La France et la construction de nouveaux Etats par la guerre ......La France a été...

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THEME 2 La France dans l’Europe des nationalités : politique et société (1848/1871) La France et la construction de nouveaux Etats par la guerre et la diplomatie Introduction Condamnées avec force par le congrès de Vienne en 1815 au profit de l’équilibre des puissances et le maintien des dynasties régnantes, le principe des nationalités (principe selon lequel chaque peuple doit correspondre à un Etat), qui a déjà permis l’apparition de la Grèce en 1832, ébranle l’Europe en 1848. Ce printemps des peuples est durement réprimé mais il crée un nouveau contexte qui permet, dans les deux décennies suivantes, aux peuples de progressivement se doter d’un Etat. Ce mouvement se fait tant par l’action diplomatique que par la guerre, qui n’est, selon la définition de Carl von Clausewitz dans De la guerre (1831) « que le prolongement de la politique par d’autres moyens », c’est-à-dire la violence. La diplomatie et la guerre ont en effet le même objectif : « contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » La France a été spécifiquement touchée par le mouvement de 1848 : le régime de Louis-Philippe a été renversé et la Seconde République proclamée. Les élections présidentielles donnent le pouvoir à Louis- Napoléon Bonaparte. En 1851, il transforme le régime en un empire qui se veut une démocratie césarienne, représentant le peuple français et rêvant de renouer avec la gloire du premier empire… sans effaroucher les souverains régnants. Quelles sont les caractéristiques de la diplomatie française entre 1848 et 1871 ? Pour répondre à cette question, il convient d’analyser les principes de la diplomatie française et l’évolution de l’équilibre des forces européennes puis de comprendre, à titre d’exemples, le rôle spécifique joué par la France dans la construction de l’Italie et de l’Allemagne.

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  • THEME 2 La France dans l’Europe des nationalités : politique et société (1848/1871)

    La France et la construction de nouveaux Etats par la guerre et la diplomatie

    Introduction Condamnées avec force par le congrès de Vienne en 1815 au profit de l’équilibre des puissances et le maintien des dynasties régnantes, le principe des nationalités (principe selon lequel chaque peuple doit correspondre à un Etat), qui a déjà permis l’apparition de la Grèce en 1832, ébranle l’Europe en 1848.

    Ce printemps des peuples est durement réprimé mais il crée un nouveau contexte qui permet, dans les deux décennies suivantes, aux peuples de progressivement se doter d’un Etat. Ce mouvement se fait tant par l’action diplomatique que par la guerre, qui n’est, selon la définition de Carl von Clausewitz dans De la guerre (1831) « que le prolongement de la politique par d’autres moyens », c’est-à-dire la violence. La diplomatie et la guerre ont en effet le même objectif : « contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté »

    La France a été spécifiquement touchée par le mouvement de 1848 : le régime de Louis-Philippe a été renversé et la Seconde République proclamée. Les élections présidentielles donnent le pouvoir à Louis- Napoléon Bonaparte. En 1851, il transforme le régime en un empire qui se veut une démocratie césarienne, représentant le peuple français et rêvant de renouer avec la gloire du premier empire… sans effaroucher les souverains régnants.

    Quelles sont les caractéristiques de la diplomatie française entre 1848 et 1871 ?

    Pour répondre à cette question, il convient d’analyser les principes de la diplomatie française et l’évolution de l’équilibre des forces européennes puis de comprendre, à titre d’exemples, le rôle spécifique joué par la France dans la construction de l’Italie et de l’Allemagne.

  • 1. La diplomatie européenne entre 1848 et 1871 : le retour d"une grande puissance européenne dans le concert des nations

    1.1. De nouveaux principes

    1.1.1. La Seconde République En 1848, la proclamation de la Seconde République suscite de grands espoirs en Europe  : beaucoup de peuple imaginent en effet que, renouant avec le passé glorieux de la Révolution française, la France aidera les autres nations européennes à obtenir leur indépendance. Cette même proclamation suscite à l’inverse des inquiétudes parmi les monarchies européennes, qui craignent le retour d’une république belliqueuse qui remettrait en cause les traités de 1815.

    Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire, Alphonse de Lamartine, précise le 2 mars 1848, les principes de la nouvelle République. Ce Manifeste à l'Europe est destiné à rassurer les autres nations européennes et à poser les jalons d’une Renaissance de la puissance française.

