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LA MAFIA IRLANDAISE DE MONTRÉAL L’HISTOIRE DU TRISTEMENT CÉLÈBRE GANG DE L’OUEST D’ARCY O’CONNOR AVEC MIRANDA O’CONNOR

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LA MAFIA IRLANDAISE DE MONTRÉAL

L’HISTOIRE DU TRISTEMENT CÉLÈBRE GANG DE L’OUEST

« LA MAFIA IRLANDAISE N’EXISTE PAS »- Billy MacAllister

D’ARCY O’CONNORAVEC MIRANDA O’CONNOR

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Depuis les origines de la ville, l’extrémité sud-ouest de Montréal a formé une sorte de ghetto pour les travailleurs immigrés du siècle dernier, majoritairement des Irlandais. Enlisés dans la pauvreté, l’alcoolisme et la violence, avec peu d’espoir de s’en sortir par des moyens légaux, certains d’entre eux se sont tournés vers le monde interlope à la recherche d’un travail moins pénible et plus lucratif, au risque d’être maudits. Considé-rée par certains comme une sorte d’association coopérative hiérarchisée et très unie, et par d’autres comme une association de malfaiteurs peu structurée ayant de la difficulté à refuser un gain rapide, la mafia irlandaise de Montréal — surnommée le gang de l’Ouest — a réussi à organiser quelques-uns des vols et des activités de contrebande parmi les plus risqués et les plus logistiquement compliqués de l’histoire canadienne.

Depuis leurs débuts comme hommes de main pour la mafia italienne et juive, en passant par le tunnel creusé sous les coffres-forts d’une banque dans les années 1950-1960, jusqu’au légendaire vol d’un camion de la Brink’s et aux braquages de banques dans la décennie 1970, ses membres sont aujourd’hui célèbres pour leur rôle dans la contre-bande des narcotiques via le port de Montréal. Fournisseur en gros pour les motards et la mafia — en une seule opération, la GRC a saisi un chargement de 22,5 tonnes de haschisch destiné au marché montréalais — le gang de l’Ouest a été et demeure un élément important du milieu criminel par la création et le maintien de ses liens avec les cartels internationaux de la drogue.

Des criminels de tout calibre et de toute réputation défilent dans ces pages; il y va des braqueurs et narcotrafiquants violents comme les frères MacAllister aux machinations superbement complexes du « Roi du Port », Gerry Matticks, comme de la rencontre avec le charismatique « Roi de la coke » Dunie Ryan, son assassin Paul April et le successeur de Ryan, Alan Ross, surnommé La Belette. À l’aide de recherches d’archives, d’entrevues avec des enquêteurs de police, des membres emprisonnés du gang de l’Ouest et d’autres, D’Arcy O’Connor raconte la genèse et l’ascension de l’un des gangs les plus puissants, les plus redoutables et hauts en couleur : La mafia irlandaise de Montréal.

D’Arcy O’Connor est à la fois journaliste de carrière, scénariste, documentariste, auteur et vieux loup de mer. Il a collaboré à divers journaux en Amérique du Nord, dont les Wall Street Journal, Montreal Gazette, People Magazine et National Geographic; en Australie, le Daily Telegraph et l’Australian. Comme auteur, on lui doit entre autres The Money Pit (Putman), The Big Dig (Ballantine) et The Secret Treasure of Oak Island (Lyons Press). À titre d’adjoint à la production, il a participé à la réalisation de plusieurs documentaires, dont Oak Island pour ABC; Valour and the Horror, gagnant de trois Gémeaux, pour CBC/NFB; et The Ware at Sea, un docudrame sur le rôle du Canada dans l’Atlantique Nord au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il enseigne l’anglais et le journalisme à Dawson College. 9 7 8 2 8 9 7 0 5 1 0 2 0

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L’HISTOIRE DU TRISTEMENTCÉLÈBRE GANG DE L’OUEST

D’ARCY O’CONNORAVEC MIRANDA O’CONNOR

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec et Bibliothèque et Archives CanadaO’Connor, D’Arcy, 1941- La mafia irlandaise de Montréal : l’histoire du tristement célèbre gang de l’Ouest Traduction de : Montreal’s Irish mafia. ISBN 978-2-89705-102-0

