La Libre Entreprise du 20 avril 2013

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Réseaux Universités en ligne : la véritable démocratisation du savoir. p.7 Enjeux Le clair-obscur des dispositifs de soutien à la création d’entreprise. pp.8-9 Face et profil A 41 ans, Julia Jäkel est la présidente du directoire de Gruner + Jahr. p.16 CHRISTIAN CHARISIUS/DPA/REPORTERS L’amnistie fiscale en questions Alors que la fraude fiscale et les paradis de l’argent noir sont la cible d’attaques à l’arme lourde sur le plan international, le gouvernement peaufine une procédure d’amnistie fiscale de la dernière chance pour les Belges disposant de revenus englués sur des comptes bancaires ou d’assurance à l’étranger. pp. 2-3 ILLUSTRATION GAËLLE GRISARD l Édito Sortie de route pour l’auto européenne Pierre Loppe L es immatriculations de voitures neuves ont chuté de 10,2 % en mars dans l’Union euro- péenne, à 1,307 million d’unités. Cela fait 18 mois que l’on entend la même rengaine ! Toutes les marques sont touchées, sauf celles de prestige (comme Mercedes, Porsche) ou low cost (Dacia). A l’échelle de l’Europe élargie, le recul est con- tinu depuis un an et demi. En 2012, les immatri- culations sont tombées à leur plus bas niveau depuis 1995. Et au premier trimestre de cette année, la chute a été de 9,8 %. Vers où que l’on se tourne, à l’exception du Royaume-Uni, la baisse est générale : – 11,4 % en Belgique, – 16,2 % en France, – 4,9 % en Italie, – 13,9 % en Espagne et – 17,1 % en Allemagne. Rien ne va plus… La crise est pointée du doigt, bien sûr, mais elle n’est pas seule en cause, comme le prouve la résistance des véhicules de luxe. Au vrai, la dé- gradation du marché dépasse de loin le recul des indicateurs de croissance. Vu l’absence de pers- pectives claires, c’est l’incertitude qui prévaut. Et comme chacun sait, l’achat d’une voiture comporte une forte composante psychologique… L’allongement des files de chômage entraîne une perte de confiance. Laquelle déteint sur le moral des constructeurs et des acheteurs. Le secteur a-t-il touché le fond? Faut-il s’attendre à un frémissement au second semestre ? Pas sûr. C’est plutôt vers 2014 qu’il faut tourner les regards, disent les experts. Ils tablent sur une reprise molle du PIB et le vieillissement du parc européen… qu’il faudra bien renouveler un jour. Pour l’heure, la contre-performance allemande inquiète surtout. On craint que ce pays adopte une posture défensive. Qu’il accroisse la pression sur les coûts pour assurer les volumes. Au risque de relancer une guerre des prix destructrice… SUPPLÉMENT DE LA LIBRE BELGIQUE – SAMEDI 20 AVRIL 2013 – 25 E ANNÉE – N°16 – www.lalibre.be

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RéseauxUniversités en ligne:la véritabledémocratisation dusavoir. p.7

EnjeuxLe clair-obscur desdispositifs desoutien à la créationd’entreprise. pp.8-9

Face et profilA 41 ans, Julia Jäkelest la présidente dudirectoire deGruner+Jahr. p.16

CHRISTIANCH

ARISIUS/DP

A/RE

PORT

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L’amnistie fiscaleen questions

Alors que la fraude fiscale et les paradis de l’argentnoir sont la cible d’attaques à l’arme lourde sur leplan international, le gouvernement peaufine une

procédure d’amnistiefiscale de la dernière

chance pour lesBelges disposantde revenusenglués surdes comptesbancaires oud’assurance àl’étranger.pp. 2-3

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TION

GAËLLE

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l Édito

Sortie de route pourl’auto européennePierre Loppe

L es immatriculations de voitures neuves ontchuté de 10,2% enmars dans l’Union euro­péenne, à 1,307million d’unités. Cela fait 18

mois que l’on entend lamême rengaine! Touteslesmarques sont touchées, sauf celles de prestige(commeMercedes, Porsche) ou low cost (Dacia).A l’échelle de l’Europe élargie, le recul est con­

tinu depuis un an et demi. En 2012, les immatri­culations sont tombées à leur plus bas niveaudepuis 1995. Et au premier trimestre de cetteannée, la chute a été de 9,8%. Vers où que l’on setourne, à l’exception du Royaume­Uni, la baisseest générale: –11,4% en Belgique, –16,2% enFrance, –4,9% en Italie, –13,9% en Espagne et–17,1% en Allemagne. Rien ne va plus…La crise est pointée du doigt, bien sûr, mais ellen’est pas seule en cause, comme le prouve larésistance des véhicules de luxe. Au vrai, la dé­gradation dumarché dépasse de loin le recul desindicateurs de croissance. Vu l’absence de pers­pectives claires, c’est l’incertitude qui prévaut.Et comme chacun sait, l’achat d’une voiture

comporte une forte composante psychologique…L’allongement des files de chômage entraîne uneperte de confiance. Laquelle déteint sur lemoraldes constructeurs et des acheteurs.Le secteur a­t­il touché le fond? Faut­il s’attendreà un frémissement au second semestre? Pas sûr.C’est plutôt vers 2014 qu’il faut tourner lesregards, disent les experts. Ils tablent sur unereprisemolle du PIB et le vieillissement du parceuropéen… qu’il faudra bien renouveler un jour.Pour l’heure, la contre­performance allemandeinquiète surtout. On craint que ce pays adopteune posture défensive. Qu’il accroisse la pressionsur les coûts pour assurer les volumes. Au risquede relancer une guerre des prix destructrice…

SUPPLÉMENT DE LA LIBRE BELGIQUE – SAMEDI 20 AVRIL 2013 – 25E ANNÉE – N°16 – www.lalibre.be

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Libre Entreprise Dossier

2 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013 3samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

lalibre.beRÉAGISSEZ !N’hésitez pas à réagir à cedossier et retrouvez le reste del’info économique sur le site.

Vous avez des sous au Luxembourg ?

Analyse Patrick Dath-Delcambeet Patrick Van Campenhout

L’ amnistie fiscale ver­sion 2013 est presque surles rails. Le gouvernement a

besoin de sous et il a mis les petitsplats dans les grands pour faire ensorte de faire rentrer les sous grisou noirs en Belgique et de les blan­chir contre paiement d’une bellepénalité. La fin justifiant lesmoyens, le débat moral sur la ques­tion a été largement esquivé par lespartis de la majorité. On parlepourtant cette fois de régulariser leblack des Belges (fraudeurs).

En quoi le contexte actuel favori­serait­il ce retour des capitaux? Il ya évidemment tout le débat sur lesparadis fiscaux. Et, si vous disposezde quelque avoir chez nos chersvoisins luxembourgeois, les récen­tes déclarations de ministresgrand­ducaux ont dû passable­ment vous inquiéter. Et pourcause: l’échange automatique d’in­

formations entre le Grand­Duchéet la Belgique est désormais évo­qué à partir de 2015, alors que lesecret bancaire luxembourgeoissemblait jusqu’à présent une cita­delle inexpugnable. Est­ce à direque le fisc belge aura connaissancede ce patrimoine si chèrement ac­cumulé et… caché à partir du1er janvier 2015? Pas vraiment.

A l’instar des danseurs de la pro­cession d’Echternach, les respon­sables luxembourgeois se gardentbien d’avancer franchement: la ré­cente ouverture sur l’échangeautomatique ne les empêche pasde préserver encore jalousement lesecret dans pas mal de domaines.Tout d’abord, cet échange automa­tique d’information ne concerneque les revenus d’intérêts. Si vouspossédez un compte à vue, uncompte d’épargne, un compte àterme ou encore des bons de caisse,vous serez donc prochainement dela revue. Quand exactement ? “Ladate du premier échange d’informa­tions n’est pas encore très claire, pré­cise François Parisis, Chief WealthStructuring Officer chez PuilaetcoDewaay. L’échange automatiqued’informations sera­t­il effectif àpartir de 2015 sur base des revenusd’intérêts perçus en 2014 ou concer­nera­t­il les revenus d’intérêts perçusen 2015 avec échange d’informa­tions en 2016? Cela reste à préciser.”

Quand échange d’informations ily aura, il se limitera à la communi­cation des intérêts perçus, et riende plus. Mais cela ne manquera pas

d’attirer l’attention du fisc. D’unepart, il s’inquiétera de savoir sivous avez mentionné ces revenusdans votre déclaration fiscale (c’estobligatoire!). Vous serez sans douteabsous de toute pénalité puisque leLuxembourg aura déjà perçu unprécompte de 35% sur ces revenus,dont 75 % sont rétrocédés à la Bel­gique.

Vous n’en serez pas quitte pourautant. Le fisc voudra savoir quelest le montant du magot qui se ca­che derrière ces intérêts. “Ce quil’intéressera, c’est la partie cachée del’iceberg”, note François Parisis.Mais peut­être avez­vous opté voilàdéjà quelques années pour les pro­duits d’assurance, souscrits àl’étranger, histoire d’avoir la cons­cience en paix au moment de rem­plir votre déclaration fiscale ? Las,la déclaration 2013 intègre cettefois l’obligation de mentionner desproduits de branche 21 et 23 con­tractés à l’étranger. Vous avez toutintérêt à dire la vérité si l’origine dece placement est de l’argent hon­nêtement gagné. Si vous prenez lerisque de mentir, vous ne risquezpas grand­chose, du moins à courtterme. Certes, une directive euro­péenne évoque un échange auto­matique d’informations pour cetype de produits, mais, cette fois, àl’horizon 2017. “Cette directives’imposera au grand­duché duLuxembourg”, relève François Pari­sis. Là encore, il reste des zonesd’ombre concernant la nature desinformations échangées : contrats

conclus avant ou à partir de 2017,montant total des primes versées ouuniquement montant des primesversées l’année précédente,…

A suivre!Quid si vous avez opté pour des

obligations, des actions et autresfonds de placement ? Si vous avezdes actions ou SICAV d’actions, rien

ne change, tout simplement parceque les actions produisent des divi­dendes (taxés à la source), et non desintérêts. Or, l’échange automatiqued’informations ne concerne que lesrevenus d’intérêts, sauf change­ments ultérieurs. Et pour les obliga­tions ? Commençons par la mau­vaise nouvelle: si vous avez des obli­

gations, le montant du “coupon”perçu entre bien dans le cadre del’échange automatique d’informa­tions. Vous n’y couperez pas nonplus si vous possédez un fondsd’obligations voire un fonds mixteavec plus de 25 % d’obligations enportefeuille. Mais cette mesure nevaut que pour les fonds avec passe­

port européen, c’est­à­dire qui sontou peuvent être commercialiséesdans plusieurs pays européens. Pourfaire clair : une SICAV uniquementdédiée au marché luxembourgeoiséchappe à l’échange automatiqued’informations. Mais ne nous ytrompons pas, la fin des paradis fis­caux paraît bel et bien programmée.

P Le gouvernementa resserré les maillesdu filet sur les fraudeurs.

P Les projecteurssont surtout braquéssur l’argent noir.

À savoirEt si je n’ai pas fraudé?

Ce qui n’est pas interdit… estautorisé. Si l’origine de votre patri-moine ne présente aucune zoned’ombre, vous n’avez pas grand-chose à craindre: placer de l’argent àl’étranger est tout ce qu’il y a de pluslégal. Inutile dès lors de songer àrégulariser des fonds ou des pro-duits d’investissement qui sont toutce qu’il y a de plus réglo!C’est le fait d’oublier –sciemment ounon– de mentionner les revenus deces placements dans sa déclarationqui peut vous valoir un rappel àl’ordre de la part du fisc belge.Par contre, si votre patrimoine placéau Luxembourg a une origine dou-teuse (travail au noir, succession nondéclarée au fisc belge), la prochaineamnistie fiscale vous ouvre grand lesbras: ce sera la dernière occasion derégulariser votre situation.

Épinglé

Prescription ? Coût ?

Les délais. En matière defraude fiscale, les délais deprescription sont clairs : 10 anspour une succession non décla-rée, 7 ans pour la fraude sur ladéclaration des revenus profes-sionnels ou financiers. Mais cen’est pas parce que le magot quevous a légué un proche sur uncompte à l’étranger il y a 12 ansest concerné par cette prescrip-tion que les revenus générés parcelui-ci sont clairs… Globale-ment, les tarifs de l’amnistie2013 sont élevés. Mais ilspermettent aux fraudeursd’acheter la paix de l’esprit.

Le chiffre

185049MONTANT MOYEN PARRÉGULARISATIONDe nombreuses personnes ayantfraudé le fisc souhaitent régulari­ser leurs avoirs avant la haussedes amendes annoncée pour le2 juillet prochain. Le nombre dedemandes de régularisationfiscale connaît une très fortehausse, tout comme lesmon­tants qui sont en jeu. Le fisc areçu durant les deux premièressemaines d’avril 243 demandesde régularisation pour unmon­tant total de 51,58millionsd’euros, soit quatre fois plusqu’en avril 2012. Depuis début2013, le nombre de demandes aatteint 1292. La somme totale enjeu est de 239,5millions d’eurosou enmoyenne 185409 eurospar dossier.

PAUL

AMES/AP

P Le juriste spécialisé François Parisis nous aide à mieux comprendre les dessous de cette opération de blanchiment officiel de l’argent noir.

Dix questions précises pour tenter de mieux cerner ce qui est visé par l’amnistie fiscale 2013

1 Il existe deux échéances etdeux sortes d’amnisties fisca­

les en 2013?Oui, il y a la procédure de régu­larisation qui est en cours,conformément à la loi de 2005,et qui permet de régulariserl’argent gris en introduisant undossier auprès du point decontact prendra fin le 1er juilletprochain.Il sera donc possible d’envoyerencore des dossiers le vendredi28 juin. L’amnistie fis­cale 2013 –ce sera une véritableamnistie– débutera le 2 juillet etse terminera le 31 décembre decette année. Mais le contribua­ble qui aurait entré un dossier àla hâte disposera encore desix mois pour le compléter avecles justificatifs nécessaires.

2 Quels types de placementssont concernés?

En réalité, on ne parle pas cettefois de placements commeen 2004 (DLU) mais de typesde fraudes effectuées par despersonnes physiques ou mora­les (sociétés ou ASBL). Onrevient à l’origine du mal et onrécupère l’impôt dû plus lespénalités.

3 Quelles sont les périodesconcernées par la proposi­

tion d’amnistie?Elles sont fonction du typed’impôt éludé. S’il s’agit d’unesuccession non déclarée, lesfaits doivent remonter à moinsde 10 ans. S’il s’agit d’unefraude à l’impôt sur les reve­nus, le délai est de 7 ans, qu’il

s’agisse de revenus profession­nels, mobiliers ou immobiliers.

