La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

16
En arrivant aux États-unis, le petit Gao Tianyu, âgé de cinq ans, a demandé innocem- ment à sa mère : « Maman, je peux parler maintenant ? Je peux aller dehors main- tenant ? » Malgré son jeune âge, l’enfant avait de bon- nes raisons de poser de tel- les questions. Il est le fils du célèbre avocat chinois défen- seur des droits de l’homme, Gao Zhisheng. GAO a été pris pour cible par le Parti Communiste chinois (PCC) pour avoir engagé des actions en justice contre le régime chinois afin de défendre les agriculteurs spoliés de leurs terres, les pratiquants du Falun Gong persé- cutés et d’autres Chinois opprimés. « En Chine, nous n’avions pas le droit de parler ni de sortir », explique Geng He, la femme de Gao, mainte- nant en sécurité aux États-Unis avec son fils Tianyu et sa fille de 16 ans, Gege, grâce à l’aide du gouvernement américain et d’amis. « Maintenant que nous sommes aux États-Unis, je lui ai dit qu’il peut parler, jouer et répondre aux gens qui lui adressent la parole. Il se sent maintenant libre et plus détendu. » Le 9 janvier 2009, Geng He et ses enfants ont fui Pékin et la surveillance permanente à laquelle ils étaient sou- mis jour et nuit. Ils ont échappé à la police chinoise et sont arrivés en Thaïlande le 16 janvier. Geng He mentionne qu’elle essaye de ne pas penser à autre chose qu’à panser les plaies de ses enfants traumatisés et encore très déprimés. Lire la suite page 4 Geng He, la femme de Gao Zhisheng, raconte les persécutions contre sa famille Nancy Nieh/The Epcoh Times Un ancien espion chinois témoigne Page 5 La terre aux natifs ÉCONOMIE ÉCONOMIE Les banques centrales parviendront-elles à enrayer la crise ? Page 7 HUMANITAIRE HUMANITAIRE Les particuliers plus généreux que les institutions privées. Page 8 SANTÉ SANTÉ Au printemps, un grand nettoyage du corps est bénéfique. Page 13 SOCIÉTÉ SOCIÉTÉ Le viol conjugal existe, parlons- en pour mieux comprendre. Page 14 Inde p. 2 Page 2 ................ International Page 3 ................ International Page 4 ............................ Chine Page 5 .............................. Chine Page 6 .............................. Chine Page 7 ....................... Économie Page 8 ................... Droits humains Page 9 .................. Nouveau regard Page 10 ............................... Culture Page 11 ................................ Petites annonces Page 12 .................................... Environnement Page 13 ................................ Santé et bien-être Page 14 ........................ Société Page 15 ................. Art de vivre Page 16 ........................ Culture Salvador p. 3 P. 9 Nouveau regard La photo couleur avant l’heure Cinéma, histoire et faits divers P. 16 Culture Économie p. 7 P. 10 Culture 34e édition de Rétromobile Amerique du Sud p. 2 Nouvelles tensions entre chrétiens et hindous À gauche toute Les paradis fiscaux sous les projecteurs La Grande Époque UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION EpochTimes.com WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires ÉDITION 152 16 – 31 MARS 2009 • BIMENSUEL Fengzhi Li (g.), ancien espion chinois du ministère de la Sécurité publique, s’exprime lors d’une conférence à Washington sur la manière dont le Parti Communiste chinois réprime le peuple chinois.

description

La version française du journal Epoch Times (Epoch.times.com) www.lagrandeepoque.com

Transcript of La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

Page 1: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

En arrivant aux États-unis, le petit Gao Tianyu, âgé de cinq ans, a demandé innocem-ment à sa mère : « Maman, je peux parler maintenant ? Je peux aller dehors main-tenant ? » Malgré son jeune âge, l’enfant avait de bon-nes raisons de poser de tel-les questions. Il est le fils du

célèbre avocat chinois défen-seur des droits de l’homme, Gao Zhisheng.

GAO a été pris pour cible par le Parti Communiste chinois (PCC) pour avoir engagé des actions en justice contre le régime chinois afin de défendre les agriculteurs spoliés de leurs terres, les pratiquants du Falun Gong persé-cutés et d’autres Chinois opprimés.

« En Chine, nous n’avions pas le droit de parler ni de sortir », explique Geng He, la femme de Gao, mainte-nant en sécurité aux États-Unis avec son fils Tianyu et sa fille de 16 ans, Gege, grâce à l’aide du gouvernement américain et d’amis. « Maintenant que nous sommes aux États-Unis, je lui ai dit qu’il peut parler, jouer et répondre aux gens qui lui adressent la parole. Il se sent maintenant libre et plus détendu. »

Le 9 janvier 2009, Geng He et ses enfants ont fui Pékin et la surveillance permanente à laquelle ils étaient sou-mis jour et nuit. Ils ont échappé à la police chinoise et sont arrivés en Thaïlande le 16 janvier. Geng He mentionne qu’elle essaye de ne pas penser à autre chose qu’à panser les plaies de ses enfants traumatisés et encore très déprimés.

Lire la suite page 4

Geng He, la femme de Gao Zhisheng, raconte les persécutions contre sa famille

Nancy Nieh/The Epcoh Times

Un ancien espion chinois témoigne

Page 5

La terre aux natifs

ÉCONOMIEÉCONOMIE

Les banques centrales parviendront-elles à enrayer la crise ?

Page 7

HUMANITAIREHUMANITAIRE

Les particuliers plus généreux que les institutions privées.

Page 8

SANTÉSANTÉ

Au printemps, un grand nettoyage du corps est bénéfi que.

Page 13

SOCIÉTÉSOCIÉTÉ

Le viol conjugal existe, parlons-en pour mieux comprendre.

Page 14

Inde p. 2

Page 2 ................ International

Page 3 ................ International

Page 4 ............................ Chine

Page 5 .............................. Chine

Page 6 .............................. Chine

Page 7 ....................... Économie

Page 8 ................... Droits humains

Page 9 .................. Nouveau regard

Page 10 ............................... Culture

Page 11 ................................ Petites annonces

Page 12 .................................... Environnement

Page 13 ................................ Santé et bien-être

Page 14 ........................ Société

Page 15 ................. Art de vivre

Page 16 ........................ Culture

Salvador p. 3

► P. 9 Nouveau regard

La photo couleur avant l’heure

Cinéma, histoire et faits divers

► P. 16 Culture

Économie p. 7

► P. 10 Culture

34e édition de Rétromobile

Amerique du Sud p. 2

Nouvelles tensions entre chrétiens et hindous

À gauche toute

Les paradis fiscaux sous les projecteurs

La Grande ÉpoqueUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTIONUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION

EpochTimes.comWWW.LAGRANDEEPOQUE.COMWWW.LAGRANDEEPOQUE.COM

Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires

ÉDITION 152

16 – 31 MARS 2009 • BIMENSUEL

Fengzhi Li (g.), ancien espion chinois du ministère de la Sécurité publique, s’exprime lors d’une conférence à Washington sur la manière dont le Parti Communiste chinois réprime le peuple chinois.

Page 2: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque22 InternationalInternational www.lagrandeepoque.com

Amérique du Sud : la Terre aux natifsUne décision de la Cour Suprême brésilienne, adoptée à une majorité écrasante le jeudi 19 mars, maintient la protection d’une réserve indienne dans la province de Roraima, au Nord du pays et implique que les pro-priétaires terriens cultivant le riz dans la région devront par-tir. Quelques jours auparavant, la Bolivie avait annoncé la redis-tribution aux populations indi-gènes de milliers d’hectares de terres appartenant à de grandes familles de propriétaires. Deux mouvements de protection des peuples premiers qualifi és d’his-toriques dans chacun des deux pays, avec en fi ligrane consé-quences sociales et politiques.

LA RÉSERVE brésilienne de Raposa Serra do Sol couvre plus de 1,7 millions d’hectares le long de la frontière vénézué-lienne. Elle est la terre de près de 20.000 indiens d’Amazonie et, depuis 2005 et une décision du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, est devenue pour eux une zone réservée. Les tribus Macuxi, Wapi-chana, Ingariko, Taurepang et Patamona sont ainsi offi ciellement chez elles et les propriétaires terriens et orpailleurs divers priés de se rendre ailleurs.

Les autorités de l’État de Roraima et les producteurs de riz installés depuis le début des années 90 ont choisi la voie légale en avril 2005, considérant que la création de la réserve était inconstitu-tionnelle. Après trois années d’instruc-tion, les délibérations de la Cour Suprême brésilienne ont commencé en août 2008, mais ont été suspendues par deux fois. En décembre 2008 par exemple, un des juges a demandé un ajournement de la décision – alors que 8 de ses collègues avaient déjà voté en faveur du maintien de la réserve indiennes.

Plus de 3.000 indigènes était rassem-blés le 19 mars pour entendre la déci-sion de la Cour, certains à Brasilia, lieu de son siège, d’autres à Boa Vista, capi-tale de l’état de Roraima. Par 10 voix sur 11, la Cour Suprême a refusé le 19 mars que la réserve conserve des « îles » sur lesquelles les grands propriétaires locaux se maintiendraient. Les quelques 600 fer-miers qui n’ont pas encore quitté la région ont donc maintenant jusqu’au mois de mai pour le faire avant d’être expulsés.

Pour Gilmar Mendes, président de la Cour Suprême, la décision doit poser une jurisprudence pour les droits à la ter-res des indiens, et doit contrebalancer ce qu’il considère être le manque de considé-ration de la part du gouvernement brési-lien vis-à-vis de ces populations. « Nous avons établi un statut qui doit s’appliquer

non seulement au cas de Raposa Serra do Sol case, mais aussi à d’autres » indi-que-t-il, cité par la BBC.

La décision de la Cour Suprême pourra-t-elle mettre fi n aux tensions entre grands propriétaires et indien ? « Il n’y a pas de solution pacifi que » croit Nelson Itikawa, président de l’association des produc-teurs de riz, cité par le service de presse du gouvernement brésilien. « Parce qu’il est possible qu’il y ait un confl it – certaines personnes perdront leur contrôle ».

La police fédérale brésilienne a déjà envoyé 500 agents sur place pour garan-tir la sécurité après l’annonce. Durant les trente dernières années des centai-nes d’indiens ont été blessés ou tués par les hommes de main d’orpailleurs et de ranchers. L’association de défense des peuples premiers Survival International affi rme qu’avec le soutien de politiciens locaux, les exploitants refusant de quit-ter les terres ont tué au moins dix indiens depuis avril 2008, et brûlé des ponts pour empêcher l’accès à leur terre. Des séquences fi lmées sur le site de l’associa-tion montrent des attaques au fusil d’as-saut et à la grenade par les hommes de main de propriétaires locaux.

L’annonce de la Cour pourrait donc être une véritable libération : « Les riziculteurs utilisent des engrais chimiques qui conta-minent l’eau potable, le sol et les rivières, empoisonnent les oiseaux et les poissons dont dépendent les Indiens pour vivre. De plus, les mineurs ont commencé à draguer en six nouveaux points la rivière Máu. Le mercure qu’ils utilisent pour séparer l’or augmente dangereusement le niveau de

pollution. De grandes quantités d’alcool sont également introduites dans les com-munautés indiennes où les maladies se répandent, propagées par les mineurs et les soldats installés à Uiramutã, à la porte même du territoire makuxi. Ils échangent régulièrement de l’alcool et des objets de pacotille contre des relations sexuelles, ouvrant la voie à la prolifération rapide de maladies sexuellement transmissibles »explique Survival France.

Le Brésil comporte 488 réserves indien-nes qui couvrent 12 % de son territoire. D’après la Fondation Nationale Indienne du Brésil (FUNAI), sur tout le territoire 26 tribus vivent encore sans contact avec le monde développé ; et 123 nouvelles ter-res indigènes sont en cours d’identifi ca-tion.

Les militaires brésiliens s’inquiètent par contre déjà de la démarcation qui pourrait se créer entre Raposa Serra do Sol et le reste du Brésil ; la perte de contrôle sur la zone pose, pensent-ils, un problème de sécurité sur cette zone qui est frontalière avec la Guyane et le Vénézuela.

LA BOLIVIE AUSSI

Quatre jours auparavant, en Bolivie, le président Evo Morales renforcé par la réforme de la constitution, a également commencé les redistributions de terres. Dans une cérémonie avec forte présence militaire, le président Morales a offert 38.000 hectares de terres aux indiens Guarani de la région Chaco, au Sud du département de Santa-Cruz – l’eldorado bolivien.

C’est dans l’Alto Parapeti, au Sud-Ouest

du pays, l’endroit le plus symbolique à la fois des grands propriétaires latifundistes et de leur résistance au gouvernement, qu’Evo Morales a fait son annonce. Dans la ville de Caraparicito plus précisément.

Les terres sont reprises à quatre grands propriétaires terriens, les familles Larsen, Chavez, Malpartida and Curcuy – accu-sées d’avoir réduit à un état proche de l’esclavage 50 familles Guarani. Elles deviennent propriété guarani en applica-tion de la réforme agraire bolivienne.

« La propriété privée sera toujours res-pectée, mais nous voulons que ceux qui ne sont pas intéressés par l’égalité chan-gent leur pensée et se focalisent plus sur le pays que sur l’argent », a déclaré Morales à la presse locale. « Aujourd’hui, depuis ici, nous commençons à mettre fi n aux propriétés géantes en Bolivie. »

L’année 2009 sera celle « de la libé-ration du peuple guarani et de la fi n de l’esclavage » poursuit, emphatique, le vice-ministre des Terres, Alejandro Alma-raz. Celui-ci a d’autant plus de raisons de se satisfaire qu’il a été en 2008 accueilli par des tirs de carabine sur les terres des Larsen, avant d’y être retenu de force pen-dant 24h.

« Ils me visent parce que je suis améri-cain » répond Ronald Larsen, un citoyen du Montana, à l’Associated Press. « Mais nous n’allons pas partir comme des mou-tons ».

En 2004, indique la famille Larsen au New York Times, le géant pétrolier fran-çais Total a découvert sur leurs terres l’un des plus grands gisements de gaz naturel de Bolivie. Ceci expliquerait, croit Larsen,

l’intérêt du gouvernement pour la redistri-bution des terres. Car le président Morales pourra se passer de l’accord de la pro-vince de Santa-Cruz – qui lui est farouche-ment opposé – en ayant sur les terres des marunis favorables au gouvernement.

Amnesty International rappelle que l’Organisation internationale du travail, le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies et la Commission intera-méricaine des droits de l’homme affi rment que plus de 167 familles sont contraintes au travail des champs par les dettes ou à d’autres formes similaires d’esclavage dans les exploitations agricoles du terri-toire d’Alto Parapeti.

La nouvelle constitution bolivienne, effective depuis février après le succès du référendum national de janvier, limite à 5.000 hectares la taille maximale des propriétés, et impose des normes sociales plus strictes aux grands propriétaires. Le Congrès National Bolivien, paralysé pen-dant des mois par l’opposition de plusieurs provinces, a fi nalement ratifi é les réformes en octobre 2008 après qu’Evo Morales ait accepté en retour de ne pas se représen-ter aux élections présidentielles après cel-les de décembre 2009.

LES « BONS INDIGÈNES »… ET LES

AUTRES

La défense des peuples natifs ne sem-ble par contre pas inclure leurs repré-sentants pensant pouvoir s’opposer au président Morales. La famille de Victor Hugo Cardenas, un Aymara comme Mora-les et ancien vice-président, en a fait les frais. Après que Cardenas ait déclaré sa candidature aux élections présidentielles de décembre 2009, le 7 mars un groupe armé s’est attaqué à sa maison sur les rives du lac Titicaca. Sa femme et son fi ls ont été battus si violemment qu’ils ont dû rester plusieurs jours à l’hôpital. La famille est maintenant bannie de la région, sans que la police ni les juges aient jugé utile d’intervenir. Pour Evo Morales, laconique, « Les boliviens n’ont pas de tolérance pour les traîtres, et ils ne leur pardon-nent pas ».

Le « traître » Cardenas, un professeur d’université, a emmené sa famille pour la mettre en sécurité à La Paz. Défenseur ardent des droits de peuples natifs, Carde-nas s’est distancé du « Mouvement vers le Socialisme » de Morales dont il pense qu’il crée une nouvelle discrimination en exploitant des rancœurs anciennes. La nouvelle constitution va, d’après lui, con-centrer le pouvoir au sein d’un gouverne-ment de gauche en pleine radicalisation plutôt que d’aider à la démocratie.

AURÉLIEN GIRARD

Les Indiens et la défense de l’Amazone.VANDERLEI ALMEIDA/AFP/Getty Images

Inde : nouvelles tensions entre chrétiens et hindousDans l’État d’Orissa, au Nord-Est de l’Inde, des rebelles maoïstes ont assassiné le 19 mars un leader hindou, Prab-hat Panigrahi. Les appels au calme se multiplient pour évi-ter un embrasement compa-rable à celui de 2008 dans la région. À l’approche des élec-tions générales d’avril et avec le raidissement des positions nationalistes, le risque de ven-detta est réel.

L’ASSASSINAT a eu lieu dans le district Kandhamal, le même qui a vu en 2008 de violents affrontements après l’exécution d’un autre leader hindou du parti Vishwa Hindu Parishad (VHP), Swami Laxmana-nanda Saraswati.

Prabhat Panigrahi était le responsa-ble local du parti Rashtriya Swayamse-vak Sangh (RSS.) Il avait été arrêté pour son implication dans les violences de 2008, durant lesquelles plus de 25.000

chrétiens avaient dû fuir pour éviter les lynchages. M Panigrahi avait été libéré sous caution le 14 mars.

Les membres du Sangh Parivar, l’union des partis nationalistes hindous, accusent déjà « les chrétiens » d’être responsables de l’assassinat, malgré le fait que celui-ci ait été revendiqué par des maoïstes indiens. Quinze guérilleros maoïstes ont, d’après la police locale, planifi é et réalisé l’opération.

« La police a reçu des indications sérieuses d’une implication des naxa-lites dans l’assassinat de Pravat Pani-grahi à Kandhamal », indique le chef de la police locale Manmohan Pra-haraj à la télévision indienne ZNL. Les naxalites, maoïstes indiens dont le mouvement a fait suite à la scission

entre communisme soviétique et commu-nisme chinois sont considérés comme la plus grande menace à la sécurité natio-

nale du fait de leur infl uence grandis-sante dans tout le grand Est indien. Le gouvernement indien a initié en février

un ensemble d’opérations anti-terroristes coordonnées contre eux.

« Les maoïstes arrêtés pour l’assassi-nat de Saraswati [en 2008] ne sont pas des chrétiens. Il n’est donc pas justifi é de conclure que les chrétiens sont respon-sables », ajoute M. Praharaj.

Une explication qui ne convainc pas le parti d’extrême-droite Bharatiya Janata Party (BJP), membre du Sangh Parivar, dont le représentant Prakash Javade-kar a indiqué à la presse locale : « Nous avons des doutes sur le fait que les assassins soient des naxalites ou plu-tôt des chrétiens déguisés en naxalites. Panigrahi a été éliminé car il connaissait la raison de l’assassinat de Saraswati ».

Sarawasti, un moine de 80 ans, mili-tait contre l’évangélisme chrétien et avait reçu plusieurs menaces de mort liées à cette activité avant son exécution. Des chrétiens auraient, affi rment les partis hindous, payés des maoïstes pour trans-former la menace en action. Les repré-sailles hindous ont fait, entre août et septembre 2008, 127 victimes et conduit à la destruction de près de 5.000 mai-sons et plus de 250 églises.

AURÉLIEN GIRARD

Vers de nouvelles violences anti-chrétiennes ?

RAVEENDRAN/AFP/Getty Images

Page 3: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 33InternationalInternationalwww.lagrandeepoque.com

Le Salvador à gauche touteLe Salvador, plus petit État d’Amérique centrale, a viré à gauche le 15 mars après 20 ans de domination de la droite ultralibérale pro-améri-caine incarnée par l’ARENA (Alliance républicaine nationa-liste). Récoltant les fruits d’une modération réelle ou tactique, l’ex-journaliste Mauricio Funes, candidat de l’ancienne guérilla d’extrême gauche du FMLN (Front Farabundo Marti pour la libération nationale), a remporté l’élection présidentielle avec plus de 51 % des suffrages. Son unique adversaire, le can-didat de l’ARENA, l’ex-directeur de la police nationale Rodrigo Avila, a reconnu sa défaite.

DEUX mois après l’entrée à la Maison blanche de Barack Obama, ce revire-ment historique est la dernière vague de la marée de gauche qui déferle depuis dix ans sur l’Amérique latine. Désor-mais, parmi les pays latino-américains, seuls le Mexique et la Colombie ne sont pas dominés par une gauche radicale ou modérée.

Cette réalité dominera le Ve Som-met des Amériques. Du 17 au 19 avril à Trinité-et-Tobago, Barack Obama et sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton y seront pour la première fois confron-tés à la quasi totalité de leurs pairs du continent (Cuba est l’unique exclue du sommet) inquiets de la crise fi nancière, économique et sociale exportée par les États-Unis.

Plus de 4,2 millions des 6,8 millions de Salvadoriens étaient convoqués au urnes. La participation au scrutin a été proche de 60 %. Dans un communiqué diffusé par le ministère des Relations extérieures du Venezuela, le président Hugo Chavez applaudissait aussitôt une « victoire qui consolide le courant histo-rique levé dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes en cette première décen-nie du 21e siècle ». Félicitant Mauri-cio Funes, le chef de l’État vénézuélien affi rme que « l’union de nos peuples est l’unique chemin pour surmonter la crise venue du coeur du capitalisme du Nord ».

Hugo Chavez croit que « la cons-

cience majoritaire du peuple salvadorien a pulvérisé les campagnes d’infamie de la droite internationale ». Au cours de la campagne électorale, l’ARENA, appuyée implicitement de Washington par des congressistes républicains amé-ricains, prétendait que le FMLN «ven-drait la patrie» en rejoignant le camp de la gauche radicale au pouvoir au Venezuela, à Cuba, au Nicaragua, en Equateur et en Bolivie.

Critiquée par des médias interna-tionaux et par la mission d’observa-tion électorale de l’Union européenne, cette « campagne de la peur » était néanmoins crédibilisée par l’appui éco-nomique vénézuélien aux mairies salva-doriennes contrôlées par le FMLN, par la présence régulière et publique de diri-geants de l’ex-guérilla salvadorienne aux côtés de Hugo Chavez lors de manifes-tations à Caracas, par l’inclusion expli-cite du Salvador dans la « grande patrie socialiste » souvent invoquée par le pré-sident Chavez dans ses discours, ainsi que par les liens discrets mais avérés du FMLN avec la guérilla marxiste colom-bienne des FARC, dont Hugo Chavez réclamait en janvier 2008 la reconnais-sance internationale.

Dans ces circonstances, les observa-teurs attendaient avec intérêt les premiè-res déclarations en qualité de vainqueur de Mauricio Funes, qui sera investi à la présidence le 1er juin pour un mandat non renouvelable de cinq ans.

Cet ex-journaliste vedette de la télé-vision, âgé de 49 ans, a annoncé « une politique extérieure indépendante, basée sur la protection et le dévelop-pement des intérêts nationaux ». Il a toutefois ajouté que « l’intégration de l’Amérique centrale et le renforcement des relations avec les États-Unis seront des aspects prioritaires de notre agenda de politique extérieure ».

Sur le plan intérieur, Mauricio Funes s’est dit « animé par l’esprit d’unité nationale », loin de « la confrontation et du revanchisme » et dans « le respect et l’écoute » des adversaires, en par-ticulier de l’ARENA. « Le régime éco-nomique établi par la Constitution de la République, la propriété privée et la

sécurité juridique jouiront du plus grand respect » a-t-il promis, annonçant aussi son ambition de faire de l’économie sal-vadorienne la plus dynamique d’Améri-que centrale.

LA MODÉRATION APPARENTE DE

MAURICIO FUNES EST-ELLE ASSU-

MÉE PAR LE FMLN?

Le président élu veut donc mainte-nir l’apparente modération, réelle ou tactique, qui a attiré les électeurs indé-cis et mêmes d’anciens sympathisants de l’ARENA. Au cours de sa campa-gne électorale facilitée par la popularité acquise sur les petits écrans, l’ex-jour-naliste s’était efforcé de gommer l’image communiste du FMLN, auquel il s’est allié voici moins de deux ans. Dans une interview publiée le 13 janvier à San Sal-vador par El Mundo, Mauricio Funes affi rmait qu’il ne cherchera pas à cons-truire le socialisme, lui préférant « l’éco-nomie sociale de marché », qu’il ne s’inféodera pas à Hugo Chavez et qu’il conservera d’excellentes relations avec les États-Unis. Il ne remettrait même pas en question l’usage par l’US Air Force de la base salvadorienne de Comalapa pour combattre le trafi c régional de stu-péfi ants.

