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La Lettre de Cantal Patrimoine Vie de l’association Assemblée générale C’est à Vic-sur-Cère que s’est tenue la septième assemblée générale de Cantal Patrimoine. Au pro- gramme de cette journée du 16 avril : bilan moral, financier et éditorial, conférence de Francis Quiers sur le général d’Empire Charles-Antoine Manhès, puis visite du musée d’art et d’archéologie d’Aurillac sous la conduite d’Oriane Hébert et de Pascale Moulier, pour une présentation des peintres Eloy Chapsal et Jean-Louis Charbonnel. Le bilan moral a fait état d’un nombre toujours croissant d’adhérents, près de 500 à la fin de l’année 2010, chiffre évidemment très encourageant, même s’il entraîne un surcroît de travail pour les animateurs bénévoles de l’association. Notre pré- sidente, Pascale Moulier, a souligné la volonté du conseil d’administration de maintenir la cotisation à 25 euros, afin que les jeunes ne soient pas rebutés par des questions financières. Les étudiants et chercheurs d’emploi peuvent d’ailleurs s’abonner à « prix coûtant » pour la somme de 15 euros. Les activités de l’association durant l’année 2010 ont également rencontré un succès croissant, avec plus de 80 personnes présentes aux journées du pa- trimoine organisées en septembre dans le secteur de Condat. Sommaire Vie de l’association........ p. 1 Week-end vitrail en juin ............................ p. 4 Enquête sur le patrimoine apicole cantalien............ p. 8 En feuilletant les vieux Papiers ........................... p. 9 Évocation : l’abbé de Pradt ......................... p. 13 Parutions ....................... p. 16 Note de lecture ............... p. 18 Sortie d’été..................... p. 20 n°21 - juin 2011

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La Lettre de Cantal Patrimoine

Vie de l’association

Assemblée générale

C’est à Vic-sur-Cère que s’est tenue la septième assemblée générale de Cantal Patrimoine. Au pro-gramme de cette journée du 16 avril : bilan moral, financier et éditorial, conférence de Francis Quiers sur le général d’Empire Charles-Antoine Manhès, puis visite du musée d’art et d’archéologie d’Aurillac sous la conduite d’Oriane Hébert et de Pascale Moulier, pour une présentation des peintres Eloy Chapsal et Jean-Louis Charbonnel.

Le bilan moral a fait état d’un nombre toujours croissant d’adhérents, près de 500 à la fin de l’année 2010, chiffre évidemment très encourageant, même s’il entraîne un surcroît de travail pour les animateurs bénévoles de l’association. Notre pré-sidente, Pascale Moulier, a souligné la volonté du conseil d’administration de maintenir la cotisation à 25 euros, afin que les jeunes ne soient pas rebutés par des questions financières. Les étudiants et chercheurs d’emploi peuvent d’ailleurs s’abonner à « prix coûtant » pour la somme de 15 euros. Les activités de l’association durant l’année 2010 ont également rencontré un succès croissant, avec plus de 80 personnes présentes aux journées du pa-trimoine organisées en septembre dans le secteur de Condat.

Sommaire Vie de l’association........ p. 1 Week-end vitrail en juin ............................ p. 4 Enquête sur le patrimoine apicole cantalien ............ p. 8 En feuilletant les vieux Papiers ........................... p. 9 Évocation : l’abbé de Pradt ......................... p. 13 Parutions ....................... p. 16 Note de lecture ............... p. 18 Sortie d’été ..................... p. 20

n°21 - juin 2011

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• L’ouvrage hors-série publié par Cantal Patrimoine en mars 2010, Sur les pas de Géraud d’Aurillac en France et en Espagne, a été un succès « commercial », et au-delà une excellente opportunité d’entrer en relations avec d’autres passionnés d’histoire locale qui partagent le même intérêt pour le fondateur de l’abbaye d’Aurillac. Ambassadeur du patrimoine cantalien, cet ouvrage a été présenté à l’invitation de diverses associations historiques, en Aveyron, dans le Lot, dans les Cévennes et en Provence. • Un nouveau prospectus à trois volets, tout en couleur, est chargé de faire la promotion de l’association. Les adhérents sont invités à en distribuer aux personnes de leur connaissance susceptibles d’être intéressées. Signalons au passage que toutes les publications de Cantal Patrimoine, livres, revue, prospectus, sont imprimées dans le Cantal. • La création d’un prix délivré par l’association à un étudiant méritant, travaillant sur le Cantal, a été suggérée et discutée. Le sujet reste à l’étude.

