La génération du Djebel (supplément La Vie du 25 janvier 1961)
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a u
LA V IEC A T H O l l l l U E
S e m o i n e d u 7 S j a n v ie r a u 1 " ' f e v r i e r 1 9 6 1
UNE ENQUETE DE
LA VIE
eatholique i"ulltr@e
E 20 novembre dern.im-, nous avOfts publie un questionnaire et
un oppel. L'un et ('outre etoient adresses G U X ;eunes Fran~ais
qui ont, pendant leur service militaire, fait la guerre en Alge.
rie et qui, aujourd!kui, revenus (i la vie civile, vont "voir afaire la France. lls etaient silencieux, disait-Oft. an . ne savait
pas ce qu'ils pensaient, qui ils etaient, si at comment la guerre
LIRE P AGE'S S U I V A N T E S
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l' a m i
l i d a s s e
n ' e x i s Ie p l u _ sNous ne savions pas, 'en Iancant cette
enquete, que tant de soldats anciens
d'Alge.rie nous auraient repondu, Nous
_.avons l'e9u a ce jour. pres d'un millier
de reponses et nous avons depouille unechantillonnage de 607 xeponses prises
au hasard, Ces reponses nous engagent
formellement devant Ies appeles qui les
ont ecrrtes paree que ceux-ci nous fai-
saient confiance et _parce qu'il fallait
imperieusement que la verite sortit d'eux,
toute grosse, gemissanw et toute ensan-
glantee comme un enfant sorj d'un
ventre DU· il etait depuis plusieurs
mois,
.v Did donc ce contingent sous nos
yeux. 607 soldats, eela equivaut ap-proximativement a I'effectif d'un ba-
tafllon, Void leur bled et leur tente,
void leur cafard et leur [oie, void lellTs
copains et leurs ennemis, voici leurs
souffrances qui souffrent encore, void
leur remords qui regrette encore, void
leurs yeux qui regardent encore. Les
uns nous remereient, les autres nousadjurent de ne pas nous taire. « Alors,
au milieu de toute ' cette monstrueuseabsurdlte, depuis man retour, je _reste
bouleverse par tout cela ), dit 1'un.
e Quand on a vu ce qu'on a vu, on a
envie de se taire parce que c'est pas
beau :» , dit un autre. Un autre -encore·:
e Non, laissez-mol mon souvenir. II fait
partie de rna vie. II m'appartient a moi
et a . Dieu seuI. )
UN LONG CRI DE REVOLTE
-J'al passe des jours et des nuitssur
ces questionnaires et les Iettres, cer-
taines tres Iongues, qui Ies accompa-
gnaient. Et j'avais'l'impresSion d'avoir
dans les mains 18 condition humaine
dans ce qu'elle a de plus beau et de
plus abject, Et certains souvenirs per-
sonnels d'Algerie me sent encore re-
venus '" souviens-toi, tu n'as rien dit,
tu n'as Tien fait quand on Ill'S a plon-ges dans I'ousd et que leur visage avait
Ia couleur du ciment, II Je :parle de la
torture que les' consignes Dffieielles du
pouvoir n'ont pas encore extirpe des ha-
bitudes de certains. Nous ne serions pas
chretiens, nous ne serions meme pas des
journalistes dignes _de ce nom si nous
l'efusions de publier Ie long cri de revolte
qui dec-hire encore 87 temDins ou ac-
teurs de tortures. Les 87 soldats d'AJge-
de qui tE~moignent devant nous de ce de-
sodre intellectuel, moral et politique, ce
desordre absolu, ne peuvent etre demen-
tis par quiconque, « Je suis tellloin,
nous eerit un sergent, nous sommes dt's
celltaines de milliers de temoins, &U-
euntribunal n'aurala patience ni Ie
~emps de nous entendre tous. » .
Par ailleurs, queUe valeur aecorder
it ce questionnaire? II vaut ce que v a -lent les spnd-ages d'opinion qui tous -
d' A.lgerie les (j:ooif CM11ges. Nemsnous somm.eS(Jdresses a . euxpour ess(lliet', a notre tour, a p r e sIll'Smouvenwnis de jeunesse, ih
decou-vrir leUr visage et de te sfa.ire parler. Bien n'est plusimpurtant. Nutre avenir en d e · ,pend. N (}118 nous adressions aeux avec cunJwnce, ma-is sans
gronll e~uir. On nems affi,f'-
moit qu 'Hs nil' reptmdraient pft.ll.'Notre attente n'(J pourtont pas
.It.! d e! l1 le . 1 1 8 tmt .lie nmnbr€U.x
a I'epmuire, ires nmnbreux
meme. e l l ' stmt les pf'emiers reosultaf3 decdte enque1e pas"
siontmnteque nons dQ1l.nons
aujourd'hui en supplim-enf ii
nos l-edenrs. Nons .avitmS sen-
ge a T o pubLi~ des Itt· fin de
decembre, mais HQUS nil' llon·
lion.'! pa.s, si peu que ee IOU,
troubler Ill'S esprits au mi1'lllent
du r#erendum. n nom semble
mainte'lllJnt que 1WltS 80mmes
entres dllns une periude d'lIpai-
sement et- qu'Qn peut en par-
Ier plus libremen1 qu'il y' aquelques mOl.'!;· Nom voulons,
'on1ejois, ·alllln! ih c e d · I l ' I ' Ia pa·
f'ole Ii 'nO's jelmes correspon-
danls preesser un cerhlin n8lll'
bre de points.
oCette enquete n' IJ pus povbut de porter un jRgemenl S
Ia guerre d' A\gerie et su
l'armee .. Nons savon8, et mU
l'avom dit souven'fici, qu'iI n'y
o po.'! de nation moderne n
d'E'la f -f O 1 ' t .'lans aMlle e. Crml-Ie con:t'l'aif'e est une chim~rNO'Us sallO'ns aussi que Pal'1llu
franca;'.'!e a fait en A.lgerie sodevoir SQUS 10 [orme oit on lu
deman.dait de Ie faif'e. Lea dilieultes qu'eUe a r·cnetmtrfeciennenl du fait que T o guemrevolutiontmire qui lui Iha
imp usee eta.it pour eUe " I. lois ten'ible etneuve. IDle lu
clmrgee, aWf'S, de taches q 1n'etaient pas tmtureflement !siennes. EUes ol!aient de.II I p o
liee dans les villes a l ' inslMlIlo
tiondes populatiuns dllns le
camp agnes. C'esf ee que VignappeI4it': servitudes et gun
deur militaires, Us deux S O I
!uujonrs milees.
It fautd'aiUeurs remO,rq1
aussi bien faits sotent-ils - recelent
un certain, pourcentage d'erreurs merne
statistiques. II· y a toujours deux Iac-teurs humains, qui se glissent dans
l'arithmetique des sondages : l~ leeleur
qui y repond et I'enqueteur qui de -pouille les reponses. Notre ambi-
tion etait'de recueillir des. indications
sur Ia mentalite du contingent; en Al-
gerie d'une part, de retour en metro-pole d'autre parl Autrement dit, nous
voulions savoir comment et pourquoi Ie
.long sejour dans Ie djebel, Ia chasseaux fellagas, la nature meme de Isguerre subversive qui' tente de faire de
tout Arabe un suspect et de tout sus-
pect un coupable avait pu modifier
l'attitude morale et spirituelle d'une
jeunesse embarquse a 20 ans pour l'AI-
gerie et debarquee en metropole deux
ans apres,
aura done eu .cet avantage :elle a jet
les [eunes dans la verite et la ju.st ic
negativemenj decouvertes mais presqu
unanimement admises,
LES TRUELLES ET LES FUSlLS
Ainsl rami Bidasse, ce conse
braillard et . so t , est mort en Algerie.a eteremplace par eet homrne prema
turement mur, grave, ehaleureux en s
cret, emu au dedans, discret, silencieuxsans illusion mats vrai, qui debarqudes cales du cargo VUled' Alger a v e
dans sa musette des souvenirs. noi
qu'il garde pour lui parce qu'il m
veut pas etre la dupe des marchand,
et des politiei ens. En Algerie, il a e o n
nu la verite des combats, -la eruau
des rebelles, la verite des camaradela valeur absolument inoure mais t o u
[ours menacee de la vi-e, il a V
la scuffrance qui hurle, la m L s k r
qui erie, il a vu en action, faIts c h a i
et sang, Ie bien et le mal et enfin ill
admire et aime jusqu'a hi. passion c e l i
terre absolument m~e, CElS diebels pa
vres et aussices plaines de Chanaanil
Sahel, d'Ol'anie et de la Mitidja. Etde
alors, remettant ·son sac et pOliant lqui1le en bandouliere qu'il s'est deco
vert l'amant fascine de ce pays en do
leur d'enfantement. Ab! si la paix If
venai t, -je suis sur que des milliers d'ap
peles aimeraient remharquer et trave
: ser la MCditerranee pour const1"ui
batir, soigner, guerir, apaiser,aimer ..
