LA MANCHE,quelle énergie !

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Conseil général de la Manche LA MANCHE, quelle énergie ! Le livre bleu marin Énergies marines renouvelables, La Manche au cœur de l’enjeu du XXI e siècle Propositions, réflexions et contributions à la prospective territoriale « Écrivons ensemble la Manche de demain ! »

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Énergies marines renouvelables, La Manche au coeur de l’enjeu du XXIe siècle Propositions, réflexions et contributions à la prospective territoriale « Écrivons ensemble la Manche de demain ! »

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LA MANCHE, quelle énergie !

Le livre bleu marin

Conseil général de la Manche

LA MANCHE, quelle énergie !

Le livre bleu marin

Énergies marines renouvelables, La Manche au cœur de l’enjeu du XXIe siècle

Propositions, réflexions et contributions à la prospective territoriale« Écrivons ensemble la Manche de demain ! »

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À l’image du Grenelle de l’Environnement, le Département de la Manche, accompagné de l’INSEE, d’experts et de chercheurs, anime une démarche de prospective territoriale associant une pluralité de points de vue : « Écrivons ensemble la Manche de demain ». Sur le mode participatif, elle mobilisera aussi les Manchois amenés à débattre sur sept enjeux majeurs :

1 LE DIAGNOSTIC DE L’INSEEBASE DE TRAVAIL « PRÉCIEUSE »

LUMIÈRES D’EXPERTS !

7 ENJEUX MAJEURS POUR LE DÉPARTEMENT

DES ATELIERS SERONT ORGANISÉSAUTOUR DE 7 THÉMATIQUES.

ILS SERONT COMPOSÉS DE 25 PER-SONNES : CONSEILLERS GÉNÉRAUX,EXPERTS ET PLUS GÉNÉRALEMENTDES ACTEURS REPRÉSENTATIFS DUDÉPARTEMENT.

L’INSEE VIENT D’ÉTABLIR UN DIAGNOSTIC ÉVOLUTIF DU TERRITOIRE DE LA MANCHE.

CES DONNÉES DÉMOGRAPHIQUESSERVIRONT DE BASE DE TRAVAIL ET S’ENRICHIRONT DES RÉFLEXIONSDES UNS ET DES AUTRES, TOUT AU LONG DE LA DÉMARCHE.

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éclairer la réflexion

DES EXPERTS DE TOUS HORIZONS VONTÊTRE SOLLICITÉS PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL. IL S’AGIT DE RASSEMBLER UNE DOUZAINE DE CHERCHEURS, UNIVERSITAIRES, SOCIOLOGUES, HISTORIENS, SCIENTIFIQUES…

LEUR MISSION :

CHACUN SUR LEUR CHAMP DE COMPÉTENCEET DÉGAGER DES TENDANCESPOUR DEMAIN.

Ces données serviront de base de travail

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71 Gestion raisonnée des ressources

(alimentation, eau, énergies fossiles, gestion des espaces agricoles et urbains…)

2 Les risques et la gestion de crise (phénomènes naturels, sécurité alimentaire…)

3 Le nucléaire, une singularité du territoire

4 Nouveaux besoins, nouvelles activités(emplois, démographie, économie)

5 Gouvernance du territoire : « penser globalement, agir localement »

6 La mer comme solution du futur (énergies nouvelles, trafic maritime, réseau des ports, plaisance…)

7 Faire société ensemble (lien social, bien-être, qualité de la vie…).

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identifier ce qui peut arriverFinalité des ateliers :

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L’avenir est le domaine de la liberté. Plus que prévoir, il s’agit de construire. C’est ainsi que se déterminent aujourd’hui les réponses aux défis essentiels du vivre ensemble et de la préservation de notre qualité de vie.Le département de la Manche est lui-même à la croisée des chemins. Marqué par une singularité territoriale - le nucléaire, il est aussi un département maritime, avec 330 km de côtes.

Avec les énergies marines renouvelables (EMR), la Manche, cette mer étroite remontant l’Europe du nord, et le département qui porte son nom, sont au cœur des défis du XXIe siècle. La mer est l’avenir de l’homme.

Ce livre est une contribution à la prospective territoriale, versée aux débats pour identifier d’entrée les enjeux essentiels. Nous connaissons les classiques « livre vert » et « livre blanc », faisant référence aux phases de diagnostic et d’orientations de ces démarches de prospective. Nous avons fait notre choix, le ton est donné, le nôtre sera « bleu marin ».

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Énergies marines renouvelables La Manche au cœur de l’enjeu du XXIe siècle

Propositions, réflexions et contributions à la prospective territoriale« Écrivons ensemble la Manche de demain ! »

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Le livre bleu marin

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Sommaire

Introduction .......................................................................................................................... 11-22

Entretien avec Jean-François Le Grand, président du conseil général de la Manche ........................... 23-55

Êtes-vous « aux courants » ? ....................................................................... 57-65Le potentiel hydrolien... ............................................................................................. 57-60Le potentiel éolien offshore... ................................................................................. 60-61D’autres solutions... ....................................................................................................................... 61La façade atlantique mobilisée... ..................................................................... 61-63Un enjeu économique phénoménal... ......................................................... 63-65

Cherbourg, du bleu à l’horizon… ..................................................... 67-70

Petit lexique des énergies marines renouvelables......... 71-78L’énergie hydrolienne ......................................................................................................... 72-74L’énergie thermique ......................................................................................................................... 74L’énergie osmotique .......................................................................................................................... 75L’énergie marémotrice ....................................................................................................... 75-76L’éolien offshore flottant ................................................................................................. 76-77La biomasse marine ........................................................................................................................ 77L’énergie éolienne.................................................................................................................... 77-78

Carte des parcs éoliens et hydroliens ......................................................... 79

Glossaire ......................................................................................................................................... 80-81

Sources documentaires ............................................................................................ 82-83

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Édito

L’or bleu...marin !

La décision du gouvernement d’accueillir le groupe Alstom à Saint-Nazaire et Cherbourg est actée. Cet ancrage industriel est une véritable reconnaissance pour les Pays de la Loire, la Basse-Normandie et en particulier la Manche. Oui, la grande aventure commence. Quelle aventure !

Un enjeu colossal, sans précédent, est en train de naître sous nos yeux. L’enjeu du XXIe siècle pour nos territoires. Les énergies marines renouvelables (EMR), l’éolien, l’hydrolien... émergent au large de nos côtes. La Région, le Département, la Communauté urbaine de Cherbourg, relèvent le défi et s’unissent pour être, aujourd’hui et demain, à la hauteur de ce challenge hors norme : faire de nos territoires le fer de lance d’une nouvelle filière industrielle, génératrice de plusieurs milliers d’emplois, de recherche, de développement et de nouvelles formations. Au-delà des nouvelles technologies utilisées, des expérimentations déjà lancées et des appels à projets, c’est de notre devenir, celui des générations futures, qu’il est ici question.

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Et si la Manche devenait demain la Silicon Valley des énergies marines renouvelables ? Un rêve, une utopie ? Notre collectivité retrousse ses manches et avec elle, à ses côtés, la Région et notamment la Communauté urbaine de Cherbourg.

Nous avons à portée de main une richesse naturelle qui ne demande qu’à être exploitée, la mer et les courants les plus puissants d’Europe. Nous avons un savoir-faire industriel et des infrastructures portuaires de très grande qualité, la compétence, de multiples petites et moyennes entreprises, le maillage de sous-traitants performants et la présence, chez nous, de grands groupes industriels prêts à s’investir.

L’avenir est le domaine de la liberté. Plus que le prévoir, il s’agit de le construire.

Nous avons l’amour et la passion de notre territoire. La Manche est énergique. Tous ensemble, soyons-le pour elle !

Jean-François Le Grand Président du conseil général de la Manche

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Introduction

Le Grenelle de l’Environnement est passé par là, a montré la voie, marqué un tournant.

C’est dans l’air du temps. Un défi, une aventure, un atout majeur pour la Manche et l’ensemble de notre région, dont les ressources naturelles, le savoir-faire des entreprises, les structures portuaires en font une place forte et capitale dans le domaine nouveau des énergies marines renouvelables.

Tout s’accélère et va très vite en ce domaine. Les mois et les années qui viennent seront déterminants. Qui prendra le bon « wagon » des EMR ? La Manche saura-t-elle, en ce domaine, tirer son épingle du jeu ? Et si oui, comment ? Quelle place, quel rôle, quel dessein à l’échelle du monde ?

Il est temps ! Comment s’inscrire dans le grand chambardement que s’apprête à vivre notre planète ?

Faut-il voir demain la vie en bleu ? De ce « bleu marin » couleur de mer ?

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Filière stratégique

Le défi est ainsi posé : avec un potentiel mondial estimé à 748 GW en 2050 par l’Agence internationale de l’énergie, les énergies marines apparaissent aux yeux des spécialistes comme « une solution fiable, inépuisable et décarbonée pour faire face aux défis énergétiques de demain ». Le ministère de l’Écologie et du Développement Durable, dans une étude consacrée en 2010 à la « croissance verte », a identifié les énergies marines renouvelables (EMR) comme l’une de ces nouvelles filières stratégiques. Dans la lignée du Grenelle, la France s’est engagée à produire de l’électricité grâce au déploiement de 6 GW d’énergie marine, essentiellement l’éolien offshore, dont 3 GW1 ont fait l’objet d’un premier appel d’offres lancé en juillet 2011.

Nous sommes directement concernés. Cet appel d’offres, ces filières, le développement qu’on peut en espérer pour nos territoires, nous intéressent. Si la France dispose d’atouts considérables pour se positionner sur ce marché d’avenir, la Manche et Cherbourg sont aux premières loges. Le cabinet Ernst & Young et Associés, dans un rapport d’audit effectué sur le sujet en 2012, le souligne très clairement : « L’enjeu des prochaines années sera de réussir le pari des énergies marines, d’une part en valorisant les atouts naturels du territoire et, d’autre part, en se positionnant en tant que leader de l’innovation industrielle face à une concurrence internationale qui s’intensifie. »

1. Pour mémoire, les 58 réacteurs nucléaires français répartis sur 19 sites ont une capacité installée cumulée de 63 GW. Le futur EPR de Flamanville produira 1,65 GW.

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En Europe, ces prévisions sont révélatrices d’une vraie « dynamique de croissance », avec un « gisement d’emplois » propres aux EMR, hors éolien offshore, estimé à 160 000 emplois directs d’ici à 2030 et plus de 470 000 emplois directs et indirects d’ici à 2050.

La Commission européenne table sur une capacité installée de 3,6 GW en 2020 et 188 GW en 2050, hors éolien offshore, ce qui représenterait 15 % du mix énergétique européen et un marché annuel de 15 milliards d’euros.

Mer nourricière...

Quelle stratégie mettre en œuvre pour notre département maritime ? Sur quel type d’énergie doit-on s’appuyer pour faire avancer dans le bon sens notre territoire, pour qu’il colle à la réalité du monde qui se dessine dès aujourd’hui et pour demain. Quel héritage énergétique laisser aux générations à venir ? Vers quelle « transition énergétique » doit-on se tourner ? Sortir du nucléaire ? En tout cas, comment amorcer la reconversion, vraie transformation industrielle dont notre territoire peut être le leader ?

C’est aujourd’hui l’éolien offshore qui occupe le devant de la scène. Cette technologie marine atteint les phases de déploiement industriel et commercial à une grande échelle.

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Ces dernières années ont également vu, comme le souligne toujours le cabinet Ernst & Young et Associés, une accélération du développement d’autres technologies marines qui disposent d’un « potentiel considérable », en premier lieu l’hydrolien, pour lequel notre région est idéalement placée.

