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U HANSE FLAMANDE DE LONDRES " La découverte par Brun-Lavainiie et par Warnkoenig, en 1829 et vers 1855, aux archives municipales (le Lille, (les statuts (le la hanse flamande de Londres, a révélé aux érudits l'existence de cette curieuse association. Depuis lors, on en a retrouvé (le faibles traces (jans (le rares documents du XIIP siècle, tuais il faut sans doute renoncer à l'espoir de posséder jamais sur elle des renseignements beaucoup plus nombreux que ceux dont nous disposons aujourd'hui. L'importance qu'on lui attribue dans l'histoire économique du moyen âge con- traste donc très singulièrexnent.avec, le peu qu ' on en sait. Pendant longtemps, on s'est borné à répéter ce qu'ena dit Warnkoenig ( e ) . Les quelques lignes qu'il lui consacre sont la source où ont puisé également Lappenberg (5), Bourquelot (4), Pigeonneau (5), Ashley (6), Koppmann (7), (1) flulI, de l'Acad. roy. de Belgique, 3° sér., t XXXVII, n' 4, 2ne partie, pp. 65-108, 4899. (2) Flandrtçc/w Steats- und Rec/usgesehichte, I, pp. 329-331, et dans la traduction de GHELDOLF, Il, pp. 206-211. (3) Urkundliche Geschjchte dis liansisohen Stahihofes in En gland, p. 6. (4) Étude sur les foires de Champagne. (MÉMOIRES PflÉSENTtS PAR DIVERS SAVANTS A L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS, 20 série, t. V, pp. 134- 138.) (5) Histoire dit commerce de la Franco, I, p. 114. (6) An introduction (o Englisli econoinic history and theory, I, P. 109. (7) Die !Ianserecesse und andere Akten der tianselage von 126- 14O, I, PI- xyII-xxvuI. j Document 1111 I II III 11111 IF1III 0000005635740

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U HANSE FLAMANDE DE LONDRES "

La découverte par Brun-Lavainiie et par Warnkoenig,en 1829 et vers 1855, aux archives municipales (le Lille,(les statuts (le la hanse flamande de Londres, a révélé auxérudits l'existence de cette curieuse association. Depuislors, on en a retrouvé (le faibles traces (jans (le raresdocuments du XIIP siècle, tuais il faut sans douterenoncer à l'espoir de posséder jamais sur elle desrenseignements beaucoup plus nombreux que ceux dontnous disposons aujourd'hui. L'importance qu'on luiattribue dans l'histoire économique du moyen âge con-traste donc très singulièrexnent.avec, le peu qu 'on en sait.Pendant longtemps, on s'est borné à répéter ce qu'ena ditWarnkoenig (e) . Les quelques lignes qu'il lui consacresont la source où ont puisé également Lappenberg (5),Bourquelot (4), Pigeonneau (5), Ashley (6), Koppmann (7),

(1) flulI, de l'Acad. roy. de Belgique, 3° sér., t XXXVII, n' 4,2ne partie, pp. 65-108, 4899.

(2) Flandrtçc/w Steats- und Rec/usgesehichte, I, pp. 329-331, et dansla traduction de GHELDOLF, Il, pp. 206-211.

(3) Urkundliche Geschjchte dis liansisohen Stahihofes in En gland,p. 6.

(4) Étude sur les foires de Champagne. (MÉMOIRES PflÉSENTtS PARDIVERS SAVANTS A L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS, 20 série, t. V, pp. 134-138.)

(5) Histoire dit commerce de la Franco, I, p. 114.(6) An introduction (o Englisli econoinic history and theory, I,

P. 109.(7) Die !Ianserecesse und andere Akten der tianselage von 126-

14O, I, PI- xyII-xxvuI.j

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1111 I II III 11111 IF1III0000005635740

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Hegel (J), Coldscbmidt (2) et van Bruyssel (5). Le premier,M. C. 1(oehne a rompu avec la tradition. Dans ses intéres-saines études sur les comtes de la Hanse (liansgrafen) enAllemagne, il a fait (le la hanse de Londres l'objet d'unchapitre spécial, où, au lieu de se borner comme ses pré-décesseurs à analyser les statuts de l'association, il a eu legrand mérite (le poser les différents problèmes qui s'yrattachent et d'en chercher la solution à l'aide de l'éru-dition la mieux informée et la plus minutieuse (4). A leurtour, les résultats de M. Koehne ont été contrôlés et rec-tifiés par M. H. Vander Linden en quelques pages excel-lentes (5), et enfin, tout récemment, M. E. Mayer vient deprésenter sur l'origine des hanses en général et de lahanse flamande en particulier, des idées qui, par leurnouveauté et leur hardiesse, ont déjà provoqué et provo-queront encore l'intervention de la critique (6). Cette der-

(t) Siadte irnd Giiden t Cernianisohen VJtker iii? Mittelaiter,11, pp. 485-487. -

Cl Universaiqeschichte des ltandeisreehts, p. 217.(3) Histoire du commerce et de la marine CII Belgique, I, pp. 215-'216.(4) C. KOEIINE, Dos Hansgrafcnontt. Ein Beitray sur. Geschichte

der Kanfmannsgenossenschoften mU BeMrdenorganisation. Berlin,4893. Voy. livre VU. eh. hT Bas !iansgra.fenrznzt in Ftandern,pp. 205-245.

(5) II. VANnER LINDF.N, Les gildes ni?jrcbandes dons les Pays-Bas aumoyen dge, pli. 26 et suivantes.

(6) E. MAYER, ZoU Kaufluannse/iafl rad Maria zwischen Rtiein radLoire bis in dos XIII Jahr/iundert (dans FEST5CIIIIIFT FOR I{ONRAD VON

MAURErt. Cttingue, 1894, pp. 460 et suivantes. Cf. sur cet ouvrageG. vom BELOW, Cøuingische getehrte Anzeigen, 1896, pp. 214 et sui-vantes, et G. KUNTZEL, Zeitschri/? fOr Litteratur tind Gescliiehic derSt(mtsiui&enschaften, 1895, pp. 91 CL suivantes.) LE MÊME, Deutscheund-franzosische Verfassungsgeschichte von IX bis zum XIV Jahrhnn-dert, Il, pl).206 et suivantes.

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t

( 5 ) 67nièreéonsidération seule ne m'a pas engagé à aborder àmon tour l'étude d'un sujet déjà si fouillé. Il m'a semblé,en effet,effet, que toutes les questions qu'il soulève n'étaientpas résolues et que le travail de mes devanciers attendait,en certains points, d'être complété.

Je diviserai cette monographie en deux parties. Jetâcherai de déterminer tout d'abord la nature du droit dehanse dans les sources flamandes. Je m'occuperai ensuitede la confédération de villes qui a porté, au X1110 siècle,le nom de hanse de Londres.

F,

LE DROIT DE HANSE EN FLANDRE.

Le mot hanse se rencontre de très bonne heure dans levocabulaire des langues germaniques. Il apparaît toutd'abord dans Ulula comme synonyme de clrcrpŒ et detkÙcc(1). On trouve ensuite dans le Beowulf une réunionde jeunes filles désignée par l'expression « mgdaliose » (2). Le sens primitif est donc incontestablementcelui d'attroupement ou de groupement d'individus. Maisce sens primitif et très général s'est plus tard restreint etprécisé. Ait àge, on appelle hanse sait une confé-dération, soit une corporation (5). La hanse de Londres,

(4) KOEIINE, op. cit., p. 258, n.(2) Ibid. et MAYER, Verfassunqsgeschiehte, 11, p. 210.(3) ILEGEL, Suidieund Gilden der Cennanisehen Vijiker im jlIittelal-

ter, I, P. 70. A. D0REN, Untersucliungen zut Gescltichie der Keuf-tnannsgilden des Mittelatters, p. 144. TL SoniunLAo, Die ftheinzôlte

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68 ( 6 )la hanse des XVII villes ou la hanse teutonique sont, eneffet, des confédérations de villes, et l'on sait d'autrepart que, depuis le NIP siècle, les termes hanse et gildeprésentent très souvent une acception identique.

Mais, côté du sens ancien et de ses modifications,es textes appliquent encore le mot hanse à un droit oit

à une prestation exigibles des marchands. Le plus ancienexemple à date certaine de cet emploi se rencontre, àma connaissance, dans ta keure primitive de Saint-Omer(4427, 44 avril). Dans l'article 6 de ce précieux docu-ment, le comte Guillaume accorde aux bourgeois

im iIiltelaUer, p. 24. Scnnosnrn, Lehrbuch dey deulsehen Rachis-gesehwhte, 3e édit., p. 634. Le mot hanse apparait certainement avecle sens de corporation marchande en Angleterre, dès le commence-ment du XII' siècle. Le Hanshus mentionné à Beverley entre 4419et 1135 est, en effet, le local d'une gilde, puisque des textes posté-rieurs l'appellent Gilda Mercatoria. Gnoss, l'ue gild ,nerchani, I,p. 406.Dans les l'2ysI3as.,l'acception hanse = gilde Si plus ancienneencore, car les hanseurs dont il est question deux fois dans le Carirede Ief'ruirie de le halle des ducs à Valenciennes CAnlÀux, La frairicde la halle basse de Valenciennes, dans MÉMOIRES DE 1.A SOCIÉTË DES

.&NTIQUAIEES DE FIIAISCE, 4' série, t. VIII (1877), pp. 33, 34, et 40, § 65)ne peuvent être autre chose que les membres d'une gilde étrangère.La première mention qui en est faite dans ce document tombe danssa portion In plus ancienne et doit étre, par conséquent, attribuée auXle siècle. Le chételain Ancelin (Anselme), (lui fl donné son consente-ment aux stipulations de cette partie de la charte, disparaît, en effet,à partir de 1400. 11EGEI,, op. cil., li, p. 446, se trompe certainementen ne faisant porter le consentement du chatelain que sur un seularticle il est évidemment relatif à tout ce qui précède l'articleoù il en est question. Le , reste de la charte n'est pas postérieur auXli' siècle.

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( 7 ) 69que « Quisquis eoriim ad terrain imperatoris pro negotia-

tione sua perexerit, a nemine meorum hansam persolvere

cogatur (1) n. La seconde moitié (lu 1(110 siècle nous

fournit trois exemples analogues. En 1168, Philippe

d'Alsace décide en faveur des habitants de Sandeshovetha

(Nieuport) « Ut consuetudin i quam negotiatores met

haiisam vocant non subjaceant et uhicumque hurgenses

mei eus invenerint, ah eis hansain 11011 exigant (2) n.En 1180 et en 1183, deux autres chartes, rédigées en

termes presque identiques et sans doute dressées, comme

la première, dans la chancellerie du comte (3), accordent

la mème franchise aux hommes de Damnie 4) et de

Biervliet (5). En dehors de la Flandre, il est encore

fait mention dans les Pays-Bas du droit de hanse à

(1) A. Gin y, Histoire de la ville de Saint-Orner, p. 372.(2) \VAnKoEy]c, Piandrisejie Staats- tant flechtsgesc/( hie, II,

Cod. rlipi., n° CLXVIII, P. 91.(3) 11 est incontestable qu'une partie des actes rendus ail nom

de Philippe d'Alsace furent rédigés, non par les destinataires deces actes, mais par des clercs du comte. Ce fait, établi pourdes chartes accordées h (les monastères, a dù être beaucoup plusfréquent pour des documents de contenu juridique et rendus,comme ceux dont il est question ici, en faveur de villes neuves.Voy. li. PInENNE, La chancellerie et les notaires des comtes deFlandre avant te 1111e siicle, dans MÉLANGES JULIEN IlAvEr (Paris,1895), pp. 733 et suivantes.

