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Cette séquence a été conçue comme une banque de données servant à fournir des idées. La surabondance de textes, exercices et prolongements implique des choix par le professeur, en fonction du niveau de ses élèves. L'Homme face aux avancées scientifiques et techniques : enthousiasmes et interrogations. Une œuvre de « Science Fiction noire » La Mouche George Langelaan (Travail réalisé à partir de La Mouche, éditions Flammarion, collection « étonnants classiques », 2008) Problématique de fond : La science fiction est-elle affaire de spécialiste ? Travail préparatoire à la maison I. Une œuvre en son contexte Quelles relations entre la parution d'une œuvre séminale et son époque ? Méthode : Mettre en relation les données historiques et culturelles d'une époque avec la biographie d'un auteur. Notions : George Langelaan ; découvertes scientifiques et traumatismes ; genèse littéraire de la science fiction. Travaux élèves : Travail de repérage : Histoire ; Découvertes scientifiques ; Littérature : 1ers auteurs et œuvres de SF ? Synthèse des travaux : Quel est le genre de cette œuvre ? SF ; le définir. Le contexte de parution nous montre qu'une œuvre de SF se nourrit de l'Histoire et s'appuie sur les découvertes scientifiques de son époque en imaginant ce qu'elles deviendront dans le futur : anticipation.

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Cette séquence a été conçue comme une banque de données servant à fournir des idées. La surabondance de textes, exercices et prolongements implique des choix par le professeur, en fonction du niveau de ses élèves.

L'Homme face aux avancées scientifiques et techniques : enthousiasmes et interrogations.

Une œuvre de « Science Fiction noire »

La Mouche George Langelaan

(Travail réalisé à partir de La Mouche, éditions Flammarion, collection « étonnants classiques », 2008)

Problématique de fond :

La science fiction est-elle affaire de spécialiste ?

Travail préparatoire à la maison

I. Une œuvre en son contexte Quelles relations entre la parution d'une œuvre séminale et son époque ?

Méthode : Mettre en relation les données historiques et culturelles d'une époque avec la biographie d'un auteur.

Notions : George Langelaan ; découvertes scientifiques et traumatismes ; genèse littéraire de la science fiction.

Travaux élèves : Travail de repérage : Histoire ; Découvertes scientifiques ; Littérature : 1ers auteurs et œuvres de SF ?

Synthèse des travaux : Quel est le genre de cette œuvre ? SF ; le définir.

Le contexte de parution nous montre qu'une œuvre de SF se nourrit de l'Histoire et s'appuie sur les découvertes scientifiques de son époque en imaginant ce qu'elles deviendront dans le futur : anticipation.

Séance 1

Une histoire de famille (pp. 33-38 ; lignes 1 à 158)

Quelles astuces de l'auteur pour captiver et dérouter le lecteur ?

Méthode : S'intéresser à la psychologie des protagonistes et approfondir le genre de cette œuvre. Dégager les implicites des propos de Anne.

Notions : Fonctions de l'exposition. Genres policier, fantastique et science fiction. L'anticipation.

Travaux élèves : Dresser le portrait psychologique des personnages ; élaborer des hypothèses de lecture.

I. Entrée en matière : Un horrible meurtre (Jeu de mots de ce I : entrée dans le sujet ; entrée dans la matière : cadavre puis sciences de la génétique et des atomes)

En famille : dresser le schéma triangulaire des liens familiaux entre le narrateur et les protagonistes : Arthur le narrateur ; Anne, la meurtrière ; Bob, Sir Robert Browning, la victime.

Dresser portrait psychologique :

− Narrateur : Mr Browning ; possesseur d'une usine aéronautique. Fragile, n'aime pas la surprise, a besoin d'un univers calme et rassurant ; naïf : « géant qui gonflerait sa poitrine » ; impressionnable, fragile psychologiquement : il vomit « aux pieds d'un tout jeune policeman ». Vérité crue.

− Anne : sang froid ; mais peur. Est-elle la meurtrière ? Est-elle honnête ? Elle s'accuse du meurtre et confesse son crime. « Déclarée folle ». Explique-t-elle tout ? Des zones d'ombre : que ne dit-elle pas ?

− Sir Robert Browning : la victime. Savant, scientifique reconnu « Sir ». Son propre laboratoire ; solitaire ; des secrets : il a détruit « tous ses papiers et ses instruments les plus intéressants. »

− L'inspecteur Twinker : méticuleux, consciencieux, patient, intelligent, « acharné ».

II. Hybridation ou la confusion des genres- Le titre : banal, quotidien : énigmatique

- La dédicace : scientifique de pointe en adéquation avec son époque. Littérature à chaud.

Une œuvre de SF ?

Non, un roman policier. Pourquoi ?

Un roman policier, mais dans quel milieu ? Aéronautique : industrie de pointe.

Faire repérer tout ce qui est lié à la science et à la technologie dans ce passage. Fascination pour la haute technologie propre à la science fiction.

Une atmosphère fantastique :

Savant solitaire ; héritage et transmission familiale du laboratoire (monde fermé sur lui-même : entre membres d'une famille.) Où se trouve le laboratoire ? Atmosphère gothique. Le narrateur : sous le choc, paragraphe ligne 79.

Narrateur halluciné ? § ligne 85 ; § 116 : description scatologique ; gore.

Laboratoire : recherches secrètes. Des secrets : chez la victime où des « experts du ministère de l'air vinrent fouiller » et chez sa meurtrière.

Synthèse du cours :

Une exposition classique car nous découvrons :

–Le nom des personnages,

–leurs relations,

–les lieux,

–l'époque,

–un embryon d'intrigue : (la faire résumer par les élèves) La femme d'un scientifique s'accuse du meurtre de son époux. Mais ce meurtre reste énigmatique et soulève bien des questions. L'ordre de la narration est donc bouleversé car cette œuvre commence par la fin de l'histoire qu'elle raconte.

Une œuvre particulière dans la science Fiction :

Sur le modèle d'une écriture très réaliste, La Mouche est une œuvre qui se situe à l'époque de l'auteur et non dans le futur. Il y a donc une distorsion par rapport à notre première définition de la science fiction qui la situait dans un lointain futur. Par rapport à l'époque de sa rédaction, La Mouche est une œuvre d'anticipation, une des catégories de la science fiction. Elle « anticipe », elle situe son action dans un futur très proche en prévoyant à courte distance les applications de récentes découvertes scientifiques.

Bien que La Mouche se situe dans une époque passée par rapport à nous (années 50), c'est une œuvre toujours lue et adaptée : un classique de la SF, qui interroge depuis les découvertes sur la génétique et touche à des données universelles à l'être humain : son évolution, sa génétique, ses mutations. C'est donc une œuvre qui traite de l'hybridation tant par son sujet, le fond, que par sa forme puisqu'elle mêle les genres policier, fantastique et science fiction.

Exercice d'écriture : En quelques lignes et en mettant en rapport le titre de l'œuvre avec sa dédicace, imaginez les raisons pour lesquelles Anne a tué son mari, le professeur Browning.

La Mouche 2

Portrait en trompe l'œil

2 heures

Confrontation de textes : Le portrait de Sir Browning p. 44 (346 à 370) + 1ères expériences pp. 49-52 (508 à 629)

Dominante étude de la langue.

Pré-requis : les focalisations.

Le portrait de Sir Browning brossé par son frère est-il totalement objectif ? Que nous révèle-t-il quant à son auteur ?

Méthode : S'intéresser aux articulations logiques au sein d'un portrait. Confronter deux témoignages pour en décrypter les implicites.

Notions : La caractérisation et ses ambiguïtés. Rationnel / Irrationnel. Rôle des connecteurs logiques au sein d'une argumentation. Subjectivité, objectivité.

Travaux élèves :

–Mettre en relation deux objets d'étude de l'année ;

–S'interroger sur le rôle et la valeur argumentative d'un connecteur logique ;

–Rédiger un paragraphe argumentatif réinvestissant des connecteurs logiques.

1ère heure :

Le portrait de Sir Browning p. 44 (346 à 370) :

Mon frère était le savant type de la preuve par neuf. Il avait horreur de l’intuition, du coup de génie. Certains savants élaborent des théories qu’ils s’efforcent ensuite d’étayer par des preuves, ils procèdent par bonds dans l’inconnu, quitte à abandonner une position avancée pour une autre si les expériences accumulées ensuite n’arrivent pas à consolider la position choisie. Mon frère était, au contraire et par excellence, le type de savant méfiant qui se garde toujours un solide point d’appui, prouvé et archiprouvé. Il était rarement en avance de plus d’une expérience, d’une preuve à faire, dans ses recherches. Il n’avait rien du savant oublieux qui se laisse tremper par la pluie, alors qu’il tient un parapluie roulé à la main ; il était au contraire très humain, adorant les enfants et les animaux et n’hésitant jamais à laisser ses travaux attendre pour aller au cirque avec les enfants du voisinage. Il aimait les jeux de logique et de précision, comme le billard, le tennis, le bridge et les échecs.

Comment alors expliquer sa mort ? Comment et pourquoi serait-il venu se placer sous le marteau-pilon ? Il ne pouvait être question d’un pari stupide, d’un défi à son courage. Il ne pariait jamais et n’avait guère de patience pour les gens qui pariaient ; quitte à les vexer, il leur faisait toujours remarquer qu’un pari est invariablement une affaire conclue entre un imbécile et un voleur.

Il n’y avait que deux explications possibles : ou bien il était devenu fou, ou alors il avait eu une raison pour se laisser tuer par sa femme d’une façon si étrange.

Sir Browning incarne-t-il le parfait savant ?

Le portrait de Sir Browning p. 44 (346 à 370)

1) En vous aidant du reste du premier paragraphe, résumez en une phrase ce que peut signifier la première : « Mon frère était le savant type de la preuve par neuf. »

2) Dans ses recherches, sur quelle qualité intérieure s'appuyait-il ? De quel autre type d'intellectuel vu, cette année, dans un autre objet d'étude se rapproche-t-il donc ?

3) Sir Browning travaillait-il plus par intuition ou par déduction ?

4) Était-il un rêveur, avait-il des penchants pour l'irrationnel selon son frère ?

5) « Il n’avait rien du savant oublieux qui se laisse tremper par la pluie, alors qu’il tient un parapluie roulé à la main ; il était au contraire très humain, adorant les enfants et les animaux et n’hésitant jamais à laisser ses travaux attendre pour aller au cirque avec les enfants du voisinage. »

a) Quels mots articulent les deux parties de cette phrase ?

b) Selon vous, par quel(s) autre(s) connecteur(s) logique(s) pourriez-vous le remplacer pour conserver la cohérence de cette phrase ? Choisissez parmi ceux-ci :

En effet, également, en revanche, donc, par contre.

c) Ainsi, ce connecteur logique, « au contraire », marque-t-il la cause, la conséquence, l'opposition ou la réciprocité ?

6) Quelle grande qualité est-elle attribuée à ce savant ?

7) Que nous révèle donc cette articulation quant à celui qui brosse ce portrait psychologique ?

8) Que réfute son frère quant à cette mort mystérieuse ?

(à donner sur tirage à part)

Point langue : Les connecteurs logiques permettent d'articuler les étapes du raisonnement. Il en existe de nombreux pour marquer ses phases successives et il est simple de les placer en début de phrase. Parmi eux, on peut aussi compter les conjonctions de coordination (mais, ou, donc, or, ni, car, et) qui servent à coordonner ces étapes. Leurs valeurs sont différentes, par exemple :

–Cause : car, en effet, effectivement, comme, par, parce que, puisque, attendu que, vu que, étant donné que, grâce à, à cause de, par suite de, en égard à, en raison de, du fait que, dans la mesure où, sous prétexte que ...

–Conséquence : donc, aussi, partant, alors, ainsi, ainsi donc, par conséquent, si bien que, d'où, en conséquence, conséquemment, par suite, c'est pourquoi, de sorte que, en sorte que, de façon que, de manière que, si bien que, tant et si bien que …

–But : afin que, pour que, de peur que, en vue que, de façon à ce que, pour que...

–Liens de réciprocité : alors, ainsi, aussi, d'ailleurs, en fait, en effet, de surcroît, de même, également, puis, ensuite,de plus,en outre

Exercices d'écriture :

1) Utilisez un connecteur logique de votre choix pour mettre en évidence la cause entre deux

phrases que vous aurez inventées.

Exemple : Il a pu aller au cinéma avec ses copains. En effet, sa mère lui avait donné de l'argent de poche.

