La gazette du mag du vendredi 22 Août

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C h aque jour , u n e thém atiqu e , p l u si e u r s r e g a rd s EDITO de Michel REBOURG Voici quelques décennies, il était de bon ton de s’interroger sur les vertus supposées des technologies dites nouvelles. À ce moment, on s’étonnait devant la télévision et l’informatique, magnétophones, rétroprojecteurs ou magnétoscopes faisaient partie de la panoplie des outils utilisés par les éducateur-trice-s, à commencer par les enseignant-e-s où leur intérêt y était me- suré à l’aune des méthodes pédagogiques. Les NTIC ont été fortement marquées par un discours approba- teur… et de fait accréditant une certaine bienveillance. Ce dis- cours positif n’exempte pas le propos de nuance ou de réserve. Les émulations entre outils, technologies et approches pédagogiques de l’Éducation nouvelle s’y trouvent très largement valorisées. Les critiques soulevées prônent les bienfaits d’une éducation à ces techniques et plaident pour une pédagogie active apte à minorer la seule valeur d’usage. Plus de quarante années après, l’arrivée désormais reconnue comme révolutionnaire du télé- phone portable, de l’internet, la diffusion des plates-formes numériques, l’apparition des réseaux sociaux et leur extension contiguë aux sphères médiatiques provoquent de nouvelles interro- gations. Quid du rapport supposé modifié de l’Éducation nouvelle à ces outils techniques ? La posture critique n’est pas moins diminuée, les Ceméa la portent, à côté d’autres mouvements et associations. La massification s’est aussi emparée des esprits, l’apprentissage se servant des références puisées sur l’internet, l’e-réputation transformant l’intérêt et la connaissance en pages vues et relayées par tout-e possesseur-euse d’un terminal. Le site communautaire Twitter lance un slo- gan caractéristique de cette philosophie des technologies contemporaines : « Connectez-vous à vos amis — et d’autres personnes fascinantes. Recevez des mises à jour instantanées sur les choses qui vous intéressent. Et regardez les événements se dérouler, en temps réel, sous tous les angles ». En quoi une posture critique nouvelle exige aujourd’hui tout autant de se porter sur l’analyse des contenus que sur un usage frénétique des différentes interfaces apparues ces dernières années ? Comment l’enfant (et toute personne) pourrait se positionner, quelle démarche active et appropriation peut-il (peut-elle) être en capacité de se réaliser au milieu de ces injonctions que donne à entendre le discours positif de cette application ? À l’opposé d’une figure imposée de la connexion, ne s’agit-il pas de creuser et d’insuffler une pensée sachant déjouer les pièges mirifiques de l’espace et du temps apparemment réduits à rien ? Et de reconsidérer le « hic et nunc* » pour se défaire de liens qui tendent à s’insinuer dans nos temps libérés… * Ici et maintenant Directeur de la publication : Christian GAUTELLIER. Rédacteur en chef : François SIMON. Équipe de rédaction : Alexandre AGNES, Jean-Baptiste CLERICO, Jeanne FROMMER, François LABOULAIS, Olivia RAMBUR, Solène LEBLANC-MARIDOR, Anthony PRIEM, Michel REBOURG, Marion RETAUX, Laurent VERDIÈRE. Traduction : Solène LEBLANC-MARIDOR. Photos : Jacques LABARRE et Alain GENEST. Secrétaire de rédaction : Marie Laure DE CARVALHO. Illustration : Sylvie CLABECQ Graphisme et mise en page : Amélie PETIT-GOMBERT. - IPNS sur du papier recyclé - Ne peut être vendu. N°3 / Vendredi 21 août 2015 Congrès des Ceméa / Grenoble 2015 4 1 Pour lire le mag, plie le coin de la page 2 sur celui de la p a g e 3 La gazette du mag congres2015.cemea.asso.fr L’éducation nouvelle est-elle soluble dans Twitter ? Festival européen du film d’éducation Un choix de programmation très axé sur des questions d’actualité, migrations, handicap, non discrimination, laïcité, … et en appui sur les films de la 10ème édition. Lieu : Sciences Po, amphi E à 20h30. Miniyamba de Luc Pérez. Comme des dizaines de milliers de personnes qui chaque jour dans le monde quittent leur terre natale, Abdu, un jeune musicien malien, a décidé de gagner l’Europe. Les rêves se confrontent à la dure réalité des mi- grants, avec au loin les lumières de l’Occident… Où je mets ma pudeur ? De Sébastien Bailly. Le passage à l’oral approche pour Hafsia, talen- tueuse étudiante en Histoire de l’Art. On l’avertit que les portes de l’examen lui seront closes si elle s’y présente avec le hijab recouvrant sa chevelure de jais. La petite casserole d’Anatole de Eric Mont- chaud. Anatole traîne toujours derrière lui une petite casserole. Elle lui est tombée dessus un jour… Véritable handicap, elle se coince par- tout et l’empêche d’avancer. Les Jours d’avant, de Karim Moussaoui. Grand Prix du festival 2014. Années 1990, alors que l’Al- gérie est meurtrie par la décennie noire, Djaber et Yamina traversent avec fracas l’adolescence. L’horreur se meut à l’ombre de leur cité et les interdits les oppressent… European Education Film Festival A selection of films focused on topical issues, migrations, handicap, non-discrimination, secu- larism… and picked from the films of the 10th edition. Where ? Sciences Po, amphi E friday 21st at 20:30 Miniyamba de Luc Pérez. As thousands of people, who leave each day their homeland, Adbu, a young Malian musician, has decided to go to Europe. A journey from the Niger River to Ceuta enclave barbwire, where dreams crush onto the harsh reality of migration, seeing western lights from afar… During all his journey, Abdu’s music brings compassion and hope to his companions. Où je mets ma pudeur ? by Sébastien Bailly. Hafsia, an art history student, is going to have to remove her hijab to take an oral exam. She goes to the Louvre to take a look at the painting on which she has to comment. La petite casserole d’Anatole by Eric Mont- chaud. Anatole is always dragging his little sauce- pan behind him. The saucepan fell on him one day, without anyone knowing why. It gets stuck everywhere and stops him from moving forward. Anatole has had enough, so he hides. Things are not so simple… Les Jours d’Avant by Karim Moussaoui. Bore- dom reigns in a housing estate in the south of Algiers in the mid-1990s. Djaber and Yamina are neighbours, yet do not know one another. For both, it is so difficult for boys and girls to meet up that they have almost ceased dreaming about it. But in just a few days, a hitherto suppressed, dis- tant violence breaks out in front of them, affecting their lives forever. Soirée cinéma spéciale / special screening Le 11 e congrès national des Ceméa à Grenoble a été soutenu par :