4 Que recouvre la notion“d’argent gris”?

C’est de l’argent blanc audépart, taxé comme il se doiten Belgique, mais placé ensuiteà l’étranger et ayant produitdes intérêts non déclarés enBelgique. On a fraudé le pré­compte mobilier.

5 Et qu’entend­on alors parargent noir?

Il s’agit du capital placé àl’étranger qui n’a pas été sou­mis à l’impôt en Belgique.Comme une succession nondéclarée, ou des revenus pro­fessionnels dissimulés par desindépendants.

6 Quels risques sont couverts parune amnistie fiscale?

L’amnistie fiscale 2013 offrira uneimmunité fiscale. Elle donneraaussi une immunité pénale: pasde poursuites a posteriori autribunal correctionnel pour descas de fraude fiscale, même orga­nisée. Immunité sociale aussi pourdes revenus qui n’auraient pasdonné lieu à des cotisations socia­les.

7 Quid des portefeuillesmixtes,gris, blanc, noir?

On peut régulariser tout, bienentendu, selon les tarifs relatifsaux types de fraudes concernées.

8 Quid du problème des assuran­ces­vie souscrites à l’étranger?

Il faut évidemment les déclarer

puisque c’est exigé dans la nou­velle déclaration fiscale. A condi­tion de détenir encore ce contratau moment de la déclaration… Lestermes de la loi sont importantsen l’espèce.

9 Et si on ne déclare rien?Compte tenu des tarifs proposés

pour la régularisation des revenusprofessionnels non déclarés, il y aun risque réel de voir des contri­buables ne pas vouloir perdre unepart trop grande de leur patri­moine logé à l’étranger. Les “pe­tits” fraudeurs, des indépendantsayant dissimulé de tels revenus,vont probablement rapatrier leurargent en douce. Le risque à cetégard est que les banques, cons­cientes de la nature douteuse desfonds, dénoncent les dépôts

d’argent noir à la CETIF (Cellulede traitement des informationsfinancières). Elles y sont obligéespar la loi et certaines dénoncentces dépôts de manière systémati­que.

10 Quels sont les tarifs desdifférentes options?

Pour des faits prescrits –plus de10 ans pour une succession ouplus de 7 ans pour des revenusprofessionnels–, le tarif est de35% du total. Pour les faits nonprescrits, on calcule l’impôt éludéet on y ajoute 15%. Soit pour desrevenus profession­nels: 50%+15%=65%! Pour unesuccession, selon le degré deparenté et le barême, c’est pareil.Pour une succession entre étran­gers, c’est pratiquement 100%.

La Libre Entreprise.Supplément hebdomadaire à La Libre Belgique.

Rédaction: Yves Cavalier, chef du serviceéconomique, Pierre Loppe, chef de La LibreEntreprise, Patrick Dath-Delcambe, AnneMasset (coordination), Dominique Simonet,Ariane van Caloen et Patrick Van Campenhout.Collaborateurs: André Bailleux, Solange Berger,Clou, Laurent Lambrecht, Isabelle de Laminne,Raphaël Meulders, Charlotte Mikolajczak etOlivier Standaert.Réalisation: Sodimco.Administrateur délégué - éditeur responsable :François le Hodey.Directeur Général: Denis Pierrard.Rédacteur en chef: Vincent Slits.Rédacteur en chef adjoint : Pierre-FrançoisLovens.Conception graphique: Jean-Pierre Lambert.Publicité: Patricia Hupin (0032.2.211.31.54)

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3samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

Vous avez des sous au Luxembourg ?

conclus avant ou à partir de 2017,montant total des primes versées ouuniquement montant des primesversées l’année précédente,…

A suivre!Quid si vous avez opté pour des

obligations, des actions et autresfonds de placement ? Si vous avezdes actions ou SICAV d’actions, rien

ne change, tout simplement parceque les actions produisent des divi­dendes (taxés à la source), et non desintérêts. Or, l’échange automatiqued’informations ne concerne que lesrevenus d’intérêts, sauf change­ments ultérieurs. Et pour les obliga­tions ? Commençons par la mau­vaise nouvelle: si vous avez des obli­

gations, le montant du “coupon”perçu entre bien dans le cadre del’échange automatique d’informa­tions. Vous n’y couperez pas nonplus si vous possédez un fondsd’obligations voire un fonds mixteavec plus de 25 % d’obligations enportefeuille. Mais cette mesure nevaut que pour les fonds avec passe­

port européen, c’est­à­dire qui sontou peuvent être commercialiséesdans plusieurs pays européens. Pourfaire clair : une SICAV uniquementdédiée au marché luxembourgeoiséchappe à l’échange automatiqued’informations. Mais ne nous ytrompons pas, la fin des paradis fis­caux paraît bel et bien programmée.

À savoirEt si je n’ai pas fraudé?

Ce qui n’est pas interdit… estautorisé. Si l’origine de votre patri-moine ne présente aucune zoned’ombre, vous n’avez pas grand-chose à craindre: placer de l’argent àl’étranger est tout ce qu’il y a de pluslégal. Inutile dès lors de songer àrégulariser des fonds ou des pro-duits d’investissement qui sont toutce qu’il y a de plus réglo!C’est le fait d’oublier –sciemment ounon– de mentionner les revenus deces placements dans sa déclarationqui peut vous valoir un rappel àl’ordre de la part du fisc belge.Par contre, si votre patrimoine placéau Luxembourg a une origine dou-teuse (travail au noir, succession nondéclarée au fisc belge), la prochaineamnistie fiscale vous ouvre grand lesbras: ce sera la dernière occasion derégulariser votre situation.

PAUL

AMES/AP

P Le juriste spécialisé François Parisis nous aide à mieux comprendre les dessous de cette opération de blanchiment officiel de l’argent noir.

Dix questions précises pour tenter de mieux cerner ce qui est visé par l’amnistie fiscale 2013

6 Quels risques sont couverts parune amnistie fiscale?

L’amnistie fiscale 2013 offrira uneimmunité fiscale. Elle donneraaussi une immunité pénale: pasde poursuites a posteriori autribunal correctionnel pour descas de fraude fiscale, même orga­nisée. Immunité sociale aussi pourdes revenus qui n’auraient pasdonné lieu à des cotisations socia­les.

7 Quid des portefeuillesmixtes,gris, blanc, noir?

On peut régulariser tout, bienentendu, selon les tarifs relatifsaux types de fraudes concernées.

8 Quid du problème des assuran­ces­vie souscrites à l’étranger?

Il faut évidemment les déclarer

puisque c’est exigé dans la nou­velle déclaration fiscale. A condi­tion de détenir encore ce contratau moment de la déclaration… Lestermes de la loi sont importantsen l’espèce.

9 Et si on ne déclare rien?Compte tenu des tarifs proposés

pour la régularisation des revenusprofessionnels non déclarés, il y aun risque réel de voir des contri­buables ne pas vouloir perdre unepart trop grande de leur patri­moine logé à l’étranger. Les “pe­tits” fraudeurs, des indépendantsayant dissimulé de tels revenus,vont probablement rapatrier leurargent en douce. Le risque à cetégard est que les banques, cons­cientes de la nature douteuse desfonds, dénoncent les dépôts

d’argent noir à la CETIF (Cellulede traitement des informationsfinancières). Elles y sont obligéespar la loi et certaines dénoncentces dépôts de manière systémati­que.

10 Quels sont les tarifs desdifférentes options?

Pour des faits prescrits –plus de10 ans pour une succession ouplus de 7 ans pour des revenusprofessionnels–, le tarif est de35% du total. Pour les faits nonprescrits, on calcule l’impôt éludéet on y ajoute 15%. Soit pour desrevenus profession­nels: 50%+15%=65%! Pour unesuccession, selon le degré deparenté et le barême, c’est pareil.Pour une succession entre étran­gers, c’est pratiquement 100%.

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Libre Entreprise Acteurs

4 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013 5samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

l Finance | En librairie

La banque était audacieuse. Les règles éthiquesétaient respectées. Il fallait investiguer, créer,souvent en pionniers, avec le consensus

d’équipes solidaires qui avaienttoute liberté de parole.” Ces pro­pos louangeurs, qui paraissentaujourd’hui décalés, font réfé­rence à la Banque Lambert, qua­trième institution financière dupays, dont le parcours a pris fin le30 juin 1975, à la veille de la fu­sion avec la Banque de Bruxelles.Opération qui a donné naissanceà la Banque Bruxelles Lambert(BBL).

Leur auteur est Paul­F.Smets,licencié en droit international etprofesseur émérite à l’ULB,membre de l’Académie royale deBelgique, administrateur de laFondation Paul­Henri Spaak, ad­ministrateur­délégué honoraire

de la Fédération des industries chimiques, prési­dent émérite de l’OBCE, censeur honoraire à laBNB, etc. qui publie chez Racine, comme le lui ademandé le baron Lambert, décédé en 2011, unouvrage magistral intitulé “La banque Lambert,une aventure bancaire et financière”(1).

La saga familiale a débuté en 1831 dans la fouléedu crédit industriel et après un amarrage auxRothschild. Elle s’est poursuivie après la SecondeGuerre mondiale, pendant “les trente glorieuses”,émaillée d’innovations en Belgique, en Europe, enAfrique et aux Etats­Unis: certificats au porteurreprésentatifs d’actions nominatives étrangères,analyse financière, gestion de patrimoine, fondscommuns de placement, certificats fonciers, socié­

tés de commerce international,émissions d’euro­obliga­tions, etc. Des innovations quiont marqué.

Après 1945, la reconstructionet le développement ont dé­marré sous la houlette de la ba­ronne Lambert, “Hansi”, parallè­lement à la métamorphose dumonde qui a bouleversé les don­nées du XIXe siècle. Léon Lam­bert, financier, collectionneurdans la grande tradition floren­tine, ainsi que son frère Philippe,banquier et négociateur interna­tional, ont été “les dignes succes­seurs de la tradition familiale, écritPaul­F. Smets. Leurs performancesoriginales dans les domaines de la

finance, de l’architecture et de l’art contemporain ontmarqué leur époque d’une manière indélébile”, ajou­te­t­il.

Alimenté par des sources inédites, des archivespubliques et privées et des témoignages multiples,ce livre met en lumière “l’aventure extraordinaired’une famille et d’autres maîtres d’œuvre qui saisis­sent les opportunités, où la satisfaction des besoins in­dividuels et le souci de l’intérêt général dominent”.Très fouillé, il comporte une bibliographie d’unequarantaine de pages en petits caractères…

L’ouvrage, engagé, intéressera ceux qui se pas­sionnent pour l’histoire financière du pays. Il ba­laie un siècle et demi et passe en revue le dévelop­pement des banques privées, la fin des banquesmixtes, la reconstruction et l’assainissement mo­nétaire, l’essor de l’Europe financière, etc.

Thème actuel: l’ouvrage évoque brièvement lestransferts douteux vers le Luxembourg et lessoupçons de fraude fiscale qui ont valu à la BanqueLambert et à ses dirigeants de se trouver dans lecollimateur de la Justice. Plus réjouissantes, les pa­ges consacrées à la construction du “nouveau Mar­nix” dessiné par l’architecte américain GordonBunshaft (photo), au financement du commercedes œuvres d’art et à la “Lambert Art Collection”qui a réuni des signatures prestigieuses: Calder,Bacon, Ernst, Pollock, Magritte, Warhol, Picasso,Rothko, Miro, Giacometti, etc. Les expositions or­ganisées par la banque étaient très prisées. L’accro­chage dans les locaux de la banque, un must.P.Lo

U (1)“Lambert, une aventure bancaire et financière”,Ed. Racine, 704 pp., 29,95 euros.

P Paul­F. Smets retrace l’aventurefamiliale qui a débuté en 1831et a pris fin à la naissance de BBL.

P Un récit “extraordinaire”,fondé sur des sources inéditeset des témoignages innombrables.

Lambert, une saga fi nancière

Vente aux enchères

Un diamant rose pour40 millions de dollars

Un diamant rose de 34,64 carats a été vendu aux enchères àNew York, mardi, à près de 40millions de dollars, établissantun nouveau record pour lamaison de vente aux enchèresChristie’s. Surnommé le “diamant princesse”, le joyau est“l’un des plus gros et des plus beaux diamants roses dans lemonde”, avait déclaré le directeur du département joailleriede Christie’s, François Curiel, avant la vente. Un acheteuranonyme au téléphone a payé 39323750 de dollars, soit plusd’unmillion de dollars par carat, pour cette pierre issued’anciennesmines de diamants en Inde du sud, a indiqué lamaison de vente aux enchères dans un communiqué. Lejoyau rose a autrefois appartenu à la famille royale de Hyde­rabad. Depuis 1960, il appartenait à la succursale londo­nienne de Van Cleef&Arpels. L’entreprise de joaillerie avaitacheté ce diamant 46000 livres, ce qui équivaut à 1,3millionde dollars aujourd’hui, réalisant donc un énorme profitmardi, a signalé Christie’s.Au total, les enchérisseurs ont acheté pour plus de 80mil­lions de dollars de bijoux lors de cette vente aux enchères àNew York, dont un peumoins de 4,5millions de dollars pourun diamant rectangulaire de 30.32 carats et 3,3millions dedollars pour une bague en diamant HarryWinston.Pour lamaison Christie’s, l’ancien record de vente pour undiamant s’établissait à 24,3millions de dollars, il s’agissait duWittelsbach de 31 carats acheté en 2008. (Belga)

CHRISTIE’S/AP

l Start-up | Smartphones

Augment,l’app qui dopel’image

Jean­François Chianettaest en passe, avec ses as­sociés, de faire décoller sastart­up Augment, activedans le domaine pointude la réalité augmentée.Cet ingénieur (Polytech­nique à Mons) de 30 ansbasé à Paris a en effet dé­veloppé une applicationtournant sur Android etiOS (iPhone et iPad) per­

mettant d’intégrer dans l’univers réel des objets(virtuels) qui n’y sont pas, à l’aide d’un smart­phone. Et… à quoi ça sert ce truc? “C’est simple:vous voulez savoir si un meuble ou un objet s’inté­grera dans votre intérieur, il vous suffit de viserl’endroit choisi avec votre smartphone et l’applica­tion y ajoute l’objet. Ce qui vous permet de levertoute incertitude vis­à­vis d’un achat éventuel, no­tamment lors d’achats sur Internet.” Il s’agit doncd’un produit mais l’application Augment estgratuite… Quel est donc le modèle économiquesous­jacent? “Nous proposons aux entreprisesde ‘déposer’ leurs modèles 3D sur notre site et demettre ensuite ce modèle adapté à notre “app” àdisposition sous la forme d’un lien sur leur site ousur leur page Facebook par exemple, ce qui permetà leurs clients de visualiser les produits dans leurintérieur. Pour le moment, et c’est ce que nous fai­sons depuis le lancement d’Augment, c’est de fiabi­liser et de perfectionner l’interface. Mais nous ve­nons de boucler un tour de financement auprèsd’un business angel pour quelque 220000 euros, etnous avons engagé un premier commercial auxEtats­Unis. L’étape suivante est de commercialisernos produits.” Mais l’app peut être utilisée dedifférentes manières? “De fait, elle peut être utili­sée sur le web, dans des catalogues, mais aussi parles forces de vente. Ici, c’est du côté des commer­ciaux que l’on voit le potentiel puisque ces derniersdisposent d’un outil exceptionnel en montrant lesobjets aux clients sur leurs tablettes en les inscri­vant virtuellement là où ils pourraient se trouverréellement. Pour eux, le coût est de 25 à 30 eurospar mois pour l’hébergement de modèles 3D. Pourles sites de moins 100000 visites/mois, le coût estde 400 euros/mois. Ce qui est peu comparé au dé­veloppement d’une application dédiée pour 40 à60000 euros.” Un argument qui séduit déjà50000 utilisateurs actifs et qui vise maintenantà convaincre les entreprises? “Oui, ce qui expliquenotre positionnement sur le marché américain. Là,le taux de pénétration des tablettes est de 70 à 75%pour 10 à 15% en Europe. Dans le domaine com­mercial, ça fait la différence.”