Renouveler cette opération pour mettre en évidence la conséquence puis l'opposition dans deux nouveaux couples de phrases de votre crû.

2) « ...ou bien il était devenu fou, ou alors il avait eu une raison pour se laisser tuer par sa femme d'une façon si étrange. » Expliquez en cinq phrases minimum laquelle de ces deux hypothèses vous semble la plus juste. Pourquoi ?

Pour articuler votre raisonnement, vous utiliserez logiquement les connecteurs : parce que, car, ainsi, au contraire.

Le portrait de Sir Browning ne semble pas totalement objectif : esquissé par son frère, il est celui d'un membre de la famille brutalement disparu et il est donc empreint de sentimentalité. Il est absolument positif et ne reconnaît aucun défaut au savant. Ce portrait est subjectif car il ne fait pas la part des qualités et des défauts.

S'il nous renseigne sur un personnage, un portrait nous en apprend autant sur celui qui le brosse. Ici, le frère du savant, en fait un portrait très positif et empreint d'admiration. Il nous révèle ainsi sa grande sensibilité et ses qualités humaines.

Donner à lire à la maison le texte de la séance 2 bis pour la préparer.

Séance 2 bis

Au cœur du secret

Le compte-rendu des expériences de Browning en confirme-t-il le portrait esquissé par son frère ?

Pré-requis : notions de focalisation.

Méthode :

–Confronter deux textes pour mettre en évidence parallèles et liens d'opposition ;

–mettre en relation texte et image.

Notions : Réfutation ; dangers des sciences ; rigueur scientifique ; savant fou.

Travaux élèves :

–Rédiger un paragraphe argumentatif portant sur la réfutation ;

1ères expériences pp. 49-52 (508 à 629)

Depuis un certain temps, avant sa disparition, mon mari m’avait mise au courant de certaines de ses expériences. Il savait pertinemment que le ministère les lui aurait interdites comme trop dangereuses, mais il tenait à obtenir des résultats positifs avant de le mettre au courant.

Alors que l’on n’avait réussi jusqu’à ce jour à transmettre dans l’espace que le son et les

images, grâce à la radio et à la télévision, Bob affirmait avoir trouvé le moyen de transmettre la matière même. La matière - c’est-à-dire un corps solide - placée dans un appareil émetteur, se désintégrait subitement et se réintégrait instantanément dans un autre appareil récepteur.

Bob considérait sa découverte comme peut-être bien la plus importante depuis celle de la roue. Il estimait que la transmission de la matière par désintégration-réintégration instantanée signifiait une révolution sans précédent pour l’évolution de l’homme. Cela équivaudrait à la fin des transports, non seulement des marchandises et des denrées périssables, mais aussi des êtres humains. Lui, l’homme pratique qui ne rêvait jamais, entrevoyait déjà le moment où il n’y aurait plus d’avions, de trains, de voitures, plus de routes ou de voies ferrées. Tout cela serait remplacé par des postes émetteurs-récepteurs dans tous les coins du monde. Voyageurs ou marchandises à expédier seraient simplement placés dans un poste émetteur, désintégrés et réintégrés presque instantanément dans le poste récepteur voulu.

Mon mari eut quelques accrocs au début. Son poste récepteur n’était séparé de son poste que par un mur. Sa première expérience réussie fut faite avec un simple cendrier, un souvenir que nous avions rapporté d’un voyage en France.

Il ne m’avait pas alors mise au courant de ses expériences et je ne compris pas tout d’abord ce qu’il voulait dire quand il m’apporta triomphalement le cendrier en disant :

« Anne, regardez ! Ce cendrier a été totalement désintégré pendant un dix millionième de seconde. A un moment, il n’existait plus ! Parti, plus rien, absolument plus rien ! Seulement des atomes voyageant à la vitesse de la lumière entre deux appareils ! Et l’instant d’après, les atomes s’étaient de nouveau rassemblés pour reformer ce cendrier !

- Bob, je vous en supplie… De quoi parlez-vous ? Expliquez-vous. »

Ce fut alors qu’il me révéla pour la première fois le détail de ses recherches et, comme je ne comprenais pas, il se mit à faire des petits dessins, alignant des chiffres ; mais je ne comprends toujours pas.

« Excusez-moi, Anne, dit-il en riant de bon cœur, quand il se rendit compte que je comprenais de moins en moins. Rappelez-vous qu’un jour j’avais lu un article sur les mystérieuses volées de pierres qui pénètrent avec force dans certaines maisons aux Indes, alors que portes et fenêtres sont fermées.

- Oui, je me souviens très bien. Le professeur Downing, qui était venu pour le week-end, avait dit que, s’il n’y avait aucun truquage, cela ne pouvait s’expliquer que par la désintégration des pierres lancées du dehors et leur réintégration à l’intérieur de la maison, avant leur chute.

- C’est cela ; il avait même ajouté : « A moins que le phénomène ne soit produit par une désintégration partielle et momentanée du mur à travers lequel les pierres avaient passé. »

- Oui, tout cela est très joli, mais je ne comprends toujours pas. Ainsi, pourquoi, même désintégrées, des pierres peuvent-elles passer tranquillement à travers un mur ou une porte ?

- Si, Anne, c’est possible, parce que les atomes qui composent la matière ne se touchent pas, ils sont séparés par des espaces immenses.

- Comment peut-il y avoir des espaces immenses, comme vous dites, entre les atomes composant une simple porte ?

- Entendons-nous, les espaces entre les atomes sont relativement immenses ; Ils sont immenses par rapport à la grosseur des atomes. Ainsi, vous qui pesez une centaine de livres et qui mesurez à peine cinq pieds trois pouces, si tous les atomes qui vous composent étaient soudain tassés les uns contre les autres, sans qu’il y ait d’espace entre eux, vous péseriez toujours une centaine de livres, mais vous formeriez une petite boule qui tiendrait aisément sur une tête d’épingle.

- Alors, si j’ai bien compris, vous prétendez avoir réduit ce cendrier à la grosseur d’une tête d’épingle ?

- Non, Anne. D’abord, ce cendrier qui pèse à peine deux onces ne formerait qu’une masse à peine visible au microscope si les atomes qui le composent étaient soudain tassés. Et puis, tout cela n’est qu’une image. Néanmoins, une fois désintégré, ce cendrier peut fort bien traverser tout corps opaque et solide, vous par exemple, sans aucune difficulté, car ses atomes séparés pourraient alors passer à travers la masse de vos atomes espacés, sans la moindre difficulté.

- Vous avez donc désintégré ce cendrier pour le réintégrer un peu plus loin, après l’avoir fait passer à travers un autre corps ?

- Tout juste, Anne, à travers le mur séparant mon appareil émetteur de mon appareil récepteur !

- Et peut-on savoir quelle est l’utilité d’envoyer des cendriers dans l’espace ? »

Bob avait alors eu un geste d’agacement, puis se rendant compte que je me moquais gentiment de lui, il m’avait expliqué quelques-unes des possibilités de sa découverte.

« Eh bien ! J’espère que vous ne m’expédierez jamais ainsi, Bob. J’aurais trop peur de ressortir à l’autre bout de ce cendrier.

- Que voulez-vous dire, Anne ?

- Vous vous souvenez de ce qu’il y avait écrit sous ce cendrier ?

- Oui, bien sûr. Il y avait les mots : Made in France, qui y sont certainement.

- Oui, ils y sont en effet, mais, regardez, Bob ! »

Il prit le cendrier de mes mains en souriant, mais il pâlit et son sourire se figea quand il vit ce que je venais de remarquer et qui venait de me prouver qu’il avait en effet réussi une étrange expérience avec le cendrier.

Les trois mots apparaissaient toujours, mais inversés, et l’on pouvait lire : ecnarF ni edaM.

« C’est inouï », murmura-t-il, et sans même finir son thé, il se précipita dans son laboratoire d’où il ne ressortit que le lendemain matin, après une nuit de travail.

Quelques jours plus tard, Bob eut un nouveau revers, qui le rendit de fort mauvaise humeur pendant plusieurs semaines. Pressé de questions, il finit par m’avouer que sa première expérience sur un être vivant avait été un fiasco complet.

« Bob, vous avez fait cette expérience avec Dandelo, n’est-ce pas ?

- Oui, m’avoua-t-il tout penaud. Dandelo s’est parfaitement bien désintégré, mais il ne s’est jamais réintégré dans l’appareil récepteur.

- Et alors ?…

- Alors, il n’y a plus de Dandelo. Il n’y a que les atomes dispersés de Dandelo qui se promènent, Dieu sait où, dans l’univers. »

Dandelo était un petit chat blanc que la cuisinière avait trouvé un soir dans le jardin. Un matin, il était parti on ne savait où. Je savais maintenant comment il avait disparu.

1) Quelle police est utilisée ici ? Que nous indique-t-elle ? De quel type de récit s'agit-il ?

2) Par quoi cette œuvre avait-elle donc commencé, alors ?

3) Qu'a-t-il découvert ? Est-ce possible en 1957 ? Et de nos jours ?

4) Dans quel genre littéraire particulier basculons-nous définitivement avec le compte-rendu de ces expériences ?

5) Serait-ce une découverte importante ? Comment modifierait-elle notre monde ?

6) Avec qui travaille-t-il ? Pourquoi ?

7) De quel phénomène se sert-il pour appuyer ses théories ? Comment explique-t-il ce phénomène « magique » ?

8) Les expériences sont-elles réussies ?

9) Qu’éprouve Anne face à ces résultats ?

10) Sir Robert Browning est-il un savant sympathique ?

Travail d'écriture : Expliquez en un paragraphe si vous auriez aimé ou non fréquenter le docteur Browning, si vous partageriez ses enthousiasmes ou au contraire éprouveriez quelques craintes... Dîtes lesquels et pourquoi.

Vous articulerez votre démonstration en utilisant comme il convient les connecteurs logiques : car, parce que, en effet, ainsi, or, au contraire.

La caractérisation du savant était subjective et partielle au départ : certes, il était « l’homme pratique qui ne rêvait jamais », cependant, elle ne révélait pas toutes les facettes de sa personnalité. Elle n'était pas celle d'un narrateur omniscient mais dépendait d'un personnage en focalisation interne, le frère de Sir Robert. Elle était donc teintée de sentimentalité familiale. Il apparaissait comme le prototype du savant plein d'humanité. Cette subjectivité participe au suspense et alimente le pacte de lecture dans cette œuvre ouvrant les divers tiroirs de genres littéraires et de récits enchâssés.

Or, un portrait plus objectif émane des implicites liés à un autre témoignage, celui de sa femme : le savant apparaît alors imprévisible et sans amour.

Il est le prototype du savant fou.

La Mouche 3

Un mythe prométhéen : Le savant fou

(ne pas donner ce titre d'emblée)

Problématique : Quelle est la genèse d'un nouveau mythe ?

Dominante : Histoire des arts avec réflexion philosophique : La science est-elle source de progrès ? (// avec objet d'étude : Les Lumières et leur combat contre l'injustice : Rousseau et le mythe du bon sauvage.)

Capacités : Identifier les idées essentielles d’un texte. A l’oral : le résumer. Connaître quelques effets de dramatisation au cinéma.

Notions :

–Origines et caractéristiques du savant fou;

–emphase, dramatisation ;

–notions de tonalité.

Travail élève : Interpréter un texte et des images tant fixes que mobiles ; construire un dossier en autonomie pour le présenter à la classe.

Attitudes : Prendre conscience des récurrences d’un type de personnage à travers les arts. Comprendre comment un auteur se l'approprie pour servir son projet. Se familiariser avec la conjonction d’une idée dans les courants artistiques ; faisceau d’interrelations. Être curieux des diverses formes de représentations d’un personnage mythique.

I. Des dieux et des hommes

IO AVEC PROMÉTHÉE,

DÉITÉS GRECQUES ET LATINES.(Grec : Io, Prometheus.)

