La Mégère apprivoisée - Comédie-Française

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La Mégère apprivoisée Salle Richelieu

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La Mégère apprivoisée

Salle Richelieu

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Cahier n° 2Beaumarchais

120 pages – 10 €

Cahier n° 1Bernard-Marie Koltès

104 pages – 10 €

Les Nouveaux Cahiersde la Comédie-Française

Cahier n° 4Alfred de Musset

104 pages – 10 €

Cahier hors-sériePierre Dux

64 pages – 10 €

Ces publications sont disponibles en librairie oudans les boutiques de la Comédie-Française.

www.comedie-francaise.fr

Cahier n° 3Ödön von Horváth

96 pages – 10 €

Les Petites Formes n° 1La Famille

184 pages – 10 €

Les Petites Formes n° 2Les Monstres

parution en décembre 2008

Disponible en librairie

Anthologie de L’avant-scène théâtreLe théâtre français duXIXe siècletome I

Le théâtre français du XIXe siècle est le tome I de la collection Anthologie de L’avant-scène théâtre.À paraître, en 2009 et 2010 : Moyen Âge / Renaissance, XVIIe, XVIIIe et XXe siècles.

Diffusion : L’avant-scène théâtre / Scérén-Cndp – ISBN : 978-2-7498-1069-0Format : 16 x 22 cm, 568 pages – Prix : 30 €

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L’essentiel du théâtre du XIXe siècle en un volumeLes auteurs, les courants, les œuvresprésentés et commentés par des spécialisteset de grands metteurs en scène d’aujourd’hui

Une collection de référence sur le théâtre, son histoire, ses textes et ses représentations

En couverture : Loïc Corbery et Françoise Gillard.Ci-dessus, en haut : Loïc Corbery, Christian Gonon, Jérôme Pouly, Alain Lenglet et Pierre Louis-Calixte.En bas : Loïc Corbery, Jérôme Pouly, Adrien Gamba-Gontard et Nicolas Lormeau. © Brigitte Enguérand (2007)

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La Mégère apprivoiséeComédie en cinq actes de William ShakespeareTraduction de François-Victor Hugo

Reprise

du 13 octobre au 31 décembre 2008durée du spectacle : 3 h 15 avec entracte

Mise en scène et lumières d’Oskaras Korsunovas

Assistante à la mise en scène et interprète Akvile Melkunaite – Scénographie Jurate Paulekaite –Interprète Macha Zonina – Costumes Virginie Merlin – Musique originale Gintaras Sodeika –Peinture, sculpture et patine Véronique Van Der Esch – Le décor et les costumes ont été réalisésdans les ateliers de la Comédie-Française.

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La Comédie-Française remercie le champagne Montaudon et Baron Philippe de Rothschild SA.

Le spectacle a bénéficié, lors de sa création, du mécénat du Crédit Agricole.

avecBruno Raffaelli*Christian Blanc*Alain LengletFrançoise GillardJérôme PoulyMichel Vuillermoz*Nicolas LormeauRoger Mollien*Christian GononChristian CloarecJulie SicardLoïc CorberyPierre Louis-CalixteBenjamin JungersAdrien Gamba-GontardFélicien JuttneretAnneliese FromontMarie GutierrezImer Kutllovci*en alternance

un pédagogue et un lordVincentioBaptistaCatharinaGrumioun pédagogue et un lordHortensioVincentioGremioChristophe SlyBiancaPetruchioTranioBiondelloLucentioCurtis

l’Ouvreuse et un valetla Veuvele Page Barthélemy et le Tailleur

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Céline Samie Clotilde de Bayser Jérôme Pouly

Laurent Stocker Pierre Vial Guillaume Gallienne Laurent Natrella Michel Vuillermoz Elsa Lepoivre

Pensionnaires

Administrateurgénéral

Nicolas Lormeau Roger Mollien Christian Gonon Christian Cloarec Julie Sicard

Madeleine Marion Bakary Sangaré Loïc Corbery Léonie Simaga

Grégory Gadebois Serge Bagdassarian Hervé Pierre Benjamin Jungers

Stéphane Varupenne

Muriel MayetteLes comédiens de la troupe présents dans le spectacle sont indiqués en rouge.

