La logistique inverse d'un ordinateur : une étude … · universitÉ du quÉbec À montrÉal. la...

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LA LOGISTIQUE INVERSE D'UN ORDINATEUR: UNE ÉTUDE TERRAIN DES ENTREPRISES QUÉBÉCOISES MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE À LA MAÎTRÎSE EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES PAR MARIE-EVE HALLÉ MARS 2009

Transcript of La logistique inverse d'un ordinateur : une étude … · universitÉ du quÉbec À montrÉal. la...

  • UNIVERSIT DU QUBEC MONTRAL

    LA LOGISTIQUE INVERSE D'UN ORDINATEUR: UNE TUDE TERRAIN DES

    ENTREPRISES QUBCOISES

    MMOIRE

    PRSENT

    COMME EXIGENCE PARTIELLE

    LA MATRSE EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES

    PAR

    MARIE-EVE HALL

    MARS 2009

  • UNIVERSIT DU QUBEC MONTRAL Service des bibliothques

    Avertissement

    La diffusion de ce mmoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a sign le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles suprieurs (SDU-522 - Rv.1-26). Cette autorisation stipule que conformment l'article 11 du Rglement no 8 des tudes de cycles suprieurs, [l'auteur] concde l'Universit du Qubec Montral une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalit ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pdagogiques et non commerciales. Plus prcisment, [l'auteur] autorise l'Universit du Qubec Montral reproduire, diffuser, prter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entranent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] [ses] droits moraux ni [ses] droits de proprit intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la libert de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possde un exemplaire.

  • II

    REMERCIEMENTS

    Je crois que la ral isation d'un projet tel un mmoire de recherche demande un effort et

    une discipline qui sont bien souvent sous-estims. Ce travail a t pour moi une tape dans

    ma vie qui m'a permis de mieux connatre mes forces et mes faiblesses. J'ai russi, par ce

    travail, dpasser mes limites. Ce projet que j'ai bien souvent pens abandonner est une

    grande ralisation personnelle et un accomplissement dont je suis extrmement fire. Ce

    rsultat, je n'aurai pu l'atteindre sans l'aide et les encouragements de personnes bien

    importantes pour moi.

    Tout d'abord j'aimerais remercier le personnel de l'Universit du Qubec Montral.

    Vous avez t pour moi de bon conseil et avez influencs, de prs ou de loin, ce travail. Je

    tiens remercier tous les enseignants qui m'ont accord de leur temps, transmis leurs

    connaissances et m'ont fait part de leur vcu. Vous avez par votre passion chang ma vie et

    m'avez permis d'voluer et de grandir en tant que personne. Je remercie spcialement M.

    Bernard-Andr Genest, M. Jocelyn Desroches, M. Yvon Bigras, M. Mehran Ebrahimi, M.

    Jean-Marie Bourjolly, Mme Line Ricard et Mme Mihaela Firsirotu de m'avoir inspir.

    Je tiens souligner l'importance du soutien financier que m'ont apport le Programme

    d'aide financire la recherche et la cration (PAFARC) et Hydro-Qubec. Votre support

    est grandement apprci. Merci de vous impliquer et de permettre aux tudiants d'avoir accs

    une aide financire.

    Je veux aussi souligner l'importance du temps que m'ont accord les dirigeants des

    entreprises impl iques dans cette tude. Vous avez t trs gnreux avec moi et la quai it de

    votre implication m'a apport normment.

    Je tiens aussi remercier sincrement Pierre Samoisette, Normand Lamer, Steve

    Guernon, Russell Francoeur, Sandra Testa et toute l'quipe de la compagnie Parmalat d'avoir

    compris J'importance que reprsentait pour moi ce projet. Travailler avec vous est un rel

    plaisir.

  • III

    Ce travail de recherche aurait t impossible sans le soutien de ma directrice Suzanne

    Marcotte. Je te remercie pour ta patience, tes encouragements, ta comprhension et ta

    sensibilit. Tu as t pour moi un guide, mais surtout une amie tout au long de cette aventure.

    Mes derniers remerciements vont mes amis et ma famille. Cette exprience m'a

    permis de constater que je suis une personne extrmement choye et bien entoure. Merci

    Jolle Michaud, Marie-Eve Gaumond, Nathalie Abdallah et Sandra Testa d'tre les

    meilleures amies du monde. Je remercie du fond du cur mes parents, mes surs et ma tante

    Sylvie de croire en moi. Vous tes ce que j'ai de plus important dans ma vie. Merci de

    m'inspirer chaque jour, de m'avoir transmis de bonnes valeurs et de m'avoir permis de

    grandir bien entour. Je vous aime!

  • IV

    SOMMAIRE

    Dans un monde caractris par une consommation de plus en plus importante, la gestion des produits en fin de vie devient une problmatique importante pour nos entreprises et pour la socit en gnral. Par leur nature, les ordinateurs achemins aux sites d'enfouissement sont trs polluants et reprsentent une menace relle pour notre sant et la qualit de nos nappes phratiques. On se doit donc de dvier le flux d'appareil en fin d'utilisation vers d'autres options de valorisation.

    Au Qubec, le rseau ainsi que la gestion des oprations de revalorisation d'ordinateurs en fin de vie n'a pas fait l'objet de recherche. Puisque la tendance mondiale est la conscientisation environnementale et que de nombreuses actions sont poses dans ce sens, il devient important de bien comprendre l'organisation actuelle du rseau.

    Dix-huit entreprises qubcoises ayant un rle important jouer dans le processus de revalorisation des ordinateurs en fin d'utilisation ont t impliques dans cette tude. Cette dernire vise tablir le portrait de l'industrie actuelle au Qubec. De plus, cette tude prcise les processus oprationnels et les difficults de gestion rencontres par les joueurs. Cette recherche dvoile aussi les diffrentes stratgies ou moyens utiliss par les gestionnaires pour contrer (' incertitude prsente dans cette industrie.

  • v

    TABLE DES MATIRES

    LISTE DES FIGURES VIII

    LISTE DES TABLEAUX

    CHAPITRE 1 INTRODUCTION 10

    CHAPITRE II MTHODOLOGIE 15

    2.1 Objectif et motivations 15

    2.2 Slection des joueurs 16

    2.3 laboration du guide d'entrevue 18

    2.4 Ralisation des entrevues 21

    2.5 Visites des installations 22

    2.6 Entrevues tlphoniques 22

    2.7 Compilation et synthse des rsultats 23

    2.8 Analyse 24

    2.9 Rvision 24

    2.10 Difficults rencontres 24

    2.11 Conclusion 25

    CHAPITRE III REVUE DE LITTRATURE 26

    3.1 La logistique inverse: Dfinition et historique du concept 26

    3.2 La logistique inverse: Revue de littrature 32

    3.2.1 La logistique traditionnelle vs logistique inverse: Une comparaison 32

    3.2.2 Recherches actuelles propos de la logistique inverse 39

    3.3 Conclusion 52

    CHAPITRE IV OBSERVATIONS TERRAIN 53

  • VI

    4.1 Qui 53

    4.2 Pourquoi 65

    4.3.1 Motivations lgislatives 66

    4.4 Quoi 72

    4.5 Comment 73

    4.5.1 Rseau de logistique inverse du matriel informatique 73

    4.5.2 Fournisseurs - Clients - Concurrents 74

    4.5.3 Processus internes de revalorisation d'un ordinateur. 83

    4.5.4 Amnagements 88

    4.6 Les difficults rencontres par les joueurs 91

    4.6.1 Difficults 1ies l'industrie 91

    4.6.2 Difficults lies l'organisation 97

    4.6.3 Difficults rencontres par les entreprises ferrailleurs 101

    4.7 Conclusion 102

    CHAPITRE V DISCUSSION ET ANALySE 104

    5.1 La logistique inverse de la revalorisation des ordinateurs au Qubec 104

    5.2 Processus et incertitude 106

    5.3 Les problmatiques principales rencontres par les joueurs 108

    5.3.1 Productivit 110

    5.3.2 Capacit de traitement 114

    5.3.3 Espace 115

    5.3.4 Type de clients 116

    5.3.5 Conciliation de l'offre et de la demande 116

    5.3.6 Gestion des stocks 117

    5.3.7 Planification des activits 118

    5.3.8 Gestion des approvisionnements 119

    5.3.9 Prix de revient 119

    5.4 Stratgies dployes pour contrer les problmatiques 120

    5.5 Conclusion 123

    CHAPITRE VI CONCLUSION 125

  • VII

    APPENDICE A GUIDE D'ENTREVUE 133

    APPENDICEB ENTENTE DE CONFIDENTIALIT 140

  • VIII

    Figure

    Figure 1.1

    Figure 2.2

    Figure 3.1

    Figure 3.2

    Figure 4.1

    Figure 4.2

    Figure 4.3

    Figure 4.4

    Figure 4.5

    Figure 4.6

    Figure 4.7

    Figure 4.8

    Figure 4.9

    Figure 4.10

    Figure 5.1

    LISTE DESFIGURES

    page

    Composition d'un ordinateur (Groupe-Nord, 2002) 12

    Les cinq dimensions de base de la logistique inverse 19

    Dfinition de la logistique inverse propose par Riopel et Lambert (2003) 29

    Principales activits d'une boucle de valeur (GUILTINAN et NWOKOYE, 1974) 50

    Les multiples rles tenus par des entreprises qubcoises de J'industrie de la revalorisation d'ordinateurs 61

    Rseau de logistique inverse d'un ordinateur 74

    Fournisseurs et clients d'une entreprise de remise neuf... 76

    Fournisseurs et clients des ferrailleurs 80

    Foumisseurs et clients des magasins de vente de matriel usag. 82

    Foumisseurs et clients des rcuprateurs de pices 83

    Processus de revalorisation pour une entreprise de remise neuf 85

    Processus de revalorisation pour un ferrailleur. 88

    Amnagement et flux d'une entreprise de remise neuf but lucratif 89

    Amnagement et flux d'une entreprise de remise neuf but non-lucratif 90

    Incertitudes relies au processus de revalorisation d'une entreprise de remise neuf 107

  • IX

    Tableau

    Tableau 3.1

    Tableau 3.2

    Tableau 4.1

    Tableau 4.2

    Tableau 5.1

    Tableau 5.2

    LISTE DES TABLEAUX

    page

    Principaux lments dfinissant la logistique inverse 31

    Diffrences entre la logistique traditionnelle et la logistique

    inverse 33

    Prsentation des motivations pour les entreprises revalorisant les

    ordinateurs: Pourquoi : 72

    Provenance des quantits reues par les entreprises de remise

    neuf 77

    Caractrisation des problmatiques identifies chez les joueurs

    rencontrs 109

    Stratgies dployes pour grer les problmatiques 120

  • CHAPITRE l

    INTRODUCTION

    Nous vivons dans une socit o une importante quantit de produits mis sur le march

    ne csse de crotre ainsi que les possibilits ou pressions consommer. Le dernier sicle aura

    t consacr, dans les pays industrialiss, la satisfaction sans cesse croissante de nos

    besoins de consommation. Pour cela, il aura fallu extraire et transformer de grandes quantits

    de ressources naturelles. Nous savons aujourd'hui que ces ressources ne sont pas

    inpuisables. Nous savons galement que les activits d'extraction et de Fabrication sont

    responsables des principaux problmes de pollution: pollution des eaux, rchauffement

    climatique sous l'accumulation de gaz effet de serre, contamination et rosion des sols,

    dgradation des cosystmes et diminution de la biodiversit.