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La gazette du mag du vendredi 22 Août

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Chaque jour, une thématique, plusieurs regards

EDITO de Michel REBOURGVoici quelques décennies, il était de bon ton de s’interroger sur les vertus supposées des technologies dites nouvelles. À ce moment, on s’étonnait devant la télévision et l’informatique, magnétophones, rétroprojecteurs ou magnétoscopes faisaient partie de la panoplie des outils utilisés par les éducateur-trice-s, à commencer par les enseignant-e-s où leur intérêt y était me-suré à l’aune des méthodes pédagogiques. Les NTIC ont été fortement marquées par un discours approba-teur… et de fait accréditant une certaine bienveillance. Ce dis-cours positif n’exempte pas le propos de nuance ou de réserve.

Les émulations entre outils, technologies et approches pédagogiques de l’Éducation nouvelle s’y trouvent très largement valorisées. Les critiques soulevées prônent les bienfaits d’une éducation à ces techniques et plaident pour une pédagogie active apte à minorer la seule valeur d’usage.Plus de quarante années après, l’arrivée désormais reconnue comme révolutionnaire du télé-phone portable, de l’internet, la diffusion des plates-formes numériques, l’apparition des réseaux sociaux et leur extension contiguë aux sphères médiatiques provoquent de nouvelles interro-gations. Quid du rapport supposé modifié de l’Éducation nouvelle à ces outils techniques ? La posture critique n’est pas moins diminuée, les Ceméa la portent, à côté d’autres mouvements et associations. La massification s’est aussi emparée des esprits, l’apprentissage se servant des références puisées sur l’internet, l’e-réputation transformant l’intérêt et la connaissance en pages vues et relayées par tout-e possesseur-euse d’un terminal. Le site communautaire Twitter lance un slo-gan caractéristique de cette philosophie des technologies contemporaines : « Connectez-vous à vos amis — et d’autres personnes fascinantes. Recevez des mises à jour instantanées sur les choses qui vous intéressent. Et regardez les événements se dérouler, en temps réel, sous tous les angles ». En quoi une posture critique nouvelle exige aujourd’hui tout autant de se porter sur l’analyse des contenus que sur un usage frénétique des différentes interfaces apparues ces dernières années ? Comment l’enfant (et toute personne) pourrait se positionner, quelle démarche active et appropriation peut-il (peut-elle) être en capacité de se réaliser au milieu de ces injonctions que donne à entendre le discours positif de cette application ? À l’opposé d’une figure imposée de la connexion, ne s’agit-il pas de creuser et d’insuffler une pensée sachant déjouer les pièges mirifiques de l’espace et du temps apparemment réduits à rien ? Et de reconsidérer le « hic et nunc* » pour se défaire de liens qui tendent à s’insinuer dans nos temps libérés…* Ici et maintenant

