La Maçonnerie Est-elle "Universaliste et supraconfessionnelle"

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La Maçonnerie est-telle "universaliste et supra confessionnelle" ? Un lecteur canadien qui a formé un petit groupe de réflexion s'est étonné que nous ne parlions jamais de la Franc-Maçonnerie. On pouvait penser que nous n'en avions pas une très haute opinion et c'était assez exact. Nous admettons certes qu'il ait pu s'agir d'une organisation initiatique authentique et n'avons pas de raison de contredire Guénon sur ce point essentiel. Cependant, nous en sommes resté à la thèse d'une " initiation virtuelle " et comme le comportement des Francs-Maçons guénoniens les plus en vue ne nous a pas paru spécialement édifiant, nous n'étions guère porté à y regarder de plus près. Cependant, il va de soi que nous ne pouvions pas adhérer à ces thèses, bien trop grossières des intégristes catholiques lorsqu'ils veulent réduire toute la subversion moderne à un " complot judéo-maçonnique ". Les Juifs n'ayant été émancipés qu'en 1791, et la Maçonnerie étant très divisée sur le bien-fondé de leur admission et si même leur influence n'est point tout-à-fait nulle à l'intérieur des loges, on ne peut adhérer à ce genre de cliché sans risquer de se couvrir de ridicule. Ceci étant, certaines circonstances imprévues nous poussent à rattraper notre retard en abordant, directement et sans trop de préambules, l'un des points les plus délicats soit le centre même des discussions maçonniques, à savoir les prétentions universalistes, spécialement lorsque l'on prétend recruter parmi les Juifs, pratiquants ou non. En suivant le fil d'Ariane... Il vient de se passer une chose imprévue comme nous le disions plus haut. Tout à commencé par une enquête sur la tentative de réhabilitation des Quakers par Jean Tourniac. Celle-ci nous a révélé d'abord les réelles motivations et la source d'inspiration protestante d'un philosémitisme (notoirement excessif) dont on peut supposer qu'il fut la cause de son éjection d'un certain Grand Prieuré. Après quoi, deux ouvrages sur Fatima ont attiré notre attention sur les conséquences lointaines de la rencontre des réformés et des néo-juifs marranes sur les rives de l'Amstel vers 1650. Il s'agit là de l'influence d'un " sionisme " protestant à travers le capitalisme anglais, puis anglo-américain, dans le genèse des deux dernières guerres mondiales. Nous pensions en avoir terminé, mais ce n'était pas le cas. Désireux de faire la synthèse de ce que Guénon a réellement dit de la Maçonnerie, nous fûmes dans l'obligation de consulter d'autres ouvrages. C'est alors que nous nous sommes rendu compte que la quasi totalité des maçons prétendument guénoniens ont récemment collaboré à une tentative de réhabilitation de cet Anderson que Guénon avait désigné comme un agent de la contre-initiation de sorte qu'il fallait surtout poser la question de savoir si oui ou non la Maçonnerie est bien "universaliste et supra confessionnelle" en dépit de sa nature chrétienne. C'est ainsi que l'élucidation du " complot maçonnique " conçu au bénéfice des réformateurs de 1717 nous a fourni, accessoirement, l'explication de la campagne de calomnies que la revue Vers la Tradition a orchestrée à l'encontre de Marcel Clavelle, alias Jean Reyor. Puis, après avoir élaboré nos propres réponses aux questions que nous nous posions en rapport avec la Maçonnerie, nous avons constaté que cet auteur nous avait précédé dans nos propres déductions. Pour finir, on constate que les solutions données dans le bulletin ndeg. 15 de la Loge Villard de Honnecourt touchant aux origines judéo-chrétiennes de la Maçonnerie marquent un net recul par rapport à certains éclaircissements qu'on peut tenir pour acquis depuis au moins vingt ans ! Il vaut la peine, croyons-nous, de soumettre nos observations aux hommes de bonne volonté. Un témoin de la dégénérescence de la Maçonnerie

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Reflexion sur la réalité maçonnique, son exigence et son être propre.

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La Maçonnerie est-telle "universaliste et supra confessionnelle" ?

Un lecteur canadien qui a formé un petit groupe de réflexion s'est étonné quenous ne parlions jamais de la Franc-Maçonnerie. On pouvait penser que nous n'enavions pas une très haute opinion et c'était assez exact. Nous admettons certesqu'il ait pu s'agir d'une organisation initiatique authentique et n'avons pas deraison de contredire Guénon sur ce point essentiel. Cependant, nous en sommesresté à la thèse d'une " initiation virtuelle " et comme le comportement desFrancs-Maçons guénoniens les plus en vue ne nous a pas paru spécialementédifiant, nous n'étions guère porté à y regarder de plus près. Cependant, il vade soi que nous ne pouvions pas adhérer à ces thèses, bien trop grossières desintégristes catholiques lorsqu'ils veulent réduire toute la subversion moderne àun " complot judéo-maçonnique ". Les Juifs n'ayant été émancipés qu'en 1791, etla Maçonnerie étant très divisée sur le bien-fondé de leur admission et si mêmeleur influence n'est point tout-à-fait nulle à l'intérieur des loges, on ne peutadhérer à ce genre de cliché sans risquer de se couvrir de ridicule. Ceci étant,certaines circonstances imprévues nous poussent à rattraper notre retard enabordant, directement et sans trop de préambules, l'un des points les plusdélicats soit le centre même des discussions maçonniques, à savoir lesprétentions universalistes, spécialement lorsque l'on prétend recruter parmi lesJuifs, pratiquants ou non.

En suivant le fil d'Ariane...

Il vient de se passer une chose imprévue comme nous le disions plus haut. Tout àcommencé par une enquête sur la tentative de réhabilitation des Quakers par JeanTourniac. Celle-ci nous a révélé d'abord les réelles motivations et la sourced'inspiration protestante d'un philosémitisme (notoirement excessif) dont onpeut supposer qu'il fut la cause de son éjection d'un certain Grand Prieuré.Après quoi, deux ouvrages sur Fatima ont attiré notre attention sur lesconséquences lointaines de la rencontre des réformés et des néo-juifs marranessur les rives de l'Amstel vers 1650. Il s'agit là de l'influence d'un " sionisme" protestant à travers le capitalisme anglais, puis anglo-américain, dans legenèse des deux dernières guerres mondiales. Nous pensions en avoir terminé,mais ce n'était pas le cas. Désireux de faire la synthèse de ce que Guénon aréellement dit de la Maçonnerie, nous fûmes dans l'obligation de consulterd'autres ouvrages. C'est alors que nous nous sommes rendu compte que la quasitotalité des maçons prétendument guénoniens ont récemment collaboré à unetentative de réhabilitation de cet Anderson que Guénon avait désigné comme unagent de la contre-initiation de sorte qu'il fallait surtout poser la questionde savoir si oui ou non la Maçonnerie est bien "universaliste et supraconfessionnelle" en dépit de sa nature chrétienne. C'est ainsi que l'élucidationdu " complot maçonnique " conçu au bénéfice des réformateurs de 1717 nous afourni, accessoirement, l'explication de la campagne de calomnies que la revueVers la Tradition a orchestrée à l'encontre de Marcel Clavelle, alias JeanReyor. Puis, après avoir élaboré nos propres réponses aux questions que nousnous posions en rapport avec la Maçonnerie, nous avons constaté que cet auteurnous avait précédé dans nos propres déductions. Pour finir, on constate que lessolutions données dans le bulletin ndeg. 15 de la Loge Villard de Honnecourttouchant aux origines judéo-chrétiennes de la Maçonnerie marquent un net reculpar rapport à certains éclaircissements qu'on peut tenir pour acquis depuis aumoins vingt ans ! Il vaut la peine, croyons-nous, de soumettre nos observationsaux hommes de bonne volonté.

Un témoin de la dégénérescence de la Maçonnerie

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Si notre étude nous a révélé qu'une rencontre géographique explique lesaffinités et les convergences que l'on observe encore entre le " sionisme "propre à certaine mentalité juive moderne et sa transposition " généraliste " ausein de la mentalité protestante anglo-américaine sous la forme plus diffuse dumondialisme, nous n'adhérons nullement, comme nous l'avons déjà indiqué, à lathèse du " complot judéo maçonnique " dont parlent, à tout bout de champ lesintégristes en général et les intégristes catholiques en particulier. Toutefois,l'introduction des Juifs dans la Maçonnerie est bien une innovation apparue dansle sillage du protestantisme anglais et il s'agit bien d'un témoin, c'est-à-dired'un signe indubitable de la dégénérescence de la Maçonnerie étant entendu quecette dégénérescence réside seulement dans le fait d'avoir ouvert une sociétéinitiatique spécifiquement chrétienne à des non chrétiens[1]<outbind://882/#fn0> .

Ce n'est donc point la personnalité ou l'action des Juifs à l'intérieur de laMaçonnerie qui a déterminé sa dégénérescence, c'est le fait même d'avoir prisune décision indiquant que l'on ne comprenait plus la nature véritable del'Ordre. Car tous les auteurs s'accordent à reconnaître que les Old Chargesprescrivaient la fidélité à la Sainte Église et autres conditions impliquant lerattachement au christianisme et plus spécialement à l'Église catholique. Quantà la thèse du " complot judéo-maçonnique ", elle entraîne tropd'invraisemblances. Les sociétés secrètes vouées à l'activisme politique n'ontjamais été la cause de la subversion générale mais plutôt l'une de sesconséquences. Elles sont devenues, à leur tour, des facteurs d'aggravation maisdans le cas de la Maçonnerie, la diversité des obédiences et la pluralitéd'opinions en leur sein s'opposaient à ce que ces obédiences deviennent la choseexclusive des Juifs bien qu'elle aura pu rendre occasionnellement des services àceux qui ont accepté ce mondialisme au sein duquel leur personnalité propre nepeut guère que se dissoudre au profit d'une vague " religion naturelle ".

Finalement, si la Franc-Maçonnerie soulève tant de problèmes c'est d'abord àcause de ses prétentions " universalistes " et " supra confessionnelles ". Resteà déterminer si prétentions ont été réellement soutenues par Guénon.

Les ambiguïtés guénoniennes

Guénon s'est montré ambigu à cet égard mais s'il est délicat de répondre à laquestion de savoir quelle était sa position exacte sur ce point, ce n'estassurément pas chose impossible. Sans doute faudrait-il admettre que l'ambiguïtéprovient d'un certain " recul " sensible dans le temps. Il peut sembler que lesvertus " supra confessionnelles " de la Maçonnerie actuellement professées parl'immense majorité des guénoniens découleraient de son caractère initiatiquemais peut-on soutenir qu'à ce niveau on pourrait mélanger les formestraditionnelles sous prétexte qu'on est dans l'ésotérisme ? Marcel Clavellelui-même l'a cru dans le milieu des années 50 mais il a varié ensuite. Si doncl'on pouvait accorder à ses calomniateurs quelques excuses, il faudrait malgrétout observer ceci : ce n'est pas tant de la nécessité de l'exotérisme dont ilaurait fallu parler mais de l'impossibilité de recourir à un exotérisme qui nesoit pas en harmonie avec l'ésotérisme concerné !

L'impossibilité du mélange des formes

Nous tenons pour acquit l'impossibilité de mélanger les formes traditionnellesentre les niveaux de exotérisme et celui de l'ésotérisme et ce qui nous surprendc'est qu'on ne soit pas arrivé à une telle conclusion bien avant la mort deGuénon ! Cette nécessaire unité de langage s'impose pour des besoins de

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cohérence psychique car l'initiation est d'abord virtuelle avant de devenireffective. Les bouddhistes[2] <outbind://882/#fn1> et autres orientaux n'ontassurément rien à faire dans la Maçonnerie. En va t-il de même pour les Juifs ?La question est plus délicate en raison même de la présence d'un ésotérisme deprovenance judaïque dans la Maçonnerie. Cependant, il suffira de montrer que cedépôt vient du christianisme originel pour conclure que les Maçons chrétiensn'avaient nul besoin des Juifs pour le rendre " opératif " car à supposer qu'ilait perdu cette faculté, ce ne sont point des israélites plus ou moins gagnéspar l'esprit séculier qui auraient pu la lui restituer...

Les dessous de l'" Affaire Reyor "

Nous devons à Clavelle/Reyor la solution de ces questions que bon nombre deMaçons continuent à se poser sur la datation des éléments judaïques de laMaçonnerie. Pour cet auteur, elles ont été transmises à l'origine même duchristianisme. Il a apporté de nombreuses indications dans ce sens. Elle serontrappelées en annexe.