1. West End Gang - Histoire. 2. Gangs - Québec (Province) - Montréal - Histoire. 3. Mafia - Québec (Province) - Montréal - Histoire. 4. Crime organisé - Québec (Province) - Montréal - Histoire. 5. Canadiens d’origine irlandaise - Québec (Province) - Montréal - Histoire. I. O’Connor, Miranda. II. Titre.

HV6453.C32Q8 2012b 364.10609714’28 C2012-941893-5

Titre original: Montreal’s Irish MafiaJohn Wiley and Sons Canada, Ltd.6045 Freedom BlvdMississauga, OntarioL5R 4J3© 2011 D’Arcy O’ConnorAll rights reserved. This translation published under licence with original publisher John Wiley and Sons, inc.

Directrice de l’édition : Martine Pelletier

Éditrice déléguée : Hélène Detrait

Photos de la page couverture : Photo Police

Graphisme : Pascal Simard

Traduction : Anne-Marie Deraspe

Révision : Hélène Detrait

Lecture d’épreuves : Yves Bellefleur

L’éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entre-prises culturelles du Québec (SODEC) pour son programme d’édition et pour ses activités de promotion.

L’éditeur remercie le gouvernement du Québec de l’aide financière accordée à l’édition de cet ouvrage par l’entremise du Programme d’impôt pour l’édition de livres, administré par la SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC).

© Les Éditions La PresseTOUS DROITS RÉSERVÉS

Dépôt légal – 3e trimestre 2012ISBN 978-2-89705-102-0

Les Éditions La PressePrésidenteCaroline Jamet7, rue Saint-JacquesMontréal (Québec) H2Y 1K9

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À Mouse, dont la patience et l’aide pour pallier mon incompétence informatique

m’ont été aussi précieuses que son prodigieux talent de recherchiste.

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SOMMAIRE

Préface ..................................................................... 11

Remerciements ....................................................... 13

Chapitre 1 : L’invasion irlandaise .......................... 15Les premières bagarres irlandaises .......................... 18Alcool et corruption ................................................. 20

Chapitre 2 : La plupart de ses enfants sont devenus des voleurs ....................................... 25

Griffintown................................................................ 25La Pointe ................................................................... 31

Chapitre 3 : Les Calabrais et les Siciliens ............. 35« Vic, l’Œuf » ............................................................... 36« Le Gros » ................................................................... 38« Frankie » Cotroni ...................................................... 41Paolo Violi ................................................................ 42L’ascension des Rizzuto............................................ 44

Chapitre 4 : La mafia juive de Montréal ................ 47Drogues et disparitions ............................................ 48Les trafics et les recettes ........................................... 51La fin d’une époque ................................................. 56

Chapitre 5 : L’émergence du gang de l’Ouest ........ 59Frankie ...................................................................... 60Corruption au sommet ............................................. 63

Chapitre 6 : Les décennies meurtrières ................. 65

Chapitre 7 : La capitale du vol de banque qualifié de l’Amérique du Nord ............................. 81

Les Cagoules rouges ................................................. 82« Monica la Mitraille » ................................................. 89

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Chapitre 8 : Chercheurs de trésor ......................... 93L’affaire du tunnel Trans-Island ............................... 97Le vol à main armée de Brockville ......................... 98Des brigandages plus faciles ................................. 102

Chapitre 9 : Le crime du siècle ............................. 105« C’est ça que tu voulais ? »....................................... 110

Chapitre 10 : L’escouade Rubber Duck ................ 115Tirs d’avertissement ................................................ 122

Chapitre 11 : Sur la piste de l’oseille.................... 125Une pause dans la cause ....................................... 131« C’est le gros poisson qu’on veut » ........................ 136

Chapitre 12 : Un voleur hors du commun ......... 141Braquage en hélicoptère ........................................ 144