Directeur de la publication : Christian GAUTELLIER. Rédacteur en chef : François SIMON.Équipe de rédaction : Alexandre AGNES, Jean-Baptiste CLERICO, Jeanne FROMMER, François LABOULAIS, Olivia RAMBUR, Solène LEBLANC-MARIDOR, Anthony PRIEM, Michel REBOURG, Marion RETAUX, Laurent VERDIÈRE. Traduction : Solène LEBLANC-MARIDOR. Photos : Jacques LABARRE et Alain GENEST. Secrétaire de rédaction : Marie Laure DE CARVALHO. Illustration : Sylvie CLABECQ Graphisme et mise en page : Amélie PETIT-GOMBERT. - IPNS sur du papier recyclé - Ne peut être vendu.

N°3 / Vendredi 21 août 2015Congrès des Ceméa / Grenoble 2015

4 1Pour lire le mag, plie le coin de la page 2 sur celui de la page 3

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L’éducation nouvelle est-elle soluble dans Twitter ?Festival européen du film d’éducationUn choix de programmation très axé sur des questions d’actualité, migrations, handicap, non discrimination, laïcité, … et en appui sur les films de la 10ème édition.

Lieu : Sciences Po, amphi E à 20h30.

Miniyamba de Luc Pérez. Comme des dizaines de milliers de personnes qui chaque jour dans le monde quittent leur terre natale, Abdu, un jeune musicien malien, a décidé de gagner l’Europe. Les rêves se confrontent à la dure réalité des mi-grants, avec au loin les lumières de l’Occident…

Où je mets ma pudeur ? De Sébastien Bailly. Le passage à l’oral approche pour Hafsia, talen-tueuse étudiante en Histoire de l’Art. On l’avertit que les portes de l’examen lui seront closes si elle s’y présente avec le hijab recouvrant sa chevelure de jais.

La petite casserole d’Anatole de Eric Mont-chaud. Anatole traîne toujours derrière lui une petite casserole. Elle lui est tombée dessus un jour… Véritable handicap, elle se coince par-tout et l’empêche d’avancer.

Les Jours d’avant, de Karim Moussaoui. Grand Prix du festival 2014. Années 1990, alors que l’Al-gérie est meurtrie par la décennie noire, Djaber et Yamina traversent avec fracas l’adolescence. L’horreur se meut à l’ombre de leur cité et les interdits les oppressent…

European Education Film FestivalA selection of films focused on topical issues, migrations, handicap, non-discrimination, secu-larism… and picked from the films of the 10th edition.Where ? Sciences Po, amphi E friday 21st at 20:30

Miniyamba de Luc Pérez. As thousands of people, who leave each day their homeland, Adbu, a young Malian musician, has decided to go to Europe. A journey from the Niger River to Ceuta enclave barbwire, where dreams crush onto the harsh reality of migration, seeing western lights from afar… During all his journey, Abdu’s music brings compassion and hope to his companions.

Où je mets ma pudeur ? by Sébastien Bailly. Hafsia, an art history student, is going to have to remove her hijab to take an oral exam. She goes to the Louvre to take a look at the painting on which she has to comment.La petite casserole d’Anatole by Eric Mont-chaud. Anatole is always dragging his little sauce-pan behind him. The saucepan fell on him one day, without anyone knowing why. It gets stuck everywhere and stops him from moving forward. Anatole has had enough, so he hides. Things are not so simple…Les Jours d’Avant by Karim Moussaoui. Bore-dom reigns in a housing estate in the south of Algiers in the mid-1990s. Djaber and Yamina are neighbours, yet do not know one another. For both, it is so difficult for boys and girls to meet up that they have almost ceased dreaming about it. But in just a few days, a hitherto suppressed, dis-tant violence breaks out in front of them, affecting their lives forever.