    Doc. 1 Ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire, Lamartine s'adresse à ses agents à l'étranger et à travers eux à toute l'Europe, le 2 mars 1948, pour expliquer la politique étrangère que la République entend appliquer. "La proclamation de la République n'est un acte d'agression contre aucune forme de gouvernement dans le monde. […] La monarchie et la République ne sont pas, aux yeux des véritables hommes d'Etat, des principes absolus qui se combattent à mort ; ce sont des faits qui se contrastent et qui peuvent vivre face à face, en se comprenant et en se respectant. La guerre n'est donc pas le principe de la République française, comme elle en devint la fatale et glorieuse nécessité de 1792. […] La révolution d'hier est un pas en avant, non en arrière. Le monde et nous, nous voulons marcher à la fraternité et à la paix. […] Les traités de 1815 n'existent plus en droit aux yeux de la République française ; toutefois les circonscriptions de ces traités sont un fait qu'elle admet comme base et comme point de départ dans ses rapports avec les autres nations. […]Cette émancipation de la République des traités de 1815 […] n'a rien d'irréconciliable avec le reste de l'Europe."

    Alphonse de Lamartine, Manifeste à l'Europe, 1848.

    QUESTION Pourquoi Lamartine oppose-t-il les républiques de 1848 et 1792 tout en se démarquant des traités de 1815 ?

  • 1.1.2. Napoléon III Biographie d'Otto Von Bismarck dans le manuel au début du chapitre.

    Mais l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte et la proclamation de l’empire en 1851 change la donne. C’est en effet empereur qui mène la politique extérieure de la France, souvent de manière solitaire. Les principes qui l’animent sont donc fondamentaux pour comprendre l’évolution de la diplomatie française. Napoléon II est surnommé le sphinx par Bismarck, ambassadeur de Prusse en France puis chef du gouvernement prussien, pour traduite la difficulté à saisir les desseins de l’empereur. Ses écrits permettent néanmoins de comprendre les grandes idées qui l’animent. Les questions internationales occupent une grande partie des écrits de jeunesse de Louis-Napoléon Bonaprate ( par exemple Rêveries politiques, 1832) , dans lesquels il défend la politique de son oncle Napoléon Ier). Selon lui, Napoléon Ier n’aurait lancé que des guerres défensives pour protéger la Révolution et l’intégrité de la France. Il aurait voulu libérer les peuples asservis et garantir la paix par une confédération des nations, rendue impossible par le Congrès de Vienne. Pour Napoléon III, il faut revenir à cette idée, car si le continent reste « une prison des peuples », le « gouffre des révolutions » risque de se rouvrir. Napoléon III est donc partisan du principe des nationalités mais aspire aussi à l’ordre.La France a pour lui un rôle spécial à jouer pour réaliser ce dessein ; après son action « tous les peuples seront frères ils s’embrasseront à la face de la tyrannie détrônée, de la terre consolée et de l’humanité satisfaite ». Le poids du passé est donc essentiel pour comprendre les principes de la politique de Napoléon III. Mais la personnalité de l’empereur est tout aussi importante : s’il est français, il est corse par son père et créole par sa mère, ses parents ont régné sur la Hollande, il a vécu en exil en Suisse, en Bavière, à Florence, à Rome, en Angleterre et aux Etats-Unis. Il parle couramment le français, l’italien, l’allemand et l’anglais et, après son mariage avec Eugénie de Montijo, l’espagnol. Il est donc autant français qu’européen et son rêve est d’établir une société des nations qui permettrait d’éviter à la fois la réaction et la révolution. Dans son discours de Bordeaux du 9 octobre 1852, il promet donc aux puissances européennes « l’empire, c’est la paix », pour se démarquer de son oncle et rassurer les puissances garantes de l’ordre de Vienne (l’Autriche, la Russie, la Grande-Bretagne et la Prusse).

    1.1.3. De nouveaux acteurs Biographie d'Otto Von Bismarck dans le manuel au début du chapitre. Carte Les étapes de l'unité italienne dans le manuel au début du chapitre.