Etabli à Paris où il a fait ses premières armes enentreprise, Jean­François Chianetta n’a pasoublié sa région. Le week­end passé, il est re­venu au bercail faire le plein de magnums de…Saint­Feuillien. Les pays comprendront.P.V.C.

P Un jeune ingénieur belgefait son nid dans le businessde la réalité augmentée.

l Publicité

L’eldoradomobile, une ruéeà petits pasOlivier Standaert

Outre­Atantantique, la publicité surles appareils mobiles a progressé de111% en 2012, après avoir déjà

grimpé de 149% un an plus tôt. Des bondsde géants qui chiffrent les revenus dumobile à 3,4milliards de dollars. Poursituer le poids proportionnel du segmentmobile, précisons que la pub digitale dansson ensemble pèse aux alentours de36,6milliards de dollars aux Etats­Unis.Chez nous, le taux de pénétration dessmartphones (en ce compris les tablettes)est de 22% selon la dernière étude de l’In­teractive Advertising Bureau, qui table surun taux de plus de 70% d’ici 2016. Pour­tant, 60% desmarques belges semblents’approcher de l’universmobile sur lapointe des pieds et n’ont pas encore opti­misé leurs sitesmobiles. A priori, le jeu envaut la chandelle, et pas que pour les firmesactives dans la construction des platefor­mes… Selon l’IAB, les sitesmobiles répon­dant aux critères d’optimisation génèrent490% de visites en plus que les autres, et lessurfeurs y surfent plus longtemps(+580%…). L’IAB ne dit pas combien deminutes réelles ça fait, mais la différencedemeure sensible.

En Europe, lesmarques n’injectent pas plusde 6% de leurs investissements en banniè­res pub digitales dans lemobile. Le constatest lemême pour le search advertising, uneautre niche publicitaire dont lesméritessont vendus à tour de bras. On peut donc seposer la question suivante : qu’est ce quirend tant demarques, voire certains sec­teurs dans leur ensemble, encore réticents ?Les professionnels du secteur interrogéspar l’IAB Belgium pointent plusieurs cau­ses : la percée dumobile n’a pas été perçueà sa justemesure; ils craignent des coûtsd’investissements trop lourds, des couacstechniques; la crise pousse les annonceursà se concentrer sur des investissementsmédias classiques, connus, sans (mauvaise)surprise. C’est sûrement vrai. Mais il y aaussi la question de la présence : qu’est cequ’unemarque peut offrir de spécifique àses clients/consommateurs qu’ils ne peu­vent pas faire ailleurs ? Comment exploiterle potentiel nomade dumobile et faire ensorte qu’il soit utile là où on se trouve ?C’est le challenge de la “brand utility”. Bref,être présent sur les tablettes et smartpho­nes ne suffit pas : c’est en concertation avecles autresmédias que cela se réfléchit, et enétant capable d’offrir quelque chose dedifférent. Se lancer dans la pubmobilecomme on se lancerait dans les autresmédias serait donc l’erreur à ne pas com­mettre. Vu sous cet angle, les 60% demar­ques belges qui n’ont pas encore optimiséleur sitemobile ont peut­être aussi fait lechoix d’une abstentionmomentanée, etprudente.

D.R.

l Café | Douwe Egberts

Un peu belge…

Un groupe d’investisseurs emmené par lasociété allemande d’investissement Joh.A. Benckiser (JAB) a lancé une offre publi­

que d’achat sur la société néerlandaise DE Mas­ter Blenders 1753, propriétaire des cafés DouweEgberts, Senseo et Maison du Café, notamment,afin de renforcer sa position sur le marché desboissons chaudes. L’offre en numéraire de12,50euros par action valorise DEMB (près de8000 personnes à travers le monde) à 7,5 mil­liards d’euros. JAB, holding d’investissement dela famille Reimann surtout présente dans leluxe avec ses filiales Coty (parfums et cosméti­ques) et Labelux (Jimmy Choo, Bally et Bestaff),détient déjà une participation à hauteur de15 % dans DEMB, née de la scission du groupeaméricain Sara Lee. Pour JAB, il s’agit d’un nou­vel investissement dans le secteur du café aprèsles rachats en 2012 de Peet’s Coffee&Tea ainsique de la chaîne américaine de cafés CaribouCoffee.

Dans le consortium de parties acheteuses, onnote la présence, comme l’indique le Tijd, de laSA Société familiale d’investissements derrièrelaquelle on retrouve Alexandre Van Dammemembre d’une des familles belges actionnairesd’AB InBev. Il devrait siéger au conseil d’admi­nistration à l’issue du deal…

En attendant, le conseil d’administration sou­tient cette offre. Si celle­ci aboutit, le repreneurs’engage à maintenir son siège à Amsterdam etses principaux sites de production aux Pays­Bas, tout en entreprenant une politique de dé­veloppement des activités du groupe. (Avec AFPet Reuters)

D.R.

Page 5: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

5samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

l Finance | En librairie

finance, de l’architecture et de l’art contemporain ontmarqué leur époque d’une manière indélébile”, ajou­te­t­il.

Alimenté par des sources inédites, des archivespubliques et privées et des témoignages multiples,ce livre met en lumière “l’aventure extraordinaired’une famille et d’autres maîtres d’œuvre qui saisis­sent les opportunités, où la satisfaction des besoins in­dividuels et le souci de l’intérêt général dominent”.Très fouillé, il comporte une bibliographie d’unequarantaine de pages en petits caractères…

L’ouvrage, engagé, intéressera ceux qui se pas­sionnent pour l’histoire financière du pays. Il ba­laie un siècle et demi et passe en revue le dévelop­pement des banques privées, la fin des banquesmixtes, la reconstruction et l’assainissement mo­nétaire, l’essor de l’Europe financière, etc.

Thème actuel: l’ouvrage évoque brièvement lestransferts douteux vers le Luxembourg et lessoupçons de fraude fiscale qui ont valu à la BanqueLambert et à ses dirigeants de se trouver dans lecollimateur de la Justice. Plus réjouissantes, les pa­ges consacrées à la construction du “nouveau Mar­nix” dessiné par l’architecte américain GordonBunshaft (photo), au financement du commercedes œuvres d’art et à la “Lambert Art Collection”qui a réuni des signatures prestigieuses: Calder,Bacon, Ernst, Pollock, Magritte, Warhol, Picasso,Rothko, Miro, Giacometti, etc. Les expositions or­ganisées par la banque étaient très prisées. L’accro­chage dans les locaux de la banque, un must.P.Lo

U (1)“Lambert, une aventure bancaire et financière”,Ed. Racine, 704 pp., 29,95 euros.

Lambert, une saga fi nancière

CHRISTIE’S/AP

l Start-up | Smartphones

Augment,l’app qui dopel’image

Jean­François Chianettaest en passe, avec ses as­sociés, de faire décoller sastart­up Augment, activedans le domaine pointude la réalité augmentée.Cet ingénieur (Polytech­nique à Mons) de 30 ansbasé à Paris a en effet dé­veloppé une applicationtournant sur Android etiOS (iPhone et iPad) per­

mettant d’intégrer dans l’univers réel des objets(virtuels) qui n’y sont pas, à l’aide d’un smart­phone. Et… à quoi ça sert ce truc? “C’est simple:vous voulez savoir si un meuble ou un objet s’inté­grera dans votre intérieur, il vous suffit de viserl’endroit choisi avec votre smartphone et l’applica­tion y ajoute l’objet. Ce qui vous permet de levertoute incertitude vis­à­vis d’un achat éventuel, no­tamment lors d’achats sur Internet.” Il s’agit doncd’un produit mais l’application Augment estgratuite… Quel est donc le modèle économiquesous­jacent? “Nous proposons aux entreprisesde ‘déposer’ leurs modèles 3D sur notre site et demettre ensuite ce modèle adapté à notre “app” àdisposition sous la forme d’un lien sur leur site ousur leur page Facebook par exemple, ce qui permetà leurs clients de visualiser les produits dans leurintérieur. Pour le moment, et c’est ce que nous fai­sons depuis le lancement d’Augment, c’est de fiabi­liser et de perfectionner l’interface. Mais nous ve­nons de boucler un tour de financement auprèsd’un business angel pour quelque 220000 euros, etnous avons engagé un premier commercial auxEtats­Unis. L’étape suivante est de commercialisernos produits.” Mais l’app peut être utilisée dedifférentes manières? “De fait, elle peut être utili­sée sur le web, dans des catalogues, mais aussi parles forces de vente. Ici, c’est du côté des commer­ciaux que l’on voit le potentiel puisque ces derniersdisposent d’un outil exceptionnel en montrant lesobjets aux clients sur leurs tablettes en les inscri­vant virtuellement là où ils pourraient se trouverréellement. Pour eux, le coût est de 25 à 30 eurospar mois pour l’hébergement de modèles 3D. Pourles sites de moins 100000 visites/mois, le coût estde 400 euros/mois. Ce qui est peu comparé au dé­veloppement d’une application dédiée pour 40 à60000 euros.” Un argument qui séduit déjà50000 utilisateurs actifs et qui vise maintenantà convaincre les entreprises? “Oui, ce qui expliquenotre positionnement sur le marché américain. Là,le taux de pénétration des tablettes est de 70 à 75%pour 10 à 15% en Europe. Dans le domaine com­mercial, ça fait la différence.”

Etabli à Paris où il a fait ses premières armes enentreprise, Jean­François Chianetta n’a pasoublié sa région. Le week­end passé, il est re­venu au bercail faire le plein de magnums de…Saint­Feuillien. Les pays comprendront.P.V.C.

P Un jeune ingénieur belgefait son nid dans le businessde la réalité augmentée.

D.R.

l Café | Douwe Egberts

Un peu belge…

Un groupe d’investisseurs emmené par lasociété allemande d’investissement Joh.A. Benckiser (JAB) a lancé une offre publi­

que d’achat sur la société néerlandaise DE Mas­ter Blenders 1753, propriétaire des cafés DouweEgberts, Senseo et Maison du Café, notamment,afin de renforcer sa position sur le marché desboissons chaudes. L’offre en numéraire de12,50euros par action valorise DEMB (près de8000 personnes à travers le monde) à 7,5 mil­liards d’euros. JAB, holding d’investissement dela famille Reimann surtout présente dans leluxe avec ses filiales Coty (parfums et cosméti­ques) et Labelux (Jimmy Choo, Bally et Bestaff),détient déjà une participation à hauteur de15 % dans DEMB, née de la scission du groupeaméricain Sara Lee. Pour JAB, il s’agit d’un nou­vel investissement dans le secteur du café aprèsles rachats en 2012 de Peet’s Coffee&Tea ainsique de la chaîne américaine de cafés CaribouCoffee.

Dans le consortium de parties acheteuses, onnote la présence, comme l’indique le Tijd, de laSA Société familiale d’investissements derrièrelaquelle on retrouve Alexandre Van Dammemembre d’une des familles belges actionnairesd’AB InBev. Il devrait siéger au conseil d’admi­nistration à l’issue du deal…

En attendant, le conseil d’administration sou­tient cette offre. Si celle­ci aboutit, le repreneurs’engage à maintenir son siège à Amsterdam etses principaux sites de production aux Pays­Bas, tout en entreprenant une politique de dé­veloppement des activités du groupe. (Avec AFPet Reuters)

Page 6: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Entreprise Inside

6 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013

Le propriétaire de l’OP dément la rumeurde mise en vente

Le bruit est tenace. Qu’il coure dansdes dîners est une chose. Qu’il soitconfirmé par un confrère en est uneautre. Toujours est­il que Jean­Paulvan der Rest, le patron de l’Office despropriétaires, le dément formelle­ment : “L’OP n’est pas à vendre. A moinsbien entendu que quelqu’unmette sur latable deux fois le chiffre d’affaires”,sourit­il. Chiffre d’affaires qu’il es­compte, pour 2013, à 2millionsd’euros. Or, la rumeur fait état d’unemise à prix de 500000 euros, dumoins pour le département “Cour­tage” que Jean­Paul van der Rest aracheté enmars 2011.“Ce qui est sûr, c’est que si je mets en

vente, ce sera la société au complet. Pas question de la scinder.”Le département “OP Courtage” est en effet indissociableselon lui du département “OPManagement, gestion, syn­dic” racheté, en 1997, à son cousin, Stéphan Jourdain.“Aujourd’hui, tout est intégré”, explique Jean­Paul van derRest. “Le département “Courtage” se développe lentement maissûrement. La location marche bien, notamment parce qu’elle esttirée par notre activité de gestion privative. Forcément, on estaux premières loges... La vente fonctionne aussi, de mieux enmieux.” Et d’insister : “Je viens de racheter deux petites sociétésimmobilières, l’Union foncière et RDM sprl. Si je voulais vendre,je ne développerais pas la société.” Il se donne d’ailleurs 5 ansavant de penser à éventuellement vendre. “Et bien vendre !”Cemontant de 500000 euros pour l’“OP Courtage”, jugéapparemment insuffisant par le principal intéressé, est àl’inverse considéré comme excessif par son confrère. No­tamment en ce qu’il tient plus compte du nom de l’agenceet de son activité de rédaction, impression et vente decontrat de bail type, que de ses revenus.