Les fusils etaient lourds et poisse
de sueur et- d-e sang. Les mechtas bn
laient t r o P bien. Ah! si demain nO
pouvions troquer nos armes contre d
truelIes!
DES HOMMES FRATERNELS
Et iei, nous quittons Ie desespoir ell'abjection de « l'interrogatoire » .1 de
Ia bombe rue d'Isly et de l'egor_
gement felIaga pour trouver unej,eunesse
'. saine dans ses jugements, courageuse
au combat, hatemelle dans ses rap-
ports avec la population musulman,e, et
nullement raciste. Du milieu des tene-
bres g . e cette guerre atroce a done sur- .
gi la maturite intellectuelle, l'equilibre
et la fratemite de cette generation du
cljebel qui n's rlen a voir avec Is my-
th()logi~ des inventeurs- de la Nouvelle
Vague! Les valeurs qui au retour se-
duisent le plus ..nos soldats sont: la
liberte, l'amour d'une femmeet Ie de-
sir d'effacer Ia misere de lacarrte du
monde. Cette guerre d'Algerie, sans vi-
sage, liquide, pestilentielie,et pleine de
claques comme Ie visage d'un marais, Xavier GRALL.
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qu e cerlains fai ts rapporh!s pal'
IIOB correspondanLs ont frait 0Ia r ep re ss io n . 1 18 datent de pl1£-rieurs I Innees. Nos lecfeurs d6i-
lJenf . savoir que les faifs de tor-ture onrlite, depuis, limites pur
Ie. Indoriles civiles et mUir.i·re I , dan s I" merure du possible.n " l 1 1 / i t dtmC ici,sous fa plumed e n08 correspondants, de reac·l i o n B actuelles sur des faitsIIlteiens.
ALt. reponses que nous pu-
~13 permetUnt de cumpren-
dr e eommen l a reagi Ii. .d,es e v e -MIIIttIh exception,wls uue par·ti e de ce que nous appelous : lafeneration du Djebel. Une par-
tie seulement. Le8 mille ripon-u. reClU!8 pAr nous vWnnent,
en eifel, de milieux en IJUl.jorite
trOYllnlsei pratilj;UBnts. Ce sml
de s re,w .l .Be8 spontahees . Enes
ont eli redigees par des gar-
CIItII appa r tenan t C . . ' f t ""ajorite Ii .
Ia dule nwvenRe e'pAt/sanne.J;l les ont efe ecrUes par des
ehreliens BYAn t nne sensibUiu<mOl'de vive. EUes ROUS01U eli;en uo yies p ar des ie·unes hom-
Ines qui c!prouvaient Ie besoind'urire. Nos correspondanls sesont chow eux-memes. I I . ! !
appartiennent 0 . fa classemoyenne. Us sont chretlffl,S. nne {o,td pas perdre cela de
vue si I'on veul comprendre
leur temoignage. L'ensemble de
letl.rs replnlSeS re:presente 'uwcontribution 0 . l'etude de Ia jeu-IW generlllton.
oIf y a dolts ees reponses
beaucoup de bonnes choses. Nos, correspmulants (tnl decou.vert fa
misere en Algerie. lls en onl.
e t e emus. 118 on! dkou"ert lasoIidarite des ormes. lis onfpreure sur leurs camaradesmoris. lbse son' indigtttls Surles diff iculws el Ie caracle,.eafroce d.'une gucrre revolution-
"aire. nsse sont poses la
ql!esi1on de savoir si ee contliLefait valable, s 'il fie durait puoS
"'op long temps. Mainlenantqu'ils sont revenus chez eux U·s
me tten !au premier plan desvaleurs morales importantes :la liberti, "amour conjugal, fa80lilialile soclale. C'est un bifan
posiltf. Nos correspoudanis onldone reRgi en hommes ayant dllcalUr et de Ia rl>flexion. Ilsaimeraient Ii 85 % , une lois fa
guerre linie, relOUMwr enAlgerie, revoir cette terre en-soleilMe O l i · ils on! risque etsOllff ert. CetI.:r d'entre eltz qui
C1"ovaient en Dieu ef qui prati.'luaient fa religion n'ont po.spel'du Ia fo-i, pas davanfuge elt
t4Juf cas qu'U ,,'o,rf'i·ve aux gar-
cous de leur age. Lee» person-
nalif~ Sl!7nble done avoir mflri
lI i·ba8. Ie nepar'le que de ROS
corrcspoMants, ie De puis par"leI' 'lue d'euz seuls.
e fIIous publions les repOltses
(' cetie enquete SOU-ll forme desupplement. Pourquoi ? Pour
permetb'e sans dottLe aux all-
lllOuiers militaires et alt:l: co-
mites 'de presse d'Algerie de De
point les diffttser en raison descirc&1tstances locdes on de
l'eta.t des esprits. n s'agit,aU,",st, dans notre pensee, de'.out autre chose. Nons avonsehoisi ooUe formule de presen-tation, surtout parce que ces
elt9t1etes 80cialcs ant un gl't,rnlsueces. II s'agit d'une initia-tive 7wuveUe. Nous voudf'ions,Ii partir de mainlefmnt, dDf~ner
plus de place Ii ~ reprooudion
des lettres redigees par ceuz'lui nOUN ecrivent. II s'agil sou>-
'vent de documents importants.NOlls les publieron.s, (lesormais,Ii part, sur huit pages. No-us Ie
. r erons, Ii nott vea u, dons trOO
m6is pou,' donner 0 . 'taus nO R
wdcmrs lea resultata d#initifsd'une enqttate que notl.8 a1J4nJ!
fa.ite sur les personnes iigees,Nous Ie ferons dans six moispour publier les lettres que noscorresporidanles nous adressenfActuellemenl sur la femme
francaise et Ie. travail.Telles sont Ies obseMJations
que ie devais presenter. Je
cede mainf,enant fa parole Ii
nos jeunes correspond-ants, Ii
eclui qui commente lettrs let·fres et qui, les uns et r e s autres,lorsqtt'iIs parZent de I'Afriqttedu Nord, . sllvent ce donI ilsparlenJ.
GEORGES HOURDIN.
I. COMBIEN DE MOIS A VEZ.VOUS SERVI EN ALGERiE ?
Enl,e 12 ""ois et 2 ani.. 348Entre 6 moil et 1 an .. 110
Plus de 2 ans 80Entre 3 at 6 moil. . . . . . 56
. Ne d is en t pal 8E l t g C I g e s elltre 2 et 3 ails. 5
Depuis Ie rappel sous Ie-drapeaux des classes 52/2 eL
5 3 1 1 qui sent restees 6 moo,notez qu'actuellement L a ma-
jorite des appelhs passent en
Alger ie entre 12 mois et 2
ans, Duree moyenne: 18mois .
2. DANS QUELlE ARME ETlEl-
VOUS ?