    Napoléon III n’est cependant pas le seul acteur de la diplomatie française. Le Ministère des Affaires étrangères joue un rôle de plus en plus important grâce à ses diplomates de plus en plus professionnels. Edouard Drouyn de Lhuys, deux fois ministre entre 1853 et 1866, mène une politique étrangère de grandeur sans se référer en tout à l’empereur. A partir de 1864, la diplomatie devient un enjeu politique : Eugène Rouher devient le principal ministre de Napoléon III, au point d’être considéré comme « vice-empereur ». Il entre en conflit avec Drouyn de Lhuys. Cette rivalité a des conséquences désastreuses pour la France : alors que Drouyn de Lhuys, en fin connaisseur des réalités prussiennes, prône la fermeté face à la Prusse, Rouher, plus politique que diplomate, veut la neutralité française afin d’obtenir des avantages territoriaux sur le Rhin. Cette professionnalisation se traduit aussi par une ouverture des champs de la diplomatie française : Napoléon III ne s’intéresse pas seulement aux Etats mais organise des conférences diplomatiques sur la monnaie, le droit maritime, la lutte contre les épidémies, ce qui contribue au rayonnement de la France

  • De manière encore timide, un nouvel acteur commence à peser sur les choix diplomatiques européens : les opinions publiques (l'opinion publique est l'ensemble des attitudes et des jugements, tant individuels que collectifs, que suscite un évènement ou un problème d'ordre général dans l'espace public). Le régime napoléonien se présente comme reposant sur la volonté populaire et, s’il est loin d’être démocratique, il ne peut s’affranchir totalement des souhaits du peuple français. Un exemple parlant est celui de la question des Etats Pontificaux (les Etats Pontificaux sont les Etats dont le souverain est le pape et qui occupe la plus grande partie de l'Italie centrale du Moyen Age jusqu'en 1960) : Louis-Napoléon, alors président de la Seconde République, est parvenu à envoyer un corps expéditionnaire à Rome pour rétablir le pape Pie IX sur son trône, ce qui lui vaut le soutien des catholiques français. Il perd à l’inverse le soutien de l’Eglise et des catholiques de France lorsqu’il tente de se désengager de la question des Etats pontificaux… et décide donc de soutenir le pape dans ses revendications territoriales…

    Ces donnés nouvelles expliquent le retour de la puissance française

    1.2. Le retour de la puissance française

    1.2.1. La guerre de Crimée (1853-1856)

    Napoléon III veut la paix et l’ordre, mais il veut aussi renouer avec la grandeur de la France. Le contexte des années 1850 lui donne l’occasion de se poser comme arbitre face à deux puissances : la Russie et l’Autriche. La Russie de Nicolas Ier tente en effet de profiter de la faiblesse de l’Empire ottoman, l « homme malade de l’Europe » pour étendre son influence sur les Balkans en prétextant la nécessité de protéger les communautés orthodoxes. A terme ; le contrôle de l’accès aux mers chaudes permettrait de renforcer la puissance russe  ; ce qui explique l’attaque des provinces danubiennes en 1853.

    C’est le début de la guerre de Crimée qui marque le retour de la puissance française en Europe. A la tête d’une coalition formée de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Empire ottoman et du royaume du Piémont- Sardaigne, la victoire militaire est acquise à Sébastopol en 1855. Le congrès de la paix se tient à Paris, dans l’hôtel du quai d’Orsay flambant neuf, en mars-avril 1856 et rassemble le comte de Cavour, président du Conseil piémontais, le comte Orloff, représentant du star, le comte Walewski, ministre des Affaires étrangères français, lord Clarendon, représentant de la reine d'Angleterre et Emin Aali Pacha, vizir de l'Empire ottoman. Napoléon II devient alors l’arbitre du jeu international, effaçant l’humiliation du congrès de Vienne et initiant un multilatéralisme très moderne.

    1.2.2. La défense de la question des nationalités

    La France devient donc un acteur majeur de la politique européenne et Napoléon III peut ainsi promouvoir ses idées : principes des nationalités et stabilité européenne. C’est ainsi qu’il réussit à faire accepter à l’Empire ottoman, qui lui est redevable après le congrès de Paris, l’autonomie de la Serbie, du Monténégro et des principautés roumaines de Valachie et de Moldavie. Ces dernières s’unifient rapidement et deviennent, avec l’appui de la France, la Roumanie.A sa tête, un francophile, Alexandre Cuza, qui s’inspire de la politique de Napoléon mais est renversé en 1866. La Roumanie est alors dans l‘orbite prussienne.