(4) VABNKOENIG, toc. cil., n' CIV, p. 4.(5) Ibid., n' CCXXIX, P. 209. Il faut noter dans les trois documents

l'identité des termes suivants eonsuetudini quain negoliatoresmoi hansam vacant ».

n

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Valenciennes auXIP siècle (4), à Middelhourgen 4271 (2)et à Malines en 4276 (3).

On a considéré jusqu'ici le droit (le hanse comme unetaxe frappée sur l'exercice du commerce (4) ou, plusexactement, comme une taxe donnant à celui qui l'aacquittée, l'autorisation de se livrer au commerce. Cetteinterprétation, qui semble pourtant ressortir très naturel-Ieinentde l'examen de nos textes, est rejetée par M. Mayer.Suivant lui, par le paiement du droit de hanse, le mar-chand se trouve placé sous la protection spéciale du sou-venin (roi ou prince territorial), entre dans sa fwnilla,dans sa Gesinde, devient son homme presque au mêmetitre qu'un ministcriatis. Dans ce sens, la hanse, au moinsà l'origine, n'est autre chose qu'une espèce de sauf-con-(luit établissant entre celui qui le donne ci celui qui le

(i) Carire de le freine de le halle des ores, § 65, (lins Cwi'iàux,lue. cit « S' aucuns des frères hansèche aucun hanseur au mai'ket[nains que de y s... u Pour la date de ce texte, von, plus haut, P. 6,note.

() Musais, C,root Chanierboek der graven van liolland, L .35&cc Qaicunque duos uncias Ilollandire vel amplius valens de foro adforum attulerit. ex parte orientali dci' Maze vel ex parte occidental!der Zwene terra (ZvevcnLia éd.) Flandrite excepta, debet hanse dena-riu'n. u KIUIT, Historia enitwa Co,iiilatUs Holla,idiae et Zelandiac. II,2e partie, n° CCLXV. p. 788 donne au lieu de Zwevenlia la bonneleçon et remplace les mots cc deliet hanse denarium u par cc (ichethansari u.-

(3) WAI[TERS, De loniqine dci libertés communales. Preuves, p. 235« Si quis burgensis, non confrater dicte guide, tamquam mercatorultra Mosam perrexerit. persovat hansam, videlicet sex solidos etquatuor deuarios colonienses... De omnibus forefactis... exceptadicta hansa que speeiatiter spectat ad dictam guidacu,... nos habebi-mus ,nedietate,n.

(4) ilsoar., Douun, let. rit. --KOEHrŒ. on. cil., pp. 119424.

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( 9 ) 71reçoit, un lien très étroit de sujétion. La hansa et le con-iductus sont des institutions analogues, entraînant toutesdeux les mêmes conséquences.

On voit tout de suite quelle est la portée de cette théo-rie. Par une voie différente, M. Mayer en revient, ensomme, aux idées de Nitzsch. Comme lui, il enlève lesmarchands des Premiers temps du moyenâge au droitpublic pour les placer sous l'autorité privée du prince;comme lui, il les enferme dans un droit spécial et lesfait rentrer dans la farnilia. li reprend ainsi pour soncompte, bien que sous une forme rajeunie, ce système duHofreclil qui, après avoir provoqué durant les dernièresannées de si longues controverses, semblait décidémentabandonné,, et s'il a raison, c'est toute la question del'origine des villes, intimement apparentée, comme onsait, à celle de l'origine même de la population mar-chande, qui est remise en question.

Ce sont lessources flamandes qui fournissentà M. Mayer.la base de son argumentation. Il affirme tout d'abord, ense fondant sur l'article G de la charte de Saint-Orner,que la liansa est payée au comte (1). Puis, par un raisof-Minent subtil, il cherche à établir que cette hansa n'estautre chose que le droit de conductus. Les privilèges de'Philippe d'Alsace pour Nieuport, flamme et liiervlietaffranchissent, en effet, les marchands de ces villes, nonseulement de la hansa, mais aussi du tetoncum et du traits-versum. Or le tarif du tonlieu de Bapaume, le plus impor-tant des péages flamands, ne mentionne de soit côtéque le conduit et le travers. Le conduit ne pouvant être

(f) ZoU, k'aufmannsclzaft muid Maria, p. 461.

t.

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(10)confondu, avec le teloneum, il faut donc qu'il corres-ponde à la hansa (1). Ainsi, /4ansa et conductus sont deuxtermes identiques. Et si l'on se rappelle que le sens pri-mitif de hanse, en gothique comme en anglo-saxon, n'estautre que celui de réunion ou de groupe d'hommes,refusera-t-on d'admettre que le paiement de la hansaconstitue le droit d'entrée dans le groupe des protégés ducomte? c Wenn chie hansa an den Grafen van Flan-dern... (2) gezalt wirci, so muss durch die Zalung derEintritt in eine Schaar (hanse) erfolgen, die dent Grafengehèrt ; die Zalung hedeutet den Eintritt in (lie familiades Crafen van Vlandern und denselben rechtlichenGehalt hat auch der mit liansa gleichbedeutende Geleite,conductus (5).» En voilà déjà beaucoup, mais M. Mayer nepeut se résigner à rien ignorer. Il. a voulu connaître lemontant de la hansa-r.ond actas et il l'a trouvé dans uneprestation de quatre deniers que sa formidable éruditionlui fait découvrir, perçue sur les marchands, dans unefoule de textes de France et d'Allemagne (4). Ainsi, c'estpour le prix modique de quatre deniers que le marchanddevenait membre de la [arnilia coniitis!

Mais le devenait-il vraiment et l'ingénieuse démons-tration de M. Mayer est-elle probante? Je ne le crois pas.

Tout d'abord, rien ne me parait moins prouvé que

(4) ZoU, Kaufnannschaft und Harki, p. 4132.42) M. Maver ajoute ici « oder den Herrn von Mecheln «, mais cette

addition est maLheureuse, car, comme on peut le voir plus haut p. 8,n. 3, le droit de hanse est pavé exclusivement, à Malines, à la gildeet non au seigneur.

(3) Ibid., . 403.(4) Deutsche ami Fra.nzYsi.sehe Verfassungsgesohichte, t. II, ap 204

et suivantes. -

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( 11 ) 75l'identité du conductus et de la itansa. Le premier nousapparaît déjà dans les capitulaires comme la protectionque le comte doit, dans son comté, aux étrangers (advenae)qui le traversent ou qui s'y établissent (1). Ce conductusprimitif, qui n'est évidemment qu'une application spé-ciale des fonctions du comte comme protecteur de lapaix, est absolument gratuit. Il n'en a plus été de mêmelorsque, la féodalité aidant, les comtes se sont attribuéen propre les droit régaliens et se sont trans[brmés enprinces territoriaux. S'ils ont continué, en qualité degardiens de la paix (2), à accorder le conductus aux inar-chands et aux pèlerins, ils ont fait cependant de celui-ciune consuetudo, c'est-à-dire un droit utile, une source derevenus (5). Souvent mène le conductus s'est transforméen une obligation très lourde et très onéreuse, en unevéritable cc exaction ». Tel était, par exemple, le vecti-galia quae con.ductus vocatif que la paix de Heidenzee sup-

(1) « De advenis, qui oppressione Nortmannoruin vel Britannoruinin partes istorum regnorum confugerunt, statueront seniores nostri,ut n nulle rei puhlicae ,ninistro quamdumque violentiam vol oppres-sionem aut exactionem patiantur sed ]ieeat eis conduetum suumquaerere et habere donee aut ipsi redeant ad boa sua aut senioresil]orum cos reoipiarit. n Ce pif. missorum Siloacense, an. 853. NoN.Gsiui. HIST. CAPITU.LÀIuA uscuM FIIÂNCOIUJM, II, P. 273 Cf. EdictumPis! ense, an. 864. IBID., p. 324.

(2) WAITZ, I'erfassungsgeschichto, VI!, P. 130.(3) Iloc iteru,n constituimus, ut neque peregrini neque mereatores

ullo tempore depredentur neqiie capiantur nisi comprobati fuerintredihitionem consuetudinariam retinuisse. Quod si bec fecisse con-victi fuerint, emendationein fadant domino patrie secondant consue-tudineni patrie iltius et non ab ejus [eis] amplius exigatur. Pax inSue.çsionen.çi consUio confliluta an. 1092, éd. M. SDRÀLEK, Wolfen-bûttier Fragmente i Munster, 4891), p. 44E. La rc4ibitio consuetudina-ria dont il est question ici est évidemment le conductus.

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74 ( 12 )prima en 1468, en faveur des marchands flamandstraversant le comté de Hollande (4). Telle était encorela liSe exigée dans le comté de Gueldre pour la conduitedes bateaux appartenant aux gens d'Utrecht (2). Devenuune Justice fiscale, c'est-à-dire un moyen d'exploitation

(t) MrElrrs, Charierboclz, 1, p. 113. En rapprochant te texte de lapaix de lleidenzee des statuts de la gilde de Middelbourg de 1271(voy. plus haut p. 8, n. 21, On pourrait être tenté le croire que lesvecligalia qurre conduclus vocant du premier et le droit de hanse quementionne le second, sont une seule et même chose. Si M. blayeravait connu ces deux documents, il n'eût sans doute pas flanqué deles invoquer h de sa thèse. En effet, en 1163, le conductus estsupprimé pour les Flamands et en 1271, nous apprenons que le droitde hanse se prélève sur les marchands étrangers u terra Flandriaeexcepta». Mais en réalité, il est certainement question de deux espè-ces différentes. Le conductus était payé air comte, la hanse se paie àla gilde. De plus les mots vectigatia quae condnotus vocant prouventbien que le mot: conductus était, à l'exclusion de Lotit autre, le nomtechnique (le I'» exaction » qu'abolit la paix de lleidenzee. Enfin, sion lit a ttenti vement celte dernière, on s'aperçoit que le conduetusqu'elle supprime était perçu seulement dans le comté de Hollande;or les statuts de la gilde de tidde]hourg sont exclusivement relatifs ûla Zélande. Il est très naturel que les marchands flamands aient étéprivilégiés dans cette ville qui obtint, en 1217, sa charte municipaledu comte (te Hollande et de la comtesse de Flandre. MmEnms, 00. cil.,I, P. 170.

(2) MmELus, op. cil., I, P. 118. u Offendicultrun illud in perpetuumremovimmis... scilicet ut raves, quae vulgo liehtscip dieuntur cendu-Cere non eogantur illue venientes nisi volitif, nec etiam ah .ullis nisiaquibus ipsi rlelegerint. « Pour des faits analogues h celui-ci, cf.WAITZ, Verftrs,ungsqcschjc/tte, VIII, p. 346, n. Voy. encore Cronica etCari ut artuuu, muona.stcrjj de Punis, 1, p. 161, n° XXXVI cc Sub nostraproteetiomns timtela suscelmimus et ah muni exactione et consuetudinecoud uctus et tlmelonei libéras esse concessimnus. n Par un étrange ren-versement des choses, le fait d'être pris sous la protection du sei-gneur entraîne ici l'exemption du conductus.

