la Lettre Des Elus #186 - Mars 2012

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La lettre des élus Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEE N° de Commission Paritaire : 0108G82659 • ISSN : 1761-1547 // Directeur de publication : Sébastien Chaillou // Rédacteurs en chef : Yannis Burgat, Benoit Soulier, Alexandre Gavard// mail : universitaire@ unef.fr // tél : 01 42 02 25 55 // Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189 Chantiers universitaires Recherche // Démocratie // Réussite en licence Chantier social Une allo- cation d’autonomie pour tous les étudiants Fiche pratique Intervenir dans les Assises térritoriales Interview Geneviève Fioraso, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Association pour la Formation des Elus Etudiants APFEE Bonjour à tous ! Le 11 juillet dernier, Geneviève Fioraso, ministre de l’ensei- gnement supérieur et de la recherche, a lancé les Assises de l’enseignement supérieur. Ces Assises sont présentées comme une large concertation de l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, au niveau natio- nal et territorial. Elles doivent déboucher sur un rapport, qui servira de base à une loi cadre pour l’enseignement supérieur. Les élus « UNEF et associations étudiantes » consacrent ce mois-ci un numéro spécial de la Lettre Des Elus à ces Assises et aux chantiers prioritaires portés par les étudiants. Débutées par des consultations, les Assises se poursuivent dans chaque région avec l’organisation d’Assises territoriales. Enfin, des Assises nationales auront lieu les 26 et 27 novembre et déboucheront sur un rapport qui sera remis à la ministre. Ces assises se déroulent dans un contexte difficile pour les universités et pour les étudiants. La démocratisation de l’en- seignement supérieur est en recul : le nombre de diplômés du supérieur baisse tout comme la part des étudiants issus des milieux populaires à l’université tandis que le taux d’échec des étudiants stagne à un niveau anormalement élevé. A chaque niveau de la concertation, les élus « UNEF et associations étu- diantes » ont porté les priorités étudiantes. La future réforme de l’enseignement supérieur doit se faire dans un objectif de démocratisation. Ce mois-ci, nous donnerons la parole à Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. La ministre revien- dra sur ce qu’elle attend de ces Assises et sur les mesures qu’elle compte en- treprendre en faveur de la réussite des étudiants. Bonne lecture ! Yannis Burgat, Élu au CNESER #186 Mars 2012 Spéciale Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche

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LDE MARS 2012 186

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La lettredes élus

Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEEN° de Commission Paritaire : 0108G82659 • ISSN : 1761-1547 // Directeur de publication : Sébastien Chaillou // Rédacteurs en chef : Yannis Burgat, Benoit Soulier, Alexandre Gavard// mail : [email protected] // tél : 01 42 02 25 55 // Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189

Chantiers universitaires • Recherche // Démocratie // Réussite en licence

Chantier social • Une allo-cation d’autonomie pour tous les étudiants

Fiche pratique • Intervenir dans les Assises térritoriales

Interview • Geneviève Fioraso, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche

Association pour la Formation des Elus Etudiants

APFEE

Bonjour à tous !

Le 11 juillet dernier, Geneviève Fioraso, ministre de l’ensei-gnement supérieur et de la recherche, a lancé les Assises de l’enseignement supérieur. Ces Assises sont présentées comme une large concertation de l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, au niveau natio-nal et territorial. Elles doivent déboucher sur un rapport, qui servira de base à une loi cadre pour l’enseignement supérieur. Les élus « UNEF et associations étudiantes » consacrent ce mois-ci un numéro spécial de la Lettre Des Elus à ces Assises et aux chantiers prioritaires portés par les étudiants.

Débutées par des consultations, les Assises se poursuivent dans chaque région avec l’organisation d’Assises territoriales. Enfin, des Assises nationales auront lieu les 26 et 27 novembre et déboucheront sur un rapport qui sera remis à la ministre.

Ces assises se déroulent dans un contexte difficile pour les universités et pour les étudiants. La démocratisation de l’en-seignement supérieur est en recul : le nombre de diplômés du supérieur baisse tout comme la part des étudiants issus des milieux populaires à l’université tandis que le taux d’échec des étudiants stagne à un niveau anormalement élevé. A chaque niveau de la concertation, les élus « UNEF et associations étu-diantes » ont porté les priorités étudiantes. La future réforme de l’enseignement supérieur doit se faire dans un objectif de démocratisation.

Ce mois-ci, nous donnerons la parole à Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. La ministre revien-dra sur ce qu’elle attend de ces Assises et sur les mesures qu’elle compte en-treprendre en faveur de la réussite des étudiants.

Bonne lecture !