L'affirmation du caractère originel des éléments judaïques de la Maçonnerieallant à l'encontre du philosémitisme militant de M. Tourniac, il ne sera pasdifficile de comprendre pourquoi Denys Roman et son alter ego, apparaissentcomme étant à l'origine de certaines calomnies lorsqu'elles s'acharnent àdiscréditer une entreprise ayant consisté à rééditer, en les groupant, lesarticles de M. Clavelle : le fait d'avoir rendu plus accessibles ces articlesest une sérieuse menace quant à la crédibilité de la thèse de l'" universalisme" puisqu'elle s'y trouve ouvertement mise en pièces !

Ce n'est pas en répandant de fausses rumeurs à base de " donjuanisme " que l'onpouvait réussir à faire taire M. Clavelle. Les " moeurs " d'un individu ne sontà prendre en considération que dans la mesure où il peut être prouvé qu'ellesn'ont pas été sans conséquence sur sa " doctrine ". C'est la cas chez Schuon.Dans celui de Reyor, son exigence en faveur d'un rattachement obligatoire desMaçons à l'exotérisme chrétien, ce que n'admettent pas ses adversaires, iraitplutôt à l'encontre de la thèse d'une vie dissolue quand bien même cela neserait point une garantie.

Nous croyons devoir signaler un détail qui paraît avoir échappé à ses ennemis :son nom même dérive à n'en pas douter du latin clavis, (clef) ce qui nousinterdit de vouloir en faire un " diable ". Nul doute, que Clavelle a levé pasmal de lièvres et qu'il faudra bien se résoudre à y regarder de plus près.

Un auteur pour lequel nous avons de l'estime compte employer son énergie àpublier certaines mises au point au sujet de l'ésotérisme chrétien. Nousespérons qu'il voudra bien s'exprimer sur les présentes observations.

Quand l'"universalisme" tend à devenir une "décharge publique"

Nous avons bien l'impression que les prétentions par trop universalistes de laMaçonnerie actuelle la condamnent en quelque sorte à devenir, sous prétexte devouloir être une " arche ", un gigantesque " dépotoir " ! Nous croyons qu'encette matière, il faut raisonner d'abord par élimination. Transformer laMaçonnerie en une gigantesque " poubelle ", cela se peut envisager de deuxmanières. Mélanger les méthodes de travail en mêlant les traditions (et lesindividus non qualifiés) en un tout composite en est une. Nous avons exclud'emblée toute possibilité de mélange d'abord entre les traditions d'Orient etd'Occident. Ce point étant acquis, nous voyons la Maçonnerie prétendre avoir

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rassemblé des vestiges provenant non seulement de l'ésotérisme judaïque maiségalement de l'orphisme, du pythagorisme, voire de la tradition égyptienneprésente à travers un certain hermétisme. Si " universalisme " il y a, celui-ciest tout-à-fait relatif puisqu'il se limite à des vestiges de traditionspurement occidentales.

Nous admettons que la Maçonnerie est bien l'héritière de dépôts (et non point undépotoir) cependant qu'il conviendrait d'utiliser le balai là où cela seraitnécessaire. En d'autres termes, la fonction récapitulative de la Maçonnerie[3]<outbind://882/#fn2> fait partie de ses aspects légitimes, sous réserve dedemeurer exclusivement chrétienne et de pouvoir faire le ménage qui s'impose àl'intérieur des fantaisies individuelles venues se nicher dans le bric-à-bracdes hauts grades. D'une part, nous ne sommes pas qualifié pour le faire etd'autre part, il faudrait sans doute commencer par des choses plus simples. Nousne nous occuperons donc pas de cela et nous nous bornerons seulement à évoquerau passage le problème posé par certaines prétendues " substitutions ".

Où sont les Franc-Maçons guénoniens ?

Les Francs-Maçons guénoniens se distinguent-ils réellement de leurs autresconfrères lorsque ces derniers suivent les conventions générales inhérentes àl'esprit séculier ? Ce qui nous a frappé c'est que l'on ne parvient pas vraimentà distinguer les Francs-Maçons d'esprit guénonien sauf lorsque l'on les connaîtpersonnellement et que l'on sait que MM. Maugy et Tourniac sont loin d'avoirfait l'unanimité.

Ce qui est étrange, c'est qu'aussi bien les Maçons spiritualistes que ceux quisuivent les tendances les plus séculières paraissent s'être entendus pourprouver, quasiment de concert, qu'aucune obédience n'a réellement perdu leminimum de caractère traditionnel qu'il lui fallait pour conserver uneinitiation fut-elle seulement " virtuelle ". On est bien parvenu à ce résultatmais qu'en t-il des intentions ? Le juridisme moderne s'est gendarmé pourinterdire ce que l'on appelle les " procès d'intention " mais nous ne lesuivrons pas dans ses réquisitions car c'est justement en se privant d'unefaculté inhérente au discernement des esprits que l'on en arrive sous prétextede probité, à faire le jeu du " Système " dont la Maçonnerie peut n'être qu'uninstrument parmi beaucoup d'autres. Ainsi, quand on voit que personne parmi ceuxqui ont la faculté de s'exprimer n'a vraiment intérêt à ce que cela change etqu'au total certaines directions se complétent dans leurs effets, on est bienobligé de conclure à la trahison plus ou moins consciente de certains "guénoniens ".

L'attitude convergente à l'égard d'Anderson des prétendus guénoniens et de ceuxqui ne le sont pas est un signe car nous montrerons qu'il n'y a aucunedifférence entre la vision d'un juif modéré et assez ordinaire comme GeorgesMalfait[4] <outbind://882/#fn3> , celle d'un Tourniac ou celle d'un PasteurViot. Finalement, tout le monde s'accommode du " progressisme" indubitable desConstitutions d'Anderson et les " spiritualistes " ne se distinguent des "socialistes " du Grand Orient qu'en voulant conserver un peu plus de ceséléments chrétiens qui en fait leur servent d'alibis pour une action qui sansêtre ouvertement politique ne gêne nullement les manoeuvres des frères vouésexclusivement à un activisme purement philanthropique ou du moins considérécomme tel !

L'acceptation des Juifs est-elle légitime ?

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La réponse est, pour toutes sortes de raisons négative car si l'on avait voulu,pour complaire à l'esprit du siècle, prétendre travailler à l'amélioration deleur sort, il aurait suffi de les admettre dans des sociétés paramaçonniquestelles ces fraternelles qui sont réservées, dans la Maçonnerie spéculative parexemple, aux discussions purement corporatives entre représentants d'une mêmeprofession. En évitant ainsi la confusion du travail rituel avec l'actionsociale (nullement mauvaise en soi,) on aurait fort bien pu parvenir, sansmélanger les genres, à des résultats tout aussi positifs, si tant est qu'il enexiste. Mais en ne donnant pas aux Juifs l'accès, non pas tant aux loges maisaux temples qu'elles abritent, on s'est persuadé, parce qu'ils risquaient decroire que l'on allait y comploter sur leur dos, que leur " émancipation " neserait pas complète. Ne leur a t-on pas donné l'égalité en leur donnant accès,sans réserve, à la libre entreprise dans tous les domaines ? La faculté pour lesJuifs de se faire initier dans la Maçonnerie devrait normalement avoir pourcorollaire l'entière liberté pour les chrétiens de retourner au judaïsme s'ilsen ont l'envie. Or, il se trouve que pour de justes raisons, les rabbinsn'admettent pas de convertis sans se faire longuement prier.

Quant à la thèse selon laquelle les Juifs n'ont pas leur place dans laMaçonnerie (ou le Compagnonnage), elle dérive, en premier lieu, de deuxconstatations élémentaires. Premièrement, le symbolisme en usage dans laMaçonnerie nous dit que, pour construire le Temple, Salomon du faire appel à desouvriers étrangers, au nombre, dit-on, de 80 000. On explique cela par le faitque les israélites étant des nomades, ils n'avaient point l'expérience de laconstruction en dur et que de toutes façons certains interdits limitaientl'usage qu'ils pouvaient faire de la pierre ou des métaux.

Dans ces conditions, la honte serait, pour un peuple de prêtres, d'identifier etde mêler son destin à celui de " travailleurs immigrés " ! La noblesse du peupleélu lui impose, à cet égard, l'abstention pure et simple... On pourrait doncdéduire de ce qui s'est produit en Angleterre que les Juifs ayant cru bon devoiraccepter d'embrasser une vocation nettement inférieure à leur " statutontologique " se sont bornés en tout et pour tout à se déclasser eux-mêmes. Ilaurait peut-être fallu comprendre que les " immigrés " engagés par Salomon,correspondent aux Gentils en général et aux chrétiens en particulier dont lafonction, selon le symbolisme constructif, consiste à travailler pour la gloired'Israël. D'autre part, en voulant anticiper, à travers les multiples formesplus ou moins caractérisées du sionisme, sur la résolution d'un état de choserelevant de la Parousie, les Juifs entrés en Maçonnerie ne peuvent guère queperdre cette " identité " à laquelle ils tiennent tant. Et nous sommes bien sûrqu'il se trouvera parmi eux des personnalités pour abonder dans notre sens.N'oublions pas qu'une nouvelle tendance se fait jour parmi eux en faveur de ladiscrétion 5et qui admet qu'en France les Juifs jouissent d'une conditionpaisible en dépit d'affaires ridicules que l'on a monté en épingle.

Les limites à l'universalisme maçonnique

De toutes façons, les études historiques convergent pour dire que les anciensdocuments, et en particulier les Old charges, réservaient exclusivementl'initiation maçonnique, non pas seulement à des chrétiens, mais aux seulscatholiques. Par extension et transposition, on pourrait seulement admettre lalégitimité de dispositions comparables étendues aux orthodoxes ou plusprécisément aux fidèles de toutes les églises apostoliques régulières, laMaçonnerie pouvant se permettre, à la rigueur, d'ignorer le Schisme afin decontribuer à l'unité du monde chrétien, ce qui ne serait déjà pas si mal...

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Les Old charges dont on parle tant avec tant de dévotion parmi les guénoniens nefont aucun doute quant au caractère spécifiquement chrétien de laFranc-Maçonnerie ou du Compagnonnage des origines. On ne voit pas pourquoi cesdispositions auraient dû changer en cours de route pour s'accommoder au goût dujour[6] <outbind://882/#fn4> . Toutes les raisons que l'on invoque s'apparententnécessairement à celles qui ont déterminé la mentalité protestante (doncandersonienne) lorsqu'elle est soucieuse de briser certains particularismes pourles besoins de son propre commerce. Nous n'avons que faire des " bons sentiments" des modernes et si Jésus-Christ nous a donné comme repoussoir les pharisiens,c'est-à-dire les formalistes hypocrites et les marchands qui adoptent volontiersles apparences de la soumission pour pouvoir faire leurs sales coups en douce,ce n'est point pour que nous l'oublions.

L'Église et la Franc-Maçonnerie

On a rempli, du côté des guénoniens, des livres entiers au sujet des rapports dela Franc-Maçonnerie et de l'Église sans arriver, du moins à ce qu'il nous asemblé, à faire progresser la question d'un pouce. On revient toujours sur cettehaine du secret dont l'Église aurait fait preuve mais on oublie un peu trop dedire que si la Franc-Maçonnerie n'avait pas dérivé vers un "judéo-protestantisme " socialisant plutôt qu'initiatique, cette même églisen'aurait sans doute pas mis l'accent sur un secret qui ne risquait guère de luiporter tort car si l'on en croît Guénon, les loges opératives se devaientd'avoir un prêtre pour leur servir de chapelain donc de confesseur attitré. Cecidémontre, à notre sens, une osmose réelle entre la Franc-Maçonnerie des origineset le christianisme dit exotérique. Il est vain de perdre son temps sur le faitde savoir comment on pourrait rapprocher les uns et les autres : laFranc-Maçonnerie et l'Église étant tout aussi dégénérées l'une que l'autre, iln'y a pas de solution en l'état et c'est à chacun de prendre ses responsabilitésà ses risques et périls. Guénon a cependant affirmé ultimement la possibilitéd'un redressement[7] <outbind://882/#fn5> .

Le seul problème dont il est utile de débattre, quant aux rapports de l'Égliseet de la Franc-Maçonnerie, est celui se rapportant aux rapports de l'exotérismeavec l'ésotérisme. La perspective définie par Guénon sur le modèle de l'Islam,où les confréries initiatiques sont nettement séparées, l'a incité à projeter cepartage de compétence juridictionnel sur le christianisme. Si l'on admet que lechristianisme a été ce qu'il devait être, il s'agirait bien d'une " projection", ce qui exclut la thèse de l'exception. Cependant Guénon a vu là une anomalie.