    L'accentuation de la Fabrication de bien de consommation amplifie la problmatique de

    la gestion des matires rsiduelles. En effet, une fois que ces biens ont atteint leur fin de vie,

    ils doivent tre limins. Par consquent, les sites d'enfouissement ont dsormais

    pratiquement atteint leur capacit et la cration de nouveaux sites suscite le mcontentement

    de plusieurs groupes de pression (Recyc-Qubec, 2002). Ainsi, la rduction des rsidus

    destins l'limination permet d'conomiser l'espace occup dans les lieux d'enfouissement,

    ce qui prolonge la dure de vie utile et restreint Je besoin d'en crer de nouveaux. De

    nombreuses municipalits et entreprises ont par consquent tabli divers programmes de

    collecte de produits recyclables (Recyc-Qubec, 2002). cette pratique on peut ajouter les

    retours ou les rappels de produits vers les points de production. Ainsi, la perspective

    unidirectionnelle de la chane d'approvisionnement a volu au fil des ans vers une nouvelle

    ralit: le retour de produits ou de matires dans les rseaux valeur ajoute.

  • Il

    Le rle de la logistique inverse prend forme et s'accentue dans plusieurs entreprises.

    En effet, les industries de l'automobile, des produits pharmaceutiques, des produits

    lectroniques, de boissons gazeuses et plusieurs autres ont dvelopp un rseau de flux

    inverse. On a qu' penser Coca-Cola (bouteilles recyclables), Phillip Morris (Palettes) et

    Kodak (camras), Hewlett-Packard (encre), l'Oral (produits de beaut), etc'. La logistique

    inverse devient donc une comptence cl pour les chanes d'approvisionnement modernes

    (De Brito, 2004).

    Les dchets de matriel de technologie de l'information et de tlcommunication

    attirent de plus en plus d'attention puisque le progrs technologique a pour effet que ces

    matriels deviennent dsuets un rythme sans cesse croissant. On estime que la dure de vie

    moyenne d'un ordinateur est de deux trois ans et que celle-ci semble voue dcrotre d'ici

    les prochaines annes (Lefevre-Hasegawa, 2006). Ainsi, il en rsulte un accroissement de la

    quantit de matriel entrant dans le flux de dchets. Les dchets informatiques constituent le

    seul flux de dchets qui s'en va en croissant au Canada, selon le rapport d'Environnement

    Canada intitul Les dchets de technologie de l'information et de tlcommunications au

    Canada (Environnement Canada, 2000a). Ce flux risque de s'accentuer puisque les ventes

    ne cessent de crotre. preuve, entre 1997 et 2002, la quantit d'ordinateurs achets au

    Canada est passe de 1,8 3,2 millions, ce qui reprsente une augmentation de plus de 75%

    (Recyc-Qubec, 2006). L'augmentation des ventes s'explique par le fait que, malgr ce que

    l'on peut en croire, plusieurs foyers ne possdent pas encore de matriel informatique.

    D'autre part, la technologie se dveloppe un rythme si acclr qu'elle ncessite de

    frquents renouvellements d'quipements. Environnement Canada estime qu'en 2005 la

    quantit de dchets provenant de matriel informatique au Canada a atteint 170491 tonnes.

    De cette quantit, prs de 40% a t achemin un site d'enfouissement.

    Ces millions d'ordinateurs qui sont conduits dans nos sites d'enfouissement reprsentent un

    risque important pour l'environnement et la sant de la population. En effet, ce matriel

    , voir Coca-Cola, 2008; Andriesse, 1999; Kodak, 2008.

  • 12

    contient souvent des matires toxiques qui sont dangereuses pour l'environnement si elles ne

    sont pas gres correctement. On retrouve, par exemple, dans un ordinateur et un cran, du

    cuivre, du plomb, du zinc, des mtaux ferreux, du verre et du plastique. La figure 1.1 expose

    les composants d'un ordinateur et d'un cran. La catgorie mtaux prcieux comprend des

    composants comme le nickel, le manganse, le cobalt, le baryum, J'tain, J'argent, le

    mercure, l'arsenic, etc. La consquence indirecte de la toxicit des lments prsents dans un

    ordinateur est la pollution des cours d'eau et des milieux naturels, entranant des pnuries en

    eau potable et des problmes de culture (Groupe Nord, 2002). En plus de ses composants

    polluants, un ordinateur pollue par sa consommation d'nergie lors de son utilisation. Mais J

    ne s'arrte pas J'impact cologique des ordinateurs. Avant mme d'tre al.Jum pour la

    premire fois', un ordinateur a dj laiss sa trace dans J'environnement. Selon une tude de

    l'Universit des Nations Unies, pour produire un ordinateur et un cran cathodique de 17

    pouces, on utiliserait: 240 kilogramme de combustible fossile (dix fois la masse de

    l'ordinateur), 22 kilogrammes de produits chimiques et 1500 litres d'eau. Ainsi, la production

    d'un ordinateur demande beaucoup de ressources et est nergivore .

    OAluminium

    Cuivre o plomb oZine

    Mtaux pre ieux

    o Verre

    25% Mtaux ferreux

    o Plastiques

    Figure 1.1 Composition d'un ordinateur (Groupe-Nord, 2002)

    Le secteur des hautes technologies a longtemps t pargn par les cologistes,

    cependant ces derniers semblent dsormais rsolus sonner l'alerte. Ce que l'on considrait

  • 13

    auparavant comme une industrie propre est en ralit l'une des plus grandes

    consommatrices de produits chimiques, un niveau jamais atte.int par le pass , prcise

    Joseph LaDou, praticien dans la Silicon Valley et directeur du Centre international de la

    mdecine du travail l'universit de Californie.

    Les ordinateurs reprsentent le seul flux de produits ayant une croissance constante

    dans les sites d'enfouissement. De plus, ayant un impact considrable sur l'environnement, la

    disposition de l'ordinateur en fin de vie devient une problmatique socitale trs pertinente.

    Malgr l'envergure internationale de cette problmatique, la situation et le contexte

    qubcois constituent un bon dpalt afin de caractriser cette problmatique. Le sujet de la

    revalorisation des ordinateurs dsuets a t abord par certaines organisations, mais ce de

    faon gnrale. Aucune recherche terrain n'a t ralise date afin de comprendre la ralit

    et les activits prcises de l'industrie de la revalorisation des ordinateurs dsuets au Qubec.

    Dans la prsente tude, la logistique inverse des ordinateurs dsuets sera investigue,

    mais plus prcisment les activits des entreprises revalorisant ceux-ci. Premirement, cette

    tude analyse les oprations de dix-huit entreprises et dresse un portrait du rseau qubcois.

    Afin d'avoir une perspective globale du rseau, des joueurs ayant des rles diffrents jouer

    dans le processus de revalorisation ont t visits. Cette recherche met en lumire les

    diffrentes motivations des joueurs vouloir revaloriser les ordinateurs dsuets. De plus, les

    caractristiques des joueurs sont exposes. Globalement, l'tude aide comprendre comment

    les ordinateurs sont revaloriss au Qubec.

    Une fois la description du terrain ralise, la complexit des oprations relies au

    processus de revalorisation est mise en lumire. De plus, les difficults prouves par les

    joueurs sont identifies. Par la suite, on tente de comprendre quelles stratgies sont dployes

    ou peuvent tre dployes afin de mieux grer les incertitudes et la complexit prsentes dans

    l'industrie.

    Ce travail est structur de la faon suivante. Le chapitre 2 prsente la mthodologie

    utilise afin d'atteindre les objectifs de la recherche. Le chapitre 3 prsente une revue de

    littrature faisant tat des diffrentes recherches et connaissances du milieu. Le chapitre 4 fait

    tat des observations et informations rcoltes lors des visites. Le chapitre 5 expose

  • 14

    diffrentes perspectives d'analyse permettant de comprendre les forces et les faiblesses

    observes. Pour terminer, une conclusion et des avenues de recherche seront proposes.

  • 15

    CHAPITRE II

    MTHODOLOGIE

    La prsente section prsente la mthodologie utilise afin d'tre en mesure d'assurer la

    ralisation de la recherche. Le choix d'une mthodologie pertinente est dcisif puisque les

    conclusions de la recherche en dcoulent directement.

    2.1 OBJECTIF ET MOTIVATIONS

    Dans un premier temps, puisque cette recherche est de nature exploratoire, elle

    demande de dresser un portrait global de la chane d'approvisionnement de l'industrie de la

    revalorisation des ordinateurs. Une mthodologie qualitative a t utilise pour faire ce

    portrait au Qubec. Afin de comprendre la ralit et la complexit de l'industrie, l'entrevue

    s'est rvle tre la mthode de collecte d'information privilgier. La ralisation

    d'entrevues a comme avantage de permettre l'analyse du sens que donnent les acteurs leur

    pratique et l'analyse prcise d'une problmatique. Les entrevues n'ont pas pour but d'tre

    reprsentatives . Le but est plutt de reconstruire le contexte dans lequel la recherche est

    effectue. Ainsi, c'est la singularit de chacun des cas qui est intressante (Kaufmann, 1996).

    Ce sont des entrevues qui livrent des points de vue singuliers, mais que le chercheur doit

    relier avec d'autres points de vue singuliers. De plus, de manire pouvoir comprendre les

    interactions et le contexte particulier de cette industrie au Qubec, un acteur trs influent,

    Recyc-Qubec, a t rencontr. Ce dernier a tenu les rles de rfrence et de conseiller lors de

    la cueillette d'information. Le portrait de l'industrie n'aurait su tre complet sans l'apport des

    recherches antrieures ralises par d'autres chercheurs. Ces dernires seront prsentes dans

    la section revue de littrature prsente au prochain chapitre.