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( 43 ) 75

du commerce au profit du seigneur (1), le conductus futsoit aboli, comme nous le montrent les exemples précé-dents, soit racheté (2). II ne correspondait plus, du reste,aux conditions nouvelles de la vie économique et, d'autrepart, la création d'une administration et d'une policeterritoriales confiées à des agents du prince, salariés etrévocables (baillis), le rendait parfaitement inutile. Làoù il se maintint, il ne fut plus considéré que comme unappendice du tonlieu (5) et la plupart du temps il futmême confondu avec lui (4). Il arrive encore, il est vrai,qu'on le trouve mentionné dans des cliartesduXl1Isiècle,mais il s'est alors complètement transformé. Au lieud'être un droit exigible de tous ceux qui passent par laterre du prince, il n'est plus qu'un privilège accordé parcelui-ci aux individus ou aux groupes d'individus qu'ilprend sous sa protection spéciale (5).

(1) cf. pou,' un phénomène analogue relatif an tonlien, B. PIRENNE,L'origine des constitutions urbaines au moyen âge (Rnv. HIST. , t. LVII,

1895, p 37).

(2) MIRAEUS, O». dipI., 111, p. 34-8: cc .propter majorera scenritatemut [per] ipsos hommes per fora et castella sua eu'» me,-cihus suisconducat libere et tam ipsos qua'» l'es ipsorum uhique tuatur et pro-tegat. . - ci 60-lihrac Valenchenenses ananatim dantur, quae ah homi-nibus dilue persolvamitur praeposlo cOuitis qui ihi vices ejus agit. »

(3) Comme, par exemple, dans le tarif du tonlicu de Bapaume.Voy . Emno'r, Etude historique ,s,tr le,ç relations crnnrnerciales entre laFra.nce et la Flandre au moyen tiqe, pi). 147 et suivantes.

(/) WÀIINKOENIG-GHELDOLF, Histoire de la Flandre. Il, p' 443, n° XX,« pro tl,eoloneo sive conduetu ,, Cf. WÀRNKOEN[G. Plandrisehe Staats-und fleclmtsgeschichte, II, 2e partie, Cod. 41.. '. 97, n' cLxxlv,

(5) Ibid., p. 432, n° X: u Omnes cives de Gandavo.., sub nostramuprotectionem et in nostrum conductum acci pimus » p 43, n o Xl:u vos.. - in nostrum solempnitem' rccipimus conductum. » Add. o'Ilcis-BOMEZ, Histoire des châtelains de Tournai, II, j) 39.

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76 1(14)En voilà assez, me semble-t-il, pour prouver que la

conception que Ni. Mayer se fait du conductus ne corres-pond pas aux données des sources. Le conduclus dérivetrès nettement de la paix territoriale et, loin de faireentrer les marchands d'une région déterminée dans lafarnilia du prince, il est exigible, au contraire, (le tous lesétrangers (ransettutes, qu'ils soient mai'chands, voyageursou pèlerins.

Cette observation suffirait déjà à nous convaincre que,quelle qu'ait été sa nature propre, le droit de conductusne peut être identique au droit de /ia?sa. Ce dernier, eneffet, et sur ce point toutes nos sources sont d'accord,frappe exclusivem ent les marchands (1). Mais il estpossible d'aller plus loin et de démontrer qu'il existe,entre les deux prestations (lui nous occupant, une diffé-rence radicale, il suffit pour cela d'établir que tandis quele conductus, en sa qualité de justice seigneuriale, estperçu par le prince, ce n'est pas le prince qui perçoit lahansa. Qu'il eu ait été ainsi dès la seconde moitié duKilo siècle, c'est ce qu'il est impossible de nier en pré-sence du texte formel des chartes de Nieuport, de Damme,de Riervliet, de Middelbourg et de Malines (2), et c'estce que M. Mayer ne fait pas de difficulté d'admettre.Seulement, à l'en croire, l'état de choses que nous fontconnaître ces documents n'a rien de primitif. S'ils nousmontrent la hausa prélevée par les bourgeois ou par lesgildes marchandes, c'est que le prince s'est dessaisi enleur faveur (le ce droit qu'à l'origine il avait seul le pou-

(1) Voy les nombreux exemples rassemblés par M. MAYER, Deutscheund Franzûsise/ie Verfassungsgeschichte, t. 11. p. 206.( Voy . phis haut, pl). 7, 8.

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(1) 77voir d'exiger (1). Suivons donc l'auteur sur le terrain oùil se place et voyons si, au détjut, la hansa constituaitvraiment une justice comtale

 première vue, l'article 6 de la charte de Saint-Ornerparait favorable à cette thèse (2). Mais il importe de nepas l'isoler de son contexte et d'observer, avant de l'in-terpréter, le style du document dont il fait partie. Ons'aperçoit alors que, partout où le comte affranejit lesbourgeois d'un droit qui lui appartient, il parle à la pre-mière personne, il en fail remise directement en sonnom (5). Dans l'article 6, au contraire, il formule unedéfense adressée à des tiers il interdit à ses hommes,c'est-à-dire à ses sujets, d'exiger la liansa, absolumentcomme Philippe d'Alsace l'interdira aux siens une quaran-taine d'années plus tard dans les privilègesde Nieuport, deflamme et de Biervliet. De ce rapprochement il ressort, cesemble, à l'évidence que, dans le premier document où elleest clairement mentionnée, la hansa apparaît comme undroit étranger au comte et nullement comme une justiceseigneuriale, et qu'il est impossible, dèslors,de l'identifier

(t) MAyitn, loc. eU. Contre cette opinion, cf VANnER LINDr.N, Lesgildes marchandes au moyen âge, p. 27.

(2) Voy. plus haut, P. 7.(3) § 4 « Lihertatem quam antecessorum meorurn temporihus

tiabuenmnt pis concedo. » - § S « Liheros omnes o teioneo faeio...et per totam terrain Flandriae ces Jiheros o sewerp fade, ÀpudBatpalmas teloneum, pâle dant Àtrebntenses, cis constitue, » - § 9« Omnes... o capitali censu et de advocationibus constitue. -- § 12

Communionern suam... perinanere precipio... et omne rectum...ois concedo. » - § 14 e Nonetain meam... ad restaurationemn dam-forum suorum et gilde sue sustentatnentum constitue », etc.

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78 (46)

avec le condnctus (4). Oit encore à la même con-clusion si oit attentivement le texte des trois chartesde Philippe d'Alsace que nous avons si fréquemmentcitées. Peut-ou admettre, en effet, que, dans des docu-ments rédigés dans la chancellerie comble, on ait donnéau droit de conduc(us, ail lien du nom qu'il portaitdaus lalangue officielle, une appellation vulgaire n'ayant coursque chez les marchands (2)?

M. Mayer n'a pas mieux réussi à prouver qu'il fautentendre par hansa ce droit de quatre deniers qui nousapparaît fréquemment au moyeu âge comme levé sur lesmarchands. Tout d'abord, ce droit, étant de nature sei-

() Il suit delà qu'il est également impossible de voir dans la hansaun équivalent (lu ieloneant, ainsi que le fait M. SOMMItuLAD (OS

Rheinzàtle in ftiitlelaitcY p '21), sans d'ailleurs donner les raisons deson opinion.

(2) Voy, plus haut, p.7, n. 3. - Les scribes de Philippe d'Alsacedistinguaient fort bien ic conductns de la han.ça. Cf. outre les chartespour Péeuport, etc., tin acte de Philippe pour llulst où on lit « Sciatisquod burgenses de oppido de, Bulst in conductu heu et protectionesusceperim, et quod eus ah ornuis Iheloneo et consuetudine per mainterrain nieam_ liberos in perpetuuffl demiserim. » WÀnNK0ENIG,

. cil., il , '2° partie, Cod. dipi., p. 200, n° CCXXIV.— A côté du textede la charte de Saint-Orner, M. Maver invoque, pour pi•oflvei- l'origineseigneuriale (le la hansa, un acte de 1181 dans lequel l'archevêque deBrème parle de la hansain que ad nos respectent liabuit » (Deutsche!,nd Franzdsische %'erfussuuqsge.iciticltte, t. II, p. '20W. Mais outre queles ternies employés (respectum habuit) sont fort vagues et indiquenttout simplement un rapport quelconque qui n'implique pas nécessai-rement l'existence d'un droit seigneurial, je ferai observer (lue letexte allégué est de trop basse époque pour pouvoir trancher laquestion des origines lie . ilus, le droit de hunsa n passé très pralin,bleinent. de Flandre en Allemagne (liozuNa, on. cil., p. 81) et cetransfert n'aura pas été sans altérer plus ou moins sa nature primi-tive.

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( 17 ) 79gneuriale, diffère essentiellement de la hansa. De plus,nous savons qu'il s'appelait en Flandre doorpinge ou per-tusage, et les textes qui nous le font connaitre nousapprennent en même temps que les bourgeois des villesen faveur desquelles le droit de hasa avait été aboli n'enétaient pas exempts (4).

linons reste à voir s'il est possible d'établir avec quelqueprécision en quoi consistait en Flandre et dans les régionsvoisines des Pa ys-Bas le droit de hanse. Interrogés sansidée préconçue, les textes nous apprennent que la hanseest une prestation exigée par les marchands d'une villedes marchands étrangers qui fréquentent le marché de

cette ville. Les marchands qui la prélèvent forment unecorporation qui porte elle-même, à côté des noms plusrépandus de gilde ou de carité, le nom

dede hanse (2). Payer

U) WARYKOEN,u-.GE,ELDo, p , Op. oit., II, p. 347. fl° XXI. Rèrjien,eiit dele foire de Alessines, en 1228 u Veniientes nichil dehent solvere pertotas nundinas nisi quatuor denarios qui dieuntur durpenglie volpertusage, exceptis mer-abribus lirugensibus, lirensl;us. Ganden-sibus, Furnensihus, illis de Dixmude, de Erdenborg, de Osthorg. deOudenhorg, (le Greveninghe, (le Audenarde manentil,us intra porteraet hospitale hii solvant duos denarios durpenglie ci per l'os denariosverdirai, ]ibere per tobum terminiirn prenominati mercatores.

(2) Voy. plus haut, p- 6, note. - En principe, la han.ça pouvaitêtre probablement exigée même des marchands non étrangers, s'ilsne faisaient pas partie de la gilde ou hanse. Les statuts de la gilde deSaintOmer (GItOSS,Op. cil., I, pp. 290 et suiv.), en parlant di, marchandqui nappai-Lient pas à la gilde, s'expriment d'une manière générale etsans tenir Compte du lieu d'origine. Mais la question est de faitindifférente; tous les marchands urbains entraient dans la gilde.Agir autrement, c'eût été pour eux se mettre en quelque sorte hors laloi commune. La gilde d'ailleurs, dans certaines villes, fui-çait tousles marchands ù s'affilier àelle. Voyez la carire de le frnirie de lehalle des dms û Valenciennes. -

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80 (18

la hansa, c'est donc payer l'association. Banser un mar-chand étranger, c'est lui faire paver une taxe (1) par l'ac-quittement de laquelle il achète à la gilde l'autorisation(le commercer librement, ait titre que les membresde celle-ci. Cette taxe n'a rien de commun avec une jus-tice seigneuriale. Elle a été établie par la gilde et ellelui appartient exclusivement. En vertu de soit

souveraine, le piince peut interdire de la percevoirsur tel ou tel groupe d'hommes qu'il désigne, mais ilne lui appartient pas (l'en faire la remise comme s'ils'agissait d'un droit fiscal liii appartenant en propre (2).Pour qu'elle cesse, un ordre direct de sa part doit inter-venir. La hansa nous apparait par là comme un usagefort ancien et remontant aux origines encore à demi bar-bares du commerce. Elle date sans doute de l'époque oùles marchands de chaque ville s'unissaient les uns auxautres, par les liens de la plus étroite solidarité, où,réunis en association fraternelle, ils se défendaient mutuel-lement contre l'étranger et ne voyageaient qu'en bandes

(1) Le sens de hansari ressort nettement du rapprochement desdeux textes des statuts de la gilde de Middelbourg. Voyez plus hautp. 8, n. 2. Ilansari = solvere hansae denarium.