Ponctué du slogan « Le change-ment au Salvador pour vivre mieux », le « Programme de gouvernement 2009-2014 » cosigné par le FMLN et Mau-

ricio Funes ignore totalement, au long de ses 106 pages, non seulement le mot « communisme », mais aussi ceux de « socialisme », « nationalisation », « bolivarien », « révolution », « lutte des classes », etc.

Comme n’importe quel candidat pré-sidentiel latino-américain, de gauche ou de droite, Mauricio Funes promettait au cours de la campagne de lutter con-tre la pauvreté, la corruption, l’infl ation et la délinquance, d’améliorer les servi-ces de santé et d’éducation, de respec-ter l’écologie et les droits fondamentaux. Face à la crise fi nancière mondiale, il offrait sa collaboration aux institutions monétaires internationales vilipendées au Venezuela et dans d’autres pays de la région gouvernés par la gauche radi-cale.

Ce visage de modération conféré au FMLN par Mauricio Funes ne convainc pas tous les observateurs. D’autant que, vêtu de rouge au soir de la victoire, le vice-président élu sur le « ticket » de l’ex-journaliste est Salvador Sanchez Ceren, l’un des leaders historiques du FPL (Forces populaires de libération), force insurgée d’obédience commu-niste qui fut la plus importante au sein de la guérilla du FMLN lors de la guerre civile. De 1980 à 1992, ce confl it gagné par la droite avec l’aide de Washing-ton fi t 75.000 morts. La signature de la paix permit la légalisation du FMLN et sa

mutation en parti politique.Dans une déclaration publiée par le

quotidien français Le Monde daté du 14 mars dernier, Salvador Samayoa, ancien dirigeant de la guérilla, anticipait des diffi cultés entre le FMLN et Mauri-cio Funes, qui n’a jamais appartenu à un parti politique. « Ils ne se connais-saient pas vraiment quand Mauricio a été choisi [en 2007 comme candidat à la présidence] et plus ils se connaissent, moins ils s’aiment. Je n’imagine pas le FMLN au pouvoir sans une relation forte et très étroite avec Cuba, le Venezuela et le Nicaragua », affi rmait Salvador Samayoa.

Le FMLN pro-Chavez et Mauricio Funes, qui préfère se référer au prési-dent brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ne cherchaient-ils qu’à se servir l’un de l’autre ? Qui de l’ex-guérilla ou du pré-sident élu gouvernera réellement le Sal-vador ? Tant l’une que l’autre devront composer avec la majorité absolue par-lementaire de 48 députés sur 84 obte-nue aux législatives du 18 janvier dernier par les trois partis de la droite salvado-rienne, l’ARENA, le Parti de conciliation nationale et le Parti démocrate-chré-tien. Ces deux derniers renoncèrent à présenter un candidat à la présidence afi n de favoriser une victoire de Rodrigo Avila, vaincu néanmoins, mais sur le fi l, par Mauricio Funes.

LatinReporters.com

Le nouveau président et, en rouge, son vice-président.Jose CABEZAS/AFP/Getty Images

Asie centrale : une zone exempte d’armes nucléairesLE SECRÉTAIRE général de l’ONU, Ban Ki-moon, a salué vendredi 20 mars l’entrée en vigueur le 21 mars du Traité sur une zone exempte d’armes nucléai-res en Asie centrale, à la suite de sa ratification par les cinq États de cette région.

Le traité, qui avait été ouvert à signa-ture le 8 septembre 2006, compte cinq État parties : la République du Kazakhs-tan, la République kirghize, la Républi-

que du Tadjikistan, le Turkménistan et la République d’Ouzbékistan.

« Le traité est d’une signification par-ticulière. Il s’agira de la première zone exempte d’armes nucléaires à être établie dans l’hémisphère nord et elle comprendra une région où les armes nucléaires étaient présentes par le passé », souligne la porte-parole du Secrétaire général dans une déclara-tion.

« Il s’agira de la première zone exempte d’armes nucléaires qui néces-site de ses parties de conclure avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et de faire entrer en vigueur, un Protocole additionnel sur les accords de garantie avec l’AIEA dans les 18 mois après l’entrée en vigueur du traité et de se soumettre pleinement aux dispositions du Traité d’interdiction des essais nucléaires », ajoute-t-elle.

Afin de garantir la mise en œuvre effective du Traité, le Secrétaire géné-ral aimerait appeler les États concernés à répondre aux questions non résolues qui pourraient affecter ce traité, précise la porte-parole du Secrétaire général.

Alors que la Conférence d’examen en 2010 des parties au traité de non-pro-lifération des armes nucléaires appro-che, le Secrétaire général estime que l’entrée en vigueur du Traité sur une

zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale renforcera les efforts pour améliorer le régime mondial de non-pro-lifération nucléaire, qu’elle souligne la valeur stratégique et morale des zones exemptes d’armés nucléaires, ainsi que les possibilités d’un progrès plus grand sur une série de sujets, dans l’objectif d’un monde libre d’armes nucléaires, ajoute-t-elle.

Centre de Nouvelles de l’ONU

CERN MEYRIN (terminus bus 56-CERN)entrée B - bâtiment 500 -

amphithéâtre

MARDI 31 MARS 2009 – 20h 30John DEVORE

violoncelleAmnon SHACHAL

pianoAu programme :

ALBENIZ - BACH – BEETHOVEN PIAZZOLA - STRAVINSKI

Entrée libre - collecteNos concerts sur notre site :

www.concerts-cern.comet sur les sites : www.whys.org et

www.agendadegeneve.ch

Pas de concert les 7 et 14 avril

Page 4: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

Suite de la première page

INQUIÈTE POUR LA SÉCURITÉ DE

GAO

Geng He a très peu de détails sur la condition actuelle de son mari. Mais le peu qu’elle sait ne présage rien de bon. Il a été torturé par le régime commu-niste chinois et les effets à long terme ont affecté sérieusement sa santé.

« Je n’ai aucune idée où il se trouve actuellement », affirme Geng He. « Je ne l’ai pas contacté du tout depuis que j’ai fui la Chine. Le 4 février, un ami m’a dit qu’il avait de nouveau été arrêté. »

« [La toute dernière fois où il a été arrêté et torturé] ils ont utilisé de la fumée pour lui irriter les yeux », expli-que Geng He. « Maintenant ses yeux sécrètent des larmes toute la journée. Il doit souvent essuyer ses larmes et ses yeux le font souffrir au point qu’il n’arrive plus à rien faire. »

D’après Geng He, son mari a eu le bas du dos gravement blessé en rai-son des mauvais traitements. Au lever le matin, il souffre terriblement. Il lui est même difficile de s’asseoir et de se lever d’une chaise.

Le système digestif de Gao a éga-lement été endommagé. « Même lors d’une journée chaude, un verre d’eau tiède lui donne la diarrhée », note Geng He. « Même lorsqu’il n’a pas faim, il il ressent une forte envie de manger. Même après avoir bien mangé, Gao continue à avoir faim au point d’avoir mal au ventre. Il semble avoir perdu la sensation de satiété. Son corps est hors de contrôle. C’est comme si son corps était fait de papier. »

TENTATIVE DE SUICIDE DE LA

FILLE DE GAO

Peu avant les Jeux olympiques de 2008, Gao Zhisheng et sa famille ont été enlevés de Pékin pour être emmenés dans le Xinjiang, région du Nord-ouest très peu peuplée. Ce n’est qu’à la fin du mois d’août que la famille a été rame-née à Pékin. Mais ils ont de nouveau été emmenés dans une région lointaine avant les Jeux paralympiques.

Geng He se souvient : « Ce soir-là ils nous ont enlevés de notre maison. Nous ne savions pas où ils nous emmenaient. C’était une toute petite auberge. Ils nous ont gardés dans une pièce fermée pen-dant plus d’un mois. »

Depuis le 1er septembre 2008, la fille de Gao, Geng Gege (d’où son surnom Gege) a été privée d’école. Elle était en résidence surveillée, coupée de l’école et de ses amis. Gege était au bord de la crise de nerf. À plusieurs reprises, elle a tenté de se mutiler et a même tenté de se suicider. Gao et Geng He étaient très inquiets pour elle. Gao en a été boule-versé.

Geng He se souvient avec une expression de douleur : il y a avait un petit couteau pour travaux pratiques sur le bureau de Gege. Elle se coupait le bras avec ce couteau. Elle disait qu’elle se sentait mieux après. Certaines cou-pures ont cicatrisé, d’autres pas encore. Elle a tenté de se mutiler à trois repri-ses. Un jour Gao et Geng He l’ont sur-prise en train de tenter de se suicider. Gege avait coupé son artère. Elle sou-riait en regardant son sang couler. Gao et Geng He l’ont surprise par hasard en train de faire cela dans sa chambre.

Geng He raconte : « Pour le bien des enfants, j’ai dû fuir la Chine. Sinon, nous nous serions sentis coupables pour eux. Cela a été un choc pour Gao. Il se sent coupable pour les enfants. Nous nous sentons tous les deux très mal. »

LA FILLE ESCORTÉE PAR LA

POLICE

D’après Geng He, le professeur de Gege a dit aux élèves de sa classe qu’ils n’avaient plus le droit d’avoir des téléphones portables. Si un élève était surpris avec un téléphone portable, le professeur a dit qu’ils auraient affaire aux policiers et que l’école s’en laverait les mains. C’est ainsi que l’école intimi-dait les élèves.

La classe de Gege était privée de cours d’informatique parce que le régime chinois avait peur que Gege tente de rentrer en contact avec l’exté-rieur via Internet. Comme la classe était privée d’ordinateur et de téléphones portables, son professeur et ses cama-rades de classe l’ont isolée et ne vou-laient plus avoir affaire à elle.

La discrimination et l’isolation ont eu un terrible impact sur l’esprit de Gege. Geng He affirme que Gege rentrait à la maison complètement déprimée et en colère. Elle avait perdu tout intérêt pour ses études. Elle s’enfermait dans sa chambre, refusant de manger et de boire.

Elle était déprimée parce que quatre policiers l’escortaient à l’école et la sui-vaient partout. Sur le chemin de l’école en voiture, les policiers insultaient son père et Hu Jia (un ami de la famille de Gao et militant des droits de l’homme, lauréat du prix Sakharov 2008) par pure méchanceté.

Si Gege répliquait, les policiers lan-çaient des insultes plus dures encore. Si Gege quittait l’école en retard, les policiers se mettaient en colère contre elle. Si Gege protestait, ils l’attrapaient et la traînaient avec eux.

Un jour Gege a terminé l’école plus tard parce qu’il y avait une séance de révision. Gege voulait dîner avec ses camarades de classe avant de rentrer chez elle, mais les policiers le lui ont interdit. Ils l’ont forcée à partir avec eux mais Gege a refusé. Les policiers ont alors piétiné son plateau de nourriture et l’ont frappée au point qu’elle perde con-naissance. Elle a ensuite été jetée dans une voiture qui l’a ramenée chez elle alors qu’elle était encore inconsciente.

Geng He raconte : « C’était un épi-sode très traumatisant pour elle. Mon mari et moi nous sommes sentis très mal. »

Un soir Gege n’est pas rentrée de l’école. Il était presque 20 h. Geng He était très inquiète. Elle est allée la cher-cher à l’école. Bien que les bâtiments étaient vides et plongés dans le noir,

Geng He n’avait pas peur de rentrer pour chercher sa fille. Finalement elle l’a retrouvée assise seule dans un parc.

GENG HE ENVISAGEAIT LE SUI-

CIDE

Le 15 août 2006 à midi, Gao Zhisheng a été secrètement arrêté alors qu’il ren-dait visite à son beau-frère sur son lit de mort dans l’agglomération de Dongying, province de Shandong. Une dizaine de policiers en civil ont pénétré par effrac-tion dans la maison pour arrêter Gao. Les policiers ont également saccagé son domicile à Pékin. La police a refusé de dire à sa famille et à ses amis où ils l’avaient emmené.

Geng He se souvient : « À ce moment-là, Gege et moi avons été placées sous haute surveillance. Ces policiers ont pillé notre maison et tout cassé. Ensuite, ils se sont relayés toutes les trois heu-res et sont restés chez nous jour et nuit. Il y avait environ sept policiers à cha-que relais. Lorsque j’ai demandé des nouvelles de mon mari, où il était et s’il allait bien, les policiers ont refusé de me répondre. J’ai fait une grève de la faim pendant près de quatre jours. »

Elle poursuit : « Ils m’ont gavée de force avec de l’eau. Le quatrième jour quand j’ai accepté de prendre deux peti-tes gorgées d’eau, ils m’ont finalement dit que mon mari était dans le Shan-dong et qu’il était actuellement transféré à Pékin. Durant cette période, Gege a également fait plusieurs grèves de la faim. »

À la mi-novembre 2006, alors que Geng He est allée au marché faire des courses, les policiers qui la suivaient marchaient tout près d’elle. Geng He leur a demandé de garder leur distance, mais ils ont nié le fait qu’ils la suivaient. Quand Geng He a tenté de les raison-ner, les policiers l’ont insultée et l’un d’entre eux l’a giflée.

Deux des policiers l’ont suivie dans le bus. Quand Geng He est descendue, elle a vu une voiture de police s’arrêter derrière le bus. Les policiers sont sor-tis de la voiture et ont commencé à la

frapper. Ils lui ont cassé une dent. Elle avait du sang sur le visage, sa queue de cheval était défaite et ses vêtements s’étaient déchirés durant l’attaque.

Quand Gege a vu l’état dans lequel était sa mère, elle a saisi son lutrin pour sortir se battre avec la police.

Geng He se souvient : « J’ai attrapé Gege. À ce moment-là, il n’y avait per-sonne d’autre que nous, femmes et enfants. Tianyu n’avait que trois ans. Ma mère, qui a plus de 70 ans, était chez nous. Nous avions terriblement peur parce que nous ne savions pas ce qui allait se passer ensuite. »

En voulant saisir le lutrin de Gege, Geng He l’a accidentellement cassé en deux. Elle a dit ne pas savoir où elle avait puisé cette force.

Geng He raconte : « En me battant pour reprendre ce lutrin, je me suis coupée accidentellement. Je ne savais plus quoi faire. Je ne devais pas laisser Gege sortir et se battre avec la police. Nous ne pouvions rien dire. Nous étions très perturbés. Complètement désespé-rés. »

C’est alors que Geng He a pensé met-tre fin à ses jours.

« Un jour j’ai dit à Gege ‘Prend soin de Tianyu’ Je voulais déclencher une fuite de gaz et faire sauter l’apparte-ment. Je ne voulais plus vivre. Gege m’a dit : ‘Maman, ne meurs pas. Que ferais-je sans toi ?’ »

« Je voulais vraiment faire sauter la maison parce que nous n’avions plus de bols, ni ciseaux ni couteaux de cui-sine. Nous n’avions plus rien. Même les aiguilles à tricoter avaient été con-fisquées. »

BESOIN D’AMIS ET DE COMPAGNIE

Geng He ajoute : « Il y avait un groupe de policiers postés chez nous et devant chez nous. Nous étions au deuxième étage. Entre le deuxième et le troisième étage, il y avait un autre groupe de policiers. Il y en avait un éga-lement entre le premier et le deuxième étage. La nuit, nous pouvions entendre les policiers parler de l’autre côté de la porte au troisième étage ou au rez-de-chaussée. Nous entendions tout. »

Plusieurs fois, Geng He a été terrifiée. La police a coupé le câble et l’électri-cité et a proféré des menaces. Geng He affirme : « J’étais effrayée à la maison. Quand j’entendais quelqu’un frapper à la porte, je tremblais de peur. »

Quand Geng He allait faire ses cour-ses, elle faisait souvent un tour par le marché, dans l’espoir de rencontrer des amis ou des visages familiers, espérant trouver un téléphone portable aban-donné ou qu’une note lui soit remise.

Geng He poursuit : « J’étais à l’affût de telles opportunités et donc je passais beaucoup de temps au marché. »

Un jour, Geng He a commandé un téléphone portable et dit au proprié-taire du magasin qu’elle viendrait le chercher dix minutes plus tard. Quand elle est revenue au magasin après avoir fini ses courses, le propriétaire lui a dit qu’un policier était venu aussitôt après son départ de la boutique, en montrant sa plaque de police et il a pris le télé-phone.

Geng He ajoute : « Il n’y a plus

aucune vie privée. Ils restent très très près de vous. J’avais l’impression qu’ils pouvaient compter combien j’avais d’argent sur moi quand je payais mes achats. »

Geng He continue : « Un jour j’ai acci-dentellement semé la police. Mais j’ai réalisé que je n’avais pas une pièce sur moi, même pas un centime. J’étais folle de rage. Après, je prenais toujours soin d’avoir de la monnaie dans toutes mes poches. J’espérais qu’un jour je pourrais semer la police et téléphoner à des amis pour avoir de leurs nouvelles. »

« Chaque jour nous attendions que chacun rentre à la maison. Nous ne savions pas ce qui pouvait arriver à cha-cun d’entre nous. »

LES AUTORITÉS ONT PRIS LA

FAMILLE DE GAO ZHISHENG EN

OTAGE POUR LE MENACER

Geng He raconte : « Le 27 septem-bre 2008, mon mari a de nouveau été arrêté. La police m’a accusée de ne pas leur rapporter les activités de mon mari, alors ils ont commencé à me suivre de très près. Ils ont dit que si je n’avais pas fourni de renseignements au monde extérieur, cela aurait été préférable pour mon mari. Une fois que le monde exté-rieur a été au courant de sa situation, ils ont aggravé nos conditions de vie. Ils ont empêché Gege d’aller à l’école et menacé de renvoyer Tianyu de l’école maternelle si je parlais à nouveau. »

Après que la police a saccagé son domicile en septembre 2008, il ne res-tait à Geng He que 300 yuans. Et ainsi, lorsque Tianyu et Gege sont tombés malades, elle n’avait pas d’argent pour payer les frais médicaux. Ceci a beau-coup contrarié Geng He.

Geng He poursuit : « J’ai demandé une attestation bancaire pour faire un retrait, mais ils m’ont dit qu’ils me la donneraient quand je n’aurais plus d’ar-gent ou que j’aurais un meilleur compor-tement. Ils nous ont même suivi jusqu’à l’hôpital. À la fin j’ai dû emprunter de l’argent à la police et les rembourser. Je n’avais pas d’argent pour payer l’école maternelle de Tianyu.

Geng He laisse tomber en soupirant : « Je vivais dans le Pékin moderne, mais je ne pouvais pas utiliser les télécom-munications pour contacter mes amis. Je devais marcher pendant des heu-res pour obtenir quelques informations. Ma vie là-bas était très difficile. Parfois, lorsque Gege devait sortir, j’étais très inquiète pour sa sécurité. »

L’HISTOIRE DE GAO ZHISHENG

Pendant longtemps, Gao Zhisheng a représenté des groupes victimes d’in-justices et des gens très pauvres. Gao a écrit trois lettres ouvertes aux trois dirigeants chinois pour plaider la cause des pratiquants du Falun Gong persécu-tés par le gouvernement. Suite à cela, le régime communiste l’a fait espionner en permanence. En décembre 2006, les autorités chinoises l’ont accusé de sub-version et condamné à trois ans de pri-son avec sursis et cinq ans de garde à vue. Depuis lors, Gao Zhisheng et sa famille ont été espionnés, harcelés et même kidnappés à plusieurs reprises.

En février 2009, Gao Zhisheng a publié un article sur Internet intitulé Nuit noire, cagoule noire et enlèvement par la mafia noire — mon récit de plus de 50 jours de torture en 2007 dans lequel il raconte les tortures qu’il a dû endu-rer après son enlèvement et son incar-cération.

L’article décrit ces tortures qui ont duré plus de 50 jours durant sa déten-tion après qu’il a été enlevé par la police en septembre 2007. Il a notamment été électrocuté sur les parties génita-les avec des matraques électriques. Le régime a torturé Gao Zhisheng pour se venger des lettres ouvertes au Con-grès américain sur les violations des droits de l’homme en Chine. Le 4 février 2009, Gao a une fois de plus été enlevé de chez lui par la police. On n’a plus de nouvelles depuis.

GU QINGER ET YI FAN

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque44 ChineChine www.lagrandeepoque.com

Geng He, la femme de Gao Zhisheng, raconte les persécutions contre sa famille

Geng He et ses enfants, maintenant en sécurité aux États-Unis.

Le célèbre avocat des droits de l’homme Gao Zhisheng avec safamille en Chine avant sa disparition.

L’avocat chinois Gao Zhisheng.La Grande Époque

La Grande Époque

La Grande Époque

Page 5: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

MON nom est Xu Yin. Avant de venir aux États-Unis, j’étais professeur au Département de Génie Civil à l’univer-sité de Tsinghua à Pékin. Pendant 13 ans d’enseignement, mon travail m’a valu plusieurs récompenses nationales et universitaires ainsi que le respect de mes étudiants et de mes collègues.

Je saisis cette occasion pour témoigner des persécutions que j’ai subies sous le régime communiste en Chine en espérant que mon expérience pourra permettre à d’autres Chinois

de réaliser les mensonges du Parti Communiste Chinois (PCC), et pourra aussi les aider à franchir le pas pour sortir de l’emprise de ce parti pervers.

La date du 18 février 2009 est à marquer d’une pierre blanche puisque c’est le jour où l’on a passé le cap des 50 millions de Chinois démissionnaires du PCC et de ses organes affi liés. Je félicite tous mes compatriotes qui ont eu le courage et le discernement de faire un tel choix.

En août 2008, j’ai été obligé de quitter

le poste d’enseignant que j’affectionnais tant, et suis venu à l’étranger pour avoir accès à plus de liberté et de justice. J’ai renoncé à une carrière bien établie parce que je ne voulais plus être persécuté dans un pays où la justice et les droits de l’homme n’existent pas.

C’est en mai 1995 que j’ai rencontré des pratiquants du Falun Gong sur le campus de l’université de Tsinghua. Leur principe de « vérité, compassion et tolérance » m’a tout de suite plu et j’ai commencé à le pratiquer moi aussi

peu de temps après. À cette époque, les gens étaient libres de faire les exercices en public, et les livres du Falun Gong étaient publiés à travers tout le pays.

Il y avait neuf pratiquants à notre point de pratique à l’université. Dès le début, je me suis senti libre de pratiquer publiquement les exercices du Falun Gong, ainsi que d’autres de la faculté et les étudiants. À cette époque, la plupart des gens connaissaient le Falun Gong et savaient que c’était une pratique bénéfi que. Avant 1999, plus de 100

millions de Chinois le pratiquaient.Mais tout a basculé en juillet 1999.

Jaloux de la popularité du Falun Gong, le dictateur chinois d’alors, Jiang Zemin, a lancé une campa-gne de répression très dure contre le Falun Gong. Sous son commande-ment, les autorités chinoises ont inter-dit la pratique et initié une campagne médiatique diffamatoire à son encontre à l’intérieur du pays et même au niveau international par le biais des ambassades.

Lire la suite page 6

Quand il a fui vers les États-Unis en 2004, l’agent du ministère de la Sécurité publique, Fengzhi Li, est resté très discret. Sa princi-pale préoccupation était la sécu-rité de sa famille, qui est toujours en Chine. À l’époque, il avait besoin de se distancer du Parti Communiste chinois (PCC). Ensuite la situation des droits de l’homme en Chine a « empiré » dit-il. En découvrant la manière dont le Parti réprime le peuple chinois, Li a dit qu’il avait besoin d’élever la voix pour mettre fi n aux tueries et à la « dictature sauvage ».

LA SOLITUDE de Fengzhi Li qui a duré cinq ans a brutalement été interrom-pue ce mois-ci. Le 11 mars, Fengzhi Li est devenu le premier espion chinois à démissionner publiquement du Parti. Le 15 mars, Li a participé à deux défi lés dans la capitale américaine, pour célébrer les 51 millions de Chinois qui ont démis-sionné du Parti et de ses organes affi liés.

Quatre jours plus tard, le 19 mars, après avoir fait ses déclarations écrites, Li est apparu en public pour faire des révé-lations encore plus décapantes et accu-satoires sur son ancien employeur. Il a répondu aux questions des journalistes et reçu les félicitations de Dana Rohra-bacher, l’un des membres du Congrès les plus engagés en matière de droits de l’homme.