  • 16

    La problmatique de recherche demande de comprendre les processus et les activits

    internes de certains joueurs. Il fut donc pertinent de raliser des visites des installations et des

    observations sur le terrain. Les informations rcoltes sur le terrain, jumeles celles

    amasses lors des entrevues, ont permis de mettre en lumire les diffrentes forces et

    faiblesses oprationnelles et organisationnelles des joueurs. De plus, la ralisation d'une

    analyse comparative a permis de comprendre les stratgies expliquant le succs actuel de

    certains joueurs. Elle a ensuite permis d'identifier des facteurs de russite dans l'industrie de

    la revalorisation des ordinateurs.

    2.2 SLECTION DES JOUEURS

    La slection judicieuse des joueurs rencontrer tait un facteur critique pour assurer la

    peltinence et la crdibilit des rsultats de l'tude. Cette slection ne fut donc pas laisse au

    hasard. La consultation d'un mmoire de recherche ralis par J'Association canadienne des

    industries de l'environnement (CEIA, 2001), rfr par Recyc-Qubec, a permis d'identifier

    les diffrents rles pouvant tre jous par les acteurs dans la chane de revalorisation des

    technologies de l'information. Selon cette tude, les entreprises qui offrent des services et des

    produits de recyclage des ordinateurs entrent dans diffrentes catgories. Il peut s'agir de:

    fabricants de matriel informatique d'origine;

    grandes entreprises qui utilisent beaucoup de matriels informatiques et qui

    disposent de programmes internes de gestion des ordinateurs dans le cadre desquels

    elles distribuent des ordinateurs aux employs ou les vendent de plus petites

    entreprises;

    gestionnaires de parcs informatiques qui s'occupent d'une gamme de services de

    gestion de la technologie, y compris de la disposition de l'quipement dsuet;

    organismes qui s'occupent de la rutilisation et de la remise neuf des ordinateurs,

    y compris d'organismes sans but lucratifs;

    ferrailleurs qui s'intressent principalement aux mtaux ayant une valeur

    conomique;

  • 17

    marchands rcuprateurs de pices, qui se spcialisent dans la vente de matriel

    usag;

    marchands rcuprateurs d'ordinateurs, qui recyclent les ordinateurs pour leurs

    pices;

    fabricants et de distributeurs d'quipement servant sparer et broyer les pices

    informatiques;

    affineurs et de transformateurs qui remettent les composants en matire premire;

    transporteurs.

    Ainsi, voulant dresser un portrait exhaustif de l'industrie, la slection des acteurs

    devait prendre en considration l'ensemble de ces catgories. N'ayant que trs peu

    d'information sur l'identit prcise des entreprises existantes au Qubec pour chacune de ces

    catgories, le rpertoire des recycleurs et rcuprateurs prsent sur le site Internet de Recyc

    Qubec s'est rvl tre une source de rfrences trs complte. Ce rpertoire prsente les

    155 entreprises qubcoises oeuvrant dans le domaine de la revalorisation du matriel

    informatique.

    Une fois les joueurs pertinents identifis, Recyc-Qubec a dress une liste d'une

    vingtaine d'entreprises qubcoises. Plusieurs raisons faisaient de ces entreprises des

    incontournables en matire de revalorisation des ordinateurs. En effet, la prdominance dans

    le secteur de la revalorisation, l'innovation en matire de processus/procd et la vocation

    humanitaire et sociale faisaient de plusieurs entreprises des joueurs cls dans le milieu. La

    slection de ces joueurs a permis d'obtenir une vue d'ensemble du secteur et les

    caractristiques htrognes de ces derniers ont permis de couvrir l'essentiel de ce qui existait

    dans le contexte de la revalorisation des ordinateurs au Qubec.

    Le nombre d'entrevues est dtermin selon l'effet de saturation. En effet, lorsque l'on

    effectue les entrevues, nous ralisons que les interlocuteurs discutent des mmes lments.

    Ainsi, des entrevues supplmentaires deviennent sans valeur ajoute relle.

  • 18

    2.3 LABORATION DU GUIDE D'ENTREVUE

    Afin d'obtenir des rsultats pouvant permettre une analyse et une comparaison, une

    structure d'entrevue doit tre employe. Un guide d'entrevue a pour avantage de structurer

    l'entrevue et de permettre une comparaison systmatique.

    On constate dans la revue de littrature existante sur la logistique inverse que plusieurs

    auteurs ont tent de structurer la logistique inverse et d'ainsi faciliter sa comprhension:

    Thierry et al., (1995), Fleischmann (2001 a), Fuller et Allen (1997), Carter et El1ram (1998),

    Gungor et Gupta (1999), Goggin et Browne (2000), Chouinard (2003), Langevin et Riopel

    (2005). Par exemple, De Brito (2004) a propos un cadre conceptuel permettant de structurer

    la logistique inverse. Ses recherches lui ont permis de constater que la typologie ressemblait

    en quelque sorte ce que d'autres auteurs avaient dfini comme dimensions: motivations,

    types de produits, options de valorisation et agents. De Brito a propos des questions

    fondamentales en guise de dimensions de base pouvant caractriser la logistique inverse.

    Pourquoi est-ce que cela doit tre valoris?

    Qu'est-ce qui doit tre valoris?

    Comment la valorisation doit tre faite?

    Qui est responsable des activits de valorisation?

    De Brito a labor les cinq dimensions de la logistique inverse. En effet, selon l'auteur,

    les diffrentes recherches en ce qui concerne la logistique inverse peuvent se classer sous

    cinq catgories. La question pourquoi a t scinde en deux puisqu'elle peut tre pose

    selon deux perspectives: le client et l'entreprise. Selon l'optique entreprise il est question

    de comprendre quelles sont les raisons qui poussent une entreprise vouloir grer les flux de

    retour de produits malgr qu'aucune loi ne lgifre l'industrie. En ce qui concerne l'optique

    client on dsire comprendre ce qui motive le client retourner un produit. Voici donc les

    cinq dimensions proposes par de Brito :

  • 19

    Pourquoi

    Recevoir?

    Pourquoi Quoi?

    Retourner?

    logistique Inverse

    Comment? Qui?

    Figure 2.2 Les cinq dimensions de base de la logistique inverse

    Le guide d'entrevue, prsent en annexe 1, a t construit en s'inspirant de la structure

    propose par De Brito. Cette typologie, jumele une slection rflchie des joueurs

    rencontrer, a pour avantage d'offrir une vision holistique du secteur de la revalorisation des

    ordinateurs.

    Le guide d'entrevue comporte sept principales sections. Ce guide est l'outil utilis afin

    d'amasser de l'information pertinente chez les entreprises oeuvrant dans la revalorisation des

    ordinateurs. La premire section identifie la personne ressource. La pertinence de

    l'information recueillie lors des entrevues dpend indniablement de la crdibilit de la

    personne ressource. La deuxime section dfinit les caractristiques de l'entreprise.

    L'envergure, la raison d'tre et l'anne de fondation sont des lments pralables une

    analyse pertinente. La troisime section se veut une rponse la question Qui . Il s'agit de

    dresser le portrait de l'environnement relationnel de l'entreprise interviewe. Ainsi, cette

    section demande l'interlocuteur d'identifier ses concurrents, ses fournisseurs et ses clients.

    De plus, le guide demande la personne ressource de situer son entreprise dans cet

    environnement. Les informations recueillies dans cette section permettent de visualiser les

    relations entretenues entre la firme et les acteurs de sa chane d'approvisionnement. La

    quatrime section rpond la question Pourquoi . Selon De Brito (2004), trois raisons

    peuvent expliquer pourquoi une entreprise s'intresse la revalorisation de produits:

  • 20

    les raisons conomiques,

    Des gains financiers directs sont raliss lorsqu'une organisation est en mesure

    de valoriser un produit, habituellement caractris par un cycle de vie court, dont la

    valeur conomique est grande. Certaines organisations se sont intresses aux activits

    de la logistique inverse en raison de l'importance de la valeur perue des matriels

    retourns. De plus, des gains indirects peuvent tre anticips. En effet, dans un

    contexte de non-rglementation, tre en mesure d'anticiper la loi est une action

    stratgique et peut procurer des avantages concurrentiels aux entreprises avant

    gardistes

    les raisons lgislatives,

    La rglementation peut aussi tre un incitatif la logistique inverse. En effet,

    certaines organisations, essentiellement dans les pays d'Europe et d'Asie, ont

    commenc s'intresser la logistique inverse afin de rpondre aux contraintes

    environnementales qui leur taient imposes (Jayaraman et al., 2001; Guide et al.,

    2000)

    les raisons thiques (entreprises bonne citoyenne)

    Certaines entreprises prennent conscience de leurs responsabilits face la

    socit dans laquelle elles voluent. Elles doivent tre en mesure de vhiculer des

    valeurs et de s' impl iquer dans des causes qui les tiennent cur. Plusieurs entreprises

    ont dsormais des programmes environnementaux et sociaux afin de dmontrer leurs

    contributions la socit.

    De plus, on se questionne sur les motivations des utilisateurs retourner leur appareil

    Pourquoi - Retourner . Il est important de comPrendre ces motivations, car elles seront

    pertinentes l'analyse.

    La cinquime section du guide d'entrevue est en lien avec la question Quoi . Il

    s'agit d'identifier les produits revaloriss par l'entreprise et de connatre les principales

    caractristiques de ces derniers. La sixime section rpond la question Comment . En

  • 21

    fait, [' interlocuteur doit dcrire et expliquer ses activits et ses processus. Les activits

    d'approvisionnement, de rception, d'entreposage, de traitement des intrants, de processus de

    revalorisation, de gestion de la demande et de l'offre, etc. sont abordes de manire

    comprendre le cheminement d'un intrant. Afin d'obtenir plus d'information concernant les

    diverses problmatiques vcues par les firmes, une septime section traitant des difficults

    rencontres a t ajoute. L'information recueillie est pertinente la comprhension des

    difficults qu'prouvent certains joueurs. Il est intressant de dcouvrir si ces difficults sont

    les mmes d'un joueur l'autre. De plus, l'opinion des entreprises en ce qui concerne les

    dfis de l'industrie est intressante pour l'analyse.