Soirée cinéma spéciale / special screening

Le 11e congrès national des Ceméaà Grenoble a été soutenu par :

Page 2: La gazette du mag du vendredi 22 Août

J’ai 25 ans. J’ai grandi en lisant Martine. Vous savez, Martine à l’école, Martine, petit rat de l’opéra, Martine, petite maman. Et longtemps, je n’ai pas remis en cause le contenu de ces albums jeunesse. J’aimais bien voir Martine aller à la ferme, ou m’inquiéter quand elle tombait malade. Je ne réalisais pas que l’ensemble de cette littérature contribuait au formatage social qui cantonne les femmes dans un rôle de mère et de ménagère. Qui pourrait reprocher à une enfant d’aimer les aventures d’un personnage à qui elle peut s’identifier (j’aime et j’aimais jouer à la poupée et faire la cuisine) ? Mais le temps passant, on peut s’interroger sur le regard que l’on porte sur certains livres… En grandissant j’ai d’abord eu un œil nostalgique à la lecture de ces albums, un souvenir tendre de moments passés avec Martine.

Et puis j’ai pris conscience un jour de ce discours patriarcal et traditionnel. Mais pas par l’école. Non, j’en ai pris conscience, tardivement, devant un film, L’Auberge espagnole, quand un des personnages se plaint de s’appeler elle-même Martine et donc de renvoyer cette image de la femme qu’elle rejette fortement. J’ai pris conscience de cette

représentation sociale intégrée de la femme dans une de ces situations de formation informelle encouragées par les Ceméa, qui constituent le cours de notre vie.

Pourquoi parler de Martine de si bon matin ? Parce qu’hier je me suis souvenue de ma relation ambigüe avec elle. Céline et Elodie de l’Association territoriale d’Alsace ont présenté un focus intitulé « Déconstruire les stéréotypes sexistes » à un groupe d’une quarantaine de militant-e-s. Elles appartiennent au groupe « Pratiques et analyses féministes » et nous ont donné un aperçu d’outils qu’elles utilisent dans des situations de sensibilisation aux questions de genre et d’égalité femme-homme. Un temps d’activité très court sous la forme d’un débat mouvant a été le catalyseur d’une réflexion collective dans lequel les expériences personnelles et professionnelles de chacun-e ont permis de lancer des pistes nécessaires pour penser le genre dans notre société mais aussi et avant tout dans l’association elle-même.

Les retours des militant-e-s de ce focus et d’un autre intitulé « Éducation sexuée et comportements sexistes » se recoupent : avant de proposer des préconisations pour faire évoluer la société, ne faudrait-il pas questionner le positionnement de celles et ceux qui veulent être le moteur de cette évolution ? En observant par exemple la répartition du temps de parole entre femmes et hommes au sein même de ce Congrès…

Genre et égalité, une thématique qu’il semble nécessaire d’approfondir selon les militant-e-s. Pourquoi ne pas commencer par écrire Martine, militante féministe au Congrès des Ceméa ?

Martine à la montagne Cent projets d’Éducation nou-velle, foisonnement pétillant d’ex-périences es agir simples, mo-destes mais toutes empreintes de la petite geste que les Ceméa filent comme une métaphore d’un commun hors du commun. Bel inventaire d’inventions au-delà des intentions.

J’ai choisi de diriger ma focale sur ce que nous avons à montrer de l’école et de ses environs, y compris quand elle s’absente des esprits de nombre d’adoles-cents qu’on dit « décrocheurs ».

Le projet politique des Ceméa met en avant le désir d’une transformation sociale où l’émancipation des citoyens ne serait pas un leurre. Comment pouvons-nous participer à une évolution éducative, à sa révolution ?

Les projets que j’ai suivis témoignent tous d’une grande ardeur à bouleverser les schémas, les archétypes fossilisés qui enrichissent le terreau du « toujours moins d’éducation ». Les Ceméa sont porteurs de trouvailles. Les novations qu’ils promeuvent sont si ordinaires qu’elles en sont d’une exceptionnelle modernité.