ShahrokhMoshkin Ghalam

ClémentHervieu-Léger

PierreLouis-Calixte

Marie-SophieFerdane

AdrienGamba-Gontard

Gilles David Judith Chemla

Sociétaires honorairesGisèle Casadesus, André Falcon, Micheline Boudet, Paul-Émile Deiber, Jean Piat, RobertHirsch, Jean-Paul Roussillon, Michel Duchaussoy, Denise Gence, Ludmila Mikaël, ClaudeWinter, Michel Aumont, Geneviève Casile, Jacques Sereys, Yves Gasc, Françoise Seigner,François Beaulieu, Roland Bertin, Claire Vernet, Nicolas Silberg, Simon Eine, Alain Pralon,Catherine Salviat, Catherine Ferran, Catherine Samie.

©Co

simoMircoMagliocca

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La troupe de laComédie-Françaiseau 1er octobre 2008

SociétairesCatherine HiegelDoyen de la troupe

Gérard Giroudon Claude Mathieu Martine Chevallier

Véronique Vella Catherine Sauval Michel Favory Thierry Hancisse Anne Kessler Isabelle Gardien

Andrzej Seweryn Cécile Brune Michel Robin Sylvia Bergé Éric Ruf

Éric Génovèse Bruno Raffaelli Christian Blanc Alain Lenglet Florence Viala Coraly Zahonero

Denis Podalydès Alexandre Pavloff Françoise Gillard

DominiqueConstanza

Jean-BaptisteMalartre

La troupe

Christian Hecq

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FantasioAlfred de Musset – Denis Podalydèsdu 18 septembre 2008 au 15 mars 2009

Le Mariage de FigaroBeaumarchais – Christophe Rauckdu 26 septembre 2008 au 25 janvier 2009

Figaro divorceÖdön von Horváth – Jacques Lassalledu 3 octobre au 15 décembre 2008

La Mégère apprivoiséeWilliam Shakespeare – Oskaras Korsunovasde 13 octobre au 31 décembre 2008

L’Illusion comiquePierre Corneille – Galin Stoevdu 6 décembre 2008 à fin juin 2009

Cyrano de BergeracEdmond Rostand – Denis Podalydèsdu 18 décembre 2008 au 22 mars 2009

Hommage à Molièredu 15 au 18 janvier 2009

L’OrdinaireMichel VinaverMichel Vinaver et Gilone Brundu 7 février à mai 2009

La Grande MagieEduardo De Filippo – Dan Jemmettdu 28 mars à fin juillet 2009

Vie du grand dom Quichotteet du gros Sancho PançaAntónio José da Silva – Émilie Valantindu 8 avril à début juillet 2009

Ubu roiAlfred Jarry – Jean-Pierre Vincentdu 23 mai à fin juillet 2009

Il campielloCarlo Goldoni – Jacques Lassalledu 12 juin à fin juillet 2009

Le Malade imaginaireMolière – Claude Stratzdu 19 juin à fin juillet 2009

Les spectacles de laComédie-FrançaiseSaison 2008 / 2009www.comedie-francaise.fr

Salle Richelieu

FannyMarcel Pagnol – Irène Bonnauddu 24 septembre au 31 octobre 2008

Le Voyage de monsieur PerrichonEugène Labiche et Édouard MartinJulie Brochendu 19 novembre 2008 au 11 janvier 2009

La DisputeMarivaux – Muriel Mayettedu 28 janvier au 15 mars 2009

PurLars Norén – Lars Noréndu 15 avril au 17 mai 2009

Les Précieuses ridiculesMolière – Dan Jemmettdu 27 mai au 28 juin 2009

Théâtre du Vieux-Colombier Studio-Théâtre

Studio-ThéâtreGalerie du Carrousel du Louvre99, rue de Rivoli – 75001 Paris01 44 58 98 58

Les MétamorphosesLa petite dans la forêt profondePhilippe Minyana, d’après OvideMarcial Di Fonzo Bodu 19 septembre au 26 octobre 2008

