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1183 - février 2017 SommaiRe : PRiX en fRance 3 iSSn : 2117-5047, eiSSn : 2493-2752 commission paritaire N°0418 I 83051 acTUaliTé pages 2 Quelle embellie ! Le gouvernement se félicite du fait qu’en 2016 les entreprises françaises ont créé un nombre record d’emplois. Il s’agit en fait d’emplois précaires, qui ont coûté beaucoup plus cher aux contribuables… que ceux créés par les 35 heures. page 3 Questions à l’ordre du jour maRie-loUiSe dUboin devant les nombreuses questions dont dépend le vote aux présidentielles, montre que la réussite tant souhaitée de propositions progressistes comme celles de B. Hamon n’est possible que si l’électeur ne se laisse pas manœuvrer par la grande presse qui se prétend neutre, alors qu’elle est au service de gros intérêts. page 5 Mort ou résurrection du PS ? J ean-PieRRe mon, devant l’éclatement actuel du PS, se souvient que son tournant libéral a été pris en 1983 et rappelle combien La Grande Relève avait alors vite réagi, averti et suggéré comment redresser la barre ! RéfleXion page 6 Quelques idées sur l’énergie micHel b eRgeR continue de passer en revue certaines vérités concernant l’énergie : celles qui sont encore disponibles, l’usage qui en est fait inégalement dans le monde, et en particulier en France, les choix politiques engagés et leurs effets comparés aux impératifs de la transition qui s’impose. page 12 La simplicité comme manière de vivre beRnaRd b laVeTTe fait l’éloge d’une manière de vivre fondée sur la simplicité, cette démarche philosophique, décrite par Pierre Hadot, peut transformer heureusement nos comportements quotidiens page 15 Courrier des lecteurs La Grande Relève menSUel de RéfleXion Socio-économiQUe VeRS la démocRaTie d’Une économie de PaRTage «Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée» V. Hugo.

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n° 1183 - février 2017

sommaire :

prix en france 3 € issn : 2117-5047, eissn : 2493-2752 commission paritaire N°0418 I 83051

• actualité

pages 2 Quelle embellie !

Le gouvernement se félicite du fait qu’en 2016 les entreprises françaises ont créé un nombre record

d’emplois. Il s’agit en fait d’emplois précaires, qui ont coûté beaucoup plus cher aux contribuables…

que ceux créés par les 35 heures.

page 3 Questions à l’ordre du jour

marie-louise duboin devant les nombreuses questions dont dépend le vote aux présidentielles,

montre que la réussite tant souhaitée de propositions progressistes comme celles de B. Hamon

n’est possible que si l’électeur ne se laisse pas manœuvrer par la grande presse qui se prétend neutre,

alors qu’elle est au service de gros intérêts.

page 5 Mort ou résurrection du PS ?

Jean-pierre mon, devant l’éclatement actuel du PS, se souvient que son tournant libéral

a été pris en 1983 et rappelle combien La Grande Relève avait alors vite réagi, averti et suggéré

comment redresser la barre !

• réflexion

page 6 Quelques idées sur l’énergie

mi c H e l be r g e r continue de passer en revue certaines vérités concernant l’énergie :

celles qui sont encore disponibles, l’usage qui en est fait inégalement dans le monde, et en particulier en France,

les choix politiques engagés et leurs effets comparés aux impératifs de la transition qui s’impose.

page 12 La simplicité comme manière de vivre

b e r n a r d bl av e t t e fait l’éloge d’une manière de vivre fondée sur la simplicité, cette démarche

philosophique, décrite par Pierre Hadot, peut transformer heureusement nos comportements quotidiens

• page 15 Courrier des lecteurs

La Grande Relèvem e n s u e l d e r é f l e x i o n s o c i o - é c o n o m i q u e

v e r s l a d é m o c r a t i e d ’ u n e é c o n o m i e d e p a r t a g e

«Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée» v. Hugo.

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cH e r s e m p l o i s

Selon l’INSee, 191.700 emplois ont été créés enFrance en 2016. Il s’agirait de la meilleure per-formance sur le front de l’emploi privé depuis2007… Bien entendu, notre ministre du travail,de l’emploi et de la formation professionnelle,Myriam el Khomri, n’a pas manqué de s’enréjouir : «Le redressement de notre économieest aujourd’hui pleinement confirmé : le sou-tien aux entreprises a permis à celles-ci deretrouver des marges qui leur permettentd’investir de façon très dynamique et derecréer de l’emploi à un rythme que nousn’avions pas connu depuis neuf ans». Le parti socialiste en a profité pour soulignerque ces résultats marquaient «la réalisationdes objectifs du quinquennat en matière delutte contre le chômage». Plus que la hausse du PIB (elle a presqueatteint 1,2% à la fin de l’année), les écono-mistes pensent que «l’embellie» est surtoutdue à la politique fiscale mise en place en 2014par le gouvernement, le Crédit d’Impôt pourla Compétitivité et l’emploi. Rappelons que ceCICe, plus le pacte de responsabilité, plus laprime à l’embauche devaient permettre auxentreprises de restaurer leurs marges et PARCoNSÉQueNT de créer des emplois. Que cette politique fiscale du quinquennatHollande aient permis aux entreprises qui enont profité de reconstituer leurs marges, on nesaurait en douter.

Mais regardons de plus près le coût pour lescontribuables de ces 191.700 créations d’em-plois : le montant du CICe pour 2016 a été de41 milliards d’euros, un emploi créé leurrevient donc, en gros, à 200.000 euros ! C’esttrès cher. Surtout quand on compare avec lecoût des emplois crées par la réduction dutemps de travail à 35 heures : 12.800 euros !

et quels emplois ?

et quels types d’emplois cette «embellie» a-t-elle créé ? L’INSee constate que ces entreprisesaidées ont surtout engagé … des intérimaires.Leur nombre a augmenté de 11,8% en 2016pour atteindre 654.100 postes, le plus hautniveau depuis 2007. et où ont été créés cesemplois précaires ? Pas dans l’industrie, où lenombre d’emplois créés a diminué (- 0,7% ).Pas non plus dans la construction, dans ce sec-teur aussi, il a baissé (- 0,4% ). Il a été est toutjuste stable dans le secteur marchand et il n’acru (hors intérim) que dans les services(+1,4%). Alors les économistes de l’observatoireFrançais des Conjonctures Économiques ontobservé que le basculement de l’emploi précai-re vers un emploi pérenne devient beaucoupplus rare qu’il y a quelques années. Ils sedemandent même si c’est le signe d’un nou-veau type de croissance économique incapablede créer des emplois de façon durable…

LA GRANDE RELEVE - n° 1183 - février 2017

A u F I L d e S J o u R S

En cette période électorale, avez-vous pensé à offrir la lecture deLa Grande Relève à vos proches ? Pour les aider à réfléchir avant devoter, quel cadeau utile… et quel meilleur moyen de soutenir nos effortsque susciter des abonnements à ce mensuel qui est écrit et mis en pagespar des bénévoles, et n’est aidé ni par des publicités payantes ni par lamoindre subvention !

POUR QUE VIVE LA GRANDE RELÈVEs o u s c r i p t i o n p e r m a n e n t e

S. Maloberti 2 – J. Simonet 17 – J. Chaudieu 49 – A. Morlot 3 – F. Rachmuhl 17 – J. Iltis 13 – R. Mourin 22 – A. Bouchard 27 – G. Bouchard 27 – Ph. Bouchard 7 – J-J. Bouchard 17 – B. Simonnet 17 – R. Labesse 50 – J. Mathieu 177 – A. Horte 3 – Y. Grémion 37 – P. Petitgas 4 –J. Saillard 17 – R. Brusseau 28 – F. Villedary 17. Total 551 euros Merci à tous !

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Quelle embellie ?

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É d I T o R I A L

Première question : Comment des mil-lions de gens ont-ils pu être séduitspar le nouveau Président des États-

unis, ce milliardaire qui incarne le pire de cequ’on peut reprocher à un responsable poli-tique ! Cette élection n’annonce qu’aggrava-tion des violences, désordres, dumping socialet fiscal, gâchis, abus, pollutions, etc. et j’en passe…

deuxième question : Comment être optimis-te quand on constate que les électeurs fran-çais s’apprêtent à suivre le même chemin  ?Pour la prochaine élection présidentielle, lessondages désignent en effet comme favoritela candidate du même bord que Trump,qu’elle admire. Tout aussi dangereuse, ellevient ouvertement de prendre (dans “l’affaireThéo”) la défense de policiers coupables d’actesde violence raciste…elle a d’autant plus de chances que le com-portement de celui qui était présenté commeson probable “challenger” au second tour, lecandidat porté par le CAC 401 et choisi par ladroite et le centre, a choqué même les plusconservateurs de son camp !

Troisième question  : Ceux des électeurs quece Tartuffe vient de décevoir par sa cupidité(légale  !) révélée par Le Canard vont-ilsrejoindre ceux du PS de droite et opter pourle “jeune loup”2 qui, ministre de l’économiechoisi par Hollande-Valls en août 2014n’avait alors pas caché ses intentions : revenirsur les 35 heures, sur l’allocation chômage,sur la retraite, etc. se révélant l’ardent défen-seur de l’emploi précaire ? C’est fort possiblepuisque ce serait continuer cette politique dedroite qui est la leur et dans laquelle cet“uber-Macron” a été formé…

Sera-t-il assez séduisant et assez flou pourfaire illusion aux électeurs dont il ignoresuperbement les soucis quotidiens ?