Yannis Burgat,Élu au CNESER

#186Mars 2012

Spéciale Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche

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70 000 doctorants participent activement à la

production scientifique dans notre pays. Pour-

tant, ils n’ont pas accès à un véritable statut

pour garantir leurs droits. Leurs conditions de

travail et d’études dépendent de la bonne vo-

lonté des équipes de recherche et des moyens

budgétaires de chaque laboratoire.

L’absence de statut provoque de fortes inéga-

lités entre doctorants. 85% des doctorants en

sciences exactes ont accès à un financement,

contre 30% en sciences humaines. L’encadre-

ment des doctorants varie également d’une

équipe de recherche à l’autre : un directeur de

recherche encadre parfois plusieurs dizaines

de doctorants. L’insertion professionnelle des

doctorants est inégale selon leur secteur d’ori-

gine, leur type de contrat et de formation, ainsi

que les secteurs de débouchés (secteur privé

ou public).

Ces inégalités ont des conséquences graves sur

l’attractivité du doctorat. Le nombre de thèses

soutenues en France a diminué de 15% sur les

10 dernières années. A ce chiffre s’ajoute une

forte sélection sociale : seuls 2% des doctorants

sont des enfants d’ouvriers. La relance de notre

économie nécessite une recherche attrac-

tive pour les étudiants tout comme un grand

nombre de travailleurs hautement qualifiés. La

démocratisation du doctorat est donc un enjeu

aussi bien économique que social.

Financer l’ensemble des doctorants pour en finir avec la précaritéL’accès de tous les doctorants à un finance-

ment doit être la première pierre du statut du

doctorant. Le développement des finance-

ments publics et privés, en assurant leur enca-

drement pour garantir la qualité scientifique

de la thèse, sont les deux leviers à utiliser. Ils

doivent permettre d’en finir avec la précarité

des doctorants, premier motif des abandons de

thèse.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent :

• La dotation financière fléchées pour le finan-

cement de l’ensemble des thèses.

• La répartition des financements entre les la-

boratoires par le Conseil Scientifique (CS)

• L’accompagnemant individuel des futurs doc-

torants dans leurs recherches de financements.

Améliorer les conditions d’études et de recherche de tous les doctorantsGarantir un véritable encadrement pédago-

gique et des conditions de travail dignes d’un

chercheur titulaire doit être le second pilier

d’un statut national du doctorant.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent :

• La limitation du nombre de doctorants par

directeur de thèse.

• Une offre de formation adaptée à l’orientation

scientifique de chaque laboratoire

• La mise à disposition d’un bureau avec du

matériel informatique pour chaque doctorant

• L’accès à toutes les ressources documentaires

nécessaires au travail de recherche

Assurer une insertion professionnelle de qualité aux doctorantsAlors que le doctorat est un diplôme d’excel-

lence, il ne permet pas une insertion profes-

sionnelle à la hauteur d’un bac +8. Assurer une

insertion professionnelle de qualité, dans le

privé comme dans le public, doit être le dernier

pilier du statut national du doctorant.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent :

• Une reconnaissance du doctorat dans les

conventions collectives.

• Une formation pour la recherche d’emploi

spécifique aux doctorants (valorisation du tra-

vail de recherche pour une entreprise, connais-

sance des débouchés sur le marché du travail,

etc.)

• Des concours réservés aux doctorants pour

intégrer la fonction publique hors domaines de

recherche

• De conditionner le versement des Crédit Im-

pôt Recherche aux entreprises à l’inscription du

doctorat dans les conventions collectives pour

une rémunération minimum à 2x le SMIC

William Martinet

Elu CNESER

Garantir un statut pour les doctorants

Pour conclure la première série d’auditions

de la communauté universitaire dans le

cadre des Assises de l’enseignement supé-

rieur, le comité de pilotage a publié une syn-

thèse, qui fait émerger un certain nombre de

consensus. Ainsi, la nécessaire refonte des

premiers cycles, ou encore la réflexion sur

le financement des universités sont à l’ordre

du jour. Les élus « UNEF et associations étu-

diantes » resteront cependant vigilants face

à certaines conclusions allant à l’encontre

de la démocratisation de l’enseignement

supérieur : l’éventualité d’une augmentation

des frais d’inscription semble écartée, mais

la possibilité de sélection ou d’orientation

sélective à l’entrée des établissements réap-

parait en filigrane.

Chantier : Recherche

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Premier bilan des consultations : des consensus se dégagent

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Chantier : Démocratie

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Depuis plusieurs années, la démocratie uni-

versitaire a connu des reculs sans précédent.

La loi LRU de 2007 a modifié la composition

et le rôle des conseils centraux des universités.