Le Mariage forcéMolière – Pierre Pradinasdu 20 novembre 2008 au 8 janvier 2009

Les ChaisesEugène Ionesco – Jean Dautremaydu 29 janvier au 8 mars 2009

BéréniceJean Racine – Faustin Linyekuladu 26 mars au 7 mai 2009

VivantAnnie Zadek – Pierre Meunierdu 28 mai au 28 juin 2009

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Les propositions

Lectures d’acteurs20 octobre 2008, 16 janvier, 11 févrieret 26 mai 2009

Soirée de lecture La Famille10 octobre 2008

Soirée Hommage aux publics15 juin 2009

Les propositions

Cartes blanchesles 4 octobre, 13 décembre 2008, 7 févrieret 4 avril 2009

Portraits d’acteursles 18 octobre, 6 décembre 2008, 7 marset 13 juin 2009

Questions brûlantesles 29 novembre 2008, 10 janvier,28 mars et 30 mai 2009

Intermèdes littéraires Copeau-Jouvetles 12, 13, 14 mars et les 14, 15, 16 mai 2009

Bureau des lecteursles 2 et 3 juillet 2009

Les propositions

Bureau des lecteursles 26, 27, 28, 29, 30 novembre 2008

Festival théâtrothèqueles 9, 10, 11 janvier 2009

Salle RichelieuPlace Colette75001 Paris0 825 10 16 80 (0,15 centime d’euro la minute)

Théâtre du Vieux-Colombier21, rue du Vieux-Colombier75006 Paris01 44 39 87 00 / 01

La saison

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En invitant Oskaras Korsunovasà rejoindre notre troupe pour y

monterLaMégère apprivoisée, j’ai vouluconvoquer un « grand dramaturge ».Un« grand dramaturge » est un metteur enscène capable de nous faire découvrirles sens cachés d’une œuvre, de nousrévéler l’intérêt qu’aurait cette œuvre àêtre relue aujourd’hui, et de donner à lapièce un nouveau corps contemporain.À la première lecture, l’intrigue semblemachiste, et si simple que l’on peut secontenter d’y voir une guerre des sexesqui ne nous apprendrait rien,et ne nousferait sans doute plus rire. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelleson donne si peu à entendre ce texte.Pourtant l’œuvre de Shakespeare abordeici la quête autonome du désir ; elleaborde l’étrange secret de l’attirance, la

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Cela se voit, mais cela est-il vrai ?liberté du choix de l’autre.Les masquesde la séduction sont très présents danscette pièce,et lemetteur en scène lituanientravaille justement sur le questionnementdu jeu vrai ou faux, mais sans masque.OskarasKorsunovas s’emparedeplanches,il confie à chaque comédien sa propreplanche sur laquelle se trouve collé lecostume de son personnage.Il peut ainsise cacher à volonté derrière sa planche ets’abstraire de la scène et de son rôle, ouencore, en ne sortant que la tête, neredevenir que le personnage costuméqu’il interprète. Il peut encore sortir desa cachette et prendre du recul,devenantspectateur de sa planche, c’est-à-dire deson personnage. Il peut donc avoir unpoint de vue sur ce qu’il joue. OskarasKorsunovas est à la fois un dramaturgepassionnant et un chorégraphe extrê-

À gauche : Françoise Gillard et Loïc Corbery ; à droite : Loïc Corbery et Jérôme Pouly. © Brigitte Enguérand (2007)

mement inventif.Tous les acteurs munisde planches peuvent tour à tour participerau décor en disposant de diverses façonsleur « bouclier-costume ». Ainsi, toutela distribution est partie prenante duspectacle,on peut dire qu’il n’y a plus de« petits rôles » et que chacun devient unélément essentiel de la représentation.Les artisans que sont les acteurs de notretroupe éprouvent toujours un sentimentjoyeux en confrontant leur savoir-faireà une nouvelle pratique. Il est crucialpour nous de ne pas nous reposer surnos acquis et de remettre régulièrementnotre technique sur le métier. Oskaras,dans la singularité de sa proposition,nous le permet. L’espace scénique qu’ilpropose représente un immense atelierde costumes avec une « scène-tréteau » surle plateau. Symboliquement, il dessinel’enfer (dessous de scène), la vie (surscène), et le ciel (grâce à mille visagessuspendus qui observent l’action). Cet