Bilan éditorial La revue publiée par l’association voit sa formule légèrement modifiée. Patrimoine en Haute-Auvergne, qui paraissait trois fois par an, se présente désormais sous la forme de deux numéros annuels plus épais, dotés d’une couverture couleur et d’une tranche, tout en conservant le même nombre de pages (200 pages sur l’année). L’un des buts de ce changement est de permettre une meilleure représentation dans les librairies et un plus fort impact sur le public. Une nouvelle rubrique est ouverte : « trouvailles et trésors », dont la périodicité dépendra du rythme des découvertes. Il s’agit de présenter de manière succincte des objets patrimoniaux ou des documents qui ne pourraient faire l’objet d’articles autonomes. Dans son éditorial, le directeur de la revue, Pierre Moulier, a rappelé les objectifs initiaux de Cantal Patrimoine : réaliser un « inventaire permanent » de notre patrimoine; permettre aux Cantaliens de se réapproprier cette richesse grâce à une revue savante, comprenant régulièrement des articles sur des sujets totalement inédits et illustrés d’une riche iconographie, support indispensable de la compréhension. Il s’agit là d’un défi permanent, dont l’un des buts est aussi de contribuer au renforcement de l’identité cantalienne, notamment en brisant les clivages entre les trois arrondissements du département.

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Bilan financier (voir détail ci-après)

Béatrice Juillard, trésorière, a dressé un bilan financier très satisfaisant, qui permet d’envisager sereinement les changements programmés pour améliorer la revue, et notamment l’ajout de pages couleurs. Rappelons que l’association ne reçoit aucune subvention du département.

Renouvellement du conseil d’administration et du bureau qui se composent désormais de :

Présidente : Pascale Moulier ; vice-président : Pierre Chassang ; vice présidente : Colette Meindre ; secrétaire et directeur de la revue : Pierre Moulier ; secrétaire adjoint : Frédéric Bec ; trésorière : Béatrice Juillard ; trésorier adjoint : Bernard Laurichesse.

Autres membres du conseil d’administration : Jackie Richard, Claude Bresson, Michel Couillaud.

Bilan financier Solde au 31 décembre 2009 : 9780,84 Recettes de 2010 : 33136,20 Analyse des recettes :

Cotisations : 12365 Aides : 1000 (Crédit Agricole) Ventes diverses : 17899 (livres, anciens numéros, boîtiers) Repas : 1872 (somme à rapporter à la dépense équivalente) Dépenses : 24 323,51 Analyse des dépenses :

Imprimerie : 16460 (dont 7000 euros pour le « Géraud d’Aurillac ») Frais d’expédition : 3650 Papeterie : 595 Divers : 1528 (assurance, abonnements associations, location stand, frais de déplacement, apéritifs…) Repas : 2090 (somme à rapporter aux rentrées équivalentes) Résultat : 8812,69

Bilan global Recettes de 2010 : 33136,20 Dépenses : 24 323,51 Résultat : 8812,69 Trésorerie en compte courant : 13593,53 Livret A : 5000 euros

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Week-end vitrail à Saint-Flour

les 4 et 5 juin 2011

C’est à la Maison des Planchettes, ancien grand séminaire du diocèse de Saint-Flour, que s’est déroulée la journée d’étude organisée par l’association afin de faire mieux connaître un patrimoine injustement négligé, celui du vitrail des XIXe et XX e siècles.

La veille, un partenariat avec le Pays d’art et d’histoire du pays de Saint-Flour a permis au public de découvrir le patrimoine verrier de la cité épiscopale, sous la conduite de deux guides conférenciers. Plus de 80 personnes ont assisté à cette visite guidée qui s’est déroulée à la chapelle du couvent de la Visitation, puis dans la chapelle de l’hôpital, dont les vitraux sont signés de deux verriers clermontois pionniers de la redécouverte du vitrail en France dans les années 1830 : Émile Thibaud et Étienne Thévenot. La visite de la cathédrale a également révélé un programme très intéressant, notamment les verrières de la chapelle axiale dessinées par Viollet-le-Duc qui relatent l’épopée florienne, ou encore le vitrail des mères chrétiennes de Mauméjean où l’on découvre, entre autres figures, une jeune Adeltrude de facture moderne qui enseigne à son fils Géraud les vertus de la charité. La visite s'est terminée dans la Halle aux bleds, ancienne collégiale Notre-Dame, qui présente un programme verrier contemporain (2007), pour lequel les explications du guide furent les bienvenues.

Le lendemain, les visiteurs avaient rendez-vous à la Maison des Planchettes pour découvrir, avec plusieurs spécialistes, la richesse de notre patrimoine verrier. Celui-ci, comme l’a rappelé Pierre Moulier en introduction, ne comprend que très peu de vitraux anciens, cinq ou six exemplaires tout au plus, mais un grand nombre de vitraux plus récents fort intéressants. Découvertes dont la revue publiera prochainement les meilleurs morceaux.

Cantal Patrimoine remercie chaleureusement tous les partenaires de ce week-end : la ville de Saint-Flour, le Pays d’art et d’histoire, la Maison des Planchettes, Sandrine Daureil (responsable du PHA), Nicolas Merle et Oriane Hébert (guides conférenciers), sœur Marie-Ange supérieure du monastère de la Visitation, Virginie Stadelman (communication), ainsi que tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces journées.

