La guerre des Clans HS, La prop - Hunter Erin.pdf

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  • Erin Hunter

    La guerre des ClansLa prophtie dtoile Bleue

    Traduit de langlais parAude Carlier

  • PROLOGUE

    TOILE BLEUE SARRTAbrusquement au sommet de la cte.La puanteur des chiens la prit lagorge. En contrebas, les fougresremurent tandis quun flot desilhouettes sombres sengouffraitdans le dfil. Le pelage roux de

  • Cur de Feu brillait telle uneflamme dans la verdure. Lelieutenant du Clan du Tonnerremaintenait une bonne distance entreles chiens et lui, mais le chef de lameute se dtachait des autres etcommenait gagner du terrain.

    Non ! Pas lui ! Tu nas pas ledroit den faire ta proie !

    toile Bleue se jeta dans ladescente. Elle fila entre les arbressur le sol glissant couvert defeuilles, le souffle court et lesmuscles tendus se rompre. Lesgorges taient toutes proches. Elleentendait dj la rivire gronderentre les falaises grises. Cur de

  • Feu parviendrait-il entraner lameute dans le vide ? Et si le mledominant le rattrapait avant ?

    toile Bleue jaillit soudain destaillis et sarrta de justesse au borddu prcipice en soulevant un nuagede feuilles mortes.

    Par le Clan des toiles, non !Le corps de Cur de Feu pendait

    entre les mchoires de lnormechien. Le jeune guerrier se dbattaitet crachait de rage tandis que sonennemi le secouait, lil triomphant,sans se rendre compte quil serapprochait dangereusement du bordde la falaise.

    Je ne te laisserai pas dtruire

  • mon Clan ! rugit toile Bleue.Elle se prcipita tte la premire

    sur le bourreau de son lieutenant etlui percuta le flanc.

    Le molosse lcha Cur de Feu etpivota en jappant de surprise.

    La meneuse se ramassa sur elle-mme. Le sang avait beau battre ses tempes, elle navait pas peur.Elle ne stait pas sentie si vivantedepuis des lunes. Elle voulut grifferle museau du chien, mais ellemanqua sa cible : le sol se drobaitsous les pattes arrire du cabot. Unepluie dclats de pierre tomba lelong de l-pic tandis que la btegrattait la terre pour trouver une

  • prise, mais ses griffes moussesglissaient sur le sol et son poidslattirait vers le vide.

    Les aboiements de la meute serapprochaient.

    toile Bleue ! la mit en gardeCur de Feu.

    Les yeux de la meneuse taienttoujours rivs aux prunellespaniques du molosse lorsquedautres chiens jaillirent desfougres derrire elle.

    La meute tait sur eux.La meneuse perut une puanteur

    nouvelle : celle de la peur deschiens. Lancs toute allure, ilsvenaient seulement de voir les

  • gorges. Leurs hurlements se murenten gmissements. Un cri dsesprrsonna. Un premier chien taittomb. Son corps percuta la falaiseet il y eut un court silence avantqutoile Bleue lentende plongerdans les eaux tumultueuses.

    Elle foudroya du regard le chef demeute.

    Tu naurais jamais d menacerle Clan du Tonnerre ! feula-t-elle.

    Au moment de basculer dans legouffre, lanimal, tendant soudain lecou, saisit dans sa gueule la patteavant de la chatte et lentrana danssa chute. Le vent rugit autour delle.En contrebas, la rivire

  • tourbillonnait. La meneuse agitadsesprment les pattes et parvint faire lcher prise au chien justeavant de percuter la surface de leau.

    Londe glaciale lui coupa lesouffle. Aveugle, le cur palpitant,elle lutta contre le courant pourregagner lair libre. La prophtie dePlume dOie la frappa telle la foudre: Leau te dtruira.

    Son paisse fourrure gorge deaulattirait vers le fond. La riviregrondait tout autour delle, elle nedistinguait plus le haut du bas. Sespoumons la brlaient. Elle taitterrorise. Elle allait se noyer, l,dans les eaux tumultueuses des

  • gorges.Cest alors que le miaulement

    clair et familier de Cur de Chnelui parvint malgr les grondementsde leau.

    Nabandonne pas !Le pre des petits de la meneuse

    lui murmurait loreille.Imagine que tu cours dans la

    fort. Redresse le menton.Laisse leau te porter jusqu lasurface.

    Sa voix semblait la soulever, lacalmer, et elle saperut que sespattes remuaient un rythmergulier. Elle se contraignit relever

  • la tte jusqu ce que, enfin, ellesente de nouveau le vent fouetter sonmuseau. Elle happa une goule dairtout en crachant et en hoquetant.

    Voil, comme a.Sa voix tait tellement tendre et

    rconfortante ! Peut-tre devait-ellesimplement se laisser dposer par larivire sur le rivage, o elleretrouverait la douceur du pelage deson ancien compagnon.

    toile Bleue, nage ! Va vers larive ! Le miaulement du matou sefaisait pressant. Nos petitstattendent. Tu ne peux pas lesquitter sans leur dire au revoir.

  • Cette ide lui donna un regaindnergie et elle se remit luttercontre le courant. Une forme noire lapercuta, lenvoyant de nouveau sousleau, mais elle parvint regagner lasurface. Le corps ballott dun chientournoya devant elle avant dedriver au loin.

    Si un chien narrive pas vaincre ce courant, comment yparviendrai-je ?

    La cime des arbres se brouilla au-dessus delle tandis que les flotslemportaient.

    Tu peux le faire ! lencourageaCur de Chne. toile Bleue

  • redoubla defforts, mais ses pattespuises battaient inutilement.

    Soudain, des crocs lattraprentpar la peau du cou. Cur de Chneallait-il la tirer jusqu la rive ?toile Bleue cligna des yeux etaperut une touffe de fourrurerousse.

    Cur de Feu !Le lieutenant du Clan du Tonnerre

    la tenait fermement. Garde la tte haute ! gronda-t-

    il travers ses mchoires serres.Elle eut beau tenter de laider, sa

    fourrure tait trop lourde et sespattes trop affaiblies. Les crocs dujeune lieutenant senfoncrent en

  • vain dans sa chair pour lempcherde sombrer.

    Tout coup, un nouveau corps lafrla.

    Encore un chien ?Dautres crocs se plantrent dans

    la peau de son cou. Des pattes seplaqurent sur ses flancs afin de lapousser vers le haut.

    Elle percevait les mouvementsforts et doux de plusieurs chatsautour delle. Est-ce que le Clan destoiles la portait jusqu son terrainde chasse ?

    peine consciente, elle se laissatirer jusqu ce quelle sente dugravier rouler sous elle. Des pattes

  • et des dents la hissrent au-dessusdes cailloux et la dposrent surlherbe douce. Ses poumons luisemblaient remplis de pierres quitransformaient chaque inspiration ensupplice. Leau de la rivire luipiquait toujours les yeux etlempchait de voir.

    toile Bleue ? Elle reconnut le miaulement de

    Patte de Brume. Et Pelage de Silex? Est-il l, lui aussi ?

    Nous sommes l, tous les deux.

    Une patte puissante se posa surson flanc. Cur de Chne avait

  • raison. Leurs petits lattendaient.La meneuse lutta pour soulever

    ses paupires. Elle distingua lasilhouette de Pelage de Silex. Seslarges paules se dcoupaient sur levert feuillage des arbres alentour.Comme il ressemble sonpre Patte de Brume se tenait ct de son frre, sa fourruredtrempe plaque sur le corps.

    toile Bleue sentit un souffle sursa joue lorsque sa fille demanda :

    Elle va bien ? toile Bleue, cest moi, Cur

    de Feu. Tu es en scurit, prsent.Tu ne crains plus rien , dclara le

  • jeune lieutenant, pench sur elle.La chatte lentendait peine. Elle

    contemplait ses petits. Vous mavez sauve, murmura-

    t-elle. Chhh. Garde tes forces ,

    souffla Patte de Brume.Mais je dois absolument vous

    parler ! toile Bleue tendit lemuseau.

    Je veux vous dire quelquechose Je vous demande pardon devous avoir abandonns. Cur deChne mavait promis que Lac deGivre serait une bonne mre pourvous.

  • Elle la t , rpondit Pelagede Silex dune voix sche.

    toile Bleue grimaa avant depoursuivre :

    Je dois beaucoup Lac deGivre. Le souffle lui manquaitcruellement pour sexpliquer. Et Cur de Chne, qui vous a si bienduqus. Pourquoi navait-elle pastrouv plus tt un moyen de leur diretout cela ? Je vous ai regardsgrandir, jai vu tout ce que vousaviez offrir votre Clandadoption. Si javais fait un autrechoix, vous auriez donn toute cetteforce au Clan du Tonnerre. Lorsquun frisson parcourut son

  • corps, elle sarrta un instant deparler. Pardonnez-moi , gmit-elle.

    Elle fixait ses petits, et le tempssembla se suspendre tandis que Pattede Brume et Pelage de Silexchangeaient un regard pleindincertitude. Piti, pardonnez-moi.

    Elle a beaucoup souffert causede son choix, ne put sempcherdajouter Cur de Feu. Je vous enprie, accordez-lui votre pardon.

    Patte de Brume se pencha pourlcher la joue de sa mre.

    Nous te pardonnons, toile

  • Bleue, murmura la jeune chatte. Nous te pardonnons , confirma

    son frre.toile Bleue ferma les yeux

    lorsque ses deux petits se mirent nettoyer son pelage dtremp.Ctait la premire fois quilsaccomplissaient la crmonie dupartage depuis le jour o elle lesavait confis Cur de Chne.

    Elle navait plus besoin desaccrocher sa dernire vie. toilede Feu allumerait une nouvelleflamme et illuminerait la fort saplace. Le Clan du Tonnerre tait enscurit. Elle se laissa glisser dansdes tnbres tourdissantes.

  • CHAPITRE 1

    NAURAIT-ELLE PAS DJ Douvrir les yeux, Fleur de Lune ?

    Enfin, Douce Brise, elle naquun jour. Elle les ouvrira quandelle sera prte.

    Lorsque Fleur de Lune lui donna

  • un coup de langue rpeux sur leflanc, Petit Bleuet se blottit un peuplus contre son ventre chaud quifleurait bon le lait.

    Petite Neige a ouvert les siensce matin, continua Douce Brise. Etmes deux petits, presque linstantde leur naissance. La queuevibrante de la reine fit frmir lalitire. Petit Lopard et PetitePomme de Pin sont des guerriers-ns.

    Un doux ronron monta de la gorgedune troisime chatte.

    Oh, Douce Brise, tout le mondesait quaucun chaton ne peutrivaliser avec les deux tiens , se

  • moqua gentiment Poil de Coquelicot.Une patte minuscule tapota

    lpaule de Petit Bleuet.Petite Neige !Petit Bleuet poussa un miaulement

    irrit et se pelotonna tout contreFleur de Lune.

    Allez, Petit Bleuet ! chuchotaPetite Neige loreille de sa sur.Il y a tant de choses voir dehors !Je veux sortir, mais Fleur de Luneveut que je tattende.

    Elle ouvrira les yeux quandelle jugera que cest le bon moment, la gronda Fleur de Lune.

    Oui, exactement, se dit Petit

  • Bleuet.

    Au rveil, Petit Bleuet sentit quesa sur lcrasait. Le ventre deFleur de Lune se soulevait etsabaissait en rythme, tout prsdelle. Douce Brise ronflait et Poilde Coquelicot dormait avec unerespiration sifflante.

    Petit Bleuet entendit Petit Lopardet Petite Pomme de Pin quibavardaient dehors.

    On dirait que tu serais la souris,et moi le guerrier ! ordonnait PetitePomme de Pin.

    Jtais dj la souris ladernire fois ! rtorqua Petit

  • Lopard. Cest mme pas vrai ! Si, cest vrai ! Sensuivit une bagarre ponctue

    de couinements belliqueux. Regardez o vous roulez !

    tonna un matou, ce qui les fit taire uninstant.

    Daccord, cest toi la guerrire,convint Petite Pomme de Pin. Maisje te parie que tu ne peux pasmattraper.

