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LA MISE EN TOURISME COMME FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT SOUTENABLE ET DE CRÉATION DE L’IDENTITÉ DU GRAND PARIS -APPLICATION AUX RIVES DE SEINE- Commande « Mise en tourisme des territoires du Grand Paris» 27 Juin 2016 Sous la direction d’ ELIZABETH DE PORTZAMPARC Assistants: Gaël Le Moign Antonio Dos Santos Fanny Roy-Boujot

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LA MISE EN TOURISME

COMME FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT SOUTENABLE

ET DE CRÉATION DE L’IDENTITÉ DU GRAND PARIS

-APPLICATION AUX RIVES DE SEINE-

Commande « Mise en tourisme des territoires du Grand Paris»27 Juin 2016

Sous la direction d’ ELIZABETH DE PORTZAMPARCAssistants: Gaël Le Moign Antonio Dos Santos Fanny Roy-Boujot

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INTRODUCTION 4

A/ LE TOURISME MÉTROPOLITAIN: DÉFINITION ET TENDANCES 7

APPROCHER LES MUTATIONS DU TOURISME 9UN RÉVÉLATEUR DES DEUX VISAGES DE LA MÉTROPOLE 9UNE DÉFINITION RÉDUCTRICE 9LA DISTINCTION TOURISME / LOISIR 9DÉPASSER L’OPPOSITION TOURISTE / HABITANT 9MÉTROPOLE VÉCUE ET MÉTROPOLE FANTASMÉE 10RALENTIR POUR RÉCONCILIER DEUX VISAGES 10UN TOURISME GRAND PARISIEN 11LA CULTURE : ÉLÉMENT D’ATTRACTION MAJEUR 12PRENDRE EN COMPTE LA RÉALITÉ DU TERRAIN 12UN TOURISME «CONNECTÉ» 13SLOW TOURISM MAIS DÉVELOPPEMENT À LONG TERME 14L’IMPACT ÉCOLOGIQUE DU TOURISME 14

VERS UN TOURISME SOUTENABLE 15LE TOURISME COMME LEVIER D’ACTION ÉCOLOGIQUE 15LA DIMENSION SOCIALE D’UN TOURISME SOUTENABLE 15LES GRANDS PRINCIPES FONDATEURS D’UN TOURISME SOUTENABLE 15L’INTÉRÊT DU TOURISME FLUVIAL 16

TABLE DES MATIÈRES

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B/ ÎLES ET BERGES DE LA SEINE: MISE EN TOURISME DES LIENS ET DES LIEUX 17

B-1 / DEUX AXES POUR LE TOURISME: 21LE NÔTRE ET LA SEINE 21LA SEINE, AUTRE AXE STRUCTURANT 23NATURE ET ÉVOLUTION DU TOURISME FLUVIAL SUR LA SEINE 24

B-2 / LES ÎLES DU GRAND PARIS 27L’ÎLE DE LA CITÉ : ÉPICENTRE DU TOURISME PARISIEN 29L’ÎLE SAINT-GERMAIN, LE CHOIX ECOLOGIQUE 31L’ÎLE SEGUIN, LE PROJET CULTUREL 33L’ILE MONSIEUR, «L’ÎLE DES MUSICIENS» 35LES ÎLES DE DE PUTEAUX ET DU PONT, L’ÎLE SPORTIVE 37L’ILE DE LA GRANDE JATTE, L’IMPRESSIONNISTE 39DOUBLE VISAGE DES ILES 40DÉVELOPPER LES NOEUDS AVEC LES RIVES 40

B-3 / LES PROMENADES SUR LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR 41SÉQUENCE 1- ILE DE LA GRAND JATTE 42SÉQUENCE 2- SEINE- LA DÉFENSE 43SÉQUENCE 3- LA SEINE DISTANTE 44SÉQUENCE 4 - LA SEINE URBAINE ET INDUSTRIELLE 45QUALIFIER ET FRANCHIR 46VALORISER UNE CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE 47DES INITIATIVES MULTIPLES 49LES PÉNICHES ET LES PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT FLEXIBLE 49UNE IDENTITÉ COMMUNE 50

C/ CONCLUSIONS ET PRÉCONISATIONS 51

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INTRODUCTION

Cette mission de réflexion proposée par l’AIGP est une occasion pour réinterroger la fabrication métropolitaine au travers d’une approche touristique. Si elle constitue une force majeure pour la vie économique et culturelle d’une métropole et d’un pays, la mise en tourisme ne doit pas se cantonner à une succession d’évènements et de vitrines éphémères démontables qui masqueraient en autant d’écrans et de tableaux d’apparat la réalité d’un paysage spatial et social, encore aujourd’hui lézardé par de nombreux déséquilibres profonds. Dans ce sens, il ne faudrait pas se limiter à une simple extension du périmètre «visitable» de la cible historique du tourisme intra-muros, ni au seul renfort de l’offre touristique; il s’agit d’aboutir à une véritable politique de développement et de mise en valeur de l’ensemble du territoire métropolitaine.

La Seine, matrice élémentaire de l’identité commune du Grand Paris

Nous avons souhaité appuyer notre étude sur l’analyse d’un territoire démonstrateur et fondateur,celui des rives de Seine qui pourrait être le théâtre d’un autre type de tourisme, plus authentique et bucolique, en complément des dynamiques existantes. Nous constatons aujourd’hui que la Seine et son littoral fluvial sont souvent fermés, privatisés, non-aménagés. A la suite du travail engagé par A.Grumbach, la mise en tourisme du Grand Paris doit permettre leur réappropriation. L’axe liquide géographique de la Seine, avec son chapelet d’îles et son littoral fluvial, est certainement le lien le plus évident pour un Grand Paris qui cherche encore à construire une identité commune.

La mise en valeur des identités locales pour construire un tourisme grand-parisien

L’offre touristique actuelle se limite en définitive au seul territoire de Paris Intramuros. Il est indispensable d’enrichir et d’élargir cette offre à l’ensemble de la Métropole du Grand Paris, de relier les différentes temporalités ( pics ponctuels et/ou récurrences) et des différents types du tourisme ( de masse, d’affaires, éco-tourisme, etc.). Il est important d’horizontaliser la mise en tourisme et de développer tous les mécanismes qui permettent le développement d’un tourisme grand-parisien.La valorisation de l’identité métropolitaine permettra de faire émerger un tourisme grand-parisien non réduit aux centralités culturelles existantes de Paris intra-muros, et d’amener les visiteurs -étrangers et locaux- à (re)découvrir la richesse de l’ensemble de notre territoire. Le fleuve constitue à ce titre la matrice fédératrice évidente du Grand Paris et l’un des principaux marqueurs de l’identité métropolitaine.

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La mise en tourisme comme facteur de développement soutenable

Par ailleurs, l’attractivité touristique d’une métropole est inhérente à son niveau d’hospitalité, à sa capacité de faire se cotoyer différents types et temporalités d’usages, pour que l’éphémère, l’évènement et la consommation instantanée de l’ « esprit d’un territoire » ne se substituent jamais à un objectif de construction métropolitaine à long terme. Cela rejoint une ouverture générale dans la manière de faire métropole, notamment par des procédures de concertation et de co-construction d’un environnement partagé, où les habitants et les associations locales doivent eux aussi être associés, avec d’autres modèles de financements innovants. Nous verrons que la recherche d’authenticité dans les pratiques touristiques rapprochent fortement les sphères individuelles du visiteur et du résident et qu’une métropole désirable et attractive pour le touriste l’est d’abord pour l’habitant.L’évolution des moeurs nécessite aussi de repenser l’adéquation de l’offre touristique aux nouvelles attentes des touristes, qui cherchent de plus en plus à associer des pratiques de bien-être et de proximité avec la nature à la découverte du patrimoine bâti des villes. Ce nouveau «tourisme» soutenable permettra de valoriser le «tourisme du quotidien», offert aux visiteurs comme aux grand-parisiens, pour que l’activité continue et mesurée des sites touristiques soit aussi le vecteur d’une nouvelle économie génératrice de dynamisme local. Les aménagements doivent ainsi être flexibles et réversibles, en pensant la mutualisation des usages.Puissant levier de développement, la mise en tourisme du Grand Paris doit permettre de redonner l’accès à un environnement matériel et immatériel, urbain et paysager de qualité. Cela rejoint la valorisation du patrimoine, la justesse des aménagements urbains, le respect des continuités écologiques, la recherche de lien entre les dimensions de la métropole vécue et de la métropole fantasmée, la nécessité de penser toujours de manière conjointe les dimensions sociale et économique indissociables de tout aménagement durable.

Ce court rapport constitue une première proposition d’étude opérationnelle qui appelle un développement ultérieur plus conséquent avec l’ensemble des acteurs locaux. Ce travail devra s’engager en complément sur les autres séquences de la Seine et de la Marne - qui n’ont pas pu ici être abordées de par les contraintes imposées au format- mais où l’approche touristique et le contexte local est tout autre et enrichirait indéniablement la démarche. Suivant le cours libre de la Seine, cette réflexion pourra s’étendre hors des limites institutionnelles de la métropole du Grand Paris, en agrégeant au passage les fabuleux dynamismes locaux de communes comme Nanterre, les futurs projets de requalification d’envergure comme celui du port de Gennevilliers, et ne pas négliger les potentiels de la Seine Amont et des bords de Marne. Cela permettra de déterminer, avec plus de précision et de justesse, la teneur des actions à mener, pour que la mise en tourisme de la métropole, tout particulièrement le long de ses fleuves, révèle l’identité métropolitaine.

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A/ LE TOURISME MÉTROPOLITAIN:DÉFINITION ET TENDANCES

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PARTIE A - LE TOURISME MÉTROPOLITAIN : TENDANCES ET ÉLÉMENTS DE REDÉFINITION

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APPROCHER LES MUTATIONS DU TOURISME : UN RÉVÉLATEUR DES DEUX VISAGES DE LA MÉTROPOLE

UNE DÉFINITION RÉDUCTRICE

« Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité. » (INSEE)

Cette définition de l’INSEE, qui sert parfois de base aux politiques touristiques, pose aujourd’hui problème. Elle ne parvient plus à saisir les mutations du tourisme, par exemple parce qu’elle exclut la possibilité de penser un «tourisme du chez soi», du quotidien.La possiblité d’être «étranger à son propre environnement», ou du moins d’adopter un regard décentré, pose plus généralement la question de la distinction entre tourisme et loisir. Si l’on reconnaît la possibilité d’avoir des activités de loisir proches de chez soi, et même qu’on la promeut, quid de la position du touriste, dont le loisir est bien un élément de définition.

LA DISTINCTION TOURISME / LOISIR

«Le loisir est l’activité que l’on effectue durant le temps libre dont on peut disposer. Ce temps libre s’oppose au temps prescrit, c’est-à-dire contraint par les occupations habituelles (emploi, activités domestiques, éducation des enfants...) ou les servitudes qu’elles imposent (transports, par exemple).1» Il serait peut-être nécessaire de réinterroger la distinction entre tourisme et loisir, qui semble justement retranscrire une opposition entre l’activité - parfois quotidienne - de l’habitant, et l’aspect très évenementiel et ephémère du tourisme, qui induit de facto un dépaysement.Des initiatives, qu’il serait nécessaire de conforter , s’inscrivent déjà dans cette dynamique. L’opération estivale Paris-Plage permet une

relecture ludique du territoire de ses berges et une réappropriation par ses habitants. Mené par la mairie de Paris depuis 2002, ce projet avait pour objectif de permettre à ceux qui n’avaient pas la chance de partir en vacances de « voyager sur place », en transformant pour l’occasion et sur un mois un territoire habituellement dédié à la circulation automobile. Le lieu n’est pas anodin, les berges de Seine étant fortement suggestives dans l’imaginaire et la proximité de l’eau un agrément naturel à toute activité de loisir.

