La Forge N503

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3:HIKLTJ=XUWUU[:?k@f@a@n@a; M 01993 - 503 - F: 2,00 E www.pcof.net Mensuel n°503 : Janvier 2010 Prochaine parution : le 09 Février 2010 2 Copenhague : le capitalisme mis en accusation Copenhague : le capitalisme mis en accusation “Prolétaires de tous les pays unissez-vous !” Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France Régionales 2010 : lancement des listes “Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologistes et citoyennes” 24 janvier à Paris : Manifestation Afghanistan. Retrait des troupes de l’OTAN ! 13 janvier 11H à la Gare d’Amiens : Solidarité avec les Contis. 21 janvier : Journée d’action dans la fonction publique. 30 janvier : Manifestation des enseignants. Ils étaient 100 000 dans les rues de Copenhague

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Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France

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Mensuel n°503 : Janvier 2010 Prochaine parution : le 09 Février 2010 2 €

Copenhague : le capitalisme mis enaccusation

Copenhague : le capitalisme mis enaccusation

“Prolétaires de tous les pays unissez-vous !”

Organe central du Part i Communiste des Ouvriers de France

Régionales 2010 :lancement deslistes “Ensemblepour des régions àgauche, solidaires,écologistes etcitoyennes”

24 janvier à Paris :Manifestation Afghanistan.Retrait des troupes del’OTAN !

13 janvier 11H à la Gared’Amiens : Solidarité avecles Contis.

21 janvier : Journée d’actiondans la fonction publique.

30 janvier : Manifestationdes enseignants.

Ils étaient 100 000 dans les rues de Copenhague

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Editorial

Avis de mobilisations sociales

Chers amis, chers camarades

L’année qui vient de s’achever aura étéintense, en combats, en affrontements,entre les forces de progrès et celles de laréaction. Sarkozy s’est heurté à des résis-tances sur tous les fronts de sa politiquenéolibérale et il a dû reculer sur certainesde ses contre-réformes.La solidarité aura été une arme pour lestravailleurs qui se battent pour refuser depayer la crise du capital. Les résistances àla politique réactionnaire, de division surdes bases racistes, de criminalisation de lacontestation sociale, se sont développéeset se sont enracinées. A la politique impé-rialiste de tensions, de déstabilisation etde guerre à laquelle participe Sarkozy, leshommes et les femmes, les jeunes de notrepays opposent la solidarité entre lespeuples.Gouvernement et patronat ont cru que lacrise sèmerait la peur et la résignation. Laréponse des travailleurs et des massespopulaires, ce sont les 6 000 travailleurssans papiers en grève pour leur régularisa-tion, pour prendre toute leur place dans lecombat de leurs frères de classe, les mobi-lisations contre les licenciements, les fer-metures d’usines, pour les salaires, contrela course à la productivité, pour la défen-se de l’hôpital public et le système desanté solidaire, pour la défense du servicepublic de La Poste…Ces combats se poursuivront et s’amplifie-ront en 2010.Ce sont les vœux que nous formulons, desvœux synonymes d’engagement. Notre parti, qui vient de fêter ses trenteannées de combat, continuera à travailleravec détermination à la construction d’unealternative politique de rupture avec cesystème qui a fait son temps, une alterna-tive unitaire qui s’appuie sur les mobilisa-tions et qui ouvre la voie à la transforma-tion sociale à laquelle aspirent toujoursplus de femmes et d’hommes, en France etdans le monde.

Parti Communiste des Ouvriers

de France

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La Forge

Janvier 20102

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Nos vœuxpour 2010

Coté finances, tout va bien, ou presque, puisque le petitémirat de Dubaï a frôlé la faillite, tout comme la Grèce, aucoeur même de l'UE ! Coté industrie, certains n'ont pas àse plaindre. Le secteur automobile, entre autres, vient deréaliser une année de profits "exceptionnels"…

Il en va tout autrement du "marché du travail". 378 000postes de travail ont disparu en 2009. Dans l'industrie,269 000 emplois ont été supprimés en deux ans, soit unebaisse de près de 8 % des effectifs. 90 000 emplois ontété perdus depuis juillet 2009 et 63 000 autres devraientdisparaître d'ici juillet 2010. Le bâtiment est égalementtouché (55 000 emplois perdus en 2009, disparition de24 000 autres prévue pour le premier semestre 2010). Ce à quoi il faut rajouter la chute vertigineuse de l'intérim,compté à part dans les statistiques de l'Insee. Mais aussicelle des emplois dans le commerce et l'hôtellerie-restaura-tion (malgré la baisse de la TVA !).

Sarkozy et un certain nombre de ses pairs ont beaucoupgesticulé sur la moralisation du système et la mise enplace de nouvelles régulations. Comme ils l'ont fait sur laquestion du climat, avec les mêmes résultats. Mais lasociété qu'ils nous formatent est une société chaotique oùtout est sacrifié au profit à court terme : la planète, lagrande majorité de sa population et tous les avancéessociales et démocratiques acquises par la classe ouvrière etles peuples. Leurs étrennes 2010, c'est la guerre impérialiste,les renforts en Afghanistan demandés par le prix Nobel dela paix, le changement de statut de la Poste, la libéralisa-tion du transport ferroviaire, des coupes sombres à n'enplus finir dans les effectifs de la Fonction publique, uneécole avec de moins en moins d'enseignants et de moinsen moins de formation à l'esprit critique, une curie annon-cée contre le système de retraite, des soins de moins enmoins accessibles, des institutions de moins en moinsdémocratiques, et des fichiers qui se croisent et se recroisent… Merci quand même à R. Bachelot, qui penseaux pauvres, puisqu'elle offre aux SDF une des ces 94 000doses de vaccins dont le gouvernement ne sait plus que faire !

Sarkozy et son gouvernement, ne connaissent pas que dessuccès. Commis voyageurs de l'industrie nucléaire, ils n'ontpas réussi à vendre l'EPR à Abu Dhabi. La politique qu'ilsimposent, au service exclusif de quelques grands monopo-listes, fait des victimes dans toutes les couches de la popu-lation et crée de nombreuses résistances. Jusqu'aux chefsde services hospitaliers, pour un certains nombres encartésà droite, qui menacent de démissionner de leurs fonctionsau sein de l'AP-HP. Les remous causés dans l'Hémicycle parla réforme de la taxe professionnelle, le retoquage de lataxe carbone par le Conseil constitutionnel montrent qu'ilne lui est plus toujours aussi facile d'imposer sa politique.Le président, toutefois, comme il l'a affirmé dans sesvœux, ne renoncera pas à ses contre reformes.

Mais sur tous les fronts où il attaque, des résistances sedéveloppent. En métropole, comme en Guadeloupe… Dansnotre pays, comme en Espagne ou en Amérique latine,comme partout où l'impérialisme et le capital veulent fairele coup de force et continuer à imposer leurs réformes néolibérales, la classe ouvrière et le peuple sont debout.En dépit des pressions économiques, du chantage, des tentatives de corruption, de la criminalisation des luttes etde la répression. Debout, comme les 6000 travailleurs sanspapiers qui tiennent bon dans la grève. Debout, comme lesConti, les Moulinex, les dockers,… Décidés à ne pas sefaire une raison de la privatisation des services publics.Refusant un aménagement du territoire qui met face àface zones sinistrées et "pôles d'excellence". Déterminés àne pas rentrer dans le jeu d'un débat réactionnaire sur"l'identité" nationale…

Ces luttes sont nécessaires. Elles sont indispensables toutcomme la solidarité que nous devons organiser et le tousensemble dans la rue auquel nous devons travailler,chaque fois que c'est possible. Des rendez-vous existentdéjà comme la journée du 21 janvier contre les suppres-sions de postes dans la Fonction publique, ou celle du24 janvier contre l'intervention impérialiste de l'Otan enAfghanistan ("Aucun renfort français !"). Et il y en auracertainement beaucoup d'autres au cours de cette année.De nombreux militants syndicaux et associatifs y travaillent en tout cas !

Mais ces luttes ne trouveront un nouveau souffle et desdébouchés que si elles s'inscrivent dans une perspectivepolitique. Les attentes sont immenses parmi les travailleurs,les jeunes, les habitants des quartiers, parmi ceux qui s'in-quiètent de la dérive anti-démocratique de notre société,de la part des peuples du monde qui subissent la politiqueréactionnaire et agressive que nous combattons…

L'enjeu majeur des élections régionales qui auront lieu enmars prochain, s'inscrit dans ce contexte. Il s'agit bien sur,d'infliger une défaire politique à la droite. De lui enleverdes moyens de nuire, de l'empêcher de sous traiter sa politique réactionnaire dans les régions. Mais il s'agit ausside redonner espoir, de créer une dynamique politique enaffirmant de façon visible et convaincante l'existence deforces porteuses d'un objectif de transformation sociale, enrupture claire avec le néolibéralisme, le social-libéralismeet l'écolo-libéralisme.

Pour cela, l'unité des forces qui se revendiquent de cetobjectif est nécessaire. Cette unité ne va pas de soi. C'estun combat contre le poids de l'électoralisme et la recherchede postes à tout prix, contre le sectarisme et les préten-tions hégémoniques…Mais c'est un combat que nous nepouvons pas ne pas mener. Notre parti s'y engage parceque, comme nous l'avons affirmé lors de notre interventionau meeting du 10 janvier des listes "Ensemble", "ce serasans nul doute un pas important dans la constructiond'une véritable alternative de rupture avec ce système."

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Politique La Forge

Janvier 20103

Le bilan de Sarkozy à mi-parcours

Le décompte est hallucinant :1 222 annonces et promessesfaites depuis 2007 ! Certes, le

président en campagne permanenten’hésite pas à redire quelquefois lesmêmes choses, mais il prend des déci-sions et, selon les calculs réalisés parun institut, c’est dans le domaine éco-nomique que son interventionnismeest le plus grand et où le taux de “réa-lisation“ est le plus élevé. Cela neminimise en rien l’importance descontre-réformes réactionnaires qu’il aimpulsées dans le domaine politique,institutionnelle, dans celui de la remi-se en cause des libertés démocra-tiques, dans celui de la culture, etc. Lacentralisation des pouvoirs et le carac-tère de plus en plus présidentiel durégime, le poids, les moyens donnésaux organes de contrôle, de surveillan-ce et de répression et la fusion “poli-ce-gendarmerie“ placée sous le contrô-le du chef de l’Etat, sont des machinesde guerre contre la contestation socia-le. Les contre-réformes dans le domai-ne judiciaire, dont toutes ne sont pas

encore achevées, renforcent encore lepouvoir de l’exécutif. Et que dire de lapolitique en matière d’immigration quia largement puisé dans l’arsenal del’extrême droite et qui aboutit à cetteinfâme “débat“ sur l’identité nationalequi banalise le racisme, exacerbe lesdivisions et le repli.Dans le domaine idéologique, Sarkozya renforcé le poids de la religion dansla société et l’Etat, et plus particuliè-rement celle professée par le pape quiveut canoniser Pie XII, celui qui abéni les chars fascistes durant laDeuxième Guerre mondiale. Ce ne sontpas seulement des discours, mais aussides décisions concrètes, comme celleconsistant à donner plus de moyensaux établissements d’enseignementconfessionnels.Mais arrêtons-nous au domaine éco-nomique. Le président du pouvoird’achat a été celui qui a garanti celuides plus riches. Le “bouclier fiscal“,les mesures en faveur de la “transmis-sion du patrimoine“ permettent auxplus riches de s’enrichir encore et de

contribuer toujours moins à la fiscali-té. Les entreprises du CAC 40 nepaient que 8 % en moyenne sur leursbénéfices, au lieu des 33,3 %officiels ! Elles ne font “qu’appliquerla loi“ et savent utiliser toutes lesexonérations qu’elle prévoit, sansoublier le mécanisme des “prix detransferts“, autrement dit “les prixauxquels les filiales d’une mêmeentreprise s’échangent des biens etdes services“ (Alternatives écono-miques de janvier 2009). Certes, cen’est pas Sarkozy qui a introduit ces“facilités“, mais sa politique les adéveloppées.La mesure de défiscalisation desheures supplémentaires n’aura bénéfi-cié qu’aux entreprises, tout comme lecadeau de la baisse de la TVA sur larestauration.Les réformes du marché du travailn’ont pas pu aller aussi loin qu’il l’au-rait souhaité, notamment avec sonprojet avorté, pour le moment, decontrat unique d’embauche. Mais lebilan est sans appel : 3,8 millions de

chômeurs inscrits à Pôle Emploi. Lafaute à la crise, se défendent Sarkozyet ses ministres, en prétendant que,grâce à leur politique, ils ont réduitson impact. Mais le travail ledimanche, l’incitation au recours auxheures supplémentaires, la politiquede suppression massive d’emploisdans la fonction publique, et les“aides“ accordées aux entreprises quilicencient en masse depuis des mois…n’ont fait qu’amplifier le chômage.La prochaine réforme annoncée, celledes retraites, veut obliger les tra-vailleurs et travailleuses à travaillerplus longtemps, cotiser plus et tou-cher moins de retraite.Le bilan à mi-parcours est bon pour lecapital. Il est catastrophique pour lestravailleurs.Sarkozy a annoncé son intention nonseulement de poursuivre, mais de fairede son bilan un des arguments de laprochaine campagne pour les régio-nales. Nous relevons le défi : ce seraen réalité un argument pour battre ladroite. �

L’année 2009 avait commencé parles manifestations massives pourdire “nous ne paierons pas votre

crise“. Elle avait également été mar-quée par la sale guerre d’agression etde destruction lancée par Israël contrela population de Gaza.Bachelot, qui avait engagé la réformehospitalière, se heurtait déjà à lamobilisation des personnels de santéet des usagers pour la défense de l’hô-pital public et du système de santésolidaire. La jeunesse étudiante et leslycéens reprenaient la rue contre lesconséquences de l’application de laLRU. Quant à Besson, nommé à laplace d’Hortefeux, il n’allait pas tarderà montrer qu’il voulait aller plus loinque son prédécesseur dans la poli-tique réactionnaire vis-à-vis desimmigrés.Les peuples des colonies ont faitirruption en force, paralysant dessemaines entières l’économie des îles.Les revendications salariales, de bais-se des prix scandaleusement plus éle-vés qu’en métropole, la dénonciationdes mécanismes de dépendance poli-tique et économique étaient portéespar des mouvements très massifsconstitués d’une multitude d’organi-sations. Le mot d’ordre “non à la pro-fitation“ a franchi les océans, mobili-sant une colonie après l’autre etvenant renforcer la dénonciation ducapitalisme dans les mobilisationsouvrières en métropole.La lutte de classe s’est radicalisée, les

grèves avec occupation et séquestra-tion de patrons licencieurs et de leurscadres se sont multipliées, en répon-se aux annonces de suppressionsd’emplois et de fermetures d’usines.Caterpillar, Continental, Goodyear,Cellatex, Molex, Newfabris… sont lesmaillons de la chaîne ouvrière durefus de payer la crise du capital.Certaines luttes obtiendront d’impor-tantes compensations salariales pourles licenciés, d’autres, moins nom-breuses, imposeront la non-fermetu-re, mais toutes posent la question dela nécessité de lutter tous ensemblecontre cette politique de licencie-ments, entraînant des fermetures desous-traitants en cascade et transfor-mant des régions entières en désertsindustriels et économiques. L’idée dela nécessité de se coordonner et des’épauler fait son chemin. Notre motd’ordre “interdiction des licencie-ments dans les groupes et les sous-traitants“ a commencé à se populari-ser.En avril, à Strasbourg, ville en état desiège, des milliers de manifestants,venus de toute la France et de nom-breux pays, exigeront la dissolutionde l’Otan, le retrait de la France decette organisation guerrière au ser-vice de l’impérialisme et le retrait destroupes de l’Otan d’Afghanistan. Notremot d’ordre, “Nous ne paierons pasvotre crise, nous ne paierons pas vosguerres, dissolution de l’Otan“ ras-semblera plusieurs forces politiques.