    Enfin, l'utilisation d'un guide d'entrevue permet d'identifier les thmes rcurrents chez

    les diffrents joueurs rencontrs. On l'utilise pour dgager les thmes et les points d'accroche

    en entrevue. Il s'agit d'un outil permettant au chercheur de diriger l'interlocuteur. On rcolte

    un certain nombre de donnes rutilisables, dont l'analyse permet par la suite de comprendre

    pourquoi certains sujets sont rcurrents, d'identifier les non-dits et de dfinir les lments

    cachs.

    2.4 RALISATION DES ENTREVUES

    Les 26 recycleurs/rcuprateurs slectionns selon les rfrences de Recyc-Qubec ont

    tout d'abord t contacts via un courrier lectronique ou un appel tlphonique. Dix-huit

    entreprises ont rpondu positivement la demande d'entrevue. Trois entreprises ne se sont

    pas dmontres intresses et ont rpondu ngativement. Cinq entreprises n'ont pas retourn

    de rponse la demande d'entrevue.

    Ds qu'une entreprise slectionne a confirm son intrt pour le projet, une date de

    rencontre a t fixe. De plus, afin de s'assurer que les entrevues soient efficaces, le guide

    d'entrevue a t envoy par courrier lectronique aux personnes ressources. Cette manire de

    procder permettait aux personnes ressources d'tre prpares et d'avoir amass les

    informations pertinentes pour la rencontre. Les entrevues ont dur approximativement deux

    heures. Sept entrevues ont t enregistres en totalit et un verbatim complet a t rdig

  • 22

    pour chacune d'entre elles. Pour les six autres entrevues, ['enregistrement n'a pas pu tre fait

    puisqu'il n'a pas t accept par les entreprises2.

    2.5 VISITES DES INSTALLATIONS

    La totalit des entreprises ayant particip aux entrevues ont accept qu'une visite des

    installations soit effectue. Ces visites n'ont pu, par souci de confidentialit, tre filmes ou

    enregistres. De plus, les installations de plusieurs autres acteurs ont t visites. En effet,

    s'ajoutent la liste le site d'enfouissement St-Michel et un magasin de revente de matriel

    usag.

    Selon les installations des joueurs rencontrs, les visites ont dur entre 30 et 90

    minutes. Ces dernires avaient pour objectifs de comprendre le cheminement d'un intrant, de

    se familiariser avec le processus de planification et d'ordonnancement des activits, de

    s'informer sur le type de prise de dcision et de voir les amnagements. Lors des visites,

    l'interlocuteur a t questionn sur l'ensemble de ses activits et sur les difficults

    rencontres. Ces visites ont t valeur ajoute pour l'tude puisqu'elles ont favoris une

    meilleure comprhension des activits et qu'aucune information prcise n'existe sur les

    oprations des recycleurs/rcuprateurs d'ordinateurs au Qubec.

    2.6 ENTREVUES TLPHONIQUES

    Des entrevues tlphoniques ont t ralises auprs de certaines organisations

    util isatrices d'ordinateur. Pour ces acteurs, ces entrevues ont t considres suffisantes

    puisqu'une visite n'aurait pas ajout d'informations pertinentes. Trois utilisateurs ont t

    slectionns et ont rpondu positivement l'appel. Ces trois entreprises, dont l'identit est

    garde confidentielle, ont t slectionnes selon deux facteurs: l'accessibilit et l'utilisation

    qu'elles font de la technologie. La premire entreprise est situe Montral et compte

    environ 200 employs, dont une centaine ont accs un ordinateur. Sa comptence

    distinctive ou sa source de comptitivit ne dpend pas de la performance de son matriel

    informatique. En effet, le matriel informatique est un outil supportant les oprations, mais

    2 Les verbatims, les enregistrements et les notes ont t conservs et sont disponibles en fonction des balises de confidentialit

  • 23

    demeure d'une utilisation assez simple (bases de donnes, intranet, traitement de texte, etc.).

    La deuxime entreprise rencontre est, elle aussi, situe Montral et compte environ 250

    employs. La comptitivit de cette dernire dpend en presque totalit de la pelformance de

    ses outils technologiques. La' troisime entreprise est publique et compte de nombreux

    utilisateurs (environ 600 ordinateurs). Les entrevues ont t de courtes dures (environ 15

    20 minutes) et cherchaient identifier:

    oLes connaissances en matire de revalorisation des ordinateurs;

    oLes faons utilises pour se dpartir de matriels dsuets;

    oLes faons util ises pour se procurer du matriel informatique.

    L'objectif tait de questionner trois entreprises ayant des caractristiques d'utilisation

    diffrentes. Ainsi, les donnes sur les habitudes de disposition et d'achat de matriel

    informatique de ces trois entreprises s'avrent utiles pour l'analyse. Il est noter que la

    crdibilit des personnes ressources a t assure pour l'ensemble des entreprises. En effet,

    les personnes ressources occupent toutes des postes de direction gnrale.

    2.7 COMPILATION ET SYNTHSE DES RSULTATS

    Avant d'tre en mesure d'analyser les donnes amasses, une compilation et une

    synthse devaient tre ralises. Ainsi, sept verbatims ont t faits, des fiches d'observation

    ont t compltes et plusieurs feuilles de notes ont t prises. La structure propose par De

    Brito a t utilise pour la compilation des rsultats. Une fiche descriptive pour chacune des

    entreprises a t faite. Cette fiche synthtise toute l'information concernant l'identit de

    chaque entreprise (Qui). De plus, on pouvait retrouver sur cette fiche la raison d'tre de

    l'entreprise, ses valeurs et ses objectifs (Pourquoi). Par la suite, les cl ients, fournisseurs et

    concurrents pour chaque entreprise ont t identifis (Qui). Les intrants ont t caractriss et

    les extrants dfinis (Quoi). Afin de bien comprendre le processus interne de chaque joueur,

    un diagramme' d'activits a t construit. Ce diagramme avait comme principal objectif de

    permettre de visualiser le cheminement d'un intrant et les principales prises de dcision

    (Comment). L'amnagement de certaines entreprises t schmatis de manire a pouvoir

    comprendre les dplacements et les diffrents postes de travail. Une fois ce travail de

  • 24

    synthse ralis, l'analyse devenait plus simple. En effet, les lments de comparaison entre

    les entreprises devenaient vidents.

    2.8 ANALYSE

    Pour l'analyse, le travail de synthse fut grandement utilis. On se devait de comparer

    les entreprises les unes avec les autres afin de dterminer quels recycleurs/rcuprateurs

    tiraient mieux leur pingle du jeu. Par la suite, l'information prcise sur chacune des

    entreprises de revalorisation devait tre remIse dans un contexte de chane

    d'approvisionnement. Pour ce faire, l'information amasse concernant les autres types de

    joueurs devait tre utilise.

    2.9 RVISION

    Quatre entreprises se sont prtes l'exercice de rvision du travail de recherche. Une

    discussion tlphonique avec ces entreprises a permis de valider l'information recueillie. Les

    entreprises ont t informes des conclusions de l'analyse et cela leur a permis de se situer et

    de se comparer. Cet exercice fut enrichissant pour le chercheur tout comme pour ces

    entreprises.

    2.10 DIFFICULTS RENCONTRES

    Lors de l'tude quelques difficults ont t rencontres. Premirement, le secteur de la

    revalorisation des ordinateurs est un secteur en mergence. Le rseau n'est pas encore bien

    dfini et les joueurs ne sont pas encore tous bien tablis. Ainsi, les joueurs rencontrs

    n'taient pas tous prts nous dvoiler leurs stratgies et certains semblaient inquiets quant

    la confidentialit de l'tude. Deuximement, le niveau de connaissance en gestion tait

    diffrent d'un joueur l'autre. De ce fait, le guide d'entrevue se devait d'tre relativement

    simple et le chercheur a du s'adapter pour chacune des entrevues ou visites. Troisimement,

    les entrevues ne se sont pas toujours droules dans un environnement favorisant l'change.

    En effet, puisque certains joueurs sont trs petits et ne comptent que 2 ou 3 employs, la

    personne ressource tait souvent drange lors de l'entrevue.

  • 25

    2.11 CONCLUSION

    La mthodologie utilise lors de l'tude a permis au chercheur d'avoir une vIsion

    globale du secteur puisque plusieurs acteurs de la chane d'approvisionnement ont t

    rencontrs. De plus, les entrevues et les visites d'usine ont permis de prciser et

    d'approfondir l'tude spcialement chez les recycleurs/rcuprateurs. La mthodologie

    util ise a permis de structurer l'tude et de collecter l'information ncessaire une analyse

    pertinente

  • 26

    CHAPITRE III

    REVUE DE LITTRATURE

    Il Ya quelques annes, la logistique inverse tait pratiquement inconnue par l'industrie

    et le monde de la recherche. Aujourd'hui, c'est un concept qui prend de l'ampleur d aux

    contraintes environnementales et aux profits potentiellement ralisables.

    Il sera question dans la prochaine section de bien comprendre le concept et les

    diffrentes dfinitions proposes dans la littrature. Cette prsentation des dfinitions

    permettra de situer le lecteur et d'identifier la dfinition qui sera celle pris en considration

    dans le cadre du prsent travail.

    3.1 LA LOGISTIQUE INVERSE: DFINITION ET HISTORIQUE DU CONCEPT

    Le terme de logistique inverse (reverse logistic) est celui le plus couramment

    rencontr dans la littrature lorsqu'il est question de la gestion des retours et du traitement

    des produits rcuprs. Ce terme est vocateur du fait qu'il permet de se rfrer la chane

    traditionnelle, mais dans son sens inverse. Il n'est pas tonnant de constater que de nombreux

    auteurs ont propos une dfinition gnrale de ce qu'est la logistique inverse, d'o

    l'mergence terminologique abondante du sujet. En effet, selon l'auteur, on parlera de

    distribution inverse, de logistique velte, de logistique inverse, de logistique rebours, etc.

    La logistique inverse est un sujet qui date de plusieurs annes. Il en est mme difficile

    de retracer la date de son mergence exacte. Cependant, la littrature propos de termes

    comme canaux de distribution inverse et de flux inverses a fait son apparition dans les annes

    70 (Guiltinan and Nwokoye, 1974; Ginter and Starling, 1978). Au cours des annes 80, une

    des premires descriptions du concept de logistique inverse est la distribution inverse.

