La Naissance Du Jour - Colette

5/27/2018 La Naissance Du Jour - Colette

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COLETTE

LA NAISSANCE DU JOUR


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COLETTE

LA NAISSANCE DU JOUR

(1928)


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Table des matires


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I

Imaginez-vous, me lire, que je fais mportrait ? Patience : cest seulement m

modle

(La naissance du jou

Monsieur,

Vous me demandez de venir passer une huitaine de jourchez vous, cest--dire auprs de ma fille que jadore. Vous qvivez auprs delle, vous savez combien je la vois raremencombien sa prsence menchante, et je suis touche que vouminvitiez venir la voir. Pourtant, je naccepterai pas votr

aimable invitation, du moins pas maintenant. Voici pourquoimon cactus rose va probablement fleurir. Cest une plante trrare, que lon ma donne, et qui, ma-t-on dit, ne fleurit sounos climats que tous les quatre ans. Or, je suis dj une trvieille femme, et, si je mabsentais pendant que mon cacturose va fleurir, je suis certaine de ne pas le voir refleurir unautre fois

Veuillez donc accepter, monsieur, avec mon remerciemensincre, lexpression de mes sentiments distingus et de moregret.

Ce billet, sign Sidonie Colette, ne Landoy , fut crit pa


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ma mre lun de mes maris, le second. Lanne daprs, elmourait, ge de soixante-dix-sept ans.

Au cours des heures o je me sens infrieure tout ce q

mentoure, menace par ma propre mdiocrit, effraye ddcouvrir quun muscle perd sa vigueur, un dsir sa force, undouleur la trempe affile de son tranchant, je puis pourtant mredresser et me dire : Je suis la fille de celle qui crivit cettlettre, cette lettre et tant dautres, que jai gardes. Celle-cen dix lignes, menseigne qu soixante-seize ans elle projetaet entreprenait des voyages, mais que lclosion possible

lattente dune fleur tropicale suspendait tout et faisait silencmme dans son cur destin lamour. Je suis la fille dunfemme qui, dans un petit pays honteux, avare et resserr, ouvsa maison villageoise aux chats errants, aux chemineaux et auservantes enceintes. Je suis la fille dune femme qui, vingt fodsespre de manquer dargent pour autrui, courut sous neige fouette de vent crier de porte en porte, chez des riche

quun enfant, prs dun tre indigent, venait de natre sanlanges, nu sur de dfaillantes mains nues Puiss-je noublieamais que je suis la fille dune telle femme qui penchatremblante, toutes ses rides blouies entre les sabres ducactus sur une promesse de fleur, une telle femme qui ncessa elle-mme dclore, infatigablement, pendant trois quarde sicle

Maintenant que je me dfais peu peu et que dans le miropeu peu je lui ressemble, je doute que, revenant, elle mreconnaisse pour sa fille, malgr la ressemblance de notraits moins quelle ne revienne quand le jour poind peine, et quelle ne me surprenne debout, aux aguets sur u


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monde endormi, veille, comme elle fut, comme souvent jsuis, avant tous

Avant presque tous, ma chaste et sereine revenante

mais je ne pourrais te montrer ni le tablier bleu charg de provende des poules, ni le scateur, ni le seau de boisDebout avant presque tous, mais sur un seuil marqu dun panocturne, mais demi-nue dans un manteau palpitanhtivement endoss, mais les bras tremblants de passion eprotgeant honte, cachez-moi une ombre dhomme, mince

carte-toi, laisse que je voie, me dirait ma trs chrrevenante Ah ! nest-ce pas mon cactus rose qui me survit, eque tu embrasses ? Quil a singulirement grandi et chang !Mais, en interrogeant ton visage, ma fille, je le reconnais. Je reconnais ta fivre, ton attente, au dvouement de temains ouvertes, au battement de ton cur et au cri que t

retiens, au jour levant qui tentoure, oui, je reconnais, jrevendique tout cela. Demeure, ne te cache pas, et quon voulaisse tous deux en repos, toi et lui que tu embrasses, car il ebien, en vrit, mon cactus rose, qui veut enfin fleurir.


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II

Est-ce ma dernire maison ? Je la mesure, je lcout

pendant que scoule la brve nuit intrieure qui succdimmdiatement, ici, lheure de midi. Les cigales et clayonnage neuf qui abrite la terrasse crpitent, je ne sais quinsecte crase de petites braises entre ses lytres, loisea

rougetre dans le pin crie toutes les dix secondes, et le vent dponant qui cerne, attentif, mes murs, laisse en repos la meplate, dense, dure, dun bleu rigide qui sattendrira vers la chutdu jour.

Est-ce ma dernire maison, celle qui me verra fidle, cel

que je nabandonnerai plus ? Elle est si ordinaire quelle n

peut pas connatre de rivales.Jentends tinter les bouteilles quon reporte au puits, do

elles remonteront, rafrachies, pour le dner de ce soir. Lunflanquera, rose de groseille, le melon vert lautre, un vin dsable trop chaleureux, couleur dambre, convient la salade tomates, piments, oignons, noys dhuile et aux fruits mr

Aprs le dner, il ne faudra pas oublier dirriguer les rigoles qencadrent les melons, et darroser la main les balsamineles phlox, les dahlias, et les jeunes mandariniers qui nont paencore de racines assez longues pour boire seuls au profonde la terre, ni la force de verdoyer sans aide sous le feconstant du ciel Les jeunes mandariniers, plants pou


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qui ? Je ne sais. Peut-tre pour moi Les chats attaqueronpar bonds verticaux les phalnes, dans lair de dix heures blede volubilis. Le couple de poules japonaises, assoupi, ppiercomme un nid, juch sur le bras dun fauteuil rustique. Le

chiens, dj retirs du monde, penseront laube prochaine, eaurai le choix entre le livre, le lit, le chemin de cte jalonn dcrapauds flteurs

Demain, je surprendrai laube rouge sur les tamaris mouill

de rose saline, sur les faux bambous qui retiennent, pointe de chaque lance bleue, une perle Le chemin de ct

qui remonte de la nuit, de la brume et de la mer Et puis bain, le travail, le repos Comme tout pourrait tre simpleAurais-je atteint ici ce que lon ne recommence point ? Tout esressemblant aux premires annes de ma vie, et je reconnapeu peu, au rtrcissement du domaine rural, aux chats, chienne vieillie, lmerveillement, une srnit dont je sende loin le souffle misricordieuse humidit, promesse d

pluie rparatrice suspendue sur ma vie encore orageuse jreconnais le chemin du retour. Maint stade est accompdpass. Un chteau phmre, fondu dans lloignemenrend sa place la maisonnette. Des domaines tals sur France se sont peu peu rtracts, sous un souhait que jnosais autrefois formuler. Hardiesse singulire, vitalit dupass qui inspire jusquaux gnies subalternes du prsent : le

serviteurs redeviennent humbles et comptents. La femme dchambre bche avec amour, la cuisinire savonne au lavoir. Icbas, quand je ne croyais plus la suivre que de lautre ct de vie, ici-bas existe donc une sente potagre o je pourraremonter mes propres empreintes ? la margelle du puits ufantme maternel, en robe de satinette bleue dmode, empl


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il les arrosoirs ? Cette fracheur de poudre deau, ce douleurre, cet esprit de province, cette innocence enfin, nest-cpas lappel charmant de la fin de la vie ? Que tout est devensimple Tout, et jusquau second couvert que parfois j

dispose, sur la table ombrage, en face du mien.Un second couvert Cela tient peu de place, maintenant

une assiette verte, un gros verre ancien, un peu trouble. Si jfais signe quon lenlve jamais, aucun souffle pernicieuxaccouru soudain de lhorizon, ne lvera mes cheveux droits ne fera tourner cela sest vu ma vie dans un autre sens. C

couvert t de ma table, je mangerai pourtant avec apptit. ny a plus de mystre, plus de serpent lov sous la serviettque pince et marque, pour la distinguer de la mienne, la lyre dcuivre qui maintenait, au-dessus dun vieil ophiclide du sicdernier, les pages dsertes dune partition o lon ne lisait qudes temps forts , sems intervalles gaux comme delarmes Ce couvert est celui de lami qui vient et sen va, c

nest plus celui dun matre du logis qui foule, aux heurenocturnes, le sonore plancher dune chambre, l-haut Leours o lassiette, le verre, la lyre manquent en face de moi, jsuis simplement seule, et non dlaisse. Rassurs, mes amme font confiance.

Il men reste bien peu, deux, trois amis, de ceux q

pensrent autrefois me voir prir mon premier naufrage ; cade bonne foi je le croyais aussi, et je le leur annonais. Ceux-lun un, la mort pourvoit leur repos. Jai des amis plueunes, surtout plus jeunes que moi. Dinstinct, jaime acquret engranger ce qui promet de durer au del de mon terme. ceux-ci, je nai pas caus de si grands tourments, tout au plu


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des ennuis : Allons, bon, Il va encore nous labmer Jusququand va-t-Il tenir tant de place ? Ils conjecturrent dnoment, ses drames, ses courbes de fivre : Typhodgrave, ou bnigne ruption ? Le ciel confonde notre amie, el

sarrange toujours pour attraper des affections si srieuses Mes amis vritables mont toujours donn cette preuvsuprme dattachement : une aversion spontane poulhomme que jaimais. Et sil disparat encore, celui-l, que dsoins pour nous, quel travail pour laider, elle, reprendre soaplomb

Au fond, ils ne se sont jamais tellement plaints bien acontraire ceux qui mont vue leur revenir tout chauffe dlutte, lchant mes plaies, comptant mes fautes de tactiquepartiale que cen est un plaisir, chargeant de crimes lennemqui me dfit, puis le blanchissant sans mesure, puis serrant esecret ses lettres et ses portraits : Il tait charmant Jaurad Je naurais pas d Puis la raison venait, e

lapaisement que je naime pas, et mon silence, trop tarcourtois, trop tard rserv, qui est, je crois bien, le pirmoment Ainsi va la routine de souffrir, comme va lhabitudde la maladresse amoureuse, comme va le devodempoisonner, innocemment, toute vie deux

Cen est donc fini de cette vie de militante, dont je pensa

ne jamais voir la fin ? Il ny a plus que mes songes pouressusciter, de temps autre, un amour dfunt, jentendlamour nettoy de ses plaisirs brefs et localiss. En songe, arrive quun de mes amours recommence, avec un bruindescriptible, une confusion de paroles, de regardtraduisibles en deux ou trois versions contradictoires, d


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revendications Sans transition ni coupure, le mme rvsachve en examen de brevet lmentaire, en fractiondcimales, et si loreiller au rveil est un peu humide sous mnuque, cest cause du brevet lmentaire. Une seconde d

plus, et jchouais loral , balbutie la mmoire encorenglue. Ah ! ce regard quil avait dans mon songe Qui Le plus grand commun diviseur ? Non, voyons, Lui, Lui, quanil mpiait par la fentre, pour savoir si je lavais tromp Mace ntait pas Lui, ctait tait-ce ? La lumire montlargit de force une baie vert dor entre les paupires tace Lui, ou bien ? je suis sre quil est au moins sept heure

sil est sept heures, cest trop tard pour arroser leaubergines : le soleil est dessus et pourquoi est-ce quavande mveiller je ne Lui ai pas brandi sous le nez cette lettre, oil me promettait la paix, lamiti, une connaissance meilleure erciproque de nous-mmes, et de toute la saison, je ne msuis pas leve si tard Car rver, puis rentrer dans la ralitce nest que changer la place et la gravit dun scrupule

