La Forge 537

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www.pcof.net Mensuel n°537 : Février 2013 Prochaine parution : le 5 Mars 2013 2 ArcelorMittal :Nationalisation ArcelorMittal : nationalisation “Prolétaires de tous les pays unissez-vous !” Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France PSA, Renault, Sanofi... Une loi d’interdiction des licenciements Mali : les raisons de notre opposition à l’intervention militaire française PSA, Renault, Sanofi... une loi d’interdiction des licenciements Mali : les raisons de notre opposition à l’intervention militaire française Meeting de lancement de la campagne du Front de Gauche, contre l’austérité, à Metz le 23 janvier. En présence de syndicalistes de Florange, de Sanofi, de Virgin. Photo@LaForge

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La Forge 537, Divers gauche

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Mensuel n°537 : Février 2013 Prochaine parution : le 5 Mars 2013 2 €

ArcelorMittal :NationalisationArcelorMittal : nationalisation

“Prolétaires de tous les pays unissez-vous !”

Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France

PSA, Renault, Sanofi... Une loi d’interdiction des licenciements

Mali : les raisons de notre opposition à l’intervention militaire française

PSA, Renault, Sanofi... une loi d’interdiction des licenciements

Mali : les raisons de notre oppositionà l’intervention militaire française

Meeting de lancement de la campagne du Front de Gauche, contre l’austérité, à Metz le 23 janvier. En présence de syndicalistes de Florange, de Sanofi, de Virgin. Photo@LaForge

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EditorialNon au droit de licencier !

Abonnez-vous pour 3 numéros gratuitsPour cela, il vous suffit de remplir ce bon et de nous le renvoyer à notre adresse nationale oude le remettre à un de nos militants.

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Février 20132

La Forge - Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France 15 cité Popincourt - 75011 Paris - Tél/Fax 01 48 05 30 14 - www.pcof.net - [email protected]

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Chèque à l'ordre de : Société En Avant

T out à son bonheur d’être accueilli en héros par la population malienne,F. Hollande a eu ces mots à Bamako : “nous payons aujourd’hui notredette à votre égard.”

Beaucoup de Maliens et de Maliennes l’ont certainement compris comme unereconnaissance des sacrifices de leurs aînés, morts durant la première guerremondiale, puis la seconde. Tout comme ils voient dans l’intervention militaireactuelle le moyen d’être débarrassé des groupes armés qui voulaient leurimposer par la force et la terreur une façon de vivre dont ils ne veulent pas.

Nous ne pouvons partager leur enthousiasme et nous trouvons choquant d’en-tendre le représentant de l’ancienne puissance coloniale dire que cette inter-vention militaire “solderait” le passé colonial, les années de domination éco-nomique, culturelle, tous les freins au développement d’un pays comme leMali que les politiques d’ajustement structurel, que la dépendance vis-à-vis duFranc, aujourd’hui l’Euro, ont provoqués. Pourquoi autant d’hommes, la plu-part, jeunes, autant de paysans, autant de femmes quittent-ils un pays richeen ressources agricoles, minières, etc. et se font surexploiter en France ? Nouspensons à tous ces travailleuses et travailleurs sans-papiers venus du Mali, età leur lutte, avec les autres sans-papiers, pour leur régularisation, pour avoirles mêmes droits que leurs camarades français, pour se défendre contre lespatrons exploiteurs. Qu’Hollande commence par régulariser ces travailleurs, s’ilest tellement attaché à la défense de la démocratie !

Déclaration de guerre au mouvement ouvrier et syndical

Il n’aura pas le même accueil s’il venait à Amiens, chez Goodyear, ou àAulnay, chez PSA. Là, ce sont des ouvriers en colère, que les patrons veulentjeter à la rue, qui lui rappelleront qu’il s’était engagé à faire voter une loicontre les licenciements, dans le cas où l’entreprise distribuait des dividendesaux actionnaires.

Non seulement, il n’en n’est plus question, mais c’est même l’inverse que legouvernement Ayrault veut traduire en loi : permettre aux patrons de licencierplus facilement. C’est le sens de l’accord pourri que le Medef et la CFDT vien-nent de signer et que le gouvernement veut transposer tel quel dans la loi. Larecherche de la compétitivité devient la norme devant laquelle les droits destravailleurs doivent se plier et même disparaître. Cette course à la compétitivi-té signifie, en système capitaliste, plus de flexibilité, baisse du “coût” du tra-vail par la baisse des salaires, accroissement de la concurrence entre salariés,entre entreprises… Au bout, il y a les licenciements que cet accord veutrendre plus facile pour le patronat.

Ce n’est plus de “droit du travail” qu’il s’agit, mais du droit du capital àlicencier et à précariser l’emploi. Tous les salariés sont menacés : aussi bienceux des grands groupes, qui mettent en avant la concurrence internationale,que ceux des leurs sous-traitants, qui seront plus que jamais une “variabled’ajustement”, sans parler de ceux des petites entreprises, qui n’auront mêmeplus les dispositions des conventions collectives pour limiter l’arbitraire patro-nal ou les prud’hommes pour obtenir des “réparations” financières, en cas delicenciement abusif.

Chez PSA, GoodYear, Sanofi… les travailleurs se battent contre des patronsqui ont anticipé cet accord et qui veulent l’imposer depuis des mois, voire desannées. C’est la résistance de ces travailleurs, qui sont parvenus à faireconnaitre leur combat plus largement, qui ont freiné ou empêché les licencie-

ments, restructurations, fermetures de sites, pour garantir les profits desactionnaires.

Ce sont leurs luttes, et celles de beaucoup d’autres travailleurs, qui ont contri-bué à mettre en avant l’exigence d’une loi pour interdire les licenciementsboursiers. Si l’accord Medef-CFDT-Ayrault passait dans la loi, il serait encoreplus difficile d’imposer cette loi : le patronat en sortirait non seulement politi-quement renforcé, mais il aurait de nouveaux moyens légaux pour licencier.C’est pourquoi, le combat des PSA, Goodyear, Sanofi et autres Licenci’elles…s’inscrit dans la mobilisation qu’il faut développer de façon large et massivecontre la signature de cet accord. Il ne faut pas que cet accord soit transposédans la loi !

Non à la criminalisation de ceux qui résistent !

Il souffle à nouveau un vent mauvais : celui de la criminalisation des tra-vailleurs combatifs et de leurs syndicats. C’est le grand patronat qui donne leton : si des usines ferment, c’est la faute à l’intransigeance des syndicats, àla “politisation” de leaders, de la radicalité “d’un noyau” de grévistes. Sanshonte, il prétend défendre la “liberté du travail” menacée par les grèves, alorsqu’il a déjà proclamé la fermeture de nombreux sites et la liquidation de mil-liers de postes de travail.

Les médias aux ordres reprennent les attaques pour discréditer le combat desouvriers qui se battent pour défendre leur droit au travail, à un salairedécent, pour eux, leurs camarades et les jeunes qui sont condamnés au chô-mage ou aux petits boulots à vie. Ils essaient d’opposer les ouvriers et lessyndicalistes “radicaux” aux travailleurs et aux organisations “raisonnables”,qui signent les accords de compétitivité, qui acceptent de lâcher beaucoup -en termes de baisse des salaires et de suppression de primes, de flexibilité dutravail, d’allongement du temps de travail… - en contrepartie de promessesde maintien de sites. Des promesses qui sauteront à la première annonce debaisse des bénéfices, voire même en les anticipant. Ces promesses, c’est tou-jours pour désarmer les travailleurs et leurs syndicats, pour pouvoir restructu-rer et licencier plus facilement.

Le Front de Gauche en ordre de bataille

En lançant sa campagne contre la politique d’austérité (“une alternative àl’austérité, c’est possible”), le Front de Gauche se met en ordre de marche. Lapremière bataille, c’est celle de la mobilisation la plus large, la plus massiveet la plus déterminée pour empêcher que le permis de licencier que le Medefveut obtenir, ne devienne la loi. Le combat et l’ambition du Front de gauchevont plus loin : il se bat pour une politique globale, de rupture avec ce systè-me capitaliste qui produit la crise et qui veut nous la faire payer.

Dans et avec le Front de gauche, notre parti se bat pour que l’avenir de nosjeunes, en particulier ceux des milieux ouvriers et populaires, ne soit pas celuiqui s’étale actuellement dans toutes les villes, sur des panneaux publicitaires,à savoir de s’engager dans l’armée. Notre parti se bat, aux côtés des ouvriers,pour refuser d’être sacrifiés pour les profits de l’oligarchie financière. Il tra-vaille à tisser des liens de solidarité et de lutte avec tous les travailleurs,notamment en Europe, qui se battent contre les mêmes politiques d’austérité,pour plus de profits pour les actionnaires des grands groupes industriels etfinanciers. Il appelle tous ceux qui veulent mener ce combat avec lui, à lerejoindre. ★

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Politique La Forge

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La campagne du Front de Gauche, “Il y aune alternative à l’austérité”, c’est parti !

Adoption du texte sur la stratégieAu terme d’un long processus de dis-cussions, un texte sur la stratégievient d’être adopté par l’ensemble desorganisations du FdG. Fruit d’un com-promis politique entre ces forces, ilprocède à une analyse à grands traitsde la situation créée par l’élection deF. Hollande et fixe les grandes lignesdu “positionnement” du FdG dans cecontexte. Il trace également les grandsaxes de la politique qui va être déve-loppée par le FdG. Ce texte se fixe une échéance : celledes élections municipales en mars2014 et des européennes de juin de lamême année. Il est décliné dans uneplate-forme en 25 points, dont cer-taines sont des propositions écono-miques pour faire payer le capital etd’autres, des exigences portées par lemouvement populaire, les syndicats… Si le texte stratégique est, en quelquesorte la “feuille de route“ pour les pro-chains mois, la plate-forme a besoind’être ramassée, autour d’un certainnombre d’axes de mobilisation. Il s’agitde cibler plus précisément et concrète-ment les axes politiques et sociaux quivont identifier le FdG, aux yeux desmilieux ouvriers et populaires.Car ce sont ces milieux que le FdG doitgagner, en se positionnant clairementcontre la politique d’austérité que legouvernement, le patronat et l’UE veu-lent nous imposer, la même politiqueque les autres gouvernements, qu’ilssoient néolibéraux, conservateurs ousociaux libéraux, veulent imposer auxdifférents pays d’Europe.La réalité et la brutalité de la politiquede Hollande vis-à-vis des couchespopulaires, ont contribué à trancher laquestion de savoir si le FdG est “dansl’opposition” ou pas. Nous sommes enopposition avec la politique d’austéri-té de ce gouvernement, ce qui ne veutpas dire que nous ne soutenons pasdes mesures qui peuvent aller dans lesens des intérêts des couches popu-laires. Mais elles sont limitées, commeon le voit dans le domaine desréformes dites de société, comme ledroit de vote pour les étrangers, lapolitique en matière d’immigration, oùles engagements de Hollande sontrevus à la baisse pour essayer degagner des secteurs de droite. De toute façon, ce qui est détermi-nant, c’est de construire le rapport deforce autour des exigences politiquessociales, environnementales, en

matière de politique internationale… Et c’est le FdG qui doit y contribuer defaçon déterminée et revendiquée.

