La maladie des bandes rouges - Agriculture...La maladie des bandes rouges * La maladie des bandes...

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La maladie des bandes rouges * La maladie des bandes rouges est une maladie foliaire qui touche principalement le genre Pinus tant dans l'hémisphère sud que nord. Si cette maladie est connue et décrite depuis longtemps, ce n'est qu’assez récemment qu'elle pose de réels problèmes de gestion notamment en France sur pin Laricio essentiellement, où elle a véritablement émergé dans les années 1990, en même temps que l’extension des plantations de cette essence. On parle d’une maladie émergente. La maladie des bandes rouges, qu’est-ce que c’est ? La maladie des bandes rouges est une maladie foliaire provoquée par deux agents pathogènes proches* voir ‘Répartition de la maladie’ . En automne et surtout durant l'hiver, elle entraîne le rougissement puis la chute des aiguilles des années précédentes des arbres affectés et c’est donc en fin d’hiver que les symptômes sont les plus visibles. En automne ou en hiver, des tâches jaunes apparaissent sur les aiguilles de l’année suivi d’une annélation rougeâtre. Par la suite, les extrémités des aiguilles, qui ne sont plus alimentées, virent au brun-rouge. L’activité photosynthétique de l’arbre touché est de ce fait réduite. Au printemps suivant, des taches noires (les stromas) apparaissent au niveau des zones rouges des aiguilles. En fin d’hiver, début de printemps, le champignon fructifie dans ces stromas. Les spores se disséminent par temps pluvieux pendant toute la période de végétation et vont contaminer les aiguilles saines des rameaux voisins. Le mycélium issu de leur germination pénètre dans les aiguilles par les stomates puis développe les tâches annulaires rougeâtres qui font le tour de l’aiguille. L'infection, l'expression des symptômes et la chute d’aiguilles sont plus intenses en zone confinée. En conséquence, la maladie est généralement plus sévère dans le bas du houppier Aiguilles rouges suite à l’attaque de pin Laricio par la maladie des bandes rouges Répartition de la maladie en France L’INRA a utilisé les données d’observation du DSF de 1989 à 2006, pour définir les zones de fréquence d’attaque en prenant en compte la taille de la ressource en pin Laricio (étude d’épidémiologie). Les mentions d'attaques apparaissent plus fréquentes dans les Pyrénées, le Nord-Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Normandie), le Centre et le Massif Central/Périgord. INRA Nancy Département de la santé des forêts

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La maladie des bandes rouges est une maladie foliaire qui touche principalement le genre Pinus tant dans l'hémisphère sud que nord. Si cette maladie est connue et décrite depuis longtemps, ce n'est qu’assez récemment qu'elle pose de réels problèmes de gestion notamment en France sur pin Laricio essentiellement, où elle a véritablement émergé dans les années 1990, en même temps que l’extension des plantations de cette essence. On parle d’une maladie émergente.

LLaa mmaallaaddiiee ddeess bbaannddeess rroouuggeess,, qquu’’eesstt--ccee qquuee cc’’eesstt ?? La maladie des bandes rouges est une maladie foliaire provoquée par deux agents pathogènes proches* voir ‘Répartition de la maladie’. En automne et surtout durant l'hiver, elle entraîne le rougissement puis la chute des aiguilles des années précédentes des arbres affectés et c’est donc en fin d’hiver que les symptômes sont les plus visibles.

En automne ou en hiver, des tâches jaunes apparaissent sur les aiguilles de l’année suivi d’une annélation rougeâtre. Par la suite, les extrémités des aiguilles, qui ne sont plus alimentées, virent au brun-rouge. L’activité photosynthétique de l’arbre touché est de ce fait réduite. Au printemps suivant, des taches noires (les stromas) apparaissent au niveau des zones rouges des aiguilles.