L’Europe des monopoles, des ban-quiers et de la réaction, l’Europechampionne du néolibéralisme, seralourdement sanctionnée lors des élec-tions européennes de juin. Le succèsrelatif des listes “Europe-écologie“traduira la montée des préoccupa-tions de certaines couches sociales enmatière d’environnement, sur fond deréchauffement climatique entraînantdes catastrophes meurtrières. Unegrande bataille politique et idéolo-gique s’engage entre, d’une part, lesforces réactionnaires, le patronat,Sarkozy et les chantres du “nucléairepropre“, qui voient dans l’écolo-libé-ralisme une possibilité de marchéspour les entreprises et une machine àfaire payer les travailleurs et, d’autrepart, les peuples et les forces progres-sistes qui accusent le capitalisme etqui veulent faire payer les monopolespollueurs et les grandes puissancesimpérialistes.Le combat contre la politique de pri-vatisation des derniers services enco-re publics n’a pas cessé. Il s’est traduitpar des mobilisations associant syndi-cats, usagers, associations, partis poli-tiques, comme on l’a vu autour duréférendum contre la privatisation dela Poste. Une mobilisation qui rappe-lait les “collectifs pour le Non“ quiavaient animé la campagne contre letraité constitutionnel européen. Lessuicides chez France Télécom ont misen lumière les méthodes de gestionpar le stress et la déstabilisation per-

manente, notamment des travailleurssous statut public, qui règnent dansles grandes entreprises qui sont pas-sées du secteur public au privé. Dansla foulée, les travailleurs de PôleEmploi ont dénoncé les conditions detravail de plus en plus dures dans uncontexte d’explosion du chômage etson corollaire, l’explosion de la misèresociale.En octobre, les travailleurs sanspapiers, avec la CGT, ont relancé unvaste mouvement de grève pour leurrégularisation. Ce “deuxième acte“ aété soutenu par onze organisations,syndicats et associations, qui se sontadressées au Premier ministre, auministre du Travail, pour que des cri-tères clairs, applicables partout etpermettant la régularisation la pluslarge des travailleurs et travailleusessans papiers, soient actés et appli-qués. Début d’année 2010, ils et ellessont 6 000 à être toujours en grève.C’est aussi à partir de septembre queles partis et organisations politiquesqui se réclament de la gauche detransformation sociale ont commencéà discuter de la possibilité de menercampagne ensemble pour les régio-nales, pour présenter une alternativeau libéralisme et au social-libéralis-me. Ce processus qui est en coursaussi bien au plan national que dansles régions, peut devenir, s’il seconcrétise, une des bonnes nouvellesde ce début d’année 2010. �

Rétrospective sociale et politique 2009

Le film des mobilisations et des résistances

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4 000 personnes ont répondu à l’appeldes organisateurs du meeting de lan-cement de la campagne ”Ensemblepour des régions à gauche, solidaires,écologiques et citoyennes”. La salle duPalais des Congrès était pleine et lesparticipants ont écouté la vingtained’interventions, de représentants deluttes en cours, comme celle des tra-vailleurs sans papiers, du combat dessyndicalistes d’Edf-Grdf contre larépression qui frappe des travailleurset des syndicalistes coupables d’avoirfait grève pour défendre le servicepublic, des mobilisations contre ladestruction du système de santé, laremise en cause des centres IVG…entrecoupées par les interventions desresponsables des partis et organisa-tions faisant partie de l’alliance

“Ensemble pour des régions à gauche”. Aujourd’hui, la quasi-totalité destêtes de liste régionales ont été répar-ties entre les trois composantes du“Front de gauche”. Des négociationssont encore en cours, notamment surles têtes de listes départementales etles candidatures en position éligible.Le travail sur le programme a bienavancé.

Notre parti présente des candidats enIle de France (3), en Alsace, en régionCentre, en Rhône-Alpes et enAquitaine, dans le cadre de l’alliance“Ensemble”. Ce seront les candidats duPCOF, mais le parti appellera à soute-nir partout les listes ”Ensemble”,même là où il ne présente pas lui-même de candidat.

Cette campagne sera intense. Nousnous y engageons de façon détermi-née, en ayant toujours le souci defaire le lien entre le mouvement delutte, le mouvement social et les dis-cussions, débats, actions de mobilisa-tion dans le cadre de la campagne. Cesont les milieux ouvriers et populairesque nous voulons gagner, non pas

dans le seul objectif d’aller voter, maisen les rendant partie prenante de labataille politique pour la constructiond’un front politique de résistance etde rupture avec le néolibéralisme, lesocial-libéralisme et l’écolo-libéralis-me. C’est dire si, pour nous, les enjeuxvont bien au-delà de la dimensionélectorale.

Régionales 2010La Forge

Janvier 20104

Lancement des listes “ensemble”pour les régions à gauche

Chers amis, chers camarades.Elles sont grandes, nos attentes, ànous, les organisations de la gauchede transformation sociale.Elles sont immenses, les attentes denotre peuple, des travailleurs, deshabitants des quartiers populaires,des jeunes.Elles sont à la hauteur des coups por-tés par cette droite arrogante, quiveut écraser, diviser. Elles sont à lahauteur de la soif de changement quinous anime tous.Je les ai senties, ces attentes, chez lestravailleurs sans papiers, qui nevotent pas, qui mènent une luttecourageuse et déterminée : ils se bat-tent pour eux, pour arracher desdroits, pour pouvoir prendre touteleur place dans le combat contre lecapital. C’est pourquoi, ils se battentpour l’ensemble des travailleurs.Ces attentes, ce sont aussi celles detous les fronts de résistance qui sesont développés depuis le premierjour où Sarkozy a pris les manettes ;ce sont des attentes qui s’exprimentdans la rue, dans les usines, dans lesentreprises publiques et privées, dans

les quartiers. Ces attentes, ce sontaussi celles des peuples du monde,notamment ceux d’Afrique qui subis-sent et combattent la politique quenous combattons ici.Ces attentes, nous devons y répondre,nous les organisations de la gauchede transformation sociale, et nousdevons y répondre ensemble.Cette gauche, c’est la vraie gauche,celle qui se bat, celle qui ne se pliepas, celle qui ne renonce pas. Elle doits’unir et se battre ensemble et c’est ceque nous avons commencé à fairedans cette alliance, “Ensemble pourdes régions à gauche“.L’unité est un combat de tous lesjours.C’est certainement la première ruptu-re que nous devons faire nous, entrenous : c’est celle de l’unité, du tra-vailler et de lutter ensemble pourgagner ensemble.Notre ennemi, c’est Sarkozy bien sûr.Mais nous avons aussi à combattre lesocial-libéralisme qui renonce à trans-former la société et à rompre avec lecapitalisme.Mais c’est aussi l’écolo-libéralisme qui

est une roue de secours d’un systèmeen crise profonde.Ce que nous devons aussi combattre,c’est l’abstention dans les milieuxpopulaires, dans la classe ouvrière,chez les jeunes. Mais pour cela, il fautun langage clair, il faut un langage derupture.C’est l’enjeu de cette campagne pourles régionales : il faut que nous arri-vions à lier l’ambition de la rupturenationale et la rupture dans lesrégions, à travers des propositionsconcrètes.Ces propositions, nous allons les éla-borer avec les acteurs du mouvementsocial, avec les travailleurs en lutte,ceux qui sont ici et tous ceux qui sebattent dans les entreprises, avec leshabitants des quartiers populaires,avec ceux des campagnes qui sontlaissées à l’abandon.L’unité de la gauche de transforma-tion sociale est indispensable. Toutesses composantes ne sont pas là. Maiscela a déjà été possible : rappelons-nous ce que nous sommes arrivés àfaire lors de la campagne contre letraité constitutionnel européen, pour

la victoire du “non“ de gauche à cetteconstitution néolibérale.Sarkozy nous a volé la victoire, maispas notre volonté à travailler à cetteunité, à la base, entre organisations,et toujours dans la lutte.Alors, pour ces régionales, il ne s’agitpas pour nous de faire un tour depiste. Il s’agit d’un vrai combat pourgagner. Ça a déjà commencé et çacommence ici, avec ce meeting.Sarkozy a dit qu’il allait mettre sonbilan dans la campagne. Tant mieux !Ce sera plus facile de le dénoncer etde battre la droite.Nous savons bien qu’il y a un deuxiè-me tour et, qu’au deuxième tour, ilfaudra compter avec le PS et Europeécologie. Plus nous serons forts, plusles listes “Ensemble pour des régionsà gauche“ auront de voix et d’élus,plus nous pèserons.Notre parti est déterminé à y aller,avec toutes les forces qui composentcette alliance, pour travailler au suc-cès de cette campagne. Ce sera sansnul doute un pas important dans laconstruction d’une véritable alterna-tive de rupture avec ce système.

Nous reproduisons l’intervention du camarade Christian Pierrel, porte-parole de notre parti, aumeeting de lancement de la campagne nationale “Ensemble pour des régions à gauche“.

Notre camarade à la tribune du meeting

Le bloc des logos des organisations de l’alliance “Ensemble...”

Succès du meeting du 10 janvier

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94millions de vaccinscommandés. Apeine 5 millions

utilisés ! Le manque deconfiance dans le matraquageofficiel et dans le dispositifmis en place, la polémique quigonflait et le mécontentementdes professionnels de santéont obligé le gouvernement àde brutales volte-face, enautorisant brusquement, parexemple, la vaccination par lesmédecins de ville. Le coût financier de cettecampagne de vaccination qui afait “flop” sera très lourd pourles assurés sociaux. Le coûtpolitique le sera égalementpour Roselyne Bachelot et legouvernement qui veulent jus-tifier à tout prix leur ligne deconduite.

Des questions seposent sur l’indépendance del’OMS et sur la crédibilité desautorités sanitairesdes Etats.Après le traumatisme du sida, lescandale du sang contaminé, etl’incurie patente lors de la cani-cule de 2003, le gouvernement avoulu faire savoir qu’on en faitjamais trop pour la santépublique. Le principe de précau-tion a été mis en avant et l’acti-visme de Roselyne Bachelot aété mis en scène. Mais aujour-d’hui, beaucoup se demandent à

juste titre comment, pourquoi,et sous quelles pressions lesautorités sanitaires ont pu sur-évaluer à ce point l’impact de lapandémie. Qui avait intérêt àcréer la psychose ? Pourquoi lacampagne de vaccination a-t-elle été conduite ainsi ?

Nous revendiquonsune politique desanté publiquefondée sur l’inté-rêt général et nonsur le profit des trustspharmaceutiques.

H1N1 : Très bonnesaffaires pour les labos

Société La Forge

Janvier 20105

La loi de finances 2010 ainsi que la loi de finan-cement de la Sécurité sociale 2010 ont été défini-tivement adoptées par le Parlement.D’autres mesures, tout aussi anti-sociales sontentrées en vigueur au 1er janvier.Les objectifs clairement avoués sont de nous fairepayer la crise et les déficits.

Pas de cadeau fiscal pour les foyers modestes !Pour la deuxième année consécutive, la primepour l’emploi n’a pas été revalorisée. L’exonérationfiscale partielle des indemnités de départ volon-taire à la retraite (hors plan de sauvegarde del’emploi) a été supprimée et les indemnités jour-nalières accident du travail seront désormaisimposées à hauteur de 50 %.

De pseudo mesures en faveur des jeunes !A la pauvreté qui s’étend parmi les jeunes demoins de 25 ans, le gouvernement répond par…la création d’un fonds d’appui aux expérimenta-tions en faveur des jeunes ! Dans des conditionsqui devront être fixées par décret, mais que l’onsait déjà très restrictives, le bénéfice du RSA seraétendu aux moins de 25 ans qui ont déjà tra-vaillé.

La réforme des majorationsde retraite des mères defamille est entérinéeC’est le “hors-d’œuvre” avant l’ouverture des dis-cussions cette année sur une nouvelle réforme enprofondeur du système des retraites.En application des réformes précédentes, la duréede cotisation nécessaire pour une retraite à tauxplein est passée à 162 trimestres au 1er janvier

Une nouvelle dégradation du pouvoir d’achat et des protections socialesLe SMIC n’a augmenté que de 0,5 % au 1er janvier,les prestations familiales n’ont pas été revalori-sées, mais le forfait hospitalier est passé de 16 à18 euros.Etranglées par cette politique de déremboursementdes soins par l’assurance maladie, les mutuellescompensent par d’importantes hausses de tarifs etpar des restrictions de prises en charge.

Tarifs publics et énergieL’invalidation de la taxe carbone par le Conseilconstitutionnel diffère, pour l’instant, les haussesprévues des carburants, du fuel et du gaz. Mais lestarifs TGV ont augmenté de près de 2 % en moyenne.

Face à la crise, Sarkozy et songouvernement ont prétendurevaloriser le rôle de l’Etat. Cedernier est intervenu massivementpour renflouer les banques et injecter de l’argent dans l’industrie. Le scandale de lagrippe A est, de ce point devue, un véritable “laboratoire”de cette politique qui abdiquetoute considération d’intérêtpublic. Il a transformé laministre de la Santé en ministrede l’industrie pharmaceutique.Qui va payer les quelque800 millions que l’Etat lui aofferts et les quelque 2,5 milliardsd’euros de la campagne de vaccination dépensés pour lui ouvrir un marché ?Il n’est pas étonnant, dans cecontexte, que l’Etat n’ait pasd’autre solution que de fairepayer les usagers, la populationdes zones rurales et des quartierspopulaires, les victimes du chômage de masse, les demandeursd’emplois en fin de droits(850 000 ont épuisé leurs droitsen 2009, plus d’un million en2010), les assurés sociaux etles allocataires...La traque aux “fraudeurs” estle complément de cette politiquequi frappe également durementles personnels des servicespublics et sociaux. Du PôleEmploi aux Caf, en passant par l’Hôpital, la Poste oul’Ecole, tous les organismespublics sont au bord de l’explosion.Enquêtes auprès des personnels,questionnaires et négociationssur le stress ne résoudront riens’il n’y a pas de rupture avec lalogique libérale de saccage desservices publics.