Que représente la naissance « annoncée » de cette nouvelle filière industrielle pour un département comme le nôtre ? Des milliers d’emplois ? Une image de marque innovante associée à un nouveau type d’aménagement du territoire ? La mer sera-t-elle demain notre « mer nourricière » ? C’est pour répondre à quelques-unes de ces questions, et à beaucoup d’autres, et pour ouvrir le débat dans le cadre de l’exercice de prospective territoriale de la Manche, qu’est né cet essai, ce livre bleu marin source d’espoirs.

La question des ressources énergétiques pose à l’évidence un problème de prospective. Les énergies renouvelables seront-elles, comme beaucoup le disent et le prédisent, les « énergies de notre siècle » ? Quelle place auront-elles demain dans le mix énergétique français ? Et, s’agissant d’un département comme le nôtre, à l’ouest de la Normandie, ponton lancé dans la Manche, comment assumer notre responsabilité au cœur de la stratégie nationale relative aux énergies marines ?

En résumé, la mer est-elle notre futur ? Dans nôtre département entouré d’eau, la question a un sens.

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Redoubler d’énergie ! Le conseil général de la Manche, dont le président Jean-François Le Grand a été un acteur majeur du Grenelle de l’Environnement, souhaite apporter une contribution au débat, nourrir la réflexion qui se fait jour. Elle se fonde sur l’idée que le département de la Manche peut, dans ces domaines porteurs d’avenir et de développement, jouer un rôle essentiel, faire en sorte que notre région et le Cotentin en particulier soient le fer de lance d’une nouvelle filière industrielle, dont beaucoup de paramètres restent à inventer. « On est au tout début d’une nouvelle ère industrielle, respectueuse de l’environnement, qui impose recherche et développement, créativité et mobilisation de tous les acteurs politiques, économiques, scientifiques ». Le président du conseil général en appelle à une vraie prise de conscience, doublée d’une énergie farouche, une énergie de chaque instant.

Retroussons nos manches pour la Manche, de toutes nos forces, toute notre audace. « Il s’agit d’un enjeu extraordinaire, poursuit Jean-François Le Grand, c’est sans doute la première fois de notre histoire que se dessine un tel projet d’avenir en matière d’industrie sur le port de Cherbourg. Nous avons des atouts majeurs et incontournables, mais ne perdons pas de temps ». Au-delà de la réponse qui sera faite, pour accompagner le ou les groupe(s) chargé(s) de mettre en place cette nouvelle filière, c’est aussi, c’est surtout de l’avenir de notre territoire qu’il est ici question.

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Sans pétrole, des idées… Les énergies marines renouvelables, que doit-on en penser ? Une réponse naturelle au tout nucléaire ? La rupture avec un mode de fonctionnement économique aujourd’hui dépassé ? Que doit-on imaginer et espérer pour aujourd’hui et pour demain ? De quel nouveau « bois » nous chaufferons-nous à l’avenir ?

Les énergies marines renouvelables sont-elles une réponse, la seule qui vaille, à nos futurs besoins en électricité ? Et quels sont les coûts induits d’une telle production, qui reste pour une très grande part à inventer ? En parlant « EMR », de quoi parle-t-on ? Des champs éoliens offshore plantés au large de nos côtes ? Des nouvelles techniques de production d’électricité par les fonds sous-marins, les fameuses fermes hydroliennes, ces énormes turbines posées au fond de l’eau qui se jouent des courants et du va-et-vient incessant des marées ? De l’énergie qu’apportent les différences thermiques entre les fonds sous-marins et la surface de l’eau ? De la puissance des vagues capables, par leur force, de nous fournir une nouvelle ressource énergétique ?

Et s’agit-il, in fine, de la panacée environnementale dont le monde avait et aura de plus en plus besoin ?

Et si l’on n’avait plus de pétrole, aurait-on encore quelques idées pour faire avancer le monde ?

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Cet ouvrage tentera de répondre également à quelques-unes de ces questions de prospective. Il est aussi animé d’un « état d’esprit », d’une volonté : en réfléchissant aux énergies marines renouvelables, en dessinant dès à présent ce qu’elles pourront être pour un département comme le nôtre, en imaginant ensemble, acteurs de la Manche, le rôle joué par la collectivité pour aider à cette mise en œuvre, c’est de l’avenir de la Manche qu’il est question.

La Manche en tête de pont

Suite à l’appel à projets sur l’éolien offshore lancé par l’État, la création de parcs au large des côtes françaises est en route. De nouvelles technologies sont aussi à l’étude, dépassant le cadre de l’éolien, y compris l’éolien flottant. Des partenariats industriels et publics-privés voient le jour et les Bas-Normands se mettent en ordre de marche, avec un délégué général aux énergies marines renouvelables récemment installé par le conseil régional de Basse-Normandie, le conseil général de la Manche et la Communauté urbaine de Cherbourg pour coordonner, en ce domaine, ce qui va dessiner le futur de nos paysages.

Les exécutifs locaux croient aux vertus d’une vraie coopération à l’échelle de notre territoire : « Rien ne peut se faire sans une approche collective et c’est

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exactement ce qui se passe. Personne dans cette affaire capitale ne joue en individuel ! »

Le délégué général aux énergies marines renouvelables assure la direction de la Société publique locale (SPL) « Ouest Normandie Énergies Marines ».

Ce plan d’action s’appuie, pour notre territoire, sur le développement des nouvelles filières que sont l’éolien posé ou flottant, l’hydrolien, l’énergie houlomotrice, l’énergie thermique...

Dans ces domaines, la Basse-Normandie doit prendre sa place, car elle a de véritables atouts. Le potentiel de développement britannique dans le secteur de l’éolien offshore conforte l’ambition de Cherbourg. La proximité du Raz Blanchard, le premier gisement français, l’un des principaux gisements hydroliens d’Europe, rend Cherbourg incontournable.

Dans son rapport et l’avis qu’il a donné sur le sujet en septembre 2010, le conseil économique, social et environnemental régional de Basse-Normandie - CESER - a clairement jeté les bases de la problématique à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés : « La proximité du “peak oil” - seuil temporel au-delà duquel la production de pétrole cessera d’augmenter, la difficulté à déployer, dans le court terme des technologies de remplacement, la quasi obligation de limiter les émissions

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de gaz à effet de serre, imposent de mobiliser tous les moyens possibles et durables pour répondre à des besoins en énergie qui, globalement, continuent d’augmenter. Il faut ajouter à cette énumération l’engagement pris par les pouvoirs publics français d’atteindre en 2020 un objectif de 23 % d’énergie d’origine renouvelable dans la consommation totale d’énergie. »

Des milliers de watts sous la mer…

Dans ce cadre, les énergies renouvelables terrestres sont une chose, les énergies marines en sont une autre, « source » véritable de développement dont le potentiel saute aux yeux de tout un chacun.

Le CESER de Basse-Normandie le rappelle à juste titre : « Il apparaît clairement, aujourd’hui, que les énergies renouvelables terrestres - éolien, solaire, hydroélectricité - ne suffisent pas à répondre à la fois aux demandes et aux exigences concomitantes de variété et d’indépendance nationale du bouquet énergétique. Pour ces raisons, la nécessité de rechercher des gisements et de nouveaux modes de production s’est imposée et les possibilités de tirer parti des énergies marines renouvelables ont ainsi progressivement été prises en considération. À l’exception de l’usine marémotrice de la Rance, entrée en service en 1967, il s’agit en effet d’un gisement pratiquement inexploité. »

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Voilà aussi pourquoi, ramené à la dimension de notre seul territoire, le potentiel que représentent les EMR constitue une réelle opportunité, avec des perspectives de production et d’emploi particulièrement intéressantes.

Dans l’hypothèse où les différents modes de production afférents parviendraient à un degré élevé d’exploitation, ils couvriraient de l’ordre de 15 à 18 % des besoins actuels en électricité.

L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, dans une étude prospective réalisée en 2008, a calculé qu’à l’horizon 2030, ils pourraient atteindre 3 millions de tonnes équivalent pétrole.

Le « décollage » des énergies marines renouvelables le long de nos côtes est donc capital pour l’indépendance énergétique de la France, mais aussi pour le devenir de la planète. D’autant plus qu’en ce domaine, d’autres que nous ont déjà pris les devants.

La Grande-Bretagne, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas, pour ne citer qu’eux, parmi les nations les plus engagées sur ces secteurs, ont fait des EMR un véritable « enjeu énergétique, scientifique et industriel » avec aussi, selon les cas, la mise en place de véritables filières générant des milliers, voire des dizaines de milliers d’emplois.

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La France a fait par le passé d’autres choix, entre autres celui du nucléaire, pour produire l’électricité à moindre coût. « Le développement des EMR, pour ce qui concerne plus précisément l’éolien, s’est aussi heurté, remarquent les membres du conseil économique et social, à l’étroitesse du plateau continental, qui impose de développer des projets de parcs éoliens à faible distance de nos côtes, modifiant en cela les paysages marins et causant des oppositions parfois virulentes de la part des habitants des littoraux concernés ». C’est pourquoi nous devons agir vite.

Cultiver l’innovation

Produire de l’énergie à partir de technologies innovantes, dont certaines sont encore embryonnaires et d’autres s’appuient sur un savoir-faire quasi ancestral, c’est le nouveau défi. Ce n’est pas le seul, car au-delà de la simple production d’électricité, c’est bien de toute une filière industrielle qu’il est ici question, à forte valeur ajoutée. Au fond, et comme le souligne le CESER, s’il ne s’agissait, en l’espèce, que de limiter la mise en œuvre des énergies marines renouvelables à la seule activité de production d’électricité, le défi serait « étriqué » : « Le développement des EMR n’a en effet d’intérêt que s’il procède d’une vision globale. Dans cet ordre d’idées, les inconvénients liés à cette forme de production d’énergie - altérations paysagères, gestion des conflits d’usage... - ne valent d’être supportés que s’ils sont compensés par la

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constitution au niveau régional d’une véritable filière, allant de la recherche-développement à la maintenance en passant par la fabrication et l’exploitation. »

L’enjeu vaut pour l’aménagement de notre territoire comme pour l’emploi, et de façon pérenne. Développer les Énergies Marines Renouvelables, c’est - nous l’avons vu - un véritable enjeu économique, générateur d’emplois et de richesse. C’est aussi aider à valoriser le savoir-faire de nos entreprises, les accompagner dans leurs démarches de diversification ou de reconversion, c’est soutenir les laboratoires de recherche et de développement, « booster » la matière grise et cultiver l’innovation, sans bousculer ni dégrader notre patrimoine. Un défi pour notre territoire ? La Manche du XXIe siècle se doit de le relever !

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Entretien avec Jean-François Le Grand, président du conseil général de la Manche

Le département de la Manche donne parfois l’impression d’avoir oublié qu’il était aussi un département côtier et donc maritime. Est-ce à dire que vous découvrez, seulement aujourd’hui, la force et le potentiel que représentent pour notre territoire les énergies marines renouvelables ? Ce n’est pas en ces termes que je poserais le problème. Ceci étant, vous avez raison de souligner ce qui peut paraître en effet étonnant. La Manche est un département à la fois rural et maritime et l’on a eu, c’est vrai, tendance à oublier par le passé son aspect maritime et la richesse de son patrimoine naturel, exceptionnel et rare. La Manche est riche, en ce domaine, d’une longue et belle histoire, cette histoire qui nous rappelle que notre destin est aussi lié à la mer.