Quatrième question  : Que vont faire lesautres candidats, ceux à qui sont attribuées,malgré le sérieux de plusieurs d’entre eux,fort peu de chances d’accéder au secondtour  ? …Vont-ils pouvoir s’entendre sur un“programme commun” et faire bloc derrièrel’un d’eux ? N’importe lequel d’ailleurs, carl’enjeu n’est pas de trouver un homme provi-dentiel mais de retrouver l’espérance d’unavenir meilleur, en redressant la barre ensens inverse du tournant libéral qu’a pris lePS de Mitterrand en 1983 (voir l’article ci-après)…

Cinquième question  : Qui l’emportera  : lecourage et la force des idées portées par cescandidats ou bien la perversité d’une certai-ne presse pour les dénigrer ?

Cette dernière question rejoint doublementla deuxième :1) La victoire spectaculaire  remportée parBenoît Hamon sur Manuel Valls a été unegrande joie pour tout distributiste, elle nepeut que rendre nos lecteurs optimistes carc’est la preuve que les électeurs, eux, ne rejet-tent pas l’idée d’un revenu universel. enréussissant à la faire percer Benoît Hamonrenforce notre volonté d’espérer que les êtreshumains sont capables de prendre leur ave-nir en main. Les difficultés posées par lefinancement d’un revenu garanti dans lerégime capitaliste sont si grandes et sidiverses qu’elles devraient ouvrir les yeuxsur l’obstacle monétaire. Alors, allons-y !! Laprochaine GR sera un numéro spécial poursoutenir l’argumentation de nos lecteurs surles réponses que nous apportons à ce sujet.2) Il faudrait que l’électeur soit en mesure depercevoir comment les professionnels dujournalisme s’y prennent pour le pousser àrejeter ce qui pourrait vraiment être un pro-gramme d’espoir…

comment se fabrique l’opinion

on aborde là l’incompatibilité entre démo-cratie et système capitaliste : les propriétairesde la grande presse sont de puissantsgroupes financiers qui disposent ainsi desmoyens de façonner l’opinion en faveur de lapolitique qui leur permet de maintenir ceténorme pouvoir. Cette politique de droite,

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Questions à l’ordre du jour

lire les détailsdans l’étude édifiante dedeux socio-logues, publiéesous le titre Dequi François Fillonest-il le prête-nom ? dans Le MondeDiplomatiquede février 2017.

voirGR 1158 p. 3.

1.

2.

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évoquée ci-dessus, est la “politique de l’offre”à laquelle Hollande et Valls se sont ralliés enprétendant qu’il faut aider les entreprises àêtre “compétitives“ et gagner de nouveauxmarchés parce qu’alors elles deviendront phi-lanthropes : elles créeront tellement d’emploisque leur prospérité sera partagée par tout lemonde. Pendant le quinquennat qui s’achève, ce leurrenous a valu, entre autres, la loi Travail, forcée àcoup de 49-3 ; le Crédit d’Impôt pour laCompétitivité et l’emploi, qui a coûté 41 mil-liards au budget de l’État et permis aux socié-tés qui en ont bénéficié d’augmenter leursbénéfices de 37% et de verser 56 milliards dedividendes3 à leurs actionnaires ; et quelque70 milliards par an filant encore en douce dansles paradis fiscaux.L’échec est flagrant. Mais qu’importe  ! Puisqu’elle les “intéresse”,les grandes entreprises soutiennent cette poli-tique par tous les moyens, y compris le men-songe, en sauvant les apparences. L’idée d’unrevenu garanti pourrait faire réfléchir ? Il fautdissuader les électeurs de l’envisager, leurmette dans la tête qu’un “parti de gouverne-ment” ne saurait envisager une telle absurdité.un exemple de cette “manipulation“ m’esttombé récemment sous les yeux. S’il m’a scan-dalisée, alors qu’il y en a tant d’autres, c’estparce qu’il s’agit d’un journal qui passe pourun quotidien de référence et que le mensongeétait vraiment gros. dans Le Monde du17/1/17, il était écrit, comme une évidence,entre d’autres affirmations, que «le chômagen’est pas une fatalité, comme l’atteste le pleinemploi au Royaume-Uni et en Allemagne, le

salaire en CDI reste la norme écrasante tandisque l’ubérisation de la société n’est pas certai-ne». Je veux bien que l’ubérisation ne soit pasencore étendue à toute la société, n’empêchequ’elle en prend le chemin. Mais quel culotd’oser écrire, et dans un éditorial (non signé),que le CdI reste la norme, et é-cra-san-te ! Quelplein emploi voit-il au Royaume-uni, ce paysdes “jobs à zéro heure” (sans garantie ni d’untemps de travail, ni d’un salaire minimum,c’est : «restez près d’un téléphone pour qu’onpuisse vous appeler si pour une heure, oupeut-être plus, on a besoin de vous !») ? Il feintd’ignorer que ce genre de contrats, que les syn-dicalistes n’ont pas réussi à faire interdire parla loi, s’est étendu à tout le marché du travailau point que, selon l’agence Reuters, ils repré-sentaient un cinquième des emplois créésdepuis 2008. de même, ce professionnel del’information ne veut pas savoir que lesAllemands ont inventé les “jobs à 1 euro l’heu-re” ! Le développement de ces “bullshit jobs”dénoncés sous ce terme (traduit en français par“emplois de merde”) par david Graeber, nepeut pas être ignoré par l’éditorialiste duMonde. Il est plus vraisemblable qu’il fait par-tite de cette ”classe“ que ce sociologue décri-vait en ces termes  : «La classe dirigeante aimaginé qu’une population heureuse et pro-ductive disposant de temps libre constitue undanger mortel… Qui plus est, le sentimentque le travail est en soi une valeur morale etdonc que les gens doivent être soumis à untravail intense même s’il ne sert à rien, luiconvient extraordinairement bien».

marie-lo uise duboin

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chiffres rappeléspar J-F KahndansL’ineffaçabletrahison.

3.

La casse des droits sociauxLe CAdTM (en France, 130 av. de Versailles, 7016 Paris) publie une magnifique et forte intéres-sante revue AVP, Autres voix de la Planète. dans son numéro du 4° trimestre 2016, il faut lire, entre autres études, celle qui concerne l’histoi-re de la sécurité sociale : les premières caisses ouvrières, dès la fin duXIX° siècle, étaient des caisses mutuelles ; les congés payés, en 1936,ont fait admettre qu’un travailleur pouvait être payé par son entre-prise pendant qu’il se repose pour reprendre des forces ; à la sortiede la guerre 39-45, la social-démocratie, craignant le communisme, aaccepté l’idée d’un salaire social “collectif” versé par les entreprisescouvrant les risques inhérents au marché du travail. or ce pacte social est rompu. depuis le tournant libéral du début des années 1980, des contratspermettent à des entreprises de s’exonérer d’une partie des cotisa-tions, d’où un déficit croissant de la Sécurité sociale, qui financedirectement et parfois massivement une partie du coût de l’emploi.L’“activation ” des dépenses de chômage se transforme en “activa-tion des chômeurs” désormais culpabilisés, responsables de “valori-ser” le coût qu’ils représentent pour la société, et l’institution publique impose le mot d’ordre derentabilité pour se permettre de contrôler, voire sanctionner, leur comportement dans larecherche d’emploi.

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Avec Jaurès et Blum, le PS a eu ses heuresde gloire. Avec Mollet, il s’est enfoncédans l’indignité. Il serait trop long d’en

faire l’histoire intégrale. Nous nous borneronsdonc à sa renaissance au début des années 80 dusiècle dernier.

1981

Après 33 ans d’une Cinquième République, géréesans discontinuer par la droite, l’élection deFrançois Mitterrand à sa présidence et l’avène-ment qui en découle d’un gouvernement degauche soulèvent de grands espoirs dans lapopulation. en effet, avec 58 % des sièges àl’Assemblée nationale, le parti socialiste a lesmains libres pour mettre en œuvre les “110 propo-sitions pour la France”, inspirées du ProgrammeCommun signé en juin 1972 par le parti socialiste,le parti communiste et le mouvement radical degauche. Les vastes réformes sociales (baisse del’âge de la retraite, semaine de travail de 39heures, cinquième semaine de congés payés, loisAuroux,…) engagées en 1981-82 en sont tirées.elles confirment les attentes de la grande majori-té des Français tandis que la droite et une partiedes “élites économiques” dénoncent cette«gauche du programme commun» comme unrisque de communisme…Les réformes engagées augmentent considérable-ment les dépenses de l’État si bien que l’inflationatteint 13,4% à la fin de 1981. dans le même temps, le néolibéralisme a pris sonessor avec les politiques restrictives de MargaretThatcher au Royaume-uni et de Ronald Reaganaux États-unis. de son côté, l’Allemagne luttecontre la hausse des prix. Le franc est attaqué detoutes parts. Les capitaux fuient en Suisse… LaFrance ne peut plus se permettre de continuer sapolitique de relance dans un tel contexte. en octobre 1981, le gouvernement procède à unedévaluation du franc de 3%, puis en juin 82 à unenouvelle dévaluation de 5,75%.

