LA MORT D’EMILE TORNER...Continuer à dessiner ou à peindre, quand cela été pos-sible, est un...

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Association française BUCHENWALD - DORA ET KOMMANDOS Association déclarée n° 53/688 et affiliée à la FNAM sous le n° 233 16 rue Demarquay - 75010 PARIS Tel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 52 [email protected] www.buchenwald-dora.fr Rédacteur en chef : Dominique Durand Directeur de la publication : Floréal Barrier Commission paritaire : 0216A07729 Imprimerie SIFF 18 ZA Le Chêne Bocquet 57 Bd Henri Navier 95150 Taverny S O M M A I R E Pages - Parce que j’étais peintre, 2 L’art rescapé des camps nazis - Dessins de Louis Le Gros, otage déporté de Morlaix Edito 3 - 4 Déporté à Buchenwald, Virgilio Pena a eu 100 ans le 2 janvier 2014 Actualités 4 Emile Torner 5 - 6 et 15 Les Convois de 1943 7 - 10 C.I.B.D. -Cérémonies 11 du 27 janvier 2014 à Erfurt Assemblée générale 12 26 au 28 septembre à Strasbourg Pages de lecture 13 Souscriptions 14 Dans nos familles 15 Voyage 70 e anniversaire 16 Préinscription LA MORT D’EMILE TORNER Emile Torner à Langenstein en août 2011 Emile nous a quittés le 10 mars 2014. Ses obsèques ont eu lieu au Père Lachaise le jeudi 20 mars en présence de ses très nombreux camarades et amis ISSN 0996 -1127 352 Avril-mai-juin 2014

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Association française BUCHENWALD - DORA

ET KOMMANDOSAssociation déclarée n° 53/688 et affiliée à la FNAM sous le n° 23316 rue Demarquay - 75010 PARISTel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 [email protected]

www.buchenwald-dora.frRédacteur en chef :Dominique Durand

Directeur de la publication :Floréal Barrier

Commission paritaire : 0216A07729Imprimerie SIFF 18 ZA Le Chêne Bocquet

57 Bd Henri Navier 95150 Taverny

S O M M A I R E

Pages- Parce que j’étais peintre, 2L’art rescapé des camps nazis

- Dessins de Louis Le Gros,otage déporté de Morlaix

Edito 3 - 4Déporté à Buchenwald, Virgilio Pena a eu 100 ansle 2 janvier 2014

Actualités 4

Emile Torner 5 - 6 et 15

Les Convois de 1943 7 - 10

C.I.B.D. -Cérémonies 11du 27 janvier 2014 à Erfurt

Assemblée générale 1226 au 28 septembreà Strasbourg

Pages de lecture 13

Souscriptions 14

Dans nos familles 15

Voyage 70e anniversaire 16Préinscription

LA MORT D’EMILE TORNER

Emile Torner à Langenstein en août 2011

Emile nous a quittés le 10 mars 2014. Ses obsèques ont eu lieu au Père Lachaisele jeudi 20 mars en présence de ses très nombreux camarades et amis

ISSN 0996-1127

N° 352Avril-mai-juin 2014

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Parce que j’étais peintre L’art rescapé des camps nazisFilm de Christophe Cognet

Je suis allée au Musée de Morlaix pour voir les dessinsque Louis le Gros, déporté à Buchenwald, a faits aucamp et qui viennent d’être exposés au Musée de Mor-laix début janvier.

De 1939 à 1943, il suit les coursde l’Ecole des Beaux-arts deBrest. Un attentat contre lesnazis le 24 décembre 1943provoque en représailles l’ar-restation de 59 otages de Mor-laix dont Louis le Gros. ACompiègne le 4 janvier 1944, ilssont envoyés à Buchenwald oùils arrivent le 24 janvier 1944.En quarantaine au Petit Camp,Louis le Gros est affecté auBlock des invalides, le block 56

où il restera jusqu’à la libération hormis deux affecta-tions, l’une au kommando de Leipzig, l’autre au kom-mando de Flössberg. Au block 56, il est affecté auTodeskommando.Comme tout dessinateur, il avait dans une poche un petitcarnet de croquis, de format 11/25 qu’il a pu conserver.

images ont uneforce incroyablecar pour compren-dre, si cela est pos-sible, il faut allerdans les camps. Lepremier plan dufilm est un mouve-ment qui part duciel, passe par levent dans les ar-bres avant de des-cendre sur lespierres dresséespour marquer l’en-droit où des Juifssont morts : noussommes à Treblinka. Sobibor, Treblinka, Auschwitz,Sachsenhausen, Buchenwald, Dora sont là aujourd’huiet les dessins qui y furent dessinés nous renvoient nonseulement des images, mais aussi des sensations, desémotions qui témoignent du regard de l’artiste.

Il y a aussi dans ce film, un rapport entre la beauté del’œuvre et la connaissance : quand a-t-elle été dessi-née ? Où ? Dans quel contexte ?

Par les mots de Zoran Music et le film de ChristopheCognet, nous sommes interpellés «C’était parce quej’étais peintre. Ce n’est pas que je voulais témoigner.»Au cinéma depuis le 5 mars. Faut-il vous convaincred’y aller ? !

Marie-France Reboul

Christophe Cognet, après L’atelier de Boris (2004) etQuand nos yeux sont fermés (2006), vient de mener uneenquête parmi les œuvres clandestines réalisés dansles camps nazis de répression et d’extermination. Il oseaborder le problème de l’œuvre et de sa beauté ens’appuyant sur les phrases de deux artistes, Boris Tas-litzky déporté à Buchenwald et Zoran Music déporté àDachau. Boris Taslitzky parle de la beauté des formeset des couleurs du Petit Camp, «véritable Cour des Mi-racles» tandis que Zoran Music confie à Jean Clair «Jen’ose pas le dire, je ne devrais pas le dire, mais pourun peintre, c’était d’une beauté incroyable.» Le titre a icisa justification «Parce que j’étais peintre». On peutcomprendre que le mot beauté choque d’anciens dé-portés comme des non déportés. Continuer à dessiner ou à peindre, quand cela été pos-sible, est un acte de résistance incroyable. Les dessi-nateurs sont les premiers résistants. Là où les nazisn’avaient qu’un objectif : déshumaniser, exterminer, lesartistes ont répondu par des œuvres qu’ils ne pouvaientpas ne pas faire car ils étaient avant tout des artistes.Le restant, ils n’étaient pas des numéros matriculesmais des êtres vivants.Pour cela, Christophe Cognet a filmé des dessins, in-terrogé cinq artistes survivants et surtout il est allé surplace là où maintenant les camps sont des espacesvides. Il y a une scène saisissante où à Buchenwaldderrière les vitres de l’Effektenkammer conservée, il su-perpose un dessin de Paul Goyard de la place d’appel: on passe d’une image, où l’on voit quelques visiteursactuels se déplaçant, au Buchenwald de la guerre. Ces

C’est aux portes de son block qu’il se fournissait encrayons troqués contre des rouleaux de Machorka, letabac russe qui faisait partie de la ration officielle du dé-porté, ou même contre une tartine de pain noir.Il exécute des portraits pour la plupart d’étrangers an-tifascistes, russes, allemands, italiens, mais dessineaussi des scènes de travail, des cadavres corps por-tés sur une charrette, les hommes désœuvrés du Petitcamp, la soupe. Comme d‘autres dessinateurs, Karl Schulz en l’occur-rence, après la libération du camp, il dessinera du hautd’un mirador «une dernière vision de Buchenwald» c’est-à-dire la liberté en dehors du camp. Ce qui le différenciede la plupart des autres dessinateurs, c’est qu’il a utiliséles croquis du camp, jamais retouchés, dont une soixan-taine a pu être sauvée pour faire des aquarelles, unegrande huile et soixante et onze panneaux sur bois.Après la découverte des dessins de Camille Delétangen 1992, voici un autre déporté qui aura dessiné lecamp « parce qu’il était peintre.»A la vision de ces dessins, «c’est l’art, ou quelquechose qui lui ressemble, qui nous emporte.»

M.F. R

Dessins de Louis le Gros, otage déporté de Morlaix

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DÉPORTÉ A BUCHENWALD, Virgilio PENA a eu 100 ans le 2 janvier 2014

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Virgilio PENA, né le 2 janvier 1914 à Espejo, petit village blanc de la province de Cordoue en Espagne a désormais plus de cent ans et est membre de notre association. Il a défendu la République espagnole puis, en février 1939, a passé la frontière française pour être interné auBarcarès, puis Saint-Cyprien.

Intégré dans une compagnie de travailleurs il se re-trouve en juin 1940 à Fronsac près de Libourne, dansune famille de viticulteurs. Il y restera jusqu'en 1942, etintègre alors un groupe de résistants formé par d'an-ciens de la Guerre d'Espagne. Le 19 mars 1943 il estarrêté par la police française, interné au Fort du Hâ,remis aux Allemands, transféré à Compiègne, déportévers Buchenwald en janvier 1944.«Nous savions que nous allions travailler en Allemagneen partant de Compiègne. C’est tout. Celui qui dit qu’ilsavait quelque chose, il ment. À cet instant, je n’ai au-cune idée de l’endroit où je me trouve.Au bout de deux jours, ils nous envoient dans la car-

rière casser des caillasses pour construire des routes jusqu’à ce qu’au bout de quinze ou vingtjours, nous soyons affectés aux commandos de travail. La quarantaine se termine ainsi. Je portedésormais le matricule «40843». Notre premier travail sera d'apprendre à le dire en allemand.»

Virgilio est affecté aux deux kommandos de la DAW qui fabriquent des meubles. «Une énormequantité de camions transporte le bois jusqu’à l’intérieur du camp car le train s’arrête à ses portes.Ils déchargent le bois. Nous élevons des hautes piles de trois mètres qui se vident à mesure quedans l’usine nous fabriquons les meubles. Ceux-ci sortent peints, vitrés prêts à être vendus et uti-lisés. Je fabrique des meubles pour l’Etat allemand jusqu’à la libération».