    Guerrire !Petit Bleuet se tortilla pour se

    librer du poids de sa sur. Le ventde la saison des feuilles nouvellessengouffra entre les branches du

  • roncier qui abritait la pouponnire.Il leur apporta lodeur frache quicollait au pelage de son prelorsquil tait venu les voir lodeur de la fort et chassa leseffluves touffants de la mousse, dulait et des fourrures chaudes.

    Un jour, je serai une guerrire! comprit la petite chatte avec unfrisson dexcitation qui lbranlajusquau bout des griffes.

    Pour la premire fois, ellesouleva ses paupires et cilla,aveugle par les rayons de lumirequi transperaient le toit de ronces.La pouponnire tait immense ! Elle

  • voyait les branches du roncier quisarc-boutaient tout l-haut, ainsique des petites taches bleues au-del.

    Poil de Coquelicot, une reine aupelage roux sombre et la longuequeue touffue, tait tendue sur leflanc prs dune paroi. Petit Bleuetla reconnut son odeur, diffrentede celle de Douce Brise et de Fleurde Lune. Elle ne sentait pas le lait,nayant pas encore de petits. DouceBrise, pelotonne dans un nid prsde sa camarade, la queue pose surla truffe, tait peine visible sur lesfougres qui tapissaient le sol.

    Le parfum le plus familier venait

  • de derrire. Petit Bleuet se tortillapour se tourner vers sa mre. Desrayons de soleil zbraient le pelageargent de Fleur de Lune. Sonmuseau tait plutt troit et le boutde ses oreilles arrondi. Est-ce queje lui ressemble ? Petit Bleuet jetaun coup dil sur sa proprefourrure. Elle tait duveteuse nonlisse comme celle de Fleur de Lune, et dun gris uniforme.

    Petite Neige, qui dormait sur ledos, tait toute blanche, lexception du bout gris de sesoreilles.

    Petite Neige ! murmura-t-elle.

  • Quoi ? rpondit sa sur enouvrant ses yeux bleus.

    Est-ce que les miens sontaussi de cette couleur ?

    Tu as ouvert les yeux ! scriaPetite Neige. Elle se leva dun bond. Nous pouvons sortir de lapouponnire !

    Petit Bleuet remarqua dans laparoi de ronces un trou juste assezgrand pour permettre deux chatonsde sy faufiler.

    Petite Pomme de Pin et PetitLopard sont dj dehors. On va lesattaquer par surprise !

    Poil de Coquelicot redressa latte.

  • Ne vous loignez pas, murmura-t-elle dune voix ensommeille avantde mettre sa truffe sous sa queue.

    O sont les petits de Poil deCoquelicot ? demanda Petit Bleuet voix basse.

    Ils narriveront que dans deuxlunes , rpondit sa sur.

    Ils arriveront ? se rpta lapetite chatte grise en penchant la ttede ct. Mais do ?

    Petite Neige se dirigeait dj verslouverture en escaladantgauchement le corps de sa mre. Sasur limita sur ses pattes malassures. Une fois sur le dos de

  • Fleur de Lune, elle se laissa glisserde lautre ct et atterrit dans lamousse moelleuse.

    Le nid remua et Petit Bleuet sentitune patte douce lui plaquer le boutde la queue au sol.

    O ten vas-tu comme a ? Fleur de Lune stait rveille. Dehors. Les yeux brillants, la reine

    ronronna. Tu as ouvert les yeux, murmura-

    t-elle, soulage. Oui, je me suis dit que ctait

    le bon moment, rpondit firementPetit Bleuet.

    Tu vois, Douce Brise ? lana

  • Fleur de Lune dun air satisfait. Jetavais dit quil suffisait dattendrequelle soit prte.

    Bien sr, miaula Douce Brise.Cest juste que mes propres petitsont ouvert les yeux plus tt.

    Elle se lcha une patte et se lapassa sur le museau.

    Fleur de Lune se tourna vers sesfilles.

    Alors, comme a, vous allezdcouvrir le monde ?

    Pourquoi pas ? fit Petit Bleuet.Petit Lopard et Petite Pomme dePin sortent bien.

    Ils ont tous les deux cinq lunes,leur apprit leur mre. Ils sont

  • beaucoup plus grands que vous. Cest dangereux, dehors ?

    senquit Petit Bleuet, les yeuxcarquills.

    Pas dans le camp, la rassura lareine.

    Alors nous pouvons y aller ! La chatte soupira, avant de se

    pencher pour lisser la fourrure dePetit Bleuet dun coup de langue.

    Que vous tes impatients ! PetiteNeige, redresse tes moustaches,ajouta-t-elle tandis quune tincellede fiert sallumait dans son regardjaune ple. Je veux que vous soyezimpeccables pour vous montrer auClan.

  • Petite Neige obit pendant quePetit Bleuet demandait :

    Est-ce que tu nous accompagnes?

    Tu prfrerais ? Non On va attaquer Petite

    Pomme de Pin et Petit Lopard parsurprise.

    Vos premires proies,plaisanta la reine. Allez-y, dans cecas.

    La petite chatte grise ne se le fitpas dire deux fois.

    Ne vous mettez pas dans lespattes des guerriers ! lana Fleur deLune alors que Petit Bleuet dpassaitsa sur et filait vers louverture. Et

  • ne vous sparez pas ! Les ronces griffrent la fourrure

    de Petit Bleuet lorsquelle sortit dela pouponnire en se tortillant. Elletrbucha et se retrouva par terre, delautre ct, aveugle par la lumiredu soleil. Elle cilla et le campsouvrit devant elle comme dans unrve. Une vaste clairiresablonneuse stendait jusqu unrocher qui projetait une ombre sigrande quelle venait lui effleurer lebout des pattes. son pied, deuxguerriers partageaient une proie prsdun bouquet dorties. Derrire eux,Petit Bleuet aperut un arbre abattu,ses branches emmles comme

  • autant de pattes maigres et sanspoils. plusieurs longueurs dequeue de la pouponnire, un largebuisson dployait ses branchesbasses au-dessus du sol. Un massifde fougres occupait un coin ducamp, de lautre ct de lapouponnire, et derrire se dressaitune barrire dajoncs si haute quePetit Bleuet dut se tordre le cou pouren voir la cime.

    Ctait son territoire ! Desfourmillements dexcitation luiparcoururent les pattes.Parviendrait-elle un jour syreprer ?

    Elle chercha du regard Petite

  • Pomme de Pin et Petit Lopard. O sont-ils partis ? demanda-

    t-elle Petite Neige.Cette dernire inspectait le camp. Je ne sais pas. Regarde-moi tout

    ce gibier ! Elle contemplait un tas doiseaux

    et de souris au bord de la clairire.Un gros cureuil touffu trnait ausommet.

    La rserve ! scria PetitBleuet en bondissant en avant, latruffe frmissante.

    Dans la pouponnire, elle avaitentendu les reines parler de proies,et elle avait flair lodeur delcureuil sur la fourrure de sa mre.

  • Quel got cela aurait-il ? Elle fourrala truffe dans le tas de gibier etessaya de planter ses griffes dans unpetit mammifre au poil brun et courtet la longue queue effile.

    Attention ! La mise en garde de Petite Neige

    vint trop tard. Les pattes de PetitBleuet se drobrent sous ellelorsque lcureuil dodu roula dusommet du tas et lui atterrit dessus.Ae !

    Les deux guerriers prs dubouquet dorties mirent des ronronsamuss.

    Je navais jamais vu une proiemorte attaquer un chat ! miaula lun

  • deux. Attention ! la prvint le second

    matou. Toute cette fourrure risque dettouffer !

    Les oreilles brlantes de honte,Petit Bleuet sextirpa de souslcureuil et dvisagea leschasseurs.

    Il mest juste tomb dessus ! Elle ne voulait pas quon se

    souvienne delle comme de la chattequi stait fait aplatir par un cureuilmort.

    H, vous deux ! Avant mmede le voir, Petit Bleuet reconnutPetite Pomme de Pin car son odeurrappelait celle de la pouponnire.

  • Votre mre sait que vous tes sortis?

    Bien sr ! rtorqua-t-elleavant de se tourner pour voir soncamarade de tanire pour lapremire fois.

    Oh !Elle ne sattendait pas ce quil

    soit si grand : elle dut lever la tteafin de le regarder dans les yeux. Safourrure noir et blanc tait aussilisse que celle dun guerrier et sedressa sur ses pattes pour paratreplus grande.

    Petit Lopard apparut son touret, du bout des pattes, elle taquina laqueue de son frre. Son pelage noir

  • luisait au soleil. Elle cessa son jeuds quelle aperut les deux surs.

    Petit Bleuet, tu as ouvert lesyeux ! sexclama-t-elle.

    Lintresse se lcha le poitraildans une tentative de lisser ses poilsduveteux. Si seulement sa fourrurepouvait briller autant que la leur !

    Nous pouvons vous faire visiter,proposa Petit Lopard dun tonenjou.

    Oh oui, sil te plat ! scriaPetite Neige en bondissant autour deson ane.

    La queue de Petit Bleuet battitlair en signe dirritation. Elle nevoulait pas quon lui montre son

  • territoire, elle voulait lexplorertoute seule ! Mais Petit Lopardtrottait dj vers le massif defougres prs de la barriredajoncs.

    Cest la tanire des apprentis,annona-t-elle. Nous, nous ydormirons dans une lune.

    Petite Neige se lana sestrousses.

    Tu viens ? miaula PetitePomme de Pin en donnant un lgercoup de museau au chaton gris.

    Petit Bleuet avait tourn la ttevers la pouponnire.

    Ton ancien nid ne te manquerapas ? senquit-elle.

  • Lide de quitter un jour lapouponnire langoissait. Elle aimaittant dormir prs de Fleur de Lune !

    Tu rigoles ? sesclaffa PetitePomme de Pin en slanant lasuite de sa sur. Jai hte depouvoir rejoindre ma nouvelletanire. Ce sera chouette de pouvoirbavarder sans que Douce Brise nousdise de nous taire parce quil estlheure de dormir.

    Alors que Petit Bleuet se pressaitderrire lui, les fougres frmirent etun museau pointa entre les frondes.

    Une fois que tu auras commenclentranement, tu seras bien contentdaller dormir, billa lapprentie

  • la mine ensommeille. Bonjour, Nuage Cendr !

    lana Petite Pomme de Pin ensarrtant net devant la jeune chattecaille qui stirait sur le seuil de latanire.

    Petit Bleuet admira le pelagepais et luisant de la femelle. Sespaules muscles se contractrentlorsquelle bondit des fougres pouratterrir ct de Petite Pomme dePin. Soudain, ce dernier ne lui parutplus si grand.

    Nous faisons visiter le camp Petit Bleuet et Petite Neige, annonaPetit Lopard. Cest leur premiresortie.

  • Noublie pas de leur montrero faire leurs besoins, plaisantaNuage Cendr. Nuage Blanc seplaignait ce matin encore davoir nettoyer la pouponnire. Voil desmois quelle est remplie de chatons,et ce nest pas fini.

    Petite Neige et moi, nousgarderons nos nids propres, annonaPetit Bleuet en relevant la tte.

    Je le dirai Nuage Blancquand elle reviendra de chasse. Jesuis sre quelle sera ravie delapprendre , rpondit lapprentiedans un frmissement de moustaches.

    Elle se moque de moi ? sedemanda Petit Bleuet.

  • Jai hte de partir chasser ! scria Petite Pomme de Pin enadoptant la position du chasseur, laqueue dresse comme un serpent.

    Vive comme le vent, NuageCendr la lui rabattit dun coup depatte.

    Noublie pas de baisser taqueue, ou ta proie tentendra tefaufiler dans les feuilles.

    Petite Pomme de Pin raidit saqueue et laplatit contre le sol.

    Petite Neige rprima un ronronamus.

    Elle dpasse comme unebrindille , souffla-t-elle loreillede Petit Bleuet.

  • Celle-ci tait trop concentre pourrpondre. Elle fixait Petite Pommede Pin, sa faon de presser sonpoitrail contre terre, de sortir lesgriffes et de rentrer ses pattes arriresous son corps. Je serai lameilleure chasseuse que le Clandu Tonnerre ait jamais connue,se promit-elle.

    Pas mal , lana Nuage Cendr Petite Pomme de Pin. Puis elle setourna vers Petit Lopard. Et toi,comment tu ten tires avec laposition du chasseur ?