« Dans la Chine actuelle, le pouvoir social, économique et politique est tota-lement monopolisé. En dehors du Parti communiste, aucune personne, aucun groupe n’a la moindre liberté ou le moin-dre pouvoir », selon Li.

Il ajoute : « Pour conserver son mono-pole, le PCC a mis en place un système politique qui contrôle la société dans ses moindres recoins et a recours à toutes sortes de moyens sanglants pour répri-mer le peuple chinois et les autres grou-pes politiques. »

Le tableau que Li dépeint du système de sécurité chinois a la particularité princi-pale de ne pas faire confi ance aux gens. Il est digne du roman d’Orwell.

« Les employés du système de sécurité nationale sont censés protéger le pays et le servir. Mais le PCC emploie des som-

mes astronomiques pour réprimer les citoyens. Il étend même ses funestes ten-tacules à l’étranger. Durant ces dernières années, pour gérer les citoyens qui reven-diquent leurs droits, les dissidents politi-ques, et les groupes spirituels, le PCC a de plus en plus recouru au système de sécurité publique pour collecter des infor-mations sensibles, surveiller les gens, etc., allant jusqu’à les utiliser pour arrêter et persécuter ces personnes. »

Li a dit qu’avec ses collègues du minis-tère de la Sécurité publique, ils étaient « furieux » de voir le PCC abuser de ces informations contre les citoyens chinois. Ils ont cessé de faire confi ance au PCC.

LE BONHEUR NE SE LIMITE PAS AU DOMAINE ÉCONOMIQUE

L’un des obstacles rencontrés lorsque l’on parle de droits de l’homme en Chine est la perception de l’Occident sur le pro-grès économique en Chine, et l’augmen-tation des libertés et de la démocratie qui

seraient liées au développement éco-nomique. Cette perception du soi-disant progrès de la Chine doit être rectifi ée, selon Li.

Fengzhi Li, 41 ans, a été élevé dans un environnement matérialiste et athée, où le système éducatif inculquait aux enfants des valeurs communistes. En raison de la politique de contrôle des naissances, Li n’a ni frère ni sœur, et il a expliqué que la manière dont cette politique est appliquée est particulièrement cruelle.

Se référant à la « poursuite du bon-heur » inscrite dans la déclaration d’in-dépendance américaine, en contraste avec le PCC matérialiste, Li a insisté sur la poursuite d’autres valeurs. Il a dit que le progrès économique n’est qu’une facette de la « poursuite du bonheur ». Selon lui, les Chinois devraient avoir le droit de vivre dignement, de rechercher la jus-tice sociale, et d’avoir une vie spirituelle, comme dans les pays libres en Occident. Il a insisté sur le fait que le bien-être éco-

nomique à lui seul ne peut pas apporter le vrai bonheur.

« Actuellement, quand les gens dans le monde parlent de la croissance économi-que chinoise, ils devraient remarquer que cette croissance n’a pas apporté le pro-grès social ni politique que l’on attendait. Elle n’a pas apporté non plus de libertés ni de droits politiques aux Chinois. Le prix énorme de la croissance économique est inquiétant, et c’est le peuple chinois qui fi nira par le payer, » selon Li.

Quand les droits de l’homme seront respectés, la Chine aura fait de « vrais progrès » et cela bénéfi ciera non seu-lement aux Chinois mais aussi au reste du monde.

L’ESPIONNAGE CHINOIS MÈNE LE

RÉGIME À SA PERTE

Le sinologue et analyste de la chaîne de télévision NTDTV, Dr Tianliang Zhang a expliqué que le témoignage de M. Li lui rappelait un fi lm allemand intitulé La

vie des autres, sur la vie intérieure d’un espion qui a remporté le César du meilleur fi lm étranger en 2008. Le fi lm raconte la vie d’un capitaine de la Stasi, police d’État de l’Allemagne de l’Est avant la chute du communisme. Ce capitaine Wiesler se voit confi er la mission de surveiller un dis-sident suspecté de sympathie avec l’Oc-cident. Mais en apprenant à le connaître, l’agent se prend de sympathie pour lui et décide de le protéger dans les rapports qu’il fait à ses supérieurs.

« Ce qui est intéressant chez cet agent est qu’il est sincèrement socialiste », dit Dr Zhang. Il a rejoint la Stasi par désir de protéger son pays d’éventuels enne-mis. Finalement il découvre la corruption des dirigeants communistes et comprend l’humanité en surveillant cet écrivain dis-sident.

« Aujoud’hui en apprenant l’histoire de Fengzhi Li, on voit que le fi lm est devenu réalité pour [Fengzhi Li] », a dit Dr Zhang.

L’histoire de M. Li démontre « quelque chose de très simple : si une personne veut vraiment du bien à son pays et à son peuple, il sait que le Parti Communiste est en train de nuire au pays et de persécuter le peuple », dit Dr Zhang. Il existe aussi la possibilité que, lorsque les agents secrets surveillent le peuple, ils peuvent bien agir en apprenant la vérité parce qu’ils ont accès à des informations censurées aux-quelles le peuple n’a pas accès. Ils sont les premiers témoins des souffrances infl i-gées aux victimes du régime — des gens comme les pratiquants du Falun Gong qui sont pacifi ques ou des Chrétiens tels que l’avocat Gao Zhisheng.

En effet, Fengzhi Li, en tant qu’an-cien espion, a suivi le même chemin que l’agent Stasi du fi lm. D’après ce qu’il sait et sa compréhension de ce que devrait être une société libre, Li dit qu’il se sent obligé de dire à l’Occident de regarder en face ce qu’est devenu le régime totalitaire chinois. Il nous dit, à nous vivant en Occi-dent, qu’il ne faut pas être trompé par le PCC et par le progrès économique chi-nois. Il nous supplie de réaliser que les violations des droits de l’homme ne font qu’empirer.

« Quand la communauté internatio-nale traite avec la Chine, si nous ne nous focalisons que sur des bénéfi ces écono-miques temporaires, et que nous restons silencieux sur les problèmes des droits de l’homme, cela revient à soutenir le PCC. De ce point de vue, le fait de rester silen-cieux revient à être complices de la tyran-nie communiste. »

GARY FEUERBERG

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 55ChineChinewww.lagrandeepoque.com

www.lagrandeepoque.comPlus d’articles sur

Paris Genève Londres New York Berlin

Lima Dublin Taipei Montréal Genève...

Fengzhi Li (g.), ancien espion chinois du ministère de la Sécurité publique, s’exprime lors d’une conférence à Washington sur la manière dont le Parti Communiste chinois réprime le peuple chinois.

Nancy Nieh/La Grande Épqoue

Un ancien espion chinois témoigne

Persécution du mouvement spirituel bouddhiste Falun Gong Un ancien professeur de l’université de Tsinghua témoigne

Page 6: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

Suite du sixième commentaire

La culture traditionnelle respecte la vie. Le PCC proclame que « la révolte est justifi a-ble » et que « lutter contre les hommes rem-plit de joie ». Au nom de la révolution, le Parti a pu tuer et faire mourir de famine des dizai-nes de millions de personnes. Cela a amené les gens à déprécier la vie, ce qui à son tour a encouragé la prolifération de produits altérés et empoisonnés sur le marché. Par exemple, dans la ville de Fuyang, province d’Anhui, beaucoup de bébés en bonne santé ont eu les membres atrophiés, leurs corps affaiblis et leurs têtes ont grossi alors qu’ils étaient nourris au biberon. Huit bébés sont morts de cette étrange maladie. Après enquête, on a découvert que cette maladie avait été causée par du lait en poudre empoisonné préparé par un fabriquant cupide et sans scrupule. Certaines personnes nourrissent des crabes, des serpents et des tortues avec des hormones et des antibiotiques, ajoutent de l’alcool industriel au vin, traitent le riz avec des huiles industrielles, et blanchissent le pain avec des produits utilisés pour le blan-chissage. Durant huit ans, un fabriquant de la province de Henan a utilisé de l’huile recy-clée, de l’huile non raffi née ainsi que d’autres

produits cancérigènes pour produire chaque mois des milliers de tonnes « d’huile de cuis-son » empoisonnée. Produire de la nourri-ture empoisonnée n’est pas un phénomène local ou limité, mais cela est monnaie cou-rante partout en Chine. La destruction de la culture et la décadence morale ont contribué à cette poursuite obsessionnelle de gains matériels faciles.

Contrairement au monopole absolu et à l’exclusivité de la culture du Parti, la culture traditionnelle a une énorme capacité d’inté-gration. Durant la prospère dynastie Tang, les enseignements bouddhistes, le chris-tianisme, et d’autres religions occidenta-les ont coexisté harmonieusement avec la pensée taoïste et confucéenne. La culture traditionnelle chinoise aurait gardé une atti-tude ouverte envers la civilisation et la cul-ture occidentale. Les quatre « tigres » d’Asie (Singapour, Taiwan, Corée du sud et Hong Kong) ont créé une nouvelle identité cultu-relle confucéenne, en intégrant la morale confucéenne à la rationalité économique moderne. L’économie galopante de ces pays a prouvé que la culture traditionnelle n’est pas une entrave à la science et au déve-loppement.

En même temps, la culture tradition-

nelle authentique mesure la qualité de la vie humaine sur la base du bonheur intérieur plutôt que d’après le simple confort matériel. « Je préférerais que personne ne me con-damne derrière mon dos, plutôt que quel-qu’un fasse mon éloge en face, je préférerais avoir l’esprit en paix, plutôt que le confort physique. » Tao Yuanming (365-427) vivait dans la pauvreté, mais il était toujours joyeux et avait un passe-temps : « cueillir des asters sous la porte de l’Est, observer la montagne du Sud qui se dresse à l’horizon ».

La culture n’offre pas de réponse aux questions de productivité industrielle ou de choix d’un système social. Elle joue plutôt un rôle important en offrant des conseils moraux. La véritable restauration de la cul-ture traditionnelle marquera le rétablisse-ment de l’humilité envers le ciel, la terre, et la nature, le respect de la vie et de Dieu. Elle permettra à l’humanité de vivre harmonieu-sement avec le ciel et la terre, et de jouir d’un âge honorable donné par le ciel.

Pour en savoir plus : Les neuf commentai-res sur www.lagrandeepoque.comVersion audio disponible sur le site de la radio Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org

51.551.211 Chinois ont démissionné du Parti après avoir lu les Neuf commentai-res sur le Parti Communiste. Ce mouvement de démissions reste pour le peuple un

moyen d’expression non violent, apolitique et sans précédent dans la société chi-

noise face à la dictature et à la corruption généralisée au sein du régime. La Grande Époque publie un

extrait traduit de cette série éditoriale chinoise dans chacun de ses numéros.

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque66 ChineChine www.lagrandeepoque.com

ÉDITORIAL

LES CADRES COMMUNISTES BLOQUENT

LES MESURES ANTI-CORRUPTION

Une mesure anti-corruption proposée par les députés chinois du Congrès National du Peuple est bloquée par des cadres vétérans du parti commu-niste chinois (PCC.)

Pour la quatrième année consécutive, le député Han Deyun a proposé lors des deux cessions par-lementaires du début du mois de mars une mesure qui exigerait de tous les cadres de l’administration chinoise de faire une déclaration de leurs biens immobiliers. D’après le ministère de la Supervision, une rédaction fi nale est en cours, et le Premier ministre Wen Jiaobao a indiqué lors de l’ouverture des cessions que cette mesure serait importante pour limiter la corruption au sein du Parti.

Cependant, le magazine offi ciel du Parti com-muniste chinois fait état de cinq diffi cultés techni-ques empêchant l’adoption de la mesure. Pour Liu Dawen, rédacteur en chef du magazine hongkon-gais Frontline Magazine, les hauts-responsables du Parti ont un intérêt direct à enterrer la mesure. D’après lui, lorsqu’un premier rapport a été écrit par Yu Jianxing, alors secrétaire pour l’inspection dis-ciplinaire au comité central du Parti communiste, le président chinois d’alors Jiang Zemin l’a blo-qué en indiquant que ceci ne pouvait que « créer le chaos ».

La corruption des responsables communistes chi-nois est endémique et les moyens de la lutte anti-corruption sont principalement utilisés comme un outil de disgrâce plutôt que pour assainir la vie poli-tique chinoise. Par exemple, plus de 50 % du mar-ché du luxe chinois correspond aux « cadeaux » faits aux responsables communistes, « cadeaux » qui rayonnent sur les familles et les maîtresses des-dits responsables et jusqu’à l’achat de maisons.

ÉPIDÉMIE DANS LE SHANDONG : NOUVEL-

LES BLOQUÉES

Un reportage de la télévision du Shandong con-fi rme l’épidémie virale de la maladie mains-pieds- bouche dans la ville de Heze. Deux patients sont décédés et soixante-dix autres infectés en deux jours ont été admis à l’hôpital municipal, a rapporté la chaîne avant de recevoir une interdiction d’abor-der le sujet par les autorités communistes.

Des habitants de Heze contactés par téléphone confi rment l’épidémie, de même qu’un médecin du service de pédiatrie de l’hôpital public de la ville, qui indique que tous les malades y sont envoyés. D’après un autre témoin, certaines crèches de la ville ont été fermées.

ATTAQUE À LA BOMBE DANS UN COMMIS-

SARIAT DU SICHUAN ?

Selon un reportage de l’Agence de presse offi -cielle Xinhua, une attaque à la bombe a eu lieu en région autonome tibétaine de Ganzi, dans la pro-vince chinoise du Sichuan, où un dispositif explo-sif a été jeté dans l’enceinte d’un commissariat le matin du 16 mars.

De manière surprenante au vu de l’habitude à étouffer ce type de nouvelles, Xinhua a rapidement publié l’information, et attribué l’attaque à des terro-ristes des mouvements pro-tibétains.

Pourtant, Xinhua n’identifi e pas formellement les attaquants et n’indique pas le lieu précis de l’atta-que. Par ailleurs, aucun des habitants de la ville contactés par nos équipes n’a pu confi rmer l’ex-plosion. La ville est d’après eux tout à fait calme. Environ 95 % des 50.000 habitants du bourg sont d’ethnie tibétaine.

L’AVOCAT GAO ZHISHENG À NOUVEAU TOR-

TURÉ

Selon nos sources en Chine, l’avocat défenseur des droits de l’homme Gao Zhisheng, enlevé par le personnel de ministère de Sécurité nationale mi-janvier, est actuellement torturé. Ceci serait la con-séquence de la fuite réussie de sa famille hors de Chine, indique Yan Huang, un ami proche de Gao Zhisheng. La femme et les enfants de Gao, après avoir traversé à pied la frontière thaïlandaise, sont maintenant arrivés aux Etats-Unis et résident à New York. D’après Yan Huang, Gao a été emmené à Pékin le 4 février, date à laquelle il a perdu tout contact avec lui.

CALCULS RÉNAUX APRÈS CONSOMMATION

DU LAIT MEI ZI

Le nouveau scandale impliquant le lait mater-nisé Duo Mei Zi, qui a provoqué chez de nombreux enfants des calculs rénaux, a éclaté il y a environ un mois. Il a été détecté chez Zuo Ziyi, un nourris-son âgé d’un an seulement un calcul rénal de 2 mil-limètres. « Le calcul rénal a été provoqué par le lait infantile. Notre fi ls va mieux depuis que nous avons cessé de lui en donner », indique le père.

M. Yue de la province de Shanxi indique qu’un reportage prévu sur le sujet n’a jamais été diffusé et que les plaintes déposées par les parents ont été rejetées. Pour le père du petit Zuo Ziyi, les autorités protègent la société Duo Mei Zi dans laquelle elles ont des intérêts personnels. Pas d’autre explica-tion, pense-t-il, au fait que les services d’inspection sanitaires n’aient pas rapporté de contamination à la mélamine dans ce lait. « Si cette formule infantile est exempte de contamination, pourquoi le nombre de malades ne cesse-t-il pas de grimper ? Il y en a déjà plus de 200. Si les victimes dépassent le mil-lier, comment les autorités manipuleront-elles la situation ? Les victimes du lait Sanlu ont seulement reçu 2.000 yuans [200 euros] de compensation et ne peuvent qu’endurer leur malheur. »

La liquidation judiciaire de Sanlu, entreprise au cœur du premier scandale du lait contaminé, est considérée par les familles comme un moyen de mettre fi n aux poursuites judiciaires. « Les capitaux sont vendus aux enchères, mais en fait ils sont seu-lement transférés. Qui tenir responsable des pro-blèmes de santé des victimes maintenant ? Sanlu n’existe plus ! »

ÉPIDÉMIE CACHÉE DANS LA PROVINCE DE

HENAN

Depuis le mois de février, la maladie mains-pieds-bouches (MMPB) continue de se répan-dre dans la province du Henan. Plusieurs enfants sont morts de la maladie dans les comtés Minquan, Sui, Landao et Qi. D’après des médecins du ser-vice d’urgence des deux hôpitaux pédiatriques de Zhengzhou et Kaifeng, la maladie progresse extrê-mement rapidement vers la mort par hémorragie pulmonaire.

Un médecin de l’hôpital de Kaifeng a confi rmé que les autorités ont interdit de parler de l’épidémie mais il souhaite indiquer que le nombre de patients est « considérable », et que beaucoup sont déjà décédés.

LES 20 MILLIONS DE NOUVEAUX CHÔMEURS

CHINOIS

Actuellement, un grand nombre de travailleurs migrants sans emploi sont contraints de retour-ner dans leur province. Chen Xiwen, directeur du bureau du travail rural, a dit lors d’une conférence de presse qu’en raison de la crise fi nancière, envi-ron 20 millions de travailleurs migrants ont perdu leur emploi. Ils représentent 15,3 % du total des tra-vailleurs migrants.

Pour le sociologue américain Liu Xiaoju, ces ouvriers d’origine rurale ont travaillé plus d’une décennie et n’ont toujours pas de protection sociale de base : ni retraite, ni chômage, ni assurance-maladie. Un policier de la ville de Dongguan indi-que qu’avec les faillites commerciales, les vols ont presque doublé durant les derniers mois. Selon des statistiques du ministère chinois de la Sécu-rité publique, 70 % sont à attribuer aux travailleurs migrants sans emploi.

Avec l’augmentation du taux de chômage, le malaise social grandit. Le 14 février, 5.000 ouvriers dans la ville de Tongxiang, province de Zhejiang, se sont opposés à 500 policiers, alors que les autori-tés arrêtaient et détenaient au moins 20 travailleurs migrants. Plus de 100 ouvriers ruraux ont été bles-sés et six véhicules de police détruits.

POLLUTION MASSIVE AU BENZÈNE DANS LE

SICHUAN

Le bureau de protection de l’environnement de Dujiangyan dans le Sichuan a confi rmé la fuite de 600 kilogrammes de benzène de l’usine chimique de Dujiangyun. Il confi rme ainsi une affi rmation des riverains depuis le tremblement de terre dévasta-teur de mai 2008. Les autorités locales avaient jus-qu’à maintenant catégoriquement nié la pollution chimique.

LE HÉROS DU SRAS DEMANDE DES EXCU-

SES

Jiang Yanyong, le chirurgien militaire qui, en 2003, a révélé la dissimulation de l’épidémie de SRAS par les autorités chinoises demande au Parti communiste d’ouvrir des débats sur les mas-

sacres des protestataires de Tiananmen en 1989 et exige des excuses de la part du gouvernement pour l’avoir détenu. Dans une lettre au président Hu Jintao, le chirurgien demande réparation pour sa détention et sa mise en résidence surveillée, ainsi que pour l’interdiction de voyager à l’étranger qui lui a été faite. Le vieux médecin a en 2004 pro-voqué la colère du régime chinois en racontant son expérience de soigner des victimes de l’assaut de l’armée sur Pékin le 4 juin 1989. Dans sa lettre, il accuse l’armée chinoise d’avoir employé des bal-les à fragmentation interdites par les conventions internationales.

Contacté par Reuters, Jiang Yanyong s’est refusé à tout commentaire, invoquant l’interdiction faite aux membres du Parti communiste de com-muniquer avec la presse étrangère.

PAS DE JOURNALISTES POUR LE 50E ANNI-

VERSAIRE DU SOULÈVEMENT TIBÉTAIN

Reporters sans frontières dénonce la manière dont les autorités chinoises violent les règles con-cernant le travail des journalistes étrangers, en arrêtant ceux qui se rendent dans les zones tibé-taines. Au cours des dernières semaines, au moins treize correspondants internationaux ont été inter-pellés et souvent expulsés des régions tibétaines de l’ouest du pays, alors que les règles héritées des Jeux olympiques garantissent la liberté de mouvement.

Des journalistes ont été empêchés de travailler dans les provinces du Gansu, du Sichuan et du Qinghai. Dans cette dernière province, Beniamino Natale, de l’agence ANSA, a été brièvement inter-pellé après avoir visité un monastère. Le 10 mars, trois journalistes de l’Agence France-Presse ont été escortés par la police en dehors de la zone du monastère de La Jia, dans la province du Qin-ghai (Ouest).

Au cours des dernières semaines, plusieurs journalistes d’Associated Press ont été interpel-lés et interrogés par les forces de sécurité dans des régions tibétaines. De même, une équipe de la chaîne France 24 a été interpellée le 10 mars par la police alors qu’elle se trouvait dans le quartier tibétain de Chengdu.

23.000 VÉTÉRANS DE L’ARMÉE CHINOISE

DEMANDENT UNE RE-ÉVALUATION DE LEUR

RETRAITE

Plus de 23.000 retraités de l’armée chinoise ont envoyé des lettres de plainte contre les directives du ministère de la Politique générale, qui depuis 1993 offrent aux anciens militaires un simple bonus de départ.

Zhang Yu, rédacteur en chef du site Internet Ame militaire chinoise, explique que près d’un mil-lion d’anciens militaires n’ont pas reçu de traite-ment décent après leur fi n de service.

AUJOURD’HUI EN CHINENouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir (Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)

NEUF COMMENTAIRES

Suite de la page 5 (Persécution du mouvement spirituel bouddhiste Falun Gong – Un ancien professeur de l’université de Tsinghua témoi-gne)

En conséquence, plus de 100 millions de personnes innocentes ont été étiquetées « ennemis de l’Etat » parce qu’elles pratiquaient le Falun Gong. La persécution à grande échelle la plus impitoyable de l’histoire venait de commencer.

La persécution m’a privé de ma liberté et du bonheur d’être enseignant. Les forces de police, le bureau 610* et les comités résidentiels locaux envoyaient des gens me surveiller chez moi, espionnant tous mes faits et gestes ainsi que ceux de ma famille. Notre téléphone et l’accès à internet étaient également contrôlés.

Le matin du 13 mars 2006, après avoir envoyé ma fi lle à l’école et alors que je me préparais à rédiger le test d’admission au grade d’étudiant national, plus de 20 policiers ont soudainement fait irruption chez moi. Sans aucune autorisation, ils ont commencé à perquisitionner mon domicile. Plus tard, en face de moi, ils ont rempli un mandat d’arrêt et un ordre d’interrogatoire vierges.

Ce jour-là, j’ai été arrêté pour avoir été en possession d’un livre du Falun Gong, un best-seller publié par une maison d’édition d’Etat avant 1999.

Ma demande pour obtenir un avocat (comme j’en avais le droit) a été rejetée parce que, selon la police, j’étais un « criminel politique ». Ils ne pouvaient m’accuser d’aucun crime si ce n’est de posséder un livre pourtant publié légalement, mais de toute façon, ils ne voulaient pas me libérer. Sans aucune procédure légale, j’ai été condamné à deux ans de prison. Le prétendu système légal n’est qu’une formalité pour le régime communiste.

J’ai été détenu dans une cellule de moins de 18 m² avec 36 autres personnes. Pendant la journée, les détenus étaient obligés de tenir leurs genoux en s’asseyant sur le sol dur toute la journée jusqu’à ce que leurs muscles se tétanisent. La nuit, nous ne pouvions dormir que sur le côté, entassés les uns sur les autres comme dans une boîte de sardines en appuyant notre tête sur les pieds des autres personnes. Les jours d’été, la cellule était étouffante, l’air était humide et les températures atteignaient 40 °C. [...]

Propos recueillis par Rémi Bleibtreu

La suite de l’article est disponible sur le site www.lagrandeepoque.com dans la rubrique Chine.

*Le bureau 610 est une forme de Gestapo chinoise qui a été mise en place par le Parti Communiste chi-nois spécialement pour persécuter le Falun Gong.