Quand autrefois, les gens de la Royale équipaient leurs bateaux pour appareiller depuis Cherbourg afin de se rendre en Angleterre, de l’autre côté du Channel, 30 % des marins embarqués étaient des Manchois ! Je pourrais, bien évidemment, citer de nombreux autres exemples de la sorte.

En termes de ressources énergétiques, nous avons été aux premières loges entre la production d’électricité à Flamanville, le retraitement à la Hague et le site de

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stockage de l’ANDRA. Il faut bien l’avouer, les élus n’ont pas pu appréhender le devenir du nucléaire au cours de ces 30 dernières années.

L’implantation du nucléaire, qui a représenté un vrai choc de société, a été évidemment importante, voire capitale pour notre département, notamment en ce qui concerne l’emploi et les activités induites. C’est un pacte territorial qui s’est construit entre l’industrie nucléaire et les Manchois. Pacte écorné une première fois par la révision unilatérale des bases fiscales d’AREVA puis par son choix de construire un partenariat avec Le Havre pour les énergies marines renouvelables. Aujourd’hui, après Fukushima, la Manche pense son avenir au-delà de l’industrie nucléaire.

La question de la ressource énergétique s’est d’ailleurs imposée petit à petit dans les réflexions politiques au sens large du terme, du fait de la raréfaction des énergies fossiles. On s’est alors reposé sur une espèce de postulat. Puisque nous avions le nucléaire, une source énergétique qui nous évitait les ennuis de ressource liés au gaz et au pétrole, nous n’avions pas a priori de raisons de nous inquiéter. Ce postulat connaît aujourd’hui ses limites et la société a évolué dans l’approche qu’elle peut avoir de son approvisionnement énergétique. Le nucléaire a été longtemps accepté comme une nécessité, un choix par défaut, faute de mieux. Le facteur géographique a évidemment compté dans cette implantation.

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De la même façon, si j’ose dire, qu’a été créé et implanté le port de Cherbourg à l’embouchure de rien et dont la construction a aussi, d’une certaine manière, été imposée, cette fois à des fins strictement militaires et sans vocation économique première. Un port dont on se rend bien compte, aujourd’hui, qu’il est incontournable dans la mise en œuvre et le développement de cette filière nouvelle. Et c’est dans ce cadre et cette évolution, aujourd’hui, que nous constatons une montée en puissance de la prise en compte des énergies marines renouvelables. Cela va de pair avec les principes de développement durable qui se sont peu à peu imposés. Le Grenelle de l’Environnement y a été pour beaucoup. Ce fut une étape importante dans cette réflexion collective. Le monde change, notre réflexion évolue et nos comportements se modifient.

Est-ce à dire que vous considérez, aujourd’hui, les EMR comme une alternative crédible à la production d’électricité, face au nucléaire ?

C’est l’un des éléments de réponse en effet. Il faut cependant, lorsqu’on parle de sortie du nucléaire, éviter l’écueil d’une date imposée et se dire que l’énergie nucléaire reste, pour longtemps encore, un des piliers de la politique énergétique de la France.

Mais parlons clair, faudra-t-il un jour, comme le souhaitent certains, sortir définitivement du nucléaire au profit d’énergies nouvelles et renouvelables telles que les énergies marines ?

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Le nucléaire lui-même aura une fin. Les réserves en uranium, même s’il est vrai qu’elles sont très importantes, ne sont pas inépuisables, sauf à développer les réacteurs de quatrième génération à sodium liquide. À cela s’ajoute la difficulté que l’on a de gérer les déchets, qui posent évidemment problème sur une longue durée et donc pour les générations futures. Nous n’avons pas le droit de nous désintéresser de cette problématique. Le faire serait absolument criminel pour celles et ceux qui viendront plus tard. Nous ne pouvons pas leur laisser en héritage une question qui reste ainsi en suspens, une question que nous éviterions, nous, d’aborder.

Les écologistes ont donc grandement raison de s’en préoccuper ?

Leur explication du problème et leur façon de l’aborder sont beaucoup trop simplistes et parfois carrément manichéennes. Ce n’est pas en installant des éoliennes ou des centrales voltaïques un peu partout que nous résoudrons tous les problèmes et que nous répondrons réellement aux questions qui se posent à nous. On le voit dès maintenant. L’implantation d’éoliennes terrestres est une technique totalement dépassée car d’un trop faible rendement eu égard aux investissements qu’elle implique. Par ailleurs et en parallèle, la technologie liée au voltaïque ne nous permet pas de produire de l’électricité en qualité et en quantité suffisantes pour répondre aux besoins de l’économie, que ce soit au plan industriel ou domestique.

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Dès lors, il faut poursuivre la réflexion dans ces domaines qui touchent à la production de notre électricité et c’est en ce sens que les énergies marines renouvelables se sont peu à peu imposées. Ainsi et compte tenu de ce que l’on peut constater avec l’éolien terrestre, par exemple, la technique de l’éolien offshore, déjà utilisée par les Danois et plus largement les pays du nord de l’Europe, semble être une réponse mieux adaptée à ce que nous recherchons, encore qu’elle ait, elle-même, ses propres insuffisances.

Quelles insuffisances ?

Par exemple, le fait d’implanter des parcs éoliens offshore à proximité de nos côtes. Nous voyons bien les problèmes que cela pose notamment dans la gestion partagée des espaces, en particulier pour les activités de pêche. En même temps, les techniques évoluent et les industriels qui se sont engagés dans cette réflexion ont vite compris qu’il leur fallait passer à l’étape suivante.

Et à quoi pensez-vous précisément ?

À l’éolien offshore flottant. Cette technique en voie de développement permet de répondre aux problématiques liées à l’environnement comme aux questions de proximité du littoral. L’éolien offshore flottant permet de s’éloigner du plateau continental et des contraintes de profondeur liées aux fondations.

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Dès lors, c’est une solution gagnante, avec également moins de contraintes paysagères, moins d’incidences sur la pêche, et des vents plus forts et permanents permettant un meilleur rendement. Je pense aussi à toute une série d’autres nouvelles technologies, qui évoluent sans cesse et font l’objet de très nombreuses recherches - par exemple, les éoliennes type cerf-volant - qui peuvent produire de l’électricité. Et puis, je pense enfin à l’hydrolien, qui présente l’avantage de ne provoquer aucune gêne visuelle, qui ne perturbe pas les activités de pêche et qui dispose d’un énorme potentiel à l’échelle de la planète entière. La technique hydrolienne, avec l’implantation de fermes au fond de l’eau, ouvre d’énormes perspectives de production d’électricité.

Et c’est précisément à ce niveau que la Manche peut jouer un rôle ?

Absolument ! Notre département et la mer de la Manche disposent du Raz Blanchard, sur les côtes de la Hague, de gisements suffisamment extraordinaires et inépuisables pour être exploités au titre des énergies marines renouvelables. Le monde entier est en train de naître à ces nouvelles technologies, dont le potentiel de développement est évident, et la Manche bénéficie de vrais gisements naturels. Il serait donc particulièrement insolite de voir ce développement se faire ailleurs ou que d’autres que nous utilisent ces capacités que nous offre la nature, à deux pas de nos

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côtes, sans qu’on puisse en tirer les bénéfices. J’ajoute et je répète que dans cette perspective, le port de Cherbourg est incontournable.

Le Grenelle de l’Environnement, auquel vous faisiez référence au début de cet entretien, a-t-il selon vous aidé à cette prise de conscience ?

La réponse est clairement oui ! Et à plusieurs titres. Le Grenelle de l’Environnement a clairement posé la question de ce que pouvait représenter et induire la notion de développement durable. Cette rencontre a été exceptionnelle parce qu’elle a fait le pari de la discussion et de la concertation. Ce fut un vaste forum de discussion entre personnalités, acteurs de l’environnement, de l’économie, industriels, élus, responsables politiques qui, jusqu’alors, ne se parlaient pas ou si peu et refusaient, en tout cas, d’aborder ensemble cette problématique. Dans les ateliers que j’ai présidés, il y avait, je m’en souviens, des personnes qui se détestaient cordialement et s’évitaient. Les chefs d’entreprise employeurs qui regardaient avec circonspection les représentants syndicaux et, dans le même temps, les écologistes qui regardaient les autres avec condescendance, prétendant qu’ils n’avaient rien compris. À l’inverse, beaucoup se méfiaient de ces écologistes, précisément. Bref, autour de la table, les uns et les autres ne se faisaient pas confiance. Et puis, les protagonistes réunis par le Grenelle ont fini

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par se parler, s’écouter. Ils ont petit à petit essayé de se comprendre mutuellement. Cet effort a porté ses fruits. Le Grenelle a eu un effet extraordinairement puissant sur le grand public, assurément. Je souhaite pouvoir reproduire cette dynamique dans le cadre de la prospective territoriale qui doit animer le département de la Manche.

Et au-delà de cette réflexion collective, quels enseignements peut-on vraiment en tirer ?

Un élément fondamental, dont j’ai pris conscience personnellement en présidant mes différents groupes de travail : chacune des composantes du Grenelle s’est rendu compte que les différents interlocuteurs portaient en eux et avec eux une part de vérité. Cela a permis de créer un état d’esprit qui change tout. On ne regarde plus aujourd’hui les choses touchant à l’environnement, à la production d’énergie par exemple, comme on pouvait le faire auparavant. Ce Grenelle de l’Environnement a bousculé les esprits, aidé à la prise de conscience.

En quoi, à l’échelle de notre département, le Grenelle a-t-il été bénéfique pour notre territoire ?

Le Grenelle, par exemple, a parfaitement établi les bases qui permettent d’évaluer, aujourd’hui, la réalité du réchauffement climatique, qui n’a rien d’une fatalité et sur lequel il nous est possible d’agir

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concrètement en menant des actions fortes, en ayant des comportements différents de ceux que nous pouvions avoir auparavant. En disant cela, je pense notamment aux actions que nous pouvons mener à l’échelle d’un département comme le nôtre, pour prendre en compte la biodiversité, l’assurance-vie de chacun, comme de notre planète. C’est l’un des principaux enjeux de ce siècle, car les grands équilibres naturels résident dans le maintien de cette diversité. C’est là que se trouve la capacité du monde à s’adapter aux changements qui s’annoncent, dont précisément le changement climatique. C’est aussi vrai lorsqu’il s’agit de concevoir de nouveaux lotissements ou de se se préoccuper de l’état et de l’entretien de nos routes. Les produits utilisés pour celui des espaces verts doivent aussi en tenir compte. La qualité du littoral et la préservation de son potentiel économique sont indépendantes de ce qui est fait en amont des bassins versants...

Tout est lié et l’ensemble de nos actions doivent être cohérentes, intégrer tous ces paramètres et répondre à une vision globale respectant les enseignements du Grenelle. C’est dans l’action locale, sur le terrain, au quotidien, que nous pouvons agir pour répondre aux questions que posent les menaces pesant sur notre environnement. Un exemple parmi d’autres : ce qu’a fait le conseil général pour sensibiliser les jeunes générations aux économies d’énergie avec l’accueil, au Pavillon des énergies, sur le site du Fleurion, de groupes scolaires. Je pense également à la gratuité accordée par

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la collectivité sur les diagnostics thermiques, notre engagement sur la préservation des espaces agricoles, la prise en compte des continuités écologiques lors des travaux sur les infrastructures routières dans le département…

Est-ce à vos yeux le vrai défi pour demain, une nouvelle manière d’aborder, aujourd’hui, la vie de notre planète, y compris à l’échelle locale ?