IlIion terie , 261",mes diverse. . . . . . . . .. 102Ar1ll4l bljnde~, cavalerie 72
Artille,le 61Poroohutistes 34Genie 33
",iation 24He r epo liGel it P'U 14Marille . . . . . . . •. 6
Dans armes diverses, com-
prendre : Service de sante,Transmission, Train, Service
de s essences et conunandosde chasse ·quand Ies hommes
de c{!scommandos n'ont ·pasprecise I'anne dont U s etaient
issus.
-
3. PROFESSION.
Petib ca.dres 129
Agriculteurs ,....... 110
Ouy.ie.s 94
Cadres 86
ArliSGII$ et commerS'ants. . 54 .Fanctioll1l4ires 46
Ne clilellt POI .... .... • 31Eeclesiastiques 29
Profession. libel-ales 13Etudionts 11
Militai,es de co.rie.e 4
ISociologiquement il s'agit
done d'une anquete qui a
touche toutes les couches de
Ia societe.
4. CLASSE.
57 15356 ..•.. ,............ 1 ..5158 ,............ 102
55 '. . . . . . . . . . . 7554 43Roppeles . 69Disent pos·. . . . . . . . . . . . 13
ILes gros pelotons sont done
des jeunes des classes 56, 57et 58, soit ceux qui auront
23, 24 et 25 ans en 1961.
5. QUEL GRADE AVIEZ-VOUS 1
fa la fin de yotre se ice).
Hommes de troupe 32.7SOIoIs·Offieie.s 2.01Officie.s 7 1
Ne ripolldent paIS 8
6. VIVIEZ-VOUS D A iN S L E
BLED 7 DANS UNf GRANOl
VILLE? DANS UNf PETITE
VILLE ~
Bled 453
Petites villes 17 8Graneles yilles . , _ . . . . . . . 66
Ne repondellt pas .....• 7
7. V1V1EZ-VOUS 0 A,NS UN
POSTE? A LA CASERN£ ~
SOUS L A TE N'f:E ?
Postes 333Tentes .2.48
Casernel 92Ne repondant pas. . . . . . . 2 2
Maisons ... 3
Iotez ici que les Iieux de
sejour et de casernement ont
change pour beaucoup auI
ours de leur. sejour. La vie
du contingent en Algerie sem-ble done tres Iluide et beau-coup plus nomade qu'au de-but de la guerre (conse-
quences du plan Challe).
8. ETIEZ.VOUS AVANT VOTRE
DEPART?
~i fi~nce, IIi marie .... 425F'ance ".... 135Ma,i; . . .. . .. . . . . .. 37Ne ,epolldent pas .. 8
• •
Pet it lexique
H.'L.·L. : Hors-lc-iol.
Fel, felloul<e : argot du con-
tingent signi·fiont fell ogho,
rebelle.
D.O.P .. : Derochement opera-
tionnel de protection. En
fait, orgonisme militoire
chorge du renseignement aI'echelon regimentaire.
0.... : Iniliales de Offjc;e~ de
Renseignemenl (rottoche au
2' Bureou).
Meehto : Petit hameau indi-
gene grouponl quelques ma-
sun~s generalement en terre.
(En Kdby<lie, les villages ~nt
Ie plus souvent en pierre.)
O.P.A. : Qr,ganisotion Politi-
'-'---1
des appe l e sQue Administrative. C'est
I'infrostructure .politiQue
des rebelles alg.hiens (char-
gee du renseignement, dureorutement, -des i-mpOts et
de 1 0 repression). L'O.P.A.
exerce une veritable tyron-
nie dons certains secteurs
du bled.
Ope : Ahreviotion du mot ope-
ration.
Ho,ko : Groupe de .suppletifs
mus\J ~mans combetton t dans
I'ermee fron<;aise (harkis).
Nombre : 60.000 octuelle-
ment.
C.T.C. : Centre de Toronsit O U
sont oHiciellement groupES
les suspects po"ur un com-
p1ement d'enqu'ete.
' "
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• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •9. ETES ·VOU S DEPU IS VOTRE
RETOUR 1
Ni fiance ni marie 26 1Ma lhI , ,.. . .. .. 216
~a~ ' ,. .98
Ne repondent pas 1.3Fian~ailles rO<fl1'plies ..... 12Divorce au separ.e 3 I
Trois divorces ou separes
"
seulement. La proportion des
fiancaflles rornpues semble
plus grande que celle des di-
vorces. Depuis le retour 176
se sont maries, 135 etaient
fiances avant leur depart 'et
98 Ie sont devenus depuis
leur retour.
1. AVEZ.VOU S EU DES R,EL A·TH )NIS AVEC L ES EU RO .PE EN S D ' AL GE RIE ?
Oui , t • 303Un ,pell 241
Non. ' , . . 57Ne repondent pas 4
2. A VOTRE AVIS , L E5 EU RO·PE EN S S ON T-IL S ?
Mediocres 275
Reservent leur illgement.. lAOMouvais , :.,.,. 118
Bons .. , ~ , . . . 48Ne ,epondent pas 28
I
IJa grande majorite, de
pres ou de loin, a done fre~quente 'Ies .Europeens d'Al-
, garie. Les jugements peuvent
parakre severes, Mais ilfaut
noter que la plupare de ceuxqui formulent un [ugement
l'assortissent de reserves et
se plaignent du caractere ca-
tegqriq10ledes questions .• C'estcomme partout, il > y a des
bons et des 'mauvais '" di-sent-Ils, Cependant on peut
affirmer que Ies appeH~s,
ceux qui nGUS'Gnt repondu,ont moins de sympathie pour
les Europeens que pour lesmusulmans,
3. AVEZ-VOU S EU DES REL A-TIONS AVEC L ,ES M U S U L -M ANS ?
Oui , .....•... , 419U n ,pell ., , 154
Non .' , , .. , , . . . . . . 27
Ne repo,ndent pas •....• 6
4 . L ES MU S U L M ANS S ONT.IL S :
Medioc,es , ,.... 217
Reservent absalument leur
jugement 175
Bans . ., .. ,. ., .. .. .. , 164
Ne repondent pa~ 36Mau>vais , .. , ,. . . . . . . 19
5 . A VOTRE AVIS ,_ L ES A l.GE .
RIENS M U S U L MANS S ONT :
Malheureux ,... 450
Copables , ,. 206
Fide-Ies , -.. 132Incapable. 118
T,oitres 110
Re$e,vent absolument leurjugement 64
Heureux : . . . 26Ne repondent pG! 18
IV
IMeme remarque que pre-
cedemment concernant Ies
jugements de valeur sur les
Musulmans. On se plaint ducaractara abrupt de nos
questions, Cependiant, 19 seu-
lement repondent que les
Musulmans sont • mauvais ».
Beaucoup, en face de In
question • Sont-ils traitres s
repondenl : •. Par rapport aqui, a quoi ? • Ce qui cons-
titue une . repGnse de bon
sens et peut etre regarde
comme un hornmage pour les
Musulmans que 450 appeles
- c'est le resultat le plus' net
- considerent comma • Mal-
heureux B Cette question se
trouve du reste recoup~ par
les deuxsuilV'antes. 473 [u-
gent les femmes musulma-nes malheureuses et 338 di-
sent avec neUete avoir e t eemus par Ia rnisere alge-rienne.
6. A VOTRE AV'IS , US , F EMMESM U SU LMANES E 'N AL GERIES ONT -EL L E5 ;
Mallheureu~es , ..
Ne .avent pas .Heureuses
473
98
35
7. L A M IS ER E E N A LG ER IEVO USA -T.EL L E :
Emu ., , 338
Scandalise 22 5Etann;; .. , . . . . . . . . . . 159
Ne repandent pes d" tout. 21
, Ne Ie .prononcent pas pou rdiverse. raisons ..... , 12
N.B. - Beaucoup se disent
scandalises et emus en meme
temps.