Par ailleurs, la mairie de Paris a lancé l’opération « Paris Respire » , basée sur la mise en place d’un « périmètre du canal piéton » tous les dimanches, avec une adaptation de la plage horaire en fonction des saisons. Cela a ainsi permis la réappropriation progressive par les circulations douces du canal Saint Martin, sur les Quais de Valmy et de Jemmapes. Tout cela participe de l’effet « tourisme sur place » où les habitants sont acteurs autrement de leurs territoires, passant momentanément de la posture de « résident» à celle de « visiteur », qui se réapproprie son territoire par la «re-découverte» de son identité.

DÉPASSER L’OPPOSITION TOURISTE / HABITANT

Cette réflexion sur la distinction «tourisme - loisir» préfigure la question beaucoup plus large, et problématique, de la frontière touriste - habitant, qui tend aujourd’hui à se dissoudre dans l’essor d’un «tourisme de l’authentique», à vivre, rapprochant inéluctablement touriste et riverains. Les modes de séjour, d’hébergement, etc., des touristes se confondent en partie avec ceux des riverains, car ils ne suivent plus nécessairement le principe de l’hôtellerie traditionnelle. - En regard du tourisme à faire, renforcement du tourisme à vivre : se mettre dans la peau d’un métropolitain, axer la communication sur la valeur de l’authenticité, du tourisme chez l’habitant, pour en devenir un, au moins momentanément.

1 Source : Wikipédia

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PARTIE A - LE TOURISME MÉTROPOLITAIN : TENDANCES ET ÉLÉMENTS DE REDÉFINITION

- Le riverain joue de plus en plus le rôle de « guide informel » (Voir le phénomène des greeters par exemple).

A l’envers du simple tourisme du «sign seeing» du passé, une nouvelle forme de tourisme émerge donc au plus près de la vie locale. La réussite de concepts comme AirBnB montre l’ampleur du phénomène. Elle est intéressante car elle donne à voir un autre versant de l’économie touristique: celui d’un renfort de l’économie locale par l’augmentation de pratiques mimétiques et par la transformation progressive du touriste en acteur de la vie locale.

Cette translation du statut du touriste de visiteur-consommateur à celui d’aspirant-acteur tend à diminuer les phénomènes de rejets qui peuvent éclore chez les habitants et devient alors un enjeu déterminant pour les territoires qui doivent capter cette manne en misant sur leur présence prolongée 2. Cela rejoint aussi la question de la revalorisation de l’identité locale des territoires et de la mise en valeur plus générale, qui sert les usages et l’image locale et l’attractivité générale.

MÉTROPOLE VÉCUE ET MÉTROPOLE FANTASMÉE

Le tourisme de masse serait dédié à et constitutif de la seconde, de la société du spectacle : alimenter une image à l’international, quitte à ce

Autoroute A1 - RDDV Partner, Wilmotte et associés, 2015.2 : À ce sujet, se référer à la notion d’économie présen-tielle de Laurent Davezies.

que ce soit à travers des clichés. Il ne verrait les choses que de façon superficielle, sans les vivre. À l’opposé, le riverain vivrait sa ville en dépit du tourisme de masse. Or, les évolutions récentes démontrent l’émergence de nouvelles catégories de touristes, souhaitant vivre leur séjour comme un métropolitain, parfois avec lui.Ces nouveaux phénomènes (AirBNB en est l’exemple le plus médiatique, mais, loin d’être le seul, il surfe sur une tendance) représentent problablement une piste pour limiter les phénomènes de rejet du tourisme et de la figure du touriste, et ainsi réconcilier les deux visages de la métropole.

En revanche, demeure le problème de la répartition du tourisme : il y a les nouveaux types d’usage, de séjour, d’activité, mais qui doivent absolument être mis en lien avec un tourisme véritablement grand-parisien.

RALENTIR POUR RÉCONCILIER DEUX VISAGES

Pour que la métropole du Grand Paris s’inscrive résolument dans une lecture internationale, elle se doit d’être à l’avant garde d’un développement vertueux. Comme les équipes de l’AIGP l’avaient étudié lors des premières phases, cela passe par la conception d’une métropole «post-kyoto» exemplaire, où les questions d’énergie, de réduction des pollutions, de nouvelle agriculture, et de préservation de la nature ne doivent jamais être détachées d’une réflexion en profondeur sur ce que doit être une métropole résolument hospitalière.

Ainsi, nous constatons aujourd’hui dans les médias l’image perçue parfois péjorative du Grand Paris à l’étranger, celle d’une vieille capitale de moins en moins hospitalière, de plus en plus polluée et à risques: inhospitalière vis-à-vis de ses propres habitants par la relégation toujours plus lointaine des plus défavorisés et

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l’aggravation des différences de revenus et des ruptures sociales ; de plus en plus marquée par les pics de pollution réguliers ; risquée par les évènements tragiques et l’insécurité relative qui secouent actuellement la France et le Grand Paris aux premières loges. De cela , Paris pourra en ressortir grandi et enfin devenir un «Grand» Paris en montrant l’image - qui doit être avant tout le reflet d’un véritable effort sur le contenu - d’une réelle hospitalité métropolitaine et d’une forte volonté pour recréer du lien (territorial, social, etc.).

Le tourisme, nécessaire pour la vie d’une métropole, constitue aujourd’hui un fabuleux moteur pour maintenir l’attractivité d’une métropole tout en rapprochant ses différentes facettes : ce sont les différentes temporalités du tourisme, mais ce sont aussi les attractions et répulsions entre les sphères spécifiques de l’habitant et du visiteur.

Illustration de l’ouverture d’un territoire vers les autres, le tourisme ne doit cependant pas être envisagé comme le moyen de gommer en apparence les difficultés rencontrées par un effet «vitrine» éphémère pour faire «bonne figure». Cela serait désastreux à long terme pour la capitale, puisque cela entérinerait la dichotomie aujourd’hui opérante entre les deux visages d’une métropole vécue ici avec ses difficultés et d’une métropole fantasmée là-bas, qui ne voudrait montrer que son meilleur. Plus qu’une perte en termes d’image et en « potentiel d’annonce », la métropole du Grand Paris n’aurait jamais l’unité et la qualité nécessaire pour rester attractive.

L’approche touristique métropolitaine doit donc servir à porter un projet global de développement à long terme pour la métropole. Construire une métropole plus hospitalière et faisant face aux enjeux sociaux en environnementaux d’aujourd’hui. Cette attitude constituera in fine le meilleur des slogans et c’est dans ce sens que

le tourisme peut participer à l’accélération de la construction d’une métropole soutenable.

UN TOURISME GRAND PARISIEN

Pourquoi vient-on à Paris ? L’offre culturelle reste encore l’attrait principal pour les touristes, qu’ils soient franciliens, français ou internationaux (activités ayant motivé le séjour et activités effectivement pratiquées confondues). Pour la seconde catégorie des activités effectivement pratiquées, près de 83 % des touristes visitent des musées et monuments (en comparaison, la gastronomie et les parcs et jardins ne recueillent l’intérêt que d’environ 30% des touristes).3 Les activités touristiques moins traditionnelles restent minoritaires. La «découverte de quartiers branchés» par exemple, ne recueille que 17% des suffrages4.

Qui vient à Paris ?Dans le cadre des séjours personnels, le Comité Régional du Tourisme précise la provenance des touristes :-d’Europe (7 pays étudiés), ils sont à 37% classés en CSP+, avec 41 ans d’âge moyen et 35% de primo-visitants;-du monde ( 10 pays étudiés), ils à 38% classés en CSP+, avec 38 ans d’âge moyen et 55.4% de primo-visitants;

Dans les 2 cas il s’agit toujours majoritairement de voyageurs individuels (la Chine avec ses 16% de voyages en groupe est en tête du classement, devant les Japonais (11%)).

Dans le cadre des séjours professionnels, le CRT donne la classification des touristes suivante:- 64% d’hommes, d’âge moyen 42 ans;- 65% de voyageurs solitaires;-58% de catégorie CSP+;-67% en provenance de France, 20% des autres pays Europe;- 90% de «repeaters».5

3 : Office du tourisme et des congrès de Paris, 20144 : idem5 : Comité régional du tourisme de l’Île-de-France

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PARTIE A - LE TOURISME MÉTROPOLITAIN : TENDANCES ET ÉLÉMENTS DE REDÉFINITION

L’analyse de la seule fréquentation hôtelière montre que dans Paris intramuros 58% des occupants d’hôtel sont internationaux. Cette répartition connaît une inversion en petite et grande couronnes, majoritairement occupées par des touristes français.

Pour aller où ?

Ces chiffres préfigurent une orientation plus générale relevant de l’évidence actuelle : alors qu’en 2015, 15,2 millions d’arrivées sont enregistrées à Paris (105 km²), la Petite et la Grande Couronne réunies en accueillent à peine plus (17.1 millions pour 12 000 km²). Rapportées à leur superficie respective, 105 et 12 000 km² - soit une densité de 145 000 touristes/km² pour la première et 1 425 touristes/km² pour la seconde - le rapport est alors de l’ordre du centuple, et l’iniquité territoriale est absolument flagrante.

Les caractéristiques du tourisme parisien, en particulier en termes d’activité, restent

très largement dominées par une approche traditionnelle, tournée vers l’hypercentre de la capitale. Pourtant, l’enjeu actuel est bien d’impulser un tourisme résolument «Grand Parisien».

Il faut donc élargir la réflexion, afin d’infléchir la tendance, et que l’ensemble des territoires bénéficient équitablement de la manne touristique. Par ailleurs, la diversification de l’offre est incontournable. Si l’aspect culturel traditionnel du tourisme parisien doit être maintenu et conforté, il est aussi nécessaire de l’élargir : -tout d’abord, élargir l’offre culturelle, de montrer la richesse patrimoniale et les productions culturelles de Paris extra-muros (pour n’en citer que quelques uns : Sceaux, St-Cloud, Meudon,St-Denis, Rueil-Malmaison, les jardins de Bagatelle , les théâtres mythiques de la Cartoucherie à Vincennes,des Amandiers à Naterre, de Bobigny qui ont lancé de nombreuses célébrités..) ;-ensuite, dépasser le principe de l’offre culturelle à d’autres domaines, qui permettent d’appréhender et de s’approprier le territoire.

La culture du Grand Paris et plus généralement de l’Île de France est infiniment plus riche que cette simple acception.