L’Office des propriétaires, au plurielL’OP a été créé en 1875 par la famille Dewies à laquelleseront ensuite associés des Goffinet, de Liedekerke et deWouters. Longtemps – 3 générations –, la société est restéedans lemême giron. Puis les propriétaires se sont succédé :Cobepa (1990), Stéphan Jourdain (1994), Jean­Paul van derRest (1997, pour le département “Management, gestion,syndic”), Vendôme, ex­filiale de la BBL (2001, pour le dé­partement “Courtage”), Armand Blaton (2004, toujourspour le courtage), Jean­Paul van der Rest (2011, “OP Cour­tage”). A l’époque, ce dernier indiquait que l’achat ne s’étaitpas fait si aisément. “On négocie depuis trois ou quatre ans”,disait­il. Trois ou quatre ans ? Lesmauvaises langues pour­raient dire que s’il veut vendre d’ici 5 ans, il ne devrait pastarder à… confirmer la rumeur.

Christophe de Margerie va entrer au con-seil d’administration de BNP ParibasLe 15mai prochain, le groupe bancaire français BNP Paribastiendra son assemblée annuelle. Elle aura notamment àl’ordre du jour le renouvellement des mandats des deuxadministrateurs représentant l’Etat belge (actionnaire à con­currence d’environ 10%), à savoir Michel Tilmant et EmielVan Broekhoven. Des propositions qui ne devraient pas poserde problème. Et cela, on l’imagine, au grand dam des Ecoloqui avaient demandé la démission deMichel Tilmant aprèsque le nom de l’ancien patron d’ING Group fut apparu dansl’“offshore leaks”. Une demande qui est restée, dumoinsjusqu’à maintenant, sans écho au sein du gouvernement DiRupo.Deux nouveaux administrateurs devraient, quant à eux, faireleur entrée au conseil d’administration. L’un des deux est bienconnu puisqu’il s’agit de Christophe deMargerie, le patron dugroupe pétrolier Total. Il remplacera Louis Schweitzer (ex­pa­tron de Renault).Bref, comme souvent dans les sociétés du CAC 40, c’est unegrosse pointure qui remplace une autre grosse pointure. Etpeu importe que le monde du pétrole ait peu de points com­muns avec celui de la finance.Les plus critiques diront, eux, que ce sont toujours les mêmesque l’on retrouve autour de la table…

Le Clou de la semaine

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Page 7: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Entreprise Réseaux

7samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

E lles ont beau envahir notre quotidien depuis denombreuses années, les nouvelles technologiesn’ont encore jamais vraiment été utilisées au

service de l’éducation institutionnelle. Mais celapourrait changer bientôt : une nouvelle vague d’utili­sation des outils numériques arrive, qui porte unepromesse de changement dans les fondamentaux del’éducation. Harvard, le MIT et l’Université de Berke­ley en Californie se sont associés pour créer la plate­forme edX, investissant 60 millions de dollars, en par­tie financés par la Fondation Bill et Melinda Gates. Et, déjà, plus de 120 collègeset universités veulent rejoindre leurs trois grandes sœurs dans l’aventure.

En réalité, cet engouement n’est pas nouveau : l’e­éducation est déjà un suc­cès outre­Atlantique, à tel point que certaines universités virtuelles ont désor­

mais plus d’étudiants queleurs homologues physi­ques. C’est le cas en Ari­zona, où l’Université dePhoenix a attribué près detrois fois plus de diplômesen ligne que l’Universitéd’Etat n’a décerné de di­plômes traditionnels. BillGates déplore un certainélitisme du système édu­catif : les meilleurs lycéensaccèdent aux meilleuresuniversités, où ils serontmieux formés que ceux

qui, étant déjà moins bons, auraient le plus besoin d’un enseignement de qua­lité. Pour en finir avec ce modèle, Bill Gates est partisan de la “classe inversée” :plutôt que d’écouter leur professeur faire son cours en classe, puis les laisserfaire leurs devoirs seuls à la maison, les élèves apprendraient leur cours avant laclasse, en ligne, auprès des meilleurs professeurs. Et une fois en classe, ils met­traient en pratique leurs savoirs par des ateliers en groupe, sous la houlette deleur professeur “physique”. Ainsi, tout le monde pourrait profiter des cours des“professeurs superstars”, plutôt que de se battre pour être admis dans l’univer­sité qui les accueille… et on réserverait aux interactions physiques ce qu’ellesapportent de meilleur : l’échange, l’entraînement et la pratique entre pairs.Benoît Octave

H ewlett­Packard a signé unaccord avec la start­upLeap Motion qui pourrait

lui permettre de proposer bientôtdes ordinateurs dotés d’une in­terface à la “Minority Report”dans laquelle les gestes de la mainservent à interagir avec différentséléments. Le premier fabricantmondial de PC, en difficulté sur lesegment grand public, espèreavec cette technologie de détec­tion de mouvements révolution­ner l’interface des ordinateurs dela même manière qu’Apple achangé la donne avec l’écran tac­tile multipoints du premieriPhone en 2007 ou l’arrivée de lasouris en 1983. Leap Motion, ba­sée à San Francisco, a été créée il y

a trois ans et compte moins de100 employés. Elle a développéun petit boîtier de la taille d’unpaquet de chewing­gum, renfer­mant des capteurs qui, selon elle,permettent de suivre les mouve­ments de dix doigts d’un indi­vidu avec une précision de 1/100e

de millimètre.Ce boîtier peut être relié à n’im­

porte quel ordinateur permet­tant ainsi d’interagir via le mou­vement de ses mains dans uneapplication ou un jeu vidéo spéci­fiquement développé à cet effet.Selon les termes de l’accord, HPva dans un premier temps com­mercialiser le boîtier de Leap Mo­tion avec ses produits et pourra àterme l’intégrer directement

dans ses ordinateurs, ont déclaréles deux entreprises. “Les consom­mateurs veulent aller à la pro­chaine étape lorsqu’il s’agit de créeret d’interagir avec du contenu nu­mérique”, a déclaré dans un com­muniqué publié mardi Ron Cou­ghlin, vice­président senior chezHP en charge des PC grand public.“Le système 3D révolutionnaire dedétection de mouvements de LeapMotion, combiné à la technologieHP et aux étonnantes applicationsdes développeurs, va créer des expé­riences incroyables pour l’utilisa­teur”, a­t­il ajouté. D’autres socié­tés, comme Microsoft, Google,Apple et Samsung Electronics,ont également montré un intérêtpour de telles technologies. (AFP)

FACEBOOK

Nouvelle bulle ?Facebook a annoncé mardiqu’il allait commencer àétendre à l’iPhone d’Appleune des fonctionnalités deson logiciel “Home”,présenté au début du mois etpermettant de faire du réseausocial l’écran d’accueil dessmartphones utilisant lesystème Android. La fonctionqui est arrivée sur l’iPhoneest “chat heads”, quipermettra au propriétaire dutéléphone de discuter avecses amis tout en continuant ànaviguer sur le réseau social,les visages des interlocuteurss’affichant dans une bulle surson écran quand un messagearrive. Sur l’iPhone, “chatheads” ne fonctionne qu’àl’intérieur de l’applicationFacebook. Dans la versioncomplète de Facebook Home,que le groupe a commencé àdéployer sur les téléphonesopérant avec le logiciel deGoogle Android, “chat heads”fonctionne quelle que soitl’application utilisée.

Épinglé

Rapportqualité-prix

Résultats prouvés ? Unpeu partout dans lemonde, enseignants,parents d’élèves, gouver-nements s’interrogent surla bonne façon d’adapterl’institution scolaire à unmonde qui a déjà profon-dément évolué. Quand onconnaît le prix trèsélevé d’un cursus dans lesuniversités anglo-saxonnes, on comprendque l’e-éducation ait dequoi séduire égalementl’étudiant curieux. Mais laqualité de cet apprentis-sage n’est pas encoregarantie. Non pas que lefait d’apprendre à distancesoit moins efficace, maisc’est une chose qui restedifficile à mesurer. L’essen-tiel de la valeur de cesdiplômes réside donc dansl’accueil qui leur sera faitsur le marché du travail. Ace niveau, tout reste àprouver et convaincre lesemployeurs pourrait resterun défi, à en croire certai-nes statistiques. (B.O.)

Cela va bouger sur les PC de HP

ENSEIGNEMENT

Universités en ligne

EDX

L’info techno c’est aussi sur le blogiRevolution

http://irevolution.blogs.lalibre.be

IDÉES Quand HP met la main sur un détecteur.

TENDANCES

Montre un peu !Le groupe informatiqueaméricain Microsoft travaillelui aussi sur des concepts demontre intelligente, à écrantactile, a indiqué le WallStreet Journal. Microsoft avaitdéjà lancé il y a une dizained’années un modèle demontre intelligente mais avaitstoppé les ventes en 2008…

FLUX RSS

Pulse en réseauLe réseau social professionnelLinkedIn a annoncél’acquisition de la sociétéPulse, conceptrice d’uneapplication mobile (géniale !)facilitant la lecture desinformations des sites, pour90 millions de dollars. La start-up Pulse a été fondée en 2010par deux anciens étudiants del’Université Stanford.

Page 8: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Entreprise Enjeux

8 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013 9samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

l Chronique | Universités

Développementdurable et villes

P La mobilité est l’un desprincipaux défis urbains de notresociété.

Aujourd’hui, plus de la moitié de la po­pulation mondiale vit dans des grandscentres urbains et de nombreuses étu­

des montrent que ce pourcentage va aug­menter drastiquement dans les prochainesdécennies. Dans ce contexte, les villes de­viennent des acteurs clés et sont confrontéesà de nombreux challenges en lien avec le Dé­veloppement Durable tels que la mobilitémais également l’habitat, l’emploi, l’éduca­tion, la culture, la sécurité, les inégalitéscroissantes entre les “riches” et les “pauvres”ou la gestion de l’eau, des déchets et del’énergie.

Spécifiquement, la thématique de la mobi­lité est un gros défi pour les villes du mondeentier. En effet, cette thématique englobe desenjeux environnementaux (par exemplecomment diminuer la pollution ? commentlimiter les émissions de CO2 ?), des enjeuxsociaux (comment minimiser le stress causépar le trafic ? comment améliorer la vie descitoyens ou des personnes transitant sur leterritoire ?) mais également des enjeux éco­nomiques (comment attirer les investis­seurs ? comment favoriser l’accès aux com­merces du centre ville ?).

Selon une étude menée par Accenture, demanière générale, les villes sont confrontéesà trois défis majeurs en matière de mobilité :(1) gérer la demande croissante de transport,(2) réduire le temps passé dans les transportset (3) limiter les émissions qui y sont liées.Une évolution vers une vision globale et in­tégrée de la mobilité – incluant les questionsde la multimodalité, de la gouvernance, de lagestion des transports et des technologiesvertes – est un must dans le futur.

Dans ce contexte, lors d’un séminaire uni­versitaire organisé en janvier 2013, l’ensem­ble des 270 étudiants de dernière année àHEC­Ecole de Gestion de l’Université deLiège ont eu l’opportunité de réfléchir au Dé­

veloppement Durable du territoire liégeois et,particulièrement, à l’optimisation de sa mobi­lité. En s’inspirant des “best practices” nationa­les et internationales, les étudiants ont proposéplus de 50 projets concrets pour améliorer lamobilité (durable) à Liège.

Cinq projets ont été retenus lors de demi­fi­nales organisées fin janvier 2013. Le premierprojet s’intitule “Livraisons Intelligentes” etvise à développer une e­plateforme innovantepermettant de gérer automatiquement et entemps réel les aires de livraison. Le second pro­jet, appelé “Liège, ElectriCity”, propose de fairede Liège la capitale belge des véhicules électri­ques en 2020. Le troisième projet, “Polycolis”,vise à optimiser la livraison de petits colis pourles commerçants du centre­ville en combinantune meilleure utilisation des les voies fluvialeset routières et en associant la collecte des dé­chets d’emballage. Le quatrième projet, intitulé“sCarCity” tente de réduire les difficultés destationnement dans la ville de Liège en créantune synergie entre la ville et les entreprises dis­posant de places de parking. Enfin, le cin­quième projet, nommé “SMID&SPIV”, proposede sortir les véhicules de la ville et d’encouragerl’utilisation des infrastructures de la mobilitéliégeoise de manière plus efficace notammentgrâce à une carte unique.

Un événement intitulé “Les villes belges faceau défi global de la mobilité – zoom sur Liège” (1)

est organisé le mardi 23 avril 2013, dès 17h, auPalais des Congrès de Liège. Lors de cet événe­ment, ces cinq projets seront présentés et ré­compensés par des “awards” remis par la Villede Liège, Accenture et HEC­ULg.

U (1) www.hec.ulg.ac.be/accenturechair_cloture

D.R.

Nathalie Crutzen

Docteur en Sciences Economi-ques et de GestionChargée de cours à HEC-Ecolede Gestion de l’Université de

Liège et responsable d’une Chaire Accenture enSustainable Strategy

[email protected]

“La mobilité englobe desenjeux environnementaux,des enjeux sociaux maiségalement des enjeuxéconomiques.”

l Opinion | Entrepreneuriat

Création d’entreprises : clair-obscur

P Les moyens déployés, fédéraux etrégionaux, ne sont pas répartis demanière équilibrée. Un rééquilibragedevrait corriger ces faiblesses.

A vec 73 996 entreprises créées en Belgiqueen 2012, l’entrepreneuriat et l’esprit d’en­treprendre progressent, mais à un rythme

lent et la Belgique est toujours dans le dernier pe­loton au classement des pays européens en nom­bre de créations annuelles. Les entreprises indivi­duelles (en général une seule personne physique,souvent le fondateur lui­même) sont à l’originede 53 % de ces créations.

En réalité, le problème est plus qualitatif quequantitatif car ces créations ont toutefois une pé­rennité limitée : 61 % des entreprises créées en2006 étaient toujours en activité en 2009 et ellessont seulement 49 % après 5 ans d’activité. Plu­sieurs facteurs expliquent ce pourcentage,comme le montant des capitaux initiaux, laforme juridique choisie ou encore le profil ducréateur : les chômeurs, les moins de 30 ans oudes personnes peu ou pas diplômées réussissentmoins. Les entreprises présentent des caractéris­tiques peu favorables à leur pérennité et à leurdéveloppement : 84,3 % de celles créées en 2011n’avaient aucun salarié, 54 % de celles créées en2010 ont des capitaux propres inférieurs ouégaux à 10 000 euros et 31 % ne sont pas bancari­sées, 82 % ont la forme d’entreprises individuel­les. On constate également que la moitié des en­treprises ont été créées sans aides publiques etplus de 70 % sans accompagnement par unestructure spécialisée. Elles sont donc fragiles etprésentent une faible valeur ajoutée.