Le CEVU (Conseil des Etudes et de la Vie Uni-

versitaire) bien qu’il soit paritaire, est notam-

ment devenu un conseil consultatif.

Alors que depuis plus de 5 ans les étudiants

sont écartés des débats universitaires, à la

veille des Assises de l’enseignement supérieur

qui déboucheront sur une nouvelle loi d’or-

ganisation des universités, les élus « UNEF et

associations étudiantes » se battent pour re-

mettre les étudiants au cœur du service public

d’enseignement supérieur.

Redonner du poids aux élus dans les conseils centrauxAu sein des CA, le nombre d’élus étudiants

varie d’un établissement à l’autre, mais ne dé-

passe jamais 20% du conseil. A cela s’ajoute

des personnalités extérieures, nommées par

le président de l’université qui augmentent

ainsi son pouvoir dans les prises de décisions.

Le CEVU, alors qu’il a un rôle fondamental en

définissant l’offre de formation, la pédagogie,

les mesures en faveur de la réussite des étu-

diants et la vie étudiante, n’est que consultatif

et ses décisions doivent être validées en CA.

Ce fonctionnement ne laisse pas de place aux

étudiants dans les prises de décisions des éta-

blissements.

Lors des Assises, les élus « UNEF et associa-

tions étudiantes » revendiquent :

• Une augmentation du nombre d’élus étu-

diants au CA pour atteindre 30% du conseil.

• La même composition des conseils dans

chaque université.

• Un rôle décisionnel des CEVU et des CS

(conseil scientifique) afin de rééquilibrer les

prises de décisions au sein des universités et

de laisser plus de place aux élus étudiants.

• Un encadrement des pouvoirs des présidents

d’universités.

Permettre une réelle démocratie à tous les niveauxAujourd’hui, les décisions ne sont plus prises

uniquement dans les universités. De nouveaux

échelons ont vu le jour : une partie des déci-

sions originellement prises dans les universités

sont transférées vers d’autres institutions.

Ainsi les PRES ont pris de plus en plus d’impor-

tance. Ces derniers ont des statuts qui ne sont

pas cadrés nationalement et leurs décisions se

prennent souvent sans les étudiants. De plus,

les dérogations accordées aux universités pour

changer leurs statuts en « grand établissement »

ne garantissent plus l’application des règles

régissant le service public partout et entrainent

des conséquences désastreuses sur la repré-

sentation des étudiants.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent une gouvernance démocratique

à tous les niveaux de décision :

• Un cadrage national des statuts des PRES

assurant une représentation démocratique des

étudiants.

• Une régulation des statuts des universités

limitant les « grands établissements » aux éta-

blissements dont la première mission n’est pas

la formation des étudiants.

Garantir une juste représentativité des organisations étudiantesLa représentativité nationale des organisations

étudiantes est élaborée à partir des votes au

Remettre les étudiants au cœur des prises de décisions

CNESER de chacun des élus titulaires dans

les établissements dépendants du Ministère

de l’enseignement supérieur (universités et

écoles). Les élus « UNEF et associations étu-

diantes » se battent pour améliorer l’organisa-

tion des élections étudiantes dans les univer-

sités, avec :

• La mise en place de commissions électorales

fixant les bureaux de vote selon les effectifs

et la concentration des étudiants comme lors

des élections au CROUS.

• La création de collèges électoraux afin de

garantir une juste représentation des étudiants

au sein du CEVU

• La distinction entre les organisations repré-

sentatives et les associations qui animent la vie

de campus (BDE etc.) qui doivent avoir de réels

moyens de fonctionnement même si elles ne

sont pas représentatives.

Renforcer l’Etat, garant du pilotage national du service public Afin de répondre aux missions du service pu-

blic, il est indispensable de faire de l’Etat un

véritable régulateur et pilote de l’enseigne-

ment supérieur. Les élus « UNEF et associa-

tions étudiantes » revendiquent :

• La mise en place d’un rapport annuel de l’ac-

tion des rectorats en matière de contrôle de

légalité (Frais d’inscriptions...).

• Renforcer le rôle du CNESER, notamment en

rendant ses décisions impératives et non plus

simplement consultatives sur l’ensemble des

grands dossiers (offre de formation, habilita-

tion, redéfinition de la carte universitaire)

Marthe Corpet

Elue CNESER

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ministre de l’enseignement supérieur, a fait de

la réussite en licence sa priorité, le cycle de li-

cence, situé entre le lycée et le master, apparaît

comme le parent pauvre du système d’ensei-

gnement supérieur. Plutôt que d’être un temps

d’épanouissement et de formation indispen-

sable pour la continuation d’études ou l’inser-

tion professionnelle, le cycle licence est subit

par les étudiants, se transformant ainsi plus en

barrière d’écrémage qu’en lieu d’émancipation.