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Les conférences

Le patrimoine verrier nous apprend beaucoup sur la vie religieuse dans la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle, sur les commanditaires et sur la vie locale. C’est ce que Pierre Moulier s’est appliqué à démontrer dans sa conférence grâce à de multiples exemples sélectionnés dans nos églises rurales.

Jean-François Luneau (maître de conférence à l’université de Clermont-Ferrand et spécialiste du vitrail du XIXe siècle) et Amélie Duntze (étudiante en master II) ont présenté deux verriers auvergnats qui ont travaillé dans le Cantal à plusieurs reprises : Félix Gaudin et Lucien Chatain.

Pascale Moulier s’est attachée à faire découvrir un ensemble original, celui commandé par l’abbé Serres en 1894 pour la chapelle de son monastère de la Thébaïde près d’Arches, qui présente tous les saints cantaliens (ou presque).

Avec Dominique Chatelain, peintre verrier en Aveyron, le public a pu découvrir les méandres du processus créatif, que celui-ci a illustré avec ses propres œuvres, montrant par là que le vitrail continue à interpeller.

Les saints de la Haute-Auvergne présents à la Thébaïde, replacés ici géographiquement.

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Laetitia Metzinger et Grégoire Duchamp ont proposé aux visiteurs des

explications concernant tous les aspects techniques de la discipline.

Commanditaires ou Poilu anonyme, de nombreux visages émergent du vitrail. L’histoire locale s’écrit aussi sur le verre...

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Enquête sur le patrimoine apicole cantalien Monsieur Gaby Roussel a pris contact avec Cantal Patrimoine pour lancer une campagne de prospection concernant le patrimoine apicole du département. M. Roussel représente ici l’association internationale APISTORIA, dont le siège est à Bordeaux et dont l’un des buts est la recherche, l'inventaire et la protection du patrimoine apicole bâti. De quoi s’agit-il ? D’éléments du bâti, niches ou trous de murs, appelés parfois « murs à abeilles », permettant la protection des ruches. Déjà plusieurs exemples sont connus autour de Saint-Flour (voir photos). Fiche-type à envoyer à Cantal patrimoine, qui fera suivre :

APISTORIA

Fiche de découverte (Donner le maximum d’informations possibles)

Auteur nom, adresse, mail Emplacement : Pays, département, commune, lieudit, propriétaire du site. Accès : avec éventuellement les coordonnées GPS Description brève : État des niches, dimensions, distance du sol, hauteur du mur, orientation, époque éventuelle... Photos Observations

Pour de plus amples informations, visitez le site d’Apistoria : http://www.apistoria.org/

Ci-dessus, Talizat Ci-dessous, Leyvaux

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Les lettres de rémission (1)

Les lettres de rémission étaient des lettres royales qui accordaient le pardon de leurs fautes à des condamnés par contumace, à des meurtriers, à toutes sortes de gens, qu’ils fussent seigneurs, bourgeois, militaires ou simples marchands, artisans, laboureurs, ayant eu la fâcheuse inclinaison à se rendre justice eux-mêmes ou s’étant trouvés dans l’obligation de tuer en état de légitime défense, réelle ou prétendue. La plupart des victimes, seulement grièvement blessées, mouraient faute de soins efficaces et en raison de l’impéritie des barbiers-chirurgiens et des médecins. La méconnaissance des mesures d’hygiène les plus élémentaires achevait ceux qui seraient de nos jours sauvés. Ces lettres de rémission étaient très nombreuses aux XVe et XVIe siècles. Le « trésor des chartes », depuis le règne de Charles VII (1422-1461) jusqu’à celui de Charles IX (1560-1574) répertorie un grand nombre de ces lettres royales absolvant pour la plupart des seigneurs qui réglaient leurs comptes avec brutalité pour des motifs parfois futiles, et trop facilement pardonnés pour services rendus dans les armées royales. Certaines concernent des hommes ou rarement des femmes ayant vécu en Haute-Auvergne à cette époque1. Nous nous intéresserons d’abord à quelques-unes d’entre elles. Puis nous tirerons de certains vieux papiers de famille ou des archives en général d’autres exemples frappants.

Sus à la sorcière ! ou quand la coutume absout le crime En juin 1548, le pardon royal est accordé à deux lavandières du Fayet, paroisse de Marcenat. Tandis qu’elles frottent et rincent le linge dans le ruisseau qui traverse le bourg, elles papotent, « se montent le bourrichon », disent tout le mal qu’elles pensent d’une vieille femme du pays accusée de vouloir les ensorceler. Or voici que rentrant chez elles, ces femmes de laboureurs se trouvent malencontreusement nez à nez avec cette Jehanne Andraulde si redoutable et si redoutée… à leur point de vue. Leur colère n’étant pas assouvie, elles se jettent sur la « sorcière » et la frappent si fort qu’elle alla de vie à trépas douze jours plus tard. L’affaire fit grand bruit dans le village et fut portée devant la justice seigneuriale d’Aubijoux dont dépendait le lieu-dit. Une procédure fut lancée contre les deux furies, mais elles furent absoutes de leur meurtre au nom de « la coutume, précise la lettre de rémission, et la façon de faire au dit pays […]de battre à coups de batons telles manières de gens pour leur donner crainte et oster ledit sort… ». En somme était légitimé le passage à tabac de soi-disant sorcier ou « jeteuse de mauvais sort », celle qui avait le mauvais œil, comme on le prétendait alors. Et comme les réputations injustifiées étaient vite faites pour peu qu’on s’en donnât la peine et le temps !