Une petite aile de lumire bat entre les deux contrevents etouche, par pulsations ingales, le mur ou la longue, lourdtable crire, lire, jouer, linterminable table qui revient dBretagne, comme jen reviens. Tantt laile de lumire est rossur le mur de chaux rose, et tantt bleue sur le tapis bleu dcotonnade chleuh. Vaisseliers chargs de livres, fauteuils e

commodes ont fait avec moi, par deux ou trois provincefranaises, un grand dtour de quinze annes. Fins fauteuils bras fusels, rustiques comme des paysannes aux attachedlicates, assiettes jaunes chantant comme cloches sous doigt pli, plats blancs paissis dune crme dmail, nouretrouvons ensemble, tonns, un pays qui est le ntre. Qui m


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montrerait, sur le Mourillon, soixante kilomtres dici, maison de mon pre et de mes grands-parents ? Dautres paymont berce, cest vrai, certains dune main dure. Unfemme se rclame dautant de pays natals quelle a e

damours heureux. Elle nat aussi sous chaque ciel o elgurt la douleur daimer. ce compte, ce rivage bleu de sepavois de tomates et de poivrons, est deux fois mien. Quelrichesse, et que de temps pass lignorer ! Lair est lger, lsoleil ride et confit sur le cep la grappe tt mrie, lail a grangot. Majestueux dnment quimpose parfois au sol la soparesse lgante quenseigne un peuple sobre, mes bien

tardifs Ne nous plaignons pas. Cest ma maturit qui voutait due. Ma jeunesse encore anguleuse et saign daccostele roc feuillet, paillet, laiguille bifide des pins, lagavelcharde des oursins, lamer ciste poisseux et le figuier dochaque feuille au revers est une langue de fauve. Quel paysLenvahisseur le dote de villas et de garages, dautomobiles, dfaux mas o lon danse ; le sauvage du nord morcelle

spcule, dboise, et cest tant pis, certes. Mais combien dravisseurs se sont, au cours des sicles, pris dune telcaptive ? Venus pour concerter sa ruine, ils sarrtent tout coup, et lcoutent respirer endormie. Puis, doucement, iferment la grille et le palis, deviennent muets, respectueux ; esoumis, Provence, tes vux, ils rattachent ta couronne dvigne, replantent le pin, le figuier, sment le melon brod, et n

veulent plus, belle, que te servir et sy complaire.Les autres, fatalement, te dlaisseront. Auparavant, i

tauront dshonore. Mais tu nen es pas une horde prs. Ite laisseront, ceux qui sont venus sur la foi dun casino, duhtel ou dune carte postale. Ils fuiront, brls, mordus par to


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vent tout blanc de poussire. Garde tes amants buveurs deau la cruche, buveurs du vin sec qui mrit dans le sable ; gardceux qui versent lhuile religieusement, et qui dtournent la tten passant devant les viandes mortes ; garde ceux qui se lven

matin et se bercent le soir, dj couchs, au petit haltemendes bateaux de fte, sur le golfe, garde-moiLa mrissante couleur de la pnombre marque la fin de m

sieste. Infailliblement, la chatte prostre va sallonger jusquaprodige, extraire delle-mme une patte de devant dopersonne ne connat la longueur exacte, et dire, dun billeme

de fleur : Il est quatre heures bien passes. La premirvoiture automobile nest pas loin, roulant sur sa petite nue dpoussire vers une plage ; dautres la suivront. Quelquunsarrtera un moment la. grille, versant sur lalle, parmlombre plumeuse des mimosas, des amis sans leurs femmedes femmes et leurs amants. Je nen suis pas encore leufermer ma grille au nez, et montrer les dents derrire. Ma

ma froide et tutoyeuse cordialit, laquelle ils ne se trompepas, les contient. Des hommes aiment mon logis priv dmatre, son odeur, ses portes sans verrous. Quelques femmedisent, dun air de soudain dlire : Ah ! quel paradis ecomptent sourdement tout ce qui manque. Mais celles-ci, eceux-l, apprcient ma patience couter leurs projets, moi qnai pas de projets. Ils sont fous de ce pays , ils veule

une petite ferme trs simple , ou construire un mas sur ccap pic sur la mer, hein, quelle vue ! L, je deviencharmante. Car jcoute et je dis : Oui, oui . Car je nconvoite pas le champ d ct, je nachte pas la vigne dvoisin, et je ne fais pas ajouter une aile . Un camarade srencontre toujours pour toiser ma vigne, aller de la maison


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mer sans monter ni descendre une marche, revenir econclure :

En somme, cette proprit, telle quelle est, vous convie

parfaitement.Et je dis oui, oui , comme lorsquil massure, lui ou u

autre : Vous ne changez pas ! Ce qui signifie : Nouavons la ferme intention que vous ne changiez plus.

Je veux bien essayer encore


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III

Le vent grandit, puisque la porte qui ouvre, sur la vigne

lenclos ceint de briques ajoures, se dbat faiblement sur segonds. Il va balayer, rapide, un quart de lhorizon, et sagrippesur le nord verdtre, dune puret hivernale. Alors, le golfe creuronflera tout entier comme un coquillage. Adieu, ma nuit l

belle toile sur le matelas de raphia Si je mtais obstine dormir dehors, la puissante bouche qui souffle le froid, le sequi teint toute odeur et anesthsie la terre, lennemi du travade la volupt et du sommeil, met arrach draps et couverturequil sait faonner en longs rouleaux. Ltrange tourmenteuoccup de lhomme comme peut ltre un fauve ! Les nerveuen savent plus que moi sur lui. Ma cuisinire provenale

attaque prs du puits, pose ses seaux, se tient la tte ecrie : Il me tue ! Les nuits de mistral, elle gmit sous ludans sa cabane de la vigne, et peut-tre quelle le voit

Retire dans ma chambre, jattends avec une impatienc

modre la retraite du visiteur pour qui nul huis nest clos, equi dj pousse sous ma porte un singulier hommage d

ptales fltris, de graines vannes finement, de sable, dpapillons molests Va, va, jai dcourag dautresymboles Et je nai plus quarante ans pour dtourner le frondevant une rose qui se fane. Cen serait donc fini de cette vde militante ? Trois moments sont bons pour y songer : lsieste, une petite heure daprs le dner, quand le craquemen


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du journal, arriv de Paris, emplit trangement la pice, et pulinsomnie irrgulire du milieu de la nuit, avant laube Oui,est bientt trois heures. Mais o chercher ; mme pendant cmilieu instable de la nuit qui si vite penche vers le jour, la poch

norme damertume que me promettaient mes chagrins et mebonheurs passs, ma littrature et celle des autres ? Humble lhabitude devant ce que jignore, jai peur de me trompequand il me semble quentre lhomme et moi une longurcration commence Homme, mon ami, viens respireensemble ? Jai toujours aim ta compagnie. Tu me rserve prsent un il si doux. Tu regardes merger, dun confu

amas de dfroques fminines, alourdie encore commdalgues une naufrage si la tte est sauve, le reste se dbason salut nest pas sr tu regardes merger ta sur, tocompre : une femme qui chappe lge dtre une femmeElle a, ton image, lencolure assez paisse, une forccorporelle do la grce mesure se retire, et lautorit qui tmontre que tu ne peux plus la dsesprer, sinon puremen

Restons ensemble : tu nas plus de raisons, maintenant, de mquitter pour toujours.Une des grandes banalits de lexistence, lamour, se retir

de la mienne. Linstinct maternel est une autre grande banalitSortis de l, nous nous apercevons que tout le reste est gavari, nombreux. Mais on ne sort pas de l quand, ni comme o

veut. Quelle tait judicieuse, la remontrance dun de memaris : Mais tu ne peux donc pas crire un livre qui ne sodamour, dadultre, de collage mi-incestueux, de rupture ? Esce quil ny a pas autre chose dans la vie ? Si le temps nlet press de courir car il tait beau et charmant vers derendez-vous amoureux, il maurait peut-tre enseign ce qui


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licence de tenir, dans un roman et hors du roman, la place dlamour Il partait donc, et, au long du mme papier bleutrqui sur la table obscure guide en ce moment ma main commun phosphore, je consignais, incorrigible, quelque chapitr

ddi lamour, au regret de lamour, un chapitre tout aveugldamour. Je my nommais Rene Nr, ou bien, prmonitoireagenais une La. Voil que, lgalement, littrairement efamilirement, je nai plus quun nom, qui est le mien. Ne fallail, pour en arriver, pour en revenir l, que trente ans de ma vie Je finirai par croire que ce ntait pas payer trop cher. Voyezvous que le hasard ait fait de moi une de ces femme

cantonnes dans un homme unique, au point quelles eportent jusque sous terre, striles ou non, une confite ingnuitde vieille fille ? Dimaginer un pareil sort, mon doubcharnu, tann de soleil et deau, que je vois dans le miropench, en tremblerait, sil pouvait trembler encore dun prtrospectif.

Contre le fin grillage abaiss devant la porte-fentre, usphinx des lauriers-roses donne de la tte, rebondit et rebondet le grillage tendu sonne comme une peau de tambour. Il fafrais. La gnreuse rose ruisselle, le mistral a diffr sooffensive. Les toiles palpitent largement, dilates palhumidit saline. La plus belle nuit, encore une fois, prcde plus beau jour, et je me rjouis hors du sommeil. Oh ! qu

demain me voie aussi douce ! De bonne foi je ne prtends plu rien, sinon ce qui est inaccessible. Quelquun ma-t-il tuepour que je sois si douce ? Non point : il y a bien longtempque je nai connu connu le front contre le front, le sein sur sein et mles les jambes de vrais mchants. Lauthentiqumchant, le vrai, le pur, lartiste, il est rare quon le rencontr


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mme une fois dans sa vie. Le mchant ordinaire est mtissde brave homme. La troisime heure du matin, il est vraincline vers lindulgence ceux qui la gotent aux champs et ndonnent rendez-vous, sous la fentre bleuissante, qu eux

mmes. Le vide cristallin du ciel, le sommeil dj consciedes btes, la frigide contraction qui reclt les calices, autandantidotes contre la passion et liniquit. Mais je nai mmpas besoin dindulgence pour dclarer que personne ne mtue dans mon pass. Souffrir, oui, souffrir, jai su souffrirMais est-ce trs grave, souffrir ? Je viens en douter. Souffricest peut-tre un enfantillage, une manire doccupation san

dignit jentends souffrir, quand on est femme par un hommequand on est homme par une femme. Cest extrmemenpnible. Je conviens que cest difficilement supportable. Maai bien peur que ce genre de douleur-l ne mrite aucunconsidration. Ce nest pas plus vnrable que la vieillesse ela maladie, pour lesquelles jacquiers une grande rpulsiontoutes deux voudront bientt me serrer de prs. Davance, j

me bouche les narines Les malades damour, les trahis, lealoux doivent sentir la mme odeur.Jai le souvenir trs net davoir t moins chrie de me

btes, quand je souffrais dune trahison amoureuse. Elleflairaient sur moi la grande dchance : la douleur. Jai vu, une belle chienne de qualit, un regard inoubliable, gnreu

encore, mais mesur, ennuy avec crmonie, parce quelnaimait plus autant la signification de tout mon tre, uregard dhomme, le regard dun certain homme. La sympathde lanimal pour lhomme malheureux on narrivera donamais faire justice de ce lieu commun, dune btispurement humaine ? Lanimal aime presque autant que nous


