durant l’été 2014 où des barrières ont été élevées pour, of-ficiellement, prévoir le réaménagement de cette place alors que pour beaucoup la raison principale était l’expulsion de Roms. Le test n’a duré qu’un mois face à la pression de la population. Un exemple qui montre bien la difficulté d’aménager le terrain. Depuis l’arrivée du tram, la muni-cipalité se trouve face à une réelle difficulté d’aménagement urbain. En effet, la place se retrouve découpée en zones triangulaires, étroites où la moindre tentative de travaux coupe toute circulation. Or, que ce soit pour José Pereira ou Loïc Graber, « Gabriel Péri est une zone d’hyper-circulation. »Comment réussir alors à aménager cet es-pace? Une question pour le moment sans réponse. Un réaménagement de grande ampleur serait financièrement trop lourd. D’autant plus que la ville se trouve dans un contexte budgétaire assez compliqué, avec une baisse des dotations de collecti-vité locale de l’ordre d’un milliard d’euros. Difficile de faire avancer les choses avec les enveloppes de proximité de l’ordre de 100 000 euros. Le quartier de la Guillotière est donc loin d’avoir terminé sa mutation.

DAVID HERNANDEZ

Depuis maintenant un peu plus de dix ans, les politiques tentent d’insuffler un nouveau dynamisme au quartier de la Guillotière. Avec une évolution de la pensée écologique des pouvoirs publics, les villes ont dû aménager leur territoire afin de répondre à cette prérogative. La Guillotière n’a donc en rien échappé à ce phénomène.

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Trois ans de concertation, neuf mois de travaux et deux millions d’euros* auront permis à la place Mazagran, le nouveau « poumon de la Guillotière », de voir le jour. Censée devenir plus propre, plus verte, plus fraîche, la nouvelle Guillotière s’anime - dès 2005 - de projets portés par

l’art et l’écologie. Des prémices du jardin collectif associatif de l’Îlot d’Amaranthes va naître un projet mené par l’artiste Emmanuel Louisgrand, connu pour ses oeuvres architectu-rales empruntes d’orange. Très vite, la démarche artistique est dépassée par la réflexion politique car plusieurs pistes seront étudiées au sein du quartier Mazagran-Depéret. Le stationne-ment exsangue et l’urbanisation poussée à l’extrême obligent les pouvoirs publics à prendre en main le dossier et de don-ner un élan écologique à la zone. Cette décision est prise en février 2011, s’en suivront trois ans de concertations entre la mairie, les entreprises et les collectifs d’habitants.

La participation citoyenne s’immiscedans le débatImpliqués. C’est le mot pour décrire l’engagement des habi-tants du quartier Mazagran dans la rénovation de leur place. Les riverains étaient au coeur des pourparlers du projet et ont défendu leurs idées. Parmi les désaccords : l’avenir du jar-din partagé et la démolition de certains bâtiments connexes. Inflexibles sur les deux sujets, les collectifs d’habitants s’écharpent, donnant lieu à des débats animés, parfois ten-dus. « Quand on regarde de l’extérieur, les débats étaient plu-tôt mouvementés. La faute à une histoire, une sociologie, une interprétation de l’espace mal perçue », explique Loïc Graber, adjoint au maire du 7e arrondissement en charge de l’urba-nisme. Finalement, le travail des autorités et la forte partici-

pation citoyenne offrent un projet qui fait désormais consen-sus dans le quartier. Aujourd’hui, le jardin partagé perdure. « Malgré plusieurs dégradations (objets cassés, seringues re-trouvées, ndlr), le jardin continue d’exister. C’est notre volonté. Nous avons de nombreux retours positifs sur son utilité et sur le dynamisme qu’il apporte à la place Mazagran », explique Gaëlle, animatrice jardinière de l’association Brind’Guill, res-ponsable du jardin défendu. Présentement, 4 000 m^2 ont été aménagés. Parmi les nouveautés, une kyrielle de jeux pour enfants, des tables de pique-nique et des plantations multi-ples agrémentées par l’architecture orange et cubique inspirée par Emmanuel Louisgrand.

L’urbanisme comme laboratoire d’un changement démographiqueLa décision de « verdir » le paysage ambiant n’est pas uni-quement le fruit de simples sympathies écologiques. L’objectif de l’actuelle mairie est d’attirer de nouvelles populations, plus jeunes, plus actives et plus concernées par le développement durable. Cette « boboïsation », la municipalité s’en défend : « la Guillotière ne sera jamais le nouveau sixième arrondisse-ment ». Il faut entendre que cette transition démographique se fera lentement, en préservant la population et le multicul-turalisme, devenu traditionnel, à l’origine du charme et de la renommée du quartier de la Guillotière. Pourtant, selon les faits, le vote écologique est en hausse dans le septième arron-dissement de Lyon, plus que dans nul part autre (cf : pages Dé-bats). Un premier indicateur qui montre que le « laboratoire » de la place Mazagran est efficient en matière de changement démographique. Un premier indicateur qui exhibe aussi toutes les précautions à adopter en matière de renouvelle-ment de la population, au risque de transformer la transition en fracture démographique.

Le laboratoire végétal du 7ème

PLACE MAZAGRAN

Née d’un projet de réaménagement du secteur de la Guillotière, la place Mazagran, située au nord du 7e arrondissement s’affirme aujourd’hui comme l’origine du plan de végétalisation de tout le quartier.

STÉPHANE MONIER

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Le laboratoire végétal du 7èmeGRANDS FORMATS l URBANISME 15

PLACE DE L’ÉMIR ABDELKADER

SQUARE ARISTIDE-BRIAND

A l’intersection de l’avenue Félix- Faure et Jean-Jaurès, la place de l’Émir Abdelkader a été rénovée en août 2015. Cette transformation s’inscrit dans le cadre d’opérations de proximité effectuées par la mairie

du 7ème arrondissement.

Jugé vétuste et inapproprié aux besoins des usagers, le Square Aristide-Briand a été rénové en 2011. La redéfinition des espaces

verts, la création d’une aire de jeux pour enfants et

la multiplication des aires de détente font partie des modifications du quartier.

Mathieu, 19 ans « J’adhère complètement à la

rénovation de cette place. Elle est plus propre, plus accessible et s’avère être exposée au soleil la moitié de l’après-midi. Si je dois apporter un seul

bémol, c’est qu’il n’y a pas de banc à proprement parlé pour s’y reposer».

Denis, 75 ans « Ce square est vraiment devenu agréable. J’aime

venir m’asseoir ici l’après-midi. On y

fait des rencontres sympathiques, les enfants crient et s’amusent, on y respire la joie de

vivre. Je suis vraiment content de ces aménagements ».

PARC BLANDAN

La rénovation du parc rentre dans la politique du quartier de se tourner encore plus vers le vert ! Avec ses 17 hectares et ses terrains de basket, foot, volley, cet ancien fort militaire s’impose comme le 3ème grand parc de Lyon avec le Parc de la Tête d’Or et le parc de Gerland. Néanmoins, face à des restrictions budgétaires, la deuxième phase de réaménagement reste en

suspend

Alexis, 29 ans : «Ca fait plaisir d’avoir un parc comme

ça, on peut enfin courir ou faire du sport grâce à tous

les équipements sans être obligé d’aller à la Tête d’Or. Franchement, pour les familles, c’est l’idéal pour se balader. Avec les

grandes parcelles de pelouse, je pense que l’été, il risque d’y avoir du monde »

CENTRE NAUTIQUE DU RHÔNE

« On passe d’un équipement du XIXème siècle à celui du XXIème siècle ». Considérée par beaucoup comme obsolète, la piscine a subi un gros lifting. Le centre est maintenant divisé en deux : la zone nord avec un bassin ludique de 70 m avec des toboggans, pataugeoires destinés aux plus petits. Et la zone sud qui accueille maintenant un bassin de 50m ouvert été comme hiver. Une nouveauté qui entraine forcément une hausse des prix

Sophie, 46 ans : « Je n’avais pas l’habitude d’y aller avec mes enfants à cause de la surpopulation et du côté obsolète de la piscine mais j’avoue que le réaména-gement l’a rendueplus sympathique. Je préfère largement payer un peu plus.»

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GRANDS FORMATS l IMMOBILIER16

Dieu ou encore Confluence, rendus en-core plus accessible par la forte présence de moyens de transports en communs. En effet avec deux lignes de métro (B qui fait nord-sud et D qui fait est-ouest), une de tram (T1), de nombreux bus (notamment à Saxe-Gambetta) et même 9 stations Ve-lo’v, Guillotière propose un très grand nombre de services variés pour se dépla-cer en ville et même en dehors grâce à la gare Jean-Macé, mise en service fin 2009 et située à quelques centaines de mètres. Proche de tout, le quartier qui se situe à cheval entre le 7ème et le 3ème arrondisse-ment dispose d’un autre argument de poids : des prix abordables pour l’immobilier. Effectivement, même s’ils ont connu une nette augmentation, ils se trouvent bien en-dessous de ceux de quartiers comme Croix Rousse. Ainsi selon les chiffres des Notaires de France datés de mars 2015, le prix médian pour un appartement ancien à Guillotière est d’environ 3 400€ le m² contre 3 680€ à Croix Rousse-Centre.