  • 27

    Lambert et Stock (1981) caractrisent le mouvement qu'implique la distribution inverse

    comme Aller dans la mauvaise direction sur une voie sens unique tant donn que la

    grande majorit du flot des expditions est dans une direction . Ces derniers mettent

    l'emphase sur les cots associs ramener les produits du client vers l'entreprise et traitent le

    problme de logistique inverse en terme d'impact sur le systme de distribution.

    Dans les annes 90 et 2000, plusieurs auteurs se sont intresss la logistique inverse.

    Ces derniers ont cherch largir la dfinition de la logistique inverse en s'appuyant sur

    celles dfinissant la chane d'approvisionnement traditionnelle. C'est ainsi que Rogers et

    Tibben-Lembke (1998) ont propos une dfinition s'appuyant sur celle dcrit par le Council

    of Logistics Management (portant maintenant le nom de Council of Supply Chain

    Management Professionnals ) :

    Le processus de planification, d'implantation, et de contrle de l'efficience, de la

    rentabilit des matires premires, des en-cours de production, des produits finis, et de

    l'information pertinente du point d'utilisation jusqu'au point d'origine dans le but de

    reprendre ou gnrer de la valeur ou pour en disposer de la bonne faon

    Selon Chouinard (2003), cette dernire dfinition porte croire que la logistique

    inverse ne s'attarde qu' une gestion unidirectionnelle de flux de matires et d'information,

    alors que ce n'est pas le cas. Il propose donc sa propre dfinition de la logistique inverse:

    La logistique inverse consiste alors rcuprer des biens du circuit commercial ou

    du consommateur mme, de les orienter vers une nouvelle tape de leur existence et de les

    traiter dans le but d'en retirer le maximum de valeur en cherchant les rintgrer sur le

    march ou de les disposer proprement. Par son champ d'action, on voudra assurer, entre

    autres, la gestion et la planification des activits de collecte, d'valuation, de tri, de

    dsassemblage, de redistribution de mme que la gestion des stocks de produits neufs,

    rcuprs et valoriss dans le but de rorienter les produits rcuprs de manire efficiente

    dans leur cycle de vie.

    Carter et Ellram (1998) prsentent la logistique inverse comme tant Le retour,

    mouvement contre-courant d'un produit ou de matire dcoulant de la rutilisation, du

  • 28

    recyclage ou de la disposition. Ce mouvement contre-courant peut tre associ aux

    problmes environnementaux, tout comme la qualit et l'usure (dgradation dans le

    temps) et est souvent effectu par des nouveaux membres auxiliaires au systme. Cette

    dernire dfinition nous rappelle la dfinition propose par Lambert et Stock en 1981 qui

    caractrisaient la logistique inverse comme un canal de distribution inverse.

    Durant la fin des annes 90, dbut 2000, une nouvelle tendance axe sur

    l'environnement a pu ressortir de la dfinition propose par certains auteurs. Ces derniers ont

    mme tabli un nouveau terme: la logistique verte. Ainsi, les auteurs Wu et Dunn (1995)

    dfinissent la logistique verte comme tant davantage que la logistique inverse, car elle

    cherche conomiser les ressources, liminer des dchets et amliorer la productivit

    (Wu et Dunn, 1995). Ainsi, la logistique verte prend en considration la logistique dans son

    sens traditionnel et invers. Rodrigue et al. (2001) la caractrise comme tant Un systme

    de distribution et de transport efficient ami de l'environnement . Selon Hart (1997), La

    logistique inverse doit avoir la plus petite empreinte sur l'environnement .

    Durant les mmes annes on a vu apparatre un autre terme: la logistique Inverse.

    Ainsi, avec ce nouveau terme les auteurs, pour la plupart, semblent regrouper sous une mme

    dfinition la dfinition de la logistique verte et de la distribution inverse. Selon les auteurs

    Kroon et Vrijens (1995) La logistique inverse fait rfrence aux talents de la gestion de la

    logistique et les activits requises pour rduire, grer et disposer les dchets dangereux et non

    dangereux provenant du matriel d'emballage et des produits. De plus, elle inclut la

    distribution inverse. . Carter et Ellram (1998) la dfinissent ainsi C'est la distribution

    inv'erse accompagne d'une rduction des ressources . lis dfinissent la rduction des

    ressources comme tant la minimisation des dchets rsultant en un processus de

    distribution en amont et inverse . De nombreuses autres dfinitions peuvent tre trouves

    dans la littrature (Thierry et al., 1995; Stock, 1998; Dowlatshahi, 2000; Blumberg, 1999).

    Les auteurs Lambert et Riopel (2003) ont bien rsum la dfinition des termes

    prcdemment dfinis et ont propos leur propre dfinition de la logistique inverse. La figure

    3.1 prsente cette dfinition. Cette dernire est notre avis la plus complte et sera celle que

    l'on prendra en considration pour cette recherche.

  • --------- --

    29

    Le processus de planification, d'implantation, et de contrle de l'efficience, de la

    rentabilit des matires premires, des en-cours de production, des produits finis, et de

    l'information pertinente du point d'utilisation jusqu'au point d'origine dans le but de

    reprendre ou gnrer de la valeur ou pour en disposer de la bonne faon tout en assurant une

    utilisation efficace et environnementale des ressources mises en uvre

    Logistique inverse l

    Logistique inverse~

    ---Distribution inverse - produit

  • 30

    une tche ou une activit de la gestion de la logistique, d'autres la voient comme une habilet

    particulire ou une comptence distinctive. La plupart s'entendent sur le fait que la logistique

    inverse est un processus au mme titre que la logistique traditionnelle.

    Le deuxime lment concerne l'ensemble des intrants. La majorit des recherches

    considrent les principaux intrants comme tant les rebuts, les produits en fin de vie ou en fin

    d'utilisation, les surpl,us, les matires dangereuses, les emballages, l'information, les matires

    premires et les stocks. Certains auteurs limitent leur dfinition et restreignent les intrants.

    Cependant, selon Soto (2005) et d'autres comme Rogers et Tibben-Lembke (1998), la

    dfinition de la logistique inverse devrait comprendre tous les intrants et devrait tre perue

    au sens largi du terme.

    Le troisime lment concerne l'ensemble des activits que comporte la logistique

    inverse. Les auteurs s'entendent sur le fait que plusieurs activits sont prsentes autant dans

    la logistique inverse que dans la logistique traditionnelle, cependant elles prennent un sens

    diffrent. Diffrents facteurs typiques la logistique inverse viennent redfinir les activits,

    comme par exemple le niveau d'incertitude lev.

    Le quatrime lment concerne l'ensemble des extrants. La rutilisation de composants

    et d'appareils, le recyclage, les rebuts et les produits remis neuf constituent l'aboutissement

    final d'un produit cheminant dans le processus de la logistique inverse. La plupart des

    auteurs, dans leurs recherches, ne prennent pas en considration la totalit des finalits

    possibles.

    Le cinquime et dernier lment qui est dfini dans la littrature concerne le point de

    commencement et de fin de la logistique inverse. Tous les auteurs s'entendent sur le fait que

    le point de commencement se situe au point de consommation. Ce dernier peut tre le

    consommateur, le distributeur, le dtaillant, etc., en fait tous les agents susceptibles de

    retourner un produit. Le point marquant la fin du processus se situe au fabricant, au point de

    collecte ou au point d'origine. Le tableau 3.1 expose un sommaire de ces derniers lments.

  • 31

    Tableau 3.1 Principaux lments dfinissant la logistique inverse

    Origine Intrants Activits Extrants Destination

    "Point de - Rebut - Planification et - Produits - Fabricant consommation contrle de rutilisables

    - Fin de vie l'efficience et des - Centre de cots du flux de - Recyclage collecte

    - Fin produits d'utilisation - Rebut - Point

    - Collecte d'origine - Surplus - Pices (fournisseur)

    - Transport - Emballage - Produits

    - Entreposage remis neuf - Matires dangereuses - Acceptation

    - En cours - Rutilisation

    - Produits - Conditionnement finis

    - Expdition

    - Disposition

    - Gestion

    - Dsassemblage

    Source: Rogers et Tibben-Lembke, 1998

    Ainsi, il a t drriontr que plusieurs auteurs se sont intresss la logistique inverse.

    Ces derniers ont dfini le concept et l'ont souvent caractris comme tant un sujet en

    devenir. Cependant le concept fait partie de la littratUre depuis plus de 35 ans. Par

    exemple, la logistique inverse a t tudie pendant la deuxime guerre mondiale par la

    fonderie de cuivre Noranda Canada afin de refondre les douilles usages d'obus (Pich,

    1993). D'autres pratiques telles la reprise des bouteilles de boissons gazeuses et de bires, la

    collecte des bouteilles de lait vides et la rutilisation des rebuts et de pices dans le domaine

    de l'automobile (Ford, 1988), sont connues depuis de nombreuses dcennies. Le concept est

    donc connu depuis longtemps. De nombreuses recherches ont permis d'approfondir les

    connaissances en logistique inverse. Mais peu de recherches ont trait du contexte

  • 32

    organisationnel et oprationnel des entreprises. Afin de connatre J'tat d'avancement des

    recherches une revue de la littrature s'impose.

    3.2 LA LOGISTIQUE INVERSE: REVUE DE LITTRATURE

    Selon Lu et al. (2001) la logistique inverse est ne de la ncessit pour les

    organisations de structurer et de mieux contrler le retour de leurs produits. On constate que

    malgr cette ncessit le rseau de logistique traditionnelle d'une majorit d'entreprise n'est

    pas fait pour s'occuper de la logistique inverse (Lambert et Riopel, 2003). Dawe (1995)

    explique qu'il en est ainsi puisque la gestion des retours ne serait pas une priorit pour les

    organisations.

    Dans cette section il sera question de comprendre ce qui distingue la logistique inverse

    de la logistique traditionnelle. Cette comparaison permettra de saisir les diffrentes

    caractristiques dfinissant la logistique inverse et fera en sorte de dcouvrir pourquoi le

    rseau traditionnelle semble prouver certaines difficults grer les flux inverses. Une fois

    cette comparaison faite, il deviendra pertinent d'exposer les recherches ayant permis des

    avancements et ayant contribu mieux comprendre le concept de la logistique inverse.

    3.2.1 La logistique traditionnelle vs logistique inverse: Une comparaison

    Rogers et Tibben-Lembke (2001) ont tudi les principales diffrences entre la

    logistique traditionnelle et la logistique inverse. Le tableau 3.2 tir de Lambert et Riopel

    (2003) est une traduction de Lu et al. (2001), il dmontre les principales distinctions pour les

    organisations.