Page 7: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

LES « centres fi nanciers offshore », plus communément appelés « paradis fi s-caux », et le secret bancaire, en parti-culier, seront le centre des débats du prochain sommet du G20, le 2 avril à Londres. On dénonce l’opacité des para-dis fi scaux et pour cause : leur devise principale, c’est la discrétion. Aussi, ils sont désignés comme bouc émissaire de la crise fi nancière actuelle ce qui repré-sente une publicité dont ils aimeraient bien se passer. De plus, la menace de la publication d’une liste noire, et les déclarations pressantes de plusieurs diri-geants politiques occidentaux abordant la question de leur suppression, semblent indiquer que le vent tourne et poussent certains d’entre eux comme la Suisse ou le Luxembourg à assouplir leurs règles sur le secret bancaire.

UNE « LISTE NOIRE » DE 34 PAYS

NON-COOPÉRATIFS

L’existence des paradis fi scaux vient de la différence des régimes fi scaux entre les différentes juridictions, dont cer-taines personnes fortunées ou bien cer-taines entreprises disposant de fonds importants, comme les multinationales ou les fonds spéculatifs, cherchent à pro-fi ter pour échapper partiellement ou tota-lement à l’impôt dans leur propre pays. La discrétion absolue de ces pays per-met également de mettre en banque de l’argent sale provenant par exemple de la corruption ou de la drogue, et de le blan-chir, c’est-à-dire de le réinjecter dans des activités parfaitement légales. Dans une note publiée en 2007, le Fonds Moné-taire International (FMI) a ainsi dénombré près de 46 Offshore Financial Centers, qui pour la plupart sont soit de petits pays, soit des îles dont la fi scalité est très avantageuse pour les résidents et le secret bancaire très bien gardé. De son côté, l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) mandaté en octobre 2008 par 17 pays, vient d’actualiser sa « liste noire » des paradis fi scaux non coopératifs, c’est-à-

dire refusant de communiquer la moin-dre information quant à l’appartenance et l’origine des fonds déposés chez eux. Parmi 84 pays évalués, il y en aurait environ 34 inscrits sur la « liste noire ». Trois pays sont particulièrement visés en Europe : Andorre, le Liechtenstein et Monaco, mais l’Europe dénombre qua-torze paradis bancaires, comme les îles de Man, de Jersey, ou de Guernesey, et certains d’entre eux appartiennent à la Communauté européenne comme la Bel-gique, le Luxembourg ou l’Autriche.

UN RÔLE CONSIDÉRABLE DANS

L’ÉCONOMIE MONDIALE

Profi ter des écarts entre régimes fi s-caux est aussi ancien que les échanges

commerciaux entre pays, mais la prati-que s’est fortement développée tout au long du XXe siècle avec la dématéria-lisation croissante des échanges, pour jouer un rôle considérable dans l’éco-nomie mondiale et atteindre des som-mets ces dernières années. Ainsi, selon l’avocat fi scaliste international Edouard Chambost, auteur de plusieurs livres sur le sujet, « 55 % du commerce inter-national ou 35 % des fl ux fi nanciers tran-sitent par les paradis fi scaux ». Selon Daniel Lebègue, ancien directeur géné-ral de la BNP, maintenant président de la branche française de Transparency Inter-national, organisme de lutte contre la cor-ruption, « les 2/3 des hedges funds sont domiciliés dans les paradis fi scaux ». Le montant total des actifs fi nanciers qui y sont gérés atteindrait les 10.000 milliards de dollars, selon Transparency Interna-tional, soit quatre fois le PIB de la France. À elles seules les îles Caîmans détien-draient, selon l’Association des servi-ces fi nanciers locale, 1.000 milliards de dollars d’actifs et se trouveraient à la 5e place fi nancière mondiale, avec 80 % des fonds d’investissement du monde. Ces paradis contribuent à l’évasion fi s-

cale, et constitueraient, d’après les esti-mations d’experts, un manque à gagner fi scal de 75 milliards de dollars pour le Trésor américain et de 100 milliards d’euros pour l’Europe. En effet, toutes les grandes multinationales ont implanté leurs fi liales, les banques y sont les plus présentes, et des soupçons de détourne-ment d’une partie des capitaux versés pour sauver les banques vers les plate-formes offshore commencent à être for-mulés.

UNE MENACE POUR LA STABILITÉ

FINANCIÈRE

Les mécanismes d’évaporation des capitaux vers les paradis fi scaux et la menace qu’ils représentent pour la sta-bilité fi nancière mondiale, la redistri-bution des richesses, et la démocratie sont tels que le collectif d’ONG baptisé Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciai-res, qui regroupe 13 organisations dont les sections françaises d’Oxfam, Attac, Transparency International, le Secours Catholique et le Comité Catholique con-tre la Faim et pour le Développement (CCFD), appelle à signer sur internet (www.argentsale.org) une pétition contre

les paradis fi scaux. Ainsi, non seulement les paradis fi s-

caux sont accusés de couvrir des éva-sions fi scales de très grande ampleur, mais également soupçonnées de détour-ner une partie de l’argent public injecté ces derniers mois pour éviter la catas-trophe fi nancière. On comprend mieux dès lors l’urgence des gouvernements à vouloir combattre le fl éau, et le sens des déclarations comme celle du pre-mier ministre français François Fillon le 14 octobre 2008, qui disait : « Des trous noirs, comme les centres off-shore, ne doivent plus exister. Leur disparition doit préluder à une refondation du système fi nancier international », ou comme celle de la chancelière allemande Angela Mer-kel le 19 mars dernier, appelant à « nom-mer les responsables ».

LA NÉCESSITÉ D’UNE ACTION CON-

CERTÉE

À quelques jours du prochain som-met du G20 le 2 avril, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont précisé, dans une let-tre commune envoyée à leurs partenai-res, que le plan d’action pour la relance de l’économie doit instaurer « un méca-nisme de sanction effectif pour se pro-téger des risques que font courir les juridictions non coopératives qu’il fau-dra désigner ». Se retrouvant sur la liste provisoire de l’OCDE des paradis fi scaux non coopératifs, la Suisse s’est déclarée « surprise » et « fâchée » d’être classée ainsi et pour ne pas fi gurer sur la liste défi nitive, elle a annoncé un assouplis-sement de ses règles relatives au secret bancaire. La peur d’être montrés du doigt a également poussé d’autres pays euro-péens à agir pour une meilleure transpa-rence, comme le Luxembourg, Andorre, l’Autriche, le Liechtenstein ou la Belgi-que.

Un projet de loi contre l’évasion fi scale a déjà été présenté par les parlementai-res américains. Les ministres français et allemands ont concentré leurs proposi-tions sur le rôle des banques et préparent des mesures pour lutter contre l’évasion fi scale dans les paradis fi scaux. Quant à Gordon Brown, Premier ministre britan-nique, il évoquait plus radicalement le 4 mars dernier, devant le Congrès amé-ricain, « l’interdiction des paradis fi s-caux ». Les dirigeants occidentaux ne sont donc pas à cours d’idées, mais auront-ils le courage de les adopter, puis de les mettre en œuvre ?

PATRICK C. CALLEWAERT

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 77ÉÉconomieconomiewww.lagrandeepoque.com

Les paradis fiscaux sous les projecteurs

Monaco fi gure sur la « liste noire » de 34 paradis fi scaux de l’OCDE.Valéry Hache/AFP/Getty Images

►Les paradis fi scaux sont des États ou des territoires qui se caractérisent par une fi scalité sym-bolique ou inexistante, un secteur fi nancier très développé, un accueil de non-résidents qui n’exer-cent pas d’activité économique, le phénomène des boîtes aux lettres, le secret bancaire absolu et le refus d’échanger des informations avec d’autres États en matière fi scale et judiciaire.

Les banques centrales parviendront-elles à enrayer la crise ?LES BANQUES centrales se montrent prêtes à tout pour agir sur l’économie et enrayer la crise. Après avoir atteint les limites de politiques monétaires classi-ques, qui consistaient à agir sur le taux directeur, et rester opérationnel dans la phase de la politique de taux zéro, les politiques monétaires de plus en plus créatives se mettent en place avec des approches différentes selon les banques centrales.

Ces nouvelles politiques monétaires, appelées aussi les politiques monétai-res ‘non conventionnelles’ ou ‘quantitati-ves’ consistent notamment à créer de la monnaie pour acheter des actifs publics ou privés, et ainsi injecter des liquidités directement dans l’économie sans pas-ser par le système traditionnel des ban-ques et en même temps de faire baisser les taux longs que la banque centrale ne maîtrise pas. Parmi les méthodes non conventionnelles, il y a aussi des inter-ventions de la banque centrale sur le marché des changes qui visent à affai-blir la devise du pays, afi n de parer à la crise économique.

RACHAT D’OBLIGATIONS – UNE

NOUVELLE FORME D’ASSOUPLIS-

SEMENT MONÉTAIRE

À ce jour, quatre banques centrales – Angleterre, Japon, Suisse et États-Unis – ont déclaré vouloir utiliser des nouvel-les formes de politique d’assouplisse-ment monétaire. La Banque d’Angleterre a annoncé le 5 mars dernier le rachat de 150 milliards de livres sterling de titres privés et public. Le 12 mars, c’était la Banque Nationale Suisse qui annon-çait son intention de racheter des obli-gations privées en francs suisses sans donner les montants précis, et qu’elle intervenait sur le marché des changes pour empêcher une appréciation du franc suisse face à l’euro. La Banque de Japon qui pratique les rachats d’obliga-tions d’États depuis déjà longtemps, a aussi déclaré qu’elle va débuter un pro-gramme de rachat d’obligations d’entre-

prises. La Réserve fédérale américaine a suivi l’exemple en annonçant le 18 mars un programme de rachat de 300 milliards de dollars de titres publics et une augmentation de l’enveloppe pour des rachats d’obligations liées à des cré-dits immobiliers, passant de 750 à 1.250 milliards de dollars, dans l’objectif de sta-biliser le marché immobilier.

FAIRE TOURNER LA VIEILLE PLAN-

CHE À BILLETS

Des rachats de dettes permettront aux pays qui les pratiquent d’avoir les taux d’intérêts bas, d’écarter les menaces de la défl ation et de favoriser la consom-mation et l’activité à court terme. Tou-tefois, cette politique n’est pas sans danger, car il s’agit de la création de la monnaie d’une ampleur signifi cative, les banques centrales vont faire marcher les planches à billets, ce qui peut engendrer des risques de fl ambée infl ationniste, et même d’hyperinfl ation.

RISQUE DE DÉVALUATION COMPÉ-

TITIVE DES MONNAIES

En ce qui concerne les interventions des banques centrales sur le marché des changes, pour l’instant, seule la banque centrale helvétique est interve-nue pour vendre les francs suisses sur le marché pour affaiblir sa devise. Ce type d’intervention revient à exporter la crise dans les pays voisins. Ce geste fait ressurgir le spectre d’une nouvelle ‘guerre des monnaies’. Si les interven-tions sur le marché de change se géné-ralisent comme l’outil d’assouplissement des conditions monétaires, des dévalua-tions compétitives pour soutenir l’écono-mie est un risque non négligeable.

Il paraît inévitable que la banque cen-trale européenne entre aussi dans une politique quantitative à l’instar de ses homologues, compte tenu de la réces-sion économique avec une baisse de 3 % du PIB en 2009, selon le Fonds monétaire international.

HANNA L. SZMYTKO

Vérandas, verrières, menuiseries pvc, bois et alu.

Page 8: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

CINQUANTE-ET-UN pour cent des fi nancements humanitaires versés aux 114 ONG observées dans le cadre de l’étude proviennent de sources privées. Dès lors, les dépenses d’une ONG telle que Médecins sans frontières (MSF), qui a consacré 495 millions de dol-lars aux opérations d’urgence en 2006, sont supérieures aux budgets humani-taires de 20 bailleurs publics, dont la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Norvège.

MSF France a consacré 81 millions de dollars, versés par les particuliers fran-çais, aux crises humanitaires en 2006, contre 48 millions de dollars dépensés par le gouvernement français.

« Sur 10 dollars d’aide humanitaire, les ONG en dépensent quatre », a expliqué Lisa Walmsley, éditrice de l’étude, intitu-lée « Public support for humanitarian cri-ses through ONGs » [Aide publique et ONG en situation de crise humanitaire]. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes : quand on voit sur un graphique que cer-taines ONG sont plus grandes que beau-coup de bailleurs, c’est une image assez frappante ».

Le rapport porte sur les fi nancements des ONG et des bailleurs humanitaires en 2006 : les auteurs y analysent les fonds versés par 30 bailleurs membres de l’OCDE, et 114 ONG dans 23 pays. Parmi ces ONG, on compte 19 des plus grands réseaux ou familles humanitai-res d’organismes à but non-lucratif du monde, et notamment Oxfam, CARE, MSF, Save the Children et World Vision. Ensemble, ces ONG dépensent 60 pour cent des fi nancements humanitaires mondiaux.

L’analyse ne porte pas sur les envois de fonds, les fonds versés par les com-munautés d’accueil, ni les donations hors urgence.

CONTEXTE

Certaines ONG dépendent bien plus que d’autres des dons privés : Norwe-gian People’s Aid reçoit un pour cent de fonds privés, tandis que MSF en reçoit 86 pour cent. Cela s’explique en par-tie par les habitudes de fi nancement de leurs pays respectifs : les bailleurs scan-dinaves, par exemple, consacrent un pourcentage relativement élevé de leurs revenus annuels à l’aide humanitaire, et en allouent une bonne partie aux ONG.

Cela s’explique également par les ori-gines culturelles et philosophiques des ONG, que l’Overseas Development Insti-

tute (ODI), une cellule de réfl exion huma-nitaire, a divisées en trois catégories : religieuses, dunantistes ou wilsoniennes. Les organismes dunantistes tels que le Comité international de la Croix-Rouge, MSF ou Save the Children, se distan-cent des intérêts de l’Etat ; les organis-mes wilsoniens considèrent les valeurs américaines et l’infl uence des Etats-Unis comme une force bénéfi que ; et les ONG religieuses telles que le réseau Caritas sont fi nancées en grande partie par les institutions religieuses.

Mme Walmsley n’a pas pu préciser si les fonds versés par les particuliers aux ONG avaient augmenté ces derniè-res années. Au Royaume-Uni, le Disas-ters Emergency Committee, un réseau d’ONG qui collectent des fonds auprès des particuliers britanniques pour fi nan-

cer les interventions d’urgence des ONG, fait état de statistiques inégales : le tsunami de 2004 a rapporté 538 mil-lions de dollars, contre à peine 9,7 mil-lions de dollars pour le dernier appel lancé en 2009 au profi t des habitants de Gaza.

CONSÉQUENCES

Les représentants des ONG expli-quent que les fonds privés leur per-mettent d’intervenir rapidement – en quelques heures ou en quelques jours, et non quelques semaines plus tard - aux crises soudaines et souvent de fi nan-cer la phase d’intervention initiale avant d’avoir lancé leur propre appel ou l’ap-pel collectif.

En 2006, 65 pour cent des bailleurs du Comité d’aide au développement

(CAD) avaient mis six semaines à ver-ser les fonds nécessaires pour fi nancer des opérations d’urgence, selon l’édition 2008 du rapport de DI sur les Indicateurs de bonnes pratiques des bailleurs huma-nitaires.

Les fonds privés permettent éga-lement aux ONG de préserver leur indépendance par rapport aux gouver-nements et sont plus fl exibles, selon les responsables humanitaires. « L’avan-tage principal, c’est que vous pouvez agir très rapidement et que vous pou-vez utiliser les fonds pour vous procu-rer tout ce dont vous avez besoin », a expliqué Janet Harris, vice-présidente du développement à l’International Res-cue Committee, dont les fonds d’urgence sont privés à 47 pour cent, selon le rap-port de DI.

« Prenez la crise actuelle au Darfour : on peut pré-acheminer du matériel et pré-voir différents scénarios de mouvements [de population] potentiels au Tchad, au Sud-Soudan et en République centrafri-caine, ce que nous ne pourrions pas faire si nous dépendions uniquement des sour-ces offi cielles ».

Les fonds inconditionnels permettent aux ONG de fi xer elles-mêmes les prio-rités des bailleurs ou des médias, plutôt que de s’y conformer, d’après Mme Har-ris. « On peut détecter et révéler un pro-blème [grâce aux sources privées] qui sera ensuite repris par les sources offi -cielles », a poursuivi Mme Harris, pre-nant comme exemple les programmes de lutte contre la violence envers les femmes, menés par l’IRC en République démocra-tique du Congo, qui ont incité les bailleurs à donner.

Selon les recherches de DI, les ONG consacrent à l’Afrique une plus forte pro-portion de fonds privés que les bailleurs du CAD - 57 contre 46 pour cent - et bien moins au Moyen-Orient - trois contre 15 pour cent.

CONTRAINTES

La crise économique mondiale infl ue considérablement sur les dons privés, et de nombreuses ONG dépendantes tel-les qu’Oxfam sont contraintes de réduire leurs effectifs. Les dons privés de l’IRC devraient avoir diminué de 10 pour cent au cours de l’année fi scale 2008-09, selon Mme Harris. Parallèlement, bon nombre des principales institutions donatrices se sont engagées à faire tout leur possible pour maintenir leurs budgets humanitaires au même niveau.

Caritas, un réseau de 162 ONG dont les fonds humanitaires équivalent à ceux du gouvernement suédois, s’attend éga-lement à une diminution des dons privés dans l’ensemble du réseau. « Nous nous sommes engagés à maintenir les services de première ligne en fonctionnement, aux mêmes niveaux de fi nancement ; il faudra pour cela réduire les budgets dans d’autres domaines, tels que l’éducation ou les cam-pagnes de sensibilisation », a averti Patrick Nicholson, porte-parole du réseau.

Selon Leona Kavanagh, responsable de la collecte de fonds chez Trocaire, membre de Caritas, l’organisme s’in-quiète à l’idée que sa base de fi nance-ments privés, essentiellement composée de pratiquants vieillissants, s’amenuisera au fi l du temps.

www.irinnews.org/fr

INSERTION ET ÉCOLOGIE FLEURISSENT

AUX JARDINS DE COCAGNE

Le Jardin de Cocagne sort de terre en 1991, et s’appuie sur le principe suivant : redonner un emploi aux personnes en diffi culté via la production de légumes bio, distribués sous forme de paniers hebdomadaires à des adhérents consommateurs.

Réunis au sein du Réseau Cocagne, ces apprentis « jardiniers », âgés de 18 à 65 ans, sont employés sous Contrat d’accompagnement vers l’emploi ou Contrat d’avenir pour deux ans maxi-mum. Payés au Smic, à raison de 24 heures de travail par semaine en moyenne, ils sont enca-drés par 450 professionnels, travailleurs sociaux et maraîchers. De la culture en plein champ à la livrai-son des paniers, en passant par leur préparation, les jardiniers exercent différents métiers et bénéfi -cient en parallèle de formations (premiers secours, alphabétisation, etc.)

En 2009, 97 exploitations maraîchères biolo-giques de 4 ha en moyenne emploient près de 3.000 personnes en situation précaire : allocatai-res du RMI, chômeurs de longue durée, handica-pés, anciens détenus, etc. Quatre nouveaux jardins s’apprêtent à ouvrir leurs grilles respectivement dans la Drôme, le Finistère, l’Ain et, pour la pre-mière fois, en Corse.

Pour en savoir plus: www.reseaucocagne.asso.fr

JAPON : PAPY-WORK POUR PAPY-BOOM

Au Japon, le vieillissement de la population s’est accéléré depuis les années 1990, si bien qu’en 2015, le pourcentage des plus de 65 ans au Japon devrait passer à 26 % et en 2050, à 37,5 %. Un phénomène sur lequel le « doyen des pays indus-

trialisés » a donc commencé à travailler bien avant les Européens. Parmi les initiatives mises en place pour faire de ce vieillissement un moteur de la crois-sance, les Silver human resources center (SHRC) proposent des postes de travail temporaire aux per-sonnes âgées désireuses de garder un pied dans le monde du travail, de ne pas être isolées ou de com-pléter leur pension de retraite.

D’un côté, les personnes âgées de plus de soixante ans qui le désirent s’inscrivent dans un SHRC et indiquent leurs compétences. Sept caté-gories sont identifi ées : travail général, appui admi-nistratif, connaissances spécialisées, compétences techniques, travail de bureau, relations-clients ou services. De l’autre, les entreprises, les institutions publiques ou les particuliers qui ont besoin d’une compétence particulière peuvent solliciter un SHRC s’ils le souhaitent. Depuis 2003, les SHRC propo-sent aux personnes âgées des formations quali-fi antes, afi n qu’elles puissent acquérir de nouvelles compétences.

Pour en savoir plus: www.mhlw.go.jp / www.fscr.or.jp

OPÉRATION « ZÉRO PAPIER » DANS L’AUTU-

NOIS

L’idée de supprimer le papier au sein de la com-munauté de communes de l’Autunois est née d’un petit groupe d’élus révoltés par la surconsomma-tion de papier. En juillet 2007, ils décident de faire appel à une société informatique autunoise, SARL Bonneville, pour mettre en place un réseau intranet/internet couvrant les services des 22 communes de l’agglomération d’Autun, sur une superfi cie totale de 540 km². Une opération qui a nécessité l’instal-lation d’un serveur équipé d’une suite de logiciels,

pour un investissement total de 16.000 €.Les membres du bureau, donc le président, les

vice-présidents, les maires des 22 communes et les présidents de commission, n’utilisent plus aucune feuille de papier pour leurs réunions. Des convo-cations aux comptes-rendus, en passant par les documents compulsés, tout passe par intranet. Six mois après la mise en service du serveur, la CCA estime avoir diminué de 80 % le nombre de copies de documents. Ce sont désormais 140 fonctionnai-res qui se connectent quotidiennement au serveur. Forte de ce succès, l’agglomération d’Autun pense élargir son accès aux services extérieurs, notam-ment au personnel des 31 écoles de l’aggloméra-tion.

Pour en savoir plus: www.cc-autunois.com

DES CONTES AFRICAINS EN VERSION BILIN-

GUE SUR LA TOILE

Folklores et traditions d’Afrique tendent depuis plusieurs décennies à s’évanouir sans laisser de traces. Les contes et expressions orales, trans-mis de bouche à oreille, sont constamment sou-mis à des modifi cations (imitations, improvisations, intonations etc.), variables selon le genre, le con-texte et l’artiste, ce qui les rend particulièrement dynamiques et attrayants mais parfois aussi fragi-les. Leur survie dépend d’une chaîne de transmis-sion ininterrompue de générations en générations par les griots.

C’est auprès de ces conteurs professionnels que Josette Naiman, fondatrice de l’association Deci-delà basée à Paris (France), recueille les con-tes qu’elle met ensuite en ligne gratuitement sur le site internet conte-moi.net. Au Mali, au Sénégal, en Mauritanie mais aussi en Haïti, ils ont été soigneu-

sement sélectionnés avant d’être traduits en Fran-çais. Cet espace interculturel destiné aux enfants participe à la conservation d’un patrimoine immaté-riel menacé en proposant une exploitation pédago-gique de ces contes.

Pour en savoir plus: www.conte-moi.net

VERS UNE CONSTRUCTION PLUS DURABLE

DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

Depuis 15 ans, Architectes sans territoire Breta-gne (Aster) met ses compétences professionnelles au service d’actions humanitaires. En 2009, deux projets de construction durable sont particulière-ment suivis par les architectes de l’association : l’un à Afraa, au Maroc, avec la construction d’un cen-tre de formation pour les femmes et les jeunes fi lles du village et le deuxième à Koh Kol au Cambodge qui prévoit la réalisation d’un éco-village. Ce projet a débuté en 2008 avec le déplacement et le début de la restauration d’un temple Khmer, en proie aux inondations du fl euve Mékong. De la conception des plans au suivi de la réalisation d’un bâtiment, Aster privilégie pour tous ses projets une architec-ture « appropriée » et respectueuse du contexte culturel et géographique dans laquelle elle s’inscrit. Elle favorise particulièrement l’utilisation de maté-riaux locaux (terre, pierre, bambou) pour la cons-truction des bâtiments et réfl échit à l’implantation de dispositifs écologiques. Une dizaine de projets ont été menés par l’association depuis sa création.

Pour en savoir plus: www.asterbretagne.org

Brèves d’espoir Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque88 Droits humainsDroits humains www.lagrandeepoque.com

Les particuliers, plus généreux que les institutions donatrices

Le directeur général de Médecins Sans Frontières (MSF), le Belge Christophe Stokes (d), et le directeur des opérations de MSF Stephan Goetghebuer ont tenu une conférence de presse le 12 mars 2009 à Bruxelles. L’organisation qui est un poids lourd de l’humanitaire, annonce retirer tout son personnel de la région soudanaise déchirée par les confl its du Darfour après l’enlèvement de trois membres de son personnel.