Un quartier commercial « Ils construisent pas mal de nouvelles ha-bitations ce qui attire de nouvelles familles. C’est un quartier jeune, qui bouge et c’est très proche du centre-ville » explique Camille. « Il y a aussi beaucoup de nouveaux com-merces qui s’ouvrent, et ça c’est bon signe. » Il est vrai que les commerces à la Guillotière ont participé à construire son identité. On en compte plus de sept tous les 100 m se-lon kelquartier.com (contre 2,6 pour Lyon 7 par exemple). Les nombreuses boutiques de téléphonies le long du cours Gambetta avant le pont de la Guillotière, les divers restaurants du monde ou encore le McDo-nald’s sur la place Gabriel Péri sont autant de symboles du quartier. « Depuis mon en-fance, j’ai pu constater une évolution au ni-veau des commerces. Sur la route pour aller

Le quartier de la Guillotière présente des caractéristiques idéales pour « de jeunes couples souhaitant acheter » explique Cilia Ferriere, habi-tante de longue date et agente

immobilière dans le quartier. « Ils sont at-tirés par les espaces tels que le parc Sergent Blandan, nouveau poumon du quartier. On rencontre aussi des investisseurs qui voient le marché de la location en pleine évolution. » C’est le cas de Camille qui vient de faire l’acquisition d’un appar-tement « pour le louer à des étudiants ». Dans un quartier où, selon kelquartier.com, 73% des habitants sont locataires, les étudiants représentent une grande partie de la population. « Beaucoup d’étudiants sont attirés par la Guillotière, notamment des étrangers qui se sentent à l’aise dans un quartier très cosmopolite. » explique Cilia Ferriere. Il est vrai qu’avec la présence des facultés, rue de l’Univer-sité ou un peu plus loin à la manufacture des tabacs, ils ont un autre intérêt à s’ins-taller dans le quartier. « Ce quartier attire toutes les populations par son dynamisme : bars, petits restaurants, commerçants, marchés » déclare pour sa part l’agence immobilière Guy Hoquet. Séduit par les bars branchés, l’expansion de la vie noc-turne, et le multicuralisme, Bertrand s’est installé dans un appartement donnant sur le cours Gambetta en septembre. Il se dit « prêt à faire des concessions sur les trafics de drogues et la délinquance pour profiter de l’ambiance si particulière de la Guill’ ». Preuve que même si elle reste encore très stigmatisée, la Guillo-tière est attractive et en pleine évolution. Et pour cause ce quartier historique de Lyon présente des atouts indéniables. Tout d’abord la proximité avec les grands centres lyonnais tels que Bellecour, Part-

au collège, je me rappelle passer dans des rues sombres, où les grilles été fermées » se souvient Cilia. Pourtant on ne trouve pas encore tous les types de commerces. « Il y a beaucoup de coiffeurs, de bars mais moins de boulangeries donc c’est pour ça que j’ai décidé de m’installer dans le quartier » avance Tayssir qui a ouvert sa propre boulangerie dans la Grande rue de la Guillotière en juin dernier, après 12 ans de travail. « Il est devenu avantageux pour les commerciaux d’acheter à la Guil-lotière » explique Cilia Ferriere. « Les lo-caux ne sont pas très chers pour commen-cer une activité. Par exemple un fonds de commerce à Guillotière vaut entre 1500 et 2 000 € du m² lorsqu’il s’affiche à plus de 2 300 euros à la Croix-Rousse ». Ainsi de nouveaux types de commerces voient le jour. Des magasins bios, comme l’en-seigne Biocoop, ou des entreprises so-lidaires axées sur le coworking, comme « la ruche qui dit oui », s’y implantent. « Ce qui n’est pas sans attirer les adeptes du bio et des épiceries locales, des mar-chés très en vogue à la Guillotière » ajoute l’agente immobilière. Il existe donc une certaine transformation des commerces mais également de la population de ce quartier. « Le quartier devient de plus en plus bobo. L’implantation du Ninkasi a notamment lancé cette dynamique. S’il s’est installé à la Guillotiere, ça prouve qu’il faut y aller » conclut Cilia Ferriere. Une véritable transformation donc mais jusqu’à quand ? Pour Neyret immobilier : « dans 10 ans, la Guillotière ressemblera au 6e arrondissement ».

Compromis idéal entre logements proches du centre-ville et abordables financièrement, la Guillotière attire de plus en plus de monde. Alors que de nouvelles populations s’y installent, c’est tout un quartier historique qui s’embourgeoise et un marché immobilier qui mute. Une évolution souvent due à l’expansion des commerces qui attirent.

« Ce quartier attire toutes les populations par son

dynamisme »

L’immobilier à marche forcée

ALICE COLMART l LILIAN GAUBERT

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GRANDS FORMATS l COMMUNAUTÉS 17

En parcourant ses rues on remarque évidemment le visage cosmopolite du quar-tier de la Guillotière avec ses boutiques maghrébines, d’Afrique sub-saharienne,

ses devantures aux noms arméniens, ses galeries d’art avec ses cafés branchés et même son quartier asiatique. Malgré la présence d’autant de cultures différentes, l’identité du quartier est principalement commerciale. Plus que de communautés vivant les unes avec les autres, la Guillo-tière est avant tout faite de commerces ethniques à dimensions humaines. Et si chaque communauté a pignon avec les devantures de ses commerces, très peu de commerçants vivent eux-mêmes dans

le quartier. La Guillotière est avant tout un lieu de rencontre, où l’on vient se re-trouver la journée. La place Gabriel Péri et les commerces qui l’entourent sym-bolisent pour beaucoup l’entre-soi entre membres d’une même communauté. On

retrouve les chibanis, également appe-lés les « hommes debouts », des retraités maghrébins arrivés dans les années 1930 en France. Certains n’ayant pu faire venir leur famille en France ou percevant une retraite insuffisante leur permettant de retourner au pays, se retrouvent entre eux dans un quartier devenu leur. À l’instar des autres communautés, les Maghrébins peuplant le quartier de la Guillotière du-rant la journée viennent de l’extérieur de Lyon, Vénissieux ou encore Villeurbanne

pour la plupart. Pour les commerçants d’origine asiatique, seules les premières familles arrivées à Lyon dans les années 1970 vivent dans le quartier.

Un ancien ghetto« Je ne saurais l’expliquer, mais le quartier de la Guillotière a ce je ne sais quoi qui attire le monde entier » confie Myriam Picot, maire du 7ème ar-rondissement lyonnais. Pour comprendre com-ment la Guillotière s’est transformée en village mondial, il faut obser-ver l’histoire de son ur-banisme. « Le quartier a toujours été sur la sellette, plusieurs mairies ont es-sayé de le transformer au travers de grands projets d’urbanismes »explique Marie-France Antona, fondatrice du centre so-cial Bonnefoi et habitante du quartier de longue date. « Il ne faut pas ou-blier qu’il y a quelques années, ce quartier était un ghetto » poursuit-elle. L’annonce des projets de démolition et de restruc-turation d’envergures,

notamment la construction de grandes diagonales dans le quartier, ont poussé les commerçants à le quitter et à vendre le fonds de leurs boutiques aux plus offrants. Devenus très accessibles, les prix des baux commerciaux du quartier ont permis à des populations venues d’Asie, d’Afrique, du Maghreb d’installer leurs étales dans le quartier.

L’immobilier à marche forcée

Le symbole de l’entre-soi

Bien que la Guillotière soit connue pour son multiculturalisme, la diversité et la mixité de ce quartier réside principalement dans ses commerces.

PAUL DALAS

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GRANDS FORMATS l COMMUNAUTÉS18

« EntrE communautés, qui sE rEssEmblE, s’assEmblE »

Comment expliquer ce lien entre Lyon et la Chine ?C’est un lien puissant portant sur quatre axes : la culture, l’aspect uni-versitaire, les échanges économiques et l’entente politique. Sur ce dernier point, il faut savoir que la ville de Lyon est jumelée depuis 1988 avec celle de Canton en Chine et la région Rhône-Alpes avec la municipalité de Shanghaï. À ce titre, elle jouit de rela-tions privilégiées. Économiquement, Lyon est la seule ville de France, si l’on retire Paris qui accueille un bâtiment de la Bank of China dédié aux affaires. Mais le point le plus important c’est la question culturelle et étudiante. En 1921 est fondé l’Institut Fran-co-Chinois qui a pour but d’accueillir des étudiants chinois en France en lien avec une ouverture de la politique chinoise aux « études occidentales ». De nombreux personnages politiques et intellectuels français et chinois s’y rencontraient alors, et les échanges naissaient. L’Institut existe toujours aujourd’hui. L’immigration à Lyon de communautés asiatiques coïncide avec le mouvement Travail Etudes (élaboré par Li Shizeng qui avait ef-fectué ses études en France). Là bas, des milliers de Chinois vont aller se former. Ainsi qu’en Europe et surtout en France dans les années 1900.