La pandémie libérale, plus grave que le H1N1

Des “étrennes” au goût amer

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Le doute, en effet, n’est pluspermis quant à la finalité écono-mique de la campagne de vaccina-tion contre la grippe A. Quelleaubaine, en pleine crise écono-mique, d’avoir pu relancer à ceniveau les profits des grands labora-toires pharmaceutiques ! Un marché de 712 milliards d’eurospour 94 millions de doses de vac-cins a été passé avec Sanofi-Pasteur, GlaxoSmithkline etNovartis. Le gouvernement aannoncé qu’il résiliait la commandede 50 millions de doses. Mais lesactionnaires de ces trois firmesn’ont vraiment aucune raison de sefaire du souci. Pour compenser,l’Etat se serait, en effet, engagé àleur commander ses prochains vac-cins et à leur verser des arrhes surles livraisons futures.Roche non plus, n’a pas à s’inquié-ter. Il a du Tamiflu en stocks. Qu’àcela ne tienne ! Après avoir enjointles médecins généralistes à limiterles prescriptions d’antiviraux, laDirection Générale de la Santé lespousse à présent à les prescrire àtour de bras. En d’autres termes, les magnats del’industrie pharmaceutique n’ontrien à envier aux constructeurs etéquipementiers automobiles. Le“coup de pouce” que leur a appor-té l’Etat ne fait pas dans la demi-mesure ! Rien à voir, en tout cas,avec les quelques dizaines d’eurosde revenu supplémentaire apportépar le RSA aux travailleurs pauvrespour passer le cap de la crise !

Défendre la santépublique et refuserde payer la note !Cette affaire de la grippe A montreoù nous conduit la privatisation dela recherche et de la production desbiens d’intérêt général. Elle nous afait également entrevoir où pour-rait nous amener la liquidation duservice public de santé. Les queuesdes familles durant des heures dansla rue, la désorganisation consécu-tive à la prise en mains de la cam-pagne de vaccination par le minis-tère de l’Intérieur, avec la sollicita-tion des médecins militaires, sontun avant-goût de ce que l’Etat libé-ral réserve à ceux qui n’auront pasles moyens de se soigner par eux-mêmes. Sans parler de risquesd’une telle vaccination “à la chaî-ne”, sans connaissance du dossiermédical !

Ce nouvel épisode du mariagedramatique entre santé publiqueet santé du Capital, confirmel’urgence de rompre avec lalogique libérale qui fait de lasanté une marchandise et dusoin un marché. �

��� Les services publics au bord de l’explosionNous avons souvent évoqué dansnos colonnes la situation du PôleEmploi, issu de la fusion d’unservice d’Etat, l’ANPE, et d’unorganisme paritaire chargé deservice public, l’ASSEDIC.Nous évoquons également danscette édition la situation dans lesbureaux de poste et les centres detraitement du courrier. Partoutune même constante, la dégrada-tion conjointe du service au publicet des conditions de travail despersonnels. Il faut ajouter la situa-tion explosive dans les hôpitauxpublics et le service public d’édu-cation.Les CAF sont dans une situation

identique. La brutale aggravationde la situation économique etsociale, qui augmente le nombredes allocataires et l’urgence deleurs besoins, arrive après desdizaines d’années de pressions surles effectifs. Les programmesinformatiques ne suivent plus lerythme des réformes et des évolu-tions législatives. La mise en placedu RSA se conjugue avec uneintensification des contrôles via,en particulier, les échanges dedonnées avec les Impôts et le PôleEmploi. Dans ce contexte, l’effetciseau entre les charges de travailqui augmentent et les moyenshumains qui diminuent a des

effets dramatiques à tous lesnivaux. Combien de temps les per-sonnels supporteront-ils les chan-gements permanents d’organisa-tion, les heures supplémentaires àn’en plus finir, les pressions sur laproductivité et le malaise face à ladétresse ou à la colère des alloca-taires ?Combien de temps ces derniersaccepteront-ils des délais de trai-tement de leur dossier qui secomptent parfois en mois alorsque, pour une partie importanted’entre eux, les prestationssociales sont la principale, voirel’unique, source de revenu ? �

La Poste

Non à la privatisation !Défense du service public !“Bougez avec La Poste” !Ce slogan publicitaire a pour les tra-vailleurs de ce secteur une désastreu-se résonance ! En effet, le change-ment de statut de La Poste, imposé aupersonnel et à l’ensemble des usagerspar le gouvernement est bien un pasvers la privatisation de l’entreprise,contrairement aux dires de Jean-PaulBailly. Le personnel sait ce que valentles engagements de ce dernier.Officiellement, la Direction annonceun sureffectif de près de 3 000 sala-riés.Dans la revue Capital du mois de jan-vier, dans la rubrique Actualité,Sandrine Trouvelot donne le ton enestimant le nombre de poste inutiles à35 500 ! Tous les services seraientconcernés (exemple : 15 000 emploisdans les bureaux de poste, 10 000emplois à la distribution, 6 00 dans letri du courrier, etc.). Ceci annonce lacouleur : pour gagner en productivité,La Poste doit supprimer beaucoup depositions de travail. Les usagers, sur-tout ceux des milieux populaires quifont la queue au bureau de Poste ouqui reçoivent leur courrier avec retard,ont, tout comme le personnel, dusouci à se faire sur l’avenir du servicepublic, déjà bien mis à mal.La journaliste, pour illustrer ses pro-pos, parle du Centre de traitement ducourrier d’Issy-les-Moulineaux. Elledéclare : “Dans le vieux centre de trid’Issy-les-Moulineaux, par exemple,dont l’activité a été partiellementdéplacée sur deux sites plus productifs(Wissous et Nanterre), 170 employéssur 450 ont officiellement vu leur postesupprimé en mars. Quinze d’entre eux

attendent pourtant toujours d’êtremutés ailleurs…”Il faut savoir que, dans sa politique deréduction des effectifs et de moderni-sation du tri, La Poste met en placedes plates-formes industrielles et com-merciales (PIC) regroupant du courrierau-delà d’un département.Dans les Hauts de Seine, l’ouverture de

la PIC de Villeneuve-la-Garenne estprévue pour juillet 2011, ainsi que lafermeture du centre de tri d’Issy-les-Moulineaux (alors que Jean-Paul Baillyavait promis aucune fermeture totaledes centres de tri départementaux,encore une promesse non tenue). Lecentre de tri de Nanterre est égalementimpacté par la création de la PIC.Effectivement, au mois de mars, le

centre de tri d’Issy-les-Moulineaux abien perdu une partie de son traficmais les brigades du matin ont étésupprimées, le personnel reclassé soità la PIC de Wissous ou au centre de tride Nanterre ou dans des bureaux dePoste, la direction profitant de lasituation pour combler des postes defacteur à découvert (la distribution est

victime d’un grand turn-over,dû aux très mauvaises condi-tions de travail). Depuis lemois de mars, les conditions detravail se sont considérable-ment dégradées au CTC d’Issy-les-Moulineaux. Nous n’avonsaucun temps creux, la produc-tivité est au maximum avecune pénibilité accrue (positiondebout, beaucoup de manipu-lations de charges lourdes).Le directeur d’établissementmontre du doigt les collèguesen arrêt maladie, essayant deles rendre responsables de lapénibilité accrue du travailpour l’ensemble dupersonnel ; il prétend savoirmieux qu’un médecin qui estvraiment malade et qui simu-le, entraînant la démission dumédecin de prévention.

Les problèmes d’effectifs et de condi-tions de travail se détériorent, suiteaux suppressions d’effectifs (30 000ces dernières années), mais pour nosdirigeants ce n’est qu’un début et iln’est bien sûr pas question de propo-ser au personnel de La Poste un sub-stantiel programme de préretraite à55 ans ! �

Correspondance

SociétéLa Forge

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Education nationale

Poursuite du démembrement, poursuite des luttesLe 21 janvier, les personnels de

l’Education nationale seront ànouveau en grève, dans le cadre

de la journée d’action de la FonctionPublique et, le 30 janvier, une mani-festation nationale est organisée àParis à l’appel de plusieurs syndicats.Réformes régressives et suppressionmassive des postes sont toujours lesmotifs de colère des personnels, et siles chiffres des grévistes lors de lajournée du 24 novembre étaientmoins importants que lors de journéesprécédentes, c’est plus à mettre à l’ac-tif du découragement et de l’absencede perspectives car le mécontente-ment et la colère sont bien réels !Prenons l’exemple de la réforme de laformation des maîtres qui, rappelons-le, supprime la formation en IUFM auprofit de deux années de Master danslesquelles est intégré le concours :deux années marathon pendant les-quelles il faudra préparer le concourstout en passant les épreuves universi-taires de master avec, au milieu, desstages en responsabilité dans desclasses en immersion totale et sanspréparation. Rarement on aura vuune réforme soulever autant d’opposi-tion contre elle : de la Conférence desprésidents d’universités qui ont appe-

lé ouvertement à une “journée d’ac-tion“ le 7 décembre, jusqu’aux plushautes instances, comme par exemplele CNESER qui a adopté une motioncontre cette réforme : “En rendant

leurs derniers arbitrages contre l’avisde tous les acteurs concernés (ensei-gnants-chercheurs, enseignants, étu-diants, lycéens, parents, ...) et en pré-sentant aujourd’hui en CNESER unecirculaire dite de cadrage des masters,le gouvernement persévère dans sastratégie du passage en force. C’estinacceptable au regard des enjeux liésà la formation et au recrutement des

enseignants, et plus largement audevenir des jeunes et de la société.Tout changement dans le dispositif deformation des enseignants doit êtreporteur de progrès et non de régres-

sions“.Les voix sont de plus en plus impor-tantes pour dénoncer cette réformequi accentuera la sélection sociale desenseignants (suppression de l’annéede stage rémunérée mais un statutd’étudiant, avec uniquement desstages rémunérés comme des vaca-tions) et placera les futurs professeursdans des classes, sans formation, dans

des stages en responsabilité, qui ser-viront aussi de moyens d’enseigne-ment (remplacement, par exemple)Cette réforme permettra aussi deconstituer un vivier de personnesayant obtenu le Master 2 mais n’ayantpas le concours : il est à craindre quese constitue ainsi une nouvelle caté-gorie de contractuels qui postulerontdirectement auprès des établisse-ments. A terme, ce serait le système àl’anglo-saxonne ! On peut craindre dèslors des menaces sur les concours.Mais le gouvernement continue dansson entreprise de démolition en pour-suivant les réformes et en réduisantles moyens. Ainsi, le lycée DariusMilhaud, où vient de se produire unfait divers tragique avec la mort d’unjeune poignardé par un de ses cama-rades, ne comptait que 12 postes devie scolaire pour 1 600 élèves.A la fin du mois de janvier, les établis-sements recevront la prévision de leursmoyens en heures d’enseignement. Onverra alors les premières conséquencesen termes de suppressions de postes etde moyens, de la réforme de l’ensei-gnement professionnel. Cela coïncide-ra avec les mobilisations prévues du 21et du 30 janvier. De nouvelles luttesen perspective donc. �

Manifestation à Caen le 15 décembre notamment contre la réforme des IUFM

Société La Forge

Janvier 20107

Bouclier fiscal pour les riches,traque à la fraude chez lespauvres. Dans la logique libéra-

le, il est admis une fois pour toutesque ce sont eux qui doivent faire lesfrais du “trou” de la Sécu et des défi-cits publics. Subventions “les yeuxfermés pour les banques et lesgrandes entreprises, exonérations decotisations pour les employeurs,passe-droits pour les initiés et légis-lations sur mesure pour les “amis duprésident”, mais suspicion a priori etfichage préventif pour les classesdangereuses ! Celles qui ne savent paséduquer leurs mouflets et qui, c’estbien connu, ont, dans leurs gènes,l’arnaque aux assurances sociales.Leur portrait robot : le faux chômeur,le fainéant, le parent isolé, le bénéfi-ciaire du RSA...

Le 16 décembre, le Journal Officiel a publié le décret relatif au

“Répertoire national commun de laprotection sociale” (RNCPS) dontl’instauration avait été votée en 2006.Il ne s’agit pas à proprement parlerd’un nouveau fichier, mais plutôt d’unevaste interconnexion de différentsfichiers. “Sécurisé” par de multiplescontrôles (des millions de personnesd’origine étrangère ont été somméesde fournir des extraits d’acte de nais-sance), le NIR (communément appelénuméro de Sécurité sociale) devient unidentifiant commun pour tous les orga-nismes sociaux et certaines adminis-trations. On explique qu’il s’agit desimplifier les démarches : plus besoinde faire de déclaration de revenus à laCAF, les données sont directementinjectées à partir des fichiers desImpôts ! Mais le véritable motif est la“lutte contre la fraude”.

Ce partage de données personnellesentre services administratifs et

sociaux s’est institué progressivementdepuis plusieurs années, mais un pasde plus est franchi avec le RNCPS. Ilrépertorie nom, prénoms, date denaissances et numéro de Sécuritésociale, adresse et prestations perçues(nature et date de début et de fin dedroit). L’accès à ces données estouvert aux CPAM, CAF, URSSAF,CRAM…, mais aussi aux collectivitésterritoriales (CCAS, services sociauxdes départements et des régions).

Cette mise en fiche systématique desbénéficiaires de prestations sociales,et en particulier des plus pauvres,s’inscrit dans l’air du temps. La miseen place du RSA a institué la saisieinformatique d’un questionnaire surla situation sociale, familiale et pro-fessionnelle des bénéficiaires du RSA“socle” (ceux qui ne travaillent pas).Ce qui relevait antérieurement du tra-vail social et du rapport confidentiel

entre le travailleur social et son inter-locuteur relève à présent de la collec-te administrative et informatisée desdonnées personnelles.Les administrateurs CGT de la Caissenationale d’allocations familiales etde nombreux travailleurs sociaux, quirefusent cette dérive, s’élèvent contrecette logique de surveillance desbénéficiaires de prestations sociales.On n’ose en effet imaginer l’usage quipourrait être fait de tels outils.D’autant que les garde-fous de laCNIL, qui prétend qu’il ne s’agit qued’une “aide” à l’examen des droits,sont, une fois de plus, dérisoires.Ce ne sont pas les classes laborieusesqui sont les “classes dangereuses”,mais l’ordre social capitaliste quiinduit la paupérisation d’une partietoujours plus importante de la popu-lation et les politiques libérales quiont fait exploser les inégalités. �

Fichier unique de la Sécu

Big Brother surveille les pauvres !