Pour une nouvelle architecture de la licenceL’objectif de 50% d’une classe d’âge au niveau

licence ne pourra être atteint qu’en donnant

aux étudiants les moyens de comprendre et de

maîtriser leurs parcours. L’échec universitaire

est en grande partie la conséquence de l’ina-

daptation des formations aux besoins des étu-

diants de découvrir différentes approches avant

de se spécialiser. Les filières qui connaissent les

meilleurs taux de réussite sont d’ailleurs celles

qui allient un très bon taux d’encadrement avec

une forte pluridisciplinarité, à l’image des CPGE.

De la pluridisciplinarité en L1 vers la

spécialisation en L3

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent la mise en place d’une licence

pluridisciplinaire par grand domaine de forma-

tion permettant une spécialisation progressive

en trois ans :

• Une première année pluridisciplinaire pour

chaque grand domaine de formation avec un

tronc commun obligatoire et des heures d’en-

seignements d’ouverture aux disciplines dans

lesquelles l’étudiant souhaite approfondir sa

maitrise.

• Une deuxième année avec deux disciplines

d’approfondissement parmi celles proposées

dans chaque grand domaine de formation.

Donner les moyens aux étudiants de maîtriser leur cursus

Chantier : Réussite en Licence

4

Afin de refaire de l’université le lieu de l’ascen-

sion sociale, une refonte des premiers cycles

universitaires est aujourd’hui nécessaire. Les

étudiants sont pour la plupart confrontés à un

système complexe et cloisonné dans lequel il

est difficile de s’orienter, de progresser et de

réussir. A l’exception des filières sélectives qui

bénéficient d’une concentration de moyens et

d’un encadrement conséquent (CPGE, IUT, STS

etc.) les étudiants en licence ne bénéficient pas

d’une pédagogie au service de leur progression.

A l’occasion des Assises de l’enseignement su-

périeur et de la recherche, les élus « UNEF et

associations étudiantes » ont fait de la réforme

des premiers cycles un chantier prioritaire.

Près d’un étudiant sur deux échoue en licence

à l’université. Les élus « UNEF et associations

étudiantes » se battent depuis quelques années

pour que 50% d’une classe d’âge arrive au ni-

veau de la licence. Alors que Geneviève Fioraso,

Page 5: la Lettre Des Elus #186 - Mars 2012

Chantier : Réussite en Licence

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• Une troisième année où l’étudiant se spécia-

lise en choisissant sa mention.

Un cadrage national de l’offre de formation

Illisible pour les étudiants, ce foisonnement de

formations cloisonnées est aussi incompré-

hensible pour les employeurs. Il est nécessaire

de redonner de la cohérence et d’harmoniser

les formations de premiers cycles universitaires

en termes de nombre d’heures, d’encadre-

ment et d’enseignements proposés pour que

les contenus et les intitulés des diplômes de

licence reposent sur des références nationales.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent la mise en place d’un cadrage

national de l’offre de formation permettant de :

• Rendre plus lisible l’offre de formation en évi-

tant la multiplication des intitulés.

• Garantir l’égalité des étudiants avec une har-

monisation nationale des contenus des forma-

tions.

• Garantir des moyens sur l’ensemble du ter-

ritoire et d’assurer la pérennité des formations.

Une continuité pédagogique entre le

secondaire, la licence et le master

La licence est un maillon du parcours univer-

sitaire qui doit permettre une entrée réussie

dans le supérieur et une poursuite d’études

au niveau master. Le master est devenu au-

jourd’hui le diplôme de référence sur le mar-

ché du travail. Le cursus de licence doit donc

à la fois offrir une possibilité de sortie quali-

fiante au niveau bac +3 et garantir à chacun

la poursuite d’une formation plus spécialisée

et approfondie.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent une articulation des maquettes

de licence, permettant une transition avec

le secondaire tout en garantissant l’accès

en master. Pour cela nous souhaitons que

le chantier sur la refondation de l’école per-

mettre des avancées significatives dans la

transition entre le secondaire et le supérieur.

Engager une révolution pédagogique à l’universitéLes modes de transmission des savoirs à l’uni-

versité sont basés sur des savoirs très spé-

cialisés et des enseignements magistraux ne

permettant aucun échange. Les étudiants sont

livrés à eux-mêmes, seuls pour organisés leur

apprentissage des connaissances, seuls face à

l’échec.