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bonheur. Une crise de larmes linquite, il imite parfois sanglot, il rflchit passagrement notre tristesse. Mais il fuit malheur comme il fuit la fivre, et je le crois capable, longue, de le bannir

Les deux matous qui se battent dehors, comme iemploient bien la nuit de juillet ! Ces chants ariens du chamle, ils ont accompagn tant dheures nocturnes de moexistence, quils sont devenus symbole de vigilance, dinsomnrituelle. Oui, je sais quil est trois heures et que je vais mrendormir, et que je regretterai, mon rveil, davoir gaspil

linstant o le lait bleu commence sourdre de la mer, gagne ciel, sy rpand et sarrte une incision rouge au ras dlhorizon

Une grande voix de fauve baryton, long souffle, persiste

travers les sons acrs dun chat tnor habile aux trmolos, auchromatiques aigus interrompues dinsinuations furieuse

plus nasales mesure quelles se font plus outrageantes. Ledeux matous ne se hassent pas. Mais les nuits claireconseillent la bataille et les dialogues dclamatoires. Pourqudormir ? Ils choisissent, et, de lt, ne prennent nuit et jouque le plus beau. Ils choisissent Tous les animaux bietraits choisissent ce quil y a de mieux, autour deux et enous. Partant, jai connu, puis franchi lpoque o leur froideu

relative minstruisit de ma propre indignit Je dis bien indignit. Naurais-je pas d quitter ce bas royaume ? Et qugot dplorable dans ces pleurs mal essuys, ces regardloquents, ces stations debout sous un rideau demi lev, cmlodrame Et que vouliez-vous que penst, dune telfemme, une bte, une chienne, par exemple, qui tait elle


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mme toute feu cach et secrets, une chienne qui navaamais gmi sous le fouet, ni pleur en public ? Elle mmprisait, cela va sans dire. Et mon mal, que je ne cachais paaux yeux de mes pareils, jen rougissais devant elle. Il est vr

que nous aimions, elle et moi, le mme homme. Mais cequand mme dans ses yeux, elle, que je lisais une pense e la relis dans une des dernires lettres de ma mre Lamour, ce nest pas un sentiment honorable

Un de mes maris me conseillait : Tu devrais bien, ver

cinquante ans, crire une sorte de manuel qui apprendrait au

femmes vivre en paix avec lhomme quelles aiment, un codde la vie deux Je suis peut-tre en train de lcrireHomme, mes anciennes amours, comme on gagne, comme oapprend, tes cts ! Il nest si bonne compagnie qui ne squitte ; mais je mengage ici prendre courtoisement mocong. Non, tu ne mas pas tue, peut-tre ne mas-tu jamavoulu de mal Adieu, cher homme, et bienvenue aussi to

Une lueur bleue savance sur mon lit de bien portante, plucommodment arrang, pour crire, quun lit de maladusquau papier bleu, jusqu la main, jusquau bras couleur dbronze ; lodeur de la mer mavertit que nous touchons lheuro lair est plus froid que leau. Me lverai-je ? Dormir edoux


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IV

Il y a dans un enfant trs beau quelque chose que je n

puis dfinir et qui me rend triste. Comment me faircomprendre ? Ta petite nice C est en ce moment dunravissante beaut. De face, ce nest rien encore ; mais quanelle tourne son profil dune certaine manire et que son pet

nez argent se dessine firement au-dessous de ses beaucils, je suis saisie dune admiration qui en quelque sorte mdsole. On assure que les grands amoureux, devant lobjet dleur passion, sont ainsi. Je serais donc, ma manire, ungrande amoureuse ? Voil une nouvelle qui et bien tonnmes deux maris !

Elle a donc pu, elle, se pencher impunment sur la fleuhumaine. Impunment sauf la tristesse appelait-eltristesse ce dlire mlancolique, cet ennoblissement qui nousoulve la vue de larabesque jamais pareille elle-mmeamais rpte, feux coupls des yeux, calices jumeaurenverss, des narines, abme marin de la bouche et spalpitation de pige au repos la cire perdue des visages ?

Penche sur une crature enfantine et magnifique, eltremblait, soupirait dune angoisse quelle ne savait nommer, equi se nomme tentation. Mais elle naurait jamais imagin qudun puril visage se lve un trouble, une vapeur comparable ce qui flotte sur le raisin dans la cuve, ni quon puisse succomber Mes premiers colloques avec moi-mme mo


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instruit, sinon garde de faillir : Ne touche pas du doigt laide ce papillon.

Non, certainement Ou rien quun peu Rien qu

place fauve-noir o glisse, sans que je puisse fixer le poinprcis o il nat, celui o il spuise, ce feu violet, cette lchurde lune

Non. Ne le touche pas. Tout va svanouir, si tu leffleure

seulement.

Mais rien quun peu ! Cest peut-tre cette fois-ci que jpercevrai sous ce doigt-ci, le plus sensible, le quatrime, froide flamme bleue, et sa fuite dans le poil de laile, la plumde laile, la rose de laile Une trace de cendre, teintesur le bout du doigt, laile dshonore, la bestiole affaiblie

nen pas douter, ma mre savait, elle qui napprit rien

comme elle disait, quen se brlant , elle savait quopossde dans labstention, et seulement dans labstentioAbstention, consommation, le pch nest gure plus lourd ique l, pour les grandes amoureuses de sa sorte, dnotre sorte. Sereine et gaie auprs de lpoux, elle devenaagite, gare de passion ignorante, la rencontre des trequi traversent leur moment sublime. Confine dans son villag

entre deux maris successifs et quatre enfants, elle rencontrapartout, imprvus, suscits pour elle, par elle, des apogedes closions, des mtamorphoses, des explosions dmiracles, dont elle recueillait tout le prix. Elle qui mnagea bte, soigna lenfant, secourut la plante, il lui fut pargn ddcouvrir quune singulire bte veut mourir, quun certa


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enfant implore la souillure, quune des fleurs closes exigerdtre force, puis foule aux pieds. Son inconstance, elle, cfut de voler de labeille la souris, dun nouveau-n un arbredun pauvre un plus pauvre, dun rire un tourment. Puret d

ceux qui se prodiguent ! Il ny eut jamais dans sa vie le souvendune aile dshonore, et si elle trembla de dsir autour ducalice ferm, autour dune chrysalide roule encore dans scoque vernisse, du moins elle attendit, respectueuselheure Puret de ceux qui nont pas commis deffraction ! Mvoici contrainte, pour la renouer moi, de rechercher le tempo ma mre rvait dramatiquement au long de ladolescenc

de son fils an, le trs beau, le sducteur. En ce temps-l, je devinai sauvage, pleine de fausse gat et de maldictionordinaire, enlaidie, aux aguets Ah ! que je la revoie aindiminue, la joue colore dun rouge qui lui venait de la jalouset de la fureur ! Que je la revoie ainsi et quelle mentendassez pour se reconnatre dans ce quelle et le plus forprouv ! Que je lui rvle, mon tour savante, combien j

suis son impure survivance, sa grossire image, sa servantfidle charge des basses besognes ! Elle ma donn le jour, ela mission de poursuivre ce quen pote elle saisit eabandonna, comme on sempare dun fragment de mlodflottante, en voyage dans lespace Quimporte la mlodie, qui senquiert de larchet, et de la main qui tient larchet ?

Elle alla vers ses fins innocentes avec une croissantanxit. Elle se levait tt, puis plus tt, puis encore plus tt. Elvoulait le monde elle, et dsert, sous la forme dun peenclos, dune treille et dun toit inclin. Elle voulait la jungvierge, encore que limite lhirondelle, aux chats et auabeilles, la grande peire debout sur sa roue de dentel


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argente par la nuit. Le volet du voisin, claquant sur le muruinait son rve dexploratrice inconteste, recommencchaque jour lheure o la rose froide semble tomber, esonores gouttes ingales, du bec des merles. Elle quitta son

six heures, puis cinq heures, et, la fin de sa vie, une petitlampe rouge sveilla, lhiver, bien avant que langlus battt lanoir. En ces instants encore nocturnes ma mre chantait, pouse taire ds quon pouvait lentendre. Lalouette aussi, tanquelle monte vers le plus clair, vers le moins habit du ciel. Mmre montait, et montait sans cesse sur lchelle des heuretchant possder le commencement du commencement

Je sais ce que cest que cette ivresse-l. Mais elle quta, elleun rayon horizontal et rouge, et le ple soufre qui vient avant rayon rouge ; elle voulut laile humide que la premire abeiltire comme un bras. Elle obtint, du vent dt quenfantlapproche du soleil, sa primeur en parfums dacacia et dfume de bois ; elle rpondit avant tous au grattement de pieet au hennissement mi-voix dun cheval, dans lcurie voisin

; de longle elle fendit, sur le seau du puits, le premier disqude glace phmre o elle fut seule se mirer, un matdautomne

Que jaurais voulu offrir, cet ongle dur et bomb, apte

couper les ptioles, cueillir la feuille odorifrante, gratter puceron vert, et interroger dans la terre les semence

dormantes, que jaurais voulu offrir mon propre miroir dnagure : la tendre face peine virile qui me rendait, embelliemon image ! Jaurais dit ma mre : Vois. Vois ce que jfais. Vois ce que cela vaut. Cela vaut-il que jendosse modguisement diffam, qui me permet de sustenter, en secrebouche bouche, la proie que je semble boire ? Cela vaut-


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que, dtourne des aurores que toi et moi nous aimons, je mconsacre des paupires que jblouis et leurs promessede levers dastres ? Scrute, mieux que moi-mme, mtremblante uvre que jai trop contemple. Fourbis ton ong

dur de jardinire ! Mais il tait trop tard. Celle qavouais tout avait dj conquis, en ce temps-l, son terncrpuscule du matin. Elle nous et jugs, hlas, clairemenavec sa cruaut cleste qui ne connaissait pas le courroux Rejette ton ente un peu monstrueuse, ma fille, le greffon qne veut prosprer que par toi. Cest un gui. Je tassure que cesun gui. Je ne te dis pas : il est mal de recueillir un gui, parc

que le mal et le bien peuvent tre galement resplendissants efconds. Mais Quand je tche dinventer ce quelle met dit, il y a toujou

un point de son discours o je suis dfaillante. Il me manqules mots, surtout largument essentiel, le blme, lindulgencimprvus, pareillement sduisants, et qui tombaient dell

lgers, lents toucher mon limon et sy enliser doucemenlents ressurgir. Ils ressurgissent maintenant de moi, equelquefois on les trouve beaux. Mais je sais bien quereconnaissables, ils sont dforms selon mon code personnemon petit dsintressement, ma gnrosit geste court, ema sensualit qui eut toujours, Dieu merci, les yeux plugrands que le ventre.