Il fait partie des groupes de résistants. «Des gars avec qui j'ai lié contact dès Compiègne travail-lent dans l’usine avec moi. Ils sont déjà dans la résistance au sein du camp à Buchenwald. Nouscréons des groupes par nationalité et je commande un groupe de six personnes, l’un des gars queje connais s’occupe lui aussi d’un groupe. Les Français, les rouges, les gars de la résistance ducamp savent où se trouvent les armes allemandes.Lorsque les Américains bombardent les usines, le 24 août 44, les gars de la résistance du camp sai-sissent cette unique opportunité due au manque d’attention et à la peur des SS pour faire rentrertrois mitraillettes incognito dans le camp.»

Echappant à l’évacuation du camp par les SS, Virginio Pena participe à sa Libération, le 11 avril1945.«Les membres du comité de la résistance ont déjà envoyé leurs ordres aux Allemands résistantsavec qui ils sont en contact à l’extérieur. Nous prenons les armes vers 12 heures 15, 12 heures 20.À 13 heures, l’ordre se confirme, couper les barbelés et partir. Nous ne réussissons pas à terminerparce qu’un gardien a surgi et actionné la manette pour remettre le courant électrique. Mais nousavons coupé suffisamment de barbelés pour sortir. Comme nous sommes le groupe le plus petit,une centaine d’Espagnols dont une vingtaine dans la résistance, deux ou trois du même block quemoi, deux en haut et moi en bas dans le dortoir, les chefs nous ont attribués une sortie spécifique.Deux ou trois heures avant que les soldats américains n’arrivent, Buchenwald est libéré par nous,les déportés. Le camp est à nous.Il doit être quatre ou cinq heures de l’après-midi lorsque les premiers tanks américains pénètrentdans Buchenwald. Un tank passe puis s’arrête. En haut, le soldat nous observe et nous entendantparler en espagnol il nous interpelle : «Qu’est ce que vous faites là ? Qu’est ce que c’est que ça ?»Il ne connaissait pas l’existence des camps de concentration. Il a une mission et il n’a aucune idéed’où il se trouve.«Nous sommes des Espagnols, nous sommes ici dans un camp allemand.» C’est un officier d’ori-gine mexicaine. Ses parents parlent l'espagnol. Il nous donne alors tout ce qu’il a à manger sur lui.Je crois que nous mangeons le biscuit au chocolat avec le papier !

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La fraternité à l’épreuve de la déportationAprès s’être interrogée sur la volonté et capacité des dé-portés à pardonner leurs bourreaux, l’Université Catho-lique de Lille, sous la conduite de Cathy Leblanc et avecle soutien de notre association, a porté son regard sur lesens et les formes qu’a pu revêtir la fraternité dans lescamps. Du 13 au 15 mars, une cinquantaine d’auditeursont partagé leurs analyses avec celles d’anthropologues,philosophes et théologiens. Les réponses à un ques-tionnaire largement diffusé auprès des déportés a portéleurs témoignages sur ce sujet et montrer les multiplesfacettes de cette fraternité. Celle-ci a permis aux dépor-tés de se soutenir mutuellement au sein même descamps mais aussi de se comprendre dans la nécessitéde résister. La déportation, comme l’a souligné C. Leblanc en ou-verture du colloque, constitue une situation extrême quitransforme la personne physiquement et psychiquement.Dans ce contexte, faire preuve de fraternité, celle-ci s’ex-primant par un geste, une attitude, ou la solidarité la plusorganisée constituait une forme de résistance contrel’oppresseur et pour la vie.

Les actes de ce colloque feront l’objet d’une publication.

Le 29 juin à Compiègne RoyallieuAvec le concours de la ville de Margny les Compiègne(où aura lieu le repas), de l’Association du mémorial duwagon de la Déportation, de la ville de Compiègne etdu Mémorial de Royallieu ainsi que celui du Conseilgénéral, un grand rassemblement fraternel desAssociations et amicales de déportés est organisé le29 juin à Compiègne à l’initiative des Amis de laFondation pour la mémoire de la Déportation de l’Oise.Ce rassemblement bénéficie du label national «soixantedixième anniversaire de la libération». La journées’ouvrira par un dépôt de gerbes au Mémorial deRoyallieu, suivi d’un cheminement de mémoire vers laGare. C’est le parcours suivi par les déportés qui seraemprunté, celui décrit par Corinne Benestroff dans ce

numéro du Serment, pages 7 et 8.Après un repas en commun, différentes visites mémo-rielles sont organisées l’après midi. Des cars assure-ront les transferts. Contact direct : 06.68.73.09.58, Raymond Lovato

Les biographies des déportés de DoraNous connaissons tous le site dans lequel est établi leCentre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Ca-lais : il s’agit du gigantesque bunker, connu sous le nomde La Coupole, construit par l’Organisation Todt en1943-1944 pour abriter ce qui devait être la premièrebase de tir des fusées V2 contre Londres. Or, celles-cifurent, pour leur immense majorité, fabriquées en sériepar des détenus du camp de concentration de Dora.Un engagement mémoriel a été pris, en 1997, auprèsdes associations de survivants de Dora, d’aboutir à laréalisation d’un Dictionnaire biographique des déportésfrançais à Dora et dans ses Kommandos, sur le mo-dèle du fameux «Maitron», consacré au mouvementouvrier. Ce programme de recherche de grande am-pleur, lancé en 2004 est désormais confié à LaurentThiery. Ce dictionnaire commencera par une large in-troduction historique.Puis, viendront 9 000 biographies individuelles, clas-sées par ordre alphabétique, avec la notion mémorielleimportante d’avoir une page par nom.

Dictionnaire de Buchenwald : la maquette est prêteL’édition du Dictionnaire de Buchenwald avance pourune parution prévue à la rentrée 2014. L’éditeur a pré-senté aux auteurs la maquette de l’ouvrage de format15/22.Les plans et des dessins ont été inclus dans les textes,des citations ont été mises en exergue. Des exem-plaires numérotés et dédicacés seront réservés auxadhérents de notre association.

Il rentre en France en juin 1945, passe neuf mois en maison de repos à Pau où il rencontrera Christiane quideviendra sa femme.

«J’ai mis trente ans avant de pouvoir parler de ce que j’avais vécu. J’ai toujours refusé car je ne voulais pas quemes enfants et mon épouse sachent combien j’avais souffert. Mais, ma femme a été l’élément déclencheur. Ellem’a poussé à raconter mon histoire. Longtemps, je suis resté sans avoir la nationalité française mais depuis unevingtaine d’années j’ai accepté et j’ai maintenant la double nationalité.»

Après avoir témoigné dans les établissements scolaires pendant de nombreuses années, Virgilio continue detransmettre la mémoire des évènements tragiques qu'il a vécus au cours du 20e siècle et à recevoir chez lui, leshistoriens et les chercheurs que cette période de l'histoire intéresse. Son témoignage a fait l’objet d’un DVD Es-pejo Rojo traduit en français par «Rouge Miroir» produit et vendu par le CREAV Atlantique à Pau. Ce document aété diffusé plusieurs fois par la télévision espagnole et a fait l'objet de nombreuses projections en France.Le conseil municipal d'Espejo, son village natal andalou, a voté à l'unanimité afin qu'une rue du village portele nom de Virgilio Pena. Au cours d'une cérémonie émouvante le 27 février 2014 réunissant une centaine depersonnes, Virgilio a lui-même dévoilé la plaque de la rue qui portera désormais son nom.

Le texte intégral du témoignage de Virgilio Péna est disponible sur le site de l’association (www.buchenwald-dora.fr) rubrique Témoignages

ACTUALITES

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EMILE TORNER

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tions de vie, mourir ou survivre, n’est-ce pas simple-ment une question de chance ?Tu es toi-même tellement affaibli, et de plus blessédans un accident de chantier, que tu te résous enfin àtenter d’entrer au Revier. Et pourtant, comme tous tescompagnons tu crains cet endroit, vivier où les SS pui-sent leurs victimes pour les achever.C’est paradoxalement peut-être à ta totale déchéancephysique que tu dois la vie ; incapable de marcher, turefuseras de partir en évacuation, et tu pourras atten-dre les Américains dans le camp jusqu’au 13 avril.Rentré en France, tu t’es investi avec passion, à la foisdans ton engagement politique, au parti communiste,et dans les associations de mémoire de la déportation,à la FNDIRP et à l’association française Buchenwald-Dora et kommandos.Tu as contracté cet engagement très tôt, et tu t’y esconsacré jusqu’à la limite de tes forces.Je crois que tu as souffert très tôt de difficultés desanté. Pour moi, je t’ai toujours connu malade ; com-ment va Emile ? entendait-on souvent à l’association.Alors que tu souffrais beaucoup, que tu peinais à te dé-placer, tu continuais à entraîner des jeunes dans desvisites de camps exténuantes pour toi ; je te vois en-core poussant ton déambulateur pour assister à nosréunions de bureau, de conseil d’administration, auxcongrès, aux manifestations patriotiques.Tu ne t’es jamais plaint. Peut-être estimais-tu qu’il étaitindécent pour un déporté vieillissant mais vivant de seplaindre quand il avait vu tant de camarades succom-ber aux coups, à la maladie, à la faim.Quel exemple pour tous ceux qui se plaignent !D’autre part, alors que beaucoup d’entre nous sontsensibles aux honneurs de la République, tels que lesdécorations, toi tu les dédaignais.Sans faire aucune déclaration flamboyante, tu as tou-jours témoigné d’une réelle solidarité vis à vis de tescamarades, et j’ajouterai, vis à vis aussi de tous noscamarades disparus, qui n’ont pas eu la chance deconnaître à nouveau la liberté.

LA MORT D’EMILE TORNERSes camarades déportés, ses compagnons de luttes syndicales et politiques ont rendu hommage à notre amiEmile. Nous publions deux de ces interventions. De nombreuses lettres nous sont parvenues ou nous ont été remises. Nous en avons choisi quatre.