    Mais c’est la Confédération allemande, et les tentatives de la Prusse de s’imposer, et surtout l’Italie, et donc l’empire austro-hongrois qui retient l’attention de Napoléon. Il faut pour comprendre cette passion italienne de Napoléon III

  • revenir sur sa jeunesse. Il a 15 ans lorsqu’il découvre l’Italie avec sa mère, Hortense de Beauharnais. Il s’enthousiasme pour les patriotes italiens, romantiques et libéraux, au point de s’engager avec eux dans la conspiration de 1831, les armes à la main. L’aventure tourne court mais Louis-Napoléon en tire une conviction  : « tous les peuples de l’Europe recouvrent leur droit et sauront les conserver ». Devenu empereur, il tente de mettre en application ses convictions mais est obligé de tenir compte des rapports de forces en présence.

    2. La création de nouveaux Etats : l'Italie et l'Allemagne

    2.1. La création de l'Italie

    2.1.1. L'unité italienne grâce à la France Cartes Les étapes de l'unité italienne dans le manuel au début du chapitre. Bibliographie de Cavour dans le manuel au début du chapitre. Dossier Le rattachement de Nice et de la Savoie à la France dans le manuel.

    La Péninsule italienne, depuis la Renaissance, était divisée en différents royaumes, duchés ou états aux organisations et aux identités différentes, en particulier linguistiques. Deux états présentent une particularité forte  : les Etats pontificaux, dont le sort préoccupent les catholiques du monde entier (en particulier les catholiques français), et le royaume lombard-vénitien, occupés par l’empire d’Autriche.

    Napoléon III, fidèle à ses idéaux de jeunesse, avait associé le royaume du Piémont-Sardaigne à la guerre de Crimée, ce qui lui avait permis de donner une certaine légitimité européenne à ce dernier. En juillet 1858, Napoléon III rencontre à Plombières (dans les Vosges) le premier ministre du royaume de Piémont-Sardaigne, Camillo Benso, comte de Cavour, dit Cavour. Ce dernier avait fondé en 1847 un journal, Il Risorgimento, qui prônait la monarchie constitutionnelle et défendait l’unité italienne, et était devenu député libéral en 1848 au parlement du royaume de Piémont-Sardaigne puis premier ministre en 1852. Lors de l’entrevue de Plombières, il négocie une alliance militaire avec Napoléon III. La France et le royaume de Piémont-Sardaigne entrent en guerre contre l’empire d’Autriche au printemps 1859. En juin 1859, les armées française remportent les victoires de Solférino et Magenta et Napoléon III négocie, seul, avec l’empire autrichien l’armistice de Villafranca du 11 juillet 1859 et obtient le rattachement de la Lombardie au royaume de Piémont-Sardaigne.

    Profitant de la situation troublée en Italie centrale, et avec l’appui diplomatique de la France, le royaume de Piémont –Sardaigne annexe dans le même temps les duchés de Toscane, de Parme et de Modène. En contre-partie de son aide décisive, la France de Napoléon III se voit offrir par Victor-Emmanuel II, le roi de Piémont-Sardaigne, le comté de Nice et la Savoie.

    Toutes ses annexions, contrairement à celles imposées parle congrès de Vienne en 1815, sont suivies de plébiscites afin de s’assurer du soutien des populations, conformément aux idées libérales et nationalistes de Napoléon III. Même si ces derniers sont parfois contestables.

  • ACTIVITÉ Complétez le schéma, selon les différents points de vue exprimés dans les documents du manuel (dossier documentaire Le rattachement de Nice et de la Savoie à la France.

    2.1.2. L'Italie contre la France Cette première étape de l’unification italienne ne permet cependant pas l’unification de toute la péninsule, et Giuseppe Garibaldi, après avoir démissionné de son poste de député au parlement du royaume de Piémont-Sardaigne, décide poursuivre le mouvement d’unification par « l’expédition des Mille ». Un millier de volontaires, appelés les chemises rouges, s’emparent de la Sicile, de Naples et d’une grande partie des états pontificaux. Les territoires ainsi unifiés deviennent le royaume d’Italie, proclamé le 17 mars 1861. Victor Emmanuel II devient roi d’Italie. En 1866, la Vénétie est finalement rattachée au royaume d’Italie après la victoire de la Prusse, alliée aux Italiens, sur les Autrichiens lors de la bataille de Sadowa.

