La malédiction de la momie - le blog des livres à ne pas...

14
La malédiction de la momie

Transcript of La malédiction de la momie - le blog des livres à ne pas...

La malédiction de la momie

Biographie

R. L. Stine est né en 1943 à Colombus aux États-Unis. À ses débuts, il écrit des livres interactifs etdes livres d’humour. Puis il devient l’auteur préférédes adolescents avec ses livres à suspense. Ilreçoit plus de 400 lettres par semaine ! Il faut direque, pour les distraire, il n’hésite pas à écrire deshistoires plus fantastiques les unes que les autres.R. L. Stine habite New York avec son épouse Janeet leur fils Matt.

R.L. Stine

La malédiction de la momieTraduit de l’américain

par Jean-Baptiste Médina

Vingt-neuvième édition

Titre originalGOOSEBUMPS SERIES n° 5The curse of the mummy’tomb

© 1993 Scholastic Inc.,Tous droits réservés. Reproduction même partielle interdite.

Chair de poule et les logos sont des marques déposéesde Scholastic Inc.

La série Chair de poule a été créée par Parachute Press Inc. et publiée avec l’autorisation de Scholastic Inc.,

557 Broadway, New York, NY 10012, USA.© 2010, Bayard Éditions© 2009, Bayard Éditions

© 2001, Bayard Éditions Jeunesse© 1995, Bayard Éditions pour la traduction française

Loi n° 49 956 du 16 juillet 1949sur les publications destinées à la jeunesse

Dépôt légal mai 2010

ISBN : 978-2-7470-3293-3

Tous droits réservés. La loi du 11 mars 1957 interdit les copiesou reproductions destinées à une utilisation collective. Toutereprésentation ou reproduction intégrale ou partielle faite parquelque procédé que ce soit sans le consentement de l’auteur etde l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnéepar les articles 425 et suivants du Code pénal.

Avertissement

Que tu aimes déjà les livres ou que tu les découvres, si tu as envie d’avoir peur, Chair de poule est pour toi.

Attention, lecteur !Tu vas pénétrer dans un monde étrange

où le mystère et l’angoisse te donnent rendez-vouspour te faire frissonner de peur… et de plaisir !

7

1

Je regardais la grande pyramide et j’avais soif.C’était peut-être à cause de tout ce sable. Il

paraissait s’étendre à l’infini, jaune et brûlant, sous unciel d’un bleu métallique. Je donnai un petit coup decoude à maman.

– Mmaan, j’ai soif.– Pas maintenant, me dit-elle.La main en visière pour protéger ses yeux de l’éclat

du soleil, elle contemplait le majestueux monument.Pas maintenant ? Mais c’était maintenant que

j’avais soif !Quelqu’un me bouscula par-derrière et s’excusa

dans une langue étrangère. Je ne m’étais jamaisimaginé que quand je verrais la grande pyramide, ily aurait tant de touristes. Ma parole, la moitié de lapopulation mondiale avait décidé de passer lesvacances de Noël en Égypte, cette année-là !

Je ne voulais pas avoir l’air de geindre, mais magorge était de plus en plus sèche. J’insistai :

8

– Mmaan, je t’assure que je crève de soif.– Il n’y a rien à boire dans les parages, répondit-

elle sans quitter la pyramide des yeux. Cesse dejouer les bébés, s’il te plaît, Gabriel. Tu as douzeans, ne l’oublie pas.

– On peut avoir douze ans et être complètementdéshydraté, marmonnai-je. C’est tout ce sable qui sebalade dans l’air. J’ai du mal à respirer.

– Concentre-toi sur la pyramide, me conseillamaman, irritée. C’est pour ça qu’on est venus ici.Pas pour se désaltérer.

– Mais j’étouffe ! m’écriai-je en m’étreignant lagorge.

Bon, d’accord, je n’étouffais pas. J’exagérais unpeu pour attirer son attention. En vain. Elle se contentade rabaisser le bord de son chapeau de paille etcontinua de contempler béatement la pyramide quimiroitait sous le soleil.

Je résolus alors de tenter ma chance du côté demon père. Selon son habitude, il parcourait fiévreuse-ment la pile de guides touristiques qu’il emporte par-tout. Je crois qu’il n’avait pas encore jeté un coupd’œil autour de lui. Il rate la plupart des choses parcequ’il a toujours le nez plongé dans un livre.

– Papa, je meurs de soif, chuchotai-je avec effort,comme si ma gorge avait du mal à laisser passer lemessage.

– Mazette ! Tu sais combien cette pyramidemesure en hauteur ? demanda-t-il.

Il examinait une photo dans un de ses bouquins.

9

– J’ai soif, Papa.– Cent trente-sept mètres, Gabriel ! Et tu sais de

quoi elle est faite ?Il est toujours en train de me mettre à l’épreuve.

Chaque fois que nous voyageons, il me pose un mil-lion de questions comme celle-là. Je ne connaisjamais les réponses.

– Heu… un genre de pierre ? hasardai-je.– Exact, fit-il avec un sourire épanoui.Il reprit sa lecture et poursuivit :– Elle se compose de blocs de calcaire. Ils disent

là-dedans que certains blocs pèsent jusqu’à milletonnes.

– Wouaouh ! Presque autant que toi !Papa leva les yeux et fronça les sourcils.– Tu n’es pas drôle, Gabriel.– Je plaisantais, je plaisantais !Papa a pris quelques kilos ces derniers temps, et

il n’aime pas beaucoup qu’on lui en fasse la remarque.C’est pourquoi je le taquine là-dessus chaque foisque je peux.