8 . f:N AL GE,RIE , AVIEZ-VOU SL 'IMPRES S ION I[)'HRE :
, A I'etranger 359
En France 177
Les deux (bled et ville).. 45Ne :repondent pas .. _.. . . 27
I
A l'etranger : 359 ! L'Idee
__ d'integration ne semble doncpas tres ancree dans I'esprit
du contingent. Une reserve
interessante faite par 45 ap-
pel{~s: ils fnnt la difference
entre Ie bled GUils nnt rim-pressinn d'iHre a l'etranger
et' la ville ou Hs ont l'im-pression d'etre en France.
9: A IM ER IE Z.V OU S R ETO U RN ER
EN AL GER~E .QU AND L A
PAIX S ERA REVENU E?
Oui
Peut-etreNon , , ' .
Ne r"'pondent
410
112
73
10O'$
IAinsi done, il n'y a pas
de doute, 4 anciens d'Alge-
rie sur 6 airneraient revoir'
ce pays qui leur est entre
dans le cceur apres qu'jls
l'eurent connu et peut-etre
meme hal,
L a m i s e r e
q u i h u r l e
•II est difliidle de juger
sainement les Musulmans
parce qu'ils sont pris entre
deux feux, paree qu'rls sont
dans la misere, parce qu'Ils
ont toutes sortes d'excuses,J'ai apprecie leur hospitalite,
je Ies ai vu emprunter du
t h e au vcisin pour m'en of-frir une tasse, me forcer amanger de leur galette f'rai~
chement cuite alors qu'ils
n'en avaient pour chacun
qu'un morceau 'minuscule.Certains m'ont offert un pou-
let ma!igre alors qu'ils n'en
avaient pas d'autres, Un
vierl Arabe m'a donne
malgre mon refus - un pa-
nier colore que j'admimis :
iln'avait pas un sou mais il
n'a rien VGuIu accepter.; •
(Ecclesiastique,
lieutenant rappele.)
" Mon pins mauvais sou-venir ? Le jour nIl un gosse
de 18 mois est mort devant
moi, II n'avait que la peau
sur Ies os, iJ Ctait mort de
Iaim. ,Jusque-lit je croyaiscela impossible. "
(Ouvrier, 57 2/B.
sergent.)
/
• Alors que j'etais station-
ne dans un petit "mage desAures, un [eune MusU'iman
de 9 a 10 ans, orphelin sui-
vant I'll dire de ses ealTIIa ra -
des, avait une malformation
de~ bras et des [ambes (i1
ma.I'Chait com me un quadJ'u-
pede), ilvenait tous les jours
a nntre poubelle nu ill trnu~
vait, puisqu'e nous Ie lui re~
serviGns, quelque chnse poU'r
son petit ventre affame. ~
(. d. 55 l1-C, agricu1teur,
sergent.)
Les Arabes ? Ou les d it
paresseux, Nous en avoas e u
II la ferme, prisonniers pen-
dant 1, 2 ou 3 mois, pour de
maigres delits, Je les ai VU I
travailler pendant les mois
d'ete a des travaux de rer-rassement et de maeonnerie.
Je ne suis pas sur que les
terrassiers francais scient
plus courageux qu'eux. Cer-
tains ne savaient pas manier
les GUms. Etait-ce paree
qu'Ils en etaient incapables?
Nou, e'est paree qu'on ne
leur avait jamais appris Ii
s'en servlr, Certa'ius culti-vent un petit bout de champ
a l'aide d'une charrue pri-
mitive, D'autres irriguent le s
bords d'nn oued .et labourent
avec un traeteur,
.. Ce qui m'a Ie plus frap-
pe, c'est leur profonde misefe(en general), dans les villa.
ges surtout. Je n'nublierai
pas ces enfants viitu!
de haillons qui VOIlS reo
gaxdent eomme le Bon Diea
quand "vous leur donnez U D
moreeau de pain. Ce pere,
prisonnier chez 1I0US, qui Demange pas et qui pleure ell
pensant a ses enfants qu i
n'ont peut-etre rien a man-
ger parce qu'iI u'est plus lit
pour gagner les 200 ou 300
franes pal' jo~r qui les fai-
saient vivre.; ~
(58 1/A. chimiste,M.d,L.)
• Un exemple que je cer-
tifie. Un ouvrier musulman
travaillant pour un pied-noir
etait paye 250 fr. anciens d e
la journee pour effectuer un
travail fatigant et etait traitecomme une bete, c'est dans
Ja ville de Batna meme qu e
j'en ai eu Ia preuve.
• Si r o n me demandait de
preciser, je le ferais, et ce
n'est qu'un exemple parmi
des centaines... ~
(2' cl. Employe d e
banque - 57 2/A. )
L e s
« p i e d s n o i r s » :
1 3 p a S S i o n , l a r a g e
e t l a f r a t e r n i t e
« Void en quelques lignesIe meiUeur moment que j ' a i
passe en Algerie. J'ai quitte
la France pour aller en AI·
5/14/2018 La g n ration du Djebel (suppl ment La Vie du 25 janvier 1961) - slidepdf.com
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gerie ClIr j e n'ai pas de pa-ren~ Je suis un orpbelin etje pu i s veus dire que depuismon enfance mon roeilleur
m o me nt c 'e st a cote des Al~geriens. Pour moi ils ont ete
Ires gentils et par cette ec-caslon j'ai trouve une Iamillea Cons t an t i ne , qui ont e teeom me un pere et un merepour mol, mus je n'ai r~u
aueune nouvelle d'eux de-
puis i j'elais blesse et ilsm'on t pris chez eux enco nv ales een ee, •
(Ouvrier, 53/2. 1"" C,)
• Apres avoir passe la jour-n e e en operation nous som-
me s arrives II 21 h. dans un
village.Les trottoirs rempla-
~ient les chambrees, C'etait
en janvier. n faisait froid.•Te
me decide 11 demander du
cafe a un colon. Accueil cha-
Jeureux. Ceete Iamlfle me
fournit huit litres de cafe
pour la section, •
(Etudiant. 57 2/A,sous-Iieutenant.)
• Mon plus mauvais sou-venir , je Ie dois aux Eu-
ropeens d'Algerie. I.e 24janvier 1960, a Oran, [e .
mesuis trouve mele, pal' ha-sard, en voiture, it une ma-
nifestation anti-gouverne-
mentale. Les manifestants,apercevanl la voiture Imma-
triculre en metropole, .con-
duite par un militaire, ont
voulu m'obliger a klaxennerle motif c Algerie ban-
~aise.. J'ai refuse pour deux
raiSons : etant militai.re, je
n'avais pas a prendre part aune manifestation, el 'par' ail-leurs, je reprouvais formeI-
lement Ie caractere de ces
manifestations. Mon :refusm'a valu de me 6Ure era- .-
1. AVEZ-VOUS PARTICIPE AOE
GRANDES OPERATIONS ~
Oui ,..... 374
Non ,..... 212
H e disent p il lS • •. •• •. . 20
I
Ains,iplus de la moitie ont
fait de graqdes operations ;
il s'agit Ie plus souvent de
la Kahylie et des Aiul'es. Le
nomblJ! de jours varie 'de 8
it 200,300jours sulvant lescorps.
mer a Ja figure par des [eu-nes ge,ns qui n'avaient eer-.tainement pas fait leur S0'l'-vice militaire. Ce geste deli-
cat fut accompagne de ces
mots : • Voila pour 1'ar-
m e e • . J'ai ete rapatrie deuxJOUl'S apres et je suis rentre
en metropole, haole par cesouvenir et me demandant
si je n'avais pas perdu montemps pendant' ces vingt
mois. Je l'auralscertaiaement
perdu sl mon serour en
A.F.N. n'avait eu d'autres
raisons que de detendre les
vignobles des colons. »
(CI. 1960,
medecin-aspirant.)