Pouvons-nous par-ler d’un quartier chinois à Lyon ? Il serait plus juste de parler d’un quartier asiatique. Il n’existe en France aucune sta-tistique ethnique. La majorité de cette po-pulation est française, qu’ils soient immigrés de première, deuxième ou troisième généra-tion. On estime tout de même à 40 000 le nombre de personnes de la communauté asiatique en région R h ô n e - A l p e s - Au -

vergne. Dans le quartier de la Guil-lotière, il y a un plus grand nombre de Vietnamiens, de Cambodgiens, Thaïlandais et de Laotiens mais qui se revendiquent Chinois en raison de à leurs liens familiaux et à l’influence chinoise qu’ils ont (langue, religions, culture).

Pourquoi la Guillotière ? Je pense que c’est lié à l’histoire du quartier. « La Guille » a toujours été et reste un quartier d’accueil. Précédem-ment, c’était une commune indépen-dante qui était à la porte du pont de la Guillotière. Celle-ci servait de ville péage et où les immigrés s’installaient. La question du coût et des habitudes du quartier est également un facteur. On constate une récente tendance à augmenter pour le rendre un peu plus « chic ». Mais c’était un quartier abor-dable qui permettait aux communau-tés de s’intégrer. À la Guillotière, il existe beaucoup de commerces étran-gers. Or, la plupart des commerçants n’y habitent pas automatiquement. Seules les vieilles familles qui ont créé les premiers commerces ici possèdent des appartements. Mais une majorité s’étale un peu partout dans Lyon. C’est en effet plus symbolique. Notre asso-ciation voudrait monter un projet qui se tiendrait une fois par an : le « Mar-

ché du monde ». L’idée serait de re-grouper toutes les communautés de la Guillotière pour faire un marché. Par manque de personnel organisateur, le projet reste en attente.

La communauté asiatique est-elle une « grande famille » ?La communauté asiatique est assez sectorisée dans le quartier ce qui n’est pas le cas de toutes. Cela marche plus par affinité, il n’existe pas de volonté de ségrégation de telle ou telle com-munauté. Parce que les communautés se ressemblent, elles se rapprochent. Le concept de famille dans la culture asiatique est très important. À la mai-son, on parle le chinois même si on ne l’écrit pas. Ainsi, des associations d’apprentissage du chinois se sont développées afin de perpétuer la tradition. Dans la culture asiatique, toutes les relations sont basées sur ce que l’on appelle le Guang Xi, sorte de réseau social, que l’on développe à partir de sa naissance. Et cela se re-produit aussi énormément à Lyon, ils ont importé le modèle dans toutes les communautés asiatiques dans le monde. Le Guang Xi n’est pas exclu-sif et ne concerne pas uniquement les communautés asiatiques. L’entraide s’effectue entre asiatiques, noirs, ma-ghrébins, tout dépend des besoins.

« Depuis quelques années, on a vu arriver des gens plus aisés et presque bourgeois à la Guillotière, et inévitablement des commerces qui leur ressemblent. La plupart du temps, ils s'intègrent bien, participent à la vie de la Guill. Mais je suis certain que changer la population du quartier. Même en augmentant les loyers (le propriétaire de Loren a

doublé son loyer du jour au lendemain ndlr), ça ne fera pas partir tous les gens qui sont ici. Il y aura toujours cette interculturalité à la Guillo-tière, donc c’est pas gagné. Pour ce qui est des bourgeois, j'ai remarqué que c'était souvent lorsqu'ils étaient célibataires ou alors quand ils ont de jeunes enfants qu'ils s’installent ici. Après, quand ils commencent à

grandir, qu'il faut penser à l'avenir de leurs enfants, ils partent » LOREN

© DR

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GRANDS FORMATS l COMMUNAUTÉS 19

« EntrE communautés, qui sE rEssEmblE, s’assEmblE »

« Depuis quelques années, on a vu arriver des gens plus aisés et presque bourgeois à la Guillotière, et inévitablement des commerces qui leur ressemblent. La plupart du temps, ils s'intègrent bien, participent à la vie de la Guill. Mais je suis certain que changer la population du quartier. Même en augmentant les loyers (le propriétaire de Loren a

doublé son loyer du jour au lendemain ndlr), ça ne fera pas partir tous les gens qui sont ici. Il y aura toujours cette interculturalité à la Guillo-tière, donc c’est pas gagné. Pour ce qui est des bourgeois, j'ai remarqué que c'était souvent lorsqu'ils étaient célibataires ou alors quand ils ont de jeunes enfants qu'ils s’installent ici. Après, quand ils commencent à

grandir, qu'il faut penser à l'avenir de leurs enfants, ils partent » LOREN

La Guillotière, c’est le meilleur moyen de donner la vraie image de l’Afrique «La Guill, c’est le meilleur moyen de donner la vraie image

de l’Afrique. Celle du mélange, des différences. Ce quarter est une zone Africaine, comme la rue Sébastien griffe par exemple. Nous

formons à nous même plusieurs communautés. Certaines commu-nautés s’entendent plus ou moins avec les autres. Les camerounais

du nord sont amis avec les Peuls par exemple. Au début des années 1990, un africain s’installe à la Guillotière, ouvre un magasin de cosmétique, aider par sa femme. Il sera ensuite suivi par un autre

africain qui lui même incitera un autre Africain à s’installer là. Ca s’est fait comme ca. L’Etat nous a aidé, en donnant 16 000 euros pour monter nos commerces. Traditionnellement, on n’oublie pas d’ou on vient. Chaque région a sa particularité en terme de tradition. il faut

savoir que nous avons des traditions fortes en Afrique. C’est d’ail-leurs ce qui peut créer un certain communautarisme.

SENDE

J’habite dans le quartier depuis plus de 20 ans maintenant et je

vois pas de mélange de la popula-tion. Chaque famille ou commu-nauté vit et reste ensemble et elles ont très peu de contact ensemble. Seul le tissu commercial permet de lier les habitants. Peut-être ce qui rapproche aussi c’est le fait de vivre dans le même appartement mais en-dehors, dans le privé les maghrébins par exemple restent entre eux et dans les associations

auxquelles je suis inscrit c’est la même chose. Mais c’est en

train de changer avec l’appui de certains centres d’acceuil pour les

jeunes et enfants dans lesquels après l’école ou le mercredi, toutes

les cultures se côtoient.Je pense aussi qu’il y a 10 ans de cela, tout était plus mélangé mais je ne saurais expliquer comment cette sectorisation s’est produite..

SAID

Personnellement, je pense qu’il n’y a aucune tension, aucun soucis à la Guillo-

tière. Je constate que toutes les communautés s’entendent

entre elles, la preuve est que vous pouvez trouver

des commerces de cultures différentes à proximité l’une

de l’autre. Baladez-vous dans les faubourgs, vous verrez des cambodgiens dans des boucherie halal et des algé-

riens au Nouvel An Chinois. Toutes les cultures qu’elles soient asiatiques , maghré-bines ou afro et hispaniques ont en commun la notion de partage, donc de l’inclusion plutôt que de l’exclusion. De

nombreuses associations dont la nôtre (ACOM)

essayons de rapprocher les habitants ensemble en lan-çant des événements et des projets auxquels la popula-tion adhère et se mélange.

KEAR KUN LO

Quelle est votre vision de l’interculturalité à la Guillotière ?

© DR

© DR

Page 20: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

« Il y a toujours eu des trafics à la Guillotière »

Depuis quelques années, le quartier de la Guillotière connaît un renouvellement de son urbanisation et une gentrification de sa population. Un lifting qui contraste avec des phénomènes souvent évoqués lorsque l’on parle de ce quartier, l’insécurité et la tranquillité publique. Qu’en est-il vraiment ?