Education

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4e mois de pour les

Dans le dernier numéro de notre jour-nal, nous en avions retracé les princi-pales étapes suite à la lettre du

1er octobre en direction du Premier ministre,signée par la Cgt, la Cfdt, Solidaires, l’Unsa,la Fsu, la Ldh, la Cimade, Resf, FemmesEgalité, Droits Devant !!, Autremonde.En ce début d’année, de piquets de grève enévacuations, de manifestations en réunionsde délégués, les travailleuses et les tra-vailleurs eux-mêmes mettent de plus en plusl’accent sur leurs conditions de travailleurssurexploités, parce que sans droits, parce quesans papiers.Surexploités depuis des années, ils avaientfini par intégrer leurs conditions de travail et de salaire comme étant “normales”.Intrinsèquement attachées à leur personne, defaçon définitive en quelque sorte, et ce, quel-le qu’aurait pu être l’évolution de leur statut. “La grève libère”, comme l’a dit un des délé-gués lors d’une assemblée générale. Et effec-tivement, chacun et chacune intervenant,qui devant les médias, qui dans une réunionde soutien, voire et y compris devant sespropres camarades, n’a de mots assez fortsaujourd’hui pour dénoncer les conditions detravail auxquelles il était soumis parce quesans papiers.Insensiblement, ce mouvement de tra-vailleurs sans papiers,passe à celui d’un mou-vement de travailleurs qui luttent pour leursdroits de travailleurs. Et qui s’assume comme

Mouvement ouvrier et syndicalLa Forge

Janvier 20108

Refusons le chantage Au capital de

Après une année 2009 marquée surtout par des luttesdes travailleurs de la filière automobile,parmi les premiers àêtre touchés par lacrise et qui ont sugagner le soutien dupeuple et faire payerau capital le prix leplus fort, celui de la dignité, 2010 commence avec desluttes pour lessalaires et contre les licenciements quigagnent de nouveauxsecteurs. Le refus du chantagepatronal “emploicontre salaire”, la volonté de fairepayer sa crise au capital gagnent du terrain.

Appel contre la criminalisation dumouvement social :Nous sommes tousdes Conti !La CGT Continental de Clairoix, lecollectif contre les patrons voyous etlicencieurs appellent à une manifes-tation de soutien le mercredi 13 jan-vier à 11h à la gare d’Amiens pourque la cour d’appel prononce larelaxe des militants syndicauxcondamnés pour faits d’occupationd’une sous-préfecture : “Tousensemble, tous mobilisés pour exigerla relaxe de ceux qui se sont battuspour s’opposer aux licenciements etpour le droit à la vie de tous leurscamarades… une vengeance contrela lutte des 1 120 travailleurs“. Laclasse ouvrière est en légitimedéfense et, dans le boxe des accusés,c’est le patronat qui devrait compa-raître pour lui faire payer les dégâtssur des vies brisées et une régionsinistrée. Les tenants de la crimina-

lisation du mouvement social cher-chent une jurisprudence pour intro-duire dans ce procès “la responsabi-lité pénale collective“, le retour àune loi Anti-casseurs abrogée en1982. Nombre de partis et mouve-ments de gauche se mobilisent etpoursuivent la solidarité financière.

Moulinex Cormelles-le-Royal,Bayeux, FalaiseLes 594 ex-Moulinex, une majoritéd’ouvrières, ont obtenu une victoirequi a récompensé leur ténacité ens’organisant dans la CGT et une asso-ciation, après la liquidation dugroupe en 2001. Sur une contesta-tion du motif économique et duplan antisocial déposée en 2005, lacour d’appel condamne le liquida-teur judiciaire, donc l’AGS qui garan-tit les salaires, à verser 11,6 millionsd’euros, soit une indemnité ramenéedans une fourchette de 15 à20 000 euros. Le MEDEF pousse descris d’orfraie alors qu’il veut uneréforme réduisant à peau de chagrinces dommages et intérêts, voire parla rupture conventionnelle échapperà toute condamnation.

Hymer France Cernay(Haut-Rhin)Coup de colère des 190 ouvriers decette entreprise du groupe allemandspécialisé dans l’équipement duvéhicule de loisir. S’ils ont mis le feuà des productions, c’est que depuisplus d’un mois ils sont sans nouvelledu groupe allemand (3 200 salariés),aux abonnés absents après avoirdéposé le bilan. Le délégué CFDTdénonce une mise en faillite du sitepour toucher les primes de relocali-sation en Allemagne. Des actions surStuttgart sont envisagées.

ContinentalSarregueminesLe dernier site de pneu Conti s’estmis en grève illimitée contre laréduction des pauses de 30 minuteset le travailler plus des équipes VSDavec 313 heures de plus par an,135 gratuites pour les équipes desemaine pour un même salaire. Le30 novembre, le patron a dû s’asseoirdessus et signer un protocole de finde conflit avec une garantie de 4 anssans plan de sauvegarde.

Pimkies (Nord) groupe de MulliezAprès une grève illimitée de17 jours contre 190 licenciementsau siège avec fermeture des entre-pôts de Wasquehal et Neuville-en-Ferrain, les ouvrières de Pimkie ontobtenu une première victoireemblématique ; elles ont réussi àfaire cracher au bassinet une gran-de fortune, celle des Mulliez. Ellesont gagné la prime extralégaleappliquée dans le groupe chezXanaka et qu’on entendait leurrefuser : 20 000 euros plus 2 400par année d’ancienneté contre 15000 et 700 euros imposés. Labataille se poursuit avec détermina-tion contre les projets et motifs deslicenciements.

Grève des DockersLe 4 janvier, les ports de Marseille,Le Havre, Bordeaux, La Rochelle,Dunkerque, Nantes et Rouen ontété bloqués par la grève massivedes dockers. Leur colère est à lamesure de l’arnaque de la réformeportuaire signée en mai 2008 quilivrait l’ensemble de la manuten-tion à des sociétés privées contreune promesse gouvernementale de gains de compétitivité avec15 000 emplois à la clef par lesvertus du capital privé.Aujourd’hui, le climat des négocia-tions de l’accord-cadre est au gel,comme confinées dans un contai-ner frigorifique, alors que “les acti-vités dites déficitaires“, fourguéesà ces sociétés dans le cadre d’unemise en concurrence internationa-le sur le transport par container,peuvent faire craindre le pire pourles dockers.

Aubert et DuvalImphy (Nièvre)La lutte des 3 882 ouvriers des usinesdu secteur métallurgique du groupeEramet, avec le syndicat CGT, contreles 750 licenciements a fini par payer. La cour d’appel de Bourges a accordé1,3 milliard d’euros de dommages etintérêts, disant que la difficulté éco-nomique alléguée devait se juger auregard des moyens du groupe pouréviter les licenciements. Celui-ci a dûjeter l’éponge et, suprême humilia-tion, réintégrer le délégué CGT dansl’entreprise. �

Le mouvement de grèvedes travailleuses et destravailleurs sans papiersentrent dans son quatrième mois. La grève lancée le 12 octobre 2009, perdure.

Les mobili

L’entité organisatrice des transportsen Ile-de-France (le Stif) impose auxentreprises publiques, Ratp et Sncf,

la gestion conjointe de l’exploitation surleurs lignes communes A et B.Cette réorganisation appelée “interopéra-bilité“ consiste à ce que tous les conduc-teurs de ces deux entreprises soient enmesure de conduire sur l’ensemble duréseau. La régularité du trafic devrait,

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tel. La régularisation administrativedevenant le moyen pour en finir aveccette condition de sous-prolétaires,bon à trimer sur les chantiers, dans lescuisines, devant les magasins commeagents de sécurité, à nettoyer desmètres et des mètres carrés de bureauou à servir de nounou chez des particuliers… Le mouvement s’ancrechaque jour un peu plus dans la réali-té sociale et économique du pays. Le nombre de travailleurs engagésdémontre l’ampleur de cette réalité,confirmée par le fait que 2 100 entre-prises sont touchées par ce mouve-ment de grève. Et combien de tra-vailleurs n’ont pas encore rejoint lemouvement, espérant que les grévistesréussissent à débloquer la situation,leur situation ?Comme il est souvent dit maintenantdans les prises de paroles : la questionde la régularisation des travailleurssans papiers est posée et à résoudre. Toute une partie du patronat n’en peutplus de cette situation. La machine estgrippée. Le chantier prend du retard,ceux qui ont été appelés en remplace-ment des grévistes connaissent moinsbien le boulot sur le chantier, ou sontmoins performants dans les opérationsde nettoyage des locaux, sans parler deleur capacité à rester devant les four-neaux avec tout le savoir-faire accu-mulé au fil des ans… Et puis il y amaintenant la crainte de les voirdébarquer, travailleurs sans papiers /cégétistes, ensemble, s’installer dans laboîte, pour combien de temps ? Sanscompter avec la mauvaise publicité quine manquera pas de se répandre defaçon plus ou moins insidieuse quandce n’est pas directement par voie depresse ou au journal de 20 heures… Et

ces centaines et ces centaines d’intéri-maires qui déboulent on ne sait d’où,

qui, sans crier gare, investissent telleou telle agence et qui ne partentqu’avec une assignation du tribunalportée par un huissier dûment accom-pagné d’une escouade de CRS…Le 28 décembre, c’est une ancienneresponsable du Medef et animatrice ducercle patronal l’Ethic, qui s’est fendued’une tribune dans Les Echos pourdénoncer l’hypocrisie ambiante (de lapart de certains patrons et du gouver-nement) dans la gestion du dossier. La circulaire du Ministère del’Immigration du 24 novembre 2009,publiée pour pousser une partie desgrévistes à abandonner la grève etaller déposer un dossier au guichet desétrangers à la préfecture, a fait longfeu. Il faut que la justice s’en mêlepour, par exemple à l’occasion d’uneprocédure d’évacuation, obliger lesgrévistes à passer par la case guichet

en préfecture pour déposer leurs dos-siers. Tous ces travailleurs en grève

sont têtus. Ils exigent toujours une cir-culaire pour permettre une régularisa-tion des travailleurs sans papiers avecdes critères objectifs qui en finissentavec l’arbitraire préfectoral. Pas ques-tion de déposer des dossiers enPréfecture. Tout au plus continuer demettre la pression sur les patrons pourqu’ils signent les documents adminis-tratifs (cerfa), les engageant dans leprocessus de régularisation.La carte Besson étant abattue, le mou-vement intégrant de plus en plus le faitque la régularisation administrative vaenfin permettre d’en finir avec lesconditions de travailleurs surexploités,le 30 décembre 2009, 2 000 d’entre euxse sont rassemblés sous les fenêtres duministre du Travail pour appuyer lademande de rendez-vous déposée parles onze organisations et associationsqui soutiennent le mouvement.

Si aucune mesure de régularisationadministrative n’intervient pour cestravailleurs, grévistes ou non, la socié-té française admet qu’elle offre enpâture au patronat pour ses usines, seschantiers, devant ses fourneaux, dansl’aide à la personne… des milliers defemmes et d’hommes réduits au rang“d’esclaves modernes”, surexploitésparce que sans droit !Non seulement l’opinion publique sou-tient cette grève, mais les mathéma-tiques sont avec les grévistes ! Etdepuis le 6 janvier 2010, une partiedes artistes et un certain nombre depersonnalités aussi. Ce mardi soir, parun froid à couper au couteau, ilsétaient très nombreux à avoir fait ledéplacement pour partager un bout degalette avec les grévistes, dans ce nou-veau lieu de grève où sont regroupésles travailleurs du bâtiment qui ont étéévacués de la tour First à la Défense etde la Chambre patronale des travauxpublics. Les paroles d’encouragement et de sou-tien de Josiane Balasko, de JulietteBinoche, de Cali, de Lilian Thuram oude Patrice Pelloux… résonnent encoredans le cœur de ces femmes et de ceshommes qui ont tout lâché pourretrouver leur dignité.Avec la semaine qui s’ouvre, d’autresinitiatives et mobilisations sont enpréparation. Même si pour le mouve-ment, il n’est pas très facile de trouverde nouvelles marques en ce débutd’année, quatrième mois de grève,après cette période des fêtes si parti-culière et ce froid qui n’en finit pas…Le moral reste élevé et la détermina-tion totale, chez les grévistes commechez les onze organisations syndicaleset associations. �

Conférence de presse à l’occasion de la “galette solidaire” des artistes et personnalités avec les sans-papiers en grève.

www.travailleurssanspapiers.orgDons par chèque à l’ordre Solidarité sans papiers

à adresser à : CGT - Service comptabilité,

263 rue de Paris 93100 Montreuil

selon elles, être de ce fait améliorée !En fait, la mise en œuvre de cetteréorganisation, effective sur la ligne Bdepuis le 9 novembre, a permis auxdeux entreprises, suite à la fusion deseffectifs, une réduction de postes deplus de 30 conducteurs. Soit un gainde productivité de près de 20 %. La formation pour obtenir la certifica-tion permettant de rouler sur des

réseaux soumis à une réglementationet des critères de contrôles médicauxeuropéens très stricts depuis 2003 aaussi été facteur du mécontentement.Le 9 novembre, au moment même oùest mise en œuvre cette “interopéra-bilité“ sur la ligne B, les conducteursdes lignes A et B déposent ensembleun préavis de grève afin de fairereconnaître les dégradations des

conditions de travail dues à l’évolu-tions du trafic voyageurs depuis unequinzaine d’année sur le réseau RER. Ensemble, ils réclament une augmen-tation de leur salaire de 120 eurospour tous. Ce 9 novembre, le RER estparalysé ! Le lendemain, la ligne Breconduit le mouvement et arrache,après cinq jours d’une grève très sui-vie à l’appel de la CGT, FO et Sud, la

pérennité d’une prime de 70 euros etl’attribution de 20 points sur le salai-re statutaire d’ici le 1er juin prochain,soit 120 euros.Du 30 novembre au 1er décembre, ladirection est contrainte de négocierune revalorisation de la qualificationdes conductrices et conducteurs duRER A, la ligne la plus fréquentée duréseau, qui dessert notamment ���

grève travailleurs sans papiers

emploi contre salaire ! payer sa crise !

sations de fin d’année dans le RER

La Forge

Janvier 20109

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49e Congrès de la Cgt

Un congrès de transitionLe véritable enjeu de ce congrès a

été la mise sur rails de la futureréforme des structures qui devrait

intervenir au cinquantième congrèsconfédéral (2012). Quatre des septrésolutions proposées aux votes desdélégués avaient directement trait àcette question. Ces résolutions sur la“maison Cgt” faisaient suite à cellessur la réforme des cotisations adoptéeau 48e, après le loupé de la directionconfédérale au 47e congrès. Contrairement au 47e congrès sur cettequestion des finances, à Nantes, ladirection confédérale n’a pas voulupasser en force. À partir de toute unesérie d’aphorismes, renvoyant à despoints de vue plus ou moins partagéssur le fonctionnement ou sur les diffi-cultés de fonctionnement de l’organi-sation, une série de résolutions enga-geant une démarche avec deséchéances à mi-mandat et devantdéboucher au cinquantième congrèspar des modifications statutaires ontété soumises au vote des congressisteset adoptées.