Je compare le temps que nous vivons à celui de la révolution industrielle aux XVIIIe et XIXe siècles. Nous sommes, nous aussi, comme ont pu le vivre nos aïeux dans d’autres domaines, en train de vivre un vrai changement de société.

Et pourtant, à voir certaines actions menées en faveur de l’environnement, on a parfois l’impression d’un retour en arrière... Certains disent qu’on revient au temps de nos grands-parents, est-ce aussi votre avis ?

Non, le comportement de nos aïeux était essentiellement dicté par des préoccupations économiques : ne pas trop dépenser, recycler tout ce qui pouvait l’être, ne rien perdre... L’économie domestique imposait ce genre de comportement. Nous sommes sortis de cet état d’esprit mais nous avons d’autres problèmes à régler à une autre échelle, une échelle

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planétaire. L’évolution du monde est telle qu’à terme, 70 à 80 % de la population vivra regroupée dans des méga-cités et nous devons en tirer les enseignements.

Au-delà des problèmes sociaux que ces concentrations peuvent poser, ce sont les questions relatives à la gestion de l’eau, des énergies, de leurs ressources, à la pollution, auxquelles nous sommes dès à présent confrontés et auxquelles ils nous faut répondre. Avec en corollaire une question fondamentale qui se pose à nous : devons-nous, face à cette évolution du monde, rester les bras ballants, en être des victimes, ou devons-nous être acteurs de ces différents changements ?

La réponse que nous essayons d’apporter, au niveau qui est le nôtre, est très claire : nous voulons être acteurs et non victimes.

Et cela passe par le mix énergétique ?

Oui, sous réserve qu’une de ces énergies renouvelables dont on parle aujourd’hui ne nous conduise finalement pas à une impasse. Prenez l’exemple de l’énergie photovoltaïque : beaucoup de questions se posent à son sujet. Ce type de production peut être très efficace à certains endroits et pas à d’autres, sa technologie ne semble pas entièrement maîtrisée. Elle peut représenter une solution intéressante si elle ne gèle pas des centaines d’hectares au détriment d’autres activités agricoles.

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De même que le pétrole vert produit par des céréales est une ânerie, puisqu’il occupe des terrains qui devraient servir à nourrir l’homme plutôt qu’à produire de l’énergie, ce qui est antinomique et conduit à des impasses.

Nous voyons, aujourd’hui, se dessiner toutes sortes de productions énergétiques possibles, mais il est nécessaire de faire le tri entre ce qui est de nature à être développé dans le bon sens et ce qui ne l’est pas.

Et c’est en ce sens que vous considérez la mer comme une source inépuisable d’énergie accessible à tous ?

Si l’on prend en compte en effet tout ce que la mer est capable d’apporter en termes énergétiques, que ce soit au niveau des courants, des différences thermiques entre le fond et la surface, qu’il s’agisse de la houle, de la différence de salinité... alors, la réponse à votre question est assurément oui.

Nous sommes clairement au début d’une grande aventure industrielle, qui passe par une recherche soutenue, pour optimiser le captage de l’énergie que nous offre la mer. Je ne suis pas capable de vous dire la manière dont tout cela se traduira à l’échelle industrielle et à celle de la planète, mais je suis intimement persuadé que nous parviendrons à relever ce défi.

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Les Danois sont depuis plus de 20 ans les leaders mondiaux de l’éolien offshore. Ils préparent en ce moment l’implantation de nouveaux champs qui, en mer, produiront plus de 2 000 MW. La question de ce type de construction se pose aussi chez nous le long de nos côtes. N’avons-nous pas déjà pris du retard par rapport à ces productions d’énergie au nord de l’Europe ?

Oui et non. Oui, si l’on considère la quantité d’électricité produite par ces centrales. Non, si l’on prend en compte les questions technologiques. Aujourd’hui, nous bénéficions à ce niveau d’un vrai retour d’expérience.

Nous sommes capables, par exemple de construire des machines offshore qui tourneront en tête de mât à 6 MW, ce qui n’était pas possible jusqu’alors. De ce fait, la technologie évoluant à partir des premières expériences réalisées, la production d’électricité en ce domaine gagne en rentabilité.

Le fait de pouvoir réduire le nombre de mâts pour produire de l’énergie induit de moindres de coûts de maintenance et cette évolution dans le bon sens n’a été rendue possible qu’à partir de ce qui a été fait par le passé. Même chose pour le type d’éolien qui évolue avec, aujourd’hui, le système flottant. Celui-ci fait d’ores et déjà l’objet de très nombreux travaux de recherche.

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En réponse à l’appel à projets lancé par le gouvernement pour l’implantation d’éoliennes offshore, Alstom préconise, pour ce qui concerne notre région, la création d’un parc de 75 unités. Est-ce à vos yeux le bon positionnement, la bonne échelle ?

Je pense qu’il n’y a pas de règle en la matière. Tout dépend des lieux, de l’environnement, des activités parallèles. À certains endroits, l’implantation d’éoliennes offshore peut être acceptable d’un point de vue social et environnemental. À d’autres, elle ne l’est pas. Tout est fonction du lieu. Dans tous les cas, je pense qu’il est absolument nécessaire de ne sacrifier ni les paysages ni les espaces marins au profit de cette production d’énergie. Tout est question de bon sens et de raison.

Et au large de Courseulles, le projet vous semble-t-il raisonnable ?

Il me semble aller, en effet, dans le bon sens, dans la mesure où il tient compte des activités de pêche sur cette zone. C’est notamment vrai pour la pêche à la coquille.

En dehors de cette implantation, peut-on en imaginer d’autres ailleurs, le long de nos côtes ? Et y seriez-vous, le cas échéant, favorable ?

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Oui, j’y serais favorable, à condition de ne pas mettre en péril les paysages, les activités de pêche, la biodiversité et nos espaces au sens large du terme. C’est la définition même de notion de développement durable. La conjugaison, précisément, de tous les intérêts économiques, sociaux, environnementaux qui doivent être pris en compte en permanence.

Comment, dans un département comme le nôtre, concilier valorisation du patrimoine, protection de l’environnement et développement industriel lié à la production d’énergie ? Pourra-t-on voir un jour des champs éoliens offshore le long de la côte ouest du Cotentin ?

Difficilement sur cette zone, je ne vois en effet aucune possibilité d’implantation de la Baie du Mont-Saint-Michel à la côte des havres. Avec la proximité des îles Anglo-Normandes, le paysage marin sur ces espaces ne mérite évidemment pas d’être dégradé. En bref, on n’ira pas installer des champs éoliens au pied de Chausey ! Je le répète et c’est à mes yeux primordial. La question de l’implantation des éoliennes offshore doit évidemment tenir compte des paysages. C’est de la même façon et dans cet esprit que nous avons mis en place, dans notre département, un guide interprétatif des paysages pour l’implantation des éoliennes terrestres. Nous sommes d’ailleurs le seul département en France à l’avoir fait. Il y a des endroits où il est manifestement impossible de concevoir de telles implantations, d’autres ou cela

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peut être envisagé. Pour répondre à votre interrogation, la côte des havres fait précisément partie de ces lieux à préserver. Mais au-delà, avec plus de 330 km de côtes, le potentiel reste entier. L’éolien offshore peut sur certaines zones être complété par la technique de l’éolien flottant. N’oublions pas l’enjeu majeur que cela représente. Pour un projet comme celui que défend Alstom, ce sont 3 000 emplois directs et indirects qui en dépendent.

Il en va aussi de l’image du département : notre presqu’île ne risque-t-elle pas de devenir la presqu’éolienne du Cotentin ? Ne risque-t-on pas de sacrifier notre territoire sur l’autel du tout éolien ?

Clairement non ! La Manche a répondu positivement à une nécessité de solidarité nationale pour la production énergétique d’origine nucléaire. Ceci dit, nous ne sommes pas le seul département, comme vous le savez, à l’avoir fait, puisque la France compte aujourd’hui plus d’une cinquantaine de centrales en exploitation. En ce qui nous concerne, cette implantation nous a apporté richesse et matière grise, elle a aussi contribué à redonner confiance en notre territoire. Dans notre Cotentin qui est en effet presqu’une île, nous souffrons souvent d’une espèce de modestie qui n’a pourtant pas lieu d’être. Je le dis souvent pour plaisanter : il suffit de prendre un globe terrestre entre ses mains pour s’apercevoir qu’il tient en équilibre en mettant notre doigt sur la Manche !

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Aujourd’hui, ce qui nous est proposé est à l’opposé de ce que nous avons accepté par le passé. Il s’agissait alors d’implantations artificielles décidées au seul niveau national. À présent, nous pouvons agir par nous-mêmes, en maîtrisant parfaitement et complètement le développement lié à cette nouvelle filière. Et les perspectives qui s’offrent à nous sont exceptionnelles. Le port de Cherbourg en est le fer de lance. Nous l’avons aujourd’hui raccordé au réseau autoroutier. Il est désormais désenclavé et nous disposons d’espaces intra-portuaires importants, ce qui constitue une vraie richesse patrimoniale et industrielle, sur laquelle l’industrie nationale peut s’appuyer. Aujourd’hui, tous les critères sont réunis pour la réalisation d’une filière industrielle d’excellence. À la France de saisir cette opportunité. Alors, je le dis comme je le pense : de deux choses l’une, soit nous restons assis en regardant les choses se faire, soit nous agissons.

Et comment faire ?

Il faut agir grâce à une vraie volonté politique, désormais acquise. Le premier appel à projets gouvernemental pour l’éolien offshore en a été la traduction. C’est une volonté partagée, quelles que soient nos appartenances, nos tendances et nos préférences politiques. Sur le plan local, je suis d’ailleurs fier d’avoir contribué, avec les présidents de la Région Basse-Normandie et de la Communauté urbaine de Cherbourg, à fédérer toutes

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les forces en présence et faire taire, sur un sujet aussi important pour l’avenir de notre territoire, nos propres différences politiques. J’y ai mis, croyez-le bien, le meilleur de moi-même. Je n’étais évidemment pas seul à y croire et si cela avait été le cas, nous ne serions pas là où nous en sommes. Nous avons abouti à un consensus politique.

Reste qu’on peut reprocher à la Manche de vouloir, aujourd’hui, tirer la couverture à elle en plaidant pour une implantation industrielle à Cherbourg…

Vous aurez remarqué, sans doute, que nous ne pouvons nous reprocher que le port de Cherbourg soit effectivement dans le département de la Manche. De même qu’il est tout aussi difficile de nous reprocher qu’il soit en eau profonde… L’essentiel au fond dans ce projet industriel en train de naître sous nos yeux, c’est que les entreprises concernées ne jouent pas leur partition chacune dans leur coin, mais au contraire acceptent de mutualiser leurs moyens et leurs efforts en termes de recherche et de développement, pour aider à cette mise en œuvre. Nous avons, chez nous, un socle industriel de tout premier plan : EFINOR, CMN, DCNS, pour ne citer que ces quelques grands, sans oublier toutes les entreprises plus petites ainsi que les laboratoires de recherche, qui sont, à l’échelle européenne, référencés et reconnus. Profitons-en et retroussons nos manches.