Io atteignit les hauteurs du Caucase, où le titan Prométhée pendait enchaîné à un roc, un vautour lui rongeant le foie. Qu’était-ce que ce Prométhée ? L’être puissant qui aida Zeus dans sa guerre contre Cronos et qui enseigna aux hommes à bâtir des maisons et à obéir à la loi, puis leur rapporta du ciel le feu. Cet acte éveilla le courroux de Zeus, qui, oublieux de toute reconnaissance, fit enchaîner Prométhée aux rocs, bornés par les glaces, du Caucase. Le grand supplicié apprit à Io qu’elle avait à peine commencé d’errer ; qu’elle devait aller du lieu de leur rencontre à la terre des Amazones par delà le détroit qui, d’après elle, s’appellerait le Bospore (Bosporos) ; en Asie enfin, et de là dans la terre d’Éthiopie, où elle deviendrait mère d’Épaphos, dont naîtrait, par la suite, Héraclès ; et que par Héraclès, lui, Prométhée, serait enfin ravi à son terrible châtiment : prédictions qui s’accomplirent, d’après les légendes accréditées généralement.

Stéphane Mallarmé, Les dieux antiques, 1880.

1)Qui sont les personnages de ce texte ? Quelle est leur origine ?

2)Qui était Prométhée ?

3)De qui Prométhée était-il d'abord l'allié ?

4)Qu'est-ce qui éveilla la colère, le courroux, de Zeus ?

5)Comment Zeus punît-il Prométhée ?

6)Quelles créatures Prométhée aida-t-il ? Comment et quels étaient ses dons ?

7)Qui le délivra ?

8)Pourquoi une telle colère éclata-t-elle chez Zeus : de quelle métaphore pouvait être l'objet du larcin de Prométhée ?

9)Ces dieux ne ressemblent-ils pas à des hommes ? Pourquoi ?

(dresser la liste de leurs qualités et de leur défauts)

10)De qui Prométhée a-t-il donc été le précurseur ?

11)Mais quel était son plus grand défaut ?

12)Selon vous, le professeur Browning dans La Mouche ressemblait-il à Prométhée. Justifiez.

II.Histoire des arts : Analyse de peinture(s)

Peinture de Titien, peintre vénitien (Pieve di Cadore vers 1490-Venise 1576)

L'aigle dévorant le foie de Prométhée,Rubens, 1577-1640.

On insistera sur :Couleurs dominantes.Composition. Position du corps.Abondance de la chair.Images de la souffrance ?

Faire trouver et marquer le titre de la séance au tableau

III. Professeurs foldingues

Analyses d'œuvres d'arts ou analyses filmiques : scènes de l’expérience in Frankenstein + Jekyll + Docteur Folamour + Minority Report

Pour décliner les époques et récurrences du mythe de Prométhée.

Choisir de confronter des scènes montrant des savants fous dans plusieurs films : en dégager l'emphase, les méthodes de dramatisation ainsi que les diverses tonalités pour montrer la valeur protéiforme d'un personnage devenu mythique.

Recherches TIC en autonomie :

Un mythe moderne :

le savant fou

–Dans la littérature : Docteur Frankenstein, Docteur Jekyll, le capitaine Nemo, Docteur Cornelius, Docteur Mabuse, Docteur No, Docteur Folamour, John Hammond dans Jurassic Park…

–Au cinéma :

–Rotwang, dans Metropolis, par Fritz Lang (1927).

–Le professeur Julius Kelp dans Docteur Jerry et Mister Love par Jerry Lewis (1963).

–Susan Tramp, dans L'Invasion des femmes abeilles par Denis Sanders (1973).

–J. Frank Parnell, dans La Mort en prime par Alex Cox (1984).

–Le Professeur Emmett Brown, dans la trilogie Retour vers le futur de R. Zemeckis (1985).

– Le professeur Logan dans Le Jour des morts-vivants (1985) de George Romero qui se livre à de dérangeantes expériences sur des zombis qu'il nourrit de chair humaine. Son meilleur cobaye est capable d'accomplir des tâches simples (décrocher un téléphone, tenir un rasoir, faire un salut militaire) et d'articuler des semblants de paroles. Logan est surnommé « Frankenstein » par son entourage.

–Le Docteur Jane Tiptree, dans Carnosaur par Adam Simon et Darren Moloney (1993).

–Le Docteur Finkelstein, dans L'Étrange Noël de Monsieur Jack de Henry Selick (1993).

–Le Docteur Kill, qui opère les jeunes filles qu'il kidnappe afin de les transformer en tueuses sanguinaires dans Attack of serial killers from outer space, de Richard J. Thomson (1994).

–Edward Nygma dans Batman Forever de Joel Schumacher (1995).

–Le Professeur Foldingue ou Nigaud de professeur au Québec (The Nutty Professor) est un film américain réalisé par Tom Shadyac, sorti en 1996.

–Le Docteur Denfer, dans la série Austin Powers par Jay Roach (1997), bien qu'il soit davantage un génie du mal.

–Hollow Man réalisé en 2000 par Paul Verhoeven. Un brillant scientifique, Sebastian Caine, travaille pour les services secrets. Il vient de mettre au point une formule pour rendre invisible. Apres l'avoir testée avec succès sur lui-même, il s'apercoit qu'il ne peut plus inverser le processus.

–Le Docteur Totenkopf, dans Capitaine Sky et le monde de demain par Kerry Conran (2004).

Les élèves choisissent un personnage, construisent un dossier et le présenteront à la classe. Seront établis des parallèles et différences mis en relation avec la tonalité dramatique ou humoristique d’une œuvre.

La Mouche 4

Le langage de la crédibilité

A l’origine était le Verbe

Reprise de l'extrait déjà travaillé dans la séance 2 bis.

Comment un auteur de SF réussit-il à nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?

Dominante : Étude de la langue : le lexique de la science fiction et celui de la science.

Méthode : Interroger au sens propre l'appellation « science fiction » ; le compte-rendu scientifique.

Notions : effets de réel, vrai et vraisemblable.

Expériences :

Depuis un certain temps, avant sa disparition, mon mari m’avait mise au courant de certaines de ses expériences. Il savait pertinemment que le ministère les lui aurait interdites comme trop dangereuses, mais il tenait à obtenir des résultats positifs avant de le mettre au courant.

Alors que l’on n’avait réussi jusqu’à ce jour à transmettre dans l’espace que le son et les images, grâce à la radio et à la télévision, Bob affirmait avoir trouvé le moyen de transmettre la matière même. La matière - c’est-à-dire un corps solide - placée dans un appareil émetteur, se désintégrait subitement et se réintégrait instantanément dans un autre appareil récepteur.

Bob considérait sa découverte comme peut-être bien la plus importante depuis celle de la roue. Il estimait que la transmission de la matière par désintégration-réintégration instantanée signifiait une révolution sans précédent pour l’évolution de l’homme. Cela équivaudrait à la fin des transports, non seulement des marchandises et des denrées périssables, mais aussi des êtres humains. Lui, l’homme pratique qui ne rêvait jamais, entrevoyait déjà le moment où il n’y aurait plus d’avions, de trains, de voitures, plus de routes ou de voies ferrées. Tout cela serait remplacé par des postes émetteurs-récepteurs dans tous les coins du monde. Voyageurs ou marchandises à expédier seraient simplement placés dans un poste émetteur, désintégrés et réintégrés presque instantanément dans le poste récepteur voulu.

Mon mari eut quelques accrocs au début. Son poste récepteur n’était séparé de son poste que par un mur. Sa première expérience réussie fut faite avec un simple cendrier, un souvenir que nous avions rapporté d’un voyage en France.

Il ne m’avait pas alors mise au courant de ses expériences et je ne compris pas tout d’abord ce qu’il voulait dire quand il m’apporta triomphalement le cendrier en disant :

« Anne, regardez ! Ce cendrier a été totalement désintégré pendant un dix millionième de seconde. A un moment, il n’existait plus ! Parti, plus rien, absolument plus rien ! Seulement des atomes voyageant à la vitesse de la lumière entre deux appareils ! Et l’instant d’après, les atomes s’étaient de nouveau rassemblés pour reformer ce cendrier !

- Bob, je vous en supplie… De quoi parlez-vous ? Expliquez-vous. »

Ce fut alors qu’il me révéla pour la première fois le détail de ses recherches et, comme je ne comprenais pas, il se mit à faire des petits dessins, alignant des chiffres ; mais je ne comprends toujours pas.

« Excusez-moi, Anne, dit-il en riant de bon cœur, quand il se rendit compte que je comprenais de moins en moins. Rappelez-vous qu’un jour j’avais lu un article sur les mystérieuses volées de pierres qui pénètrent avec force dans certaines maisons aux Indes, alors que portes et fenêtres sont fermées.

- Oui, je me souviens très bien. Le professeur Downing, qui était venu pour le week-end, avait dit que, s’il n’y avait aucun truquage, cela ne pouvait s’expliquer que par la désintégration des pierres lancées du dehors et leur réintégration à l’intérieur de la maison, avant leur chute.

- C’est cela ; il avait même ajouté : « A moins que le phénomène ne soit produit par une désintégration partielle et momentanée du mur à travers lequel les pierres avaient passé. »

- Oui, tout cela est très joli, mais je ne comprends toujours pas. Ainsi, pourquoi, même désintégrées, des pierres peuvent-elles passer tranquillement à travers un mur ou une porte ?

- Si, Anne, c’est possible, parce que les atomes qui composent la matière ne se touchent pas, ils sont séparés par des espaces immenses.

- Comment peut-il y avoir des espaces immenses, comme vous dites, entre les atomes

composant une simple porte ?

- Entendons-nous, les espaces entre les atomes sont relativement immenses ; Ils sont immenses par rapport à la grosseur des atomes. Ainsi, vous qui pesez une centaine de livres et qui mesurez à peine cinq pieds trois pouces, si tous les atomes qui vous composent étaient soudain tassés les uns contre les autres, sans qu’il y ait d’espace entre eux, vous péseriez toujours une centaine de livres, mais vous formeriez une petite boule qui tiendrait aisément sur une tête d’épingle.

- Alors, si j’ai bien compris, vous prétendez avoir réduit ce cendrier à la grosseur d’une tête d’épingle ?

- Non, Anne. D’abord, ce cendrier qui pèse à peine deux onces ne formerait qu’une masse à peine visible au microscope si les atomes qui le composent étaient soudain tassés. Et puis, tout cela n’est qu’une image. Néanmoins, une fois désintégré, ce cendrier peut fort bien traverser tout corps opaque et solide, vous par exemple, sans aucune difficulté, car ses atomes séparés pourraient alors passer à travers la masse de vos atomes espacés, sans la moindre difficulté.

- Vous avez donc désintégré ce cendrier pour le réintégrer un peu plus loin, après l’avoir fait passer à travers un autre corps ?

- Tout juste, Anne, à travers le mur séparant mon appareil émetteur de mon appareil récepteur !

- Et peut-on savoir quelle est l’utilité d’envoyer des cendriers dans l’espace ? »

Bob avait alors eu un geste d’agacement, puis se rendant compte que je me moquais gentiment de lui, il m’avait expliqué quelques-unes des possibilités de sa découverte.

« Eh bien ! J’espère que vous ne m’expédierez jamais ainsi, Bob. J’aurais trop peur de ressortir à l’autre bout de ce cendrier.

- Que voulez-vous dire, Anne ?

- Vous vous souvenez de ce qu’il y avait écrit sous ce cendrier ?

- Oui, bien sûr. Il y avait les mots : Made in France, qui y sont certainement.

- Oui, ils y sont en effet, mais, regardez, Bob ! »

Il prit le cendrier de mes mains en souriant, mais il pâlit et son sourire se figea quand il vit ce que je venais de remarquer et qui venait de me prouver qu’il avait en effet réussi une étrange expérience avec le cendrier.

Les trois mots apparaissaient toujours, mais inversés, et l’on pouvait lire : ecnarF ni edaM.

« C’est inouï », murmura-t-il, et sans même finir son thé, il se précipita dans son laboratoire d’où il ne ressortit que le lendemain matin, après une nuit de travail.

Quelques jours plus tard, Bob eut un nouveau revers, qui le rendit de fort mauvaise humeur pendant plusieurs semaines. Pressé de questions, il finit par m’avouer que sa première expérience sur un être vivant avait été un fiasco complet.

« Bob, vous avez fait cette expérience avec Dandelo, n’est-ce pas ?

- Oui, m’avoua-t-il tout penaud. Dandelo s’est parfaitement bien désintégré, mais il ne s’est jamais réintégré dans l’appareil récepteur.

- Et alors ?…

- Alors, il n’y a plus de Dandelo. Il n’y a que les atomes dispersés de Dandelo qui se promènent, Dieu sait où, dans l’univers. »

Dandelo était un petit chat blanc que la cuisinière avait trouvé un soir dans le jardin. Un matin, il était parti on ne savait où. Je savais maintenant comment il avait disparu.