en mars 83 la gauche perd les élections munici-pales et Pierre Mauroy démissionne de ses fonc-tions de Premier ministre. La situation internatio-nale de la France est très mauvaise  : malgré lesdévaluations, la fuite des capitaux continue. Lemark allemand et le florin néerlandais sont rééva-lués de 4,25 % par rapport aux autres monnaiesdu SMe1. Le franc perd 8 % par rapport au mark.Tous les indicateurs financiers (budget, balancecommerciale, balance des paiements) sont dans lerouge. Pendant une dizaine de jours, FrançoisMitterrand hésite. Rompre avec la Commu nautééconomique européenne, quitter le Systèmemonétaire européen et isoler l’espace économiquefrançais en développant une politique protection-niste ? C’est la position défendue par J.P.Chevènement, ministre de la Recherche et de laTechnologie puis de la Recherche et de l’Industriequi refuse de participer au troisième gouverne-ment Mauroy2 pour s’opposer au tournant libéraldu PS impulsé par Jacques delors, ministre del’économie et Laurent Fabius, ministre du budget.Après de longues discussions, Mitterrand finitpar opter pour la rigueur : augmentation desprélèvements obligatoires, diminution desdépenses budgétaires, blocage des prix et dessalaires…Ce “tournant de la rigueur” marque en fait le ral-liement du parti socialiste français à l’économiede marché et la fin d’une politique de “ruptureéconomique”. C’est son “Badgodesberg”3 qui sera désormais lanouvelle culture des gouvernements “socialistes”français. en avril 83, cependant, Louis Mermaz, membrede la direction nationale du parti socialiste depuis1971, élu président de l’Assemblée nationale le 2juillet 1981 (poste qu’il occupera jusqu’en 1986)appelle à réagir : «Il appartient aux socialistes deporter une appréciation sur les deux années quiviennent de s’écouler, de faire le bilan des succèset des difficultés rencontrées, de proposer les

En 1983, le gouvernement de François Mitterrand décidait de suivre letournant libéral initié par Ronald Reagan et Margaret Thatcher.

Finis les changements que l’élection de mai 1981 avait fait espérer… La Grande Relève avait réagi en publiant une brochure dont le titre,

SORTIR LE SOCIALISME DE LA CRISE, était un programme d’espoir.Alors que les débats autour de l’élection primaire de janvier dernier ont

mis en évidence la coupure profonde entre la gauche et la droite au sein du PS,JEAN-PIERRE MON a relu cette brochure et résume ici la présentation queMarie-Louise Duboin y faisait de propositions qui sont toujours d’actualité.

Mort ou résurrection du PS ?

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moyens de surmonter les obstacles. Il faut queceux qui, au sein du parti, ont des propositionsà faire, s’expriment».

Cet appel a été entendu par des mili-tants de diverse associations, tous pro-fondément socialistes (membres ounon du parti, distributistes, mondia-listes, …). Ils entreprirent de rédiger une brochu-re intitulée Sortir le socialisme de lacrise dont les rédacteurs de la GrandeRelève ont été la cheville ouvrière. Ils l’ont signée François Mauroche*

pour manifester leur volonté de pro-mouvoir des idées qui pourraient êtreacceptées par tous les courants.dans l’éditorial de la GR817 (denovembre 1983) Marie-Louise duboinen faisait ce résumé en trois points : • comprendre la réalité de la création

monétaire, les crises provoquées par lesgrandes transformations des moyens de pro-duction (et comment elles furent surmontées),l’absolue nécessité pour le capitalisme de lacroissance et de la solvabilité (plus ou moinsartificielle) des ménages, l’échec de la théoriedu déversement d’Alfred Sauvy face aux pro-grès de la robotique… • inventer une monnaie non transférable, unrevenu universel, un service social (en bref lestrois principes fondamentaux de l’économiedistributive).• préparer  : il est du devoir du parti socialisted’agir pour mettre en route ce programme.«Faute de saisir cette chance historique pourconcrétiser le changement en lequel lesFrançais avaient espéré, non seulement lagauche perdra, et pour longtemps, toute crédi-bilité et tout pouvoir mais l’instauration durevenu social, parce qu’elle est nécessitée parles faits, se fera sans elle dans un contexte infi-niment moins ouvert… Il sera alors l’instru-ment d’une société durable (déjà amorcée) danslaquelle une classe peu nombreuse de “jeunesloups” décideurs aura tout pouvoir sur le choixdes productions à entreprendre tandis que legrand troupeau inemployé sera considérécomme tout juste bon à consommer ce que“l’élite” saura lui faire désirer». L’indispensable phase de préparation «consisteautant sinon plus à populariser une nouvellefaçon de vivre en société qu’à définir les chan-gements matériels à mettre sur pied. Ellesdevront créer un état d’esprit, expliquer lamutation en cours, montrer que la surcompéti-tion économique est devenue nuisible, que lesprogrès récents nous apportent des possibilitésentièrement nouvelles  : celle de ne plus passersa vie à la gagner, de mettre à profit le tempslibéré pour des activités gratuites, humaine-ment enrichissantes».

La brochure fut envoyée à tous les parlemen-taires socialistes… et nous n’en eûmes aucunécho, même pas un accusé de réception !

une longue agonie ?Après la perte des élections municipales de1983, les désastres électoraux du PS se succè-dent : européennes en 1984, cantonnales en 1985et législatives de mars 1986 qui ouvrent letemps de la cohabitation avec la droite. Ce quin’empêche pas Mitterrand d’être réélu prési-dent de la République en 1988 avec 54% desvoix  ! Faisant suite à l’échec de la gauche auxlégislatives de mars 1993, une nouvelle cohabi-tation présidée par Mitterrand va durer jus-qu’en mai 1995. C’est le succès personnel deMitterrand, pas celui du PS : outre les premièresmesures sociales et sociétales qu’il avait prisesau début de son premier mandat, les traces cul-turelles matérielles qu’il a laissées au cœur deParis (l’opéra Bastille, le Grand Louvre et sapyramide, l’arche de la défense, la Bibliothèquenationale de France, l’Institut du monde arabe,la Géode et le parc de La Villette, la Cité de lamusique et le ministère de Bercy) ont sansdoute pesé en favaeur de sa réélection.Le PS reviendra au pouvoir lors de la cohabita-tion de 1997-2002 avec Chirac. Jospin nomméPremier Ministre eut le grand mérite d’imposerla durée hebdomadaire du travail à 35 heures.Mais son échec catastrophique à la présidencede la République en 2002 éloignera le PS dupouvoir pour dix ans. L’espoir allait revenir avec l’homme qui le 22janvier 2012 déclarait au Bourget : «Dans cettebataille qui s’engage, je vais vous dire qui estmon adversaire, mon véritable adversaire. Iln’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, ilne présentera jamais sa candidature, il ne seradonc pas élu, et pourtant il gouverne. Cetadversaire, c’est le monde de la finance». Cethomme, c’était le candidat socialiste à la prési-dence de la République. Vous l’avez, bien sûr,reconnu : c’était François Hollande qui, à peineélu, se précipitait dans les bras de la finance.Mais, comme l’explique8 si bien Jean-FrançoisKahn, beaucoup d’autres promesses n’ont pasété tenues. Les électeurs n’ont pas tardé àréagir  : le PS, qui au printemps 2012 détenaittoutes les régions, la majorité et la présidencedu Sénat, un très grand nombre de municipali-tés et de conseils généraux, a aujourd’huipresque tout perdu. Mais seuls quelquesministres courageux ont désapprouvé la poli-tique de Hollande et ont quitté le gouverne-ment pour marquer leur désaccord.

2017La crise politique qui touche la France n’est pasune exception. Ce n’est pas une crise locale,c’est une crise systémique.

LA GRANDE RELEVE - n° 1183 - février 2017

maurocHe =françoisMitterand, P. mauroy, M. rocard, J-P cHevènement

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depuis la fin de la deuxième guerre mondiale,dans la plupart des pays occidentaux, régnait lasocial-démocratie. Pour faire bref, disons qu’ils’agit d’un état d’équilibre qui s’était établi entrele travail et le capital : les syndicats négociaientles salaires avec les employeurs et l’augmentationdes salaires des travailleurs accroissait la deman-de, donc les profits des entreprises… Les écono-mistes soutenaient l’idée que les gouvernementsdevaient assurer l’emploi. Ce qui encourageait laplupart des partis de gauche à faire la paix avec lecapitalisme au lieu de chercher des alternativesplus radicales… or, partout dans le monde, et depuis de longuesannées, cette social démocratie se délite.Plus de trente ans après les Trente Glorieuses, leshommes politiques de gauche continuent derêver à cet âge d’or. Mais durant ces trois décen-nies, le monde a subi de grands changementsdans les domaines économique, social, culturel etpolitique dont les effets souvent imprévisibless’accélèrent pour le meilleur comme pour le pire.Au point de vue politique, maîtriser ce monde enpleine transformation est devenu extrêmementcomplexe. Pour le moment, le néolibéralisme est plus quejamais triomphant, les riches deviennent de plusen plus riches alors que les pauvres continuent des’appauvrir. en 2016,  les 62 personnes les plusriches du monde possédaient autant que la moitiéla plus pauvre de la population mondiale duglobe, soit environ 3,5 millions de personnes4. (Cequi est injustifiable : il est bien évident qu’uneseule personne ne peut pas être 100 millions defois plus “productive” qu’une autre, en bonnesanté et raisonnablement instruite5).Signalons aussi aux fanatiques de l’emploi salariéque, selon l’Organisation Interna tionale duTravail, le chômage devrait encore augmenter en2017 de 3,4 millions, ce qui portera le total mon-dial à 201 millions de chômeurs)6. Pour couronner le tout, les État-unis se sont dotésd’un président irresponsable pour qui le réchauf-fement climatique n’existe pas et qui, tout endénonçant ”les élites“, gouverne pour le plusgrand profit de la finance et des grosses entre-prises.

