TEXTE René GastPHOTOGRAPHIES Hervé Hughes

LA FRANCHE-COMTÉ

ITINÉRAIRES DE DÉCOUVERTES

Éditions OUEST-FRANCE

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Sommaire

Introduction .............................................................................................................................................................5

Au fi l du Doubs.....................................................................................................................................................7

Sur les pas de Courbet… .....................................................................................................................35

Quatre cités choisies ............................................................................................................................... 49

La"Ville-Lion et son"Territoire ..................................................................................................... 69

Un"pays grandeur"nature ....................................................................................................................81

Le sel de la terre .............................................................................................................................................111

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Page de gauche :La Loue vue du belvédère de la Piquette.

Plus modeste que le Doubs, au moins par sa longueur,

plus secrète aussi, n’arrosant aucune ville vraiment connue – sauf Ornans, grâce à Gustave Courbet – la Loue est un véri-table chef-d’œuvre naturel. Il est vrai qu’elle a de qui tenir, puisqu’elle naît du Doubs, à une dizaine de kilomètres au nord de Pontarlier, avant de le rejoindre

au sud de Dole, au terme d’une course aussi capricieuse que celle de sa rivière-mère…

DE LA SOURCE À ORNANSOn atteint la source, près du village d’Ouhans, par un sen-tier rocailleux où l’on distingue encore les ornières creusées par les chariots qui, jusqu’au dernier

Sur les pas de Courbet…

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un débit impressionnants. Il est vrai qu’elle a déjà parcouru un long trajet souterrain, et que cette « source » n’est en fait qu’une résur-gence. Dans ce « bout du monde » règne cette atmosphère étrange, un peu oppressante, que l’on ne retrouve que dans des lieux habités par les fantômes de très anciennes légendes. Rien d’étonnant à ce que Courbet, qui ne se lassait pas d’y venir, ne lui ait consacré pas moins de quatorze toiles…

Avant de s’engager dans la val-lée vers l’aval, deux belvédères méritent un bref détour : ceux de Renédale et du Moine, à quelques minutes de voiture d’Ouhans. Le premier off re du haut d’un à-pic de 350 m une vue à couper le souffl e sur les gorges de Nouailles, dans lesquelles s’engouffre la Loue. Du second, le panorama sur la haute vallée et deux de ses vil-lages – Mouthier-Haute-Pierre et Vuillafans – n’est pas moins magnifi que.

De sa source jusqu’à Ornans, dévalant en 20 km un dénivelé de 230 m, au fond d’un canyon dont la profondeur atteint parfois près de 400 m, la Loue est plus un tor-rent majestueux qu’une rivière. La route, qui en suit fi dèlement le cours en surplomb des gorges, off re presque à chaque virage des points de vue admirables. En amont de Mouthier-Haute-Pierre, un arrêt s’impose aux deux belvédères, aménagés à quelques centaines

siècle, acheminaient le grain et le bois vers les moulins et les scie-ries aujourd’hui disparus qui utili-saient la force motrice de la rivière. Un dernier tournant du chemin révèle brusquement un site d’une incomparable splendeur. Dans un cirque de falaises en à-pic de 150 m de haut, étroit et profond comme un gouff re, la Loue jaillit d’une énorme grotte avec une force et

Mouthier-Haute-Pierre, premier village en aval de la source de la Loue.