Un édifice Cgt “redessiné”Les résolutions engagent maintenantla Cgt dans “une démarche de transfor-mation de l’organisation, cohérente,coordonnée et diversifiée”. Au centrede cette “transformation” le syndicatd’entreprise qui, s’il est toujours définicomme “l’organisation de base de laCgt”, est mis à la question pour savoirquel doit être son “périmètre”. Qui del’entreprise, de la localité, du départe-ment, du bassin d’emploi ou de la filiè-re professionnelle ?Sans préjuger des débats futurs, ni deleur finalité, force est de constater

qu’en posant le débat en ces termes,l’objectif recherché est d’arriver à ceque, dans les têtes des militants, lastructuration syndicale proprementdite puisse être comprise comme pou-vant être déconnectée de l’entreprisepour permettre d’intégrer celle de “ter-ritoire”.“Si l’entreprise ne peut plus constituerl’assise unique des syndicats, celademande de donner toute sa place à ladimension territoriale dans la reconquê-te du salariat” (article III-103 de latroisième résolution).Et chacun sait que, dans la Cgt, le “ter-ritoire” qui compte de plus en plus,c’est celui de la région. Pas simplementpour des questions de gros sous, maisaussi parce que cette structuration ter-ritoriale tend à devenir la structurationadministrative et politique de “base” dela décentralisation dans le cadre del’Union européenne. Avec le réformis-me, la perspective de transformationsociale ayant toujours tendance às’éloigner le plus possible dans le tempset dans l’espace, il faut faire en sorteque les structures suivent !“La reconquête du salariat” sur la basede structure de proximité est aussi unargument mis en avant par la directionconfédérale pour appuyer cette profon-de transformation en gestation de l’en-semble des structures. C’est étonnantquand on sait qu’aucune autre organi-sation syndicale ne peut s’enorgueillir,comme la Cgt, d’avoir un “réseau” deplus de huit cent Unions locales !Certes, il a des “déserts syndicaux”dans tout ce maillage. Mais la redéfini-tion des “périmètres” des syndicatsn’entraînera pas un accroissement ipsofacto du nombre de syndiqués, y com-pris avec quelques moyens supplémen-taires. Par contre, les transferts de syn-

diqués de telle structure à telle autrestructure, qui auront lieu immanqua-blement, vont entraîner crispations etconflits. Et ce n’est pas la commissionprévue à cet effet à ce 49e congrès quiva contribuer à apaiser les tensions.

Beaucoup de frustration mais aussi de combativitéchez les congressistesLe nombre de syndiqués, s’il est unevéritable question, ne peut pas êtreséparé de celle de la ligne. La véritablequestion est de savoir, au bout ducompte, quelle ligne développe le syn-dicat. Autrement dit, est-ce que l’orga-nisation pousse au développement descontradictions de classe pour permettredes avancées, mêmes limitées, dans lasatisfaction des revendications des tra-vailleurs ? Ou est-ce que l’organisationse limite à un espèce de “statu quo”pour des accords type “gagnant-gagnant”, dont tout un chacun connaîtpar avance, et par expérience, le carac-tère factice et démobilisateur.C’est en fait cette interrogation qui est montée très fort lors de nombreusesinterventions de délégués à ce49e congrès, indépendamment de lasurdramatisation et surmédiatisationentretenue autour de la candidature auposte de secrétaire général deDelannoy, métallurgiste du Nord.Dans son intervention, le délégué deMolex, comme tant d’autres, a dit beau-coup de choses très justes sur la pério-de et, en particulier, il a dénoncé lasituation qui est faite aujourd’hui auxmilitants Cgt “qui gèrent comme ils lepeuvent les luttes face à un patronat aupouvoir presque sans limites”.

Cette accusation, tout à fait fondée,fait écho à toutes les critiques sur lagestion, cette fois-ci par la directionconfédérale, du mouvement du premiersemestre 2009 pour refuser de payer lacrise. Et ce n’est pas la réouverture dudossier des retraites en 2010 qui est denature à rassurer. Même s’il est présen-té comme LE dossier revendicatif del’année qui s’ouvre. La montée à la tribune d’une déléga-tion d’une trentaine de militants et detravailleurs sans papiers, en grèvedepuis le 12 octobre pour arracher unecirculaire de régularisation administra-tive, a été par contre un moment fortdu congrès. Quelques aigris n’y ont vu qu’une éniè-me tentative de la direction confédéra-le pour redorer son blason et fairediversion, oubliant qu’avec cette délé-gation c’étaient aussi 6 000 travailleursen grève depuis deux mois qui étaientovationnés par l’ensemble du congrèsdebout, de la commission exécutivesortante au plus jeune congressiste.Le syndicat, et en particulier la Cgt,est vue aujourd’hui par un grandnombre de travailleurs comme un desderniers remparts, si ce n’est le rem-part, qui peut encore protéger de l’of-fensive libérale en cours, à laquelleviennent s’ajouter les effets dévasta-teurs de la crise. Tous ces militants etmilitantes ainsi que celles et ceux quiintègrent aujourd’hui les sections etsyndicats d’entreprises attendent desperspectives, non seulement de lutte,mais de luttes qui rassemblent, quiarrivent à se coordonner pour per-mettre à la classe ouvrière, aux tra-vailleurs avec leurs syndicats de peserdans la situation actuelle. La chosen’est pas facile, mais Bernard Thibaultne décide pas de tout. �

des grands centres commer-ciaux (les Halles), des centres d’af-faires (La Défense)...Face à l’intransigeance de la direc-tion pour l’intégration dans le salai-re d’une partie fixe d’une prime liéeà la régularité du trafic, l’intersyndi-cale Cgt, Cfdt, FO, Sud et Unsa dépo-se un préavis de grève reconductibleà compter du 1er décembre.Face à un mouvement de grève mas-sif, la direction a tout fait pourmettre en œuvre une stratégie dedéstabilisation et de division dumouvement en organisant un servi-ce minimum aux heures de pointe,faisant appel à du personnel d’enca-drement. A travers certains médias,elle a aussi tout tenté pour monterl’opinion publique et les usagerscontre les grévistes. Cela n’a pasmarché ! Les usagers, entassés dansles rames, victimes des pannes,retards, suppressions de trains quo-tidiennes, savent que ce ne sont pas

les grèves qui sont responsables deces graves dysfonctionnements,mais le manque de trains, lemanque de maintenance des équi-pements qui provoquent ces inci-dents à répétition.Après 6 jours de grève, la directionne veut négocier qu’une prime quipourrait s’élever à 80 euros liée à larégularité des trains imposés par leStif, à savoir que, chaque jour, circulent 30 trains par heure. Lesconducteurs ont vite fait lescomptes. Vu qu’il ne passe enmoyenne que 26 trains, la prime nepourrait s’élever au mieux qu’à67 euros. Si l’on y ajoute les 3 pointsde salaire en plus soit 18 euros, onest loin des 120 euros pour tous ! La grève est reconduite et la reprisene sera effective que le 26 décembre. La direction de la RATP a voulurégler la question des retards en ins-taurant “une prime de régularité“ !Comme si une prime pour les

conducteurs pouvait pallier le déla-brement des équipements, lemanque de trains, d’effectifs suffi-sants,... 17 jours de conflit dur faceà une direction et un gouvernementqui a tout mis en œuvre pour ne riencéder de plus.Durant ces 17 jours, les conducteursde la ligne A ont tenu dans un réelisolement de leur mouvement. Aucune information en direction dessyndiqués des autres secteurs del’entreprise, sauf ce qui a pu êtrepris en main par quelques sectionssyndicales comme à la maintenancepar exemple. A aucun moment il n’a été envisagépar les différentes organisationssyndicales de travailler à un élargis-sement de la mobilisation à la Ratp,alors que dans tous les secteurs lemécontentement est grand face à lacourse à la productivité, au blocagedes salaires, à la réorganisation dutravail synonyme partout de sup-

pressions de postes et d’aggravationdes conditions de travail qui serépercutent sur les conditions detransport des usagers. C’est cet inté-rêt commun, entre travailleurs destransports publics et usagers qu’ilfaut mettre en évidence et populari-ser.La question de la politique destransports va être une question cen-trale dans les prochaines électionsrégionales. En effet, les régions ontde grandes compétences dans cedomaine, du fait notamment dudésengagement financier de L’Etat.Les priorités doivent être la dessertedes quartiers populaires, la gratuitédes transports pour les chômeurs etles précaires, aussi bien dans lesvilles que dans les campagnes. Il faut également revenir sur la poli-tique de privatisation des transportspublics. �

Correspondance Cellule 2e Congrès

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Mouvement ouvrier et syndicalLa Forge

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La réforme des lycées, promisepar Sarkozy et initiée parDarcos, est en voie de finalisa-

tion par les services de Luc Chatel ;elle devrait commencer à s’appliquerà la rentrée 2010. Parmi les nouveauxmauvais coups portés à l’enseigne-ment, il est une mesure qui a soulevél’indignation de l’immense majoritédes enseignants, des historiens et denombreux intellectuels : la suppres-sion de l’Histoire et de la Géographieen tant que matières obligatoires enTerminale scientifique.Pour tenter de prévenir une prévisiblelevée de boucliers, le ministre propo-se 2 heures de cours facultatifs parsemaine. Qui va assurer ces cours ? Oùva-t-on les placer dans l’emploi dutemps ? Il ne s’agit là que d’un pis-aller qui n’a trompé personne sur lafinalité de la réforme.Cette finalité s’inscrit dans la poli-tique constante et affirmée maintesfois par Sarkozy et son gouverne-ment : réaliser des économies dansl’Éducation nationale, supprimer despostes, “dégraisser le mammouth”comme l’avait dit en son tempsClaude Allègre, ministre de l’Éduca-tion de Jospin. Ne renouveler qu’undépart sur deux de fonctionnaires à laretraite ne leur suffit pas. Ils s’enprennent maintenant aux horaires detoutes les matières.Qu’on en juge : aujourd’hui ,les élèvesde 1ère et de Terminale scientifiquebénéficient de 2h30 de cours parsemaine en histoire-géographie. Avecla réforme, les élèves de 1ère cumule-raient 4 heures d’enseignement.Autrement dit, il faudrait ingurgiteren un an et à raison de 4 heures parsemaine des programmes très lourdsenseignés auparavant sur deux ans àraison de 2h30 par semaine. Le comp-te n’y est pas.Pour justifier cette mesure, le minis-tère prétend qu’il faudrait éviter queles “purs” scientifiques ne soienthandicapés par “l’excessive généralitéde la série S”. Cet argument ne tientpas debout car on pourrait dire lamême chose pour les élèves de 1ère S...à cause de la réforme.D’ailleurs, le ministre qui prétend favo-riser les scientifiques n’est pas à unecontradiction près. Selon l’Associationdes professeurs de Mathématiques, ilfaut prévoir, avec la réforme, une dimi-nution importante et non justifiée desenseignements scientifiques : perte de1 heure en Science et Vie de la Terre(SVT), de 1h30 en Physique-Chimie, de1 heure en Mathématiques, tout celaen 1ère S. D’autres coupes sombres sontannoncées dans les sections ES dès laseconde. Pour bien montrer qu’il aaccompli sa mission, Luc Chatel avouesans vergogne : ”J’ai veillé à ce qu’onne taille pas dans une seule discipline.”Il s’agit bien de suppressions massives

d’heures d’enseignement et donc depostes de professeurs que les justifi-cations pseudo pédagogiques ontbien du mal à masquer. Mais au-delà de cet aspect comptableil en existe un autre, tout aussiinquiétant, et qui tient à la naturemême de l’Histoire et de laGéographie. Chacun s’accorde àreconnaître à ces disciplines ditesd’éveil un rôle majeur dans la forma-tion du citoyen. Par la connaissanceet l’explication des événements dupassé, par la description et la discus-sion autour des grands enjeux dumonde actuel, elles permettent auxjeunes de se construire un système devaleurs, de critères et de référencespour mieux comprendre le mondeactuel et y trouver leur place. Ellesdéveloppent l’esprit critique et aidentà combattre les comportements mou-tonniers, réducteurs et irrationnels.Prétendre traiter en un an, en classede 1ère S, les vastes programmes d’his-toire-géographie étudiés aujourd’huien 2 ans relève de la gageure sauf àsurvoler les problèmes, à dresser uninventaire d’événements sans hiérar-chie des valeurs, à passer d’une étapeà une autre, d’un problème à l’autresans prendre le temps d’étudier lesliens entre eux, sans possibilité decreuser des questions majeures quistructurent aujourd’hui la pensée etl’action individuelle et collective.En “chargeant la mule” en 1ère S, ontend inévitablement vers cette histoi-re-géographie catalogue qui exposemais ne donne pas les moyens decomprendre et d’agir, vers une sortede self-service où chacun peut faireson marché et s’approprier tel fait outel personnage et leur faire dire n’im-porte quoi. Cette conception-là estchère à Sarkozy qui ne manquejamais une occasion d’invoquer lesmânes de Jaurès, de Léon Blum, deGuy Môquet et, récemment, du grandhistorien Marc Bloch, victime de labarbarie nazie, pour tenter de fairepasser sa politique réactionnaire. Celaporte un nom : c’est du révisionnismeet il s’appuie toujours sur l’ignorance,la méconnaissance et la déformationdes faits.Priver les élèves de Terminale S d’unenseignement d’histoire-géographiec’est contribuer à les empêcher des’interroger sur la finalité de leursmétiers à venir et de développer leursens critique sur la nature et les butsde leurs recherches futures. Voilà quien dit long sur le genre de scienti-fiques que ce pouvoir voudrait avoir àsa botte.Aujourd’hui, Sarkozy et son gouver-nement pataugent lamentablementdans un débat sur l’identité nationa-le dont personne, à part eux et le FN,ne voyaient et ne voient toujours pasla nécessité. Ce faisant, ils ont

réveillé les vieux démons du racisme,de la haine de l’autre, de l’étranger,de l’immigré, de l’Arabe... Comme ilest écrit très justement dans une despétitions signées par de nombreuxenseignants, historiens et intellectuels,la suppression de l’histoire-géographieen Terminale S risque “de priver unepartie de la jeunesse française desmoyens de se faire de la question uneopinion raisonnée grâce à une approchescientifique et critique, ouvrant ainsi lavoie aux réactions épidermiques et auxjugements sommaires.”Le 10 décembre, la réforme des lycéesa obtenu le feu vert du ConseilSupérieur de l’Éducation. En mêmetemps, le mouvement de protestationexiste même si des tendances à larésignation s’y font sentir.