Les axes que notre partiva plus particulièrementdévelopper ces prochainsmoisDans le cadre de la campagne contre lapolitique d’austérité, nous allons déve-lopper plus particulièrement les axessuivants : - La loi pour l’interdiction des licencie-ments dans les groupes et les sous-traitants,- La nationalisation sans indemnisa-tion des secteurs et entreprisescontrôlés par les monopoles quirestructurent et licencient, pour lesprofits.- L’augmentation des salaires, avecnotamment la question de l’augmenta-tion du SMIC à 1700 euros, l’augmen-tation des bas salaires et en particulierl’augmentation des salaires dans lesmétiers féminisés (autrement dit,poursuivre et amplifier la campagneengagée sur cette question).- La défense de la Sécu, du systèmedes retraites, de la santé… menacéspar des réformes qui poursuivent letravail de liquidation, de privatisation.- La question du droit au logementpour tous, avec le gel des loyers, ledéveloppement du logement social,l’arrêt des expulsions, la réquisitiondes logements vacants…- Le combat contre la précarisation dela jeunesse.- La dénonciation de la guerre impé-rialiste, du budget de guerre et de lapropagande pour l’armée, qui vise toutparticulièrement les jeunes.

Le mode de fonctionnement du Front de GaucheBeaucoup de discussions, de prises deposition, de débats parfois passionnés,ont porté sur la façon dont le Front deGauche devait s’organiser pour sedévelopper, pour gagner des forces,pour fonctionner de façon plus collec-tive au niveau des prises de position,de son expression publique.Nos camarades, amis et lecteursconnaissent les positions que nousavons défendues depuis la fin de lacampagne présidentielle et celle deslégislatives. Nous avons donné nos

positions générales dans le supplé-ment consacré au bilan de cette pre-mière séquence, supplément qui dit,dans son titre général : “propositionspour le renforcer et l’enraciner“.Notre principal souci était d’éviter quese développe des débats sans fins surla place des “non encartés”, débat quiavait tendance à éclipser le débat defond sur l’orientation politique duFdG, ou du moins, de poser les ques-tions d’organisation des “non-organi-sés” en dehors de la définition desaxes politiques de rupture avec la poli-tique néolibérale et avec le systèmecapitaliste lui-même.Pour nous, la question du développe-ment du FdG ne peut se poser sansdéfinir d’abord l’objectif même du FdG,ce pourquoi ce front doit se battre.Nous avons toujours mis l’accent sur lanécessité pour le FdG de s’enracinerprofondément dans les milieux ouvrieret populaire, de gagner des syndica-listes, des organisations de lutte, quipartagent ses grandes orientations detransformation sociale et qui sontprêtes à y contribuer. Cela n’est évi-demment pas contradictoire avec lefait de permettre que des hommes, desfemmes, des jeunes… participant acti-vement aux combats du FdG, prennenttoute leur place, que ce soit dans lesassemblées citoyennes, dans les frontsthématiques, etc. Aujourd’hui, il exis-te de multiples formes d’organisationsà la base. Il faut encore expérimenter.Mais une chose nous semble essentiel-le : il faut que ces organisations debase du FdG soient des organismesvivants, des organismes qui luttent,qui soutiennent les luttes, qui pren-nent des initiatives, sur la base desgrandes orientations politiques fixéespar la direction politique du FdG. Unede ces orientations, c’est aujourd’huila campagne contre l’austérité.Le texte sur la structuration du FdGadopté selon les mêmes modalités parles neuf organisations permet le déve-loppement et l’enracinement du FdG.Une des nouveautés que nous saluons,c’est celle qui permet aux associations,à des organisations, d’adhérer au FdG.Nous pensons qu’elles peuvent contri-buer à faire prendre en compte par leFdG les aspirations et exigences denouveaux secteurs de notre peuple. Enretour, le FdG leur permet de “politi-ser“ leur propre démarche. Mais làencore, c’est dans la pratique que celase réalisera.

Une campagne offensiveLa campagne contre la politique d’aus-térité, pour mettre en avant desmesures de rupture, concrètes et com-préhensibles par le plus grand nombre,a donc commencé. Elle doit avoir uncaractère offensif, populaire, elle doitpermettre d’entraîner, dans la rue,dans les quartiers populaires, dans leszones industrielles. Elle doit donner àvoir les masses en mouvement, avec leFdG. Les meetings locaux sont néces-saires ; ils doivent permettre de mobi-liser les forces disponibles, pour leslancer dans la bataille pour gagner laparticipation du plus grand nombre. Ilfaut bien sûr que les propositions duFdG se voient sur les murs, soient dif-fusés dans des tracts… Elles doiventaussi être en prise avec les luttes, lesrésistances, les questions que pose lalutte sociale et politique. Ainsi, labataille pour empêcher que l’accordpourri Medef-CFDT-Ayrault ne passetel quel dans la loi s’est déjà imposéecomme le combat de l’heure : nousavons quelques semaines pour lamener, pour élargir le front des orga-nisations qui s’y opposent, pour trou-ver quelques questions clés de cetteaccord, sur lesquelles il faut frapper“tous ensemble”.

La stratégie n’est pas qu’électoraleLe texte stratégique, comme la cam-pagne contre la politique d’austérité,vont bien au-delà des échéances élec-torales. Ces échéances sont bien évi-demment un enjeu important pour leFdG et il ne peut s’en désintéresser.Mais nous sommes convaincus d’unechose : sans enracinement du FdG,sans faire la preuve, par la pratique,que le FdG est le défenseur des inté-rêts des masses populaires, mainte-nant, il lui sera difficile demain, d’êtreperçu comme l’alternative crédible,déterminée et efficace. Il en a lesmoyens politiques et organisationnels,mais il faut qu’il les mette en œuvre defaçon offensive pour entrainer tou-jours plus d’hommes, de femmes, dejeunes, de militants. En somme pourque ces derniers le considèrent commeleur front, le front de ceux qui veulentun changement de fond de la société.★

Le meeting de Metz, le 25 janvier dernier, a lancé lacampagne nationale du Front de Gauche, "Il y a unealternative à l'austérité" devant plus de 1 500 mili-tants. C'est peu dire si cette initiative était attendue :

les attaques n'ont pas cessé, lancées par un patronatgalvanisé par les reculs successifs du gouvernement. LeFront de Gauche est attendu pour organiser la résistan-ce, reprendre l'initiative et rassembler.

Les différents textes cités sont sur le site du front de gauche (www.frontdegauche.eu) ou sur notre site (www.pcof.net).

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Mouvement ouvrier et syndicalLa Forge

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La classe ouvrière, dans les sec-teurs menacés, veut faire unfront de luttes solidaires pour

s’opposer à tout accord Emploi-Compétitivité. Les ouvriers de l’usine PSA d’Aulnayont réoccupé leur usine. Leur mouve-ment a fait tache d’huile, les ouvriersde Peugeot fraternisent avec ceux deRenault. Le front des luttes solidairesse rassemblent, à l’appel du collectifdes Licenci’elles pour demander descomptes au ministre du travail avecune exigence qui monte, une loi d’in-terdiction des licenciements financiers.

PSA Aulnay en grèveavec occupationdepuis le 16 janviercontre une fermeturepour l’exempleA l’aube du 16 janvier, ce sont 300ouvriers de l’équipe du matin qui ontbloqué les chaînes de la C3 et défilédans les ateliers pour gagner leurs

camarades à la grève. C’est le PDGlui-même, affichant mépris et arro-gance depuis qu’il a le soutien dugouvernement avec 7 milliards enpoche et 11 milliards de dividendesversés, qui a mis le feu aux poudresen voulant brutalement réduire unPSE à peau de chagrin.C’est non aux départs anticipés à55 ans, c’est le forcing pour imposerune double peine avec un accord“emploi compétitivité” qui est leclone de l’accord MEDEF-CFDT-Ayrault. C’est, en quelque sorte “nor-mal” puisque c’est lui qui l’a dicté. Dans l’usine, la CFDT, après SUD, sejoint à la CGT qui mène la lutte. Ni lamise en chômage partiel massive, nile lock-out interdisant l’accès desouvriers grévistes à l’usine ne sontvenus à bout de la colère et de ladétermination des métallos “contrele plan PSA de licenciements et fer-meture d’usine”.Lors d’une première occupation, lePDG a bien essayé de faire peur enmobilisant des centaines de cadres,comme du temps des gardes

chiourmes de la CFT (ConfédérationFrançaise du Travail. Ancien syndicatmaison dissous après meurtre d’unsyndicaliste, Pierre Maistre, à Reimsen 1977), en recourant à des vigiles,des huissiers… Ça ne marche pas,face à la détermination des grévistes,qui mènent une lutte légitime, avecle soutien de la population.La réoccupation de l’usine s’est faitesans tomber dans le piège grossier desprovocations, sur fond de campagnemédiatique pour faire croire à desincidents avec les non grévistes. Ilfaut dire que les grévistes ont réussià faire pénétrer des journalistes dansl’enceinte de l’usine pour qu’ils puis-sent témoigner, par leurs articles etleurs photos, que l’usine était à l’arrêtcomplet, alors que la direction pré-tendait que l’impact de la grève étaitlimité ! (*) Ils ont pu interviewer desprécaires qui ont expliqué pourquoi,eux aussi, se sont mis en grève.De dépit, le PDG n’a rien trouvé demieux que de faire convoquer 4 délé-gués CGT par la Sûreté Territoriale,comme des “terroristes”, avec à la clé,une procédure de licenciement “pouratteintes violentes aux personnes”. Ilest vrai qu’en matière de violencepatronale, sur 3 000 personnes dontl’emploi est sacrifié, le groupePeugeot peut être cité en exemple.

Une menace pour tousLa décision de la Cour d’Appel de Parisde suspendre le Plan de Sauvegarde del’Emploi (PSE) jusqu’à la mise enœuvre des procédures régulières d’in-formation et de consultation des ins-tances représentatives du personnel desa filiale de Faurecia, conforte la lutte.C’est une gifle pour un PDG. Et ce aumoment où l’accord MEDEF-CFDT-Ayrault veut en finir justement avec lecaractère “régulier” de ces procéduresd’information et de consultation desinstances représentatives du person-nel, en cas de restructuration d’entre-prise. Les ouvriers de PSA Aulnay fra-ternisent avec les ouvriers des secteursen lutte, leur lutte a besoin de la soli-darité de tous (cf. encart).

Lutte des ouvriers deRenault qui refusentle chantage à la fer-meture contre accordEmploi-CompétitivitéLe 29 janvier, il faut remonter à loinpour voir cela : des débrayages massi-vement suivis sur tous les sites dugroupe Renault, à Flins, Sandouville,Choisy, Douai, Le Mans,

L’accord MEDEF-CFDT-Ayrault ne

Le 11 janvier 2013, le MEDEF et laCFDT, sous le patronage duPremier ministre et du ministre

du Travail, ont fini par signer unaccord présenté comme un accord“pour un nouveau modèle économiqueet social au service de la compétitivitédes entreprises et la sécurisation del’emploi et des parcours professionnelsde salariés”. Rien que cela !Lors de la dernière séance, le 11 jan-vier, terme ultime fixé par le gouver-nement pour la signature de l’accord,les allers et retours entre les déléga-tions de la CFDT et du MEDEF ontrythmé la négociation. Véritable miseen scène où, même si tout le mondesavait depuis longtemps qui était prêtà signer et à ne pas signer, il fallaitcoûte que coûte montrer qu’il s’agis-sait d’une vraie de vraie négociationentre “partenaires sociaux”, et doncfaire durer le faux suspense le pluslongtemps possible pour donner l’illu-sion d’un accord arraché au forceps,gage d’un véritable compromis queFrançois Hollande avait appelé de sesvœux, comme “historique”.Voilà pour le côté cour. Côté jardin,

des milliers de travailleurs aux prisesavec des plans sociaux à répétitiondébouchant directement sur des fer-metures d’entreprises, ou des restruc-turations drastiques, avec commeconséquence des milliers de suppres-sions d’emplois directes et induites.Autrement dit, au feu, et pour cer-tains depuis des mois, pour préserverla sécurité de leur emploi et celle deleurs camarades. Et à chaque jour quipasse, 1 500 suppressions d’emploisviennent s’ajouter au compteur desdégâts de la crise économique.Ce “dialogue social” planifié, organiséet mis en scène par le gouvernementavec la complicité des principauxacteurs, non seulement va se jouerloin, très loin de ces principales zonesde conflits, mais qui plus est, va s’en-gager pour rendre à l’avenir encoreplus difficile le recours aux disposi-tions encore existantes dans le codedu travail, dispositions encore favo-rables aux travailleurs et aux organi-sations syndicales, voire les suppri-mer purement et simplement, pourpermettre au patronat de flexibiliseret de licencier sans gêne.