    Cette expédition et cette unification ne reçoivent pas l’appui de la France car Napoléon III, depuis 1849, est le protecteur de la papauté et ne peut admettre une annexion des territoires pontificaux à la nouvelle Italie. La question romaine empoisonne les relations entre la France et l’Italie de 1860 à1870. Napoléon III demande dans un premier temps au Pape de renoncer à ses Etats afin de garantir son pouvoir spirituel mais Pie IX condamne

    Selon un caricaturiste italienSelon Engels

    Le rattachement de Nice et de la Savoie

    à la France

    Selon CavourSelon Napoléon III

  • publiquement Cavour et le soutien de Napoléon III à ce dernier. Les catholiques français menacent alors directement de ne plus soutenir Napoléon III, qui se trouve contraint de protéger militairement le pape à Rome. En 1865, Napoléon III décide cependant de retirer les troupes françaises de Rome alors que le roi d’Italie transfère sa capitale de Turin à Florence (ce qui semble indiquer que les patriotes italiens avaient renoncer à faire de Rome la capitale du royaume d’Italie). Mais Garibaldi décide d’attaquer la ville et les Français sont obligés d’intervenir, écrasant l’armée italienne à Mentana en 1867 et réinstallant le pape à Rome. La défaite de la France face à la Prusse en 1870 sonne la fin des Etats pontificaux : Rome devient capitale du royaume d’Italie en 1871.

    La politique française est donc à l’origine directe de l’unification italienne, mais aussi, de manière indirecte, de l’unification allemande.

    2.2. La naissance de l'Allemagne

    2.2.1. Les débuts de l'unification allemande et la bienveillance française Cartes Les étapes de l'unité allemande dans le manuel au début du chapitre. Biographie d'Otto Von Bismarck dans le manuel au début du chapitre.

    L’espace germanophone de 962 à 1806 était organisé par le Saint Empire Romain Germanique, qui regroupait des centaines d’états de taille très variable autour d’un empereur élu, qui se pensait comme le successeur des empereurs romains et des empereurs carolingiens. Ce Saint Empire Romain Germaniuqe est supprimé par Napoléon Ier, qui réorganise cet espace autour de la confédération du Rhin, du Bade Wurtemberg, de la Bavière, de l’Empire d’Autriche et de la Pologne. En 1815, suite au congrès de Vienne, l’espace germanophone devient la confédération germanique. Mais cette confédération voit s’opposer deux puissances : la Prusse, au nord, industrielle, protestante et allemande et l’Autriche, au sud, catholique, agraire et multiethnique, ce qui ne permet pas une réelle unité de cette confédération. Chacun des deux pôles souhaite en effet agrandir son influence en annexant des états plus petits.

    Otto von Bismarck, député conservateur au parlement de Prusse, veut réduire l’influence de l’Autriche en Allemagne. Ambassadeur de Prusse en Russie puis en France entre 1859 et 1862, il devient ministre-président de la Prusse en 1862 et son programme est clair : il faut étendre le pouvoir de la Prusse par le fer et le sang.

    Doc. 2 Le discours du fer et du sang Dès sa prise de fonction, Bismarck réclame aux députés les moyens nécessaires à la réforme de l'armée. " L'Allemagne n'admire pas le libéralisme prussien mais sa puissance ; la Bavière, le Wurtemberg, le pays de Bade peuvent bien laisser le libéralisme se développer, ils n'obtiendront pourtant pas le rôle de la Prusse ; la Prusse doit rassembler sa force, faire bloc et attendre le moment favorable, qu'elle a déjà manqué plusieurs fois dans le passé ; les frontières du congrès de vienne ne sont pas favorables à un fonctionnement sain de l'Etat ; ce n'est pas par les discours et les votes à la majorité que les grandes questions de notre temps seront décidées - çà a été la grande erreur de 1848 et 1849 - mais par le fer et le sang." Bismarck, Discours devant le Landtag de Prusse, 1862.

    C’est ainsi qu’il réorganise l’armée prussienne et commence une politique de conquête systématique : conquête des duchés danois en septembre 1865 puis, après avoir négocié une neutralité française en octobre 1865 lors de l’entrevue de Biarritz, conquête d’une partie de l’Autriche après la défaite de Sadowa en 1866. La confédération

  • germanique est en effet dissoute en 1866, laissant place à la confédération de l’Allemagne du Nord, dominée par la Prusse. Les états du sud se regroupent autour de la Bavière tandis que l’Autriche perd toute influence sur cet espace et décide se tourner vers le sud, devenant en 1867 l’empire d’Autriche Hongrie. Napoléon III, qui attendait comme récompense de sa neutralité bienveillante, des compensations territoriales sur le Rhin, ne reçoit rien et l’opinion publique française commence à s’inquiéter de la puissance prussienne.