Parce qu’elle entraîne de nouvellessuppressions de postes, parce qu’elletend à dévaloriser Histoire etGéographie, de même que les sciencessociales, en tant que disciplines for-matrices de l’esprit critique et de l’es-prit scientifique, cette mesure,comme l’ensemble de la réforme, doitêtre combattue. Il est indispensabled’élargir la mobilisation et de menerle débat dans les lycées, dans les syn-dicats enseignants, dans les associa-tions de parents d’élèves et auprès detous ceux qui défendent un enseigne-ment disposant de moyens, capablede former une jeunesse qui contribueà construire un avenir de progrèssocial, de fraternité et de paix entreles peuples. �

Education La Forge

Janvier 201011

Camus et l’indépendancede l’Algérie

Écrivain, auteur de théâtre,moraliste, bonne conscience dela littérature, Camus fut

constamment confronté à la mauvaiseconscience de Sartre. Comment nepas, aujourd’hui comme hier, lesopposer ? Certains les distinguent en raison deleur origine, populaire pour Camus,bourgeoise pour Sartre. Mais si lemérite revient à Sartre de n’avoirjamais cessé de trahir la sienne,Camus, lui, n’a pas servi sa classe.Bien qu’il ait affirmé que la littératu-re ce n’est pas “servir ceux qui fontl’histoire, mais ceux qui la subissent“,c’est Jean Genet, le sartrien, qui dansses romans et œuvres théâtralesarrache les masques du racisme, del’anticolonialisme, des prisons, del’homosexualité ; Camus reste surl’Aventin. C’est là, dira-t-on, apprécia-tion littéraire.Le moraliste ? Abordons la lancinanteinterrogation sur sa position pendantla lutte de libération du peupleAlgérien. Né en Algérie, sa mère estalgérienne, il dénonce avec force, en1945, dans le journal Combat, lesmassacres de Sétif. Il est ce que l’ondénomme un libéral, un de ceux quisont favorables à une évolution de lasituation coloniale. Quand la tensiondevient extrême entre ceux quidéfendent la cause nationale algé-rienne et ceux qui défendent les pri-vilèges du colonialisme, il se veut au-dessus de la mêlée. En 1957, consécration suprême,Camus reçoit le prix Nobel de littéra-ture ; dans ce moment, se déroule labataille d’Alger, les parachustistes aupouvoir, pour la population algérien-ne, ce sont les pires heures de larépression. Mais, lors de la remise du

prix, dans le discours qu’il prononce,Camus n’a aucun mot pour ceux qui“subissent l’histoire“. Interpellé à cesujet, condamnant le recours par leFLN à la lutte armée et aux attentats(une cause juste employant à sesyeux des moyens injustes), il répondpar une phrase pleine d’ambiguïté :“Si j’ai un jour à choisir entre la justi-ce et ma mère, je choisis ma mère au-dessus de la justice.“Camus veut bien que le système colo-nial change, il le souhaite même, maiscela doit se faire selon le bon vouloirdes libéraux ; quand l’autre, le coloni-sé, use à son tour de la violence pours’opposer à la violence coloniale et réa-liser son aspiration à l’indépendance,pour Camus quelque chose “au-dessusde la justice“, il lui dénie ce droit.Cette déclaration suscite une polé-mique qui perdure plus de cinquanteans après, l’image du moraliste estatteinte, mais l’ambiguïté de la phaseautorise de multiples interprétations. Sauf que, trois mois après cette décla-ration, le gouvernement décide la sai-sie du livre d’Henri Alleg, LaQuestion. Protestant contre cette sai-sie, Jean-Paul Sartre, cette mauvaiseconscience des “Justes”, et trois prixNobel de littérature, André Malraux,Roger Martin du Gard et FrançoisMauriac, signent une Adresse solen-nelle au président de la Républiquedemandant de mettre fin à l’usage dela torture en Algérie. Camus refuse designer l’Appel ! L’équivoque est levée,refuser le droit aux Algériens de serévolter, c’est simplement choisir soncamp, celui du maintien de l’ordrecolonial, mais en refusant de condam-ner la “justice de la torture“, le mora-liste tombe de son piédestal. �

Nils Andersson

Réforme des lycées

Non à la dévalorisation de l’Histoire !

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Réduction des émissions de 6 gaz à effet de serre (GES),dont le CO2 représente 50 %

Le texte qui n’a été signé que parune trentaine de pays, dont laFrance et l’UE, ne prend aucunengagement chiffré en matière deréduction. L’objectif de diminutionde 50 % d’ici 2050 est passé à latrappe. La seule mention chiffréeconcerne l’élévation maximum de latempérature : + 2°. La référencemême au protocole de Kyoto a dis-paru. Le texte fait confiance à labonne volonté des Etats. Une desimages qui restera sera certaine-ment celle de ce groupe de chefsd’Etat, avec Merkel, Obama, Lula,Sarkozy…, discutant en très petitcomité pour imposer un texte insi-

pide qui ne les engage à rien.Obama et Sarkozy ont essayé defaire porter la responsabilité de cequi est un fiasco politique et média-tique aux dirigeants chinois, en leurreprochant de ne pas prendre d’en-gagements chiffrés de réduction.Ces derniers avaient beau jeu deleur faire remarquer qu’ils n’étaientpas à égalité avec les grandes puis-sances industrielles. Obama a faitdu contrôle de la mise en œuvre desengagements de réduction son che-val de bataille. Les dirigeants chi-nois y ont vu, non sans raison, unetentative de l’impérialisme US demettre leur économie sous contrôle.

Les Etats du Sud, regroupés dans leG77 (mais qui représente en faitquelque 130 pays dits en voie dedéveloppement), demandaient lareconduite du protocole de Kyoto,seul texte international qui fixe deschiffres de réduction aux pays lesplus industrialisés. Les îles et lesarchipels ont défendu un maximumde + 1,5° de la température de laplanète, en mettant en avant lerisque de disparition pure et simplede nombreuses îles et archipels,conséquence de la montée des eaux.

Si les gouvernements des paysd’Afrique ont soutenu cette exigen-ce, le chef de la délégation, l’Éthio-pien Meles Zenawi, l’a abandonnée.Beaucoup ont vu là la main deSarkozy, qui a rencontré M. Zenawià Paris, pour essayer de constituerun “front“ France-Afrique ! LesEtats du G77 demandaient égale-ment un engagement formel de lapart des grandes puissances indus-trielles de réduire de 25 à 40 %leurs émissions de GES d’ici 2020.Aucun engagement n’a été pris. Les

Protocole de Kyoto 1986, négocié lors desConférences. Couvre la période 2008-12.

Copenhague ne prend aucun engagement chiffré

Positions et demandes formulées par les pays du Sud

Aide à la lutte contre la déforestation

Partant de l’idée que les forêts sontdes puits de carbone, les entrepriseset les pays industrialisés qui investis-sent dans les pays forestiers pourdiminuer la déforestation, achètentdes “crédits carbone” à ces pays, pourcompenser leurs émissions de GES

dans leur propre pays. Sarkozy veutréunir les Etats des grands bassinsforestiers, notamment africains,comme celui du Congo, pour organi-ser ce vaste marché de plusieurs mil-liards de dollars.

Aide financière aux pays les plus pauvres, victimes desconséquences du changement climatique

C’est une des grandes attentesde dece sommet. Une “enveloppe” d’unedizaine de milliards de dollars est pré-vue pour les pays les plus pauvres,entre 2010 et 2012. Cela ressemble àune aumône pour prévenir les effetsdes catastrophes climatiques, notam-

ment dans le domaine agricole. Leterme de “réfugiés climatiques” estrepris par les experts de l’ONU, quiestiment à 200 millions le nombre depersonnes qui vont être déplacéesd’ici 2050 (ils étaient déjà 20 millionsen 2008).

La grande majorité des Etats pauvresattendaient davantage dans ce domaine.

Il est question de plusieurs centaines demilliards de dollars nécessaires.

Diminution de la quantité des GES,par rapport à la quantité produite en1990. - 6 % en moyenne, avec - 8 %pour l'UE ; - 6 % pour le Japon ; 0 %pour la France ; - 21 % pourl’Allemagne… (chiffres en 2004). Les

USA n'ont pas ratifié les engagementsconcrets. Les pays signataires repré-sentent 30 % des émissions de GES :la Chine, l’Inde et le Brésil devraientémettre 40 % des GES dans les pro-chaines années.

Texte de Copenhague

Positions et demandes formulées par les pays du Sud

Les engagements

Le sommet de l’Onu sur le chan-gement climatique s’est achevéà Copenhague sur un échec pré-

visible par rapport aux objectifsannoncés. La seule bonne nouvelle,c’est l’ampleur et le succès des mobi-lisations de masse qui ont essayé depeser sur les débats et les négocia-tions entre chefs d’Etat et de gouver-nements des 191 pays présents. Le fait politique important, c’est lelien établi par la grande masse desmanifestants, à Copenhague et dans

plusieurs villes du monde, entre lesexigences en matière de préservationde l’environnement et la mise enaccusation du capitalisme en tant queprincipal responsable des dégâts envi-ronnementaux et la dénonciation desgrandes puissances qui veulent pré-server leur hégémonie en imposantdes contraintes aux économies desautres pays, notamment ceux qu’ilsconsidèrent comme leurs principauxrivaux potentiels, la Chine et l’Indeen particulier.

Cette dénonciation du capitalisme etde l’impérialisme s’est fait entendre ycompris dans la conférence officielle,à travers des interventions de certainschefs d’Etat (Evo Morales et HugoChavez). Les peuples des pays d’Afrique et ceuxdes îles et archipels menacés de dis-parition par la montée des eaux sontles premiers perdants de l’absenced’engagements concrets des plusgrands pollueurs de la planète. Pources pays, les promesses “d’aides

financières“ sont infimes comparati-vement aux conséquences écono-miques, sociales, humaines… duréchauffement climatique dont ils nesont pas responsables.Les représentants des grandes puis-sances impérialistes se sont efforcésde faire retomber sur la Chine etl’Inde, et plus généralement sur lespays dits émergents, la responsabilitéde l’absence d’engagements concretsen matière de réduction d’émissionsdes gaz à effet de serre. Si Obama

Copenhague : “Changer

InternationalLa Forge

Janvier 201012

Sous la pression des USA, suivis parplusieurs de leurs alliés, l’idée de“droits à polluer” mis et vendus surles marchés s’est imposée. C’est uneconception typiquement néolibérale :les différentes formes et causes depollution contribuant à l’effet de

serre sont des marchandises. Ce sontles lois du marché qui doivent “régu-ler” cette question. La responsabilitéantérieure des puissances indus-trielles est totalement évacuée ; lesplus riches peuvent payer le droit depolluer.

Marché de droits d’émission de carbone

Protocole de Kyoto

Copenhague ne remet pas en cause ce marché.

USA n’envisagent qu’une baisse de4 % ! Obama se réfugie derrière l’op-position du Sénat (qui doit ratifiertous les accords internationaux)pour refuser tout engagement,considéré par les grands patrons UScomme une remise en cause de lalibre concurrence. Dans ce domainecomme dans bien d’autres, Obamase comporte en représentant déter-miné des intérêts de l’oligarchie US.

Evo Morales, le président triompha-lement réélu de la Bolivie, et HugoChavez se sont mis à l’écoute desdizaines de milliers de manifestants,reprenant leurs mots d’ordre ; “si leclimat était une banque, ils l’au-raient depuis longtemps sauvé” alancé Chavez, tandis que Moralesfustigeait le capitalisme, en tantque principal responsable de la des-truction de l’environnement.

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International La Forge

Janvier 201013

De nos camarades du Parti Communiste des Ouvriers du Danemark (APK)

Durant le sommet de Copenhague

Durant le sommet de l’ONU,les 7 et 8 décembre àCopenhague, l’action de la

police a pleinement illustré lephénomène qu’a analysé la der-nière Conférence Internationalede Partis et OrganisationsMarxistes-Léninistes (voir notreprécédent numéro), à savoir queles Etats impérialistes sont entrain de devenir des Etats poli-ciers. La ville a été rebaptisée“COP-enhagen” (jeu de mot avec“COP” qui signifie policier enanglais - ndlr).Le sommet qui était censé “sauverla planète” s’est soldé par unéchec retentissant. Les USA nevoulaient pas d’un accord et leprésident danois du sommet asuivi les directives de l’administra-tion Obama. Ce dernier a concluun accord avec quelques pays, fai-sant fi du forum des Nations unieset de ses mécanismes de discus-sion. Les exigences des pays envoie de développement ont étécomplètement ignorées.Quelque 2 000 manifestants paci-

fiques ont été arrêtés et toutes lesmanifestations ont été attaquéesà coups de gaz lacrymogènes, degaz au poivre, de charges de poli-ciers avec des chiens. Les procé-dures judiciaires visent exclusive-ment les manifestants et les res-ponsables d’Action Justice pour leClimat, accusés d’avoir fomentédes troubles, et des activistes deGreenpeace qui, en dépit desmesures de sécurité draconienne,étaient parvenus à entrer dans lasalle de banquet qui s’est tenu auParlement sous la présidence de lareine du Danemark et qui ontdéployé une banderole “les politi-ciens bavardent, messieurs les diri-geants, agissez !“ Les activistes deGreenpeace étaient toujoursemprisonnés, au moins jusqu’audébut de janvier.Un large mouvement internatio-nal de solidarité s’est construitpour soutenir les personnes arrê-tées et toutes celles qui sontpoursuivies.Le 9 décembre, l’initiative anti-guerre “Stop à la guerre contre le

terrorisme” a organisé un sit-indevant l’ambassade des USA àCopenhague, pour protestercontre l’attribution du prix Nobelde la Paix à Barack Obama, le len-demain à Oslo.Dans son intervention, notrecamarade Troels Riis Larsen,porte-parole de cette initiative etde notre parti, le PartiCommuniste des Ouvriers duDanemark (APK) a exprimé nospositions, y compris sur leSommet de l’Onu. Notre partiavait, en effet, fait connaître sapolitique sur la question du climatet des questions de l’environne-ment avant le sommet.Tout au long du sommet, nousavons couvert les événements àtravers un site web spécialementdédié (http://fremad.org:klima/qui montre les manifestations etles protestations contre la répres-sion policière, ainsi que lesattaques violentes de la police(voir notamment :http://www.youtube.com/user/KPnetTV). �

le système, pas le climat”était bien décidé à ne s’engager surpratiquement rien, tous les dirigeantsdes grandes puissances ont participéà l’entreprise de diabolisation de laChine, exigeant de ses dirigeantsqu’ils prennent des engagements quibrident le développement écono-mique de leur pays. Il est évident quela grande bourgeoisie chinoise n’allaitpas accepter un tel diktat, d’autantqu’elle peut s’estimer en position deforce vis-à-vis de l’impérialisme US,dont elle finance le déficit abyssal,

via l’achat des bons du trésor US etparce qu’elle possède d’énormesquantités de dollars.