Nous nous attacherons ici à la critiquedes principales dispositions prévuesdans cet accord MEDEF-CFDT-Ayrault,qui concernent la remise en cause deces dispositions, qui ont été pendantdes années “la boîte à outils” de mil-liers de syndicalistes et qui sontencore utilisées dans les batailles encours contre les licenciements parceux de PSA, Renault, GoodYear,Prestalis, Sanofi, Fralib, etc.

Le cœur de l’accordAinsi, les articles 12 à 26 fondent lapartie lourde de cet accord. Ils sontglobalement le cœur de ce concentréde flexibilité et de facilitation deslicenciements jusqu’à maintenantencore qualifiés à juste titre de licen-ciements “économiques”. Maisdemain ?Le premier paragraphe de l’article 20,centre stratégique du dispositif,indique : “Afin de maintenir l’emploi,en cas de graves difficultés conjonctu-relles rencontrées par une entreprise,il convient de se doter à côté de dis-positifs existants tels que le chômage

partiel, de la possibilité de concluredes accords d’entreprise permettant detrouver un nouvel équilibre, pour unedurée limitée dans le temps, dans l’ar-bitrage global temps de travail/salai-re/emploi, au bénéfice de l’emploi”.À nouveau, ce qui est jeu ici, dans lalogique des lois Auroux de 1982, deslois sur la réduction du temps de tra-vail de 1998/1999, de la loi Fillon de2004, comme dans celle d’août 2008sur la durée du travail, c’est le ren-versement du principe de la hiérar-chie des normes.Jusqu’à maintenant en effet, unaccord collectif d’entreprise se doitd’être plus favorable que la conven-tion collective, celle-ci plus favorableque la loi elle-même. Avec cet accord,s’il est validé, ce sera l’inverse ! Etcela, parce que les patrons saventbien que le rapport de force que l’onpeut établir au sein de l’entreprisen’est pas le même que celui que l’onpeut créer au niveau d’une brancheou de l’ensemble de la classe ouvrièreet de ses organisations syndicales !Dans cet accord, il n’est plus ques-tion (non pas à titre spécifique, par-

La loi d’interdiction des licenciementsA l’accord MEDEF-CFDT-Ayrault “emploi contresalaire et droit du travail”, la classe ouvrièrelève un carton rouge. Au capital de payer sa crise !

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Grand-Couronne, Villeurbanne, Rueil,Lardy, Guyancourt et, le 30 janvier, àCléon. Ils ont eu lieu à l’appel de laCGT avec, selon les sites, d’autresorganisations syndicales.A son tour, Renault suspend sur latête des ouvriers la menace de ferme-ture de 2 sites alors que les ouvrierset leurs délégués ont dit 8 fois “non”aux 8 réunions de négociations mara-thon qui s’enchaînent sur un accordEmploi-Compétitivité qui prévoitnotamment la suppression de 11 joursde RTT. Le chantage en cas de refus,ce sont 8 260 suppressions d’emploi.

Les maîtres chanteurs se livrent à unesurenchère pensant ainsi briser lavolonté de la classe ouvrière. C’estl’effet inverse qui se produit chezceux qui n’ont plus rien à perdre etqui sont en état de légitime défense. La peur peut changer de camp. Labourgeoisie a raison de craindrecette “classe dangereuse” et imprévi-sible quand elle prend conscienced’elle même comme force d’émanci-pation du système capitaliste etqu’elle commence à remettre encause le droit de propriété privée,brandi par les capitalistes comme un

droit de vie et de mort sur l’emploi.Le 23 janvier à Flins, c’est un grandsuccès pour le meeting commun des1 000 ouvriers de Renault Flins engrève et de PSA Aulnay venus en bus.Sont également venus, les Pétroplusvoisins confrontés à un chantageidentique à la fermeture exercé par legroupe pétrolier Shell qui s’oppose àtout repreneur du site.C’est la vraie joie dans la fraternisa-tion, quand la classe ouvrière seretrouve unie comme les doigts dupoing levé. Dans son communiqué depresse, la CGT dit bien “que les sala-riés de Renault et de PSA ont tout inté-rêt à se rencontrer pour faire causecommune. C’est l’objectif de ce mee-ting commun : réunir les salariés des2 groupes (dits concurrents), dénoncerles attaques communes de nos patronset défendre l’idée que c’est ensembledans la lutte que nous pourrons nousdéfendre contre les attaques de nospatrons”.Sortir par le haut du chantage emploicontre salaire, il le faut, en faisant del’exigence immédiate d’une loi d’in-terdiction des licenciements pour lesprofits des PSA, Renault et Cie, le motd’ordre central du front des luttessolidaires. C’est la meilleure riposte àl’accord MEDEF-CFDT-Ayrault qu’onveut nous imposer au Parlement et

entreprise par entreprise. Le Front deGauche apporte tout son soutien àces luttes. ★

Notes :(*) Nous invitons nos lecteurs à se rendresur le site de notre ami photographe,Bernard Rondeau, qui “suit” actuellementles grévistes de PSA dans leurs actions,notamment quand ils se rendent sur lesusines du groupe PSA et celles du groupeRenault. www.photosociale.com

Mouvement ouvrier et syndical La Forge

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doit pas être transposé dans la loiticulier) de cette référence obligatoi-re au cadre légal commun. Mais ce,de façon générale, au vu des “diffi-cultés conjoncturelles” invoquées parl’employeur.Des syndicats représentant une majo-rité de salariés de l’entreprise, le pis-tolet sur la tempe, avec un patronatlibéré de ces obligations légales enmatière d’information et de consulta-tion des institutions représentatives(Comité d’Entreprise, délégués dupersonnel et CHSCT) - article 20 duditaccord - et, les accords compétitivité-emplois, comme celui de Bosch(2004) ou, plus près de nous, celui deSévelnord (PSA), pour ne prendre queces deux exemples, vont pouvoir segénéraliser. Avec, comme conséquen-ce, outre une dégradation des condi-tions de travail et de salaire pourcelles et ceux qui seront directementconcernés, une mise en concurrenceimpitoyable de tous contre tous (viala comparaison desdits accords) aumotif d’une sauvegarde virtuelle del’emploi.Certes, ces accords sont donnés pourune durée limitée à deux ans. Mais

comme tous n’interviendront pas enmême temps et que rien n’empêchede les reconduire si les raisons“conjoncturelles” persistent, la ten-dance nette va être à un renforce-ment des conditions d’exploitation etune augmentation du nombre dechômeurs.

Un accord pourcontraindre les organisations syndicales et les salariésPour que la pression soit totale sur lesyndicat et les salariés, il est dit que“l’accord s’impose au contrat de tra-vail” et, en cas de refus de s’y sou-mettre, la rupture qui s’ensuit “s’ana-lyse en un licenciement économiquedont la cause réelle et sérieuse estattestée par l’accord précité”. Laboucle est bouclée ! C’est un licencie-ment économique qui n’est pas unlicenciement économique ! Ce quen’avait pas pu obtenir N. Sarkozy à

l’époque avec ses accords de compéti-tivité-emploi, à savoir le licenciementsec du salarié en cas de refus, leMEDEF vient de l’obtenir de la CFDTpar la signature de cet accord !Toujours au titre de cet article 20, sile fait de s’engager malgré tout dansla négociation de ce type d’accord estencore trop risqué, l’employeur quiveut procéder à des licenciementspourra choisir d’établir directementson propre “plan”, le soumettre unefois à l’avis du comité d’entreprise etle transmettre à la DIRECCTE (1) quiaura 21 jours pour l’homologuer.Passé ce délai, le “plan” sera déclarécomme étant “homologué administra-tivement”.Et pour faciliter les restructurationsen interne de l’entreprise (article 15),qui implique nécessairement une“mobilité” des salariés, cette “mobili-té” devient tout simplement forcée,conséquence “de la mise en œuvre desmesures collectives d’organisationcourantes dans l’entreprise” et, en casde refus, là aussi le licenciement seraconsidéré comme un “licenciementpour motif personnel”.

Une classe sociale qui se fait justiceelle-mêmeEt conséquent jusqu’au bout, leMEDEF obtiendra qu’en cas decontestation sur l’exécution ou larupture du contrat de travail devantle conseil des prud’hommes, le sala-rié ne pourra obtenir réparation quesur une période de trois ans. Enmatière de contestation du licencie-ment, un barème d’indemnité forfai-taire est d’ores et déjà fixé ne dépas-sant pas 14 mois de salaire pour 25ans d’ancienneté !Cet accord MEDEF-CFDT-Ayrault faitpour le coup du patronat la seulecatégorie sociale qui échapperait,grâce à la loi (si cet accord est trans-posé), à une sanction proportionnel-le au délit. ★

Note :

(1) Direction Régionale des Entreprises, dela Concurrence, de la Consommation, duTravail et de l'Emploi.

Des salariés de l’usine PSA d’Aulnay-Sous-Bois défilent dans l’usine de Saint-Ouen

Nous relayons l’appel à la solidarité financière lancé par lesgrévistes et leur syndicat CGT.

Rendez-vous sur le site CGTusine PSA d’Aulnay :

http://cgt-psa-aulnay.frOu en envoyant un chèquelibellé “Soutien aux salariésde l’automobile du 93” àl’adresse :

Soutien aux salariés del’automobile

19-21 rue JacquesDuclos

93600 Aulnay-sous-Bois

financiers promise, c’est maintenant !

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Interdiction des licenciements pourles profits : le texte est prêt !

Mouvement ouvrier et syndicalLa Forge

Février 20136

L’atelier législatif du Front deGauche a finalisé le projet deLoi d’interdiction des licencie-

ments pour les profits. Notre camara-de Mathijs Schoevaert, qui a partici-pé à ce travail, explique les enjeux etle contenu de ce projet de loi.