• Comment choisir, pour
repondl'e a vos questions, le
mot unique parmi Ies mots
que vous proposez, alors que
tout est si meM -e t si com-plexe. C'est presque impos-
sible. D'autant plus que ces
mats sont bien limites dans
leur choix et mal ehoisis,
parfois, Comment dire, pal'
exemple, si les EUropeens
sont bons, medtocres ou mau-
vais ;. comme 91 on pouvait
les mettre tous dans le m-eme
panier, comme si en eux il
n'y avait que du bon ou du
mauvais ou du mediocre ?PersonneHement. je Ies trou-
ve petris d'ego'ime et d'in-
conscience, ccnicintement IId'autres qualites ou de-Enuts;
mais qui n'est 'pas petri
d'egofsme ou d'inconsciencedevant Ia veritk de la vie ?Qui parmi les rnetropolitalns
s'interessent a I'Algerie au-
trement que pour desirer- la
fin de la guerre afin de ne
plus avoir d'ennuis avec
cette histoire-Ia ; egoi'stes et
inconscients on :1'est<iesdeux
cates de 1a Mediterranee... •
2. AVE.Z-VOUS PARTICIPE A
DES OPERATIONS DE CON-
TROL,E, DES EMBUSCADES ?
Oui _ _ 513
Non .. , . . . . . . . . . . . . . . 83Ne disent 'pelS ,....... 11
Les operations de police
semblent done etre Ie lot de
la grande majorite des ap-
peles. A noter que tous ceux
qui ont fait de grandes ope--
ration.s ont pratique aussicelles-d.
3. D'UN MOT, CARACTER.lSEZ
L E SENTIME'NT QUE VOUS'
EiPROUVIEZ EN ALGERI,.E :
Solitude .......• , .. , 229
Souffranee , , 205Degout , 194
Ennui 154Ne sovent pas 45PI~isi, _ _ . . . 44
Bonheur :...... 43S.. rvi. effieaeement .. ;,. 8
ISolitude, souffrance 0
combien ces deux sentiments
etaient le lot quotidien. ~eis
ici une minorite nous a Te-proche avec force de ne pasles avoir Interreges sur des
sentiments positifs comme
l'utHite de servir en Algerie.
HuH d'entre eux ont tenu itajouter a notre questionnaire
cette notion de service.
Divers ' .. , , 72Conditions de vie '57Exd;s des Fr'on~ais en ope-
rations ., , .. , . . . . . 45Molve iUanee des Europ;iens
vi s-il .... is du contingent
.,' Algerie _ . . . 24Blessures personnelles ... 65ejour en Algerie ..•... 5
IDeux chiffres Irappants,celui de la mort des cama-
rades (120 en parlent) et ce-
lui des tortures (87). ,
4. AVEZ-VOUS FAIT DES PRI.
sot"mlERS ?Oui , ,..... 284Non , .. .. .. .. .. . 281Ne repClndcnt pas ., 37
5. A VOTRE AVIS, LA GUERRE
D'ALGERIE ·EST-ELLE :
Legitime 164llltigitime .,. ,. .. .. .. .. 164Bonne 30
Mouvaise 247Legitime et iIIouvaise . . . . 118
Reservent leur ju.gement, . 3S
Ne reponde"t pa~ ... _ . . 30
I
Deux chiffres-cles : 30 an-
ciens d'Algerie seulement
trouvent que Ia guerre est
bonne - 118 ont eprouve Ie
besoin de la juger formelle-. ment • legitime et mau vaise ».
6. DITES EN CINQ L1GNES VO-TRE ,MEILilEUR SOUVENIR ...
Frote.nite evec Musulmons(et . enfontsl .-.. 149
Fratern;te d'aJ'mes ., _ . .. 134
Liberation (quille) 112
Ne .epondent pas . . . , . . 99Beaute . du pays, espoce,
etc. . ,.... 56Action civilisatrice de 10
France ., 34
Divers 14Aceue;1 des Europeens
. d' Algerie ... ,.. 23Retour d'operations 6Souvenir relig;eull, ., 5
Deux chiff·res significatifspresque egaux : Ia fraternite
avec les Musulmans (i49) etfraternite des armes (134).
L a g u e r r e
s a n s n o m• On nous avait signale
une ferme qui probablernent
servait de relais au F.L.N.La ferme fut visitee de fond
en comble, les appartements
saccages, les habitants mal- .
traites, par un specialiste, 1 1
coups de poing. En souvenir
j'emportai une timbale cise-
lee et un foulard, je ne me
rendais pas compte de rna'
faute, c'est maintenant que je
realise. Cette guerre rend
mechant. •
(Fonctionnaire,cl. 55 uc, sergent.)
.. Un dimanche en fin
d'apres-midi, a la sortie d'un
cinema on a lance deux gre-
nades. J'tltais dans le hall, il
y a eu un e panique. L'atten-tat alait 3 morts el une
quinzaine de blesses. Dans le
cinemail n'y avait que. des
Europeans et des soldats
francais, Apres I'attentat les
Buropeens, fous de douleUl',
se sont revol tes . L'armee n'apu las mailriser. II y a' eu
une trentaine de Musulmans
tues .•
7. DITES EN CINQ L1Gl"US VO-
TRE P.LUS MAUV AIS SOUVE-
NIR ...
Durete de 1 0 gue,.,e en tant
que telle , .. ' 126_. Mort de' como rades .... 120
Ne repondent pos (ou ne
prefi irent pas rep~ndre). 104
Une scene de torture (con-
nue, entendue, vue et
quelquefois, mais rare-
ment, pratiquee> 87
(Serrurier, 54/2, 1""cl.)
• Parmi las nombreux
mauvais souvenirs, ilen est
un que je n'oublierai pas :c'est ce prlscnnier, emmene
Iors d'une operation pour
nous indiquer des caches et.qui _futI'objet de brutalites in-
humaines : coups de poing,
torsion des bras, tete ecra-
see sur le rocher et Ia terre,
coups de pied en pointe dans
le ventre, Ie bas-ventre et
dans Ie dos. Malgre ce trai-
tement, cet homme tenait
toujours debout et 5e taisait.
L'officier nous fit signe
qu'on pouvait Ie liquider,,mai.!; nous, mmtaires du
contingent, ravons ramenevivant.
(Instituteur, 56 2/A ,M.D.L.)
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• ••• • • .' Quand vous parlez de Iasame et rude formation que
procute I'armee, Je pense
aux massacres qui ont sui-
vi la revolte du 20 aoiit55 dans la region de
Philippeville (je n'y etais pas
mais plusieurs m'en ont par-
le en long et en large), A Iadestruetieu des vaches, che-
vaux, bourrieots, le 10 mal
1957, a I'oued Cherf, du cote
de Re.nier (oued Zenati) et
A toutes les maisons qui
flambajent dansce coin, pen-
dant que les femmes et les
gosses etaient a cote - ceelen reprCsaiUes d'une embus-
cade. Au bombardement duvillage de l'oued Akar Bou-
ehene (Akbou) par l'avla-
tion et I'artillerie alors que
les habitants y etaient, Ie12 mars 57. Ces deux chasesje Ies ai vues et bien d'au-
tres ... »
(Instituteur, 55 2/B, rsergent.)
_. Mon plus mauvais sou-
venir ? Celui de la guerre
en general, dont toute I'h.,or-
reur est comme ramassee
dans Ie souvenir de ce • de-
f i l e • d'artilleurs coloaiaux,
rentrant d'un ratissage avec
leurs prises de guerre : par-
mi des civils en guenilles et
portant la marque des coups,
des gosses qui couraient
derriere leur mere qu'unmilitaire avait chargee de
son post"! de radio. Les sou-
venirs de ce genre abon-
dent. Aussi, dans un tel
contexte, serait-il immoral
de parler de • meilleur sou-
venir •. n n'y aura pas. de
• meilleur souvenir» tant
que tout un people criera sasouffrance comme il le fait
depuis six <UIS, au milieu de
l'in'di.fference generale ; per-sonne n'entend les cris des
pauvres. ~
(Serninariste, 56 21 A,2' classe.)