Allocution de Bertrand Herz, Président du Comitéinternational Buchenwald-Dora et Kommandos,Vice-Président de l’Association française Buchen-wald-Dora et KommandosJe voudrais d’abord évoquer tes parents. Tu étais le fils,né fin 1925, de Juifs polonais ayant fui dans les annéesvingt à la fois l’antisémitisme constamment présent etle régime fascisant du Maréchal Pilsudski.Comme un certain nombre de Juifs persécutés dansleurs pays, ta famille avait mis son espoir dans les idéo-logies luttant contre l’exploitation de l’homme parl’homme : le socialisme et le communisme.Mais surtout, tes parents avaient choisi Paris et laFrance, terre des libertés, pour s’y intégrer avec pas-sion. Alors qu’ils utilisaient encore le yiddish dans leursconversations, ton père et ta mère avaient appris avecacharnement la langue de leur nouveau pays, encou-ragés par leur fils, qui avait affiché dans l’appartementfamilial : «Il est interdit de parler une langue étrangère».Artisans fourreurs, tes parents avaient, grâce à un travailde tous les instants, acquis une certaine aisance ; mais,en contrepartie, ils avaient dû parfois te placer chez d’au-tres gens ; tu en avais souvent souffert, mais aussi ac-quis une certaine indépendance d’esprit.Arrive la terrible période de la débâcle et de l’occupation,point de départ à la fois des épreuves subies par ta familleet de ton engagement. Tes parents eurent la chance desurvivre, (toi) tu t’établis en janvier 1944 à Saint-Amand-Montrond, dans le Cher. C’est là que tu prends contactavec des membres de la Résistance locale.A 18 ans, toi qui n’a jamais touché un fusil, tu combatsdans un maquis de la Creuse : attaques de convois,embuscades, réceptions de parachutages, etc.Fait prisonnier, interné sur place, puis dirigé sur Dijon,tu es déporté vers Cologne le 1er août 1944, en com-pagnie d’un grand nombre de résistants d’autres pro-venances, puis de Cologne vers Buchenwald le 15septembre1944.Sur les conditions de ton séjour de deux mois dans lecamp central tu es discret : quelques allusions au petitcamp, à la carrière. Par contre, encore tout jeune ré-sistant, tu fais connaissance avec des camarades plusâgés, disposant donc d’une plus grande expérience surles camps et sur la politique ; on te parle de la résis-tance clandestine dans le camp.Mais c’est au kommando de Langenstein-Zwiebergeque tu connaîtras l’enfer. Tu vas creuser le tunnel, pous-ser des wagonnets, charier des sacs, porter des rails,12 heures par jour, alors que, comme tes camarades, tut’affaiblis par suite de la malnutrition et de la maladie.Tu rends hommage aux actions d’entraide entre les dé-tenus, mais tu indiques qu’elle est contrebalancée parl’égoïsme : comment peut-il en être autrement dans cetenvironnement inhumain. Tu vois mourir beaucoup detes camarades ; mais, au fond, dans de telles condi-

MESSAGES

Mon cher camarade et ami, ta vie vient de se termi-ner. On s’y attendait mais quand on aime, cela estpénible. Nous nous sommes, depuis notre retourdes camps, battus pour ne plus revoir ça. Nousavons couru d’une école à une cérémonie car leSerment que nous avions fait au retour “Plus jamaisçà”, était notre idéal. Je ne serai pas à ton enterre-ment car j’ai de graves problèmes mais ma “chérie”me remplacera. Adieu Emile, mais longtemps tuseras dans nos souvenirs.

Ton vieux copain, Raymond Huard, Buchenwald21472.

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EMILE TORNER

Hommage d’Emmanuel DANG TRAN, membre duConseil national du PCFJ’ai cherché le qualificatif qui correspondrait le mieux àla personnalité d’Emile. J’ai trouvé «intrépide», celui qui«qui ne tremble pas devant le péril», «qui ne se laissepas rebuter par les obstacles».Je trouve qu’en plus, dans «intrépide», il y a la méthoded’Emile – si l’on peut dire méthode. Avec sa réflexion,ses convictions, il se lançait directement, sans avoircalculé toutes les conséquences probables ou possi-bles, mais certain que l’acte d’audace initial allait dé-clencher un mouvement pour le meilleur.Est-ce que ce trait revient de la Déportation, cette ex-périence de résistance extrême à laquelle il a survécude justesse. Je ne le pense pas.Avant déjà, en 1940/41, rebelle, il refuse de se faire im-matriculer comme « juif », malgré les recommandationsde ses parents. Cela le sauve quand un car est fouillépar les nazis du côté de Nice. En 1944, il est embauchépar un photographe à Saint-Amand-Montrond. Vite, ilcomprend qu’un réseau de Résistance tourne autour. Ilse fait adopter, à 19 ans. Il sera témoin et acteur d’unedes célèbres et tragiques pages de la Résistance, la Li-bération pour 2 jours, en juin 1944, après le Débarque-ment, de cette petite ville du Cher.Intégré dans la Compagnie Surcouf, Emile est arrêté unmois plus tard avec son sous-groupe, une grenade à lamain, à Saint-Dizier-Leyrennes dans la Creuse. Interrogébrutalement par les Allemands et leur interprète de la Mi-lice, il a l’aplomb de répondre quand on lui demande «tues juif ?» : «Puisque je vous dis que je suis orphelin !» Sagabardine, qui le faisait surnommer «L’abbé», dans lemaquis et bien après encore par certains de ses cama-rades de lutte armée, l’a aidé à être crédible.L’expérience de la Déportation, d’abord dans le campterrible mais méconnu de Cologne-Stollberg, puis àBuchenwald, puis dans le sinistre camp satellite deLangenstein-Zwieberge l’a évidemment marqué pourtoute la vie.Emile fait partie de ceux, peu nombreux, qui ont té-moigné tout de suite. Pendant plus de 69 ans, il a té-moigné de l’horreur des crimes nazis dans desconditions historiques qui ont beaucoup évolué.Son adhésion à l’Association Buchenwald-Dora etKommandos a été essentielle. Emile s’est autant et toutà la fois retrouvé dans l’intransigeance d’un JeanLloubes ou d’un Lucien Chapelain que dans l’ouvertured’un Guy Ducoloné.Deux figures de la Déportation l’auront marqué plusque toutes autres, celle de Marie-Claude Vaillant-Cou-turier et celle de Marcel Paul, dirigeant de la résistancefrançaise à Buchenwald, ministre de la nationalisationde l’électricité et du gaz.La nécessité de témoigner ne peut être indépendantedes convictions politiques.Jamais, dans la vie d’Emile, ses convictions ne l’ontécarté de la fraternité profonde avec ses camarades desouffrance, même d’obédiences, comme on dit, trèséloignées.Les retrouvailles, 40 ans après, des anciens de Lan-genstein étaient restées dans son cœur comme un épi-

sode majeur, jusqu’au bout. Les liens d’amitié ne sontpas rompus, au contraire, ils se sont renoués.Emile participait de cette unité profonde des élémentsagissant de notre nation contre le fascisme et toutesses résurgences.C’est cela qu’il a apporté dans ses interventions dansles écoles, les collèges et les lycées, dans les voyagesaction mémoire, auprès des institutions mémorielles.Tous ceux qui l’ont vu et entendu dans ces occasionsen restent profondément impressionnés, enseignantscomme élèves.

Pour Emile, en même temps, le témoignage de l’hor-reur des camps était inséparable d’un message poli-tique, le sien.Emile a toujours été communiste. Il a grandi, dans safamille, dans l’atmosphère du Front populaire. La révo-lution d’Octobre, l’URSS ont été toujours des repèrespour Emile. Le PCF, après la Libération, a été naturel-lement le Parti d’Emile. Pour Emile, le Parti communiste ne se concevait quecomme un parti de classe, basé sur une théorie, lemarxisme-léninisme. Le buste de Lénine, le portrait deJacques Duclos ornaient son appartement. Il n’a passuivi la liquidation gorbatchévienne. Il n’a pas acceptéles renonciations des dirigeants du PCF. Il a participé àde multiples réunions dans le Parti pour rappeler l’hé-ritage communiste de la Résistance, incompatible aveccertains revirements.Dans ses engagements multiples mais complémen-taires, Emile a été aussi un militant syndical des plusconséquents. Dans les Alpes de Haute-Provence puisdans le 15ème, avec les ouvriers de l’Imprimerie natio-nale, les agents de la RATP, des hôpitaux, de l’InstitutPasteur, de la Poste… il a été de toutes les luttes avecl’Union locale CGT et avec la section du PCF.Nous ne reprendrons pas aujourd’hui – ce serait in-convenant – une des expressions favorites d’Emile, quilui servait à dédramatiser sa raison de vivre.Il l’a beaucoup plus élégamment traduite dans le titrede son autobiographie : «Exister, c’est résister». Il avaitconstaté avec plaisir que l’expression était de plus enplus reprise, notamment par des organisations de laJeunesse communiste.Elle incarne parfaitement notre parrain, camarade, ami,notre complice dans bien des coups, une personnalitéqu’aucun de nous n’oubliera, qui continuera à nous ins-pirer dans toutes ses caractéristiques qu’il nous a sigénéreusement délivrées et qui sont globalement trèspositives !

Nous tenons à vous présenter nos sincères condoléancesau nom du collège de Sèvres. Nous garderons un souve-nir ému d’Emile Torner qui nous a donné de son tempspendant de nombreuses années. Ses témoignages ontmarqué aussi bien l’ensemble de la communauté éduca-tive que nos nombreux élèves. Emile Torner savait avechumilité et naturel faire passer un message fort et boule-versant sur cette terrible période de notre histoire. Il trans-mettait à chaque intervention auprès des élèves unevolonté de paix et de tolérance. Christine Thoreau et Catherine Le Fèvre (documenta-listes au lycée de Sèvres)

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Compiègne, la ville aux yeux mi-clos 1941-1944S’il est difficile d’avoir une représentation précise del’opinion publique, les témoignages des détenus des-sinent une palette variée des réactions de la popula-tion, en tout cas de leurs manifestations. Ces réactionssont importantes pour le moral des détenus affaiblispar l’angoisse, la faim, les coups, la torture, la prison,les camps d’internement, l’ignorance du sort de leursproches et de leurs camarades, le point aveugle de leuravenir.