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La saga PeugeotC’est peu dire que le pays de Montbéliard vit au rythme de Peugeot. L’identifi cation est complète entre la « marque du Lion », la ville et ses banlieues, Valentigney, Mandeure, Audincourt et surtout Sochaux, dont le nom est sans doute plus connu que celui de Montbéliard, depuis que les usines Peugeot s’y sont installées en 1912.Au commencement, c’est-à-dire en 1725, était un meunier d’Hérimoncourt, Jean-Jacques Peugeot, dont personne n’aurait retenu le nom s’il n’était l’ancêtre de l’une des plus fameuses dynasties industrielles françaises. Ses fi ls et ses petits-fi ls développent l’entreprise familiale, ajoutant au fi l des générations d’autres activités, telles que la teinturerie et la fi lature de coton, puis dans la première moitié du XIXe siècle, une fabrique d’acier laminé. L’entreprise « Les Fils de Peugeot frères » fabrique alors des lames de scies, des moulins à café, des ressorts, et même des buscs de corsets et des armatures de crinolines… Mais c’est sous l’impulsion d’Eugène et surtout d’Armand Peugeot que la fi rme va se développer. Après avoir fondé en 1885 la première fabrique française de vélocipèdes, ils construisent en 1890 une voiture à pétrole équipée d’un moteur Daimler, puis créent en 1895 un moteur à essence. En 1896, la toute nouvelle « Société des automobiles Peugeot » vendra quatre-vingt-dix voitures. Pendant la Grande Guerre, la production s’accroît notablement, grâce à la qualité des camions Peugeot… et aux excellentes relations que la famille a nouées avec des membres de l’état-major.En 1921 est lancée la 5 CV « quadrillette », dont 95"000 exemplaires seront vendus en dix ans. Ce seront ensuite la 201, la 402, la 302, la 202, puis après la guerre, la 203 et surtout la 403, vendue à 1#400#000 exemplaires, et enfi n les 404, 304, 204, 504 et autres 505, 205 et 206…Une visite au musée Peugeot de Sochaux est indispensable. Des moulins à café à la 205 compressée par César, en passant par les grands-bis, les quadricycles, la Torpédo, la Bébé, la Papamobile ou les prototypes de course, il off re un superbe résumé d’une aventure industrielle hors du commun qui se confond avec l’histoire de la naissance du monde moderne…

L’immeuble Peugeot et le lion emblématique de la fi rme qui règne sur Montbéliard et Sochaux…

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Q u a t r e c i t é s c h o i s i e s

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le quartier de Neuveville, dont Frédéric de Wurtemberg confi a en 1598 la construction à Schickhardt afi n qu’y soient accueillis les huguenots français fuyant les persécutions.

Mais ne retenir de la ville que son patrimoine architectural serait trahir la réalité  : l’indus-trie – surtout à travers le nom de Peugeot – est trop liée à son his-toire et à son quotidien pour qu’on l’ignore. Ce n’est pas pour rien que Sochaux, banlieue sans grâce de Montbéliard, est sans doute plus visitée que la vieille cité. Même les plus allergiques au tourisme industriel l’admettront sans peine :

le musée Peugeot, qui y est installé, est non seulement passionnant, mais donne de surcroît le senti-ment de mieux compren dre l’âme montbéliarde.

La saucisse de MontbéliardComme la morteau, voilà une des gloires de la cuisine paysanne franc-comtoise qui a été bien malmenée… Fabriquée n’importe comment dans toute la France, accompagnant rituellement les lentilles dans la cuisine de bistrot, elle méritait de retrouver la vérité de ses origines. C’est aujourd’hui chose faite, grâce à la Confrérie des Compagnons du Boitchu – du nom d’un ancien couteau de charcutier – qui lui ont défi ni une charte de fabrication. Or donc, n’est de Montbéliard qu’une saucisse issue de la chair d’un porc – franc-comtois si possible – prédécoupée et présalée, puis hachée pour donner un « grain », qui, constitué de 90"% de maigre et de 10"% de gras, est assaisonné de sel, de poivre et d’épices, puis fourré dans des boyaux d’une trentaine de centimètres de long. Le tout est étuvé, puis fumé à la sciure de résineux. Si la saucisse de Montbéliard n’a pas encore accédé à la noblesse de l’AOC, le scellé des Compagnons du Boitchu vous garantira son authenticité.

Clocher à tavaillons du temple Saint-Georges.

Le musée Peugeot à Sochaux.

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Les vins du JuraC’est une vieille histoire d’amour que celle des Comtois et de la vigne. Déjà au VIe siècle av. J.-C., les Séquanais exportaient leurs vins jusqu’à Phocée, l’antique Marseille. Vingt siècles plus tard, on les retrouve à la cour de François Ier et d’Henri IV. Le vignoble du Jura atteindra son apogée au milieu du XIXe siècle. Le phylloxéra, les guerres et la concurrence des vins du Midi ont failli lui porter un coup fatal. Seule l’obstination des vignerons – et surtout la qualité de leur travail – a permis de le sauver. Il couvre aujourd’hui 2 050 ha, dont 1 650 en AOC, et s’étend sur une centaine de kilomètres, dans le Revermont, entre Salins-les-Bains et Saint-Amour, suivant un axe nord-sud légèrement « croissanté ». Sur la quarantaine de cépages qui au siècle dernier étaient encore exploités, cinq ont été retenus pour le classement en AOC : deux blancs – le chardonnay et le savagnin –, trois rouges – le pinot noir, le trousseau et le poulsard. Cent cinq communes se partagent six AOC, dont quatre « géographiques » – Château-Chalon, Arbois, L’Étoile, Côtes-du-Jura –, et deux « produits » – Macvin du Jura et Crémant du Jura.Les vins blancs issus du chardonnay ont une robe jaune pâle, des arômes de fl eur de raisin quand ils sont jeunes, et acquièrent après avoir vieilli deux ou trois ans en fûts de chêne un goût caractéristique de pierre à fusil. Associé au chardonnay, le savagnin donne un vin sec au goût et au nez de terroir plus prononcés.