l’e s p o i rLes primaires du PS ont eu le mérite de mettre enévidence les désaccords profonds au sein de ceparti. Les résultats du premier tour ont suscité uncertain espoir qui s’est manifesté par une fortehausse de la participation au second tour, don-nant une large majorité (58,65% des suffrages ) àBenoît Hamon contre Manuel Valls. un fois enco-re, la vox populi a mis en échec les sondeurs pro-fessionnels qui n’avaient pas vu que le succès deBenoît Hamon était prévisible  parce que c’est leseul candidat qui faisait des propositions nou-velles, ouvertes vers un monde meilleur !

on peut dire que son projet de revenu universel afait couler et continue de faire couler beaucoupd’encre, le plus souvent pour raconter, hélas,n’importe quoi. À ce sujet, La Grande Relève afait de nombreuses mises au point qu’on pourraretrouver notamment dans les numéros GR1097d’avril 2009 et GR1116 de janvier 2011. de ce dernier, voici un extrait de l’article intituléun programme pour la gauche ? :«Institutionnalisée avec ces garanties et politi-quement encadrée, l’allocation universelle est àmême de devenir le fer de lance d’une nouvelleoffensive de la gauche, adaptée aux circonstancesactuelles pour prendre le contrôle collectif desmoyens de production, c’est-à-dire de l’espacesocial et économique dans lequel nous voulonsvivre».Ce même article précisait que «pour que l’alloca-tion universelle puisse devenir la charpented’un projet de gauche, elle doit faire partie d’untrain de mesures comportant d’abord un salaireminimum dont le montant soit fixé par la loi aumoins au niveau du seuil de pauvreté et ensuitela garantie par les pouvoirs publics de l’accèsinaliénable pour tous, sans condition, et sanspression, à des services sociaux de qualité, toutaussi importants que l’allocation universelle,tels que l’enseignement, la santé, les aides à lapersonne».L’indépendance matérielle est la condition de laliberté et d’une citoyenneté réelles. Pour l’instau-rer dans notre monde, soumis à toutes sortes depouvoirs asymétriques, la garantie politique del’allocation universelle est indispensable. Ces considérations étaient en 2012 très éloignéesdes projets du PS. Aujourd’hui, si ce parti veutcontinuer à exister, il doit en faire l’ossature duprogramme de son candidat.

Jean-pierre monRéférences : 1 – SMe = serpent monétaire européen, systèmemonétaire ayant précédé la mise en place de l’euro.2 - Après plusieurs remaniements, ce troisième gouver-nement démissionnera le 17 juillet 1984 à la suite durejet du projet de loi Savary mettant en place un grandservice public unifié et laïque de l’éducation nationale.Pour ne pas cautionner la politique de rigueur, le particommuniste refuse de participer au nouveau gouver-nement présidé par Laurent Fabius mais continuera àle soutenir.3 – Congrès au cours duquel le SPd a formellementabandonné les idées d’inspiration marxiste, reconnul’économie de marché et s’est déclaré lié au peupleentier et non aux seuls travailleurs.4 - Rapport oxfam International sur la répartition de larichesse dans le monde en 2016. 6 – Per Molander, The Anatomy of Inequality: Its Socialand Economic Origins- and Solutions, MelvilleHouse/Random House, 2016.7 – Rapport oIT, emploi et questions sociales dans lemonde – tendances 2017. 8 – J.F. Kahn, L’ineffaçable trahison, Plon éd., 2015.

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état des lieuxAprès avoir tenté de s’y retrouver dans lessciences de l’énergie et de baliser autant que pos-sibles les interprétations des données statistiques,il m’a semblé utile de faire un bilan et d’examineroù nous en sommes, dans le monde et en Francesur nos usages de l’énergie. La situation climatique est grave et préoccupante,sur ce point tout le monde est d’accord, mais qued’illusions dans l’incantatoire «transition énergé-tique» ! Beaucoup y voient d’abord une solutionau chômage endémique qui nous frappe, et acces-soirement une réponse à la question énergétiquequi préoccupe les plus lucides d’entre nous. Maiscette lucidité est encore étrangère à l’esprit debeaucoup de nos dirigeants. Il ne faut pas comp-ter pour renverser le sens de l’histoire ni sur lafuture présidence des États-unis, ni sur la prési-dence Russe, ni sur les pays producteurs de com-bustibles fossiles, ni sur les poids lourds de ladémographie mondiale, tels la Chine ou l’Inde, nisur les pays émergents. Beaucoup de ces derniersrevendiquent, à juste titre, leur part dans le gas-pillage de l’énergie mondiale auquel se sont adon-nés pendant des décennies les occidentaux, et per-sonne ne peut leur en tenir rigueur. Cela fait beaucoup d’inconscients, au pouvoirétendu, alors que les peuples sont manipulés parde multiples désinformations provenant aussibien des «climato-sceptiques» que des zélateursd’une transition présentée parfois comme facile etsans effort. Pleins de bonne volonté, ils proposentdes actions partielles, assez spectaculaires pourrassurer, mais d’une efficacité douteuse contre leréchauffement terrestre. Faire rouler par exempledes camions sur des capteurs solaires installés surnos routes est-ce une solution d’avenir ? on peutraisonnablement s’interroger. et bien des actionsproposées au public pour résoudre la questionénergétique sont du même ordre. Il convient doncde tenter d’aller plus loin.

quelques données essentiellessur l’énergie

La consommation mondiale annuelle d’énergieprimaire est d’environ 13.400 MTeP, transforméeen énergie finale de 9.000 MTeP. La différenceprovient, comme je l’ai évoqué dans mon articleprécédent, de l’application du principe deCarnot : la transformation d’énergie calorifique en

énergie mécanique dilapide dans la nature plusde 50% de la chaleur utilisée. on pourra s’étonner de l’usage du terme «consom-mation» d’énergie, alors que nous avons vu quecelui de «dégradation de l’énergie» était le seulconvenable. Cependant, comme la grande majori-té de celle que nous utilisons provient de combus-tibles fossiles, ces derniers sont bel et bien desmatières consommables qui ne peuvent se recons-tituer que très lentement. une fois brulés, il fautdes millions d’années d’assimilation chlorophyl-lienne et de transformations diverses pour lesretrouver. Il s’agit donc bien de consommation. À la vitesse où nous les exploitons, les réservesconnues sont faibles, de l’ordre de 950.000 MTeP.Soit environ :

51 ans pour le pétrole.53 ans pour le gaz naturel.

144 ans pour le charbon. Le combustible nucléaire actuellement le plus uti-lisé, l’uranium 238, est aussi en quantité limitée,les ressources issues du territoire français sontmaintenant à peu près épuisées. d’où l’obligationpour Areva de s’installer dans certains pays afri-cains pour exploiter leur minerai, avec le succèsque l’on sait... La part de ces combustibles dans la productiond’énergie primaire est la suivante :

32,8% pour le pétrole28,8% pour le charbon24 % pour le gaz naturel

4,4% pour le nucléaire10 % pour les énergies renouvelables.

Pour ces dernières, l’essentiel est de nature hydro-électrique soit 6,7% contre 1,4% pour l’éolien,0,9% pour la biomasse et la géothermie, 0,6% pourles biocarburants, 0,4% pour le solaire. Nous sommes donc tributaires des combustiblesfossiles à raison de 85%, et même de 90% si onajoute le nucléaire dont l’énergie de base, l’ura-nium, est aussi issue d’un minerai. dans les 20 dernières années l’énergie primaireutilisée dans le monde a augmenté d’environ 50%,soit plus de 2% par an ! Malgré les proclamationsconstantes, rien n’indique un ralentissement pro-chain. Les rouages du libéralisme économique quidomine le monde sont tels qu’il est bien difficiled’en freiner un seul. et quel pays s’y emploierait,sachant que le résultat sera à peu près nul si lemonde entier ne participe pas au même effort ?