Il faut admettre que Guénon a été pédagogiquement assez maladroit lorsqu'il aprétendu que le christianisme avait perdu très tôt son caractère initiatique aupoint que l'Église de Pierre est apparue à certains comme tenant sa légitimitéde la Maçonnerie alors que cette dernière, du point de vue de Rome, ne pouvaitapparaître comme un " complément " légitime que dans la mesure où lesorganisations initiatiques resteraient subordonnées à sa juridiction en selimitant à une sorte de supplément moral portant seulement sur l'exercicespiritualisé du métier.

En vérité, il n'y a sans doute pas d'autre solution que celle qui consiste àenvisager la symbiose de l'exotérisme et des organisations initiatiques commeformant le christianisme intégral. Sur ce point, le modèle bouddhique est assezéloquent. Le Bouddhisme offre des points de vue variables quant à leur caractère" initiatique " et celui qui est accoutumé au Mahayana et au Vajrayana a bien dumal à considérer le Bouddhisme dit originel comme étant seulement orthodoxe. Lecas de Guénon étant typique à cet égard... Mais si l'on prend en considération

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les dires des hiérarques, la conscience de l'existence d'un point de vueinitiatique, c'est-à-dire d'une métaphysique, peut paraître inexistante et laprésence d'une telle perspective ne se déduit guère que d'une " traduction "tant la préservation de toute espèce de vie, celle des cafards et des verssolitaires par exemple, a pu prendre un tour obsessionnel[8]<outbind://882/#fn6> .

En fait, ce qui pose un problème réel c'est que Guénon, tout en ayant parudénier toute caractéristique initiatique à l'enseignement et aux sacrements del'Église a malgré tout exigé des Francs-Maçons un rattachement à l'exotérisme.Comment pouvait-il faire autrement dans la mesure où il s'agissait d'un landmarkattesté unanimement par les Old Charges ? On exagère beaucoup en suggérant quece serait une nouveauté que Clavelle serait parvenu à lui imposer contre songré. Mais le fait est que Guénon semble avoir eu beaucoup de mal à rédiger sonarticle sur la nécessité d'un rattachement à l'exotérisme.

Nous avons cependant de bonnes raisons de penser que l'on ne peut parvenir à unevue plus claire de cette question qu'en faisant abstraction du jeu plus ou moinssournois des Marco Pallis et des Schuon quant à leurs prises de position sur lechristianisme. Il faut voir d'abord les motivations et la " haine quasipsychiatrique " que Schuon a vouée à Guénon ne peut que l'avoir fait déraillerpuisqu'il apparaît qu'il a tenu, avant tout à se singulariser, d'une façon quiapparaît finalement comme tout-à-fait artificielle lorsqu'il prétend reléguerl'oeuvre de Guénon dans le domaine de la théorie. De toutes façons, sur lanécessité de l'exotérisme, l'un et l'autre sont d'accord à ceci près que Schuona fini, comme nous l'avons démontré, par sombrer dans un moralisme exacerbé etses prétentions initiatiques l'auront au total conduit à confondrel'exhibitionnisme avec la primordialité. Et c'est là une autre histoire...

En conclusion sur le point évoqué, la seule chose à considérer c'est letémoignage de la " tradition " car personne ne peut la réfuter et surtout pas aunom de Guénon. On en revient donc toujours aux prétentions " universalistes " dela Maçonnerie, des prétentions erronées que cette dernière propose de se mettreà la disposition des non-chrétiens.

Origine et rôle de l'ésotérisme hébraïque dans la Maçonnerie

On a le choix, entre plusieurs thèses : Ou bien les vestiges d'ésotérismehébraïque que l'on discerne dans la Maçonnerie lui ont été communiqués par lechristianisme originel a qui ils avaient été transmis en propre, ou bien ils ontété acquis en cours de route, plus ou moins tardivement, et dans ce dernier casils seraient fort suspects. Dans le premier cas, on pourrait admettre qu'ilsappartenaient plus spécialement à la Maçonnerie, ainsi qu'à d'autres initiationscomparables, de les faire fructifier en les réservant à une catégorieparticulière de chrétiens qualifiés. Dans le second, il ne pourrait s'agir qued'un mélange de formes traditionnelles car on ne voit pas pour quelles raisonsune chose qui n'aurait pas été présente à l'origine deviendrait subitementnécessaire. Certes, on cherche, parmi les prétendus guénoniens, à expliquer biendes choses en mettant les " nouvelles conditions cycliques " à contribution maisil convient de ne pas trop tirer sur cette ficelle...

M. Tourniac a attiré l'attention avec insistance sur le fait que lerapprochement survenu entre réformés et néo-juifs autour de 1650 pourrait être àl'origine de la Franc-Maçonnerie spéculative moderne, c'est-à-direobédientielle. Mais que voulait-il dire par là ? De toute évidence, il tientl'admission des Juifs dans la Maçonnerie comme une chose positive. Dans ces

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conditions, on ne peut lire sa suggestion que d'une seule manière. Attendu qu'ilne pourra pas récuser le caractère originel de la présence d'un ésotérismejudaïque dans la Maçonnerie, il est clair qu'il estime que l'admission des Juifsdans la Maçonnerie ne peut se comprendre et se justifier que si l'on endéduisait qu'elle aurait procuré une revivification. Mais si tel était bien lecas pourquoi prendre le risque de souligner que l'apparition de laFranc-Maçonnerie obédientielle que Guénon tenait pour une dégénérescence seraitliée à l'apport de Juifs puisque, dans cette dernière perspective, le résultataurait été finalement très négatif ?

La malice de M. Tourniac ne l'a pas empêché de se trahir et de se mettre en trèsfâcheuse posture et il finira par être reconnu pour ce qu'il est : un âne 9.

Le "catholicisme intégral" de l'Abbé Boon

On a publié, chez Dervy, un ouvrage intitulé Au Coeur de l'Écriture. Il s'agitdes méditation de l'Abbé Boon, un prêtre catholique d'origine hollandaise qui afait ses études théologiques au Séminaire de Nevers. Ceux qui ne disposeraientpas de cet ouvrage pourront toujours se reporter au volume IX/Ndeg. 4 deConnaissance de Religions où l'un des chapitres du livre a été repris. La noticebiographique y est d'ailleurs plus complète.

Ce livre pose le problème des relations justes entre l'exotérisme catholique etles méthodes judaïques d'exégèse. Toutes sortes de rumeurs ont circulé surl'éventualité d'un rattachement de l'Abbé Boon à une " lignée initiatique ".Nicolas Marin Boon est né le 20 mars 1920 à Leyde, sur les remparts où setrouvait aussi la maison natale de Rembrandt en qui Nicolas se découvrit unfrère selon le sang de l'esprit, le vrai sang. Plus tard, cet intérêt pourRembrandt orienta ses pas vers les quartiers juifs d'Amsterdam où il noua uneamitié avec un libraire israélite qui l'initia, nous ne savons comment, àcertaines merveilles de la littérature rabbinique.

Sachant cela, on ne peut pas manquer de faire certains rapprochements :Rembrandt, Amsterdam, un libraire juif ! Comment ne pas penser à l'AGLA et àMenasseh ben Israël l'imprimeur dont parle Tourniac ! Mais que savons nous del'AGLA ? Peu de choses mis à part ce que Charbonneau-Lassay et Luc Goustine enont dit. Reyor a rapporté les dires de Charbonneau-Lassay et on les trouve dansle second volume de ses articles repris par Arché touchant à l'ésotérismechrétien (p. 91). Il est question de l'Estoile Internelle ainsi que d'autresgroupements plus répandus au contraire, tel l'Agla, qui s'appuyait sur laKabbale juive et ont dépassé le cadre du dogme catholique et sont entrés deplain pied dans le domaine que la Sainte Église réprouve. C'est dans un de cesgroupements que fut acceptée une assimilation complète entre la Personne duSaint-Esprit et celle de la Vierge Marie.

L'AGLA est cité à titre d'exemple mais il n'est pas dit qu'il s'agit bien dugroupement ayant postulé en faveur de l'assimilation décrite. On peut cependantle penser. On note en effet des convergences étranges : l'appel que ressentitNicolas Boon se serait traduit par une intelligence subite du Mystère de laMaternité de Marie, auquel il avait été jusque la obstinément fermé. Si nousnous reportons au livre cité nous voyons que le chapitre final (ce peut être lepremier pour un esprit sémite) est consacré à Marie, Vierge et Mère. Dans cechapitre, l'auteur rapproche l'affirmation de Marie selon laquelle elle déclareêtre l'Immaculée Conception du fait que le Saint Esprit est l'acte deconception, la Conception tout court et l'assimilation prohibée par la SainteÉglise se trouve littéralement réalisée par le fait que la Vierge a pris le nom

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de son époux, à savoir l'Esprit Saint. Nous ne nous chargerons pas de déterminersi c'est là une hérésie mais nous ne pouvons nous empêcher de noter une parentéévidente avec le phénomène de déviation décrit par Charbonneau-Lassay.

Un autre point, tendrait à indiquer que l'oeuvre de Nicolas Boon serait une "émanation ", des doctrines de l'Agla. Il s'agirait d'une initiationd'imprimeurs. Dans la citation de Charbonneau-Lassay par Clavelle -l'information viendrait en effet du premier cité - ce détail n'est pas mentionnémais si l'on observe que Rembrandt, Menasseh l'auteur-imprimeur-éditeur et lelibraire juif ami de Boon alors étudiants aux Beaux-Arts relevaient du monde desArts Graphiques, le rapprochement devient très troublant. A plus forte raisonquand on s'aperçoit que l'Abbé Boon semble avoir destiné plus spécialement sesproductions à un groupe d'élus centré autour des Cahiers de Bourgogne.

La Bourgogne, comme cela est étrange ! Rappelons que Philippe le Hardi a acquisla Hollande (héritage des Wittelsbach) en 1394, que Charles le Téméraire a forméune alliance antifrançaise contre Louis XI grâce au concours de l'Angleterre etde la Castille... Quoique vassaux de la France et de l'Empire, c'est sous lerègne des ducs de Bourgognes que la bourgeoisie des Pays-Bas a pris conscienced'une culture propre avec Van Eyck et Van de Weyden, la puissance de ces princesreposant sur la concentration exceptionnelle des richesses économiques dans lesFlandres et le Brabant. La formation du bloc qui aboutira à la constitution duprincipal bastion des réformés devenus indépendants a donc commencé par latentative d'une restauration de la Lotharingie à partir d'une dissidencefrançaise.

Voyant cela, on ne peut s'empêcher de penser que certaines " influences " (audemeurant purement psychiques) pourraient bien continuer de suivre les mêmescheminements géographiques qu'autrefois. Dans cette perspective, la mise envedette des mystères frelatés de la Toison d'Or dans le numéro 54 de VLT,(mystères que Henry Montaigu aurait déclaré suspects dans La fin des féodaux) etla promotion de l'ésotérisme judéo-amstellois de l'Abbé Boon dans Connaissancede Religions à l'initiative de deux bourguignons pourraient bien s'interprétercomme des " signes " de remanifestation des dites " influences "...

Nous nous contenterons, pour l'instant, de suivre les bulles que provoquent, àla surface de la mare, les " grenouillages " contre-traditionnels, voirecontre-initiatiques sans chercher plus avant. Si le pavé que nous lançons àpartir de notre colline est assez gros, on finira bien par voir le fond. Nous nepouvons qu'être circonspect sur l'orthodoxie de l'Abbé Boon et il faut sedemander si la tentative de ses disciples de promouvoir les méthodes propres auxgloses talmudiques à l'intérieur du christianisme est bien légitime. Outre ladifficulté qu'il y a de savoir si l'auteur n'a pas mêlé à des points de vueorthodoxes des opinions qui lui étaient propres, nous avons bien des raisons depenser que sur un plan strictement méthodique, le " juridisme " auquel donnelieu ce système de glose serait assez incompatible avec l'esprit chrétien.

Ces procédés " numérologiques ", quoique valides dans leur ordre, à conditiond'en connaître toutes les données, procurent trop souvent l'impression derenforcer le légalisme tatillon imprégnant la tradition judaïque avec ses 613mitsvots au point que le caractère trop contraignant qui s'en dégage (et s'étendpar contrecoup à toute la sphère judéo-chrétienne) fait office de repoussoir. Enune époque où il faudrait au contraire faire aimer la religion en la dégageantde ce rigorisme et en mettant l'accent sur la saisie intuitive de laconnaissance doctrinale pour sa valeur transformante, nous sommes persuadé quel'esprit et l'intention droite seraient plus opérants. La caractère trop

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systématique des manipulations que Gil Emett a développées de son côté en osantécrire que les millions de divinités hindoues devront, en quelque sorte, seconvertir au monothéisme judaïque conduit à une véritable " fermeture "apparaissant comme l'antithèse de l'oeuvre de Guénon. Et ce qui nous consolec'est que lors du prochain pralaya devant suivre l'intervention du " Messie ",il n'y aura plus ni juifs ni chrétiens pour assimiler qui que ce soit ! Mais enattendant, il faudra bien se faire une raison en rongeant son frein.

