La Kholle torture gratuite ou plus sûr moyen de réussite par Alexis Blanchet
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LA KHOLLE Torture gratuite ou plus sûr moyen de réussite
2015- 2016 ALEXIS BLANCHET
Encadrante : Nicole Caligaris
La khôlle | Alexis Blanchet
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« Les examens sont des exercices de volonté. En cela, ils sont beaux et
bons (…).L’épreuve de l’examen est utile et juste, et en dépit de faciles
déclamations, celui qui ne l’a point surmontée n’en surmontera aucune
autre »
Paul Valéry Variété III
La khôlle | Alexis Blanchet
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Table des matières Introduction
LE DEROULEMENT D’UNE KHOLLE ...............................................................................................................8
LE DEBUT DE L’HORREUR .......................................................................................................................................... 8
LE KHOLLEUR DIVERSIFIE SES INSTRUMENTS DE TORTURE ................................................................................................ 10
LE TRIBUNAL VOUS A RECONNU COUPABLE ET LA SENTENCE EST : ..................................................................................... 12
POURQUOI LA KHOLLE .............................................................................................................................. 14
REPETITION POUR LE JOUR-J .................................................................................................................................... 14
BOURRAGE DE CRANE S’AVERANT UTILE .................................................................................................................... 16
LA RELATION EXAMINATEUR-EXAMINE ...................................................................................................... 18
LE MIROIR QUI VOUS AIDE A AVANCER ................................................................................................................ 18
JE T’APPRENDS, TU M’APPRENDS, APPRENONS NOUS .................................................................................................... 20
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Δ Pour bien commencer Δ
u cours des années passées en classe préparatoire, un exercice omniprésent reste redouté des élèves : les
interrogations orales ou plus communément appelées khôlles. L’exercice n’est jamais complètement maîtrisé
et les inquiétudes varient grandement en fonction de l’examinateur. Pourtant les élèves lui concèdent une
utilité et ne rechignent pas à la tâche.
Etant un ancien de Classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE), cet exercice m’est familier. Mais je suis désormais
passé du côté sombre du bureau, tyran au stylo acéré et au regard bienveillant. Ce nouveau point de vue éclaire
d’une lumière nouvelle un exercice que je croyais connaître. L’exercice devient plaisant, la maîtrise et la pratique
sont transmises ; et voir conclure un élève face à un exercice non trivial procure une grande joie, plus encore que
celle de trouver l’exercice lorsqu’on est élève.
Cette relation étrange qui lie l’élève et son examinateur du moment est unique : visant un objectif commun, sans
pour autant le comprendre, ils apprennent beaucoup l’un de l’autre.
L’écrit qui suit vise à souligner, ô jeune préparationnaire, que la khôlle est là pour t’aider et que le khôlleur n’est pas
là pour te piéger et te dévorer. Non, le sadique qui s’amuse à mettre des 5 et à lancer des craies quand on a le
malheur de se tromper n’est pas là pour te crucifier. Certes, les pleurs et les grincements de dents seront nombreux ;
certes, tu te feras sans doute virer de la salle si tu ne sais pas ton cours ; mais sache que le khôlleur ne veut que ton
bonheur. Quant à ceux qui lisent cela pour se réjouir des épreuves de ces jeunes gens, sachez qu’ils en ressortiront
grandis et que toujours ils en garderont des souvenirs. Ce petit livret est ainsi pour vous, jeunes élèves, mais aussi
pour les anciens désirant revivre ces instants de durs combats, et pour tous les autres.
C’est justement ces souvenirs qui serviront de terreau à la présentation de l’exercice et à son analyse. Les élèves ,
tout autant que les examinateurs , sont les témoins à qui je donne voix pour exprimer leur impression sur cet
exercice. Examinateurs, qui ont eux aussi été élèves, et se reconnaissent ainsi en ces jeunes taupes, décelant chez
eux les réactions qu’ils ont eues lors de leurs propres khôlles, et ayant la possibilité d’en témoigner avec un certain
recul. Et les élèves, plein de fougue, de préjugés, de premières impressions, réservoirs intarissables d’exemples.