Les pouvoirs publics fédéraux et régionauxmettent en œuvre de nombreux dispositifs desoutien à la création d’entreprises, qui prennentdes formes très diverses, bénéficiant aux créa­teurs directement (subventions, exonérations,prêts, garanties) ou indirectement (sensibilisa­tion et information, accompagnement, héberge­ment, développement du capital risque, valorisa­tion de la recherche). Tout le spectre des formesd’actions possibles est utilisé. Malheureusement,le pilotage du dispositif est insuffisant, sa gouver­nance déficiente et, surtout, le coût global desdispositifs est mal connu. Il est étonnant de cons­tater que personne n’a jusqu’ici examiné et es­timé le coût des dispositifs de soutien fédéraux etrégionaux. Cette action de l’Etat et des Régionsest éclatée entre une demi­douzaine de program­mes et portée par trois ministères et de nom­breux opérateurs publics, en particulier le Forem,

le Fonds de participation, les Fonds régionaux degarantie, la Socamut, SRIB­GIMB, GIMV, Sowal­fin, etc. La mise en œuvre des dispositifs se faitsans cohérence suffisante et sans vue d’ensemblede leur efficacité. Le coût total de ces actions estdifficile à mesurer, notamment parce que lessources de financement sont multiples, tant ducôté de l’Etat, des Régions et de leurs opérateurs

respectifs. Aucun recensement des interventionsde ces dernières n’étant réalisé, les calculs ne peu­vent être qu’approximatifs. En outre, de nom­breux dispositifs visent à la fois les créateurs et lesrepreneurs sans que l’on puisse toujours les dis­tinguer parmi les bénéficiaires, d’autant plus queles définitions sont fluctuantes. Le coût et les bé­néficiaires des aides dont les montants sont les

plus importants sont souvent les plusmal connus; c’est le cas de certainesexonérations fiscales et sociales. Cetteinsuffisance d’information rend diffi­cile l’évaluation des dispositifs.

Les actions menées participent à troispolitiques différentes, qui se recou­

vrent en partie et pour lesquelles lacréation d’entreprises est souvent plus

un moyen qu’un objectif : le soutien audynamisme du tissu économique des ré­

gions à travers les très petites entrepriseset petites et moyennes entreprises; la réduc­

tion du nombre de chômeurs en les encoura­geant à créer leur propre emploi; le développe­

ment d’entreprises innovantes censées créer lesemplois de demain.

Les défauts de coordination et/ou de gouver­nance ont trois conséquences : pour les finan­ciers, un risque de mauvaise allocation desmoyens; pour les créateurs, un mille­feuille illisi­ble des dispositifs; pour les nombreux acteurs im­pliqués dans l’accompagnement des créateurs, unsurcoût de gestion.

Les moyens déployés, fédéraux et régionaux, nesont pas répartis de manière équilibrée entre lestrois types de créateurs d’entreprises que sont leschômeurs (qui accaparent environ 60 % desmoyens publics), les créateurs classiques (9 %) etles innovants (10 %). Le déséquilibre en faveur deschômeurs incite les créateurs à passer par le sta­tut de demandeur d’emploi pour bénéficier desaides auxquelles celui­ci ouvre droit. Cette dispo­sition ne permet pas de corriger les faiblesses dela création d’entreprises, trop petites, avec de fai­bles capitaux et des créateurs dont le profil n’estpas favorable à la pérennité des entreprisescréées.

Un rééquilibrage des moyens est donc néces­saire pour corriger ces faiblesses. Les aides sont

en outre concentrées sur la phase de créa­tion plutôt que sur le développementdes entreprises malgré leur faiblesse à cemoment­là.Il faut soutenir la capitalisation des en­

treprises en phase d’amorçage et de premiersdéveloppements. Ce qui suppose également demieux détecter les entreprises à potentiel etd’adapter les aides aux besoins des créateurs.Pour améliorer la situation deux pistes devraientêtre approfondies : la réduction du nombre deformes d’aides proposées par chaque financeurpour rendre l’offre plus compréhensible par lescréateurs, en maximiser l’efficacité et en limiterles coûts de gestion; et l’orientation des porteursde projets doit être simplifiée.

D.R.

Carl-Alexandre Robyn

Transformateur degestion au cabinetValoro consulting

U [email protected]

“Malheureusement, lepilotage du dispositif estinsuffisant, sagouvernance déficiente et,surtout, le coût global desdispositifs est mal connu.”

La rédaction de La LibreEntreprise, en collaborationavec celle de La Première,vous donne rendez-vous

le samedi matinde 8h30 à 9h00 sur

ENTREPREMIÈRE : Des reportages,des invités, des conseils... au cœur

de l’actualité de l’économie et des entreprises

Page 9: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

9samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

l Chronique | Universités

Développementdurable et villes

P La mobilité est l’un desprincipaux défis urbains de notresociété.

Aujourd’hui, plus de la moitié de la po­pulation mondiale vit dans des grandscentres urbains et de nombreuses étu­

des montrent que ce pourcentage va aug­menter drastiquement dans les prochainesdécennies. Dans ce contexte, les villes de­viennent des acteurs clés et sont confrontéesà de nombreux challenges en lien avec le Dé­veloppement Durable tels que la mobilitémais également l’habitat, l’emploi, l’éduca­tion, la culture, la sécurité, les inégalitéscroissantes entre les “riches” et les “pauvres”ou la gestion de l’eau, des déchets et del’énergie.

Spécifiquement, la thématique de la mobi­lité est un gros défi pour les villes du mondeentier. En effet, cette thématique englobe desenjeux environnementaux (par exemplecomment diminuer la pollution ? commentlimiter les émissions de CO2 ?), des enjeuxsociaux (comment minimiser le stress causépar le trafic ? comment améliorer la vie descitoyens ou des personnes transitant sur leterritoire ?) mais également des enjeux éco­nomiques (comment attirer les investis­seurs ? comment favoriser l’accès aux com­merces du centre ville ?).

Selon une étude menée par Accenture, demanière générale, les villes sont confrontéesà trois défis majeurs en matière de mobilité :(1) gérer la demande croissante de transport,(2) réduire le temps passé dans les transportset (3) limiter les émissions qui y sont liées.Une évolution vers une vision globale et in­tégrée de la mobilité – incluant les questionsde la multimodalité, de la gouvernance, de lagestion des transports et des technologiesvertes – est un must dans le futur.

Dans ce contexte, lors d’un séminaire uni­versitaire organisé en janvier 2013, l’ensem­ble des 270 étudiants de dernière année àHEC­Ecole de Gestion de l’Université deLiège ont eu l’opportunité de réfléchir au Dé­

veloppement Durable du territoire liégeois et,particulièrement, à l’optimisation de sa mobi­lité. En s’inspirant des “best practices” nationa­les et internationales, les étudiants ont proposéplus de 50 projets concrets pour améliorer lamobilité (durable) à Liège.

Cinq projets ont été retenus lors de demi­fi­nales organisées fin janvier 2013. Le premierprojet s’intitule “Livraisons Intelligentes” etvise à développer une e­plateforme innovantepermettant de gérer automatiquement et entemps réel les aires de livraison. Le second pro­jet, appelé “Liège, ElectriCity”, propose de fairede Liège la capitale belge des véhicules électri­ques en 2020. Le troisième projet, “Polycolis”,vise à optimiser la livraison de petits colis pourles commerçants du centre­ville en combinantune meilleure utilisation des les voies fluvialeset routières et en associant la collecte des dé­chets d’emballage. Le quatrième projet, intitulé“sCarCity” tente de réduire les difficultés destationnement dans la ville de Liège en créantune synergie entre la ville et les entreprises dis­posant de places de parking. Enfin, le cin­quième projet, nommé “SMID&SPIV”, proposede sortir les véhicules de la ville et d’encouragerl’utilisation des infrastructures de la mobilitéliégeoise de manière plus efficace notammentgrâce à une carte unique.

Un événement intitulé “Les villes belges faceau défi global de la mobilité – zoom sur Liège” (1)

est organisé le mardi 23 avril 2013, dès 17h, auPalais des Congrès de Liège. Lors de cet événe­ment, ces cinq projets seront présentés et ré­compensés par des “awards” remis par la Villede Liège, Accenture et HEC­ULg.

U (1) www.hec.ulg.ac.be/accenturechair_cloture

D.R.

Nathalie Crutzen

Docteur en Sciences Economi-ques et de GestionChargée de cours à HEC-Ecolede Gestion de l’Université de

Liège et responsable d’une Chaire Accenture enSustainable Strategy

[email protected]

“La mobilité englobe desenjeux environnementaux,des enjeux sociaux maiségalement des enjeuxéconomiques.”

l Opinion | Entrepreneuriat

Création d’entreprises : clair-obscur

plus importants sont souvent les plusmal connus; c’est le cas de certainesexonérations fiscales et sociales. Cetteinsuffisance d’information rend diffi­cile l’évaluation des dispositifs.

Les actions menées participent à troispolitiques différentes, qui se recou­

vrent en partie et pour lesquelles lacréation d’entreprises est souvent plus

un moyen qu’un objectif : le soutien audynamisme du tissu économique des ré­

gions à travers les très petites entrepriseset petites et moyennes entreprises; la réduc­

tion du nombre de chômeurs en les encoura­geant à créer leur propre emploi; le développe­

ment d’entreprises innovantes censées créer lesemplois de demain.

Les défauts de coordination et/ou de gouver­nance ont trois conséquences : pour les finan­ciers, un risque de mauvaise allocation desmoyens; pour les créateurs, un mille­feuille illisi­ble des dispositifs; pour les nombreux acteurs im­pliqués dans l’accompagnement des créateurs, unsurcoût de gestion.

Les moyens déployés, fédéraux et régionaux, nesont pas répartis de manière équilibrée entre lestrois types de créateurs d’entreprises que sont leschômeurs (qui accaparent environ 60 % desmoyens publics), les créateurs classiques (9 %) etles innovants (10 %). Le déséquilibre en faveur deschômeurs incite les créateurs à passer par le sta­tut de demandeur d’emploi pour bénéficier desaides auxquelles celui­ci ouvre droit. Cette dispo­sition ne permet pas de corriger les faiblesses dela création d’entreprises, trop petites, avec de fai­bles capitaux et des créateurs dont le profil n’estpas favorable à la pérennité des entreprisescréées.

Un rééquilibrage des moyens est donc néces­saire pour corriger ces faiblesses. Les aides sont

en outre concentrées sur la phase de créa­tion plutôt que sur le développementdes entreprises malgré leur faiblesse à cemoment­là.Il faut soutenir la capitalisation des en­

treprises en phase d’amorçage et de premiersdéveloppements. Ce qui suppose également demieux détecter les entreprises à potentiel etd’adapter les aides aux besoins des créateurs.Pour améliorer la situation deux pistes devraientêtre approfondies : la réduction du nombre deformes d’aides proposées par chaque financeurpour rendre l’offre plus compréhensible par lescréateurs, en maximiser l’efficacité et en limiterles coûts de gestion; et l’orientation des porteursde projets doit être simplifiée.

“Malheureusement, lepilotage du dispositif estinsuffisant, sagouvernance déficiente et,surtout, le coût global desdispositifs est mal connu.”

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Libre Entreprise Carrières

10 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013

Une double carrière ?P Dans un couple, chacunpeut faire carrière. Ets’épanouir. En trouvantdes solutions en commun.

P Le soutien de l’hommeest indispensable.

Eclairage Solange Berger

Quelle alliance entre hommeset femmes pour plus d’égalitéet de performance ?, tel est lethème choisi cette année pour

la 7e édition du Forum Jump qui setiendra ce 25 avril (1). Jump a pour ob­jectifs d’aider les femmes à réaliserleurs projets professionnels et d’ac­compagner les entreprises dans lavalorisation des carrières des fem­mes.

Pour réussir, pour arriver à plusd’égalité, les femmes ont­elles besoindu soutien des hommes ? C’est cer­tain, confirment deux des interve­nants au Forum, Sandrine Meyfret etPatric Jean.

“Nous vivons une véritable révolu­tion”, note Sandrine Meyfret, auteurde l’ouvrage “Le couple à double car­rière : une figure qui réinvente lesfrontières entre vie privée et vie pro­fessionnelle?”, basé sur une étudequalitative menée auprès de dix cou­ples où l’homme et la femme fontcarrière. “Il s’agit ici de carrière et passeulement de travail ou de salaire”,précise Sandrine Meyfret. “Long­temps, le salaire de la femme a été unsalaire d’ajustement. Aujourd’hui, cen’est plus toujours le cas. De plus en plusde femmes veulent faire une réelle car­rière.” Et là le rôle du mari est essen­tiel. “Dès le début de leur relation, ilsont abordé la question de leur carrièrerespective. Sans vraiment en prendreconscience, ils ont construit une ma­nière de se comporter dans leur coupleet avec leurs enfants. Ils ont en fait bâtiquelque chose qui n’existait pas. Ilsn’avaient pas de modèle à leur disposi­tion. Ils ont construit un modèle diffé­rent de celui des autres couples”, pré­cise Sandrine Meyfret qui donne unexemple : “Ils organisent leur agendaprofessionnel en fonction de l’agendaprofessionnel de l’autre et des contrain­tes familiales. Un mari qui a une femmeà la maison ne fonctionne pas commecela. Ici, la carrière devient une histoirede couple. Les hommes sont aussi plusconcernés par ce qui se passe à la mai­son. Ce projet se construit à deux. Unefemme qui fait carrière parvient à lefaire parce que son mari la soutient”.

Le rôle de l’entreprise est aussi im­portant. “Cette évolution change la fa­çon dont on perçoit les carrières dansl’entreprise. La carrière n’est plus vue

comme linéaire. A un moment dans lavie du couple, l’un a besoin d’accélérer,l’autre freine alors. Et vice versa. Cela ades implications en termes de gestion decarrière, gestion de présence, mobilité,flexibilité,…”

Cette évolution change profondé­ment les codes de la société. “Unegrande révolution est en cours. Onchange un modèle de société qui est mil­lénaire. Cela ne se fait pas en 30 ans”,note Sandrine Meyfret, qui remarqueaussi que “certains ne veulent paschanger”.

C’est l’un des constats que fait Pa­tric Jean, dans son film “La domina­tion masculine”, sorti en 2009 au ci­néma. Le film parle du continuum dela domination masculine. “On va depetites choses qui semblent sans consé­quence, comme le choix d’un jouet pourun enfant, vers la plus terrible des vio­lences faites aux femmes, en passantpar l’inégalité salariale, le manque dereprésentation féminine en politi­que,…”, note Patric jean. “Tout se tienten fait. On formate l’enfant à être undominant ou une dominée. On repro­duit des schémas qui mènent nécessai­rement à la domination de l’homme.”

Cette domination de l’hommeviendrait en fait d’une mauvaise in­terprétation de notre biologie.“Quand les hommes ont compris quec’est la femme qui portait les enfants, ilsse sont étonnés de ce que les femmespuissent donner vie autant à des gar­çons qu’à des filles. Ils en ont conclu quec’était l’homme qui possédait le “souf­fle” et que la femme n’était qu’un récep­tacle. On a cru cela jusqu’au 18e siècle,époque de la découverte des gamètes. Ace moment­là, on aurait pu dire qu’il

fallait changer les choses et repartir surd’autres bases car la construction dumonde s’était basée sur une erreur.Mais non, ce ne fut pas le cas. Tout sim­plement parce que l’homme n’a pasvoulu se défaire de sa domination”, ra­conte Patric Jean, qui travaille actuel­lement sur un spectacle qui se don­nera à Bruxelles (2).