• C'etait d.8rui la matinee
du 31 deeembre 59, non loin .
de COD.Stantine, nOllS elimes
un accrochage assez serleux
dans un tel'rain tres difficile
avec une dhaine de H.LL.-
Ceux-ci, nous voyant assez
decides, se retugjere.nt, apres
echange de coups de feu,
dans une ,grotte ; ce ne fut
que -dans J'apres-midi que
grace a divers moyens el
surtout aux grenades II gn
nous arriviom II les deJoger.
Le dernier qui sortit de ce
trou eut la malchance de ti-
rer un coup de OOil ven;
nous, la riposte fot donneepar un des notres qui l'abat-
tit d'un coup de carabine.
J'eus comme mission de ra-
VI
mener ce corps (passe' POUI'
mort) avec mes bommes
vers U .D endroit plus plat. A
rna surprise c'etait ua gosse
age d'une quatorzained'annees (peut-eb'e men.e
moins). Lorsque je Ie soule-
val tout sanglant, eelm-ci ou-vrit ses yeux tout grands' et
me regarda d'un air sup-
pliant ; un frisson parcou-rut tout mon etre, Je com-
pris alan;' par sa bouche
qu'il ouvrait de temps a au-
tre qu'i) avail soU. Mes der-nieres gouttes de cafe lui ap-
porterent un peu dec bien-
eire avant sa mort. Faut-iI
aiouter (et je crois que c'est
mOD plus mauvais souvenir)
que je Ius pendant un eer-tain temps la risee de beau-
coup de mes camarades quicondamnaient mOD compor-
lement vis-ii-vis de cet • en-nemi • comme ils disaient,
pendant qu'eux, depuis un
certain temps, avaient leur
bidon a sec. »
(Menuisier, 58 lIB,M.D,L,)
• Mon plus .mauvais sou-
venir : J'etais en tete
do convoi charge de faire
l'ouverture de route dans un
col, lorsque je suls tombedans une terrible embusca-
de, nous etioDS encereies, les
rebelles etaIent it dix me-tres. J'etais sur un scout-
car, PM bonheur, sans quoi
j'aurais e re reduit en bouil-
lie. Une enorme pierre vint
s'ecraser it mes pleds au fond
du scout-car, ainsi qu'une
grenade. Je recus des eclats,
ainsi qu'une balle qui me
rransperea 1a main gauche,
je suis arnpute d'un doigt,
un autre est engourdi, ainsiqu'une partie de Ia main,
Une autre m'erafJait la joue
gauche et l'oreille, !<ase volt
encore ; une autre balle au
thorax cote droit, on me l'a
retiree dans l'epaule gauche,
tout eela dans I'espace devingt minutes. J'ai vu 1amort, .c'etait afireux, trop
triste, pour Ie raeonter, pour-
quoi je suis encore vivant,
~a je ne cherehepas it com-prendre, pour moi c'est un
miracle. Un mareclw:l des 10-gis qui etait Ii cOte de moi
et qui m'a sauve 1a vie a
r~u une balle qui iui trans-pe~ l'epau1e droite, leadeux poumons et la colonne
vertebrale ; il est mainte-nant aux Invalides, a Paris,panrlyse pour 'Ia vie ; un
autre marecha!l des logis qui
etait derriere moi a eu Iagorge tranrllee par une ra-
fale de mitrailIette. 1' 1 estmort a cote de moi, dans
l'helicopthe. Tous les trois,
nous etlons du m~me con-,
tingent, nous avions 23 mois
de service. Mais aussi, un demes plus mauvaIs souvenirs
est celui au [e perdis mes
trois meilleurs camarades dejeux, tues taus les trois,egorges, deshabilles et bru-
les, 9a [e ne l'oublierai ja-.
mais, •
(Employe S,N,CE'"
56 2/C, 1" olasse),'
L e s a l u t
• Lors d'une nussren ae-rienne, mOD Piper-cup s'est
ecrase au sol dans Ie die-bels du nord constantmois,Apres quelques heures demarehe, j'ai pu rejoilldre un
peste militaire. Une sectionde jeunes appeies rentrautde deux jours d'opt'irations
est immedJatement repartie
avec mei, en pleine nuit, Ii1 1 1 1 recherche de monpilote,grievement .blesse. Je n'ou-bUerai jamais 1 1 1 1 joie de ces
gllllons quand ils l'ont re-trouve et avec quel courage,bien que b'es fatigues, Us
I'ont redescendu au poste surnne . civiere. »
(Agent technique,
1954/2, S,-Lt),
• Lorsque j'ai repris cons-cience quelques heures apres
avoir ete blesse pal' one ra-f~e de pistolet-mltrallleur,
j'ai senti la bdllure du so-
leil levant sur mes paupie-
res, la ciel etait bleu et pur
entre les branches des ce.-dres ; c'est alors que j'ai
compris que je n'etais pas
mort et que je n'aUais pasrnouzir. •
(54/2 - 2' cl.)
• Au cours d'nne opera-tion dans l'Ouarserus, en
avril 58, moil copain de
chambree est mort dans mes
bras ; au cours de la me-me operation, ;'a1 dii toel' un
feUaga avec: mOD poignard.,
it m'arrive encore de ne pas
donnie de la nait ea repen~sant it ce jou.r-Ia ....
(Tisserand,56 ,VB, 1'. chlsse),
• Au cours d'un ratissage,je me suis trouve seul, face
a face avec un chef rebe<He,nous avons tire en memetemps ,c'est lui qui est tom-
be. Mort Quand j'ai realise
u._npeu apres. la valeur de1a vie, rna joie confinait a18 folie, pourtant cela ne
m'aurait pas fait peur de
mourir et j'ai prie sincere-ment pour Ie repos de I 'am!de ce rebelle, •
(Agent commercial.
56 2/B, sergent),
L a c r u a u t e
d e s f e l l a g a• Au douar d'Ilnt, d e u x
femmes Ilt un gosse out e~ iegorges pal' Ies troupes re o
belles parce que J" mari am·
be etait rentre dans les har -
kis...
(Pharrnaeien,
cl. 55, sous-Heutenant).
• Jai vu les corps mutilesel a demi carbonises de hullrappeles descendus Ie same-
di matin et devant eire li -
beres Ie mercredi suivanL
men ne pourea effacer ci t
anamemoire ces visages e r i s -
pes de douIeu .., un filet ci t
sang a la bouehe, les yeuxencore ouverts. •
(Peintre,
01, 55 2/B, :r classe),
• Dans one embuseade,quatre copains ont ete enle-
ves. Les rebelles ont rem-
place les tripes par de Iiterre, et nous avons t rouvt
les corps comme cela, C'e ta i l
trois [ours avant Noel. D e u x
des copains tues e~ient a t-
tendus en permission c h e z
eux. '"(CL 54 2/C, M.D.L.)
M OD plus mauvais sou-
veni.r ? La vue des cadavresmusulmans egorges par le sfellagbas, Ie ventre ouvu! .rempli de pierres, et excuses-mol, mais iln'y a que 1a vi-rite qui blesse, emascules,,
«n. 56 2/A, caporal-chef.l
L a t o r t u r e• Le plus mauvais souve·
nil' que j'ai encore a l'espril
(et il y restera longtemps),
c'est au COUtS d'une factioo
de g.arde a un bastion o il
j 'iai vu les gardlens f a i r e
sortit' de sa cellule une fem·
me quj avail ete tol'W.ret Ii
verlle afin de la faire par .
tel', Sa figure etai t telle·
ment eoIllle qu'on ne voyail
plus ses yeux, ses l e v n : s
avaient deux doigts d'epais.seur, •
(Agriculteur,
cL 56 IIC, 1" classe).
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Ayan! afiail'e it un capitaine(pied 'noir), [e suis entre dansun e salle de tortures. Ecreu-r e : tell\pbone, seaux d'eau,e n to n n o ir s, . t u y a ux de eaout-
c h ou e , I o ue t s, palans. U n A I ..gerieD(suspect) etait pendupar les pieds au palan, -les
poigne t s l i e s derriere le dos,Ie ventre ballonne, Ie t .He-phone branehe, Ie visage etIe corps tumefies, Je n'ai puparler au capitaine.