DOMINIQUE FAGET/AFP/Getty Images

Page 9: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

MARC FERRO CRÉE LE CINÉMA ET L’HIS-TOIRE

L’historien Marc Ferro dans les années 70 avait élaboré une nouvelle théorie pour approcher l’histoire grâce au cinéma : « Le fi lm une contre-analyse de la société ? ». Discipline jusque là méprisée, le cinéma était relayé au dernier rang des expres-sions artistiques, considéré par les intel-lectuels, et la haute bourgeoisie comme un simple spectacle détournant les facultés d’intelligence d’autrui. Il fallait s’en éloigner car seul l’écrit selon eux avait le droit de cité. Pourtant la compréhension des socié-tés comme celle de la Russie soviétique ou de l’Allemagne nazie passe par l’analyse de leurs cinémas respectifs.

LE CINÉMA DE PROPAGANDELes dirigeants de ces deux pays avaient

doté leur cinéma de moyens suffi sants pour colporter leur propagande politique. Le cinéma russe relayait la voix du Parti communiste, « cette parole infaillible qui ne pouvait pas se tromper ». Les cinéastes qui dérogeaient aux instructions du Parti se voyaient expédiés au fi n fond de la Russie dans les goulags. Il en était de même pour le cinéma nazi très surveillé par Joseph Goebbels le ministre de la Propagande d’Hitler qui commandera à Veit Harlan Le juif Süss. Fritz Lang avait refusé la direc-tion du cinéma nazi. Il a émigré en 1933 aux États-Unis après avoir repoussé les propositions de Goebbels en lui disant que ce n’était pas raisonnable d’assumer un tel poste puisqu’il était juif. Le ministre nazi a répliqué : « Je décide moi-même qui est juif ou qui ne l’est pas ».

Plus tard Fritz Lang tournera aux États-Unis de nombreux fi lms dont Man Hunt (Chasse à l’homme, 1941) un fi lm anti-nazi qu’il se fera un plaisir immense à faire, une sorte de pied de nez à Goebbels après avoir réussi à rejeter sa proposition et à s’enfuir avant qu’il n’ait pu le faire arrêter.

Le mémorial de la Shoah, avec l’aide de la cinémathèque de Toulouse, a pro-grammé un cycle de fi lms soviétiques s’élevant contre l’antisémitisme. Ce senti-ment témoigne de la soif des hommes de posséder coûte que coûte le pouvoir en proférant des injures contre leurs sembla-

bles afi n de s’emparer des postes qu’ils occupent. Le meilleur exemple est le fi lm d’Adolph Minkin et d’Herbert Rappoport de 1938, Le professeur Mamlock. Il s’agit de l’histoire d’un chirurgien éloigné de la poli-tique qui subit toutes sortes de vexations et fi nit par se rallier aux idées de son fi ls pour combattre le régime nazi que seule la résistance peut atteindre. Il est abattu après un discours enfl ammé prononcé depuis son balcon. La scène du discours

sur le balcon rappelle la fameuse scène du fi lm Le dictateur de Chaplin qui écrira le scénario du fi lm en 1936 et le tournera en 1938 un peu après la Nuit de Cristal où des milliers de commerces tenus par des juifs ont été saccagés, brûlés, mis à sac, et où plus d’un millier de juifs sont assassinés sans que la population ne s’émeuve de ces injustices fl agrantes.

Le professeur Mamlock fut retiré de la circulation après la signature du pacte germano-soviétique comme beaucoup d’autres fi lms soviétiques favorables aux juifs.

La famille Oppenheim, fi lm présenté en 1938 adapté du roman de Feutwanger montre un professeur de lettres adhérent au parti nazi qui pousse le jeune Oppen-heim au suicide en pervertissant la pensée bienveillante de leur précédent professeur assassiné dans le métro. Contraints de fuir à l’étranger, ses parents vendent l’en-treprise familiale. Ce fi lm n’est pas sans rappeler dans l’esprit La grande illusion

(1937) de Jean Renoir où la classe popu-laire s’allie provisoirement à la bourgeoisie pour permettre de résister à l’occupant et permettre à Jean Gabin (lieutenant-maré-chal) et Marcel Dalio (Rosenthal) de fran-chir la frontière suisse et échapper à l’enfermement d’un camp de prisonniers.

Le juif Süss était un fi lm de propagande nazi écrit en détournant le roman de Feu-twanger, ce que Veit Harlan évidemment avait nié. Selon ses dires lors de son pro-cès après la guerre, il aurait été contraint de faire ce fi lm mais cette version des faits est démentie par l’analyse de Fran-çois Garçon.

UNE ENTREPRISE DE DÉNIGREMENT

RACISTE

L’affaire Beilis (1917) est un petit por-trait d’une dizaine de minutes qui présente brièvement le protagoniste du procès : Bei-lis est accusé d’avoir tué un enfant et de l’avoir vidé de son sang pour répondre, selon l’accusation, à un rituel religieux. Les experts nommés par la défense se moque-ront du ministère public en affi rmant que si Beilis avait dû suivre les préceptes de sa religion, il aurait mangé le cadavre, et non pas bu le sang. Ce procès fait partie des nombreuses accusations de crimes rituels faites aux juifs sous prétexte d’apaiser le peuple de ses frustrations sociales en pre-nant part à des pogroms. Il faut rappeler qu’à cette période il y en a eu, selon les spécialistes, trois cents environ. Le docu-mentaire est saisissant et montre Bei-lis emmené au procès par des militaires soviétiques. Le procès Beilis rapporte le cadre dans lequel se règle l’affaire pour laquelle il est jugé. Beilis sera acquitté et émigrera en Palestine.

Le cinéma du réel a projeté son lot de trésors. J’ai eu la chance de tomber sur le fi lm qu’il fallait avoir vu de Gianfranco Rosi Below Sea Level d’une durée de 115 minutes tourné en 2008. Ce fi lm décrit en cinéma direct des gens qui ont tourné le dos à la société et qui veulent rester isolés. Ils habitent dans des caravanes en mau-vais état à 300 kilomètres de Los Ange-les. Ils ont choisi de s’installer au milieu du désert. Le cinéaste a vécu avec eux, recueillant leurs pensées les plus intimes,

concoctant ainsi une œuvre où le cœur prend le relais du discours politique ou sociologique.

Le festival a eu l’idée d’exhumer des portraits tournés par l’INA de la série « des grands- mères ». Deux fi lms ont été pré-sentés. Aujourd’hui, dis-moi (1980) de Chantal Akerman (45 minutes), passion-nant, qui recueille le témoignage d’une femme qui a connu les camps et qui invite sans cesse la jeune femme qui l’interroge à manger un peu sinon elle ne continuerait pas à se confi er à elle.

DE CHANTAL AKERMAN À JEAN EUSTACHE

Le fi lm de Jean Eustache Odette Robert (1980) (54 minutes) recueille les confi dences de sa grand-mère, de sa jeu-nesse malheureuse, de son mariage avec un cavaleur, et de la mort tragique de ses parents. Nous obtenons par ce biais des renseignements très précieux sur Jean Eustache d’abord et sur son documen-taire La rosière de Pessac, qui selon Mme Robert est une manifestation plus dynamique que ce qui est montré dans le fi lm lui-même, ce qui ne le diminue pas pour autant. On imagine seulement, car nous ne pouvons rien affi rmer, que tant de déséquilibre dans sa famille a favorisé tragiquement la disparition de Jean Eusta-che. Le festival lui a rendu hommage intel-ligemment .

Lorsque nous revenons aux fi lms de fi ction ou de documentaires projetés aujourd’hui, nous nous rendons compte que la société remet sur la table les vieux démons de la ségrégation, du rejet, de la calomnie sans que quiconque puisse met-tre un frein à ces abus que l’homme doit subir pour continuer à exister.

IMMIGRATIONS ET CALOMNIES

Welcome de Philippe Lioret avec Vin-cent Lindon et Audrey Dana est un fi lm beau et intelligent ce qui aujourd’hui paraît diffi cile à concilier compte tenu des impéra-tifs de rentabilité. D’emblée Lioret montre Calais, ville pauvre habitée par des bour-geois qui ont fait naguère fortune dans la dentelle et qui aujourd’hui se réjouissent de la fermeture du centre de Sangatte qui permettait aux émigrants politiques et éco-nomiques fuyant la misère et la persécu-tion dans leur pays de trouver un peu de nourriture et de chaleur, un hébergement provisoire avant de gagner l’Angleterre et leurs familles qui les ont le plus souvent précédés. Philippe Lioret, tel un documen-tariste, décrit des actes d’exclusion qui se pratiquent avec la complicité de l’adminis-tration et de la police en particulier, qui tient elle-même ses ordres du Gouver-nement. Le fi lm décrit Bilal (Firat Ayverdi) rejeté d’un supermarché alors qu’il voulait simplement acheter des denrées alimen-taires. Les associations, chargées par la police diffusant des gaz lacrymogènes sur les émigrants, se nourrissent grâce à l’aide d’associations caritatives. Les propos du réalisateur sont éloquents face aux détrac-teurs de son fi lm : « J’ai mis un point d’hon-

neur avec mon coscénariste à ce que nous soyons documentés scrupuleusement et à vérifi er et à recouper les informations par souci de vérité ».

Eden à l’ouest de Costa-Gavras est un fi lm qui montre la générosité chaotique que transporte l’homme au cours de son exis-tence. Le cinéaste analyse le détail qui prend toute l’importance d’une vie : une promesse non tenue et une vie s’écroule presque défi nitivement sauf si Boris Cyrul-nick, le psychanalyste, tel un Superman remonte le cours de l’existence de ces êtres blessés en leur donnant un grand espoir afi n de redémarrer leur vie.

Elias doit tout supporter pour rejoindre Paris : la chasse aux sorcières dont il fait l’objet, les relations homosexuelles qu’il répugne mais qu’il doit accepter pour ne pas se faire repérer ou se faire dénoncer. Heureusement, une femme lui donne de l’amour et son regard bienveillant, mais il doit la quitter pour rejoindre des chimères. Gavras réalise un fi lm humaniste qui met en garde chacun sur sa responsabilité à ne plus poser un regard réprobateur sur un homme perdu qui vous parle. La technolo-gie a remplacé les relations humaines.

MENSONGE ET REPRÉSENTATIONLa fi lle du RER d’André Téchiné avec

Emilie Dequenne et Catherine Deneuve rapporte un fait divers qui avait secoué la France en juillet 2004. Une jeune femme de 22 ans déclare à la police avoir été agressée par une bande de voyous anti-sémites, et avoir subi toutes sortes d’humi-liations. Elle s’était fait dessiner des croix gammées sur le corps et avait été blessée au visage par des coupures faites au cou-teau. Son enfant avait reçu des claques et son berceau avait été jeté sur le quai. Ce fait divers défraiera la chronique. Le Gou-vernement sans aucune vérifi cation préa-lable montera au créneau, s’indignant. Les éditorialistes, eux-mêmes piégés, de leurs plus belles plumes rédigeront quan-tités d’éditoriaux ; puis tombera le ver-dict : Il s’agissait d’un mensonge et tous les faits avaient été confectionnés avec le plus grand soin par la jeune femme. André Téchiné a choisi de s’éloigner du fond de l’affaire pour tourner une anecdote dans laquelle la vie privée joue le rôle essentiel du fi lm. Le fait est vidé de sa substance. Les motivations obscures du geste sont développées dans le fi lm et non le déchaî-nement médiatique qui, dans un traitement rigoureux de ce fait divers, aurait dû être le sujet premier. Téchiné donne un fi lm social où deux classes radicalement différentes « s’affrontent » grâce aux liens passés qui lient Catherine Deneuve, formidable dans son rôle de mère, et Michèle Blanc. Au passage une bar mitzva est remarquable-ment et sobrement fi lmée. On peut recon-naître le rabbin Daniel Farhi qui n’a pas eu besoin d’apprendre son rôle puisqu’il est réellement rabbin. Nous sommes bien là à un niveau ou à un autre dans le docu-mentaire.

ALAIN PENSO

Instant terrestre www.instanterrestre.com

Quand les ibis rouges fendent les airs, ce sont tous les yeux dissimulés de la nature qui admirent ce vol majestueux et toutes ses poitrines qui retiennent leur souffl e. Mais l’esthétisme enfi èvre tous les désirs. Flamboyant à l’âge adulte et chassé pour son plumage unique et sa chair délicieuse, il a bien failli disparaître du ciel guyanais et d’autres régions d’Amérique. Le joyau de la mangrove ne doit sa survie qu’à quelques opiniâtres écologistes. On aimerait que l’homme, dans toute sa réfl exion, se persuade défi nitivement qu’il n’y a rien de plus diffi cile que de reconstruire le naturel.

Texte et photo de Stéphane Cabaret

►Chronique d’un observateur du 7e

Cinéma et Histoire, documentaires et faits divers

Joyau de Guyane

Marc Ferro, historien.

NOUVEAU REGARDUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 16 – 31 MARS 2009 • BIMENSUELWWW.LAGRANDEEPOQUE.COM

ÉDITION 152

EpochTimes.com

La Grande Époque

Page 10: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

LE SALON Rétromobile ne se raconte ni ne se décrit. Ceux qui ont pris l’habitude de le fréquenter d’année en année – plus de 100.000 collectionneurs et connais-seurs à divers titres du monde entier s’y ruent fi dèlement – fortement marqué par l’émotion et la passion. C’est encore une sorte de musée universel à tous égards.

C’est le lieu privilégié de la vente aux enchères d’automobiles de collec-tion, soit d’origine, soit copiées à l’identi-que et mises ou non en état de circuler, selon les exigences des acheteurs. Et, en démonstration extérieure, des engins militaires célèbres de la deuxième guerre mondiale et autres, parfois très insolites !

La 34e édition s’est déroulée du 6 au 15 février 2009 au Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris. Quid de la toute première ? Elle a eu lieu en 1976, il y a 33 ans et avait été décidée pour appuyer le lancement de l’ency-clopédie Alpha Auto. Elle avait alors occupé les locaux de la gare de la Bas-tille et nul ne fl airait sur quel incroyable succès permanent elle allait immédiate-ment déboucher.

Nous avons parlé de musée universel, mais le génie français, son inventivité, son adaptabilité aux situations – déjà – de crise, spécialement à l’époque de la Deuxième guerre mondiale, sa capacité à introduire bien avant l’heure les solu-

tions technologiques mêmes dont on espère offi ciellement beaucoup de nos jours y apparaissent prépondérants.

C’est donc l’occasion de revoir (en réplique) la Jamais Contente, la pre-mière voiture à dépasser 100 km/heure en 1899, propulsée par deux moteurs électriques alimentés par 80 batteries représentant la moitié du poids du véhi-cule ! Elle fi gure sur l’affi che de la 34e édition, en compagnie d’un des projets follement futuristes… d’autrefois.

On y revoit aussi la publicité d’épo-que annonçant des croisières maritimes

de rêve… dont les bâtiments prestigieux sont envoyés aujourd’hui au démantè-lement dans des pays étrangers, leurs reliques en revenant pour être vendues à Paris publiquement, à des collection-neurs éperdus…

Rétromobile est en fait la vitrine de tout le rayonnement au plan mondial et de toute la richesse de la France, qui semblaient à jamais intangibles au siè-cle dernier mais dont on se demande maintenant le devenir à l’heure de l’Eu-rope.

QUELQUES MODÈLES VEDETTESQue choisir de mettre en exergue de

manière archétypique, en dehors de la Jamais Contente déjà citée, parmi quel-que 300 véhicules, rares ou carrément uniques présentés à ce salon réunissant 349 exposants ?

Nous considérons devoir honorer tout d’abord le constructeur Bugatti, dont la contribution exceptionnelle aux progrès de l’automobile ne peut être oubliée. Il a été particulièrement remis dans l’ac-tualité par la vente, le 7 février dernier durant le salon pour 3.500.000 euros de son modèle de 1937, le type 57S Ata-lante, ayant appartenu en dernier pen-dant 50 ans à un Anglais, admirateur d’Ettore Bugatti, Francis Richard Henry Penn Curzon, né en mai 1884, anobli en 1929 et devenu le Comte Earl Howe après une longue carrière politique et diplomatique. Il en avait fait sa voiture personnelle mais l’avait peu roulée : moins de 43.000 kilomètres ! Son imma-triculation anglaise : EWS 73.

Au premier plan des constructeurs français entrés dans le XXIe siècle, pré-sents indirectement par leurs anciens modèles, citons Citroën au parcours étonnant, totalement original des débuts à nos jours. Citons aussi Peugeot, par le biais de l’association l’Aventure Peu-geot créée en 1982 par Pierre Peugeot, avec un musée à Sochaux (25). La mar-

que s’est intéressée très tôt aux véhicu-les électriques à quatre ou deux roues. Notons la sortie dès 1941 de la VLV – Véhicule Léger de Ville – mini cabriolet doté d’un moteur électrique alimenté par quatre batteries, ancêtre potentiel de la 106 électrique.

Nous avons mis en avant le génie français mais belle part a également été faite aux constructeurs étrangers et à leur propre génie : BMW et ses roads-ters, Mercedes et ses « fl èches d’ar-gent », Alfa Romeo, les carrossiers italiens, parmi d’autres.

Signalons aussi les très nombreux clubs, l’atelier de restauration Auto Classic Touraine à Veigné (37).

Tous nos remerciements pour les informations et précisions complémen-taires agréablement obtenus auprès du service de presse du groupe Comexpo-sium1, organisateur de cet événement, et à la Maison de vente aux enchères Bonhams².

HENRI DURRENBACH

1 Elisabeh Meston, Comexposium : [email protected] tél : 01 76 77 14 70.

² Pierre Novikoff, Luc Grassepha, Mai-son de vente aux enchères Bonhams. Tél : 01 42 61 10 11

Bonté Divine de Frédéric Lenoir et Louis-Michel Colla au théâtre de La Gaîté Mont-parnasse avec Roland Giraud, Saïd Amadis, Jean-Loup Horwitz et Benoît Nguyen Tat jusqu’au 31 mai. Mise en scène de Christophe Lidon assisté de Nathalie Niel.

À LA SORTIE d’une conférence interre-ligieuse, un prêtre, un rabbin, un imam et un bonze se retrouvent enfermés dans une pièce sans communication avec l’extérieur. Prisonniers d’un inéluc-table face à face, ils engagent un débat aussi vif que savoureux où croyances et différences s’affrontent, tandis qu’une poularde mijote…

Mise à part la présentation sous forme de comédie, le sujet est très sérieux : la foi, l‘engagement, le doute. Ces quatre religieux enfermés dans une seule pièce nous font vivre leurs moments de détente et de gastronomie. On découvre des personnes sincères à la recherche de leur vraie croyance, capables de s’affronter et de se soute-nir avec patience et tolérance. Ils appa-raissent vrais, droits et profondément bienveillants, énonçant tant de paroles justes sur les principes religieux, mêlés à de nombreuses pointes d’humour.

Précisons que Frédéric Lenoir est philosophe, romancier et directeur de la rédaction du magazine bimestriel Le Monde des Religions. Que cette pièce connaisse un tel succès n’est peut-être pas un hasard. Malgré l’habitude actuelle de tourner tout sujet sérieux en dérision, les personnes qui vont voir cette pièce semblent être en recherche. Mais que recherchent-ils ? La certitude qu’on peut encore vivre en ayant une foi religieuse, un encouragement, une nou-velle espérance dans ce monde maté-rialiste ?

Dans une interview sur France 3, Fré-déric Lenoir déclare : « J’avais envie de faire une pièce qui puisse montrer qu’au fond les religions peuvent se retrouver sur l’essentiel, au-delà de toutes leurs différences. C’est une pièce sur la tolé-rance malgré toutes les diffi cultés ».

Roland Giraud, quant à lui, parle de la « déspiritualisation’ qui règne ». « C’est un sujet qui me préoccupe… Les gens ont du mal à se tolérer, à s’aimer ». Interrogé sur le succès fabu-leux de la pièce, il confi e : « Je ne m’at-

tendais pas à ce que ce soit à ce point là ! Que les gens nous remercient à ce point là ». « Je m’étais dit : ‘s’ils ne vien-nent pas tant pis !’… On ne fait pas que les faire rire. On les fait réfl échir. On les instruit et ils partent heureux ! Et ça, c’est extraordinaire ! »

Il est temps de s’intéresser aux rai-sons et aux conséquences de cette ‘déspiritualisation’. Toutes les civilisa-tions depuis l’antiquité ont vécu avec leur religion. Au cours des 50 dernières années, la société a tendance à renier toutes ces valeurs au profi t d’une seule autre, l’argent, le profi t.

Aurions-nous oublié les paroles des grands sages de l’antiquité qui ont aidé tant de générations à devenir des hom-

mes droits et dignes en évitant les déri-ves de la société ?

Terminons avec cette citation de Socrate : « Je crois qu’on ne peut mieux vivre qu’en cherchant à devenir meilleur ».

MARIE-FRANCE GUINOT

Infos pratiques :Théâtre de la Gaîté Montparnasse,

26, rue de la Gaîté, 75014 Paris Métro 13 Gaîté, Métro 6 Edgar Quinet

ou Gaité, Bus 28, Bus 58 Du 21 janvier 2009 au 31 mai 2009.Du mardi au samedi à 20h, le diman-

che à 15h.Entrées : 18 €, 32 €, 38 €

Si vous aimez la valse, ou sim-plement la musique de valse, envisagez un voyage en Autri-che, à Vienne, la capitale de la Valse.

VIENNE accueille très régulièrement des concerts et des opéras dans diffé-rentes salles et théâtres de la ville. La fi n de semaine des 14 et 15 mars ne fai-sait pas exception. Plusieurs concerts et opéras étaient prévus. Les repré-sentations incluaient le Vienna Walzer Orchestra (l’Orchestre de valse vien-noise), le Mozart Ensemble et l’opéra Falstaff.

Le Vienna Walzer Orchestra se pro-duit régulièrement au Palais Palffy, une belle salle de concert post-Renaissance, représentative de la culture de l’époque classique. Des concerts comprenant des œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart et Johann Strauss II, comme des chan-sons, des ballets, des polkas et, bien sûr, des valses y ont été présentés.

Les œuvres populaires de Strauss incluaient, entre autres, La Chauve-sou-ris, Le Beau Danube bleu et la Marche de Radetzky. L’orchestre a aussi pré-senté des chanteurs célèbres et des danseurs de ballet qui partagent le même désir d’exécuter ces pièces à la perfection et de recréer l’atmosphère du XVIIIe siècle.

Le Mozart Ensemble s’est aussi pro-duit dans la soirée du 15 mars à la Mai-son de Mozart, l’une des plus vieilles salles de concert de Vienne. Mozart a

vécu dans cette maison au printemps 1781. La salle Sala Terrena de la mai-son, où le groupe présente ses concerts, est magnifi quement décorée de peintu-res, ce qui ajoute une touche classique. L’acoustique de la Sala Terrena est bien respectée à Vienne et était également appréciée par Mozart.

Le Mozart Ensemble s’efforce de jouer dans le style de la période clas-sique viennoise et présente des œuvres qui comprennent les meilleurs morceaux de Haydn, de Schubert et, bien sûr de Mozart. L’ensemble se compose de qua-tre musiciens de formation classique qui jouent le double rôle de solistes.

L’Opéra de Vienne est à la fois une maison d’opéra et une compagnie. Les musiciens de la compagnie sont des musiciens de formation classique accomplis qui sont souvent recrutés par l’Orchestre Philharmonique de Vienne.

Le 15 mars dernier, l’Opéra de Vienne a produit Falstaff mettant en vedette, entre autres, une icône de l’opéra, l’ex-traordinaire soprano Angela Gheorghiu. Falstaff est un opéra comique classique de Giuseppe Verdi, inspiré des œuvres de Shakespeare Les joyeuses commè-res de Windsor et Henri IV, qui a été joué pour la première fois à la fi n du XIXe siècle.

Que l’on préfère l’opéra, les concerts ou une valse stimulante, Vienne offre un grand nombre des meilleures œuvres musicales de l’hémisphère occidental.

PAUL DARIN

Pour en savoir plus : viennaconcerts.com

162

57329

3

14

168275

89

5

34516

4297

5

Solution page 14

La 34e édition de Rétromobile

Bonté divine, le grand succès d’une pièce de théâtre sur la spiritualité

Retour au XVIIIe siècle à Vienne

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque1010 Art et CultureArt et Culture www.lagrandeepoque.com

Page 11: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

EpochTimes.com

La Grande Époque

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 1111Petites annoncesPetites annonceswww.lagrandeepoque.com

Bar brasserie Rapido, possibilité PMU 60 places + terrasse. Affaire. Angle. Emplacement n° 1 sortie métro, marché 3 fois par semaines. Très bon CA. Prix 330 000 euros. Loyer 2 000 euros. Travaux faits en 2008. Cuisine pro. Tel : 06 61 00 74 22.