Le jeudi 24 janvier, à l’AssembléeNationale, l’Atelier Législatif s’estréuni avec, entre autres, autour de latable, Martine Billard co-présidentedu PG et animatrice de l’Atelier,André Chassaigne, Président duGroupe parlementaire Front deGauche à l’Assemblée Nationale,venu avec les représentants du PCF,Pascal Morvan de République etSocialisme, qui a apporté l’argumen-taire pour la constitutionalité duprojet de Loi, Mathijs Schoevaertpour le PCOF, fort de son expériencesur les luttes qui ont fait jurispru-dence en la matière (*). Etaient éga-lement présents, une forte déléga-tion CGT d’entreprises en lutte dontles Sanofi de Toulouse, à la pointe del’exigence de cette Loi. Ils insistentnotamment sur le fait d’avoir uneinterdiction en amont avec un juge-ment du Tribunal de Grande Instanceprononçant la nullité et pouvantordonner la réintégration surdemande du salarié. Il s’agit de gagner une loi efficace enfaveur des salariés alors que l’accordEmploi-Compétitivité est tout enfaveur du seul patronat, lui garantis-sant en plus par avance l’impunitéjudiciaire.Notre Parti a apporté sa contribu-tion politique, fort de son expérien-ce accumulée et enrichie avec l’ate-lier législatif du Cher, pour quecette Loi d’interdiction des licencie-ments, peu importe qu’on lesnomme “boursiers“ ou “financiers”,soit votée en urgence.

Efficacité et urgencePour répondre à la double exigenced’efficacité et de l’urgence, nousavons défendu le point de vue quel’objectif de la loi devait être clair,net et précis, car mettre trop d’ob-jectifs attrape-tout, dans une loi,tue la loi. Il s’agit d’ouvrir une brèche en don-nant au juge le moyen d’arrêter lemassacre de l’emploi. Face à un mur,il faut concentrer ses coups à l’en-droit où ça fait mal, au cœur dupatronat, c’est-à-dire son porte-feuille.Pour être votée, cette loi est bienclairement adossée au projet de Loiprésenté par le PCF au Sénat le 16février 2012, voté à l’unanimité du

PS et de EE-LV. Il avait manqué les 4voix du PRG pour qu’elle passe. Elle est aussi une promesse du can-didat Hollande faite aux ouvriers deGoodYear et aux Fralib, parlant lui-même d’”une loi qu’il fera voter enurgence”.Ce projet de loi améliorée prévoitdonc de dire “dépourvu de causeréelle et sérieuse, tout licencie-ment pour motif économique déci-dé par une entreprise ayant, autitre des deux derniers exercicescomptables, distribué des divi-dendes, stock-options ou desactions gratuites, ainsi que cellesqui ont procédé à une opérationde rachat d’action”.

L’objectif n’est donc pas d’en rajoutermais au contraire d’en revenir à unestricte définition du motif écono-mique légal du licenciement pourfaire en sorte que cette loi puisseêtre effective. Ainsi nous proposonsde reprendre la rédaction de l’articleL. 1233-2 du Code du Travail sans lefameux “notamment” qui relativisaitle caractère “économique” du ou deslicenciements projetés : “constitueun licenciement pour motif écono-mique le licenciement effectuépar l’employeur pour un motif ouplusieurs motifs non inhérents àla personne du salarié, résultantd’une suppression ou transforma-tion d’emploi ou d’une modifica-tion refusée par le salarié d’unélément essentiel de son contratde travail consécutives à des diffi-cultés économiques ou à desmutations technologiques”.

Des luttes contre les licenciementsavec des batailles juridiques achar-nées pour ne pas se faire jetercomme des Kleenex ont fait jurispru-dence. C’est le cas des ouvriers de LURis-Orangis (groupe Danone) qui ontobtenu justement de la Cour d’Appelde Paris en 2001 un jugementconstatant que la lettre de licencie-ment n’invoquait pas l’existence “dedifficultés économiques mais laseule nécessité de sauvegarder lacompétitivité”, un motif qui ne figu-re pas dans la loi en tant que tel. Sur le caractère non réel du motiféconomique, les luttes ont faitcondamner les patrons sur le motifde faire des économies, de coûtssalariaux et de charges sociales, deréaliser des gains de productivité,voire de délocalisation du poste detravail ou de l’outil (il faut qu’il y aitsuppression de poste).Sur le caractère non sérieux, lesjuges ont également condamné l’em-ployeur au regard des moyens écono-

miques dont dispose l’entreprise, lesgroupes dont l’explosion des profits,les gratifications et dividendes ver-sés font scandale. Surtout quandl’entreprise crée la difficulté écono-mique dans les sites dont elle veut seséparer.La proposition de loi reprend aussil’article 2 du premier projet de Loi2012 sur le remboursement des aidespubliques en cas de licenciementséconomiques dans l’article L. 1233-3-1 : “L’établissement ou l’entre-prise qui bénéficie d’aidespubliques, sous quelque forme quece soit, ne les conserve que s’il neréalise pas de licenciement pourmotif économique interdit (parl’article L. 1233-3 définissant lemotif légal). A défaut, il est tenude rembourser la totalité des aidesperçues aux autorités publiquesqui les ont octroyées, selon desmodalités fixées par décret enConseil d’Etat”.

L’efficacité de la loi d’interdiction,c’est de gagner en amont du licen-ciement, au moment du déclenche-ment de la procédure, alors qu’enaval, au bout du bout de la lutte, onn’obtient au mieux, en désespoir decause, que des réparations en faisantpayer au patron le prix fort, celui dela dignité alors que l’irréparable aété commis avec des vies brisées etla misère.Il s’agit de renverser le jugement deCour de Cassation du groupe Vivéoobtenu par le MEDEF dans la cam-pagne électorale 2012. En contradic-tion avec l’esprit de la loi, le juge aopposé la forme, la procédure delicenciement, le PSE, au fond, lemotif. Ce qui a pour effet absurde dedire un PSE légal alors que le motiféconomique qui fonde le PSE estabusif.

Au chapitre des sanctions, le projetde loi met fin à cette injustice qui nepermettait pas la réintégration etdonne au juge le moyen de pro-noncer la nullité de la procédureet de faire cesser le trouble manifes-tement illicite en ordonnant laréintégration sur la seule deman-de du salarié. Pour ce faire, l’article L. 1235-10devient : “Dans les entreprisesd’au moins 50 salariés, lorsque leprojet de licenciement concerneau moins dix salariés dans unemême période de 30 jours, la pro-cédure est nulle tant que le Plande Sauvegarde de l’Emploi, dont leplan de reclassement du salariéprévu (article L. 1233-61), fondésur un motif économique confor-

me aux dispositions de l’articleL. 1233-3, n’est pas présenté parl’employeur aux représentants dupersonnel qui doivent être réunis,informés et consultés. Le jugecontrôle le caractère réel etsérieux du motif économique duprojet de licenciement, la validitédu PSE est appréciée au regard desmoyens dont dispose l’entrepriseou l’unité économique et socialeou le groupe.”

Nous devons veiller à ce que la loipuisse passer par les fourches cau-dines du Conseil Constitutionnel ensortant du cas d’espèce qui a retoquéune précédente loi déposée par lePCF, en opposant le sacro-saint droitd’entreprendre. Dans les préambulesde la Constitution de 1789 et 1946,le droit de chacun à un emploi, ledroit au travail, ne peut être opposéà la liberté d’entreprendre, ce quin’est pas le sujet de cette loi qui selimite à l’interdiction des licencie-ments pour les profits, et des motifsqui entrent dans la définition strictedu licenciement économique. Enrevanche, la Constitution, dans sesdispositions sociales protectrices, ditque le législateur peut, pour assurerle droit au travail, apporter à laliberté d’entreprendre des limita-tions dans la mesure où l’atteinte àcette liberté n’est pas disproportion-née au but recherché. L’atelier législatif a intégré pour l’es-sentiel le projet de loi du collectifdes Licenci’elles, dans ce projet deloi finalisé. Il va, avant d’être dépo-sé et dans le but de mobiliser à cetteoccasion, être soumis à l’apprécia-tion des ateliers législatifs locaux,du Front des luttes et des syndicats. Pour notre Parti, ce texte constitueune réelle arme de mobilisation quipeut devenir une brèche répondantpour l’essentiel à l’attente de milliersde salariés menacés et à l’urgence derépondre à la situation de chantagesalaires contre emplois, portéenotamment par l’accord MEDEF-CFDT-AYRAULT et sa transpositiondans la loi.

Dans la foulée, l’atelier législatif duFront de Gauche doit s’atteler àd’autres projets de loi comme celuisur l’obligation des groupes qui veu-lent fermer un site de permettre unereprise d’activité avec garantie d’em-ploi.

Note :(*) Parmi ces combats syndicaux et leurprolongements juridiques, il y a notam-ment la longue lutte des fonderies ManoirIndustries à Bourges en 2000, dont notrejournal s’est fait l’écho.

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Mardi 29 janvier, à l’appel du col-lectif des Licenc’ielles (anciennessalariées licenciées des 3Suisses), un rassemblement étaitorganisé devant le ministère dutravail (rue de Grenelle à Paris)pour déposer leur projet de loicontre “les licenciements dans lesgroupes qui font du profit”.

Des militants et des salariés deSanofi, Pilpa, Crédit agricole,Faurécia, la Fnac, Ford, Fralib,GoodYear, PSA, Samsonite, Sony,Valéo, ZF, Coca Cola, Merk, Serranoavaient joint leur voix à celle desLicenc’ielles pour lancer cet appel.Avant de rejoindre le ministère duTravail en manifestation, en toutdébut d’après-midi le rendez-vousavait été pris avec les employé-e-sde Virgin sur les Champs-Elyséespour un meeting de solidarité avecnotamment la présence de tra-vailleurs et militants syndicaux dePSA qui, quelques pas plus loin,quittaient leur rassemblementdevant le siége du groupe. Les repré-sentants du Front de Gauche étaientaussi présents.Devant le ministère, protégé par

tout un dispositif policier, une fortedélégation des salariés de Sanofi, lesouvriers de Candia du Lude (avecleur banderole Cfdt), ceux deGoodYear et bien d’autres encore…étaient également au rendez-vous.Une délégation a été reçue pourdéposer le projet de loi.Même si dans le cadre de cette ini-tiative, aucun-e représentant-e destravailleurs-e-s, aucun syndicalisten’a pris la parole pour s’adresser à

l’ensemble des participants, cetteinitiative sur le terrain autour d’uneloi visant à interdire les licencie-ments est un premier pas important.Il faut qu’elle soit suivie par biend’autres, que le projet de loi sur“l’interdiction des licenciements”porté par le Front de Gauche soitrapidement connu, débattu et sou-tenu dans les débats comme dans larue. Il y a urgence ! ★

Les délégations des entreprises en lutte portaient le même tee-shirt rouge avecle nom des “boïtes”. photo@LaForge

“Licenci’elles”