espace,en attente d’acteurs pour endosserles vêtements suspendus, brasse déjàl’idée que tout peut arriver, que chaqueacteur va pouvoir se transformer grâce àl’un ou l’autre des vêtements en attente.Les costumes dévoilés par les planchesreprésentent des personnages vus pard’autres personnages,et nous renseignentnon pas sur le caractère vrai de celui-ci,mais sur l’image subjective qu’il renvoieaux autres.La planche de Catharina a ungant posé à la place du sexe, certainssemblent trop grands, d’autres tropriches, cela se voit,mais cela est-il vrai ?

Cette version de La Mégère appri-voisée, physique et spectaculaire, offrede l’œuvre de Shakespeare une lecture àtiroirs, riche et multiple, à l’image de lacomplexité du désir.

Muriel Mayette, 2007administrateur général

de la Comédie-Française

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Vers un théâtre supraréelComme toutes les pièces de Shakespeare,LaMégère apprivoisée offre bon nombrede sujets différents et on peut la regarderde différents points de vue. Souvent,on n’y voit rien de plus que le simple« dressage » de la mégère. Dans ce cas,la pièce semble assez banale,et d’undidac-tisme obsolète. Souvent, les metteursen scène font l’impasse sur le prologueavec Sly – considéré parfois mêmecomme un malentendu dans la pièce.Ils ne traitent que l’intrigue comique,l’apprivoisement de Catharina ainsi queles aventures des différents prétendants.Or ce prologue ouvre un autre niveau,révèle une autre dimension. L’idée, laphilosophie de Shakespeare, c’est quenous ne pouvons comprendre la vie quepar le moyen du théâtre, en la théâtra-lisant ; la vie est un théâtre.C’est à traversle spectacle qu’on peut comprendre laréalité en tant que telle.LaMégère appri-voisée parle du rapport du théâtre et dela vie. Elle aborde la conception deShakespeare d’un théâtre total,dépassantla réalité, d’un théâtre « supraréel ».L’épisode de Sly révèle cette dimension.Sly est un ivrogne qui croit que la réalitédans laquelle on le transporte est la vérité.

Sly et les autres,ou le théâtre comme miroirLorsque la comédieLaMégèreapprivoiséeest jouée devant Sly qui se croit un lord,tout change : le spectateur voit tout sub-

jectivement,par les yeux de Sly,et changelui aussi d’identité.Et dans ce théâtre dansle théâtre existe encore un autre théâtre…La réalité finit par se dissoudre dans lethéâtre, qui devient une sorte de réalitéqui englobe tout. S’ouvre alors à nousun jeu sans limites, où tout le mondejoue pour tout le monde. Et en jouant,on finit par oublier à qui on s’adresse.Slydisparaît complètement – on pourraitdire,au fil de la réalité.La représentationperd sa raison d’être initiale – le strata-gème – et se fragmente en une multitudede petites pièces. Jeu infini, mise enabyme, c’est sans doute ce qu’il y a deplus intéressant dans cette pièce. Lethéâtre prend le contrôle de tout. Slyreprésente cette réalité que Shakespearedéfinit comme un certain état d’ivresse.Shakespeare est ici une sorte de démiurgecréantunmondenouveau,où laplupartdespersonnages sont à leur tour des créateurs.

Trouver le bonheur dans un monde fauxOn peut alors comprendre l’histoire dePetruchio et deCatharina différemment.Ce qui leur arrive est une histoired’amour,avec autant d’obstacles au bon-heur que dans Roméo et Juliette. Et c’estgrâce aux moyens du théâtre que tous lesproblèmes sont résolus – la guerre dessexes, le caractère soi-disant acariâtre deCatharina…Shakespeare nous entraînedans un monde qui fonctionne selon lesprincipes de l’alchimie. Petruchio etCatharina se ressemblent en réalité