() On pourrait définir très justement la hansa comme M. Sohmdéfinit liipôt communal (ungett).perçu dans les villes du moyen âge

einevon Rechtswcgen, nm]ieh von Landrechts, das heisst zugleichvon blientliehen Rechtswegen, niehts geschuldete Somme, cinQSumme welche von Reehtswegen nichts zu zahien, nichts zu geltenwar, eine Steuer welche lediglieh auf Willkiir der Gilde (te Lexie portenaturellement ici der Stadtgemeinde) und ibrer Organe, das heisstnui genossenschaftlichen Vereinsrechts, nicht aber ouf dent Rechthm Rechtssinne ritale . Stàdtische Wirth.schaft im XVjahrhundert.JkIIBBOCHEIt.FÙIt NATIONAt0EKONOMIE UND STÂTISTIE, 1880, p. 260.)

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( 19 ) 81armées (1). Tel est, en effet, l'état de choses que nousrévèlent dès le XI' siècle, les statuts des gildes de Valen-ciennes et de Saint-Orner (2). Mais, à mesure-que lasécurité grandit, (lue les relations entre les villes semultiplièrent, que les transactions commerciales se per-fectionnèrent, que par suite de la division du travailles artisans et les marchands se séparèrent de plus enplus les uns dés autres, la nécessité de l'association et ladéfiance à l'égard de l'étranger diminuèrent également.On cessa de se revêtir d'une cotte de fer pour se rendre auxmarchés extérieurs; on abandonna l'habitude de se réuniren caravanes pour faire le commerce. Les gildes, enm&e temps qu'elles dépouillèrent leur discipline rigideet les obligations étroites qu'elles imposaient à leursmembres, prirent un caractère ploutocratique et rejetèrentimpitoyablement de leur sein les manouvriers, tous ceux« ki ont les ongles bleus » 011 « ki vont criant aval lesrues n. Pour en faire partie, il fallut désormais renoncerh son métier et payer un droit d'entrée très lourd que

dl voy. la cari re de je [raine de le halle des dras (GAFFIAUX, Ioc.Cil.),8, 0, 10, 43, 4t, 4,5, 69.

Le § S dit ic Quiconque ira ou inarkiet sans armures, chest assai-voir sans cotte de fier il sans arcli n xi' sayettes et piles, fi autresprendront de fi le valeur de xii deniers » Par une singulière aberra-tion, on a toujours cru que ce texte imposait aux membres de la gildede Valenciennes l'obligation (le se Pendre en armes au marché de laville. On se demande vainement quel aurait pu être le but d'une sein- -blable pratique. Le marché dont il est question est évidemment unmarché étranger vers lequel les confrères de la tarifé se dirigent entroupe aimée. -- - -

() CFriux, 10c, cil.; GROS, op. cil., 1, - 290. Cf. GonnscuMint,(fa iversalgesehiclue des Ilandelsrechts, l' 117.

2

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8 (20)l'on appela droit de hanse (1) Quant k l'ancienne hansa

perçue sur les étrangers, elle avait cessé d'avoir aucuneutilité. Ce qui cii restait disparut en Flandre au milieudu XIIV siècle (2). En Zélande, où le développementéconomique fut moins rapide, elle se maintint un peuplus longtemps. Mais la mention qui en est faite dans lesstatuts de la gilde de Middelbonrg, en 1271, est la der-mère trace que l'on puisse citer de cette institutionsurannée dans les Pays-Bas.

Il.

LA HANSE DE LONDRES.

On n'a pas assez remarqué combien le nombre ticsgildes marchandes fut considérable, en Flandre, avant leXI1te siècle. Il ne faudrait pas croire qu'il en existât seule-

-ment dans les grandes villes. Chaque localité privilégiéeavait la sienne. Un texte rédigé. peu après 1487 nousforce à admettre qu'on en rencontrait à cette époque dans

(4) Pour ce droit, voyez Plus loin, p. 31.(2) La phrase suivante du privilège accordé en 4253 par la comtesse

Marguerite aux marchands allemands est significative àcet égard:n Quod quivis mercator possit •emerc ah alio ad tlielonea statuta et

)ordinata. WAIINKOENIG, Flandrische Suints- und Ilechtsgescliiehte,li, 2' partie, Cod. dipt, p. 45, n° CXVII. Dans les confirmations duprivilège de Philippe d'Alsace pour Nieuport en 127 et en 1274, iln'est plus fait mention de la hanse, niais seulement du theloneuni et

- du winagium seu traversuni,. WAnNK0ENiG, ibid., p. 96, n° CLXXIII, etp. 97, n' CLXXIV.

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(2f ) 5.tous les u poorten du pàyk, et nous permet par là de croirequ'elles sont presque aussi anciennes que Tes aggloméra-lions de nzcrcalorcs qui donnèrent naissance h la bour-geoisie (1). Aussi bien avons-nous vu plus liant que lesmarchands des premiers siècles du moyen âge ne pou-vaient vivre isolés et que l'association était pour eux unenécessité primordiale.

Plus une gilde était nombreuse, plus elle était forteet plus favorable était par là-même la situation de sesmembres. La violence jouait un rôle considé-rable aux origines (lu commerce, et lorsque les cara-vanes armées des marchands de Bauges, de Valencienneset de Saint-Omer apparaissaient aux marchés, elles s'yfaisaient naturellement la part; du lion, et les groupeschétifs des négociants des villes secondaires ne pouvaientsonger à être traités par elles d'égal à égal (2).L'idée de s'affilier à ces puissantes corporations dutnaître ainsi de très bonne heure, à l'époque où le coin-n'erce était errant et l'insécurité générale, parmi lemembres des petites gildes. Se subordonner à une cor-poration puissante, c'était pour elles le seul moyen, nonseulement d'éviter aux marchés une concurrence désas-

(4) Les statuts latins de la hanse de Londres (voyez plus bas pourleur date) nous apprennent, cri effet, qu'il existait une cariÉes Ougilde dans tailles les villes affiliées l'association. Or celle-ci, outreles quinze villes nominativement citées, en comprenait encore plu-sieurs autres, comme nous l'apprend le § 3. Vo yez plus loin;pJ2$,n.2.

Ci « Si quis gildam non hahens aliquam waram vel corrigia velalind liujusiiiodi taxavet-it et aliquis gildam habens supervenerit, eonolente mereator quod ipse Uixaverat einet. o Statuts de la gilde deSaint-Orner. GRoss, op. cil., I, p. 290.

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84 ( 2)treuse (1), niais aussi de participer aux privilèges dontjouissaient en matière de (milieu les marchands desgrandes villes et de voyager sous leur bannière (2).

'fout ceci n'est pas une hypothèse, mais une certitude.En 1427, la gilde de Saint-Orner ne comprend encoreque les gens qui habitent infra cingulam tille (3). Qua-rante ans plus tard, en 4164-1165, une charte de Philipped'Alsace nous apprend qu'elle renferme également lesmarchands de Gravelines et de la terre de J3ourbourg.Rien plus, l'entrée de ceux-ci dans la gilde de Sainv-Qrner a eu pour résultat l'établissement entre les deuxvilles d'une convention judiciaire. Les bourgeois de cha-cune d'elles ne pourront être cités en matière de dettesque devant les échevins de leur résidence (4).

• (4) Voyez la note 4.(2) Voyez ce qui est dit plus bas du sciidrake dYpres.(3) « Omnes (lui gildani eoru,n habent et ad illam pertinent et infra

cingulam ville sue initient, liberos omnes n telcneo facio ad portumDicliesmude et Graveningis et per totam terrain Flandriae eus liberosn sewerp facio. Apud Batpalrnas teloneurn, quale dant Atrebatensesci,, donstituo. » Charte de Saint-Orner, § 5. Guty , op. cil., p. 3792.

(4) « Si forte Audoinarenses et Furburgenses ghildam habentes,Graveningis super ahquam mercaturam venerint communiterque(cf. ait le texte de la note 2, p 24) eam emerint, Audoma-renses dune partes habeant, Burhnrgenses terciam, Scabini vero denova but-go Graveningis, qui justicie mcc conservande ibidem curantgerunt, illius mercaturc participes fiant, etiam absentes, si inlerimnegocio mco iniplicit, fuerint. - Insuper ita distinctum est ne Audo-marenses de debito vel pecuniali re Greveningis alicui respondenntaut respondere cogantur douce, coruni judex conquerentibus apudSanetuni-Audeniaruni justiciam faeere recusaverit, nisi forte egcessuscriminosus inihi manifestus fiat qui statue ibidem puniri deheat. Sicnec ïl!i de Grave.ningis vel Burburgenses apud Sanctum-Audoma-l'uni alicui respondeant nisi eo modo quo Audomarenses Graveningisrespondennt. n Gutv, op. cit., p. 388.

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( 23 ) 85C?, qui nous apparai t très clai rement à Saint-Orner

existait également à Gand à la même époque. Ici, il estvrai, les textes ne nous fournissent pas (le détails précis.Mais lorsque Baudouin de Constintinopic, en 1199,défend aux Gantois de faire désormais entier dans leurhanse d'autres hommes que ceux de leur ville et que leshabitants du territoire du vieux bourg, il vise certaine-ment une organisation analogue à celle que nous venonsde décrire (I). Il importe de relever dans la charte deBaudouin le nom (le tiansa qu'elle donne à l'associationmarchande. C'est un exemple intéressant de l'emploi deplus en puis fréquent, à partir du Xi l e siècle, (lu mot hansepour désigner la réunion de Plusieurs gildes locales eu unseul corps. De leur côté, les Iwn.seurs mentionnés dans lesstatuts de la frairie !e la halle des draps de Valenciennessont bien certaineinentles membres dune association sem-blable à celle dont Saint-Orner et Gand étaient les chefs.Si le' texte avait visé par ce terme les marchands d'unegilde urbaine, il y eût sans doute ajouté un nom de ville.

Ainsi, dès le milieu du XIP siècle, les gildes des granr(les villes flamandes ont pour ainsi (lire débordé au delàde l'enceinte des murailles elles sont devenues le centred'une association de gildes voisines, et cette associationporte le nom de hanse. Ce phénomène nous apparait toutd'abord à Saint-Orner et à Gand, mais c'est à Brugesqu'il se présente sous sa forme la plus complète. La hanse

(O « liii de Gandavo neminem deberiL traliere ad transani suainquaru illos (lui marient infra quatuor portas de Gandavo et €05 quipertinent ad castrum comilis. Il WAnNK0ENIG-GLIEInozr; op. oit., III,

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D

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86de Londres n'est en effet, comme MM. Kochne et Van-der Linden t'ont très justement observé, qu'une exten-sion de la gilde de Bruges.