Cette domination se retrouve­t­elledans la nature ? “Nous sommes trèsdifférents des animaux sinon nousn’aurions pas pu construire une telle ci­vilisation”, note le réalisateur. “Detoute façon, aucun mâle ne tue sa fe­melle. L’homme est le seul à le faire. Cecomportement violent n’est pas biolo­gique. L’homme pense qu’il a le droit detuer sa femme.”

Des changements, il y en a eu ce­pendant au cours du temps. Certainspositifs. “Depuis deux trois ans, onnote un discours plus égalitaire. Il y aune vraie prise de conscience”, cons­tate Patric jean. “Mais dans certainsdomaines, on stagne, comme le prin­cipe de l’égalité des salaires, la violenceconjugale, la répartition des tâches do­mestiques,… Il est très difficile de fairechanger les mentalités collectives. Lesfreins sont nombreux, tant du côté dudominant que du dominé. De la domi­née aussi car la plupart des femmes nese posent pas la question parce que celaa toujours comme cela.”

Et puis certains changements sontaussi négatifs. Notamment l’émer­gence de ces mouvements d’hom­mes qui veulent un retour en arrière,les “masculinistes”. Le film évoqueainsi la situation au Québec. “Les cho­ses ont évolué très vite là­bas en ma­

tière égalité homme­femme. Ce qui aconduit à un mouvement d’hommes,qu’on retrouve chez nous aussi mais demanière plus récente, qui n’acceptentpas cette égalité et veulent un retour enarrière. Ils s’organisent politiquementet invoquent des thématiques tels que lecombat des pères pour leur enfant.Mais cela cache en fait un retour à uncouple plus “orthodoxe”, à l’ancienne.Ils estiment, par exemple, que la vio­lence intrafamiliale doit rester une af­faire de famille et non être celle de lajustice.”

Ces hommes développent aussi leconcept d’“aliénation parentale”. “Ilsestiment que quand un couple se sé­pare, la mère fait tout pour monter lesenfants contre leur père. Si les enfantsse déclarent victimes d’attouchementsde la part de leur père, les hommes pré­tendent que c’est faux et qu’il s’agitd’une conséquence de la manipulationpar la mère. Ce syndrome est purementfantasmatique.”

Patric Jean prône la différence.“Chacun a des compétences différentes.Pourquoi organiser la société en deuxgroupes comme on l’a toujours fait? Cen’est pas juste. Il faut cesser de classerl’humanité entre hommes et femmes etdésormais faire la différence entre lesindividus sur base de la particularité dechacun, de sa personnalité et non deson genre. Il est temps que les êtres hu­mains puissent être ce qu’ils veulenteux­mêmes être.”

U (1) www.forumjump.beU (2) “Hors­champ” se jouera auThéâtre National du 24 avril au 8mai2013.

Page 11: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Entreprise En bref

11samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

Calendrier financier‣ Lundi 22 avril- Euro Zone : indice de confiance des ménages,avril.‣ Mardi 23 avril- Etats-Unis : ventes de nouvelles maisons, mars;- Zone Euro : indice PMI Manufacturing, avril.- France : enquête sur le climat des affaires, avril.‣ Mercredi 24 avril- Allemagne : enquête IFO sur le climat des affai-res.- Belgique : indicateurs économiques, avril;- Nyrstar : mise à jour trimestrielle (1er trim) avantl’ouverture des marchés.- Quest for Growth, Van de Velde : résultats tri-mestriels (1er trim).‣ Jeudi 25 avril- Sipef : publication trimestrielle (1er) avantl’ouverture des marchés.- UCB : publication trimestrielle (1er) avantl’ouverture des marchés.‣ Vendredi 26 avril- Etats-Unis : PIB, 1er trimestre; indice de con-fiance de l’Université de Michigan, avril.- Euro Zone : masse monétaire M 3, mars.- France : indice de confiance des ménages.- Bois Sauvage, AB Inbev : détachement du cou-pon.(Source : Banque Degroof)

A l’agenda

‣ Lundi 22 avrilMain-d’œuvreLa BECI organise, de 11 à 12h30, un séminaire sur “Le recours à la main-d’œuvreétrangère qualifiée : quelles réponses en termes de mobilité et de permis de tra-vail”.Rens. : [email protected]‣ Jeudi 25 avrilFormationsNow organise à Namur, de 8h30 à 12h30, un “Forum des pédagogies ludiques”.Il s’adresse à tous ceux qui ont envie de développer les compétences de leurscollaborateurs dans le plaisir. Au programme, des outils originaux et impactantsqui favoriseront la motivation et l’engagement des équipes : théâtre en entre-prise, jeux-cadres, formations sur mesure, neurosciences, e-Learning, seriousgame et voting system. Inscription gratuite, avec réservation obligatoire.Rens. : 010 244 884 – [email protected] – www.now.be‣ Dimanche 28 avrilConstructionLors de la Journée Chantiers Ouverts, plus de cent entreprises de constructionréparties dans tout le pays dévoileront leurs projets de construction innovantsau grand public. Au cours de cette journée, les visiteurs auront l’occasion dedécouvrir les chantiers les plus spectaculaires et les techniques de constructionles plus avancées.Rens. : www.journeechantiersouverts.be‣ Mardi 21 maiFemmesLa Commission “Femmes et Entreprises” du Conseil des femmes francophonesde Belgique organise, à Bruxelles, de 17h30 à 20h, son 7e colloque. Le thème :“Femmes au top : génération Z et nouvelle ambition”. Rens. : www.cffb.be

BUREAUX CINQUANTENAIREBUREAUX CINQUANTENAIRE

Location d’un étage de 1.570m² divisible en deux plateauxDESCRIPTION DE L’IMMEUBLE ET DE SA LOCALISATIONm Projet nouveau achevé en 2007, rénovation complète du rez-de-chaussée et du premier étage, construction neuve pour les 2e et 3e étages ; m Le rez-de-chaussée et le premier étage sont occupés par IPM GROUP ; m Le 2e étage est occupé jusqu’au 30 juin 2013; m Il y a deux étages de sous-sol avecdes parkings et des salles d’archivage ; m Mérode : Gare SNCB et stations métro, tram, bus à 120m m Environnement de très grande qualité (commer-ces, parc du Cinquantenaire, …) m Proximité des Institutions européennes m Plateaux lumineux avec une très belle vue sur Bruxelles m Air conditionné

Contact : IPM GROUPChristian DE COSTER, Directeur Logistique – Tél : 0475 43 62 79Email : [email protected]

Rue des Francs 79 à B-1040 Etterbeek - BRUXELLES

Page 12: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

12 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013

La formule de déclarationde l’impôt des personnesphysiques est à nosportes. p.15

Fiscalité

lCash-Cash

Actionnaires,levez­vous !Commentaire Ariane van Caloen

Actionnaires, petits ou grands,levez­vous. Voilà ce qu’on a envie dedire après avoir assisté aux premiè­res assemblées de l’année dont cellede BNP Paribas Fortis où nous étionsprésente en tant qu’actionnaire…

On a donc pu poser des questionsnotamment sur les opérations entreBNPP Fortis et sa maison­mèrefrançaise. Des questions (déran­geantes ?) qui avaient pour objectifd’amener plus de transparence,voire de lancer un débat sur un sujetclé au sein du conseil d’administra­tion.

Car c’est là le rôle que peut jouerl’actionnaire une fois par an : de­mander à la direction des explica­tions, remettre en cause certainschoix majeurs, avoir des éclaircisse­ments sur le rôle crucial joué par lesadministrateurs indépendants.

C’est ce qu’ont fait plusieursactionnaires individuels de Belga­com en critiquant vertement lepaiement d’un dividende jugé tropélevé vu les bénéfices engrangés,lors de l’assemblée qui a eu lieumercredi.

De telles interventions peuventfaire grincer des dents. Car per­sonne n’aime être contesté enpublic. En particulier les patrons quiont moins l’habitude des joutesverbales que les hommes politiques.Et malheureusement, certainspatrons n’hésitent pas à botter entouche quand ils ne veulent pasrépondre à une question embarras­sante ou veulent éluder un débat.

L’assemblée n’est donc pas lapanacée mais elle est un momentprivilégié dans la vie d’une sociétécotée. Comme nous le disait ColetteNeuville, la présidente de l’associa­tion française des actionnairesminoritaires baptisée Adam, elleoblige les patrons à se plier à unexercice de strip­tease en particuliersur la question des rémunérations.

Malheureusement, on constateque les investisseurs institutionnels,qui constituent pourtant une partcroissante de l’actionnariat, semanifestent peu dans les assem­blées en Belgique. Comme on dit, ilspréfèrent voter avec les pieds. Cen’est pas toujours suffisant pourfaire bouger les dirigeants.

l Placements | Gestion

P Une foisle profil de risque défini,il faut s’y tenir.

L ors de l’entrée en relationavec un gestionnaire de patri­moine, l’investisseur est

amené à définir son aversion aurisque et le rendement qu’il désireobtenir de son patrimoine investi.Après avoir défini ces grandes li­gnes directrices, une allocationstratégique du patrimoine va êtrerecommandée. “Cette allocationstratégique ne devrait pas varier enfonction d’éléments extérieurscomme, par exemple, les mouve­ments des marchés. Seuls les élé­ments comme les accidents de la vie,perte d’emploi ou maladies graves,par exemple, devraient induire laquestion d’un éventuel changementdans cette allocation”, estime Geor­ges Delcroix, de la société de ges­tion DDEL Portfolio Solution.

Cette société de gestion a déve­loppé, dans son approche essen­tiellement indicielle, une concep­

tion assez fondamentale. Si l’allo­cation stratégique de base est de,par exemple, 50% en actions et de50 % en obligations, lorsque lesmarchés actions montent et que lapart de celles­ci dans le porte­feuille passe à 55%, par exemple, ilsera temps de vendre des actionspour acheter des obligations etrééquilibrer le portefeuille à sonbenchmark initial de 50/50. Decette façon, le portefeuille est tou­jours équilibré à l’allocation d’ac­tifs définie au départ. Les ventes sefont dans des marchés en crois­sance et les achats dans des mar­chés en perte de vitesse. “Cette ap­proche ne peut se concevoir que dansle cadre d’une très bonne diversifica­tion. La partie obligataire bien con­çue, sur de bons débiteurs, avec desmaturités inférieures à cinq anspour en limiter la volatilité permet­tra de couvrir le risque en apportantun rendement satisfaisant. Il estaussi primordial de définir un objec­tif chiffré en terme de rendement réelespéré”, ajoute Georges Delcroix.

Cependant, en gestion active, onconstate que, très souvent, les ges­tionnaires rebalancent les porte­feuilles en fonction de variablessur les marchés en pratiquant dustock­picking. Très souvent, l’ap­proche ne définit pas d’objectifs degestion assez précis. En gestion, ilfaut bien se connaître et considé­rer que le patrimoine est là pour se

couvrir contre les accidents de lavie. Il est donc préférable de délé­guer sa gestion à un professionnel.

Mais, il faut parler à ce gestion­naire de façon très précise: définirson aversion au risque et surtoutchiffrer le rendement réel (en te­nant compte de l’inflation) at­tendu de ce portefeuille. Sur cettebase, le gestionnaire pourra définirl’allocation d’actifs la plus judi­cieuse. “Ce sont principalement lesactions qui vont procurer du rende­ment dans les portefeuilles. Il a étédémontré que, sur le long terme, lesactions performent mieux que lesobligations. Nous remarquons ce­pendant que les investisseurs ont en­core très peur des actions. Il est vraique, si les actions procurent un ren­dement réel moyen de 5,5 %, ellespeuvent aussi baisser de 60 % surdouze mois. On peut accepter ou nepas accepter cela. Il faut avoir unediversification suffisamment large. Ilfaut aussi accepter de ne pas avoircomme horizon de temps le 31 dé­cembre de chaque année. Comme onne regarde pas le prix de sa maisonchaque année, on ne devrait se pré­occuper de la valeur de son investis­sement que sur le long terme. Il fautcependant avoir une vision trèsclaire de la composition de son por­tefeuille”, estime Georges Delcroix.Et ensuite, il faut garder le capdans les tempêtes boursières!Isabelle de Laminne

Un profil défini(tif)

Épinglé

Petit lexique financier

Les mots de la gestion. L’allo-cation d’actifs (ou asset alloca-tion) dans un portefeuille repré-sente la répartition des actifsentre les différents types deplacements ou d’actifs: actions,obligations, placements monétai-res, liquidités. Cette allocationse fait en fonction du degré derisque, de l’horizon d’investisse-ment et des spécificités duvéhicule d’investissement ou, engestion patrimoniale, en fonctiondu degré de risque, de l’horizond’investissement et des spécifici-tés de l’investisseur. Le stock-picking est une technique quiconsiste à aller choisir (piquer)dans le marché des valeurs enfonction de leur valeur intrinsè-que sans référence à un indice etce, dans le cadre d’une gestionactive de portefeuille. (I. de L.)

Page 13: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Bons plans

13samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

J EVS

K Le groupe se concentre à présent sur 4 marchés princi-paux : Sports, Entertainment, News et Média (ENM).

K La division R&D est en mesure de propo-ser des produits au marché ENM, ce quisignifie que la période des investissementss’est achevée et que le groupe devrait enrécolter les fruits dans les années à venir.

J American Tower

K Ce loueur d’infrastructures pour les réseaux de télépho-nie mobile bénéficie d’une grande visibilité des résultatsgrâce à des contrats de long terme indexéscontre l’inflation.

K L’entreprise profite pleinement de l’ex-plosion des transmissions de données dansle secteur.

L Anglo American

K L’importante exposition de l’exploitant minier à l’Afri-que du Sud constitue un risque. Les troubles, les grèves

ainsi que l’instabilité politique exercent uneforte influence sur les activités.

K Le groupe doit composer avec des frais liés àl’énergie élevés et des coûts salariaux en hausse.A généré un cash-flow libre négatif en 2012.

L Carrefour

K Le commerce de proximité a le vent en poupe rendantles hypermarchés et autres grands formats beaucoup

moins attractifs.

K La distribution non-alimentaire se réalise deplus en plus via les acteurs “online”. Pressionconstante sur la rentabilité de l’entreprise.

J Danone

K Pour son premier trimestre de l’année 2013, l’entre-prise Danone a bénéficié de la “vigueurdes pays émergents” et de la progressionde sa division nutrition infantile. Lesventes totales du groupe ont progressé de5,6 % (les analystes tablaient sur 4,2 %).Renforcez sur repli vers les 52/54 euros.