Chapitre 13 : Le roi de la coke .............................. 153La Mère Ryan .......................................................... 155Une coopérative de cocaïne .................................. 157

Chapitre 14 : La mort de Dunie Ryan et ses répercussions ............................................. 163

« Livraison spéciale » ................................................ 166Les morts ne parlent pas ....................................... 169

Chapitre 15 : L’empereur de la coke .................... 175La cocaïne colombienne ........................................ 179Le filet se resserre ................................................... 184

Chapitre 16 : Les frères MacAllister ..................... 189Grillés par Burns .................................................... 195Les retombées ......................................................... 198Le dernier coup de filet de Westlake .................... 202

Chapitre 17 : Gerald Matticks : le roi du port ...... 205

SOMMAIRE

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Chapitre 18 : La guerre sanglante des motards .. 219Les Hells Angels du Québec .................................. 220Les Bandidos en Ontario ....................................... 224Les Rock Machine au Québec ............................... 225Opération Printemps 2001 ..................................... 229Opération Amigo .................................................... 230Opération SharQc ................................................... 230

Chapitre 19 : La plus grosse saisie de drogue de la GRC ............................................. 235

22,5 tonnes de haschisch ....................................... 236L’opération Cabernet .............................................. 242

Chapitre 20 : La mafia italienne de Montréal châtrée .............................................. 247

Une famille marquée .............................................. 249La chute des Rizzuto .............................................. 252

Chapitre 21 : Le tabac : la dernière dépendance de la pègre ....................................... 263

Chapitre 22 : les gangs de rue modernes ............ 269Le Crack Down Posse ............................................ 270Ducarme Joseph et Tony Magi .............................. 271Le Milieu, une nouvelle approche ......................... 273

Épilogue ................................................................. 275

Bibliographie ........................................................ 279

Index ...................................................................... 289

À propos des auteurs ............................................ 303

SOMMAIRE

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PRÉFACE

Parler des bandits du gang de l’Ouest comme d’un « gang » ou comme de « la mafia irlandaise de Montréal » est d’une certaine façon une impropriété étant donné que, même si plusieurs liens familiaux existent entre eux, peu de ces indi-vidus sont liés les uns aux autres par une hiérarchie pyrami-dale ou par une omerta.

Tous ces gens ont néanmoins une caractéristique en commun. Ils forment un ensemble de voleurs à la petite semaine, de voleurs de banque et de camion blindé, d’extor-queurs, de perceurs de coffres-forts, de braqueurs de ca-mion, d’importateurs et de distributeurs de stupéfiants, de blanchisseurs d’argent, de receleurs, d’usuriers, d’hommes de main pour le « racket » de la protection, de tueurs à gages et autres types de bandit, pratiquant leurs activités au centre-ville et dans le secteur sud-ouest de Montréal. La plupart d’entre eux sont anglophones et d’origine irlandaise, dans une ville à 70 % francophone.

Quand ces gangsters irlandais ont commencé leurs acti-vités au milieu des années 1950, ils étaient surnommés par les médias francophones « le gang de l’Ouest ». Et le nom, y compris sa traduction anglaise, leur est resté depuis dans les journaux, les reportages radio et télé, dans les rapports de police, dans les audiences des commissions d’enquête et ailleurs. Ainsi, peu importe que l’appellation soit exacte ou non, Montréal a bel et bien un gang de l’Ouest formé d’un groupe, peu unifié et plutôt désorganisé, composé de familles de frères et d’individus. Leurs exploits, tout comme leurs relations d’affaires louches avec les pègres franco-phone, italienne, juive et avec des gangs de motards, font partie d’une histoire qui n’a jamais été explorée.

Le gang de l’Ouest a connu son apogée à partir des années 1970 jusqu’au début des années 2000. Son origine est cependant plus ancienne et son activité criminelle, même avec beaucoup moins d’ampleur, se poursuit en-core aujourd’hui.