Sarkozy n’a pas manqué de se livrer àses gesticulations habituelles pourpasser pour le président le plus écolode la planète. En réalité, il a partici-pé comme les autres à l’enterrementde l’esprit du protocole de Kyoto (quicontenait des objectifs chiffrés deréduction d’émissions de GES appli-cables aux grandes puissances indus-

trielles), il a poussé certains diri-geants africains à se désolidariser desexigences des petits pays insulaires etil a essayé de les éloigner de la Chine,un des principaux rivaux de l’impéria-lisme français dans plusieurs paysd’Afrique pour le contrôle desmatières premières, des ressourcespétrolières, forestières et aquifères. Les questions environnementales, lespollutions à grande échelle et la sur-exploitation des ressources naturellessont des questions importantes qui

mobilisent largement, en particulierde grands secteurs de la jeunesse despays capitalistes, mais aussi les mou-vements qui luttent contre le pillageimpérialiste.

Copenhague marque un pas impor-tant dans la prise de conscience de lanécessité d’inscrire ces combats dansle combat global contre la logique dusystème capitaliste et contre les poli-tiques de domination des grandes-puissances. �

Espagne : analyse du Parti Communiste d’Espagne (Marxiste-Léniniste)

Sur la mobilisation générale du 12 décembre et ses conséquencesUn succès de lamobilisationLa mobilisation générale du 12 décembre,convoquée par CCOO (CommissionsOuvrières) et l’UGT (Union Généraledu Travail), a été un succès, d’autantplus si l’on prend en compte le climatd’atonie politique générale du pays etle sabotage conscient et organisé dusecteur fidalguiste (1).(...) Il n’y a pas de meilleure preuvede l’importance du rendez-vous du

samedi 12 décembre 2009 et de sonsuccès, que les efforts démesurés desorganes de presse et de la propagan-de de l’oligarchie pour minimiser saportée et son caractère massif. (...) Le samedi 12 décembre, malgré lacrainte et la frustration de beaucoupde travailleurs, ce qui s’explique parl’abandon de la gauche politique ins-titutionnelle, des dizaines de milliers(plus de 200 000, d’après les syndi-cats organisateurs) ont répondu à lamobilisation. Leur présence massivemontre la force que détient encore la

classe travailleuse espagnole, cecimalgré la majorité de ses dirigeantssyndicaux et politiques, qui ne sontpas à la hauteur de leurs responsabi-lités.

Le rôle néfaste du gauchismePathétique et clarificatrice a été l’at-titude de certains syndicats aristocra-tiques et de forces radicales opportu-nistes qui s’autoproclament “commu-

nistes”. Pendant les jours précédant lamobilisation, ils se sont répandus enappels à son boycott, en brandissantleur manuel de syndicalistes de lafrustration et de l’impuissance. Loinde travailler pour l’unité des tra-vailleurs, ils s’appliquèrent à lancerleurs attaques contre les syndicats demasse, allant jusqu’à distribuer un“manifeste” dans lequel ils appelaientà ignorer l’appel à la mobilisationgénérale.

Le Conseil constitutionnel invalide la taxe carbone

De retour de Copenhague, Sarkozy a essuyé ledésaveu du Conseil constitutionnel qui l’em-pêche de mettre en œuvre la grande “révolu-tion“ de la taxe carbone. Il n’avait pas hésitéà la comparer à l’abolition de la peine demort !Constatant que “93 % des émissions de dioxy-de d’origine industrielle, hors carburant, seronttotalement exonérées de contribution carbo-ne“, le Conseil constitutionnel a conclu à la“rupture caractérisée de l’égalité devant lescharges publiques“, ce qui a rendu le texte deloi anticonstitutionnel. Refusant de perdre la face, Sarkozy s’estempressé d’annoncer qu’une nouvelle moutureserait prête dans les plus brefs délais. LeMedef est tout de suite monté au créneaupour crier à “la double peine“ qui risque defrapper les industries polluantes, et pour exi-ger que les secteurs exposés à la concurrenceinternationale soient exemptés. Personne ne se plaindra de ce revers infligépar le Conseil constitutionnel à Sarkozy, maiscela ne doit pas occulter le caractère réaction-naire de cet impôt qui pèsera sur les classespopulaires. Notre opposition à cette taxe resteentière, même si certains secteurs de l’indus-trie seront finalement mis à contribution.

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(...) Elle est très commode, dans lefond, l’attitude de ces mystiques syn-dicalistes, qui cachent leur impuissan-ce et leur incapacité derrière un pro-fond sectarisme, si éloigné des massesqu’il leur évite de se mouiller dans la politique du réel, de prendre desengagements et d’établir despriorités ! Le problème, c’est que ce“purisme” petit-bourgeois renforceobjectivement la dispersion et la fai-blesse du prolétariat espagnol ; il doitdonc être combattu sans répit.La mobilisation du 12 décembre est lameilleure preuve que, au jour d’au-jourd’hui, nous insistons là-dessus, lessyndicats de masses sont les seulesorganisations capables de mobilisernotre classe ; et particulièrementCCOO, dont la présence écrasante étaitplus qu’évidente dans les rues deMadrid.

La fausse note a été l’œuvre des diri-geants syndicaux, dont les discoursfinaux furent en général grandilo-quents et manquant de nerf commede contenu ; à tel point que de nom-breux cadres syndicaux firent remar-quer que le contenu politique le plusfort avait été l’œuvre du présenta-teur : José Miguel Monzon (2), dit “LeGrand Wyoming”, qui fit une présen-tation subtile, avec des référencespolitiques très incisives contre la poli-tique droitière patronale et politiqueet leur “patriotisme de pacotille”.Quelques pointilleux ont signalé l’ab-sence de slogans et de consignesgénérales ; mais cela n’est pas éton-nant et n’enlève rien à l’importancepolitique de la mobilisation générale.D’autre part, l’absence de direction etd’orientations est visible depuis long-temps dans le ton général des mani-festations où les sifflets et les pétardsont remplacé les slogans. Quand lapolitique est absente, le bruit est toutce qui reste pour exprimer la colère etla haine de classe contre l’exploitationet la misère. En résumé, la “liturgie”de la mobilisation ouvrière répond àla situation concrète, comme il estlogique. Et retrouver la combativitédes manifestations prolétariennes d’ily a longtemps ne pourra se faire sansrécupérer en chemin la combativitépolitique de ses organisations delutte.

Garder l’initiative(...) Nous l’avons dit dans notre appelà l’assistance : si nous perdons l’initia-tive, les conséquences pourront êtretrès dures, car l’assurance acquise parl’oligarchie industrielle et financière,et par la droite qui articule politique-ment leurs intérêts, leur aurait permisde ne trouver aucune limite à l’heured’attaquer le prolétariat.Dans les jours qui viennent vont semettre en place plusieurs tables denégociations. Cela signifie-t-il que lessyndicats délaissent définitivement le

chemin de la mobilisation pour pariersur le pacte social, en abandonnantles propositions du 12 décembre ? Defait, les syndicats trouvent leurs prin-cipales finalités dans la négociation,mais la situation actuelle oblige CCOOà assumer un rôle politique qui placesa direction dans une situation“incommode” : craintive face à la plusque probable radicalisation du conflitde classe alors que se confirme lacontinuité de la crise et l’aggravationde ses conséquences pour les tra-vailleurs ; et consciente, en mêmetemps, que l’on exige d’elle une plusgrande fermeté face au patronat et augouvernement.

Les dirigeants syndicaux savent quel’afflux massif à la mobilisation lesoblige à une plus grande fermeté.Toxo (3) lui-même affirmait : “Noussommes conscients du conflit social,aujourd’hui exprimé dans une confron-tation ouverte d’idées et d’alternatives,et qui a sa source dans l’origine, ledéveloppement et l’issue de la crise. Unconflit que nous souhaitons canaliser àtravers le dialogue et la négociationpour arriver à des accords. Si le gou-vernement, les organisations patro-nales ou certaines institutions écono-miques imaginaient profiter de lacrise, en suggérant ou proposant d’uti-liser l’occasion pour supprimer desacquis, le conflit social serait d’unenature très différente de notre mobili-sation de Madrid le 12 décembre. Nousvoulons croire que cela ne sera pasnécessaire…”D’autre part, si Zapatero va se garderde ne porter aucune attaque directeaux intérêts populaires tant que dure-ra le semestre de présidence communede l’UE, les déclarations non démen-ties de sa ministre de l’Economie,Elena Salgado, et d’autres “illustreséconomistes” ultra réactionnaires deson parti, ou proches de lui : Solbes,Almunia, MAFO (4), etc., proposantde retarder l’âge de la retraite ou biende nouvelles réformes pour faciliterles licenciements, préparent un pro-chain changement de visage deZapatero. Ce sera de la rhétoriquepopuliste et une attitude complaisan-te avec la droite à la fermeté réac-tionnaire contre les travailleurs. Même si ces derniers jours la CEOE (5)paraît rester au second plan, du faitdes nombreux problèmes de gestiond’entreprises de son représentant DiazFerran et, surtout, de la rupture desrelations avec la CEPYME (6), les men-tors politiques de la droite vontredoubler la pression pour que soientmener à bien les réformes antipopu-laires qu’exige depuis plusieurs moisl’oligarchie.(...) Ces quatre dernières semaines, lacrise à Dubaï, la baisse du Dollar faceà l’Euro et l’aggravation de la dettepublique de la Grèce, l’Irlande etl’Espagne, ont provoqué chacun dessoubresauts dans les circuits finan-ciers internationaux. Les espoirs de

l’économie capitaliste semblent s’effa-cer avant d’être complètement nés etla majorité des indicateurs signalentun plus grand approfondissement dela crise en Espagne ces prochains mois.Les choses étant ce qu’elles sont, leséléments sont là pour une recrudes-cence de la lutte de classes. La pre-mière manche a montré la force duprolétariat. Mais ses ennemis sontforts et bien que tous, dans leurs dis-cours devant les travailleurs, ontmenacé le patronat et le gouverne-ment d’une plus grande déterminations’ils continuaient à ignorer leursrevendications, il reste encore à véri-fier la disposition des dirigeants syn-

dicaux à faire face à leurs responsabi-lités.Nous savons tous (les dirigeants syn-dicaux également) que l’oligarchien’est pas disposée à développer unauthentique dialogue social, ni àentreprendre la négociation collectivedans une attitude constructive.L’oligarchie veut la reddition sansconditions du prolétariat et de sesorganisations ; il faudra donc plusqu’une rhétorique creuse pour éviterune perte générale de droits.

Le travail des communistesBien que la grève générale ne soit pasun objectif en soi, elle va être néces-saire à court terme. Dans une conjonc-ture comme celle d’aujourd’hui, avecune extrême faiblesse de la gauche,sans une direction politique adéquatequi puisse orienter son développe-ment dans un sens progressiste, ellepourrait aboutir à renforcer la posi-tion de la droite si elle n’est pasdûment préparée. Mais, après le suc-cès de la manifestation du 12décembre, si la mobilisation du prolé-tariat continue de se développer etgagne en combativité, les conditionsseraient créées pour la grève généraleet pour une avancée dans la prise deconscience politique des secteurs lesplus conscients du prolétariat. C’estpour cela que nous devons impulser lamobilisation, et surtout les conditions

politiques pour la rendre possible etefficace. Avec leur attitude irrationnelle etirresponsable, ni les dirigeants “radi-cal opportunistes”, ni les réformistes(et encore moins les dirigeantssociaux-libéraux du PSOE) ne sont enposition de diriger de façon adéquatela lutte des prochains mois.

La conclusion s’impose d’elle-même :il faut renforcer les syndicats demasses, regrouper en leur sein les tra-vailleurs et travailler efficacementpour l’unité. Mais ça ne sera pas enco-re suffisant car, sans direction poli-tique, sans objectifs généraux clairs,

les victoires seront toujours partielleset limitées.C’est cela, le travail principal des com-munistes : apporter la politique auxsyndicats, politiser les luttes du prolé-tariat durant les prochains mois, poserclairement devant les dirigeants desorganisations syndicales et de massesqu’il n’est pas possible d’assurer unevictoire durable contre l’oligarchiesans orienter de façon décidée la luttecontre le régime monarchique qui per-met sa domination politique.�

Article transmis par le PartiCommuniste d’Espane (Marxiste-Léniniste), traduit par nos soins.

site ; www.pceml.info

Notes(1) Ancien secrétaire général desCommissions Ouvrières (CCOO) de2000 à 2008, caractérisé par le carac-tère de plus en plus droitier de sespositions.(2) Humoriste et présentateur d’émis-sions de télévision satyriques, surtoutcontre les médias eux-mêmes et lemonde politique.(3) Ignacio Fernandez Toxo, actuelsecrétaire général des CommissionsOuvrières (CCOO).(4) Le MEDEF espagnol.(5) CEPYME : Organisation patronaledes petites et moyennes entreprises.(6) MAFO est l’acronyme de MiguelAngel Fernandez Ordonez, inefficaceet ultraréactionnaire Gouverneur de laBanque d’Espagne.

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Sur la banderole de tête : “Qu’ils ne profitent pas de la crise”

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Le 10 décembre, Barak Obama estallé chercher le prix Nobel de lapaix, à Oslo. Conscient de l’in-

congruité de la situation - les USAmènent deux guerres, en Irak et enAfghanistan, des opérations militairesau Pakistan et s’apprêtent à en menerd’autres au Yémen - Obama s’est lancédans un discours sur les "guerresjustes” contre le Mal “qui existe” et aexhorté ses alliés à les suivre dans laguerre contre le terrorisme. Ce n’est certes pas la première foisque cette assemblée décerne un prixNobel de la paix à un fauteur de guer-re : il y a eu Kissinger, en 1973, alorsque des avions US déversaient desmilliers de bombes sur le Viêtnam etque ces mêmes USA venaient de sou-tenir le putsch militaire des générauxfascistes au Chili. Begin, en 1978, quiavait le sang de Palestiniens sur lesmains… Mais c’est sans doute la pre-

mière fois que ce prix est attribué àun chef d’un Etat en guerre qui a sipeu fait pour arrêter les guerres danslesquelles les troupes de son payssont engagées.Certains continuent à dire qu’il faut le“soutenir” pour qu’il tienne tête auxgénéraux, aux représentants du lobbymilitaro-industriel… C’est oublier qu’ila été mis à la tête de l’Etat pour menerla politique de l’oligarchie US qui avaitbesoin de quelqu’un qui fasse passer lapolitique de sauvetage des banques etentreprises privées par les fondspublics et qui devait sortir l’impéria-lisme US de son isolement internatio-nal, conséquence des années Bush. Cequ’il faut soutenir, ce sont les forcesqui luttent, aux USA, pour refuser queles travailleurs et les masses popu-laires paient la facture et celles quiluttent pour le retrait des troupes USdes différents terrains de guerre.