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Comment comptez-vous faire ? Je vous rappelle que les trois collectivités, Région, Département et Communauté urbaine de Cherbourg, se sont dotées d’un délégué régional aux énergies marines renouvelables, qui sera le maître d’œuvre du projet. Et j’ajoute qu’un des facteurs de réussite de ce que nous mettons en œuvre est précisément l’alliance sacrée réalisée autour de ce projet par ces trois collectivités. Personne n’a joué seul, au contraire, nous avons tous avancé dans le même sens. Il était d’autant plus nécessaire de réaliser cette alliance que les compétences existent dans chacune d’elles et que leur mise en commun était vitale. Cette coopération régionale vaut aussi avec la région des Pays de la Loire, pour la sous-traitance industrielle, la recherche, le développement et la formation. Et dans ce dernier domaine, nous nous doterons d’un programme totalement adapté à cette nouvelle filière industrielle. Nous devons de ce point de vue, en effet, profiter de l’émergence des EMR et de leur mise en place pour revaloriser les formations techniques et industrielles, notamment avec les universités et les écoles d’ingénieurs. La ré-industrialisation induit des savoir-faire de qualité, donc aussi bien des formations à la fabrication que de la recherche et du développement. En d’autres termes, favoriser une main d’oeuvre hautement qualifiée comme la matière grise. En ce sens, les programmes de formation seront cohérents d’une structure à l’autre : établissement, université,

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école d’ingénieur, lycée... Le lien doit être établi entre toutes les formations, pour que nous puissions aussi les tirer vers le haut. L’objectif doit être clair : que les jeunes Bas-Normands ne quittent pas notre territoire pour suivre leurs formations qualifiantes et supérieures. Cela signifie entre autres que les enseignements seront renforcés pour être à la hauteur des enjeux industriels.

Comment faire pour accompagner les acteurs de cette nouvelle filière ?

Notre département vit heureux, un peu trop recroquevillé sur lui-même, habitué à être un peu caché, à l’image de nos grandes fermes du Valognais entourées de grands murs. C’est l’objectif de notre prospective territoriale : s’ouvrir aux enjeux du XXIe siècle, en créant un souffle nouveau, en prenant conscience que nous sommes à la veille d’un vrai basculement de société, un basculement à l’échelle de la planète.

Ce souffle a un prix. Les entreprises du secteur et de notre région sont-elles prêtes à y consacrer autant d’investissements, dans le contexte de crise économique que nous connaissons aujourd’hui ?

J’ai coutume de prendre cette image : quand on fabrique des chapeaux et que les gens n’en portent plus, alors mieux vaut changer de fabrication. Nous en sommes là, aujourd’hui. Un nouveau marché

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est en train de naître, il n’est certes pas complètement dessiné ni complètement défini, mais il est temps de s’y pencher. Ou bien l’on regarde les choses évoluer autour de nous en essayant, sur le bord de route, de récupérer quelques miettes, ou bien l’on entre délibérément dans cette révolution énergétique en en étant les propres acteurs. Les entreprises de notre région peuvent en tirer le meilleur. D’ores et déjà, certaines d’entre elles vont s’investir dans cette nouvelle filière.

C’est le début d’une grande aventure, à vous entendre, un vrai défi industriel !

Le projet se dessine et se précise. Dans un premier temps, nous avons eu l’appel à projets du gouvernement sur l’éolien offshore. La demande que nous avions faite pour une nouvelle étape d’un deuxième appel à projets a été prise en compte, s’agissant comme vous le savez de l’implantation d’hydroliennes. Plusieurs grandes entreprises s’y préparent déjà. Je pense notamment à DCNS, Alstom ou encore à GDF Suez, qui, de leur côté, ont, dès à présent, noué un partenariat avec les Écossais pour tester dans leurs fjords l’immersion de turbines. La preuve est donc faite que les grands groupes industriels intéressés et concernés sont tous prêts à se lancer et nous avons besoin de ces grands leaders industriels. Nos PME sont elles aussi concernées. Elles pourront s’agglomérer aux grands groupes pour participer, à leur niveau, à la création d’un développement

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industriel de tout premier plan. Nous avons des savoir-faire et des leaders du type Alstom qui ont décidé de venir s’installer à Cherbourg. Alors, oui, c’est le début d’une grande aventure.

Et de votre point de vue, qu’est-ce qui fera la différence ? La volonté politique est affirmée et nous prendrons les bonnes décisions, celles qui s’imposent. Il appartient à notre tissu industriel de saisir cette opportunité et de mettre en réseau l’ensemble des entreprises intéressées pour y jouer un rôle. À partir de ces éléments, les responsables politiques agiront pour les accompagner, rendre les choses cohérentes et aider à ce qu’on se dote de structures d’accueil, notamment sur le port de Cherbourg et à la périphérie portuaire. Que fait-on, aujourd’hui, justement pour cela ? Nous avons constitué la zone de Collignon, qui nous permet de bénéficier de nouvelles capacités foncières. Le site de Maupertus, contigu à l’aéroport, peut aussi constituer une réelle opportunité pour en faire une zone dédiée spécialement aux énergies marines renouvelables. Nous avons là près de 120 ha disponibles. Il faut de l’espace pour accueillir la filière.

Les choses avancent et se concrétisent. Nous avons l’accord d’Alstom. Cinq champs d’éoliens offshore vont être créés et attribués en France, préfigurant un deuxième appel d’offres. Le gouvernement propose un

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total de production de 6 GW. La Grande-Bretagne va en produire 37 de son côté, c’est-à-dire tout près de chez nous. De surcroît, DCNS confirme son ancrage territorial en conduisant son projet industriel hydrolien sur Cherbourg. Ces nouveaux gisements, ces champs d’exploitation, ne sont donc en rien une utopie mais bien du réel. Et c’est donc pour nous, notre territoire, nos entreprises, une énorme opportunité.

Le département de la Manche va en être bouleversé... Pourquoi vouloir tout bouleverser ? Nous voulons que la Manche reste ce qu’elle est, c’est-à-dire l’illustration à l’échelle d’un territoire d’une vraie société à taille humaine, une société qui puisse aussi porter un développement industriel extraordinaire, qui n’ait rien de comparable avec ce qu’on a connu par le passé, avec les charbonnages, la sidérurgie qui a démoli des paysages, bousculé des sociétés, créé des sociétés artificielles. Nous le constatons avec beaucoup de force.

Alors même que les méga-cités qui ont été créées vont se développer avec le risque d’une déstructuration des valeurs, une relation entre les hommes qui ne serait plus à taille humaine, une dimension urbaine où il manquerait précisément ce lien social et sociétal, nous avons dans la Manche la possibilité de conserver ces valeurs, en y implantant des activités intellectuelles et industrielles dont les effets seront positifs. Ce que nous nous apprêtons à vivre dans la Manche, c’est d’une

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certaine façon l’archétype, l’idéal de ce que pourrait être notre société si l’homme était moins déraisonnable. Le regroupement des populations dans les villes concentre les difficultés et l’on va tout droit à la fourmilière. Est-ce le style de vie que nous voulons demain pour nos enfants et nos petits-enfants, alors que nous avons la possibilité de vivre dans un modèle tout à fait différent en conservant nos valeurs ?

À vos yeux, quel est le projet industriel qui serait le plus adapté à une configuration propre à la Manche ?

Au minimum, ce sont les deux énergies dont la technologie est maîtrisée ou en passe de l’être, c’est-à-dire l’éolien offshore sur le modèle flottant et l’hydrolien. Sur ce dernier modèle, nous sommes déjà en phase pré-industrielle, puisque les turbines d’hydroliennes sont expérimentées avec succès.

Nos entreprises sous-traitantes pourront-elles jouer un rôle important ? Et y sont-elles prêtes ?

Toutes nos PME sous-traitantes savent parfaitement s’adapter aux commandes qu’on leur passe, à tout moment de l’évolution du marché et en ne délocalisant pas leur production. C’est ce qui fait d’ailleurs la richesse de notre économie départementale. En dehors de quelques grands groupes, elle repose précisément sur ce tissu local. Prenons l’exemple de l’entreprise Maisonneuve à Cérences, c’est un modèle de mutation parmi les plus réussis dans le département de la Manche.

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Cette entreprise, qui a démarré dans la fabrication de bidons à lait, a su évoluer, s’adapter aux nouveaux marchés, et sa notoriété est aujourd’hui exceptionnelle sur les transports alimentaires de haute gamme. S’adapter, c’est le propre de toutes ces PME, c’est leur métier et elles le font très bien.

Nous avons cette richesse, ce potentiel d’entreprises parfaitement capables de s’adapter à l’évolution du marché. Et c’est d’ailleurs pour cela que les grands groupes pourront leur faire appel. Ils ne fabriqueront d’ailleurs pas tout, mais, à l’image de ce que peut faire Boeing pour ses avions, ils développeront un concept, un design, une technologie que d’autres se chargeront de fabriquer, de mettre en musique. Nous sommes dans ce schéma industriel et nos entreprises y ont toute leur place.

Est-ce la bouée de sauvetage dont la Manche avait besoin ?

Pas du tout, ce n’est d’ailleurs pas le problème ! C’est une opportunité mondiale qui se présente à nous et nous avons la responsabilité de la saisir. Comme nous avons toutes les possibilités, les capacités, l’intelligence et les structures industrielles pour entrer dans ce marché, alors il est indispensable de nous y intéresser de très près. Décidons-nous d’être mauvais ou attentistes parce que nous manquons d’ambitions industrielles, de confiance en nous, ou bien allons-nous de l’avant ? Il faut un nouveau souffle. Ne soyons pas immobilistes comme nous avons pu l’être par le passé avec le nucléaire.

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Pourquoi faire preuve d’un tel engouement sur ces questions ?

C’est une question de passion. Je suis passionné par la vie publique et le rôle de celui qui est engagé dans celle-ci, c’est non seulement de gérer au quotidien mais c’est aussi d’avoir l’audace d’une vraie réflexion prospective. Certaines régions l’ont eue : la région de Grenoble, par exemple, s’est lancée il y a de nombreuses années dans un projet autour des nouvelles technologies ; celle de Bilbao en Espagne, qui était en perte de vitesse, s’est reconstituée autour d’un beau et grand projet culturel, le musée Guggenheim. À notre niveau, il nous faut aujourd’hui nous saisir de cette réflexion prospective pour un développement industriel du XXIe siècle, complètement propre, qui ne défigurera ni la société ni les paysages. Et c’est cela qui va se passer.

Y voyez-vous une façon de marquer le paysage manchois, d’y laisser votre trace..?

Laisser une trace ? Vous plaisantez ! Maupassant disait : « Le temps est pour l’homme comme un long manteau qu’il traîne derrière lui et qui efface ses pas dans le sable ! » Le seul intérêt que j’y vois pour moi-même, c’est de répondre à cette question : ai-je bien fait mon travail, oui ou non ? Je regretterais d’avoir vu passer des choses devant moi sans la volonté d’agir.

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Et ce rendez-vous est à ne pas rater…

Exactement. Il faut en effet d’autant moins le rater que tout va aller très vite. Je le répète, nous sommes en compétition avec des sites comme Bremerhaven en Allemagne, Cantabria en Espagne ; d’autres régions dans le monde y travaillent, en Amérique, au Canada… Un peu partout sur le globe. Les énergies marines renouvelables intéressent le monde entier et chacun, dans ce domaine, avance masqué pour ne pas dévoiler ses projets.

À la lecture du rapport effectué sur le sujet par le CESER de Basse-Normandie, il apparaît clairement que la région de Bretagne est très en pointe à ce sujet. N’avons-nous pas déjà pris beaucoup de retard par rapport à elle ?

Au niveau national, nous serons davantage gagnants à développer les complémentarités territoriales plutôt qu’à jouer la concurrence entre nos différentes régions. Ne retombons pas dans nos travers. Nous sommes parfois, pour ce qui nous concerne, trop modestes, souvent prudents et nous n’osons pas anticiper.