PRENDRE EN COMPTE LA RÉALITÉ DU TERRAIN

Pour ce faire, il est indispensable de s’appuyer sur les réalités de terrain, et sur l’action de collectifs et associations déjà engagées, à leur échelle, dans un rééquilibrage du tourisme métropolitain, tant sur les plans économique que social. La multiplication d’initiatives de ce type, parfois sur un mode informel, est une opportunité sur laquelle il faut s’appuyer.Du phénomène des greeters, bénévoles qui font découvrir leur quartier en jouant les rôles de guide (particulièrement actifs en Seine-St-Denis), à celui porté entre autres par l’Association du Tourisme

LA CULTURE : ÉLÉMENT D’ATTRACTION MAJEUR

6 Comité régional du tourisme de l’Île-de-France, 2014

Diagramme montrant la répartition des touristes en Ile-de-France en 2014 6

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Équitable et Solidaire (ATES), en passant par toutes les formes d’écotourisme (cyclotourisme, ballades urbaines piétonnes,...), et de tourisme alternatif attentif à ses dimensions sociale, économique et écologique (réinsertion profesionnelle à travers le tourisme et la découverte du maraîchage local par exemple - voir l’association Espaces), une offre touristique véritablement intégrée et révélatrice de la richesse des territoires se dessine peu à peu.

Les collectivités territoriales commencent à prendre la mesure de ces évolutions, bien que timidement. On voit paraître dans la cohorte d’informations des phénomènes tels celui des city-break, du Paris insolite, alternatif et écolo’, etc. Pourtant, ces tendances restent à la fois très souvent cantonnées à Paris intramuros, et noyées dans les plaquettes et guides touristiques faisant l’apologie de la visite des monuments emblématiques et de l’offre muséale, elles-même réduites à Paris Intramuros.Il ne s’agit pas nécessairement d’institutionnaliser les mobilisations précédemment évoquées, mais d’en tenir compte, de créer un terreau fertile à leur essor. Leur action est précurseure en la matière. Si l’offre touristique doit assurément répondre à une demande, il ne faut pas omettre que le processus inverse est tout aussi vrai. Beaucoup ont montré comment, à travers le marketing et la publicité, il était possible de «créer des besoins» (Ardant, 1962), et conséquemment de développer une demande en fonction d’une offre préconcue. Ceci peut-être l’opportunité de développer un tourisme responsable, soucieux de son impact sur l’ensemble du territoire grand parisien.

L’enjeu du rééquilibrage du tourisme métropolitain consiste ainsi à redistribuer les richesses économiques, favoriser les initiatives innovantes et respectueuses des identités locales, et développer une offre institutionnelle cohérente et accessible à toutes les bourses.

UN TOURISME «CONNECTÉ»

Le tourisme doit être «connecté», sur trois points en particulier :

Le premier est spatial. La réussite d’une telle démarche ne peut passer que par la mise en réseau de l’offre touristique, sur l’ensemble du territoire métropolitain. Il est d’abord question de s’appuyer sur le développement des mobilités, sous toutes leurs formes, et en particulier sur la réalisation du Grand Paris Express. Ceci permettra de relier de véritables pôles touristiques, multimodaux et aux usages diversifiés, bénéficiant aux territoires locaux, s’appuyant sur leurs richesses et leur patrimoine, tant culturel que naturel.

Le second est temporel : le tourisme peut relever de l’événementiel, comme du pérenne. Il peut être d’un rythme rapide, ou plus lent (slow tourism par exemple). Il n’est pas question d’opposer ces temporalités, mais au contraire de les faire communiquer, de les rendre complémentaires.

Enfin, le troisième est «typologique» : les différentes catégories de tourisme, classique ou nouvelles tendances, sont le résultat de pratiques et vécus différents, qui ont tous leur légitimité. Par ailleurs, et du point de vue économique, ils bénéficient différemment aux territoires et à leurs acteurs. Il est nécessaire de les conforter, sans discrimination.

Pour ces raisons, nous défendrons ainsi l’approche d’un tourisme soutenable, soucieux du caractère multiscaliare de tous les types de pratiques, et présentant le mérite de mettre en lumière l’ensemble des identités locales, dans le respect de l’environnement, favorisant une économie responsable.

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PARTIE A - LE TOURISME MÉTROPOLITAIN : TENDANCES ET ÉLÉMENTS DE REDÉFINITION

SLOW TOURISM MAIS DÉVELOPPEMENT À LONG TERME

Si elle n’a pourtant jamais cessé de l’être, la Seine, l’axe naturel et géographique de la Vallée dont le Grand Paris est le barycentre, redevient progressivement l’âme de la construction métropolitaine.

La dernière crue de la Seine montre à quel point sa nature et ses humeurs restent difficilement maîtrisables pour le Grand Paris, aussi grand soit-il, et qu’elle constitue l’élément majeur de notre territoire.

Pour ce qui nous concerne ici, l’axe Seine constitue aussi un support idéal pour repenser un tourisme plus «local» et plus «authentique», plus doux et calé sur les rythmes naturels de l’eau, où le cours du fleuve donne le tempo de la visite. Les franchissements, la diversité des rives, la manière particulière qu’ont chacune des communes de s’accrocher - ou pas- au fleuve est révélatrice des usages et de l’histoire. C’est aussi l’occasion de redécouvrir l’impact de la foi machiniste de l’époque moderne, où l’on ne voyait la Seine que sous un angle économique et fonctionnel ( l’exemple de la piste d’atterrissage projetée par A.Lurçat sur l’actuelle Ile aux Cygnes, à quelques encablures de la Grande Dame de Fer).

La reexploration des rives de Seine au travers d’un projet de remise en tourisme par l’aménagement concerté et de qualité continue constitue une opportunité pour valoriser une autre idée du tourisme, un « tourisme de la lenteur » , de la flânerie et de la ballade, de la découverte au rythme de l’eau des horizons changeants de chaque île , en dehors des tumultes et du tempo rapide d’autres formes de tourisme basées sur la collection d’instants de plus en plus courts et de plus en plus génériques .

L’IMPACT ÉCOLOGIQUE DU TOURISME

De nombreuses réflexions portent actuellement sur l’impact du modèle touristique de masse, en particulier sur l’environnement. Ce sont notamment les mobilités qui sont en question, l’avion étant particulièrement polluant. À ce sujet, on parle de «populations captives» de certains modes de transport, l’exemple des touristes asiiatiques qui n’ont d’autre choix que de l’utiliser pour se rendre dans l’hexagone. Dès lors, l’enjeu est de limiter l’émission de GES pour les déplacements sur place.

Cependant, la réflexion ne peut se limiter à ce seul aspect, certes très important, mais nettement insuffisant. De nouvelles modalités, dans la lignée des principes du développement durable émergent actuellement, telles celles de l’écotourisme.

Les objectifs louables de réduire l’impact écologique du tourisme, mais également de le rendre bénéfique au contexte socio-économique concerné constituent ses fondements. Pourtant, ils restent essentiellement consacrés à des sites «menacés» (le premier item), renforcant ainsi certaines formes de ségrégation socio-économique. Son coût plus élevé ne peut

illustration : Photographie Martin Parr Louvre, 2014

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VERS UN TOURISME SOUTENABLE

qu’exclure certaines franges de la population, alimentant des inégalités d’accès au tourisme. Ensuite, il suppose que seuls des sites menacés sont dignes d’intérêt, ce qui tend d’abord à accentuer la pression anthropique sur ceux-ci, tout en reléguant la conception d’un tourisme de proximité, tel que c’est le cas du Grand Paris.

LE TOURISME COMME LEVIER D’ACTION ÉCOLOGIQUE

Pour une métropole, le tourisme est une nécessité. Paris en est l’exemple parfait puisqu’elle en tire aujourd’hui un grand avantage économique et en termes de visibilité internationale. Le Grand Paris doit lui aussi réussir à s’inscrire dans cette dynamique, en montrant toute la richesse de ses particularités. Sans chercher la concurrence entre ses territoires, il s’agit de valoriser les avantages comparatifs de chacun d’entre eux et de valoriser les liens qui les unissent. Si le tourisme est une force, le tourisme soutenable apparaît comme un levier possible pour la mise en place d’une véritable mise en cohérence écologique.

LA DIMENSION SOCIALE D’UN TOURISME SOUTE-NABLE

La démarche d’un tourisme soutenable apparaît particulièrement adaptée à ces enjeux. Si l’écotourisme se concentre sur son impact socio-économique local, il est question d’aller plus loin. Il ne s’agit pas uniquement de concevoir une mise en tourisme bénéfique aux territoires selon une approche strictement utilitaire, mais aussi de mettre en lumière leurs identités, leurs patrimoines culturels et naturels respectifs. Le tourisme soutenable, en pleine interaction avec les lieux qu’il investit, génère des activités pérennes.

Par ailleurs, il ne reproduit pas les discriminations, ou tente de les limiter au maximum, en prenant à bras le corps les problématiques d’inégalité d’accès au tourisme. Ce principe doit être décliné sur l’ensemble du système de la branche

: transports, hébergements, activités.

LES GRANDS PRINCIPES FONDATEURS D’UN TOU-RISME SOUTENABLE

Le tourisme soutenable est fondé sur les principes suivants :- des infrastructures réversibles, pas uniquement dans le sens de saisonnières, mais en lien avec l’évolution des usages;- un financement innovant, tant dans sa structure (il associerait plus en amont acteurs privés et publics) que dans son montage (crowdfunding par exemple) ;- une élaboration participative : renforcement des phénomènes existants, mais également de la conception des projets touristiques en lien avec les riverains, pour faciliter une véritable appropriation et limiter au maximum d’éventuels rejets ;- une gouvernance intégrée, accueillant tous les acteurs dans la conception et la mise en oeuvre des politiques touristiques et projets plus spécifiques.

Ce mode de tourisme suppose par ailleurs le respect :

- des différentes spatialités, avec notamment la possibilité de penser un tourisme du quotidien, en rapprochant loisir et tourisme;

- des différentes temporalités : l’éphèmère et le pérenne, le slow tourism et les découvertes sur une journée;

- des identités et patrimoines locaux.

L’ensemble repose sur le principe qu’il est contre-productif et même plus, dangereux , de déconnecter les enjeux écologiques, économiques, sociaux et culturels du tourisme, qui doivent absolument être pensés conjointement.En ce sens, la mise en tourisme des territoires du Grand Paris participe d’un

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rééquilibrage métropolitain plus général, fondant une métropole intégrée, équitable, et soucieuse de l’ensemble de ses territoires. C’est à ce prix qu’une véritable identité métropolitaine, dépassant la stricte image-marketing, pourra voir le jour.

L’INTÉRÊT DU TOURISME FLUVIAL

Dans cette recherche, qui n’est qu’une première étude, nous appliquerons ces principes du tourisme soutenable aux rives de la Seine, en particulier dans le secteur aval proche de Paris, qui nous semble être un territoire d’étude pertinent.

En effet, le transport fluvial est d’abord d’un mode de transport peu gé né rateur de CO2. Il constitue un outil majeur de dé veloppement durable pour la métropole du Grand Paris, qui permet en plus de la réduction de la facture énergétique et des dégradations à long terme, celle des nuisances entrainées par les autres modes de transport traditionnels (notamment la circulation des autocars de tourisme dans le centre de Paris), à condition qu’un véritable report modal soit favorisé.