Bobigny

Jumelage de syndicats pour plus de solidarité

“Les politiques d’austérité enEurope suivent toutes lesmêmes recettes. Les consé-

quences : augmentation du chômage,de la précarité, de la pauvreté,accroissement des inégalités, exclu-sion sociale. Il nous paraît urgent queles salariés s’organisent au niveaueuropéen pour que la résistance dumonde du travail soit la plus largepossible. C’est dans cette recherche de solidari-té que l’UL CGT de Bobigny organiseun premier jumelage d’un de ses syn-dicats avec son homologue espagnol :communaux de Bobigny - commu-naux CC.OO de Rivas (banlieue deMadrid).”Le 29 janvier, à la bourse du travailde Bobigny, les UD CGT et FSU orga-nisaient un meeting sur le thème“austérité, résistance, luttes et soli-darité en Europe”. A la tribune, SavasRobolis, directeur de l’InstitutSyndical du Travail d’Athènes, IsmaelGonzalez, des Commissions Ouvrières(CC.OO) de Rivas, responsable du syn-dicat des communaux de cette ville,le responsable de la FSU, GuyTressalet, le secrétaire de l’UD 93,Hervé Hossan, Francine Blanche de ladirection confédérale de la CGT,M.C. Vergiat, députée européenneFront de Gauche, Jean-Albert Guidou,

secrétaire de l’UL de Bobigny, qui amis sur pied le jumelage entre lesdeux syndicats.Un des points communs qui est forte-ment ressorti des différentes inter-ventions, c’est l’attaque contre lesdroits collectifs, les conventions col-lectives, dans le but d’arriver à descontrats d’entreprise, ou carrémentdes contrats individuels qui livrentles travailleurs à l’arbitraire patronal.C’est l’Etat qui organise ce démantè-lement du droit du travail, imposantaux fonctionnaires mais aussi auxsalariés du privé, des baisses trèsimportantes de salaires, des suppres-sions de primes, etc. C’est l’Etat quirend le licenciement très facile pourle patronat et qui lève les obstacles àla surexploitation.La Grèce et l’Espagne sont, de cepoint de vue, des cas extrêmes : c’estle gouvernement grec qui a fait pas-ser le salaire minimum de 950 euros à508, qui a diminué le niveau desretraites et qui liquide tous les méca-nismes de protection sociale, notam-ment le service de santé, et a dimi-nué les prestations chômage et lenombre de bénéficiaires de façondrastique, dans un pays qui compte1,2 million de chômeurs (avec400 000 chômeurs supplémentairesen 3 ans). En Espagne, le gouverne-

ment a multiplié les contre-réformespour permettre au patronat de s’abs-traire des conventions collectives : ilsuffit qu’il estime que l’entreprisefera des pertes, pour pouvoir le faire.Il a aussi obtenu de faire passer à uneannée le temps d’essai, de changer untemps complet en temps partiel.De nombreux participants à ce mee-ting, la plupart des syndicalistes,découvraient à travers les témoi-gnages des militants d’Espagne et deGrèce, l’ampleur des coups portés à laclasse ouvrière et aux travailleurs deces deux pays, pourtant proches. Francine Blanche a fait le lien avecl’offensive patronale dans notre pays,dont le fer de lance est l’accord sur la“compétitivité”. Elle a rappelé les pre-mières grandes réformes de flexibilitédu travail, avec notamment la loi surl’annualisation du temps de travail,du début des années 80. Elle a égale-ment mis l’accent sur le million de“ruptures conventionnelles” qui ontété conclues, dont 80 % sont pure-ment et simplement imposées auxsalariés.Elle est revenue sur cet accord “desécurisation des licenciements” qui“sanctuarise la délinquance patrona-le”. Car cet accord prévoit des “peinesplafond” pour les patrons, même s’ils

Mouvement ouvrier et syndical La Forge

Février 20137

GoodYear - Amiens Nord

L’ultime punition

Cinq ans qu’ils se battent pour sau-ver leur usine. Cinq ans qu’ilsexpliquent que cette usine peut

fabriquer des pneus répondant auxnormes en matière d’économie d’éner-gie, mais que la direction répond “tropcher, pas assez rentable”, luttent dansl’usine, dans la rue, au tribunal. Mais,surtout, cinq ans qu’ils refusent d’avaler“l’horrible potion” que veulent leur faireingurgiter leurs “patrons-voyous”,comme ils disent. Cette potion, ce sontles “4x8”. Les 4x8, c’est : 4 jours dumatin ; 2 en repos ; 4 du soir ; 2 enrepos ; 4 de nuits ; 2 en repos ; et onrecommence… Et ça, 7 jours sur 7.Adieu la vie de famille, les repas dudimanche, les mariages, les anniver-saires. Adieu les loisirs avec les enfants.Adieu la pratique d’un sport ou autreactivité collective. C’est la vie foutue,entièrement vouée à la fabrication despneus GoodYear. Et au bout, la grossedéprime due aux horaires décalés ; etparfois, pour les plus atteints, le suicide.Voilà ce que leur proposait leur patron ily a cinq ans, en échange d’une promes-se du maintien du site.Cette pilule, les Continental l’avaientacceptée. Deux ans après, et malgré tousleurs sacrifices, l’usine fermait.Cette pilule, leurs voisins de Dunlopl’ont avalée. Certes, les profits ont décu-plé ; mais les conditions de travail sontdevenues insupportables. Le taux d’ab-sentéisme a atteint des sommets.Alors, oui, les GoodYear ont eu raison detenir bon. Comme ils ont eu raison éga-lement de refuser un plan de reprise quisacrifiait la moitié des emplois sur le siteet n’offrait aucune garantie pour l’avenir.Quant aux dirigeants CFDT qui viennentde signer un accord pourri avec leMedef, qui, s’il était mis en place, per-mettrait aux patrons de nous malmenerencore plus, avec plus de flexibilité, plusde facilité pour licencier, pour toujoursplus de profits, ils se permettent de cra-cher sur la lutte de ces travailleurs et deleur syndicat CGT. “Jusqu’auboutistes”,disent-ils. Ont-ils seulement une idée dece que c’est que travailler avec la peurau ventre ? La peur de perdre sonemploi dans une région dévastée par lechômage, de se retrouver sans res-sources, avec les enfants à élever, lesfactures et les traites de la maison àpayer ? Avec les PSA, les Renault, lesSanofi, les Mital et tous les autres, exi-geons une loi maintenant pour inter-dire les licenciements dans lesgroupes et les sous-traitants !Et pour les liquidateurs, nationalisa-tion sans indemnisation !Toutes et tous, répondons à l’appel desGoodYear et de la Fédération nationaledes industries chimiques de la CGT,devant le siège de GoodYear, rue LionelTerray, à Rueil-Malmaison (92), le mardi12 février 2013.

CorrespondanceCellule Rino Della Negra lll Suite p. 8

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Mouvement ouvrier et syndicalLa Forge

Février 20138

Mittal veut fermer des sites en Belgique

Le leader mondial de l’acier pour-suit son plan de fermeture desites au niveau européen, pour

réduire l’offre et augmenter du mêmecoup les prix de l’acier.C’est ce qu’il fait en Lorraine et c’estce qu’il continue de faire en Belgique.Le 24 janvier, il a fait savoir au gou-vernement belge qu’il arrêtait septlignes de production (sur 11) dans lessites de Liège, supprimant 1 300emplois. “Toutes les portes sont fer-mées” a prévenu ce patron liquida-teur qui, là aussi, refuse qu’un repre-neur ne puisse se manifester. Il pous-se le cynisme en investissant dans lesite de Sidmar, situé en Flandre, pourjouer sur les contradictions régiona-listes et diviser les travailleurs surcette base. On voit bien que c’est legrand patronat, les monopoles, quiprofitent de cette situation de ten-sions entre provinces wallonne et fla-mande.Les syndicats de Belgique avaient unmoment évoqué la question de lanationalisation de Mittal, encouragés

sans doute par leurs camarades deFlorange. Le gouvernement socialistede Di Rupo a immédiatement écartécette idée, qui “ne se pose pas enl’état actuel”. Mais quand sera-t-iltemps de la poser ? Quand Mittal seraparvenu à concentrer la productionsur quelques sites dans le monde etque tous les autres seront fermés ?La question de la nationalisation desusines détenues par Mittal se posedans tous les pays où ce groupe privécontrôle la production d’acier. Cela luidonne une puissance économique,mais aussi politique, considérable, quilui permet de mettre les sites enconcurrence, de dicter ses exigencesaux gouvernements. Il le fait avecd’autant plus de facilité que ces der-niers ne songent pas un instant à luirésister, car ils partagent la visionnéolibérale de la course à la compéti-tivité à outrance, pour toujours plusde profits.Il faut “casser les pattes” à ces mono-poles privés, les affaiblir, les empê-cher de mettre des pays à genoux,

d’ajouter du chômage au chômage etde rafler les aides et autres exonéra-tions fiscales des Etats et des régions.Un des moyens, c’est de les nationali-ser, sans indemnisation !C’est une idée qui fait son chemin, enFrance, mais qui peut gagner en forceailleurs, notamment en Belgique, enEspagne, et devenir un mot d’ordrepolitique et syndical des travailleursexploités par Mittal et par les popula-tions victimes des fermetures de siteset,plus généralement, des peuples quiveulent que leur pays soit en mesurede produire de l’acier, pour construiredes logements sociaux, pour construi-re des moyens de transport public…,bref, pour avoir les moyens de déve-lopper une politique économique auservice des intérêts des masses popu-laires. C’est le contenu d’une politiquequi rompt avec le néolibéralisme et saversion social-libérale.

En France, en Belgique, enEspagne : nationalisation deMittal, sans indemnisation ! ★

sont récidivistes. Elle a appelé à lamobilisation, pour qu’au moment dupassage de ce texte, début mars, àl’Assemblée nationale, l’opposition àcette loi de recul social se fasse mas-sivement entendre.M.C. Vergiat est intervenue sur la poli-tique impulsée au niveau européen,depuis des années, qui est tendue versun objectif : “aligner vers le bas lasituation des salariés de tous lespays”, en imposant toujours plus deflexibilité, en faisant travailler plus,plus longtemps, pour des salaires enbaisse et une retraite plus tardive ettoujours moins élevée. Ismael Gonzalez a parlé des grèvesgénérales qui se sont succédé en2012, en insistant sur la nécessité defaire converger le mouvement socialet le mouvement politique. SavasRobolis a décliné un certain nombrede mesures alternatives, qui portentnotamment sur la lutte contre l’éva-sion fiscale des riches, “qui représen-te 14 milliards d’euros par an et lamise en œuvre de politiques enfaveur des immenses besoins sociauxque la politique d’austérité imposéepar la troïka n’a fait que creuser. C’estune expérience à encourager et àdévelopper.Jean-Albert Guidou a expliqué le sensdu jumelage entre syndicats : face aumodèle antisocial et antidémocratiqueimposé par l’oligarchie dans chaquepays et au niveau européen, il y anécessité de développer la solidaritéactive entre les syndicats, les tra-vailleurs. Et il y a besoin de le faire àla base des syndicats, en commençant

par un travail d’information sur lesréalités sociales et sur les luttes et lesmobilisations. Il a insisté sur la néces-sité de construire un rapport de forceau niveau de chaque pays et auniveau européen, pour pouvoir impo-

ser des politiques alternatives, et pourcela, il est important de pouvoir par-tager les expériences de lutte. L’intervention de Philippe Julien,délégué CGT de l’usine PSA d’Aulnay, aposé de façon concrète la question dela solidarité avec les secteurs ouvriersqui se battent contre un patron decombat, qui veut briser la résistancede ceux qui refusent d’être sacrifiéssur l’autel des profits et des divi-dendes des actionnaires. “On s’est dit,si on ne relève pas le gant, si on ne semet pas en grève reconductible, onsera écrasé et ce sera aussi la catas-trophe pour les autres travailleurs“,du groupe, de l’automobile et plus lar-

gement. Cette intervention qui a étésuivie d’une collecte de solidarité, aaussi mis en lumière la nécessité delier le combat actuel des ouvriers dePSA, de Renault et la bataille engagéecontre l’accord “compétitivité-emploi”

du Medef-CFDT-Ayrault.C’est Francine Blanche qui a conclu enrappelant qu’il a fallu près de 40 anspour voir une grève d’ampleur euro-péenne : c’était au moment de la fer-meture de Renault Vilvorde.Aujourd’hui, cette aspiration à lutterensemble, à engager des bataillescommunes, au niveau international, agrandi, du fait que ce sont les mêmespolitiques néolibérales qui sontmenées dans chaque pays et auniveau européen. L’initiative de cette réunion, le jume-lage entre syndicats qui se dessine,sont des pas dans la construction decette solidarité de classe. ★

V endredi 31 janvier, trois syn-dicats, CGT, FSU et Solidairesappelaient les salariés des

trois fonctions publiques (d’Etat,territoriale et hospitalière) à lagrève et à manifester pour pesersur les négociations qui doiventavoir lieu le 7 février prochain.