    Petit Lopard sexcuta aussitt.Petit Bleuet mourait denvie

  • dessayer son tour, mais elleprfrait attendre de stre entraneseule.

    Allez, on les laisse tranquilles,murmura-t-elle Petite Neige.

    Tu veux partir ? stonna sasur.

    Oui, on peut explorer toutesseules.

    Petit Bleuet voyait l uneoccasion de sclipser discrtement.

    Mais cest marrant de resteravec

    Petit Bleuet ne lentendait plus.Elle rebroussait dj chemin. Elleaperut le buisson bas et tendu prsde la pouponnire. Elle fila se

  • cacher sous ses branches.Lorsquelle reprit son souffle, elleflaira des tas dodeurs diffrentessur les feuilles. Combien de flins leClan du Tonnerre comptait-il ? Est-ce quils tenaient vraiment tous dansle camp ?

    Les branches remurent et PetiteNeige apparut prs delle.

    Je ne pensais pas que tuviendrais ! couina Petit Bleuet.

    Fleur de Lune nous a dit de nepas nous sparer , lui rappela sasur.

    Elles jetrent un coup dil lextrieur pour voir si PetitLopard, Petite Pomme de Pin et

  • Nuage Cendr avaient remarqu leurdisparition. Les trois jeunes flinscontemplaient la pouponnire dundrle dair.

    Nuage Cendr haussa les paules. Elles ont d retourner dans leur

    nid, hasarda-t-elle. Peu importe, rpondit Petite

    Pomme de Pin en tournant autour deNuage Cendr. Maintenant, tu vaspouvoir nous emmener la combesablonneuse, comme promis.

    La combe sablonneuse ?Quest-ce que cest ? se demandaPetit Bleuet, qui commenait regretter de ne pas tre reste avec

  • les trois autres. Je nai rien promis ! se rcria

    Nuage Cendr. Et nous aurons de gros ennuis

    si nous nous faisons prendre, ajoutaPetit Lopard. Nous ne sommes pascenss sortir du camp avant dtreapprentis, je te rappelle !

    Il suffit de ne pas se faireprendre , miaula Petite Pomme dePin.

    Nuage Cendr inspecta laclairire dun air hsitant.

    Je vous emmnerai jusquaubord du ravin, proposa-t-elle. Maispas plus loin.

    Bouillant de jalousie, Petit Bleuet

  • regarda Nuage Cendr conduire PetitLopard et Petite Pomme de Pin versla barrire dajoncs et disparatrepar une ouverture proche du sol.

    Nous pouvons peut-tre lessuivre pour voir o ils vont

    Soudain, un coup de truffe danslarrire-train la dlogea de sacachette. Sa sur atterrit dans laclairire juste aprs elle, et unmuseau gris surgit des feuilles.

    Quest-ce que vous fichez ici ?Cest le repaire des guerriers !

    D-dsole ! balbutia PetiteNeige en reculant.

    Petit Bleuet se dressa devant le

  • matou et riposta : Et comment pouvait-on le savoir

    ? Est-ce que les guerriers ont

    une odeur spciale quon auraitd reconnatre ?

    Le chasseur plissa les yeux etdemanda :

    Vous tes les deux filles deFleur de Lune ?

    Le pelage de Petite Neige segonfla, et elle baissa les yeux.

    Petit Bleuet, elle, releva lementon. Elle navait pas peur de ceguerrier grincheux.

    Oui. Je mappelle Petit Bleuet.Et voici ma sur, Petite Neige.

  • La matou sextirpa du buisson. Iltait plus grand encore que NuageCendr. Petit Bleuet recula dun pas.

    Je mappelle Pelage de Pierre,dclara-t-il. Vous cherchez Plume deTempte ?

    Il est l ? senquit PetiteNeige, qui avait relev la tte.

    Non. Parti chasser. En fait, nous ne le cherchions

    pas, le dtrompa Petit Bleuet, mmesi elle aurait bien aim voir quoiressemblait son pre, prsentquelle avait ouvert les yeux. Onvoulait viter Petite Pomme de Pinet Petit Lopard.

    Vous jouiez cache-cache,

  • jimagine, soupira-t-il. Non, le corrigea-t-elle. Ils

    comptaient nous faire visiter lecamp, mais on prfre lexplorerseules.

    Un bon guerrier apprend avanttout de ses semblables.

    Nous nous pensions que ceserait plus drle comme a, balbutiaPetite Neige.

    Eh bien, ce nest pas drle dutout de se faire tirer dun repos bienmrit par des chatons bruyants.

    On est dsoles, sexcusa lapetite chatte blanche. On ne savaitpas.

    Voil ce qui arrive quand on

  • laisse des chatons sans surveillance, grogna le matou. Il se tourna versle tas de gibier. Puisque je suisrveill, autant aller manger.

    Aprs un battement de queueagac, il traversa la clairire en leslaissant seules.

    Petite Neige se tourna vers sasur.

    Ttais vraiment oblige dallerte cacher dans la tanire desguerriers ?

    Comment jaurais pu le savoir? rtorqua Petit Bleuet.

    On laurait su si on taitrestes avec Petite Pomme de Pin !

    La petite chatte grise remua les

  • oreilles. prsent, elles savaient aumoins o se trouvaient la tanire desapprentis et celle des guerriers.Elles taient sorties pour explorer lecamp, pas vrai ? Elle regarda lautre bout de la clairire et attenditque sa vision se prcise. Lorsque lerocher tout l-bas devint enfin net,elle remarqua la terre remue sonpied. Les empreintes qui marquaientle sol disparaissaient devant unrideau de lierre. Quest-ce que celasignifiait ?

    Suis-moi ! murmura-t-elle loreille de sa sur, oubliant quelletait fche avec elle.

    Elle courut jusquau lierre.

  • Il y a une ouverture ! Tout excite, Petit Bleuet

    sengouffra lintrieur et seretrouva dans une grotte silencieuse.Le sol et les parois taient lisses etun nid de mousse vide occupait unct.

    Cest une tanire, lana-t-elle Petite Neige, reste dehors.

    Oui, celle dtoile de Sapin ,lui rpondit une voix qui ntait pascelle de sa sur.

    Petit Bleuet se figea un instantpuis ressortit prudemment de lantre.Allait-elle encore avoir des ennuis ?

    Un matou au pelage argent et auxyeux ambrs tait assis prs de

  • Petite Neige. Bonjour, Petit Bleuet. Comment connais-tu mon nom

    ? stonna-t-elle. Jtais prsent le jour de ta

    naissance. Je suis LonguesMoustaches, lapprenti dugurisseur. Tu ne devrais pas entrerl si tu ny es pas invite, ajouta-t-ilavec douceur mais fermet.

    Je ne savais pas que ctait latanire de notre chef. Je medemandais juste ce qui se trouvaitderrire le lierre, expliqua PetitBleuet en regardant ses pattes. Tuvas le dire toile de Sapin ?

    Oui.

  • Le cur de la petite chatte seserra.

    Cela vaut mieux, poursuivit-il.Il flairera ton odeur, de toute faon. Devant la mine inquite de PetitBleuet, il ajouta : Ne ten fais pas.Il ne sera pas fch. Il admirera sansdoute ta curiosit.

    Alors je peux entrer moi aussi? intervint Petite Neige.

    Un chaton curieux, passeencore. Mais deux ! rponditLongues Moustaches avec unronronnement amus.

    Petite Neige laissa retomber saqueue, due.

    Je suis certain que tu auras

  • loccasion dy entrer une autre fois,la rconforta-t-il. Et si vous veniezavec moi pour que je vous prsenteaux anciens ? Ils aiment bien faire laconnaissance des derniers-ns.

    Une fois encore, elles seretrouvaient chaperonnes ! PetitBleuet ravala son agacement enrepensant aux paroles de Pelage dePierre : Un bon guerrier apprendavant tout de ses semblables.

    Longues Moustaches les conduisit larbre couch et se glissa sousune branche. Petit Bleuet limita,suivie de Petite Neige.

    De lherbe, des fougres et de lamousse poussaient entre les

  • branches mortes et donnaient lcorce pourrissante une teinteverte digne de la saison des feuillesnouvelles. Petit Bleuet sy faufila la suite de Longues Moustachesjusqu une troue dans cet cheveaude branches.

    Un matou brun la fourrurenglige tait couch, dos au tronc.Une femelle caille lui nettoyait lesoreilles grands coups de langue.Un autre mle, au pelage rouge clair,mangeait une souris lautre bout dela tanire.

    La chatte caille leva la tte lapproche de Longues Moustaches.

    As-tu apport de la bile de

  • souris ? lui demanda-t-elle avecespoir. Patte Tremblante a encoreattrap une tique.

    Il insiste pour aller chassertous les jours, dclara le rouquin.Cest normal quil rapporte destiques.

    Le jour o je ne chasserai plus,Herbe Folle, sera celui o tu pourrasveiller ma dpouille, miaula PatteTremblante.

    Moi non plus, je ne cesseraijamais de chasser, dclara HerbeFolle en prenant une autre bouchede souris. Il ny a pas suffisammentdapprentis pour nourrir tout lemonde, ces temps-ci.

  • Petite Pomme de Pin et PetitLopard commenceront bientt leurapprentissage, leur rappela LonguesMoustaches. Et nous avons deuxautres boules de poils qui yviendront leur tour.

    Il scarta pour leur montrer PetitBleuet et Petite Neige.

    Herbe Folle oublia un instant sonrepas et releva la tte. PatteTremblante sassit, les oreillesdresses.

    Des chatons ! scria lafemelle, lil brillant.

    Elle se prcipita vers eux etdonna un coup de langue baveux Petit Bleuet, qui recula aussitt et

  • sessuya la joue du bout de la patte.Le chaton se retint de ronronner derire en voyant sa sur recevoir lemme traitement.

    Cest la premire fois que lesfilles de Fleur de Lune sortent de lapouponnire, Plume dAlouette,expliqua Longues Moustaches. Je lesai surprises alors quelles tentaientdinstaller leur litire dans lantredtoile de Sapin.

    Ce nest pas, protesta PetitBleuet.

    Ncoute pas LonguesMoustaches, linterrompit PlumedAlouette. Il asticote tout le monde.Cest lun des privilges des

  • gurisseurs. Je suis apprenti gurisseur, la

    corrigea-t-il. Peuh ! fit Patte Tremblante. En

    ralit, tu accomplis toutes lestches de Plume dOie pendant quece vieux paresseux prtend chercherdes herbes.

    Chut ! pesta Plume dAlouetteen toisant son camarade dun ildur. Plume dOie fait de son mieux.

    Cest a. Quel genre dherbeest-il cens cueillir, ce matin ?

    De la consoude. Eh bien, je lai vu prendre le

    soleil prs de lArbre aux Chouettes,profondment endormi. Il ma fallu

  • du temps pour attraper a, ajouta-t-ilen dsignant du bout de la queue lapice de viande que dgustait HerbeFolle.

    Plume dOie ma beaucoupappris, rpondit LonguesMoustaches pour dfendre sonmentor. Et il connat toutes lesproprits des plantes de la fort.

    Ce qui serait utile sil sedonnait la peine de les rcolter,marmonna Patte Tremblante.

    Ne faites pas attention lui,miaula Longues Moustaches lintention de Petit Bleuet et dePetite Neige. Plume dOie et PatteTremblante nont jamais pu

  • sentendre. Et tu ne devrais pas dire des

    choses pareilles devant ces chatons,Patte Tremblante, le rabroua PlumedAlouette. Tu sais que Plume dOieest leur oncle.

    Ah bon ? stonna Petit Bleuet. Oui, cest le frre de votre

    mre, expliqua Plume dAlouetteavant de passer sa queue autour desdeux petites pour les faireapprocher. Venez donc vousprsenter, nous voulons tout savoir !

    Je mappelle Petit Bleuet, etvoici ma sur, Petite Neige. Notremre, cest Fleur de Lune, notrepre, Plume de Tempte. Et

  • aujourdhui, nous avons eu le droitde sortir de la pouponnire pour lapremire fois !

    Herbe Folle se lcha les babinesen avalant la dernire bouche desouris.