Ensuite, il agrège l’ensemble des fonctionnalités économiques de la Seine, en particulier de transport de marchandises et de tourisme. En cela, nous pensons que l’on peut tout à fait envisager que ces investissements profitent à l’ensemble de l’économie francilienne.

Le fleuve induit également un questionnement sur le réchauffement climatique, et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Ainsi est-il nécessaire de tenir compte des éventuelles crues.

Enfin, il est la colonne vertébrale identitaire de Paris, reliant les lieux emblématiques à un patrimoine moins valorisé mais tout aussi

important : les guinguettes, les bateaux mouches, les îles de Paris.

Le tourisme fl uvial porte donc l’ensemble des questionnements relatifs au tourisme soutenable et illustre une méthodologie et une approche non-exclusive, qui pourraient être reproduites sur différents sites et divers thèmes.

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B/ ÎLES ET BERGES DE LA SEINE: MISE EN TOURISME

DES LIENS ET DES LIEUX

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PARTIE B - LA SEINE ET LE TOURISME : LES ÎLES DU GRAND PARIS

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PARTIE B - LA SEINE ET LE TOURISME : LES ÎLES DU GRAND PARIS

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B-1 / DEUX AXES POUR LE TOURISME:LE NÔTRE ET LA SEINE

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PARTIE B - LA SEINE ET LE TOURISME : LES ÎLES DU GRAND PARIS

Eric Fischer – Locals and tourists - carte touristique – Grand Paris Ouest - 2010Eric Fischer a créé ces cartes de villes plus ou moins touristiques en utilisant les données géographiques insérées dans les métadonnées de photos envoyées sur des sites de partages d’images.Pour différencier les touristes des habitants il a regardé dans le compte de chaque utilisateur s’il y avait des photos de la même ville prises à plusieurs mois d’intervalle ou si elles étaient regroupées sur quelques jours.Les touristes sont marqués en rouge, les habitants en bleu et en jaune ceux dont il était impossible de savoir.

L’axe liquide de la Seine et l’axe historique de Le Nôtre:deux manières d’agréger les activités, deux manières de vivre le tourisme

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LA SEINE, AUTRE AXE STRUCTURANT

Remis en valeur par les études d’Antoine Grumbach7, l’axe Seine est aujourd’hui en pleine requalification et revalorisation. Les différentes opérations d’aménagement, projetées par les communes limitrophes, ainsi que les nombreux concours d’idées et appels à projets, reconstituent de fait peu à peu la centralité ludique, culturelle et naturelle qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être. Cette centralité de fait et en devenir est actuellement le théâtre de prémisses d’une reconquête et d’une transition économique, ou la relégation d’hier des berges de Seine, occupées par des activités industrielles et logistiques, glisse progressivement vers une re-programmation essentiellement tournée vers l’évènementiel et le culturel. De fleuve soumis à qui on tourne le dos, la Seine est désormais un support d’avenir pour le Grand Paris. Il mériterait d’être relié aux différents territoires du Grand Paris, notamment par le tourisme qui met en avant les dimensions fantasmées, ludiques et de plaisir qu’entraînent inévitablement pour une métropole une relation à l’eau sublimée.Nous proposons d’éclairer notre réflexion sur la mise en tourisme de la métropole au travers de l’étude du territoire grand parisien de la Seine, et plus particulièrement de sa partie allant de l’Île St Germain (Issy-les Moulineaux) à l’Ile de la Grande Jatte (Neuilly-sur-Seine et Levallois-Perret).Nous introduirons le propos par un bref retour sur le pôle touristique central du couple d’île historique : l’Ile de la Cité et l’Ile Saint-Louis.

Du Pont Neuf au Pont de Neuilly, l’étude de ce tronçon de Seine est intéressante à plusieurs égards : -elle connecte le Pont Neuf et le centre historique de Paris au Pont de Neuilly, amorce de la centralité de la Défense, par un autre parcours que celui de l’Axe de Nôtre ; -elle traverse 11 communes (Paris , Issy-les-Moulineaux, Boulogne-Billancourt, Meudon , Sèvres, Saint-Cloud, Suresnes, Puteaux, Neuilly-Sur-Seine, Courbevoie, Levallois Perret) et connecte

tout un chapelet d’îles qui sont localement facteurs d’attraction; -elle agglomère de grands projets lancés par chacune des communes ; -elle est à la fois le support d’une économie locale (les jardins familiaux et le parc de l’Ile Saint Germain, les barges habitées sur les bras « morts », les promenades existantes sur les berges, les activités sportives, etc.) , et d’une économie plus large (proximité de La Défense, des Champs-Elysées, de l’Université Dauphine, du Bois de Boulogne, du Parc de Saint-Cloud, Jardin d’Acclimatation, Fort du Mont Valérien, Rolland Garros, etc.) ; -elle questionne enfin différents types et temporalités de tourisme (pics et continuums, de l’exposition universelle projetée en 2025 au tourisme d’affaires de La Défense, des circuits réguliers de tourisme de « masse » des bateaux mouches au slow tourism du quotidien des ballades le long de la Seine, etc…).Cette approche permet de repartir de la grande centralité touristique existante qui est celle de l’Axe Le Nôtre, et sa « collection de centralités ». Pour ne citer que les principales : Châtelet, l’Ile de la Cité, Le Louvre et le parc des Tuileries, les Champs Elysées avec Petit et Grand Palais, l’Arc de Triomphe, et le pôle de la Défense.

Profitant de cette attractivité motrice déjà fortement impactante sur l’économie touristique de la capitale et de la couronne Ouest (l’exemple du projet de la commune de Neuilly-sur-Seine pour la prochaine exposition universelle), et profitant des nombreux terminaux de navettes et bateaux mouches qui s’en vont du centre de Paris pour découvrir après les monuments le bucolisme des bras de Seine, les berges et l’Axe Seine pourrait donc offrir un deuxième parcours entre deux points névralgiques en complément, hors du périphérique, de l’Axe Le Nôtre.Si le premier est linéaire et historique; l’autre est sinueux et géographique, objet aujourd’hui de toutes les attentions. Tous deux sont tendus entre les mêmes points ( le Pont Neuf et le Pont de Neuilly) , mais

7 Grumbach & Associés, Seine Métropole, Paris, Rouen, Le Havre, 2009.

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PARTIE B-1 - UN AXE HISTORIQUE ET UN AXE GÉOGRAPHIQUE DU TOURISME

en définitive ils proposent chacun un autre type de parcours et une autre « découverte » de la métropole. Ils convoquent différentes temporalités de tourisme qu’il convient ici d’étudier.

L’ensemble permet in fine de « long-circuiter » l’Axe le Nôtre par un parcours de découverte plus lent et bucolique, en cherchant à retrouver le plaisir de ballade fluviale qui existe à l’Est de Paris, sur les bords de Marne, etc.

NATURE ET ÉVOLUTION DU TOURISME FLUVIAL SUR LA SEINE

Les répliques de la crise économique se sont faites sentir sur l’ensemble du secteur du tourisme et se sont traduites par une baisse générale en termes de chiffre d’affaire (127 millions d’euros) en baisse de 2,9 % par rapport à 2012. Les études des services touristiques d’Haropa ont montré que la fréquentation des services de croisière promenade sur les voies navigables d’Ile-de-France avait connu en 2013 une baisse relative de fréquentation de l’ordre de - 1,8 % par rapport à 2012, même si cette tendance reflète des causes contrastées.

Sur la même période, l’Office de tourisme et des congrès de Paris considère que cette légère baisse est à rapprocher de celle du tourisme d’affaire (-9,6%) dans la capitale.

La croisière–restauration et la privatisation évènementielle ont particulièrement souffert de la situation économique générale, notamment à cause de la réduction des budgets de groupes. La croisière-promenade simple ne subit quant à elle qu’un petit recul de fréquentation (- 1,2 %), de par essentiellement les complications rencontrées à cause des crues qui ont entraîné plusieurs arrê ts momentanés de navigation pendant la saison. Dans le même temps, Haropa montre que la croisière fluviale avec hébergement subit une hausse de fréquentation (+26 %) avec la création de compagnies nouvelles et par la croissance de la flotte des compagnies existantes (12 paquebots de croisières sont en service en 2013, 17 sont attendus en 2014 et 20 en 2015). Ce secteur de croisiè re-hé bergement au départ de Paris constitue par ailleurs le levier

Le centre de Paris inscrit sur la liste du patrimoine mondial en 1991 ( en orange sur la carte) 8

8 :source «Paris, rives de la Seine - Le projet des berges de Seine en 2012», APUR, 2011

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principal de la croissance du tourisme fluvial avec une progression d’environ 30% du nombre de passagers, avec un dépassement du cap des 50 000 passagers en 2012.

La diversification et l’innovation des offres ont permis d’attirer une clientèle plus locale et plus large, notamment par la création de nouveaux types de « croisières à thème » (découverte de l’impressionnisme, activités pour les enfants, croisières courtes, etc.). Cette diversification relative des offres de croisière s’est accompagnée du projet de réaménagement des berges à Paris ( Berges 2012), notamment de la rive droite. Cela contribue à renouveler le lien avec le fleuve et de permettre la mise en valeur des embarcadères.

Le tourisme fluvial n’en reste pas moins un atout majeur pour la capitale, et pour le Grand paris, où plus d’un touriste sur quatre profite tous les ans des « bateaux mouches » et des nombreuses offres de croisières (7,5 millions de passagers annuels, chiffres Haropa). La Seine apparaît alors comme le premier port mondial en termes de tourisme fluvial, s’avère être plus visitée que la Tour Eiffel elle-même (7,1 millions), et se place juste derrière celle du Louvre (plus de 8 millions), Notre-Dame et le Sacré Cœur (plus de 10 millions chacun). Haropa indique par ailleurs qu’au contraire des autres monuments parisiens qui arrivent à saturation en termes d’évolution de l’offre, la Seine offre encore un important potentiel de croissance.9

Haropa relève néanmoins quelques points restants à améliorer. Le marché de l’événementiel, fortement corrélé à l’économie est actuellement en phase stagnante. Les infrastructures d’accueil n’apparaissent pas suffisamment bien dimensionnées et prévues pour accueillir le nombre de bateaux et de visiteurs. Par ailleurs, si Paris intra muros est relativement bien desservie, la Seine Amont et Aval du Grand Paris n’ont pas suffisamment d’escales et de services associés. Il faudrait alors créer de vrais terminaux de

croisières, nœuds d’interconnexion entre les communes et le fleuve pour que l’offre fluviale soit intégrée dans l’offre touristique globale. Cela contraint pour l’heure la découverte de la diversité et de la qualité du patrimoine fluvial du Grand Paris dans son ensemble.

Le Comité des Armateurs Fluviaux (CAF), qui regroupe petites, moyennes et grandes entreprises de transport fluvial en France, accompagne le développement du secteur fluvial. Au niveau français et européen, il représente et promeut les intérêts du transport fluvial. Sur le territoire de la Vallée de la Seine, ce comité a mis en lumière 5 points d’amélioration, qui sont autant d’éléments de recommandations à prendre en compte en vue d’une opérationnabilité :- accroître la compétitivité de la filière de tourisme fluvial;- faciliter l’orientation des touristes ;- améliorer les synergies entre acteurs, diversifier et intégrer de nouveaux intervenants autour du fleuve;- requalifier les infrastructures existantes, pour beaucoup jugées insuffisantes ; - communiquer auprès des édiles tous les avantages que peuvent tirer les territoires de cette reconnection à la Seine.