En feuilletant les vieux papiers...

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Occupation illégale du château de l’abbaye de Feniers Claude de Montdor, abbé de Feniers étant décédé à Albi « où il résidait continuellement », son vicaire général, Antoine de la Bessye, s’introduisit avec un religieux et quelques autres personnes dans le château de Feniers qu’il escalada par une fenêtre ouverte, et y vécut avec ses compagnons six mois entiers, aux dépens du monastère, usant des droits de chasse et de pêche, se faisant remettre cens et offrandes, « notamment l’argent laissé par les pèlerins le jour de saint Pierre, jour de la feste du lieu où on vient en pèlerinage », enlevant le bétail des fermiers et percevant leurs fermages, le tout secondé par Bertrand Bohat, l’un des religieux de l’abbaye. Ce dernier, arrêté et jeté en prison, déclara avoir agi ainsi pour préserver les fruits de l’abbaye. Cette explication fut acceptée et il obtint rémission en décembre 1548. On peut penser cependant qu’il y avait eu violation de propriété et abus de pouvoir, que les circonstances permettaient de comprendre.

L’honneur bafoué lavé dans le sang On ne badinait pas non plus avec les questions d’honneur, lorsque le scandale éclaboussait la famille, à plus forte raison quand un membre du clergé s’y trouvait mêlé. Les lettres de rémission étaient assez largement accordées à ceux qui avaient cru bon de laver le déshonneur dans le sang. Prenons deux exemples :

- Pierre Botote (Boutoute ?), laboureur de la paroisse de La Chapelle-Laurent, frappa à mort sa cousine germaine, Landourne Botote, car elle avait eu une liaison avec pierre Rodde, prêtre. Il obtint le pardon royal en mars 1496.

- Même indulgence, trois ans plus tard (janvier 1499), pour trois jeunes serviteurs de l’évêque de Saint-Flour, Charles de Joyeuse, obligés qu’ils furent, prétendirent-ils, et ce fut leur excuse, de trucider un défenseur du prêtre Jehan Desfons, qui s’était « acoquiné » avec le prieur de Chassignoles2. On peut croire que le prélat était intervenu en leur faveur.

1540 : Pâques sanglantes à Saint-Flour En ce soir de Pâques 1540, les fidèles quittent la cathédrale de Saint-Flour où ils viennent d’assister aux Vêpres. Ils s’assemblent sur le parvis et sur la « Grand Plassa », de part et d’autre du portail principal, pour former une haie d’honneur aux chanoines du chapitre en surplis et camail, et à l’évêque, Louis de Joyeuse, mitré et la crosse à la main, qui sortent de l’édifice. La coutume, la déférence due au prélat qui, ne l’oublions pas, est aussi leur seigneur, l’expliquent plus que la sympathie à l’égard

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d’un évêque nommé trop jeune (à 18 ans), il y a déjà une quarantaine d’années par le pape Borgia, car l’inexpérience et la prétention lui ont fait accumuler les bévues aux dépens de ses sujets et diocésains.

Mais, ce jour-là, l’attente fut, osons le dire, récompensée par un spectacle inhabituel, étant donné surtout le lieu et le jour. Parmi les gens qui s’agitent et font un brin de causette sur la place, la foule connaît fort bien Jean Noël et son fils Guillaume, irascibles et batailleurs, qu’il vaut mieux ne pas titiller. Or ceux-ci ont repéré parmi l’assistance un certain Guillaume Gibrat, avec lequel le père Noël (pardonnez-nous ce mauvais jeu de mots) a eu autrefois des démêlés. Et comme la vengeance est un plat qui se mange froid, paraît-il, il fait signe à son fils de le suivre. Tous deux emboîtent le pas audit Gibrat qui s’éloigne de la place pour emprunter une rue avoisinante. Habitude déplorable de fréquents querelleurs ou préméditation ? L’un et l’autre sont armés. Le père en particulier s’est muni d’une arme redoutable et facile à dissimuler, une « mandocine » à la lame plus longue que celle d’une dague, mais plus courte que celle d’une épée.