L L’or

K Le cours de l’or a connu une très forte volatilité cesderniers jours, la plus forte baisse sur 30 ans.Les principales raisons : baisse du risqued’inflation au niveau mondial, diminution durisque systémique bancaire, diminution de lademande chinoise, hausse du dollar, arbitragevers des actifs plus risqués (les actions).

L Nordea

K Le consensus de marché doit s’ajuster à la baisse pourrefléter des perspectives moins favorables au niveau desmarges et des volumes. Nos estimations de bénéfice paraction 2013-2015 sont de 9 % à 11 % inférieures au

consensus.

K L’action n’est plus bon marché et le poten-tiel de baisse par rapport à notre objectif decours est de 25 %.

L Zimmer Holdings

K Nous ne sommes guère enthousiastes envers le titreZimmer et les produits orthopédiques en particulier. Les

volumes sont stables mais l’innovation n’estpas au rendez-vous.

K L’entreprise a peu de pouvoir de fixation desprix et la croissance a été entravée par lafaiblesse de l’économie mondiale et desrappels de produits.

J Roche

K Nous sommes positifs envers l’entreprise pharmaceuti-que suisse Roche. La croissance est bonne et les produitsen développement sont innovants (plusd’une septantaine en cours).

K L’entreprise dispose d’un des budgets lesplus importants en recherche et développe-ment du secteur avec l’une des meilleuresproductivités.

J EADS

K Après la vente de la participation de Daimler dansEADS, le plus difficile est passé en terme de réorganisa-tion du capital (beaucoup moins de flux vendeurs sur letitre à l’avenir).

K EADS devrait aussi poursuivre son pro-gramme de rachats d’actions, avec un impactpositif sur le résultat par action.

K La valorisation de l’action reste attractive.

Acheter Vendre↳ ↵

* Price earnings ratio, soit le rapport cours/bénéfices** R.O.E. : return on equity : rendement sur fonds propres.Ces indications ne sont pas des conseils de placement. Elles sont à prendre avec la plus grande prudence et n’engagent pas la responsabilité des institutions qui les formu-lent ni La Libre Belgique. Ces recommandations sont à considérer dans le cadre d’une gestion d’actifs qui doit être prudente et donc nécessairement diversifiée.

l Zoom | Inbev

Back to China

AB Inbev sort d’une longue phasede renforcement sur les Améri­ques, marquée par la fusion avec

le brésilien Ambev (2004), l’acquisi­tion de l’américain Anheuser­Busch(2009) et l’intégration du mexicainModelo (2013). Bref, le groupe disposeaujourd’hui de parts de marché domi­nantes dans tous les grands marchésde la région, et réaliser de nouvellesacquisitions de taille significative né­cessiterait beaucoup de concessionsenvers les régulateurs.

Le 24 avril prochain, AB Inbev tien­dra son assemblée générale, un événe­ment à l’occasion duquel la directiondevrait définir les prochains axes de sastratégie internationale, qui passeravraisemblablement par un renforce­ment de la présence sur le marché chi­nois. C’est tout du moins ce qui ressortdes récents propos de Carlos Brito (di­recteur général du groupe), qui a souli­gné le potentiel de croissance de laconsommation par habitant sur unmarché qui est dominé par CR Snow,une joint­venture entre China Resour­ces et SAB Miller. Que le premier bras­seur mondial ne soit pas leader sur unmarché avec autant de potentiel tientpresque de l’aberration. Le 30 avril, legroupe dévoilera ses chiffres sur le 1er

trimestre 2013, un événement qui nedevrait pas en être un. AB Inbev a an­noncé depuis longtemps que le débutde l’année serait plus lent, avec un dy­namisme de croissance qui ira en serenforçant à partir du 2e trimestre.

Le marché est confiant dans la capa­cité du groupe à remplir ses objectifs,d’autant que sa taille a rendu son acti­vité stable, diversifiée et très prévisi­ble. Les synergies dégagées par l’acqui­sition de Modelo devraient permettreune croissance du résultat compriseentre 5 et 10 % en 2013. Le consensussur AB Inbev reste positif, avec 20 avispositifs pour 11 neutres et 3 négatifs.L’objectif médian de 78 euros laisseentrevoir un potentiel inférieur à 5 %,mais ce doit être relativisé car AB In­bev n’a plus été bon marché depuis denombreux trimestres, et le cours a eutendance à suivre les révisions d’ob­jectifs d’assez près. Par exemple, fin2011, le consensus sur AB Inbev don­nait un potentiel théorique de 1,9 %.Or le cours était à l’époque de 47,2euros, contre 74,32 euros aujourd’hui.Soit une hausse de 57,5 %. Il n’y a doncjamais eu de “bon” moment pouracheter AB Inbev depuis 2 ans.G.Se.

L Rio Tinto

K Les “basic resources” sont mal orientés et comme lesautres valeurs de son secteur, Rio Tintoréagit beaucoup à la macro et n’échappepas à la tendance baissière actuelle desmatières premières.

K La société a publié cette semaine desdonnées sur sa performance opération-nelle du 1er trimestre qui étaient endessous des attentes des analystes.

J EDF

K Après avoir souffert en 2012, les “utilities” se reprennentcette année.

K L’éventuelle vente d’une partie de la participa-tion de l’Etat français dans EDF et la cession deréseaux pourraient être bénéfiques pour son coursde bourse.

K Bien positionné dans le nucléaire, EDF est moinspénalisée par les fluctuations du prix du gaz.

l L’outsider

Page 14: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Finance Argent

14 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013 15samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

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l Fiscalité | L’astuce

La fiscalité(attractive) desdroits d’auteur

Une loi du 16 juillet 2008, publiée au “Mo­niteur belge” du 30 juillet 2008, a mis enplace un système de précompte mobilier

libératoire sur les droits d’auteurs perçus par despersonnes physiques. La finalité de cette loi étaitde mettre un terme aux discussions intermina­bles visant à déterminer la correcte qualificationfiscale (revenus mobiliers, professionnels ou di­vers) qu’il convenait de donner à des droitsd’auteur. Ce régime nouveau s’applique “aux

cessions et concessions de droits d’auteur et dedroits voisins visés par la loi du 30 juin 1994”. Leslicences légales et obligatoires sont également vi­sées. Le régime du précompte mobilier libératoirene s’applique toutefois que sur la première tranchedes droits d’auteur de 37500€ (après indexation:56450€ pour l’exercice d’imposition 2014). Jus­qu’à ce plafond, le précompte mobilier libératoire(qui ne doit donc plus être mentionné dans la dé­claration fiscale) est de 15%. Au­delà de ce plafond,le montant des droits d’auteur est soumis au tauxordinaire de l’impôt des personnes physiques (im­posés comme revenus professionnels). Le montantbrut des droits d’auteur doit d’abord être diminuédes frais réels exposés pour acquérir ou conserverces revenus. Mais, à défaut de pièces probantes, leforfait pour charges sera de 50% pour la premièretranche de revenus de 10000€ (15050€ pourl’exercice d’imposition 2014) et de 25% pour la

tranche allant de 10000€ à 20000€ (15050€ à30110€ pour l’exercice d’imposition 2014). Au­delà de 20000€, aucune déduction forfaitairede charges ne sera accordée. Concrètement,grâce au précompte mobilier libératoire de 15%et à ces forfaits de charges, la perception d’unmontant brut de 30 000 € au titre de droitsd’auteur, donne lieu au paiement de (30000€ –11290€ forfaits) x 15% = 2806,50€ d’impôts ou9,355% d’impôt final. Par contre sur un montantbrut de 10000€, il ne faut payer que (10000€ –5000€) x 15% = 750€ d’impôts ou 7,5% d’im­pôt final. Un pourcentage fort appréciable en cestemps de taxation effrénée.Pierre-François CoppensConseil fiscal IEC,professeur à la Chambre belge des comptables

Uwww.coppensfiscaliste.be

l Fiscalité

La déclaration IPP est à nos portes

P Transparence limitée surles revenus mobiliers et lesassurances­vie.

C e sont les comptables, fiscalisteset autres spécialistes du rem­plissage des déclarations fisca­

les qui vont être contents. La formule,cette année, a encore gagné en com­plexité et en nouveautés. Limitons­nous ici à examiner les points les plussignificatifs.

En première place figure évidem­ment la déclaration obligatoire des re­venus des capitaux et biens mobiliers.On trouve au cadre VII du nouveau for­mulaire de nombreux codes qui sont lerésultat de l’application du nouveautaux de précompte mobilier de 21 % etde leur scission selon que les revenusont ou non fait l’objet de la retenue dela cotisation supplémentaire de 4 %.Rappelons le raisonnement à appli­quer par la majorité des épargnants :

Mes revenus mobiliers sont supé­rieurs à 20020 euros :

­ avec retenue de la cotisation de 4 % :je ne dois rien déclarer – sans retenuede la cotisation de 4 % : je dois déclarer;

Mes revenus mobiliers sont égauxou inférieurs à 20020 euros :

­ sans retenue de la cotisation de 4 % :je ne dois rien déclarer mais je dois co­cher la case 1440­15 ou 2440­82 (at­testation d’absence d’autres revenuspouvant donner lieu à la cotisation de4 %); – avec retenue de la cotisation de4 % : j’ai intérêt à déclarer pour obtenirla restitution des 4 %.

Rappelons que pour calculer le seuildes 20020 euros, tous les dividendesà 21 % et 25 % et les intérêts à 15 %,21 % et 25 % doivent être pris encompte. Il faut néanmoins exclureune série de revenus, à savoir essen­tiellement les intérêts des “bonsd’Etat Leterme”, les bonis de liquida­tion et les intérêts exonérés du pré­compte mobilier (comme par exem­ple la tranche exonérée de 1830 € desintérêts des dépôts d’épargne). Lesautres dividendes et intérêts doiventêtre additionnés pour savoir s’ils at­teignent le seuil de 20020 euros. Maisil peut y avoir là des dividendes déjàsoumis au taux de 25 % ou des inté­rêts de la 2e tranche des dépôtsd’épargne (qui restent soumis à 15 %mais qui interviennent quand mêmedans le calcul des 20020 euros).

Ces nouveaux codes disparaîtrontdans la formule de déclaration à l’im­pôt des personnes physiques de l’anprochain puisque le gouvernement adécidé de revenir en arrière et de sup­primer à partir de 2013 la cotisationsupplémentaire de 4 % et l’obligationgénérale de déclaration des revenusmobiliers avec pour effet que le pré­compte mobilier redevient libératoire– mais à 25 % – pour les revenus mobi­liers perçus à partir du 1er janvier 2013.

Une autre nouveauté qui a fait cou­ler des litres d’encre et de sueurs froi­des est l’obligation (?) de déclarationdes assurances­vie conclues à l’étran­ger. Cette obligation (?) vise les con­trats d’assurance de personnes dans

lesquels la survenance de l’événe­ment assuré ne dépend que de la du­rée de la vie humaine. Sont donc vi­sées, toutes les assurances du typebranche 21, branche 23 et les assu­rances “solde restant dû”. Doréna­vant, les contribuables qui détien­nent ce type d’assurance sont invitésà cocher la case “oui” et à indiquer enregard du code 1076 “le pays où l’as­surance a été conclue”.

Notons que la question telle qu’elleest formulée dans la déclaration prêteà confusion dans la mesure où il estdemandé au contribuable de déclarerle ou les contrats d’assurances­vie in­dividuelles “encore en cours”. Com­pris au pied de la lettre, cet ajout peutlaisser penser que seuls les contratsd’assurance­vie encore existants à ladate du dépôt de la déclaration fiscaledoivent être déclarés.

La brochure explicative de la déclara­tion fiscale n’étant pas encore disponi­ble, on ne voit pas ce que l’administra­tion comprend par les termes “encoreen cours”. Rappelons que l’obligation(?) de déclaration résulte d’une loi du27 décembre 2012 qui n’est entrée envigueur que le 10 janvier 2013.

Quoi qu’il en soit, le lecteur quinous aura suivis jusqu’ici se deman­dera peut­être pourquoi nous nousamusons à affubler l’obligation de dé­claration d’un point d’interrogation.Tout simplement parce qu’ainsi quenous l’avons expliqué récemment (1),cette obligation légale viole elle­même une obligation légale qui lui estsupérieure : l’interdiction faite par laconvention européenne des droits del’homme de contraindre quiconque às’auto­incriminer.

Autre changement significatif quimérite d’être relevé dans la déclara­tion IPP 2013 : dans la nouvelle rubri­que portant sur les dépenses faites en

2012 dans le but d’économiser del’énergie dans une habitation (cadreX, rubrique K), un traitement diffé­rent est prévu selon que le contratd’entreprise a été conclu avant ouaprès le 28.11.2011.

Dans le premier cas, le contribuablebénéficiera de toutes les déductionsen matière d’isolation de la toiture, deplacement de double vitrage, de chau­dières à haut rendement, etc. à con­currence de 40 %, alors que dans le se­cond cas, seule l’isolation de la toituredonnera droit à une réduction d’im­pôt, à concurrence de seulement 30 %.

Enfin, rappelons que certaines dé­penses autrefois déductibles ont ététransformées en réduction d’impôt,ce qui entraînera généralement unalourdissement de la charge fiscale.On retrouve désormais ces postes aucadre X (dépenses donnant droit àdes réductions d’impôt) et non plusau VII (Pertes antérieures et dépensesdéductibles) devenu dans la nouvelleformule le cadre VIII. C’est ainsi quepour les libéralités et les dépensespour garde d’enfants, la déduction aété remplacée par une réductiond’impôt de 45 %. Quant aux rémuné­rations attribuées aux employés demaison, elles ne donnent plus droitqu’à une réduction d’impôt de 30 %.

Notons que ces dépenses ne fontque rejoindre une série d’autres dé­penses qui avaient déjà perdu leurstatut de dépenses “déductibles” pourpasser au régime de la réductiond’impôt : épargne à long terme, pri­mes d’assurances individuelles,amortissements d’emprunts hypo­thécaires, épargne­pension, etc. (2)

U (1) Voir La Libre Entreprise du 2 fé­vrier 2013.U (2) Voir La Libre Entreprise du29 septembre 2012.

D.R.

André Bailleux et Rafaël Alvarez Campa

Avocats Bailleux, Causin et Janssen

D.R.