Franc-Maçonnerie et Compagnonnage

Le Compagnonnage étant resté tout-à-fait opératif, Franc-Maçonnerie etCompagnonnage semblent faire double emploi... Ce à quoi des Maçons répondentqu'il n'en est rien. Ce sont deux initiations fort différentes bien que d'aprèsGuénon, le Compagnonnage est la continuation de la Maçonnerie opérative[10]<outbind://882/#fn7> .

Tout cela est un peu court et le problème se complique également du fait que laMaçonnerie ne prétend pas seulement être une initiation artisanale, donc deVaishas mais cette sorte de revendication est entièrement différente de sesprétentions universalistes. Cette double survivance ne peut se comprendre que sil'on admet qu'il existait plusieurs types d'organisations initiatiques au seindu Christianisme. Et si la Maçonnerie n'avait pas survécu sous sa formespéculative, il est bien possible que sans elle, on aurait quasiment perdu lesouvenir de l'existence des groupements hermético-mystiques dont a parléCharbonneau-Lassay.

Conclusions

Les orientaux n'ont pas grand chose à faire du bric-à-brac résiduel de laMaçonnerie. On nous objecte qu'il s'agit non de résidus mais de vestigesvivants. Mais nous avons souhaité que l'on nous montre des fruits de cette viemaçonnique et nous observons à cet égard que si l'Ordre nous a donné un Josephde Maistre, on chercherait vainement, à l'heure actuelle, des personnalitéscomparables. On nous a répondu à cela que l'exemple est mal choisi car lepersonnage est bien suspect. A franchement parler, nous n'osions pas vraimentnous l'avouer de peur de n'avoir plus personne à proposer. Certes, il est exclud'exposer en " vitrine " les initiés effectifs. mais il conviendrait de ne pasnous refaire le coup de Saint Thomas car c'est un peu trop facile. Il y a sansdoute des Maçons guénoniens qui ont tiré quelque chose de leur initiation maisnul ne pourra nous contester sérieusement si nous affirmons qu'il n'y en a plusguère parmi ceux qui tiennent le haut du pavé (mosaïque) en s'accrochant avecbec et ongles au perchoir que leur offre une certaine catégorie de gazettes...

Il conviendrait d'insister à nouveau sur ce qui a fait d'Anderson un agent de la" contre-initiation " tout en évitant d'en faire une sorte d'" agent juif ".L'un de nos correspondants a fort bien résumé la situation en écrivant ceci : endéfinitive, Tourniac est très clair sur les origines des plus suspectes de laMaçonnerie obédientielle. Et il ajoutait : au fond, remédier à la dégénérescencede la Maçonnerie reviendrait d'abord à répudier les faux principes obédientielsde pseudo universalité et à affirmer sa nature chrétienne (et non pas seulementses origines) et à tenter de restaurer les rituels, sans parler de la questionsdes méthodes opératives..

Il nous reste à demander aux F.-M. guénoniens s'ils sont bien d'accord sur ceprogramme. Le cas échéant, il leur appartiendrait de prouver que nous sommesinjuste à l'égard de M. Tourniac lorsque nous estimons qu'en dépit de ses

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subtilités, il continue l'oeuvre maléfique d'Anderson. Nous ne craignons guèred'être démenti sur ce point et si quelques uns osaient conclure dans le mêmesens, cela devrait suffire à réparer le trouble et à restituer aux milieuxguénoniens son honneur perdu. Il ne s'agit point de refaire le monde maisd'empêcher que les repères dégagés à grand peine soient à nouveau enfouis.

Dominique Devie

Les origines judéo-chrétiennes de la Franc-Maçonnerie. Travaux de la Logenationale de recherches Villard de Honnecourt, n° 15, 2ème semestre 1987.

Ce qui précède nous aura permis de débrouiller la question de l'"universalisme"de la Maçonnerie. Poursuivant notre enquête sur l'histoire de laFranc-Maçonnerie, nous avons inventorié ce volume que M. Tourniac a cité enreprenant son Véhicule biblique dans ses Paradoxes où l'on trouve tantd'indications intéressantes. Notons qu'à la page 256, il a posé une question :D'où sortait l'Agla de Rembrandt ? Frédérick Tristan, en reprenant la parole entant qu'animateur, nous paraît l'avoir voulu esquiver un peu trop rapidement ennoyant le poisson au profit d'un thème plus présent, les relations de l'Égliseavec la Maçonnerie... Cependant, la question reste posée[11]<outbind://882/#fn8> !

Une date symbolique : c'est le 16 juin très exactement dans la soirée que nousavons pris conscience subitement que les actes du colloque publiés dans cevolume sont le produit d'une inspiration commune, sans doute en grande partieinconsciente, à savoir la volonté de réhabiliter Anderson et ses Constitutions.Le 16, comme par hasard, correspond à la Tour foudroyée du Tarot dont lesymbolisme constructif, donc maçonnique, et plus spécialement babélique estévident ! Nul doute que si l'idée de " foudroyer " le babélisme maçonnique s'estimposée un 16 juin, ce ne saurait être l'effet du hasard... Nul doute égalementque la cible choisie ne soit une sorte de " complot maçonnique " dont laparticularité la plus saillante est d'être anti-guénonien. Que des guénoniens enaient été les principaux artisans, voire les instigateurs, ajoute du piment à lachose puisque cette trahison prend un tour nettement " antéchristique " et autotal les " scoops " ont toujours quelque chose à voir avec les trains quand ilsse cachent mutuellement...

Une démarche " constructive " : nous sommes bel et bien en train de jeter, nonpas un pavé dans la mare (on est encore dans le symbolisme constructif de lapierre taillée) mais un énorme rocher ! Autrement dit, une pierre brute dont ilfaudra bien se résoudre à tirer quelque chose si l'on veut s'en débarrasser. Etcomme cela vient d'une sorte d'" extraterrestre ", cette pierre à peinedégrossie risque d'être dure à digérer. Nous comptons, cela va sans dire, surles amis de M. Tourniac pour la resservir entre la poire et le fromage desagapes mensuelles de la GLNF... Cependant, nous avons bien conscience de ne pasdéranger seulement les partisans du philosémitisme militant de M. Tourniac maisl'ensemble des Francs-Maçons moyens qui ne peuvent guère se passer de leur "universalisme ".

Un autre " complot maçonnique ", à base de silence celui-là, est à prévoir :nous nous attendons à n'avoir que des échos plus ou moins étouffés de notreintervention comme lorsqu'il est arrivé que tel Grand-Maître parisien fut lacible d'une série de lettres anonymes. On en a parlé dans les bulletins, l'on en

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a trop dit et pas assez. Cette fois, nous avons des raisons de penser que l'onne dira rien du tout. M. Bayard a publié l'adresse du siège des principalesobédiences. La diffusion de cette charge se heurtera malgré tout à un sérieuxfreinage au sommet. Cela est heureux en un certain sens car cela permettrad'éviter que les mentions relatives à la question juive ne tombent entre demauvaises mains et soient exploitées, par suite d'une mauvaise compréhension oud'un désir de provocation, à des fins incompatibles avec l'esprit dans lequelnous les avons rédigées. Mais il est impossible, malgré tout, que ladite chargesoit totalement occultée car cette revue n'a jamais été réservée spécialementaux milieux maçonniques. Il convient pour être efficace de savoir programmer leschoses pour qu'elles fassent " long feu " , l'important étant que tout ce quidoit se consumer brûle à son heure...

Rôle respectif des artisans de la réhabilitation d'Anderson : bon nombre deprétendus guénoniens semblent être rattachés à la Grande Loge du boulevardBineau. Trois auteurs au moins paraissent s'être donnés pour tâche deréhabiliter Anderson : Jean-François Var, le Pasteur Michel Viot et M. Tourniac.Il faut ajouter Denys Roman, un auteur brillant et fort érudit en faitd'histoire maçonnique dont les talents auraient servi a renforcer la thèse "universaliste " dont nous savons qu'elle est fausse. Quant à M. Tourniac, laposition de ce dernier est telle qu'il ne peut guère que se permettred'exploiter plus ou moins discrètement les " pierres " mises à sa disposition aubénéfice de son propre philojudaïsme en tentant de les incorporer dans l'édificeinachevé, des études guénoniennes. Disons que si cela aurait dû attirerl'attention et susciter d'énergiques réactions le plus important n'est pas làcar la volonté de justifier l'admission des Juifs n'est guère qu'un symptômed'appel de la pathologie étudiée.

Rôle moteur de M. Var : Très caractéristique est l'attitude de M. Var quiannonce la couleur dès sa troisième page (119) en indiquant que l'entreprise dela Saint-Jean d'été 1717 apparaît comme exemplaire du processus bien connu etcaractéristique des sociétés traditionnelles décadentes, de retour aux origines,de restauration d'un passé conçu comme un âge d'or. Pour arriver à cela, il aimaginé la thèse suivante : le Big Fire de 1666 ayant nécessité unereconstruction rapide des deux tiers de la ville de Londres, toutes les règlescorporatives auraient volé en éclat d'où une désorganisation de la profession etconséquemment l'obligation de " rénover " la Maçonnerie. Il est difficile deprendre le contre-pied de la thèse de Guénon sur le rôle contre-initiatiqued'Anderson de façon plus explicite.

Crédibilité de la thèse d'une dégénérescence due au Big Fire de 1666 : M. Varn'a pas pris garde au fait qu'il a largement amputé la crédibilité de sa thèsed'un " retour aux sources " (p. 140-141) en rapportant l'hypothèse selonlaquelle la Grande Loge de 1917 s'expliquerait ainsi : quelques joyeux camaradesqui avaient reçu le grade de Compagnon (quoique de façon assez rudimentaire)résolurent de former une Loge à eux, pour se remettre en mémoire, en causant, cequi leur avait été enseigné autrefois ; ou, si cela se révélait impossible, ysubstituer quelque chose de nouveau qui pourrait plus tard passer pour de laMaçonnerie...

Mais M. Var ne risquait pas grand chose à avancer cela car pour comprendre cetteallusion, il faut la retraduire en termes moins diplomatiques. Nous avons dunous y reprendre en plusieurs fois pour comprendre comment cela pouvaitexpliquer la mise à l'écart de Wren, Grand Maître de la Très Ancienne etHonorable Fraternité des Maçons Francs et Acceptés. En somme, il faut réaliserdeux choses : les Maçons qui fondèrent la Grande Loge avaient reçu une

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initiation partielle comprenant seulement deux grades, ils voulaient faire de laMaçonnerie un genre de club littéraire de sorte que les vrais Maçons, quiavaient d'autres chats à fouetter, ont laissé faire en se désintéressant de lachose. Ils n'avaient sans doute pas prévu le succès à long terme de la nouvelleentité. Toutefois, la définition du phénomène comme venant de farceurs isolésest seulement allusive de son incomplétude, voire de son irrégularité puisque lacréation de la Grande Loge provient cependant de la fusion de quatre logespréexistantes ! Mais quelque soit la manière dont les choses se sont passées, lecaractère sommaire de l'initiation des acteurs en présence a offert à certainesinfluences le moyen d'imprimer un tour décisif.

Pour avoir une vue juste de ce qui s'est réellement passé, on peut se reporteraux travaux de Jean Barles que J.-P. Bayard a eu l'excellente idée de vouloiréditer chez Trédaniel. M. Barles a eu tort de vouloir faire de la Grande Loge de1717 le fruit d'un complot des protestants français contraint à l'exil par larévocation de l'Edit de Nantes en 1685. Néanmoins, son exploitation deséphémérides de Rebold fournit (p. 121-122) des indications décisives dont noustirons ce qui suit.

Le Big Fire de 1666 a suscité la mobilisation de Maçons bien au delà du ressortde la capitale albionique. Cependant rien n'indique que le métier ait étéréellement désorganisé. Les Wren étaient stuardistes donc à tendance " papiste". Mathieu Wren fut persécuté comme tel pendant 18 ans. Son neveu, Christopher(1632-1723) avait 85 ans en 1717. Dans ces conditions, il est compréhensiblequ'il ait pu " négliger " (Anderson, 1723, p. 109) quelques loges si ellesn'étaient plus tout-à-fait traditionnelles bien qu'il ait été le Maître detoutes celles de Londres. Ce sont sans doute les loges qu'il avait laissé sanscontrôle qui furent à l'origine du schisme. En tout état de cause, l'idée selonlaquelle ce schisme correspondrait à une tentative de " retour aux sources "s'avère n'être, de la part de M. Var, qu'une manipulation des plus éhontées.