  • 33

    Tableau 3.2 Diffrences entre la logistique traditionnelle et la logistique inverse

    LogistiqueAspects Logistique inverse

    traditionnelle

    Prvision Relativement simple Plus difficile

    Point de distribution Un plusieurs Plusieurs un

    Qualit des produits Uniforme Non uniforme

    Emballage des produits Uniforme Non uniforme

    Destination/routes Dfinies Indfinies

    Option de disposition Claires Mal dfinies

    Prix Relativement uniforme Dpend de plusieurs facteurs

    Importance de la vitesse de Pas considre comme une Reconnue

    disposition priorit

    Cot de distribution Facilement identifiable Moins facilement identifiable

    Gestion des stocks Cohrence Incohrence

    Cycle de vie du produit Facile grer Plus difficile grer

    Ngociation Directe entre les parties Complique

    Compliques par plusieurs Mthodes de marketing Bien connues

    facteurs

    Visibilit du processus Plus transparent Moins transparent

    Source: Lu et al., 2001

    Ainsi, ces auteurs comparent la logistique traditionnelle la logistique inverse selon

    quatorze aspects. Ils discutent premirement de la prvision et considrent que la prvision

    des retours est assez complexe et dfinitivement plus difficile prvoir. La pertinence et

    l'efficacit de l'utilisation des mthodes de prvision sont dans la logistique inverse, tout

    comme dans son sens traditionnel, vulnrables la qualit de l'information reue par les

  • 34

    agents de la chane. Les possibilits d'erreurs de prvision des ventes sont accentues, dans la

    logistique inverse, dues l'incertitude lie au temps, la quantit et la qualit des produits

    reus. La littrature est pauvre en matire de modle de prvision.

    La distribution comporte une diffrence marque puisque, dans la logistique

    traditionnelle, le produit est distribu d'un centre plusieurs clients, mais c'est plutt

    l'inverse en ce qui concerne la logistique inverse, le flux de produits provient de plusieurs

    sources et doit tre achemin un centre. Le type d'emballage est une caractristique rendant

    plus complexes les activits de distribution. Les produits distribus par un fournisseur au sein

    d'un rseau de logistique traditionnelle sont de par leur homognit de forme pour la plupart

    faciles palettiser, regrouper dans des botes, etc. Ils sont donc aisment transportables et il

    devient facile de dterminer un transport adquat. Dans le cas de la logistique inverse, les

    produits reviennent, pour la plupart, de manire individuelle et sont donc difficilement

    regroupables. De plus, il n'y a pas de conditionnement standard qui facilite le dplacement.

    Selon Fleischmann et al. (1997), la distribution inverse se diffrencie de celle traditionnelle

    puisque le niveau d'incertitude est plus lev. De plus, il mentionne qu'il est plus difficile en

    distribution inverse de minimiser le cot li au transport des retours d la difficult de

    rconciliation des stocks.

    L'inceltitude face la qualit des produits est amplifie dans la logistique inverse.

    Selon Chouinard (2003) la qualit des produits retourns est un facteur ayant un impact

    important sur les possibilits de disposition des produits. En fait, la qualit aura un impact

    important en ce qui concerne la prise de dcision quant l'insertion du produit dans un

    processus de valorisation. Cependant l'auteur dnote que le contexte actuel n'est pas adapt

    au contexte de valorisation des produits. En effet, il considre que les facteurs suivants

    rendent les activits de valorisation plus complexes:

    Le cycle de vie des produits diminue constamment;

    Les organisations offrent souvent un service minimal d'entretien sous garantie;

    La rparation par des composants neufs est coteuse pour le client et constitue un

    march trs lucratif pour les organisations;

  • 3S

    La conception des produits n'est pas prvue en fonction de faciliter le dsassemblage.

    Puisque la qualit est un facteur important, Chouinard (2003) considre l'tape du tri

    comme tant trs importante et incontournable. La qualit affectera donc l'estimation de la

    dure rsiduelle de la vie utile du produit et le cot total d'exploitation. En effet, puisqu'il est

    difficile d'estimer la qualit des produits rcuprs et du matriel qui pourra tre redistribu,

    l'valuation de la dure de vie rsiduelle devient une tche complexe. Celle-ci a pour effet

    d'accentuer la perception souvent ngative des organisations et des clients envers le matriel

    valoris. Ainsi, pour ce qui est des mthodes marketing, il semble tre plus difficile de vendre

    des produits valoriss, car la perception des consommateurs ne semble pas trs bonne

    l'gard de ces derniers.

    Le temps est un autre facteur dterminant pour la performance des activits de

    rusinage et la maximisation de la valeur. Plus le processus de revalorisation sera long pour

    un appareil plus ce dernier perdra de la valeur. De plus, mme si le processus de

    revalorisation s'avre relativement efficace, si l'appareil demeure invendu ce dernier perdra

    tout de mme de la valeur. En fait, la difficult majeure amene par la valorisation des

    produits provient de la conciliation de l'offre de produits la demande. Pour faire face cette

    difficult, une gestion des stocks efficace est ncessaire. Il est important de comprendre que

    lors du tri, la demande et le niveau des stocks devront tre pris en considration. Chouinard

    prcise que de nouvelles stratgies de gestion de stock devront tre prises afin de prendre en

    considration la valeur du matriel valoris. De plus, il mentionne que l'objectif de la firme

    sera tout de mme de rpondre la demande tout en maintenant un niveau de stock

    mlDlmum.

    La quantit est un facteur amplifiant la complexit de la logistique inverse. En effet, il

    est difficile d'estimer le volume des retours, mais il est encore plus difficile d'valuer la

    proportion des produits qui seront intgrs au flux inverse des matires et vers queUe

    alternative de traitement ils seront dirigs. La quantit de matriel aura un impact important

    sur le rseau de logistique inverse. Afin de mieux prvoir les quantits, les organisations

    devront mettre sur pied une stratgie de collecte, faire un arbitrage lors de la consolidation

    des produits entre le service la clientle et les cots s'y rattachant, examiner les diffrents

    traitements envisageables et dfinir les flux de matire et d'information souhaitable afin

  • 36

    d'amliorer les chances de rutilisation des composants. L'expertise des agents concerns

    dans le rseau aura un impact considrable, c'est pourquoi l'utilisation de ressources

    spcialises sera justifie.

    La valorisation des produits rcuprs dpendra de plusieurs facteurs dont le stade du

    cycle de vie auquel se retrouve le produit, son niveau technologique et sa qualit. Tous ces

    facteurs dtermineront en que"Ique sorte les possibil its de valorisation du produit.

    Le rseau des routes et les options de disposition sont encore mal dfinis. La

    conception des rseaux de logistique inverse comprend l'optimisation de la capacit des

    installations et du flux de produits entres celles-ci. Les modles traditionnels considrent la

    demande et les cots d'opration comme tant des intrants. Pour ce qui est de la logistique

    inverse, on considre que la demande provient des deux cts de la chane.

    Krikke (1998) considre quelques lments permettant de diffrencier la logistique

    inverse de son sens traditionnel:

    Forward logistics systems are pull systems, while in RL there is a combination of push and

    pull, due to the fact that there are clients on both sides of the chain, namely the disposer and

    the re-user. In forward logistics, only customer markets need to be served and the entire

    logistic chain, including suppliers (the 'equivalent' of disposers), adjusts itself to it. As a

    result of the extended producer responsibility, the amount of waste supplied to the RL system

    (the push) cannot be influenced in the long run and has to be matched with demand (the pull).

    Disposai can serve as an escape route for unwanted waste, but the amount of disposai is

    limited by Jegislation.

    Forward logistics models usually deal with divergent networks, while flows can be strongly

    divergent and convergent at the same time.

    Fleischmann et al. (1997) ajoute la littrature dmontrant la diffrence entre les rseaux de

    la logistique inverse et de la traditionnelle:

    A particularity in the reverse distribution networks is their high degree of uncertainty in

    supply, both in terms of quantity and quality of used products returned by the consumers.

    Both are determinants for a suitable network structure since, e.g. high quality products may

  • 37

    justify higher transportation costs (and thus a more centralized network structure), whereas

    extensive transpoltation of low value products is uneconomical. Moreover, end-markets for

    recovered products may not be weil known, exposing network planning in this context to

    even more unceltainty.

    Tout comme les rseaux traditionnels, les rseaux de la logistique inverse peuvent tre

    composs d'un nombre plus ou moins grands d'agents (Guiltinan et Nwokoye, 1974; Jahre,

    1995). Il est donc possible que les rseaux prennent de multiples formes. Il existe plusieurs

    typologies de rseaux dans la littrature, mais la plupart sont dcrits selon le nombre

    d'intervenants potentiels (Pohlen et Farris, 1992 ; Fleischmann et al., 1997).

    La diffrence entre les rseaux est accentue par le niveau d'incertitude

    particulirement lev en ce qui concerne la quantit et la qualit des retours de produits.

    L'estimation du nombre de retours et de la qualit les caractrisant a un impact important sur

    la dfinition du rseau et l'optimisation des choix de location.

    Le prix est difficile fixer, car il semble tre influenc par plusieurs facteurs et semble

    pouvoir varier selon les particularits de chaque produit. La rapidit d'excution et de

    disposition des produits n'apparat pas comme une priorit de la chane de logistique inverse.

    Les variables qui dterminent les cots de distribution sont difficiles dterminer.

    La gestion des stocks et la planification des oprations semblent tre particulirement

    complexes. La gestion des retours a pour consquence de complexifier la gestion et le

    contrle des stocks. En effet comme il a t mentionn auparavant, il est difficile de prvoir

    combien de produits seront retourns dans le rseau. Par consquent, des pnuries ou des

    surplus peuvent plus difficilement tre prvus. L'identification des caractristiques d'un

    produit retourn peut tre une activit demandant un grand laps de temps.

    Fleischmann et al. (1997) proposent trois diffrences majeures dans la gestion et le

    contrle des stocks:

    In RL, as a consequence of the return flow, the inventory level between new component

    rep1enishments is no longer necessarily decreasing but may increase also. This loss of

    monotonicity significantly complicates the underlying mathematical models. A possible

  • 38

    starting point for a doser analysis of this aspect, are the cash balancing models comprising

    in and outbound flows.

    There are two alternatives for fulfilling the demand that impose an additional set of

    decisions to be taken. External orders and recovery have to be coordinated. This can be

    compared with a two-supply mode inventory system with the special property that supply

    of one mode cannot fully be controlled

    By distinguishing between products yet to be overhauled and serviceable, the situation

    described above naturally leads to a two-echelon inventory system. Thus, investigations

    on adequate echelon stock control strategies, such as PUSH versus PULL policies are

    relevant in this context.