Répartition de l’activité en nombre de passagers transportéssource : comité des armateurs fluviaux - haropa, 2014.9: source : Haropa - observatoire du tourisme en IDF, 2014.

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PARTIE B-1 - UN AXE HISTORIQUE ET UN AXE GÉOGRAPHIQUE DU TOURISME

Par ailleurs, dans son étude sur le tourisme en Ile-de-France, l’IAU préconise plusieurs actions10

pour valoriser et développer le tourisme fluvial:

- soutenir la création d’évènements, sensibiliser au développement durable et aux enjeux de préservation des écosystèmes de la Seine;

-favoriser l’aide au développement des loisirs nautiques et à l’accueil des touristes;

-renforcer la coordination régionale des projets, débloquer certains projets ou d’améliorer le service proposé aux usagers de la voie d’eau.

La création de vraies continuités sur berges et de valorisation des noeuds d’accroche des îles sur les rives permettra d’induire de nouvelles promenades et pratiques et de rapprocher les grand-parisiens de la Seine. Cette proximité renforcée permettra la meilleure des sensibilisations, aussi bien chez les habitants que chez les élus, quant à la nécessité ardente de valoriser le fleuve- bien commun. Cette mise en valeur générale des différentes séquences de la Seine permettra de donner à voir l’identité des différentes communes traversées et d’être un fabuleux support pour la mise en tourisme du Grand Paris.

10 : «Le tourisme fluvial en Ile-de-France», IAU-IdF, 2008.

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B-2 / LES ÎLES DU GRAND PARISDES LIEUX À RÉVÉLER

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PARTIE B-2 - LES ÎLES DU GRAND PARIS

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La structure monumentale de Paris s’organise autour de l’axe Seine ( in «Paris, rives de la Seine - Le projet des berges de Seine en 2012», APUR, 2011)

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L’ÎLE DE LA CITÉ : ÉPICENTRE DU TOURISME PARISIEN

Ponctuée d’îles qui, à l’image de la capitale entière, ont chacune leur personnalité, les unes plutôt confidentielles, les autres centre de l’attention, la Seine est le berceau de la capitale et un axe évident de celle ci à de nombreux égards. Bien que les hypothèses des historiens puissent diverger sur qui des Gaulois ou des Romains ont fondé Lutèce sur l’Île de Cité, celle-ci reste néanmoins le berceau de celle qui deviendra, bien plus tard, Paris. Et de fait au Moyen-Âge, cette île est le centre politique et religieux de la Cité, tandis que la rive droite est le centre économique. On peut donc parler de la première île de Paris, aujourd’hui très fréquentée touristiquement, mais peu peuplée au vu du type de bâtiments qui l’occupent, contrairement à sa voisine, l’Île Saint-Louis. Celle-ci est curieusement restée longtemps déserte, tandis que la ville s’étendait sur les rives gauches et droites. C’est seulement sous le règne d’Henri IV que des projets d’urbanisation verront le jour, et cette île deviendra uniquement résidentielle, abritant notamment nombre d’hôtels particuliers. La troisième île qu’on trouve encore sur la Seine dans le Paris intra-muros est la plus discrète Île aux Cygnes, digue artificielle sur laquelle une promenade a été aménagée, et qui loge la réplique de la Statue de la Liberté qui fut offerte à la France en 1889. Elle accueillera le «Centre des Colonies» lors de l’Exposition Universelle de 1937, proposant aux visiteurs une sorte d’ «évasion exotique» sur la Seine.

On voit déjà ainsi se dessiner les îles comme des ponctuations sur la Seine qui appellent à la visite, qui se démarquent chacune par des particularités propres liées à leur histoire, qui sont de petits territoires dans le grand. Or cette balade le long de la Seine, lorsque l’on sort de

Paris, nous conduit à découvrir d’autres lieux aux charmes divers : « Aujourd’hui encore, un voyage sur les îles de la Seine conserve un caractère exotique »11

Et ces îles vivent actuellement une nouvelle vie : « la disparition progressive de l’industrie dans les années 1960 a entraîné la transformation des îles-usines. De nombreuses berges et îles ont accueilli bains, guinguettes et centres sportifs au début du XXème siècle. La réintégration de ces espaces de loisirs conduit à une gentrification des îles de l’Ouest parisien. »12. Et ainsi, sur chacune se dessine une identité, largement conditionnée par leur inconstructibilité, ce qui a favorisé la création de stades, clubs de tennis et équipements sportifs.

Aujourd’hui la reconstruction de l’île Seguin, avec le développement et la protection d’espaces verts, avec les réflexions sur les bords de Seine donne à voir un renouveau de la Seine, de ses usages, et de ses îles qui la ponctuent. Elles constituent un archipel encore valorisable par la création de nouveaux circuits de croisières et de ballades que ce soit pour les habitants qui reprennent la main sur leur ville ou les visiteurs. Comme l’indique M. Charbit, cela «renvoit l’image du bonheur simple des foules parisiennes et contribuent à forger une certaine idée de la douceur de vivre française aux yeux des touristes qui fantasment sur ce passé ( notamment celui dépeint par les impressionnistes)»13.

11 source les Iles de la Seine - Pavillon de l’Arsenal -2016- M.Charbit p.412 Ibid. p.15913 Ibid. p.149

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Les barges et péniches sur le bras mort côté Meudon

Le parc intérieurVue vers Boulogne-Billancourt, depuis la berge Nord-Est

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L’ÎLE SAINT-GERMAIN, LE CHOIX ECOLOGIQUE

L’île Saint-Germain est composée en réalité de 2 îles, Billancourt et Longueignon, reliées par les ponts de Billancourt. Autrefois Île Robinson, «vert paradis» 14 où se déroulait chaque année le Bal de Robinson, c’est sur l’une de ses parties, ancien terrain militaire, qu’a été aménagé le parc départemental de l’Île Saint-Germain, 18 hectares de patrimoine naturel et écologique.C’est le premier parc du département à avoir mis en place une gestion raisonnée durable prenant en compte les spécificités naturelles du site, et offrant ainsi des espaces très divers. Le parc propose de nombreux et différents jardins. La halle du parc, qui date du XIXème siècle, a été rénovée pour abriter notamment un centre documentaire sur le développement durable, l’aménagement du territoire et la botanique. Une ancienne poudrière de l’époque Napoléon III est devenue un restaurant. Ici le site a été non seulement préservé de la pression immobilière et de l’urbanisation massive des grandes villes, mais surtout mis en valeur dans ce sens, en usant du moins d’intervention urbaine possible, et en réutilisant le bâti existant, en valorisant un environnement propice à la biodiversité. Cependant, en 2003 le parc a été menacé par un projet de construction, ce contre quoi s’est mobilisée l’association Val de Seine Vert (créée en 1992 au départ de Renault de l’Île Billancourt), non pas pour contrer le projet, qui s’inscrit dans le programme de la Vallée de la Culture et concerne la Fondation Jean Hamon (dépositaire du fonds de l’Institut d’Art Contemporain de Renault, constitué sous l’égide de Claude Renart dans les années 1980), mais pour empêcher la destruction d’aménagements paysagers et d’arbres classés. L’Île s’inscrit alors définitivement comme un lieu de protection et de mise en valeur des espaces verts du Grand Paris.

Quant à l’autre partie de l’île, «dans les années 80 [elle] devient un laboratoire d’architecture contemporaine»15 où l’on peut trouver par exemple des créations de Philippe Starck et de Jean Nouvel.

Enfin, la pointe aval de l’Île, créée par l’accumulation des gravats de construction des usines Renault voisine, abrite également des jardins ouvriers, appelés depuis 1952 jardins familiaux, 3000m² utilisés par les employés des usines Renault de l’Île Seguin. Quinze parcelles de 200m², qui appartiennent à l’Etat et sont aujourd’hui gérées par l’Association des jardiniers de la pointe de l’île.

Enjeux

Le potentiel touristique de l’île se compose principalement d’espaces verts, de berges aménagées, de son architecture, et du charme de ses deux facettes, urbaine et végétale.

L’île reste par ailleurs bien desservie en transports en commun, à proximité de stations Vélib, à l’exception de sa partie plus végétale au Nord, véritable jardin «suspendu» sur la Seine, dont l’aspect plus confidentiel car plus éloigné des dessertes est aussi un atout, et la partie jardins ouvriers qui aime cependant à garder son côté confidentiel

14 source les Iles de la Seine - Pavillon de l’Arsenal -2016- M.Charbit p.9415 Ibid. p.98

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N0 200 400 600 800m

Le Pont Daydé, abandonné

La passerelle Renault (© google earth)

Une île en pleine mutation

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L’ÎLE SEGUIN, LE PROJET CULTUREL

En aval de l’île Saint-Germain se trouve l’anciennement Île Madame, qui prit son nouveau nom lors de son acquisition par le chimiste Armand Seguin. A l’époque elle était le lieu des tanneurs et des blanchisseurs, prisée également pour ses guinguettes. Rachetée par Louis Renault en 1919, elle est plus connue aujourd’hui pour avoir accueillie entre 1929 et 1992 les usines de son propriétaire. Cette île usine de 11.5 hectares est par la suite au cœur des réflexions et des réaménagements. Malgré les protestations de certains qui souhaitaient conserver l’héritage ouvrier de cet ancien bastion du syndicalisme symbole de l’époque industrielle, il s’avère que la réhabilitation de ce patrimoine aurait été trop coûteuse. C’est ainsi que de l’ancienne usine, rasée en 2004 naquit un vaste espace qui fut l’objet de nombreux projets visant cependant à en conserver le souvenir, fruit d’échecs, de mécontentements,d’ajustements... Pour laisser place aujourd’hui à un projet dirigé par Jean Nouvel. Ce dernier avait proposé 3 projets autour de ce site, qui ont été soumis au vote des habitants, une première en France pour un projet de cet ampleur. Avec 57% de votants, c’est le projet numéro 2 qui a emporté les suffrages. Ce projet veut offrir une silhouette linéaire en dialogue avec le fleuve, et pourvue d’un seul point haut, un belvédère public. Le réaménagement de l’île veut proposer des solutions durables aux questions de la consommation d’énergie, de la gestion de l’eau et de la biodiversité, tout en restant mixte et en accueillant les divers usages de la ville : travail, loisirs, détente, commerce… Mais également et surtout devenir un nouveau lieu culturel.En effet, la pointe aval va accueillir la Cité Musicale et la pointe amont un lieu dédié aux arts contemporains, avec la construction du R4. L’Île Seguin est déjà un lieu extrèmement vivant, (environ 500.000 visiteurs en trois ans avant même le projet mis en œuvre), qui a été en 2012 l’un des lieux « hors les murs » de la FIAC.

Enjeux

Actuellement durant les chantiers, l’île offre à voir son jardin, aménagé par l’architecte-paysagiste Michel Desvigne de 2 hectares consacrés aux expérimentations pédagogiques et animations, mais aussi lieu d’observation de l’avancée des travaux, agrémenté d’un pavillon qui conte le passé et l’avenir du siteLe seul pont de desserte, côté Billancourt, reste un point à corriger. A priori l’accès aux berges va être revu pour permettre des accès par bateau. Les berges en travaux côté Meudon également.