Dès lors que l’écrit se fonde sur les souvenirs et impressions d’autres, il convient de les récupérer, les trier, les
arranger, les présenter, les confronter. Tout d’abord, la partie intéressante résidant dans la spontanéité des élèves et
khôlleurs, seul un travail de longue haleine et de tous les jours permettra de recueillir l’ensemble des citations,
situations et commentaires que tous me confient, dans de banales discussions, sans pour autant savoir que leurs
paroles apparaîtront telles quelles, sans retouche, dans toute leur spontanéité, dans mon écrit. Innombrables seront
les propos passés sous silence, les citations oubliées sur une page ; mais l’essentiel marque, l’essentiel se passe de
calepin et s’inscrit dans la mémoire, se rappelant à l’auteur lorsque vient le temps de rédiger. Pour le reste, le carnet
rouge m’accompagnant toujours sera le gardien des confidences volées. Quand viendra l’heure du choix, les plus
caricaturales, les plus comiques seront à l’honneur afin de présenter cet exercice sérieux sous un aspect ludique qui
ne rebutera pas les futures générations de préparationnaires et rappellera aux anciens des situations pour le moins
cocasses.
Ayant diverses connaissances khôllant avec moi, je pourrai ainsi m’appuyer sur leurs expériences en tant
qu’examinateurs et anciens élèves pour décrypter et commenter les anecdotes relevées. Ces connaissances seront
donc au courant de mon écrit et pourrons confier des anecdotes qui les ont marquées. Faisant un premier tri dans
les citations, ils permettront de rendre l’écrit plus objectif.
Les élèves, quant à eux, ne seront pas au courant et ne répondront pas à des questions, mais vivront leurs Khôlles
comme d’habitude, ce qui est la meilleure chose à faire afin d’avoir une observation « in vivo ». Il me sera ainsi
possible de varier les façons de me comporter et d’en observer les conséquences sur les élèves. Au cours de l’année,
je serais amené à leurs poser certaines questions banales afin de préciser leurs impressions -rien d’anormal, étant
ancien élève, je peux les aider et leur donner des conseils- et cela permettra d’obtenir le point de vue de l’élève qui
n’a jamais été khôlleur.
A
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La classe préparatoire est une jungle
affreuse, un bagne gigantesque et il se
trouve que les élèves en sont les
bagnards volontaires ; il s’agit donc de
s’armer de courage et de motivation si
l’on compte y entrer. Pour ceux qui
regardent de loin, il est bon de prendre
conscience de l’effort demandé et de
compatir, tout du moins en apparence
aux souffrances (futures ou passées) de
ces jeunes élèves. Quand à toi, jeune
taupin (ou futur taupin) sache que ce
dépassement de tes limites te sera
bénéfique.
Une khôlle est un exercice bien particulier qui possède un ensemble de règles et de
traditions dont il faut prendre connaissance avant de débuter une quelconque explication
des raisons de l’existence de cette torture gratuite.
Chaque semaine tu te retrouveras à attendre devant une porte avec deux autres victimes. Il
est probable que vous aurez tous l’impression d’aller à l’abattoir et que le stress sera
intense. « Pas de pression, pas de pression, PAS DE PRESSION ! » (Un élève de CPGE avant
une khôlle, puisse-t-il reposer dorénavant en paix) .
Au moment d’entrer, l’esprit
s’embrouille , le cerveau se débranche
et un voile blanc recouvre toutes les
connaissances acquises et révisées
pendant des heures. Et puis apparaît le
khôlleur, être mystérieux qui a pour rôle
sympathique de torturer pendant une
heure et qui semble en plus y prendre
Figure 1-http://s1.e-monsite.com/2009/03/22/05/4550825pipi-jpg.jpg
Figure 2-ttp://49.media.tumblr.com/97d07e36f64fb15f17bde35d1358f0d8/tumblr_ndu826KyQG1u1m4ono1_500.gif
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du plaisir. Assis dans la pénombre, on devine son regard et son sourire carnassier.
Et puis il se penche en avant en joignant les
mains, prêt au combat, et son visage apparaît,
démoniaque. Un regard de tueur, il te suit
pendant que tu déposes tes affaires.
Gros bonnet, Patron, détenteur du pouvoir
suprême, sage parmi les sages, le khôlleur a tout
pouvoir et te le fait savoir.
Il s’agit alors de tirer un trait droit sur le tableau,
afin de le séparer en trois parties plus ou moins
égales. Mais la main tremble, le stylo glisse, on
cherche à rectifier mais rien n’y fait, c’est un
échec. Et d’un !
On écrit ensuite son nom afin que le khôlleur
reconnaisse ses victimes du jour et vient l’instant
intense ou l’on attend, l’esprit vide, le regard
voilé, le stylo dressé à quelques centimètres du tableau, prêt à dégainer et écrire ce que le
khôlleur va décider de donner comme sujet.