Nous emes chacune, deux maris. Mais, tandis que ledeux miens sont vous men voyez aise bien vivants, mmre fut deux fois veuve. Fidle par tendresse, par devoir, pafiert, elle se rembrunissait mon premier divorce, davantage mon second mariage, et sen expliquait bizarrement : Ce ne


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pas tant le divorce que je blme, disait-elle, cest le mariage. me semble que tout vaudrait mieux que le mariage, seulement, cela ne se fait pas. Je riais, et je lui remontraque, par deux fois, elle mavait prche dexemple : Il le falla

bien, rpondait-elle. On est quand mme de son village. Matoi, que vas-tu faire de tant dpoux ? Lhabitude sen prend, eon arrive ne plus pouvoir sen passer.

Mais, maman, que ferais-tu ma place ? Une btise, srement. La preuve, cest que jai pous to

pre Si elle nosait pas dire quelle place il occupait dans so

cur, ses lettres me le laissrent apprendre aprs quil lequitte jamais, et aussi certain clat de larmes, au lendemade lenterrement de mon pre. Ce jour-l, nous rangions, elle emoi, les tiroirs du secrtaire en bois de thuya jaune o el

reprit des lettres, les tats de service de Jules-Joseph Colettecapitaine au 1erzouaves, et six cents francs en or, tout ce qurestait dune fortune foncire, la fortune de Sidonie Landoyfondue Ma mre, qui allait bravement et sans faiblir parmdes reliques, buta sur cette poigne dor, jeta un cri, se couvrde pleurs : Ah ! cher Colette ! il mavait dit, il y a huit joursquand il pouvait encore me parler, quil ne me laissait qu

quatre cents francs ! Elle sanglotait de gratitude, et je mmis, ce jour-l, douter davoir jamais aim damour Noassurment, une femme aussi grande ne pouvait pacommettre les mmes btises que moi, et la premire elme dcourageait de limiter :


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Tu y tiens donc beaucoup ce monsieur X ? Mais, maman, je laime !

Oui, oui, tu laimes Cest entendu, tu laimesElle rflchissait encore, taisait avec effort ce que lui dicta

sa cruaut cleste, puis scriait de nouveau : Ah ! je ne suis pas contente !

Je faisais la modeste, je baissais les yeux pour enfermelimage dun bel homme, intelligent, envi, tout clair daveniet je rpliquais doucement :

Tu es difficile Non, je ne suis pas contente Jaimais mieux, tien

lautre, ce garon que tu mets prsent plus bas que terre Oh ! maman ! Un imbcile ! Oui, oui, un imbcile JustementJe me rappelle encore comment elle penchait la tte

clignait ses yeux gris, pour contempler la flatteuse, lclatantimage de l imbcile Et elle ajoutait : Que tu crirais de belles choses, Minet-Chrie, ave

limbcile Lautre, tu vas toccuper de lui donner tout ce qutu portes en toi de plus prcieux. Et vois-tu, pour comble, qu


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te rende malheureuse ? Cest le plus probableJe riais de bon cur :

Cassandre ! Oui, oui, Cassandre Et si je disais tout ce que j

prvoisLes yeux gris, cligns, lisaient au loin :

Heureusement, tu nes pas trop en dangerJe ne la comprenais pas, alors. Elle se ft explique plu

tard, sans doute, je comprends prsent, son tu nes pas edanger , mot ambigu qui ne visait pas seulement mes risquede calamits. son sens, javais pass dj ce quelnomma le pire dans la vie dune femme : le premie

homme . On ne meurt que de celui-l, aprs lequel la vconjugale ou sa contrefaon devient une carrire. Uncarrire, parfois une bureaucratie, dont rien ne nous distrait ne nous relve, sauf le jeu dquilibre qui, lheure marquepousse le barbon vers le tendron, et Chri vers La.

la faveur dun commandement climatrique, et pourv

quil nengendre pas une basse accoutumance, nous pouvontriompher enfin de ce que je nommerai le commun des amantMais exigeons que ce triomphe naisse dun cataclysme, meurde mme, quil nalimente pas une abjecte faim rgulireNimporte quel amour, si on se fie lui, tend sorganiser manire dun tube digestif. Il ne nglige aucune occasion d


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perdre sa forme exceptionnelle, son aristocratie de bourreau. Il nest vendange que dautomne Peut-tre que

amour aussi. Quelle saison pour le dvouement sensuel, quel

trve dans la suite monotone des luttes dgal gal, quelhalte alors sur un sommet o se baisent deux versants ! Il nevendange que dautomne, une bouche o persiste, en figurde larme sche, la goutte violtre dun suc qui ntait paencore le vrai vin, garde le privilge de le crier. Vendange, joiprcipite, urgence de mener au pressoir, en un seul jouraisin mr et verjus ensemble, rythme qui laisse loin la larg

cadence rveuse des moissons, plaisir plus rouge que leautres plaisirs, chants, criaillerie enivre, puis silenceretraite, sommeil du vin neuf clotr, devenu intangible, retirdes mains taches qui, misricordieusement, le violentrentJaime quil en aille de mme pour les curs et les corps : jfait le dpt ncessaire, remis ma toute-puissance dernire qgronde prsent dans une jeune prison virile. Je replie u

grand cur flottant, vid de ses trois ou quatre prodiges. Quil bien battu et combattu ! L l cur l doucementreposons-nous. Tu as mpris le bonheur, rendons-nous cettustice. Celle qui je retourne, Cassandre qui nosait pas touprophtiser, nous lavait annonc : nous ntions pas en dangede prir en lhonneur de lamour, ni, Dieu soit lou, de noutenir pour contents au sein dune bonne petite flicit.

Dans lloignement, laissons dcrotre lpoque de ma vqui ma vue penchant dun seul ct, comme ces allgories dsource que leur chevelure deau couche et entrane. Cest vrque je me versais sans compter, du moins je le croyais. Scamper en manire dAbondance classique, voue vide


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comme la tche, ple-mle, sa corne pleine, cest encourir regard critique du public qui tourne autour du socle et estime statue son poids de trop belle femme : Heu Se dpenset-on sans diminuer un peu ? De quoi sest-elle engraisse

rondement, celle-l ? Les gens aiment quon dprisse ddonner, et ils nont pas tort. Le plican na pas mission ddevenir obse, lamoureuse vieillissante natteste sodsintressement quen se dcolorant de noble consomptioau bnfice dune jeune joue fouette de rose, dune lvrsanguine. Ce cas est rare. La perversit de combler un amanadolescent ne dvaste pas assez une femme, au contraire

Donner devient une sorte de nvrose, une frocit, une gostfrnsie. Voil une cravate neuve, une tasse de lait chaud, ulambeau tout vif de moi-mme, une bote de cigarettes, unconversation, un voyage, un baiser, un conseil, le rempart dmes bras, une ide. Prends ! Et ne tavise pas de refuser, si tne veux pas que je crve de plthore. Je ne peux pas te donnemoins, arrange-toi !

Entre la mre encore jeune et une mre matresse, cest rivalit du don qui empoisonne deux curs fminins et crune haine glapissante, une guerre de renardes o la clameumaternelle nest ni la moins sauvage, ni la moins indiscrteFils trop aims ! Lustrs de regards fminins, mordills plaispar la femelle qui vous porta, prfrs ds la profonde nuit de

flancs, beaux jeunes mles choys, vous ne passez pas dunmre une autre sans trahir, malgr vous. Toi-mme, ma trchre, toi que je voulais pure de mes crimes ordinaires, voique je trouve dans ta correspondance, dposs dune criturapplique, en vain, me cacher le tumulte saccad du cuces mots : Oui, jai trouv comme toi Mme X bien chang


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et triste. Je sais que sa vie prive est sans mystre : pariondonc que son grand fils a sa premire matresse.

Sil ne fallait que sempresser se jeter hors de soi-mm

grandes pulsations, pour conserver lespoir de se tarir, nouny manquerions gure, nous autres, les plus de quarante Jen connais qui toperaient tout de suite : Conclu ! Cet enfel, dont je ne puis me passer ; un dmon unique et la paaprs, le vide, la bienfaisante paix totale, lindigence Combien esprent, de bonne foi, que la vieillesse arrive commun vautour qui se dcroche du ciel et tombe, ayant longtemp

plan invisible ?Et quest-ce donc que la vieillesse ? Je le saurai. Maiquand elle sera l, elle cessera de mtre intelligible. Ma trchre ane, tu auras disparu sans menseigner ce quest vieillesse, car : Ne te fais pas tant de soucis pour mprtendue artrio-sclrose, mcris-tu. Je vais mieux, et preuve, cest que jai savonn ce matin, sept heures, dans m

rivire. Jtais enchante. Barboter dans leau claire, queplaisir ! Jai aussi sci du bois et fait six petits fagots. Et jrefais moi-mme mon mnage, cest te dire sil est bien fait. Epuis, en somme, je nai que soixante-seize ans !

Tu mcris ce jour-l, un an avant de mourir, et les boucle

de tes B, de tes T, tes J majuscules qui portent une sorte d

fier chapeau en arrire, rayonnent de gat. Que tu tais richece matin-l, dans ta petite maison ! Au bout du jardin sautelaune troite rivire, si vive quelle emportait, dun bond, tout cqui let pu dshonorer Riche dun matin de plus, dunnouvelle victoire sur la maladie, riche dune tche de pludune joaillerie de reflets dans leau courante, dune trve d


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plus entre toi et tous tes maux Tu savonnais du linge dans rivire, tu soupirais, inconsolable de la mort de ton bien-aimtu faisais Uiii ! aux pinsons, tu pensais que tu me conterata matine O thsauriseuse ! Ce que jentasse nest pas d

mme aloi. Mais ce qui en demeurera vient du filon parallleinfrieur, amalgam de grasse terre, et je nai pas trop tard comprendre quun ge vient o au lieu de sexprimer toute ebaumes, en pleurs mortels, en souffle embras et dcroissansur les beaux pieds quelle embrassait, impatients de courir monde, un ge vient o il nest plus donn une femme qude senrichir.

Elle entasse, elle recense jusquaux coups, jusquaucicatrices une cicatrice, cest une marque quelle navait paen naissant, une acquisition. Quand elle soupire : Ah ! que dpeine il ma donnes ! elle pse, malgr elle, la valeur dmot, la valeur des dons. Elle les range peu peharmonieusement. Le temps, et leur nombre, font quelle e

oblige, dans la mesure o son trsor saccrot, de se reculeun peu de lui, comme un peintre de son uvre. Elle recule, erevient, et recule, repousse son rang quelque scandaleudtail, attire au jour un souvenir noy dombre. Elle devient, par un art inespr quitable Imagine-t-on, me lire, que jfais mon portrait ? Patience : cest seulement mon modle.