L’Île Seguin a vocation à devenir le point central du projet de « Vallée de la Culture des Hauts de Seine », projet qui veut réveiller une géographie qui a donné son nom au département éponyme et de faire des bords de Seine un lieu de Culture. La prochaine Cité Musicale constitue à ce titre une nouvelle centralité à vocation internationale sur la Seine et en dehors des limites intra-muros, à proximité de la prochaine gare GPE du Pont de Sèvres . Ce nouvel épicentre culturel, en lieu et place de l’ancien site industriel délaissé, devrait amorcer une conquête des rives de Seine et impulser une traine d’autres projets de requalification.

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0 50 100 150 200m

N

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L’ILE MONSIEUR, «L’ÎLE DES MUSICIENS»

Située à Sèvres, cette ancienne île qui en garde le nom abrite un grand parc naturel mais plus particulièrement un parc dédié aux loisirs nautiques sur la Seine. Le réaménagement du site a favorisé les matériaux naturels, il répond aux normes de Haute Qualité Environnemental, s’intègre au paysage. L’ensemble constitue donc un parc écolo-nautique.

Si l’île de Puteaux offre le sport en plein air, mais pas nécessairement lié à la Seine, l’Ile Monsieur est quant à elle directement connectée au fleuve.

Les 7,5 hectares d’espaces verts de l’ancienne île dédiée aux sports et aux loisirs ne semble pas vraiment chercher une visibilité touristique.

Enjeux

C’est une île qui n’en est plus une, mais qui garde certainement son nom pour pouvoir se démarquer d’une part du territoire qui l’entoure. L’infrastructure routière qui la borde maintient cette séparation et ce statut insulaire même si la Seine n’en dessine plus le contour.Bien qu’une station de métro soit située a proximité, la D7 rend difficile l’accès à ce site sportif pour les piétons et cyclistes. Cet isolement est très prisé par des musiciens solitaires qui viennent y répéter dans la nature, hors la ville.

Par ailleurs, nous pouvons constater l’absence de stations Vélib.Le futur tramway en travaux pourra compléter la desserte du site, mais il faudra penser les liens entre cette nouvelle infrastructure et le site lui-même.

Au vu de son fort potentiel, l’île pourrait peut être valoriser cette proximité avec le fleuve pour prolonger la dynamique engagée à Paris de tourisme et de loisirs estival en bords de Seine pour amorcer la création d’un ouvel évènement du type «Grand Paris Plages».

Par ailleurs, la proximité au Musée de la Céramique et au parc de St Cloud pourrait être valorisée en le reliant au site et assurer un ensemble varié entre fleuve, berges, parc , équipement sportifs et culturels.

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N0 200 400 600 800m

Les écluses de Suresnes Vue sur la Défense - Sortie de l’Île - N13 (© google earth)

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LES ÎLES DE PUTEAUX ET DU PONT, L’ÎLE SPORTIVE

Ces deux îles qui n’en forment plus qu’une dans le département des Hauts-de-Seine, appartiennent à la ville de Puteaux pour l’une comme son nom l’indique, et à la ville de Neuilly-sur-Seine pour l’autre. Cette île reconstituée a vu la naissance d’un des premiers clubs de tennis en France en 1873 et a accueilli les JO en 1900, ce qui lui a définitivement fait opter une vocation sportive. Dépourvue d’habitations, entièrement piétonne, elle abrite plusieurs équipements sportifs : un Parc des Sports Interdépartemental, le palais des Sports de Puteaux et le complexe sportif de la Ville de Neuilly.

L’île est également dotée d’une roseraie de 1600 pieds de 200 variétés de roses et d’un rucher, ainsi que d’une prairie aux papillons. Une gestion écologique de ses espaces permet en effet à la ville de favoriser la protection de ces insectes. On y trouve également un kiosque à musique, un naturoscope et des aquariums, dans lequel on trouve des poissons issus de la Seine.

L’Ile de Puteaux sert également de point d’appui aux écluses de Suresnes. Seule porte d’entrée fluviale de Paris, ce sont 23 millions de tonnes de marchandises par an qui les passent, et également 7 millions de passagers. Classées en vigipirate rouge (absolument fermé au public) ces écluses sont un point stratégique de la gestion de la Seine pour la navigation, comme pour la gestion des inondations.

Enjeux

Le plein-air est l’atout de l’île: ce site des Hauts de Seine Tourisme invite à la balade, à profiter d’un «biotope privilégié» dans le parc, à s’instruire au Naturoscope, et profiter du parcours de santé ou des piscines en plein air.

L’un des points de blocage reste la division communale de l’île. Désormais la commune de Puteaux a instauré l’accès payant au parc Lebaudy et à ses équipements, fruit d’un conflit avec la commune de Neuilly-sur-Seine. Cependant la décision de la préfecture à ce sujet n’est pas encore connue. Cela mériterait pourtant de réfléchir à des formes de continuités acceptables pour les deux parties, pour faciliter les possibilités de circulation.Par ailleurs, l’île accroche au Nord l’axe Le Nôtre qui mène au quartier de la Défense. La proue de l’île mériterait d’être connectée plus facilement à cet axe, en repensant par exemple l’intermodalité entre les modes de transports rapides de la RN13 et les modes de transports plus doux de l’île et de ses rives.L’île apparaît en effet comme étant relativement bien desservie par le métro et à proximité des stations Vélib.

Si les écluses sont intouchables car classées en plan «vigipirate rouge», peut-être que l’installation d’une nouvelle programmation à visée éducative pourrait être envisagée à proximité, pour expliquer la régulation de la Seine et l’importance stratégique d’un site où se rencontrent la géographie (la Seine) et l’histoire (l’axe Le Nôtre).

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PARTIE B-2 - LES ÎLES DU GRAND PARIS

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0 200 400 600 800m N

Un dimanche après-midi à la Grande Jatte, G. Seurat Vue du pont de Levallois-Bécon

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L’ILE DE LA GRANDE JATTE, L’IMPRESSIONNISTE

L’Île de la Jatte, partagée entre les communes de Neuilly-sur-Seine et de Levallois-Perret est dès le XVIIIème siècle un lieu de détente. Au XIXème siècle , elle accueille de nombreuses guinguettes, bals musettes...et a accueilli le mariage de Napoléon et Marie-Louise. Mais elle va connaître une célébrité au-delà des frontières grâce à l’oeuvre de Georges Seurat, Un dimanche après-midi à la Grande jatte, à l’origine du mouvement néo-impressioniste. Son histoire est dès lors liée à ce mouvement artistique.

Sur cette île, le Parc de la Jatte est un espace préservé qui accueille une vaste collection d’arbres, des ruchers, des refuges d’oiseaux, des maisons de la pêche,etc. ce qui confère à cette île un caractère bucolique. On peut également faire le parcours des impressionnistes, un projet du pôle touristique régional de la Vallée de la Seine. Il s’agit d’un parcours pédestre de 4km en 10 étapes ponctuée de reproductions des plus grands tableaux créés sur l’Île.

Enjeux

L’île fait l’objet d’une campagne de valorisation des sites de «l’impressionnisme dans les Hauts-de-Seine. Le conseil régional valorise en effet plusieurs bords de seine autour de ce thème, en montrant comment certains peintres ont été influencés par Argenteuil, Gennevilliers, Rueil, Chatou, Levallois, Asnières ou Sèvres.

La berge de Courbevoie qui lui fait face est très bien aménagée. La desserte reste plutôt bonne côté Paris, avec une station de métro et de Vélib.

Le parcours des impressionnistes mériterait d’être prolongé sur les autres territoires, en quittant son côté exlusivement insulaire pour gagner aussi les berges. Cela permettrait d’offrir un point de départ à une excursion de plus grande

envergure, avec l’idée de randonnée urbaine, ce qui demande l’aménagement de voies et cheminements dédiés.

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PARTIE B-3 - LES PROMENADES ET LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR

DOUBLE VISAGE DES ÎLES

Toutes ces îles présentent donc une variété typologique , faite de fusions progressives entre elles ou avec les berges, de requalification radicale -l’exemple de l’Ile Seguin- ou progressive -l’île «sportive» de Puteaux. Les autres ont emprunté un chemin différent , où la mixité programmatique de la ville se retrouve : fortement polarisée dans le cas de l’Ile Saint Germain , plus diffuse sur l’Ile de la Grand Jatte. Elles offrent toutes par ailleurs un double visage, l’un tourné vers le bras mort de la Seine , l’autre sur son bras actif ; l’un sert de mouillage aux péniches, l’autre assure les flux d’activités fluviales (économiques, touristiques, etc…).Ce sont alors deux temporalités d’usage qui se cotoient. C’est cette richesse de situations qu’il faudrait valoriser. Avec les circuits touristiques sur péniches, cette lecture de deux façades apparaît comme d’autant plus évidente.

DÉVELOPPER LES NOEUDS AVEC LES RIVES

Un réflexion devra être engagée sur la manière de connecter les îles aux rives, les îles entre-elles, et les rives entre-elles. Des connexions par bacs pourraient être aussi envisagées, avec un développement de l’intermodalité. Certains aménagements de pont devraient être proposés pour mettre en valeur ces cordons urbains et ces espaces de transition privilégiés. Par ailleurs , un travail attentif devrait être engagé sur la requalification des «noeuds», ces quartiers situés de part et d’autre des ponts, sur les axes de communication existants. Ils font office d’avant-poste des territoires qui les entourent. D’une certaine manière, ces «noeuds» représentent autant de «portes d’entrée» ou de «sas», entre la métropole active et les lieux plus confidentiels et bucoliques des coeurs d’îles, retirés du tumulte de la métropole et bien moins connus des visiteurs.

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B-3 / LES PROMENADES SUR LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR

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PARTIE B-3 - LES PROMENADES ET LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR

Concernant le territoire d’étude, 4 séquences paysagères et urbaines majeures peuvent être dégagées.

SÉQUENCE 1 - ÎLE DE LA GRANDE JATTE Entre le pont de Levallois-Bécon, et jusque peu avant le pont de Neuilly, s’esquisse une forte relation au fleuve. Malgré un constat nuancé pour la rive gauche au départ du parcours, dont le potentiel est évident mais sous-exploité, l’ambiance devient rapidement buccolique, le paysage verdoyant. L’inclusion urbaine des berges est renforcée par la possibilité d’y accéder directement. La Seine y déploit toute sa potentialité d’accueil, en particulier avec la présence de nombreuses péniches-logement sur la rive droite, et d’espaces accueillants pour la rive gauche.L’Île de la Grande Jatte révèle de même une vocation d’accueil, à la fois mixte et résidentiel.

Le petit bras notamment, du côté de la rive droite, s’avère particulièrement amène. Les villes de Courbevoie, Neuilly-sur-Seine et Levallois Perret s’ouvrent à la Seine. Bien qu’aucune voie ne soit dédiée aux vélos, les circulations sont agréables, les communes offrent l’image de «Ville pacifiées» vis-à-vis de l’automobile. Au loin, la Défense apparaît à la faveur d’une ouverture dans la végétation.