La Région, en son temps, en initiant l’installation du GANIL, avait boosté le territoire, dans le domaine de la physique nucléaire et nous a positionnés sur ce champ de l’innovation.

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En conséquence, vers quel type d’EMR faut-il se tourner en priorité ? Sur quelle technologie porter ses efforts ?

L’hydrolien, l’éolien offshore et la houlographie, voilà les trois énergies marines renouvelables qui me semblent prioritaires, avec des degrés différents d’aboutissement et de maturation. Mais à coup sûr, concernant l’hydrolien, nous sommes à la quasi-frontière de sa réalisation dans le Raz Blanchard, un des tout premiers gisements, à partir de Cherbourg. La chaîne de valeurs regroupant la recherche, le développement, la construction d’éoliennes et la maintenance se structure. La mise en place, à ce niveau, d’un partenariat avec les îles Anglo-Normandes, peut nous y aider.

Précisément, nos voisins anglo-normands travaillent-ils à cette nouvelle énergie ?

Oui, comme nous, ils sont prêts à s’y lancer. Ils sont dans les starting-blocks. Même s’ils ne disposent pas comme chez nous d’infrastructures portuaires et d’usines, ni de pôles de recherche et de développement, ils sont prêts à accueillir des hydroliennes dans leurs propres gisements, notamment autour d’Aurigny ou entre leurs différentes îles. ARE, Alderney Renewable Energy, une société installée à Aurigny, a d’ores et déjà acquis le monopole de cette exploitation. Ce sont donc des partenaires incontournables.

D’autant plus que, comme le conseil économique et social et vous-même l’avez souligné, le développement

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des EMR ne peut se concevoir sans une réelle coopération interrégionale, y compris donc outre-Manche ?

Avec la proximité des îles Anglo-Normandes, nous pouvons renforcer une coopération très concrète sur l’exploitation des gisements qui sont les nôtres, de part et d’autre de nos côtes. Cette coopération interrégionale est évidente, je dirais même qu’elle est indispensable. Elle est d’ailleurs déjà en marche. Nous y travaillons notamment et en permanence avec nos amis anglo-normands.

Ne peut-on pas, cependant, regretter une certaine frilosité de l’État, dont on aurait pu imaginer qu’il accompagne au mieux les collectivités et les entreprises pour faire avancer les projets industriels ?

Le Grenelle a été déclencheur, il a fait naître de nouveaux comportements, il a fallu convaincre les plus sceptiques qui hésitaient à prendre cette voie, alors que d’autres avaient déjà compris la problématique, la nécessité de ce basculement.

Les faits et les chiffres sont têtus. Sur 33 parcs éoliens offshore recensés au sein de l’Union européenne, aucun n’est implanté en France et sur les 22 installations relevant des techniques marémotrices en fonctionnement en Europe, une seule existe en France…

C’est vrai et c’est ce que je vous disais précédemment. Nous avons été trop frileux ! On peut aussi considérer qu’il faut un engagement financier très lourd et cela nécessite donc

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d’être prudent. Néanmoins, c’est parce que précisément nous sommes dans une période de crise économique, qui pose aussi le problème des ressources énergétiques, qu’il faut savoir investir et à bon escient. Quelles que soient les difficultés financières que nous connaissons, nous avons l’obligation d’inscrire le projet hydrolien dans le nouvel appel à projets.Quand le Général de Gaulle a lancé, en son temps, l’usine marémotrice de la Rance, on considérait cela comme un grain de folie. Ce projet s’est avéré novateur. Même si le rendement de ce prototype n’a pas été à la hauteur de ce qu’on espérait, cette réalisation a permis en tout cas d’avancer dans la maîtrise que nous pouvions avoir de cette technologie. Et ce savoir-faire doit nous aider à la mise en place d’un vrai socle industriel de développement des nouvelles technologies de production d’énergie d’origine marine.

Je regrette pour ma part que nous n’ayons pas avancé aussi vite qu’il aurait fallu et cette absence de détermination que nous avons pu ressentir parfois doit, aujourd’hui, être compensée par l’action locale et régionale. Nous trouvons des possibilités en mixant investissement public-privé avec des entreprises et financeurs qui se sont engagés sur ces terrains à travers le monde.

À nous maintenant de les accompagner. J’y crois beaucoup. Nous pouvons y parvenir à condition de faire preuve d’innovation en matière d’ingénierie financière. Nous avons poussé l’idée d’un fonds

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régional souverain, les Pays de la Loire en ont un et la région Rhône-Alpes aussi. À chaque fois, cela produit des effets extraordinaires en mobilisant des capitaux pour aider à l’investissement. Notre région se dote d’un tel fonds et j’en suis particulièrement heureux.

Ces investissements sont très lourds. La création d’un parc éolien produisant 100 MW équivaut à un investissement de l’ordre de 300 millions d’euros et un coût de trois millions d’euros d’études. N’est-ce pas trop onéreux ?

C’est onéreux et c’est bien pour cela que l’éolien offshore nécessite d’accepter un prix du kilowattheure supérieur pendant la phase de mise en oeuvre de cette technologie, jusqu’à atteindre un prix compétitif, grâce aux développements qui pourront être entrepris. Le retour sur investissement est long, en effet. Je rappelle que le tarif d’achat de l’électricité éolienne en France, défini par arrêté, est l’un des plus faibles d’Europe : 0,13/Kwh contre 0,15/Kwh en Allemagne et 0,23/Kwh au Portugal.

Il y a aussi la question de l’acceptabilité sociale de tels projets...

Vous avez parfaitement raison. Cela fait partie de la difficulté de l’exercice et des limites de cette filière qui, à mes yeux, sera contrainte. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons intérêt à nous battre sur ce qui va arriver, sur les nouveaux marchés dont je vous ai parlé.

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Notre credo doit être celui-là : anticiper les nouvelles formes d’énergies marines renouvelables, l’hydrolien et l’éolien flottant.

À quelle date peut-on imaginer voir des turbines hydroliennes immergées dans le Raz Blanchard ?

Encore une fois, à très court terme. La technique est en train d’être peaufinée, les prototypes actuellement immergés vont nous aider à maîtriser cette nouvelle technologie. Et ce terme est proche ; c’est à mes yeux 2015 - 2016.

La Manche a lancé, à l’occasion de sa récente participation au Salon de l’agriculture, une campagne de communication destinée à valoriser ses filières agricoles sur le thème de l’innovation. Est-ce le même état d’esprit qui préside à votre action en faveur des EMR ?

Tout à fait, c’est la même démarche, avec néanmoins un potentiel différent. Celui d’innovation des énergies marines renouvelables est, en effet, autrement plus puissant que ce que nous espérons avec l’amélioration génétique de la race normande, d’ores et déjà une référence !

En matière d’innovation, la Manche est, depuis quelques années déjà, à la pointe des technologies numériques, qu’il s’agisse de fibre optique, d’informatique,

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de télétravail, de visioconférences, etc. Il nous faut aussi créer un centre de recherche et de développement virtuel, en nous inspirant d’autres secteurs, notamment l’aéronautique. Il ne s’agit pas tant de réaliser physiquement ce centre que d’organiser une convergence virtuelle de toutes les intelligences à travers le monde. C’est une aventure industrielle du XXIe siècle, il faut que la recherche et le développement soient eux aussi du XXIe siècle.

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Êtes-vous « aux courants » ?

Le potentiel hydrolien...

L’électricité par la mer, l’énergie hydrolienne, repose sur un système d’éoliennes sous-marines qui sont à flux axial (à l’image de ce que nous connaissons pour les éoliennes) ou à flux transverse, c’est-à-dire équipées d’un axe de rotation vertical.

Il existe en fait deux types de courants sur lesquels la technologie hydrolienne peut s’exercer : les courants marins situés plus ou moins au large des côtes et les courants de marée, dits aussi « de marnage », qu’on rencontre près de nos côtes. La Manche dispose des plus grandes hauteurs de marnage d’Europe.

Un projet est en route pour utiliser l’énergie du Gulf Stream, près des côtes de Floride aux États-Unis. Les turbines seraient immergées à 60 m de profondeur, ledit courant ayant une vitesse quasi constante de 8 km/heure. L’eau du Gulf Stream étant 832 fois plus dense que l’air, l’énergie cinétique est équivalente à celles de vents de 230 km/heure. Le plan de développement prévoit un premier parc de 1 500 MW pour un coût total équivalant à 650 millions d’euros.

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Les spécialistes de l’énergie hydrolienne considèrent que les courants marins pourraient fournir en France entre 6 et 12 % de l’électricité nécessaire à notre pays.

La zone se situant à la pointe du Cotentin, entre la Hague et l’île d’Aurigny, est le deuxième plus important gisement de courant au monde, après le Canada. C’est dans cette zone de forts courants que se situe le fameux Raz Blanchard. Les courants peuvent atteindre une douzaine de nœuds, un va-et-vient permanent et non aléatoire, à la différence du vent. L’énergie des courants est aussi captée à l’aide de turbines. Leur disposition, correctement organisée et espacée, permet de maintenir un minimum de production électrique au moment de l’étal, ce point mort correspondant au retournement de la marée.

Contrairement au vent, les horaires de marée se programment à long terme, et les capacités de production de l’hydrolien sont de fait totalement prévisibles, contrairement à l’éolien, d’où leur intérêt majeur pour l’approvisionnement énergétique de la France. Le Raz Blanchard représente, à lui seul, 50% du potentiel hydrolien du pays.

Les îles Anglo-Normandes sur le pont : DCNS, le constructeur de sous-marins, vient de signer un accord de coopération avec Alderney Renewable Energy. ARE s’intéresse particulièrement aux courants marins situés entre les différentes îles Anglo-Normandes.

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L’implantation à grande échelle d’une ferme hydrolienne à la pointe de la Hague, dans le célèbre Raz Blanchard, n’est pas une utopie. DCNS est entré au capital de la société Openhydro. Ce spécialiste de la fabrication d’hydroliennes a fait réaliser à Lorient une barge de près de 60 m de long sur 35 m de large, pour installer à Bréhat la première hydrolienne assemblée à Brest en pré-test. DCNS a créé un « incubateur » permettant de regrouper et d’accroître ses investissements de recherche et de développement.

Si le groupe s’intéresse à toutes les énergies marines renouvelables, les éoliennes flottantes et les hydroliennes font néanmoins l’objet de nombreux travaux. DCNS a lancé une étude de faisabilité technique portant sur l’installation d’une centrale pilote de 20 MW, en 2013 au Raz Blanchard.

Le groupe naval table sur la construction à Cherbourg de 500 hydroliennes, chacune d’un diamètre de 16 m et ayant une capacité de production de 2 MW. Cette fabrication pourrait employer jusqu’à un millier d’ouvriers à Cherbourg. Cette ferme hydrolienne du Raz Blanchard pourrait produire un minimum d’1 GW. Des études sont actuellement menées pour évaluer avec précision la puissance des courants et la nature des fonds. Viendra ensuite la mise en œuvre d’un schéma de positionnement des machines au fond de l’eau.

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L’intégralité du potentiel hydrolien du Raz Blanchard, parties française et anglo-normande, pourrait atteindre 5 GW, c’est-à-dire 2500 machines. C’est l’équivalent de trois réacteurs nucléaires.

Le potentiel éolien offshore...