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PRÉFACE

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Ma rencontre avec quelques-uns de ces personnages a commencé par un heureux hasard. En 1979, lorsque j’ai déménagé à Montréal en quittant New York – où comme reporter au Wall Street Journal, j’avais écrit un article de fond sur Montréal à la fin des années 1960, intitulé Montréal, la capitale du vol de banque en Amérique du Nord –, l’un des premiers emplois que j’ai obtenus était un poste d’admi-nistrateur et de professeur à Dawson College dans le cadre d’un programme au pénitencier fédéral Leclerc, à sécurité moyenne, situé à Laval, au nord de Montréal. Et comme le programme s’adressait aux détenus anglophones de Leclerc, j’ai bientôt rencontré quelques-uns des types du gang de l’Ouest, des types dont je n’avais jamais entendu parler au-paravant. J’ai trouvé certaines de leurs histoires fascinantes.

Aujourd’hui, quelque trente ans plus tard, je suis encore intrigué par leurs exploits, leurs coups manqués, et par le fait que ces gangsters irlandais (nombre d’entre eux sont morts et d’autres sont d’âge plutôt avancé) puissent encore faire les grands titres.

Au cours des dernières années, on a beaucoup écrit sur les familles de la mafia italienne, sur les gangs de motards et sur les jeunes gangs de rue. Toutefois, peu d’attention a été accordée à ces « fils de l’Érin » qui pendant des décennies ont introduit le crime et la destruction dans le coin sud-ouest de la ville. Ce livre parle de ces hommes et de leurs exploits.

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REMERCIEMENTS

Ce livre doit beaucoup à la possibilité que j’ai eue d’accé-der aux dossiers et aux sources de la GRC (en particu-lier ceux de leur Division C au Québec), du Service de police de la Ville de Montréal et de la Sûreté du Qué-bec (Police provinciale, de son ancienne appellation). Il repose aussi largement sur l’accès aux documents, et sur les documents obtenus du Palais de justice de Montréal, de la Cour du Québec, de la Cour d’appel du Québec, de la Cour supérieure du Québec, de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, de la Commission natio-nale des libérations conditionnelles, de la bibliothèque de droit de l’Université McGill et de la bibliothèque de l’Université Concordia. Nombre de personnes de ces or-ganismes m’ont aimablement fourni de l’information et m’ont guidé dans le labyrinthe des volumineux dossiers qui n’avaient rien à voir avec le gang de l’Ouest.

Plus important encore sont les escrocs et les anciens escrocs, les policiers et les anciens policiers, ceux qui gravi-taient autour des gangs irlandais, ceux qui les connaissaient, les propriétaires de bar, les barmen et les piliers de bar, les prostituées, les souteneurs et les trafiquants de drogue, et tous les autres qui m’ont accordé des entrevues (officielles ou confidentielles). Ils m’ont tous aidé à comprendre cette fascinante histoire de ce qu’il est convenu d’appeler la mafia irlandaise de Montréal.

Mais ceux qui m’ont été d’un plus grand secours, ce sont ma chef recherchiste Miranda O’Connor, de même que John Westlake, André Savard, John Phillips, André Potvin, William Morgan, André Bouchard et Paul Cherry, sans qui je serais encore perdu à essayer de recouper tous les liens complexes entre les méchants et ceux qui les poursuivaient. Bien d’autres personnes m’ont aussi accordé des entrevues dans ma recherche sur les particularités d’une enfance vécue dans un quartier irlandais de même que sur les machinations du gang de l’Ouest.

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REMERCIEMENTS

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Enfin, il y a les divers « lutins », en particulier Julie Lewis qui a assuré la majeure partie de la fastidieuse traduction du français à l’anglais des centaines de documents des cours de justice, des dossiers de police, des rapports du coroner et de la Commission sur le crime organisé, les audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles, et des articles des médias francophones. C’est aussi Miranda qui a transcrit sur papier les douzaines d’entrevues audio. Toute erreur de fait qui pourrait apparaître dans ce livre relève de mon entière responsabilité et non de la leur.