2. Quelques idées sur l’énergiepar m i c h e l b e r g e r

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La seule croissance des «besoins» de 2% annuelle(si on ne s’occupe pas plus activement de lesréduire à l’échelle mondiale) représente chaqueannée la mise en service de la totalité des sourcesrenouvelables existantes déjà, issues du solaire etde l’éolien. un accroissement de 100% par an dece type d’énergie, et à l’échelle mondiale, est-iltenable ? on en est encore très loin. et ce ne seraitpas suffisant, car dans ces conditions la consom-mation de combustibles fossiles ne diminueraitmême pas, et on continuerait d’aggraver au mêmerythme que maintenant la densité dans l’atmo-sphère des gaz à effet de serre. Quels que soient les efforts sur les énergies renou-velables, les économies sur les autres sont doncindispensables, et à grande échelle. C’est la condi-tion absolue pou r prolonger la vie sur terre…

les inégalités dans le mondeComme dans bien d’autres domaines les inégali-tés dans la répartition des richesses mondialesconcernent aussi l’énergie. L’usage de l’énergieprimaire s’élève en moyenne par individu à 1,89TeP dans l’ensemble du monde, avec des dispari-tés allant de plus de 1 à 15 selon les pays. Le pire modèle est de loin celui des États-unisdont l’usage énergétique est près du double decelui des pays à niveau de vie comparable. Quelques exemples :

Tanzanie : 0,48 TeP/HABInde 0,64 TeP/HABChine 2,24 TeP/HABRoyaume-uni 2,78 TeP/HABJapon 3,48 TeP/HABFrance 3,67 TeP/HABAllemagne 3,78 TeP/HABÉtats-unis 6,94 TeP/HAB

(Source Wikipedia)Le rapport entre le niveau de vie d’un pays et laconsommation d’énergie par habitant est corréléjusqu’à environ 4TeP/Hab/an. Au delà c’est dugaspillage  : l’augmentation de l’usage d’énergieprimaire n’apporte plus rien au niveau de vie deshabitants. Si le monde entier voulait atteindre ce seuil des 4TeP/Hab/an, sensiblement celui des pays occi-dentaux, États-unis mis à part, on doublerait laconsommation d’énergie primaire. dans le mondetel qu’il est, avec les sources d’énergies dont nousdisposons encore, cela reviendrait à épuiser toutesnos réserves en moins de 30 ans et à augmenterencore la diffusion de gaz carbonique dans l’at-mosphère. La concentration de ce gaz a atteintmaintenant 400 ppm, taux jamais atteint dansl’histoire connue de la planète, et considérécomme un maximum acceptable pour ne pasaccroître la température moyenne de la terre dansdes proportions telles qu’elle devienne incontrô-lable. Les rejets de Co2 sont en moyenne mondiale de4,41 tonnes/hab/an. Avec des disparités selon les

pays qui ne correspondent pas tout à fait à celle dela consommation d’énergie primaire. Ainsil’Allemagne, qui se trouve dans la moyenne euro-péenne de consommation, rejette 8,93 tonnes deCo2/hab/an soit plus du double de la moyennemondiale. de même, la Chine rejette 6,66tonnes/hab/an, alors qu’elle ne consomme guèreplus de combustibles fossiles que la moyenne. Laraison en est pour ces deux pays l’utilisation ducharbon pour assurer une partie de leur produc-tion d’électricité, alors que ce combustible, faible-ment hydrogéné, est de loin le plus pollueur desfossiles. À l’inverse, la France rejette «seulement» 4,32tonnes/hab/an, un peu moins que la moyennemondiale, en raison de son choix de produire lamajeure partie de son électricité à partir d’énergienucléaire. La planète est capable de recycler, grâce à la pho-tosynthèse, aussi bien sur terre que dans les mers,environ 2 tonnes de Co2/hab. Il faudrait doncdiviser par 2 le volume de nos rejets pour assurerla seule stabilité de la concentration en Co2 dansl’atmosphère ; on en est loin.

qu’en est-il en france ?La France n’exploite sur son propre sol presqueplus aucune sorte d’énergie fossile. elle en impor-te par an 146 MTeP, essentiellement du pétrole etdu gaz naturel. elle produit localement l’équiva-lent en énergie primaire 139 MTeP dont 122 sousforme d’électricité. Celle–ci est obtenue d’abordpar le nucléaire à raison de 77% ; par les renouve-lables (dont essentiellement l’hydroélectricité)18% auxquels s’ajoute un peu d’énergie fossile(5%). La plus grande partie de notre productionlocale d’énergie est donc d’origine nucléaire. ellenous permet même d’en exporter une partie, soit32 MTeP. Nous sommes dans ces conditions très dépen-dants du marché mondial de l’énergie, puisquenous n’avons ni pétrole ni gaz, et que leshouillères françaises sont désaffectées depuislongtemps. À un moment de son histoire où ilsemble que tout puisse arriver, cette dépendancede la France, à laquelle des dizaines d’années sansgrand problème nous ont habitués, n’est cepen-dant pas très rassurante. L’épisode de la guerre duGolfe dans les années 1960 a été un peu tropoublié. encore étions nous à une époque où leshouillères fonctionnaient encore et où les besoinsen énergie étaient très inférieurs à ce qu’ils sontmaintenant.entre 1990 et 2014 les indicateurs principauxconcernant la France ont évolué ainsi :

- Croissance de la population : 13,4%,- Croissance de l’usage d’énergie primaire : 8,3%,- Croissance de notre production 22,6% (essen-

tiellement électrique),- Réduction des importations : 4,3 %.

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on constate que nous vivons toujours dans uneoptique de croissance, mais elle s’explique parl’accroissement de la population, plus rapide quecelle de l’usage d’énergie primaire. La réduction(légère) des importations signifie aussi celle del’usage des énergies fossiles. C’est donc la pro-duction électrique qui satisfait en grande partieles besoins nouveaux en énergie primaire. C’estpourquoi la France n’est pas le pays le plus res-ponsable de l’augmentation des rejets de Co2,mais il y contribue tout de même par le simpleeffet d’une démographie assez prolifique.

les usages de l’énergieÀ quoi sert toute cette énergie ? où et comment faire des économies ? dans l’ensemble du monde la répartition de l’usa-ge de l’énergie finale (abstraction faite de l’énergieperdue dans la transformation entre chaleur eténergie mécanique) est la suivante. elle porte surun total d’énergie finale de 9500 MTeP

- Industrie 29%- Transport 28%- Résidentiel 23%- Tertiaire 8%- Agriculture 2%- usages divers 9%

Les trois postes les plus «consommateurs» dans lemonde sont l’industrie, les transports et le secteurrésidentiel. en France la répartition est sensiblement différen-te :

- Transports 32,6%- Résidentiel 30,5%- Industrie 19,2%- Tertiaire 14,6%- Agriculture 3,1%

L’industrie française utilise assez peu d’énergiepar rapport au reste du monde, simplement parceque les industries lourdes (sidérurgies, cimente-ries, etc.) ont maintenant émigré vers les pays endéveloppement. Les industries de transformationsont beaucoup moins exigeantes en énergie, et cesont pratiquement les seules qui demeurent enco-re dans les pays européens. Les deux secteurs les plus consommateurs sontdonc le transport et le résidentiel. C’est d’ailleursdans ces domaines que réside l’essentiel desmesures à prendre pour amorcer la transitionénergétique dont personne ne conteste la nécessi-té. L’un et l’autre sont malheureusement figés parplusieurs décennies de mesures irresponsablesqui rendent très difficiles les retours en arrière.

les transports : depuis une trentaine d’années leschoix politiques ont privilégié les transports demarchandises sur le réseau routier  ; il a atteint88% du trafic contre moins de 10% pour le réseauferroviaire et 2,4% pour le système fluvial. Aucours des trente dernières années le fret SNCF

s’est complètement marginalisé. désaffection quiremonte au milieu du 20e siècle puisqu’en 1947,75% des marchandises étaient encore transportéespar voie ferrée. Par suite d’une gestion surpre-nante des investissements sur le réseau ferrémême le trafic voyageur est en perte de vitesse, enraison, en partie, d’une politique tarifaire aberran-te. et pourtant, en matière d’énergie la dépense n’estpas du même ordre. Pour 100 Km/passagerseffectués, une voiture exige 63 kWh, contre seule-ment 3 kWh pour les TGV et 8 kWh pour lestrains ordinaires…un précédent ministre de l’économie (e. Macron)a imaginé de favoriser la création de lignes de buspour concurrencer la SNCF. Ces derniers sontcertes moins consommateurs d’énergie que lesvoitures, avec en moyenne 21 kWh pour 100km/passager, mais ils restent encore 7 fois plusexigeants que le TGV et 3 fois plus que les trainsordinaires !

le secteur résidentiel. Gros consommateurd’énergie, il a subi aussi en France une politiquede développement irréfléchie. Sous la pressiondes lotisseurs, les constructions de quartierspavillonnaires de faible densité se sont répanduessans contrôle aux périphéries des villes, éloignantles populations des centres, des équipements etdes emplois. d’où l’usage pléthorique de l’auto-mobile, les transports en commun étant inadaptésaux faibles densités urbaines. La durée des migra-tions domicile-travail a explosé, atteignant jus-qu’à 3 heures par jour pour les plus défavorisésdans la région parisienne. Avec une surconsom-mation d’énergie devenue incompressible. À titre de comparaison, la densité moyenne surl’ensemble de la région parisienne, pour une dou-zaine de millions d’habitants, ne dépasse pas 950habitants au kilomètre carré, alors qu’elle atteintplus de 20.000 dans Paris intramuros. Valeursqu’il faut moduler car les périphéries sont occu-pées en grande partie par de très grands équipe-ments : Zones industrielles, commerciales, aéro-ports, voirie de desserte, ce qui réduit d’autant lessurfaces consacrées à l’habitat. Autre aberration  : la volonté politique de déve-lopper la propriété privée au détriment de la loca-tion. Comme il est plus difficile de quitter un loge-ment si on en est propriétaire que locataire, lamobilité résidentielle est devenue beaucoup plusfaible que la mobilité du travail. or celle-ci n’acessé de croître en raison des mutations profondesdu système productif: dans un monde où depuisdes décennies les emplois se raréfient, on neretrouve que rarement un nouvel emploi à proxi-mité de son domicile. de ce fait l’éloignementcroissant de l’habitat par rapport au lieu de travaila pour conséquence l’augmentation de la duréedes déplacements quotidiens. et donc de laconsommation d’énergie.