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V

On voit, sur le visage dun homme qui suit, du regard

certains apprts mnagers, surtout ceux dun repas, unexpression mle de considration religieuse, dennui et dfrayeur. Lhomme craint le balayage comme un chat, et lfourneau allum, et leau savonneuse que pousse un bala

brosse sur les dalles.Pour fter un saint local qui commande traditionnelleme

aux frairies, Segonzac, Carco, Rgis Gignoux et Thrse Dorndevaient quitter les hauteurs dune colline, et manger ici udjeuner mridional, salades, rascasse farcie et beignedaubergines, ordinaire que je corsais de quelque oiseau rti.

Vial, qui habite trois cents mtres dici un d peint en ros

ntait pas heureux ce matin, car le rchaud repasser, quipen gril braise, encombrait un coin de la terrasse, et movoisin se faisait petit comme un chien de chasse le jour dunnoce.

Ne crois-tu pas, Vial, quils aimeront ma sauce, avec lepetits poulets ? Quatre petits poulets fendus par moiti, frappdu plat de la hachette, sals, poivrs, bnits dhuile pureadministre avec un goupillon de pebreda dont les folioles et got restent sur la chair grille ? Regarde-les, sils ont bonnmine ?


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Vial les regardait, et moi aussi. Bonne mine Un peu d

sang rose demeurait aux jointures rompues des poussinmutils, plums, et on voyait la forme des ailes, la jeune cail

qui bottait les petites pattes, heureuses ce matin encore dcourir, de gratter Pourquoi ne pas faire cuire un enfanaussi ? Ma tirade mourut et Vial ne dit mot. Je soupirais ebattant ma sauce acidule, onctueuse, et tout lheure pourtalodeur de la viande dlicate, pleurant sur la braise, mouvriratout grand lestomac Ce nest pas aujourdhui, mais cebientt, je pense, que je renoncerai la chair des btes

Serre-moi mon tablier, Vial. Merci. Lan prochain Que ferez-vous lan prochain ? Je serai vgtarienne. Trempe le bout de ton doigt dan

ma sauce. Hein ? Cette sauce-l sur les petits poulet

tendres Nempche que pas cette anne, jai trop faim nempche que je serai vgtarienne. Pourquoi ? Ce serait long expliquer. Quand certain cannibalism

meurt, tous les autres dmnagent deux-mmes, comme le

puces dun hrisson mort. Reverse-moi de lhuile, doucementIl pencha son torse nu, lustr de soleil et de sel, dont

peau mire le jour. Selon quil bougeait, il tait vert autour dereins, bleu sur les paules, limage des teinturiers de FezQuand je commandai stop , il coupa le fil dhuile dore ; s


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redressa, et je reposai ma main un moment sur son poitracomme sur un cheval, flatteusement. Il regarda ma main, qannonce mon ge la vrit, elle porte quelques annes dplus mais je ne retirai pas ma main. Cest une bonne petit

main, noircie, dont la peau devient assez large prsent autoudes phalanges et au revers de la paume. Elle a les ongletaills ras, le pouce retrouss volontiers en queue de scorpiondes cicatrices et des corchures, et je nai pas honte delle, acontraire. Deux ongles jolis cadeau de ma mre trois patrs beaux souvenir de mon pre.

Tu tes baign ? Tu as fait un bon quatre cents mtres sule bord de leau ? Alors, pourquoi as-tu, quand on nest queuillet, une tte de fin de vacances, Vial ?

Le moindre dsordre sentimental drange les traits de Via

rguliers, assez beaux. Il na pas lair gai, mais on ne la jamavu triste. Je dis quil est beau, parce quici au bout dun mois d

sjour, tous les hommes sont beaux, cause de la chaleur, dla mer et de la nudit. Quest-ce que tu mas rapport du march, Vial ? T

mexcuses, hein ? La Divine avait juste le temps de courir poules poulets

Deux melons, une tarte la frangipane et des pches. ny a plus de figues-fleurs, et les autres ne seront mres que Je le sais mieux que toi, je les passe en revue tous le

ours dans ma vigne Tu es un amour. Quest-ce que je tdois ?


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Il fit un geste dignorance, son paule enrichie de muscle

montait et descendait comme un sein qui respire.

Tu as oubli ? Attends, que je voie la grosseur demelons Cette tarte-l, cest la taille de seize francs, et tu adeux kilos de pches Quatorze et seize trente, trente equinze quarante-cinq Je te dois entre quarante-cinq ecinquante francs.

Vous tes en maillot de bain sous votre tablier ? Vou

navez pas eu le temps de vous baigner ? Mais si.Il lcha avec naturel le haut de mon bras. Cest vrai.

Oh ! tu sais, a pourrait tre du sel dhier soirReposons-nous, on a grandement le temps, ils seront tous eretard

Oui Je ne peux pas faire quelque chose dutile ?

Si, te marier. Oh ! Jai trente-cinq ans. Justement. a te rajeunira. Tu manques de jeunesse.

te viendra avec lge, a dit Labiche. Ta petite amie nest pa


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revenue du march avec toi ? Tu as d la rencontrer sur lport ?

Mademoiselle Clment termine une tude au Lavandou.

Tu naimes pas que je lappelle ta petite amie, je vois ? Je lavoue, Cest une faon de dire qui peut donner

croire quelle est ma matresse, alors quelle ne lest pas.Jai ri, en poudrant les braises trop vives du rchaud

repasser. Je ne connais presque pas lespce laquellappartient ce garon, qui vit petit bruit. Il est de la gnratiodes Carco, des Segonzac, des Lopold Marchand et des PierrBenot, des Mac-Orlan, des Cocteau et des Dignimont, ceuque jai vus, comme je dis, tout petits , avant et pendant guerre. Est-ce en ce temps-l, quand des mares capricieusede permissions les amenaient Paris, et sur la foi de leu

visages, les uns engraisss bizarrement, les autres creucomme aux coliers grandis trop vite est-ce en ce temps-que jai pris lhabitude de les tutoyer presque tous ? Non, cesimplement parce quils sont jeunes, et sils me disent bonjou grands bras, gros baisers claquant sur la joue, cest ausparce quils sont jeunes Mais si les plus tendres ceux-que jai nomms, ceux-l que je ne nomme pas mappellen

Madame et par jeu mon bon matre , cest parce quisont eux, et que je suis moi.Le garon presque nu qui me versait lhuile ce matin a fait

guerre aussi. Aprs, il a regimb au moment de redeventapissier. Il a eu peur, dit-il, dun pre demeur vert, pre so


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commerce et orgueilleux. Jai parfois voulu crire lhistoirdune progniture dvore, jusquaux os, par ses gniteurs. Jpourrais fondre ensemble Mme Lhermier, par exemple, qucousit sa fille ses jupes, empcha tout mariage et se fit, de

sotte fille docile, une sorte de jumelle sche, qui ne la quittani jour ni nuit, et ne se plaignait jamais. Mais un jour, jai vu regard de Mlle Lhermier Horreur ! horreur ! Jemprunteraquelques traits Albert X victime passionne, ombrinquitante de sa mre, Fernand Z, frle banquier qattend en vain la mort de son robuste banquier de pre Isont beaucoup, je naurais que le choix. Seulement Mauriac

dj fait Genitrix Ne nous apitoyons pas trop sur Vial le filprnomm comment, dj ? Vial, comment tappelles-tu ? Hector.

tonne, je suspendis llagage des premiers dahlias de saison, cueillis pour la table. Hector ? Il me semble que tu tappelais Valre ? Cest vrai, mais je voulais constater que vous laviez pe

prs oubli.

sur Vial le fils, qui ruse avec sa longue minoritcommerciale et use de cartes de visite au nom de Viadcorateur . Il nest dj plus tapissier. Il dispose Paris dupetit magasin timide, mi-librairie romantique, mi-bibelocomme tout le monde Aimant la campagne des peintres, Via


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sest mis aimer leur peinture.Parmi les gratteurs de papier qui nont libert que dcrire,

se donne le luxe de lire, de dessiner des meubles et mme d

nous juger. Il dclare Carco quil naurait jamais d publieque des vers, et Segonzac quil est un mystique. Le gran Dd ne rit pas, et rpond poliment : Voure ! Fi de garcvous ntes point si mal emmanchai de la tate que ddarrire ! Carco me prend tmoin : Un homme du mtiequi me dirait a, Colette, je le traiterais de ballot. Mais quest-cque je men irais rpondre un tapissier ? Monsieu

lameublementier, tu attiges ! Je ne sais pas grandchose de plus sur mon verseur dhuile

Mais que sais-je de mes autres amis ? Chercher lamiti, donner, cest dabord crier : Asile ! asile ! Le reste de nouest srement moins bien que ce cri, il est toujours assez tpour le montrer.

Je crois que la prsence, en nombre, de ltre humafatigue les plantes. Une exposition horticole pme et meupresque chaque soir, quand on lui a rendu trop dhommagesai trouv mon jardin las aprs le dpart de mes amis. Peutre les fleurs sont-elles sensibles au son des voix. Et lemiennes ne sont pas accoutumes plus que moi au

rceptions.Mes htes partis, les chats rampent hors de leurs abri

billent, stirent comme au sortir du panier de voyage, flairela trace des intrus. Le matou somnolent coule du mriecomme une liane. Sa compagne ravissante tale, sur


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terrasse quon lui restitue, son ventre o point, dans une nue dpoil bleutre, une seule ttine rose, car elle na nourri, cettsaison, quun seul petit. Le dpart des visiteurs ne change rieaux us de la chienne brabanonne qui me surveille, ne cess

pas, na jamais cess de me surveiller, ne cessera qu la mode me donner lattention de tous ses instants. Sa mort seupeut mettre fin au drame de sa vie : vivre avec moi ou sans moElle vieillit robustement, elle aussi

Autour de ces trois types de lautorit animale, des btes d

second plan tiennent la place quun protocole moins huma

quanimal leur assigne : plates chattes des mas environnantchiens de ma gardienne que le bain de blanche poussirdguise Ici, dit Vial, les chiens sont tous du XVIIIe, lt.

Les hirondelles buvaient dj au lavoir et happaient le

phmres, quand ma compagnie sen alla. Lair avait sogot usag daprs-midi, et la chaleur tait grande sous

soleil qui se couche tard. Mais il ne peut pas me tromper, jdcline avec le jour. Et vers la fin de chaque journe, la chatteenlaant en huit mes chevilles, me convie fter lapprochde la nuit. Cest la troisime chatte de ma vie si je ne comptque les chattes dun grand caractre, mmorables entre lechats et les chattes.