Gibrat, qui poursuit son chemin, a fini par remarquer la filature dont il est l’objet. Au lieu d’accélérer le pas, il s’arrête et se laisse aborder par les Noël. La discussion s’envenime, dégénère en querelle ; de propos acerbes on en vient aux injures, aux menaces et on finit par passer aux actes. Les coups pleuvent de part et d’autre. Jean Noël brandit soudain sa mandocine et en frappe son adversaire. Blessé, Gibrat rompt le combat et court jusqu’à la maison de son cousin, « chorier de l’église Notre-Dame », qui habite non loin de là. Les Noël l’ont poursuivi, toujours excités et menaçants. Mais ils se heurtent à l’homme d’Église qui a aussi le sang chaud et l’esprit de famille : au lieu de calmer les poursuivants, il envenime les choses. L’épée au côté, il demande raison aux Noël de leur brutalité et, pour toute réponse, reçoit un chapelet d’injures. Alors, oubliées, la fête de Pâques, les Vêpres, la charité chrétienne ! « Mu de colère à son tour », expliquera-t-il devant la justice, il dégaine sa longue épée non pour tuer ses adversaires, mais dans l’intention de les apeurer et de sauver ainsi son cousin Gibrat. C’est du moins la version qu’il donnera plus tard. Or Jehan Noël n’est pas homme à se laisser effrayer. Sur le chorier menaçant, il se jette et le roue de coups avec le plat de sa mandocine. Le présomptueux ecclésiastique finit par se sortir de cette situation dangereuse en franchissant précipitamment le seuil de sa demeure suivi de son cousin. La serrure fermée à double tour dissuade les assaillants de tenter l’assaut : les Noël s’éloignent tandis que les deux Gibrat se sentent désormais à l’abri et soignent leurs blessures.

L’affaire en serait sans doute restée là, peut-être sous la pression de la foule que le tapage avait dû attirer. Guillaume Gibrat guérit, mais les blessures du chorier se

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révélèrent plus graves que prévu : « De ces coups, il alla de vie à trépas », victime d’un esprit de famille fort peu catholique. Il s’agissait désormais d’un meurtre et, qui plus est, de celui d’un homme d’Église.

Jean et Guillaume Noël, arrêtés par les archers de la ville, furent incarcérés dans l’une des salles de la tour sud de la cathédrale qui servait de prison au seigneur-évêque. Conseillés probablement par quelque homme de loi ou ecclésiastique, les locataires malgré eux de la tour-prison adressèrent une supplique au roi François 1er. Au mois de juillet, la grâce royale fut accordée et la porte de la geôle épiscopale s’ouvrit pour le violent Noël et son fils. Bref, nous dirions aujourd’hui que les prisonniers bénéficièrent de larges circonstances atténuantes. Peut-être aussi, l’Église de Saint-Flour ne tenait-elle pas être souillée plus longtemps par cette malheureuse affaire.

Querelle de clercs et légitime défense Au milieu du XVIe siècle, l’un des serviteurs du commandeur de Celles, Gabriel de l’Estang, s’était querellé avec le prêtre Pierre Bénéit. Un jour, le premier rencontrant le second voulut lui « faire un mauvais sort ». Mais le clerc se trouvait en compagnie de Gabriel de Sévérac, « paouvre gentilhomme », qui prit sa défense, dégaina son épée pour protéger le prêtre et tua le serviteur. En août 1550, rémission lui fut octroyée pour ce qui n’était finalement qu’un cas de légitime défense, très largement reconnue à cette époque.

Pierre Chassang

(à suivre)

Notes 1. Plusieurs de ces lettres de rémission ont été publiées en 1901 sans grands commentaires dans la revue régionale savante : « L’Auvergne historique, littéraire et artistique », dont nous allons d’abord nous inspirer. 2. Le prieuré de Chassignoles était situé dans l’archiprêtré de Brioude.

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Évocation

L’abbé de Pradt

« C’est Napoléon qui, en attaquant l’Espagne, a coupé le câble qui attachait ce vaisseau

[l’Amérique] au rivage. Mais tandis que l’Espagne combattait pour repousser le joug de la France, de son côté, l’Amérique s’armait pour se soustraire à

celui de l’Espagne ». Propos de l’abbé de Pradt en 18151.

Le nom De Pradt ne vous évoque peut-être pas grand-chose: homme du début XIXe, c’est tout à fait normal. Mais si on y ajoute sa première qualité d’abbé, alors cela vous en dit sûrement un peu plus. Et si l’on complète par le fait qu’il fut l’un de ces Cantaliens incon-tournables en ce siècle, alors il vous revient à l’esprit qu’il était pour Napoléon l’homme à

tout faire en matière de religion. Nommé tout d’abord aumônier personnel du Premier Consul Bonaparte et dans la foulée évêque2, puis baron de l’Empire, archevêque et enfin ambassadeur en Pologne, cet Auvergnat ne passa pas inaperçu en Europe. Il fut, en outre, élevé grand chancelier de la Légion d’Honneur3 avant de disparaître dans les tourbillons de l’histoire en 1830. On aurait pu croire, dès lors, que sa trajectoire personnelle s’arrêterait à cette date ! C’était sans compter avec les récentes études historiques4, apparues en ce début de troisième millénaire. Sans parler des multiples documents patrimoniaux de la famille Vauche vivant aux Prades5, rendus publics en juillet 2010. On peut en ce XXIe siècle, ajouter quelques lignes supplémentaires et pas des moindres au C.V de l’abbé de Pradt. I - Un ecclésiastique cantalien au sacre de Napoléon à la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804 Tout d’abord, sa présence en ce lieu aux côtés du futur empereur afin d’aider au cérémoniel religieux6 est aujourd’hui attestée et confirmée par plusieurs historiens7. Plus passionnant encore, son existence dans le tableau Le Sacre de Napoléon, imposante toile (6,21 m x 9,79 m), de Jacques-Louis David (1748-1825), la plus grande du musée du Louvre à Paris après Les Noces de Cana de Véronèse, semble acquise. Il correspond en tout point au personnage situé entre la grande croix en or au centre du tableau et Napoléon. Ce regard unique captivé par cette couronne tenue à bout de bras par Napoléon, est en tout point identique à celui de Pradt.