La loge des Ancients : Le schisme de 1717 et les ruptures de 1723 et 1738 ontnécessité l'apparition en surface de la Loge des Ancients, en 1752. Cettedernière, qui était seulement moins dégénérée, a cru devoir compléterl'initiation des " modernes " qu'elle combattait et le processus s'est soldé parune " régularisation " générale lorsque ces loges concurrentes ont décidé defusionner en 1813. M. Var qui s'est attaché à la description de ce phénomène amontré que les discours de Laurence Dermott prouvent qu'il restait des élémentsvalides du côté de la Grande Loge. Sachant que cette fusion s'est soldée,spécialement en France, par une déchristianisation des rituels, déjà amorcée auXVIIIe siècle, nous dirons que le point de vue correct implique de considérerque la loge la plus intègre a été " piégée " et finalement absorbée par une logequi ne l'était que fort peu. Il se trouve que la Grande Loge d'Angleterre aconservé un caractère plus archaïque puisqu'il peut apparaître qu'Andersonserait resté plus fidèle au christianisme que certaines de ses ramificationsmais il s'agit là d'un " alibi " et le jeu de nos amateurs de colloques auraconsisté précisément à se méprendre plus ou moins intentionnellement poursauvegarder les velléités d'" universalisme " sur lesquels les uns et les autress'accordent. Seul, le R.E.R. (Rite Ecossais Rectifié) découlant de la StricteObservance allemande paraît avoir conservé sa spécificité chrétienne, ce quin'est nullement une garantie car on lui reproche certaines irrégularités. Que M.Tourniac soit allé se nicher de préférence au sein de ce R.E.R. pour y jouer sapartie, c'est-à-dire pour tenter de l'aligner au moins sur le " théisme " et lechristianisme de façade de l'actuelle Grande Loge d'Angleterre restée trèsandersonienne, c'est bien le moins qu'il pouvait faire...

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On juge l'arbre à ses fruits : au moins M. Var a t-il l'honnêteté de reconnaîtreque si la Maçonnerie des Ancients s'est infusée en 1813 dans la Maçonnerie desmodernes, la nouvelle obédience y a gagné à la fois pas grand chose et beaucoupde choses car il conclut que les rituels rétablis et uniformément imposés dansleur forme ancienne furent simultanément vidés de leur esprit ancien. Sachantqu'il est résulté de la fusion de 1813 une tendance générale à ladéchristianisation des rituels, professer ce qui précède tout en voulants'efforcer de prouver que l'entreprise mené par Anderson exprime un " retour auxsources " revient à scier la branche sur laquelle on voudrait pouvoir s'établir.Comme l'on est généralement pressé de s'asseoir avant d'avoir fini de scier,tout finit par casser avant que quiconque ait pu conforter quoique ce soit.Espérons que nous aurons su imprimer la secousse finale et que tout ce beaumonde va se retrouver les quatre fers en l'air...

Le conservatisme anglais : la mentalité anglaise est très particulière et ilfaut bien la connaître pour juger sainement. Nous avons pu dire, dans notreTempérament Musical qu'elle a eu surtout pour caractéristique de conserver cequi à l'intérieur de la tradition était le plus périphérique. Nous avions donnécomme exemple la réapparition, en plein XIXe siècle d'instruments de musique àdivision multiples comparables aux archiorgano et archicembalo fondée sur uneprétendue " gamme naturelle ", des instruments monstrueux que les Italiens de laRenaissance avaient abandonnés deux siècles plus tôt et ceci nous rappelle lesperpétuelles oscillations de l'Anglicanisme lorsqu'il voudrait concilier sesgoûts pour une hiérarchie à la manière papiste sans être assujetti à Rome...Nous verrons qu'il n'est pas possible de réhabiliter le " théisme " andersoniensans recourir à une bonne dose de talmudisme dévié, ce qui nécessite desolliciter l'historicisme et le littéralisme d'une façon bien trop voyante.

La dégénérescence de la loge des " Ancients " : quant à la Maçonnerie desAncients, elle n'était pas restée si chrétienne que cela et c'est le PasteurViot qui nous le dit. Elle avait fait une place aux Juifs sans que nul ne sachepourquoi. M. Var se contente de supposer que la Maçonnerie des Ancients avaitaccepté quelques Juifs tout en adaptant les prières maçonniques à leur usage,c'est-à-dire sans leur demander de renoncer à leur spécificité. Ce souci quel'on avait de renoncer à les convertir nous apparaît comme fort honorable maisnous ne voyons pas en quoi cela justifie leur présence dans une maçonnerieréputée encore opérative car si l'on a eu tort de s'imaginer que les Juifsfurent toujours des usuriers alors que quelques uns ont bel et bien travaillé laterre, il n'est pas établi qu'ils aient joué un rôle quelconque dans les métiersdu bâtiment. Il convient de rappeler, au surplus, que la Franc-Maçonnerie estchrétienne par nature. C'est là un fait qui nous interdit de chercher midi àquatorze heure !

En lisant ce que nous dit M. Var nous avons un peu l'impression que l'existence(non prouvée) de " loges juives " pourrait bien correspondre à une sorte de "Maçonnerie d'adoption " comme celle qui fut consentie aux femmes. Lorsque l'onsait que cette dernière n'est pas la cause du féminisme mais est devenu unpuissant vecteur de l'égalitarisme en général on ne peut certes pas en déduireque les Juifs présents dans la Maçonnerie mise à jour par Laurence Dermottétaient d'odieux conspirateurs mais cela indique très clairement que laMaçonnerie des Ancients et celle des modernes était, quant à l'esprit, assezsemblable quant à ce vers quoi toutes deux convergeaient.

L'" universalité " de l'ancienne Maçonnerie opérative : il est regrettable devoir que si M. Var a bien mis en évidence l'" universalité " de l'ancienneMaçonnerie opérative, il faut scruter attentivement le texte pour comprendre que

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cette universalité se limite aux différentes " religions " (nécessairementchrétiennes) en usage sur le vieux continent, celles dont parle les Old Chargesen désignant par là les différentes accentuations des rites et des coutumes desseuls chrétiens. Autrement dit, M. Var tout en ne contestant pas ce que nouslisons, s'est bien gardé de souligner explicitement que cette universalité dontparle Dermott n'a rien à voir avec celle qui prétend accueillir non seulementd'autres monothéistes, mais des bouddhistes et pourquoi pas des taoïstes et desPeaux-Rouges ! Il est bon de réaliser ceci : s'il s'agit bien d'une universalitéà l'intérieur du christianisme son contenu rend vaine la tentative deréhabilitation du Pasteur Viot au bénéfice d'Anderson, lorsque ce dernier veutprouver que l'évolution des Constitutions d'Anderson, de 1723 à 1738, estdemeurée chrétienne. En fait, on veut prouver qu'elle est demeurée " chrétienne" pour faire taire les partisans de la thèse guénonienne lorsqu'ils discernent,dans les altérations subies, la marque de la contre-initiation tout en voulantétablir une équivalence entre l'universalité chrétienne des Ancients et l'"universalisme " andersonien. Voyons comment on procède...

Historicisme et littéralisme au secours des Constitutions d'Anderson :

Ce n'est pas en démontrant qu'Anderson était un chrétien convaincu, voire unchrétien orthodoxe pour avoir bien glosé sur la Sainte Trinité que ceci l'auraempêché d'être le support d'influences hétérodoxes. En fait, M. le Pasteur Viots'est " coupé " en voulant appeler la grammaire à son secours pour essayer dedémontrer que la construction du texte indique qu'un athée ne peut être questupide et un libertin nécessairement irréligieux. La chose tombe sous le sens,ce qui revient à dire qu'il n'y a point une interprétation idéologique (celle deMagnette du Grand Orient de Belgique par exemple) qui s'opposerait à uneinterprétation correcte, celle qu'il défend, car M. le Pasteur Viot se montre, àla fin, partisan de cette Maçonnerie universaliste capable de rapprocher toutesles religions en son sein, une chose dont nous savons qu'elle n'était pas prévueau programme.

Pour distinguer cette Maçonnerie du " socialisme " quasi exclusif en usage ducôté du Grand Orient de France, il veut lui conférer, en application d'un desarticles de la Constitution de 1738, un caractère noachite[12]<outbind://882/#fn9> . La tentative ne manque point d'habileté dans la mesure oùon laisse supposer que ce noachisme tient son universalité de sa primordialité.Ce caractère (p. 197) se distinguerait d'une simple adhésion à une loi moralefaite de pures civilités impliquant loyauté et probité par le fait qu'elleimplique un agrément aux trois articles de Noé.

Trois ou Sept ? M. Tourniac est venu à la rescousse pour dire que la loi imposéeaux Gêrims dans l'ancien Israël comprend sept préceptes (p. 61). La loi moralecourante dans l'Angleterre de ce temps, donc la " morale chrétienne " ne peutpas se résumer à trois préceptes seulement. M. Tourniac escomptait, pour fairepasser cette bourde, sur le goût de nos contemporains pour des simplificationqui arrangent tout le monde lorsqu'il s'agit de tricher. Cependant, et puisqueM. Tourniac voudrait bien imposer aux loges un enseignement kabbalistiquecomplet, on lui fera remarquer que trois n'est pas sept et que lesapproximations d'Anderson étaient bien conçues pour faciliter le glissement verscette conception qui prévaut actuellement quand la Maçonnerie se trouve réduiteà de l'humanisme socialisant.

Théisme ou déisme ? M. le Pasteur Viot a essayé de nous prouver qu'au tempsd'Anderson l'idée même d'une loi morale universelle entendue au sens d'un vague" déisme " n'était pas concevable. Il se sert alors d'une remarque de Gilles

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Pasquier indiquant que croire cela impliquerait que Anderson n'ait pas lu laBible. Il ajoute qu'il y a d'autres éléments qui empêchent de retenir l'idée dudéisme. D'abord - précise dit-il, -, il faut savoir que lorsque l'on parle dudéisme en philosophie, on écarte l'idée d'une révélation en établissant unecontinuité entre Dieu et le monde, qui sont alors de même substance. Ce quirevient à nier l'idée de transcendance divine. En disant cela, il n'apporte pasd'" autres éléments ", il ne fait que développer l'idée de M. Pasquier sansprouver en quoique ce soit que la lecture de la Bible est susceptible, à elleseule, d'immuniser ses lecteurs contre ce qu'il aurait pu appeler, par soucid'économie le panthéisme ou l'immanentisme. Car il faut bien dire que fauted'avoir défini son propre théisme, qu'il oppose très artificiellement au "déisme " qui lui sert de repoussoir, la question n'a pas progressé d'un iota !Peut-être faudrait-il rappeler que théisme et déisme sont deux mots strictementéquivalents du point de vue de l'étymologie, le premier venant du grec et lesecond du latin...

Vouloir assimiler le " théisme " à une repromulgation de la loi noachide réduiteà trois points n'est guère qu'une pirouette sans conséquences car cette "religion " d'Anderson sur laquelle tous les hommes sont d'accords, c'est d'êtreHommes de Bien et Loyaux, Hommes d'Honneur et de Probité. Il n'a donc pas étéprouvé que tous les hommes d'Anderson étaient d'accord sur la primauté duchristianisme[13] <outbind://882/#fn10> et il s'ensuit que la définition de la" religion " dont il s'agit correspond bien à une simple morale contractuellesans souci de l'eschatologie qu'elle soit individuelle ou collective.

Il est vrai que le texte de 1738 précise que cela revient à s'accorder sur lestrois articles de Noé que l'auteur définit comme la reconnaissance d'un dieuunique, le refus de l'immoralité et le refus du sang versé et de la violence. Cequ'il faudrait pouvoir prouver c'est que la reconnaissance d'un dieu uniquesuffit pour échapper à des dérives à base de " déisme " voire de panthéisme. Iln'est que de se tourner vers les nombreux exemples que nous fournit le New Agequi ne manque pas de " monothéistes " pour être fixé sur l'absence totale devaleur normative d'une reconnaissance aussi vague. Vouloir insister sur uneconstatation aussi évidente ce serait faire trop grand cas des manipulationsdénoncées.

Finalement, nous ne sommes pas surpris de voir que la seule chose qui importaitau Pasteur Viot c'était bien de pouvoir dire que Anderson n'a pas trahi afin delouanger le rayonnement de la Maçonnerie anglaise !