Les textes qui nous font èonnaitre l'organisation de lahanse de Londres sont au nombre de deux. Le premier,rédigé en latin, est une sorte de record des Yprois sur lesusages de l'association; l'autre, écrit en français, maistraduit fort probablement d'un texte latin, émane (leséchevins de Bruges et possède par conséquent un carac-tère officiel (1). Tous deux nous ont été conservés encopies aux archives municipales de Lille. Ni l'un ni

(1) BRUN-LAVAINNE. qui a découvert le texte français, l'a publié en1829 dans les Archives htstoriqrt&s et liildraircs dit nord tic la. Fronceet dit midi de la Belgique, I, pp. 182 et suiv., puis dans son éditiondu Livre IJoisirz, tille, 1842, p. 151. Warukoen\g n trouvé le textelatin et l'a inséré avec le texte français dans sa !"landrisehc Staa!s-aM ltechtsgeschichte, I, Cati, tipi.. pp. Si et 5111v,, 0°' XXXIX CL XI,.Dans la traduction de cet ouvrage par GHxr,Dohv, ils figurent ait Ilpp. 506 et suiv., n' XXXIV. J. DE COUSSEMAKER les u reproduits dansses Dai,uruents inédits relatip i la ville de JJr g illeut en Elarilre, t. 1,p. 23, n' XX. Je ne sais pourquoi il leur donne pour date 1278 et lesintitule cc Statuts de l'a hanse flamande dite (le Londres, aceorks etratifiés par Pdouard Ir, roi d'Angleterre. o Le texte des statuts latinsdoit être corrigé en deux endroits

§ 2. Au lieu de « si hujus mcdi hommes inventi firerint ultramenserfl vol in A nglia o, le manuscrit porte cc si, oie., ultra Aîertsamvel in Arrglia o. Voyez VANdErr l,INDEN, op. cil., p. 28, n.2,

4. Au lieu de « et quicumquo hoc deinfregerit union -facit e, ilfaut lire « et quicurnque, etc., viii facit ». WarnLoenig avait . conjec-turé foreÇait qui donne un sens admissible, mais est paléographique-ment impossible... ...

Il faut faire observer encore qu'au 2 du texte, français,a imprimé par erreur D.unuie usa lieu de.'Lu filas (Sainte--Amine-ter-'.;Muyden). . ...

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l'autre ne sont datés. Si les deux textes présentent pourle fond une grande analogie, il est pourtant inexact dedire que le second constitue à peu (le chose près larépétition (lu premier (1). Dans le texte latin, on trouvele nom de quinze villes faisant partie de la confédé-ration (e), tandis qu'elles sont au nombre de douzedansle texte français. De plus, l'organisation de la hansen'est pas identique dans l'un et dans l'autre.

Le texte latin est sans contredit le plus ancien dSdeux. A l'époque oit il n été écrit, la hanse se trouvait:encore en pleine vigueur. On relève au contraire dans letexte français des symptômes irrécusables de décadence.Tout d'abord le nombre des villes alliées a diminué.Mais surtout, et ceci est décisif, les échevins de Bruges,pour empêcher sans doute des défections menaçantes,offrent de renoncer à percevoir, comme ils le faisaientjadis, tout le profit de la hanse et proposent la créationd'une caisse commune sous le contrôle de celle-ci (5).

• (I) BRUN-LM'AINNE. Livre Roïsin, p. 151.-- (2) Elle en comprenait d'ailleurs un plus grand nombre, car, après

avoir cité les quinze villes., le texte 3) mentionne encore ((clatiesaliac viline quac ad hansam nostram pertinent in quibus singulisseptirnanis forum conventuale teneLur » et leur reconnait le droitd'avoir chacune un délégué dans le comité de l'association.

(3) § 10 t Or sacies signenrs ki estes compaignon de la hanse, konus salions avoir par droit tout le profit de la hanse Con gaagna àBruges; mais pour votre amitié et pour efforcier le comun de lahanse, volons doreenavant, se il vous samble bon, con face une huge

trois clos, etiont ke il venra de la hanse Le li quens de la hanse etli eseikirake voisent avoetkes lAoù on metera cet avoir en la huge,et con n'en este male 005e se le ne sniVpour !epi-eu don camion etpar comma conse!.

ma

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88H (26)

-:Dans son état actuel, il est impossible de reporter

la rédaction du texte latin au delà de l'année 1187.

Il lions apprend, en effet, que seules pouvaient fairepartie de la hanse les villes qui possédaient tin

marché de semaine. Or c'est seulement en 1487 que

Poperinglie, qu'il menlionne parmi les membres dela corporation, reçut de Philippe d'Alsace la concession

d'un forum seMa feria in ebdornafe semper tenendum (1).

Quant au texte français, il est postérieur à 1t241, puisqu'il

cite Sainte-Anne-ter-Muydeu parmi les villes de lahanse (2).

Quoi qu'il en soit d'ailleurs, l'origine de la hanse de

Londres -remonte incontestablement plus haut que 1187.li suffit pour le prouver de rappeler que le texte latin

n'est que la consignation des coutumes en vigueur dansla corporation (3). Dès lors, il n'est pas téméraire de

croire que sous le nom de hanseurs, ce sont les membres

1) WÀiu4KoEzeG,0p.cit.,I1, 2'partie, Co'J.dipL,p. i05,nOCLXXXIII.M. K0EUNE, op. ciL, p. 233, place la rédaction des statuts latins avant1487 parce qu'ils mentionnent comme membre de la hanse Tournai,qui, à partir de 1187, aurait cessé de faire partie du comté de Flan-tire. Comme cette ville est mentionnée aussi dans les statuts français,il est tenté de faire remonter ces derniers à la même époque.Mais 1° bien que Tournai ait été au XIII siècle en rapports très intimesavec la Flandre, elle n'a jamais fait partie de, cc pays, et 2' la présencedu nom de Poperinghie dans les statuts latins nous force à descendreplus bas que 1487.

(2) Sainte-Anne-ter-Muydcn reçut en effet en 1241 des franchisesmunicipales. WÀltNKoEuG, op. cil., Il, 2e partie; Cod. dipL, p. 60,n° CL. Voy ez VANnER LINDESN, op. oit., P. 31.

(3) Voyez plus haut, p. 24.

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(.27) 89de celle-ci que désignent, à la fin (lu XI' siècle, lesstatuts de la gilde de Valenciennes.

La hanse de Londres doit être considérée, ainsi que jel'ai déjà dit, comme un agrandissement de la hansede Bruges ou, plus exactement, comme une fédéra-lion de gildes urbaines sous la présidence de celle deBruges. il est facile de s'en convaincre si l'on observe10 qu'ail Xll0 siècle elle porte le nom (le humaBru gensis ou Flandrensis (1); 20 qu'elle ne peut être

gagnée n qu'à Bruges ou en Angleterre (2); 30 queBruges fournit le hansgraf (cornes hanse, quens de lehanse) (3) et possède dans le conseil de la corporation desreprésentants beaucoup plus nombreux que ceux qu'yenvoient les autres villes (4); 40 que les échevins deBruges perçoivent tout le revenu de la hanse (5); 5° enfin

s(1) « Nolum sit omnibus presentibus et futuris quod sécundum

quod ratio videtur illis d'Yppra, liansa F'landrensis, llrugensis scilicetet illorum qui ad hansam illa]n pertinent, stare debet hoc modo. nPréambule du lexie latin de statuts.

(2) Le texte latin des statuts ne mentionne pas Bruges. il dit seule-ment § S : u Nemo hansam suam lucrari potest nisi apud Londoniumvel apud Winchester xci apud Sanctum-Yvoriein. xci in portu Angliacvol in portu Scothine ubi potest lucrari. n Mais il faut se souvenirqu'il appelle d'autre part la hanse (le Londres « l]ansa Brugensis(Voyez note précédente.) Il y n très probablement une lacune dans lepassageci-dessus. Le texte français, § I, dit « - con doit par droict cestehanse waegner en Engletière ou à Bruges ».

3 Statuts latins, § 3 « Cornes hansae sit de Brugis. n Statuts.français, § I : « On ne peut en nul liu sir àle hanse s'il n'a home deBruges ki soit quens de le hanse. »

(4) Voy. plus bas, p. 33, note.tSi Voy. plus haut, p. 25, n. 3.

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90 (28)

qu'une partie considérable des villes hanséatiques sontsituées dans les environs de Bruges. Ce sont

Texte latin des statuts

Ardenbourg.Oudenbourg.OosLbourg.flamme.Thourout.

Texte français des statuts.

ArdcnhourgOudenbourg.Oo.stbourg.Ysendike.Sainte•A aae-tei-Muyden.

• Les villes en question ont très probablement constituéle noyau primitif de la hanse brugeoise. Mais (le bonneheure une hanse yproise est venue s'y adjoindre. Elle secomposait des localités suivantes

Texte latin des statutsTexte [tançais des statuts,

Ypres. Ypres.Dixinude. Dixmude.Furnes. Fumes.

Bergues.Bailleul.Poperinghe.

• C'est sans doute à l'importance du contingent qu'elleapporta à l'association qu'Ypres dut le privilège de luifournir le sciidrake, placé immédiatement à côté du hans-qraf(J).

En dehors des hanses brugeoise et yproise, la hansede Londres comprenait encore, à l'époque de la rédaction

(j Statuts latins, § 3 « liii de Ypprfl debent cliPre et habere s eit-draca. o Statuts français, § 2 « Li sciidrake doit éstre d'Ypre. »

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(29) &JJ

des statuts latins, trois villes wallonnes Tourbai, Lilleet Orchies.

Ainsi constituée, elle était loin, on ' voit, 'derenfermer toutes les villes marchandes dé Flandre et demériter le titre de ilansa /landrensis qui lui est donnéau Xllo siècle. Ni Saint-Orner, ni Gand, ni Douai n'y figu-raient. Cet état de choses s'explique facilement pour lesdeux premières de ces villes, puisqu'il a été constaté plushaut qu'elles possédaient sous le règne de la maisond'Alsace leurs hanses particulières (1). Peut-être enétait-il également ainsi de Douai, bien que les sources nenous fournissent aucun reuseignement.à cet égard.

Telle qu'elle nous apparait d'après ses statuts, la hanseçlont Bruges était le chef avait essentiellement pour butl'organisation des relations commerciales de ses membresavec l'Angleterre et de là vient le nom de hanse de Lon-dres qu'elle reçut au XllIe siècle et sous lequel on l'adésignée depuis lors. Il est certain toutefois qu'elle n'eut.pas dès l'origine cette destination particulière. Grâce auxprogrès de l'activité économique, il est arrivé fréquem-ment au moyen ûge que des associations marchandescréées pour l'aire le commerce en général se sont à lalongue spécialisées. C'est ainsi, par exemple, que lagilde primitive de Saint-Orner s'est tranfomée, auXIII' siècle, en une société de négociants trafiquant enAngleterre, en Écosse, en Irlande et au delà de laSômme (2), et peut-ètre est-ce par, une évolution sein-

(1) Voy plus haut, p. 22, .23.(2) Cmv, op. cil., p. 413, n a XLIV « Sachent tout chU hi saut et ki:

à venir sont que li anchisour de,Saint-Onier ont establi, pour leIranchise et pour le honeur 'les narcheans, une confrarie ke on

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92 ( 30 )blable qu'il fautexp[iquerà Utreclitl'existence de la hansedes Mercatores Wieni (1), et à Lute celle de la compagniedes marchands de la Mille (2). En tout cas, pour la hanse(le Londres, le doute n'est pas possible. Le texte latin desstatuts prévoit encore le cas où les marchands se trouve-ront ait tic la suer ou au delà de la Meuse (3) : c'estseulement dans le français qu'il n'est plus questionque de l'Angleterre.