Paris

BoulogneBillancourt

Suresnes

Saint-Cloud

Sèvres Issy-les-Moulineaux

PuteauxNeuilly-sur-

Seine

Levallois-Perret

ClichyCourbevoie

Meudon

Nanterre

0 1 2 3 4 km N

Limites communales

Limites MGP

Seine

Îles

Séquences

1

Rive Droite

Rive Gauche

Rive Droite

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Paris

BoulogneBillancourt

Suresnes

Saint-Cloud

Sèvres Issy-les-Moulineaux

PuteauxNeuilly-sur-

Seine

Levallois-Perret

ClichyCourbevoie

Meudon

Nanterre

0 1 2 3 4 km N

Limites communales

Limites MGP

Seine

Îles

Séquences

2

SÉQUENCE 2 - SEINE - LA DÉFENSE La deuxième séquence s’établit entre le pont de Neuilly et celui de Puteaux. Partout, l’horizon est marquée par la prédominance de la Défense et de sa verticalité, tranchant d’abord avec les courbes du fleuve, prolongeant ensuite sa linéarité nouvelle. Ce dernier s’élargie, la voirie également. Les berges sont toutes proches, mais non-accessibles. Rectilignes, elles révèlent un autre rapport au fleuve, qui fait alors plus figure d’infrastruture et d’équipement dédié aux flux industriels, que de réelle aménité urbaine. Parfois, la vocation logistique prend le pas sur d’autres visions du fleuve.

Moins vertes, plus minérales, les berges accueillent toujours des péniches stationnaires, dont celle de l’Armée du Salut dédiée à l’hébergement d’urgence. On est alors spectateur d’un contraste surprenant entre une structure tournée vers l’aide sociale, et les tours du quartier d’affaire, qui révèle plus que jamais le double visage de la métropole.

Rive Gauche. Ici, l’arrière-boutique d’une station service, et avec elle l’automobile, s’imposent au fleuve

Rive Droite

Rive Droite

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PARTIE B-3 - LES PROMENADES ET LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR

Paris

BoulogneBillancourt

Suresnes

Saint-Cloud

Sèvres Issy-les-Moulineaux

PuteauxNeuilly-sur-

Seine

Levallois-Perret

ClichyCourbevoie

Meudon

Nanterre

0 1 2 3 4 km N

Limites communales

Limites MGP

Seine

Îles

Séquences

3a

3b

SÉQUENCE 3- LA SEINE DISTANTEEntre le pont de Puteaux, à partir duquel l’ambiance change radicalement, et l’ A13, apparaît une troisième séquence, au sein de laquelle la relation au fleuve, parfois se perd, parfois se mérite. Plus précisément, deux tendances sont identifiables.

Une première, entre le Pont de Puteaux et celui de Suresnes, est conditionnée par la présence d’un camping, organisant une rupture entre la Seine et les voies de circulation (D1 en particulier). Cette dernière est accessible, mais très difficilement, et semble ne faire l’objet d’aucun entretien. Pourtant, une valorisation de l’ouvrage d’écluse serait intéressante.

En vis-à-vis de rives délaissées, lÎle de Puteaux présente un véritable contraste. Piétonne, attrayante, elle apparaît comme une alternative à l’inhospitalité relative des berges.

La seconde séquence court du Pont de Suresnes à l’A13 : les berges y sont plus qualifiées, mais peu accessibles car distantes des circulations. L’ Hippodrome de Longchamp marque une véritable coupure entre le bois de Boulogne et Seine. L’étang de Suresnes organise une transition agréable, mais peu évidente avec la Seine.

Rive Droite

Rive Droite

Rive Droite

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Paris

BoulogneBillancourt

Suresnes

Saint-Cloud

Sèvres Issy-les-Moulineaux

PuteauxNeuilly-sur-

Seine

Levallois-Perret

ClichyCourbevoie

Meudon

Nanterre

0 1 2 3 4 km N

Limites communales

Limites MGP

Seine

Îles

Séquences

4

SÉQUENCE 4 - LA SEINE URBAINE ET INDUS-TRIELLELa dernière séquence s’étend de l’A13, à travers Boulogne-Billancourt pour la rive droite, Saint-Cloud pour la rive gauche et se prolonge jusqu’à Paris. Ici, le sentiment d’être écarté de la Seine, qui naissaît déjà au cours de la précédente séquence, est renforcé. Il ne s’agit plus uniquement d’une coupure symbolique, mais d’obstacles concrets.

L’ambiance est franchement urbaine, renforcée par les nombreux réaménagements du secteur de la rive droite : Île Seguin et sa Cité Musicale, quartier homonyme. Il est donc complexe de préjuger de l’évolution future. Pour l’heure, l’espace est relativement hostile aux piétons et cyclistes.

La Seine, à la fois plus distante et plus proche que jamais, démontre ici tout son intérêt logistique. Les berges en dur traversées ci et là par l’A13, les ponts de l’Île Seguin ou en particulier celui de Saint-Cloud, semblent récalcitrantes à toute réelle continuité visuelle et matérielle. La fin du parcours fait sentir la proximité de Paris, les rives redeviennent plus amènes.

Rive Droite

Rive Droite

Rive Gauche

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PARTIE B-3 - LES PROMENADES ET LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR

L’analyse de la Seine, et plus précisément de ses îles et berges révèle un véritable potentiel de développement touristique vertueux, encore sous-exploité. La Seine et son littoral fluvial sont souvent fermés, privatisés, non-aménagé. La mise en tourisme du Grand Paris doit permettre la mise en ouverture de la Seine, fil conducteur naturel de l’identité métropolitaine.

Le tourisme fluvial rassemble des avantages indéniables : les déplacements sont très peu polluants; il permet l’émergence d’autres formes de tourisme, plus local et à la temporalité plus distendue, qui peuvent s’inscrire en complémentarité d’une offre touristique plus traditionnelle. En outre, il est une opportunité de penser conjointement la logistique industrielle et celle du tourisme. En ce sens, les éventuels investissements peuvent induire une double-externalité : renforcer la transition énergétique et un transport de marchandises respectueux de l’environnement, et simultanément la mise en tourisme des territoires du Grand Paris.

Les aménagements actuels reflètent cependant une vision moderne et fonctionnaliste. Tout

particulièrement, les axes et voies de circulation quadrillent le secteur. La route départementale D1 provoque ainsi une rupture entre les villes limitrophes et le fleuve, grévant d’emblée son insertion urbaine. Les indispensables franchissements actuels du fleuve, devant relier les territoires entre eux et les deux rives, provoquent a contrario des discontinuités urbaines lorsqu’il s’agit de se déplacer le long des berges, parfois délaissées. Il s’agirait de renverser ces caractéristiques, les intersections présentant parfois des situations urbaines extrêmement intéressantes et au fort potentiel de valorisation. En particulier, le Pont de Neuilly par exemple, où se rencontrent l’axe géographique de la Seine et l’axe historique Paris - La Défense concentre de nombreux enjeux. C’est là un potentiel noeud touristique d’ampleur métropolitaine, un état de fait renforcé par le futur réaménagement de l’Avenue Charles de Gaulle à Neuilly-sur-Seine, ainsi que par l’éventualité que le Grand Paris accueille l’Exposition Universelle de 2025.

Ce peut être l’occasion de développer une offre intermodale, s’appuyant sur le fleuve. À

0 1 2 3 4 km N

Limites communales

Limites MGP

Seine Axe historique le Nôtre

Parcs et jardins

Monuments emblématiques Paris intramuros

Patrimoine culturel

Espaces d’exposition

Paris

Boulogne Billancourt

Suresnes

Saint-Cloud

Sèvres Issy-les-Moulineaux

PuteauxNeuilly-sur-

Seine

Levallois-Perret

ClichyCourbevoie

Meudon

Nanterre

QUALIFIER ET FRANCHIR

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cet égard, le principe du bac permettant de relier, aussi bien deux rives entre elle dans un rapport pacifié au fleuve, que deux portions d’une même rive apparaît prometteur, pour des investissements limités et favorables au tourisme.Plus au Sud, la rive de Boulogne-Billancourt souffre aujourd’hui d’un manque d’attention, que les réamégements du quartier Seguin viendront résoudre, partiellement.

VALORISER UNE CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE

La Seine elle-même, en tant qu’axe logistique majeur, est canalisée au service du frêt industriel. Parfois, les enjeux économiques, certes incontournables, prennent le pas sur sa vocation de corridor écologique national. Or, ces deux orientations ne sont pas irréconciliables. La prise en compte grandissante des services écosystémiques dans l’aménagement du territoire et l’urbanisme démontre que fonctionnalités écologiques, économiques et sociales doivent au contraire être mises en synergie. Loin de la pensée hygiéniste qui avait conduit à canaliser, recouvrir et éloigner les cours d’eau des citadins, le besoin de s’en rapprocher apparaît aujourd’hui vital. Plus que cela même, ces services écosystémiques pourraient signaler l’émergence d’une nouvelle manière d’aménager, n’opposant plus intérêts sociaux et écologiques, mais les rendant interdépendants.Dans ce contexte, la prise en compte des mutations climatiques est déterminante. La crainte diffuse d’une crue majeure a été rendue plus palpable par les récents débordements du fleuve, en juin 2016.

Aussi, un travail de mise en tourisme de la Seine et de ses rives doit prendre à bras le corps cette problématique. L’une des pistes pourrait être le réaménagement de berges sur plusieurs niveaux, qui ne s’opposent plus aux «caprices de la météo» dans une bataille perdue d’avance, mais les intègrent comme un élément de composition.

Tout cela pose la question de la pérennité et de la flexibilité des ouvrages pour gérer au mieux ces risques et fabriquer une métropole résiliente qui sache accepter et accompagner les rythmes de son fleuve.La requalification des berges du Grand Paris nécessite donc un projet adapté, avec différents niveaux de promenade, une flexibilité dans les implantations des différents programmes, une réflexion générale sur l’augmentation de la perméabilisation des sols. Cela implique de privilégier les « berges-éponges » aux « berges étanches » pour accompagner en douceur et amortir les aléas de la Seine.

A titre d’exemple, nous avons développé une réflexion sur les différents niveaux de promenade littorale ou fluviales. Dans le cadre d’un projet pour un nouveau port à Monaco, nous avions proposé un quai avec des promenades étagées pour s’accomoder du léger marnage de marée et garantir la continuité de l’espace public. Les marées étaient l’occasion de dessiner un contour à chaque fois nouveau de cette promenade littorale. Dans un projet pour la presqu’île de Qinhuangdao, nous avions créé deux types de promenades, chacune à une hauteur différente avec des destinations différentes:-de loisir et exclusivement piétonne pour la première , avec marina , quais , pontons , café, ocmmerces,etc.;-de desserte et de promenade très animée pour la seconde, avec des voies de circulation douce à vitesse limitée.

Exemple d’un projet pour la requalification de la Presqu’île de Qinhuangdao ( Chine)

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PARTIE B-3 - LES PROMENADES ET LES BERGES : QUALIFIER ET FRANCHIR

Exemple des systèmes de fondations et de berges projetés dans le cadre de la requalification du Port de Monaco. Les différents niveaux de promenades permettent d’assurer la continuité d’un espace public linéaire, changeant au gré des marées.