La recherche des influences juives : Plusieurs auteurs, dans le cadre ducolloque, ont cherché à localiser une " influence juive " susceptibled'expliquer, selon eux, la présence de mots hébraïques dans les rituels de laMaçonnerie. Parlant d'" influence juive " nous avons en vue une thèse impliquantune judaïsation plus ou moins tardive des rituels. C'est bien à un tel phénomèneque fait allusion M. Tourniac lorsqu'il a cherché à intéresser ses confrères auxmystères de l'Agla de Rembrandt suggérant par là qu'à partir de 1650 environceux-ci auraient en quelque sorte légués à la Franc-Maçonnerie des complémentsjudaïques. Cela n'est pas dit ouvertement et pourra être nié, le cas échéant.Mais il n'en reste pas moins vrai que c'est bien ce que l'on voulait insinuer etnous dirons par la suite pourquoi.

Dans cette perspective, M. Lasalle évoque (p. 192) l'influence possible decommunautés juives du Midi et du Nord (Narbonne, Troyes, Rouen) à propos del'existence de mots d'origine aussi nettement talmudique et cabalistiquemontrant par là qu'il entend bien désigner ces communautés comme légataires

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d'ajouts. Il fait donc remonter cette judaïsation des rituels au XIIe siècle enindiquant, pour ceux qui ne veulent pas le suivre jusque là, une possibleinfluence venant de l'Espagne du XVe siècle, une proposition rejoignant la thèsede M. Tourniac.

Nous noterons, avant d'aller plus loin, que MM. Tourniac et Lassalle partagentune tendance, à notre humble avis plus que suspecte et manifestement erronée,celle consistant à avoir voulu séparer une coloration noachide des rituels d'unecoloration hiramienne qui serait plus tardive. Si l'examen chronologique desdifférents manuscrits paraît autoriser cette lecture, douteuse dans la mesure oùil peut y avoir eu des " trous " dans la documentation disponible, et si cettechronologie des thèmes mythiques parait coïncider avec la thèse d'une influencejuive relativement tardive, nous observons surtout que la tentative consistant àvouloir démontrer le caractère quelque peu " primordial " d'une inspirationnoachide exclusive a surtout pour but de conforter la thèse de la fidélitéd'Anderson aux anciennes Constitutions. Cependant, nous n'allons pas tarder àvoir, dans le cas de M. Tourniac, que tout cela est porteur d'étrangescontradictions venant en droite ligne de son compère et alter ego Denys Roman.Rappelons qu'il s'agissait d'un fonctionnaire qui triait le courrier destiné audiocèse particulier de l'une des " tours du Diable "...

Disons d'emblée que la thèse d'une influence juive relativement tardive, nousl'avons découvert seulement après avoir rédigé la critique du bulletin n° 15dont il est question présentement, est fausse car les éléments judaïques, commenous le montrerons à la fin, viennent du christianisme originel. Dans cesconditions, les apports juifs ne pourraient être envisagés que comme desconfirmations purement documentaires ou encore, ce qui serait plus grave, destentatives de glisser, dans la Maçonnerie, des éléments antitraditionnels ou dumoins hétérogènes.

La thèse de la " substitution " d'Hiram, l'altération du caractère universaliste(sic) et supra-confessionnel de la Maçonnerie par Anderson et le retour aunoachidisme : Il nous faut examiner les dires de M. Tourniac lorsqu'il parle du" Véhicule biblique " des rituels (p. 45). Il est vraiment contradictoire deconstater qu'Anderson, qui est accusé d'avoir en quelque sorte imposé lepersonnage d'Hiram à la Maçonnerie en remplacement d'Amon, ce qui aurait altéréson caractère supra confessionnel se trouve, dans un second temps, lavé de cettefaute pour avoir restitué par la suite à l'Ordre son noachidisme par lequel ilserait redevenu universaliste. Examinons cela attentivement.

Selon Denys Roman[14] <outbind://882/#fn11> , Anderson est taxé pour avoirsupprimé le personnage égyptien d'Amon, auquel on aurait substitué celui d'HiramAbif[15] <outbind://882/#fn12> , en vue dit-on d'altérer le caractèreuniversaliste et supra-confessionnel de la Maçonnerie. Le mot " universaliste "nous fait grincer les dents car l'on ne s'est même pas rendu compte qu'il estfoncièrement caricatural. Bien sûr, l'on ne nous dit pas comment la Maçonneriepourrait être " supra confessionnelle " tout en ayant été seulement chrétienne àl'origine. Notons en passant que le même auteur fait, à Willermoz[16]<outbind://882/#fn13> , le reproche d'avoir éliminé le personnage biblique deTubalcain. Là encore, sur ce point précis, c'est vraiment très contradictoirecar Hiram-Abif et Tubalcaïn ont un point commun : ce furent des métallurgistes !Si leur introduction dans la Maçonnerie devait être considérée comme suspecte,ce ne pourrait être qu'à ce titre...

Il y a plus étrange encore, l'on paraît vouloir faire toute une histoire de lasuppression d'une référence présentée comme une tentative visant à priver les

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grades " bleus " de toute référence à la noble tradition égyptienne[17]<outbind://882/#fn14> . Quoique le peuple élu ait eu des démêlés avec l'Égypteet que pour cette raison elle n'ait jamais été en grande odeur de sainteté, saufà partir de l'égyptomanie du XIXe siècle, ce regret surprend. Et il noussurprend bien davantage lorsque nous voyons que M. Tourniac finit pars'accommode aisément de la perte d'une référence égyptienne : comme lepythagorisme et la science égyptienne appartiennent au domaine de l'histoire, cesont donc les religions issues d'Abraham, toutes bien vivantes de nos jours, quivont animer spirituellement la Maçonnerie avec l'aide de leur livre sacré.

En d'autres termes, il faudra bien que l'on nous explique le prodige suivant :d'un côté, on fait mine de souscrire à la thèse de Guénon en relevant unealtération voulue par Anderson. On dénonce une " substitution " inexistante auprofit de la légende salomonienne d'Hiram alors qu'elle est parfaitementcompatible avec la présence de mots rituels hébraïques mais finalement, et envue d'un certain philosémitisme, on s'en accommode joyeusement au motif que lepythagorisme et la science égyptienne ne sont plus que des souvenirs "historiques ", supposés, comme tels, être purement décoratifs. Dans cesconditions, le lecteur va se demander en quoi la perte d'un élément mort aura pualtérer quoique ce soit en faisant perdre à la Maçonnerie son caractèresupra-confessionnel. A quoi rime encore ce cirque ? Il s'agissait de donner lechange en faisant mine d'être en conformité avec les indications de Guénon selonlequel Anderson fut bien un agent de la " contre-initiation ". Au total M.Tourniac prend de nouveau les enfants du bon Dieu pour ce qu'ils ne sauraientêtre car si Anderson avait coupé des branches mortes, quel mal y aurait-il àcela ?

Tous ceux de nos lecteurs qui voudront bien se reporter attentivement au textecité verrons que lorsqu'il s'agit de restituer à Anderson le mérite d'avoir enquelque sorte ressuscité l'ancienne Maçonnerie noachide et, comme telle,supposée " universaliste " et " supra confessionnelle ", M. Tourniac ne taritpas d'éloges. Encore faut-il savoir lire pour le constater ! Ce ne fut que plustard que les bases de la Maçonnerie anglaise devinrent " théistes ", dans lamouvance de l'universalisme des symboles, de l'unité centrale de l'ésotérisme etde la symbiose des deux Testaments et des deux peuples, le juif et le chrétien.Certes, il y a une contradiction apparente à vouloir se dire en même temps "chrétien " et " universaliste ", mais le vrai paradoxe serait plutôt de seproclamer disciple du Christ et de refuser les autres, le juif en particulier,puisque le Christ est juif de chair [...]

Où l'on voit M. Tourniac prôner l'" inceste " : C'est l'habituelle rengainesentimentale qui revient sur le tapis et l'on voit bien qu'à l'instar du PasteurViot, M. Tourniac nous indique clairement qu'il adhère à sa démonstration commeon le constate p. 51 lorsqu'il reprend une vieille scie voulant que le noachismene soit pas une simple religion naturelle, un vague " déisme " mais un " théisme" ce qui nous fait dire que tous les participants à ce colloque se sont entenduscomme larrons en foire pour ce qui est de réhabiliter Anderson. Et ce qui estvraiment extraordinaire, c'est qu'après avoir fait mine de reprocher à Andersonune " substitution " au profit de Hiram, on trouve le moyen de convenir que cetagent n'a pas éclipsé le Noachisme que la Maçonnerie n'est ni le judaïsme ni lechristianisme, mais les deux, et les unit en une seule chair (p. 51). Nous nousabstiendrons de gloser sur les désirs incestueux de M. Tourniac puisqu'ils sontcondamnés par la loi noachide qu'il rapporte (p. 61) et nous observeronsseulement que les uns et les autres sont passés maîtres dans l'art de manipulerles données existantes pour les faire servir à des projets qui n'ont du resterien de contradictoire car entre la Maçonnerie de M. Tourniac et celle du Dr

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Schnetzler il n'y a guère de différence si ce n'est que le premier revendique unpeu plus de place pour les Juifs. Y en a t-il beaucoup entre le socialisme duGrand Orient et le R.E.R. ouvertement judaïsant qu'il voudrait créer ?

Caractère de la Maçonnerie spiritualiste : On nous excusera de risquer uneanalogie qui va faire frémir dans les loges mais nous disons qu'il y a, entre laMaçonnerie qui a perdu ses invocations et ses prières (théistes ou déistes, celarevient au même) et celle qui en a conservé quelques unes, la différence qu'il ya entre le freudisme et le jungisme. Dans cette perspective, le socialismemaçonnique du Grand Orient, comme le freudisme, est moins dangereux puisque l'onsait à quoi s'en tenir sur ses limites. La comparaison, c'est évident, s'arrêtelà car il reste dans les diverses obédiences des vestiges vivants alors que lejungisme est une invention purement humaine quand bien même ses pratiquantsferaient état de " songes " plus ou moins symboliques[18] <outbind://882/#fn15>. Mais ou est la Maçonnerie traditionnelle dans tout cela, nous entendons cellequi pourrait se réclamer d'une stricte application des postulats fondamentaux deGuénon, les plus déterminants étant l'interdiction du mélange de formestraditionnelles et l'impossibilité d'un quelconque progrès ou évolution desorganisations initiatiques ? Elle existe dans l'esprit et le coeur de quelquesfrères isolés mais à en juger par ce qui transparaît dans les colloques et leslivres, on voit surtout que les " guénoniens " sont devenus des " collaborateurs", non point du nazisme, mais de l'Adversaire ce qui est assurément pire encorepuisque nul ne saurait revendiquer le monopole des " diableries " !

Où est l'opposition ? Tout ceci ne nous étonne plus guère. Ce qui est plusdifficile à comprendre, c'est encore de constater que l'on paraisse avoir laissépasser des démonstrations aussi inconsistantes sans protester. Nous avons luquelque part que l'un des auteurs mentionnés à écrit en substance que pluspersonne ne doute qu'Anderson ait voulu un " retour aux sources ". Anderson l'apeut-être désiré mais on sait que l'enfer est pavé de bonnes intentions etquoique l'on en dise, il est allé à l'encontre du but. Qu'importe le fait desavoir s'il a été un " agent " conscient ou non du rôle qu'il a joué en fait.Les résultats sont patents ! En voulant convaincre le lecteur que tous leschercheurs sérieux sont d'accords pour réhabiliter Anderson, on s'est borné, entout et pour tout, à tenter de dissuader les contradicteurs éventuels. Noussommes là dans le domaine du terrorisme intellectuel lorsqu'il consiste à tablersur le caractère dissuasif d'un étalage d'érudition pour bloquer la situation auprofit de thèses plus que douteuses. Mais il en faut un peu plus pour nousimpressionner.