Mmerveillerai-je jamais assez des btes ? Celle-ci eexceptionnelle comme lami quon ne remplacera pas, commlamoureux sans reproche. Do vient lamour quelle me porteElle a, delle-mme, rgl son pas sur le mien, et le lieinvisible, delle moi, suggrait le collier et la laisse. Elle eulun et lautre, quelle porte avec lair de soupirer : Enfin ! L


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moindre souci vieillit et semble plir son trs petit visage serret sans chair, dun bleu de pluie autour des yeux qui sont dopur. Elle a, des amants parfaits, la pudeur, leffroi des contactappuys. Je ne parlerai gure plus delle. Tout le reste es

silence, fidlit, chocs dme, ombre dune forme dazur sur papier bleu qui recueille tout ce que jcris, passage muet dpattes mouilles dargent

Aprs elle, loin derrire elle, jai le matou, son ma

magnifique, tout endormi de beaut, de puissance, et timidcomme un hercule. Puis viennent tous ceux qui volen

rampent, grincent, le hrisson des vignes, les lzardinnombrables que mordent les couleuvres, le crapaud nocturnqui, ramass sur le plat de ma main et hauss vers la lanternelaisse tomber deux cris de cristal dans lherbe, le crabe soulalgue, le trigle bleu ailes de martinet qui senvole de vague Sil retombe sur le sable, je le ramasse assommpralin de graviers, je limmerge et je nage ct de lui, en l

soutenant la tte Mais je naime plus crire le portralhistoire des btes. Labme, que des sicles ne comblenpoint, est toujours bant entre elles et lhomme. Je finirai pacacher les miennes, sauf quelques amis, quelles choisironJe montrerai les chats Philippe Berthelot, puissance fline, Vial, qui est amoureux de la chatte et qui prtend, avec AlfreSavoir, que je puis susciter un chat dans un endroit o ny

pas de chat On naime pas la fois les btes et les hommeJe deviens de jour en jour suspecte mes semblables. Masils taient mes semblables, je ne leur serais pas suspecte

Quand jentre dans la pice o tu es seule avec de

btes , disait mon second mari, jai limpression dtr


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indiscret. Tu te retireras quelque jour dans une jungle Sanvouloir rver ce qui se pouvait cacher, sous une telprophtie, dinsidieuse ou dimpatiente suggestion, sancesser de caresser laimable tableau quelle moffre de mo

avenir, je my arrte, pour me rappeler la profonde, la logiqudfiance dun homme trs humanis. Je my arrte comme une sentence crite par un doigt dhomme sur un front qui, lon carte le feuillage de cheveux qui le couvre, seprobablement, au flair humain, la tanire, le sang de livre, ventre dcureuil, le lait de chienne Lhomme qui reste dct de lhomme a de quoi reculer, devant la crature qui opt

pour la bte et qui sourit, forte dune affreuse innocence. Tmonstrueuse simplicit Ta douceur pleine de tnbres Autant de mots justes. Au point de vue humain, cest connivence avec la bte que commence la monstruositMarcel Schwob ne traitait-il pas de monstres sadiques levieux charmeurs desschs et couverts doiseaux quon voyaaux Tuileries ? Encore sil ny avait que la connivence Mais

y a la prfrence Je me tairai ici. Je marrte aussi sur seuil des arnes et des mnageries. Car, si je ne vois aucuinconvnient mettre, imprims, entre les mains du public, defragments dforms de ma vie sentimentale, on voudra bieque je noue, secrets, bien serrs dans le mme sac, tout ce qconcerne une prfrence pour les btes, et cest aussi unquestion de prdilection lenfant que jai mise au mond

Quelle est charmante, celle-ci, quand elle gratte, rflchie eamicale, la tte grumeleuse dune vaste crapaude Chut Autrefois, je me suis mle de camper, au premier plan duroman, une hrone de quatorze quinze ans. Que lomexcuse, je ne savais pas, alors, ce que ctait.


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Tu te retireras dans une jungle Soit. Il ne faudra patrop tarder. Il ne faudra pas attendre que jenregistre, dans lcourbe de mes relations, de mes changes avec lanimal, lepremiers flchissements. La volont de sduire, cest--dire d

dominer, les diverses manires de bander un souhait ou uordre, de les darder vers leur but, je les sens encore lastique jusqu quand ?

Une pauvre belle lionne, rcemment, misola, dans le lot d

badauds masss devant sa grille. Mayant choisie, elle sortit dson long dsespoir comme dun sommeil, et ne sachan

comment manifester quelle mavait reconnue, quelle voulamaffronter, minterroger, maimer peut-tre assez pounaccepter que moi comme victime, elle menaa, tincela erougit comme un feu captif, se jeta contre ses barreaux soudain sassoupit, lasse, en me regardant

Loue mentale, que je tends vers la Bte, fonctionn

encore. Les drames doiseaux dans lair, les combatsouterrains des rongeurs, le son hauss soudain dun essaimguerroyant, le regard sans espoir des chevaux et des nes, sonautant de messages mon adresse. Je nai plus envie de mmarier avec personne, mais je rve encore que jpouse un trgrand chat. Montherlant sera, je pense, bien aise dlapprendre

Dans le cur, dans les lettres de ma mre, taient lisiblelamour, le respect des cratures vivantes. Je sais donc osituer la source de ma vocation, une source que je troubleaussitt ne, dans la passion de toucher, de remuer le fond qucouvre son flot pur. Je maccuse davoir voulu, ds le jeun


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ge, briller, non contente de les chrir, aux yeux de mefrres et complices. Cest une ambition qui ne me quitte pas

Vous naimez donc pas la gloire ? me demandait Mme d

Noailles.Mais si. Je voudrais laisser un grand renom parmi les tre

qui, ayant gard sur leur pelage, dans leur me, la trace dmon passage, ont pu follement esprer, un seul moment, que leur appartenais.

Elle tait aimable, ce matin, mon quipe de jeuneconvives. Deux avaient amen des jeunes femmes bien jolieet sages croire quon les avait, chacune, chapitres : Tsais, on va temmener chez Colette, mais on te rappelle quelnaime pas les cris doiseau, ni les aperus littraires. Mets tplus jolie robe, la rose, la bleue. Tu verseras le caf. Isavent que je tiens pour agrables les jeunes femmes jolies e

peu familires. Ils sont au fait de ce qui charme mes heures dloisir : les enfants et les jeunes femmes crmonieux, et lebtes impertinentes.

Quelques peintres possdent des pouses, ou de

matresses, dignes deux et de la vie quils mnent. On les vodouces, et pareilles en leurs murs aux femmes de

cultivateurs. Les hommes ne se lvent-ils pas avec le jour, pousen aller aux champs, en fort, le long des ctes ? Nreviennent-ils pas la nuit approchante, fatigus, muets dsolitude ? En leur absence, les femmes taillent des robes dtdans un service de table, des napperons et des serviettes dandes mouchoirs en coton, et vont au march avec simplicit


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cest--dire pour acheter des provisions, et non pour clbrela belle matire des rascasses laques de rouge, leventres des girelles sangles docre et dazur.

Mon homme ? Il doit tre aux champs, par l, suPampelonne, rpond lamie de Luc-Albert Moreau, edsignant lhorizon dun grand geste vague de paysanneAsselin chante comme un bouvier, et parfois la brise, si voutendez loreille, vous apporte la voix douce de Dignimont, qlamente une petite complainte de soldat ou de matelot

Hlne Clment, venue seule, ntait pas la plus laide, sen faut. Elle nappartient ni au clan des modles, ni celdes femmes en puissance dhomme. Cest une blonde pailleaux cheveux plats. Le soleil la teint en rouge harmonieux, ubeau rouge gal, qui envahit sa peau de blonde et voue ableu, tout lt, ses yeux pers. Grande, avec une chair modesteelle ne pche gure que par lexcs de loyaut physique e

morale, qui est un des snobismes des filles de vingt-cinq ans. est juste de dire que je la connais peu.Elle peint dune manire obstine, grandes touches virile

nage, conduit sa cinq-chevaux, va souvent visiter ses parentqui, craignant le chaud, passent lt dans la montagne. Elhabite une pension de famille, ainsi nul nignore sa qualit d

fille trs srieuse . Il y a trente ans, on rencontrait HlnClment sur des plages, une broderie la main. Aujourdhuelle peint la mer et soint dhuile de coco. Elle a gard, deanciennes Hlne Clment, un joli front soumis, de la dignitcorporelle, et surtout une manire dfrente de rpondre Oui, madame ! Merci, madame ! qui entrouvre, dans so


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langage appris chez des peintres et des mauvais garons grille dun jardin de pensionnat. Jaime, chez cette grande filleustement cet air davoir laiss choir son ancienne broderie, sbroderie qui lui tenait lieu de mystre. Peut-tre que je m

trompe, parce que je ne fais pas assez attention HlnePeut-tre aussi la transparence, me et corps, laquelle elsemble fort tenir, me laisse-t-elle trop deviner le flottement tristqui est lapanage elles le nient des femmes diteindpendantes qui ne font pas le mal, si lon donne acommerce charnel son ancien nom de mal .

Il ne viendra plus personne. Je ne quitterai pas cette tabpour le petit caf du port, do lon assiste aux couchefuribonds du soleil. Lastre ramasse, vers la fin de la journe, peu de nues quvapore la mer chaude, les entrane au bas dciel, les embrase et les tord en chiffons de feu, les tire ebarres rougies, sincinre en touchant les Maures Mais il scouche trop tard, en ce mois. Je ladmirerai assez en dnan

seule, le dos au mur de ma terrasse. Jai vu mon content dfigures sympathiques aujourdhui. Allons donc la rencontre, chienne, la chatte et moi, de la grande couleur violette qsignale lEst et qui monte de la mer. Ce sera bientt lheure dretour au logis pour quelques vieillards, mes voisins, qtravaillent aux champs Je ne tolre les vieilles gens qucourbs vers la terre, crevasss et crayeux, la main ligneuse

chevelus comme un nid. Certains moffrent, au creux dunpaume quont dlaisse la moiteur et la couleur humaineleurs uvres les plus prcieuses : un uf, un poussin, unpomme ronde, une rose, un raisin. Une Provenale de soixantedouze ans va chaque jour du port son champ de vigne et dlgumes, deux kilomtres le matin, autant le soir. Elle mourr


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sans doute de labeur, mais elle ne semble pas lasse, quanelle sassied un moment devant ma grille. Elle pousse des crlgers : T quil est joli ! Jaccours : elle caresse, dun doigcisel, noirci, crochu, le bouton tte plate, couleuvrine

comme prte siffler, dun de ces lys des rivages qslancent de la terre, grandissent si vite quon nose pas leregarder, panouissent leur corolle et leur parfum malfique dfruit mr bless, puis retournent au nant

Non, il ntait pas joli. Il ressemblait un vigoureu

serpenteau aveugle. Mais la vieille femme savait quil serait jo

quelques jours plus tard. Elle avait eu le temps de lapprendrePar moments je laimerais, charge de poivrons verts, un colliedoignons frais au cou, ses mains dosier sec mi-fermes suun uf quelle ne laisse jamais choir, si je ne me ressouvenasoudain que, nayant plus la force de crer, elle garde celle ddtruire, et quelle crase la musaraigne sur lalle, la libellucontre la vitre, le chaton nouveau-n encore humide. Elle n

fait pas de diffrence avec lcossage des pois Alors je ldis : Adieu ! en passant et je les renfonce dans le paysageelle et son ombre : un trs petit homme ancien, qui logecomme un lzard, sous un laurier-rose et une hutte de pierreLa vieille femme parle, lhomme ne parle plus. Il na plus rien dire personne. Il corche la terre, ne pouvant plus bcher, equand il nettoie le seuil de sa hutte il a lair de jouer, parce qu

se sert dun balai denfant. On en a trouv un mort, lautre jour un vieillard. Tout sec comme le crapaud dfunt, que midcalcine avant quun rapace ait le temps de le vider. La morainsi frustre dune grande part de corruption, est plus dcent nos yeux de vivants. Corps friable et lger, ossements creuxun grand soleil dvorateur sur le tout, sera-ce mon lot final ? J


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mapplique parfois y songer, pour me faire croire que seconde moiti de ma vie mapporte un peu de gravit, un pede souci de ce qui vient aprs Cest une illusion brve. Lmort ne mintresse pas, la mienne non plus.