Que ce soit en région Rhône-Alpes avec un travail sur la formation à la médiation par des pairs au collège, en région Picardie où il est question de relais pour remobiliser les adolescents ou en Guadeloupe qui a mis en place une école de quartier pour les élèves décrocheurs, il s’agit à chaque fois d’une approche originale souvent ponctuelle et qui a du mal à s’installer dans le temps et dans les têtes calaminées des pontes qui font l’opinion. Il s’agit d’un autre regard, d’une autre vision du monde, de réelles perspectives de bouleversements où chacun est le sujet de sa «phrase éducation» et fixe la règle de sa «grammaire vie».

Comme je l’ai entendu dire, ces scintillements, ça pertine dans les cohortes et peu chez les pédagogues.

Ce qui distingue les Ceméa, c’est la capacité à coopérer avec des partenaires, identifiés, ren-contrés avec qui après s’être parfois empoignés, la collaboration devient possible. Comment ces aventures communes peuvent-elles colorer et durablement une réalité qui « pèse comme un couvercle*» ?

Les Ceméa, forts de leur palette de spécificités, ont des apports originaux à agir. Mais me reste dans un coin de moi, réfugiée et tenace une question mordante. Qu’est-ce qui fait école au-jourd’hui, qu’est-ce qui fonde le process où vivent bon gré mal gré les « qu’on nomme élèves » ?

Faut-il forcément des enseignants pour leur faire école ?

*Baudelaire (spleen)

La gazette du mag - n°2 / Jeudi 20 août 2015Congrès des Ceméa / Grenoble 2015

Repères et réflexions

Écrit par Jeanne FROMMER

Plie le coin de la page 2 sur celui de la page 3 2

Focus, vous avez dit focus ?Écrit par François SIMON

Piocher la bonne histoire

Focus or not focus, that is the question ?

Page 3: La gazette du mag du vendredi 22 Août

Quel devenir pour les loisirs collectifs ?Conférence d’Isabelle Montforté

L’auditoire passionné par les intervenants

Quelle place pour la vie culturelle dans la cité ?

Une journée en images

Reportage

8h45 : Environ 200 personnes sont présentes pour la table ronde intitulée : 10 ans après « les temps libérés », quels devenirs pour les loisirs collectifs ? Isabelle MONFORTÉ, représentant l’OVLEJ (Ob-servatoire des Vacances et de Loisirs des Enfants et des Jeunes), fait virevolter les chiffres et nous présente deux enquêtes portant sur l’accès aux vacances. Premier constat : 30% des français-e-s ne par-tent pas en vacances pendant l’année. De plus, la majorité des familles profite de cette « paren-thèse utile » (selon les mots de Jean-Didier Ur-bain) chez leur famille ou leurs amis, notamment par manque de moyens financiers. Ce qui frappe ensuite dans ce constat est l’absence d’études concernant les départs en vacances des enfants et des adolescents. Malgré les cris alarmants, l’OVLEJ constate seulement une légère baisse des départs en sé-jours. Le vrai problème concerne le renforcement des inégalités à l’intérieur même des espaces d’apprentissage de la vie en collectivité : moins de départs chez les familles aux revenus les plus faibles (surtout chez les adolescents, avec une baisse de 20%). Nous nous interrogeons. Certes il faudrait parfois retravailler l’image des colos mais ce qui creuse les inégalités, ce n’est pas le manque d’intérêt des familles pour ces riches moments, c’est la volonté politique de l’État.

Les années 90 sont marquées par la fin de l’universalisme des aides au départ. Les financements publics ciblent d’avantage les familles à bas revenus, intention louable mais qui a pour effet pervers de rejeter toute une branche de la population : les classes moyennes. Cela nous donne aujourd’hui d’un coté des colonies de vacances pour les pauvres et de l’autre coté des séjours pour les riches. Ce désengagement de l’État entraîne l’arrivée de nouveaux acteurs qui modifient profondément l’esprit initial des colos. En 2000, 74% des départs étaient gérés par des associations et 2% par des sociétés commerciales. 15 ans plus tard, 65% de ces départs sont organisés par le monde asso-ciatif alors que les sociétés privées en organisent 11%. Libéralisation quand tu nous tiens...D’accord, tout n’est pas à jeter chez ces socié-tés à but lucratif où parfois le projet pédagogique est solide, laissant une place à l’autonomie de l’enfant. Mais qui dit libéralisation dit concurrence. Les organismes entrent dans une surenchère de l’activité de consommation et du séjour à thème, les prix excluant toute une partie de la population. Nouveaux paradigme dans les têtes : les colos, un business comme un autre.Pour beaucoup de familles et d’enfants, l’expérience collective est recherchée et consi-dérée comme une force. Une remise en question semble nécessaire pour ne pas tomber dans la marchandisation des colos. Une fois ces constats établis, quelle place doivent prendre les Ceméa ? Réponse dans la suite des travaux certainement.Dans tous les cas, il nous semble urgent de se renouveler, d’inventer collectivement de nouvelles formes d’accueils collectifs, de regagner les confiance des familles et de re-politiser les centres de loisirs à travers les formations. Le libéralisme est à nos portes, il gagne du terrain. Ne lâchons rien et résistons avant qu’il ne soit trop tard.