En combinant les renseignements fournis par les cieuxrédactions des statuts, on peut décrire assez exactementl'organisation de la hanse (le Londres ait et auXllle siècle. Le trait le plus saillant de ctte organisation,c'est un caractère très marqué d'exclusivisme et qui révèleait coup d'oeil un état de choses bien postérieurà celui que nous font connaître les règlements anciensdes gildes de Valenciennes ou de Saint-Omer. Au lieude s'ouvrir comme celle-ci à tous les incrcalore.ç, la hansede Londres se limite étroitement aux grands marchands.Il faut être riche pour pouvoir en faire partie, et je diraisvolontiers, s'il n'était dangereux d'appliquer ce mot troplégèrement aux choses du moyen âge, qu'elle forme unsyndicat de capitalistes.

Ce caractère de la hanse s'explique d'ailleurs par l'évo-lution qui s'est accomplie dans les différentes villes

apele hanse, en tele manière ke nus marcheans ne doit marcheanderen Engieterse, en Escoclie ne en Irlande ne de la Somme se il n'a sehanse. »

(fi La hanse tics filerca fores Itheni est mentionnée à Utrecht en 1233eten 1 901. OvEnvoonuE et JoosrINn. De gilden van Utrec/sL, I, p. xv.n. 6.

(2)IltuiN-LAVAINNE, Livre Raisin, p. 252.(3) Voy. P. 31, n. 4.

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(31) 93qu'elle renferme et qui a eu pour résultat, dans chacuned'elles, de fermer la gilde aux artisans. il est, en effet,impossible de s'affilier directement à la hanse. Elle serecrute exclusivement parmi les membres des gildes(cariultes, cavités) locales. Or les gens de métier qui vou-draient entrer dans celles-ci doivent avoir renoncé à leurProfession depuis mi an et payer en outre le prix énormed'on marc d'or, conditions qui équivalent à une exclu-sion complète (1). En revanche, les frères des gildesobtiennent facilement leur affiliation à la hanse. La taxequ'ils ont à acquitter de ce chef est fixée à 5 sous s'ilssont ieburdeqh ou legithni, c'est-à-dire si leur père a déjàpossédé sa hanse de Londres, à 50 sous dans le cas con-traire. A cette taxe, il faut ajouter une prestation de troisdeniers que se partageaient primitivement le hansgra[ etle scildrakc (2). Le montant des taxes était perçu par leséchevins de Bruges, qui en disposaient à leur guise (5).

A la tête de la hanse se trouvent le hansgra[ (cornes

(1) Statuts latins, § 2 Si bujusmodi honlines inventi fuerintultra Meusam (mensem éd.) vol in Anglia vol alibi obi libertas istatenetur enlisa negociandi, perdent omnia quae ibi habehunt, nisi perannum et diem officiis suis renunciaverint coram scabinis villaesoue infra vil]a]u suant legitime et legitimum testirnonium per litterasvi]lne suae patentes obtulerint quod earliateni simm liabeant, quamcaritatem folIo modo habere possunt nisi prias dederint unam mar-eam suri vol tantum plus quantum plus seabinis et consilio villaesuae honora viswn fuerit. n Cf. Statuts français, § 5.

(2) Statuts latins, § 2; Statuts français, 4. Dans le texte françàis,les cinq sous appartiennent au /sansgraf et les trois deniers setagent entre le sciidrake et le clerc. Le droit de cinq sous se retrouveCologne pour l'admission dans la hanse. IC0PPMANN, I!anscrecasse, etc.;p. xxvii.

(3) Voy. plus haut, p. 25, n. 3

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94 ( 32 )kansae, quens - de ta hanse) et iè sciidralce; Les sÙitul.sfrançais mentionnent, de plus un clerc (t), sur les fonc-lions duquel nous ne sommes pas renseignés. Je'revien.drai plus loin sur l'origine du /iansqra[. Quant au scit-dralce ou porte-étendard, il nous ramène évidemmentl'époque oit commerce se faisait par caravanes. Lehansgraf devait être bourgeois de Bruges, le sciidrakebourgeois d'Ypres.

Si le sciidraice en titre était absent, les villes (le Dix-mude, d'Ardenbourg et de Lille avaient le droit (i.e luisubstituer tili remplaçant (2). A côté du hansqraf et (luscildr&ce se réunissait une commission (l'inventores oud'arbitres, mots qui traduisent exactement, commeM. Koehne l'a très justement remarqué (5), le termeflamand de vinders. Le nombre total des arbitres et leurrépartition entre les villes diffèrent dans le texte latin etdans le texte français des statuts, sans qu'il 'soit possiblede se rendre compte des motifs de cette divergence (4).Le hansgraf, le sciidrake et les vinders exerçaient certai-uSent l'administration et la juridiction de la hanse.Mal lieu reusejnent, nos sources ne nous fournissent à cetégard presque aucun renseignement. Elles nous appren-

(1) Statuts français, § i.(2) Statuts latins, § 3 n Oportet quod cornes hansae sit de Brugis...

et 1111 de Yppra debent eligere et habere scildraca. » Cf. Statuts fan-çais,l1et2

3) Statuts latins, § 3 n Si nullus de Yppra lU esset, iili deDixinuda debent esse sciidraca... et si liii de Dixmuda non essent inpleno jure hansae debent esse sciidraca ilhi dc Erdenborgh_ et si 1111de Edenhorgti non fuerint presenLes, debent esse sei!drain liii dInsola. » Ces stipulations manquent dans les statuts français.

(4) 0». cil., p. 22.

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(33)

.rien[ toutefois que si des biens appartenant à un confrèreavaient éJé trouvés en Angleterre, le sciidrake devait lesprendre sous sa sauvegarde et les présenter aux pro-chaines foires de Flandre devant des délégués des villes4e Bruges, d'Ypres, de Dixmude, d'Ardenbourg et deLille, qui en appliquaient la valeur au profil de lahanse (1). Nous, savons encore que si un confrère avaitété trompé par lin Anglais, il était interdit, sous peine deperdre la hanse, d'avoir compagnie avec ce dernier (s).Enfin, si quelqu'un était accusé de faire illégalementpartie de la hanse, il devait promettre sous caution d'éta-blir son droit par témoins à l'une des trois prochainesfoires de Flandre, devant un jury composé de bourgeois

(1) t.cs vinders sont répartis comme suit dans les deux textes:

Statuts latins

Bruges ......... SYpres .......... 4Dix,nude ......... 2Ardenhoura ....... . .7

1.111e ........... 2Oudenhourg ........ IOosîltourg ........ Iflamuic ......... ITliourout ......... 1Beries ......... 4Furnes ......... 4Tournai ......... IOrcliies ......... IBaillent .......... IJoperinglie ........ I

(2j Si,atatts latins, § S.

Statuts frança (t.

Ypres ..........4Tournai ......Lille..........Oreliies ........Fumes

Dixmude .........q

Àrdenhourg ........3

Oudenboarg ........2oosttsourgIscaidite .........8*1 ntc-Aunc'tcr- Muyden.Bruges autant COUS tout li autres',

c'est-t-dire .......18

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96 ( 34 )

de Bruges, d'Ypres, de Dixmude, d'Ardenhourg et deLille. S'il ne parvenait, pas à faire la preuve exigée, sa.caution était confisquée et les pIèges qui avaient répondupolir lui perdaient leur hanse (1).

La hanse de Londres n'était pas seulement une asso-ciation de gildes locale. Comme il arriva plus Lard pourla hanse teutonique, le lien qu'elle établissait entre lesmarchands se transforma (le bonne heure en véri'table fédération des villes auxquelles ils appartenaient.Il était impossible qu'il en fût autrement. On sait, eneffet, que c'est parmi les membres des gildes que leséchevinages flamands se recrutèrent dès le XIP siècle.L'association des gildes amena ainsi fatalèrnent l'associa-tion des échevinages et par là même celle des villes. Depersonnelle, la hanse devint territoriale. Comme on l'aconstaté plus haut pour Saint-Orner et Gravelines, leslocalités qui en faisaient partie formèrent entre elles'une convention judiciaire, d'après laquelle toute plaintecontre un membre de la hanse devait être portée toutd'abord devant les juges naturels de celui-ci, c'est-à-diredevant les échevins de la ville qu'il habitait (3). Les sta-tuts latins permettent très libéralement à tontes les villesqui possèdent un marché de semaine de jouir des privi-

(1) Statuts français, § 6.(2) Statuts latins, § 6.(3) Statuts latins, § 4 « Scienduin antem quod de omnibus

oppidis vel vil]is ad hansam nostram pertinentibus, ncmo de Jurealiurn potesi convenire vel arrestare, nisi prius in proprio oppido suojusticiain facere denegaverit; et quicumque lice deinfringerit vira(ununi éd.) facit et ipse debet eum acquitare de omni eusto et damnoqucd exinde habuerit. » Cf. Statuts français, S.

I

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( 35 ) .97lèges de cette convention (1). Les statuts français larestreignent aux douze localités qu'ils mentionnent et laplacent, pour plus de sûreté, sous la protection ducomte (2).

Ceite intervention du comte doit nous arrêter quelquetemps. Bien qu'elle ne soit mentionnée que dans un seulpassage des statuts français, M. Koehne lui accorde, eneffet une importance essentielle: il cherche à prouverque la hanse de Londres a été mise dès le début sous lepouvoir direct du comte, que le hansgraf est un officiercomtal, et que les u eschevins de le (leste u cités dansl'ordonnance de Marguerite de Constantinople sur lesfoires de Flandre, se recrutaient, au moins en partie, parmiles membres de la hanse (5).

Comme M. Vander Linden l'a déjà fait observer (4),les conclusions de M. Koehne, sur ce point, sont inad-missibles. Tout d'abord il est évident que, dans t'ordon-nance de Marguerite, les « eschevi'ns de le reste u sonttout simplement les échevins de 'la localité dans laquellela foire a été tenue (5). M. Koehne les considère à tort

(I) Les statuts latins, 3, après avoir cité le nom des quinze villesqui font partie de la hanse, parlent cri effet des s centres aIme villaequac ad harisam nostraru pertinent in quibus singulis septinianisforum conventuale tenetur ».