    Bienvenue dans le Clan, chrespetites. Je suis sr que vous alleztrs vite faire des btises. Leschatons ne peuvent pas senempcher !

    Petit Lopard et Petite Pommede Pin aussi ?

    Je ne connais pas un seulchaton qui nen ait pas fait ! ronronna Plume dAlouette.

    Petit Bleuet fut aussitt soulage.

  • Elle ne voulait pas tre la seule tout faire de travers Comme sefaire crabouiller par un cureuilmort !

    Il est grand temps qutoile deSapin les laisse devenir apprentis,miaula Patte Tremblante de sa voixrauque. Ils ont trop de temps libre.Chaque fois que je me rends au tasde gibier, je tombe sur lun oulautre, et ils remuent de lapoussire avec leurs jeux idiots.

    Je demanderai Douce Brisesi je peux les emmener dans la fortpour cueillir des plantes, demain,annona Longues Moustaches. a

  • devrait les occuper un moment. Dans la fort ? stonna Petit

    Bleuet. Oui, nous ne nous loignerons

    pas trop du camp. Ce devait tre l que Nuage

    Cendr avait emmen Petite Pommede Pin et Petit Lopard. Petit Bleuetse demanda ce quil y avait dautreau-del de la clairire et destanires.

    Prs delle, Petite Neige billa. Longues Moustaches, tu ferais

    mieux de les ramener leur mre,conseilla Plume dAlouette. PetiteNeige dort debout.

    Petit Bleuet prit soudain

  • conscience quelle avait mal auxpattes et que son ventre gargouillait.Mais elle ne voulait pas partir. Ellevoulait en apprendre davantage. quoi ressemblait la tique de PatteTremblante, par exemple ? O setrouvait Plume dOie ?

    Venez, ordonna LonguesMoustaches en les entranant hors dela tanire.

    Comment peut-on apprendrequoi que ce soit si on reste dans lapouponnire ? protesta Petit Bleuet.

    Tu en apprendras davantageune fois repose, rpondit PlumedAlouette.

    Revenez nous voir bien vite !

  • lana Herbe Folle.Petit Bleuet traversa la clairire

    en trbuchant. Alors que son esprittait en bullition, la fatigueengourdissait ses pattes. Elle futsoulage lorsque, dun petit coup demuseau, Longues Moustaches lapoussa dans la pouponnire.

    Quavez-vous vu, mes petites ?senquit Fleur de Lune tandis quePetit Bleuet et sa sur sepelotonnaient contre elle.

    Tout, rpondit Petit Bleuetdans un billement.

    Non, pas tout, ma chrie, ladtrompa la reine, amuse. Vousavez encore une fort entire

  • explorer. Et cette fort nest quunepartie des territoires des Clans. Au-del se trouvent dautres terres : laGrotte de la Vie, les HautesPierres

    Le monde est grand comment ?murmura Petite Neige, quisendormait dj.

    Seul le Clan des toiles lesait.

    Petit Bleuet simaginait desarbres, des fougres, des orties etdes ajoncs stendant perte de vue,sous un ciel infini.

    Mais mes pattes sont troppetites pour me porter si loin ,protesta-t-elle.

  • Tandis que ces visions se muaienten rves, elle entendit sa mremurmurer :

    Elles vont grandir, ma douce, etun jour, elles seront assez fortespour te porter jusquau bout dumonde.

  • CHAPITRE 2

    PETIT BLEUET REGARDAIT la queuede Petite Neige qui sagitait. Depeur de se salir dans la poussire,elle se retint de bondir pour laclouer au sol.

    Et noubliez pas : restez assisesbien droites et soyez polies , leur

  • recommanda Fleur de Lune ennettoyant de nouveau les oreilles dePetit Bleuet, qui leva les yeux auciel.

    Les trois chattes attendaient aubord de la clairire.

    Ce sera la premire fois quePlume de Tempte vous verra depuisque vous avez ouvert les yeux , leurrappela inutilement leur mre.

    Petit Bleuet tait si impatientequelle avait le ventre nou depuisle dbut de la matine. Elle voulaitmontrer son pre quelle ntaitplus un chaton minuscule quicouinait.

    Fleur de Lune jeta un coup dil

  • la barrire dajoncs. Il ma promis quil reviendrait

    de la chasse vers midi. Petit Bleuet se concentrait pour

    garder ses pattes immobiles. Quectait difficile quand il y avait tantdodeurs et de choses dcouvrirdans le camp !

    Patte Tremblante et PlumedAlouette taient sortis de latanire des anciens. LonguesMoustaches avanait vers eux, uneboule de mousse dans la gueule.Petit Bleuet devina quil y avait uningrdient nausabond lintrieurcar lapprenti gurisseur fronait lenez comme sil sagissait dune

  • crotte de renard. Prs du bouquetdorties, un grand mle la robeflamboyante partageait une proieavec trois guerriers.

    Est-ce Pelage de Soleil ?senquit Petit Bleuet.

    Oui, confirma sa mre, quiavait commenc la toilette de PetiteNeige. Et prs de lui, vous voyezPlume de Rouge-Gorge, TachesFauves et Pelage Crpu, ajouta-t-elle entre deux coups de langue. Oh,et Plume de Grive vient de sortir dugte des guerriers.

    Petite Neige se tortilla en seplaignant sa sur :

    Est-ce quelle te lave aussi

  • rudement ? Mais Petit Bleuet lentendit

    peine : elle tait trop occupe regarder les guerriers. Elle voulaitmmoriser le pelage de Plume deRouge-Gorge pour tre capable dela reconnatre mme en pleincombat. Taches Fauves serait plusdifficile reprer, se dit-elle, cause de son pelage gris perle tigr.Mais ses oreilles se terminaient pardeux touffes de poils a, elle neloublierait pas. Pelage Crpu seraitfacile distinguer : ses poils noirsrestaient toujours dresss, commeles piquants dun hrisson. Plume deGrive tait brun-gris, comme les

  • gravillons avec lesquels PetiteNeige et elle jouaient dans lapouponnire, et une tache blanchesur sa poitrine voquait un nuageduveteux. Il tait bien plus petit queles autres.

    Est-ce que Plume de Grive sestarrt de grandir trop tt ? demandaPetit Bleuet sa mre.

    Non, ma chrie, ronronna cettedernire. Cest le plus jeune desguerriers, vois-tu. Son baptme a eulieu il y a seulement un quart delune. Il va encore grandir.

    Les ajoncs frmirent et PetitBleuet se tourna vivement. tait-cePlume de Tempte ? Quelle ne fut

  • pas sa dception lorsque Pelage dePierre entra dans le camp, un oiseaudans la gueule ! Elle espra quil nela remarquerait pas. Elle ntait pascertaine quil lui ait pardonn sonintrusion bruyante dans le repairedes guerriers.

    Ctait une attaque sournoise ! miaula Nuage Cendr lautre boutde la clairire.

    Dune roulade, elle scarta deNuage Blanc et se remit sur sespattes. Les deux jeunes chattesrvisaient leurs techniques martialesprs de la souche.

    Pas sournoise ! Talentueuse ! rtorqua Nuage Blanc qui sbroua

  • en regardant de haut sa camarade.Petit Bleuet savait que lapprentie

    ne voyait pas dun il, mais sonoue tait si fine quil taitimpossible de lassaillir parsurprise. Petit Bleuet et Petite Neigeen avaient fait lexprience plusieursfois.

    Cest un coup de chance !rtorqua Nuage Cendr. Mme PetitePomme de Pin pourrait faire mieuxque a !

    O tait-il, dailleurs ?Petit Bleuet inspecta la clairire.

    L ! Petit Lopard et Petite Pommede Pin taient tapis devant la taniredes guerriers. Ils changeaient des

  • regards complices comme silsprparaient un mauvais coup. Quemaniganaient-ils ?

    Je suis assez propre comme a !

    Lattention de Petit Bleuet sereporta sur sa sur, qui esquivait lescoups de langue de leur mre.

    Fleur de Lune sassit, satisfaite. Tu es adorable. Petite Neige renifla et, dun coup

    de patte, bouriffa la fourrurehumide la base de ses oreilles.Petit Bleuet gonfla le poitrail. Piti,faites que Plume de Temptesoit fier de moi ! Leur pre, en

  • plus dtre un guerrier la foiscourageux et redoutable au combat,tait aussi lun des meilleurschasseurs du Clan. Jespre que jelui ressemblerai quand je seraigrande.

    Pourquoi Plume de Tempte nenous rend jamais visite lapouponnire ? gmit Petite Neige.Croc de Vipre vient toujours joueravec Petite Pomme de Pin et PetitLopard. Il leur a apport unesouris, la dernire fois.

    Votre pre vous a vues justeaprs votre naissance , rpondit lareine. Elle repoussa la queue

  • frtillante de Petite Neige pourquelle senroule sagement autour deses pattes. Cest un guerrier trsimportant. Il na pas le temps devous apporter des friandises. Et detoute faon, vous ntes pas encoreassez grandes pour manger de lasouris.

    Petit Bleuet se tordit le cou pourvoir le soleil. Il tait presque au-dessus delle. La patrouille dePlume de Tempte serait bientt l.Petite Pomme de Pin lui avaitexpliqu la diffrence entre lespatrouilles de chasse et celles desurveillance des frontires. Ellesavait quun guerrier chassait

  • dabord pour son Clan, et PetitBleuet tait bien dtermine veiller plus tard ce que son Clansoit bien nourri, quitte mourir defaim elle-mme.

    Fleur de Lune se raidit, la truffefrmissante.

    Il est l ! scria-t-elle. O a ? demanda Petite Neige,

    qui bondit si vite quelle projeta dela poussire sur sa sur.

    Assieds-toi ! lui ordonnaFleur de Lune.

    Tandis que le chaton blancreprenait sa position, la queueenroule autour des pattes, PetitBleuet vit la barrire vgtale

  • trembler. Un matou au pelagesombre mergea du tunnel dans lesajoncs, une grive dans la gueule. Unechatte mouchete au poil clair lesuivait.

    Qui est-ce ? senquit PetitBleuet, impressionne par les deuxcampagnols que rapportait laguerrire.

    Le mle, cest Queue deMoineau, et la femelle, Perce-Neige,rpondit sa mre. Le voil !

    Un matou gris massif apparutensuite. Ses paules frlrent lesajoncs et firent trembler lespiquants. Il portait bien haut sa largette et son menton tait relev. Ses

  • yeux bleus scintillaient comme destoiles et de sa gueule pendait leplus gros cureuil que Petit Bleuetait jamais vu.

    Regarde ce quil nous a ramenpour nos jeux ! sextasia PetiteNeige.

    Ce nest pas pour nous,cervelle de souris ! souffla PetitBleuet. Cest pour le Clan.

    Et nous allons le manger, etnon jouer avec , ajouta leur mredun ton sec.

    Les paules de Petite Neigesaffaissrent un peu lorsque sonpre suivit le reste de la patrouillejusqu la rserve de gibier pour y

  • dposer lcureuil avec les autresproies. Puis il se tourna et balaya lecamp du regard.

    Redressez-vous ! souffla Fleurde Lune.

    Petit Bleuet se dit que si elle seredressait encore plus, elle allaittomber la renverse. Cependant,elle se tint aussi droite que possiblejusqu ce que son pre lesaperoive enfin.

    Dun mouvement de la queue,Fleur de Lune invita son compagnon les rejoindre. Plume de Tempte,ronronna-t-elle, viens voir tes filles.

    Le guerrier sapprocha.

  • Elles ont meilleure allure avecles yeux ouverts , dclara-t-il.

    Son miaulement tait si rauquequil voquait un grondement.

    Regarde, elles ont toutes lesdeux tes prunelles bleues.

    Oui ! Petit Bleuet carquilla unpeu plus les yeux pour que son prepuisse les admirer, mais il ne luiaccorda quun bref coup dil.

    Elles feront de bonnesguerrires, me semble-t-il.

    Bien sr, se rengorgea la reine.Elles tiennent de toi.

    Petit Bleuet fit un pas en avantpour interroger son pre.

    Est-ce que a t dur dattraper

  • cet cureuil ? Elle voulait que Plume de

    Tempte la regarde de nouveau. Ilremarquerait peut-tre quel pointleurs pelages se ressemblaient.