Rénover la pédagogie

Afin de mettre fin au bachotage incompatible

avec l’apprentissage et la pédagogie, il est

nécessaire de changer les modes de transmis-

sions de savoirs.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent :

• La suppression des cours en amphi en L1 et

la mise en place d’une proportion maximale

de CM dans les cursus afin d’encourager des

formes d’enseignement et de pédagogies di-

versifiées.

• Le renforcement de l’encadrement et du suivi

pédagogique des étudiants.

• Le développement du travail en petits groupes

pour favoriser la mise en pratique des connais-

sances.

Changer les modes d’évaluation

Pour en finir avec l’examen sanction, les élus

« UNEF et associations étudiantes » reven-

diquent une évaluation au service de la pro-

gression des étudiants avec :

• Le développement et le renforcement du

contrôle continu couplé à des examens termi-

naux en multipliant les épreuves tout au long

du semestre afin de limiter les effets des exa-

mens couperets.

• Le respect de l’obligation d’organiser une ses-

sion de rattrapage par l’ensemble des univer-

sités.

• La diversification des modes d’évaluation

(oraux, exposés, projets en groupes…).

• La mise en place de dispositions particulières

adaptées pour les étudiants salariés (cours en

ligne, dispense d’assiduité, etc.).

Renforcer l’encadrement des étudiants

Pour garantir un meilleur suivi pédagogique et

administratif des étudiants, les élus « UNEF et

associations étudiantes » revendiquent :

• Un plan pluriannuel de recrutement pour les

premiers cycles universitaires de 2500 postes

d’enseignants et de 2500 personnels BIATSS

par an pendant 5 ans.

• La formation de l’ensemble des personnels

enseignants à la pédagogie (en formation ini-

tiale et continue) en faisant notamment évoluer

les études doctorales.

Diversifier les modes d’enseignement

On ne peut exiger des étudiants qu’ils ac-

quièrent les outils pour une insertion profes-

sionnelle et une poursuite d’études sans repen-

ser la nature des enseignements dispensés.

Les stages ne sont pas la panacée d’une sortie

qualifiante tout comme l’enseignement dis-

ciplinaire magistral ne garantit pas en soi une

réussite future en master.

En 2012, l’université française ne peut plus re-

poser sur l’uniformité des leçons magistrales.

Afin de permettre aux étudiants d’être préparés

à faire face à toutes les situations qu’ils pour-

ront rencontrer, les élus « UNEF et associations

étudiantes » revendiquent :

• La diversification des modes d’enseignements

dans la méthode de formation : le travail en

groupe, les projets personnalisés ou encore

la mise en pratique des enseignements théo-

riques.

Permettre un meilleur accompagnement

des étudiants des filières technologiques et

professionnelles

Les étudiants issus de bacs non généraux sont

ceux qui souffrent le plus du manque d’enca-

drement en premier cycle et de l’absence de

pédagogie. Il est donc nécessaire de renforcer

leur accompagnement pédagogique dans les

cycles généraux tout en leur garantissant une

priorité vers les filières pensées pour leur réus-

site (IUT ou STS). Cette priorité doit s’accom-

pagner d’un renforcement des passerelles entre

ces filières et l’année de licence 3 afin de garan-

tir à tous une poursuite d’études.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent :

• L’accès prioritaire aux étudiants de bacs tech-

nologiques dans les IUT et de bacs profes-

sionnels dans les STS pour limiter les voies de

contournement à l’université.

• La mise en place d’un véritable service public

de l’orientation.

Pour remédier aux inscriptions par défaut, il est

indispensable de mieux structurer l’information

sur l’offre de formation, de créer un service pu-

blic de l’orientation permettant un accompa-

gnement du lycée à l’enseignement supérieur

en unifiant et en rendant cohérentes les diffé-

rents structures existantes (CIO et SUIO).

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent une augmentation du nombre de

professionnels de l’orientation qui doivent être

régulièrement formés sur l’ensemble des filières

du supérieur, les passerelles, les débouchés.

Sandra Carvalho

Elue CNESER

Page 6: la Lettre Des Elus #186 - Mars 2012

Chantier : Autonomie des jeunes

Alors que les étudiants sont les travailleurs

de demain, l’absence d’un système d’aides

sociales adapté à nos besoins nous empêche

de prendre notre avenir en main.

La précarité, premier frein à la réussiteLe coût de la vie étudiante augmente chaque

année plus vite que les aides sociales. Les

étudiants sont enfermés dans deux choix :

se tourner vers la solidarité familiale ou dé-

pendre financièrement d’une activité sala-

riée le plus souvent sans aucun lien avec les

études. Le salariat étudiant touche un étu-

diant sur deux et représente une des pre-

mières causes d’échec à l’université.