Aussi, les bystanders, comme on dit en anglais, c'est-à-dire ceux qui sont là, les passants, les témoins, par-ticipent également à la scénographie du drame. Lesautorités le savent bien. Il faut tenir à l’œil les détenuspour éviter les évasions et laisser voir le moins dechose possible à la population. Albert Carnac (convoidu 2 juillet 44) raconte : « Les rues de la ville ont étésoigneusement vidées […] N’a-t-on pas vu en effet lorsde précédents départs, de courageuses Compié-gnoises prendre par le bras quelques déportés et lesentraîner mine de rien, dans une rue adjacente […] »

L’année précédente en 43, les mêmes précautionsétaient déjà prises : «Tôt le matin, écrit Floréal Barrier(convoi du 17 septembre 43), nous traversions cetteville pas tout à fait endormie ».

Il s’agit bien d’une ville aux yeux mi-clos. Car, si ordrea été donné de fermer les fenêtres, il est impossibled’enfermer une ville entière. Floréal Barrier raconte : « Derrière chaque fenêtre, nous sentons la présencedes habitants de la ville, mais chaque fois qu’un rideaubouge ou s’écarte un peu, un fusil menaçant est bra-qué.»

Cette présence diffuse, comme à clairvoie, est décritedans de nombreux témoignages.

On peut lire chez Semprun : « Une femme par-ci, par là,entrouvrait une fenêtre, pour regarder dans la rue […] A coups de crosse, les SS refermaient les volets desfenêtres du rez-de-chaussée.»

Même écho chez René Dumur : « Les gens étaient ca-chés derrière leurs rideaux pour nous regarder. »

Le Compiégnois, Christian Desseaux, qui partira par leconvoi du 16 janvier 44, voit lui aussi : « Les rideaux(qui) s’écartaient discrètement derrière les fenêtres quijalonnent le parcours. Compassion teintée de curiosité,certains prennent des photos.»

Il y a aussi ceux qui sont dans la rue, indifférents ou so-lidaires. Charlotte Delbo les décrit en ces termes : « Ils

regardaient à peine les camions dans lesquels nousétions debout. Nous chantions et crions pour les faireau moins tressaillir ! « Nous sommes des Françaises.Des prisonnières politiques, nous sommes déportéesen Allemagne ». Ils s’arrêtaient un instant au bord dutrottoir, levaient les yeux, vite les baissaient, conti-nuaient leur chemin.»

Semprun évoque également « les passants pétrifiés aubord du trottoir », mais on trouve chez lui, comme dansd’autres témoignages, le récit de manifestations de so-lidarité. Près du pont de l’Oise, raconte Serge Miller, ily a : « […] un groupe de femmes tenues à distance pardes soldats […] elles pleuraient et nous faisaient dessignes en agitant la main.»

L’empathie va parfois jusqu’à la contestation. Ainsi,chez Semprun, on voit une femme s’avancer, telle uneMarianne en majesté : « Elle avait une démarche altièremalgré ses souliers à semelle de bois. A un momentdonné, elle a crié quelque chose vers eux […] quelquechose de bref, peut-être même un seul mot, […] ce quia attiré l’attention d’un soldat allemand sur le trottoir[…] il hurle et lance la crosse de son fusil vers le visagede cette femme avant de rentrer dans le rang. »

Vision littéraire ? Pas seulement, on retrouve une scèneidentique sous la plume de Jean Rebour : « Une com-piégnoise jeta même au passage cette parole “AH, lesvaches’’ L’escorte repousse brutalement ceux qui veu-lent s’approcher de nous. »

On le voit, chaque détenu, en fonction de son parcours,de la date de son départ, de sa place dans la colonnequi défile, de son état aussi – Pierre Durand ne se sou-vient pas du tout de la traversée de Compiègne-, voit,

Mot lancé du train le 24 janvier 1943Collection Musée de la Résistance Nationale - Champigny-sur-Marne

coLLOQUE DU 7 OCTOBRE 2013 - compiegne

LES CONVOIS DE 1943 (suite et fin)

Nous poursuivons, dans ce numéro, la publication des communications qui ont été faites au Mémorial deCompiègne sur les convois de déportés vers Buchenwald en 1943. Corinne Benestroff évoque aujourd’huil’attitude des habitants de la ville au passage des détenus sur le chemin reliant Royallieu à la gare. Jean-PierreThiercelin rappelle, quant à lui, la vivacité contemporaine de la mémoire de ces moments et l’infinie variété descréations qu’elle suscite 70 ans plus tard.

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ressent, et interprète différemment les réactions descompiégnois. On ne peut qu’imaginer les interrogationsde ces derniers. Qui sont donc ces «ennemis de la Na-tion» qui traversent la ville ? Quels crimes ont-ils com-mis ? Des terroristes, dit-on. Des terroristes, ceshommes âgés arborant la légion d’honneur ? Desétrangers ? Des Juifs ? Et ces femmes ? Ces jeuneshommes au sortir de l’enfance ? Que penser ? Com-ment faire coïncider ce que l’on voit et les discours of-ficiels ? Même les gendarmes ont l’air mal à l’aise.

On peut dire en tout cas, que les réactions des com-piégnois, oscillant entre sidération, «solidarité des pe-tits gestes», comme celle décrite par Jacques Sémelin,et empathie ont contribué le plus souvent à soutenir lesdétenus s’avançant vers l’inconnu. Par leur seule pré-sence, présence «malgré tout», ils ont réconforté lesdétenus.

Interné en 1941 au Camp des juifs de Royallieu, RogerGompel affirme : «Si l’on a espéré nous avilir en nousfaisant traverser Compiègne comme des forçats, l’effetproduit est diamétralement opposé au but poursuivi.»

Les habitants de la ville ont donc, souvent à leur insu,atténué cette «impression de coupure, d’isolementdans un autre univers » dont parle Semprun. Ils ont af-faibli temporairement les logiques de stigmatisation,d’exclusion et de répression mises en œuvre.

En traversant la ville, les détenus retrouvent une cer-taine place dans la communauté humaine dont ils ontété exclus, pour ce qu’ils sont et/ou pour ce qu’ils ontfait. Les résistants réarment leur courage, leur marchen’est pas, écrit Semprun, «celle d’une armée en dé-route, mais bien plutôt une démarche conquérante».Cette affirmation est possible grâce à la présence sou-vent empathique des habitants, qui pour certains, ex-priment ainsi une forme de résistance civile, unerésilience de la population au choc de l’Occupationtelle que l’a décrite Denis Peschanski. En étant là, ilsenrayent la politique du secret. En manifestant leur sou-tien par des gestes simples, ils deviennent des tuteurs,des aidants.

Dans la nuit affolée des wagons, le souvenir de ces ac-tions aidera à survivre, il s’opposera aux réactions hos-tiles des civils allemands au passage des trains. Aucreux de ce souvenir, il y a l’espoir que les témoins re-laieront ce qu’ils ont vu, qu’ici et ailleurs, des anonymestransmettront les messages jetés au vent, comme celuide Gorgette Rostaing, du convoi du 24 janvier 43 :«Camp de Compiègne 23 au soir Mes chers parents.J’espère que vous aurez ce petit mot nous partonsRoger et moi pour l’Allemagne je crois vers l’Ukraine[…]»

Souvent, grâce à la ténacité, à la témérité, de nombreuxanonymes, les messages parviendront à leur destina-taire. Tel est le motif du roman de François Leterrier,Rue Charlot, qui met en scène un jeune messager in-trépide ayant vu les détenus passer dans la ville : «[…]Tout à coup, j’en ai vu un qui sortait rapidement une en-veloppe de sa poche et la laissait tomber par terre […]

elle est allée se coincer contre la bordure du trottoir, aupied d’un bec de gaz […] personne, visiblement, ne s’enétait aperçu […] dans la rue, […], je l’ai ramassée etmise dans ma poche. »

Le héros du roman est un double de l’auteur qui ex-plique : «Je vivais à l’époque (il était alors âgé de 13ans), comme mon héros à Compiègne, et j’y ai vu demes propres yeux défiler les Juifs que des soldats alle-mands escortaient [...] C’est sans doute le souvenir dece spectacle […] qui m’a donné l’envie et le besoind’écrire ce premier roman […] L’Occupation, je l’ai bienvécue et, comme tous les gens de ma génération, j’enai été marqué.»

Ici, dans la ville aux yeux mi-clos, un enfant garde lesyeux ouverts. Devenu adulte, utilisant les différents re-gistres de mémorialisation décrits par Denis Pe-schanski, il transmettra par le roman le message inclusdans le souvenir, le témoignage d’une mémoire singu-lière inscrite dans la mémoire collective, hommage àcelles et ceux qui passèrent par Compiègne.

Corinne Benestroff

Compiègne 1943-2013

Mémoire / création / transmissionChers jeunes amis, c’est à vous particulièrement queces quelques mots s’adressent…

Jorge Semprun, dont vient de nous parler Corinne Be-nestroff, est là, avec nous, tout au long de cette jour-née. Il ne nous quitte pas.

Il est lui aussi parti de Compiègne et a fait le grandvoyage. Mais plus qu’un témoin, Semprun est un écri-vain. Il lui faudra cependant laisser passer une ving-taine d’année avant qu’il ne s’y autorise. L’Ecriture oula vie, son remarquable livre sur la possibilité / impos-sibilité d’écrire l’expérience concentrationnaire en rendtrès bien compte. Vivre ou revivre était la question quise posait dans la douleur et la sourde indifférence duretour… Il a d’abord choisi l’action et l’engagementpolitique mais lorsqu’il prit la plume il ne la lâcha pluset l’œuvre est là, aujourd’hui, puissante et incontour-nable.