Et ce livre n’aurait pas été écrit et publié sans la patience tenace et le soutien de mes éditeurs, Don Loney et Pauline Ricablanca chez John Wiley & Sons.

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CHAPITRE 1

L’invasion irLandaise

D u milieu à la fin du 19e siècle, plus particulière-ment entre 1846 et 1850, environ trois millions d’Irlandais ont fui la « Grande Famine », aussi ap-

pelée la « Famine de la pomme de terre », provoquée par un champignon parasite qui avait ravagé leurs sols. La plupart d’entre eux ont traversé l’Atlantique pour s’instal-ler en Amérique du Nord où ils étaient assurés de trouver des terres arables pour les labours, les semences et les récoltes. Ils comptaient de plus sur les vastes possibili-tés d’emploi offertes dans ces régions urbaines en plein essor. La plupart de ces miséreux arrivaient avec prati-quement rien d’autre que les vêtements qu’ils portaient pour refaire leur vie dans des villes comme New York, Boston et Montréal, et plusieurs étaient accompagnés de nombreux enfants souffrant de malnutrition.

La majorité de ces émigrés a choisi de s’établir aux États-Unis. Ils ont accosté à Ellis Island, une île au sud de Manhattan qui servait alors de centre de réception pour les immigrés. Une fois les procédures d’admission terminées, ils s’installaient dans le Lower East Side et le West Side de Manhattan, ou poursuivaient leur route vers Boston, La Nouvelle-Orléans, Chicago et Kansas City, des centres ur-bains en pleine croissance qui offraient des perspectives d’avenir et du travail ouvrier.

Près d’un demi-million d’entre eux choisirent toutefois le Dominion du Canada. Après avoir passé cinq ou six se-maines entassés dans les cales des « tombeaux flottants », où ils servaient essentiellement de lest humain sur des trans-porteurs de bois d’œuvre de retour d’Angleterre, ils étaient d’abord mis en quarantaine à Grosse-Île, une île balayée par

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les vents à 50 kilomètres en aval de Québec, sur le fleuve Saint-Laurent. Une précaution prise parce que les centaines d’individus qui n’étaient pas morts du choléra, du typhus ou de malnutrition sur les bateaux — et dont les corps avaient été glissés par-dessus bord, sans formalités, au milieu de l’Atlantique — étaient considérés comme contaminés ou à risque. Et de fait, beaucoup l’étaient. Aujourd’hui, Grosse-Île compte les tombes anonymes d’environ trois à cinq milliers d’Irlandais, hommes, femmes et enfants, qui avaient appro-ché de la « Terre promise » ; cette dernière n’a malheureuse-ment pas tenu ses promesses. Ceux qui ont survécu ont plus tard fait voile vers Québec et Montréal et certains se sont rendus jusqu’à Kingston, en Ontario (à l’époque appelé le Haut-Canada). Toutes ces régions sont devenues les ber-ceaux de la diaspora irlandaise1.

Nombre de ces Irlandais qui avaient choisi de s’établir à Montréal — incorporée comme ville en 1832 — étaient encore porteurs de maladies et ont été confinés dans les « baraques du typhus » du Village-aux-Oies (à l’origine Victoriatown), le long du fleuve, où ils furent confiés aux soins des Sœurs Grises de Montréal. Des milliers d’entre eux sont morts du choléra et d’autres maladies dans ces baraques. Ils ont été inhumés dans une fosse commune près des rives du Saint-Laurent. Aujourd’hui, un monu-ment officiellement baptisé « Pierre commémorative des Irlandais », mais familièrement appelé « le Roc irlandais », rappelle leurs décès. Ironiquement, le monolithe a la forme d’une immense pomme de terre. Il a été dragué de la rivière et érigé en 1859 par des ouvriers qui, lors de la construction du pont Victoria, avaient découvert des ossements de leurs compatriotes ensevelis au cours de la décennie précédente. Cette immense roche de granit de trente tonnes sur trois mètres de hauteur, située face à l’entrée du pont Victoria, porte l’inscription suivante :

1 Mon arrière-arrière-grand-père, Charles John O’Connor arrivé de Limerick avec sa famille, est passé par les procédures de contrôle de Grosse-Île en 1848 avant d’aller exploiter une ferme dans la région de Gatineau, au Québec.