Et puis résonne dans la pièce comme un coup de tonnerre : « Monsieur Dupont ! » ; le
demi-tour qui s’en suit, et le faible « oui, monsieur » tout bafouillé et qui ressemble fort à
une plainte exprime toute la détresse ressentie à ce moment.
Voici le début d’une khôlle cauchemardesque mais qui n’a rien à voir avec la réalité !
On entre dans la salle en saluant le khôlleur qui répond toujours poliment, le sourire étant
en option. Le ton est amical, bien que formel, l’élève ressent toujours un peu de stress, ne
sachant pas encore sur quoi il va tomber, mais rien de bien méchant.
Rares sont les khôlleur méchants, plus rares encore sont les sadiques, alors ne t’en fais pas,
tu as toutes les chances de tomber sur des khôlleur aimables, souriants, qui te feront aimer
l’heure passer en leur compagnie et que tu reverras avec plaisir. En revanche, les étapes ci-
dessus sont à respecter : trace un trait pour que tout le monde ait de la place et que vous
ne vous voliez pas le tableau au cœur de l’action ; écris aussi ton nom car le khôlleur ne
vous voit qu’une ou deux fois par an et ne peut pas retenir nom et prénom, un petit effort
et tout est mis en place pour que la khôlle puisse commencer.
●Cette petite étape de préparation en révèle beaucoup sur les élèves : écriture, gestion du
tableau, soin, timidité. Elle est donc importante pour se mettre en valeur et annonce la
couleur de la suite.
Figure 3-http://lh3.ggpht.com/Wmc1e1jRdhtS0nTQITUtVh1y0Lk-Q_sQYacB8jNOt3hW18O-lfuKWmuTUhLq5jqz-3LauVVuoeWXsnKEXF-Daw=s240
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« Apprendre son cours sans faire d’exercices, c’est absurde ; mais ne pas apprendre son
cours et faire des exercices, c’est stupide : pour réussir, faites les deux !»
Les professeurs demandent à ce que la khôlle débute toujours par une question de cours ;
elle consiste en fait à redémontrer un théorème du cours, une propriété ou à refaire un
exercice classique afin de vérifier que l’apprentissage du cours est correctement fait.
Ce cours est le support qui te permettra de réussir. Il
contient les définitions des notions mais aussi les
méthodes de raisonnement, les subtilités à noter,
les exercices classiques. Ne le néglige surtout pas !
Mais n’aie pas peur ! Le cours étant volumineux, ton
professeur donnera à chaque fin de semaine le
programme de khôlle qu’il faudra réviser pour la
semaine suivante. Il y aura des théorèmes et des
notions qui pourront alors faire l’objet d’une question. Attention, les définitions et autres
points du cours qui ne demandent pas de démonstrations sont aussi exigibles et doivent
être sus sur le bout des doigts sous peine de ne pas comprendre les questions du khôlleur.
Si tu ne sais pas faire ta question de cours, attends-toi à subir les foudres du khôlleur
pendant le temps restant, pour ensuite affronter la colère de ton professeur quand il
découvrira la feuille de khôlle.
Passée l’étape de la question de cours, et à moins de faire par la suite une grave
erreur, tu auras assuré la moyenne. La deuxième partie de la khôlle va te permettre de
monter encore plus !
Produire du « sens » plutôt que du « flux »
révèle son niveau d’abstraction et donc son
niveau de réflexion.
Démontrer, convaincre, argumenter ne peut
pas se faire sans organisation.
Rapport de jury mines-pont 2016
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Cette deuxième étape consiste en un ou plusieurs exercices en lien avec le cours ;
mais contrairement à ce que tu as fait au lycée, il ne s’agit pas d’un exercice à problème
unique, c’est-à-dire que tu ne vas pas avoir à appliquer juste un théorème précis de ton
cours pour arriver à la solution ; il va
falloir construire un raisonnement point
par point pour aboutir au résultat. Ce qui
intéresse avant tout le khôlleur c’est la
démarche, le cheminement qui va mener
l’élève jusqu’au résultat. Certains
t’aideront et d’autres, pas du tout ! Il te
ne reste plus qu’à croiser les doigts et
prier pour tomber sur de gentils khôlleurs
qui te feront progresser.