L’appel à projets lancé par le gouvernement, dont les conclusions ont été annoncées courant avril, porte sur l’exploitation d’ici 2015 de cinq parcs éoliens au large des côtes de la Manche et de l’Atlantique. La proposition du consortium conduit par EDF Énergies Nouvelles - EDF EN - et Alstom s’appuie notamment sur le port de Cherbourg, destiné à devenir un site majeur de production de pales, de mâts et d’assemblage pour les éoliennes offshore. On considère, à juste titre, qu’il s’agit là d’une vraie « reconquête industrielle » pour le port du Nord-Cotentin, doublée d’une transition énergétique de tout premier ordre.

L’appel à projets lancé par l’État en juillet 2011 porte sur 10 milliards d’euros pour la construction de 600 turbines en mer à l’horizon 2015. Cinq sites ont été retenus pour une puissance installée de 3 GW (soit deux réacteurs nucléaires) : Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire.

L’État doit lancer courant 2012 la deuxième tranche de son appel à projets dédié aux énergies marines renouvelables.

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Cet appel d’offres doit porter sur la production de 2 GW éoliens offshore. Les Bas-Normands militent pour que l’implantation de fermes hydroliennes au large du Cotentin soit prise en compte dans ce nouvel appel à projets.

D’autres solutions...

L’énergie thermique est aussi regardée de près par les industriels. Il s’agit d’utiliser la différence de température entre l’eau de surface, chaude, et l’eau froide venant des profondeurs, pour produire du courant électrique, 24 h / 24, 365 jours par an.

Environ 70 % des habitants de la planète résident dans un pourtour littoral de 60 km de largeur. Environ 90 % du commerce mondial s’effectue par voie maritime et plus de 80 % des frontières extérieures de l’Union européenne sont constituées de façades maritimes. La Basse-Normandie compte quelque 470 km de côtes, dont plus de 330 dans le département de la Manche.

La façade atlantique mobilisée...

En Europe, ce sont plus de 2 GW d’éoliennes offshore qui sont en fonctionnement, réparties dans neuf pays, avec l’implantation de fermes pour un total de plus de 800 turbines.

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En 2011, la capacité européenne d’éoliennes offshore a continué de croître. Une quinzaine de parcs sont actuellement en construction en Europe, dont les fers de lance sont le Royaume-Uni (1 860 MW), l’Allemagne (1 248 MW), le Danemark (412 MW), la Belgique (165 MW) ou encore l’Italie (90 MW).

En Europe, l’Écosse, le reste de la Grande-Bretagne et le nord-ouest de la France sont les zones les plus propices à l’exploitation des courants marins.L’Écosse est donc en pointe dans le domaine de l’énergie hydrolienne. Elle se considère d’ailleurs comme « l’Arabie Saoudite des énergies marines renouvelables » en s’appuyant sur 25 % du potentiel européen en matière d’hydrolien et d’offshore. Un laboratoire de recherche doté d’énormes moyens a été créé en février 2011. Il a pour mission d’accompagner cette politique énergétique volontariste.

Les localisations les plus attractives pour accueillir les parcs hydroliens sont celles dont la vitesse des courants dépasse 2m/s.

C’est dans le Raz Blanchard que les courants sont les plus forts, un équivalent de 5m/s. Viennent derrière le Fromveur de Ouessant (4m/s), la chaussée de Sein (3m/s), les Héaux de Bréhat (2m/s) et le Cap Fréhel (2m/s).

En mai 2011, Cherbourg s’est rapprochée de sa ville jumelle, Bremerhaven, pour mener une étude de faisabilité. Le port allemand constitue

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l’une des principales plates-formes d’outre-Rhin pour la fabrication d’éoliennes offshore sur une zone industrielle de plus de 200 ha, accueillant de nombreuses entreprises dont Areva Wind.

Un enjeu économique phénoménal...

Le marché éolien mondial connaît une croissance annuelle de 10 %. Celle de l’éolien offshore est de 32 % et représente déjà un quart des éoliennes installées en Europe.

À l’horizon 2020, la capacité éolienne offshore installée sur les côtes française sera de 6 GW. L’appel d’offres lancé en juillet 2011 pour cinq champs éoliens offshore le long des côtes françaises repose sur trois principes : produire de l’électricité à un coût maîtrisé, développer une vraie filière industrielle, respecter l’environnement et les usages existants du domaine maritime. Le ministère de l’Écologie et du Développement Durable table sur 10 000 emplois et 10 milliards d’euros d’investissement industriel.

Le consortium initié par EDF Énergies Nouvelles et qui projette la construction et l’assemblage d’éoliennes sur le Nord-Cotentin regroupe plusieurs partenaires : Alstom, fournisseur exclusif des éoliennes offshore nouvelle génération, Don Energy, pionnier de l’éolien en mer, Nass & Wind Offshore, Poweo ENR et Wod Offshore, trois opérateurs.

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Alstom pèse d’un poids certain dans la balance. Avec plus de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires, il figure parmi les leaders mondiaux dans les infrastructures de production et transmission d’électricité et dans le transport ferroviaire.

En faisant le choix de Cherbourg et Saint-Nazaire pour la construction et l’assemblage d’éoliennes marines, Alstom, avec EDF Énergies Nouvelles, investit jusqu’à 100 millions d’euros, « ce qui, estime l’entreprise, conduira à la création de 1 000 emplois directs et de 4 000 emplois indirects ».

Les éoliennes offshore que veut construire Alstom sur le site portuaire de Cherbourg ont été baptisées « Héliade 150 ». Il s’agit de machines de nouvelle génération d’une puissance unitaire de 6 MG. Chaque éolienne, une fois en service, sera capable d’alimenter en électricité environ l’équivalent de 5 000 foyers. Chaque nacelle pèse un peu plus de 400 tonnes et la machine intègre quelque 2 000 composants. « Héliade, du nom d’une nymphe de la mer, est robuste, simple et efficace », expliquent les équipes d’Alstom chargées de sa fabrication.

En Europe, l’Écosse, le reste de la Grande-Bretagne et le nord-ouest de la France sont les zones les plus propices à l’exploitation des courants marins. Les localisations les plus attractives pour accueillir les parcs hydroliens sont celles dont la vitesse des courants dépasse 2m/s.

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Selon le projet EDF Alstom, Cherbourg assurera la production de mâts de 123 m de haut et des pales d’une envergure de 73 m, soit, a résumé la presse régionale : « l’équivalent pour chaque unité de la longueur d’un terrain de football ! »

S’ajoutent à ceci, en phase d’exploitation, des centaines d’emplois pérennes liés à la maintenance sur plusieurs dizaines d’années. C’est ainsi que celle des parcs hydroliens prévoit deux grands types d’opérations : une maintenance des éléments des turbines à bord de bateaux spécialement conçus pour cela et une maintenance des fondations, au fond de l’eau, à l’aide de robots spéciaux ou avec l’intervention de plongeurs.

En Europe, ce sont plus de 2 000 MW d’éoliennes offshore qui sont en fonctionnement, réparties sur neuf pays, avec l’implantation d’une quarantaine de fermes pour un total de plus de 800 turbines.

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Cherbourg, du bleu à l’horizon…

Le port de Cherbourg, sur lequel pesaient encore tout récemment de nombreuses incertitudes concernant son bassin de commerce, est en passe de devenir le fer de lance de la « reconquête industrielle » autour des énergies marines renouvelables.

Le site du Nord-Cotentin est incontournable. Il bénéficie d’une localisation préférentielle entre les côtes nord de la Bretagne, les îles Anglo-Normandes et la proximité du littoral sud de l’Angleterre, à deux pas aussi de la Baie de Seine.

À sa localisation géographique, à portée raisonnable des principales zones françaises de développement des EMR, s’ajoute un autre avantage « stratégique » : il est en eau profonde, capable donc d’attirer de gros bateaux à fort tirant d’eau, et sa rade, en cas d’aléa météorologique, permet un surcroît de sécurité aux navires spécialisés dans la pose et l’entretien des dispositifs de production propres aux EMR.

Le port de Cherbourg est aussi une plaque tournante pour envisager, dès à présent, l’assemblage d’éoliennes et d’hydroliennes, avec des capacités d’accueil idéales sur des espaces de plusieurs dizaines d’hectares. Il dispose d’une réserve foncière de 36 ha d’un seul

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tenant, immédiatement exploitables, avec 77 ha supplémentaires, dont 32 en continuité de l’existant, et 13 à proximité immédiate en zone d’activités commerciale conventionnelle. Sur place, le syndicat mixte Ports Normands Associés, avec le conseil régional de Basse-Normandie et le Département de la Manche, a d’ores et déjà dégagé une enveloppe importante - 60 millions d’euros - pour rallonger le quai des Flamands et le mettre au gabarit du tonnage de ces cathédrales modernes.

La proximité de grandes entreprises comme DCNS, CMN et AREVA est un atout également, tout comme la présence de laboratoires de recherche particulièrement performants et reconnus, Corrodys (spécialisé dans les phénomènes de corrosion), le Laboratoire universitaire des sciences appliquées , le Centre d’essais techniques et d’évaluation, le Centre de recherche en environnement côtier... etc.

Le CESER de Basse-Normandie complète ce diagnostic par une situation idéale vis-à-vis du réseau de transports électriques : « Le port de Cherbourg offre une accessibilité, des équipements et des espaces tout à fait adaptés à l’assemblage d’éoliennes et/ou d’hydroliennes. RTE dispose aussi de capacités pré-existantes suffisantes pour raccorder de nouvelles productions d’énergie d’origine marine au réseau de transport d’électricité.

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Plus précisément, d’ici 2015, les postes de raccordement situés sur la côte ouest du Cotentin seront en mesure d’accueillir 500 MW supplémentaires et disposent de 1 900 MW en file d’attente. »

S’ajoute à ceci un territoire prêt à accueillir de grands chantiers. Le Cotentin a fait la démonstration de sa capacité à mobiliser une main d’oeuvre fournie et qualifiée, pour la construction de centrales nucléaires ou de l’usine de retraitement de La Hague. On estime à 40 le nombre de formations susceptibles, en Basse-Normandie, de préparer aux métiers pouvant s’intégrer, à terme, dans la filière éolien/hydrolien de cette région : d’un Bac pro Travaux Publics par exemple à un DUT Post bac, en Génie électrique et informatique industrielle, en passant par un Mastère spécialisé Ouvrages maritimes et portuaires. Toutes les formations intéressant de près ou de loin l’éolien/l’hydrolien sont dispensées dans des établissements, lycées, IUT, écoles supérieures d’ingénieurs, centres d’apprentissage, universités de Basse-Normandie.

Si le consortium mené par EDF, auquel sont associés Alstom et DCNS, a choisi le port de Cherbourg pour y assurer respectivement la fabrication d’éoliennes offshore et d’hydroliennes, ce n’est donc pas tout à fait par hasard. Ces groupes y ont trouvé une vraie réponse aux questions qu’ils pouvaient se poser pour la mise en œuvre de la filière industrielle espérée : des critères techniques, géographiques, la richesse du réseau

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d’expertise et de sous-traitance, notamment. L’objectif de ces consortiums est d’être prêt pour des productions en série dès 2014.

Cherbourg a l’âme marine, une âme transatlantique, militaire, dont le destin est lié à la mer. C’est sa position stratégique « au bout du Cotentin », face à l’Angleterre, qui lui a valu la construction de sa grande digue, étonnante et imposante muraille protégeant, sur près de 1 500 ha, la plus grande rade artificielle du monde jamais construite.

Cette grande rade, ce grand port, sont en passe d’entrer à nouveau dans l’Histoire. Cette histoire se dessine sous nos yeux et nous en sommes les acteurs. Acteurs d’un territoire qui cherche à saisir ce souffle nouveau, porteur d’espoir, de richesses et d’emplois.