Nous avons bien dn. Nous nous sommes promenes sule chemin de cte, le long de sa rgion la plus peuple, ltromarais fleuri o leupatoire, la statice, la scabieuse apportetrois nuances de mauve, le grand jonc fleuri sa grappe dgraines brunes comestibles, le myrte sa blanche odeublanche, blanche, amre qui heurte les amygdales, blanche

provoquer la nause et lextase, le tamaris son brouillarrose, le roseau sa massue fourrure de castor. Ce liedborde de vie, surtout la pointe du jour et au coucher deoiseaux. La fauvette des roseaux glisse, pour le plaisir, sancesse, le long des hampes, et clate chaque fois de joie. Lehirondelles rasent la mer, les msanges ivres de couragcartent de ce paradis des troupes de geais, de gupe

altres, de chats braconniers, et, dans le milieu du jour, dlourds Morios tranant le velours pais de leurs ailes, deFlambs jaunes et rays comme des tigres, des Machaons nervures gothiques survolent la petite lagune doucetre, salde mer, sucre de racines et dherbe, et viennent pomper lmiel des chanvres roses, des lotiers et des menthes, chacudeux voluptueusement attach sa fleur.

Le soir, la vie animale se cache un peu, steint peineQue de rires secrets, de voltes rapides sous mes pas, que dfuites en clair devant llan des deux chats qui me suivaientCest quen livre de nuit ceux-ci sont redoutables. La doucchatte perce dun trait les buissons, son puissant mle rveil


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lve en galopant les pierres du chemin comme un cheval, etous deux, sans faim, croquent les sphinx aux yeurougeoyants.

Le frais du soir saccompagne ici, pour moi, dun frisson qressemble un rire, dune robe dair nouveau sur la peau libredune clmence qui se resserre plus troitement sur moi mesure que la nuit se ferme. Si je me fiais cette mansutudecet instant serait mon instant de grandir, de braver, doser, dmourir Mais rgulirement je lui chappe. Grandir Pouqui ? Oser Quoserais-je donc de plus ? On ma asse

affirm que vivre selon lamour, puis selon labsence damoutait la pire outrecuidance Il fait si bon, ras de terre Ereprise, agrippe par des plantes juste assez hautes poudonner de lombre mon front, par des pattes qui den bacherchent ma main, par des sillons qui demandent leau, untendre lettre qui veut une rponse, une lampe rouge dans le vede la nuit, un cahier de papier lisse quil faut broder de mo

criture je suis revenue comme tous les soirs. Que laube eproche ! La nuit, en ce mois, se donne la terre comme unamante clandestine, vite, peu la fois. Il est dix heures. Danquatre heures, ce ne sera plus la vraie nuit. Dailleurs, unvaste gueule ronde de lune, assez effrayante, envahit le ciel, eelle nest pas mon amie.

trois cents mtres dici, la lampe de Vial, dans sa maisoen forme de d, regarde la mienne. quoi donc songe cgaron, au lieu de traner ses espadrilles le long du petit port ode danser il danse si bien au petit bal de la Jete ? Il etrop sage. Il faudra quun de ces jours je my prennsrieusement et qu cette autre sage, Hlne Clment, oh


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pour le temps quils voudront je le marie. Aujourdhui, jai bievu quelle changeait de nuance, cest--dire dexpression, esadressant lui. Elle riait avec tous les autres, et surtoquand Carco, lil couleur caramel entre des paupires m

ointes de chasseur, lui rvlait linfme et prodigieux secredune vieille prostitue qui russit rester, vingt-cinq andurant, petite fille au Quartier Latin. Hlne na pas loreilprude, il sen faut. Mais son rire, aux rcits de Carco, est quanmme le rire de lancienne Hlne Clment, qui gara sbroderie du temps que son cousin, le polytechnicien, OhHenri, voulez-vous vous taire lui disait, en poussant

balanoire, quil avait entrevu son mollet Hlne Clmenddie Vial son aspect le plus proche de la vrit : le srieuvisage dune fille qui ne demanderait qu tre simple. Il nepas possible que Vial ne lait pas remarqu.

Dhabitude, je ne me proccupe gure dorganiser

bonheur dun couple. Mais il me semble que je su

responsable de cette dplaisante petite agitation, de cette misen branle de forces oisives qui pourront dsormais entranedeux tres, jusque-l bien distants lun de lautre, bien abritdans leur secret, ou leur manque de secret individuel.

Menant ma voiturette hier matin au march, vers ne

heures, jai dpass, puis ramass Hlne Clment, qui se

allait, sa tte nue lisse comme une pomme dor, une toile soule bras, chez le menuisier qui fait mtier dencadreur. Deucents mtres plus loin, Vial, derrire sa grille, sur le seuil d D , dcapait un fauteuil ancien, sec, contourn et fcomme une aubpine lhiver.


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Vial, on ne ta pas vu depuis deux jours ! Vial, quest-cque cest que ce fauteuil ?

Il riait, une barre blanche dans sa figure sombre.

Vous ne laurez pas, celui-l ! Jai t le chercher plus loque Moustier-Sainte-Marie, avec la Citron.

Cest donc a, dit Hlne.Vial leva le nez, cacha ses dents.

Cest donc a que quoi ?Elle ne dit rien et le regarda dun air si dangereusement bt

quil pouvait lire, dans des yeux pers que le soleil ne fermapas, ce quil et voulu. Je sautai de la voiture :

Montre, Vial, montre ! Et paye-nous le vin blanc du matiavec de leau frache !Hlne descendit derrire moi, huma lodeur du petit log

tranger. meubl dun divan, dune table de bateau en demlune, clair de toile rose et de moustiers blancs.

Un Juan Gris, deux Dignimont, un chromo de Lindecompta Hlne. Cest tout Vial, qui ne sait jamais sur quel piedanser Vous trouvez que a fait bien aux murs, dans unmaison dici ?

Vial, qui essuyait ses mains taches, regardait Hlne. El


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sappuyait dune main au mur, levait le cou et les bras commpour grimper, et ses pieds, dresss sur leurs pointes, nus danles sandales, ntaient pas laids. Et quelle belle couleur darre rouge, sur tout le corps si peu voil !

Vial, combien las-tu pay, ton fauteuil ? Cent quatre-vingt dix. Et il est en noyer, sous la peintur

que des cochons lui ont mise partout. Regardez le bras qui esdcap

Vial, vends-le moi !Il fit non , de la tte. Vial, es-tu commerant, oui ou non ? Vial, as-tu du cur Il fit non , de la tte.

Vial, je te change ton fauteuil contre contre Hlnetiens !

Elle est donc vous ? dit Vial.Sa rplique valait, en esprit et en dlicatesse, m

plaisanterie. a va, a va ! bouffonna Hlne. Vraiment, mon che

cest une affouaire !Elle riait, plus rouge que son hle rouge, et dans chacun d


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ses yeux pers un point scintillant dansait. Mais Vial fit encor non de la tte, et chaque point scintillant se changea eune larme.

Hlne !Elle courait dj hors de la maison, et nous nou

regardions, Vial et moi. Quest-ce quelle a ?

Je ne sais pas, dit Vial froidement. Cest ta faute. Je nai rien dit. Tu as fait comme a : non, non .

Et si javais fait comme a : oui, oui , ctait mieux ? Tu mennuies, Vial Je men vais Je te dirai dema

comment a a fini. Oh ! vous savez

Il souleva une paule, la laissa retomber, et me conduisusquau portillon du jardin.

Dans ma petite voiture, une Hlne aux yeux sec

chantonnait, attentive la toile frache quelle quilibrait sur se


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genoux. a vous dit quelque chose, a, madame Colette ?

Jaccordai quelques mots, en regardant ltude, honntquelle avait inutilement paissie pour faire peintre , eajoutai, oubliant la prudence :

Vial ta fait de la peine ? Jespre bien que non ?Elle me rpondit, avec une froideur qui me parut identique

celle de Vial : Vous ne voudriez pas, madame Colette, ne confondez pa

lhumiliation et le chagrin. Oui, oui, lhumiliation Ce sont deaccidents qui marrivent assez souvent, dans ce milieu-l.

Quel milieu ?

Hlne remua les paules, serra la bouche, et je la devinamcontente delle-mme. Elle se tourna vers moi ; mouvemede loyaut brusque que ma petite voiture traduisit par unembarde, sur le chemin potique quon ne rpare jamais.

Madame Colette, ne prenez pas en mal ce que je dis. J

dis ce milieu , parce quau fond ce nest pas le milieu o jat leve. Je dis ce milieu , parce que, tout en laimanbeaucoup, je me trouve quelquefois trangre parmi lepeintres et leurs amies, mais je suis tout de mme asseintelligente pour


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comprendre la vieElle protesta de tout le corps.

Je vous en prie, madame Colette, ne me traitez pas vous arrive en petite bourgeoise qui affecte le genrMontparno. Je comprends en effet assez de choses, eparticulirement que Vial, qui nest pas non plus de cmilieu , est mal venu plaisanter dune certaine manire, spermettre certaines liberts. Il ny met pas de grce, pas dgat, et ce qui serait charmant et bon enfant dans la bouch

de Dd ou de Kiss, par exemple, devient choquant dans sienne ! Mais il na rien dit, insinuai-je, en freinant devant

Pension de premier ordre qui loge Hlne.Debout prs de la voiturette, et la main tendue, ma jeun

passagre ne put masquer son irritation, ni ltincelle, dnouveau mouille, qui reflta dans ses yeux la couleur bleutriomphante de toutes parts :

Si vous le voulez bien, madame Colette, nen parlons plu

Je nai aucune envie dterniser cette histoire, qui nen est paune, mme pour le plaisir dcouter la dfense de Vial, surto

prsente par vous ! prsente par vous !Elle senfuyait, un peu trop grande pour son trouble de petit

fille. Je lui criai : Au revoir ! au revoir ! , gentiment, pour qunotre brusque sparation nveillt pas la curiosit de Lejeunele sculpteur, qui traversait la placette, vtu, en toute innocence


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dune culotte courte en toile vert Nil, dun veston rose sanmanches ouvert sur un chandail brod de fleurettes au point dcroix, et qui nous saluait, en soulevant un chapeau de jonc larges bords, orn de cerises en laine.