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D’autres Déportés ont survécu en transformant la souf-france de l’expérience concentrationnaire en oeuvre lit-téraire. Parmi eux, Charlotte Delbo (que vous avez luetout à l’heure), partie de Compiègne par le convoi du 24janvier mais aussi Boris Pahor, jeune romancier slo-vène, aujourd’hui centenaire, au regard distancié et ma-licieux et, bien sûr, Imre Kertész, prix Nobel delittérature dont la Hongrie contemporaine se montreterriblement indigne. Et beaucoup d’autres encore…Mais ceux-là ont en commun d’être restés des femmeset des hommes d’action tout au long de leur vied’après. Consciences toujours vigilantes en regard dumonde contemporain et passeurs soucieux d’éveiller àleur tour les jeunes consciences d’aujourd’hui et de de-main.

Mais Semprun, lui, va plus loin. C’est au tournant dusiècle que je l’ai entendu dire pour la première fois, aucours d’un colloque sur la Mémoire, ce qu’il n‘a cesséde redire depuis : « Nous sommes à la veille de la dis-parition de tous les témoins de cette période tragiquede notre Histoire. Tant que nous le pourrons, nous té-moignerons mais lorsque nous aurons disparu la parolesera alors aux historiens, aux artistes et aux créateursde fiction. Ce sera à eux de continuer… ». Si au-jourd’hui, une telle phrase peut faire quasiment l’una-nimité, il y a quinze ans elle était loin de paraître aussiévidente et beaucoup de témoins survivants n’avaientpas la largesse d’esprit ni la faculté d’anticipation d’unJorge Semprun ou d’un Stéphane Hessel. Car le para-doxe est là. Si l’on veut préserver la Mémoire, il faut sa-voir anticiper…

A titre personnel, cette phrase fut déterminante. Elle futle déclic et le «Sésame» qui m’autorisèrent à aborderles rives de la Mémoire dans mon travail d’auteur pourne plus jamais les quitter. C’est ainsi qu’avec « De l’en-fer à la lune » je tentais de raconter sur une scène dethéâtre une histoire impossible à raconter… Mais cetexemple personnel, qu’on voudra bien me pardonner,n’a de sens que mis en perspective avec beaucoupd’autres. Car ce que je croyais être une aventure isoléen’était en fait qu’un des nombreux fils d’un faisceau decréations dont le nombre n’a cessé de croître depuis.C’est ainsi que sur la chaîne du métier à tisser de l’His-toire et du témoignage, imperceptiblement, puis de ma-nière de plus en plus évidente, la navette des créateursinsérait la trame de ses fictions et commençait à tisserl’étoffe d’une infinie variété de créations…

Qu’ils soient peintres, cinéastes, écrivains, poètes, au-teurs de théâtre, musiciens, plasticiens, chanteurs...Qu’ils s’appellent Semprun, Pahor, Delbo, Kertèsz, Ap-pelfeld, Celan, Resnais, Gatti, Grumberg… Ou plus ré-cemment Didier Daenincks, Elie Pressmann, FabriceHumbert, Michel Jonasz, Jean-Pierre Cannet, Camillede Toledo, Alain Fleischer, Luise Rist, Julia Pascal,Yan-nick Haennel, Franzobel, Catherine Tullat, Laura Fatini,David Lescot, Christophe Cognet, Valentine Goby… Etbeaucoup d’autres encore… Chacun, en France, en Al-lemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et dans toute

(suite page 10)

L’ANNEE 1943 ET BUCHENWALD (suite)

Juillet :

Création du comité international clandestin du campsous la direction de Walter Bartel, membre de la direc-tion de l’organisation clandestine du Parti communisteallemand.

Août :

Les 10 premiers fusils sortis des usines de la Gusloff IIBuchenwald sont cachés pour l’organisation militaireclandestine à l’intérieur du camp.

Arrivée des premiers prisonniers italiens et yougo-slaves.

- 28 août : Création du camp extérieur «Dora», premierconvoi de 107 prisonniers chargés de la constructiondes sites de production souterrains pour les armes dereprésailles dans le Kohnstein près de Nordhausen.

Septembre :

- Albert Kuntz est transféré sur ordre des SS du kom-mando extérieur de Kassel vers le kommando extérieurde Dora. Il est kapo du kommando chargé de l’irrigationet du drainage.

- 4 et 18 septembre : Arrivée de 1.824 prisonniers fran-çais venus de Compiègne (Matricules 20001 à 20898et 21001 à 21928)

- 21 septembre : Création du kommando «Laura» prèsde Saalfeld. Le kommando travaille au percement detunnels pour le déplacement du centre de productiond’avions vers des zones des sites de production sou-terrains.

- 5 octobre : - Création du «Comité d’entente polo-naise» de Buchenwald qui regroupe plusieurs mou-vances.

- 30 octobre : Arrivée de 911 détenus français venusde Compiègne - (Matricules 30404 à 31314)

- 7 novembre : - Fêtes clandestines organisées par desdétenus commémorant la Révolution d’octobre en Rus-sie.

- 16 décembre : Arrivée de 921 prisonniers françaisvenus de Compiègne - (Matricules 38001 à 38918)

Fin de l’année :

- Création des Sanitätstruppen (corps de détenus se-couristes) sur ordre des SS.

- Intégration de détenus français, belges et espagnolsà l’intérieur de l’organisation militaire clandestine. Mon-tage de la halle 13 dans les usines de la Gustloff II Bu-chenwald pour la production de pièces de fusées A4(«V2»)

31 décembre :

- 37.319 prisonniers

- 20 kommandos extérieurs

- Nombre de prisonniers assassinés (sans compter lesprisonniers de guerre soviétiques) : 3.516

Source : Buchenwald – Ein Konzentrationslager, Editions Pahl-Rugenstein, Emil Carlebach, Willy Schmidt, Ulrich Schneider,2000, pp. 180 et 181

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LES TEMPS CHANGENT« Maintenant que la jeunesse tu t’en souviens sou-viens-t-en... »Avec Aragon, la commission Dora-Ellrich était asso-ciée à l’élaboration de cette journée et nous en étionstrès heureux. Au cours du travail préparatoire, nous avions cepen-dant tenté de mettre en garde contre le risque d’uneinflation de cérémonies et d’événements différents quirisquaient de surcharger la journée et peut-être d’enperturber le sens...Les élèves et les professeurs des lycées avaient sou-haité s’impliquer dans cette journée. C’était importantcar il ne suffit pas d’organiser une journée Mémoireavec rencontre colloque et cérémonie, encore faut-ilsavoir à qui elle s’adresse. Si c’est uniquement pourles habitués qui remplissent le car, l’intérêt en est unpeu limité. Avec l’implication des scolaires cela peutvraiment prendre sens. J’étais en contact avec Monsieur Laude et les pro-fesseurs d’Histoire qui ont travaillé en amont sur lestextes que je leur avais proposés et sur lesquels ilssont tombés d’accord. Les garçons sur des extraitsdu «Grand Voyage» de Georges Semprun et les fillessur les premières pages du « convoi du 24 janvier » deCharlotte Delbo. Ce travail a été fait avec une grandeconviction et c’est par ces textes que fut ouverte lapartie dite «colloque» de la journée. Mais ce n’est,hélas, pas allé beaucoup plus loin... Du fait des cérémonies du matin et du début d’aprèsmidi, les horaires étaient déjà bien grignotés et le « colloque » dura à peine deux heures. Il y a eu lespremières prises de parole dont celle de Jens Wagner.Puis les premiers témoignages qui demandent dutemps, on le sait et puis... Il était l’heure pour lesélèves de monter dans le car !En dépit de la qualité des intervenants, du nombre dedéportés et de l’implication des élèves, tout le mondeétait, au bout du compte, un peu frustré, même si cha-cun a tenu à faire bonne figure. C’est dommage carc’était une belle idée mais ce risque était prévisible.Cela pose le problème de la confusion des genres.Les temps changent. Celui des grands rassemble-ments d’autrefois n’est plus. On peut le regretter,d’autant plus que cela signifie cruellement la dispari-tion des survivants. Et ceux qui sont heureusementtoujours là savent très bien que nous sommes au-jourd’hui dans le temps de la transmission. Ils en sontles premiers convaincus. Alors, pour transmettre ilfaut être attractif et si on organise un colloque on faitun colloque en lui donnant le temps qu’il mérite.De même pour tout autre événement, rencontre, lec-ture, spectacle, exposition...Quant aux cérémonies, elles peuvent avoir lieu, bienévidemment mais dans un autre temps.Ceci n’est qu’une réflexion. Une réflexion pour l’avenir.Alors, juste deux mots avant de tourner la page : « Asuivre... »

Jean-Pierre Thiercelin

l’Europe, continue d’inventer et de créer pour mieuxnous interroger et interroger le monde à l’aune de cepassé qui ne passe pas, à l’aune de ce «comment a-tonpu ?». Alors, éternellement fascinés par cette immensebéance et cette absence de réponse, ils nous propo-sent des mots, des images, des touches de couleur,des notes de musique, des livres, des tableaux, desopéras qui sont autant de possibles clefs ou de com-binaisons pour tenter d’approcher de l’essentiel afin demieux le transmettre à notre tour.