    Les gros cureuils sont faciles chasser, rpondit-il, les yeux baisssvers elle.

    Tu nous apprendras commentfaire ? senquit Petite Neige, dont laqueue remuante soulevait de lapoussire.

    Vos mentors sen chargeront.Jespre qutoile de Sapin leschoisira bien.

    Mais qui choisira-t-il ? Tandis

  • que le regard de Petit Bleuet glissaitvers la tanire des guerriers, lesbranches frmirent et Croc deVipre en sortit. Poussant desmiaulements ravis, Petit Lopardsaccrocha sa queue et PetitePomme de Pin lui atterrit carrmentsur les paules. Croc de Viprechancela et, avec un grognement desurprise exagr, il seffondra sur lesol. Les deux chatons lui bondirentsur le ventre en poussant des petitscris, mais leur pre, qui ronronnaitde plaisir, les dlogea dun coup depatte et les coursa jusque derrire lebuisson.

    Les oreilles frmissantes, Plume

  • de Tempte jeta un coup dil versla source du tapage. Petit Bleuet sedit quil simaginait peut-tre jouantavec ses propres filles lorsquil lesconnatrait mieux.

    toile de Sapin ma invit partager ma proie avec lui, annonale matou Fleur de Lune.

    Tout de suite ? gmit PetitBleuet, qui ne voulait pas le voirpartir si vite. On peut venir ?

    Le regard du guerrier se braquasur elle et elle se crispa en y lisantun mlange dinquitude et de gne.Il ne nous aime pas ?

    Les chatons ne doivent pasquitter les abords de la pouponnire

  • , marmonna-t-il.Le cur de la petite chatte grise

    se serra lorsquil sloigna, avant dese gonfler despoir : il venait de seretourner. A-t-il chang davis ?

    Pelage de Pierre ma dit quevous laviez rveill, hier, gronda-t-il. Ne vous approchez plus de latanire des guerriers.

    Sur ces mots, il repartit.Petit Bleuet tait si due que sa

    gorge tait noue.Fleur de Lune fit glisser sa queue

    le long du flanc bouriff de sa fille. Plume de Tempte vous a donn

    un bon conseil, miaula-t-elle.Comme a, vous ne recommencerez

  • plus. La petite chatte grise baissa la

    truffe vers ses pattes. Si seulementje navais pas fait cette erreurstupide !

    videmment que nous nerecommencerons pas ! scria PetiteNeige, qui sautillait autour de samre. Il nous prend pour descervelles de souris ou quoi ?Nempche, il doit tre trs, trsimportant si toile de Sapin veutpartager sa proie avec lui.

    Cest le cas. La reine lesuivit des yeux lorsquil allareprendre son cureuil pour le porter

  • au chef du Clan du Tonnerre. Puiselle se pencha vers Petit Bleuet etlui dit avec tendresse : Il sera sansdoute plus disponible ensuite.

    Il a dit quon deviendrait debonnes guerrires , rpta PetitBleuet, le menton relev.

    Un miaulement enjou la fitsursauter :

    Fleur de Lune ! Un mle grisau pelage tachet et aux yeux bleuclair venait de sortir dun tunnel defougres et se dirigeait vers elles. Est-ce que le grand guerrier a faitconnaissance avec ses filles ?

    Bien sr, rpliqua la reine. Tu es Plume dOie ? voulut

  • savoir Petite Neige. Comment as-tu devin ? Parce que tu sors de la tanire

    du gurisseur ! rtorqua la petitechatte blanche en pointant le nezvers les fougres.

    Et si je ntais quun guerriervenu rendre visite Plume dOie ?

    Dans ce cas, on taurait vuentrer ! a fait des lunes quon estassises l.

    Vraiment ? fit-il en setournant vers Fleur de Lune, qui luirpondit par un mouvement agac dela queue.

    Petit Bleuet alla flairer le nouveauvenu.

  • Tu sens comme LonguesMoustaches. Un trange parfum deplantes ml une odeur de litirepas frache lui collait la fourrure. Il prtend que tu connais les noms detoutes les plantes de la fort.

    Cest vrai , confirma-t-il encommenant se nettoyer le museau.

    Petite Neige vint se planter devantsa sur et lana :

    Patte Tremblante dit que tu Peu nous importe ce que dit

    Patte Tremblante , la coupa Fleurde Lune.

    Plume dOie cessa de faire satoilette. Ses yeux brillaient.

    Au contraire. Je suis toujours

  • curieux de savoir ce que PatteTremblante raconte.

    Petit Bleuet repassa devant PetiteNeige et fit glisser sa queue sur lemuseau de sa sur.

    Il dit que vous allez cueillir desremdes presque tous les jours,miaula-t-elle.

    Elle est fute, celle-ci !commenta le matou dans un ronronamus.

    Et moi aussi ! protesta PetiteNeige.

    Bien sr ! la rassura-t-il. Tu esla fille de Fleur de Lune, et cest lachatte la plus fute que je connaisse. Son regard se porta un instant sur

  • Plume de Tempte. Enfin, laplupart du temps. Il roula sur ledos et se frotta les paules contre lesol chaud et rugueux. Comme il estbon de revoir la saison des feuillesnouvelles !

    Petit Bleuet aimait bien ce matou.Il tait drle et amical. Elle serjouissait de savoir quils taientparents.

    Quest-ce que tu fais dautre ? voulut savoir Petite Neige.

    Plume dOie sassit et lissa sesmoustaches du bout de la patte.

    part garder le Clan tout entieren bonne sant, tu veux dire ?

    Petit Bleuet entendit sa mre

  • soupirer. Elle ntait donc pas firede son frre ?

    Jinterprte les signes du Clandes toiles, poursuivit le gurisseur.

    Comme quoi ? demanda PetitBleuet.

    La forme des nuages, parexemple , rpondit-il avec unhaussement dpaules.

    La petite chatte grise leva la ttevers le ciel bord darbres etparsem de nuages blancs duveteux.

    Plume dOie se racla la gorge. Rien quen les regardant, je

    devine que le Clan des toilesobserve deux boules de poilspresses de devenir des Nuages.

  • Croc de Vipre qui passait par ljeta un coup dil vers legurisseur.

    Bonjour, lana Plume dOie. Encore une prophtie ?

    senquit le guerrier dun airespigle.

    Petit Bleuet le dvisagea aveccuriosit. Ne croyait-il pas auxprophties ?

    Petite Neige tenait peine enplace.

    Des boules de poils devenantdes Nuages ? Cest nous ?

    Peut-tre. Croc de Vipre grommela avant

    de sloigner.

  • Et comment sais-tu que lemessage du Clan des toiles testdestin toi et pas un autre Clan ?

    a vient avec lexprience.Vous voulez voir la tanire desgurisseurs ? demanda-t-il endsignant du museau le tunnel defougres.

    Oh oui, sil te plat ! scriaPetit Bleuet.

    Ctait la seule partie du campquelle navait pas encore vue.

    Fleur de Lune ! appela toile deSapin.

    Jarrive. La reine tourna versson frre un regard incertain. Peux-tu surveiller ces deux-l un

  • instant ? On na pas besoin dtre

    surveilles ! sindigna mentalementPetit Bleuet.

    Bien sr , rpondit legurisseur.

    Tandis que la chatte allaitrejoindre Plume de Tempte ettoile de Sapin, Plume dOieemmena Petit Bleuet et Petite Neige.Le froid tunnel dbouchait sur uneclairire verdoyante entoure defougres. Le parfum des plantesmdicinales flottait dans lair etlherbe tait jonche de petits boutsde feuilles que Petit Bleuet ne

  • reconnaissait pas. Dun ct trnaitun grand rocher fendu au milieu parune crevasse assez large pour servirdantre.

    Un miaulement rauque leur parvintdune troue dans les fougres.

    Petite Oreille se remetdoucement dune morsure de vipre,expliqua le gurisseur en sedirigeant vers son patient cach dansla verdure. Heureusement, ctaitune petite vipre, mais il lui faudraencore un jour ou deux avant que lepoison disparaisse de son corps. Jene serai pas long, prvint-il, et ildisparut entre les frondes.

    Viens, murmura Petite Neige.

  • Allons voir dans la crevasse. Petit Bleuet hsita. Plume de

    Tempte venait tout juste de lui direde ne pas explorer les endroits oelle navait rien faire.

    De quoi as-tu peur ? insista sasur. Cest Plume dOie qui nous apropos de venir voir son repaire.

    Petit Bleuet jeta un coup dilvers les tiges frmissantes o leurhte stait gliss.

    Si tu le dis , soupira-t-elleen trottant derrire sa sur jusqulouverture noire.

    Je passe en premier , annonaPetite Neige. Son pelage blanc futenglouti par les tnbres.

  • Petit Bleuet la suivit et clignaaussitt des yeux, surprise parlobscurit soudaine. Des odeurscres sinfiltrrent dans sa truffe etsa gueule.

    Regarde-moi tous ces remdes ! couina Petite Neige.

    Le chaton gris carquilla les yeuxpour shabituer la pnombre. Elleaperut enfin sa sur qui reniflaitles tas de feuilles et de grainesaligns le long dune paroi.

    Je me demande quoi elle sert,celle-l , murmura Petite Neige enttant du bout de la patte une feuillevert sombre.

    Petit Bleuet la flaira prudemment

  • et lodeur aigre lui fit froncer le nez. Pas cap de la manger , la dfia

    sa sur.Petit Bleuet recula dun pas. Tes quune souris mouille ! Mme pas vrai ! Quelle me

    traite de tout sauf a Daccord, je vais la manger ! Ellese pencha pour mordre dans lafeuille qui, une fois sur sa langue, servla poilue et si amre quelle eutun haut-le-cur. Elle recracha toutet se lcha la patte pour sedbarrasser du got. Cestrpugnant !

    Petite Neige gloussait

  • bruyamment.Vexe, Petit Bleuet poussa de la

    patte un tas de graines noires quisparpillrent au sol. OK, grossemaligne ! toi. Gote-moi a.

    Daccord ! La petite chatteblanche croqua deux graines et selcha les moustaches. Dlicieux !annona-t-elle, lil brillant.

    Quest-ce que vous faites ?! Le cri strident de Fleur de Lune

    les fit toutes deux sursauter. La reineattrapa Petit Bleuet par la peau ducou et lenvoya rouler dans laclairire puis elle la rejoignit entirant Petite Neige derrire elle.

    Vous avez mang quelque

  • chose, l-dedans ? demanda Fleurde Lune, les yeux carquills par lapanique.

    Petit Bleuet la dvisagea et sonmiaulement resta coinc dans sagorge.

    Rpondez-moi ! gronda la reine. M-moi, jai tout recrach,

    balbutia Petit Bleuet, qui se tournaen mme temps que sa mre versPetite Neige.

    Et toi ? Jai mang quelque chose Plume dOie ! Le guerrier sortit la tte du nid de

    Petite Oreille. Quoi ?

  • Mes filles taient dans tatanire et Petite Neige a avalquelque chose !

    Dun bond, Plume dOie sextirpades fougres et les rejoignit.

    Dbrouille-toi pour savoir cequelle a pris ! feula la chatte.

    Mais Plume dOie tait dj dansson antre. Il en ressortit un instantplus tard.

    On dirait quelles sen sontprises aux graines de pavot ,annona-t-il.

    Petit Bleuet baissa la tte. Jamaiselle naurait d dfier sa sur.

    Combien en as-tu avales ?demanda aussitt Plume dOie.

  • Deux, avoua Petite Neigedune voix fluette.

    Elle sen remettra, soupira legurisseur en sasseyant. Ces grainesla feront juste dormir.

    Vraiment ? Tu en es certain ?senquit Fleur de Lune, la fourrurehrisse.

    Bien sr, rtorqua PlumedOie. Ramne-la la pouponnireet laisse-la se reposer.

    Tu ne veux pas la garder icipour veiller sur elle ? insista Fleurde Lune.

    Tu feras a mieux que moi,sans aucun doute. Je dois djmoccuper de Petite Oreille.

  • Dans ce cas, allons-y , dit lareine avec un reniflement furieux.Elle poussa Petite Neige vers letunnel de fougres tandis que PetitBleuet les suivait.

    Elle sen remettra ! rpta lematou.