*N’hésitez pas à consulter les nouvelles enquêtes chif-frées sur le site de l’OVLEJ (www.ovlej.fr)

De la libération des temps libérés, ou comment passer de l’éducation populaire à la part de marché...

Public concentré avant le bruissement lors de la table ronde

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Carrément méchant-e, jamais content-e…

Quand Edwy Plenel entame sa confé-rence par un appel à nous autres congressistes au « Savoir dire NON ! », sait-il quelle porte ouverte il enfonce ?

La politique, le monde, la France : nation de la grande râlerie ! Morceaux choisis : « C’est pas pour faire mon vieux con, mais la cantine c’est dégueulasse ! » « Un seul rouleau d’PQ pour 5 jours ?! » « Ranafout’ j’donnerai pas mon mail aux ricains !! » « La Résidence Ouest, c’est quand même vachement loin ! » Perf’ BAFA ? Non. « Broie du noir au Congrès », régule Jour 1.

Ami-e râleur-se, ta mauvaise humeur communicative ne m’a pas épargnée et me voilà râleuse à mon tour, paradoxale mise en abîme schizophrénique. Chan-gement de programme, à la table ronde Psychothérapie et pédagogie institution-nelle j’trouverai bien quelqu’un d’santé mentale qui saura m’aider.

Et si on restait contructif-ve-s ?

La gazette du mag - n°3 / Vendredi 21 août 2015Congrès des Ceméa / Grenoble 2015

Ça pourrait aller mieux

Reportage de Alexandre AGNES et Anthony PRIEM

Paroles de congressistes

écrit de Marie RETAUX

Page 4: La gazette du mag du vendredi 22 Août

Elle s’adresse à tous ; elle est de tous les instants. Tout être humain peut se développer et même se transformer au cours de sa vie. Il en a le désir et les possibilités.Extrait du Projet associatif Des principes, des valeurs

Pour tous les enfants, les jeunes, les adultes et tous les acteurs éducatifs, les Ceméa, mouvement d’éducation revendiquent une formation aux médias et à l’information, citoyenne, culturelle, critique et systéma-tique. Les Ceméa réaffirment la nécessité d’accessibilité pour tous et la dimension de bien public des contenus et supports médiatiques. Association d’éducation popu-laire, les Ceméa défendent l’existence d’un service public indépendant pour tous les médias, et portent un projet politique qui reconnaît la société civile comme interlocu-teur des pouvoirs publics et des industries du programme. Dans une posture de co-régulation citoyenne, au service d’une politique « Médias – Jeunesse » ambitieuse.Extrait de la charte Médias, éducation critique et engagement citoyen

Pour des temps libérés émancipateursPour les Ceméa, les temps libérés sont aujourd’hui l’un des enjeux majeurs de la société. Les inégalités devant les loisirs et les vacances posent la question de la co-hésion de la société.

Militant pour la reconnaissance du sens éducatif des temps libérés, les Ceméa revendiquent le droit effectif aux vacances, aux loisirs et au départ pour tous.C’est aux côtés des organisateurs de séjours, des col-lectivités territoriales, en démontrant par la pratique la pertinence des propositions de l’Éducation nouvelle que les Ceméa expérimentent, construisent et vérifient de nouvelles situations éducatives adaptées aux be-soins de la société.Les Ceméa revendiquent que l’offre de formation volontaire, construite sur des lo-giques d’émancipation et d’autonomisation des personnes, soit prise en compte comme l’un des leviers de l’engagement des jeunes.