Cherbourg, du bleu à l’horizon, le bleu des énergies marines renouvelables, du bleu marin...

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Petit lexiquedes énergies marines renouvelables

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Qu’entend-on par EMR - énergies marines renouvelables ? Avec l’énergie produite par les éoliennes situées en mer, dites « éoliennes offshore », qu’elles soient posées ou flottantes, on désigne traditionnellement par EMR tout ce qui relève à proprement parler d’une énergie tirée directement du milieu océanique.

L’énergie hydrolienne

Cette énergie est tirée des courants. On parle aussi d’« énergie hydrocinétique ». Les hydroliennes sont en effet des turbines destinées à transformer l’énergie cinétique des courants en électricité ou en fluide sous pression. En France, les sites - gisements - les plus favorables pour cette technologie sont parfaitement identifiés : le Raz Blanchard, le passage du Fromveur, le Raz de Sein, Bréhat, le Raz de Barfleur, notamment. Plusieurs prototypes d’hydroliennes sont en cours de développement. EDF a mené en 2012 une expérimentation au large de Paimpol, avec des hydroliennes de technologie Openhydro, d’une capacité totale de 2 à 3 MW. D’autres projets et expérimentations sont en marche en Écosse, Irlande du Nord, Norvège et au Pays de Galles.

Ce mode de production d’énergie est promis à un développement très important, ses avantages techniques sont incontestables. Avec une densité de l’eau 800 fois supérieure à celle de l’air, les pales des turbines se contentent de vitesses de courant dans l’absolu peu élevées. Le rendement l’est, lui, car les durées annuelles

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d’exploitation peuvent atteindre 3 000 à 3 500 heures. Leur degré de développement technologique est encore perfectible, cependant avec une implantation technique délicate, des effets de corrosion et un coût d’entretien important.

L’énergie houlomotrice

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Plusieurs principes existent pour exploiter l’énergie des vagues et de la houle, soit par des installations fixes sur la côte, soit par des installations mobiles au large. Cette technologie est testée depuis une quarantaine d’années. Plusieurs projets qui en relèvent sont menés, notamment aux Açores et en Écosse. Le potentiel mondial est estimé à 29 500 TWh/an. C’est, aux dires des spécialistes, l’une des ressources naturelles les plus prometteuses à terme. Reste à préciser cependant laquelle des technologies se développera vraiment. Plusieurs concepts font l’objet de tests - systèmes à déferlement, systèmes à colonnes d’eau oscillante, flotteurs, systèmes intégrés - pour mesurer précisément et sur la durée le coût de ces nouvelles technologies. La majorité des acteurs estime que le déploiement commercial se déroulera à plus longue échéance que l’éolien ou l’hydrolien.

L’énergie thermique

Il s’agit en fait d’exploiter une différence de température d’au moins 20°C entre les eaux de surface et les eaux profondes de l’océan. Cette technologie s’applique donc aux seules zones intertropicales qui disposent des conditions nécessaires à l’exploitation de cette ressource. DCNS s’y intéresse, avec l’installation d’un prototype sur l’île de la Réunion et la réalisation d’une centrale pilote de 120 MW en Martinique, dont la mise en service est prévue pour 2016.

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L’énergie osmotique

Cette technologie consiste à exploiter le gradient de salinité entre l’eau de mer et l’eau douce. Cette technique s’applique donc aux estuaires de grands fleuves ou aux fjords. Par un système de membrane semi-perméable, les concentrations salines s’équilibrent, créant une surpression dans le compartiment d’eau de mer. Cette pression permet d’actionner une turbine, laquelle sert à créer un courant électrique à hauteur de 1 MW, pour un débit de 1m3/s.

Un premier prototype de centrale osmotique a été installé en Norvège sur les rives du fjord d’Oslo. Ce mode de production serait doté d’un potentiel énorme à l’échelle de la planète, évalué à 1 700 TWh/an dans le monde et à 200 TWh/an en Europe. En Norvège, on estime que cette technologie est à même de couvrir 10 % des besoins annuels en énergie du pays.

L’énergie marémotrice

Les usines marémotrices exploitent l’énergie potentielle des marées, liée à la différence du niveau de la mer. Seulement quatre usines sont installées dans le monde, dont celle posée sur la Rance, entre Saint-Malo et Dinard. Elle produit 240 MW. D’une manière générale, peu de projets sont en cours de développement à ce niveau, en raison de leur coût très important d’investissement et de leur impact environnemental.

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Une nouvelle centrale d’une puissance de 254 MW a cependant été mise en service en Corée du Sud début septembre 2011.

L’éolien offshore flottant

Comme son nom l’indique, ce type d’éolienne peut être placé au large, en eaux plus profondes, bénéficiant ainsi d’une ressource en vent plus importante et plus stable. L’électricité produite est ensuite amenée à terre par des câbles sous-marins. L’éloignement des côtes est un atout pour minimiser l’impact paysager. Actuellement, plusieurs concepts sont à l’étude.

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La première éolienne flottante de grande envergure, Hywind, une turbine de 2,3 MW, est testée au large des côtes norvégiennes depuis sa mise en service en septembre 2009. Elle a déjà généré 15 MWh. Un autre test grandeur nature se déroule également au large du Portugal. DCNS y travaille aussi, aux côtés de l’IFREMER, pour installer d’ici à 2020 les premières fermes commerciales sur des zones dont la profondeur dépasse les 50 m.

La biomasse marine

L’exploitation de la biomasse marine repose sur l’utilisation des algues pour la production de bioéthanol et de méthane. Les recherches portent actuellement sur les micro-algues, dont la richesse en lipides pourrait permettre de produire des « algo-carburants ».

L’énergie éolienne

Il s’agit de récupérer une ressource en vent particulièrement importante car non entravée par les obstacles. Le potentiel européen exploitable est évalué à plus de 1 900 TWh/an pour des sites situés à moins de 20 km des côtes et sur des fonds de moins de 20 m et à plus de 3 000 TWh/an pour des implantations plus éloignées. Le Royaume-Uni s’est clairement positionné sur cette filière en devenant aujourd’hui le plus grand marché éolien offshore d’Europe avec 1,5 GW installé.

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De tous les modes de production d’EMR, l’éolien offshore est de loin, en l’état actuel des technologies, le moyen le plus opérationnel pour une production de masse d’électricité. Le premier parc éolien offshore fut créé en 1991 au Danemark avec 11 éoliennes.

L’implantation de fermes éoliennes offshore, à proximité des côtes, pose cependant le problème des atteintes visuelles et des modifications paysagères, peu compatibles avec le développement, par exemple, des activités touristiques littorales. Elle se heurte aussi à la nécessité du maintien des activités de pêche, notamment dans une région comme la nôtre, qui connaît, dans ce secteur, d’importantes difficultés.

La technique de l’éolien offshore flottant est d’ores et déjà une réponse aux limites de développement qu’imposent les champs « posés ».

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Londres

Lisbonne

Madrid

Dublin

Mer de la Manche

Océan Atlantique

Mer Méditerranée

Mer Noir

Mer CeltiqueAmsterdam

Brest

Nantes

Bordeaux

Cantabrie

5

41

3

4

32 12

Paris

Le Havre

La Seine

Cherbourg

Légende Grand Ouest Grand Paris Espace Atlantique

Parcs éoliens Le Tréport Fécamp Courseulles-sur-Mer Saint-Brieuc Saint-Nazaire

Parcs hydroliens (perspectives) Paimpol Bréhat Cherbourg Pentland Firth Hammerfest

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Glossaire

AREVA - Groupe industriel français spécialisé dans l’industrie du nucléaire.

GDF Suez - Groupe industriel spécialisé dans la production d’électricité et les services à l’énergie et l’environnement.

CESER - Conseil économique, social et environnemental de Basse-Normandie.

Corrodys - Centre de technologies basé à Cherbourg et spécialisé dans la corrosion marine et bactérienne.

EFINOR - Groupe implanté à La Glacerie, spécialisé dans la métallurgie de pointe et les hautes technologies.

CMN - Constructions mécaniques de Normandie, entreprise de construction navale à Cherbourg-Octeville.

Silicon Valley - Site au sud de la région de San Francisco pour désigner le pôle d’industries de pointe, notamment dans l’informatique et le numérique.

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Fleurion - Pavillon des Énergies mis en place par le conseil général de la Manche au Dézert, près de Saint-Lô. Bâtiment pilote d’éco-construction consacré aux enjeux du développement durable. Site labellisé THPE - Très haute performance énergétique - et réalisé selon les normes HQE - Haute qualité environnementale.

DCNS - Direction des constructions navales Systèmes et Services.

RTE - Réseau de transport d’électricité.

ALSTOM - Groupe industriel spécialisé dans la production d’électricité. Le nom provient à l’origine de la fusion « Alsace » et « Thomson ».

GANIL - Grand accélérateur national d’ions lourds.

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Sources documentaires

• Rapport du CESER, Conseil économique, social et

environnemental régional de Basse-Normandie, Les énergies marines renouvelables : potentialités et perspectives en Basse-Normandie, septembre 2010

• Manche mag’, le magazine du conseil général de la Manche, décembre 2011

• Sofred Consultants / Étude sur les « Marchés et emplois locaux liés à la filière des énergies marines (offshore et hydroliennes) et au démantèlement de navires dans le bassin d’emploi du Cotentin », 10 novembre 2011

• Syndicat des énergies renouvelables, dossier de presse

• Les Échos, 12 décembre 2011 et jeudi 19 janvier 2012

• Le Monde, 29 novembre 2011

• Euractiv, l’Union européenne en quête de son mix énergétique, 20 janvier 2012

• DCNS, Énergies marines renouvelables 2010, dossier de presse, 13 avril 2010

• Ouest-France, 2006 à 2012

• La Presse de la Manche, 1979 à 2012

• La Manche Libre, 2007 à 2011

• L’Agriculteur Normand, mai 2008

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La Manche, quelle énergie !

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• Conférence Institut Coriolis : Énergies marines hydrolienne et houlomotrice. Exemples de projets et de travaux de recherche et développement, 24 septembre 2010

• Reflets, magazine du conseil régional de Basse-Normandie, 2011 à 2012

• Le Figaro, juillet 2007

• T comme Territoires, décembre 2011

• Télérama, L’énergie, une question vitale, février 2012

• L’Express, Normandie, faut-il avoir peur du nucléaire ?, janvier 2012

• Les ports de Cherbourg, Jean-Noël Renan

• Cherbourg, port aux princes, Jean Fouace, éditions Isoète, 2001

• Cherbourg, une âme transatlantique, Anne Roze, Les Champs de la Mémoire

• Commissariat Général au Développement Durable, Observations et statistiques, ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement

• Énergies renouvelables, énergies de notre siècle – colloque annuel du Syndicat des énergies renouvelables, 7 février 2012

• Manche.gouv, le magazine des services de l’État dans la Manche, préfecture de la Manche, juillet 2011

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Conseil général de la Manche - Avril 2012Mise en page DGC Communication - Crédits photos : Fotolia, CG50, VectorStock Impression Diamen Manche - Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement

ISBN en cours - Dépôt légal avril 2012

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LA MANCHE, quelle énergie !

Le livre bleu marin

Conseil général de la Manche

LA MANCHE, quelle énergie !

Le livre bleu marin

Énergies marines renouvelables, La Manche au cœur de l’enjeu du XXIe siècle

Propositions, réflexions et contributions à la prospective territoriale« Écrivons ensemble la Manche de demain ! »

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