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Le développement des logements individuelssous forme de constructions isolées n’est pas nonplus sans effet sur la consommation d’énergie dueau chauffage, soit rappelons-le environ 60% desbesoins domestiques. Les pertes de chaleur sontproportionnelles aux surfaces d’échange entre lesmilieux intérieurs (que l’on chauffe) et l’atmo-sphère extérieure. or cette surface d’échange estenviron quatre fois plus élevée dans un pavillonindividuel que dans un logement collectif de sur-face équivalente. L’isolation indispensable a étérarement prévue dans les constructions anté-rieures aux années 1980, celles qui constituentencore la majorité du parc résidentiel. Pour la moyenne de ces dernières, la dépensed’énergie dans les logements, tous usages confon-dus, est de l’ordre de 150 kWh/m2/an. depuis lamise en application de la RT2012, les logementsneufs ne peuvent pas dépasser la norme de 50kWh/m2/an. Norme facile à atteindre, et même àaméliorer, puisque certaines constructions neuvesparviennent à des valeurs inférieures, voire pro-duisent, grâce à la multiplicité de capteurssolaires, plus d’énergies qu’elles n’en utilisent.

*Si la transition énergétique est bien un impératif àcourt terme, elle reste un objectif incantatoire plusqu’une réalité, y compris dans les programmesdes candidats à l’élection présidentielle. Il faut enmesurer la difficulté, car il ne suffit pas pour yparvenir de faire des promesses, comme parexemple de sortir du nucléaire, sans savoir avecprécision par quels types d’énergie on le rempla-cera ou quelles économies d’énergie resterontpossibles et acceptables par les populations dumonde entier.

*on a vu que, dans notre situation, les énergiesrenouvelables ne représentent qu’un apport faiblepar rapport aux énergies fossiles et nucléaires.Avant qu’elles ne soient prépondérantes, il faudradu temps, même si leur développement est rapi-de. et quant aux sources d’économie, si elles sontfaciles à identifier, elles supposent des transfor-mations considérables et l’anéantissement rapided’une masse d’investissements réalisés dans lesdernières décennies, parce qu’ils sont devenusincompatibles avec un programme sérieux d’éco-nomie. Il faudra alors les remplacer par d’autres, qu’au-cun économiste ne se hasarde encore à évaluer. Ilfaudra, en plus, en faire accepter les conséquencesà la population. Qui se précipitera pour annoncer que les proprié-taires d’un pavillon situé en périphérie d’unegrande ville devront l’abandonner sans contre-partie pour s’installer en location dans unimmeuble collectif à proximité d’un réseau detransport en commun ?… et pourtant, ce pourrait être nécessaire.

Proposition extrême et caricaturale, j’en conviens,mais elle montre l’ampleur des bouleversementsqu’il nous faudra accepter. Cela dans une multitu-de de domaines : le rapport au travail, la produc-tion et le mode de répartition des richesses, l’amé-nagement du territoire et les choix de société quien découlent.

dans le discours politique et économique, on seborne à voir dans la transition énergétique unesource de nouveaux emplois, ce qui est vrai et ras-sure tout le monde, mais on reste muet sur lesimplications qu’entraineront toutes ces muta-tions. Mutations qui seront d’ailleurs positives sion accepte de vivre dans une société orientée surla simplicité, la convivialité et la coopération, àl’encontre des comportements consuméristes etconcurrentiels auxquels nous ont contraintsl’idéologie libérale, mal contrôlée.

*des changements massifs des systèmes social,économique et politique sont donc indispensableset je me propose de résumer dans un prochainarticle les catastrophes qui nous attendent si nouscontinuons à tergiverser, si les climato-sceptiquess’enferrent dans leurs certitudes, si les prospec-teurs d’énergies fossiles continuent à dévaster laplanète, et si les politiques se bornent à scruter lacroissance du PIB…Mais comme le pire n’est jamais sûr je termineraicette incursion dans le domaine de l’énergie parun dernier article donnant un aperçu de toutes lespossibilités que les sciences, physiques, écono-miques ou sociales nous permettent d’espérerdans un avenir proche.

*en gardant à l’esprit la générosité du soleil, quinous apporte en permanence environ 10.000 foisce dont nous avons besoin, et ceci pour encoreplusieurs milliards d’années. Il suffirait de savoircomment récupérer cette énergie très dispersée.C’est loin d’être évident, mais cet espoir mobilised’innombrables chercheurs et de nombreusesavancées sont en cour d’expérimentation. Rien n’est donc perdu si nous décidons de nousen donner les moyens.

références.La majorité des informations présentes dans cet articleproviennent des multiples sites internet consacrés àl’énergie. •en particulier, l’Agence Internationale de l’Énergie, leMinistère de l’environnement et, les brochures intitu-lées “Repères” qui fournissent de multiples données sta-tistiques.

• Les données statistiques de L’INSSe, du GIeC, deNégawatt et de Wikipedia.• et des livres suivants :Christian Ngo, L’énergie, éd. dunod, 2002daniel Tanuro, L’impossible capitalisme vert, éd. Ladécouverte, 2010.

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Le texte ci-dessous constitue un éloge de la démarche philosophique etde la «simplicité du regard» qui l’accompagne, ainsi qu’un (modeste)hommage au philosophe Pierre Hadot (1922-2010). Titulaire d’unechaire de philosophie antique au Collège de France sur proposition deMichel Foucault, Pierre Hadot a su, tout au long de son œuvre, évo-quer magnifiquement ce «regard d’en haut» qui seul peut nous per-mettre de transformer nos comportements, de transfigurer la banalité,le sordide parfois, de notre quotidien. Tout au long des lignes qui sui-vent, je me suis largement inspiré de son dernier ouvrage «La philoso-phie comme manière de vivre» (1) auquel je me suis permis d’emprun-ter le titre.

LA SIMPLICITe CoMMeMANIeRe de VIVRe

p a r b e r n a r d b l av e t t e

I l y a 13,7 milliards d’années, suivant lesplus récentes estimations, un torrentd’énergie colossal, inconcevable pour tout

esprit humain, surgit de ce que les astrophysi-ciens nomment, faute de mieux, un «point sin-gulier». 400.000 ans plus tard la matière appa-raît et se concentre en galaxies où se regrou-pent bientôt des milliards d’étoiles. Les réac-tions thermonucléaires à l’œuvre au cœur detous ces soleils baignent alors d’énergie les pla-nètes nouvellement formées, permettant ainsià la matière d’évoluer vers plus de complexité. et sur notre petite planète Terre «isolée» à lapériphérie de notre Galaxie (et fort probable-ment ailleurs dans notre univers) un évène-ment extraordinaire va se produire il y a decela 4 milliards d’années : dans le limon tièdedu fond des mers, la matière parvient à s’orga-niser de manière à engendrer les premiersorganismes monocellulaires capables de sereproduire.Bientôt la vie grouille au sein des océans et netarde pas à se répandre sur l’ensemble desterres émergées. enfin, il y a 300.000 ans, intervient un nouveau«saut évolutif» décisif avec l’apparition despremiers hominidés (Neandertal) bientôt sui-vis de notre ancêtre direct l’Homo Sapiens. À ce stade de l’évolution l’univers naît à laconscience, devient capable de se contemplerlui-même et de s’interroger sur sa nature pro-fonde(3).