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L’INVASION IRLANDAISE

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Pour préserver de la profanation les restes de 6000 immi-grants morts de la fièvre des navires2.

Ceux qui ont eu la chance de survivre à la traversée de l’Atlantique et aux baraques du typhus ont trouvé à se loger et ont élevé leurs familles dans les ghettos ouvriers pauvres de Griffintown, du Village-aux-Oies et de Pointe-Saint-Charles. Il y avait beaucoup d’emplois dans le sud-ouest de Montréal. Les quinze kilomètres du canal de Lachine, le pont Victoria et le chantier ferroviaire du Grand Tronc (Grand Trunk) ont été construits à cette époque, et en grande partie avec la main-d’œuvre irlandaise. Ces pro-jets ont rapidement attiré dans le quartier des brasseries, des briqueteries, des tanneries, des manufactures de savon, des fonderies et autres industries. Le premier percement du canal a eu lieu en 1825 et il a été élargi deux fois par la suite, en 1873 et en 1885. Il constituait une source d’énergie hydraulique pour les industries établies sur ses rives, et une voie fluviale entre le Saint-Laurent et les Grands Lacs pour l’arrivée des matières premières et le départ des produits de transformation. À Montréal, à la fin du 19e siècle et au début du 20e, les emplois ne manquaient pas pour ces pionniers essentiellement irlandais, même s’ils peinaient de longues heures pour des salaires de misère. En 1880, par exemple, les employés du Grand Tronc travaillaient dix heures par jour, du lundi au vendredi, en plus de quatre ou cinq heures le samedi. Dans certaines manufactures le long du canal, les journées de travail duraient quatorze heures, six jours par semaine.

La vie était difficile pour les premiers émigrés de la « verte Érin », et beaucoup de jeunes hommes parmi eux avaient imaginé gagner facilement de l’argent sans travailler d’aussi longues heures dans le Nouveau Monde. C’était particulière-ment vrai aux États-Unis où des gangs d’Irlandais ont surgi quelques mois à peine après leur arrivée. Ces jeunes, chas-sés d’un pays appauvri par la domination coloniale britan-nique, savaient par expérience que la vraie richesse et le pouvoir n’étaient pas le fruit d’un dur labeur, mais le résultat

2 Le typhus était aussi appelé « fièvre des navires ». (NDT)

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de l’intimidation et du contrôle du quartier dans lequel ils vivaient.

Il n’est donc pas surprenant que des milliers de jeunes hommes aient formé des regroupements de contestataires de même sensibilité dans les centres urbains d’Amérique, en particulier à Boston et dans la ville de New York où la plupart d’entre eux s’étaient établis au milieu du 19e siècle. À l’origine, c’était des bandes de voyous disparates sans tête dirigeante, impliquées dans des vols mineurs et qui se bat-taient entre elles. Inévitablement, des individus charisma-tiques et audacieux se sont imposés comme les chefs de ces groupes et ont créé des bandes organisées d’Irlandais qui prenaient le nom de leur leader ou celui du quartier qu’elles contrôlaient.

Les premières bagarres irlandaisesAux États-Unis, bien avant l’arrivée des mafias italienne et sicilienne, c’était les membres de ces bandes qui, dans les années 1800, constituaient ce que nous appellerions au-jourd’hui le crime organisé. Derniers immigrants représen-tés sur le mât totémique, les « Paddies » 3 étaient considérés par leurs employeurs, nés en Amérique et habituellement anticatholiques, comme des rustres brouillons, ignorants et impulsifs. Sur les sites d’emploi dans le domaine de la construction, par exemple, des affiches indiquaient souvent Irish Need Not Apply 4. Cependant, loin d’être découragés par la rebuffade, les Irlandais bagarreurs choisirent simplement d’autres moyens de gagner leur vie, même illégalement.