La tentative d’attentat attribué à ungroupe lié à Al Qaida a braqué les pro-jecteurs sur le Yémen, où les forcesspéciales US veulent intervenir. Cetteextension de la zone de guerre s’ins-crit dans l’engrenage de la “guerrecontre le terrorisme” dans laquelleObama s’est inscrit avec force. Mêmesi Sarkozy ne manque pas de lancerdes critiques à l’adresse d’Obama, iln’en demeure pas moins qu’il a enga-gé les armées françaises dans cettemême guerre. Lors de ses vœux auxArmées, il a notamment réaffirmé cetengagement : “(…) lorsque les cir-constances l’exigent, mon devoir dechef des armées est de maintenir nossoldats à leur poste, comme c’est le casaujourd’hui en Afghanistan, où lesconditions du retrait ne sont pasréunies. Nous devons continuer à aiderles Afghans jusqu’à ce qu’ils soient enmesure d’assumer seuls leur sécurité

et leur développement, dans le cadred’un pays souverain, stable, en paix,acteur du dialogue international. C’estpour cela que nos soldats sont présentsen Surobi et en Kapisa, aux côtés del’armée afghane. C’est pour cela quenous venons d’envoyer des gendarmesqui contribueront à la formation de lapolice afghane.” Il ne faut pas oublierqu’une base militaire française a étéouverte au Qatar, en face des côtes duYémen.

La manifestation du 25 janvier pro-chain sera l’occasion de dénoncercette politique et d’exprimer notresolidarité avec toutes les forces qui,dans le monde, luttent pour le retraitdes troupes impérialistes d’Afghanis-tan, contre l’Otan, instrument deguerre contre les peuples, pour lasolidarité internationale.�

Les guerres “justes” du prix Nobel de la paix

Marche de la Liberté pour Gaza

Un échec transformé en succèsIl y a tout juste un an, le 27

décembre 2008, Israël lançaitl’une de ses plus meurtrières

offensives contre la bande de Gaza,sous prétexte de mettre fin aux tirsde roquettes du Hamas. Depuis la finde l’offensive, Israël maintient sonblocus illégal sur quasiment tout, nelaissant passer que quelques camionsde ravitaillement de l’agence de l’ONUet d’Ong internationales.

Sur le plan économique, le blocusd’Israël a eu pour contrepartie l’ins-tauration d’un vaste trafic entrel’Egypte et la bande de Gaza, via plusd’un millier de tunnels souterrainssous la frontière égypto-gazaouie.Dans le cadre de ses accords avecIsraël, l’Egypte a fermé sa frontièreaux Palestiniens, sous prétexte d’em-pêcher l’arrivée d’armes. Aujourd’hui,elle lance la construction d’un murmétallique enfoui de plusieurs mètrespour tenter de couper les sources deravitaillement aux Gazaouis et elle n’apas hésité à tirer sur une manifesta-tion de Palestiniens protestant contrecette décision. Soumis à une véritable punition col-lective, en violation flagrante dudroit international, le peuple palesti-nien cherche par tous les moyens à desserrer cet étau avec le soutiendes organisations de solidarité.L’initiative de la “Marche de la libertépour Gaza“, prise par un certain

nombre d’organisations au niveauinternational, s’inscrivait dans cetobjectif : dénoncer le blocus et lapolitique israélienne vis-à-vis dupeuple palestinien et obliger la com-munauté internationale à poser desactes concrets et non de simples pro-testations.Cette marche était prévue du 27décembre au 4 janvier. Les Marcheursdevaient partir du Caire et passer lafrontière égyptienne pour se rendredans la bande de Gaza, visiter leslieux les plus touchés lors de l’offen-sive israélienne et apporter la solida-rité politique et matérielle de leurspeuples respectifs. Mais celle-ci n’a puse tenir dans les conditions prévues.En effet, dès leur arrivée au Caire, lesdélégations se sont retrouvées littéra-lement encerclées et empêchées parles forces de police égyptiennes demener à bien leur mission, les auto-bus qui arrivaient à partir se retrou-vant bloqués 80 km plus loin etdevant rebrousser chemin. Les démarches menées tant en Egypteque dans les pays d’origine des mar-cheurs, au niveau des ambassades, del’Union européenne et des diversesinstances politiques n’ont pas abouti.Les délégations de France ont deman-dé à plusieurs reprises à l’ambassadede France au Caire d’appuyer leurdemande de se rendre à Gaza auprèsdes autorités égyptiennes mais lesréponses dilatoires se sont succédé

jusqu’au 1er janvier. Au niveau del’Union européenne, il n’y a eu quedes promesses verbales sans véritableengagement politique.Après une semaine de démarches etdemandes infructueuses, les dernièresactions des Marcheurs ont eu lieu le1er janvier au Caire. Pour se dédouanerà bon compte, les autorités égyp-tiennes ont finalement, sur pressionde l’ambassade US, autorisé quelque80 personnes, principalement améri-caines, à se rendre à Gaza dans unedémarche humanitaire, ce qui n’étaitabsolument pas l’objectif de laMarche. Cette manœuvre dilatoire ad’ailleurs été très clairement dénon-cée par les coordonnateurs palesti-niens de la Marche.

Tout au long de cette semaine, desinitiatives collectives ont rassemblédes centaines de Marcheurs aux crisde “Free Gaza“ afin d’affirmer leurdétermination à demander la levée dusiège et la fin de l’impunité des cri-minels de guerre israéliens : manifes-tation près du Nil, rassemblements ensoutien à la grève de la faim menéeen solidarité avec Gaza, ainsi qu’auxjournalistes et juristes égyptiensengagés dans le soutien au peuplepalestinien de Gaza…Le 31 décembre, la police égyptienneest intervenue contre des marcheurs àcoups de pieds et de poings, blessantune jeune marcheuse de Rennes.

En Israël, le 31 décembre, quelque2 000 manifestants, pacifistes israé-liens, Palestiniens d’Israël etInternationaux ont marché jusqu’aupoint de passage d’Erez pour exiger lalevée du blocus et de l’occupation. Del’autre côté de la frontière, se tenaitla manifestation des Palestiniens etdu petit groupe autorisé à rentrerdans Gaza.En France, des rassemblements deplusieurs centaines de personnes sesont tenus en soutien aux Marcheurset pour exiger l’intervention du gou-vernement français dans plusieursvilles : Paris, Lille, Bordeaux, Rennes,Nantes, Nancy, Marseille, Nîmes,Quimper, Chambéry, Reims, Clermont-Ferrand, Apt, Romans, Montélimar,Thionville…

Cette Marche avortée constitue néan-moins un succès par l’ampleur de lamobilisation (1 400 marcheurs venusde 43 pays différents, des milliersd’autres mobilisés dans les différentspays soutenant cette Marche), soncaractère offensif et le message poli-tique qu’elle entendait faire passer.La couverture médiatique a étéimportante, notamment en France, cequi a permis de faire connaître pluslargement la situation du peuplepalestinien, la réalité du blocus et del’occupation israélienne et la duplici-té du gouvernement français et del’Union européenne. �

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Déjà, les obsèques de l’ayatollahMontazeri avaient donné lieu,le 21 décembre et les jours sui-

vants, dans plusieurs villes du pays,notamment à Ispahan, à des mani-festations hostiles au gouvernement.Ces manifestations avaient été répri-mées et elles ont été suivies, àchaque fois, d’arrestations.Mais le 27 décembre, lors des fêtesde l’Achoura, l’opposition avaitappelé à manifester. A Téhéran, biensûr, mais aussi à Chiraz, Ispahan,Quasvin, Tabriz, Najafabad, Qom,...des manifestations ont eu lieu, vio-

lemment réprimées par le régime.Les pasdarans et bassidjis se sontlivrés en plus des arrestations enmasse à des assassinats ciblés. Lors de ces affrontements, les mani-festants ont allumé de nombreuxincendies pour se protéger des gazlacrymogènes et ralentir les assautsdes policiers auxquels ils jetaientdes pierres, érigeant parfois des bar-ricades. Des véhicules et motos depolice ont été incendiés par lesmanifestants qui scandaient “mortau dictateur”. Les opposants ontparfois débordé les forces de l’ordreen dépit des gaz lacrymogènes etdes tirs d’avertissement, et malgrél’aide de nombreux policiers en civilset bassidjis qui poursuivaient etfrappaient les manifestants jusquedans les rues voisines.Si ces manifestations de l’oppositionfont suite à celles du mois de juinqui protestaient contre la fraudeélectorale suite à la réélection deAhmadinejad, les protestations dedécembre marquent une radicali-sation et un élargissement.Radicalisation, car lors de ces affron-tements, les manifestants se sontbattus et se sont opposés de façonviolente aux forces de répression.Élargissement, car cette oppositions’est exprimée non seulement dansla capitale mais également dans plu-sieurs villes du pays et a rassemblé

plus largement que la jeunesse uni-versitaire. D’après les éléments d’in-formation dont on peut disposer, ilsemble que des éléments descouches populaires faisaient égale-ment partie de ces manifestations.Cela signifie-t-il que le pouvoirest à bout et qu’un changement derégime est proche en Iran ?Même si, comme certaines sourcesl’affirment, des oppositions se mani-festent au sein des forces de répres-sion, les contre-manifestations orga-nisées par le régime rassemblentencore du monde ; mais surtout, si

la base ouvrière et populaire durégime n’est plus aussi solide, ellen’a pas encore basculé de manièresignificative du côté d’une opposi-tion active. L’opposition qui s’exprime est enco-re pour le moment plus ou moinscanalisée par les chefs religieux dits“réformateurs“, qui ont des contra-dictions avec le “guide suprême“ etle gouvernement actuel. LesMoussavi et autres anciens digni-taires du régime veulent un simpleaménagement ; leur opposition restedans le cadre de la constitutiond’une république islamique et c’estbien dans ce cadre qu’ils voudraientla contenir. D’ailleurs, cette radicali-sation de la contestation les effraieet c’est pour cette raison qu’ils fontdes propositions au gouvernementpour résoudre la crise. Ainsi,quelques jours après les affronte-ments, Moussavi, dont le neveu a étéliquidé en guise d’avertissement,proposait un plan en cinq points etappelait ses partisans au calme.Le gouvernement iranien, fort desrichesses du pays et notamment deson pétrole, joue des contradictionsimpérialistes ; il s’appuie sur laRussie, la Chine, contre les USA etles puissances occidentales pours’affirmer comme puissance régiona-le. Le régime joue également sur lesjustes sentiments nationaux du

peuple iranien pour s’affirmer etdéfendre les intérêts d’un clan reli-gieux qui s’est approprié lesrichesses du pays.Le régime essaie de diviser le peupleen traitant les opposants d’agents del’impérialisme américain. S’il est vraique l’impérialisme occidental aime-rait un pouvoir iranien plus conci-liant et plus coopérant, s’il est vraiqu’il joue des contradictions etappuient certaines forces réforma-trices, il est faux et réactionnaire deconfondre le combat de la jeunesseet du peuple iranien pour les liber-tés démocratiques avec les

manœuvres de l’impérialisme.Car ce combat est juste et il doit êtresoutenu. Cette lutte doit être liée aucombat pour défendre l’indépendan-ce nationale de l’Iran, pour que sesrichesses reviennent au peuple ira-nien, qu’elles soient au service d’undéveloppement économique etsocial au service de la classe ouvriè-re et du peuple.Le régime a certes encore desréserves mais quelque chose a chan-gé en Iran. Solidarité avec la lutte démocra-tique et anti-impérialiste dupeuple iranien ! �

Afghanistan Aucun renfort français !

L’Otan a déjà décidé de répondre favorablement à la demande de BarakObama d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan. Le présidentSarkozy a prévu d’annoncer lors de la Conférence de Londres du 28 janvierles détails de la contribution française. Alors que, dans un sondage paru début décembre, 82 % des sondés s’oppo-sent à l’envoi de nouveaux soldats français, nous exigeons du présidentNicolas Sarkozy qu’il renonce à toute augmentation des troupes enAfghanistan, qu’il s’agisse de forces spéciales, de troupes régulières ou d’ins-tructeurs militaires. La fuite en avant militaire décidée par Barack Obama, soutenue par l’Otan etsaluée par le président Nicolas Sarkozy, ne peut qu’aggraver la situation dra-matique du peuple afghan et déstabiliser encore plus la région. Nouscondamnons le cynisme honteux du gouvernement français qui, dans lemême temps, soutient l’escalade militaire et renvoie des réfugiés afghansdans un pays en guerre. Cette sale guerre est une impasse. Dans un pays détruit par 30 années d’occupations étrangères et de guerresciviles, la reconstruction de l’Afghanistan sera difficile. Cela passera par uneaide civile et financière de la part des pays qui participent ou cautionnentcette guerre et cette occupation, en réparation des dommages infligés aupays et à ses habitants. Cela exige en premier lieu l’arrêt des opérations mili-taires et le retrait des troupes de l’Otan afin de rendre au peuple afghan sonindépendance et les clés de la reconstruction du pays.Nous refusons que le gouvernement français, qui justifie les plans de licen-ciements et les attaques sur nos services publics au nom de la crise, utilisedes centaines de millions d’euros pour l’occupation militaire del’Afghanistan. Nous refusons que le manque d’avenir donné à la jeunesse soit utilisé commeargument pour l’enrôler dans l’armée pour défendre des intérêts qui ne sontni les siens ni ceux du peuple afghan. Nous appelons à faire des 23 et 24 janvier des journées de mobilisationpopulaire dans toutes les villes de France pour exiger du gouvernementqu’il renonce à envoyer ne serait-ce qu’un soldat supplémentaire enAfghanistan et pour exprimer notre solidarité avec le peuple afghan, en pre-mier lieu avec ceux et celles qui se sont réfugiés dans notre pays. Nous appelons notamment à participer à la manifestation qui aura lieuà Paris le dimanche 24 janvier. Nous sommes solidaires des mobilisations qui auront lieu autour de laConférence du 28 janvier, au Royaume-Uni et dans de nombreux pays.

Premiers signataires : Agir Contre la Guerre (ACG), ARAC, ATTAC-France, Collectif des Iranienscontre la guerre, Collectif Faty KOUMBA, Association des libertés, droits del’homme et non-violence, Europe solidaire sans frontières (ESSF), FSU,Cedetim, Mouvement de la Paix, les Alternatifs, les Verts, LIFPL, M’PEP,MRAP, NPA, Organisation de Femmes Egalité, PCF, PCOF, PG, Réseau Féministe“Ruptures”, Union Pacifiste, Union syndicale Solidaires.

La Forge

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Iran

Un régime fragilisé

Mobilisation massive à Téhéran

Dir. publication C. Pierrel - Imprimerie Expressions2, 10 bis rue Bisson 75020 Paris - Commission paritaire - 0413P865753- N°ISSN 0242-3332

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