I. Vrai ou vraisemblable ?

Quelle est l’idée générale de cet extrait ?

Qu’affirme le savant ? Qu’est-il possible de réaliser selon lui ?

Sur quel exemple s’appuie-t-il ?

Les sources de cet exemple sont-elles citées ?

Comment l’illustre-t-il ?

Que pensez-vous de cet exemple ? Vous paraît-il crédible ?

Vous apparaît-il plus proche de la science ou de la magie ?

Comment cette explication est-elle construite ? Relevez les mots, connecteurs logiques, qui l’articulent.

A quoi servent-ils ?

Ils permettent d’enchaîner les idées et marquent la progression de l’explication jusqu’à résolution des énigmes.

Pourquoi s’est-il lancé dans ces explications ?

A la fin de son discours, Anne a-t-elle compris ? Pourquoi ?

II. Un vocabulaire rigoureux au service de la pseudo science

Repérez tous les termes scientifiques ou techniques figurant dans cet extrait.

A quelle science se rapportent-ils ?

Se répètent-ils ?

Des répétitions à valeur incantatoire.

A quoi servent-ils ?

Effets de réel. Ils permet de faire croire à cette histoire.

Ce savant discours dit-il la vérité ? Expose-t-il des faits réels ou seulement vraisemblables ?

Quel est le couple de mots qui fournit la clé de ses explications ?

L’explication de Browning est fumeuse mais se revêt des attributs du texte scientifique : son vocabulaire fait pénétrer le lecteur sans ambages dans des domaines inconnus. Il prend valeur d’argument d’autorité. Le discours du savant « embobine » et embarque le lecteur dans sa pensée magique : le Verbe est ici performatif, ce qu'il dit est vrai au moment où il l'énonce.

Ce vocabulaire scientifique et technique est un effet de réel : il donne l'illusion de la réalité, de l'épaisseur à la fiction et nous permet d'y croire. Obscur pour la majorité des lecteurs, il confère néanmoins de la crédibilité au discours du savant : il n’est pas forcément vrai mais devient vraisemblable et sert donc la « science fiction » : un discours qui apparaît rigoureusement scientifique mais reste inventé, fictif.

Exercices : Tous des scientifiques !

1) Replacez ces termes scientifiques à l'endroit qui vous semblera le plus juste pour rendre à ce texte sa cohérence : organe aérien, sève, photosynthèse, cellules, nutrition,

Une feuille est un … très important dans la … de la plante. C'est en effet le lieu de la … qui aboutit à des composés organiques (sucres, protéines) formant la … , utilisée par le végétal pour alimenter ses … .

2) Exercice d'écriture :

Vous voulez impressionner quelqu'un. Vous choisissez de lui faire croire que vous avez fait des études de médecine et lui expliquez comment prendre le pouls.

Parmi ces termes, utilisez ceux qui pourront rendre votre discours non pas vrai mais vraisemblable et rédigez un texte de cinq lignes environ :

pouls, cœur, battements, pulsations, atome, influx nerveux, électricité, poumons, muscles, poignet, charabia, instinct, excroissance, minute.

Votre discours n'a pas pour but d'être vrai mais sera de l'esbroufe : il sera seulement vraisemblable.

Séance 5

Étude la langue :

Subjectivité Vs objectivité Charabia ou littérature ?

Dominante : Analyse de la langue.

Capacités : Savoir distinguer extraits de romans de science fiction et articles scientifiques.

Méthode : Confronter des extraits de roman SF avec des extraits d'articles scientifiques.

Notions : textes narratifs et explicatifs.

Attitude élèves : S'ouvrir à un panorama de la SF et aux artifices littéraires de la SF permettant d'immerger le lecteur dans un univers totalement imaginaire.

I. Voyage en Sciences et en Fictions :

La science-fiction s'adresse-t-elle uniquement à des spécialistes ou des scientifiques ?

Demander aux élèves en autonomie de classer extraits de romans et articles scientifiques en justifiant leurs choix (différencier texte narratif et texte explicatif). Les extraits sont distribués à toute la classe mais chaque élève ne travaille que sur deux textes pour les confronter. Sans qu'il le dise, ils seront choisis par le prof qui établira donc des couples de textes.

On aidera les élèves grâce à une guidance par des questions :

–Comprenez-vous cet extrait ? De quoi parle-t-il ?

–Des personnages se trouvent-ils dans votre extrait ?

–Que font-ils ?

–Est-ce possible à notre époque ?

–Quels sont les temps utilisés ?

–Quel(s) est (sont) le(s) niveau(x) de langue utilisés dans votre extrait ?

Texte 1 :

Il ne s’était un peu raidi qu’au moment du saut dans l’hyperespace, un phénomène qu’on n’avait pas l’occasion d’expérimenter au cours de simples déplacements interplanétaires. Le saut demeurait, et demeurerait sans doute toujours, le seul moyen pratique de voyager d’une étoile à l’autre. On ne pouvait se déplacer dans l’espace ordinaire à une vitesse supérieure à celle de la lumière (c’était un de ces principes aussi vieux que l’humanité) ; il aurait donc fallu des années pour passer d’un système habité au système le plus voisin. En empruntant l’hyperespace, ce domaine inimaginable qui n’était ni temps ni espace, ni réalité ni néant, il était possible de traverser la Galaxie en un instant dans toute sa longueur.

Isaac Asimov, Fondation, 1951.

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Extrait : Minority report

Texte 2 :

Laissez-moi vous expliquer, dit Joe, comment agit généralement un anti–précog. Comment il agit en fait dans tous les cas que nous connaissons. Le précog a la vision d’une série de futurs, rangés les uns à côté des autres comme des rayons dans une ruche. Mais l’un d’eux lui apparaît plus lumineux que les autres, et c’est celui-là qu’il choisit. Après ça l’anti-précog ne peut plus agir ; il faut qu’il soit présent au moment où le précog va faire son choix sinon il est trop tard. L’action de l’anti-précog brouille la vision du précog en lui donnant l’impression que tous les futurs ont le même coefficient de réalité, ce qui l’empêche d’en sélectionner un. Mais le précog est immédiatement averti de la présence de l’anti-précog, car toute la relation entre le futur et lui est

altérée.

Philip K. Dick, Ubik, 1969.

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Extrait : A scanner darkly

Texte 3 :

Le complet brouillé était une invention des laboratoires Bell, due à un employé nommé S.A. Powers, qui tomba dessus par hasard. Quelques années auparavant, Powers avait expérimenté quelques substances déshinibitrices affectant les tissus nerveux. Un soir, il avait subi une baisse catastrophique de liquide GABA à l’intérieur du cerveau. Subjectivement, il avait alors assisté à une projection de phosphènes bariolés sur le mur de sa chambre, un montage toujours plus frénétique de ce que, sur le moment, il considéra comme des toiles abstraites contemporaines. Au cours d’une transe de six heures environ, S.A. Powers avait vu des Picasso se chasser l’un l’autre selon un rythme ultra-rapide ; puis ç’avait été le tour de Paul Klee, plus de toiles que l’artiste n’en avait peintes durant sa vie. Alors que des Modigliani se succédaient sous ses yeux à la vitesse grand V, Powers avait présumé (on a besoin de théories pour tout) que des mages lui projetaient télépathiquement des tableaux, aidés sans doute par un système avancé de micro-relais ; plus tard Kandinsky se mit à le harceler, il se rappela que le principal musée de Leningrad se spécialisait dans ce genre d’art moderne, et décida que les Soviets essayaient d’entrer télépathiquement en contact avec lui.

Au matin, il se rappela qu’une diminution radicale du liquide GABA provoquait normalement une telle apparition de phosphènes. Personne n’essayait d’entrer en contact avec lui, avec ou sans micro-relais. Mais l’incident lui donna l’idée du complet brouillé. A la base il s’agissait de relier un quartz à un mini-ordinateur dont les mémoires contenaient jusqu’à un million et demi d’images fragmentaires de la physionomie d’individus divers : hommes, femmes, enfants ; chaque variante encodée était ensuite projetée omnidirectionnellement sur une membrane ultra-fine, sorte de linceul assez grand pour envelopper un humain de taille moyenne.

Philip K. Dick, Substance mort, 1973.

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Texte 4 :

Case rencontra son premier Moderne deux jours après avoir visionné le topo de l'Hosaka. Les Modernes étaient décidément la version contemporaine des Grands savants du temps de ses vingt ans. Il y avait comme un spectre d'ADN adolescent à l'œuvre dans la Conurb, un truc qui transportait les préceptes codés de diverses subcultures à brève durée de vie et les répliquait à intervalles aléatoires. Les Panthers modernes étaient une variante biologique des Savants. Si la technologie avait été disponible à l'époque, tous les Grands Savants auraient porté des connecteurs bourrés de micrologiciels. C'était le style qui comptait et le style restait le même. Les Modernes étaient des mercenaires, des rigolos, des technofétichistes nihilistes.

Celui qui se présenta à la porte du loft avec une boîte de disquettes du Finnois était un garçon à la voix douce du nom d'Angelo. Son visage n'était qu'un greffon de collagène et de cartilages de squale en polysaccharides, aussi lisse que hideux. L'un des exemples les plus affreux de chirurgie élective qu'il ait été donné à Case de contempler. Lorsque Angelo sourit, révélant les canines effilées comme des rasoirs de quelques fauves, Case fut réellement soulagé : vulgaires transplants de racines dentaires. Ça, il avait déjà vu. p. 70

William Gibson, Neuromancien, 1984.

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Texte 5 :

L'implant HealthGuard utilisait la toute dernière puce doseuse programmable : une batterie de protéines complexes agglutinées au silicium, comparable sous bien des aspects à un synthétiseur de robopharm mais conçue pour compter les molécules et non les fabriquer. La génération des puces précédentes avait utilisé une multitude d'anticorps hautement spécialisés, des protéines fourchues implantées en damier dans le semi-conducteur comme des parcelles juxtaposées de cent cultures différentes. Quand une molécule de cholestérol, d'insuline ou de n'importe quoi atterrissait par hasard sur la parcelle correcte et entrait en collision avec un anticorps compatible, elle s'attachait à lui assez longtemps pour que l'infime différence de potentiel soit détectée, puis enregistrée dans un microprocesseur. Au bout d'un certain temps, ce relevé de collisions aléatoires indiquait le taux de chaque substance dans le sang.

Les nouveaux capteurs recouraient à une protéine qui ressemblait plus à une plante carnivore dotée d'un cerveau qu'à la matrice passive et spécialisée d'un anticorps. Dans son état réceptif, la "dosagine" était une molécule longiligne en forme de cloche, un tube s'évasant en un large entonnoir.

Cette configuration était métastable : la répartition de la charge sur la molécule la rendait prodigieusement sensible, comme un piège à ressort. Tout objet suffisamment volumineux heurtant la surface interne de l'entonnoir déclenchait une onde déferlante, rapide comme l'éclair, qui engloutissait et empaquetait l'intrus. Le microprocesseur, voyant le piège refermé, pouvait alors sonder la molécule captive en recherchant une forme de la dosagine qui l'emprisonnerait encore plus étroitement. Il n'y avait plus de collisions inutiles et mal assorties - plus de molécules d'insuline s'écrasant sur des anticorps du cholestérol avec un résultat nul sur le plan de l'information. La dosagine identifiait à tous les coups ce qui l'avait touché.

Greg Egan, L'énigme de l'univers, 1995.

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Texte 6 :

Les cellules solaires en plastique font un bon en avant

Avec 8,3 % d’énergie lumineuse transformée en énergie électrique, les panneaux plastique de la société américaine Konarka établissent une nouveau record de rendement pour les cellules à base de polymères. Les performances de ces panneaux, contrôlées par la National Energy Renewable Laboratory (NREL), sont spectaculaires : elles ont cru de près d’un tiers en trois années seulement. Le rendement du « Power Plastic » de Konarka atteint désormais la moitié de celui des cellules traditionnelles rigides à base de silicium, mais à un coût trois fois moins élevé et sur un support souple, grâce à des techniques de fabrication inspirées de l’imprimerie : les panneaux sortent sous forme de rouleaux de 152 cm de large, sur une longueur quasiment illimitée.