Un système d’aides sociales à bout de souffleLe système d’aides sociales n’a pas évolué

depuis sa mise en place, à la sortie de la se-

conde guerre mondiale. Il ne répond plus aux

besoins des étudiants et des nouveaux pu-

blics arrivés massivement à l’université. Pour

les élus « UNEF et associations étudiantes » le

système d’aides sociales est :

• Insuffisant car il exclut 80% des étudiants

et l’échellon le plus élevé de bourses atteint

seulement 470€ par mois.

• Inadapté puisque les bourses sur critères

sociaux sont calculées sur le revenu de nos

parents et ne prennent pas en compte nos

besoins.

• Injuste car l’Etat consacre plus d’argent en

exonérations fiscales (2,3 milliards) pour les

familles les plus aisées que pour les bourses

(1,7 milliards).

Pour un statut social pour les jeunes en formationLa ministre se donne pour objectif d’amener

50% d’une classe d’âge au niveau licence.

Cela passera nécessairement par une remise

à plat du système de bourses et la création

d’un statut social répondant aux besoins des

étudiants et leur permettant de se consacrer

à 100% à leurs études.

L’allongement de la durée des études et les

difficultés d’insertion professionnelles font

souvent durer cette période de galère ou de

dépendance familiale. Ce nouvel âge de la vie

n’est pas couvert socialement. Quelque soit

le milieu social d’origine, la nationalité ou le

choix de formation, les élus « UNEF et asso-

ciations étudiantes » considèrent que chaque

jeune doit pouvoir se former, et se voir garan-

tir par l’Etat la possibilité d’accéder à l’auto-

nomie.

Un volet financier : l’allocation d’autonomie

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

portent le projet de l’allocation d’autono-

mie : il s’agit d’une aide unique et universelle

dont le montant serait calculé en fonction

des besoins propres des étudiants. La refonte

de toutes les aides existantes financerait en

grande partie le coût de l’allocation d’auto-

nomie. Le reste doit passer par un investis-

sement pluriannuel dans le système d’aides

sociales.

Garantir le droit au logement

Alors que l’accès à un logement indépendant

détermine très souvent la réussite des étu-

diants, seulement 7% d’entre eux ont accès

à un logement universitaire, et plus de 90%

d’entre eux déclarent vivre chez leurs parents

par obligation. Face à cela, les élus « UNEF

et associations étudiantes » demandent la

construction de 40.000 logements CROUS

ainsi que la revalorisation de 20% des aides

au logement.

Une allocation d’autonomie au service de la réussite de tous

Garantir un droit à la santé

Le renoncement aux soins de la part des étu-

diants augmente chaque année. En effet, un

étudiant malade est un étudiant qui pratique

l’automédication au lieu de se rendre chez

un médecin, dans un souci financier perma-

nent. Les élus « UNEF et associations étu-

diantes » se battent pour que l’accès à une

complémentaire santé soit possible à tous,

par la mise en place d’un chèque santé natio-

nal, d’un montant suffisant pour que chaque

jeune puisse prendre en charge ses dépenses

de santé.

Protéger les étudiants étrangers

Les étudiants étrangers sont aujourd’hui

exclus du système d’aides sociales. Les élus

« UNEF et associations étudiantes » exigent

l’égalité entre étudiants français et étrangers

et leur accès au système de bourses.

Les élus « UNEF et associations étudiantes »

revendiquent également la création de gui-

chets uniques dans les universités pour per-

mettre aux étudiants étrangers de faire l’en-

semble de leurs démarches au même endroit

et la mise en place d’un titre de séjour plu-

riannuel par cycle d’études.

Tina Biard

Elue CNOUS

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Page 7: la Lettre Des Elus #186 - Mars 2012

Fiche Pratique #186

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Pour un élu étudiant, intervenir dans les Assises

de l’Enseignement Supérieur est une chose

complexe tant les modalités d’organisation

varient d’une région à l’autre et tant le débou-

ché des discussions semble lointain. Après avoir

été privés de modes d’expression pendant des

années sur les réformes universitaires, cet évè-

nement à l’organisation complexe représente

néanmoins une occasion importante de faire

entendre la voix des étudiants dans les débats

sur l’avenir de l’enseignement supérieur.

Des débats organisés au niveau territorialL’organisation des assises territoriales est

confiée aux présidents de régions, aux rec-

teurs et aux préfets, qui dans chaque région

déterminent les modalités de déroulement des

assises. Dans chaque région est nommé un «

rapporteur territorial », garant du bon déroule-

ment des débats.