    2.2.2. La guerre franco-prussien de 1870-1871 Biographie de Guillaume Ier de Hohenzollern dans le manuel au début du chapitre. Dossier 1871 Bismarck et la proclamation du Reich dans le manuel. Dossier L'annexion de l'Alsace et du nord de la Lorraine en 1871dans le manuel.

    Otto von Bismarck souhaite en réalité l’unification de toute la nation allemande mais se heurte aux spécificités des états du sud, catholiques et réticents face à la puissance militaire prussienne. Il fallait trouver un facteur d’unité, la conquête militaire étant exclue étant donné la puissance de la Bavière. Les circonstances l’aideront  : le roi de Bavière, Louis II, est plus préoccupé par la musique de Wagner et la construction de ses châteaux que par la politique et laisse son entourage proche associer de plus en plus la Prusse à la diplomatie bavaroise. Et la France, après l’Autriche, devient l’ennemi qui permet d’unifier tous les Allemands.

    Otto von Bismarck transforme en effet une banale affaire de succession dynastique en occasion de guerre. En effet, en 1870, le prince Léopold de Hohenzollern-Singmaringen, membre de la famille de roi de Prusse Guillaume Ier, se porte candidat au royaume d’Espagne. La France de Napoléon ne peut se permettre d’être encerclée par la famille Hohenzollern, et demande à Guillaume Ier de s’opposer à cette candidature, ce qu’il accepte tout en refusant de donner plus de garantie.. Bismarck s’empare de la réponse de Guillaume et la durcit, la transformant en insulte diplomatique  : c’est la dépêche d’Ems du 13 juillet 1870. La France déclare le 19 juillet la guerre à la Prusse, et les états du sud, en particulier la Bavière, décident de soutenir la Prusse.

    Doc. 3 La provocation de Bismarck L'ambassadeur français se rend auprès du roi de Prusse, Guillaume Ier pour régler la crise de succession du roi d'Espagne. Bismarck donne sa propre version des faits de cette entrevue et la diffuse dans toute l'Europe. "Berlin, le 13 juillet - Après que la renonciation du prince Léopold de Hohenzollern eut été communiquée au gouvernement français par le gouvernement espagnol, l'ambassadeur de France demanda de nouveau au roi de l'autoriser à télégraphier à Paris que le roi de Prusse s'engageait à ne jamais donner de nouveau son contentement dans le cas où le prince des Hohenzollern reviendrait sur sa candidature. Le roi refusa de recevoir de nouveau l'ambassadeur de France et lui fit dire par l'adjudant de service que Sa Majesté n'avait plus rien à lui communiquer."

    Bismarck, Discours devant le Landtag de Prusse, 1862. CONSIGNE Montrez que la façon dont le texte est rédigé est une humiliation pour la France.

  • La guerre est brève  : mal préparée, les armées de Napoléon III sont vaincues à Sedan le 2 septembre 1870 et l’Empire s’écroule le 4 septembre. Le gouvernement de défense nationale de ce qui deviendra en 1875 la Troisième République tente de poursuivre la guerre, mais les Prussiens assiègent Paris et s’installent à Versailles. L’Empire allemand est alors proclamé le 18 janvier 1871 dans la galerie des glaces. La France signe l’armistice le 28 janvier 1871. Le traité de Francfort du 19 mai 1871 achève l’humiliation française : les indemnités de guerre sont très lourdes et surtout la France doit céder l’Alsace et la partie mosellane de la Lorraine.

    ACTIVITÉ Répondez aux questions 1 à 5 du dossier documentaire L'annexion de l'Alsace et du nord de la Lorraine en 1871.

    Conclusion

    Le mouvement des nationalités en Europe, initiée par la France par la révolution de 1789 et stimulé par les guerres napoléoniennes, aboutit à une recomposition complète de la carte d’Europe entre 1860 et 1871.

    Cette recomposition est lourde de conséquences pour l’avenir. La France attend sa revanche…