Page 15: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Finance Argent

15samedi 20 avril 2013 - La Libre Entreprise

l Fiscalité | L’astuce

La fiscalité(attractive) desdroits d’auteur

Une loi du 16 juillet 2008, publiée au “Mo­niteur belge” du 30 juillet 2008, a mis enplace un système de précompte mobilier

libératoire sur les droits d’auteurs perçus par despersonnes physiques. La finalité de cette loi étaitde mettre un terme aux discussions intermina­bles visant à déterminer la correcte qualificationfiscale (revenus mobiliers, professionnels ou di­vers) qu’il convenait de donner à des droitsd’auteur. Ce régime nouveau s’applique “aux

cessions et concessions de droits d’auteur et dedroits voisins visés par la loi du 30 juin 1994”. Leslicences légales et obligatoires sont également vi­sées. Le régime du précompte mobilier libératoirene s’applique toutefois que sur la première tranchedes droits d’auteur de 37500€ (après indexation:56450€ pour l’exercice d’imposition 2014). Jus­qu’à ce plafond, le précompte mobilier libératoire(qui ne doit donc plus être mentionné dans la dé­claration fiscale) est de 15%. Au­delà de ce plafond,le montant des droits d’auteur est soumis au tauxordinaire de l’impôt des personnes physiques (im­posés comme revenus professionnels). Le montantbrut des droits d’auteur doit d’abord être diminuédes frais réels exposés pour acquérir ou conserverces revenus. Mais, à défaut de pièces probantes, leforfait pour charges sera de 50% pour la premièretranche de revenus de 10000€ (15050€ pourl’exercice d’imposition 2014) et de 25% pour la

tranche allant de 10000€ à 20000€ (15050€ à30110€ pour l’exercice d’imposition 2014). Au­delà de 20000€, aucune déduction forfaitairede charges ne sera accordée. Concrètement,grâce au précompte mobilier libératoire de 15%et à ces forfaits de charges, la perception d’unmontant brut de 30 000 € au titre de droitsd’auteur, donne lieu au paiement de (30000€ –11290€ forfaits) x 15% = 2806,50€ d’impôts ou9,355% d’impôt final. Par contre sur un montantbrut de 10000€, il ne faut payer que (10000€ –5000€) x 15% = 750€ d’impôts ou 7,5% d’im­pôt final. Un pourcentage fort appréciable en cestemps de taxation effrénée.Pierre-François CoppensConseil fiscal IEC,professeur à la Chambre belge des comptables

Uwww.coppensfiscaliste.be

l Fiscalité

La déclaration IPP est à nos portes

P Transparence limitée surles revenus mobiliers et lesassurances­vie.

C e sont les comptables, fiscalisteset autres spécialistes du rem­plissage des déclarations fisca­

les qui vont être contents. La formule,cette année, a encore gagné en com­plexité et en nouveautés. Limitons­nous ici à examiner les points les plussignificatifs.

En première place figure évidem­ment la déclaration obligatoire des re­venus des capitaux et biens mobiliers.On trouve au cadre VII du nouveau for­mulaire de nombreux codes qui sont lerésultat de l’application du nouveautaux de précompte mobilier de 21 % etde leur scission selon que les revenusont ou non fait l’objet de la retenue dela cotisation supplémentaire de 4 %.Rappelons le raisonnement à appli­quer par la majorité des épargnants :

Mes revenus mobiliers sont supé­rieurs à 20020 euros :

­ avec retenue de la cotisation de 4 % :je ne dois rien déclarer – sans retenuede la cotisation de 4 % : je dois déclarer;

Mes revenus mobiliers sont égauxou inférieurs à 20020 euros :

­ sans retenue de la cotisation de 4 % :je ne dois rien déclarer mais je dois co­cher la case 1440­15 ou 2440­82 (at­testation d’absence d’autres revenuspouvant donner lieu à la cotisation de4 %); – avec retenue de la cotisation de4 % : j’ai intérêt à déclarer pour obtenirla restitution des 4 %.

Rappelons que pour calculer le seuildes 20020 euros, tous les dividendesà 21 % et 25 % et les intérêts à 15 %,21 % et 25 % doivent être pris encompte. Il faut néanmoins exclureune série de revenus, à savoir essen­tiellement les intérêts des “bonsd’Etat Leterme”, les bonis de liquida­tion et les intérêts exonérés du pré­compte mobilier (comme par exem­ple la tranche exonérée de 1830 € desintérêts des dépôts d’épargne). Lesautres dividendes et intérêts doiventêtre additionnés pour savoir s’ils at­teignent le seuil de 20020 euros. Maisil peut y avoir là des dividendes déjàsoumis au taux de 25 % ou des inté­rêts de la 2e tranche des dépôtsd’épargne (qui restent soumis à 15 %mais qui interviennent quand mêmedans le calcul des 20020 euros).

Ces nouveaux codes disparaîtrontdans la formule de déclaration à l’im­pôt des personnes physiques de l’anprochain puisque le gouvernement adécidé de revenir en arrière et de sup­primer à partir de 2013 la cotisationsupplémentaire de 4 % et l’obligationgénérale de déclaration des revenusmobiliers avec pour effet que le pré­compte mobilier redevient libératoire– mais à 25 % – pour les revenus mobi­liers perçus à partir du 1er janvier 2013.

Une autre nouveauté qui a fait cou­ler des litres d’encre et de sueurs froi­des est l’obligation (?) de déclarationdes assurances­vie conclues à l’étran­ger. Cette obligation (?) vise les con­trats d’assurance de personnes dans

lesquels la survenance de l’événe­ment assuré ne dépend que de la du­rée de la vie humaine. Sont donc vi­sées, toutes les assurances du typebranche 21, branche 23 et les assu­rances “solde restant dû”. Doréna­vant, les contribuables qui détien­nent ce type d’assurance sont invitésà cocher la case “oui” et à indiquer enregard du code 1076 “le pays où l’as­surance a été conclue”.

Notons que la question telle qu’elleest formulée dans la déclaration prêteà confusion dans la mesure où il estdemandé au contribuable de déclarerle ou les contrats d’assurances­vie in­dividuelles “encore en cours”. Com­pris au pied de la lettre, cet ajout peutlaisser penser que seuls les contratsd’assurance­vie encore existants à ladate du dépôt de la déclaration fiscaledoivent être déclarés.

La brochure explicative de la déclara­tion fiscale n’étant pas encore disponi­ble, on ne voit pas ce que l’administra­tion comprend par les termes “encoreen cours”. Rappelons que l’obligation(?) de déclaration résulte d’une loi du27 décembre 2012 qui n’est entrée envigueur que le 10 janvier 2013.

Quoi qu’il en soit, le lecteur quinous aura suivis jusqu’ici se deman­dera peut­être pourquoi nous nousamusons à affubler l’obligation de dé­claration d’un point d’interrogation.Tout simplement parce qu’ainsi quenous l’avons expliqué récemment (1),cette obligation légale viole elle­même une obligation légale qui lui estsupérieure : l’interdiction faite par laconvention européenne des droits del’homme de contraindre quiconque às’auto­incriminer.

Autre changement significatif quimérite d’être relevé dans la déclara­tion IPP 2013 : dans la nouvelle rubri­que portant sur les dépenses faites en

2012 dans le but d’économiser del’énergie dans une habitation (cadreX, rubrique K), un traitement diffé­rent est prévu selon que le contratd’entreprise a été conclu avant ouaprès le 28.11.2011.

Dans le premier cas, le contribuablebénéficiera de toutes les déductionsen matière d’isolation de la toiture, deplacement de double vitrage, de chau­dières à haut rendement, etc. à con­currence de 40 %, alors que dans le se­cond cas, seule l’isolation de la toituredonnera droit à une réduction d’im­pôt, à concurrence de seulement 30 %.

Enfin, rappelons que certaines dé­penses autrefois déductibles ont ététransformées en réduction d’impôt,ce qui entraînera généralement unalourdissement de la charge fiscale.On retrouve désormais ces postes aucadre X (dépenses donnant droit àdes réductions d’impôt) et non plusau VII (Pertes antérieures et dépensesdéductibles) devenu dans la nouvelleformule le cadre VIII. C’est ainsi quepour les libéralités et les dépensespour garde d’enfants, la déduction aété remplacée par une réductiond’impôt de 45 %. Quant aux rémuné­rations attribuées aux employés demaison, elles ne donnent plus droitqu’à une réduction d’impôt de 30 %.

Notons que ces dépenses ne fontque rejoindre une série d’autres dé­penses qui avaient déjà perdu leurstatut de dépenses “déductibles” pourpasser au régime de la réductiond’impôt : épargne à long terme, pri­mes d’assurances individuelles,amortissements d’emprunts hypo­thécaires, épargne­pension, etc. (2)

U (1) Voir La Libre Entreprise du 2 fé­vrier 2013.U (2) Voir La Libre Entreprise du29 septembre 2012.

D.R.

André Bailleux et Rafaël Alvarez Campa

Avocats Bailleux, Causin et Janssen

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Page 16: La Libre Entreprise du 20 avril 2013

Libre Entreprise Face et profil

16 La Libre Entreprise - samedi 20 avril 2013

Portrait Marcel LindenCorrespondant en Allemagne

Tous les espoirs de Gruner+ Jahr(G + J), le premier groupe demagazines européen apparte­

nant à Bertelsmann, reposent sur lesfrêles épaules de Julia Jäkel. La nou­velle présidente du directoire va de­voir sortir l’entreprise du rouge, re­lancer les titres de presse et étendreles activités électroniques.

Les médias allemands observentde près cette femme âgée d’à peine41 ans. La “Frankfuter Allgemeine”lui reconnaît une “carrière sensation­nelle”, mais avertit que G + J doit ac­complir un “processus de transforma­tion dramatique”. La “SüddeutscheZeitung” titre : “Pleins pouvoirs pourJäkel” et annonce une “grande opéra­tion de nettoyage”. Pour le “ManagerMagazin”, “elle va devoir réaliser desplans ‘radicaux’”.

Effectivement, la nouvelle diri­geante n’a pas froid aux yeux : affa­ble et ouverte au travail d’équipe,elle n’en sait pas moins prendre lesdécisions qui s’imposent. A peinenommée au directoire de G + J enseptembre dernier, elle a fermé lequotidien de qualité “Financial Ti­mes Deutschland”, qui a accumulédes pertes sans fin. Elle, qui avait faitpartie de l’équipe fondatrice duFTD, a sincèrement déploré sa dis­parition.

G + J est un colosse aux pieds d’ar­gile : présent dans 30 pays, il a, cer­tes, réalisé en 2012 un chiffre d’af­faires de 2,2 milliards d’euros, dont55% hors d’Allemagne. Mais l’andernier, le résultat opérationnel Ebita diminué de 28% à 168 millions etle groupe a dû encaisser une pertenette de 11 millions due à des dé­préciations sur les participationsdans les pays en crise du sud de l’Eu­rope. Evidemment, Bertelsmann,qui contrôle 74,9% du capital, n’estpas content. La maison­mère sou­haiterait apparemment que G + Jferme des activités déficitaires enEspagne et dans les Balkans.

Le grand chamboulement chezG+ J, dont Julia Jäkel est sortie ga­gnante, a commencé en septembredernier. A l’occasion du départ deBernd Buchholz, le président de G+J

qui siégeait aussi au directoire deBertelsmann, elle avait formé avecdeux hommes un triumvirat pour leremplacer. Or, le 10 avril, le conseilde surveillance de G + J a sacré prési­dente Julia Jäkel et remplacé sesdeux collègues par deux autreshommes : l’un d’eux, Stephan Schä­fer, 38 ans, est son proche collabora­teur.

G + J est un ensemble difficile à pi­loter; on peut le comparer à uneflotte avec des vaisseaux amiraux etbeaucoup de navires. Difficile demaintenir le cap. Les plus grands ti­tres sont les hebdomadaires “Stern”,magazine politique avec une diffu­sion payante de 789000 exemplai­res fin 2012, le magazine féminin“Brigitte” (577000), Gala (people,322000) et “Geo” (285000). Suiventles mensuels “Schöner wohnen”(décoration du logement, 241000)et “Essen&Trinken” (cuisine et bois­sons, 210000), etc.

Autre difficulté de gestion : G + Jrespecte ce qu’on appelle le principedu rédacteur en chef, la maisond’édition ne dictant pas ses volontés

aux rédactions. Le groupe veut in­vestir 100 millions d’euros dans lesactivités électroniques, mais pour cefaire, il a besoin du consentement deBertelsmann, à court d’argent.

Contrairement à son prédéces­seur, Julia Jäkel n’a pas encore éténommée au directoire de Bertels­mann. Après Anke Schäferkordt,nommée en avril 2012 présidentedu directoire de RTL, elle est ladeuxième femme à conduire unegrande filiale de Bertelsmann. Ce­pendant, la dirigeante de RTL, âgée,elle, de 50 ans, avait été promue audirectoire de la société­mère. La “pa­triarche” de Bertelsmann, Liz Mohn,veuve de Reinhard Mohn, ne devraitpas voir d’un mauvais œil la promo­tion de femmes à des postes­clés.

Autre bon point : Julia Jäkel est unpur produit Bertelsmann. A peinesortie de l’université, elle a été em­bauchée par le groupe à l’âge de 26ans. Mère de jumeaux nés l’an der­nier, elle est l’épouse d’Ulrich Wic­kert, ex­présentateur très connu dela chaîne de télé ARD.

Naissance en novembre 1971.

Etudes d’histoire et de sciences politi-ques à Heidelberg et Harvard.

1996: elle obtient un master à Cam-bridge.

1997: “trainee” chez Bertelsmann.

1999: elle devient vice-rédactrice enchef du “Financial Times Deutschland”.

2004: chef de la maison d’édition de“Brigitte”.

Septembre 2012 : nommée au direc-toire de G + J.

10 avril 2013 : présidente du direc-toire de G + J.

P A 41 ans, Julia Jäkel,présidente du directoire,doit relancer Gruner + Jahr.

P La filiale magazines deBertelsmann est dans lerouge.

De grandes ambitions

G+J

D.R.

Épinglé

Les carnets d’Adolf Hitler

Faux. Il y a 30 ans, le 28 avril 1983,le “Stern” avait provoqué le plusgrand scandale de presse de l’après-guerre en publiant de premiersextraits des prétendus carnets du“Führer”. Le 6 mai, la police crimi-nelle fédérale BKA annonça que lejournal intime était un faux. Le faus-saire, Konrad Kujau, fut condamné àplus de trois ans de prison.Le “Stern” avait payé 9,3 millions demarks pour 62 carnets de sa plume. Anoter que la maison d’édition avaitapprouvé l’achat des carnets sansmême consulter la rédaction en chef.

Actionnariat

Bertelsmann veut 100 %

Thomas Rabe, président du direc-toire de Bertelsmann depuis jan-vier 2012, aimerait posséder lamaison d’édition G + J à part entière.L’an dernier, il a proposé à la familleJahr de lui racheter sa minorité deblocage de 25,1 %, mais ils n’étaientpas arrivés à s’entendre sur le prix.Certains journalistes de G + J redou-tent qu’en passant tout à fait sous lacoupe de Bertelsmann, leurs titresde presse perdent en autonomie.