Il va de soi que les villes devaient non seulement four-nir des emplois aux ouvriers, mais aussi des divertissements tels des bars illégaux, des bordels et des maisons de jeu. Certains des nouveaux arrivants irlandais savaient procurer rapidement ce type de distractions et des prêts usuraires à de pauvres types endettés jusqu’au cou. Ces activités impli-quaient le recours à des mesures coercitives en cas de non-

3 Surnom péjoratif donné aux Irlandais. Paddy est le diminutif de Patrick, leur saint patron. (NDT)

4 Inutile pour les Irlandais de présenter une demande. (NDT)

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« LA MAFIA IRLANDAISE N’EXISTE PAS »- Billy MacAllister

D’ARCY O’CONNORAVEC MIRANDA O’CONNOR

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Depuis les origines de la ville, l’extrémité sud-ouest de Montréal a formé une sorte de ghetto pour les travailleurs immigrés du siècle dernier, majoritairement des Irlandais. Enlisés dans la pauvreté, l’alcoolisme et la violence, avec peu d’espoir de s’en sortir par des moyens légaux, certains d’entre eux se sont tournés vers le monde interlope à la recherche d’un travail moins pénible et plus lucratif, au risque d’être maudits. Considé-rée par certains comme une sorte d’association coopérative hiérarchisée et très unie, et par d’autres comme une association de malfaiteurs peu structurée ayant de la difficulté à refuser un gain rapide, la mafia irlandaise de Montréal — surnommée le gang de l’Ouest — a réussi à organiser quelques-uns des vols et des activités de contrebande parmi les plus risqués et les plus logistiquement compliqués de l’histoire canadienne.

Depuis leurs débuts comme hommes de main pour la mafia italienne et juive, en passant par le tunnel creusé sous les coffres-forts d’une banque dans les années 1950-1960, jusqu’au légendaire vol d’un camion de la Brink’s et aux braquages de banques dans la décennie 1970, ses membres sont aujourd’hui célèbres pour leur rôle dans la contre-bande des narcotiques via le port de Montréal. Fournisseur en gros pour les motards et la mafia — en une seule opération, la GRC a saisi un chargement de 22,5 tonnes de haschisch destiné au marché montréalais — le gang de l’Ouest a été et demeure un élément important du milieu criminel par la création et le maintien de ses liens avec les cartels internationaux de la drogue.

Des criminels de tout calibre et de toute réputation défilent dans ces pages; il y va des braqueurs et narcotrafiquants violents comme les frères MacAllister aux machinations superbement complexes du « Roi du Port », Gerry Matticks, comme de la rencontre avec le charismatique « Roi de la coke » Dunie Ryan, son assassin Paul April et le successeur de Ryan, Alan Ross, surnommé La Belette. À l’aide de recherches d’archives, d’entrevues avec des enquêteurs de police, des membres emprisonnés du gang de l’Ouest et d’autres, D’Arcy O’Connor raconte la genèse et l’ascension de l’un des gangs les plus puissants, les plus redoutables et hauts en couleur : La mafia irlandaise de Montréal.

D’Arcy O’Connor est à la fois journaliste de carrière, scénariste, documentariste, auteur et vieux loup de mer. Il a collaboré à divers journaux en Amérique du Nord, dont les Wall Street Journal, Montreal Gazette, People Magazine et National Geographic; en Australie, le Daily Telegraph et l’Australian. Comme auteur, on lui doit entre autres The Money Pit (Putman), The Big Dig (Ballantine) et The Secret Treasure of Oak Island (Lyons Press). À titre d’adjoint à la production, il a participé à la réalisation de plusieurs documentaires, dont Oak Island pour ABC; Valour and the Horror, gagnant de trois Gémeaux, pour CBC/NFB; et The Ware at Sea, un docudrame sur le rôle du Canada dans l’Atlantique Nord au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il enseigne l’anglais et le journalisme à Dawson College. 9 7 8 2 8 9 7 0 5 1 0 2 0