Si la mobilisation était encoremodeste, elle n’en traduit pas moinsles résistances qui se manifestentaussi dans ce secteur contre la poli-tique d’austérité que ces couchessubissent également. En effet, c’estau nom de la réduction des déficitspublics que le salaire de ces salariésest bloqué depuis trois ans et que lescoupes sombre dans les effectifscontinuent ; car les embauches quiont commencé à se faire chez lesenseignants pour palier la saignéedes précédentes années, ou le recru-tement dans la police ou l’armée, sefont non seulement au détriment desautres secteurs de la fonctionpublique, mais contre eux, puisque1 000 recrutements dans ces troissecteurs, c’est 1 000 suppressionsailleurs, on déshabille Pierre pourhabiller Paul.D’autre part, les salariés de la fonc-tion publique n’ont toujours pasaccepté la mesure prise par Sarkozyau premier janvier 2012, juste avantson départ, mesure qui impose unjour de carence maladie ; ce jour nonpris en charge par la sécurité socialevient ainsi s’ajouter à la perte de leurpouvoir d’achat et, comme le disaitune manifestante à un journaliste,vise à culpabiliser les salariésmalades et leur infliger une doublepeine ! Il faut rappeler que dans lafonction publique territoriale, entreautres, il y a beaucoup de salariéesfemmes avec de tout petits salaires.Les travailleurs de la fonctionpublique refusent l’austérité.

La campagne du Front de Gauche quis’est engagée s’adresse aussi à eux etaux usagers des services publics.Ensemble, nous devons organiser larésistance et défendre un servicepublic de qualité pour tous. Pour cela,il faut des emplois et des salariésconsidérés, c’est d’ailleurs ce que rap-pelaient les agents sur une de leursbanderoles : “Fonctionnaires mal-traités, service public endanger”. ★

Les salariésdu servicepublic refusentl’austérité !

lll Jumelage Suite de la p. 7

Une vue de la tribune au meeting du 29 janvier à la bourse du travail deBobigny

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Union des Jeunes RévolutionnairesLa Forge

Février 20139

Les évolutions économiques, socialeset politiques des trente dernièresannées ont influé profondément surle système éducatif et sur la rechercheen Europe et en France, notammentaprès le traité de Lisbonne.L’application du dogme néolibéralconsiste à diminuer le nombre desfonctionnaires dans le secteur publicpour répondre aux exigences desplans d’austérité dans l’intérêt del’oligarchie et des classes dominantes.Le système capitaliste vise toujours leprofit maximal et à court terme, c’estcette même logique qui s’appliqueactuellement à la recherche et quiinflue dramatiquement sur la qualitéculturelle et scientifique des institu-tions académiques et sociales.

Nous sommes des dizaines demilliers de chargés derecherche, d’ingénieurs d’étu-

de, de techniciens de laboratoire,d’enseignants ou encore d’adminis-

tratifs dans les universités et lesorganismes de recherche, qui tra-vaillons avec des contrats précaires(CDD, vacations, etc.). Depuisfévrier 2005, les laboratoires obtien-nent la majorité de leur financementauprès de l’Agence Nationale de laRecherche (ANR) qui alloue des cré-dits à des projets limités dans letemps. Les laboratoires nous embau-chent donc avec des contrats CDDdont la durée correspond à celle desfinancements. On nous parle “d’auto-nomie” accordée aux universitéspour la gestion de leur masse sala-riale, mais cela ne fait qu’accroîtrel’emploi précaire. Face à la contrain-te budgétaire, les établissements onttendance à préférer contrats pré-caires, heures supplémentaires etvacations à la création d’emplois àdurée indéterminée (CDI).Cette situation crée des pressions àtous les niveaux : nous, les jeuneschercheurs, n’avons plus de perspec-

tives, nous sommes obligés d’enchaî-ner les CDD, ce qui rend notre vieinstable ; ou bien nous sommes obli-gés de chercher des postes ailleurs etplus particulièrement dans le privémême si parfois cela ne colle pas à noscentres d’intérêt. Nos postes demaîtres de conférence ou professeursd’université se transforment en“manager de Sciences”. Au-delà denotre service d’enseignement (200heures minimum par an), noussommes obligés de nous changer en“business men”, en “démarcheurs”dans le secteur privé pour chercherdes capitaux supplémentaires pourfinancer et mener à bien nos projetsde recherche. De ces financementsdépendent aussi les salaires de ces“ouvriers de la recherche” que noussommes devenus. Tout cela nousprend notre temps et notre tête etnous avons de plus en plus de diffi-cultés à donner aux thésards et auxétudiants un encadrement conve-

nable, de qualité, et ceux-ci se retrou-vent dans des situations très difficilesoù ils doivent se débrouiller souventseuls.

Cette machine infernale structurelle-ment conçue pour produire de la pré-carité doit être arrêtée et démante-lée. Nous voulons des postes de fonc-tionnaires pour faire un travail dequalité, utile à la société, pourrendre aux laboratoires une capacitégestionnaire minimale et pour stabi-liser nos emplois. Car nous devonsstopper les milliers de hors-statutqu’a fabriqués la politique néolibéra-le à l’Université. Je me rends biencompte que cela ne peut pas êtreréalisé sans une résistance socialedéterminée et orientée par lagauche de transformationsociale et un changementradical de société. ★

Témoignage d’Alexandre,jeune chercheur

»

En pleine guerre du Mali, l’arméede terre lance une nouvellecampagne de recrutement :

10 000 postes en 2013, 35 000 surles 3 prochaines années “danspresque tous les corps de métiers”précise Pôle Emploi. On la voit par-tout cette campagne : sur les pan-neaux publicitaires, sur les radios età la télévision, sur les réseauxsociaux, dans les établissements sco-laires…

Depuis la fin de la conscription en2001, l’Armée doit recruter des sol-dats professionnels. Elle cible, pourl’essentiel, les jeunes des quartierspopulaires qui devront servir de chairà canon. A ceux qui ne trouvent plusdans leur quotidien ni travail, niperspectives, l’Armée demande “Vousfaites quoi ces 3 prochaines années ?”Les officiers recruteurs veulent leurdonner l’image d’une “armée moder-ne, technologique et professionnelle”offrant “de bonnes possibilités dedépart dans la vie active”. Lorsqu’ilss’adressent à des jeunes des milieuxpopulaires qui ne trouvent plus deplace, ni dans les entreprises, ni dansla société, ils insistent sur le déve-

loppement personnel : “Devenezvous-même”. Les publicités militairesmettent en avant un “projet de vie”(“L’armée de terre m’aide à construireun projet de vie”).Après le déclenchement de la guerreen Afghanistan, le ministère de laDéfense avait insisté sur le “goût del’effort, (l’)esprit de camaraderie… Etsurtout la fierté d’être au service de laFrance, s’il le faut au péril de sa vie”. L’hostilité de la population afghane,les nombreux jeunes qui sont rentrésdans des cercueils au fil de ces dixannées, ont obligé l’Armée à moder-niser ses supports de communica-tion : “Pour toucher au plus près lesjeunes, l’armée de Terre a souhaitémarquer l’empreinte d’un territoiregraphique fort, moderne, en phaseavec les codes de la jeunesse. Et encohérence avec son identité et sescouleurs !” (1).Aujourd’hui, les autorités militaireset politiques tentent de tirer partides premières journées “triom-phantes” du déploiement français auMali. Dans les journaux télévisés, onnous montre des soldats saluéscomme des libérateurs. Enfin, uneguerre où l’on gagne (pour l’ins-

tant !), avec juste un mort (du côtéde l’armée française !). Il y a de quoirassurer les jeunes et leurs parents !Bien sûr, cela ne durera pas, le désertest sans pitié, pour le matérielcomme pour les hommes. Les “djiha-distes” disséminés vont reprendreleur guérilla. Les régimes pourris dela Françafrique sont remis en selle.Les entreprises françaises vont conti-nuer leur pillage. Et tous les pro-blèmes que l’armée française prétendvenir régler vont continuer à seposer de plus belle.Alors, profs, élèves, parents, osonsdire NON haut et fort à cette pseudocontribution de l’Armée à la luttecontre le chômage des jeunes ! Osonsdire que ce n’est pas pour “le bienpublic” (3 mots que l’on retrouve, enfiligrane, maintes fois répétés, surles dernières affiches de l’armée deTerre), mais pour défendre Areva andCo et les intérêts de l’impérialismefrançais que les soldats français sontenvoyés en gendarmes au Mali !

Nous saluons, à ce propos, la publi-cation du document de l’Union desJeunes Révolutionnaires, qui abordecette question dans son document

“Analyses et axes de mobilisations” :“Ce ne sont pas les enfants des grandsbourgeois qui vont se faire tuer sur leterrain mais les enfants des famillesdes milieux populaires qui connais-sent précarité et pauvreté, et c’estpour en sortir que les jeunes se trans-forment en “chair à canon”.Nous sommes opposés à la politiquede recrutement dans l’armée qui viseessentiellement les jeunes des milieuxpopulaires […] Les jeunes des quar-tiers populaires n’ont rien à faire enAfghanistan ou en Afrique, nousn’avons pas à aller mourir pour lesintérêts des oligarques. Sortir du sys-tème capitaliste est une nécessitévitale, trop de jeunes sont morts etmeurent encore dans des guerresimpérialistes et réactionnaires.Nous luttons pour la paix entre lespeuples et nous revendiquons que lebudget de l’armée et de l’armementpayé par le peuple soit utilisé pourassurer les besoins premiers despeuples en France et dans le monde.”

(1) Toutes les citations ci-dessus sontextraites du Ministère de la Défense :“Recrutement et publicité : l’armée de Terreen campagne”).

L’armée cherche à recruter en

masse ; “s’engager”, pour quoi ?

«

Les jeunes précaires dans l’enseignement supérieur et la recherche

“De cette société là, on n’enveut pas... On la combat”

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La Forge

Février 201310 Jeunesse

“Mal logement” des jeunes … et des moins jeunes

Combattre la logique libérale

et les politiques d’austéritéDeux jeunes brûlésdans l’incendie deleur camionThomas faisait partie des 200 000 sai-sonniers qui travaillent l’hiver dansles stations de ski. Il était employéaux remontées mécaniques de laCluzaz, en Haute-Savoie. Il avait 20ans, son amie Margaux, 17 ans. Le 3janvier, tous deux sont morts brûlésdans leur camionnette pendant leursommeil. Comme ceux d’une dizained’autres saisonniers, le véhicule quileur servait de logement était parquéloin de la station, sur un site au nomsinistre : les Riffroids. Ce n’était pasun camping, même pas un parkingaménagé avec eau et électricité :juste un départ de chemin de ran-donnée, un endroit qui ne voit jamaisle soleil, où les températures nedépassent pas le zéro de tout l’hiver !Un chauffage d’appoint qui tournait àfond est à l’origine du drame.Au-delà du problème de l’accueil dessaisonniers (logements en nombreinsuffisant, trop chers, inadaptés,dans les coulisses de ces stations quioffrent aux touristes des séjours horsde prix), ce drame, qui a choqué etmobilisé de nombreux jeunes, col-lègues ou amis de Thomas etMargaux, met en lumière un phéno-mène beaucoup plus large, résultatd’une terrible combinaison entre pré-carité et crise du logement.