Reste concentré et avance en montrant ce que tu sais faire et tout devrait bien se passer ;
ne donne pas de prise à l’examinateur en allant trop vite et surtout bannis le « c’est
trivial », plus souvent décliné en « c’est évident ». Tu es sûr de voir briller les yeux du
khôlleur et de voir un sourire carnassier s’étendre sur sa figure ; et à ce moment-là , tu ne
pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenu.
Pour conclure voici ce que dit le rapport du concours Mines-Ponts 2015 :
« On retrouve trois grands groupes de candidats : les meilleurs, qui présentent puis analysent
bien les exercices proposés ; ils sont capables de réfléchir à une stratégie et de proposer des
pistes, ; les plus faibles qui manquent de recul et de méthodes et ont d’énormes difficultés à
mobiliser leurs connaissances pour résoudre les questions posées et qu’il faut guider pas à
pas ; enfin, la grosse majorité des candidats qui ont des idées ,mais souvent trop imprécises,
et utilisent des méthodes lourdes et non adaptées ; ils connaissent leur cours, mais ont du mal
à l’utiliser avec efficacité, ils progressent lentement et doivent être aidés. »
●D’où l’importance de cette division en deux des questions en khôlle. Ne l’oublie pas et
essaye de ne pas avoir les défauts de la dernière catégorie. Les khôlleurs sont là pour t’aider
à ne pas y tomber !
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« Je vous mets 10 à tous les trois : vous vous
répartissez les points comme vous voulez »
Instant éprouvant, moment de détresse
sans précédent, couperet qui achève le
condamné au tableau, roulette russe où l’on
est forcé de perdre.
Nombreuses sont les métaphores qui
existent pour tenter de décrire la fin d’une
khôlle : le khôlleur fait alors un résumé de
l’heure et décide de la note qu’il va te mettre. Plus que la note elle-même, les
commentaires du khôlleur sont à l’origine de la souffrance des élèves. Mais il vaut mieux le
prendre avec humour.
«-C’était pas terrible : je te mets 4 !
-Je ne sais même pas où vous avez trouvé ces 4 points »
La note cristallise toutes les appréhensions des élèves. Il s’agit en effet d’évaluer leur
travail, de leur donner un aperçu de leur niveau. La note vient donc sanctionner un travail
insuffisant, mais peut aussi en déstabiliser certains, car pénalise parfois un élève ayant
pourtant travaillé. La note se divise donc en deux parties qui sont néanmoins
indissociables : d’un côté la connaissance du cours et des concepts, et de l’autre, la clarté
de l’exposé, la justesse des raisonnements, l’utilisation rigoureuse du langage
mathématique. Et le khôlleur ne se privera pas de te rappeler à l’ordre, avec plus ou moins
de gentillesse. « Même mon petit frère qui est en CM2 sait que cette matrice n’est pas
inversible ! Tu viens de perdre 15 points, au minimum.»
Mais cette note est aussi très relative et ne reflète pas forcement le niveau véritable
de l’élève ; elle permet donc à certain de dépasser la
moyenne : « J’aimerais bien que les khôlles ne soient
pas notées ; mais alors, comment faire pour remonter
les notes des DS ? »
Je te souhaite bien évidemment de ne pas être
concerné ; mais voir les choses de manière positive
« Il est précisé à l’attention des
candidats que les examinateurs
ne remplissent et ne rendent
jamais les bordereaux des notes
à la légère. »(Rapport de jury de
l’X)
Figure 4-yeswekhagne.skyrock.com
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étant un bon moyen de survie en prépa, je te fournis là un exemple concret.
Cette note variant énormément selon les chapitres, les khôlleurs, le stade de fatigue
et la motivation, il est conseillé de ne pas en tenir compte outre mesure mais plutôt de se
focaliser sur les conseils de l’examinateur et les erreurs qu’il a relevées afin de progresser.
Même les meilleurs peuvent tomber sur des exercices dont ils ne réussiront pas à venir à
bout ; et le magnifique 6 qu’ils se prendront te fera rire de nombreuses fois ; mais le
khôlleur te paraîtra très dur et la note injustifiée. Et pourtant, il l’aura sans aucun doute
méritée.
●La khôlle est alors finie, une autre t’attend.
Rappelle-toi de respirer. La respiration est la clef de la réussite !