Portrait de l’abbé de Pradt par le peintre sanflorain Édouard Onslow. Salle capitulaire, musée de la Haute- Auvergne à Saint-Flour.

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Mais on se doit de rester vigilant. Car Le Sacre connu aussi sous l’appellation Le Couronnement est un chef-d’œuvre tant en matière de peinture que de propagande politique. Qu’on en juge par les nombreux petits arrangements avec la réalité historique. David y fait figurer 191 personnages, certains étant pourtant absents ce jour-là à Notre-Dame, comme la propre mère de l'Empereur Letizia Ramolino, brouillée avec son fils Napoléon au sujet de son frère Joseph. Autre accommodement du peintre, la présentation de Joséphine avec un visage bien juvénile pour une impératrice de plus de 41 ans. La composition de la toile s'en trouve ainsi quelque peu changée. On voit aussi apparaître un autre éminent empereur, César en personne ! Rien de moins ! De nos jours, cette œuvre picturale, dont tous les mystères n'ont pas encore été élucidés, constitue le tableau le plus observé du Louvre après la Joconde.

Mais ce 2 décembre 1804, c’est aussi la rencontre avec… Simon Bolivar8. Ce Sud-américain est en France depuis avril 18049. Il demeure 4 rue de Vivienne dans le 2e arrondissement. Il s’entretient lors de cette cérémonie avec l’abbé De Pradt, au cœur même de la cathédrale Notre-Dame. Rien à ce moment là ne peut laisser imaginer qu’une amitié durable se scellerait entre un jeune franc-maçon et un catholique âgé, un libéral et un conservateur, un Vénézuélien et un Français, un homme des côtes tropicales et un individu issu de montagnes neigeuses. Comme souvent, le destin allait faire en sorte que ces deux grands esprits se rencontrent bien des années plus tard.

II - Quand un Cantalien obtient les honneurs de la Colombie ! Quelques traces écrites subsistent en ce XXIe siècle par le biais de dédicaces d’ouvrages qui traduisent le respect entre Bolivar et De Pradt. Qu’on lise par exemple ces quelques lignes écrites par le Libertador issues d’un livre de la bibliothèque personnelle du général français Lamborot (1867-1957) mis récemment aux enchères à Paris (2010). Simon Bolivar le Libérateur d'Amérique du Sud (1817), à l'abbé de Pradt, ancien archevêque de Malines. En-tête : Republica de Colombia. Simon Bolivar, Presidente de la Republica, General en jefe del Ejercito Libertador. Simon Bolivar le remercie de l'envoi de son ouvrage Des Colonies, et lui fait à son tour l'envoi d'un exemplaire de la Loi fondamentale de Colombie que le Congrès a sanctionnée. « Personne ne pourra mieux comprendre que V.E. l’importance de cette Loi, parce

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que personne ne pourra mieux découvrir l'augmentation de forces et de puissance, et l'immensité de ressources que cette Union donne aux trois Départements qui la composent. Il aimerait tant pouvoir réaliser les pronostics politiques de Pradt. Dans la campagne de cette année des divisions entières de l'ennemi sont restées prisonnières ; et le reste de ses forces est très inférieur au nombre des Républicains qui ira à sa rencontre lors de la prochaine. Notre existence politique ne sera plus problématique pour personne, et la Colombie sera, au-delà de ce que nous lui avons promis, prospère et heureuse, quand, à la satisfaction de tout Colombien, l’illustre Abbé de Pradt fixera ici sa maison, et participera avec nous à notre bonheur sur lequel ses écrits immortels ont tant influé !».

Mais c’est surtout Josanne Pothier qui a mis en lumière, pour la première fois en Europe, des courriers échangés entre le Libertador et l’abbé de Pradt10. Ces lettres dormaient dans les archives privées d’une famille de la Haute-Loire. Dans son étude historique, Josanne Pothier a retenu pas moins de quatre missives écrites par Simon Bolivar à l’attention de De Pradt. Elles sont datées du 14 juin 1823 à Guayaquil (Équateur), de Chancay au nord de Lima (Pérou) le 15 novembre 1824, de Lima le 22 mars 1826 et de Bogota (Colombie) le 16 novembre 1827. Dans ce dernier pays, le souvenir de cet abbé perdure. Il est d’ailleurs inscrit à tout jamais dans l’histoire nationale de cette nation libre d’Amérique du Sud. C’est ainsi que le recueil de lois de la République de Colombie pour les années 1821-1827, rend hommage à l’abbé auvergnat par un décret à son nom en date du 14 octobre 1821. Ce document est signé de José Ignacio Marquès, Président du congrès colombien installé à Cùcuta, Colombie.