(2) Statuts français, § S: «Xi contre, çou ferait, il seroit en for-fait de force enviers le conte et enviers celui (celui qu'il aurait faitarrêter en dehors de sa ville) et si le doit cius aquiter de tous cous.Force c'est Yi livres, ni livres au conte et rit livres à celui cui on aforfait. s

(3) Op. cil., pp. 232 et suiv.(4) Les gildes marchandes dans tes Pays-Bas, p. 30.(fl) c. Li maretians À cui on devera le debte doit faire se debte con-

noislrc par les Schevins de le fieste Li où li avoirs lu vendus; et3

A

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98. (.56)comme identiques aux cinq prudhommes chargés « derewarder tes hosteus dont chil qui venront as fiestes arontihestier ». Ces cinq prudhommes sont établis, commenous l'apprend le texte, par Gand, Bruges, Ypres, Lilleet Douai (1). On doit les considérer comme une commis-sion spéciale nommée par les « échevins de Flandre ».Entre eux et les vinders de Bruges, d'Ypres, de Dixmude,d'Ardenheurg et de Lille qui nous apparaissent dans letexte latin des statuts de la hanse de Londres et quisemblent d'ailleurs avoir disparu au XIIP siècle, car ilsne sont plus mentionnés dans le texte français, il existeune différence radicale. Ils s'opposent les uns aux autresnon seulement par le mode de leur nomination, maisaussi par la nature de leur compétence, celle des premierss'étendant aux marchands étrangers, celte des seconds serestreignant seulement aux membres de la hanse deLondres.

Si les vinders de la hanse ne possèdent aucun pouvoirpublic, le Iiansgraf n'est pis davantage, un fonctionnairedu prince. M. Xoehne avoue d'ailleurs qu'il est impos-sible (le trouver dans les textes flamands ta preuve directéde son origine comtale. Mais il a recours à l'analogie pour

chou que li esehevin en connisteronL et tiesmoigneront doit y estreterri, ne ne se pet chius aidier de le ioy de le ville où il seraarriestés, ne d'autre par qiioy li coniiissanehe des esehevins de lefieste ne soit tenue. » Livre Rotsin, P. 159. WARNKOENIG, Op. cil.,!,Cod. dipi., p. 80. (Ratification de l'ordonnance de Marguerite parGui de Dampierre)

(1) Ibidem. La ratification de l'ordonnance de Marguerite par Gui deDampierre ne cite à ce propos que Bruges, Gand, Lille et Douai.L'omission d'Ypres s'explique par une simple faute du copiste,car nous n'avons plus l'expédition originale de l'acte. Ainsi tombentles conséquences que M. Koehne croit pouvoir en tirer.

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.(37 ) 99étayer son opinion et, comme il constate que les hans-grafend'Allemague ont été fort souvent des fonctionnairesseigneuriaux, il croit pouvoir admettre qu'ils présentent.,en Flandre, le même caractère. Cette manière de voir esterronée. En réalité, le hansqraf de la hanse de Londresest tout simplement le chef d'une association autonome.Comme les doyens et les oudernzannen des gildesbrabançonnes, comme le cornes rnercalorurn de Saint-Trond (1), comme le maïeur des marchands de Saint-Orner (2), c'est uniquement de la corporation qu'il pré-side qu'il lient l'autorité qu'il exerce. Je • ne m'arrêteraipas à faire ohserverque s'il avait été institué par le comte,il serait fort étrange que les deux rédactions des statutsde la hanse de Londres gardent sur ce point le silence leplus complet. Je puis apporter, en effet, une preuveformelle à l'appui de ma thèse. Je l'emprunte à un textequi, inséré dans une collection peu répandue, a échappéaux consciencieuses recherches (le M l{oehne je veuxdire aux keures de la draperie d'Autlenarde (3). Ces heures,

(1) VAMJEII LINDEN, Op. cil., p. 80. Add. STRÂVEN, Inventaire desarchives de la ville de Suint-T,-ond, 1, p. 130.

(2) Guty, Op. cil., p.0.(3) Elles sont impriindes dans L. VAN LEEDERGnE et J. ItONSSE.

Avdennerdschc iilenqelinycn (Audenarde, 185;, t. I, pp. 345 et suiv.Je reproduis ici in extenso les passages relatifs aux heinsgraven

P. 353 « Ende es aise dat hi (decoe)?ian) fiai glieteckent laken ver-coept in eenceh van dcii foren van Yprc, van l3rugglic, van Tiiorout,van Itiselle, van floornekc, van Meessine ofte binnen der poert vanAwlennoerile, cade (fat teekin den coernan fieL S toeclit dien hytvereoept dac'r ter stede, verbucrde 3 lib.; onde (fat moel In loeglienden iieinsgraven cf ecnech van den zeghelleers ofte warderers, opdat Iii se daer vint dat hi den coernan dat teekin o(te teekine ghe-toccht heel t ende de faute don coernan segghen warornrne het ghetee-kent ware; code ne vonde hise daer niet, sa moesie hi binnen den

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100 ( 38 )rédigées au XIYe siècle, mais qui 0m conservé de nom-breux vestiges d'usages très anciens, nous fournissent surles heinsgraven de la ville des détails relativement aboli-

vin daglien naer dot tri thuas comen ware, loeglien ver do varderèi'sdot lu die teekene den coeman ghetoecht l'aride dien hi de lakontevercocht liadde onde de faute gliescit wderomme zij gheteekent%varen, op de selve mesdaet van 3 ]ib. »

P. 357-353 : « Voert dot niemon laken ne striko op de halle metburste!en no mot cordon ter t yt dot de coopliede op tic halle zijn, noin jaermaereten in don tyt dat mea in de camero toeeht daer diecoetuanne in zijn, op de boete van 5sehel. Ende die boeten zijn doheinsgraven machtecli te hinne op seheens toech dit verbuert. »

P. 358 c Voert ware dot zake dot twist gheviele in jaermaerctéhdaer schepenen met vor oeghen en waren, sa moesten de hoinsgravehrifle deen van liemiieden die van sehepenen weghe ghemaect ziji,vrede (verde éd.) nemen ghelijc schepenen, onde 'vaert dot menhemiieden vrede (verde éd.) ontseide onde sine hiessehen also zijschuldegli waren te heeschene onde diene daer boven ontseide ver-bue'-de 40 lib. Ende de hoinsgraven moeten die kermesse van dienvrede (verde éd. hringghen ourler schepene hirinen den derdendaghc naer dien dot si eomen zijn binnen der poert. »

Ibid. « Voert van scheldinghen ofie van worden daer no siacli IIO

steke gliegheven es, dit de heinsçraven vorseit machteeh zijn pa ys ternakenne op don ghonen sinon toeeh te verbiedenno dies met doenenwilde, loter tijt dot hijt gliedaen lieeft onde toegdi daer boven, hiverhuerde 3 1W. »

Ibid. « Voert so zijn d'hcinsgraven vorseit machtech in jàer-mnereten onde op d'lialie elken juan die ongliecaveit es, stedo tewisenne daer hi sine lakenne setten sol daer [le pile nederst zijnonde dat zelen de heinsgraven doen daer sijt vinden tharen hestennysemente; onde dit ne mach hemiieden niejuen ontsegghen o!) dehoete van 5 selle).; onde dit moet sijn aisi aile gliecaveit zijn. »Ibid. Voert ware dot zake dot don wardorers prolijt dochte rifle

dot hein hiemen beelaogde ver de warderers dot de eoerde daermcdedot mea de lakenno coert, te cort .ofte te loue waro, ofte dot menteecneghe faute an vonde, onde dot den warderers doehte datler hiernenin bedroghen •mo ghte zijn, su verbuerde de ghene dies de coerdewaro daer mon faute an voiden 20 sehel. onde 40 daghe zijn ambacht..

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( 59 ) 101dams. Elles nous montrent très clairement dans ces pci-sonnages des magistrats municipaux institués par Vécue-village (mais très probablement par la Comannengulde hl'origine) (1) et auxquels étaient confiées, pendant la duréedes I&res, la surveillance et la juridiction des marchandsurbains et spécialement des drapiers. I.'aialogie entreles fonctions des heinsgraven d'Audenarde et celles duItansgraf de la hanse de Londres est frappante. Les pre-miers comme les seconds sont les juges naturels de l'as-sociation marchande; ceux-ci accompagnent les mar-chands d'Audenarde aux différents marchés où ils serendent ensernble(2), comme celui-là préside en Angle-

Ende al dierghelike sa moghense d'lieinsgraven varderen in de jaer-Inaercteii. »P. « Vaer't mare alsoc dot ]Ienl lueinen die de lakenne coert

beclaegde vol- de warderers ofte ver de heinsgraven in de'jaerinaerc-ten dat liemiieden liiemen hues' eoerdeehelt onthilde, so soude «sendcii ghencn sijnen toech verbieden toler tt (lit Iii scoerders fle-moede hiddc, entie die daer hoven toegcle. verbuerde 3 lib.

Ibid. « Voert in alleu jacrrnaercten dat die heinsgraven zelen -moeten guen in elke enicere doer de lakenne van der poert in staenericic liensiieclen verrnannen code segalieri tint si die van diere came-ren uten giiemeenen consente van diere caineren, ecoen man neinenvan diere ea'neren, cade alsoc voert ute elker cameren, ende dat diezelen gaen indien heinsgraven omme te besienne ende te vetenrtede lakenne de hunsituere code (le reste diere op ghedaen zijn codeghegaen code, dan 'veder te con mdc metten heirisgraven de in sinecamere, otnrne te segghcne vvat ce: lnken schu!dech es.

(1) Sur la gilde d'Audenarile, qui s'est maintenue jusqu'à la fin duXVtil° siècle. voy . VANDEIt LINOEN, Op. ci?., p. 32, n. 3.

(2) A ce point de vue cf. taN atlr,bulion,ç dit llansqraa( de Rageas-burg. K0EIINE. Op.cil., V, pp. let suiv.,etV. Lsst, Bas Reqensburgerflansgrafenanzt, pp. 23 et suiv, Nais celui ci, bien que Son nom toit trèsprobablement d'origine flamande (ibid., p. 22), n'est pas un fonction.flaire urbain.

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102 (40),terre et aux foires de Flandre les assemblées des frèresde la hanse, et il résulte à l'évidence, pour les uns commepour les autres, l'identité de nature de l'identité des.attributions. Dès lors, les heinsyraven d'Audenarden'étant pas des fonctionnaires du comte, le hansgra/' n'apu l'être non plus. II était, à n'en pas douter, comme soncollègue le sciidrake, élu par la corporation qu'il prési-dait.

Ainsi, la hanse de Londres fut dès l'origine et restajusqu'au bbut complètement indépendante du comte.Elle se présente à nous comme une institution autonome,nn comme une institution seigneuriale. Ses statuts lesplus anciens ne mentionnent nulle part l'intervention (luprince. C'est seulement à l'époque de la décadence (le lacompagnie que celui-ci apparaît, non comme maure,mais comme protecteur, pour donner l'appui de sagarantie à la convention judiciaire que les villes associéesont conclue entre elles. Nous avons déjà constaté, eneffet, qu'à la date de la réWaction des statuts français, lahanse de Londres avait perdu sa vigueur des premierstemps (1). Association de défense et de protectionmutuelle, elle avait été utile aussi longtemps que le com-merce était resté criant et que le self-help avait été àl'étranger, pour les marchands, le seul recours possible.Mais lorsque les foires eurent perdu leur, importancepremière et surtout lorsque, Bruges ayant acquis l'étapedes laines anglaises, les négociants flamands purentacheter sur les quais (le Damme la précieuse denrée qu'ilsavaient dû jusqu'alors aller chercher de l'autre côlé de la

(t) Voy. plus haut, P. U.