*Ce bref panorama de la naissance de notre uni-

vers démontre de manière irréfutable que cha-cun d’entre nous, et plus largement l’ensembledu Vivant ainsi que les objets inanimés, sontissus d’une origine commune et sont indisso-lublement liés à ce que les philosophes de laGrèce Antique, ou plus proche de nousMontaigne et Spinoza, nommaient «Le Tout»,le «Cosmos», ou encore «la Nature». Ainsi iln’est pas un atome de notre corps qui ne trou-ve son origine dans l’énergie primordiale.Avoir pleine conscience de ce fait indubitablec’est se sentir investi d’une mission fondamen-tale  : vivre pour permettre à notre universd’évoluer encore vers plus de conscience, versplus d’harmonie. Cela signifie, pour chacun d’entre nous, sereconnaître comme une partie de l’universqui, par son existence même, contribue aumouvement général d’évolution permanente,et replacer les évènements auxquels nous par-ticipons dans la perspective de ce qu’ils appor-tent à notre univers en terme d’équilibre etd’ascension spirituelle. C’est ainsi qu’il faut comprendre le fameuxdialogue rapporté par Michel de Montaigne : àun ami qui déclarait «Je suis très fâché car jen’ai rien fait aujourd’hui», Montaigne répon-dit «Mais mon cher n’avez-vous pas vécu  ?N’est-ce pas la plus illustre de vos préoccupa-tions ?» (4).  Se sentir intimement imprégnéd’une telle responsabilité globale, c’est ce quela philosophie nomme «Le regard d’en haut». Ce processus de distanciation engendre unemétamorphose intérieure qui nous incite à

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remettre en question nos choix de vie, à noustourner vers la simplicité. Il s’agit d’une transformation profonde de laperception du monde  : on passe de l’étroitessedu «moi» qui ne considère que son propre petitintérêt personnel au «moi» qui s’ouvre large-ment à une perspective universelle, à l’en-semble du Vivant. La simplicité permet de «dépasser la perceptionutilitaire que nous avons du monde, pouratteindre à une perception désintéressée dumonde, non pas en tant que moyen pour satis-faire nos intérêts, mais tout simplement en tantque monde, qui surgit devant nos yeux commesi on le voyait pour la première fois»(5).Les passions humaines (richesse, notoriété,désir de «réussite», égos exacerbés…) devien-nent dérisoires, le caractère autodestructeur desactes de violence apparaît comme une évidence.en fait cette prise de recul libère l’esprit de laservitude imposée par les désirs toujours renou-velés et jamais satisfaits, les préjugés, les pul-sions incontrôlées et l’on peut avancer que lasimplicité agit alors sur l’individu comme unethérapeutique apportant apaisement et sérénité.Notre passé et le présent que nous vivonsdémontrent amplement qu’aucune actionhumaine ne peut être réellement efficace sanscette paix intérieure, et il serait profondémentsouhaitable que ceux d’entre nous à qui nousdéléguons la charge d’agir sur notre destinéecollective puissent tendre vers cet équilibre del’esprit que procure la simplicité et le «détache-ment de soi». N’oublions pas que l’Académie dePlaton était aussi un lieu de formation en vued’un éventuel rôle politique… Le moins quel’on puisse dire c’est que nous sommes loin, trèsloin de cette démarche… Car bien peu nombreux sont ceux qui parvien-nent à cette prise de conscience globale quisemble pourtant inscrite au plus profond del’être humain. déjà il y a presque 2.000 ans, lephilosophe néo-platonicien Plotin s’interro -geait  : «Nous avons en nous de si grandeschoses, pourquoi n’en avons-nous pasconscience, pourquoi, la plupart du temps, res-tons-nous sans exercer ces activités supé-rieures  ? Pourquoi certains hommes ne lesexercent-ils jamais  ?»(6). Ces questions appel-lent deux types de réponses  : l’une à caractèresocial et sociétal, l’autre en terme d’éducation.Tout d’abord l’immense majorité des êtreshumains est engluée dans ce que je nommerais«la tragédie du quotidien». dans les pays pauvres la simple survie est unelutte permanente et chaque jour apporte la faim,la maladie, la violence. dans les pays considérés comme «riches»,même si les conditions d’existence sont globale-ment plus satisfaisantes, la lutte pour la vie n’endemeure pas moins féroce. Il s’agit tout d’abord

de parvenir à procurer à la famille un revenusuffisant pour lui permettre de profiter au maxi-mum des supposés bienfaits de notre sociétéd’hyper consommation. dans une période dechômage de masse, lorsque l’on se heurte àchaque instant à l’exploitation de l’homme parl’homme, lorsque la concurrence de tous contretous s’exacerbe jusqu’à atteindre des sommets,chacun est alors soumis à une pression psycho-logique aboutissant à des drames humains quenous ne devrions pas tolérer. À cela s’ajoute le sentiment de vivre dans unesociété bloquée par le cynisme et l’intérêt per-sonnel souverain. Personnel politique, justice,sport, milieu médical même, tous ont cédé avecplaisir et complaisance à l’appel des sirènes dela corruption, tandis que les cris dequelques  «lanceurs d’alertes», de quelquesorganes de presse indépendants, sont volontai-rement ignorés par le plus grand nombre quipréfère se voiler la face. on sait que les valeurs portées par une société,ainsi que les pratiques qu’elle tolère, exercentune profonde influence sur le comportement dechacun de ses membres, il n’est donc guère sur-prenant que beaucoup finissent par sombrerdans un état de grande confusion mentale.Initier le plus grand nombre à la quête philoso-phique, et à la simplicité de vie qui l’accom-pagne, devient donc d’une urgence absolue sil’on veut détourner notre espèce d’un cheminqui la conduit tout droit à l’échec.dans ce contexte l’éducation a un rôle crucial àjouer, mais dans un cadre profondément trans-formé. Aujourd’hui l’enseignement vise essen-tiellement à former des «producteurs/consom-mateurs» ; on étudie pour être capable, par sonactivité professionnelle, de se procurer un reve-nu monétaire permettant d’accéder à la considé-ration et à la consommation. dans le meilleurdes cas cette formation sera saupoudrée dequelques  «connaissances générales» bien tropsuperficielles pour avoir une quelconqueinfluence sur la manière de vivre. Les neurosciences nous ont démontré toutel’importance des premières années de la vie(jusqu’à 25 ans environ) dans le développementdu cerveau et la formation de la personnalité.C’est donc dès le plus jeune âge que le petitd’homme devrait recevoir les connaissances quilui permettront de se situer par rapport à l’uni-vers qui l’entoure, qui lui feront découvrir l’im-portance du rôle qui lui est imparti dans unmonde non pas tout fait mais en train de sefaire.Cet enseignement pourrait reposer sur troispiliers : la science fondamentale, l’art, et la phi-losophie. La science et l’art marchent «la main dans lamain», nous communiquant chacune une visiondu monde complémentaire. La science énonce …

L e C T u R e S e T R É F L e X I o N S

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les grandes lois de l’univers, l’art se préoccupedu particulier. Ainsi la science nous expliqueles processus à l’œuvre au cœur de notre étoi-le qui lui permettent de nous inonder de sonénergie, de sa lumière ; mais un coucher desoleil de Turner nous décrit un évènementspécifique, unique, vu à travers le regardsingulier du peintre. Par leur associationmême ces deux démarches enrichissentnotre perception du monde  : l’universdevient une œuvre d’art et l’art une représen-tation de l’univers. de son côté la philosophie nous initie à laRaison, fondement de toute communautéhumaine. La Raison c’est tout d’abord l’indé-pendance de pensée sans laquelle il n’est pasde liberté, il n’est pas de démocratie, car ellenous permet de nous dégager du mimétisme,des réactions émotionnelles, des discours falla-cieux, de toutes ces influences délétères plusprésentes que jamais dans notre mondecontemporain. de manière pratique le recoursà la Raison permet d’invalider un argumentnon pas en le réfutant directement mais en lereformulant de manière rigoureuse pour enfaire ressortir toutes les conséquences, souventtoute l’absurdité. C’est la «méthode socra-tique» qui nous serait précieuse en ces tempsde campagne électorale… (7) è!ik x cvv LaRaison incite aussi les sociétés humaines à agirde concert avec la Nature, en symbiose avecses modes de fonctionnement. L’être humain n’est plus alors en guerre avecune Nature qu’il faut vaincre en la massacrant,mais il cherche à percer ses mystères par uneinitiation progressive respectueuse du Vivant.L’homme qui identifie ainsi sa vision avec cellede la Nature voit s’éloigner de lui l’angoisse etla peur, il n’est plus étranger au monde, toutlui devient familier, il est chez lui dansl’univers entier. Celui qui agit sous l’empire de la Raison estdonc en paix avec lui-même, avec le monde etavec ses semblables. Le souci de vivre au ser-vice des autres lui vient alors naturellement,simplement, sans même y penser, «comme lavigne donne son raisin» disait Marc Aurèle(121-180) l’empereur philosophe.

*un tel enseignement, s’il était prodigué tout aulong de nos vies, permettrait à chacun d’entrenous de se détacher de l’insignifiance et del’inutile pour s’ouvrir à l’essence des choses, cequi nous amène à la fameuse  «parabole dusculpteur» imaginée par les philosophesantiques. Le sculpteur qui désire réaliser une statuecommence son œuvre face à un bloc demarbre  ; son travail va consister à enlever lamatière superflue, faiblement organisée, pour

ne conserver que la forme signifiante qu’ildésire obtenir et qui devra ensuite être polie etrepolie pour la rendre harmonieuse à l’œil etdouce au toucher.

de même chaque être humain doit, tout aulong de sa vie, «sculpter» et «polir» sans cesse sapropre statue, se libérant ainsi du carcan del’ignorance pour atteindre cette simplicitéessentielle qui confère légèreté, liberté et pléni-tude.C’est ce à quoi nous invite un très beau texteattribué sans réelle certitude à einstein et citépar Pierre Hadot  :  «Un être humain n’estqu’une partie, limitée dans le temps et l’espa-ce du Tout que nous appelons l’Univers.Cependant il considère sa personne, sa pensée,ses sentiments comme une entité séparée.C’est là une sorte d’illusion d’optique, uneillusion qui nous enferme dans une espèce deprison, puisque nous n’y voyons que nospropres aspirations et que nous ne donnonsnotre affection qu’au petit nombre de per-sonnes qui nous sont les plus proches. Il estde notre devoir de sortir de ces étroites limiteset d’ouvrir notre cœur à tous les êtres vivantset à la nature entière dans sa magnificence.Nul n’est capable d’atteindre pleinement cebut, mais nos efforts pour y parvenir contri-buent à nous libérer et à nous apporter la paixintérieure».