La Guillotière et plus particulière-ment la place Gabriel Péri, voient tourner chaque jour de nombreux trafics. « Oui, il y a des trafics et il

y en a toujours eu à la Guillotière » confie Jean-Yves Sécheresse, troisième adjoint à la Mairie de Lyon, chargé de la sécurité et de la tranquillité publique. « On a mené pas mal d’opérations coup de poing, avec des in-terpellations et des arrestations », ajoute-t-il. Il n’empêche que ces trafics sont toujours là et que certains riverains s’en plaignent. Comme Camille, une étudiante habitant près de la place Gabriel Péri : « tu sors de chez toi ça pue le cannabis, tu rentres chez toi ça pu le cannabis, il y a des fois ou c’est vrai-ment lourd et forcément, on est mal à l’aise ». Au-delà de la drogue, on trouve également un important trafic de cigarettes. Selon un revendeur positionné sur la place, les dealers écouleraient une dizaine de paquets par jours. En un mois, ce sont des centaines de paquets qui seraient revendus dans la rue mais également dans des commerces tels que des épiceries de nuit.

TRANQUILITE PUBLIQUEChristophe, employé d’une trentaine d’an-nées, vivant dans le quartier, précise « Oui, ce n’est pas légal mais ça aide pas mal de personnes qui ne veulent pas mettre plus de cinq euros pour un paquet ». Dans la rue ou dans des commerces ayant pignon sur rue, les paquets de contrebandes sont vendus à cinq euros l’unité. Même si per-sonne n’a voulu révéler la provenance de ces paquets, il semblerait que ces derniers proviennent de Belgique, d’Espagne ou des pays d’Afrique du Nord. En plus de la drogue et des cigarettes, toute sorte d’objets est vendu ou revendu à la Guillotière. Cela va des téléphones portables, aux mp3, en passant par diverses babioles. Le trafic est donc constant.

Tous ces trafics ne favorisent pas la tran-quillité publique comme nous l’explique Hassan, propriétaire d’un petit commerce à la Guillotière : « Moi tant que ça ne m’em-pêche pas de vendre mes articles ça ne me dérange pas. Après ça fait beaucoup d’allées et venues dans le quartier et ce n’est pas tou-jours des gens très clean donc je comprends que ça peut agacer certaines personnes ». De son côté Jean-Yves Sécheresse explique : « Dans ce quartier la police manque de moyen et les agents ne sont pas assez nombreux. C’est pourquoi j’ai fait placer une caméra pour faire surveiller la place Gabriel Péri. On essaye de lutter comme on peut ». Les tra-fics ne sont pas la seule cause de désordre public. Beaucoup d’habitants du quartier, comme Lydia, retraitée, se plaignent des rôdeurs du quartier, alcoolisés ou drogués « On voit des gens qui se bourrent la gueule et qui hurlent après les passants, moi ça me fait peur » raconte-t-elle.

GENERATION BISOUNOURSA cela, Jean-Yves Sécheresse rétorque « On travaille énormément avec les associations et les centres sociaux du quartier pour essayer de réinsérer ces gens et de leur trouver un lo-gement. Mais une fois que les bureaux sont fermés, comment voulez-vous empêcher une personne de s’acheter sa bouteille et de la vi-der en un quart d’heure ? ». Cela n’est pas pour rassurer Elodie, jeune maman : « Le soir je ne passe pas toute seule à Guillotière, on ne sait jamais ». Pour certaines per-sonnes, le quartier de la Guillotière connaît donc un réel problème d’insécurité, pour d’autres, comme Didier, la quarantaine : « Ici, si tu ne fais chier personne, personne ne te fais chier ». De son côté Jean-Yves Séche-resse conclu « de toute façon il ne faut pas vivre dans un monde de bisounours, de l’in-sécurité, il y en a dans tous les quartiers ».

« Moi tant que ça ne m’empêche pas de vendre

mes articles ça ne me dérange pas (...) »

Hassan, propriétaire

Remarques gênantes, sifflements et insultes, aucune femme n’y échappe. À Lyon, certains quartiers seraient davantage exposés à ce s types d’harcèlement. Sur la place Gabriel Péri, les regards sont insis-tants, parfois-même gênants. Cer-tains hommes tentent d’aborder des femmes avec les classiques « Excuse-moi, t’aurais pas une cigarette s’il te plait ? » ou encore « Ça va ? Tu fais quoi là ? T’at-tends quelqu’un ? ». Rien de très insistant. Du simple compliment « T’es mignonne », au sifflement, en passant par la main aux fesses, les femmes qui y passent peuvent être surprises… En robe, comme en jean, le harcèlement persiste. Les visages que l’on croise place Gabriel Péri sont connus, et cer-tains semblent y passer la plupart de leur temps. L’ennui et la lassi-tude pourraient-ils alors expliquer un harcèlement de rue plus fort

qu’ailleurs ?

Harcelée

PIERRE-ANTOINE BARUT

20 DÉBATS

MARIE LACOMBE

Page 21: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

Concrètement, comment se passe le deal à la Guillotière ?Ca se passe bien ! (Lance-t-il en riant ndlr). Non, sé-rieusement quand j’ai commencé à vendre ici, un mec m’a dit « tu vas voir. Ici, c’est la shit connexion ». Il avait raison, ça ne s’arrête pas. Avant je vendais quasi-ment qu’à des jeunes mais depuis que je suis à la Guill’, il y a de tout : des lycéens, des étudiants, des mecs qui sortent du boulot et même des vieux ! C’est toute la journée ! Après, oui, forcément en fin de journée la demande est plus forte, les mecs ont besoin de décom-presser.

Vous pouvez m’expliquer comment tourne ce business ?C’est simple, c’est comme partout en France, on ne change pas une méthode qui marche. Nous on est trois ou quatre, posés dans une allée derrière la Place Du Pont, après les rues tu les connais, Turenne, Moncey, L’Epée… et on a chacun notre marchandise. On a deux trois petits mecs, qui trainent sur la place et qui viennent nous voir quand quelqu’un veut un truc. Si c’est une petite commande on la donne au mec qui va faire la transaction avec le client et si c’est une grosse commande on dit au mec de ramener le client et là c’est nous qui faisons la tran-saction. Ca ne dure jamais plus d’un quart d’heure.

Vous en vendez combien par mois ?Ça je ne vais pas te le dire. Je peux juste vous dire que je vends beaucoup plus qu’avant et que la demande est très forte.

La Guillotière connaît son lot de trafics en tout genre, cigarettes, vente à la sauvette ou encore recèle de drogues. L’Info a rencontré Damien*, 26 ans et dealer à la Guillotière.

21DÉBATS

La shit connexion

Je suppose qu’il doit y avoir une forte concur-rence dans le quartier...Oui il y en a pas mal et comme dans tout business, ce qu’il faut, c’est avoir la bonne came, les bons mecs qui t’entourent et les bons clients. Nous par exemple on se focalise sur la fidélité. Je vous explique, nous c’est le shit. Généralement on en a trois sortes, du moyen, du bon et du très bon. T’es un nouveau client, t’as le moyen. Tu reviens trois ou quatre fois, t’as du bon. Et si tu reviens souvent et que tu demandes des plus grosses quantités, t’as du très bon.

Vous m’avez dit que vous restiez dans une allée près de la place Gabriel Péri, il doit y avoir du passage, des habitants qui vous dérangent, non?C’est sûr, après on essaye d’être discret, de ne pas faire trop de bruit et d’être rapide. On essaye aussi d’être gen-til avec les habitants. Nous ce qu’on veut c’est faire notre business en emmerdant le moins de gens possible et gé-néralement ça se passe bien.

Il y a déjà eu des descentes de police, des interpellations, comment gérez-vous ça ?

Quand on voit que la police tourne beaucoup dans le quartier, on ar-rête le trafic pendant une heure ou deux le temps que ça se calme. On planque la marchandise et on va faire un tour. Après, quand on apprend qu’il y a eu des interpella-tions, on tourne chacun notre tour dans l’allée pour limiter le risque. On y reste une ou deux heures cha-cun, pas plus. Jusqu’à maintenant ça s’est bien passé.

*Le prénom a été modifié

Propos recueillis par Pierre-Antoine Barut

Page 22: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

POLITIQUEDÉBATS22

Les résultats sont disparates selon les bureaux de votes. Ainsi, Europe Ecologie Les Verts passe de 13 à 25% des voix selon l’emplacement des bureaux de votes. Même constat pour le Front de Gauche ou Les Républicains qui - respectivement - doublent et divisent par deux le nombre de votants d’un secteur à l’autre.

13 rue Saint-Michel

32 grande rue de la Guillotière

9 rue Jean-Marie-Chavant

9 avenue Félix-Faure

44 rue Pasteur

BUREAU 705 BUREAU 70637,8

18,6

10,515

12

Comment la Guillotière a voté aux municipales de 2014

BUREAU 70734,7

28,4

8,1

1310,5

BUREAU 70940,3

15,7

7,7

16,113,5

BUREAU 711

30,627,4

7,2

16,812,5

BUREAU 712

36,2

126,4

25,7

14,3

34,831

10,212,4

6

BUREAU 71035,7

24,9

914,8

10,2

BUREAU 70834,6

12,7

8,1

20 19

Élections municipales

Évolution des votes à la Guillotière

Élections présidentielles

Évolution des votes à la Guillotière

Parti socialiste

Les RépublicainsFront national

EELVFront de gauche

Page 23: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

DÉBATS 23POLITIQUE

La jeunesse

Fief historique de la droite lyonnaise depuis les premières élections en 1982, le 7ème arrondissement lyonnais bascule à gauche en 2001. Une tendance encore plus marquée dans le quartier de la Guillotière et qui se confirme au fil des élections. 