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« Sans Travail pas de réussite »
La Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles est une
préparation de deux ans aux concours, ce qui signifie que
tout doit être mis en œuvre afin d’arriver le jour des
concours avec les moyens d’être meilleur que son voisin
et d’intégrer l’école de ses rêves. « Le principe d’un
concours c’est qu’il y a des perdants : essayez de ne pas
en être »
Et pour cela , il convient de garder en tête que les épreuves sont divisées en deux parties :
tout d’abord, les écrits qui déterminent les candidats admissibles, premier tamis où l’on
élimine de nombreux candidats ; puis les épreuves orales qui permettent de choisir les
candidats qui intégreront l’école. L’épreuve orale est donc une épreuve que les élèves ont
tendance à déconsidérer car ils ne voient que la première partie de ces concours:
« Rater les oraux, c’est comme se fouler le pied en revenant d’un marathon »
Erreur ! Grossière Erreur ! Les oraux sont la partie la plus difficile des concours et leur
préparation prend du temps, beaucoup plus de temps que les quelques semaines qui lui
seront réservées après les écrits. C’est un travail de longue haleine qu’il faut entamer dès la
première année. La khôlle est là pour ça. Reste que la khôlle et l’oral ont un but différent ;
là où le khôlleur est un professeur qui vise à aider et à comprendre, l’examinateur de l’oral
a pour but de t’évaluer et de te juger.
C’est pour cette raison que la khôlle ne doit pas être vue comme un oral blanc mais
vraiment comme une préparation.
Il s’agit donc d’un entraînement dont il faut profiter ; le khôlleur est un professeur d’une
heure dont il faut abuser sans vergogne : « Mettez moi 0, mais expliquez-moi ». Une khôlle
où l’on n’a rien appris est une heure perdue. Car comme on le dit souvent « Les concours
sont bientôt, alors ne perdez pas de temps ! ».
Profitez donc de cette heure qui vous est offerte pour vous entraîner sur des exercices
amoureusement choisis et sélectionnés pour vous par le khôlleur.
« Trop souvent, les élèves tournent
le dos à l’examinateur et cachent ce
qu’ils écrivent en silence… »
(Rapport de jury de l’X)
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« La khôlle doit être un
moment privilégié entre
le professeur et l'élève.
Un dialogue, voire un
cours particulier ».
Mais pourquoi
déplacer un professeur
pour faire un
entraînement que tu
devrais faire par toi-
même ? Et bien, cela
tient du fait que, au-
delà de l’extrême
gentillesse de tes
professeurs qui ne te veulent que du bien, l’entraînement du jeune taupin se fait à deux
niveaux : la présentation et la connaissance brute.
Or, afin de juger de la présentation, il n’est pas de circonstance plus propice qu’une
interrogation orale où n’intervient qu’un petit nombre d’élèves tous occupés au tableau.
Avouons que les timides se sentiront rassurés que personne ne puisse les épier ou rire dans
leur dos de leurs possibles erreurs, minant leur confiance. Seul le professeur regarde, et ne
regarde qu’afin de t’aider ; alors, tout est fait pour ta réussite.
La forme de la khôlle a donc été pensée expressément pour assurer aux élèves des classes
préparatoires la meilleure préparation possible à ces oraux qui sont une épreuve redoutée
par tous.
Les rapports de jury soulignent chaque année, que certains élèves continuent de ne pas
respecter les règles propres à l’oral. Quel que soit le concours, ces pauvres élèves sont
condamnés à un échec sanglant.
Prenons par exemple le rapport de jury du concours Mines-Pont de l’année dernière (2015).
Il est dit dans la préface :
« - EXPRIMEZ-VOUS À L’ORAL. L’oral n’est pas une épreuve écrite oralisée »
Préparation de la forme et préparation du fond, la khôlle est essentielle à la réussite des
élèves et c’est là sa raison principale d’être : te préparer afin que tu brilles à l’oral. Rien ne
pourrait rendre plus heureux tes khôlleurs et professeurs que ta réussite.
Figure 5-http://media.topito.com/wp-content/uploads/2015/03/the-hamburger-postulate-10-600x337.jpg
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« Le cours ! Le cours ! Et encore le cours »
es professeurs n’ont que ce mot à la bouche : Le cours ! Et pourtant les élèves qui ne
le connaissent pas sont nombreux, trop nombreux, beaucoup trop nombreux ! Il y en
a tellement me diras-tu. Certes, mais il n’en est pas moins un passage obligatoire. Et le
seul moyen de ne pas être noyé est la régularité.
Et si tu ne me crois pas, voici un morceau choisi du préface du rapport de jury du concours
Mines-Ponts 2015 :
« - APPRENEZ LE COURS,
c’est ce que répètent
inlassablement
correcteurs et
examinateurs »
Chacun a sa méthode
pour tenter de faire
rentrer dans la tête de ses
élèves que rien ne peut
être fait si l’on ne sait pas
son cours.