S i eel homme n'etait pas
fellllga,. iI le sera deven u .•
(Pr~tl"e>M.D.L.-chef, c 1 . 52/2).
• Visite au centre de tran-sit de Tia ret (suspects re -connus innocents, en transit
entre l'interrogatoire et la
corvee de bois). Entre au-
t res : un e jambe cassee, un
crane M le (constat .medical),
un fou qui se met au gar-de avous at salue en criant• Vive la France, vive laFrance ...• des qu'Il voit uno ff ic ie r, •
(Ingenieur,
rappele, aspirant).
• La torture n'existe pas?L a torture existe, Je l'ai moi-
rneme praaquee en passantde l'eiectricite a la cravache
(entendez tuyau de plasti-que) et It Ja baignoire.
(X., instituteur, sergent).
• Leurs prisons etaient deseaves en ciment d'environ
3 m . X 2 m. X \I m . .aveeseulement une ouver ture au
sommel de 0,70 X 0,50 ~ ilseta ienl 18 toute Ia joumee
jUsqU'8 8. II fallait voir Ies
loqaes bumaines qui en 80r-
taient lorsqu'il taisait 50" de-hors ! Titubants, haletants,
lo u ! s wo ia n ts de tJ:oauspira-
tion dans une atmospheref .Hide 011touie I'odeur ani-
male remontait, its :dgxa-guaie.ut comme des lantOmesen butte 8 la Iwniere du
jour . Certains restaient jus-
qu'a hoit jours sans sorhr,
Ires peu - ou meme cer-tains jours pas du tout -
nourr is et faisant leun be-s om s l ia n s ce meme lieu... A
cela s'aioutaient les interro-
gatoires laisses 8 la bonnevolonlt\ et au savob:-faire
des gendarmes. II lallait les
voi r reveuir : paralyses, lesyeux exorbites, les traits ti-r e s et tremblants de tousleurs membres pendant plu-
sieurs jours sous l'eUet de
I 'e!ectl 'icite dispensee aboll-
dam men t : il fallaH les trai-ner puis les attacher et ti-
un soldat de l'armee fran-
&aise (un Africain de I 'A.O.F.), apprenait it lire Ii despetits Algeriens musulmansd'environ 5 It 8 ans, IIs chan-
taient tres bien une chan-son qui pouvait etre •. J'ai
lie rna botte • (je n'en suispas sur). LiI,' j'ai rencontre
un exemple de pacification:"
(Agriculteur,cl, 56 uc. 1"· cl.):
Je n'oublierai pas Ie
jour de Noel. 1958, lors-
que mes petits eleves Iu-rent recompenses pal' unmagnifique arbre de Noel.Beaucoup eurent des jouetstoul neufs, tous eurent des
friandises, Ies plus pauvresdes vetements, des bottes,
chemises, pull-over... Ce r u tformidable. •
(Employe, 56 2/B,1" d.).
• Le jour de rna libera-tion, ayant reuni Ia popu-
. latdon des trois villages duDouar Tefueg, plusieurs mu-
sulmans kabyles ont pleure
en apprenant que je partais.
Ce souvenir (bon) est un
des rares que j'ai ramenes de
mon service en A>lgerie. II
me fait supposer que peu t-
etre mon sejour n'a pas et einutile .•
(Employe P.T.T., 56 1/C,sous-Iieutenant) ,
• Donnant des soins gra-tuits Ii la population civile
du village de Temmera, a 20km au sud de Remane, iIm'a etc donne de rencontrerbeaucoup de jlfunes femmes
musulmanes, toutes passees
par nos ecoles lran"a:ises. Jeles entends encore m'avouer
Iarmes aux yeux et avec une
smcetite qui ne trompe pas
leur inebranlable attache-ment a 1 3 France et auxF'raneais,' leur eonfiance en
nous, persuadees que, nous
avions ete les premiers ales
comprendre et a vouloir les
aider. EJles percevaient fort
bien que nons les respee-tions ...•
(57 l/C, medecin,aspirant).
I e s j u s t e s
• Mon meilleur souvenjr.
J'ai parle de la paix avecun vieux musulman qui avait
son petit-fils pres de lui etilm'a presque cite mot pour
mot, la pa:rode de Peguy :
• Tout ce ,qu'on fait, on Iefait -pour les enfants. •
(Agriculteur, 56 2/8,
sergent).
• C'etajt au cours d'uneestorta effectuee a 10 km de
SeMou • (departement de
Tlemcen). Nons etions arrc~tes tout p r e s d'u.ue piece qui
faiSait fonction d'ecole· et I,,;
• Je me souviens de lasoiree passee avec quatre
carnarades soldats chez un
medecin musulman (qui
avait une clientele urbai-ne populaire) qui .nous avait
fait don de son amitie
(malgre Ies temps difficiles)
en meme temps que de son
hospitalite (eour mauresqueet stereophonie, Camus et .,
Jacques Brei, une synthese'
assez eloquerite, ne treuvez-vous pas 1).
(Sergent, 57 2/C, etudiant).
• Mon meilleur souvenir?La fratel'nite avec les mu-sulmans de la lerme. Moncamarade Robert elait, lui
aussi, tres l i e avec eux, Pluslard, j'ai quitte Ia ferme ;
et up jour, " Bone, je ren-contre Khemis, un Musul-man de Ia ferme, qui me dit
• Robert vient d'ctre mUle.
C'etait un ami. • IIIe re-
grettait, et moi aussi, et·j'etais pourtant joyeux de
revoir Khemis. Lui, Robertet moi, etions lteres .•
(Cl. 54 2/C, M.D.L.).
• Nous etions en operationen Grande-Kabylie. J'etaistrainglot et je venais de por-ter les paras qu'on transpor-tait au baroud. On s'est pos-
t e en base arriere et on n'ajamais 5U comment on atrouve une petite Musulma-
ne de 7 ou 8, ans qu'on a
adoptee pour nos trois j01.!:rsde stationnement, E11e etaittres belle et· si mignonne
qu'on a eu bien duma] as'en separer.
01. 56 2'/,C, brigadier-chen.
• Un JOUl', je gardai.s desprisonniers et, malgre I'in-terdiction qui m'en etait fai-te, je leul' ai permis de 6 elaver. Quelques semaines
plus tard, un de ces p:dson-niers qui <lvait etc libere
parce que non coupable m'aapporte une canne kabylesculptee par lui.
(Cl. 56 2/C, fonctionnaire
1'·dassel,
rer comme un poids mortpour les remettre dans cettegeille affreuse. Certains gat·
derent 'des traces de ces abuspendant longtemps : des bru-lures aux deux bras (de Iagrandeur d'une main). Leplus ecreurant e'est bien de
voir avec quelle faciJite lesgars s'habituaient " voir depareilles choses, Et cette re-
volte interieure q1!e j'ai ex-primee bien des lois, s'est
heurtee a I'!indifference descopains ; ces •. sale:; bou-
gnoules ", me disaient-Ils, elde rage, ils frappaient en-
core SUl' ces loques humai-nes. D'ailleurs, a ee regime,plusieurs prisonniers essaye-
rent de 'se suieider, qui avecun couteau, qui avec son
turban... L'un d'eux se pd-
cipita du haut des caves sur
Ie sol et se fractura Ia tete.nest curieux qu'un chretien
convaincu s'babitue a la mortet it I'indifference : en facede eet homme etendu dans
son. sang et 8 . 'tate duquelnous avons mange d'un foribon appetit, iIm'a fallu fal-
• re un effort terrible pour
realiser que c'eWt un fils deDieu qui etait la, etendu,
mort, POUl' gardex son se-cret en face de la torture
qu'on lui Iaisait subir. Unautre s'est tranche Ia gorge
avec des tessons de bouteil-Ie. Le malin, un copam me
dit : • Viens voir Ia jolie
boucherie -, pour roe mon-
trer eet litre ..alant quis'elait coupi\ Ia trachee ar-
tere,
(Cl. 56 2/C),
L a F r a n c e , .
l e s r o u t e s ,
I ' a s s i s t a n c e .m e d i c a l e , I ' a m i t i e
• Mon meilleur souvenir?Peut-'~tre de pouvoir me de -p'lacer sans arme la OUilfal-lait deux sections pour -pas-
se r en secul"ite un an au-
paravant. Cette securite eta i tvalaole pour Ies Musulmanscomme pour Ies militaires,
car les fellagas en ont sansdoute tue plus que le§ mili-
~ires (1;\ o u j'etais). •
(Sons-lieutenant,
56 2 B, pretre),
5/14/2018 La g n ration du Djebel (suppl ment La Vie du 25 janvier 1961) - slidepdf.com
http://slidepdf.com/reader/full/la-generation-du-djebel-supplement-la-vie-du-25-janvier-1961
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L E R E T O U R
1. A· VOTRE R.£TOU1l 0' ALGE-
RIE, AVEZ-VOUS P.ENSE •..