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DES INITIATIVES MULTIPLES

La multiplication des initiatives - le réaménagement des berges en 2012 en est une belle illustration - démontre que le fleuve pourrait être un véritable espace public d’expérimentations urbaines. À une échelle plus large, de nombreuses métropoles internationales réaffirment d’ailleurs le lien indefectible à leur fleuve, auquel elles avaient parfois tourné le dos.Mais au-delà d’un inflexion institutionnelle, de nombreux collectifs et associations s’emparent déjà du fleuve pour développer des propositions innovantes. De l’activité touristique fondée à la fois sur la réinsertion professionnelle et la mise en valeur des patrimoines locaux, à la préservation écologique de certains secteurs, il est indispensable de s’appuyer sur cette réalité.

L’exemple de l’association Espaces qui œuvre à l’insertion par les métiers de l’environnement dans l’Ouest parisien, par le biais de plusieurs actions qui prennent place en grande partie aux abords de la Seine est intéressant. Outre l’entretien des berges de Seine entre le pont d’Issy et le pont de Puteaux et des missions de sensibilisation voire de gestions de jardins solidaires, l’association propose des croisières sur un catamaran de 12 places : la balade des 2 îles fait découvrir les îles Seguin et Saint-Germain, une autre rajoute à l’itinéraire l’île aux Cygnes, une troisième offre d’aller jusqu’aux écluses de Suresnes. Deux nouvelles balades étaient ajoutées en 2015, l’une culturelle en compagnie d’artistes, l’autre ajoutant une visite pédestre (du parc nautique de l’île de Monsieur ou de l’île aux Cygnes).

LES PÉNICHES ET LES PRINCIPES D’AMÉNAGE-MENT FLEXIBLE

Les péniches sont un des symboles de la Seine. Lieux d’habitation, de restauration, de spectacles, elles peuplent le fleuve. C’est pourquoi il n’est pas étonnant d’y trouver des initiatives qui

valorisent cet axe naturel, et surtout qui nous prouvent que les frontières entre tourisme, économie local, projet social sont ténues. Ainsi des associations comme Marché sur l’eau qui redistribuent des produits de producteurs choisis pour leur proximité aux voies d’eau et leurs exploitations attentives à leurs méthodes, ou Alizarine qui utilise le réseau fluvial de grandes régions viticoles pour repenser le transport du vin, et propose des animations à son bord dans les villes où elle s’amarre, repensent la Seine à la fois d’une façon économique mais en lien avec le «consomm’acteur». Une péniche comme Le Petit Bain à Paris se fait salle de concerts, de spectacles, bar et restaurant, en étant avant tout une entreprise d’insertion et une coopérative, imaginée par les architectes du collectif Encore heureux. Espace de diffusion du spectacle, de culture comme d’accompagnement de personnes en difficulté, elle fait lien et prône le vivre-ensemble. D’autres comme l’Armée du Salut ou les Restos du coeur ont pris en compte le potentiel de logement qu’offre une péniche, dans leur mission d’aide aux plus démunis.

Par ailleurs, nous pourrions reconsidérer les péniches et autres barges flottantes comme autant de nouvelles possibilités de franchissements, des alternatives aux traditionnelles infrastructures coûteuses et massives, qui fabriquent des ruptures fréquentes sur les cheminements des berges. Ainsi, nous pourrions compléter les liens entre berges et îles de la Seine sur un mode plus flexible et évolutif où ce principe d’ouvrages légers et flottants auraient toute leur place. Ces ouvrages pourraient accueillir une programmation diversifiée, avec des activités plus ou moins éphémères.

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UNE IDENTITÉ COMMUNE

La Seine est d’ores et déjà «grand parisienne». Elle est une invitation à découvrir Paris, et au-delà.Elle oblige à penser à nouveaux frais le territoire, par sa géographie, et non plus uniquement par ses frontières artificielles. Au fil des déambulations, la Seine et ses berges, dans leur portion de l’ouest parisien, offrent des spectacles variés. Tour à tour bucoliques ou fonctionnelles, sinueuses ou linéaires, accessibles ou délaissées, elles révèlent une réelle diversité, bien loin du fantasme d’une Seine maîtrisée et aseptisée, que la crue de juin 2016 aura de toute façon battue en brèche.Plus qu’un atout, l’axe fluvial et ses rives constituent aujourd’hui le socle de l’identité parisienne, et demain celle du Grand Paris. Ici se joue simultanément la mise en tourisme des territoires grand parisiens et l’émergence d’une potentielle identité métropolitaine. La Seine n’est bien sûr pas le fondement identitaire exclusif de ce nouveau territoire. Loin d’exclure, elle représente un lien multiforme, qui connecte géographiquement et symboliquement les espaces du Grand Paris, offrant une potentialité de se représenter l’appartenance commune à une entité plus large, tout en se différenciant par la variété des ambiances qu’elle maintient. On est alors face à un équilibre entre identité métropolitaine, qui peut alors s’afficher à l’international, et spécificités locales valorisées, créatrices d’emplois et de richesses économiques pérennes.

Pour toutes ces raisons, le territoire de la Seine apparaît particulièrement adapté à la mise en oeuvre du concept de tourisme soutenable.

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C/ CONCLUSION ET PRÉCONISATIONS

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PARTIE C - CONCLUSION ET PRÉCONISATIONS

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Pour conclure, construire un tourisme durable passe avant tout par une mise en cohérence du Grand Paris sur les plans du «développement durable» et de l’ «enveloppement social» :- durable, en valorisant toutes la variété des espaces naturels particuliers et les continuités géographiques naturelles comme celle des berges de la Seine, axe liquide du Grand Paris; -social, parce que le tourisme, quelles que soient ses formes, ne doit pas être un facteur de division supplémentaire entre les dimensions perçue et vécue du territoire métropolitain.Sur ce dernier point, nous avons vu que l’attractivité, l’attrait et l’accueil d’un territoire sont des dimensions liées qui doivent être abordées de concert pour créer une métropole désirable.

De nombreux élus ont montré la somme des écueils et blocages qui se posaient sur la route du Grand Paris, notamment sur la question du tourisme métropolitain, et ont surtout regretté des actions territoriales pour beaucoup isolées sans concertations ni échanges véritables et sans capitalisation des expériences de chacun. Le Grand Paris doit donc être l’occasion de mettre en place un processus plus créatif et plus partagé dans la prise de décisions et les modes d’actions.

Cela passe par l’aménagement de continuités physiques sur le territoire, avec la création d’axes doux de connexion et le replacement de la Seine, axe liquide et berceau de la capitale, au centre des attentions et orientations de développement métropolitain. Mais aussi par la concrétisation d’autres continuités structurantes, institutionnelles et fonctionnelles celles-là.

A titre de premières préconisations, il nous semble primordial de :

1- Construire l’identité métropolitaine en valorisant les continuités spatiales, avec la ré-ouverture des liens métropolitain, et en premier lieu des berges de Seine, encore beaucoup trop inaccessibles;

2-Clarifi er la gouvernance, mettre en réseau, organiser les temps d’échanges et de co-construction d’un projet métropolitain à long terme dans l’intérêt de tous les partenaires, en diversifiant le type d’acteurs convoqués notamment auprès des habitants et des associations locales. Plusieurs exemples vertueux de fonctionnement pourraient servir de modèle de mise en projet à échelon local, comme par exemple celui de l’association «Terre & Cité» : celle-ci est chargée de promouvoir et de développer une agriculture de qualité sur le Plateau de Saclay au moyen d’un fonctionnement basé sur la concertation entre tous les acteurs et en associant la recherche au moyen de partenariats privilégiés avec les universités;

3- Qualifier et faire aboutir les partenariats, porter la réalisation de processus de fi nancements innovants, tant dans leur structure - association entre acteurs privés et publics - que dans leur montage - crowdfunding par exemple -, pour dépasser les blocages existants;

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4- Faire émerger un tourisme du Grand Paris sur la base du dynamisme intra-muros mais dans l’idée d’ élargir l’offre touristique hors du périphérique, et dans un but d’équilibre global des investissements, notamment entre l’Ouest et l’Est pour le cas de l’axe Seine. Cela passe par une meilleure communication et valorisation des territoires extra-muros déjà placés sur les axes touristiques majeurs -l’axe Le Nôtre et celui de la Seine- en enrichissant l’offre et surtout en la rendant accessible. Cela permettra d’affirmer une notoriété commune et une cohésion métropolitaine sur la base des potentiels de chaque territoire. La valorisation des projets urbains en lien avec la Seine constitue à ce titre un premier acte;

5- Penser l’offre touristique dans le temps long, en termes d’évolution et de réversibilité des aménagements, pour que ces espaces publics puissent être investis et appropriés librement au gré des saisons et des tempos d’usages particuliers des touristes et des habitants. C’est la seule manière de sortir du «fonctionnement en tuyaux» hérité de l’époque moderne et d’éviter la production continuelle de quartiers monofonctionnels et monotones, et des nombreux «espaces émiettés» qu’il faut aujourd’hui requalifier à grands frais ;

6- Démontrer que le tourisme n’est pas un luxe mais un droit, et que l’égalité dans les conditions d’accès à un cadre de vie quotidien qualitatif est un objectif en soi. A ce titre, il est important de comprendre l’évolution des modes de tourisme en corrélation avec celle des usages locaux pour que les habitants puissent être «touristes de leur propre territoire». Un tourisme métropolitain soutenable pourrait donc être le levier pour la construction d’un territoire partagé, d’une conscience et d’une identité commune.

La construction d’un tourisme soutenable passe donc par la mutualisation des outils et l’aboutissement de projets dans le souci de l’intérêt général et de la préservation du bien commun métropolitain. La Seine, ses rives, les espaces naturels et les dynamismes locaux, le patrimoine matériel et immatériel des territoires, leur histoire et leurs habitants sont autant d’atouts que la métropole doit valoriser pour faire perdurer son attractivité motrice, qui est aussi d’ailleurs celle de la France.

Comme l’indique Elinor Ostrom, le bien commun est avant tout une construction sociale. La métropole du Grand Paris, si elle souhaite répondre aux nombreux défis - économiques, démocratiques, énergétiques, alimentaires, etc. - de son époque, devra y trouver là un modèle. Elle devra surpasser le présupposé de consommation - qui dicte bien trop souvent la teneur des aménagements urbains et des circuits touristiques - pour imposer le principe élémentaire de préservation. Car si le tourisme est intrinsèquement corrélé à l’économie, il s’agit dès aujourd’hui pour nous, acteurs du Grand Paris, de réussir à redonner corps au sens premier du terme, l’«oikos»16, pour que notre métropole-lumière soit considérée comme étant bien plus qu’un produit ou qu’un étal, et qu’elle puisse aussi, durablement et pour tous, rester un foyer.

Prolongeant les nouvelles dynamiques de co-gestion à l’échelle régionale de l’axe Seine, et sur le modèle de la démarche initiée par Carole Delga,présidente de la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (LRMP), pourquoi ne pas engager pour la Seine un «Plan Fluvial 21» qui rassemblerait tous les acteurs autour d’un projet commun: révéler le fleuve comme le fil conducteur naturel d’un Grand Paris en construction?

16 cf. CALAME, Pierre , Essai sur l’oeconomie, Ed. Charles Léopold Meyer, 2009.

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