Nous en étions là de nos réflexions quand nous avons découvert fortuitement quetout ce que nous avons relevé plus haut avait été réfuté une vingtaine d'annéesavant ce fameux colloque dont il vient d'être question. Cela fait quand même uneimpression bizarre quand on découvre après coup que les contributions prises endéfaut marquent un net recul ! Dans la chronique des Livres et des Revues nousfaisons le point au sujet des attaques orchestrées contre Jean Reyor et nousindiquons dans quelles circonstances nous avons été amené à prendre connaissanced'observations qui ruinent complètement les thèses de MM. Tourniac, Maugy, Var,Viot, Malfait et Cie lorsqu'ils se sont trouvés dans l'obligation de réhabiliterAnderson pour pouvoir essayer de paraître justifier la thèse de l'"universalisme supra-confessionnel " de la Maçonnerie. Un certain Aymon (aliasAndré Bachelet) s'est répandu dans VLT en calomnies sur le compte de Jean Reyor.Ce faisant, il a oublié que le méchant fait toujours une oeuvre qui le trompecar nous sommes ainsi fait qu'il suffit de s'acharner sur quelqu'un pour quenous pensions automatiquement que ce doit être quelqu'un de très intéressant à

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défaut d'être parfait. Ce qui est étonnant c'est qu'alors que nous neconnaissions pratiquement rien à la Maçonnerie en dehors de ce que Guénon avaitpu écrire, nous sommes arrivé à formuler certaines questions à peu près dans lesmême termes que M. Clavelle[19] <outbind://882/#fn16> ! Nous pouvons d'ailleursjurer à nos lecteurs qu'il en est bien ainsi bien que cela soit impossible àprouver. Il n'y a qu'un point que nous avons modifié dans ce qui précède carnous avions envisagé la possibilité d'une hébraïsation tardive de la Maçonnerie.

Il aurait sans doute été plus expédient de refondre complètement notre texte etd'incorporer les réfutations de M. Clavelle en ne disant rien de la chronologiede nos redécouvertes. Il ne s'agit pas seulement de montrer que n'importe quipouvait arriver à ruiner la thèse de nos " confrères " car si à l'évidence celaétait possible rien qu'avec un peu de logique, la chose ne s'est pas produite dumoins publiquement. L'utilité d'obliger nos lecteurs à suivre le processus parlequel nous sommes passé nous-mêmes est didactique. Il s'agit de montrer commenton parvient à tromper les gens en accumulant des immondices sur ce qui avait étééclairci. C'est encore de la désinformation et toute la puissance du " Système "repose sur cette technique.

Les apports de Marcel Clavelle

Il nous reste donc à faire l'inventaire des conclusions de Marcel Clavelle. Nousle ferons aussi brièvement que possible afin de ne pas allonger tropdémesurément cet article. Il nous semble parfaitement inutile de vouloir faireun inventaire exhaustif car ces articles ont été réédités par les ÉditionsTraditionnelles et les Éditions Arché, il vaut la peine d'acheter ces ouvrageset nous disons cela de façon d'autant plus désintéressée que nous ne les avonspas reçus en service de presse. Il ne s'agit pas davantage de complaire auxéditeurs concernés afin qu'ils nous arrosent de leurs nouvelles productions caron devrait avoir compris qu'ayant pris modèle sur Guénon, nous pouvons affirmerque nous sommes " incorruptible " et que celui qui nous fera dire ou écrirequelque chose contre notre gré n'est sûrement pas encore né ! On pourrait toutau plus espérer qu'ayant dit le plus gros de ce que nous avions sur le coeur,nous pourrions bien paraître avoir mis de l'eau dans notre vin en adoucissantnos formules. Cependant nul ne s'y trompera !

A propos de l'érudition de M. Tourniac : Ce que M. Reyor a écrit de " ElSchaddaï "[20] <outbind://882/#fn17> , ainsi que d'autres termes hébraïques, estbeaucoup plus clair et acceptable que ce qu'en dit M. Tourniac. On peut sedemander si M. Tourniac n'a pas pillé Reyor, ainsi que d'autres auteurs, nonpour mettre en ordre des données existantes, mais pour les " retourner ". Uneenquête chronologique s'impose quant aux antériorités, laquelle pourrait sansdoute compléter le tableau. Mais nous laisserons à d'autres le soin de peaufinernos observations car nous estimons en avoir fait assez pour déstabiliser M.Tourniac et mettre en garde les générations montantes de guénoniens contre sonoeuvre de démolition.

Reyor sur les influences juives : Nous invitons nos lecteurs à se reporter àcertains articles de Jean Reyor reparus, en 1991, chez Arché, il s'agit de l'undes cinq volumes concernant plus spécialement les Études sur l'ésotérismechrétien. Les chapitres II à IX sont à prendre en considération et plusspécialement le chapitre VII traitant des rapports entre ésotérismes chrétien etjuif. Nous laisserons de côté le chapitre II postulant que l'hébreu serait lalangue sacrée du christianisme car ce chapitre demanderait à être complété.L'hébreu est certes d'une importance capitale pour l'ésotérisme chrétien. On nepeut nier l'intérêt opératif extrême de l'hébreu et ceci explique les violentes

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attaques contre Reyor. Si la Maçonnerie était moins dégénérée, tous les maçonsse rendrait compte do rôle de la Thorah dans l'Atelier nous dit uncorrespondant...

Quant à la thèse d'une " influence judaïque " sur la Maçonnerie, on s'aperçoitque si tous les braves gens que nous avons cités avaient relus Guénonattentivement, ils ne se seraient pas donné tant de peine en constatant quenotre maître à penser à indiqué en plusieurs endroits que le christianismeoriginel avait conservé plus de données talmudiques et kabbalistique que l'on nele suppose ordinairement. Jean Reyor rappelle, à ce propos, que selon Guénon,les connaissances de Dante à cet égard ne s'expliqueraient nullement par une "influence " juive mais par une transmission à l'intérieur même du christianismepuisque l'on ne dispose d'aucune preuve de cette influence. Mais ce n'est pastout, reprenant des données fournies par Scholem il montre, à propos d'Abulafia,que deux cas de figure peuvent s'être présentés. Exposant les divers sens desécritures selon la perspective kabbalistique, Abulafia s'est aperçu que deschrétiens étaient parfaitement au courant de ces traditions. Dans un autre cas,Abulafia s'est borné à inspirer à un chrétien le désir de pratiquer la voie desNoms mais sans lui donner l'initiation nécessaire car il la savait présente dansle christianisme.

Dans ces conditions, l'" apport " juif remonte bien aux origines duchristianisme et comme nous le disions plus haut, il n'y a pas lieu d'accepterune thèse conduisant à un mélange de formes traditionnelles, comme cela seproduit lorsque l'on suit la prétendue piste d'une Maçonnerie noachide àvocation " universaliste " (resic). Jean Reyor a encore rappelé (p. 63) lesdécouvertes de Mgr Decouvoux au sujet de connaissance kabbalistiques dansl'Ordre de Citeaux. Les contacts qui ont été pris avec des rabbins Juifs soit autemps de Saint Bernard, soit plus tard, n'ont pu jouer qu'un rôle deconfirmation. Il est possible qu'avec le temps certaines choses n'aient plus étécomprises et qu'un besoin de remonter aux sources se soit fait sentir. Il estcependant exclu, en raison des " lois du genre " que des contacts opératifsaient été noués en ces occasions. Au Moyen-Age, elles eussent été impensables etpas seulement du point de vue populaire. Le développement séparé des deuxtraditions doit être maintenu. Tel est le résumé succinct de ce que nous lisonschez Reyor dans ce seul volume.

Sur l'universalisme maçonnique : Le volume intitulé Sur la Route des MaîtresMaçons paru aux Éditions Traditionnelles est encore plus édifiant. Citonsseulement un passage de la p. 130 : il est encore plus vrai que je suis, non pasirrité, mais déconcerté quand je vois que l'on ne tire pas toutes lesconséquences de vérités que l'on a si brillamment mises en évidence. Lesinvocations à la Sainte Trinité, à la Sagesse du Fils glorieux, aussi bien quela prière et la formule que j'ai mentionnées au début de cette lettre, nonseulement sont " gênantes " , nais tout-à-fait inacceptables, impies,blasphématoires pour un Juif ou un Musulman, elles sont dépourvues de sens - etpar cela même " gênantes " - pour un déiste ou un pur rationaliste. Dans lamesure même où il accumule les preuves du caractère chrétien de la Maçonnerie,René G. (il ne s'agit pas de Guénon qui n'était plus là en 1965) montre qu'elle(la Maçonnerie) est faite exclusivement pour les Chrétiens et non pour tous leshommes de bonne volonté.

Pour tout dire le volume est rempli de ce genre de remarques et nous n'avonstrouvé qu'une mention favorable à la thèse du caractère " supra confessionnel "de la Maçonnerie et elle date de 1953 (p. 244). Clavelle a cru à l'universalismemaçonnique ce qui laisse supposer que Guénon partageait cette vue. Il y a là un

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point à éclaircir mais quelque soit les conclusions qu'il faudrait tirer, nousne serions pas liés par l'opinion de Guénon s'il s'avérait qu'il s'était trompésur ce point précis, ce qui reste à démontrer.

La tolérance maçonnique : Notons seulement ce passage (p. 218) : Il nous paraîtabusif d'enrôler dans les rangs des " traditionalistes " les fidèles de la "religion de la tolérance " qui est incompatible avec toute tradition. Latolérance à l'égard des idées, quand elle est réelle - car il arrive qu'elle nesoit qu'un masque commode - implique une indifférence profonde à l'égard de lavérité et de l'erreur. La tolérance à l'égard des hommes a un autre nom dans laperspective traditionnelle : c'est la charité vis-à-vis des hommes abusés pardes idéologies fallacieuses.

Contre la réhabilitation d'Anderson : Nous savons, par les faits eux-mêmes, queles " Andersoniens " peuvent coopérer avec les " symbolistes " de l'écoled'Oswald Wirth ; peut-être lesdits " symbolistes " - à condition d'aller plusloin dans l'approfondissement du symbolisme et dans leur conception del'initiation - pourraient-ils collaborer jusqu'à un certain point avec les "tenants d'un fait nouveau " (l'oeuvre de Guénon), mais entre ceux-ci et lesAndersoniens, il n'y a pas de terrain d'entente possible (p. 218). On ne sauraitêtre plus clair et cela a été dit dès 1956.

Contre l'" invention " d'Hiram : M. Lepage rappelle que l'" invention " d'Hiram,sans que l'on puisse lui assigner une date exacte est cependant relativementrécente (p. 120). Après avoir rappelé, dans Les " Noms " du Maître (1955) quecette thèse est récente (1949), M. Clavelle évoque le nom d'Amon en précisantqu'il a le sens, en hébreu, d'architecte. Point donc d'origine égyptienne commele croit M. Tourniac qui a du penser à Amon-Râ ou à quelque chose de ce genre !Et Reyor montre que la présence ancienne d'un mot hébreu signifiant architectemontre en fait que la Maçonnerie n'a pas été " hébraïsée " à l'époque d'Anderson[...] mais qu'elle est bien d'origine " salomonienne " adaptée à l'usage desGentils. L'article dans son entier est l'un des plus passionnants. Dans le piredes cas la substitution de Hiram (qui était fondeur) à Amon (qui construisait enpierre) (p. 125) pourrait traduire une adaptation tardive dont les conséquencesn'apparaissent pas comme étant nécessairement négatives. D'un côté cela pourraitindiquer que la Maçonnerie reste la seule initiation accessible aux hommes del'ère du métal, de l'autre cette substitution annonce la généralisation del'emploi du métal dans la construction et signerait une décadence. Nous sommesbien placé pour savoir, puisque nous avons été photographe spécialisé dansl'architecture, que l'usage du métal dans la construction s'est répandu bienavant Eiffel. Dès l'époque du baron Hausmann, le bâti de certains immeubles aété réalisé en fer de sorte que beaucoup d'immeubles parisiens qui semblentconfectionnés uniquement en pierre de taille ne comportent guère qu'unhabillage, ce qui revient à dire que la substitution évoquée a eu desconséquences quasiment immédiates. L'ère du métal correspondant au point extrêmede la solidification du monde selon Guénon, la chute de boulons et de rivets àl'intérieur du Grand Palais parisien (et la découverte d'un tassement dans lesfondations) souligne l'avancement de la phase de dissolution et elle ne fera ques'accélérer. L'on est bel et bien entré dans un processus irréversible nepouvant plus être stabilisé même provisoirement.

Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de prolonger la revue des articles deM. Clavelle et cet échantillonnage devrait normalement inciter nos lecteurs à yregarder de plus près. Nous espérons que ceci suffira pour faire échec au "complot " dont les tenants et les aboutissants ont été longuement détaillés.

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Nous comptons, une fois n'est pas coutume, sur nos lecteurs pour répandre ce quiprécède. Il serait souhaitable qu'on s'abstienne cependant de piller lesC.R.E.T. au point de réaliser de véritables éditions pirates : au besoin nousferons, le cas échéant, des prix pour les commandes groupées.

[1] - De ce point de vue, nous ne pouvons pas considérer que la présence deJuifs dans la Maçonnerie serait plus dangereuse donc plus répréhensible quecelle de Musulmans ou de Bouddhistes car ce que nous retenons c'est toute espèced'ouverture à des non chrétiens est absurde !