à GAUCHEregarde

ANTHONY BERTHELIER

Dimanche 11 mars 2001, le socialiste Jean-Pierre Flaconnèche met fin à 18 ans de di-sette électorale pour la gauche dans le 7ème arrondissement. Une victoire acquise grâce à la division de la droite, Marie Chantal Desbazeille, la maire sortante et Roland Fulchiron - premier édile du secteur - ayant

décidés de faire liste séparée.  Depuis cette élection et le début des années 2000, le 7ème arrondissement s’est transformé autour de l’arrivée d’une nouvelle population composée de jeunes actifs dans le quartier de Guillotière.

Une nouvelle sociologie...À partir des années 1970, l’idée d’un prolongement de l’avenue Felix Faure jusqu’au pont de l’Université bloque toute opération urbaine à Guillotière, et ce pendant 25 ans. Alors que le projet ne voit finalement pas le jour, une nouvelle population s’installe dans le quartier : « Comme il n’y a pas eu d’opération de rénovation immobilière jusqu’au début des années 2000, le quartier est resté populaire. Une aubaine pour les jeunes en début de carrière qui cherchent un logement abordable », explique Bruno Charles, tête de liste écologiste lors des dernières élections municipales. Sa-rah Peillon, élue socialiste du 7ème arrondissement fait le même constat : « Depuis quelques années, la population change, se rajeu-nit. Souvent les gens viennent de la Croix-Rousse. Ils retrouvent l’esprit village à des prix plus abordables ». Avant d’ajouter : « La population change donc les commerces s’adaptent, il y a un effet boule de neige, une sorte de cercle vertueux». 

...favorable aux forces de gaucheUne évolution sociologique qui se retrouve dans les urnes. De-puis 2001 et le changement de majorité, la gauche n’a perdu au-cune élection à la Guillotière. Mieux, tous les partis à gauche de l’échiquier politique enregistrent de bien meilleurs scores dans le quartier que dans le reste du 7ème arrondissement (de +1 à +8%), et ce, pour tous scrutins confondus. Ainsi, lors des muni-cipales de 2008, Jean-Pierre Flaconnèche (PS) enregistre 8 points de plus à Guillotière. Même constat pour l’extrême gauche qui gagne 4 points lors des présidentielles 2012 et 5 lors des dernières municipales. « On est l’arrondissement le plus jeune de Lyon, 50%

des habitants du 7ème ont moins de 30 ans. Beaucoup de jeunes couples se sont installés à Guillotière, intéressés par le brassage culturel et plus sensibles aux idées de gauche», confirme Sarah Peillon, avant de poursuivre  : «Il existe notamment un électorat vert, il est fort, il est visible.» 

notamment aux écolo...Les écologistes demeurent en effet les premiers bénéficiaires de ce nouvel électorat à la Guillotière, avec un vote toujours supé-rieur d’au moins 5% comparé à l’arrondissement global. Avec la tradition populaire du quartier, et l’accueil de cette nouvelle population de jeunes diplômés, la Guillotière s’est « boboïfiée » comme le confie Bruno Charles, ajoutant : « l ’électorat écolo est plus fort qu’à Gerland qui est un quartier plus populaire, plus tra-ditionnel, plus vieux ».

...hostile à la droite. Forcement, si la gauche progresse à Guillotière, la droite recule. L’opposition peine à se relever dans ce quartier en mouvement. « Très clairement, le nouvel électorat de la Guillotière ne nous est pas favorable», confirme ainsi Laure Dagorne, élue Les Républicains à la mairie du 7ème. En moyenne, depuis 2001, la droite recule de 5 points dans le quartier en comparaison avec l’arrondisse-ment global. Une désaffection, que Laure Dagorne explique «par le remplacement de population» : «Le quartier propose très peu de F4 ou F5, donc les classes moyennes quittent Guillotière pour gagner la banlieue lyonnaise. Elles sont remplacées par des jeunes couples actifs, qui ne constituent pas notre électorat.» Le Front na-tional est également impacté par cette nouvelle réalité sociolo-gique. Agnès Marion, unique représentante de son parti dans le 7ème a été élue en 2014, grâce à Gerland. À la Guillotière, son score chute de 5 points. « Cette nouvelle population a encore des moyens. C’est une population qui trouve beaucoup d’aspects posi-tifs aux chocs des cultures. Notre électorat se trouve chez les gens qui voient évoluer leur quartier. Avant, les communautés se mê-laient entres elles, aujourd’hui elles se juxtaposent. C’est ce refus du vivre ensemble qui gêne les anciens de la Guillotière », explique-t-elle. C’est pourtant le vivre ensemble, ce multiculturalisme qui attire cette nouvelle population. La droite dans le rétroviseur, le quartier de Guillotière, nouveau repère pour la jeunesse lyon-naise semble se tourner durablement vers la gauche.

Les résultats sont disparates selon les bureaux de votes. Ainsi, Europe Ecologie Les Verts passe de 13 à 25% des voix selon l’emplacement des bureaux de votes. Même constat pour le Front de Gauche ou Les Républicains qui - respectivement - doublent et divisent par deux le nombre de votants d’un secteur à l’autre.

BUREAU 712

6

Page 24: La nouvelle Guillotière, "L'info" le mag de l'ISCPA Lyon

INTERVIEW24

« Con

serv

er c

ette

mix

ité

»

Maire du 7ème arrondissement depuis 2014, Myriam Picot reconnaît volontier le caractère unique de la Guillotière.

Comment réussir à faire de l’urbanisme dans un quartier aussi dense que la Guillotière ? Il faut se rendre compte que la Guillotière, il y a quelques années en arrière, ce n’était pas ce que c’est aujourd’hui. L’espace Mazagrand, par exemple, a mis extrêmement longtemps à voir le jour, parce qu’on voulait le construire avec les habitants et associations du quartier. Désormais, c’est un vrai poumon dans ce quartier extrêmement dense. On a également démo-li quelques immeubles insalubres. Sur ce point aussi, on s’est écharpé avec certaines associations, comme les Guillotins, vent debout contre la rénovation de la Guil-lotière, contre cette gentrification. Mais on ne peut pas non plus laisser vivre des gens dans ces conditions insa-lubres, c’est irresponsable. L’idée est toujours de conser-ver l’esprit des lieux mais aussi de rénover tout ce qu’on peut rénover, tout en gardant à l’esprit qu’on ne peut pas faire de grand projet d’ampleur, la Guillotière, ce n’est pas Gerland, tout se fait par petites touches.

Jean-Yves Sécheresse, en charge de la sécurité à la mairie centrale relève un certain manque de moyens de police municipale pour lutter contre les trafics, notamment sur la place Gabriel Péri. C’est aussi votre sentiment ?Je trouve que la situation s’est bien améliorée. On a vécu des périodes beaucoup plus chaudes, il y a un an en arrière. Nous avons instauré un dispositif assez satisfai-

Quelle est votre Guillotière ? Ma Guillotière c’est une place extrêmement mixte et intéres-sante à de très nombreux point de vue. C’est, d’abord, un lieu historique d’entrée dans Lyon. Quoi qu’on fasse de la Guillo-tière, dans le monde entier, on sait que quand on arrive sur Lyon, on passe par la Guillotière. Ce lieu de rassemblement des étrangers à Lyon a toujours subsisté et on peut y lire toutes les vagues d’immigrations successives. Donc forcément, c’est un lieu de multiculturalisme, de mouvement permanent et d’ébullition permanente.

Justement, comment, dans ce quartier, arrive-t-on a faire vivre ensemble autant de culture, de religion, de communautés différentes ? Je pense que les gens qui ont choisi de vivre et de travail-ler dans ce quartier sont des gens à l’esprit ouvert et qui ont conscience de la richesse du multiculturalisme. Je ne fais pas d’angélisme, je ne dis pas qu’il n’y a pas de conséquences moins agréables, mais c’est sûr que si vous ne vous installez pas à la Guillotière avec cet esprit là, vous ne restez pas. Globalement, les habitants du quartier sont en général des gens ouverts sur le monde. Il y a aussi dans la Guillotière beaucoup d’habitats pas chers, même dans des beaux immeubles. Forcément, il existe toute une population aux revenus modestes qui a envie de res-ter dans le centre-ville. De plus, c’est un quartier très riche en activités culturelles, bars, lieux de musique, gastronomie. C’est ce que recherche une population plus jeune.