À la suite des assises territoriales, les rapporteurs

devront remettre une synthèse des débats au

comité de pilotage des assises nationales. Ces

synthèses serviront de base aux débats natio-

naux. Chacune des assises territoriales enverra

une délégation de 5 membres, dont le rappor-

teur territorial pour participer aux assises natio-

nales. Des débats nationaux, émanera une nou-

velle loi cadre pour l’enseignement supérieur.

Les rapporteurs territoriaux auront la tâche

d’inviter un panel équilibré « d’acteurs, de par-

tenaires ou de bénéficiaires de l’enseignement

supérieur, de la recherche ou du monde socio-

économique », et un nombre plus ou moins

restreint de participants selon sa volonté.

Les débats préparatoires sont encouragés. Des

séries d’auditions, de débats, voire des assises

locales ont lieu dans de nombreuses univer-

sités. Si les organisations représentatives ont

la possibilité de déposer des contributions

pour les assises nationales, des contributions

peuvent également être déposées dans les as-

sises territoriales.

Se renseigner dans sa région et se faire inviter dans les AssisesLes modalités d’organisation variant beaucoup

d’un lieu à l’autre, les élus étudiants devront

avant tout être au clair sur les évènements or-

ganisés dans leur territoire, par des discussions

formelles et informelles avec les autres élus et

administrations universitaires. La participation

des élus étudiants dans les débats organisés

dans les établissements est importante afin

que les discussions ne se focalisent pas sur les

questions déconnectées des problématiques

étudiantes. A tous les niveaux, les débats orga-

nisés peuvent constituer un levier pour faire

émerger nos priorités.

Comment intervenir dans les Assises Territoriales?

Assises de l’enseignement supérieur

Si les élus étudiants ne sont pas forcément pré-

vus parmi les invités lors des assises territoriales,

le rendez-vous d’un référent des listes « UNEF

et associations étudiantes » avec le rapporteur

pourra permettre une plus ample représenta-

tion des élus aux débats, aux côtés des organi-

sations représentatives.

Faire entendre nos thèmesPour plus d’efficacité, il est important que les

élus étudiants puissent se concerter et faire

émerger leurs attentes par rapport aux assises :

il ne serait pas envisageable par exemple que

les discussions n’abordent pas les thèmes cen-

traux, comme par exemple la réussite des étu-

diants.

La question du financement de l’université sera

également centrale dans une période de vote

des budgets. À l’heure où une universités sur

deux est en déficit, il est important de rappe-

ler que la démocratisation de l’enseignement

supérieur passera nécessairement par un inves-

tissement accru dans la formation. Cependant,

de nombreux autres thèmes seront importants

à porter, notamment ceux ayant trait à la carte

universitaire, aux conditions sociales des étu-

diants ou à la réforme des premiers cycles

Contribuer aux Assises territorialesEn parallèle de la participation aux débats, il est

possible pour les acteurs de l’enseignement

supérieur de déposer des contributions de 4

pages maximum, remises au rapporteur ter-

ritorial. Ces contributions constituent un outil

essentiel pour formaliser et pousser notre ana-

lyse sur l’enseignement supérieur.

Les contributions peuvent s’appuyer sur un

état des lieux local (situation des budgets,

statistiques de la réussite, état de la carte uni-

versitaire), afin d’inspirer une analyse sur l’état

de l’enseignement supérieur et les points de

réforme prioritaires. Attention à la date limite

de dépôt des contributions, souvent fixée en

amont des débats !

Page 8: la Lettre Des Elus #186 - Mars 2012

3 questions à...

LDE : Qu’attendez-vous de l’organi-sation des Assises de l’enseignement supérieur, tant au niveau territorial que national ?

Mon objectif est de replacer l’enseignement

supérieur et la recherche au cœur des grands

enjeux sociaux, économiques et culturels de

notre pays. Les Assises de l’enseignement

supérieur permettent de renouer le dialogue,

ce dont se souciait insuffisamment le pré-

cédent gouvernement, tant avec la commu-

nauté universitaire (étudiants compris, bien sûr

!) qu’avec l’ensemble de la société. Outre les

organisations de l’enseignement supérieur et

de la recherche, les syndicats de salariés, les

entreprises, les collectivités territoriales ont été

auditionnés, et tous les citoyens sont invités

à contribuer au débat. L’organisation de cette

consultation a été confiée à un comité de pilo-

tage indépendant présidé par le Pr Françoise

Barré-Sinoussi, avec Vincent Berger comme

rapporteur général.

LDE : Vous avez placé la lutte contre l’échec et la réussite à l’université dans vos priorités, quelles sont vos propositions dans ce sens ?