J’ai connu des professeurs qui renversaient des tables en hurlant après des DS
catastrophiques ; d’autres qui fixaient l’élève coupable de ne pas savoir son théorème avec
une telle intensité que ce dernier rapetissait à vue d’œil et dépérissait sous ce regard
inquisiteur ; un autre encore était d’une telle gentillesse que l’on était forcé d’apprendre
son cours au moins pour lui faire plaisir.
Et puis ils y a les classiques interrogations où tout le monde se copie, cache des antisèches,
et écrit sur les tables dans le vain espoir de se souvenir, pour la durée de l’interrogation, du
cours demandé. Inutiles précautions qui ne préparent en rien aux concours.
Bref, il fallait un exercice régulier qui permettrait de prendre les élèves par petits groupes
pour vérifier qu’ils sachent leur cours et le maîtrisent à peu près correctement. C’est de ce
constat que l’on comprend l’importance de la khôlle pour les professeurs.
L
Figure 6-http://media.ecoles2commerce.com/uploads/images/etudiants-prepa.jpg
La khôlle | Alexis Blanchet
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La khôlle est ainsi un instrument puissant pour s’assurer du travail régulier des élèves, de
leur niveau d’acquisition et d’appropriation des notions essentielles du cours, et de celles
qui sont intéressantes mathématiquement. Bien que cette expression
« mathématiquement intéressantes » soit une manière efficace de te faire fuir, tu verras
que démontrer des résultats non triviaux et non intuitifs peut s’avérer très plaisant (quand
on y arrive).
On a dit que la première partie de la khôlle
était une question de cours.
Cette question peut être l’occasion pour
l’examinateur de déceler une faiblesse de
compréhension ou d’apprentissage chez
l’élève.
C’est à ce niveau que l’on voit le double rôle de
la khôlle : l’élève ne sait pas répondre à la
question posée, mais quelle en est la raison ?
Est-ce parce qu’il n’a pas appris son cours ? Ou est-ce parce qu’il n’a pas compris une
subtilité dans ce même cours ?
Dans le premier cas, il en sera sanctionné ; seul un apprentissage régulier du cours le
mènera à la réussite. Dans le second cas en revanche, c’est l’occasion d’un dialogue entre
l’élève et le khôlleur, dialogue qui aboutit à la compréhension, en théorie, de la notion
abordée.
« Si vous ne comprenez pas, surtout n’hésitez pas à me demander ». Je me tue à le répéter
à chaque khôlle, au minimum deux fois par heure. Mais cela ne semble pas toucher
l’ensemble de mes élèves (et oui, pendant une heure, ils sont à moi). J’espère donc qu’il en
sera autrement pour toi.
Le « Méthode X », gros livre de méthode, se permet de faire une remarque intéressante au
sujet du cours : « le cours brut ne sert à rien. » Ouche ! Eh bien, il a raison. Le cours est
obligatoire mais non suffisant ; alors n’oublie surtout pas de faire des exercices pour vérifier
que tu sais ton cours, mais aussi que tu l’as suffisamment digéré pour l’utiliser de manière
convenable.
Ainsi, si tu es désorganisé, que tu n’es pas régulier, ou que tu coules a un
point tel que tu ne sais même plus ce que tu sais, alors les khôlles sont là pour t’aider
à rester à jour dans l’apprentissage du programme. Vois les donc comme une aide et
non pas comme une corvée et tu en tireras des bénéfices incalculables
« Ils connaissent leur cours, mais ont
du mal à l’utiliser avec efficacité »
Rapport de jury Mines-Pont 2015
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« Bonjour monsieur, pouvons-
nous entrer s’il vous plait ? »
Leur première khôlle était aussi
la mienne de ce côté-ci du
bureau, et pour tout t’avouer, je
ne sais pas qui avait le plus
peur.
Ils sont entrés à petit pas, en
espérant passer inaperçus ou,
peut-être , croyaient-ils que
faire du bruit me mettrait de
mauvaise humeur et que j’allais
les manger tout crus.
Bref , ils m’ont vouvoyé pendant une heure en m’appelant monsieur alors même que j’étais
en classe préparatoire l’année précédente, qu’ils ont 18 ans et que j’en ai 21 ; ils m’ont
traité comme un être autre qui savait a contrario d’eux, alors même que j’ai passé mes
concours sans y briller particulièrement.