Est-ce-que l’arrivée de cette nouvelle population de cadre supérieur, cette gentrification est un phéno-mène encadré ? Je ne crois pas du tout à une gentrification d’avenir dans ce quartier. Je pense que l’âme de ce quartier, c’est sa mixité, et jusque dans les projets immobiliers, on fait tout pour conser-ver ce caractère. On ne peut pas construire dans la Guillotière, mais quand il y a des reventes d’appartements, la ville essaie de préempter en faveur d’habitats sociaux. C’est-à-dire que ce sont des biens rachetés par des bailleurs sociaux, qui les mettent ensuite en location. On a ce souhait-là. On a pu voir que placer une population homogène dans un même quartier est un échec. D’ailleurs, on en paie aujourd’hui le prix. On sait que la solution, c’est la mixité, et si on veut que dans les crèches, les écoles il y ait une population mixte, il faut que l’on retrouve cette mixité dans les immeubles.

Politique

ANTHONY BERTHELIER l PAUL DALASANTHONY BERTHELIER

MYRIAM PICOT, l’ancienne batonnière de Lyon, succède à Jean-Pierre Flaconnèche en 2014

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sant, qui consiste à la fois à mettre en place, une patrouille de po-lice municipale qui ne reste pas statique sur la place, parce que les trafics, la prostitution se fait aussi dans les rues attenantes. Et puis sur la place elle-même, une équipe de trois médiateurs sociaux qui permet aux gens qui errent, d’être informés de leurs droits, sociaux et médicaux, ainsi de ce que l’Etat peut faire pour eux.Avec le taux de chômage, il y a forcement du petit trafic mais ce n’est pas une place qui est criminogène, vous pouvez la traverser sans crainte.

Cette petite délinquance est inévitable ? Il est important d’envoyer des signes forts et montrer qu’on ne la laisse pas s’installer. La loi reste la loi. Personnellement, je ne crois pas du tout a une société avec un taux de délinquance zéro. Ça n’existe pas, encore moins dans un secteur qui connaît un taux de chômage pareil.Ce qu’il faut c’est que les gens soient en sécurité, mais ce n’est pas un trafic qui atteint à la sécurité des personnes. Il y a aussi une délinquance de besoin. La prostitution de Guillotière n’est pas la même que celle de Gerland. Elle se différencie dans le sens où à la Guillotière on trouve de la prostitution alimentaire.

Est-ce qu’il n’y pas un risque de voir évoluer une Guillotière à deux vitesses ? Celle qui a les moyens de fréquenter les nouveaux lieux de culture et de loisir, et les autres. Forcement, on ne peut pas rassembler dans un même lieu, toutes les populations, indépendamment du prix. Qu’il y ait des lieux dans lesquels certaines communautés aiment se retrouver entre elles, ne me paraît pas condamnable. C’est inéluctable même. L’im-portant c’est que subsiste toujours cette mixité, ce brassage. Et puis

il peut y avoir des ponts entre ces lieux-là.

Justement, existe-t-il des lieux ou des événe-

ments fédérateurs dans le quartier ?Il y a déjà le gros travail des associations qui fourmillent à la Guillotière. Il y a également le conseil de quartier qui brasse pas mal de population. Il est très vigilant sur les projets urbains, la propreté, l’écologie. La population de Guillotière a envie que son quartier vive. Il y a tout un tas d’événements - vraimentportés par les associations, la po-pulation et les commerçants - comme les brasseries, qui se déroulent tout au long de l’année. Je me rappelle d’une pièce de théâtre sur le parvis de la mairie dans le cadre de ‘Tout L’Monde Dehors’. Beaucoup de jeunes étaient assis devant avec des enfants et derrière il y avait les anciens du quartier avec leurs sièges pliants. Tout le monde était venu. C’est le charme de ce quartier.

La Guillotière est le quartier asiatique de Lyon, où en est la création de l’arche de la rue Passet ? On avait réussi à obtenir l’accord des bâtiments de France. Cette arche s’adossait sur deux immeubles et les copro-priétaires d’un des immeubles ont refusé. On en est là.

« Je ne crois pas à une gentrification d’avenir »

MYRIAM PICOT, l’ancienne batonnière de Lyon, succède à Jean-Pierre Flaconnèche en 2014

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La chapelle de la Madeleine - princi-pal édifice du début du Moyen-Âge - est fondée en 1308 par Pierre de Savoie. Occupée à ses débuts par les religieux Cisterciens de Belle-combe, elle se situe entre la rue du Sauveur et la rue Garibaldi. En sep-

tembre 1404, le futur « saint » Vincent Ferrier, de passage dans le quartier, y prédit l’avenir pendant seize jours. Le nombre de fidèles venus assister à l’oracle des temps modernes - acte fondateur pour le quartier - empêche le prédicateur de prêcher dans la chapelle de la Madeleine, trop petite pour l’occasion. Les discours se tiennent donc, en pré-sence de l'archevêque en personne, dans un pré à l’extérieur de la ville.

La chute de l’égliseAu fil des siècles, la chapelle s’adapte au quartier et sa paroisse se consacre à aider les plus dému-nis. Cependant, elle ne pouvait accueillir plus que 230 pèlerins et devant un afflux de migrants et de vagabonds toujours plus important, la Madeleine est débordée. En 1678 l’église est détruite. Ses biens sont transportés à Notre-Dame de la Guillotière. Notre Dame de Grâce, située dans la grande rue de la Guillotière, doit prendre la suite de la Madeleine et ainsi devenir l'église principale du quartier. Au lieu de ça, en 1680, deux ans seulement après la fermeture de la Madeleine, l’église Notre Dame de Grâce tombe en ruine. C'est le début d'une sombre époque pour le Christianisme dans le quartier. Le diocèse ne trouvant pas de solutions - les églises sont trop petites pour accueillir les plus démunis - réquisitionne une salle municipale pour accueillir les nécessiteux.

Sauver la paroisseA son tour, la salle se trouve débordée. En 1739, elle peut accueillir 400 personnes, alors que la pa-roisse compte 6 000 fidèles, sans compter les sans-abris. Une des plus grandes paroisses du diocèse de Lyon, se retrouve alors sans aucun lieu de culte, communauté ou trace du christianisme. Comme souvent à Guillotière, on fait appel à la solidarité. Le diocèse arrive à convaincre de riches donateurs a offrir un espace important à la communauté re-ligieuse du quartier. L'église de l’ordre privée des religieux franciscains - confisquée par l’état - est alors rénovée. Dans le même temps, la paroisse obtient plusieurs dons importants qui assurent sa pérennité et lui permettent de continuer à aider les plus défavorisés.

La Madeleine de la Guill’

Le quartier de la Guillotière a toujours entretenu un rapport spécial avec ses églises. Nécessaires à la

solidarité dans un quartier défavorisé, mais pas assez peuplées pour leur permettre une existence pérenne, les églises du quartier ont souvent dû innover et se

battre pour survivre.

H I S T O I R E

La chapelle de la Madeleine n’est pas la première église du quartier, mais celle dont les registres sont les plus anciens. La paroisse de Saint-Nizier

de Lyon, un temps influente sur la Guillotière, possède des registres datant de 1532 alors sa création date de l’an 573.

LOUIS BOYER

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Quel est l’élément primordial du dé-veloppement de la Guillotière dans Lyon ? Pour moi le plus important c’est l’inté-gration du quartier dans la ville de Lyon. En 1852, La Guillotière a complétement changée quand on a inclu la rive gauche du Rhône dans Lyon, pour cela on a beau-coup utilisé le pont du Rhône, qui est resté en place jusqu’en 1953. Il a longtemps été payant d’ailleurs, et servait de péage pour rentrer dans Lyon, et donc de frontière avec la Guillotière. À l’époque le Rhône n’était pas encore endigué, la Guillotière était composé des terrains boueux, c’est aussi pour cela qu’un peu plus au Nord les Brotteaux ce sont appelés ainsi, les habi-tants allaient faire brouter leurs bétails sur les terrains plus verts au nord de la Guil-lotière. Après 1856, les terrains ont été su-rélevés suite aux grandes crues du Rhône, le sol est devenu plat et plus sec et donc enfin habitable. Il y’a une forme d’injustice dès l’annexion du quartier, les caisses de Lyon étaient vides, une population juste à côté qui représentait plus d’impôts rapide-ment.