La réussite de tous les étudiants sera la priorité.

C’est un enjeu pour le redressement du pays,

mais c’est également un enjeu de justice so-

ciale, car la réussite est aujourd’hui très inéga-

lement répartie. Par exemple, quand la proba-

bilité de sortir sans diplôme de l’enseignement

supérieur est de 9 % pour les titulaires d’un

baccalauréat général, elle s’élève à 56 % pour

les bacheliers professionnels, lorsqu’ils sont

orientés par défaut dans le cycle licence (leur

premier choix étant les sections STS ou les IUT).

Les étudiants des catégories sociales les plus

favorisées continuent à être surreprésentés

par rapport à ceux des catégories sociales plus

modestes et l’écart s’accentue avec la durée

des études : alors que 28,6 % des étudiants de

licence et 35,9 % des doctorants sont enfants

de cadres, ils ne sont que 12 % et 4,6 % à être

enfants issus de familles très modestes (qui re-

présentent 23 % de la population). Notre objec-

tif : amener, à terme, 50 % d’une classe d’âge à

un diplôme supérieur.

L’orientation est fondamentale pour démo-

cratiser l’accès à l’enseignement supérieur.

Pour y parvenir nous mettrons en place le

continuum entre les lycées et les établisse-

ments d’enseignement supérieur. Ceux qui s’en

sortent le mieux sont ceux dont les parents ou

le réseau relationnel connaissent le système

et se repèrent dans sa complexité. Comment

s’y retrouver, sans décryptage, dans les 3 300

licences et 6 600 masters recensés aujourd’hui

? L’offre est aussi illisible pour les employeurs

potentiels. Nous allons travailler, avec les éta-

blissements, à la simplification de l’offre de

formation, en proposant une entrée par grands

domaines et métiers.

Par ailleurs, je suis très consciente que les

conditions de vie des étudiants déterminent

largement leurs chances de réussir leurs

études. Plusieurs mesures ont déjà été prises

pour les améliorer.

Les bourses des étudiants ont été revalorisées

au niveau de l’inflation. Elles feront désor-

mais l’objet d’une budgétisation sincère et

incontestable, seront payées en temps et en

heure, contrairement à nos prédécesseurs qui

n’avaient jamais budgété sincèrement le paie-

ment du 10ème mois, pourtant vendu et sur-

vendu en effets d’annonce !

Un effort ambitieux de création de 40 000 lo-

gements sociaux à destination des étudiants est

engagé (24 000 seulement ont été construits

au cours de ces 8 dernières années) et 30

centres de santé étudiante, relevant du sec-

... Geneviève Fioraso

teur 1 et prévoyant le tiers-payant, seront mis

en place d’ici 2 ans. La vie culturelle, sportive,

sociale dans des campus « lieux de vie » don-

neront lieu à des propositions et échanges dans

les prochains mois.

Les 5 000 emplois supplémentaires pour l’en-

seignement supérieur, dont 1 000 dès 2013, se-

ront affectés prioritairement au premier cycle.

Les emplois d’avenir du professorat seront

réservés à des étudiants boursiers de premier

cycle, leur permettant d’avoir un revenu com-

plémentaire tout en acquérant une expérience

utile à leur formation. Cela facilitera l’accès

au professorat de jeunes issus de milieux mo-

destes. Dès la rentrée 2013, nous mettrons

également en place les écoles supérieures du

professorat et de l’éducation, rétablissant des

périodes de formation pratique, encadrées par

des enseignants expérimentés, avec des me-

sures destinées à redonner de l’attractivité au

métier d’enseignant.

LDE : L’UNEF est favorable à la remise à plat du système d’aide social pour mettre en place une allocation d’au-tonomie. Comment vous position-nez-vous par rapport à cela ?

François Hollande s’est engagé à créer une al-

location d’études et de formation, sous condi-

tion de ressources. Même s’il y a déjà plus de

600 000 boursiers sur critères sociaux, qui bé-

néficient de plus d’un milliard et demi d’euros

d’aides, je partage votre objectif : que davan-

tage d’étudiants bénéficient d’une bourse.

J’engagerai une ambitieuse réforme des aides

très prochainement, en étroite concertation

avec les organisations que j’ai déjà rencontrées.

Nous prendrons le temps d’aller au bout d’une

négociation complexe car elle comporte plu-

sieurs éléments. La négociation est tout à fait

ouverte. L’objectif est d’aboutir à une proposi-

tion juste et partagée, fidèle aux engagements

de François Hollande.

8

// Ministre de l’enseignement

supérieur et de la recherche