Pierre Grumberg , Science et Vie, décembre 2010.

http://mondedurable.science-et-vie.com/2010/12/les-cellules-solaires-en-plastique-font-un-bon-en-avant/

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Texte 7 :

Le graphène pourrait aider à séquencer l’ADN

Encore une application pour le graphène : cette fois, c’est en décodeur d’ADN que l’équipe du physicien américain Daniel Branton, associant des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology et de l’Université de Harvard, veut transformer le désormais fameux feuillet de carbone d’un atome d’épaisseur. L’idée est la suivante : utiliser une membrane de graphène (épaisse de deux feuillets, soit moins d’un nanomètre d’épaisseur) pour séparer deux bacs contenant chacun des ions en solution. Lorsque des ions traversent la membrane par un trou de quelques nanomètres de diamètre, un signal électrique continu est mesuré. L’idée des chercheurs est d’introduire des molécules d’ADN dans un des bacs. Attirées dans le trou, les longs rubans y pénètrent alors comme un fil par le chas d’une aiguille. Chaque base composant le code génétique étant d’une taille légèrement différente, son passage dans le trou modifie le flux d’ions traversant, et du coup le signal électrique. Dont la variation permet alors d’identifier les composants de la chaîne, base par base… Vertigineux ! Évidemment, il s’agit encore d’un « décodeur » expérimental, encore très loin d’un dispositif industriel. Mais les chercheurs espèrent bien parvenir à en tirer un appareil à la fois plus rapide et moins coûteux que les décodeurs actuels.

http://nouvellestechnos.science-et-vie.com/14/09/2010/le-graphene-pourrait-aider-a-sequencer-ladn/

Extrait de roman ou d'article scientifique ?

Rayez la fausse appellation. Justifiez.

Passé fantasmé, futur proche et futur lointain : quelle science Fiction ?Demander aux élèves de déterminer, parmi les extraits de romans précédents, ceux dont

l'action se déroule sur Terre et ceux qui se déroulent ailleurs.

Les élèves affinent leur définition de la SF et leurs réponses vont souvent à l'encontre de ce qu'ils croyaient être obligé dans le domaine de la SF, idée forgée par les films et séries à effets spéciaux dont la TV les abreuve : hormis pour le premier extrait, l'action de tous les autres se situe sur Terre.

La SF peut donc se passer de vaisseaux spatiaux, de lointaines planètes, d'extra terrestres... Même si elle peut faire appel à des mondes parallèles, ils peuvent être à deux doigts de nous ou à un clic de souris.

II. Langage de la crédibilité : la pseudo-science ou l'art de faire prendre des vessies pour des lanternes

Comment se construit un univers de SF, une ambiance, une atmosphère propre à la science-fiction et comment se différencie-t-elle d'articles scientifiques ?

Bien-sûr, la préoccupation de tout auteur de roman est d'introduire son lecteur dans une fiction. Mais la question est particulièrement prégnante avec la Science-fiction puisqu'elle a pour but d'induire un pacte de lecture qui d'emblée projette le lecteur dans un univers qui lui est peu ou prou inconnu.

Si la langue romanesque de la SF utilise les ressorts littéraires éprouvés de la construction de fiction, il est bon de montrer aux élèves la prolifération de ces ressorts littéraires pour forcer le lecteur à entrer dans des univers très particuliers. Comment la SF pousse néanmoins au paroxysme certains procédés pour maintenir des repères et entretenir une connexion constante avec l'univers des auteurs.

On retrouvera donc tous les artifices littéraires que nous connaissons mais nous amènerons

les élèves à remarquer leur abondance créant en quelque sorte : Une langue de la prolifération au service des élucubrations.

La méthode pour amener cette prise de conscience d'un pacte de lecture amplifié serait donc

mettre en parallèle extraits de romans et articles scientifiques pour insister sur certains procédés. On pourra en étudier un ou deux à l'aide des extraits donnés parmi les suivants.–Les caractéristiques des situations d'énonciation avec présence ou absence de narrateurs et de personnages ; jeu sur la prominalisation ; –le jeu des temps : présent du compte rendu ou temps du passé propres au récit ;–Les modalisateurs : ils permettent de distinguer le « dictum », ce qui est dit, du « modus », l'intention avec laquelle on le dit. Les modalisateurs sont les marqueurs privilégiés de la subjectivité : ils abondent bien-sûr dans les extraits de romans contrairement aux articles scientifiques visant l'objectivité et la neutralité. On retrouve donc l'expression de la modalisation avec :–les verbes, leur temps, leur mode quand ils énoncent une impression ou une probabilité ;–avec la présence d'adverbes et d'adjectifs qui traduisent le ton engagé du narrateur ; ils abondent dans les extraits de romans, sont renforcés par les points d'exclamation et de suspension alors qu'ils sont peu fréquents dans les articles scientifiques.–Et bien sûr, on se penchera sur la surabondance des particularités lexicales dans les romans de SF en mettant en évidence avec les élèves :–les niveaux de langue : soutenu, courant et familier sont mélangés dans les romans alors que les articles scientifiques favorisent le soutenu (les textes scientifiques se classent dans une catégorie du soutenu) ;–métaphores et comparaisons : présentes dans les passages de romans, rigoureusement absentes dans les compte-rendus scientifiques mais présentes dans la vulgarisation scientifiques !!!–les nombreux néologismes qui abondent dans les extraits de romans alors qu'ils sont rigoureusement exclus des articles scientifiques : précogs = apocope de « précognition » ; conurb = apocope de conurbation. Procédé phonétique, l'apocope peut être employée sciemment pour oraliser un discours ou pour brouiller le message dans un but esthétique particulier. –Mots valises : robopharm. Technofétichistes. Micrologiciels.Cette multiplication des néologismes fait évoluer le lecteur dans une dimension abstraite qui contribue à la poétique du récit de science fiction.–Insertion de noms de sociétés commerciales ou de laboratoires scientifiques réels pour une plus grande crédibilité afin de brouiller les pistes de la fiction dans les romans ; Souci des références à des noms de scientifiques ou de laboratoires pour une crédibilité, une vraisemblance pour ce qui reste principalement des élucubrations romanesques. Mais elles sont construites sur la copie d'articles scientifiques, en particulier pour l'extrait n° 5.–Insertion directe de mots scientifiques sans explications (liquide GABA) ; au contraire, dans les articles scientifiques il est usé de comparaisons et même de métaphores pour faire comprendre les concepts aux lecteurs : vulgarisation scientifique. –usage du franglais comme une ressource naturelle liée au genre anglo saxon de la SF (dosagine).Ce jeu entre mots inventés et références établies, participe évidemment des effets de réel. Il assure une crédibilité à la fiction par un soutènement pseudo scientifique. Le langage est ici performatif. Le cadre de la fiction est donné à priori et dans le sens d'un argument d'autorité. Il est inhérent au pacte de lecture, et le lecteur doit l'accepter d'emblée pour se transporter dans des mondes imaginaires. En effet, qui parmi nous connaît le liquide GABA ?–L'acide 4-hydroxybutanoïque ou gamma-hydroxybutyrate ou GHB est un psychotrope dépresseur, utilisé à des fins médicales ou à des fins détournées (parfois comme « drogue de viol »). Découvert par les laboratoires Balmer & CO, il est produit physiologiquement dans le cerveau des mammifères et sa structure chimique est très proche du neurotransmetteur GABA.

Les données scientifiques exactes ou imprécises n'empêchent pas de lire le roman : elles ne servent que de cadre enveloppant à une intrigue principale et aux actions des héros. Les enjeux des intrigues des romans de SF touchent aux préoccupations existentielles de l'humanité et sont universelles puisqu'elles traitent de son avenir, de son eschatologie.

Ce registre pseudo scientifique n'est qu'un cadre et ne constitue pas un parcours fléché d'importance pour le lecteur qui reste accroché à l'intrigue du roman et à l'évolution de ses personnages.

III. Exercice d'écriture :

Pour introduire un exercice d'écriture récapitulatif de quelques impératifs de langue inhérents à la SF on pourra procéder en trois étapes : I. donner aux élèves les étapes du compte-rendu scientifique :1. Décrire les problèmes posés et les hypothèses émises.

2. Exposer le protocole expérimental.

Sans entrer véritablement dans le détail, il faut décrire brièvement les outils et le déroulement de l'expérience.

3. Présenter les résultats de l'expérience :

4. Faire la critique de l'expérience et conclure.

Il s'agit là de faire le bilan de l'expérience et de ses limites en guise de conclusion.

II. Replacez logiquement des mots dans l'énoncé d'une expérience :

L'expérience de l'œuf flottantReplacez logiquement ces mots dans l'énoncé de cette expérience : solution, doucement, légers, complètement, délicatement, grand, frais, ingrédients, densités, préparation, à l'origine, composés.

... :

1. un œuf ...2. un ... verre 3. du sel de cuisine

... :

1. Remplir le ... verre d'eau du robinet. 2. Placez l'oeuf ... à la surface de l'eau et lâchez-le. L'oeuf coule ! 3. Avec une cuillère, versez du sel dans l'eau et remuez ... au fur et à mesure. 4. Observez

Que se passe t-il ?

L'oeuf flotte.

Pourquoi ?

C'est une question de rapport entre les ... de l'eau et de l'oeuf. En effet, ... , l'eau est plus légège que l'oeuf car les ... les plus ... se positionnent au dessus des ... les plus lourds (comme l'huile flotte sur l'eau). En versant du sel dans l'eau, la ... finit par devenir plus lourde que l'oeuf : celui-ci flotte !

Ecriture :

Première étape : Teintez de subjectivité la dernière étape de ce compte-rendu scientifique en y introduisant vos commentaires et vos impressions. Utilisez ces expressions et adverbe : Il me semble, vraiment, génial, formidable, il paraît, le croirez-vous, fantastique !

Deuxième étape : Fictionnez ce compte rendu en le poursuivant dans le genre de la science fiction, cette fois ! Introduisez, par exemple, des ingrédients chimiques ou des machines pour faire éclore cet oeuf transformé par vos soins. Imaginez quelle sera la créature qui naîtra de vos expérimentations pseudo scientifique.

La Mouche 6

Traversée du miroirEnthousiasme ou inquiétude ?

La science fiction parle-t-elle de la réalité ?

Dominantes : Lecture expliquée, étude de la langue.

Capacités : Discerner une tonalité. Être capable de repérer les champs lexicaux et éléments de dramatisation.

Méthode : Dégager les tonalités.

Notions : Deux figures de style et leur utilisation : hyperbole et gradation croissante ou décroissante.

Attitude : Interpréter les implicites d'un texte en fonction de son contexte d'écriture et de publication.

Travaux élèves : Réinvestir les notions d'hyperbole et gradations.

Figures d'amplification : hyperboles, gradation

http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/index-figures.php

Extrait 52-54

Après une série de nouvelles expériences et de longues heures de veille, Bob m'annonça un beau jour que son appareil fonctionnait enfin parfaitement, et m'invita à venir le voir.

Je fis préparer un plateau avec du champagne et deux coupes, afin de fêter dignement sa réussite, car je savais que s'il m'invitait à venir voir son invention c'est qu'elle était véritablement au point.

« Excellente idée, déclara-t-il en me prenant le plateau des mains. Nous allons fêter cela avec du champagne réintégré.

– J'espère qu'il ressortira aussi bon qu'avant sa désintégration, Bob.

– Ne craignez rien, Anne. Vous allez voir. »

Il ouvrit la porte d'une cabine qui n'était autre qu'une vieille cabine téléphonique qu'il avait transformée.

« C'est l'appareil de désintégration-transmission », expliqua-t-il en posant le plateau sur un

escabeau à l'intérieur de la cabine.

Il referma la porte, puis me tendit une paire de lunettes de soleil et me plaça devant la porte vitrée de la cabine.

Ayant lui-même mis des lunettes noires, il manipula divers boutons à l'extérieur de la cabine et j'entendis le doux ronron d'un moteur électrique.

« Prête ? Demanda-t-il en éteignant la lampe dans la cabine et en tournant un autre commutateur qui inonda l'appareil d'une lumière bleuâtre. Alors, regardez bien ! »

Il abaissa une manette et tout le laboratoire fut violemment illuminé par un insoutenable éclat orange. A l'intérieur de la cabine, j'avais pu voir comme une boule de feu qui crépita un instant. J'en avais senti la chaleur soudaine sur mon visage et mon cou et l'instant d'après, je ne voyais plus que des trous noirs bordés de vert comme lorsqu'on regarde un instant le soleil.

« Vous pouvez ôter vos lunettes, c'est terminé, Anne. »

D'un geste un peu théâtral, mon mari ouvrit la porte de la cabine et, quoique m'y attendant, je fus tout de même suffoquée de voir que l'escabeau, le plateau, les coupes et la bouteille de champagne avaient disparu.