Le khôlleur n’a rien de terrifiant : il est humain, il ne sait pas tout faire, et ne connaît
certainement pas tout, peut se tromper. Un élève peut donner une réponse qu’il n’aurait
jamais trouvée.
Bref, le khôlleur est semblable à l’élève qu’il a en face de lui, à l’exception qu’il possède les
réponses aux questions qu’il pose.
Rien d’autre ne le différencie ; et lorsque la discussion s’engage entre l’élève et
l’examinateur, elle pourrait s’inverser sans pour autant que l’on y voie une quelconque
différence : lorsque l’élève présente sa solution, il en explique la subtilité à l’examinateur
qui vérifie au passage qu’elle est cohérente, puis l’examinateur peut exposer la sienne pour
faire voir une autre méthode qui permet de mieux comprendre par un regard différent
Figure 7-https://i.ytimg.com/vi/uRJ_0onaU4k/hqdefault.jpg
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l’exercice. Les rôles s’inversent, le khôlleur explique, l’élève vérifie en cherchant à
comprendre que la solution se tient.
Les élèves de prépa s’entraînent ainsi les uns avec les autres à cet exercice. Je me souviens
d’avoir personnellement fait passer une khôlle de math à trois camarades juste avant un
devoir de mathématiques afin de les aider dans le raisonnement. J’étais à l’époque en
première année. La seule différence est que je maîtrisais le chapitre (pas vraiment soit dit
en passant) mais surtout que j’avais compris les solutions des exercices que j’avais posés (et
que je les savais).
Cette maigre différence se manifeste par l’emploi quasi spontané du tutoiement au détour
d’une argumentation fumeuse faite avec le sourire de celui qui cherche à embobiner :
« mais monsieur, tu comprends, ici je prends la racine, et pouf ça marche! ».
Certes , il existe des khôlleurs qui sont de véritables génies des mathématiques ; mais pour
la plus part, ils ne transcendent pas la matière et ne doivent pas être considérés comme
détenteurs du savoir unique et faiseurs de loi. Mes professeurs nous disaient souvent de
tenir tête et de défendre nos positions si l’on pensait avoir raison, car il est nécessaire
d’être sois même convaincu pour convaincre l’examinateur.
La discussion est ainsi le cœur de l’échange et doit se faire à égalité entre les participants.
Cela entraîne une relation particulière entre les deux intervenants, relation de confiance
qui dure une courte heure et qui s’établit facilement entre ceux qui sont amenés à rester
coincés pendant une heure dans une salle.
Le khôlleur et l’élève sont à tous les points de vue semblables et la distinction qui
s’opère est purement formelle. La khôlle ne doit donc pas être morte et silencieuse, ni être
à sens unique, sinon elle se transforme en pénible exercice qui n’apporte rien.
Figure 8-http://media.giphy.com/media/5yLgoczEvFoE5LyoiZO/giphy.gif
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e qu’il y a de beau dans l’enseignement , c’est que la relation n’est pas à sens
unique. Quand l’élève apprend de l’examinateur les mathématiques, ce dernier
apprend auprès de son élève les subtilités de la pédagogie ; il apprend à son contact
à voir différemment une même chose ; il apprend à s’adapter à l’élève. « Je suis en
manque : Il faut que j’aille khôller ! » Cet aveu , d’un de mes camarades après deux
semaines de vacances , est l’expression de la joie que le khôlleur a de venir une fois par
semaine transmettre un savoir, et de voir des élèves progresser.
Mon professeur de mathématiques spéciales nous disait que faire des erreurs au tableau
était souvent mieux que de résoudre sans faute un exercice ; à chaque fois qu’un élève
levait timidement la main en disant qu’il n’était pas sûr, il l’envoyait au tableau pour l’aider
et corriger des erreurs que tous nous aurions pu faire. Il souriait aux fautes qui ne
relevaient pas du cours, car c’était une occasion pour lui de rectifier des incompréhensions,
de souligner des points importants et de nous faire progresser.
Tout le monde a, à un moment ou un autre, aidé un ami qui ne comprenait pas ; tout le
monde a déjà eu à jouer le rôle d’enseignant, et l’on voit combien il est compliqué mais
aussi gratifiant de prendre le temps de transmettre. Certains en ont la vocation, d’autres le
font par intérêt financier, d’autres encore le font pour rendre service ; mais au final, tous
ressortent grandis par cette expérience. Professeur d’une heure, le khôlleur doit être
pédagogue et l’élève le confronte à des situations où il doit se changer et s’adapter pour
répondre à des besoins spécifiques.