Parmi les productions les plus récentes, il y a «Kinder-zimmer » (la chambre des enfants) un très beau livreque Valentine Goby vient de publier aux éditions ActesSud. En voici quelques lignes extraites du prologue quipourraient vous être destinées. Nous sommes dans laclasse d’un lycée aujourd’hui, Suzanne Langlois té-moigne et raconte…

«…Elle a parlé cinquante fois, cent fois, les phrases seforment sans effort, sans douleur, et presque, sans pen-sée. Elle dit le convoi arrive quatre jours plus tard… Lesmots viennent dans l’ordre, familiers, sûrs, elle aconfiance… Pour l’instant elle est juste descendue dutrain, c’est l’Allemagne et c’est la nuit. Elle dit nous mar-chons jusqu’au camp de Ravensbrück. Une fille lève lamain. A ce moment du récit ce n’est pas habituel. Dansle train pour l’Allemagne vous connaissiez la destina-tion ? Non. Alors quand avez-vous compris que vousalliez à Ravensbrück ? Suzanne Langlois hésite, et puis: Je ne sais pas… Alors, vous ne saviez pas où vousétiez ? Suzanne Langlois sourit, hésite et puis : non…En fait reprend la fille, vous ne saviez rien de ce jour-là? Vous n’en saviez pas plus sur Ravensbrück alors, quenous maintenant ?... Suzanne Langlois n’en revient pas,d’une telle proximité entre une jeune fille de terminaleet la jeune femme qu’elle était au seuil du camp, à peineplus âgée. L’ignorance, ce serait l’endroit ou se tenir en-semble, la fille et elle ; le lieu commun, à soixante ansde distance »…

Alors, ce lieu commun, ce lien commun, surtout ne lelâchez pas ! Restez en éveil sur le monde, votre mondeet sur l’Histoire qui permet de le comprendre. Ne lais-sez pas ça aux autres. Soyez curieux encore et tou-jours, prenez-le temps de la réflexion et prenez-le encharge vous-même. Croyez-moi, c’est beaucoup plussûr.

Et puisque parler de transmission, c’est parler d’avenir.Je fais un pari et vous donne rendez-vous en 2023 (Nevous inquiétez pas, ça passe plus vite qu’on ne croit).Ici même et sur le même sujet. Mais comme certainsd’entre vous seront devenus, chercheurs, historiens,professeurs agrégés, écrivains, performer, plasticiens,musiciens, poètes, chanteurs… C’est vous qui nous in-viterez à ce colloque que vous aurez conçu, à votre ma-nière, sur la Mémoire des convois de 1943 et soyezsûrs que nous serons heureux de répondre à votre in-vitation !

Tope là ?... Tope là !

Jean Pierre Thiercelin

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COMITE INTERNATIONAL BUCHENWALD DORA

Pour la Thuringe, la Présidente du Landstag (Parlement),Madame Birgit Diezel avait convié les rescapés et leursaccompagnateurs.

Etaient présents : Günther et Margot Pappenheim,Ottomar Rothmann, Gert Schramm (Allemagne) -Bertrand et Marie-Jeanne Herz, Dominique Durand(France) - Eva Pusztai (Hongrie) - Naftali et Teva Fürst(Israël)

CEREMONIES COMMEMORATIVES

La journée du 27 débuta par les témoignages des dépor-tés présents auprès des élèves d’établissements sco-laires de Thuringe, dans les locaux du Landstag

Puis trois discours très forts furent prononcés dans lasalle plénière du Landstag : la Présidente du Landstag,puis la Ministre-Présidente du Land, ChristineLieberknecht, réaffirmèrent avec vigueur la résolutiondes autorités politiques de continuer à soutenir pleine-ment toutes les actions en faveur de la mémoire de ladéportation, et de lutter contre le les résurgences dunazisme.

Le discours le plusémouvant fut prononcépar Eva Pusztai, juivehongroise déportée àAuschwitz, où périt unepartie de ses proches,puis à Altenburg, kom-mando de femmes deBuchenwald. Elle rap-pela ses épreuves, maissurtout elle s’élevacontre l’attitude indignedes autorités actuellesde son pays, qui refu-sent de reconnaître la

responsabilité du régime fasciste de Horthy pendant laguerre dans la livraison des Juifs aux nazis.

“...L’extrême-droite est présente partout. En Allemagneon n’aurait jamais installé une statue de Hitler dans uneéglise protestante. Mais en Hongrie, on vient d’inaugu-rer une statue de Horthy dans une telle église. L’égliseréformée d’Allemagne, qui n’est certainement pasd’accord, s’honorerait d’exprimer une prise de positionà ce sujet...”.

REUNION DU BEIRAT

Le 28 janvier, la réunion du Beirat de Buchenwald futconsacrée essentiellement à la présentation par leDirecteur de la Fondation des Mémoriaux, le Prof.Volkhard Knigge du projet de la nouvelle exposition per-manente (Musée) de Buchenwald aux membres du Beiratde Buchenwald et du bureau du CIBD présents à Erfurt.

Philosophie générale et thèmes développésLes différentes parties du musée rappellent les étapesdu système concentrationnaire : le développement des

camps dans le cadre de la législation du régime nazi, àpartir de 1933, puis la situation de guerre totale à partirde 1942.

L’exposition insiste essentiellement sur le fait que lasociété allemande a accepté de vivre avec le camp, etaccompagné sans réticence le bouleversement, lacésure totale qu’a été le changement de société imposépar les nazis, faisant passer à la fois l’héritage classiqueet la démocratie de la République de Weimar dans unenouvelle société basée sur la race, la xénophobie et leculte du chef.

Le public sera amené à réfléchir sur les raisons politiquesqui ont permis la naissance du système concentration-naire, et à considérer qu’il est encore aujourd’huiconcerné par ces événements.

La présentation des détenus

La présentation des déportés et internés aura la formedu rappel des biographies des différents groupes de déte-nus ; une place importante sera consacrée à la résistancedes détenus, notamment celle des premiers Allemandsinternés, qui refusèrent les pressions exercées sur euxpour rejoindre la Wehrmacht. Un effort sera fait pour don-ner des noms et des visages à ces êtres humains victimesde la deshumanisation. L’accent sera également mis surla résistance clandestine dans le camp.

Archives et recherches documentaires

La numérisation des archives et l’ouverture d’Arolsenaux chercheurs (on rappelle que 90% de la documen-tation des Mémoriaux en provient) va permettre de met-tre à l’avenir à la disposition du public un outil derecherches à partir de critères ; ainsi pourra-t-on parexemple reconstituer des convois, et retrouver tel ou telparcours de détenu à partir de son lieu d’origine, danstoute l’Europe ; les informations sur la résistance pour-ront être affinées, et l’histoire des marches de la mortplus approfondies.

CEREMONIES DU 27 JANVIER 2014 A ERFURTComme chaque année en Allemagne, au Bundestag de Berlin et dans chacun des Länder ont eu lieu le 27 janvier 2014 les manifestations en hommage aux victimes du nazisme.

Eva Pusztai devant la porte du camp

A la suite de retards dans le financement, le nouveaumusée ne sera pas prêt pour le 70e anniversaire de lalibération en avril 2015.Date d’inauguration prévue : soit octobre 2015, soit27 janvier 2016, jour de la commémoration desvictimes du nazisme.

Naftali Fürst en discussion avec un lycéen allemand

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assemblee generale 26-27-28 septembre 2014 - strasbourg

Programme prévisionnel

Vendredi 26 septembre

En cours d’après-midi, réception à la Mairie de Strasbourg, au Parlement européen ou à la Cour européenne desDroits de l’Homme

Samedi 27 septembre

Matin : Assemblée générale de notre Association

Déjeuner

Après midi : Rencontre partagée avec l’Amicale de Mauthausen sur le thème « Le déporté résistant ».

Samedi soir : Diner de clôture dans un restaurant de la Petite France.

Dimanche 28 septembre

Matin : Visite du Struthof et cérémonie

Déjeuner à Natzwiller

Après-midi : Cérémonie à Schirmeck au monument des « Malgré nous ».

Retour sur Strasbourg en fin d’après midi.

FICHE D’INSCRIPTION

Nom : ........................................................................... Prénom : .....................................................

Adresse : ..........................................................................................................................................................

...................................................................................... N° téléphone : .............................................

Nombre de personnes (nom et prénom) : ....................................................................................................... ...........................................................................................................................................................................

RÉSERVATION

Vendredi 26 septembre

- Réception à la Mairie de Strasbourg, au Parlement européen ou à la Cour européenne des Droits de l’Homme OUI � - NON �

Samedi 27 septembre

- Déjeuner 30 € x ....... personne (s) = .......... €�

- Diner de clôture dans la Petite France 30 �€ x ....... personne( s) = .......... €�

Dimanche 28 septembre

- Journée (déjeuner à Natzwiller + autocar) 60 �€ x ....... personne (s) = ........... €�_______

Total .............. €�

Règlement par chèque à l’ordre de l’Association française Buchenwald-Dora et Kommandos

Après Paris, c’est à Strasbourg que nous réunirons la prochaine Assemblée générale. Nous y rencontrerons les instances européennes et visiterons au Struthof, le Centre européen du dé-porté résistant. Nous nous rendrons aussi à Schirmeck où se trouve le Mémorial de l’Alsace-Moselle.Ces visites ne nous feront pas oublier que nous sommes dans une Alsace gourmande qui sait entre-tenir la fraternité. Réservez rapidement vos trajets et votre hôtel.