    Krikke (1998) a dmontr les raisons expliquant pourquoi le systme traditionnel du

    MRP (Material Requirement Planning) n'est pas utilisable dans la logistique inverse. Ces

    raisons sont lies la difficult de concilier l'offre et la demande. De plus, selon le niveau et

    le type de dsassemblage, une organisation n'aura pas ncessairement la composante

    ncessaire. Il est aussi noter qu'un arbitrage sera ncessaire entre la rcupration de

    composantes et l'achat de ces dernires. Il est difficile de prvoir s'il sera possible, suite aux

    activits de la logistique inverse, de rcuprer des pices ou de maximiser la valeur d'un

    retour. Parfois, plusieurs tests et dsassemblages devront tre faits, ce qui compl ique la

    gestion des stocks. Ainsi, contrairement la logistique traditionnelle, il est difficile de prvoir

    et de planifier la squence des tapes suivre.

    Guide et al (2000) considre sept facteurs expliquant la complexit de la planification

    et le contrle des oprations:

    Incertitude de temps (moment du retour) et de quantit des retours;

    Conciliation entre la demande et le nombre de retour;

    Besoin de dsassembler les retours;

    Incertitude quant la valeur possible d'un retour ;

    Difficults dfinir un rseau efficace ;

    Conciliation entre les pices rcuprer et les spcifications.

  • 39

    La gestion du cycle de vie du produit semble tre plus difficile car chacun des produits,

    selon le contexte, est une tape diffrente de son cycle de vie. Les relations et la ngociation

    entre les diffrents agents de la chane de logistique inverse sont particulirement

    compliques. Le processus de logistique inverse semble tre moins transparent. Une des

    raisons pouvant expliquer ces difficults est lie au manque de systme d'information adapt

    au flux inverse de produits.

    [1 est donc possible de conclure que la logistique inverse diffre de la logistique

    traditionnelle. Si l'on retourne dans la 1ittrature, il est possible de remarquer que les

    premiers textes qui abordaient la notion de distribution rebours et ses diffrents rseaux

    (Ginter et Starling, 1978; Guiltinan et Nwokoye, 1974), mettaient dj en perspective

    l'asymtrie des rseaux de logistique inverse et de logistique traditionnelle. Ainsi, selon

    l'tude de ces diffrents facteurs, la logistique inverse semble tre un processus davantage

    complexe et parat marque par un niveau d'incertitude beaucoup plus lev.

    3.2.2 Recherches actuelles propos de la logistique inverse

    Comme le mentionnent Carter et Ellram (1998) et Dowlatshahi (2000), la littrature

    concernant la logistique inverse manque d'un cadre d'analyse permettant d'avoir une vision

    globale. Certains auteurs ont tout de mme tent de structurer la logistique inverse et d'ainsi

    faciliter sa comprhension.

    Thien'y et al. (1995) proposent une analyse stratgique de la gestion de la valorisation

    des produits. Afin de faciliter l'analyse, les auteurs proposent une liste d'options de

    valorisation. Les options sont caractrises selon le niveau de dsassemblage du produit, du

    niveau de qualit requis et du type d'extrant rsultant de la valorisation. Chacune des

    alternatives envisageables de traitement des produits inutiliss ou inutilisables, qu'il s'agisse

    de rutilisation ou de revente directe, de valorisation ou d'limination, doivent tre

    examines afin de cibler celles qui conviennent le mieux la situation de l'organisation. Plus

    spcifiquement ces catgories se classent en ordre croissant d'effort pour la remise en tat ou

    en fonction des gains de valeur escompts.

    La rutilisation (incluant palfois la rparation de produits)

  • 40

    La valorisation

    o La rparation;

    o Le reconditionnement;

    o Le rassemblage

    o La cannibalisation;

    o Le recyclage des produits inutiliss ou de leurs composants

    Chouinard (2003) ajoute cette liste l'limination en terme d'alternative de traitement

    des produits rcuprs, puisqu'elle reprsente parfois la seule solution envisageable.

    Cependant, elle n'est pas une activit gnrant de la valeur. L'limination est habituellement

    la dernire solution envisager dans le cadre d'un systme de logistique inverse.

    Thierry et al. (1995) traitent aussi de trois tudes de cas (BWM, IBM et des

    manufacturiers de photocopieuses) afin d'illustrer la gestion de la logistique inverse et tente

    de dmontrer les changements subvenus dans les oprations au moment o les entreprises ont

    pris la dcision de traiter les retours de produits.

    Fleischmann et al. (2001 b) proposent une revue de littrature en ce qui concerne les

    modles quantitatifs existants propos de la logistique inverse. Ils nous prsentent ces

    modles en les classant en trois catgories: la planification de la distribution, la gestion des

    stocks et la planification de la production. Les discussions faites par les auteurs tentent de

    dmontrer les problmatiques et questions souleves par la logistique inverse et ses activits.

    Ils portent une attention particulire aux similitudes et aux diffrences entre la logistique

    traditionnelle et la logistique inverse. Fleischmann (2001 b) distingue cinq catgories de

    retours de produits: retours de produits inutiliss, retours commerciaux, retours de produits

    sous garantie, rebuts et produits drivs des activits du rseau et les emballages. Selon eux,

    les principales dimensions de la logistique inverse sont: les motivations, le type de retour, les

    types de valorisation et les acteurs impliqus dans le rseau. Ainsi, divers facteurs peuvent

  • 41

    amener une organisation s'intresser aux retours de marchandises. Chaque type de retour

    ncessitera des procdures de traitement diffrentes.

    Carter et ElIram (1998) exposent les principaux auteurs qui ont contribu la

    littrature existante sur la logistique inverse. Ils situent les auteurs selon leur sujet et leur

    contribution. De plus, ils ajoutent les princ ipales faiblesses et limites des recherches faites

    ce jour. Selon eux, la principale faiblesse de la majorit des auteurs se situe au niveau des

    bases thoriques et de l'tendue de leur vision. En effet, ils considrent que la plupart des

    articles manquent de bases thoriques et que les auteurs n'ont pas une vue holistique de la

    logistique inverse. Ils s'accordent sur le fait qu'il manque une structure pouvant expliquer la

    logistique inverse et nous en proposent une dcrivant les forces et les contraintes de

    l'environnement ayant un impact sur la logistique inverse. Il est noter que selon l'article,

    l'incertitude de la logistique inverse peut tre diminue en favorisant la coordination verticale

    renforce entre les fournisseurs et l'organisation. Selon les auteurs, la conception de la

    logistique inverse pour une entreprise et l'identification des forces internes et externes

    dtermineront le systme et sa viabilit long terme.

    Goggin et Browne (2000) proposent une classification de la valorisation des produits

    en fin de vie. Cette classification est selon eux un outil pouvant aider la comprhension, la

    prise de dcision et la rsolution de problme. Les auteurs catgorisent la logistique inverse

    selon: les types d'opration, la complexit des intrants et des extrants, le degr d'implication

    des fournisseurs, la collecte et la distribution. L'article se concentre par la suite sur l'analyse

    de la situation des fabricants d'quipements lectroniques.

    Ainsi, tous ces auteurs ont contribu l'avancement des connaissances propos de la

    logistique inverse et ont permis de structurer en partie le sujet. Cependant, il demeure

    qu'aucun de ces auteurs ne se soient attard au dveloppement d'une vision globale de la

    logistique inverse.

  • 42

    3.2.2.1 La logistique inverse: Pourquoi retourner, Pourquoi recevoir, Quoi, Comment, Qui

    De Brito (2004) l'a compris et propose la typologie suivante, comme prsent dans le

    chapitre mthodologie.

    Comme le propose De Brito (2004), la logistique inverse sera analyse selon cinq

    dimensions. La prsente section tentera d'expliquer chacune des dimensions et permettra de

    situer les recherches dans le domaine.

    Pourquoi - recevoir: Les motivations

    La premire dimension propose par de Brito permet de comprendre les raisons qui

    poussent une entreprises grer les retours de produits. Selon l'auteur, trois facteurs

    expliquent les motivations des entreprises reprendre des produits: les raisons conomiques,

    les raisons lgislatives et le fait qu'une entreprise veuille tre une bonne citoyenne .

    :. Raisons conomiques

    De Brito expl ique que les facteurs conomiques incitants les entreprises la

    logistique inverse peuvent tre de deux natures. En effet, les entreprises peuvent obtenir des

    gains directs et/ou des gains indirects. Des gains directs sont ral iss lorsqu'une organisation

    est en mesure de valoriser un produit, habituellement caractris par un cycle de vie court,

    dont la valeur conomique est grande. Certaines organisations se sont intresses aux

    activits de la logistique inverse en raison de l'importance de la valeur que reprsentent pour

    eux les matriels retourns (Chouina.rd, 2003). De plus, une conomie importante peut tre

    ralise en ce qui concerne l'achat de matires premires. En effet, une entreprise peut, par

    exemple comme dans l'industrie des mtaux, avoir comme intrants des produits recycls et

    des produits purs . Pour terminer, une entreprise peut voir ses frais relis la disposition

    de ses dchets diminuer en optant pour d'autres options de valorisation. Selon Chouinard

    (2003) le choix de disposition des produits aura un impact direct sur la possibilit de

    rcupration de valeur des produits retourns et, de ce fait, sur la rentabilit mme des

    activits .

  • 43

    Selon De Brito, des gains indirects peuvent aussi tre raliss. Selon Louwers et al.

    (1999) des entreprises peuvent tre intresses la logistique inverse de faon anticiper la

    future rglementation. tre en mesure d'anticiper la loi est une action stratgique et peut

    procurer des avantages concurrentiels aux entreprises avant-gardistes. La valorisation des

    produits peut aussi aider une entreprise se construire une image verte et peut accrotre

    l'intrt d'une certaine clientle. De plus, la valorisation peut amener une entreprise

    dvelopper une meilleure relation avec ses fournisseurs et sa clientle. Puisque la relation

    entre l'entreprise et le client ne prend plus fin l'achat, mais perdure plutt pour tout le cycle

    de vie du produit, l'entreprise pourra offrir une large gamme de services et ainsi accrotre le

    sentiment d'appartenance par rapport l'entreprise.