Bob me fit cérémonieusement passer dans la pièce voisine où se trouvait une cabine en tous points semblable à l'autre et, ouvrant la porte, il en sortit triomphalement le plateau et le champagne qu'il déboucha aussitôt. Le bouchon sauta joyeusement et le champagne pétilla dans les coupes.

« Vous êtes sûr qu'il n'est pas dangereux à boire ?

– Certain, dit-il en me tendant une coupe. Et, maintenant, nous allons tenter une nouvelle expérience. Voulez-vous y assister ? »

Nous passâmes dans la salle du poste de désintégration.

« Oh ! Bob ! Souvenez-vous du pauvre Dandelo !

– Ce n'est qu'un cobaye, Anne. Mais je suis persuadé qu'il passera sans encombre. »

Il plaça le petit animal à même le sol métallique de la cabine, puis me fit de nouveau mettre des lunettes noires. J'entendis le ronronnement du moteur, je vis de nouveau l'éclair fulgurant mais, sans attendre cette fois, je me précipitai dans la pièce voisine. Par la porte vitrée de la cabine réceptrice, je vis le cobaye qui courait de droite et de gauche.

« Bob, darling ! Ça y est ! C'est réussi !

- Un peu de patience, Anne. Nous serons fixés d'ici quelque temps.

- Mais il est parfaitement bien et aussi vivant qu'avant.

- Oui, mais il faut savoir si tous ses organes sont intacts et ceci demandera un certain temps. S'il se porte encore bien dans un mois, nous pourrons tenter d'autres expériences. »

Ce mois me sembla un siècle. Tous les jours je venais voir le cobaye qui semblait se porter à merveille.

A la fin du mois, Bob mit Pickles, notre chien, dans la cabine. Il ne m'avait pas prévenue, car je n'aurais jamais permis une telle expérience avec Pickles. Mais celui-ci semblait y prendre goût. En un seul après-midi, il fut désintégré-réintégré une dizaine de fois et sitôt qu'il ressortait de la cabine réceptrice, il se précipitait en jappant vers le poste émetteur pour recommencer l'expérience.

Bombe atomique

Figures d'amplification : hyperbole ; Disproportion flash/objet

Tonalité joyeuse

Prudence imprudence : coupe de champagne

Que se passe-t-il dans ce passage ?

Quelle est sa tonalité ?

I. Une réussite enthousiasmante

Comment le savant et sa femme fêtent-ils cette réussite ?

Relevez les éléments du champ lexical de la joie de Anne et du savant. (lunettes de soleil : vacances)

Sont-ils les seuls à être joyeux ?

Mais toute cette atmosphère joyeuse est-elle absolument sans mélange ?

II. Un drame en germe

Anne n'éprouve-t-elle aucune inquiétude ?

Relevez le champ lexical de son inquiétude.

L'expérience elle-même ne pourrait-elle pas être dangereuse ?

Que doivent faire ceux qui y assistent ?

Les hyperboles sont des mots et des expressions qui marquent la grandeur, l'exagération. Ce sont des figures d'amplification. Relevez ces hyperboles durant l'expérience sur la bouteille de champagne.

Parmi les cinq sens, quels sont ceux qui sont sollicités durant l'expérience ?

Que pensez-vous du rapport entre la puissance mise en jeu dans cette expérience et la téléportation d'une simple bouteille de champagne ?

Totale disproportion.

Quel double sens revêt le fait de chausser des lunettes de soleil ?

Cette précaution est-elle suffisante ?

Dans l'expérience avec le cobaye, trouvons-nous des hyperboles ?

Leur enchaînement, leur gradation est-elle croissante ou décroissante ?

Anne peut-elle faire absolument confiance en son mari ? Lui dit-il tout ?

Non, à son insu, il expérimente le procédé avec Pickles, son animal de compagnie ; après Dandelo, le chat, c'est au tour du chien d'être désintégré.

En 1957, au moment de la publication de cette nouvelle, de quelles grandes expérimentations et de quelles grandes inquiétudes collectives cette expérience peut-elle être évocatrice et métaphorique ? Ces craintes sont-elles toujours actuelles ?

Bombe atomique, apocalypse ; équilibre de la terreur.

Exercice d'écriture : Décrivez en quelques lignes ce cours de français et donnez lui une dimension fantastique en utilisant des hyperboles et une gradation croissante.

Prolongements :

Progrès scientifiques...

Les sciences peuvent-elles nous faire perdre notre humanité ?

Recherche scientifique et volonté de progresser peuvent-ils tout excuser ?

Dominante : Ouverture philosophique.

Capacités : Relier une œuvre à son contexte de publication.

Méthode : Groupement de textes. Transversalité culturelle avec l'histoire.

Notions : Lexique : raison, science, conscience, responsabilité, dissuasion, équilibre de la terreur. Hiroshima, Nagazaki.

Travaux élèves : Confronter des citations avec des textes.

Attitude : Expliquer les grandes peurs du monde actuel par un regard sur le passé.

I. De la théorie à la pratique

J’affirme que le sentiment religieux cosmique est le motif le plus puissant et le plus noble de la recherche scientifique.

La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle.Albert Einstein, Pensées intimes, Lettres à la reine de Belgique, 28 mars 1954.

Comment comprenez-vous cette expression d'Einstein : « le sentiment religieux cosmique » ?

Pour Albert Einstein, l'auteur de ces deux citations, au service de qui doit être le scientifique ?

Albert Einstein (né le 14 mars 1879 à Ulm, Wurtemberg, et mort le 18 avril 1955 à Princeton, New Jersey) est un physicien qui fut successivement allemand, puis apatride (1896), suisse (1901), et enfin helvético-américain (1940).

Le 2 août 1939, il rédige une lettre à Roosevelt qui contribue à enclencher le Projet Manhattan consistant à travailler sur l'énergie nucléaire avec un autre savant, l'américain Robert Openheimer. En 1945, lorsqu’il comprend que les États-Unis vont réaliser la première bombe atomique de l’histoire, il prend l’initiative d’écrire une nouvelle fois à Roosevelt pour le prier de renoncer à cette arme. Après la guerre, Einstein milite pour un désarmement atomique mondial, jusqu’au seuil de sa mort en 1955, où il confesse : « j’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé cette lettre [de 1939]. »

Pendant la guerre froide, il s’exprime contre la course aux armements et appelle les scientifiques à plus de responsabilités, les gouvernements à un renoncement commun à la prolifération des armes atomiques et à leur utilisation, et les peuples à chercher d’autres moyens d’obtenir la paix (création du Comité d’urgence des scientifiques atomistes en 1946, Manifeste

Russell-Einstein en 1954). Il s’est plusieurs fois exprimé sur sa conviction de la nécessité de créer un État mondial.

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19450806

–Sur quoi a travaillé Einstein ?

–Savait-il comment le gouvernement américain utiliserait ses travaux ?

–Quels ont été ses sentiments à l'égard de ses propres recherches ?

–Qu'a-t-il voulu le reste de sa vie ?

–Cette courte biographie confirme-t-elle les citations précédentes . Justifiez.

Einstein et Robert Oppenheimer.

II. Du rêve à la réalité

Il est étrange que la science, qui jadis semblait inoffensive, se soit transformée en un cauchemar faisant trembler tout le monde.

J’ignore la nature des armes qu’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coups de pierres.

Il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité.

Albert Einstein, Pensées intimes, Lettres à la reine de Belgique, 28 mars 1954.

- En quoi le sens général de ces citations diffère-t-il des précédentes ?

- Expliquez le sens de la seconde.

- Quel sera, selon Einstein, la cause de la fin de l'humanité ?

Le 16 juillet 1945, les Américains procèdent dans le désert du Nouveau Mexique à un premier essai nucléaire. L'expérience est pleinement réussie, mais, faute d'expérience, les scientifiques ne mesurent pas précisément les effets de la bombe atomique sur les populations.

Le 26 juillet, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine adressent au Japon un ultimatum qui fait implicitement allusion à une arme terrifiante.

Finalement, au petit matin du 6 août 1945, le bombardier Enola Gay s'envole vers l'archipel nippon, avec, dans la soute, une bombe à l'uranium de quatre tonnes et demi surnommée Little Boy. L'état-major choisit pour cible la ville industrielle d'Hiroshima (300.000 habitants), en raison de conditions météorologiques optimales.

L'équipage d'Enola Gay avec Paul Tibbets au centre.

La bombe est larguée à 8h15. 70.000 personnes sont tuées. La majorité meurt dans les incendies consécutifs à la vague de chaleur. Plusieurs dizaines de milliers sont grièvement brûlées et beaucoup d'autres mourront des années plus tard des suites des radiations (on évoque un total de 140.000 morts).

Champignon atomique produit par l'explosion sur Hiroshima, le 6 août 1945

Pourtant, les dirigeants japonais ne cèdent pas devant cette attaque sans précédent. Les Américains décident alors de larguer leur deuxième bombe atomique. À Nagasaki (250.000 habitants), le 9 août, 40.000 personnes sont tuées sur le coup (80.000 morts au total selon certaines estimations).

Vue de Hiroshima, peu après le bombardement.

La veille de l'attaque de Nagasaki, l'URSS a déclaré la guerre au Japon et lancé ses troupes sur la Mandchourie. Mais ce sont les victimes d'Hiroshima et de Nagasaki qui convainquent le gouvernement japonais de mettre fin à une résistance désespérée. Le 2 septembre, le général américain MacArthur reçoit la capitulation japonaise.

La Seconde Guerre mondiale est terminée... et le monde entre dans la crainte d'une

apocalypse nucléaire.

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19450806

–Les scientifiques américains savaient-ils tout ce qu'ils faisaient, en connaissaient-ils les conséquences ?

–Que pensez-vous du nom donné à la première bombe atomique ?

–Trouvez deux raisons pour lesquelles la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima ? Au mépris de quoi, au mépris de qui ?

–Pour quelle raison la seconde bombe atomique a-t-elle été larguée sur Nagasaki ?

–Sous quelle menace, sous quelle épée de Damoclès, l'humanité vit-elle désormais ?

La Mouche 7

Science sans conscienceQuelles métamorphoses pour le savant et son épouse ?

p. 58, 59, 62, 63-64

Dominantes : Lecture expliquée; étude de la langue ; ouverture philosophique.

Capacités :

Méthode : Groupement de textes. Textes donnés successivement (pas d'un seul coup) pour émettre des hypothèses de lecture.

Notions : « hybridation » épistolaire embryonnaire. Tonalité tragique. Modalités d'expression de la terreur : valeur des répétitions. Aspects métaphysiques ; le matérialisme, l'athéisme.

Travaux élèves : Se décentrer (jeu des pronoms) et réinvestir les acquis sur le compte-rendu scientifique et le langage hyperbolique pour envisager des hypothèses de lecture.

Attitude : S'intéresser à l'expression de sentiments paroxystiques.

Texte 1 :

Anne,

Je compte sur votre fermeté d'esprit pour ne pas vous affoler, car vous seule pouvez m'aider. Il m'est arrivé un accident grave. Ma vie n'est pas en danger pour le moment, mais c'est quand même une question de vie ou de mort. Je ne puis parler : il est donc inutile de m'appeler ou de me questionner à travers la porte. Il va falloir que vous fassiez très exactement tout ce que je vous demanderai. Après avoir frappé trois coups pour me signifier votre accord, allez me chercher un bol de lait dans lequel vous verserez un bon verre de rhum. Je n'ai ni mangé ni bu depuis hier soir et j'en ai bien besoin. Je compte sur vous. B.

Le cœur battant, je frappai les trois coups demandés et me précipitai vers la maison pour lui rapporter ce qu'il me demandait. […]

Dans la pièce à côté, j'entendis Bob s'approcher de son bureau et, un moment après, un étrange bruit de succion, comme s'il avait eu du mal à boire. […]

« Puis-je venir dans la pièce où vous êtes ? Je ne comprends pas ce qui a pu arriver, mais,

quoi que ce soit, je serai courageuse. »

Il y eut un moment de silence, puis il frappa une fois sur son bureau.

A la porte séparant les deux pièces, je restai clouée de stupeur. Bob avait recouvert sa tête avec le tapis de velours doré qui se trouvait habituellement sur la table où il mangeait, quand il ne voulait pas quitter son travail. […]

« Ne pourriez-vous pas aller vous coucher ? Si vous voulez, je vous conduirai à la chambre d'ami et je m'arrangerai pour que personne ne vous voie. »

Sa main gauche sortit de dessous le tapis qui retombait jusque sur son ventre, et il frappa son bureau deux fois.