De plus, comme dit précédemment, le khôlleur ne diffère que très peu de l’élève qu’il
khôlle, et cela est d’autant plus vrai dans mon cas étant donné la faible différence d’âge
entre eux et moi, ce à quoi il faut ajouter que j’ai comme élèves des petits frères et sœurs
de camarades de promotion. Cette proximité, ajoutée à un dialogue libéré m’a permis de
prendre du recul : tout d’abord vis-à-vis du cours de mathématiques de première année
que je dois expliquer chaque semaine à des élèves qui n’en ont parfois pas compris les
bases ; mais aussi sur la pédagogie à utiliser en fonction des caractères, et donc le
management d’une équipe humaine. C’est en effet le côté humain qui est important dans
cette expérience ; rien de nouveau en terme de connaissance scientifique, mais une
connaissance de l’humain approfondie et surtout une expérience inoubliable qui permet de
se rendre compte de la complexité de l’enseignement : il faut trouver le juste milieu entre
donner la réponse et ne rien dire du tout ; il faut indiquer le chemin sans faire le travail de
l’élève mais sans non plus le laisser dans le noir complet ; il faut doser son intervention
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pour ne pas interférer dans la réflexion de l’élève mais lui donner suffisamment pour qu’il y
ait réflexion.
Bref il s’agit d’un savant mélange qui ne s’invente pas, mais qui se teste et se perfectionne
au cours des heures successives. Et c’est cette capacité à doser qui est importante : dans un
projet en équipe, il faut que tout le monde fasse quelque chose, mais il faut tout de même
avancer et que les choses soient bien faites ; il faut donc trouver le juste milieu dans la
répartition du travail, puis aider là où cela est nécessaire en ménageant les sensibilités.
Khôller est une expérience de vie très intéressante, et je ne regrette pas les heures passées
à voir de jeunes taupins massacrer les maths, ni les trajets pour aller jusqu’à ma prépa, ni
les heures supplémentaires pour leur expliquer la solution, ni les recherches d’exercices et
le temps consacré à préparer avec amour leurs interrogations.
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Et pour terminer en beauté, sache qu’il vaut mieux rire que pleurer et que certains
survivent pour témoigner.
Figure 9-http://40.media.tumblr.com/41bd8d4888ccdd8302cf8ab4f642ff96/tumblr_n7fj8gXbHD1twwwaxo1_500.jpg
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La khôlle est un exercice spécifique à la classe préparatoire et suit un déroulement bien
défini qui répond aux besoins des professeurs, mais qui fait peur. De nombreuses rumeurs
et fables circulent à son sujet. Mais qu’en est-il vraiment?
L’interrogation orale débute par une question de cours, moment de vérification du travail
des élèves et de leur régularité ; puis viennent les exercices pour approfondir et appliquer
le cours, c’est là le cœur de la khôlle. Puis vient la note qui récompense les meilleurs et
permet d’évaluer le travail fourni bien que ne reflétant pas le niveau réel de l’élève.
Exercice sadique à première vue, la khôlle est avant tout une préparation aux oraux qui
attendent les préparationnaires ; oraux qui sont la dernière étape avant l’intégration, et
que l’on oublie souvent de préparer, tant dans la forme que dans le fond.
A cela s’ajoute le besoin des professeurs de vérifier l’apprentissage régulier des élèves et
leur bonne compréhension des points essentiels du cours. La khôlle ayant lieu chaque
semaine, elle permet ce contrôle sans surcharger le professeur de copies et de travail
supplémentaire.
Le khôlleur, examinateur d’une heure, se voit donc charger d’évaluer les élèves qui passent
au tableau, et qui ne diffèrent en rien de lui-même : seul l’âge les sépare.
Le khôlleur enseigne les mathématiques et apprend en échange les notions importantes de
l’enseignement et de la pédagogie. Cet apprentissage le grandit, affine son sens des
nuances, sa connaissance des caractères et le forme à la direction et aux responsabilités.
La khôlle est entourée de mythes que les élèves perpétuent mais qui ne sont qu’une des
nombreuses dérisions utilisées pour se décontracter et rire de leur situation.
Figure 10-http://49.media.tumblr.com/b1b982d08891f6dcf8a59085f952b8b5/tumblr_no3g26ZqZn1utllalo3_250.gif