Vends fonds restaurant, 43 couverts + 10 en terrasse, cave, vitrine 10 m. Loyer : 2.015 €/mois TTC, charges comprises. Bon état. Clientèle de quartier + commerces + bureaux + hôtels. Prix 200.000 €. Agences s’abstenir. 06.16.05.32.62.

PARIS, restaurant coréen, 130 m². Prix : 220 000 € (à débattre). Tel : 06.81.46.16.68. M. Park

PARIS 3e, bijouterie fantaisie, 91 rue Beaubourg, 2 vitrines 4 m x 3 m. Loyer 1 250 €. Prix : 55 555 €. Tél : 06.30.88.15.84 ou 01.42.76.07.08

PARIS 4e, Marais. Restaurant tradition-nel 300 m², 160 couverts + terrasses 22 couverts, 3 salles : 2 salles rez-de-chaussé et 1 salle voutée au sous-sol. Possibilité de faire deux restaurants séparés. Cham-bre froide. 680 000 €. Loyer : 4 400 € hors taxes et hors charges. 06.20.47.86.92 ou 06.64.72.15.22.

PARIS 9e, Salon de coiffure, 73 rue La Fayette, 58 m² + grand sous-sol clim. Rideau de fer. Bail neuf. Loyer : 2 000 € CC. Vente pour cause retour lieu natal. Cession : 108 000 €. Tél : 06.30.55.21.79

PARIS 10e, Quartier Saint Martin. Fonds à céder, quartier très animé, boutique 27 m² + cave + terrasse 20 m². Sandwiche-rie, épicerie, buffet froid. Petit loyer men-suel 450 €. Bail en cours reste 6 ans. Prix 60.000 €. 06.14.09.74.71

PARIS 10e, boutique traiteur produits bio, dans marché réputé face gare de l’Est, loyer 450 €, prix 45 000 €. Tel : 06.98.84.93.13

PARIS 10e, Bar rest. Licence 4. 300 m LouisBlanc. 38 places+12 Ter. Gde Cave, potentiel de développement. Cause retraite. Direct propriétaire. Loyer : 1.950 € HT/mois. Fonds : 220 000 €. Tel : 06.09.52.54.14

PARIS 10e, Quartier Saint Martin. Fonds à céder, quartier très animé, boutique 27 m² + cave + terrasse 20 m². Sandwiche-rie, épicerie, buffet froid. Petit loyer men-suel 450 €. Bail en cours reste 6 ans. Prix 60.000 €. 06.14.09.74.71

PARIS 11e, Bail à céder, quartier gros-siste en prêts-à-porter, 195 m2, bail neuf 3/6/9. Tél : 06 25 20 28 44

PARIS 11e, 100 mètres des métros Bel-leville et Couronnes. Boulevard de Bel-leville. Quartier en pleine expansion. Restaurant 80 places. Licence IV. Cui-sine équipée. Cave. Chambre froide. 2 extractions de fumée aux normes. Possi-bilité tous commerces avec propriétaire. Pas de logement. Propositions à faire pour reprise 3 salariés. Loyer mensuel 2.200 euros charges comprises. Prix : 240.000 euros. Tel pour rendez-vous 06 28 80 49 39. M. Meyer

PARIS 11e, Charonne. Vends fonds de commerce restaurant pâtes fraiches, sur place et à emporter. Rue commerçante. Bureaux, écoles, métro à proximité. Equi-pement et mobilier neufs. Loyer : 1.350 €/mois. Prix : 95.000 €. 06.09.11.16.56

PARIS 12e, Rue commerçante proche place Daumesnil, vend sandwicherie toute équipée sans extraction, 25 m² plus cave. Bail 3/6/9, loyer 860 euros/mois HT char-ges comprises. Fonds 77,000 euros. Tel 06 03 81 50 93

PARIS 12e, vend cause départ restau-rant 350 m². Bien placé. Licence IV. Faible loyer. Libre de suite. Terrasse appartement au-dessus. 760,000 euros negociable. Tel 06 17 96 81 57

PARIS 12e, Á vendre, cause retraite. Entre-prise de distribution de surgelés. Existe depuis 1991. 300 m². Chambre froide négative. 3 camions. Bon chiffre d’af-faires. Loyer : 6 000 €/ trimestre. Tel : 06.62.10.55.99

Paris 13e, Vends presse, papeterie, pho-tocopie, loterie, PMU, dans centre com-mercial. Emplacement de 1er ordre. 120 m² + réserve. Chiffre d’affaires annuel + de 6.500.000 €. Commission : 260.000 €. Chiffre d’affaires hors presse, loterie et PMU : 440.000 € TTC. Loyer : 3.300 €/mois HT. Prix : 790.000 € à débattre. 06.64.13.88.66.

PARIS 13e, quartier Butte aux Cailles. Belle affaire d’angle. Restaurant tra-ditionnel français pour profession-nel, 53 places et 20 en terrasse. Loyer : 1 350 €/mois. Prix demandé : 800.000 € (5 247 656 F) à débattre. 01.45.89.71.64 ou [email protected]

PARIS 13e, salon de coiffure, métro Mai-son Blanche, quartier chinois. Surface : 60 m² bien placé. Tél : 06.13.33.47.95

PARIS 13e, restaurant bar irlandais, licence IV, Port Royal, limite 5e et 14e arrondissements, surface 65 m², 50 cou-verts en 2 salles mitoyennes (2 x 25 cou-verts) + terrasse été 10 couverts, cave. Bon potentiel de développement du bar. Belles façade et décoration, bar bois massif. Loyer mensuel : 1 960 € TTC. Prix : 250.000 € (1.639.892,50 F). 09.51.17.07.49 ou e-mail : [email protected].

PARIS 14e, Bar restaurant, licence IV, proche Montparnasse, mairie 14ème, hôtels et bureaux. Rez-de-chaussée de 30m2 : bar et salle de 20 couverts, sous-sol de 30m2: salle de concert Karaoke ou dancing possibilité 20 couverts, sortie de secours, réserve de stockage. Travaux récents, mobilier neuf, cuisine équipée et avec extracteur. Grand potentiel à dévelop-per. Loyer: 1.100 € toutes taxes et charges comprises. Cession : 130.000 € (négo-ciable). Site: www.zeste.abcsalles.com. 06.69.31.10.68 ou [email protected]

PARIS 14e, rue Raymond Losserand. Métro Porte de Vanves. Fonds de com-merce restaurant de spécialités exoti-ques. Bail récent. 90 m² dont 1 grande salle, 60 couverts, cuisine, cave, wc. Terrasse sur rue. Très bien situé. Loyer : 2.500 €/trimestre. Prix : 190 000 € (1 279 116,15 F). 01.45.39.00.91 ou 06.82.62.39.70 ou e-mail : [email protected].

PARIS 15e, Fonds de commerce et bail. Cause retraite vend boutique 55 m² avec sous-sol 55 m². Loyer annuel 18,000 euros. Sortie métro Vaugirard. Tel : 06 27 56 95 86 Arfi / 01 42 50 18 94

PARIS 15e, à Vendre très belle ongle-rie toute équipée : 4 stations manucure, 1 pédispa, 50 m². Possibilité massage. Bail jusqu’en 2013. Prix 40,000. à débattre. 76 rue Dutot, métro 12, Volontaires. Tel 06 10 83 63 62 en français.

PARIS 15e, Bar-brasserie-sandwiche-rie, secteur Montparnasse/Vaugirard. Eta-blissement entièrement refait, bien placé. Belle affaire avec un gros potentiel à déve-lopper le soir. Fermé le week-end. Matériel de cuisine professionnel. 25 places assi-ses + 8 en terrasse. 5 m de façade et 40 m² de salle. Deux caves avec congélateurs et armoire froide. Licence IV + extraction. Bail neuf : 900 €/mois. Prix : 175.000 € TTC. 06.67.42.96.24 ou 06.11.18.50.87.

PARIS 15e. A Vendre très beau salon de manucure, pédicure, onglerie de 50 m² tout équipé, pas de travaux nécessaires. Quartier Convention Vaugirard Alleray. 4 stations manucure, 1 Pedispa, possibilité cabine de massage. Bail tous commerces jusqu’en 2012, Loyer 1,200 euros HT. 150 euros de charges. Tel : 06 10 83 63 62

PARIS 16, Vends fonds de commerce alimentation, cause retraite. Côté place Victor Hugo, 60 m², rez-de-chaussé + 18 m² sous-sol. Bail 3/6/9, Tous commerces, sauf restauration. Loyer 2175 euros. Prix 80000 euros. Tel : 06 50 56 49 17 ou 06 80 20 41 42,

PARIS 16e, vends fond de commerce, rue de la Pompe. Boutique 28 m2 + sous-sol 35 m2. Loyer : 800 € TTC. Prix : 195 000 €, Tel : 06.60.74.44.32

PARIS 16e, Restaurant bord de Seine, 230 m², intérieur 75 places et grande ter-rasse légèrement surélevée. Vue sur Seine, capacité 60 places. Cave. Loyer

3 800 € charges comprises. Reste 4 ans de bail renouvelable. Prix 500 000 €. 06.77.78.60.52.

Paris 17e, restaurant, 35 à 40 places. Très bon état, hotte, chambre froide, cave. Bon quartier bureaux et résidentiel. Possi-bilité murs. Prix 325,000 euros. Tel 06 63 45 11 61

PARIS 17e, Cause départ maternité, vend fond de commerce 35m². Sandwi-cherie, saladerie, pâtes. 28 bis Bd Pereire, angle rue de Tocqueville. Refait à neuf en 2007, entièrement équipé, matériel état neuf, vente à emporter, sur place et livrai-son, clientèle de bureau. 26 couverts, 10 couverts intérieur plus 16 couverts en ter-rasse d’été et couverte l’hiver. Equipement cuisine neuf, 2 scooters de livraison. Bail 3, 6, 9, rest 7 ans. Loyer 1100 euros charges comprises, Prix 95 000 euros Tel 01 47 66 98 12 / 06 27 36 28 18

PARIS 17e, Vends fonds de commerce cause maladie, crêperie, 95 rue de Saus-sure. Cuisine équipée, grande cave, studio au dessus, (durée du bail : 4 ans jusqu’en 2012). Loyer 1.068 €/mois. Voir site inter-net internet : www.creperiedesartistes.com. Prix : 155.000 €. 01.40.53.93.47

PARIS 18e, bijoux/accessoires, 149 rue Ordener. Boutique 32 m2 + 2 caves + F2 (35 m²). Loyer : 1000 €. Prix : 100 000 € Tel : 06.60.74.44.32

PARIS 18e. Vends murs et fonds bar, brasserie, pizzeria, licence IV, 30 places assises + terrasse. Affaire à développer tous commerces. 60 m² + 40 m² sous-sol. Beau quartier. Immeuble pierre de taille. Prix : 380 000 €. 01.46.06.30.50 ou 06.32.78.67.89.

PARIS 19e Vend restaurant 218 m². A 50 m des Buttes Chaumont, terrasse pri-vative 55 couverts. Angle rue Bail 3/6/9. Rez-de-chaussée : 100 m², salle 30 cou-verts, grande cuisine équipée, plonge avec machine séparée. Sous-sol : 118 m², salle 40 couverts, chambre froide, monte charge. 3,200 euros HT/mois cc. Prix 90,000 euros. Tel 06 03 81 50 93

PARIS 19e, prêt-à-porter, métro Crimée, rue très commerciale, surface : 50 m² Bail 3.6.9 reste 6 ans tous commerces sauf nuisances. Loyer : 965 € TTC. Cession : 65 000 €. Tél : 06.99.90.08.06

À VENDRE à Paris 19e. Bar-tabac loto jeux. Possibilité restauration, axe passant près métro, salle 30 places avec logement 2 pièces, loyer raisonnable, bail jusque septembre 2012. Fonds estimé 375.000€. Vendu 330.000 euros cause départ en retraite. Tel : 06 61 52 90 20

PARIS 20e. Quartier Gambetta. Vends fonds de commerce bar restaurant d’angle, licence IV. Bail 3/6/9, reste 5 ans. Pas de travaux à faire. Loyer 1 900 €/mois charges comprises. 280.000 €. 01.40.33.48.01.

LOGNES (77185) Cède librairie, pape-terie, presse, cadeaux, téléphonie, jeux grattage, point relais, photocopie, fax, carterie. Bien situé, centre ville, dans zone commerçante, RER à 3 minutes. Surface 70 m² avec réserve et sanitaires. Gestion informatisée, caisse scanner, vidéo sur-veillance, nombreux contrats avec écoles, mairies, banques, préfecture. Sans con-currence, bail neuf, loyer 11 700 euros/annuel. Chiffre d’affaires 2007 : 215 000 euros. Chiffre d’affaires 2008 : 240 000 euros. Urgent cause départ étranger. Prix : 149 000 euros. Tel : 06 29 45 60 85 ou 01 60 17 62 16

93 Bagnolet fl euriste traditionnelle, bon chiffre d’affaires, à développer, réseau Interfl ora, Proche métro Gallieni, rue princi-pal, centre de Paris 30 mn, Boutique 40 M2 avec 8M de vitrines + cave 40M2 + apparte-ment 100M2 + grenier Bail 2006/2015, 3/6/9, Tel : 01.43.62.69.87 ou 06.28.22.65.65

93160, Noisy le Grand, pizzéria/restaurant, 150m²+150 m² sous-sol, 60-80 couverts, licence IV, grand sous-sol, clima-tisé, bien placé, 104 avenue Emile Cosson-neau, Noisy le Grand. Loyer 1527 € TTC sans clauses pour obtention de crédit. Prix : 130.000 €. 06.26.94.37.50.

93 AUBERVILLIERS, Prêt-à-porter, 32 rue de la Commune de Paris côté mairie.

Surface : 45 m². Loyer : 874 €. A débattre. Tél : 06.25.42.16.52

94100 – ST MAUR. Fonds de fl eurs, situé dans vieux St Maur, quartier commerçant, boutique 40 m². Chambre froide et arrière boutique. Bail échéance 2017. Loyer 2.350 euros HT charges comprises. Prix 40.000 euros. Tel : 06 99 44 65 59

94 - Presse loto RATP manèges situé dans galerie marchande. Superfi cie 45 m² tout informatisé, plan de qualifi cation n° 2. Commission 120 000 euros EBE 70 000 euros loyer 1 120 euros HT. Bail reste 4 ans. Possibilité tabac sans concurrence. Statut SARL. Prix 270 000 euros. Tél : 06 11 85 76 17. Email : [email protected]

94300 – Vincennes. Cause retraite cède librairie, presse, papeterie, carterie, fax, informatisé, connexion Strator. Clientèle de quartier. Chiffre d’affaires en progression. Commission 2007 : 24.500 euros. Chif-fre d’affaires hors presse : 54.000 euros. Studio tout meublé, cellier, cave. Cour pri-vée. Bail 9 ans. Prix : 115.000 euros. Agen-ces s’abstenir. Tel : 01 77 99 54 02 / 06 28 26 76 28.

Ardèche, France. Cause projet huma-nitaire lointain, vends maison de cam-pagne 140 m2 sur 1200 m2 de terrain. Exposition sud, belle vue dégagée sur Vercors. Au RdC : 1 chambre, salon avec poêle et cheminée, cuisine et SdB. À l’étage : 1 chambre mansardée. En dépen-dances : grande salle en pierre apparente, studio + chambrette, atelier bois. Chauf-fage bois + appoint électrique. Cave, buan-derie. 170 000 €. Tél. +33 (0)6 866 233 93

Loue appartement pour 4 personnes au Praz de Lys dans les alpes françai-ses – Situé au cœur de la station, à 50 mètres des remontées mécaniques – Bal-con, vue sur la montagne, cuisine équipée, TV, garage individuel, ascenseur – Coin montagne séparé du salon par une porte – Possibilité d’accès internet (wifi ) – Con-tact: +41 78 865 39 49 – e-mail : [email protected]

EMPLOI. Commerciaux, stylistes. Maga-sin de prêt-à-porter homme / femme, recherche commerciaux pour prêt-à-porter homme, salaire fi xe + commission ; recher-che stylistes pour prêts-à-porter femme. Tél : 06 27 10 59 99 M. Zhang

Tout pour le bâtiment - Ancien archi-tecte de la Croix Rouge Française, diplômé DESA Paris, cherche projets d’architecture en sous-traitance ou suivi des chantiers. Mise en relation d’architectes, d’entrepri-ses et de clients. Tél: 06 32 49 96 78

Recherche couturières qualifi ées. Salaire selon expérience. Métro Laumière (ligne 5). 01 42 03 04 65 ou 06 37 01 61 42

Femme chinoise de nationalité fran-çaise, 46 ans. Beaucoup de charme, gen-tillesse, dynamisme. Aime la musique et les voyages. Cherche compagnon de 46 à 66 ans, avec humour, bonne situation et sen-sible à la culture asiatique. Tel : 06 21 05 63 17

A.C. Associations, M° Gaîté - ligne 13. Hommes français cherchent à lier amitié voire plus avec femmes asiatiques. Tél : 06 80 96 29 61 /01 43 22 20 20

Pour passer vosPour passer vos annoncesannoncesFrance :France :01 45 86 41 9501 45 86 41 95Suisse :Suisse :079 821 74 22079 821 74 22

Fonds de commerceFonds de commerce

Locations SuisseLocations Suisse

Offres d’emploiOffres d’emploi

Salon de beauté chinois

Manucure pédicure massage épilation.

Coiffures traditionnelles chinoi-ses, maquillage.

50 rue Dutot75015 Paris

Tél : 01 47 34 93 72Port : 06 28 58 07 03

DiversDivers

LA GRANDE ÉPOQUE83 rue du Château des Rentiers

75013 Paris Tél : 01 45 86 41 95

www.lagrandeepoque.com

Edité par La Grande ÉpoqueSARL au capital de 10.000 €

R.C.S. Paris B 480 550 037

Directrice de la publication : Isabelle Chaigneau

Directeur de la rédaction :

Rémi Bleibtreu

Rédacteur en chef : Aurélien Girard

Comité de rédaction :Hanna L. Szmytko (Economie)

Héloïse Roc (Environnement)

Frédérique Privat (Société)

Catherine Keller (Art de vivre, Santé & Bien-être)

Directrice de la communication :Hélène Tong

Directeur artistique : Mathieu Sirvins

Impression : Oppermann Druck und Verlags

GmbH & Co.

Gutenbergstraße 1 D-31552 Rodenberg

Dépôt légal : à parution.

ISSN : 1772-3426.

PUBLICITÉ France : 06 84 57 34 04

Belgique : 09 233 7713

Suisse : 079 821 7422

En 2000, alors que la persécution du mouvement spirituel Falun Gong* par le Parti communiste chinois fait rage et pro-voque des dizaines de morts, de nom-breux médias internationaux reprennent sans discernement la propagande offi -cielle du régime communiste.

Dans ce contexte, l’information réelle sur l’actualité chinoise est quasi-inexis-tante. À New York, de jeunes doctorants d’origine chinoise rachètent un journal local du New Jersey dans la perspective de traiter en toute liberté l’actualité chi-noise. Le journal Da Ji Yuan (La Grande Époque) est né.

Sept ans plus tard, La Grande Époque est diffusée en 18 langues dans plus de 30 pays. Elle est diffusée dans des vil-les telles que Toronto, Taipei, San Fran-cisco, New York, Buenos Aires, Lima, Sydney, Hong Kong, Tokyo, Berlin, Lon-dres...

La version française naît en janvier 2005 à Paris. Elle est également disponi-ble à Genève, Bruxelles et Montréal.

La Grande Époque offre un « regard nouveau sur un monde en évolution ». Créé avec la volonté de respecter la diversité des points de vue et l’indépen-dance de l’information, le journal est aujourd’hui l’une des premières sources d’information indépendante sur la Chine.

Fort de journalistes présents dans une trentaine de pays, La Grande Épo-que propose également à ses lecteurs un contenu éditorial riche : actualité inter-nationale, protection des droits humains, environnement, diversité culturelle, art de vivre et bien-être sont autant de thè-mes qui font la spécifi cité de cette publi-cation.

* Le Falun Gong est une méthode de Qi Gong (exercices énergétiques tradi-tionnels) bouddhiste. D’une popularité en croissance exponentielle, le nombre de ses pratiquants a, au milieu des années 90, dépassé celui des membres du Parti communiste. Celui-ci, sous la direction de Jiang Zemin, a alors commencé ce qui est devenu la plus importante cam-pagne de répression et de dénigrement depuis la révolution culturelle, au point que selon Manfred Nowak, Rapporteur spécial de l’ONU, aujourd’hui en Chine « deux tiers des victimes de la torture et de mauvais traitements sont des prati-quants de Falun Gong ».

RencontresRencontres

Page 12: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

D’APRÈS LES observations satellites fai-tes par la NASA, la surface des glaces marines de l’Antarctique, pendant la sai-son d’été de 2005 à 2008, a été la plus fai-ble des enregistrements réalisés au cours des trente dernières années. Les scienti-fi ques craignent une fonte totale des gla-ces marines au cours des prochains étés à venir. Ces disparitions auraient de gra-ves conséquences pour la planète ainsi que pour les ours polaires. Une confé-rence internationale du 17 au 19 mars s’est tenue à Tromsoe en Norvège. Cinq États se sont réunis (États-Unis, Canada, Russie, Norvège, Danemark/Groenland). Ils ont échangé leurs inquiétudes liées à l’impact du réchauffement climatique sur l’ours polaire et à la nécessité de prendre des mesures.

ENGAGEMENT DES ÉTATS DE L’ARCTIQUEÉrik Solheim, ministre norvégien de

l’Environnement, a déclaré à l’ouverture de la conférence : « La survie de l’ours polaire sera fonction de l’engagement des États de l’Arctique dans la lutte du réchauffement climatique, si la glace se désintègre en Arctique, l’impact sur les ours polaires sera énorme ». La fonte de la banquise menace sérieusement l’éco-système polaire et selon les scientifi -ques on compte actuellement 25.000 ours blancs et l’on considère que les deux-tiers

de cette population pourrait disparaître d’ici à 2050.

DES OURS BLANCS NOYÉSLe réchauffement de la planète réduit la

banquise et l’habitat de l’ours se restreint. La banquise est le terrain de chasse indis-pensable de l’ours. C’est là qu’il guette et poursuit son mets préféré, le phoque. Il stocke des réserves de graisses néces-saires à son hibernation. Avec la fonte des glaces, à la fi n de la période hivernale, les ours sont surpris et rencontrent des diffi -cultés pour regagner une banquise si éloi-gnée. Le choix est diffi cile, il s’agit pour eux soit de rester à terre et de manquer de nourriture, soit de perdre leur progé-niture. C’est ainsi que l’on a retrouvé des ours blancs noyés. Des comportements problématiques ont également été repé-rés : des ours ont été vus près des habi-tations des communautés arctiques à la recherche de nourriture. Le cannibalisme a aussi été observé.

DES MÈRES INQUIÈTENTPour la maman ours, le choix est dif-

fi cile. Elle se reproduit tous les trois ans et les petits viennent au monde pendant l’hibernation. Ils se nourrissent de son lait pendant plusieurs semaines, alors qu’elle continue d’hiberner. Ce n’est que lors-qu’ils sont âgés de trois à quatre mois

que la mère les emmène à l’extérieur pour découvrir le monde. Ils apprendront tout d’elle, elle fera leur éducation : la chasse, le choix d’une tanière, l’environnement… Ils ne se sépareront défi nitivement de leur mère qu’à l’âge de trois ans. Cepen-dant si la banquise est trop éloignée de la terre ferme, les décisions de maman ours

deviennent déchirantes. Inversement, à l’automne, l’éloignement de la banquise peut être problématique pour les femel-les enceintes qui regagnent la terre ferme. Elles sont amenées à déployer des forces extrêmes, mettant leur vie, ou leur survie à l’hibernation, en péril.