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Auguste est dépouillé de tout. Il connait la désinfection,la faim, les appels interminables, les nuits sans som-meil sur des châlits pouilleux. Puis c’est la sélection etle départ pour les tunnels de Dora. Auguste y travaillera12 heures par jour pendant 14 mois sous la férule degardiens sadiques et brutaux. Sa première équipecompte 118 déportés. Trois mois plus tard, ils ne sontplus que 18 encore vivants ou en état de travailler. Au-guste tient bon grâce aux colis et aux photos - objetsstrictement interdits - que sa femme lui envoie. Au moisde janvier 45, il assiste à l’arrivée d’un convoi de dé-portés évacués d’Auschwitz. Véritable spectacled’épouvante. 4000 personnes entassées dans des wa-gons sans eau et sans nourriture pendant 13 jours. Peud’entre elles survivent. Les rations alimentaires, déjàbien maigres, diminuent et les exécutions sommairesse multiplient ; Auguste doit défiler devant ses cama-rades pendus. Mais les troupes alliées se rapprochentet l’ordre d’évacuation est lancé le 4 avril 1945. Débutealors un voyage-supplice de 10 jours dans des wa-gons à bestiaux, sans nourriture et sans hygiène, puisà pied sur un terrain difficile. Certain de ne pas survivre,Auguste pleure et transmet ses dernières volontés à uncamarade qui parvient à le réconforter. Le 14 avril, af-famé et épuisé, il atteint le camp de Ravensbrück. Il yrestera jusqu’à son évacuation le 26 avril. Auguste doitrepartir sur les routes. Deux jours plus tard, à son réveilsur les bords d’un lac, il s’aperçoit que les gardiens ontdisparu. Auguste est libre ! Hélas, le retour en Francen’est pas une mince affaire. Auguste et ses camaradesvoyagent par leurs propres moyens jusqu’à Ludwigs-lust. Pris en charge par les armées américaine et an-glaise, ils se retrouvent dans le camp de rapatriementde Rheine. Pour Auguste, un nouveau voyage en traincommence à Kevelaer. Le trajet sera : Kevelaer-Bruxelles, puis Bruxelles-Hasbruck dans le nord de laFrance. Après un arrêt à Lyon, Auguste arrive enfinchez lui, à Grenoble, le 22 mai 1945.Isolé, loin de la France et des êtres qui lui sont chers,Auguste nous décrit au fil des pages sa souffrance mo-rale et physique : les privations, le froid, la sauvageriedes S.S. et des kapos – il est férocement battu à plu-sieurs reprises. Il explique le processus de deshumani-sation du système concentrationnaire nazi : lorsque leshommes en sont réduits à voler dans les gamelles deschiens pour survivre. Mais le récit d’Auguste est aussitruffé d’anecdotes qui révèlent une camaraderie à touteépreuve, un espoir toujours latent, toujours précieux,et une extraordinaire résistance de l’homme dans lespires conditions.Oncle Marcel aussi est rentré de déportation, maisrongé par la maladie. Une maladie inoculée volontaire-ment par un médecin nazi. Cobaye humain pour desexpériences médicales sur la tuberculose, il n’a jamaispu recommencer sa vie là où elle s’était arrêtée un 11novembre 1943 à Grenoble devant le monument desDiables Bleus. La maladie finit par l’emporter un jourde mai 1962, à l’âge de 38 ans.

Agnès Barnard

“Auguste Celse-Ma déportation”- Editions Claude Muller -594 rue du Brocey 38920 Crolles-Prix 15 euros (+frais de port)

Temps mortVictor Ozbolt, petit-fils de Jacques Bellanger (KLB51011), a publié, aux éditions Thierry Sajat, un recueilde poèmes, intitulé "Sur mon hamac de nuages" (prixThierry Sajat 2013). Dans ce recueil, illustré par une artiste peintre, figureun poème, "Temps mort", où il se remémore la visionqu'il avait, enfant, de son grand-père. Il évoque la déportation de celui-ci à Buchenwald, etles traumatismes engendrés là-bas.Bien évidemment, c'est beaucoup plus tard qu'il apris conscience du passé dramatique qu'avait vécuson aïeul.

Lorsque pépé tournait en rondAinsi qu’un poisson dans son bocalQue même ses mots s’égaraientNous enfants coquins on l’imitait

Sans savoir qu’il avait quittéL’océan pour un lac nauséabondOù tyrannisés par les piranhas

Les poissons zèbres s’entassaient

Ils rêvaient de pain chaud et de sommeilMais s’écaillaient à édifier des diguesEt beaucoup flottaient à la surfaceOn ignorait ce qu’était Buchenwald

Un jour enfin il revit l’océanVogua sur les flots rayonnants de l’aubeSans poissons zèbres ni piranhasMais le spectre du lac ressurgissait

Lorsque pépé tournait dans son bocalNous enfants coquins on l’imitait

Sans savoir que pour lui BuchenwaldNe s’arrêterait jamais

Auguste Celse, dit le Guste-matricule 40035Le parcours tragique d’AugusteCelse, dit le Guste, ressemble àcelui de mon oncle, MarcelThouplet – matricule 41163.Tous deux sont arrêtés le mêmejour lors de la manifestation pa-triotique du 11 novembre 1943 àGrenoble, internés à Compiègnependant deux mois, puis dépor-tés à Buchenwald dans le mêmeconvoi le 17 janvier 1944. Au-

guste se retrouve dans le block 62, oncle Marcel dansle block 51. Le premier est transféré à Dora le 11 fé-vrier, le second deux jours plus tôt.A son retour de déportation, Auguste Celse consigneson calvaire dans un cahier d’écolier pour l’enfouir aus-sitôt au fond d’un tiroir et tenter de l’oublier. Mais cetteprécieuse mémoire resurgit 60 ans après grâce à sonfils, Jean-Pierre Celse, et au journaliste Claude Mullerqui décident de publier son récit.Le passage de Compiègne à Buchenwald est brutal.

Page 14: LA MORT D’EMILE TORNER...Continuer à dessiner ou à peindre, quand cela été pos-sible, est un acte de résistance incroyable. Les dessi-nateurs sont les premiers résistants.

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ACHARD Annet Jean 50ALABERT Claudine 9ALEZARD Gérard 50ALLAIRE Dany 25ANDRéS Montserrat 4ANGOT Raymond 14ANGST Jean François 115APOLINAIRE Jeanne 4ARNAUD Sylva 14ARNOULD Christian 15ARNOULD Romain 30ARRESTAYS Marguerite 20ARVIS Marcel 65AUCHABIE Lucienne 4AZAMBOURG Micheline 14BAGUENEAU Abel 65BALLA Laurent 15BALLET Maurice 15BALLY Simone 24BARBARROUX Ernest 15BARBERON Madeleine 10BARETGE Georgette 100BASSAN Walter 15BAUD Claude 15BEAULAYGUE Roland 65BECQWORT Claude 15BERI Antoine 25BERNAL Annie 25BERNARD Gabrielle 34BERNARD Suzanne 44BERTANDEAU André 15BERTRET Michèle 15BIDOUX Georgette 44BOILLET Renée 14BOLATRE Jean Bernard 45BOLZER Joseph 35BONNE Monique 15BONTE Irène 44BORDIER Germaine 18BOYER Marie-claire 64BRETONNEAU Michelle 14BROìDO Martine 30BROUWEZ Fernande 19BRUCK Alexandre 30BUDKA Georges 65BUISINE Jacqueline 15BUISSON Gracieuse 14CALLES Chantal 15CAMPANINI Claude 15CANACOS Yvette 15CANDOR Amalia 24CASSETARI Laure 50CHAILLOU Georges 65CHAPELAIN Mireille 100CHAPUIS Marie Fran�oise 24CHARBONNEL Jean J. 35CHARRON André 200CHATY France 29CHAUMONT Michel 15CHEVALLIER Suzanne 14CHEVALLIER Yvette 54CHEVRON Renée 19CHIARA Nicole 65CHIUMINATTO René 15CLAIRBOUX Odette 15CLEMENT Renée 44CLUET Jean Louis 165CM-CAS-EDF Tulle 65COLIGNON Marcel 65COLIN Lucienne 15COLONEL Lucien 65CONAN Paulette 44

CONTENT Gilbert 15CORNU Paul 65COTTEVERTE Gérard 15COTTY Renelde 64COURRENT Danielle 5CUNCHINABE Michèle 10CURTET Pierre 15DAMIENS Claude 15DAUBA René 35DELAHAIE Jacques 50DELALANDE Véronique 50DELEPINE Jacques 35DELEURENCE Ginette 65DELIOT Marie France 40DELOYE Jean Baptiste 15DEL-POZO Josépha 44DEMESSE Christiane 15DENIS France 29DESMET Bleuette 125DESSEAUX Christian 15DETOURNAY Adèle 24DROUILLARD Léonel 15DROUIN Gilberte 64DUCROIX Michel 15DUELLI Nelly 5DUMILLY Josiane 25DUMON André 94DURAND Jacqueline 94DUVEAU Suzanne 10EBERHARD Jacques 15ETCHEBERRY Georgette 14FABER Nicole 15FAVRE Suzanne 54FAYARD Jean François 5FILLIA Mary 65FLAMAND Marinette 15FLAU Jacqueline 4FLORENT Hélène 25FOUCAT Louisette 244FOURE François 15FRANCO Richard 15FRAYSSE Emelie 30FRIBOULET Jean Paul 15FURIGO Anne 65GARCIA Yvette 50GARNIER Louis 65GASPARD André 15GAUTHEY Agnès 65GAUTHIER Michel 10GENDRAU Marcel 29GENTE Emile 100GIL Nicole 45GOBIN André César 65GODARD Yvonne 35GONZALES Lucie 300GOUYET France 15GRAILLOT Rémi 15GRANDCOIN Jean J. 35GRANDCOIN Simone 94GRANGER Jacqueline 50GRYBOWSKI Simone 500GUENIN André 40GUERARD Colette 65GUERRIER André 200GUGLIELMI Antoine 15GUIADER Violette 29GUIGNARD Elyse 44GUILBAUD Geneviève 14GUINOT Camille 15GUYOT Jean 100HADIRI Françoise 65HALLERY André 265

HERZ Bertrand 115HESLING Monique 15HILBE Madeleine 10HIRTZLIN Laura 14HOUDMONT Claudine 80HUGELE Danielle 4JACQUET Bernard 15JAMET Simone 44JOUAN Roger 15JOUANIN Georges 15JUFFROY Daniel 15JULIOT Jean François 15KAWINSKA Colette 69KORENFELD Elie 65KRENGEL Eveline 35KUIJPERS H. J. M. 15LAGET René 100LAIDEVANT Andrée 20LAILLIER Hélène 4LALANNE Colette 59LANDRIN Antoinette 5LANOISELEE Marcel 175LANOUE Henri 30LAPEYRE Andrée 15LARENA Marinette 50LASTENNET Solange 24LAVABRE Pierrette 9LECLERCQ Armande 19LEDIN Philippe 15LEDOIGT Paulette 14LEFEVRE Jacques 35LE-GAC Marguerite 144LEGRAND Barbara 20LEGUEUX Georgette 20LEMY Ginette 15LEPREVOST Josette 34LEROY André 20LETELLIER Marie Thérèse 35LETONTURIER Maria 14LUQUET Marcel 30MAILLET Henriette 24MALLET Fernande 4MALLON-BONNARD Jean 15MALSAN Sylvie 165MANUEL Pierre 64MARION Jean 15MARRET Patricia 5MARTIN Henriette 20MARTZOLF Jean Pierre 15MASSEY Nicole 30MATHE Marcel 20MAURAY Sandrine 35MEDAL Rachel 25MEGE Daniel 15MENAULT Catherine 15MERCIER Simone 34MEROLLI Jean Pierre 25MEUNIER Gisèle 94MEYER Maria Simone 15MICHKINE Madeleine 23MOALIC Jacques 165MORAND David 15MORICEAU Suzanne 44MUR René 15NEROT Emile 25NICOLAS Josette 100NICOLAY Marie Jeanne 44NORMANT Jean 10NOVEMBER Eva 250OBERLAENDER Liliane 15ORANGE Jean 15ORCEL Gilles 15