Nicolas Lormeau, Bruno Raffaelli et Benjamin Jungers. © Brigitte Enguérand (2007)

comme deux gouttes d’eau. Ils sedécouvrent et tombent amoureux l’unde l’autre. Petruchio devient le miroirdans lequel se voit Catharina, et viceversa.C’est ainsi que Catharina guérit desa « maladie » d’être une mégère. Ellecesse de dépendre d’une société quil’oblige à répondre aux lois de l’offre et dela demande,où personne ne s’intéresse àce qu’elle ressent,désire,ou même pensede ses acheteurs potentiels. Son rôle,comme tous les autres, était distribuéd’avance. Et le plus bel aspect de cettepièce est de montrer que l’amour – parle biais du travestissement – détruit cettehiérarchie figée, et met à mal le balmasqué social. Il n’y a plus de maîtres etde valets, et le système marchand estdétruit lui aussi.LaMégère est une pièce« ensoleillée ». Shakespeare y montreque l’amour vainc tout.

De la véritéde la comédieLaMégèreestunecomédie au sensprofonddu terme. À l’instar de la tragédie, ellerenferme un « secret du monde », unechose essentielle de nos vies. Dans latragédie,il s’agit d’un trounoir,impossibleà explorer.La comédie,elle, renferme un« trou de lumière »,une sorte de sagesse,tout aussi inexplorable. Je crois que lerire au théâtre a une origine sacrée.Toutebonne comédie parle de la vérité. LaMégère apprivoisée est une comédiehumaine ; elle nous parle de nous,maisaussi du rapport du théâtre et de lavie, de leur origine, de la création del’imaginaire et de l’amour.

Propos recueillispar Laurent Muhleisen, 2007

conseiller littéraire de la Comédie-Française

La Mégère apprivoisée,par Oskaras Korsunovas

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Voltaire le premier fit connaître auxFrançais le théâtre de Shakespeare

qu’il avait découvert pendant son exilen Angleterre. Il traduisit des passagesd’Hamlet en 1734 dont le fameux «To beor not to be that is the question » par« Demeure, il faut choisir, et passer àl’instant / De la vie à la mort,ou de l’êtreau néant ». Cette liberté prise avec letexte original dit assez la difficulté àl’époquede rendre la prose deShakespeareen respectant le « bon goût ». Voltairelui-même se fit de plus en plus critiqueenvers le dramaturge d’outre-manche,allant jusqu’à écrire en 1768 : « C’est unebelle nature,mais sauvage. » C’est dansune adaptation de Jean-François Ducisque Shakespeare fit son entrée au réper-toire de la Comédie-Française en 1769,avec Hamlet. Son texte est écrit en verset adouci pour plaire au goût français.

La saveur de la langue, la violence,l’humour de Shakespeare échappèrentencore au public durant le XIXe siècle.Ainsi pour La Mégère apprivoisée en1891,Paul Delair a construit son adap-tation sur quatre personnages :Petruchio(Coquelin aîné) et Grumio (Coquelincadet), Catharina (Mlle Marsy) etBianca (Mlle Müller) ; « le reste n’estplus que figuration ».L’auteur ne défendmême pas le texte qu’il a choisi, lejugeant comme « une pièce sans grandevaleur » et ne retenant que son but moral.La reprise de La Mégère apprivoisée enmars 1916 dans la même adaptation,si elle bénéficie du brio de Cécile Sorelen Catharina, soulève des protestations :

il faut rompre avec la tradition de cesréécritures versifiées. C’est qu’entre-temps la mise en scène deLaNuit des roispar Jacques Copeau au Théâtre duVieux-Colombier avait révélé l’universcontrasté, poétique et farcesque, descomédies de Shakespeare.On commencealors à sepencherplus sérieusement sur leséditions originales et sur les traductions :LaMégèredevientLaSauvage apprivoiséeparce que « mégère » est trop matrone etqueCatharina est une jeune fille.Mais laComédie-Française s’enferre jusque dansles années trente au grand regret d’AndréAntoine qui, s’il se félicite de l’interpré-tation de Mary Marquet (Catharina) etAlbert-Lambert (Petruchio), dit qu’il estinadmissible d’ainsi mutiler l’œuvre.C’estpeut-être pour cela que l’administrateurÉmileFabre,proched’Antoineet très inté-ressé par le théâtre étranger, commandades traductions, et non des adaptations,notamment pourCoriolan (1934), spec-tacle qui,dans le contexte de lamontéedesnationalismes en Europe,provoqua tantde scandale.Àcette date,après cent trente-neuf représentations, La Mégère appri-voisée disparut de l’affiche. Au long duXXe siècle, l’intérêt de la Comédie-Française pour Shakespeare ne cessacependant de croître,portant à une quin-zaine les œuvres au répertoire ; preuve,s’il en était besoin, que le « sauvage » deVoltaire est aujourd’hui apprivoisé.