« Avez-vous besoin d'un médecin ? »

« Non », fit-il en frappant son bureau.

« Voulez-vous que je téléphone au professeur Moore. Il vous sera peut-être plus utile que moi ? »

Deux fois, il fit rapidement non de la main. Je ne savais plus que dire ni que faire. […]

Bob fit entendre un curieux soupir rauque, qui avait quelque chose de métallique, aurait-on dit. Et c'est à ce moment que je me mordis la main au sang pour ne pas crier. Il avait laissé tomber son bras droit le long de son corps et, à la place de sa main et de son poignet, il y avait comme un petit bâton gris avec des petits crochets qui dépassaient de sa manche.

« Bob, mon chéri, expliquez-moi ce qui est arrivé. Je pourrai peut-être mieux vous aider si je sais de quoi il s'agit... Oh ! Bob, c'est affreux ! » dis-je en tentant vainement d'étouffer mes sanglots.

Sa main gauche sortit de dessous le tapis et, après avoir frappé une fois sur le bureau, me montra la porte.

Je sortis et m'effondrai dans le couloir, comme il repoussait le verrou derrière la porte. […]

Vous souvenez-vous du cendrier ? Il m'est arrivé un accident un peu semblable, mais, hélas, ! beaucoup plus grave. Je me suis moi-même désintégré-réintégré une première fois avec succès. Au cours d'une deuxième expérience, je ne me suis pas aperçu qu'une mouche était entrée dans la cabine de transmission. (pp.57-59)

I. Dialogue de sourds

Bob peut-il parler ?

Qu'indiquent à nouveau les changements de police ?

Comment communiquent Anne et son mari, désormais ?

Quel changement Bob a-t-il subi ?

Est-il totalement métamorphosé ou en partie ?

Repérez toutes les marques de cette hybridation.

Exercice d'écriture : « … Je ne me suis pas aperçu qu'une mouche était entrée dans la cabine de transmission. » Rédigez la suite de l'explication de Browning.

Texte 2 :

« Vous m'avez parlé du cendrier de votre première expérience. Bob, croyez-vous que si vous l'aviez repassé dans votre appareil, que si vous l'aviez de nouveau désintégré-réintégré, les lettres auraient pu reprendre leur place ? »

Quelques minutes après, je lus sur la feuille glissée sous la porte :

Je comprends où vous voulez en venir, Anne. J'ai pensé à cela et c'est pourquoi il me faut la mouche. Il faut qu'elle soit retransmise avec moi, sinon, c'est sans espoir.

« Essayez à tout hasard. On ne sait jamais. »

J'ai déjà essayé fut cette fois la réponse.

« Bob, essayez encore ! »

La réponse de Bob me donna un peu d'espoir, car aucune femme n'a jamais compris et ne comprendra jamais qu'un homme puisse plaisanter, alors qu'il sait qu'il va mourir. Une minute plus tard, je lus en effet :

J'admire votre logique féminine. Nous pourrions faire cela pendant cent sept ans... Mais pour vous faire ce plaisir, sans-doute le dernier, je vais repasser. Si vous ne trouvez pas de lunettes noires, tournez le dos à la cabine réceptrice et couvrez vos yeux avec vos mains. Prévenez-moi dès que vous serez prête.

« Allez-y, Bob ! »

Sans même chercher les lunettes, j'avais obéi à ses instructions. Je l'entendis remuer diverses choses, puis ouvrir et refermer la porte de transmission. Après un moment d'attente qui me sembla interminable, j'entendis un violent crépitement et je perçus une brillante lueur à travers mes paupières et mes mains appliquées sur les yeux.

Je me retournai et regardai.

Bob, son tapis de velours sur la tête, sortit lentement de la cabine réceptrice.

« Rien de changé, Bob ? » demandai-je doucement, en lui touchant le bras.

Il se recula vivement à ce contact et buta contre un tabouret renversé que je n'avais pas ramassé. Il fit un violent effort pour ne pas perdre l'équilibre, et le tapis de velours doré glissa lentement de dessus sa tête comme il tombait lourdement en arrière.

Jamais, je n'oublierai cette vision d'horreur. Je hurlai de peur et plus je hurlai plus j'avais peur. J'enfonçai mes doigts dans ma bouche comme un bâillon, pour étouffer mes cris et, après les avoir mordus au sang, je hurlai de plus belle. Je sentais, je savais que si je n'arrivais pas à détacher mon regard de lui, à fermer les yeux, je ne pourrais plus jamais cesser de hurler.

Lentement, le monstre qu'était devenu mon mari se recouvrit la tête avant de ses diriger à tâtons vers la porte, et je pus enfin fermer les yeux.

Moi qui croyais en un monde meilleur, en une autre vie, qui n'avait jamais eu peur de la mort, il ne me reste plus qu'un espoir, celui du néant des matérialistes*, car, même dans une autre vie, jamais je ne pourrai oublier. Jamais je ne pourrai effacer l'image de cette tête de cauchemar, cette tête blanche, velue, au crâne plat, aux oreilles de chat, mais dont les yeux auraient été recouverts par deux plaques brunes, grandes comme des assiettes et remontant aux oreilles pointues. Rose et palpitant, le museau était aussi celui d'un chat, mais à la place de la bouche était une fente garnie de longs poils roux et d'où pendait une sorte de trompe noire et velue qui s'évasait en forme de trompette.

* Le matérialisme est une doctrine philosophique d'après laquelle il n'existe pas d'autre substance que la matière et qui n'accorde donc aucun crédit à l'idée de survie de l'âme après la mort.

II.De l'inversion à l'aversion

Que découvre Anne dans cet extrait ?

Quel regard porte-t-elle sur son mari ?

Comment pense-t-elle résoudre le problème au début de cet extrait ?

A votre avis, Anne est-elle réellement naïve ou Bob est-il plutôt condescendant ? Justifiez.

Quel passage peut-il à nouveau être métaphorique d'une explosion atomique ? Justifiez en repérant un champ lexical.

Quelle est la réaction de Anne à la vue de son mari ? Identifiez un champ lexical à l'appui de votre réponse. Terreur.

Par quels procédés cette réaction est-elle accentuée ? Répétitions + Hyperboles.

L'hybridation, la métamorphose de Bob est complexe. Pourquoi ? Retrouvez-en les caractéristiques. Chat (Dandelo) + mouche.

Dans le passage qui traduit l'expérience de désintégration-réintégration, quelle grande et nouvelle peur de l'humanité est-elle à nouveau évoquée ? Comment ?

L'angoisse d'une explosion atomique est à nouveau traduite ici ainsi que ses conséquences. Explosion et son champ lexical + mutant + terreur face à l'inconnu.

Quelles illusions cette vision fait-elle perdre à Anne ?

Pas d'échappatoire possible même métaphysique à la folie de l'homme qui a joué à l'apprenti sorcier ou s'est pris pour un dieu. Folie irréversible. cf. mythe de Prométhée.

Que souhaite-t-elle désormais ?

Que la mort soit comparable au « néant des matérialistes ».

Pour Anne, perte de tout espoir en la science : elle n'est plus envisagée comme unique facteur de progrès mais comme source de calamité.

Prolongement : Histoire des arts

Mythologie moderne

Le monde enchanté de la radioactivitéQuelle a été la genèse des super héros ?

Les héros du vingtième sont-ils les rejetons d'expériences ratées ?

Dominante : Transversalité histoire et histoire des arts : une incursion dans le domaine de la BD avec l'exploration des Comics. Approche sociologique d'une nouvelle mythologie.

Capacités : Interpréter des images de héros de bande dessinée. Classer au premier coup d'œil les bons et les méchants.

Méthode : Mettre en rapport documents historique, biographique et essai. Réfléchir sur les couleurs, attitudes, premier et second plans. Mettre en rapport les super héros avec les dieux antiques.

Notions : Genèse et contextualisation des héros de Comics : la guerre froide ; le code et la symbolique des couleurs.

Attitude : Comprendre en quoi les super héros constituent une affirmation nationaliste et une résurgence des mythologies antiques.

Travaux élèves : TIC et lecture d'images.

I. L'art populaire, miroir des hantises de la société occidentale

Un inquiétant contexte de parution : super bons et super méchants

a) Les origines de la guerre froide

De Stettin, dans la Baltique, à Trieste, dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent les capitales de tous les pays d'Europe orientale : Varsovie, Prague, Berlin, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia. Toutes ces villes célèbres, toutes ces nations se trouvent dans la sphère soviétique, et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l'influence soviétique, mais encore au contrôle très étendu et constamment croissant de Moscou. Athènes seule, avec sa gloire immortelle, est libre de décider de son avenir par des élections auxquelles assisteront des observateurs britanniques, américains et français (...). Les communistes qui étaient très faibles dans tous ces pays de l'Est européen, ont été investis de pouvoirs qui dépassent de beaucoup leur importance et ils cherchent partout à exercer un contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers s'installent à peu près partout, au point qu'à l'exception de la Tchécoslovaquie, il n'y a pas de vraie démocratie (...).

Winston Churchill, Discours prononcé à l'Université de Fulton ( USA ), 1946.

1)Quand ce discours a-t-il été prononcé par Churchill ? Après quelle période ?

2)Qui étaient les Alliés durant cette période ? Quelles nations les représentaient ?

3)Que nous apprend ce texte sur les relations entre les alliés après 1945 ? Qui est désormais l'ennemi ?

4)Pourquoi ? Quels sont les deux camps qui s'organisent et coupent le monde en deux à partir de cette époque jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989 ? Les hantises d’une société : guerre froide, nucléaire, mutants, infiltration, espionite.

b) Biographie de Stan Lee

Originaire de New York, Stan Lee se passionne très jeune pour les comics. Une passion qui le pousse dès l'adolescence à participer à l'écriture des aventures de Captain America chez Timely Comics (qui deviendra plus tard Marvel Comics). Engagé ensuite dans l'armée pendant la Seconde Guerre Mondiale, il officie dans les services de communication avant de se consacrer pleinement à l'édition à la fin du conflit.

Au début des années 60, il crée plusieurs séries dont Les 4 Fantastiques, L'incroyable Hulk, Les X-Men ou encore Spider-man. Des titres qui le propulsent parmi les plus grands auteurs du genre. Ses super héros, plus humains, devant affronter leurs failles et leurs défauts, forgent années après années le style de Stan Lee. Il est alors responsable de la publication chez Marvel et la société devient rapidement la référence des comics aux Etats-Unis et bientôt dans le monde.

Fort de son impact sur la culture américaine, Stan Lee et ses héros envahissent les autres médias dont la télévision où plusieurs séries inspirées de super héros voient le jour (L'Incroyable Hulk). Mais c'est au cinéma que Marvel connaît certaines de ses plus belles heures avec notamment la trilogie Spider-Man réalisée par Sam Raimi. Désormais producteur exécutif des adaptations, Stan Lee peut même être aperçu dans chaque film où ses caméos discrets sont toujours remarqués par ses innombrables fans à travers la planète.

http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=59857.html

1)Sur les aventures de quel héros Stan Lee travaille-t-il dès son adolescence ?

2)En quoi sa fascination pour ce héros se retrouve-t-elle dans sa vie ?

3)Quels personnages invente-t-il ?

4)Connaissez-vous l'origine des transformations de ces hommes en super héros ? Rejetons d'expériences scientifiques ratées ou par irradiation.

5)En se référant au texte précédent, durant quelle période ces super héros apparaissent-ils ? Où ? A votre avis, pourquoi ? Genèse par la guerre froide. Les nouveaux héros du vingtième : les rejetons d’expériences ratées. Le pire ennemi de Superman est la kryptonite qui ressemble fort à l'uranium utilisé dans les bombes atomiques. L'URSS possède elle aussi la bombe. Docteur Octopus est le grand ennemi de Spiderman : la pieuvre URSS dont les tentacules des espions tentent de s'infiltrer aux États Unis. Supers héros = Supers protecteurs : ils permettent d'exorciser les angoisses liées à la science avec la menace atomique et liées à la guerre froide.