– Sais-tu comment les Égyptiens de l’Antiquitédéplaçaient des pierres de mille tonnes ? reprit-il.

Le jeu des devinettes n’était pas terminé.– Heu… avec des camions ? suggérai-je.Il éclata de rire :– Des camions ! Pourquoi pas des hélicoptères ?Je me tournai vers le gigantesque édifice. Il était

très impressionnant, beaucoup plus grand que surles photos. Je n’arrivais pas à concevoir comment on

10

avait pu traîner ces énormes blocs de pierre dans lesable, les soulever, les juxtaposer.

– Je n’en sais rien, avouai-je. Mais j’ai vraimentsoif.

– Personne ne le sait ! déclara papa, triomphant.C’était donc une question piège.– Papa, à boire, par pitié.– Pas maintenant. Écoute plutôt. Ça fait tout

drôle de penser que nos ancêtres — les tiens et lesmiens, Gabriel — se sont peut-être promenés autourde ces pyramides, ou qu’ils ont même pris part àleur construction. Ça me donne le frisson. Pas toi ?

– Oui, je suppose.Il avait raison. C’était plutôt excitant. Vous com-

prenez, nous sommes d’origine égyptienne. Mesgrands-parents paternels et maternels ont quittél’Égypte pour émigrer en France vers 1930. Monpère et ma mère sont nés tous les deux à Marseille.C’est pourquoi la découverte de ce pays piquaitnotre curiosité à tous.

– Je me demande si ton oncle Ben est à l’intérieurde cette pyramide en ce moment, murmura papa.

Mon oncle Ben Hassad, le célèbre archéologue.Je l’avais presque oublié. Oncle Ben était une desraisons pour lesquelles nous avions décidé de passerces vacances en Égypte. Ça, et le fait que mon pèreet ma mère avaient des affaires à traiter au Caire, àAlexandrie et dans d’autres villes. Mes parents ontmonté leur propre entreprise, ils vendent du matérielde réfrigération. Ce n’est pas très passionnant, je

11

vous l’accorde ; mais ça les oblige parfois à serendre à l’étranger, et comme je les accompagne, jetrouve ça plutôt chouette.

Oncle Ben et ses ouvriers fouillaient probable-ment dans le secteur de la grande pyramide, espé-rant déterrer des vieilles momies, entre autrescuriosités. Fasciné par le pays de nos ancêtres, mononcle vivait en Égypte depuis plusieurs années.C’était un égyptologue réputé, une autorité en lamatière. J’avais même vu sa photo dans Géo.

– Quand va-t-on rencontrer Oncle Ben ? demandai-je.

– Pas aujourd’hui, dit papa. Il doit venir nousvoir au Caire dans une semaine.

– Mais tu dis qu’il est peut-être dans la pyramide.Si on allait vérifier ? suggérai-je avec impatience.

– On n’a pas le droit d’y pénétrer.– Regardez ! intervint tout à coup maman en me

tapant sur l’épaule. Des chameaux !On voyait en effet approcher une horde de tou-

ristes juchés sur des chameaux. Ballottés dans tousles sens, ils avaient l’air très mal à l’aise. En arri-vant, les chameaux s’affalèrent dans le sable, et l’und’eux fut pris d’une quinte de toux. Sans doute avait-il la gorge sèche, comme moi. Les touristes se laissè-rent glisser au sol avec un soulagement évident.

– Tu as vu tous ces chameaux ? me répétamaman, ravie.

– Je ne suis pas aveugle ! rétorquai-je.

12

Je commençais à être de mauvaise humeur àforce d’avoir soif. D’ailleurs, qu’est-ce qu’ils avaientde si extraordinaire, ces chameaux ? Ils étaient àmoitié pelés et dégageaient l’odeur de mes chaus-settes de gym après une partie de basket.

Maman me dévisagea.– Quel est ton problème ?– Je te l’ai dit cent fois ! articulai-je en m’effor-

çant de me maîtriser. J’ai soif !– Oh, Gabriel, je t’en prie.Elle me lança un regard excédé, puis haussa les

épaules et se détourna. Papa avait rangé ses guidestouristiques dans son sac de reporter. À présent, ilpromenait une paire de jumelles sur le décor.

– Papa, demandai-je, tu crois qu’Oncle Ben nousfera entrer dans cette pyramide ? Ce serait super !

– Non, Gabriel, je ne le crois pas. Il faut uneautorisation spéciale, nous n’allons pas l’embêteravec ça.

Je ne pus cacher ma déception. J’avais rêvé dem’aventurer dans les souterrains de l’édifice encompagnie de mon oncle, de découvrir des momieset des trésors ; de me battre contre des Égyptiens del’Antiquité qui seraient revenus à la vie pourdéfendre leur tombe sacrée, et de leur échapper auterme d’une poursuite effrénée, tout comme IndianaJones.

– Tu devras te contenter de l’admirer de l’extérieur,reprit papa en pointant ses jumelles vers le ciel.

– Je l’ai déjà suffisamment admirée, dis-je d’unton lugubre. Est-ce qu’on pourrait enfin aller boirequelque chose, maintenant ?

J’étais loin de me douter que quelques jours plustard, papa et maman seraient partis et que je me per-drais pour de bon dans les profondeurs de cettegrande pyramide qui attirait tous les regards. Que jeresterais piégé à l’intérieur — emprisonné à l’inté-rieur — probablement à jamais.