Joël Huthwohldirecteur du département des Arts du spectacle

de la Bibliothèque nationale de France

Shakespeare ou le « Sauvage » apprivoisé

Le spectacle

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En haut : Julie Sicard et Françoise Gillard ; en bas : Loïc Corbery et Christian Cloarec. © Brigitte Enguérand (2007)

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Oskaras Korsunovas, mise en scèneNé en 1969 en Lituanie,Oskaras Korsunovas entame une carrière de metteur en scène dèsles années quatre-vingt-dix qui le conduit à monter de nombreuses pièces dans son pays natal,à l’étranger, lors de festivals internationaux et notamment, au festival d’Avignon. Son styletrès personnel s’appuie sur l’absurdité chaotique de la vie quotidienne qu’il transpose authéâtre.Parmi saproduction,onpeut citerLeHollandaisvolantdeWagner,RobertoZucco de Koltès,Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare,Visage de feu de Marius von Mayenburg,LeMaîtreetMarguerite de Boulgakov,Crave de Sarah Kane,Œdipus Rex de Sophocle,Roméo et Juliettede Shakespeare,Dans la peau de la victimedeVladimir et Oleg Presnyakov,LaRoute deDamasde Strindberg,Hiver de Jon Fosse ou La Flûte enchantée de Mozart. En 2003, il a reçu le prixEurope-Nouvelles réalités théâtrales attribué par l’Union des théâtres d’Europe.

Jurate Paulekaite, scénographieNée en 1962, Jurate Paukelaite a étudié à l’Académie des arts de Vilnius.Elle a travaillé avecde nombreux metteurs en scène lituaniens et étrangers et a signé la scénographie de la plupartdes spectacles de Korsunovas : Roberto Zucco, Le Maître et Marguerite, Visage de feu, Roméoet Juliette,Œdipus Rex,Dans la peau de la victime.En 2006, elle a reçu le prix Heda du meilleurdécor en Norvège pour La Route de Damas d’August Strindberg mise en scène par OskarasKorsunovas.

Virginie Merlin, costumesDiplômée de l’ENSAD, Virginie Merlin est tout d’abord assistante pour les décors et leslumières, notamment de Rudy Sabounghi pour La Serva amorosa de Goldoni et de FranckThévenon pour Dom Juan de Molière, spectacles mis en scène par Jacques Lassalle à laComédie-Française.Dès 1993, elle signe ses premiers décors et costumes, et travaille réguliè-rement avec le metteur en scène Michel Didym.Elle collabore aussi avec Cécile Backès.Ellea réalisé les costumes deL’Inattendu de Fabrice Melquiot mis en scène parThierry Hancisseau Studio-Théâtre et conçu ceux de spectacles donnés lors des Journées du Conservatoirenational supérieur d’art dramatique.

Gintaras Sodeika, musique originaleDiplômé de l’Académie musicale de Lituanie,Gintaras Sodeika compose des œuvres expéri-mentales et des performances sonores particulièrement originales.Depuis 1990, il composela musique de la plupart des spectacles de Korsunovas, en créant des partitions originales quis’intègrent à son univers et à sa dramaturgie.

L’équipe artistique

Directeur de la publication Muriel Mayette Rédacteur en chef Pierre Notte Secrétaire de rédactionPascale Pont-Amblard Photographies de répétition Brigitte Enguérand (2007) Conception graphiqueHerbe Tendre Media © Comédie-Française Réalisation du programme L’avant-scène théâtre ImpressionImprimerie des Deux-Ponts - Eybens, octobre 2008

Licence n° 1-1001069 / Licence n° 2-1001070 / Licence n° 3-1001071

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