En fin d’hiver, début de printemps, le champignon fructifie dans ces stromas. Les spores se disséminent par temps pluvieux pendant toute la période de végétation et vont contaminer les aiguilles saines des rameaux voisins. Le mycélium issu de leur germination pénètre dans les aiguilles par les stomates puis développe les tâches annulaires rougeâtres qui font le tour de l’aiguille. L'infection, l'expression des symptômes et la chute d’aiguilles sont plus intenses en zone confinée. En conséquence, la maladie est généralement plus sévère dans le bas du houppier

Aiguilles rouges suite à l’attaque de pin Laricio p ar la maladie des bandes rouges

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L’INRA a utilisé les données d’observation du DSF de 1989 à 2006, pour définir les zones de fréquence d’attaque en prenant en compte la taille de la ressource en pin Laricio (étude d’épidémiologie). Les mentions d'attaques apparaissent plus fréquentes dans les Pyrénées, le Nord-Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Normandie), le Centre et le Massif Central/Périgord.

INRA Nancy

Départe ment de la santé des forêts

Attaque faible Attaque moyenne Attaque forte

Une maladie aux symptômes similaires : la maladie des tâches brunes est liée à un autre champignon qui provoque des symptômes proches : Mycosphaerella dearnessii, syn : Scirrhia acicola (forme asexuéeLecanosticta acicola). Les symptômes s'observent principalement sur pin radiata. Ce pathogène a empêché le développement d'un hydride Pinus attenuata x radiatadans les années 90.

Novembre 2014

Bas de houppier très marqué par la maladie des bandes rouges

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2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Une maladie, deux agents. En 2009, les correspondants-observateurs ont participé à une étude portée par l’INRA et l'ANSES, qui s’appuyait sur l’observation d’environ 200 sites, essentiellement de pin Laricio. Cette étude a montré que la maladie était liée à deux agents distincts : Dothistroma septospora (forme sexuée Mycosphaerella pini ou Scirrhia pini1) et Dothistroma pini (forme sexuée inconnue). Les mentions de présence en Europe de cette dernière sont très peu nombreuses. L’étude a apporté une bonne connaissance de la répartition des deux agents en France : si D. pini se trouve dans un grand quart Sud-Ouest (et jusqu’en Bretagne), D. septospora se retrouve pratiquement dans l'ensemble des zones contaminées. Dans le Sud-Ouest, les deux agents peuvent se trouver en mélange sur le même arbre, voire sur une même aiguille. L'analyse des données ne permet pas d'attribuer l’émergence de la maladie à une espèce plus qu’à une autre. De plus, l'analyse de symptômes sur des échantillons conservés en herbier permet d'affirmer que les deux champignons sont présents sur le territoire national depuis longtemps, bien avant l’émergence des dégâts. Les données récentes du DSF permettent d'observer de fortes variations de fréquence d'attaques tant entre années, qu'entre régions.

Cette maladie remet en questions l’avenir des peuplements de pin Laricio, d'autant que cette essence est particulièrement sensible à d'autres parasites (Sphaeropsis sapinea, processionnaire du pin...). Les peuplements touchés par la maladie, même depuis des années, n’enregistrent que peu de mortalités. Toutefois, dans les zones très marquées, les observateurs de terrain indiquent que la maladie aurait un impact non négligeable sur la croissance des arbres, en hauteur et en diamètre. Depuis 1990, l’IRSTEA a recueilli des

données dans des peuplements atteints du Loiret et du Loir-et-Cher. L’accroissement annuel (en surface terrière) est, pour certaines placettes, devenu quasiment nul ces dernières années. La question reste donc entière en ce qui concerne le risque d’investir dans de nouvelles plantations, en particulier si des peuplements sont infectés à proximité. Déjà dans le Sud-Ouest et dans certaines zones de Sologne et Orléanais, l’impact est tel qu’il est recommandé de ne plus planter de pin Laricio. La maladie est favorisée par des conditions de chaleur humide et des conditions de confinement des peuplements. De manière générale, il est fortement conseillé de planter les pins Laricio dans des stations qui leur sont favorables, d’éviter les zones de confinement et d'éclaircir régulièrement et modérément afin de favoriser au mieux la "ventilation" des peuplements. L’arrivée de cette maladie émergente incite à une grande prudence et à diminuer au maximum les risques.

1 Organisme réglementé au titre de la Directive 2000/29/CE

Niveaux d’attaques, à titre indicatif, dans les zon es grossièrement schématisées de présence de pin Laricio (Pyrénées, Bretagne, Normandie, Centre/Solo gne, Dordogne, Languedoc, Corse, Franche -Comté)