Quelle fut la première utilité de la Guillotière dans Lyon ?Une fois les terrains asséchés, la situation géographique permettait tout de même un accès pratique à l’eau pour l’évacua-tion des déchets, étant encore un quar-tier pauvre à l’écart du cœur de la ville il était l’endroit parfait pour un certain type d’industrie. On a donc décidé d’y instal-ler les entreprises les plus polluantes de la ville. Le quartier a au départ suivi le même mode de développement que Vaise et Ger-land. Les tanneries, les savonneries, pleins de petites entreprises qui sentaient extrê-mement mauvais, ont façonné ce quartier,

les Italiens principalement, jusqu’en 1940, mais l’odeur était particulière…Avec sa caractéristique en plus d’être celle d’une terre d’accueil de l’immigration forte. La Guillotière va mettre un peu de temps a réellement pesé de son poids économique sur la ville, ce n’est que dans la deuxième partie du 19ème siècle que l’industrie im-planté là bas va amener son dynamisme à Lyon. Il ne faut pas non plus penser que l’échange fut qu’en faveur de Lyon, avant 1952, la Guillotière était vraiment un ma-récage, peuplé exclusivement d’immigrés sur la route de l’Italie, juste un lieu de passage. C’était une douane ou ont payé le péage du pont pour rentrer à Lyon. Alors qu’avec le rattachement à Lyon, il devient un point économique important et com-mence son développement.

Pourquoi la Guillotière garde des rapports particuliers avec le reste de la ville ?Le quartier, même après son annexion à la ville, a gardé son identité, un quartier d’immigré, plutôt pauvre, surtout de par son histoire et son emplacement géogra-phique. Et puis certains vieux Lyonnais considère que l’autre côté du Rhone ne fait pas partie de Lyon, ce souvenir va s’es-tomper avec le temps mais c’est très ancré dans l’esprit des gens. Le développement de Lyon est encore récent ! C’est après la guerre que la ville c’est développée, Guil-lotière a été absorbé et devient au fur et à mesure un quartier qui attire les gens avec de l’argent. Il s’embourgeoise grâce à son emplacement idéal dans Lyon mais il continue de souffrir de son image de re-cueil des immigrés. Il a pris la suite des Brotteaux, plein très rapidement après son annexion. Demandez à un Lyonnais où il peut se faire agresser, il vous répondra La

Guillotière, parce qu’on a détruit la vie so-ciale dans ce quartier, en construisant des grands immeubles sans conserver de lieux de vies communes. Mais aujourd’hui c’est un quartier historique de Lyon.

Il y a pourtant eu des manifesta-tions contre l’annexion à Lyon à l’époque…Les manifestations n’ont pas été très viru-lentes, ils ont protesté mais ils ont vite vu les avantages, beaucoup plus facilement que la Croix-Rousse. Aujourd’hui, regar-dez, les Croix-roussiens, ne se disent pas Lyonnais, ils se disent croix-roussiens, aucun ne dira qu’il est Guillotin ! Mais si on veut définitivement développé l’endroit on s’y prend mal ! On tue la Guillotière en ce moment, on a commencé par détruire pratiquement la place du Pont en faisant le Clip, c’est invivable, on l’a fait pour en-lever les vendeurs à la sauvette, devant le Prix Unique. Ils sont toujours là, et eux apportent de l’authenticité au quartier, mais les gens gardent du coup une mau-vaise image du quartier. Les Chinois par exemple à la Guillotière, s’intègrent très bien, mais ils ont une discipline à eux, ils ont par exemple, une sorte de police in-tégrée, lorsqu’un Chinois fait une erreur, on en entend pas parler, mais on ne le voit plus… Ils veulent conserver une image positive pour s’intégrer.

Malgré une rivalité ancrée dans leurs histoires, Lyon et la Guillotière ne font plus qu’une en 1852. Une identité marquée, désormais disparue dans le quartier.

Jean-Luc Chavent, spécialiste de l’histoire de Lyon, defenseur du patrimoine lyonnais.

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« La nuit venue, on y verra plus clair ». En écrivant ses lignes l’écrivain Roland To-por avait-il anticipé

l’évolution de la Guillotière ? Quoiqu’il en soit, l’alcool est un révélateur de vérité. Car c’est bien quand le ciel re-vêt son manteau noir que les disparités de ce quartier lyonnais sont les plus éclai-rées. « On voit que ça change et que ça devient très claire-ment plus bobo », témoigne Yohann, gérant du bar Les Pralins. Aux détours des rues, distantes de quelques mètres, on retrouve deux populations, symptôme de la diversité du lieu, venues chercher la même chose, la fête. Une envie com-mune, sans empiéter sur son voisin. Pourtant, la soif les réunies au même endroit. La place Gabriel Peri tient ce rôle dans la troupe, rappe-lant à chaque comédien la place qu’il doit tenir sur les planches du théâtre.

Pour les démons de minuit ce sera direction les quais du Rhône, de jeunes intrépides, bières sous le bras, ralliés entre eux par ces effluves il-licites, parfaitement perceptibles à la sortie du métro. Pour eux, ce sera jeux d’alcool, chants, rires et cris qui donneront des maux de tête aux riverains, autant qu’à ses fêtards du jeudi soir, dont l’embarquement à bord de l’Ayers Boat re-présente souvent le terminus d’un périple alcoo-lisé. « C’est moins cher de se retrouver ici et au moins, on est tous ensemble », explique Justine après s’être extirpée de cette réunion festive. De l’autre côté du pont, frontière entre ces deux mondes, des fêtards, un brin bobo, se lancent sur leur propre chemin de la soif. Bienvenue dans le “carré d’or”, comme aime le nommer la pro-priétaire de l’Indocafé. Son bar plante le décor.

UNE NUIT POUR DEUX MONDES

La Guillotière serait entrain de changer, de verser dans le Rhône ses allures de quartier de banlieue pour se tourner vers le nec plus ultra. Mais la nuit tombée, le verre est à moitié plein. La fête se vit à deux vitesses. Deux mondes noyés dans l’alcool, mis en lumière dès les premières pénombres.

C'est l'envers du décor. Le coté obscur de ce monde de la nuit

propre à Guillotière. Car si les quais proposent une certaine facilité de rassemblement - avec l'agréable

vue sur l'Hôtel-Dieu - ils apportent également leur degré d'insomnie pour les riverains. Une nuisance qui tranche avec la volonté des politiques d'apaiser le quartier.

« C'est vrai, du jeudi au samedi, on a un peu de mal à dormir », confie Christophe, un riverain. D'autant

que le concert des sirènes de police vient s'ajouter aux chants des étudiants. Symbole de cette

diversité des mondes, la carré d'or a choisi d'interdire la consommation en terrasse à partir de 22 heures.

La fête ne fait pas que des heureux

Celui d’une Guillotière nouvelle, en pleine res-tructuration. Les Maneki neko, ces chats dorés aux bras articulés appartiennent désormais au passé et laissent leur place à une déco tendance, tamisée, à peine perturbée par la lueur bleuâtre

d’un néon. Si l’odeur d’un riz cantonais rap-pelle que l’établissement conserve toujours une cuisine asiatique, le pia-no rappelle lui, qu’on ne joue plus dans la même cour. Le temps d’un af-ter-work, l’ambiance est à la décompression pour ces habitués du quartier venus descendre une pinte ou déguster la der-nière cuvée de vin rouge, blanc ou rosé. C’est ici qu’une clientèle de tren-tenaires y a trouvé ses marques. On voyage au

gré des bars, comme à Aromo, où une simple gorgée de ses spécialités avinées peut transpor-ter des berges lyonnaises aux plages portugaises. « Un vin axé sur le fruit », vante le serveur, pour faire décoller le client de sa carte.

À quelques pas de là, le temps de se dessécher, le Live Station marque un nouvel arrêt. On s’ins-talle devant un film, sur un canapé, on profite ou on circule. On peut s’y détendre, prendre un verre, accompagné d’un plateau de charcu-terie si affinité. Loin des chants résonnant de-puis les quais, ces bars incitent aux rencontres informelles, aux tête à tête romantiques ou aux réunions entre collègues de bureau exténués. Puis vient le temps de rentrer, d’abandonner sa terrasse pour un lit bien mérité. Et rendre aux rues leur tranquillité pour qu’à vingt-deux heures le carré dorme Pendant que les plus té-méraires percent le silence des rues désertes au moment de trouver le chemin de la sortie, les quais deviennent de plus en plus endiablés. Il faudra attendre la fin de la nuit, pour que ces deux mondes ne fasse plus qu’un : la Guillotière.

La faute aux ours

LES JEUNES CHANTENT SUR LES QUAIS... ... LES BOBOS PRENNENT UN VERRE

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TENDANCES 29

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OÙ SORTIR À LA GUILLOTIÈRE ?