La galère du “mal logement” Le phénomène touche les jeunes surtout le territoire métropolitain. (Lasituation est encore pire pour les“ultramarins” !) Il épargne naturelle-ment ceux qui bénéficient d’héritagesou de donations encouragés fiscale-ment et ceux qui peuvent justifier de“cautions solidaires” aux revenusconvaincants. En emportant lesmeilleurs logements, ces dernierscontribuent, en revanche, à fairemonter les prix des loyers pour tous(jusqu’à 50 % de hausse en dix ansdans certaines zones). Les autres,c’est-à-dire toux ceux qui doiventconsacrer au logement la majeurepartie de leurs salaires (1) ou de leursaides sont dans une situation de plusen plus difficile. Ils font souvent par-tie des 10 millions de personnes tou-chées à un degré ou à un autre par lephénomène du “mal logement” (2).Avoir son propre logement, élémentessentiel de la transition vers l’auto-nomie et l’âge adulte, est de moins en

moins évident. Près d’un jeune surdeux (40 % des 18-29 ans) connaîtd’ailleurs ce que la Fondation AbbéPierre, qui publie son 18è rapportannuel, appelle “l’effet boomerang” :une nouvelle cohabitation contrainteavec les parents, après une périoded’indépendance.

Accès fermé auxlogements sociauxTandis qu’1,2 million de demandeurssont inscrits sur les listes d’attentedes bailleurs sociaux, les jeunes ontde moins en moins accès à ce type delogement qui pouvait traditionnelle-ment servir de tremplin pour se “lan-cer dans la vie”. Il en va de même descités universitaires, saturées, alorsque les campus sont envahis de rési-dences privées aux loyers exorbitants.Les foyers de jeunes travailleurs, quise voulaient à l’origine une réponseabordable aux besoins des jeunes quitrouvaient un emploi loin de chezeux, sont, eux aussi, bien incapablesde répondre à toutes les demandesdes jeunes chômeurs et précaires, etencore moins à celles des jeunes tra-vailleurs. Travailler ne préserve plusautomatiquement, de la rue, du“squat” ou de l’abri de fortune dansdes locaux (soupentes, garages,..)rebaptisés logements.

Des politiques du logement aux effets perversOn ne peut pas dire que l’Etat ne soitpas intervenu. Mais il l’a fait princi-palement sur des orientations néoli-bérales, à travers des mécanismes dedéfiscalisation qui ont surtout profi-té aux plus riches. Couplée aux poli-tiques d’austérité à tous les niveaux -de l’Etat central aux collectivitéslocales-, ces mesures censées favori-ser la construction de logements pri-vés ont été prises aux dépens dudéveloppement du parc locatif social.L’argent public dégagé pour subven-tionner les prêts à taux zéro mis enplace pour favoriser l’accès à la pro-priété des ménages modestes, adavantage bénéficié au BTP et auxvendeurs, plutôt qu’aux acheteurs delogements. Le système de “garantiedes risques locatifs” mis en place il yquelques années a, au final, un effetdiscriminatoire : plutôt que de sous-crire cette assurance qui coûte 2 à3 % du montant du loyer, les bailleurspréfèrent louer à des jeunes dont lesparents ont une bonne situation. Lasouscription à une garantie des

risques locatifs “universelle”, c’est-à-dire obligatoire, telle que la propo-sent Hollande et son gouvernement,sera répercutée sur les loyers ; lespropriétaires, qui n’auront plus peurdes impayés, auront naturellementtendance à les augmenter.

Revaloriser les aidesau logement, maintenant !Calculées sur des “loyers plafonds”bien éloignés du montant réeldéboursé par le locataire et soumisesà de fortes mesures d’économie (moisde carence lors de l’entrée dans lelogement, fin de la rétroactivité de lademande, gels des revalorisations...),les aides aux logements, qui représen-tent pourtant une injection impor-tante d’argent public (environ 16 mil-lions par an), ne permettent plus defaire face à la hausse continue desloyers et des charges locatives. Dansla mesure où elles solvabilisent enpartie les locataires, certains proprié-taires en profitent d’ailleurs pour exi-ger des loyers sans commune mesureavec la valeur d’usage des logement,surtout pour les petites surfaces.

Pour une alternativeà l’austérité !Les jeunes ne sont pas les seules vic-times collatérales de ces politiquesdu logement assises sur le dogme dela propriété privée et des aides à l’ac-cession aux dépens d’une politiqueoffensive et réellement contraignantede construction de logements publicsde qualité accessibles à tous. Parmiles 1,7 million de femmes séparéesavec charge d’enfants, beaucouplogent dans des appartements trop

chers, trop petits, trop éloignés deleur travail. La situation des retraités,qui vivent avec de petites pensions,est également très difficile. Pourtous, logement exigu, sans confort,mal isolé, indécent et parfois insa-lubre, rime avec précarité énergé-tique, renoncement au chauffage… Des mesures d’urgence s’imposent !Le gel des loyers, des tarifs du gaz, dumazout et de l’électricité, le gel desexpulsions locatives, les réquisitionsdes logements et surfaces vacantes enfont partie. Mais il ne s’agit pas, comme avec laloi DALO (Droit au logement oppo-sable), d’opposer les pauvres auxmoins pauvres dans la gestion de lapénurie de logements sociaux. Unelimitation partielle des hausses deloyers en cas de “relocation” tellesqu’elle a été mise en place ne suffitpas. C’est à la racine du mal qu’il fautagir. Il faut rompre avec la logiquelibérale qui a imprégné les politiquesdu logement de ces dernières décen-nies, saper à la base la spéculationimmobilière, développer le logementsocial, ne plus faire de la qualité dulogement et de l’économie d’énergieun luxe des classes aisées… Combat contre la précarisation, droitau logement, oui décidemment, lesjeunes ont toute leur place dans lacampagne contre l’austérité qu’a ini-tiée le Front de Gauche et danslaquelle est activement impliqué lePCOF !Notes(1) A Paris, il faut parfois plus d’un Smic pourlouer un studio. Dans les grandes métropolesrégionales, il faut consacrer entre 40 à 60 %du salaire minimum pour un T1.(2) Dont 150 000 sans domicile fixe,411 000 personnes hébergées chez des tiers,100 000 vivant dans des campings...

Dans un document où elle développeses “Analyses et axes de mobilisation”,l’Union des Jeunes Révolutionnairessouligne la “difficulté de se loger près deson lieu de travail ou d’étude, faiblequalité de logement...”La situation est particulièrement graveen ce qui concerne le logement étudiantpublic : environ 3 chambres en cité U àParis pour 100 étudiants et environ 8pour 100 étudiants en province. Il fautrelancer d’urgence la construction delogements étudiants publics de qualité.

Le secteur du logement étudiant privé(bailleurs spécialisés) est une mine d’orpour les promoteurs-bailleurs qui génè-rent d’énormes profits sur le dos des étu-diants et de leurs familles. […] Il faut nationaliser le secteur privé dulogement étudiant, le placer sous la ges-tion du CROUS et lui redonner lesmoyens d’assurer son service au public.[…] Nous ne voulons ni ne pouvons pluspayer les dettes et la crise du systèmecapitaliste ! C’est au capital de payer !”(A commander à l’adresse de l’UJR)

“Les jeunes de l'UJR dénoncent avec force les politiques d’austérité et celles qui visent àfaire peser tout le poids de la crise sur les travailleurs et les masses populaires”

Pour tout contact :[email protected]

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Société La Forge

Février 201311

Pourquoi des médicaments qui tuent ?Comment ce qui est un outil de

libération pour la femme, à savoirla pilule contraceptive, est-il

devenu un cauchemar et une sourced’angoisse pour des milliers defemmes ?On a appris, ces dernières semaines,que plusieurs accidents graves de santé(AVC conduisant à des paralysies)avaient touché plusieurs jeunesfemmes qui étaient sous pilule contra-ceptive de 3e ou 4e génération ; plusrécemment, on apprenait que des acci-dents analogues se sont produits chezdes femmes qui prenaient Diane 35,une pilule prescrite à la base pour trai-ter l’acné mais utilisée par des milliersde femmes comme pilule contracepti-ve. On retrouve dans ce dernier cas unproblème qui avait été mis à jour avecle Médiator, médicament prescritcomme traitement du diabète maisdétourné et utilisé comme coupe-faim.Après la question des implantsmamaires, ce sont cette fois encore desfemmes qui sont victimes des indus-tries du médicament ou de prothèses.Ce ne sont malheureusement pas lesseules car les dernières décennies ontété émaillées de scandales sanitairesd’ampleurs diverses qui ont pu touchertoutes les catégories de population, ici

en France mais aussi dans le monde.Ces scandales ont le plus souventcomme origine les politiques des firmesagroalimentaires (rappelons le cas de lapromotion du lait en poudre Nestlédans les pays sous-développésd’Amérique du sud et d’Afrique) maisaussi et de plus en plus celles du médi-cament, c’est le cas récent du Médiator,médicament des laboratoires Servier àl’origine de plusieurs centaines dedécès de personnes souffrant de diabè-te de type 2.Tous ces scandales à répétition provo-quent dans la population une méfian-ce qui est malheureusement justifiée.Car si les politiques des grands groupespharmaceutiques ont bien évidemmentà voir avec ces “accidents” sanitaires,les divers organismes censés nous pro-téger, comme l’Agence Nationale deSécurité du Médicament par exemple,se révèlent incapables de le faire.Soumises à des pressions énormes, etsans doute aussi aux conséquences dela réduction de leurs moyens, ellesdonnent des autorisations de mises surle marché à des médicaments dont leseffets secondaires peuvent être mortelspour un certain nombre de patients.Ces puissants trusts pharmaceutiquesfont partie des industries les plus ren-

tables. Les Sanofi Aventis, Roche ouBayer, pour ne citer que quelques-unesdes plus connues en Europe et des pluspuissantes, font des milliards de béné-fices. C’est bien pour cela que les tra-vailleurs de Sanofi Toulouse ouMontpellier dénoncent les licencie-ments pour plus de profits, et ils ontraison. Car ces entreprises, soumisesaujourd’hui à des contraintes notam-ment liées au politique de restrictionbudgétaire (déremboursement de lasécurité sociale, médicaments géné-riques, etc.), veulent continuer à fairedes profits et, pour cela, utilisent d’uncôté les restructurations avec licencie-ments à la clé, et de l’autre des poli-tiques très agressives parmi lesquelleson peut citer : des fausses innovationsmédicamenteuses, le lobbying, l’utili-sation abusive de brevets pour éviterles génériques, l’intimidation à l’égarddes fabricants de génériques et lescampagnes de dénigrements contre cesmédicaments, l’utilisations des visi-teurs médicaux qui exercent une pres-sion sur la prescription des médecinsgénéralistes, etc.Ces différentes stratégies pour mainte-nir et accroître le taux de profit de cesmonopoles pharmaceutiques ontd’ailleurs été dénoncées dans un rap-

port de la direction générale de laconcurrence de l’UE rendu public enjuillet 2009, mais que peut ce rapportface à ces puissantes firmes multina-tionales ?Tant que la production de médica-ments sera soumise aux règles du sys-tème capitaliste où la concurrenceentre ces entreprises ne fait que s’ai-guiser, les risques de scandales sani-taires ne peuvent que se multiplier. Ilfaut soustraire la recherche pharma-ceutique et la production de médica-ments de la loi du profit et de laconcurrence, et pour cela il n’y a qu’unmoyen, mettre ce secteur sous lecontrôle d’un Etat soucieux avant toutde la santé de ses citoyens et qui s’endonne les moyens. Dans son program-me, l’Humain d’abord, le Front deGauche écrit “Nous libérerons larecherche pharmaceutique de la sou-mission aux marchés et aux labora-toires en mettant en place un pôlepublic du médicament avec au moinsune entreprise publique qui intervien-dra sur la recherche, la production et ladistribution des médicaments” (cf. p.25). C’est un premier pas qui s’imposepour aller vers des ruptures plus consé-quentes avec un système qui met régu-lièrement en danger sa population. ★