Le vignoble d’Arbois donne quelques-uns des plus célèbres vins jurassiens.

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U n " p a y s g r a n d e u r " n a t u r e

Si les rouges de pur poulsard, de couleur rosée virant en vieillissant à la teinte « pelure d’oignon » sont assez rustiques, les rouges de trousseau sont chauds, taniques, alcooleux, longs en bouche, et ont des arômes de petits fruits rouges.Les vins de paille sont élaborés à partir d’un assemblage de savagnin, de chardonnay et de poulsard. Les grappes ont été récoltées précocement dans des paniers en osier, puis mises à sécher, soit accrochées une à une au plafond d’une pièce aérée, soit couchées sur de la paille dans des cagettes. Elles ne seront pressées qu’à Noël, alors qu’elles sont fl étries et déshydratées, mais regorgent de sucre. Le jus obtenu – 100 kg de vendange ne donnent que 15 à 18 l de moût"! – sera ensuite mis à vieillir au moins deux ans dans des petits tonneaux. En bouteille, le vin de paille se gardera au moins cinquante ans… Doux, très alcooleux – il titre entre 14,5° et 17° – ce cousin du sauternes, avec son nez de raisins frais et son goût de grillé, accompagne idéalement le foie gras et les desserts, à l’exception du chocolat.Le vin jaune – dont le Jura a l’exclusivité mondiale – est considéré comme l’un des meilleurs vins blancs de la planète. Issu du savagnin, il est aussi appelé « vin de gelées », car souvent récolté après la Toussaint. Vieilli en fût pendant au moins six ans et trois mois, il acquiert lentement une robe d’or lumineux et des arômes de noix, de noisette et d’amande verte. Une fois mis en bouteille – le « clavelin » de 62 cl – il peut rester cent ans en cave sans rien perdre de ses vertus…Le vignoble jurassien produit enfi n des mousseux et des crémants, vins eff ervescents élaborés suivant la méthode champenoise, ainsi que le Macvin, un alcool liquoreux à base de moût de raisin muté avec du marc et vieilli dix-huit mois en chêne.

Le château Pécauld, à Arbois, abrite le musée de la Vigne et du Vin.

Le village viticole de Château-Chalon.

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Table des matièresIntroduction .............................................................................................................................................................5

Au fi l du Doubs.....................................................................................................................................................7

De Mouthe à Pontarlier ......................................................................................................................................................8

De Pontarlier à Villers-le-Lac ................................................................................................................................... 14

De Villers-le-Lac à Montbéliard ..............................................................................................................................18

De Montbéliard à Besançon .......................................................................................................................................25

De Besançon à Dole ........................................................................................................................................................... 29

Sur les pas de Courbet… .....................................................................................................................35

De la source à Ornans .......................................................................................................................................................35

D’Ornans à la confl uence avec le Doubs ....................................................................................................... 45

Quatre cités choisies ............................................................................................................................... 49

Pontarlier la frontalière ...................................................................................................................................................51

Montbéliard l’industrieuse ..........................................................................................................................................53

Besançon l’intellectuelle ...............................................................................................................................................58

Dole la reine détrônée ....................................................................................................................................................64

La"Ville-Lion et son"Territoire ..................................................................................................... 69

Un"pays grandeur"nature ....................................................................................................................81

Le pays des Mille Étangs ................................................................................................................................................82

La Grande Traversée du Jura .................................................................................................................................... 88

La région des Lacs............................................................................................................................................................... 96

Le sel de la terre .............................................................................................................................................111

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