    Cela vaudrait mieux pour toi ,grogna Fleur de Lune.

    La chatte les escorta de lautrect de la clairire. Petit Bleuetpercevait la peur et la colre de samre.

    Quel mle stupide ! marmonnala reine. Par le Clan des toiles,comment a-t-il pu devenir gurisseur?

  • La culpabilit nouait le ventre dePetit Bleuet. Ctait elle qui avaitencourag sa sur manger lesgraines de pavot.

    Nentrez jamais plus dans satanire ! les gronda leur mre.Dailleurs, vous feriez mieux derester bonne distance du tunnel defougres !

    Mais, voulut protester PetitBleuet.

    Ne me contredis pas ! Devant la pouponnire, Fleur de

    Lune attrapa Petite Neige par la peaudu cou et la porta lintrieur. PetitBleuet se prcipita derrire ellepour ne pas recevoir le mme

  • traitement.Petite Neige se lova dans la

    mousse, les yeux dj vitreux. Fleurde Lune se mit lchervigoureusement la fourrure de lapetite chatte blanche.

    Douce Brise remua dans salitire.

    Que se passe-t-il ? senquit-elle.

    Plume dOie a laiss PetiteNeige manger des graines de pavot !expliqua Fleur de Lune dune voixangoisse.

    Il a fait quoi ? sexclamaPoil de Coquelicot en sasseyant.

    Petit Bleuet se sentit de nouveau

  • honteuse. Plume dOie ne savait mme

    pas quon tait dans sa tanire,rappela-t-elle.

    Il aurait d le savoir. Il auraitd vous mettre en garde. Fleur deLune renifla Petite Neige, quidormait profondment. Commentpeut-on laisser seuls deux chatons siprs de toutes ces herbes ?

    Quel dommage que LonguesMoustaches nait pas t l, dclaraDouce Brise. Il les auraitsurveilles, lui.

    Fleur de Lune recommena fairela toilette de Petite Neige, mais plusdoucement. Petit Bleuet perut de

  • nouveau lodeur de la peur de samre. Sa propre fourrure doubla devolume.

    Elle ne va pas mourir, hein ? Poil de Coquelicot sortit de sa

    litire et la rconforta en posant sonmuseau contre sa joue.

    Ne tinquite pas, petite. Lareine se tourna vers Fleur de Lune. Combien en a-t-elle avales ?

    Deux. Il ny paratra plus aprs une

    bonne nuit de sommeil , soupiraPoil de Coquelicot.

    Clan des toiles, faites quelleait raison ! Toute tremblante, Petit

  • Bleuet se roula en boule au bord dunid.

    Ne tinquite pas, Petit Bleuet,murmura Fleur de Lune en enroulantsa queue autour delle pour lattirerdans la mousse. Je veillerai sur elle.Endors-toi.

    La petite chatte ferma les yeux,mais elle savait quelle ne pourraitpas sendormir avant dtre sre quesa sur tait tire daffaire.

    Que tous ceux qui sont en ge dechasser sapprochent duPromontoire pour une assemble duClan !

    Lappel dtoile de Sapin

  • rveilla Petit Bleuet. Elle se dressasur ses petites pattes, tout excite.Une assemble du Clan ! Puis elle sesouvint de la msaventure de PetiteNeige et se figea. Osant peinerespirer, elle renifla sa sur. Sonodeur tait normale. Et elle ronflaitdoucement.

    Elle sentit alors la langue rpeusede Fleur de Lune glisser sur sonoreille. Les yeux de la reine taientvoils, comme si elle navait pasdormi du tout.

    Elle va bien, murmura-t-elle. Jemen suis assure. Doucement, ellepoussa du bout du museau la petiteboule blanche. Petite Neige

  • Arrte de me rveiller tout letemps, grommela celle-ci enplaquant ses pattes sur son museau.Tu as pass la nuit membter !

    Petit Bleuet poussa un soupir desoulagement. Sa sur allait bien.Elle se frotta contre sa mre enronronnant.

    Comment se porte Petite Neige? senquit Poil de Coquelicot, quistirait.

    merveille. Elle nest pas prs de

    recommencer, ajouta la reine auventre rond en sortant de sa litire.Vous venez lassemble ?

    Les yeux de Petite Neige

  • souvrirent aussitt tout grands etelle se leva dun bond.

    Il y a une assemble ! Est-cequon peut y aller ? miaula-t-elle.

    Seulement si vous vous teneztranquilles.

    Promis ! Fleur de Lune se leva lentement. O est Douce Brise ? demanda

    Petite Neige. Et Petit Lopard etPetite Pomme de Pin sont absents,eux aussi.

    Jimagine quils sont dj dansla clairire , lana Fleur de Lunetout en se glissant dans ltroitpassage entre les ronces.

    Petit Bleuet se pressa de suivre sa

  • mre. Le soleil de ce dbut dematine filtrait entre les arbres quiencerclaient le camp. Les membresdu Clan se rassemblaient enchangeant des murmures excitstandis qutoile de Sapin lescontemplait depuis le Promontoire.

    Plume dOie tait camp devantlentre du tunnel de fougres, etLongues Moustaches vint se glisserentre Taches Fauves et Queue deMoineau. Pelage Crpu et Plume deRouge-Gorge taient assis lombredu Promontoire. Petit Bleuet repraPlume de Tempte qui discutait avecVol-au-Vent. Elle seffora decroiser le regard de son pre, mais il

  • tait absorb dans sa conversation.Les branches emmles de larbre

    couch frmirent lorsque PatteTremblante, Herbe Folle et PlumedAlouette en sortirent la queue leuleu.

    Dpchez-vous , souffla Fleurde Lune.

    petits coups de museau, elle fitpasser ses deux filles devant NuageCendr et Nuage Blanc, qui sedisputaient la meilleure place sur lasouche.

    L, miaula la reine ensinstallant derrire Perce-Neige etPelage de Pierre. Maintenant, soyezsages et tenez votre langue.

  • Pelage de Pierre se retourna pourregarder les deux chatons.

    Vous assistez votre premireAssemble du Clan, pas vrai ?

    Petit Bleuet hocha la tte,soulage de distinguer un peu dechaleur dans les yeux du guerriergris. Fleur de Lune demanda :

    Sais-tu pourquoi toile deSapin a convoqu cette Assemble ?

    Perce-Neige pivota pour rpondreavant le matou :

    Je crois quil a quelque chose annoncer deux de nos chatons.

    Petit Bleuet frmit. Et si leur chefles grondait en public, Petite Neige

  • et elle ? Elle jeta un coup dil sasur, la fourrure bouriffe par lacrainte, puis leva les yeux vers lemeneur. Le regard du chef du Clandu Tonnerre tait braqu sur deuxautres chatons.

    Petit Lopard et Petite Pomme dePin taient assis sous lePromontoire. Le Clan stait reculpour leur laisser une place. Est-cequeux aussi avaient fait des btises? Douce Brise avait pris place prsde Croc de Vipre, au bord de laclairire. Non, leurs petits nepouvaient pas avoir dennuis car lesyeux de la reine brillaient de fiertet le guerrier bomba le poitrail

  • quand le chef commena parler : La saison des feuilles nouvelles

    est toujours synonyme despoir et dechaleur revenue. Mais, plusimportant encore, elle voit lanaissance de nouveaux chatons. Lematou brun-roux tendit un peu le coupour regarder Petite Neige et PetitBleuet. Je voudrais souhaiter labienvenue aux filles de Fleur deLune et Plume de Tempte. Ellessont un peu petites pour assister une assemble du Clan

    Petit Bleuet se crispa. mais je suis content quelles

    soient venues assister unecrmonie quelles vivront un jour

  • elles-mmes. Petit Lopard et PetitePomme de Pin ! poursuivit toile deSapin, et tous les regards setournrent vers les deux jeunes flinsassis sous le Promontoire. Voil sixlunes que vous vivez avec nous etvous savez prsent ce que signifietre un membre du Clan duTonnerre. partir daujourdhui,vous allez apprendre ce que signifietre un guerrier du Clan duTonnerre.

    Des miaulements enthousiastesslevrent de lassemble tandisque le matou continuait :

    Petit Lopard ! La jeune chatte sapprocha, le

  • museau lev vers son chef. compter de ce jour, ton nom

    sera Nuage de Lopard. Jen appelle nos anctres pour quils sepenchent sur toi et te guident jusquce que tu trouves en tes pattes laforce et le courage de devenir uneguerrire. toile de Sapinsadressa ensuite un autre flin : Cest toi qui lentraneras, Plume deRouge-Gorge. Patte Tremblante a tton mentor, et jespre que tu saurastransmettre ton tour les techniquesde chasse redoutables quil a sutenseigner.

    La guerrire sinclina et allaprendre place devant sa nouvelle

  • apprentie. Leurs truffes se frlrent. Petite Pomme de Pin, poursuivit

    le meneur, je vois dj le courage deton pre briller dans tes yeux. En cejour, tu reois ton nom dapprenti :Nuage de Pomme de Pin. Jenappelle nos anctres pour quils sepenchent sur toi et te guident jusquce que tu trouves en tes pattes laforce et le courage de devenir unguerrier. Pelage Crpu sera tonmentor. coute-le bien car, mmesil est jeune, il est assez intelligentpour tapprendre utiliser toncourage avec sagesse.

    Le Clan tout entier acclama lesnouveaux apprentis.

  • Nuage de Pomme de Pin !Nuage de Lopard !

    La voix de Douce Brise, plusforte encore que les autres, rsonnaitsous le Promontoire.

    Nuage Cendr sauta de la soucheet se fraya un passage dans la foule,Nuage Blanc sur les talons.

    Nous vous avons dj prpardes nids, annona lapprentiecaille.

    En piochant dans ma mousse, prcisa la novice gris perle.

    Le cur de Petit Bleuet se serra.Elle ne les verrait presque plus.

    Ils manqueront Douce Brise,non ? demanda-t-elle Fleur de

  • Lune. Si. Les yeux de sa mre se

    voilrent, mais la fatigue ny taitpour rien, cette fois-ci. Venez ,miaula-t-elle dune voix rauque touten passant sa queue autour de sesfilles afin de les ramener lapouponnire.

    Petit Bleuet planta ses griffes dansle sol meuble.

    On ne peut pas aller les fliciter?

    Ils sont occups avec leursnouveaux camarades de tanire,rpondit la reine en la poussant dumuseau.

    Nous les rejoindrons bientt,

  • rtorqua Petite Neige dun airenjou.

    Pas avant six lunes, la rabroualeur mre. Et encore, seulement silenvie davaler des graines depavot vous a pass !

  • CHAPITRE 3

    PLONGE DANS UN SOMMEILPROFOND, Petit Bleuet rvait quellebondissait pour attraper un papillonau vol. Lorsquelle le plaqua au sol,ses ailes lui chatouillrent la truffe.Curieuse de le voir senvoler, elle lerelcha. Il fila aussitt hors de sa

  • porte, et pourtant sa truffe lachatouillait toujours.

    Elle se rveilla en ternuant.Le bout dune queue touffue

    dpassait du nid bien rempli de Poilde Coquelicot et glissait contre lemuseau de Petit Bleuet. Celle-cilcarta dun coup de patte irrit.Elle avait trop chaud et touffaitsous le poids de sa sur qui staitendormie sur elle. Elles ntaientplus les petites dernires de lapouponnire, prsent. Quatre lunesplus tt, Poil de Coquelicot avaitmis bas : deux femelles et un mle,qui sappelaient Petite Mousse,Petite Rose et Petite pine. Petit

  • Bleuet avait suggr le nom de Petitepine cause de son pelage gris etblanc dress dans tous les sens.Heureusement, il tait plus douxquun buisson de ronces ! PetiteNeige avait baptis Petite Rosedaprs la couleur rose orang de saqueue. Et Petite Mousse, qui taitblanche avec des taches caille,avait reu son nom en hommage lamre dtoile de Sapin, Mousse deBruyre.