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mer, elle perdit sa raison d'ètre et son utilité (1). Elle!disparut par la force des choses, insensiblement, et iln'en est plus fait mention après le XIII° siècle. Par sonesprit d'exclusivisme, elle eût d'ailleurs été un grave!obstacle à l'établissement des relations internationalesqui firent la prospérité de la Flandre dans la seconde!moitié du moyen âge. Elle ne disparut pas toutefoissans laisser de traces. Dans quelques-unes au moins desvilles qui en avaient fait partie, la gilde locale prit lenom de hanse de Londres (2). Ce fut la révolution démo-cratique du commencement du X1Vo siècle qui, en abo-lissant les anciennes gildes et en leur enlevant le privilègede fournir les membres de l'échevinage, abolit ce derniersouvenir de son existence. Seule, la ville de Lille con-serva pendant longtemps encore des comtes de la hanse.On appelait ainsi les trésoriers de la commune (5). Mais

(1) Sur la transformation du commerce flamand au XIII' siècle,'oy. 'na Ce_schichte Belgiens (Gotha, 4899), t. I, pp. 291 et suiv.

(2) Pour flrugm, voyez les renseignements intéressants réunis dansGiLuonTs-vAN SEvEIIEN, Inventaire des archives de Bruges, t. IV,p!p 27l21S , et le recueil de documents: que prépare le même auteursur l'école Bogarde et dont il n eu l'obligeance de me communiquerles bonnes feuilles, p. 454. Pour Ardenhourg WARNK0ENI, Flan-drische St.aats- und Rech/sqeschichte, t. il, 2 partie, Cod. dipi., p. 60.Pour Ypres VANnER LINImN, Gildes marchandes, p. 105.

(3) BRUN-lAVAINNS, Livre Roisin, p. 126. Sur tes comtes de lahanse de Lille, voy . KOERNE, Op. oit., p. 244, et VANnER LINDEN,

Op. cil., P. 33. Au XVI' siècle, il existait encore des hanze-graven à la tête des marchands d'Utrecht, de Gueldre et duSlieht d'Utrecht qui trafiquaient àGroninsue. PA. BIoK, tIanzen enhanzeqraven te Groningen. (HANDEI,INGEN EN MEDEDEEIINGEN VAN DE

MAATSCHAPPIJ DER NEDEJIL. LETTERE. TE LEIDEN, 4895-1896, pp163;et suiv.)

's

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104 (M)il est certain qu'il n'existe aucun rapport entre eux et lahanse de Londres. Ces comtes de la hanse n'avaient étésans doute, à l'origine, que les receveurs de la gildeou hanse, locale (1). Les échevins, sortis eux-mêmes dela gilde, auront étendu leurs fonctions primitives à lagStion des deniers de la ville et, après la révolutiondémocratique, le nom ancien aura persisté, comme ilarrive si souvent, .Jans un état de choses tout nouveau.

Disparue commd association de gildes marchandes, lahanse de Londres se maintint-elle du moins commefédération (le villes? Il faut, me semble-t-il, répondrenégativement à cette question. La constitution (les troismembres de Flandre au XIV P siècle ne lui permit pasde subsister. Bruges, Ypres et Gand, chacune dans sonquartier, se subordonnèrent alors les villes secondairesil ne Lut plus question d'alliance, niais d'obéissance ou,si l'on veut, de hiérarchie. De plus, les transformationspolitiques consacrées par le traité d'Athis avaient arrachéLille et Orchies à la Flandre, et Tournai, depuis le règne(le Philippe le Bel, devint (le plus en plus étranger à cepays.

Il fautattendre, pour voir réapparaitre des hanses entreles villes flamandes, l'époque où, sous la pression durégime monarchique des ducs de Bourgogne, la prépon

(I) les gildes possédèrent,, en effet, dès l'origine, une caisse cent-mufle. Quelques-unes nième, comme par exemple celle de Saint-Orner, affectaient une partie de leurs revenus à (les travaux d'utilitépublique. Cmtoss, GUd. Merchaut, 1. 1, p. 140. li en était de ntè,nepour la « charité (le Saint-Christophe n. A Tournai. VANnER LN»EN,Op. cil., p. 33.

t,

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( 43 ) 405dérance écrasante des grandes cités est battue en brèche.Sous le nom de hanses, en effet, à partir du XVO sièclejusque très avant dans les temps modernes, une foute devilles conclurent avec leurs voisines des conventionsrelatives à la juridiction et au droit d'issue. Mais il est àpeine besoin de faire observer que ces hanses de nouveaustyle ne présentent aucun rapport avec la hanse deLondres.

Il nie reste à insister brièvement et comme cii appen-dice sur une confusion très générale à laquelle la hansede Londres a donné lieu. Depuis Warnkoenig, à quirevient,je crois, la paternité de l'erreur, tous les historiensont cru que la hanse de Londres et la hanse dite desXVII villes étaieiit une seule et même association. Il eûtfallu de bien bonuS raisons pour établir l'identité (le deuxcompagnies qui portent des noms différents, dont l'une seconsacre au commerce avec l'Angleterre et l'autre trafiqueaux foires de Champagne, dont la première enfin necomprend que des villes flamandes, tandis que la seconderenferme surtout des villes françaises. Presque personnen'a songé à en donnerdonner d'aucune espèce. Seul M. Koehnea cherché à établir ce que tout le inonde admettait sanspreuves. La hanse des XVII villes équivaut pour lui à lahanse de Londres parce que cette dernière se composeexactement de dix-sept localités (1).

Il est très vrai, en effet, que si l'on combine les don-nées des statuts latins de la hanse avec celles des statuts

(t) Op. ci/., pp. 207 et suiv.

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106 (44)fiançais, on peut dresser une liste de dix-sept. villesdifférentes. Mais ces statuts ont été rédigés, comme onl'a vu plus haut, h (103 époques diverses. A la date desstatuts latins, la hanse de Londres comprenait les quinzevilles suivantes Bruges, Ypres, Dixmude, Ardenbourg,Lille, Oudcnbourg, Oostbourg, Damme, Thourotit, Ber-gues, Fumes, Tournai, Orchies, Bailleul et Poperinghe.Plus tard, lorsque furent rédigés les statuts français,Bergues, Orchies, Bailleul et Poperinglie étaient sortiesde la corporation et y avaient été remplacées par Isen-dike et Sainte-Anne-ter-Muyden. En additionnant cesdeux villes aux quinze villes mentionnées dans les statutslatins, on obtient sans doute le chiffre dix-sept, mais cechiffre est celui des villes qui ont fait successivement partiede la hanse; il ne correspond pas ait de celles quis'y sont trouvées réunies h une date quelconque et il nepeut dès lors avoir lit donner à la hanse flamande lenom de hanse des XVII villes.

Quelle que soit l'origine de cette appellation qui resteet qui sans doute restera toujours inexpliquée, on peutaffirmer que la hanse (les XVII villes s'est tout d'abordfrmée en France (1). C'était une confédération de villesdrapières qui écoulaient aux foires de Champagne lesproduits de leur industrie. L'importance internationale deces foires y fit entrer peu à peu plusieurs villes belges.Les villes flamandes, dont les relations avec les marchéschampenois furent si importantes au XIIP siècle, s'y affi-

(1) Sur ],a des XVII villes, voy. 13OURQUEL0T, Études sur lesfoires de Champagne, t. I, pp. 135 et. suiv. Cet auteur la confondd'ailleurs complètement avec la hanse de Londres

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(45 ) 407lièrent srtout en grand nombre (1). Mais l'élément fran-çais y resta malgré tout prépondérant. D'ailleurs, s'il nefallait voir dans la hanse des XVII villes que la hanse deLondres sous un autre nom, comment expliquer queBruges et Ypres n 'y aient pas occupé une situation pré-pondérante? Comment comprendre surtout que Gand etDouai aient fait partie des XVII villes alors qu'ils nefiguraient pas dans la hanse de Londres? Bref, tout prouveque les deux, hanses formèrent deux associations distinctes,et il est temps de renoncer à propager sur leur compteune erreur presque séculaire.

On connaît trop mal l'organisation de la hanse desXVII villes pour qu'il soit possible de préciser le rôle etles obligations de ses membres. Tout ce que nous pouvonsaffirmer à cet égard, c'est que les villes qu'elle, compre-nait, entretenaient les unes avec les autres des relationsde nature commerciale et industrielle. D'après les heuresde Saint-Omer, celui qui contreviendrait aux ordonnancessur la draperie cc si ne poroit ouvrer ès XVII villes(2).

L'existence d'une convention judiciaire entre ces der-nières nous est encore 'attestée par une lettre écrite

(1) D'après une liste du Xlll siècle, vingt-quatre villes (dontdouze françaiseâ et sept flamandes) faisaient partie de la hanse desXVII villes. Voy. BItuN—LkvÂINcg , Livre Roisin, p. 15!; DEUÀISNES,

Essai sur les relations commerciales de Douai avec l'Angleterre (1806),p. 39. Le nombre des villes associées est beaucoup plus considérabledans d'autres doeu'iaents. Vo y. llounQuEI.oT, Op. cil., P. 436. Les villesflamandes qui y étaient comprises sont Gand, Bruges, Ypres, Dix-mude, Lille, Douai et Bailleul. On peut y joindre, dans les Pays-BasCambrai, Tournai, Valenciennes et Iluy.

'(2) Giav, Op. oit.; p. 552.

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108 (46)en 1544 par les échevins de Lille à ceux d'Ypres (t) etpar quelques passages de registres des consaux de Tour-fiai (2). Au reste, la hanse des XVII villes, formée de loca-lités soumises à des princes différents, n'a jamais dû avoirune organisation fort solide. Elle constitue néanmoinsun essai intéressant d'entente internationale au moyenâge sur le terrain du commerce. La décadence des foiresde Champagne à partir du commencement du XIVO sièclelui enleva sa raison d'être. Elle végéta encore pendant tincertain temps. Mais en 1399, elle avait certainementcessé d'exister (5). Pourtant, le souvenir s'en conservaen Belgique jusqu'à la fin du XV° siècle. S'il avait disparuà Bruges en 1426 (4), il subsistait encore obscurémentdans le pays de Liège où Huy s'intitulait, eu 1493, « chiefet souveraine des XVII bonnes villes usant (lu Ihit delledraperie » (b). Pour le rédacteur du document auquelj'emprunte ce curieux passage, les dix-sept villes étaientbien certainement dix-sept villes liégeoises l'appella-tion ancienne s'était conservée; le sens n'en était pluscompris.

(1) Livre Raisin, p. 453. Cf. DwGEnIcK, Inventaire des archives de laville dYpres, t. 11, p. 499, n° DXX.

(9) Mémoires de ta Société historique de Tournai, t. IX, p. 34.3) li est question, en effet. û cette époque, des XVII villes fréquen-

tant jadis les foires de Champagne. Ordonnances des rois de France,t. VIII. P. 332.

(4)Livre Raisin, p. 454.(5)ST. BoRMANs, cartulairede la vi&deL)inanl., t. III, p144). Il faut

sans doute aussi expliquer par l'influence de la hanse des XVII villesle nom d' « amendes (je la hanse » que portent dans certaines villeswaliotines les amendes encourues par les membres du métier desdrapiers. Voy. Sr. BORMANS, Carlulaire de la ville de Namur, I, p. cxii.

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