Extrait du Manifeste issu de notre 10ème Congrès Les Ceméa affichent des ambitions militantes

Pour la réussite scolaire de tousPour les CEMÉA, l’éducation est globale. Il s’agit d’éduquer et d’enseigner. L’école doit être un lieu de réussite de tous et d’apprentissage des valeurs d’égalité et de coopération.

École - Extrait du Projet Associatif : Des espaces d’égalité et d’émancipation

Temps libre, Éducation, Éducation nouvelle, émancipation

Les fondamentaux de notre projetDessin de presse

MANIFESTEL’ É D U C ATION POUR AGIR

des ambitions militantesPour construire une société plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, dans une pers p e c t i ve éducatrice et émancipatrice

Dès 1971, les CEMÉA, m o u vement d’éducation, affirment qu’ils ont nécessairement une action surl ’ é volution de la société et qu’ils veulent participer à sa transformation. Ils situent leur action dansun courant de pensée de gauche sans aucune référence à une appartenance partisane. En 2010, ilscondamnent les choix politiques actuels qui aggra vent les inégalités et détruisent le vivre ensemble.Ils s'engagent dans la construction d'une alternative sociétale.À l’occasion de leurs congrès successif s, les C E M É A actualisent leurs propositions dans un projet asso-c i a t if national et les déclinent par territoire, en métropole et en Outre - M e r.Les C E M É A expriment ici des exigences politiques, sur lesquelles ils fondent leur projet associatif etl e u rs actions. Ces références servent de base solide et constante, à la fois aux positions publiquesqu'ils sont amenés à ex p r i m e r, et aux partenariats qu'ils construisent.

Pour une coopération renforcée POUVOIRS PUBLICS/société civile L’éducation, la culture, la santé et le social doiventrésister aux logiques de marchandisation et de mise enconcurrence. L’activité de ces champs doit se construiresur une continuité garantissant les innovations.Les CEMÉA affirment le besoin d'un État structurant, ini-tiateur de politiques nationales, garant d'une égalitéterritoriale et favorisant les initiatives locales. LesCEMÉA considèrent primordial le rôle des collectivitésterritoriales, au service des publics. Celles-ci, avec lesservices déconcentrés de l’État et l’ensemble des acteursayant des missions de service public, dont les CEMÉA,doivent mobiliser des réseaux multiples, inscrits dansdes pratiques coopératives et alternatives.Ils inscrivent leurs actions dans des missions de servicespublics locaux, territoriaux, nationaux et européens. Ilsrevendiquent la place des associations d'éducation popu-laire comme co-constructeurs des politiques publiques.

ECONOMIE SOCIALE et service public,l’alternative au tout libéralLes CEMÉA, par leurs actions, construisent un espace deproduction de savoirs et de services, qui s'inscrit dans lechamp de l'économie sociale et solidaire. Ils affirment laprimauté de l'humain sur le profit et l'existence debiens communs inaliénables.Ils travaillent à la mise en œuvre de ces choix, dans lesrelations avec leurs partenaires et au sein de leur propreorganisation. Ils défendent un modèle économique dedéveloppement démocratique, où chacun participe auxchoix.Les CEMÉA revendiquent que les secteurs d'intérêt géné-ral n'obéissent pas aux règles de la concurrence.Ils exigent la reconnaissance, la valorisation et la pro-motion de l'engagement des bénévoles et volontairesdans l'espace public.

La LAÏCITÉ au cœur du pacte républicainLa laïcité est un des principes fondamentaux de notresociété, un facteur essentiel d'unité. Elle est aujourd’huiremise en cause directement par ceux mêmes qui ontmission de la garantir.Les CEMÉA exigent de l'Etat et de l'ensemble des pou-voirs publics de respecter et de faire appliquer pleine-ment les principes qui fondent la laïcité : la liberté deconscience, la séparation des églises et de l'Etat, le libreexercice de tous les cultes et de l’athéisme, le respectdes droits humains et de la diversité culturelle.Cela nécessite de combattre les fondamentalismes, pro-sélytismes et replis communautaires et de lutter partous les moyens contre les conditionnements et les alié-nations de l’industrie de la communication et des mar-chés.Les CEMÉA, pour leur part, continueront d'agir pour créerles conditions de l'acquisition de l'esprit critique et dudéveloppement du vivre ensemble.