Alain Delpirou

1. Né le 23 avril 1759 à Allanche (Cantal), son patronyme complet est Dominique Frédéric de Riom de Paulhiac de Fourt de Pradt. Propos issus Du Congrès de Vienne, Tome 2, Ed. Delaunau, 1815, Paris.

2. Il est sacré évêque en l’église de Saint-Sulpice à Paris par le souverain pontife Pie VII, le 1er février 1805.

3. En 1808, nommé grand officier de la Légion d’Honneur.

4. Édouard Bouyé, Directeur des Archives Départementales du Cantal, Le réveil Cantalien, vendredi 6 août 2010, p. 13.

5. Un grand merci à la famille Vauche pour sa gentillesse et pour m’avoir permis l’accès aux documents historiques détenus dans leur magnifique demeure à Landeyrat (15160). Le château de l’abbé de Pradt a été transformé avec soins par ces derniers en chambres et tables d’hôtes : [email protected].

6. Il donne grande satisfaction à Napoléon. Il l’invite de nouveau le 26 mai 1805 à officier pour son couronnement comme roi d’Italie à Milan.

7. Lejeune Claire, Tacou Laurence, Tulard Jean et Vayssière Pierre.

8. (1783-1830). Il part en Italie en avril 1805 et assiste au couronnement de Napoléon le 26 mai.

9. Un premier séjour en France a déjà eu lieu en janvier 1802 (Bayonne, Paris et Amiens). Un troisième se déroulera en 1806, Bolivar résidant au 63 rue de Richelieu à Paris.

10. Pothier Josanne, Vocation américaine de l’abbé de Pradt, Correspondance inédite entre l’abbé et Bolivar: L’almanach de Brioude et de son arrondissement, 1963.

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Parution Cantal Patrimoine

Curieux destin que celui de Charles-Antoine Manhès ! À 38 ans, ce Cantalien, enfant de la Révolution de 1789 et soldat de la République, a tout réussi. La chance, ses qualités propres, l’appui de son oncle, le prestigieux cavalier Milhaud, et plus encore celui du maréchal Murat, roi de Naples, lui ont apporté gloire et richesse. Gendarme sans état d’âme, il a exterminé les bandits calabrais. Un mariage princier lui a ouvert les portes de l’aristocratie napolitaine.

Les événements du printemps 1815 ruinent en quelques semaines les espoirs de ce jeune général de division. Ne lui reste plus, dans les quarante années suivantes, après avoir vainement réclamé contre sa mise à la retraite, qu’à écrire ses Mémoires pour se justifier de son action au royaume de Naples et, à contre-courant des évolutions

politiques les plus évidentes, louer les monarchies absolues en train de s’effondrer partout en cette Europe du milieu du XIXe siècle.

Après la publication en 2009 aux éditions Cantal Patrimoine d’une biographie de Blaise-Mathurin Manhès, Francis Quiers éclaire d’un jour nouveau la vie de Charles-Antoine Manhès, frère du précédent, à l’aide de sources inédites et de recherches historiques récentes.

Heurs et malheurs de Charles-Antoine Manhès, général de division, de Francis Quiers, format 15/22, 176 pages, illustrations couleur, éditions Cantal Patrimoine.

Ci-contre, le château de

Foulan près d’Ytrac acheté par Charles-

Antoine Manhès en 1831, où il passa la belle saison

avec sa famille pendant quelques années.

Pour commander ce livre : envoyer un chèque de 19 euros (port compris) à l’ordre de Cantal Patrimoine, au 58, rue de Belloy, 15100 Saint-Flour.

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Publications

Aurillac, pays de Salers et de Mauriac Regards sur un patrimoine Textes de :

Pierre Bonnaud : Paysages de l’ouest cantalien

Vincent Flauraud : Aurillac, capitale du pays vert

Pierre Moulier : Églises de l’ouest cantalien

Le village et l’habitat rural

Jean-Claude Roc : l’épopée rustique de la race Salers

Nouvelles éditions Loubatières, 29 euros

Le Bois de Bis Roman Micheline Boussuge Éditions de Borée 19 euros

Trizac Monographie

Jean-Claude Moulier Une somme sur ce beau

village de montagne.

L’épaule de la Lumière

Livre d’artiste composé de 25 gravures sur bois imprimées à la main dans l’atelier d’édition « L’arbre et la colline » à Moulins, illustrant les textes du poète cantalien François Mary alias Jean-Jacques Bellet. Magnifique ! 80 euros

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Note de lecture

Pierres des volcans, ouvrage collectif, édition Ferme de Trielle, juin 2010, paru en 3 volumes : Carnet 1 « De la matière au matériau » (79 pages), Carnet 2 « Des hommes et des œuvres » (82 pages), Carnet 3 « Du regard à

l’image » (78 pages). Coffret 49 euros.