[2] - Comment un bouddhiste pourrait-il se retrouver dans le symbolismesalomonien du Temple attendu qu'il s'agit, pour un chrétien, de devenir le "temple de l'esprit " ?

[3] - Cette fonction de récapitulation est d'ailleurs inhérente non pas à laMaçonnerie mais au christianisme dont elle fait partie. Du moins, si l'on encroît le chapitre VII de La crise du monde moderne où Guénon affirme que cettevoie spirituelle récapitule les traditions antérieures.

[4] - Nous n'aimerions pas porter un tel nom qui pourrait être en rapport avecquelques disgrâce héréditaire d'un ancêtre sans lien de causalité avec saqualité de juif... Voir Les Travaux de la Loge Nationale de Recherches Villardde Honnecourt, ndeg. 15, p. 86.

5 - En disant cela nous pensons très fort aux polémiques nées des péripéties del'élection du Grand Rabbin de France et spécialement aux déclarations ducandidat de l'opposition qui était probablement très sincère cependant leprocessus démocratique est ainsi fait qu'il ne va pas sans une bonne part dedémagogie. Au total, nous ne pensons pas qu'il y ait de réelles différencesentre les uns et les autres et le voyons au fait que le " jargon " respectif despartis en présence conserve une phraséologie n'ayant rien à voir avec lescritères de l'orthodoxie. En fait de démarque " identitaire ", le chrétien sentd'instinct que son objectif n'est pas vraiment de ce monde d'où il résulte quepour lui ce genre de discours converge lorsqu'il s'agit d'insister sur laspécificité du Juif, spécificité à nulle autre pareille. Le fait que cettespécificité se transmet par filiation matrilinéaire permet justement à desathées, ou à des non pratiquants n'ayant conservé qu'une vague religiosité, deprétendre la conserver et d'inclure leur activisme purement politique souscouvert de religion. On connaît les résultats de ce genre d'abus et dans cesconditions, il est évident que la discrétion devient nécessairement une chosetrès relative lorsque par suite de conditionnements modernes on a trop tendanceà " matérialiser " certaines données bibliques.

Il nous suffirait seulement que les Juifs fassent correctement le métier qu'ilsont choisi et la morale préconisée par Anderson pourrait s'accommoder d'un vague" théisme " si on l'envisage comme une anticipation de cet au-delà des formesqui est le propre de la réalisation des Rose-Croix. C'est là que réside saséduction en tout point analogue, si ce n'est identique à celle de l'espritrépublicain. Et qu'est-ce que le système républicain si ce n'est une parodied'un monde où la place du prince serait occupée par un quasi Rose-Croix ? Maisnous savons qu'à cette utopie pernicieuse s'oppose cette foire d'empoigne qu'onnomme " démocratie " laquelle est en fait le gouvernement des " démons ", ou,plus précisément, d'un peuple en proie à une certaine forme de possession. Nous

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sommes sensible aux " valeurs " de la laïcité et il y a sans doute desguénoniens qui sont bien prêts d'avoir atteint l'état de Rose-Croix, ou du moinsqui le possèdent " virtuellement " en raison d'un tempérament réellementspéculatif, le problème étant de passer de la puissance à l'acte. Néanmoins, onne leur demande jamais leur avis ce qui fait qu'au total l'universalismemaçonnique et l'universalisme républicain, son décalque, restent des tromperies.

Pour achever de décontenancer nos lecteurs, nous dirons que s'il y aurait là unecompensation " providentielle " ce ne peut être qu'en considération de ceux quiposséderaient de réelles aptitudes pour ce qui est de passer au delà des formes.Dans cette perspective, il vaudrait mieux s'éloigner provisoirement de lareligion plutôt que de devenir complètement allergique à toute idée derattachement traditionnel. Malheureusement, si le système républicain offre uneprotection contre les excès du fondamentalisme, à terme, elle finit pars'annuler car il n'en offre aucune contre les chimères puisqu'il finit par toutlivrer à la pluralité contradictoire des " opinions ". Au total, l'inquisition aseulement changé de forme et de méthodes...

Pour en revenir aux Juifs, si le christianisme prédispose, par sa capacitéd'aller à l'essentiel et la liberté qu'il procure, à une assez bonne défensecontre le littéralisme, le judaïsme, par son ritualisme tatillon ne prédisposenullement à l'état de Rose Croix puisque la " spécificité juive " tend à devenirune " idole ". Nous sommes bien d'accord sur le fait que ces deux religions sontcomplémentaires dans la mesure où chacune d'elle offre à l'autre certainesbornes d'ordre méthodique. Mais il suffirait que les Juifs soient de vrais Juifset les Chrétiens de vrais Chrétiens, ce qui ne va point sans une certaineconcurrence, pour qu'une véritable régulation intervienne et la chose à nesurtout pas faire c'est de vouloir mélanger les deux pour en faire une seulechair comme le veut M. Tourniac à travers la Maçonnerie. On pourrait dire, pourillustrer la métaphore charnelle de notre " confrère " qu'étant donné qu'il y aun doute sur le fait de savoir qui est le mari et qui est la femme en raisond'un retournement d'Alliance et que les Chrétiens sont dans une situation assez" androgyne " puisque leur nature est double à certains égard, toutrapprochement est superflu et pour finir contre-indiqué.

C'est pourquoi on ne peut envisager la solution des problèmes posés sans une "conversion " à la fin des Temps, non pas seulement des Juifs mais également deschrétiens. Et nous avons des raisons de croire qu'elle sera tout aussi difficilepour les uns et les autres car la " religion " du Messie ce ne sera ni le NewAge, ni le sionisme ni les savantes combinaisons " universalistes " des "guénoniens " que l'Adversaire a retourné mais seulement la consommation,l'épuisement brutal de toutes les illusions, voiles et mêmes les upayas (rusesdivines) nécessaires à la vie des formes religieuses inhérentes au Kali Yuga.

[6] - Sur la déchristianisation de la Maçonnerie voir l'article de ce nom dansle bulletin de la loge Villard de Honnecourt ndeg. 12 et 13.

[7] - Après avoir rédigé la base de cet article nous avons pris connaissance dela thèse de Clavelle qui a conclu que Guénon, dans ses correspondancespersonnelles, n'était pas assuré de l'infaillibilité car la directionspirituelle n'entrait pas dans le cadre de sa fonction. Il faut convenir quecette thèse n'est pas convaincante car Guénon a exercé, qu'on le veuille ou non,une direction spirituelle fut-elle impersonnelle. L'important ici c'est desavoir si les conditions cycliques permettent un redressement et si oui, ils'agit de savoir à quel moment il doit intervenir. Cela est lié, sans nul doute

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à la fonction du Madhi dont parle l'Islam, ce que le catholicisme a caricaturépar la figure du Grand Monarque. Guénon n'a fait que de rares allusions à cettequestion en mettant en garde ses lecteurs contre Nostradamus, un " néo-juif "dont le rôle est fort suspect. La question se pose surtout de savoir pourquoi ilne s'est pas étendu sur la question de l'eschatologie judéo-chrétienne et de sescontrefaçons. Le peu de lumières qu'il a laissé montre bien que les milieuxguénoniens, surtout du côté de Châlons-sur-Marne, sont hantés par l'idée d'unerestauration de la cité traditionnelle qui leur permettrait, à ce qu'ilss'imaginent, d'y briller aux premières places. Nul doute qu'une telle chose nese produira pas, à moins qu'elle se confonde avec le Règne de l'Antéchrist !

[8]- A titre d'exemple voici une anecdote. Nous avions adopté trois petitsmerles tombés d'un nid. Un lama nous fit dire qu'il valait mieux refiler lesbébés à un quidam de crainte d'accumuler un " mauvais karma " car il fautsacrifier à ces oisillons des bestioles vivantes. C'est qu'en tout ver de farinesiégerait un " bouddha "... Pas d'autre ressource que de hausser les épaules enlaissant à entendre que les néo bouddhistes ne méritent sans doute pas d'autredestin que celui de vivre dans un monde où ils seraient dévorés par les vers etles insectes. Sans doute est-ce le seul moyen pour eux de pouvoir se racheter deleurs inepties... En attendant, c'est là le genre d'absurdités qui fâche !

9 - L'on a coutume de rapporter symboliquement cet animal à la contre-initiationcar il est sournois et têtu de sorte qu'il lui tend à persévérer dans l'erreur.Mais gardons nous de trop injurier de pauvres bêtes...

[10] - Voir les Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, Tome I, p.114.

[11] - Nous avons donné plus haut quelques unes des indications dont on disposedans le paragraphe consacré à l'abbé Boon. D'une manière générale, ilconviendrait de rassembler toutes les informations existantes sur ce genre degroupement.

Il serait souhaitable, dans le cas des disciples de l'Abbé Boon, qu'ils cessentde faire des mystères. Ou ils ne savent rien sur son éventuel rattachementinitiatique et doivent le dire clairement, ce qu'ils négligent avec l'intentionmanifeste de se rendre intéressants. Les éditeurs de l'abbé affectent de traiterpar le mépris certaines rumeurs et cela nous semble assez malhonnête attenduqu'elles ne peuvent venir que de l'entourage de l'abbé qui exploite à présentses écrits...

[12] - Guénon a paru accordé à ce trait une valeur positive mais nous ne savonscomment il concevait cela.

[13] - Le texte dit qu'il a paru plus expédient de s'en tenir à la définitionqui vient d'être donnée de la religion. Il s'agissait bien, à terme, d'expédierle christianisme...

[14] - Ou plutôt Maugy, un nom dans lequel il semble qu'on puisse discernercelui des Mauges, les Mala genti ou mauvaises gens de Caesar qu'on trouve dansla région de Loublande...,

[15] - On nous fait remarquer, à juste titre, que c'est plutôt aux Ancients deDermott qu'il faudrait reprocher une " substitution " car Hiram Abif est relatifau grade de Maître qu'Anderson et Cie ignoraient puisque Dermott s'est moquéd'eux en disant qu'ils ne connaissaient que deux grades. D'après le Ms Dumfries

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ndeg. 4, Hiram a été amené d'Égypte, ce que Denys Roman a signalé dans lesÉtudes Traditionnelles de Mars/Avril 1967 (p. 90) !

Dans ces conditions, ses propos sont très contradictoires puisque rien n'indiqueque Amon est égyptien car ce mot hébreu signifie seulement architecte. Resteraità déterminer ce que signifie la référence à l'Égypte. N'est-ce pas tout ce quin'est pas hébraïque au même titre que la Phénicie ? Dans ce cas, nous serionsencore loin d'un universalisme quelconque puisque l'on se trouverait devant uneforme particulière d'une dialectique opposant les Gentils au peuple élu. Lathèse de la " substitution " tend à se dégonfler d'elle-même car Amon figure au7deg. degré opératif et Hiram au 3deg. degré spéculatif de la Maçonnerie ditebleue.

[16] - Le reproche est cependant justifié en ce qui concerne ce dernier car il aremplacé, sur l'injonction d'une somnambule, Tubalcaïn qui était le mot de passede l'Apprenti dans son rite par un autre, à savoir Phaleg. Au total, il n'y apoint eu de " substitution " dans le sens où l'on aurait gratifié la Maçonneriede références mythiques inconnues auparavant, il y a eu seulement despermutations et cela regarde la cohérence interne des rituels.

[17] - Nous ne voyons toujours pas en quoi Amon serait égyptien. Amon, à traversle pseudonyme de M. Bachelet, nous ramène en France et plus spécialement dansles Ardennes, contrée dont nous sommes originaire. C'est quelque part au Nordqu'on y trouve un site dit des quatre fils Aymon. Ici, le sanglier, animaltotémique de la caste sacerdotale règne en maître. Pour en revenir à DenysRoman, on constate que pour ce dernier, c'est toute la Maçonnerie qui seraitégyptienne alors qu'on ne distingue un souvenir (ou héritage) égyptien que sousla forme hébraïque du 3ème grade...

[18] - On ne peut se défendre de céder à la tentation d'établir un rapprochemententre les " songes " des jungiens et ceux de Dermott concernant les tuileurs(gardiens du Seuil) du Temples de Salomon. Réels ou simulés, ces songes ne nousengagent à rien : on juge l'arbre à ses fruits...

[19] - Nous pensons plus spécialement à la question pourquoi 3 et pas 7 ? que M.Clavelle a posée dès 1953 (Cf. Sur la route des Maîtres Maçons, ÉditionsTraditionnelles, 1989, p. 260.)

[20] - Voir le volume 2 paru au Éditions Arché dont nous parlons un peu plusloin.