La PROMOTION SOCIALEpar l’éducation populaireDans leurs pratiques de formation et d’accompagnement,les CEMÉA font référence à l’Éducation nouvelle et àl’Éducation populaire, qui au travers de la dialectiqueindividu/groupe, contribue à la construction du liensocial.Face aux différentes réformes en cours et à ve n i r, auxrisques d’instrumentalisation, ils réaffirment la primautédu social et des solidarités sur la marchandisation dum o n d e, et celle de l’éducation et de la prévention sur lar é p re s s i o n .Les C E M É A affirment la nécessité du cara c t è re émancipa-teur et promotionnel des formations et des accompagne-ments qu’ils conduisent. Ils réfutent l’idée de les réduireà la seule nécessité immédiate d’insertion et d’employa-b i l i t é .

AIX-EN-PROVENCE - 27 août 2010

1 0eCongrès

des Ceméa

L e s CEMÉA a ff i c h e n t

L’éducationpour agir

2012-2015

• Pour une coopération renforcée pouvoirs publics/société civile • La laïcité au cœur du pacte républicain

• Economie sociale et service public, l’alternative autout libéral • La promotion sociale par l’éducationpopulaire • L'urgence d’une véritable politique publiquede jeunesse • Médias, éducation critique et engagement

citoyen • Pour la réussite scolaire de tous • Pour destemps libérés émancipateurs • Il n’y a pas d’éducationsans culture • L'éducatif, un impératif du développementdurable • La mobilité pour construire apprentissageset solidarités • Une éducation sociale et de soin, pourrépondre aux souffrances de chacun

Un mouvement d’éducation nouvellewww.cemea.asso.fr

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Réunion des animateur-trice-s des groupes de référence

«Le premier jour une trame commune, pour la suite à chacun sa méthode ! Penser à re-cueillir le ressenti des gens quant à leur par-cours choisi et à le faire remonter au G.D.C. Merci !»

Sylvie CLABECQ

Mercredi 19 août, il est 11h30 à quelques kilomètres du campus quand les plus jeunes congressistes se rencon-trent pour la première fois. Ils et elles s’appellent Gabi, Mao, Camille, Yöno…, ont entre 1 et 3 ans et entrainent leurs parents dans un projet un peu fou : organiser un ac-cueil parents-enfants pendant toute la durée du Congrès.

Préparé depuis plusieurs mois par le pôle « Jeunes en-fants », ce projet a deux objectifs : permettre aux parents de venir au Congrès avec leurs enfants et réfléchir en-semble, avec des parents militants, aux projets que les Ceméa veulent proposer pour cette tranche d’âge. Sur le site du Congrès un espace suscitant est consacré à cette thématique.Le principe est simple : les enfants sont pris en charge par deux professionnelles Éduca-trices de Jeunes Enfants et chaque parent s’accorde à passer 3h par jour avec le groupe. Et cela marche ! Douze parents sont bien là et, autour d’un café, s’organisent : règles de fonc-tionnement, groupes de référence, repas, couchers, soirées… Ils s’interrogent, tâtonnent, comme leurs enfants finalement, contents de vivre cette première expérience ensemble.

Attrape-moi !

L’accueil parents-enfants du Congrèsécrit par Solène LEBLANC-MARIDOR

Historia de un focus

Jueves 20 de agosto, 11h sala 4, edificio Alpilles.¡Adelante! Voy rumbo a mi primer focus del Congreso de los Ceméa. ¿ Qué bien puede ser esta cosa extraña, focus ?En todos casos, la gente se mueve por todas partes, ¿Dónde está la sala 11 ? ¿Y la 3 ?Yo, estaba en la sala 4, había una video y una exposición que presenta lo que hicieron padres, hijos y profesores durante una investigación que tuvo lugar en Tourcoing (Francia).El objetivo no es contarles la investigación sino explicarles el desarrollo de este focus.Después de un tiempo en el que los congresistas vieron la video y las actividades realizadas por los diferentes grupos, tuvimos que pensar en recuerdos de nosotros como alumnos, imaginarnos como padres… Verdaderos momentos de intercambios como a nosotros nos gusta en los cuales nos encontramos et compartimos nuestras prácticas.

escrito por Anthony PRIEM

Ce texte est disponible en français dans le mag en ligne sur congres2015.cemea.asso.fr

Actu / Reportage