II. Des costumes qui parlent : analyse d'images

a) Une nouvelle mythologie : la mythologie des Comics (lectures d’images). Une résurgence des demi dieux antiques au service de la nation. (cf. la météo)

C'est là une des caractéristiques essentielles du bleu dans la symbolique occidentale des couleurs : il ne fait pas de vagues, il est calme, pacifique, lointain, presque neutre. Il fait rêver bien sûr (pensons de nouveau ici aux poètes romantiques, à la fleur bleue de Novalis, au blues), mais ce rêve mélancolique a quelque chose d'anesthésiant. On peint aujourd'hui en bleu les murs des hôpitaux, on en habille tous les médicaments de la famille des calmants, on l'utilise dans le code de la route pour exprimer tout ce qui est autorisé, on le sollicite pour en faire une couleur politique modérée et consensuelle. Le bleu n'agresse pas, ne transgresse rien ; il sécurise et rassemble. Les grands organismes internationaux ne s'y sont pas trompés qui tous ont choisi le bleu pour couleur emblématique : autrefois l'ancienne Société des Nations puis, de nos jours, l'ONU, l'UNESCO, le Conseil de l'Europe, l'Union européenne. Le bleu est devenu est devenu une couleur internationale chargée de promouvoir la paix et l'entente entre les peuples ; les casques bleus de l'ONU oeuvrent en ce sens en plusieurs points du globe.

Michel Pastoureau, Bleu, p. 159, Éditions du Seuil, 2006.

Pouvez-vous mettre en relation le texte avec les costumes de Superman et Spiderman ?

Que peut symboliser la couleur rouge dans ces deux costumes ?

En quoi les costumes de Bouffon vert et Docteur Octopus, deux ennemis jurés de Spider-man, suffisent-ils à les identifier comme ceux de Super Méchants ?

Captain America

Finalement, de quoi sont faits les costumes de Superman, Spider-Man et Captain America ? Quels valeurs incarnent-ils ?

b) à vous de jouer

Choisissez deux supers héros : un super bon et un super méchant. Présentez brièvement son histoire à la classe puis expliquez pourquoi son costume permet immédiatement de le classer dans l'un ou l'autre camp.

Rouge :

Au niveau psychologique, le rouge représente la joie de vivre, l’optimisme, la vigueur, l’instinct combatif et ses tendances agressives, la pulsion sexuelle, le désir amoureux, la passion, le besoin de conquête...

Jaune

Couleur de la lumière, emblème de l’or, associé au miel, le jaune était la couleur de la lumière céleste révélée aux hommes et de la doctrine religieuse enseignée dans les temples. Mais le jaune lunaire, couleur de l’or terni est du soufre symbolise l’inconstance, la jalousie, les passions dépravés, l’adultère, la culpabilité, la trahison (dans l’iconographie, Judas est vêtu de jaune ; dans plusieurs pays, les juifs devaient porter des vêtements jaunes parce que Judas avait trahi le Christ , ou une étoile jaune... ; en France, on barbouillait de jaune la porte des traîtres, les "briseurs de grève" étaient appelés des "jaunes"...)

Au point de vue psychologique, et dans les rêves, le jaune est la couleur de l’intuition et symbolise la capacité de renouvellement, l’entrain, la jeunesse et l’audace, mais aussi souvent l’instabilité et la vanité. Il révèle un besoin de supériorité et à l’extrême, la volonté de puissance aveugle manifestée en prétentions exagérées à une supériorité factice (souvent compensation d’un sentiment d’infériorité mal liquidé ou inconscient).

Orangé

L’orangé qui procède du rouge et du jaune désigne la révélation de l’amour divin à l’âme humaine et fut le symbole du mariage indissoluble, mais aussi, par renversement du symbole, de l’adultère, de la luxure.

Attribut de Typhon (le monstre qui, en s’attaquant aux dieux de l’Olympe, engagea la lutte entre la lumière et les forces souterraines, le roux a symbolisé dans toutes les mythologies les tendances animales de l’homme, la fécondité extravagante, la perversion, la concupiscence et leurs conséquences : intempérance, débauche, violence, égoïsme...

Vert

Le vert, couleur de la nature, est doué d’un pouvoir de régénération, car il capte l’énergie solaire et la transforme en énergie vitale. Il est le symbole de le régénération spirituelle. Couleur des bourgeons printanier, signalant la fin de l’hiver, il symbolise l’espérance.

Sur le plan psychologique et dans les rêves, le vert, couleur de la vigueur sexuelle, reflète le besoin d’épanouissement, d’estime, de valorisation, de culture et de connaissance.

http://www.dynalum.com/dico/symbolisme-couleurs.htm

Séance 7 : évaluation

Résolution ?Dominantes : Lecture expliquée. Expression écrite.

Capacités : Réinvestir les notions d'hyperbole, oxymore, gradation. Interpréter des implicites.

Méthode : Lecture analytique sur groupement de textes.

Notions : L'art de la chute dans une nouvelle.

Travaux élèves : Confronter des textes. Sujet d'écriture à partir d'un déclencheur ou sujet d'imagination.

Attitude : S'intéresser au rebondissement créé par la chute.

Groupement de textes :

Texte 1 :

Maintenant, vous comprenez. Cette dernière expérience a été un nouveau désastre, ma pauvre Anne. Vous avez sans doute reconnu une partie de la tête de Dandelo. Au moment de ma dernière transmission, ma tête était celle de la mouche. Il ne me reste plus maintenant que ses yeux et sa bouche ; le reste a été remplacé par une réintégration partielle de la tête du chat qui avait disparu.

Vous comprenez maintenant, Anne, qu'il n'y a qu'une solution possible, n'est-ce pas ? Je dois disparaître. Frappez trois fois à la porte pour me donner votre accord et je vous expliquerai ce que nous allons faire.

Oui, il avait raison, il fallait qu'il disparût à tout jamais. Je me rendais compte que j'avais eu tort de proposer une nouvelle désintégration, et je sentais confusément que de nouvelles tentatives ne pourraient produire que des transformations encore plus terribles. p. 65

Texte 2 :

Vous pouvez maintenant deviner le reste. Par le truchement de pages dactylographiées, il m'expliqua son plan et j'acquiesçai.

Glacée, tremblante, la tête en feu, comme un automate, je le suivis à distance jusqu'à l'usine. Je tenais à la main une page entière d'explications concernant la manœuvre du marteau pilon.

Arrivé dans l'usine, devant le marteau, il s'était de nouveau enveloppé la tête et, sans se retourner, sans un geste d'adieu, il s'allongea sur le sol, posant sa tête à l'endroit précis où devait tomber la grosse masse métallique du marteau.

Ce ne fut pas difficile, car ce n'était pas mon mari que je faisais disparaître. Bob, lui, avait disparu depuis longtemps. C'était simplement ses dernières volontés que j'exécutais.

Les yeux fixés sur le corps allongé calmement immobile, j'appuyais sur le bouton rouge de frappe. Silencieuse, la masse métallique descendit moins vite que je n'aurais cru. Le coup sourd de son arrivée sur le sol se confondit avec un seul craquement sec. Le corps de mon... du monstre, fut agité d'un long frisson, puis ne bougea plus.

Je m'approchai et c'est alors que je vis qu'il avait oublié de mettre son bras droit, sa patte de mouche, également sous le marteau.

Surmontant mon dégoût et ma peur, et me hâtant, car je pensais que le bruit du marteau allait peut-être attirer le veilleur de nuit, j'appuyai sur le bouton de remontée du marteau.

Claquant des dents et sanglotant de peur, je dus de nouveau surmonter mon dégoût pour soulever et faire glisser en avant son bras droit étrangement léger.

De nouveau, je fis tomber le marteau, puis me sauvai en courant.

Vous savez maintenant le reste, faites ce que bon vous semble. 66

Texte 3 :

Le lendemain, l'inspecteur Twinker vint chez moi prendre le thé.

« J'ai appris la mort de lady Browning tout à l'heure, et comme je m'étais occupé de la mort de votre frère, on m'a confié cette nouvelle enquête.

- Qu'avez-vous conclu, inspecteur ?

- Le médecin est catégorique. Lady Browning s'est suicidée avec une capsule de cyanure. Elle devait l'avoir sur elle depuis... longtemps.

- Venez dans mon bureau, inspecteur. Je voudrais vous faire lire un curieux document avant de le détruire. »

Twinker s'assit à mon bureau et lut posément, calmement semblait-il, la longue « confession » de ma belle-sœur, tandis que je fumais ma pipe au coin du feu.

Il retourna enfin la dernière page, réunit soigneusement les feuillets et me les tendit.

« Qu'en pensez-vous ? » demandai-je en les posant délicatement sur le feu.

Il ne répondit pas tout d'abord, mais attendit en silence que les flammes aient dévoré les feuilles blanches qui se tordaient dans le feu.

« Je pense que cela prouve définitivement que lady Browning était bien folle, dit-il alors, en me fixant de ses yeux clairs.

- Oui, sans doute », dis-je en rallumant ma pipe.

Nous restâmes un long moment à regarder le feu.

« Il m'est arrivé une drôle de chose, ce matin, inspecteur. Je suis allé au cimetière, sur la tombe de mon frère. Il n'y avait personne.

- Si, j'y étais, Mr. Browning. Je n'ai pas voulu vous déranger dans vos... travaux.

–Vous m'avez vu ?...

–Oui, je vous ai vu enterrer une boîte d'allumettes.

–Savez-vous ce qu'il y avait dedans ?

–Une mouche, je suppose.

–Oui, je l'avais trouvée de bonne heure ce matin. Elle était prise dans une toile d'araignée, dans le jardin.

–Elle était morte ?

–Pas tout à fait. Je l'ai achevée... je l'ai écrasée entre deux pierres. Elle avait la tête... blanche, toute blanche. »

FIN

Compétences de lecture :

Textes 1 et 2 :

1) Comment ces textes répondent-ils aux questions soulevées dès le début de la nouvelle ?

2) Glacée, tremblante, la tête en feu, comme un automate, je le suivis à distance jusqu'à l'usine.(Texte 2) : Quelle figure de style repérez-vous dans cette phrase ? Quelle est son utilité ?

3) Qui est à nouveau le narrateur dans cet extrait ?

4) Que peuvent signifier les longs silences entre les deux personnages ?

5) La dernière phrase d'une nouvelle constitue souvent « la chute » qui crée généralement un effet de surprise. Comment comprenez-vous la toute dernière phrase de La Mouche ? En quoi nous surprend-elle ?

OU :

Lady Browning était-elle folle ?

Une œuvre hybride et mutante comme son héros : policier, fantastique, SF : un fantastique tué dans l’œuf par la science.

Compétences d'écriture :

Imaginez la suite de l'histoire si la mouche qui « avait la tête … blanche, toute blanche » n'avait pas été tuée.

Ou :

OGM, Internet, clonage... On dit souvent que « la réalité dépasse la fiction. » Comment comprenez-vous cette expression ? Illustrez vos propos à l'aide d'exemples.

Séance 8

Prolongement ECJS :

Les progrès scientifiques sont-ils toujours indissociables de nouveaux dangers ?

Lancement par lecture d'images (expliquer le terme de nanotechnologies) :

Travail sur les nanotechnologies (Images Sigmapress)

1) D’après cette photo, quelles qualités doit posséder un scientifique ?

2) Sir Robert Browning possédait-il ces qualités ?

Impatient, impulsif. Un être passionné, mu par ses impulsions.

PHOTO NANOTECHNOLOGIES

Sous quelle forme se présentent ici les nanotechnologies ?

Les nanotechnologies au service de la médecine :

L’apport des nanotechnologies à la médecine se traduit notamment par la conception de dispositifs

d’analyse plus rapides et puissants comme les laboratoires sur puce ou les mini-caméras capables de parcourir l’appareil digestif du patient. Mais les impacts sanitaires des techniques lilliputiennes sont encore mal cernés. Ainsi les nanoparticules pourraient se révéler toxiques.

L’implantation de puces dans le corps humain permettant le suivi médical des individus pourrait aussi entraîner la violation de la vie privée.

Christiane Barbault, Valeurs mutualistes, n°245, octobre 2006.

Quels exemples de nanotechnologies donne ce texte ?

Alors, que sont les nanotechnologies ?

Quels en sont les dangers selon ce texte ?

http://terresacree.org/images/nanotechnology.jpg

Bon site débat nanotechnologie

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://storage.canalblog.com/54/68/309207/27523563.jpg&imgrefurl=http://lemondeetnous.canalblog.com/archives/2008/07/04/9811040.html&usg=__zkO7H9PjCKK4NoAmuxuaHlvRZcs=

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