    Si Petit Bleuet stait dabordrjouie davoir de nouveauxcamarades, elle stait rapidementsentie ltroit dans la pouponnire,mme si Fleur de Lune dormait dans

  • lantre des guerriers presque toutesles nuits. Petite pine, Petite Mousseet Petite Rose grandissaient vite etne cessaient de schapper du nid dePoil de Coquelicot. Comme si celane suffisait pas, Perce-Neige avaitelle aussi mis bas et, depuis, PetitFauve et Petite Boule Dorecouinaient et remuaient sans arrt.

    Ils dormaient, prsent.Cependant, lorsque Petit Bleuetreferma les yeux, Poil de Coquelicotgrogna dans son sommeil et seretourna en soupirant. Petite pineroula vers sa mre, posa le mentonsur son flanc et se mit ronflerbruyamment.

  • Aucune chance que jarrive me rendormir

    La petite chatte grise se leva etstira si longuement que sa queuefrmit. Depuis le dbut de la saisondes feuilles mortes, les matinestaient fraches et, mme sil faisaitbon dans la pouponnire, des filetsdair froid sinfiltraient parfois entreles ronces. Elle jeta un coup dilvers le nid de Perce-Neige et envialpaisse fourrure de Petit Fauve, siabondante autour de son cou quonaurait dit une crinire de lion. PetiteBoule Dore, dont les poils lisseslui donnaient lair bien plus minceque son frre, remua pour se blottir

  • contre leur mre.Petit Bleuet sclipsa de la

    pouponnire en prenant soin de nerveiller personne. Laube nallaitpas tarder. Le ciel semblait aussigris et doux quune aile de colombe.Elle reconnut les odeurs de Queuede Moineau, Vol-au-Vent et Croc deVipre qui flottaient dans lair. Desfeuilles sches et brunes tombaientdes arbres en tourbillonnant et seposaient doucement dans la froideclairire. Elle pressa ses pattescontre le sol pour sempcher denattraper une au vol. a, ctait bonpour les chatons. Et elle, elle seraitbientt apprentie.

  • Elle inspira profondment, lagueule entrouverte afin de laisser leparfum de la fort imprgner sonpalais. Lodeur de lhumus rappelaitle riche parfum dune proie encorechaude. Elle en eut leau labouche. Il lui tardait de slancersous les arbres, au-del du tunneldajoncs. Elle se dirigea vers sonentre et huma les fragrancesapptissantes qui sen chappaient.Elle tendit un peu plus le museaupour jeter un coup dil lintrieur.

    Tu veux sortir ? La question de Pelage de Soleil la

    fit sursauter et elle se retourna dun

  • bond. Je ne faisais que regarder, se

    dfendit-elle. Je temmne dans la fort, si tu

    veux, lui proposa le lieutenant. Et toile de Sapin ? Il ne sera

    pas fch ? Pas si tu es avec moi. Et si jallais chercher Petite

    Neige ? Je parie quelle voudraitvenir aussi.

    Laisse-la donc dormir , luirpondit-il dun ton doux tout en sefaufilant dans le tunnel.

    Petit Bleuet le suivit, folledimpatience. Sa queue frla le sol,que le passage des guerriers avait

  • aplani au fil des lunes.Lorsquelle mergea de lautre

    ct, les odeurs de la fortenvahirent sa truffe et sa gueule.Feuilles, terre, mousse, gibier dessaveurs si riches quelle en sentaitpresque le got sur sa langue. Uncourant dair pur lui bouriffa lesmoustaches. Loin des senteursfamilires du camp, il lui paruttrange et sauvage. Tout autourdelle, le sol jonch de feuillesmortes aux teintes fauves voquaitun pelage caille et les formessombres des fourrs entre les arbrestaient presque inquitantes.

    Pelage de Soleil lentrana le long

  • dun sentier battu menant au pieddune cte si abrupte que PetitBleuet dut se tordre le cou pour envoir la fin.

    Nous sommes au cur duterritoire du Clan du Tonnerre,expliqua le lieutenant. L-haut, ausommet du ravin, la fort stend detous cts jusquaux frontires.

    Tu arrives grimper jusque-l? stonna la petite chatte.

    Elle fouilla la pente des yeux afinde deviner quel itinraireempruntaient ses camarades pourviter les rochers et les buissons quisaillaient au-dessus de leur tte.

    Voici le chemin le plus facile.

  • Le matou gagna une sente entredeux rocs massifs o un glissementde terrain avait unifi le sol. Il ybondit puis se hissa sur lun desrochers.

    ton tour , lana-t-il.Du bout de la patte, Petit Bleuet

    tapota la base de lboulis. Sil taitfacile de progresser sur lespremires longueurs de queue, lamonte devenait ensuite plus abrupteet elle finit par glisser sur lespierres. Le cur battant, elle fit unsaut dsespr vers le rocher o lematou lattendait et dut saider deses griffes pour le rejoindre.

    Peu fire delle, elle sbroua.

  • Avec de lentranement, adevient plus facile , la rassura-t-il.

    Pelage de Soleil lui tourna le doset sengagea dans une trancheboueuse qui sinuait flanc de ravin.Elle sarrtait au pied dun autrerocher gigantesque.

    Il ne sattend quand mmepas ce que je grimpe l-dessus ? se demanda Petit Bleuet,horrifie.

    Les yeux plisss, Pelage de Soleillevait le museau vers la surfacelisse.

    Vois-tu les creux et les aspritsqui pourraient taider ?

  • Elle examina le roc et finit parremarquer des rainures et deslzardes dans la pierre : un creux surle ct lui permettrait de prendreappui, elle pourrait glisser sesgriffes dans une fissure juste au-dessous, une brche bien pratiquesouvrait un peu plus haut. Est-ceque ces petits dfauts dans la pierresuffiraient pour quelle puisseatteindre le sommet ?

    Elle attendit que Pelage de Soleilouvre la voie, mais, dun mouvementdu museau, il linvita commencer.

    Passe en premier. Je serai justederrire toi au cas o tu glisserais.

    Petit Bleuet sortit les griffes. Je

  • ne glisserai pas.Elle se ramassa sur ses pattes

    arrire et, les yeux rivs lapremire fissure, elle se prpara bondir. Tremblant sous leffort, ellesauta, planta une griffe dans lalzarde et, prenant appui dans lecreux avec ses pattes arrire, elle sehissa plus haut. Elle smerveilladatteindre si vite la brchesuivante, dont elle se servit pourgrimper plus haut encore et, commepar miracle, elle se retrouva ausommet, pantelante.

    En jetant un coup dil en arrire,elle vit Pelage de Soleil. Il luisemblait bien petit, tout en bas.

  • Avait-elle vraiment russi montersi haut avec si peu de prises ? Elletait au mme niveau que la cimedes arbres bordant le camp et voyaitdevant elle les branches fatiresdo les cureuils lavaient narguetout au long de la saison des feuillesvertes.

    Belle ascension ! la flicitaPelage de Soleil lorsquil leutrejointe. prsent, quel cheminfaut-il prendre, ton avis ?

    Les buissons et les arbrisseaux sedressaient vers elle. Leurs racinessemmlaient dans le sol rocailleuxet les maintenaient fermementplants dans la pente abrupte. Elle

  • aperut un sentier escarp mais bienvisible qui serpentait autour du troncdun noisetier.

    Par l ! miaula-t-elle.Sans attendre de rponse, elle

    slana et suivit les mandres entreles rochers qui couronnaient leravin. Elle tait presque au sommet !La fort ntait plus qu quelqueslongueurs de queue.

    Soudain, elle glissa.La panique la saisit lorsquelle

    sentit le sol se drober et son corpspartir en arrire. Elle gmit tout enpatinant des pattes pour trouver uneprise.

    Un obstacle moelleux interrompit

  • sa chute. Tout va bien ! lana Pelage de

    Soleil, qui stait plac sous ellepour la rattraper. Il la prit par lapeau du cou.

    Petit Bleuet retint son souffle envoyant le vide derrire eux. Toutetremblante, elle tendit les pattes versle sol et le matou la lcha dsquelle eut retrouv son quilibre.

    Dsole, miaula-t-elle. Jenaurais pas d aller si vite.

    Quand tu seras plus grande etque tu auras plus de force dans tespattes arrire, tu pourras passer parici, rpondit-il en lui donnant, dubout de la queue, une pichenette sur

  • loreille. Pour linstant, nous allonspasser par l.

    Petit Bleuet suivit son regard : ilsagissait dune piste rocailleuse quilongeait le ravin en serpentant entredes rochers plus petits. Elle le suiviten prenant soin de mettre ses pasdans les siens. une longueur dequeue du sommet, la piste donnaitsur une muraille de pierre qui lessurplombait. Petit Bleuet sentait djle lourd parfum de la fort et elleapercevait quelques branches quipointaient au-dessus du roc.

    Dun bond, Pelage de Soleilfranchit lobstacle. Petit Bleuet pritune inspiration et sauta, les pattes

  • tendues vers la vgtation quipoussait au sommet de la pierre.Elle sy agrippa et tenta de se hisserdans lherbe. Du coin de lil, ellevit que le lieutenant se penchait verselle pour la prendre une fois encorepar la peau du cou.

    Je peux le faire ! ahana-t-ellesans lui laisser le temps de latoucher.

    Elle ignora la douleur qui saisitses muscles lorsquelle redoubladefforts et, peu peu, horsdhaleine, elle finit par atteindre lesommet.

    Bravo , la flicita le matou.Retenant son souffle, Petit Bleuet

  • jeta un coup dil en bas du ravin.Le camp tait peine visible travers les arbres. Elle se tournaalors vers la fort. Des buissonsbordaient la lisire et les arbres sesuccdaient jusqu disparatre danslombre. Les branches frmissaientet craquaient sous les assauts duvent. Un frisson dexcitationparcourut la petite chatte.

    Cest l que les chasseursviennent tous les jours ? murmura-t-elle.

    Oui. Et tu les accompagnerasbientt.

    Je veux aller avec eux tout desuite !

  • Soudain, Pelage de Soleil secrispa. Il scrutait les arbres, les yeuxronds. Un instant plus tard, ilsentendirent lcho dune course-poursuite venu du cur de la fort.La cavalcade se rapprocha, lestaillis tremblrent et Petit Bleuet putenfin distinguer les silhouettesfantomatiques de plusieurs guerriers.

    Qui est-ce ? senquit-elle en seblottissant contre le lieutenant.

    La patrouille de laube,rpondit-il schement. Il se passequelque chose.

    Queue de Moineau jaillit dunmassif de fougres, ses yeux jaunesbrillant dans la lumire du jour

  • naissant. Il sarrta devant eux endrapant. Croc de Vipre, Vol-au-Vent et Plume de Grivesimmobilisrent derrire lui.

    Quest-il arriv ? demandaPelage de Soleil.

    Le Clan du Vent nous a vol dugibier ! feula Queue de Moineau.Nous devons avertir toile de Sapin.

    Sans plus attendre, il slanadans la pente, suivi de prs par sespatrouilleurs.

    Rentrons , dclara Pelage deSoleil, qui disparut aussitt derrireses camarades.

    Petit Bleuet tremblait. Une guerre

  • se prparait-elle ?Le soleil qui pointait lhorizon

    dversait sa lumire sur la fort etnimbait de rose la cime des arbres.Un sentiment de fiert et dexcitationlui gonfla la poitrine. Ctait l sonterritoire et son Clan avait desennuis. Elle savait sans lombre dundoute quelle tait prte tout pouraider ses camarades. Elle glissa plusquelle ne descendit jusquau fonddu ravin, bien dcide ne pas selaisser distancer.

    Elle avait perdu de vue les autresguerriers lorsquelle sengagea dansle tunnel dajoncs en priant pournavoir rien manqu.

  • Au milieu de la clairire, Queuede Moineau faisait son rapport toile de Sapin. Inquiets, les autresmembres du Clan staient regroupsautour deux. Pelage de Pierre etPlume de Tempte, que leur fourruregrise faisait ressembler desombres, quittrent le bouquetdorties. Des branches de larbreabattu remurent lorsque HerbeFolle sextirpa de la tanire desanciens, suivi par Plume dAlouetteet Patte Tremblante. Plume deRouge-Gorge faisait les cent pasdevant la pouponnire, les oreillesdresses.

    Alors que Plume Cendre ntait

  • guerrire que depuis une lune, ellese comportait dj comme unlieutenant et poussa Nuage dePomme de Pin, qui sortait de latanire des apprentis.

    carte-toi de mon chemin, cestimportant ! feula-t-elle. Dpche-toi,il Blanc !