LA POLLUTION AU MERCURE DE L’ARCTI-QUE

Selon une étude du CNRS chaque année, ce sont 200 à 300 tonnes de mer-cure qui arrivent en Arctique via les cou-rant marins et les vents, faisant du pôle Nord un important réservoir des émis-sions mondiales de ce métal lourd. Les ours blancs sont parmi les animaux les plus touchés par cette pollution environ-nementale. Ces matières toxiques répan-dues dans la mer sont absorbées par le phytoplancton et le zooplancton qui sont à leur tour consommés par les poissons, qui sont eux-mêmes mangés par les pho-ques, consommés par les ours. Les ours emmagasinent les poisons qui se sont accumulés dans l’organisme des animaux qui constituent la chaîne alimentaire. Ce polluant, toxique pour le système nerveux, peut provoquer des anomalies congénita-les. On le retrouve aussi en quantité anor-malement élevée dans les populations humaines locales...

La conférence de Tromsoe a été saluée par les défenseurs de l’environnement et les scientifi ques. Elle représente un puis-sant message à la veille de la conférence de Copenhague prévue en décembre, pour tenter de trouver un accord post-Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

HÉLOÏSE ROC

UNE ÉQUIPE de chercheurs espagnols et britanniques prévoit que le réchauffement planétaire et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraînent une élévation du niveau de la Méditerranée et une hausse de sa tempé-rature. Les scientifi ques de l’institut médi-terranéen d’études avancées (IMEDEA) et du Centre national d’océanographie de Southampton au Royaume-Uni ont con-duit et analysé trois scénarios de simu-lation. Leur but est d’estimer le niveau, la salinité et la température de la Médi-terranée au XXIe siècle. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Jour-nal of Geophysical Research-Oceans.

AUGMENTER DE PLUS D’UN DEGRÉ

CELSIUS D’ICI FIN 2099

D’après les 12 modèles de circulation générale de l’atmosphère et de l’océan (AOGCM) utilisés pour l’étude, les scien-tifi ques constatent qu’une augmentation de la quantité de gaz à effet de serre aug-mentera la température de la mer. « Le scénario le plus optimiste suppose que la quantité de gaz à effet de serre se main-tiendra au niveau de l’an 2000. Même dans ce cas, le changement climatique aura un impact », déclarait l’auteur prin-cipal de l’étude Dr Marta Marcos de l’uni-versité des Îles Baléares (UIB, Espagne) au SINC (Scientifi c Information and News Service). « Le scénario le plus pessimiste est basé sur des niveaux variés de déve-loppement économique dans le monde, avec une augmentation de la produc-tion de gaz à effet de serre au cours de ce siècle. »

Dans le cas du scénario le plus opti-miste, la température de la Méditerra-née ne devrait pas augmenter de plus d’un degré Celsius d’ici fi n 2099. Les deux autres scénarios, où la quantité de gaz à effet de serre continue d’augmen-

ter au cours des prochaines décennies, se traduisent par une augmentation de 2,5 degrés Celsius. Les résultats montrent également que l’augmentation de la tem-pérature risque de s’accélérer au cours de ce siècle.

ÉLEVER DE 3 À 61 CM EN MOYENNE

LE NIVEAU DE LA MÉDITERRANÉE !

À long terme, l’augmentation de la tem-pérature et de la quantité d’eau pour-

rait mener à une élévation du niveau de la mer. « Le réchauffement aura pour effet d’élever de 3 à 61 cm en moyenne le niveau de la Méditerranée », explique le Dr Marcos. Elle souligne que la zone côtière est celle où la compréhension de l’élévation du niveau de la mer a le plus d’importance, « mais c’est également la zone pour laquelle nous disposons du moins d’informations, en raison de la fai-ble résolution spatiale des modèles ». Et

comme les conditions climatiques vont changer notablement, il est impossible de réaliser une prévision parfaitement pré-cise du futur de cette zone.

LA SALINITÉ DE LA MÉDITERRANÉE

VA AUGMENTER ?

L’étude s’appuie sur des modèles cli-matiques mondiaux qui incluent tout l’éventail possible de scénarios socio-éco-nomiques, afi n de prévoir ce qui devrait se

passer dans la région. Les modèles ont montré par ailleurs que la salinité de la Méditerranée va augmenter. Les scientifi -ques font cependant remarquer que cette prévision n’est pas d’une exactitude abso-lue. « L’évolution de la salinité de la Médi-terranée dépend des échanges d’eau via le détroit de Gibraltar, lequel n’a pas été intégré en tant qu’indicateur, ce qui signi-fi e que les résultats associés ne sont pas très fi ables », déclarent le Dr Marcos et le Dr Michael Tsimplis, un chercheur du Centre national d’océanographie de Southampton.

LES PROCESSUS MONDIAUX, N’ONT

PAS UNE ÉCHELLE RÉGIONALE

Le Dr Marcos rappelle que les modè-les IPCC ont une résolution très basse. Ils sont donc capables de montrer « rai-sonnablement bien » les processus mon-diaux, mais pas toujours à une échelle régionale. C’est pourquoi il est plus diffi -cile pour les chercheurs « d’être sûrs de l’ampleur des changements ». Les Drs Marcos et Tsimplis confi rment que le détroit de Gibraltar n’est pas bien repro-duit par les modèles. Les modèles mon-diaux sont inutilisables pour estimer l’impact de l’élévation du niveau de la mer sur une zone côtière « en raison de la très grande variabilité régionale de ce facteur ». Les scientifi ques pensent que la solution consisterait à utiliser des modèles climatiques régionaux à haute résolution, car ils pourraient montrer avec plus de clarté le détroit ainsi que les processus qui surviennent dans les bassins et les zones côtières de la mer. Les chercheurs euro-péens qui tentent de prédire les effets au niveau régional du changement climatique visent une telle stratégie, et s’attendent à réduire à court terme le degré d’incertitude des prévisions.

CORDIS NOUVELLES

Les ours polaires menacés de disparition pour le siècle à venir

L’ourse donne naissance à 1 ou 2 oursons, elle fait naître ses petits dans une tanière pendant l’hibernation.

Michael Latz/Getty Image

Les scientifi ques pensent que le Groenland, avec la fonte des calottes glaciaires et les glaciers qui disparaissent, est le thermomètre précis du réchauffement de la planète.

Uriel Sinai/Getty Images

Des chercheurs prévoient une élévation du niveau de la Méditerranée

Des chercheurs pensent que l’augmentation de la température et de la quantité d’eau pourrait mener à une élévation du niveau de la mer Méditerranée. (Nice)

Valéry Hache/Getty Images

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque1212 Environnement Environnement www.lagrandeepoque.com

Page 13: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

LE PRINTEMPS est le moment du renou-veau. C’est le meilleur moment pour faire les grands nettoyages de la maison et de notre corps. Le temps, plus clément, nous permet, pour notre plus grand plaisir, de nous promener à la campagne ou dans les parcs et d’admirer la nature se réveiller. Avec l’arrivée des beaux jours, l’envie de bouger, d’être plus dynamique suscite un mal-être dû à une nourriture hivernale trop riche et à un manque de mouvement. C’est à ce moment que le corps est le plus fragile et tombe facilement malade. Une cure de détoxication suivie d’une cure de vitamines et d’un peu de sport évite que les articula-tions, le système circulatoire, les intestins et la peau ne s’encrassent. Certains affi rment que c’est un attrape-nigaud, le meilleur moyen pour le savoir, c’est d’essayer.

QUE VEUT DIRE DÉTOXIQUER ?

Nous mangeons et buvons trop. Trop de gras, trop de sucre encrasse notre orga-nisme. Nous vivons dans un monde pol-lué, ce que nous respirons, mangeons, buvons, mettons en contact avec notre peau contient des produits chimiques de toutes sortes comme les dioxines, le plomb, les pesticides, les nitrates. Bien que leur absorption se fasse à très petites doses, ces toxines s’accumulent et interagissent dans notre corps. Nous avons la capacité d’éliminer une certaine quantité de toxi-nes mais actuellement les doses sont trop élevées pour les éliminer totalement sans aide. Se détoxiquer est un besoin naturel que l’on retrouve aussi chez les animaux. Les chiens et les chats manger de l’herbe par exemple. Il existe plusieurs moyen de se détoxiquer, à chacun sa préférence.

LES PLANTES

Bien des plantes sont utiles pour net-toyer nos organes. Si vous avez la chance de cueillir des pissenlits avant qu’ils ne fl eu-rissent, faites-en une cure et régalez-vous. Vous pouvez également boire trois tisanes par jour en hachant la plante avec la racine.

Le pissenlit favorise le fl ux biliaire, la diges-tion et est diurétique. D’autres plantes ont des actions similaires. Citons l’aubier de tilleul. Excellent draineur du foie et des reins, il élimine les petits calculs. Le radis noir est spécialement effi cace pour le foie et favorise la sécrétion biliaire. La sève de bouleau fraîche apporte des oligoéléments qui redonnent de la force en même temps qu’elle favorise l’élimination des toxines. On la trouve dans certains magasins diété-tiques ou sur internet au printemps exclusi-vement. Le genévrier aide tous les organes à éliminer les toxines.

La liste est longue, il est impossible de tous les citer. Durant la cure, il est conseillé de manger léger. Des légumes, des fruits, des céréales si possible complètes, de la viande maigre. Éviter de consommer des huiles frites, des plats préparés, des amuse-gueules, du fromage, de la crème, des bis-cuits, de la pâtisserie, de l’alcool, etc. C’est une question de logique. Quant à la viande, choisissez-la plutôt blanche comme le pou-let ou du poisson cuit sans gras (court-bouillon, papillote, en sauce tomate).

LE JEÛNE

Il y a différents types de jeûne, de l’abs-tinence totale à l’abstinence de viande. Le jeûne existe depuis toujours, il est prati-qué naturellement quand on est malade. Le jeûne allège le corps et l’esprit. C’est une expérience intéressante qui permet de se retrouver avec soi-même dans une sorte d’espace-temps différent.

Le jeûne est le meilleur moyen pour permettre à son corps de se renouve-ler. Cependant, il existe des précautions à prendre, particulièrement pour un jeûne total. Les personnes qui n’ont jamais jeûné devraient être accompagnées par une per-sonne compétente pour la première fois au moins. Il est vraiment déconseillé de le faire sans surveillance. Lors d’un jeûne total, il est recommandé de boire de l’eau pour évacuer les toxines. Certains hôpitaux pro-posent ce genre de jeûne avec des activités

comme le yoga, l’acuponcture, la masso-thérapie. Des thérapeutes proposent aussi des jeûnes moins stricts où l’on consomme des bouillons de légumes, des jus de fruits, des tisanes. Les activités sont les mêmes que dans les hôpitaux avec en plus des pro-menades en campagne ou en bord de mer, ainsi que des méditations.

LES ADEPTES DE L’IRRIGATION DU

COLON

Pourquoi faut-il manger des fi bres ? Afi n que la masse fécale soit assez con-séquente pour entraîner tous les déchets qui peuvent se bloquer dans les appen-dices des intestins. Des aliments restés trop longtemps dans l’intestin peuvent tra-verser la paroi intestinale et intoxiquer le sang ou irriter la paroi. Ceci, à la longue peut provoquer un cancer. S’ensuit fatigue, faiblesse et baisse des défenses immunitai-res. C’est pourquoi certains prônent l’irriga-tion du colon.

Quelques jours avant et après l’irriga-tion, la personne allège ses repas jus-qu’à consommer des bouillons. La séance est dirigée par un professionnel. La per-sonne est allongée confortablement dans une ambiance chaude. Deux canules sont introduites dans l’anus. La première apporte de l’eau tiède, fi ltrée qui peut être salée. Elle circule dans l’intestin et ressort dans la deuxième canule. C’est totalement indolore.

DÉTOXIQUER PAR LES PIEDS

C’est un moyen coûteux d’éliminer les toxines mais très effi cace selon les témoi-gnages selon lesquels l’état de santé est nettement amélioré. Des patchs sont pla-cés sous les pieds durant la nuit plusieurs nuits consécutives. Les toxines s’évacuent en laissant des marques allant du noir, au brun ou vert très foncé. Au fi l des jours, les patchs sont de plus en plus clairs, démon-trant que le corps est propre.

UN APPAREIL DÉTOXIQUE PAR

ÉLECTROLYSE

Les pieds trempent dans une bassine d’eau salée en contact avec une électro-lyse qui envoie dans votre corps des ions négatifs. En 30 minutes, l’eau se chargent de vos toxines. Elle prend une couleur noire pour les métaux lourds, brune pour le tabac ou des déchets cellulaires, vert foncé pour la vésicule biliaire, orange pour les articula-tions, etc. Le principe est que les ions posi-

tifs gardent les toxines et inversement pour les ions négatifs. Les ions négatifs neutrali-sent les ions positifs fi xés dans notre corps. Cela permet d’éliminer les toxines. Après six séances, l’eau est déjà bien plus claire. Ces méthodes utilisent les glandes sudori-pares des pieds car elles ont une capacité d’élimination très supérieure à la moyenne.

CATHERINE KELLER LA GRANDE ÉPOQUE

L’HERBE DIVINE DE L’EST, ENTRE LÉGENDE ET RÉALITÉ

Le lyciet (goji) chinois (Lycium barba-rum) peut être utilisé pour nourrir un corps faible, améliorer la vision, et pro-mouvoir la longévité. Il existe de nom-breuses légendes associées au lyciet (goji) chinois.

Un célèbre médecin chinois, Li Shizhen (1518-1593), qui a vécu durant la dynas-tie Ming (1368-1644), a compilé le Grand Compendium d’Herbes (ou le résumé de matière médicale) qui déclare : « L’herbe Bao Shou est un élixir qui promeut la lon-gévité. Un homme étranger déchaussé appelé Zhang a donné la formule de cet élixir à une personne d’âge avancé dans le comté d’Yi Shi. Il a suivi la recette et a vécu plus de cent ans. Le vieil homme pouvait marcher très vite, comme s’il volait. Ses cheveux gris sont devenus à nouveau noirs. Ses vieilles dents ont été substituées par de nouvelles. Il était très viril dans la chambre. L’herbe est douce. On peut souvent la prendre pour élimi-ner la chaleur excessive dans le corps et aussi améliorer la vision ».

UNE LÉGENDE ANCIENNE

Durant la dynastie Tang (618-907), une caravane qui allait par la Route de la Soie s’est arrêtée pour se repo-ser dans une auberge. Ils ont vu une jeune fi lle réprimander et fouetter un vieillard. Un commerçant s’est approché et a demandé à la jeune fi lle : « Pourquoi agresses-tu cette personne âgée ? ». La jeune fi lle a répondu : « Je discipline mon arrière-petit-fi ls. Ce n’est pas votre affaire ». Tout le monde fut surpris par sa réponse.

D’après la légende, la dame avait plus de trois cents ans ! Le vieillard était puni parce qu’il s’était refusé à prendre cette herbe et avait commencé à vieillir. Impressionné de la magie de cette herbe, le commerçant s’est agenouillé devant la dame avec respect et a demandé :

« Puis-je oser vous demander quel type d’herbes magiques vous prenez ? » La femme a répondu : « Cette plante a cinq noms. Vous avez besoin de prendre une partie différente de la plante à cha-que saison. Au printemps, vous prenez ses feuilles ce qui est connu pour être l’essence de l’herbe des cieux. En été, vous devez prendre ses fl eurs qui sont connues comme herbe de longévité. À l’automne, vous prendrez ses fruits, qui sont connus comme le lyciet (goji) chi-nois. En hiver, vous prendrez l’écorce de ses racines, reconnue comme étant la peau et les os de la terre. En pre-nant ces quatre parties respectivement au cours des quatre saisons de l’année, vous aurez une vie noble comme le ciel et la terre » .

Ultérieurement, le lyciet (goji) chinois a été introduit au Moyen-Orient et dans les pays occidentaux comme « l’herbe divine de l’Est ».

UN CONTE MODERNE

Il existe aussi des réussites moder-nes pour le lyciet (goji) chinois. Dans les années cinquante la revue Nationaux et Étrangers relatait l’histoire de Li Qingyun dans la province de Sichuan, qui serait mort à l’âge de 250 ans en 1930.

Racontant sa propre histoire, Li disait : « Quand j’avais 139 ans, avant de con-naître mon maître, je pouvais encore marcher et faire une longue promenade

vigoureuse, comme si je pratiquais des arts martiaux ». Par conséquent, cer-taines personnes le prenaient pour une divinité.

« À cette époque, cela m’amusait. Je crois que la raison par laquelle j’ai vécu tant de temps et que je suis conti-nuellement en bonne santé vient du fait que rien ne m’a irrité depuis que j’ai eu 40 ans. Grâce à cela mon coeur est très calme, pacifi que et avec une tranquillité merveilleuse. Grâce à cela, je suis en bonne santé et heureux.

À l’âge de cinquante ans quand je suis allé dans la montagne pour cueillir des herbes, j’ai rencontré un vieil homme. Il ne semblait pas être un homme surna-turel. Il vivait isolé dans la montagne. Il faisait de grands pas quand il marchait, comme s’il volait dans l’air. J’ai essayé

de le suivre mais je n’ai pas pu mainte-nir son rythme. Plus tard, je l’ai rencon-tré à nouveau. Je me suis agenouillé et l’ai supplié de partager son secret avec moi. Il m’a donné quelques fruits sauva-ges et a dit : ‘ Mon unique secret est que je mange seulement ces fruits’.

J’ai pris les fruits, et j’ai vérifi é que c’étaient des lyciets (gojis) chinois. Depuis lors, j’ai consommé trois qian de lyciets (gojis) chinois chaque jour, (un qian est le poids utilisé pour mesurer la médecine chinoise qui est égal à cinq grammes). Depuis lors je suis devenu sain et agile. Je peux marcher cent li (un li équivaut à environ un kilomètre) et je ne me sens pas fatigué. Je suis devenu meilleur en force et en endurance que la moyenne des gens ».

DES CARACTÉRISTIQUES DE

L’HERBE ET DE SES BÉNÉFICES

Le lyciet (goji) chinois est doux et relaxant. Il est bon pour le foie et les reins parce qu’il les nourrit. Il fait du bien aux poumons et améliore aussi la vision. Le lyciet (goji) chinois est utilisé par la médecine traditionnelle chinoise pour traiter les maladies liées au foie, aux reins et contre l’impuissance, les dou-leurs musculaires dans la ceinture et les genoux, les maux de tête, les maux de coeur, la vision fl oue, l’excès de larmes, de fatigue, de toux et de soif.

Groupe de recherche sur la Chine de LA GRANDE ÉPOQUE

Pour en savoir plus : h t tp : / / labe l lever te .cana lb log .com/archives/2008/04/10/8643175.html

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 1313Santé et Bien-êtreSanté et Bien-êtrewww.lagrandeepoque.com

Au printemps, un grand nettoyage du corps s’impose

La sève de bouleau est le détoxiquant du printemps par excellence.

Photos.com

Les secrets du goji chinois

Page 14: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

PETITE HISTOIRE ANECDOTIQUECeci ce passe dans n’importe quel

milieu social. Souvent, tout commence par une belle romance. Elle rencontre un homme merveilleux qui la comprend, l’entoure. Elle se sent en confi ance, elle croit avoir trouvé le prince charmant. Ils se marient pour le meilleur et pour le pire, et là, le pire est au rendez-vous. C’est souvent à l’arrivée du premier enfant que tout s’aggrave.

Petit à petit, il l’isole de ses amis, de sa famille. Il la surveille, écoute ses con-versations téléphoniques, lit son cour-rier… Elle pense qu’il est jaloux, elle se sent peut être fl attée mais en même temps, la peur prend racine. Peur de lui déplaire, de lui faire de la peine, peur de ses réactions, peur de tout perdre. Elle ne dit rien et accepte cette situation.

Puis viennent les humiliations. Il l’in-sulte, lui reproche sa façon de s’habiller, d’avoir pris des kilos, de faire à manger, d’entretenir la maison et ne se gêne par pour faire ces remarques en public. Il est de mauvaise foi mais la fait passer pour une menteuse. Il utilise un vocabulaire humiliant pour qu’elle soit bien cons-ciente du peu de valeur qu’elle a. Elle pense qu’effectivement, elle n’est pas à la hauteur, elle se donne beaucoup de mal pour satisfaire les exigences de son mari. C’est peine perdue, il n’est jamais satisfait.

En tant qu’homme, il estime nor-mal d’assurer à lui seul le revenu de la famille. Il gère l’argent, y compris celui qu’elle a épargné avant le mariage. Elle doit demander chaque centime même pour acheter les aliments de base. Il se fâche, disant qu’elle dépense trop ou lui fait bien remarquer que c’est grâce à sa grande générosité qu’elle a pu acheter cette belle robe… C’est aussi lui qui a son passeport. Si elle est étrangère, elle se retrouve sans papiers…

Elle se sent dévalorisée, perd toute confi ance en elle, elle est triste et sou-haite être réconfortée par sa famille. Il ne supporte pas l’idée qu’elle puisse lui échapper. Il l’aime, c’est SA femme. Il estime qu’elle lui doit tout et comme elle commence à se révolter, il la trouve bien ingrate. « Comment, je te donne mon amour et voilà comment tu me traite ? ». Il la menace en faisant du chantage sur les enfants et comme elle ne veut sur-tout pas qu’ils subissent cette violence, elle cède.

Mais ça ne suffi t pas, si elle l’aime, elle doit se montrer soumise. Il n’est jamais satisfait, il l’utilise pour éva-cuer son stress ou parce qu’il a trop bu et il commence à la frapper. La pre-mière fois, elle est surprise mais il sait qu’il est allé trop loin. Il revient en s’ex-cusant avec un gros bouquet de roses : « Excuse-moi, je me suis emporté, ça n’arrivera plus, je te le promets, je t’aime tant ».

Mais voilà, il y a une seconde fois, celle où elle a oublié de lui acheter une bouteille, celle où elle n’était pas là quand il est rentré. Il l’insulte, la frappe. Dans 80 % des cas, c’est la tête qui est heurtée.

Il lui arrache ses habits, les déchire et pour bien lui montrer à qui elle appar-tient, il la viole. Les enfants sont dans la chambre d’à côté, ils dorment. Elle pense qu’ils dorment, mais le bruit les a réveillés et ils sont terrorisés au fond de leur lit. Elle va subir ce viol en silence pour préserver les enfants.

Vivant dans la terreur, le désir pour son mari a disparu. « Tu ne me donne

pas satisfaction, tu es ma femme, accomplis ton rôle d’épouse ». Les rela-tions sexuelles forcées, l’obligation de satisfaire à ses désirs sexuels, même les plus pervers, s’enchaînent. Elle se sent sale, humiliée mais n’ose rien dire. Elle a peur d’être encore plus maltraitée, peur que ses enfants subissent aussi les violences de son mari. C’est très sou-vent le cas.

Ce n’est pas qu’il désire sa femme. Il la viole parce que c’est l’acte suprême de soumission, il la possède. Elle subit par peur de représailles, parce qu’elle ne sait pas où aller, parce qu’elle n’a pas d’autonomie fi nancière. Mais elle l’accepte aussi parce qu’elle l’aime. « Comment est ce possible ?! », dites-vous. Malgré toute cette violence, il peut aussi être charmant, adorable, protec-teur. Il lui fait comprendre que sans elle, sa vie n’a plus d’importance. Il est très fragile et elle sait que ce qu’il dit est vrai. Sa fi bre maternelle la pousse à le proté-ger malgré tout.

CE QUE DIT LA LOI

La violence conjugale est courante. Laurent Moutinot, conseiller d’Etat à la tête de la police genevoise, affi rme que chaque jour, la police intervient de trois à cinq fois pour des violences domesti-ques. Il est diffi cile d’estimer quel pour-centage de femmes sont battues car beaucoup ne disent rien. D’après une étude faite en Suisse sur 15.000 fem-mes, 21 % auraient subi des violences psychologiques et physiques au cours de leur vie.

À ce propos, signalons que les hom-mes sont aussi victimes de violences conjugales. Ce sujet est le tabou des tabous. Un homme, fort, viril, est mal-traité et battu par sa femme. Comment

est-ce possible ? C’est plus courant qu’on ne pourrait le croire. Malheureu-sement les « mantes religieuses à face humaine » existent et il est beaucoup plus diffi cile pour un homme de l’avouer sous peine d’être ridiculisé. Mais il faut le dénoncer. Les femmes violentes doivent aussi être poursuivies pour maltraitance, au même titre que les hommes.

Les actes cités dans cette histoire sont tous répréhensibles. Depuis plusieurs années, le « devoir conjugal » n’existe plus. Une relation sexuelle, même entre conjoints, doit être librement consentie. Que ce soit en France, en Suisse ou en Belgique, les violences au sein du cou-ple constituent une circonstance aggra-vante. Le fait que la victime d’un viol soit la femme ou la concubine n’atténue en rien la responsabilité du violeur. Suivant la gravité des faits, la sentence va d’une simple amende à la prison à perpétuité.