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Les bons plans de la FourmillièreUn endroit chaleureux où habitués et fêtards peuvent goûter à des boissons de la région, mais pas que, et se délecter de plats de saison issus d’une agriculture locale. 5, rue S. Reinach. 04 72 73 24 60.Prix : €

Ambiance cocktail à l’IndocaféDécoration vintage, ambiance feutrée,le lieu jouit désormais d’un espace « bar » à part entière ou fleu-rissent de nombreux cocktails pour satisfaire toutes les papilles. 14 rue de la thibaudière. 04 78 58 33 30 .Prix : € € €

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Ninkasi, un classiqueFormule inchangée. Bières en tous genres, burgers et musique. Avec une des plus grandes terrasses de la ville, voilà LE lieu où aller. L’hiver n’étant pas en reste avec de nombreux concerts, blindtests ou encore soirées animées. 2 Place Antonin Jutard. 04 78 95 04 95.Prix : € €

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TENDANCES30

La Place du Pontle cœur de la Guill'Lieu de passage historique, la place Gabriel Péri est le révélateur du multiculturalisme de Guillotière. Surnommée «le triangle du crime» au début du XXème siècle à cause de sa mauvaise réputa-tion, elle se mue peu à peu, à l’image du quartier. Plus d’1 millions d’euros ont ainsi été alloué a l’aménagement de la place depuis 1999, celle ci abandonnant sa forme initiale pour une architecture en étoile.

Massa Mundo le voyage des sensL’âme cosmopolite du quartier résumé par une enseigne. Des massages asiatiques ou européens, les mains de Eric Jacques, créateur du centre, suivent les dessins du corps pour aider le pa-tient à s’évader. Au gré des huiles, Massa Mundo permet d’aban-donner ses tensions. 20 à 90 minutes de plaisir, dans un atmos-phère reposante qui contribueront à apaiser les esprits.

8 place Raspail

Académie de danserevisiter les classiques « Et pointe, et ferme, demi plié ». La grâce a élu domicile à Guillotière. On y découvre des danseurs de tout âge, de 7 à 77 ans, prêts à s’exercer sur les différents styles musicaux. La compagnie Philioscope y a notamment élue résidence. Au son du piano, ces danseurs professionnels - en représen-tation dans les plus grands lieux de la planète - côtoient des amateurs sous la direction de Florence, professeure passée par l’école Martha Graham de New York.

LES 10 LIEUX INCONTOURNABLES DE LA GUILLOTIERE

123 Chantezà la recherche de la nouvelle star

« J’ai eu la chance d’entendre des voix en or, de qualité internatio-nale. Et je suis peut-être le seul à les avoir écoutées ». Yann Marek, ancien chanteur, s’est reconverti avec brio dans les cours de chant. Si des professionnels poussent régulièrement la porte de son do-micile, les amateurs profitent également de ses exercices « un peu bizarres », comme il aime les présenter. Résultat, même les « cas-seroles » se muent en véritable chanteur. Et si tous ne finissent pas sur scène, les clients sortent souvent de ces cours, libérés, avec la conviction que tout le monde peut chansonner.

Ukronium 1828 le palais du jeuCe peut être surprenant mais le quartier de la Guillotière hé-berge la plus grande boutique de jeu à Lyon, Ukronium 1828. Le magasin propose des centaines de jeux de société, figurines, cartes à collectionner, ou encore jeux de rôles. Des dernières nouveautés aux véritables classiques du genre, la philosophie du lieu consiste à essayer avant d’acheter. Tous les jeudis la boutique organise des soirées jeux de société. Les mercredi et samedi sont réservés aux miniatures 55, rue de la Thibaudière. 04 37 70 15 95.

Piscine du rhône Le centre nautique Tony Bertrand plus communément ap-pelé piscine du Rhône comporte deux bassins. Un bassin « olympique » qui a la particularité d’être ouvert toute l’an-née, chauffé à 27° en hiver. Le second bassin, ouvert l’été est principalement réservé aux activités ludiques et propose des équipements de loisirs en conséquence. 8 Quai Claude Bernard. 04 78 72 04 50

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TENDANCES 31

Le Club du Rhône l'art du crochet Avec 60 ans d’ancienneté, le Club du Rhône est la référence lyonnaise des centres de sports de combat. Étalées sur plus de 1000 m2, c’est près de 20 disciplines qui se sont installées sur les vestiges d’une maison close. Le large panel de sports de combat et d’art martiaux en fait un lieu unique, avec des professeurs réputés, à l’image d’Alex Wallace, dit « Cyborg », champion d’Europe de boxe thaïlandaise.

9 rue de l'épée

LES 10 LIEUX INCONTOURNABLES DE LA GUILLOTIEREMorgan Couturier l Hugo Borrel

Robert Plouvier, conseil en tout genreGraphologue depuis 30 ans Robert Plouvier est un ex-pert de l’approche technique et psychologique de l’écri-ture. Une démarche qui permet de mieux connaître sa personnalité, identifier ses capacités et sa personnali-té, grâce à l’écriture. Il peut étudier tous les documents contestés. Ce qui peut aller d’affaires de succession à des lettres anonymes en passant par des signatures. 48 rue de la Thibaudière. 04 78 58 00 90.

La Gryffe : haut lieu de la culture libertaire À la fois librairie, centre de documentation, salle de réunion et de conférences, la Gryffe est un lieu emblé-matique de la Guillotière. On y trouve des références classiques ou des nouveautés proposant une critique anticapitaliste ou encore anti-autoritaire de la société. Un lieu d’échanges et de réflexion.5 Rue Sébastien Gryphe. 04 78 61 02 25.

Skate Park pour les amateurs de glissePour les amateurs de glisse, le Skatepark de la Guillotière est un incontournable. Avec son bowl en deux parties et un street park au bord du Rhône. Seul bémol, le sol rugueux pas adapté au sport de glisse. Un défaut largement compensé par une vue imprenable des Berges et de la Basilique de Fourvière.

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L e m e i l l e u r

TENDANCES 32

TROP BON !

Manger à la Guillotière

Oto Oto, le japonais sans sushiLa gastronomie japonaise ré-serve bien d’autres choses que des makis, des sushis ou autres soupes mizos. Sur les cartes d’Oto Oto, on n’en voit pas la trace. Le restaurant est d’ailleurs l’un des rares izakaya à Lyon, ces bars à tapas typiquement japo-nais. On ne trouve nulle part ail-leurs des grottes pour déguster en toute intimité des tamagoya-ki ou encore des edamame, des mets typiquement nippons.15 rue d’AguesseauPrix : € €

Chez Riz, enfin un chinois gastronomiqueSitué en plein cœur du quartier asiatique, Chez Riz est devenu l’un des restaurants chinois les plus appréciés par les Lyonnais. A la carte, pas de nems ni de beignets de crevettes, l’enseigne est à l’opposé des traditionnels buffets à volonté et défend une cuisine chinoise authentique venue tout droit du Sichuan. Digne d’un véritable gastro, la présentation des plats révèle ce qui attend le palais. L’une des meilleures adresses du quartier, à coup sur. 6 rue PasteurPrix : € € €

Doshilack,la méthode CoréeS’il a la réputation d’être l’un des meilleurs restaurants Coréens de la ville, le Doshilack n’en perd pas moins l’esprit traditionnel avec lequel il a habitué ses clients. D’abord avec les bibimbab, un mé-lange de riz, de bœuf, de légumes sautés et assaisonnés, ou encore les bulgori, de la viande marinée dans la sauce soja et le sucre, puis grillée, le restaurant s’est égale-ment fait un nom grâce à la quali-té de son accueil. L’occasion idéale de découvrir des saveurs de Corée sous le regard de l’équipe du Do-shilack, intarissable sur l’histoire, les coutumes et la gastronomie coréenne, qui se fera une joie de les partager avec ses clients.28 rue de MarseillePrix : € €

Le Mondrian, ou la cuisine créativeSitué à quelques encablures des berges du Rhône, le Mondrian est connu pour sa terrasse, sa vue imprenable sur Fourvière et ses chaises bigarées. Privé de ce joyau quand vient l’hiver, l’éta-blissement mise sur une salle colorée, richement décorée et une cuisine a la pointe de la créativité. Ainsi, l’étonnant burger sans pain se déguste aussi bien à l’ombre des platanes que dans la cha-leur de la salle chic. 1 quai Claude BernardPrix : € € €

La Maioun, on dirait le sud. Petite enclave niçoise à Lyon, la Maioun (prononcer Ma-Youne) porte bien son nom signifiant maison en provençal. Si la salle du restaurant est sobre, les as-siettes du jeune chef sudiste pé-tillent de soleil. La carte, courte - gage de produits frais - fleur bon le sud : tartines, frites de Panisses (spécialité du Sud Est, préparées à base de pois chiches) aïoli, Pan Bagnas et bien sur... salade niçoise. Evidemment, tout est «fait maioun»15 rue BonaldPrix : € €

kebabUskudar

Nazim Baba, Rapidos Tacos, l’Oasis

Kool Halal, Le Palais des Gateries, Amilcar II

Pacha Kebab, Zeitouna

Arc-en-ciel

© DR