    Nuage Blanc avait reu son nomde guerrire en mme temps quePlume Cendre. Petit Bleuet avaittrouv bien cruel qutoile de Sapinla nomme daprs lil vitreux quidfigurait son joli museau, mais celanavait pas eu lair de dranger lachatte gris perle. Celle-ci suivit sacamarade avec son expression

  • imperturbable habituelle et passadevant Nuage de Pomme de Pin ensexcusant dun haussementdpaules.

    Petit Bleuet ! miaula Fleur deLune en sortant du tunnel defougres, les yeux rondsdinquitude. Je te cherchais partout! Tu es sortie ? Tu sais que tu naspas le droit de quitter le camp ! lagronda-t-elle.

    La petite chatte voulut luiexpliquer que Pelage de Soleillavait accompagne, mais PlumedOie et Longues Moustachesmergrent leur tour du tunnel etentranrent sa mre.

  • Tu viens ? demanda DouceBrise Petit Bleuet, qui la suivit enhochant la tte.

    Elle parlerait Fleur de Lune plustard.

    Les yeux plisss, toile de Sapinsentretenait avec les patrouilleurs.

    Vous avez trouv du sang lintrieur de nos frontires ?

    Oui, confirma Queue deMoineau. Du sang dcureuil. Toutfrais.

    Petit Bleuet sassit prs de DouceBrise.

    Est-ce quil va y avoir unebataille ? demanda-t-elle laguerrire.

  • Jespre que non. Petite Neige les rejoignit en

    courant, la fourrure gonfle parlexcitation.

    Imagine, sil y avait une guerre !

    Croc de Vipre, qui allait etvenait devant le chef, gronda :

    Les chasseurs du Clan du Ventont d le tuer ce matin et lerapporter jusqu leur territoire enpassant par les Quatre Chnes.

    Vous tes srs que ce sont bienles guerriers du Clan du Vent quilont attrap ? senquit Douce Brise.

    Oui ! Leur odeur tait partout !rapporta Plume de Grive, qui, les

  • poils hirsutes, semblait terrifi. nous donner des haut-le-cur.

    Cela dit, il ny avait aucunemarque sur les buissons, fitremarquer Vol-au-Vent en penchantla tte de ct. Et si ctaient lesrafales de vent qui nous avaientapport leur odeur depuis la lande ?

    Les rafales ? rpta Queue deMoineau, incrdule.

    Tu parles dune concidence !rpliqua Croc de Vipre. Du sangdcureuil et lodeur du Clan duVent ? Nos ennemis ont franchi lafrontire pour nous voler notregibier !

    Et si cet cureuil avait t tu

  • par un autre prdateur ? suggratoile de Sapin. Navez-vous pasflair la prsence dun renard ?

    Rien de frais, en tout cas,rpondit Croc de Vipre.

    Mais il y avait bien une odeurde renard ? insista toile de Sapin.

    Il y a des traces de renardpartout, si on cherche bien ! rponditQueue de Moineau en sortant lesgriffes.

    Ce nest pas la premire foisque le Clan du Vent nous fait lecoup, dclara Patte Tremblante, quisapprochait clopin-clopant.

    Oui, la saison des feuillesmortes les rend toujours nerveux,

  • confirma Pelage de Pierre. Leslapins regagnent leurs terriers alorsque le gibier reste abondant dans lafort. Ce ne serait pas la premirefois que la faim pousse ces guerrierspar-del les Quatre Chnes jusqunotre frontire.

    Et ce ne sera pas la dernire,ajouta Queue de Moineau, la minesombre.

    Ils ne peuvent pas souffrir defamine ! sindigna Douce Brise. Lasaison des feuilles mortes nestmme pas finie.

    Pourquoi nont-ils pas pluttvol le gibier du Clan de la Rivireou celui du Clan de lOmbre ?

  • stonna Petit Bleuet. Ils ont desfrontires communes.

    Ils pensent peut-tre que lesQuatre Chnes les mettent labridventuelles reprsailles, luirpondit Croc de Vipre en tournantvers elle ses yeux jaunes.

    Ou alors ils pensent quil estfacile de nous voler ! rugit Plumede Tempte, qui jusque-l avaitobserv la scne, les yeux mi-clos,depuis le bord de la clairire. Ilsavana vers eux. Sils sont djprts chaparder un cureuil avantmme le dbut de la mauvaisesaison, combien en voleront-ils dansune ou deux lunes ? Nous devons

  • leur donner une leon maintenant,avant quils simaginent quilspeuvent chasser nos proies quandbon leur semble.

    Un frisson de fiert traversa PetitBleuet. Son pre tait un vritableguerrier, prt se battre pourdfendre son Clan.

    toile de Sapin secoua la tte et,dun bond, gagna le sommet duPromontoire.

    Il ny aura pas de bataille pourle moment, ordonna-t-il.

    Tu vas les laisser sen prendre notre gibier ? sindigna Plume deTempte.

    Rien ne prouve quil y a bien

  • eu un vol. Croc de Vipre feula. On na pas vu la moindre trace

    dun guerrier du Clan du Vent, etaucun marquage na t laiss surnotre territoire, rappela le meneur.

    Seulement parce que ce sontdes lches ! rpliqua Queue deMoineau, sous les encouragementsde ses camarades.

    Est-ce que le Clan des toilesavait annonc quoi que ce soit ?demanda le chef Plume dOie.

    Non, rien. Lches ou pas, gronda toile

    de Sapin, je ne vais pas leurdclarer la guerre si je nai aucune

  • preuve de leur culpabilit.Cependant, je prviendrai tous lesClans demain, lAssemble, quenous sommes sur le qui-vive. Pelagede Soleil, prvois des patrouillessupplmentaires sur la frontire quilonge les Quatre Chnes. Si tuaperois une patrouille du Clan duVent, dcourage-les. Et avec desmots, pas des coups. Prcisa-t-il enplissant les yeux.

    Entendu, miaula le lieutenant.Nous renouvellerons aussi lemarquage.

    Petit Bleuet vit la fourrure de sonpre onduler le long de son chinelorsquil vint sasseoir prs de Croc

  • de Vipre. Tte baisse, les deuxguerriers conversrent voix bassetandis que Queue de Moineau leurtournait autour, la queue bouriffe.

    Est-ce quils vont quand mmeattaquer le Clan du Vent ? demandaPetit Bleuet Fleur de Lune.

    Non, la rassura la reine. Si jtais eux, je le ferais

    malgr tout, rtorqua Petite Neige. Nous ne savons pas si cest

    vraiment un coup du Clan du Vent,protesta Petit Bleuet.

    Oui, mais a pourrait tre eux! insista la petite chatte blanche.Mieux vaut prvenir que gurir !

  • Moi, jirais leur arracher la fourrurepour quils nosent plus jamais nousvoler notre gibier.

    Mme si ton chef te linterdit ?linterrogea Fleur de Lune. Laparole du chef fait force de loi, neloublie pas.

    Petit Bleuet pencha la tte,perplexe.

    Un guerrier ne devrait-il pastoujours faire passer son Clan avantle reste ? Et si toile de Sapin setrompait ? insista sa sur.

    Du bout de la queue, Fleur deLune lissa le pelage hirsute de PetiteNeige.

    toile de Sapin fera toujours ce

  • quil considrera le mieux pour leClan du Tonnerre. Rappelle-toi quilest guid par le Clan des toiles.

    Si tu le dis , miaula PetiteNeige, visiblement due.

    Petit Bleuet fixait le sol, lecerveau en bullition. Comment leschefs pouvaient-ils toujours avoirraison ? Serait-ce toujours le cas sile Clan des toiles ne les guidait pas?

    Nuage de Pomme de Pinrebroussait chemin vers la taniredes apprentis.

    Dire que aurait pu tre notrepremier combat , soupira-t-il.

    Nuage de Lopard bondit devant

  • lui, pivota et se plaqua au solcomme pour se prparer attaquer.

    On les aurait massacrs ,gronda-t-elle.

    Le Clan commenait sedisperser lorsque toile de Sapin,qui navait pas quitt lePromontoire, poussa un deuximeappel. Tous les regards sereportrent sur lui.

    Ce nest pas tout , annona-t-il.Petit Bleuet leva la tte vers le

    Promontoire, curieuse dentendre lasuite.

    Je souhaite nommer deuxnouvelles apprenties.

    Qui donc ?

  • Puis elle comprit. Ce doit tre nous ! siffla-t-elle

    Petite Neige, dont les yeuxbrillaient dj.

    Je ne pensais pas quil le feraitaujourdhui ! scria Fleur de Luneen se prcipitant vers ses filles.Regarde-toi !

    Petit Bleuet contempla avecconsternation son pelagepoussireux et tach de boue aprsson expdition dans le ravin.

    Fais ta toilette ! Vite ! Trop tard. Petit Bleuet et Petite Neige ,

    appela le chef en les invitant dunmouvement de la queue

  • sapprocher.Douce Brise scarta. Patte

    Tremblante et Pelage de Soleilreculrent pour leur faire une placesous le Promontoire.

    Petite Neige sy prcipitait dj,alors que Petit Bleuet hsitait,honteuse de sa fourrure crotte etgne par les regards de sescamarades.

    Allez, murmura Fleur de Luneen lincitant avancer dun petitcoup de museau. Peu importe tafourrure. Ses yeux brillaient defiert. Cest ton esprit quil veutaccueillir au sein du Clan duTonnerre.

  • La petite chatte grise prit unegrande inspiration et suivit sa sursous le Promontoire en esprant quepersonne ne remarquerait ses pattestremblantes.

    toile de Sapin baissa les yeuxvers elles.

    Voil six lunes que vous vivezparmi nous. Aujourdhui commencevotre entranement. Votre pre est unguerrier loyal et courageux.Puissiez-vous emprunter le mmechemin.

    Petit Bleuet jeta un coup dilvers Plume de Tempte. Il avaitcess dchanger des murmures avecCroc de Vipre et les regardait

  • avidement. Les pattes de Petit Bleuettremblrent encore plus. Pourquoifallait-il quelle ait si pitre allure ?

    Petite Neige ! Le miaulement du chef retentit

    dans la froideur de laube.La petite chatte blanche releva le

    museau. compter de ce jour, ton nom

    sera Nuage de Neige. Petit Bleuet vit sa sur bomber le

    poitrail. toile de Sapin passa enrevue les guerriers qui lobservaientdans la clairire.

    Queue de Moineau , miaula-t-il.

    Le chat brun tachet carquilla les

  • yeux, visiblement surpris. Tu seras le mentor de Nuage de

    Neige. Entrane-la pour faire delleune redoutable guerrire.

    Le grand matou cilla un instantpuis savana pour effleurer lemuseau de son apprentie.

    Petit Bleuet, poursuivit toilede Sapin, jusqu ce que tu aiesgagn ton nom de guerrire, tutappelleras Nuage Bleu. Pelage dePierre sera ton mentor.

    Le chat gris vint se placer prsdelle.

    Tu nas toujours pas le droitdentrer dans le gte des guerriers ,la taquina-t-il en lui frlant la tte du

  • bout de la truffe.Nuage Bleu narrivait pas y

    croire. Ce soir-l, elle dormiraitdans la tanire des apprentis !

  • CHAPITRE 4

    NUAGE BLEU ! Nuage Bleu ! Tandis que les membres du Clan

    criaient son nouveau nom, NuageBleu se sentait aussi grande que lePromontoire. Elle allait enfinpouvoir aider ses camarades.

    Plume de Tempte lui adressa un

  • petit signe de la tte. Nuage Bleuaurait voulu courir vers lui pourfrotter son museau contre le sien,mais ses pattes refusrent de bougeret son pre se retourna vers Croc deVipre.

    Je narrive pas y croire ! scria Nuage de Neige.

    Petite Rose, Petite Mousse etPetite pine se prcipitrent verselles avec des miaulementsenthousiastes.

    Vous tes apprenties ! couinaPetite Mousse.

    Vous nous manquerez dans lapouponnire ! sexclama Petite Rosetout en faisant des bonds autour

  • delles. Moi, je ne vois pas pourquoi

    je ne pourrais pas tre ap