Toute première et originelle « matière première » de nos montagnes, la pierre des volcans, trouve enfin sa place en surface du monde de l’édition, à la portée de tout un chacun, avec la publication en trois « carnets » à couverture étonnamment souple pour un sujet si solide, une véritable encyclopédie didactique dédiée à la richesse géologique, aux hommes qui la façonnent, la transforment et à son rôle primordial dans le paysage du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. D’une construction innovante et fluide comme la lave à sa source, capable d’embarquer le néophyte du dimanche comme l’expert géologue, cet ouvrage à facettes multiples, produit dans le cadre d’un projet de « Pôle d’excellence rurale », mérite bien son qualificatif d’excellence. Organisé autour d’entretiens entre un « Candide » à la Voltaire et des hommes de métier, le géologue, le tailleur de pierre, le photographe passionné, chaque carnet comporte de nombreux « cabinets de curiosités », articles savoureux et thématiques, cartes, illustrations et commentaires avisés où le Cantal bénéficie d’une mise en valeur de premier plan.

De la matière au matériau : où Candide est initié aux arts séculaires du

géologue, et découvre les origines de l’étude des ressources minérales dont nous dépendons (de la tasse de porcelaine, de la pouzzolane aux hauts murs maçonnés), ainsi que les familles de roches, les maintes variétés de pierres volcaniques et le travail de fond des historiens (de Diderot, D’Alembert et Pierre Marty à Buffon, Von Linné et Henri Lecocq) qui ont progressivement levé le voile sur les mystères des sous-sols et les interactions entre « surface et profondeur » ; tout est dit sur la transformation de la matière rocheuse en matériau au service de l’homme.

Des hommes et des œuvres : où Candide, grâce aux aperçus éclairés du

tailleur de pierre, découvre la magie des techniques d’extraction, la complexité de la taille, la vigueur des métiers de ceux qui ont laissé les linteaux sculptés de modestes bâtisses rurales (Lavigerie, Lapsou), des murs de châteaux aux chapiteaux des églises… Candide pénètre les arcanes des Compagnons du Devoir, du fabuleux passé de la pierre ornementale (d’Issoire à Brageac, voire une tête de fontaine à Murat) à celle qui maintient le poids des toits de lauze, assisté de lexiques à clés sur les méthodes de la taille, les outils et les modes

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d’exploitation des carrières (de la pierre des Cunes à Albepierre-Bredons, celle de Saint-Jacques des Blats, la pierre de Bouzentès à Villedieu, la pouzzolane broyée de Saint-Ours-Les-Roches, à la noble pierre de Volvic). Mais il y est question également de la lutte des hommes et des entreprises engagées dans la réintroduction et le maintien de la pierre dans la construction présente et future.

Du regard à l’image : où Candide questionne le photographe pour apprendre

à mieux regarder la pierre sous toutes ses formes, qu’elles soient bâties (de Chalinargues, Massiac, Menet jusqu’au sommet du Puy Mary), ou naturelles (Thiézac, Freissinet), avec présentation d’une série de portraits de la pierre, de ses paysages uniques et de ceux qui la mettent en valeur (graveurs, émailleurs) proposés par Jean-Marc Bodson. Ce troisième carnet, riche compilation de photos noir et blanc d’une précision et franchise extrêmes, a force de roche pour compléter ce vaste voyage au sein du minéral.

Formidable outil pédagogique, on en sort enthousiaste, l’inertie seulement apparente de notre plus belle matière première devient mouvement, de notre habitat à nos lieux de promenade ou de prière, le souffle profond des volcans agit encore sur l’esprit de l’homme contemporain qui sait le reconnaître. En ces trois carnets, magnifiquement illustrés, l’équipe éditoriale multi-professionnelle et multi-visionnaire réussit son pari sur la défense de la vie de la pierre des volcans, utilement réactualisée pour les générations à venir.

Daniel Kiernan (libraire Aux Belles Pages à Murat)

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Cantal Patrimoine

58, rue de Belloy, 15100 Saint-Flour http://cantalpatrimoine.free.fr/

Imprimé par Cantal Reprographie, 15000 Aurillac

Sortie d’été Le dimanche 7 août 2011

Excursion autour de Moussages sur les pas des sculpteurs romans…

Les églises romanes entre Riom-ès-Montagnes et Salers sont riches en sculptures mystérieuses et envoûtantes. Les sculpteurs romans ne nous ont pas transmis d’explications pour appréhender ces motifs et scènes étonnantes, mais leur ciseau a parfois laissé une « signature » dans la pierre, permettant de relier entre elles ces églises, et de mieux comprendre le sens de leur programme iconographique. Une visite animée par Pierre Moulier. Pour y participer, voir la feuille d’inscription ci-jointe