références :(1) : ed. Albin Michel (2001).(2) : Cité par Pierre Hadot dans «Plotin ou la simpli-cité du regard » - Folio-essais (1997).(3) : Signalons ici le débat qui divise profondémentles scientifiques  : l’énergie primordiale était-elleprogrammée, contenait-elle un code lui permettantde déboucher nécessairement sur l’apparition de lavie et de la conscience ? Ceci n’est pas l’objet du pré-sent article, mais on ne peut manquer de mention-ner en passant cette question, la plus fondamentalequi soit. A noter aussi que le processus de naissancede l’univers est ici simplifié pour ne pas alourdirinutilement le texte. (4) : essais, livre III.(5)  : Pierre Hadot «La philosophie comme manière devivre».(6) : Cité par Pierre Hadot dans «Plotin ou la simpli-cité du regard».(7)  : Pour illustrer cette «méthode socratique» liredans l’œuvre de Platon le texte intitulé «Alcibiade».Ce dialogue entre Socrate et Alcibiade, un jeunehomme qui souhaite se consacrer à la politique, estremarquable par la rigueur absolue de son argu-mentation.

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«Ne cesse de sculpter ta propre statue».Plotin (205-270 de notre ère) (2)

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LA GRANDE RELEVE - n° 1183 - février 2017 15

•Je PRoLoNGe MoN ABoNNeMeNT PouR ........•Je M’ABoNNe À ...... eXeMPLAIRe(S) de LA GRANDE RELèVE À PARTIR du N° .........

eT VoICI CoMMeNT RÉdIGeR MoN AdReSSe (merci d’écrire des majuscules) : M. Mme,ou Melle, prénom, nom : .....................................................

immeuble (éventuellement) : .....................................................N° et voie : ....................................................

code postal et commune : .................................................... pays.................................. •Je CoMMANde LeS ouVRAGeS SuIVANTS : .....................................................................................

..............................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................PouR CeLA, J’eNVoIe LA SoMMe de ..........................................................................euros PAR CHèQue N°...................................................... (préciser la banque) : ............................................

dATe : SIGNATuRe :

par chèque bancaire ou postal, établi à l’ordre de LA GRANDE RELÈVE

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BIC : PSSTFRPPPAR

tarifs d’abo nnement (11 numéros par an)

FRANCe, régime intérieur pour la Poste. . . . . . . . . . . 23 euros.(soutien : + 14 euros par an, par exemplaire en plus, chaque mois)

doM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 euros.ToM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 euros.

INTeRNATIoNAL, suivant les zones redéfinies par la Poste au premier janvier 2014 :Zone 1 (Bénélux, espagne,R-u, Suisse, …) . . . . . . . 29 euros.Zone 2 (autres pays européens) . . . . . . . . . . . . . . . . 27 euros.Zone 3 (Canada, États-unis,…) . . . . . . . . . . . . . . . . .30 euros.Zone 4 (Afrique, Amérique du Sud,…) . . . . . . . . . .30 euros.

r è g l e m e n t s :

Ces tarifs n’ont pas changé malgré l’augmentation de ceux de la Poste le 1er janvier 2017.

C o u R R I e R d e S L e C T e u R S

2016 a été ma trentièmeannée de fidélité à la

Grande Relève et c’est toujours unejoie de renouveler mon abonnement.Cependant, je suis un peu désabusépar le peu d’impact de ses idées sur lapopulation par rapport aux effortsfournis par la rédaction et ses lecteurs.Même ceux qui reprennent la penséede Jacques Duboin occultent l’idéeforce de l’ED à savoir que rien nechangera si on ne change pas lanature même de la monnaie et çac’est désespérant.

S.B. Vaulx en Velin.***

L’ accueil de réfugiés permet à despopulations très différentes et

qui s’ignorent de se rencontrer et des’apprécier. Quantité de voisins, com-merçants, postiers, enseignants, per-sonnels hospitaliers, etc. que nousavons l’habitude de côtoyer sont d’ori-gine immigrée ou descendants d’immi-grés. Pourrions-nous imaginer notre

quartier sans eux ? Je ne pense pasqu’on ait eu tort d’accueilir lesAznavourian, Balladurian, Sarkozy deNagy-Bosca, Valls et Picasso.Seraient-ils aussi bien accueilisaujourd’hui ?J’avais approuvé la nouvelle appella-tion “Les Républicains”. Après RPF,UNR, RPR, UMP donnait l’imaged’un vieillissement anormal pour unparti de droite. Les “Républicains”,c’est idéal : avec cinq républiques fran-çaises, sans compter les autres, les dif-férentes tendances UMP ont le choixde leur modèle. Si Hollande appelaitson parti “Les Démocrates”, cela illus-trerait parfaitement l’alignement de sapolitique sur celle des États-Unis !

P. V. Paris.***

C’ est avec plaisir que je continueà vous lire. Je réponds à l’article

de François Chatel dans La GR dumois de janvier sur la nature humaine.Est-ce que cette nature, basée sur la

solidarité et la coopération reste enaccord avec les découvertes de HenriLaborit, à savoir que le système ner-veux des animaux est fait de telle sortequ’il y a des dominants et des domi-nés? Une autre découverte, celle de WilhelmReich, vient mettre en valeur cettenature humaine si sociable : dans sonlivre “L’irruption de la morale sexuel-le”, il se base sur les travaux deMalinowski pour démontrer la pri-mauté de l’organisation matriarcalesur l’organisation patriarcale. Cettedernière n’a pris le dessus qu’en refou-lan la première basée sur la liberté(sexuelle entre autres), la communautéde bien, le fonctionnement en réseaunon hiérarchisé. Notre société patriar-cale survit, d’après Reich, grâce à l’ir-ruption de la morale sexuelle qui,entre autres, soumet la femme et per-pétue la notion de propriété privée(dans le mariage par exemple).

Y. R. Metz.

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LA GRANDE RELEVE - n° 1183 - février 201716

l e c t u r e s p o u r a p p r o f o n d i r :

• JACQUES DUBOINextraits choisis dans son œuvre (3 euros).

Aujourd’hui introuvables, plusieurs de ses livresont été numérisés, et leur texte intégral estdisponible gratuitement sur notre site internet.

• ET SI ON CHANGEAIT ?

Bande dessinée par J.VIGNeS-eLIe (4 euros).

• LES AFFRANCHIS DE L’AN 2000

un roman de M-L duBoIN qui, à l’aide d’exemples, explique les mécanismes de l’économie distributive et montre ce qu’elle apporte à la société (13 euros).

• MAIS OÙ VA L’ARGENT ?l’étude, par M-L duboin, de la façondont la monnaie est devenue cettemonnaie de dette qui empêche toutevéritable démocratie, suivie de pro-positions pour évoluer (édition duSextant, 240 pages, 13 €).

• d’anciens numéros et un court résumé de nosthèses 4pages, format A4) sont disponibes (3 € l’un).

Tous ces prix incluent les frais d’envoi .

ce que nous proposons :

en résumé, il s’agit de rendrefinancièrement possible ce qui est utile,souhaitable, matériellement et écologi-quement réalisable.

Pour cela, il faut que la monnaieactuelle soit remplacée par une monnaiequi ne circule pas pour qu’on ne puisseplus la “placer” pour “rapporter”.

Cette monnaie “distributive”,émise par une institution publique, estun pouvoir d’achat qui s’annule quandon l’utilise, tout en laissant au consom-mateur la liberté de ses choix.

Créées et détruites au même ryth-me, masse monétaire et production sontainsi deux flux permanents qui s’équili-brent. L’intensité de ces flux est définiepar les citoyens, qui décident démocrati-quement, à l’échelle appropriée, de ce quisera produit et dans quelles conditions, etde l’importance relative des parts à fairedans la masse monétaire pour financer laproduction, pour assurer les servicespublics (car impôts et taxes n’existentplus), et pour verser à chacun un revenugaranti qui permette à tous de vivrelibres.

Ainsi les décisions prises n’ont plusde retombées financières personnelles,l’intérêt général prévaut enfin sur l’inté-rêt particulier et la démocratie peutdevenir réalité.

La Grande RelèveFondé en 1935 par Jacque s DUBOIN

Direc t ion e t mi s e en pages : Marie-Louise DUBOIN

Rédact ion : les abonnés qui le souhaitent, tous bénévoles.

L e s m a n u s c r i t s s o n t c h o i s i s p a r l e c o m i t é d e l e c t u r e e t n e s o n t p a s r e t o u r n é s .

Imprimé par la Scop Imprimerie de Ruffié(certifiée ISO 14001 et labélisée Imprim’Vert et Print Environnement,

impression avec encre végétale sur papiers recyclés ou PEFC, sans alcool)

adresse postale : 88 Boulevard Carnot 7 8 11 0 L e V é s i n e ttéléphone, seulement le lundi après-midi, 0 1 3 0 7 1 5 8 0 4

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(Tari fs et bul let in d’abonnement sont au dos de cette page)