* * *Cest cause de cette sotte Hlne que je support

distraitement, moins agrablement, la prsence de Vialaprs-midi suivant. Il mavait cependant apport du nougat ebarres et des branches de caroubier fruits verts, q

demeurent longtemps fraches si on les fiche dans des jarreemplies de sable humide.Il tranait son indolence quotidienne sur la terrasse, aprs

bain de cinq heures, bain fouett de vent, et si froid sous usoleil redoutable, car tout est surprise en Mditerrane qunous ne cherchions pas labri de la salle rose, mais la tide e

vivante terre battue, sous lombre claire de rameaux espacCinq heures de laprs-midi est un moment instable, dor, qnuit passagrement au bleu universel, air et eau, o nous noubaignons. Le vent ne se levait pas encore, mais un remous srvlait parmi les verdures les plus lgres, comme le plumagdes mimosas, et le signal faible lanc par une seule branchde pin recevait la rponse dune autre branche de pin, q

hochait seule Vial, tu ne trouves pas que cest moins bleu quhier ? Quest-ce qui est moins bleu ? demanda dans u

murmure lhomme de bronze au pagne blanc.


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Il tait demi couch, le front sur ses bras plis ; je laim

toujours mieux, quand il cache son visage. Non quil soit laidmais au-dessus du corps prcis, veill, expressif, les traits d

visage somnolent un peu. Je nai pas manqu daffirmer Viaquon pourrait le guillotiner sans que personne sen aperoive. Tout est moins bleu. Ou bien, cest moi Le bleu, ces

mental. Le bleu ne donne pas faim, ne rend pas voluptueuUne chambre bleue est inhabitable.

Depuis quand ? Depuis que je lai dit ! moins que tu nespres plus rie

dans ce cas, tu peux habiter une chambre bleue Pourquoi moi ?

Toi, a signifie : nimporte qui. Merci. Pourquoi avez-vous du sang sur votre jambe ? Cest le mien. Jai but sur une fleur du rivage en forme d

cul de bouteille.

Pourquoi avez-vous la cheville gauche un peu enfle, toules jours ?Et toi, pourquoi as-tu t mufle avec la petite Clment,

fin ?


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Lhomme de bronze se dressa, digne : Je nai pas t mufle avec la avec mademoisel

Clment ! Mais si cest pour un mariage, je vous serai mille fo

reconnaissant, madame, de ne plus me parler delle ! Comme tu es romanesque, Vial ! Est-ce quon ne pe

pas rire un peu ? Pousse-toi, tu tiens toute la place sur cparapet que je te raconte ! Tu ne sais pas tout. Hier, en mquittant, elle ma interdit de prendre ta dfense ! Et elle espartie, dans un grand mouvement tragique, en rptant

Surtout pas vous ! Surtout pas vous ! Crois-tu ?Vial sauta sur ses pieds, se campa devant moi, pareil u

mitron des noirs royaumes. Elle vous a dit a ? Elle a os ?

Il me montrait un visage si carquill, ouvert toutes leconjectures, et si comique par sa nouveaut que jai le rirplus prompt quautrefois je ne pus garder mon srieux. Lrespectabilit physique que confrent Vial le silence frquenle regard bas, une certaine scurit dans lattitude, craquait dpartout, et je ne le trouvais pas joli Il se reprit avec unpromptitude agrable et soupira ngligemment :

Pauvre petite Tu la plains ? Et vous ?


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Vial, je naime pas beaucoup ta manire de rpondr

toujours une question par une question. Ce nest pacourtois. Moi, tu comprends, je ne connais pas, pour ainsi dire

cette jeune fille Moi non plus. Ah ! je croyais Mais elle nest pas difficile connatre

Elle a lair de bannir le mystre comme si ctait un microbeEh Houhou ! Ce nest pas Graldy, qui revient des Salins ?

Si, je pense. Pourquoi ne sest-il pas arrt ? Il ne vous a pas entendue, le bruit de ses changements d

vitesse couvre tous les autres.

Mais si, il a regard ! Cest toi qui lui as fait peur ! Je tdisais que la petite Hlne Clment

Vous permettez ? Je vais chercher mon chandail. Le

gens du Nord appellent la Provence un pays chaud

Vial sloigna, et je perus mieux le chaud, le frailobliquit accrue de la lumire, le bleu universel, quelqueailes sur la mer, le figuier proche qui rpand son odeur de lait ede foin en fleurs. Un trs petit incendie pomponn fumait suune montagne. Le ciel, en touchant le rude azur dunMditerrane qui frisait comme un pelage, devint rose, et


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chatte se mit, sans motif apparent, me sourire. Cest quelaime la solitude, je veux dire ma prsence, et son sourirclaira en moi la conviction que je traitais, pour la premire foiVial en tiers dimportance.

Le vide, le bien-tre ar que me laissait labsence de Viasa prsence suffisait donc interdire lun, combler lautre Dans le mme moment, je compris que, si lauto de Graldnavait pas suspendu, devant ma porte, sa plainte dmcanismes torturs, cest parce que Vial, visible de la routese tenait mes cts que, si mes amis et mes camarade

sabstenaient docilement, unanimement, de frquenter vercinq heures ma plage en forme de croissant o le sable essous leau pesante et bleue, si ferme et si blanc, cest quitenaient pour sr dy rencontrer, en mme temps que momuet demi, vaguement ennuy, retranch loin deux enageant entre deux eaux, Valre Vial.

Ce nest que cela Cest un petit malentendu. Jai bierflchi, pas longtemps, mais il ny a pas dutilit rflchlongtemps, et rien, dans ce qui moccupe, nen vaut la peine. Jne puis croire un calcul quelconque chez ce garon. Il est vrqu tre souvent dupe je nai pas appris la dfiance Jcraindrais plutt, pour lui, une forme dattachement amoureuJcris cela sans rire, et en levant la tte je me regarde, san

rire, dans le miroir pench, puis je me remets crire.Aucune autre crainte, mme celle du ridicule, ne marrt

dcrire ces lignes, qui seront, jen cours le risque, publiePourquoi suspendre la course de ma main sur ce papier qrecueille, depuis tant dannes, ce que je sais de moi, ce qu


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essaie den cacher, ce que jen invente et ce que jen devine La catastrophe amoureuse, ses suites, ses phases, noamais, en aucun temps, fait partie de la relle intimit dunfemme. Comment les hommes les hommes crivains, ou so

disant tels stonnent-ils encore quune femme livre aisment au public des confidences damour, des mensongesdes demi-mensonges amoureux ? En les divulguant, elle sauvde la publicit des secrets confus et considrables, quellemme ne connat pas trs bien. Le gros projecteur, lil sanvergogne quelle manuvre avec complaisance, fouille toujoule mme secteur fminin, ravag de flicit et de discorde

autour duquel lombre spaissit. Ce nest pas dans la zonillumine que se trame le pire Homme, mon ami, tplaisantes volontiers les uvres, fatalement autobiographiquede la femme. Sur qui comptais-tu donc pour te la peindre, trebattre delle les oreilles, la desservir auprs de toi, te lassedelle la fin ? Sur toi-mme ? Tu es mon ami de trop frachdate pour que je te donne grossirement mon opinion l

dessus. Nous disions donc que VialQue la nuit est belle, encore une fois Quil fait bon, du se

dune telle nuit, considrer gravement ce qui na plus dgravit ! Gravement, car ce nest pas sujet rise. Ce nest pala premire fois quune sourde ardeur trangre tente drtrcir dabord, puis de rompre le cercle o je vis si confiante

Ces conqutes involontaires ne sont pas le fait dun ge de vie. Il faut leur chercher ici cesse mon irresponsabilit unorigine littraire. Jcris ceci humblement, avec scrupuleQuand des lecteurs se prennent crire un auteur, surtout un auteur femme, ils nen perdent pas de sitt laccoutumanceVial, qui ne me connat que depuis deux ou trois ts, doit m


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chercher encore travers deux ou trois de mes romans, si jles ose nommer romans. Il y a encore des jeunes filles, troeunes pour prendre garde aux dates des ditions qmcrivent quelles ont lu les Claudine en cachette, quelle

attendent ma rponse la poste restante, a moins quellene me donnent rendez-vous dans un th . Elles me voiepeut-tre en sarrau dcolire, qui sait ? en chaussettes ? Vous ne mesurerez que plus tard, me disait Mends peavant sa mort, la force du type littraire que vous avez cr Que nen ai-je, hors de toute suggestion masculine, cr un qft, par sa simplicit, et mme par sa ressemblance, plus dign

de durer ! Mais revenons Vial et Hlne ClmentUne vieille lune use se promne dans le bas du cie

poursuivie par un petit nuage surprenant de nettet, dconsistance mtallique, agripp au disque entam comme upoisson une tranche de fruit flottante Ce nest pas encore une promesse de pluie. Nous voudrions de la pluie pou

les jardins et les vergers. Le bleu nocturne, insondable comme poudr, fait plus rose, quand je reporte sur eux regard, le rose de mes murs peu couverts. Une fracheuorientale sattache aux parois nues, et les meubles clairsemrespirent laise. Il ny a quen ce pays soleilleux quune tablourde, un sige de paille, une jarre coiffe de fleurs, et un plaau marli noy dmail composent un mobilier. Segonzac n

dcore sa salle , vaste comme une grange, que de tropherustiques, faux et rteaux croiss, fourches deux dents ebois poli, couronnes dpis, et fouets manches rouges, donles mches tresses parafent gracieusement le mur. Dmme, dans le D de Vial


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Oui, revenons Vial. Je vagabonde cette nuit autour de Via la manire du cheval que lobstacle importune, et qui fait gentil, avec mille foltreries de cheval, devant la barrire. Jnai pas peur dtre mue, mais jai peur de mennuyer. Ja

peur de lapptit de drame et de srieux qui habite les jeunegens, surtout Hlne Clment. Que Vial tait aimable, hier ! lest dj moins. Je rapproche, de son aspect dhier, soaspect daujourdhui. Malgr moi, je donne un sens sa fidlitde bon voisin, ses longs silences, son attitude favorite, tte couche sur ses bras plis. Jinterprte, je fais tinter le sode ses crises interrogatives : Est-ce que cest vrai que Q

a pu vous donner lide de tel personnage ? Est-ce que vounavez pas connu Un Tel, vers lpoque o vous criviez telivre ? Oh ! vous savez, si je suis indiscret, envoyez-mpromener Et puis, ce soir, pour comble : Elle a os ela os ? , rptait-il. Et une mimique de jeune premier

Voil le fruit, une saison de la vie o je naccepte que

fleur de tout plaisir et le meilleur de ce quil y a de mieupuisque je ne demande plus rien le fruit dessaisonn qumrissent ma prompte familiarit H jeune homme, payemoi une douzaine de portugaises, l, sans sasseoir, comme Marseille Vial, demain, on se lve six heures, et on va auHalles acheter des roses, service command ! et unrenomme qui rend des sons fort divers

Et si jallais dsormais tre moins douce, moi-mme et autrui, jusqu la fin de la belle saison provenale constelle dgraniums brasillants, de robes blanches, de pastqueentrouvertes montrant leur cur ign comme des planteclates ? Rien ne menaait pourtant mon heureux t de se


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bleu et de cristal, mon t fentres ouvertes, portebattantes, mon t colliers de jeunes aulx dun blanc dasmin

Lattachement amoureux de Vial, le dpit, non moinamoureux, de la petite Clment : je prends place entre ces deufluides, malgr moi. Je les interroge et je les commente esignes dencre, en criture r

La Naissance Du Jour - Colette

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