    :. Raisons lgislatives

    La rglementation peut aussi tre un incitatif la logistique inverse. En effet, certaines

    organisations, essentiellement dans les pays d'Europe et d'Asie, ont commenc s'intresser

    la logistique inverse afin de rpondre aux contraintes environnementales qui leurs ont t

    imposes (Jayaraman et al., 2001; Guide et al., 2000). Par exemple, en Allemagne, un dcret

    sur les vhicules en fin de vie utile vendus depuis le mois d'avril 1998 impose aux

    constructeurs de les rcuprer gratuitement (Jacqueson, 2002). Des directives similaires

    s'appliquent galement divers quipements lectroniques distribus sur les marchs

    europens et asiatiques (Shih, 2001; Rogers et Tibben-Lembke, 2001). Les lois qui voient le

    jour dans ces pays ciblent non seulement les activits de production, mais aussi la phase

    d'utilisation de mme que la fin de vie utile du produit. En Europe, il y a la directive de la

    Communaut Europenne sur le matriel d'emballage qui stipule que le client peut le laisser

    au dtaillant et que ce dernier doit en assurer le recyclage (Fleischmann et al., 1997). On

    remarque que de plus en plus d'actions sont poses dans le but de diminuer le nombre de

    produits se rendant au site d'enfouissement. Avec la signature du Protocole de Kyoto par le

    Canada, des rglementations environnementales imposent aux entreprises la rduction de leur

    consommation en ressources non renouvelables de mme qu'une diminution de leur mission

    de matires polluantes. Stasiak et al. (1996) proposent une base de donnes intressante au

    sujet des lois environnementales qui facilite la recherche par les usagers et dont la mise jour

    est faite par les agences et gouvernements.

  • 44

    .:. Entreprise Bonne citoyenne

    Certaines entreprises prennent conscience de leurs responsabilits face la socit dans

    laquelle elles voluent. Elles doivent tre en mesure de vhiculer des valeurs et de

    s'impliquer dans des causes qui les tiennent cur. Plusieurs entreprises ont dsormais des

    programmes environnementaux et sociaux afin de dmontrer leurs contributions la socit.

    On comprend, par l'explication des raisons incitant les entreprises prendre sous leur

    charge la gestion des retours de produit, que bien que les considrations cologiques et

    conomiques soient souvent perues par les organisations comme des incitants

    contradictoires, ces deux aspects demeurent troitement lis lorsqu'il est question de

    logistique inverse (Chouinard, 2003).

    Pourquoi - Retourner: Les motivations

    Les raisons qui motivent un consommateur ou un agent de la chane retourner un

    produit sont multiples. Afin de mieux les comprendre, de Brito les a spar en trois

    catgories: les retours provenant de la production, les retours provenant de la distribution et

    les retours provenant des clients.

    :. Retours provenant de la production

    De Brito considre que les retours provenant de la production sont tous les produits ou

    composantes ayant besoin de valorisation et qui sont dtects dans la phase de production

    d'un produit. Le besoin en valorisation peut tre d une mauvaise qualit, un surplus de

    production ou de matires premires, etc .

    :. Retours provenant de la distribution

    Un rappel de production peut tre la cause de retours provenant de la distribution. En

    effet, souvent initis par le fabricant, les rappels de produits sont dus un disfonctionnement

    du produit qui pourrait occasionner un risque pour les consommateurs. Les retours

    commerciaux font aussi partie de cette catgorie. En effet, ces retours font rfrence au B2B

    (Business to Business), la plupart du temps les acteurs sont lis par des ententes

  • 45

    contractuelles. Les ajustements de stocks entre les diffrents agents de la chane sont

    comptabiliss parmi les retours provenant de la distribution. De plus, de Brito a inclus dans

    cette catgorie ce qu'elle nomme les retours fonctionnels , c'est--dire tous les produits

    dont leurs fonctions les obligent aller dans le sens traditionnel et inverse de la chane

    logistique. Par exemple on retrouve dans cette catgorie: les palettes, les caisses vides,

    certains contenants ou emballages, etc .

    :. Retours provenant des clients

    Le client final peut son tour retourner un produit. Les raisons que de Brito propose

    sont de cinq natures. Premirement, les retours peuvent tre occasionns dus une politique

    de B2C qui pourrait permettre un client final de retourner le produit s'il ne lui satisfait pas.

    Deuximement, le client peut avoir retourner le produit selon les conditions de la garantie.

    Troisimement, le produit peut demander un ajustement ou une rparation. Quatrimement,

    le client peut profiter d'une opportunit de retour du produit suite son utilisation. Le retour

    des bouteilles de boissons gazeuses ou de bire peut trs bien caractriser le retour de produit

    aprs utilisation. De plus, certains produits comme les livres peuvent tre achemins dans une

    boutique de livres usags aprs utilisation. Enfin, le client peut retourner un produit qui est en

    fin de vie utile afin de rcuprer une valeur rsiduelle.

    Quoi - Types et caractristiques de produit

    Il s'agit ici de dfinir ce qui est susceptible de composer le flux inverse de produits. En

    effet, il est important pour une organisation dsirant grer les flux inverses de comprendre

    quelles sont les caractristiques des retours. En ayant cette information, une organisation

    pourra tre en mesure de mieux grer ces flux et de le faire de manire efficace et optimale.

    Selon l'auteur, les caractristiques qui doivent tre prises en considration sont: la

    composition, la dtrioration et le profil d'utilisation .

    :. Composition

    La composition du produit aura un impact important sur les possibilits de valorisation.

    En effet, le nombre de composantes et la manire dont elles sont assembles dtermineront la

    facilit du dsassemblage. Il en va de mme pour la facilit qu'aura l'entreprise tester le

  • 46

    bon fonctionnement d~s composantes. De plus, il est vident que plus un produit aura des

    spcificits, plus les activits de valorisation pourront tre complexifies. La prsence de

    matires dangereuses apportera aussi son lot de complication aux activits puisque ce type de

    produits ncessite des oprations supplmentaires.

    :. Dtrioration

    L'tat de dtrioration d'un produit est trs important lorsqu'il sera le temps de dfinir

    l'option de valorisation. En effet, l'ge d'un produit, l'tat de ses composantes ou le cycle de

    vie court peut le rendre non rutilisable d'autres fins. Cependant, mme si un produit peu

    sembler totalement dsuet, ses composantes sont peut-tre encore en trs bonne condition.

    Ainsi, selon l'tat de dtrioration du produit, certaines options de valorisation ne seront pas

    appl icables.

    :. Profil d'utilisation

    Cette caractristique du produit est de grande importance. En fait, il est important de

    dterminer quel est le type d'utilisation que l'on a fait du produit. Le produit a-t-il t utilis

    des fins personnelles ou tait-il la proprit d'Une institution? Quel genre d'utilisation en a

    t-on faite? L'auteur donne l'exemple d'un livre de lecture. Le livre tait-il la proprit d'une

    bibliothque ou d'un individu? Combien de fois a-t-il t lu ? Ainsi, les options de

    valorisation ainsi que la phase de la collecte pourront tre affects par le profil d'utilisation.

    De Brito termine l'explication du quoi en expliquant les diffrents types de

    produits que l'on peut valoriser:

    Objets civils (ponts, btisses, routes, etc.)

    Biens de consommations (appareils, vtements, etc.)

    Biens industriels (quipements)

    Huile et produits chimiques

    Emballage et produits de distribution

  • 47

    Pices de rechange

    Autres matriels

    Comment - Processus et options de valorisation

    La quatrime dimension caractrisant la logistique inverse permet de comprendre

    comment le produit retourn sera pris en charge par une entreprise ou une organisation.

    Ainsi, il s'agit de dfinir le processus qui permettra un produit d'tre orient vers une autre

    tape de son existence et d'tre.trait afin qu'un maximum de valeur en soit retir. Selon

    l'auteur, les tapes du processus menant la valorisation sont: la collecte, l'inspection / test,

    le triage et la valorisation .

    :. La collecte

    La collecte est une opration essentielle la performance d'un rseau de logistique

    inverse (Cunningham et Distler, 1997). En effet, les produits rcuprs constituent les intrants

    du systme. Une forte participation des utilisateurs assurera une masse critique d'aCtifs

    rcuprs, ce qui est une condition de succs du rseau (Ginter et Starling, 1978 ; Murphy et

    Poist, 1989). Afin d'assurer cette participation, certains incitatifs peuvent tre instaurs pour

    que l'utilisateur modifie ses comportements. Ainsi, pour assurer le retour de certains produits,

    une entreprise peut mettre en place un incitatif financier. Par exemple, des entreprises comme

    Natrel et Parmalat facturent leurs clients un montant suffisamment significatif afin que ces

    derniers retournent les caisses de lait vides. De plus, certains fournisseurs vont facturer les

    palettes utilises lors du transport des produits achets. Un autre exemple d'incitatif financier

    est celui, trs connu, des bouteilles de boisson gazeuse ou de bire.

    Les incitatifs peuvent aussi prendre la forme d'amnagement favorisant la palticipation

    des utilisateurs. cet effet, des tudes comparent certains types d'amnagement entre eux en

    fonction du taux de palticipation au programme de rcupration (Ge11er et al., 1975 ; Luyben

    et Bailey, 1979 ; Oskamp et al., 1994).

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    .:. L'inspection! test

    Afin d'tre en mesure de bien diriger les produits valoriser, il sera ncessaire de faire

    une inspection permettant de caractriser l'tat du produit. Selon les particularits des

    produits, il sera peut-tre ncessaire de tester le bon fonctionnement et de faire le bilan des

    oprations ncessaires afin d'optimiser la valorisation des produits.

    :. Le triage

    Le triage consiste sparer les diffrentes matires qui sont susceptible"s d'tre

    rcupres ou dmonter les produits complexes comme les ordinateurs. Si le triage est

    effectu la source, ceci rduit la complexit et le cot de cette activit (Jahre, 1995).

    Cependant, ce dernier n'est pas toujours envisageable cause de la complexit des produits.

    En effet, des spcialistes sont parfois ncessaires puisque les produits ne sont pas toujours

    conus de manire tre facilement dsassemblables.

    Dans la littrature, nombreux sont les articles traitant d'oprations de dsassemblage.

    Plusieurs auteurs se sont attards sur cette problmatique dans un contexte de logistique

    inverse. Le dsassemblage est aujourd'hui souvent une opration plus coteuse que rentable.

    Mais avec les lois et les normes environnementales, la valorisation devient de plus en plus

    incontournable et le dsassemblage rentable devient plus que jamais ncessaire. Par

    consquent, le dmontage planif