QUE PEUT FAIRE MADAME

Parlez-en autour de vous, à votre famille, à vos amis. Ne croyez pas les protéger par votre silence. Ceux qui vous aiment feront tout pour vous aider. S’il n’y a personne dans votre entourage à qui vous confi er, téléphonez à une association de femmes battues, par-lez-en avec votre médecin, à un assis-tant social. N’ayez pas peur de perdre vos enfants, au contraire, ça leur sera salutaire. Allez à l’hôpital faire un cons-tat même si vous n’avez pas de mar-ques. On peut faire un constat de votre état psychologique qui atteste des vio-lences que vous avez subies.

Un viol conjugal ne laisse que très rarement des marques car la pression est plus psychologique que physique. Il faut quand même le dénoncer. Por-ter plainte permet de faire reconnaître

offi ciellement son agression mais c’est un acte qui demande beaucoup de cou-rage. Il faut témoigner devant un ou une agent de police. On va vous poser beau-coup de questions, mettre en doute vos affi rmations et vous devrez prouver les faits. C’est très diffi cile à vivre et c’est la raison pour laquelle il est préférable d’être entourée par des personnes com-pétentes qui vont vous soutenir et vous défendre. Pour les contacter, rensei-gnez-vous auprès des associations.

QUE PEUT FAIRE MONSIEUR

Les actes violents révèlent qu’il existe un problème. Les conséquences de ces actes ont de graves répercussions sur la famille, y compris les enfants, même s’ils n’en sont que témoins. Mise à part la souffrance engendrée et endurée, dès la première agression, l’auteur peut être mis en garde à vue, sous contrôle judi-caire, voire en détention provisoire. Lors du procès, l’agresseur risque une lourde peine de prison et peut être contraint de payer des dommages et intérêts à la vic-time.

Si vous êtes conscient de votre pro-blème et que vous souhaitez vous en sortir, consultez un thérapeute spécia-lisé. Seul, vous ne pourrez pas y arriver, vos émotions vous dominent, vous avez besoin d’apprendre à les gérer.

Genève : VIRES Tél. 022 328 44 33 Courriel: [email protected]

France : http://www.sosviolenceconjugale04.org/hommes.htm

ET VOUS, TÉMOIN DE VIOLENCE CONJU-GALE

Trop souvent, on ferme les yeux car on ne sait pas quoi faire. Si on intervient directement, il existe des risques d’ag-graver la situation. Alors que faire ?

Si votre voisine, votre collègue, votre amie ou quelqu’un de votre famille est marquée au visage, que vous entendez des bagarres répétées, n’hésitez pas à lui en parler. Vous êtes là pour l’aider, pour en parler et éventuellement pour l’accueillir si elle a besoin d’un refuge. Affi rmez-lui que ce n’est pas normal, que la loi est en sa faveur, qu’il existe des moyens pour résoudre cette situa-tion. Vous pouvez aussi contacter une assistante sociale ou la police.

CATHERINE KELLER LA GRANDE ÉPOQUE

Pour en savoir plus : www.stop-violences-femmes.gouv.fr

Ce site explique en détails la loi fran-çaise sur les violences faites aux fem-mes. Il donne les liens des associations qui viennent en aide aux femmes violen-tées. Tél : 3919.

h t t p : / / w w w . s o s f e m m e s . c o m /ressources/contacts_tel_local.htm Cet autre lien communique les adresses et les téléphones pour la France et la Bel-gique. On y trouve entre autres le Col-lectif contre les violences familiales et l’exclusion à Liège 04 / 223.45.67 ligne d’urgence ouverte 24heures/24. Col-lectif et Refuge pour Femmes Battues permanences juridiques tél. 24h/24 : 064/21.33.03

À Genève, le site www.solidaritefemmes-ge.org procure toute l’aide dont les femmes victimes de violences ont besoin.

Le centre Lavi www.centrelavi-ge.ch communique aussi sur le sujet. Ce site est en cours de construction.

Source : colloque franco-suisse sur le viol conjugal de novembre 2008

983714652

576328491

241596387

392157864

164832975

857469123

615283749

738945216

429671538

Le viol conjugal existe, parlons-en pour mieux le comprendre

Quand l’amour rend aveugle, un peu de discernement peut éviter d’immenses souffrances.

Photos.com

16 – 31 MARS 2009 ● La Grande Époque1414 SociétéSociété www.lagrandeepoque.com

5 continents 18 langues 30 pays

Le journal le plus distribué dans le monde

Votre publicité dans La Grande Époque :

01 45 86 41 95

Page 15: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

NOUS SOMMES nombreux à souhaiter soutenir le développement durable mais de nombreuses questions surgissent. Que faut-il faire vraiment ? Combien ça coûte ? Où trouve-t-on ces produits ? Comment les utiliser ? Que devient notre confort ? Alors qu’il s’agit de la survie de notre planète et que les effets de nos comportements passés se font déjà sentir douloureusement, les politiciens se met-tent à la tâche.

Pour la septième année en France, le ministère du Développement durable organise la Semaine du développement durable du 1er au 7 avril pour sensibiliser le public aux notions du développement durable. Il souhaite inciter les consom-mateurs à modifi er leur comportement quotidien en leur proposant des actions concrètes.

Le ministère soutient les entreprises, les collectivités, les associations, les ser-vices publics et les établissements sco-laires qui souhaiteraient organiser des activités de sensibilisation et d’informa-tion sur le thème de cette année : la con-sommation durable. Des partenaires aussi étonnants que GDF SUEZ, Carrefour, la Fnac ou les éditions Bayard adhèrent à cette Semaine. Pour cette occasion, les magazines des éditions Bayard explique-ront l’écologie aux enfants.

Le salon Planète Durable, qui se déroule à la porte de Versailles à Paris du 2 au 5 avril, accueille des centaines d’ex-posants présentant des produits en lien

avec le développement durable. À visi-ter pour découvrir comment consommer autrement avec plaisir, pour notre con-fort et pour un monde plus respectueux de l’humain et de son environnement tout en restant économique.

Un fi lm sortira en avant première durant cette semaine et dans les salles le 8 avril. Il s’agit de Nous restons sur terre d’Olivier Bourgeois et Pierre Barougier. C’est un état des lieux de notre impact sur notre planète.

Le site ADEME propose de nombreu-ses idées pour être un éco-citoyen. En voici quelques-unes.

L’ALIMENTATION

Choisir des légumes et fruits de sai-sons, des produits bio et ou provenant du commerce équitable. Boire l’eau du robinet (éventuellement la fi ltrer). Con-sommer moins de viande et de pois-son et remplacer ces protéines par des légumineuses, des œufs ou du fromage. N’acheter pas plus que l’on consomme, faire une liste et privilégier les produits en vrac avec peu d’emballage. Composter les déchets organiques.

LES COSMÉTIQUES

Préférer les cosmétiques bio car ils sont censés ne contenir aucun produit chimique tel que le parabène ou d’autres qui sont allergènes, parfois cancérigè-nes ou mutagènes et peu respectueux de l’environnement. Plusieurs labels cer-

tifi ent ces produits bio. Il s’agit de l’écola-bel européen la « Fleur », « Cosmebio », « cosmeco » et « BDHI ». Des tests ont été réalisés par l’émission suisse À bon entendeur. On y révèle que des traces de pesticides et des additifs ont été trouvés dans certains produits certifi és. Weleda était l’un des seuls à en être exempt.

La rubrique Art de Vivre de La Grande Epoque est entrain de tester des cosmé-tiques à élaborer soi-même, effi caces, bon marché et totalement bio, affaire à suivre…

LES PRODUITS D’ENTRETIEN

Quant aux produits d’entretien classi-ques, de nombreux agents toxiques pour la nature se libèrent dans la maison met-tant en péril notre santé. C’est la raison pour laquelle il est préférable d’opter pour des produits plus naturels portant le label « NF Environnement » ou l’écolabel euro-péen la « Fleur ». Ces produits ne sont pas tous aussi effi caces que certains pro-duits traditionnels mais il en existe d’ex-cellents. Quelque soit le produit choisi, privilégiez les écorecharges et utilisez la dose minimum de produit pour limiter au maximum la pollution et les déchets.

Là encore, le label ne garantit pas que le produit ne contient pas d’ingrédients néfastes. Les fabrications « maison » sont une alternative vraiment écologi-que et bon marché. La rubrique Art de Vivre de La Grande Epoque y reviendra également après les avoir testés. Notons

déjà que le vinaigre d’alcool est un excel-lent adoucissant. Ajoutez quelques gout-tes d’huile essentielle de lavande ou de citron. Votre linge sera doux et parfumé pour moins d’un euro le litre et sans pol-luer.

LES FOURNITURES DE BUREAU

Au cours des 30 dernières années, la consommation mondiale de papier a triplé et continue de progresser. Il est préférable d’éviter tant que possible d’utiliser du papier. Lors de l’achat, choi-sir les produits labellisés qui assurent un meilleur rendement écologique que les papiers recyclés par exemple. Pour leur recyclage, pensez à bien les trier, tous les papiers ne sont pas recyclables. Les magazines, les journaux, les catalo-gues, les prospectus, les photocopies, les cahiers, les blocs, les enveloppes sans fenêtre et les emballages en carton ondulé sont des produits de qualité, pour les autres, choisissez un autre moyen d’élimination et évitez-les au maximum. Pour les crayons, stylos, plumes, encres, privilégier les produits naturels sans sol-vant toxique.

LES DÉPLACEMENTS

À l’achat d’un véhicule, mettez dans la balance son poids écologique et n’uti-lisez-le que lorsque c’est nécessaire. Pri-vilégiez les transports en commun, la marche et le vélo. Ce n’est pas toujours facile à faire, il faut se motiver. Marcher

rapidement 30 minutes par jour assure le temps de sport quotidien. Les trans-ports en commun, même s’ils sont bon-dés et pas toujours à l’heure, créent un moment de transition qui permet de lais-ser ses préoccupations au travail. À vélo, choisissez un parcours loin des grands axes et respectez la circulation pour évi-ter la pollution et les accidents. C’est un excellent sport d’endurance. Le covoi-turage se développe, mais il n’est pas encore optimisé.

D’autres sujets sont abordés durant cette semaine. Citons l’isolation de la maison, équiper sa maison avec des énergies renouvelables, acheter des appareils électriques à faible consom-mation, préférer réparer plutôt que jeter, utiliser parcimonieusement l’eau, pen-ser aux écolabels, respecter la nature au jardin comme ailleurs, en vacances par exemple.

CATHERINE KELLER LA GRANDE ÉPOQUE

GENÈVE

Pour en savoir plus :Semaine du développement durable

http://www.semainedudeveloppementdurable.gouv.fr/spip.php?rubrique1

ADEME http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=21435&m=3&catid=21436

Planète Durable http://www.planete-durable.com/

http://pro.nousresteronssurterre.com/

DEPUIS 2003, le « Jardin nomade » participe à recréer du lien social dans le 11e arrondissement parisien. Autour des fleurs et des légumes, on apprend à partager et à connaître ses voisins. Une initiative pionnière dans la capi-tale, qui a porté ses fruits aux alentours. Aujourd’hui, il existe une quarantaine de « jardins partagés » à Paris.

Actuellement, le manque de cohésion et de lien social est une réalité criante dans les grandes villes. Bien souvent, les habitants d’un même quartier ne se connaissent pas. Lors d’un sondage réalisé en mai 2006, 45 % des per-sonnes interrogées déclaraient discu-ter de temps en temps avec un voisin, sans plus. Un pourcentage encore plus important dans les grandes villes, puis-qu’ils étaient plus de 50 % à déclarer

ne pas connaître leurs voisins (source TNS Sofres). Pour lutter contre cette indifférence de voisinage, une associa-tion du 11e arrondissement parisien a eu l’idée d’un jardin collectif, le « Jardin nomade ». À la fois lieu de rencontre et bouffée d’air pur pour les citadins.

CONCEPTION DU JARDIN « NOMADE »Le « Jardin nomade » est sorti de

terre en septembre 2003, à l’initiative de l’association du quartier Saint-Ber-nard (QSB11). L’idée de départ, por-tée par Claudine Raillard, jardinière de profession, était de créer un lieu de vie commun au quartier, propice au par-tage et à la mixité sociale.

L’association a choisi une friche de 270 m², à l’angle de la rue Trousseau et de la rue Charles Delescluze, à proxi-

mité des écoles, et obtenu l’autorisation de la mairie pour aménager un jardin partagé. Cet endroit fait figure de pion-nier dans la capitale puisqu’il est le pre-mier à avoir été conventionné avec la ville et à avoir adhéré à la charte du programme « Main Verte ». Ce dis-positif a été mis en place en septem-bre 2002 par la ville de Paris pour faire face à la demande accrue des parisiens d’aménager des espaces verts. La mairie apporte ainsi un soutien maté-riel, méthodologique et financier lors de la création et pour le suivi du pro-jet, notamment en prêtant le terrain et en assainissant les sols. En échange, les jardiniers amateurs s’engagent à faire du jardin un lieu de vie ouvert à tous, convivial et qui favorise les ren-contres intergénérationnelles et inter-

culturelles.

SIX ANS PLUS TARDLe « Jardin nomade » est aujourd’hui

géré par 39 jardiniers et partagé entre espaces collectifs et espace privés d’un m² où chacun est libre de culti-ver ce qui lui plaît. Des parcelles sont réservées aux écoles et collèges du voisinage et la structure sert d’outil d’insertion pour la classe d’adaptation (Clad) du collège Saint-Bernard, classe réservée aux élèves étrangers arrivés depuis peu en France. Récemment, l’association a mis en place des bacs surélevés, accessibles aux personnes âgées et handicapées. Des soupes sont également organisées, environ six chaque année, toujours dans un but de rencontre et de partage. Tout le monde est bienvenu.

Aujourd’hui, il existe une quarantaine de jardins partagés sur Paris, dont 32 entrent dans la charte « Main Verte ».

BIENTÔT 40 ANS DE JARDINS PARTAGÉS À NEW YORK

Les jardins collectifs urbains sont nés à New York au début des années 1970. Liz Christy, une artiste qui vivait à Manhattan, ne supportait plus l’état de décrépitude de certains terrains vagues. Avec quelques amis, elle uti-lisa des méthodes énergiques pour y remédier : lancer des seed bombs, petits sacs remplis de graines, par-des-sus les palissades des terres laissées à l’abandon. Les Green Guerillas (gué-rilleros verts) étaient nés. Ils ont per-mis l’émergence des premiers jardins communautaires. En 1978, la munici-palité de New York lance le programme « Green Thumb » afin d’aider au déve-loppement de ces parcelles, prenant conscience de leur rôle décisif dans la lutte contre la ségrégation raciale et sociale. Trente ans après, plus de 600 community gardens ont poussé dans les quartiers new-yorkais.

www.greenguerillas.org

Pour en savoir plus : Le réseau du « Jardin dans Tous Ses

États » (JTSE) est un réseau national qui aide à la mise en place des jardins partagés : www.chenelet.com

Roselyne Demarge, responsable du jardin, association de quartier Saint-Bernard. Tél : +33 6 12 42 98 83 / + 33 1 43 57 69 07

Association du quartier Saint-Ber-nard, 16 rue Charles Delescluze, 75011 Paris www.qsb11.org

La Semaine du développement durable, ça marche !

À Paris, le lien social se cultive dans le jardin

« Le Jardin nomade s’inscrit dans une logique non pas consommatrice, comme c’est trop souvent le cas, mais active. Les habitants se réapproprient l’espace public pour aller vers les autres. Même si la société est encore très majoritairement individualiste, il y a une forte envie de retour au collectif. Des gisements de bonne volonté se cachent un peu partout et des initiatives comme Immeubles en fête où ces jardins collectifs sont des facilitateurs de rencontres, des diffuseurs de bonnes pratiques ». Atanase Périfan, créateur de l’initiative Immeubles en fête, adjoint au maire UMP du 17e arrondissement parisien.

Reporters d’Espoirs

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 1515Art de vivreArt de vivrewww.lagrandeepoque.com

Page 16: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 15-31 Mars 2009

La Grande Époque ● 16 – 31 MARS 2009 1616CultureCulturewww.lagrandeepoque.com

Bien avant l’heure de sa vulgarisa-tion au niveau du grand public et alors qu’aujourd’hui elle se déma-térialise par la numérisation – est-ce la dernière étape de son aventure ? – la photographie cou-leur apparaît très tôt – un demi-siè-cle – après l’invention en 1826 de la photographie proprement dite par Nicéphore Niepce (1765-1833) suivie de son perfectionnement en 1838 par Louis-Jacques Mandé Daguerre (1787-1851), inventeurs français tant l’un que l’autre.

L’IMPORTANT APPORT DE LA PHO-

TOCHROMIE

Apparu avant 1880, inventé et mis au point conjointement par le Français Léon Vidal et le Suisse Hans Jakob Schmid, le procédé Photochrom, à mi-chemin entre photogra-phie et lithographie permettait de colorier un négatif photographique noir et blanc de la même manière qu’une lithographie et selon les mêmes techniques. Il fi t l’objet en 1888 d’un brevet déposé par la société Orell Füs-sli à Zurich qui l’exploita ensuite sous la mar-que PZ (Photoglob Zurich).

Premières images en couleur d’un monde en pleine mutation, les photochromes PZ furent produits massivement jusque vers 1920 et quelque 30.000 vues fi guraient au catalogue Photoglob : vues d’Égypte et de Terre Sainte, de Naples, de Venise, Paris, Londres, Madrid, des Alpes suisses ou de la Riviera, du Rhin, du Danube, de l’Inde, mais aussi de Chine, de Singapour… ; puis sont venues celles des Chutes du Niagara, des steamers du Mississipi, du Grand Canyon, des rues de New-York et encore du Canada et de Cuba… Mais il y eut aussi la reproduc-tion photochromique des grandes œuvres d’art, de la Sainte Cène de Léonard de Vinci à l’Angélus de Millet, restituées dans leurs moindres détails.

Infi mement plus évocatrices que les pho-tographies en sépia ou les cartes postales colorisées, ces images devaient rencontrer un succès triomphal aux Expositions univer-selles de Paris en 1889 et 1900.

L’EXPOSITION ACTUELLE

Inaugurée le 26 janvier 2009 et devant durer jusqu’au 18 avril, et pour la première fois au monde depuis leur tombée dans l’oubli, une exposition constituant un véri-table retour dans le passé avec très forte connotation émotionnelle réunit à la Biblio-thèque Forney1, 300 photochromes choisis dans la collection personnelle de plusieurs milliers de pièces du graphiste et photogra-phe français Marc Walter, également un des commissaires de la manifestation. Elle est articulée en quatre salles très didactiques :

Salle 1 : Du noir et blanc à la couleurSalle 2 : Les voyages et les portraits Salle 3 : Architecture, art et objets d’artSalle 4 : Salle américaine : Amérique du

Sud et Etats-Unis/Canada(du mardi au samedi de 13h à 19h)

LES AUTOCHROMES D’ALBERT

KAHN, ARCHIVES DE LA PLANÈTE

Une dizaine d’années avant l’abandon des photochromes, le relais devait être assuré par un Alsacien originaire du Bas-Rhin, Albert Kahn, né à Marmoutier le 3 mars 1860, il y aura 150 ans en 2010.

Venu s’installer vers 1895 à Boulogne-Billancourt, il s’est entretemps orienté vers la profession bancaire ; il est employé de ban-que à Paris dès sa vingtième année. Il pour-suit ses études en amitié parmi d’autres, avec son contemporain Henri Bergson, qui va exercer sur lui un ascendant philo-sophico-idéologique déterminant. Parallè-lement, il connaît une ascension décisive dans sa profession, qui l’amène à devenir en 1892 le principal associé de la Banque Gou-dchaux à Paris et, dès 1895, il est considéré comme l’un des fi nanciers les plus impor-tants d’Europe.

Animé d’un idéal de fraternité universelle, il va mettre à son service les moyens dont il dispose désormais, en attendant qu’il fi nisse ruiné par la crise de 1929 et meure à 80 ans le 14 mars 1940, sans avoir fondé de famille et s’étant toujours par modestie maintenu en retrait de son œuvre.

Cette œuvre, celle d’un mécène huma-niste totalement altruiste et désintéressé au

plan personnel, le conduit : - d’une part à acquérir avant 1910 quatre

hectares de terrain vague à Boulogne-sur-Seine (qui allait devenir Boulogne-Billan-court) pour y aménager progressivement l’ensemble paysager appelé Les jardins d’Albert Kahn qui allait être la trace visible de son intérêt passionné pour la diversité et le dialogue des cultures. Il s’agit d’un jardin dit « de scène » se composant d’un jardin fran-çais complété par une roseraie et d’un ver-ger, d’un jardin anglais, d’un marais suivi d’une prairie, d’une forêt bleue et d’une forêt dorée, d’un jardin japonais et enfi n d’une forêt vosgienne.

- d’autre part, à l’occasion des voyages de négociations qu’impliqueront longtemps ses hautes fonctions de « décideur » avant la lettre à engager des photographes, tels que Stéphane Passet et Roger Dumas, qui utiliseront dès 1913 les fort chères pla-ques autochromes mises au point par les frères Lumière à partir de 1903 et commer-cialisées en 1907 permettant la reproduction des couleurs grâce à l’écran polychrome qui leur était incorporé sous forme de grains microscopiques de fécule colorés au rouge-orangé, violet et vert et aboutissant à un positif photographique couleur transparent aux couleurs déjà très proches des réelles. Ils vont prendre le plus grand nombre pos-sible de vues du plus grand nombre possi-ble de régions du monde, afi n de constituer les « archives de la planète », un fabu-leux patrimoine culturel photographique quasi-universel, un irremplaçable support concret pour l’historien, infi niment plus pré-cieux que les meilleurs récits ou témoigna-ges. Ayant échappé comme par miracle à la destruction ou à la dispersion, ces vues sont, aujourd’hui encore, conservées à Boulogne-Billancourt dans le domaine même d’Albert Kahn où il devait décéder, sous l’égide très vigilante du Conseil général des Hauts-de-Seine, qui commença à constituer sur place le musée Albert Kahn2 à partir de 1986 et salarie actuellement tout le personnel voué à sa conservation, de plus en plus élaborée et dotée du matériel le plus perfectionné pour ce qui concerne la mise en valeur de ce qu’il renferme, soit quelque 72.000 autochromes tous datés et 170.000 mètres de fi lm (noir et blanc).

LE FONDS ALBERT KAHN INFORMA-

TISÉ POUR LA RECHERCHE (FAKIR)

Compte-tenu de la nature de la collection (plaques de verre principalement au format 9 x 12 cm), les originaux sont conservés dans des conditions de température et d’hygro-métrie bien choisies et ne sont plus expo-sés à l’air libre.

Depuis 2005, par tranches successives l’ensemble des collections, y compris textes et matériels est numérisé, tant à l’adresse du public que des chercheurs et profes-sionnels.

EN GUISE DE CONCLUSION

L’humanisme généreux, dont Albert Kahn est un exemple archétypique et quasi-uni-

que qui a eu l’immense mérite d’exister n’a à l’évidence pas rencontré dans la vie pratique les réponses auxquelles il croyait pouvoir s’attendre de la part des hommes et pour l’obtention desquelles il s’est investi com-plètement jusqu’à s’anéantir personnelle-ment. Car les relations humaines sont moins marquées par la bonne volonté et l’amour de l’autre que par l’opposition radicale d’in-térêts politiques et idéologiques le plus souvent inavoués, à moins qu’ils ne soient inavouables. Les très graves avanies réser-vées assez habituellement aux photogra-phes de presse sur les théâtres de crises en sont la trace parmi d’autres, comme la mul-

tiplication des affrontements un peu partout dans le monde qui sont le désastre croissant de la planète. Quelque 70 ans après la mort d’Albert Kahn apparaît plus que jamais l’in-suffi sance de l’homme face à la gestion heu-reuse de ses propres destinées…

HENRI DURRENBACH

1 Bibliothèque Forney, Hôtel de Sens, 1 rue du Figuier, Paris 4e

2 Le musée Albert Kahn, 14 rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt est ouvert du mardi au dimanche de 11 heures à 18 heu-res ou 19 heures selon la saison.

La photographie couleur… « avant l’heure »

Statue du taureau Nandi, monture de Shiva. Bénarès (Varanasi), 29 janvier 1914. Autochrome de Stéphane Passet, inv. A 4 432 S.

© Archives de la Planète - Musée Albert-Kahn - Département des Hauts-de-Seine.

Porteurs d’eau. Bombay (Mumbai), 14 décembre 1913. Autochrome de Stéphane Passet, inv. A 4 371.

© Musée Albert-Kahn - Département des Hauts-de-Seine