Le France R "'.que de
nous 319L a ! France- est un grand'
'paYI ,.... 203L a France est un petitpcilYs 90Ne SO'l"ent pas ...••..• 69L a France nous aime bien. 37
I
Trois cent dix-neuf repon-. dent • La France se moque
de nous •. Cela peut sem-bIer desesperant. Cependantoeaucoup de ceux-el se re-trouvent parmi les 203 qui
repondent • oui • a la ques-tion • La France est un
grand pays ". Ce n'est donepas la patrie en tant que tel-Ie qu'i'ls mettent en cause,mais soit la hierarchie civileou militaire, soit les civJls,metropolitains ou autres,
2. A VOTRE RETOOR, LESQUWPARMI LES BIENS QUE NOU5
CITONS £STIMEZ-VOUS EYRE
t.£S P L U 5 ~MPORT kNTS
,POUR VOUS 1
-Etre l ibre 162Avo;' line ferllllm;! qui Ift'Cli-
me 160Effacer 10 misere du monde 128Rendre mel enfants heu-
reux 126He pas 'aire s,","Mrir les. homrn . e s 92
Av.oir'Une patde COrn!n'le10
mienne 89Ayoir un ami 8lAvoir une belle sitUClition. . 76Etre couragelll< 67Manger tous Ie » jours .. 60
IL a Uberte, I'amcur, Iebon-
heur du monde, voiilAles va-
leurs que la generation desdiebels met le plus haut. Ladroiture et la surete du [u-gement semhlent etre le sa-lalre de sea souffrances. Dece cote-la, oui, ils'agit d'unetres belle jeunesse.
3. PEN5EZ-VOUS ENCORE SOU.VENT A L' ALGERIE ,
Beou·coup .
Un peu : .
Pas du 'out .. '. . . .
~e repandent pas .
I
476115113
Ainsi, cette Algerie, Us neIoublieron:t pas. Certainscommentent leur reponse :• Tous les [curs «, disent-ils.• C'est une obsession.,« Meme la nuit '. Mais pourbeaueoup, c'est un souvenir
crucifiant.
4. DITES 51 VOTR£ SEJOUR
VOUS A CHANGE ...
Beoueoup .......•.... 281U n pell 239
Pos du tout 45
Ne repondent pas 22
VIII
I45 seulemerst n'ont ~s
change. On peut SUPPo$erque oes 45 font partie des 83qui n'ont jamais fait d'ope.-rations,
5... D I T E S ,,
D 'U N M O T , Q U I E S T
Vrai
De 10llYi'ier 284
Mahomet 270
Ben Bella 281
Nasser 312
Farhat AbbGs 273
Bigeard 259
6. CROYEZ - VOUS EN DI£UAVANT VOTRE DEPA«T ,
Oui 558Ne repondent pas 25Non 12Peu 9
7. CROnZ-VOU5 EN DIEU DE.
PUIS Von.E UTOU·R ?
Oui 519Ne re-pouent pas 36Non '.. . . 32Moins 16Peu 2
8 PRATIQOJEZ-VOUS LA RRI_GION c. A THOl.lQOE AVANT
VOTR.E DEPART ?
Oui 525
Nen 41Ne repoadent pas 27Peu .'... 13
9. PRATIQUEZ-VOU5 LA RELI-
GION CATHOLIQUE ,DEPUtS
VOTRE RETOUR ?
0.1 ,.. . .. 481Non. . . . . .. . . . . . . . . . . 69N e ..epOndent pas 32
MoilU 13
Peu 8
IAinsi done, on trouve une
tres grande stabilite spiri-tuelle. 16 anciens d'Alge·
rie, cependant, ont expri-me des doutes sur l'exis-tence de Dieu depuis cequ'ils ont vu et 13 marquentun relachement dans la pra-
Awroxi- Ne repondent pas
Faux motjf ou cpprectotton
fontaisiste
21 77217
84 53 193
17 92 212
12 77 200
15 89 225
16 116 209
tique religieuse, D'autrepart, ces chUfres qui ne con-cordent pas toujou:rs, doi-
vent etre interpretes tresia-rgement. Certains ont per-du la foi, mais d'autres l'onttrouvee, Quelques-uns enfin
repugnent it repandl'e pardiscretiun. Un fait cependantcertain : certains Iecteurs de
• La Vie Catho1ique " eux-memes, ont subi, dans unsens ou dans un autre, unecrise du fait de leur sejouren Algerie.
•. J'etais catholique, j'ap-partenais it cette communau-te dont le comrnandementprincipal est l'Amour deDieu et du prochain. Je nele suls plus, je ne peux plus
l'etra, car 1"Eglise n'a jamaispris position officlellementCONTRE cette guerre mau-dite. C'etait son devoir, mesemble-toil, mais cette prisede position doit etre dange-reuse aux - yeux des chefsd'Etat... (1)
"D'autre part, certainshebdomadaires catholiquessont heureux de nous ap-prendre tous les dimanches,que dans tel ou tel endroitde l'Algerie, un certain nom-bre de rebelles sont tombessous las balles francaises, Detels faits sont peut-etre pa-triotiques mats pas chretiens
du tout ... Apres cele, Iisez Iapresse catholique r •
(Infirmier, 56 I/A
.1" classe) .
I
lei, la rnoitie au moins descorrespondants mettent des
appreciations morales aupres
des noms, merne les offi-ciers. Est':ce par besom
d'exprirner une opinion oupar ignorance? Certaines
personnelitees sont traiteesde • salaud ~, d'autres de
« grand chef ., et Mahomet
de cette qualification tout afait inattendue : • C'est Iesoleil ! • Du [argon miIita i-
re africain qui taxe Ie 50·
leil de • Mahomet ".
.. Mon soutien Ie plus 1 0
a et e de me racerocher1'Eglise, de me dire parioil
ou de dire a Toeeasiou ...tour de moi que mes wnvknons n'etaient pas des o p i
nions personneUes mais pro
venaient de rna loi eMtienne et de mon obeissanee it I'Eglise et trois on qlll·
tre .Iois, j 'ai entendu dire" Du point de vue cluetiel l,
d'accord, mais (... dans Irealite, c'est autre ehose) ~.. Tout Ie monde ne peut JIl
etre eemme Ie Pere de FOeauld •. Dans lh guerre d'Agerie, comme aiUeurs (quetion de mariage, questien 10
dale, etc . ..), Ie christiauislJlest quelque chose de Ir Sbeau mals de tout it fait 1 1 i f
pique, dont'n convient uprendre ee qui est • m o d e -r e ._ Voila ee que peusabeaucoup.
.. Et il m'a semble t r a : ! .quement que la seule cboqui puisseebranler s6m·sement eeue position, c'eIe temoignage jusqn'au s a·
crifice des chretiens.
(56 2jB, sous
nant guerreNous leur (W01t8
numt echo,dans les nO ' 794,
F i l l