ORLOWSKI Orianne 15OZBOLT Jeanne 45PACTHOD André Victor 15PARDON Josette 5PARIS Jeannine 44PASTOR Dominique 4PATE-GANDON Jeanne 29PAYEBIEN Huguette 15PECHO Eugène 25PENA Virgilio 215PERINET Gisèle 10PETIT Didier 115PETIT Paul 15PHILIPPE Aline 15PICHON Josselyne 25PONCET Louis 15PORTA Alice 20PRAZ Paulette 4PRIAM-DOIZI Jean 50RAMILLON Ginette 30RAQUIN Madeleine 10RAYNAUD Simone 4REBOUL Marie France 15RENAULD Jean Jacques 15RIVET Alain 1260ROBERT Jacques 15ROCHE Gilbert 15ROCHER Jean François 5ROCHETEAU Ginette 4ROCHON Sylvie 35ROHNER Jacques 15ROLANDEZ Louis Marcel 45ROMER Claire 20ROUSSIN Robert 15ROUYER Jean Claude 100RUFET Jeanine 4SALAMERO Jean André 10SANTINI Fernando 15SANTOS Madeleine 14SARRE Josette 15SAUCIER Delphine 65SAUGERON Céline 15SAURA André 4SAVIGNEUX Anne Yvonne 97SCHIL Florence 965SCHOEN Robert 65SEMAL Jacqueline 14SERRES René 10SIMONNET Huguette 35SUZOR Pierre 100TAMANINI Jacqueline 94TASLITZKY Evelyne 65TERREAU André 65THIMON Guy 15THIOT Jean 30TOURNIER Patrick 5TRAPEAU Rolande 14TRAVAILLE M. Antoinette 30TRIBOUILLARD Lucienne 15TUET Georges 35TUMERELLE Hubert 29VALZER Marcel 30VAN-DER-SCHUEREN MTh50VANNIER Colette 10VAUTHIER Marcel 150VENULETH Patricia 15VERAN Yvette 29VERMOREL Jean 65ZOA Gisèle 20ZYLBERMINE Jacques 100

SOUSCRIPTION

SOUSCRIPTION DU 16 décembre 2013 au 31 janvier 2014Le renouvellement, quasiment à 100%, des adhésions à l’Association - dont le montant des cotisa-tions est bloqué depuis des années- s’accompagne presque toujours d’un effort financier supplé-mentaire et volontaire. Ces dons sont précieux. Ils alimentent notre présence dans la mémoire de ladéportation et la défense des valeurs qui sont les nôtres. Merci.

Dominique Durand

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DANS NOS FAMILLES

DÉCÈSDéportés

- Lucien BENHAIM, KLB 39894,Flossenburg,

- Alexandre BRUCK, KLB 20943

- Maurice PERROT, Mauthausen,Dora, Mle 31646

- Roger PINOT (KLB 51026, Dora,Harzungen, Ellrich

- Julien SAGOT, Dachau, Buchen-wald (KLB 110795), Ohrdruf

- André SAURA, KLB 51119, Dora,Gunzerode

- Emile TORNER, KLB 81655, Lan-genstein

- Hubert TUMERELLE, KLB75842, Kdo Blankenburg

Familles, Amis

- Lucienne CHAILLOU, épouse deGeorges CHAILLOU, KLB 30807

- Gillette LEWANDOWSKI, veuvede Stanislas LEWANDOWSKI (KLB20289, Dora)

- Mme MAURICE, épouse de JeanMAURICE, KLB 49932, Dora

- Gérard PERRIN, neveu deRoland PERRIN (KLB 51152)

A toutes les familles et les amis,nous adressons nos condo-léances les plus sincères.

Louis BERTRAND

Selon sa volonté, les cendres de Louis Bertrand dit “Louyot” serontinhumées le vendredi 11 avril 2014 sur le site du Kommando de Lan-genstein-Zwieberge.

Une courte cérémonie aura lieu à 17 heures.

NAISSANCE

- Pauline, arrière petite-fille deMarcel MALIVET (KLB 30639,décédé en 1997), petite fille deMichelle ABRAHAM, membre duConseil d’administration de l’as-sociation.

Avec tous nos voeux de bonheur.

Emile TORNER MESSAGES (suite)

... Vers quels moments pourrai je doncmaintenant m’élancerEt vers quelle forêt,Dont chaque arbre est comme un grand frèreQui m’attendVais-je emmener ce qui reste de souvenirs Et d’illusions.

“Poème captif” - Buchenwald - Weimar 1945

J’aurais voulu être présent lors des obsèques d’Emile Torner. Celane m’est malheureusement pas possible pour raisons de santé fa-miliale.Les engagements, la vie d’Emile Torner ont valeur d’exemple danscette période ou plus que jamais la vigilance et l’intervention popu-laires relèvent du devoir collectif.C’est avec ces convictions que je veux m’associer à l’hommagerendu au militant, au déporté, au résistant de tous les instants.

Gérard Alezard, fils de Gaston Alezard, déporté par le dernier train de Compiègne le 17 août et décédé à Buchenwald le 24 août 1944.

Chers amis,

Quand vous, les compagnons les plus proches d’Emile, l’accompa-gnerez vers sa dernière demeure, nous serons à vos côtés en pensée.

Nous pensons à Emile, au transmetteur, jamais fatigué quand ils’agissait de faire faire à la jeunesse le travail de mémoire et de ré-flexion sur les crimes du nazisme.

Souvent, nous nous sommes demandées comment il arrivait à inté-resser des jeunes à son histoire, au destin de tant de Français quiont souffert dans les camps de concentration comme Buchenwaldet Langenstein-Zwieberge. Qu’est-ce qui faisait de lui, octogénaire,un interlocuteur si captivant pour les plus jeunes ?

Une première réponse nous venait en voyant comment il était avecses interlocuteurs.

Il était toujours disponible pour eux, peu importe qu’ils soient plusâgés, raisonnés et patients, ou plus jeunes et pas patients du tout !!!Il gagnait leur attention à tous parce qu’il était toujours authentique,parce qu’il était toujours lui-même, sans prétention, parce qu’il té-moignait dans l’urgence mais sans gravité exagérée, avec la fermevolonté de faire de la transmission de la mémoire des crimes nazisune tâche importante, à accomplir avec sa réflexion et son action.

Notre ami Emile Torner nous a montré que nous ne devons jamaisabandonner, si nous voulons gagner l’écoute des jeunes et préser-ver ce qu’il nous a offert. Nous le ferons aussi longtemps que nousen aurons la force. Nous ne pouvons dire que «merci».

Cher Emmanuel, nous te prions de saluer du fond du cœur tous nosamis français qui seront à tes côtés aujourd’hui.

Ellen Fauser et Gesine Daïfi, dirigeantes du Mémorial du camp de concentration de Langenstein-Zwieberge

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1945 - 201570e anniversaire de la libération des camps de Buchenwald

Dora et de leurs KommandosUn voyage exceptionnel pour un anniversaire exceptionnel

L’année 2013 est à peine achevée, 2014 si peu enta-mée que déjà nous pensons à cette étape que vaconstituer pour notre Association, ses adhérents,comme pour l’ensemble du monde de la Déportation,l’année 2015 ; année du 70e anniversaire de la libérationdes camps de la Mort.

Comme en 2005, à l’occasion du 60e anniversaire dece même événement, notre Association entend être to-talement présente dans le cadre de ce rendez-vousmémoriel.

Pour ce faire, nous avons pour projet d’organiser, entreautres manifestations, un voyage sur une période d’en-viron six jours et qui se déroulerait bien entendu à lami-avril 2015.

Nous ne pouvons d’ores et déjà vous annoncer le pro-gramme envisagé puisque nous n’en sommes qu’auxcontacts exploratoires avec nos partenaires naturels, àsavoir les Mémoriaux Internationaux respectifs. Il nous

apparait toutefois indispensable dès maintenant depréparer les modèles d’organisation et de réfléchir auxdiverses mesures logistiques qui devront être mises enoeuvre.

Le temps passe rapidement et il nous faut impérative-ment être prêts afin de pouvoir dès le courant de l’an-née 2014 réserver les moyens de transport et les lieuxd’hébergement et de restauration.

Aussi à l’instar de 2004/2005, persuadés que nom-breux parmi vous, vos familles et vos amis souhaiterezvous associer à cet important travail de Mémoire, nousvous soumettons, ci-après, une fiche de pré-inscrip-tion qui, sans revêtir un engagement formel de votrepart, nous permettra néanmoins de procéder aux éva-luations nécessaires qui nous aideront à organiser legros travail de préparation qui nous attend.

Merci par avance de nous répondre et de nous appuyerdans l’accomplissement de cette tâche.

Préinscription pour le voyage du 70e anniversaire d’avril 2015(6 jours - 650 € environ)

Nom : ____________________________________________ Prénom : ____________________________________

Adresse : _______________________________________________________________________________________

N° Tel. : __________________________________________ Mail : _______________________________________

Autres personnes participant au voyageNom Prénom Qualité (1)

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(1) Déporté, épouse, veuve, enfant, petit ou arrière-petit enfant, ami. Précisez si vou s êtes veuve ou enfant de déportémort en déportation.

Suggestion, attente (par exemple : visite d’un lieu particulier ou d’un kommando) :________________________________________________________________________________________________

Envisagez-vous de vous rendre en Allemagne par vos propres moyens : OUI NON