Les prescriptions de la Cour des comptes

Une cure d’austérité pour l’assurance chômage

Comme le Conseil constitutionnel, dans unautre domaine, la Cour des comptes faitpartie de ces juridictions non élues qui, au

nom de leur “indépendance”, s’arrogent, sansaucune base démocratique, d’énormes pouvoirs.Dans le cadre de ses attributions définies parl’article 47-2 de la Constitution, elle “s’assure dubon emploi de l’argent public et en informe lescitoyens” (Portail Internet de la Cour descomptes).Ses “recommandations” sont souvent des rappelsà l’ordre aux institutions publiques qu’elle jugetrop dépensières. Quand elle livre un “rapport”,il y a de fortes chances pour que ce soit le pré-ambule à des réformes ou à des mesures austéri-taires présentées comme incontournables. Sesintrusions dans la gestion des administrationspubliques et parapubliques (organismes deSécurité sociale, Pôle Emploi…) font de ses audi-teurs (1) de véritables “commissaires politiques”.Son actuel président, Didier Migaud, ex-députéPS nommé à la tête de l’institution parN. Sarkozy, excelle dans ce rôle de gardien dutemple de l’orthodoxie libérale qui ne jure quepar “équilibre des finances publiques” et réduc-tions de dépenses.Fidèle à cette “mission”, le 22 janvier 2013, laCour des comptes a rendu public un “rapportconsacré aux politiques en faveur du marché dutravail”. Dans son collimateur, les 50 milliardsd’euros annuels consacrés à l’indemnisation deschômeurs, aux aides à l’insertion et à la forma-tion professionnelle.

Il n’y a, dans ce rapport, que des “trop”. Trop peude chômage partiel en période de réduction del’activité économique, trop d’écart entre la situa-tion des salariés les mieux protégés et celles destravailleurs les plus exposés. Une formation pro-fessionnelle trop gourmande requérant “desfinancements considérables (plus de 31 milliardsd’euros)” trop “mobilisés au profit des seuls sala-riés licenciés” et des stagiaires en formation auxdépens des intérimaires et des précaires. Et sur-tout… un régime d’indemnisation du chômagetrop généreux (“plus protecteur que dans beau-coup d’autres pays”), trop accessible “en raisond’une durée minimale de cotisation courte etd’une période de référence assez longue”, avec unniveau d’indemnisation trop élevé “pour les sala-riés situés aux deux extrémités de l’échelle desrevenus” et une durée d’indemnisation troplongue, insuffisamment dégressive !Dans le collimateur, figure aussi le régime desintermittents du spectacle, “sans équivalent àl’étranger”, et celui des travailleurs intérimaires.La feuille de route est ainsi toute tracée pour lespartenaires sociaux qui devront négocier cetteannée la nouvelle convention d’assurance chô-mage.Sur cette question aussi, 2013 devra donc êtreune année de mobilisation, pour ne pas laisser leMedef… et la Cour des comptes faire la loi ! ★

(1) Le terme d’auditeur est ici utilisé dans le sens decelui qui analyse le fonctionnement d’un service oud’une entreprise avec l’objectif d’établir un diagnosticprécis.

Dans le dernier numéro de son journal (N° 66 - Décembre2012), l’organisation de femmes Egalité présente à seslectrices et lecteurs sa nouvelle plateforme, discutée etadoptée à son Assemblée Générale Extraordinaire tenueen décembre 2012. Cette plate forme traduit le cheminparcouru par cette organisation dans la défense des inté-rêts des femmes des milieux populaires, l’expérienceaccumulée mais aussi et surtout l’engagement de ces der-nières années aux côtés des forces politiques, et notam-ment celles du Front de Gauche, pour ouvrir un débou-ché aux luttes des femmes. Depuis 2011, l’organisation a impulsé, avec d’autresforces féministes et le soutien de structures syndicales etde partis politiques, une campagne pour la revalorisationdes salaires dans les métiers féminisés. Cette campagnea été ponctuée de plusieurs actions de rue et de solida-rité aux luttes menées par des femmes salariés et notam-ment par celles qui travaillent dans le commerce, le net-toyage ou le service à la personne et dont les salairessont largement sous évalués par rapport à leurs compé-tences et bien souvent amputés du fait du temps partielimposé. Poursuivant sans relâche le travail de sensibilisation àcette revendication, l’organisation Egalité de la régionparisienne et toutes les forces engagées dans la cam-pagne, dont notre parti, organisent prochainement unenouvelle action. Nous invitons tous nos lecteurs qui lepeuvent à venir y participer.Egalité des salaires entre les femmes et les hommes,maintenant !

Samedi 9 février à 14h30Centre Commercial Carrefour

Métro Porte de Montreuil - 280 rue de ParisDiffusion des tracts et signature des pétitions

Femmes Egalité Une nouvelle Plateforme,et une campagne qui sepoursuit !

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Espagne

Austérité pour le peuple, enveloppes pour Rajoy

Un grand scandale impliquantdirectement Rajoy et son parti,le PP, est en train d’éclater en

Espagne. Pendant des années, les diri-geants de ce parti ont touché d’impor-tantes sommes d’argent de la partd’entreprises, de patrons…, sans lesdéclarer et, de ce fait, sans payerd’impôts. Il semble que cela ne soitqu’une partie d’un système beaucoupplus vaste encore de corruption,connu sous le nom de l’affaire Gürtel,qui a notamment impliqué despatrons du BTP qui ont versé des com-missions occultes, en échange decontrats.C’est ce même Rajoy qui mène unebrutale politique de réductions desbudgets sociaux, de liquidation de lalégislation du travail et des contratscollectifs, de fermetures d’hôpitaux etde licenciements de masse, de diminu-tion des salaires (Cf. dans les pagesouvrières de ce numéro le tableau

dressé par le militant syndical desCommissions Ouvrières – CC OO – lorsdu meeting de solidarité à Bobigny).Cette affaire fait grandir l’exigence dedémission de Rajoy, une exigence queles camarades du PCE (m-l) mettenten avant depuis des mois. Voici desextraits du rapport de leur comitécentral qui vient d’être adopté.“La politique de coupes sociales etbudgétaires a créé une situationproche de la catastrophe dans tous lesdomaines : social, politique et écono-mique. A cela s’ajoutent l’accroisse-ment de la répression et de la remiseen cause des droits civiques, sansoublier l’attitude méprisante, provoca-trice et prépotente des représentantsdes institutions et des principaux diri-geants politiques du régime. Il est clair que cette situation ne vapas changer ces prochains mois, etqu’elle va aller en s’aggravant : desmillions de personnes ne peuvent tout

simplement pas supporter davantageune situation qui menace sérieuse-ment leurs conditions de vie et piétineleur dignité.C’est pourquoi, nous lançons un appelaux forces sociales et politiques pourunir nos efforts pour mettre un frein àla barbarie du gouvernement, pour exi-ger la démission de Rajoy et la convo-cation immédiate d’élections antici-pées pour permettre aux citoyens des’exprimer. Le gouvernement de Rajoyest illégitime car il est le fruit d’unimmense mensonge électoral. Le PP aviolé systématiquement et sans ver-gogne tous ses engagements électorauxet est passé outre tout formalismedémocratique. (…)Le PCE (m-l) considère qu’il est indis-pensable d’aller vers la constitutiond’un front populaire, pour rompre avecle régime monarchique et pour laconquête d’une République populaireet fédérative capable de créer un

champ politique permettant de déve-lopper un plan de réformes démocra-tiques, économiques et politiquesnécessaires à la majorité du peuple.”Revenant sur les différences qui per-sistent entre les différentes forces dela gauche, le rapport souligne : “Pardelà ces différences, il y a la nécessitéqui s’exprime de façon unanime danstoutes les mobilisations sociales et quiest reprise largement par tous les sec-teurs sociaux : nous ne pouvons pasadmettre que le gouvernement conti-nue à se revendiquer d’une prétenduelégitimité électorale pour poursuivreune politique qui menace les fonde-ments des normes démocratiques quenotre peuple a conquis par ses luttes etses sacrifices. (…) Nous appelons lestravailleurs à mener une lutte ininter-rompue pour aboutir à la démission dece gouvernement au service de l’oligar-chie espagnole et des intérêts des orga-nismes financiers internationaux.” ★

Réforme des rythmes scolaires

Le bien-être des enfants : un alibi !Le 22 janvier, dernier, les profes-

seurs des écoles étaient en grèveà Paris à près de 90 %. Le fait

est suffisamment inédit pour êtresouligné. En cause, le décret sur lesrythmes scolaires publié par Peillon.Cette grève a été décriée, dans lesmédias, le journal Le Monde dans sonéditorial se montrant particulière-ment méprisant, traitant les ensei-gnants de “corporatistes” qui ne pen-sent qu’à leurs intérêts “étriqués”. Cetarticle a soulevé une telle indignationdans le milieu enseignant quequelques jours après, la rédaction duMonde mal à l’aise, essayait de calmerle jeu en publiant, en guise d’excusesur son site des lettres d’enseignantsrévoltés. Comment expliquer un telmouvement de colère de la part desenseignants ?Nous l’avons souvent évoqué dans cejournal, l’école comme la santé, a par-ticulièrement souffert durant lesannées Sarkozy : la suppression de80 000 postes et la mise en place deréformes rétrogrades ont considéra-blement dégradé les conditions detravail des enseignants. Les luttesnon plus n’ont pas cessé… Mais lerouleau compresseur a continué,dégradant non seulement les condi-tions de travail (classes surchargées)mais aussi accentuant l’échec à l’éco-le, en supprimant les RASED (Réseauxd’Aides Spécialisées aux Elèves enDifficulté). Ainsi, les enseignants onteu de plus en plus l’impression defaire un métier impossible, avec descontraintes de plus en plus difficiles

celles de savoirs à transmettre de plusen plus lourds, d’enfants à évaluer enpermanence, en les faisant rentrerdans des cases (socle commun), enétant de plus en plus seuls face à laclasse. La réforme de 2008 a été trèscontestée car elle alourdissait lescontenus tout en réduisant leshoraires.A son arrivée au gouvernement,Vincent Peillon a fait de la réformedes rythmes scolaires un enjeu per-sonnel. Et tout s’est focalisé là-des-sus. Cependant, comme le disent lesenseignants, une véritable réforme nepeut se mener que dans une globali-té. Le rythme de l’enfant, oui, maisaussi ce qui compte ce sont les condi-tions de la classe, les programmes, lapression sur les enfants. Tous cesaspects ne sont pas pris en compte :les programmes de 2008 n’ont pas étémodifiés. Il n’y a pas eu d’annoncessignificatives sur les RASED.Mais à marche forcée, le ministre afait voter ce décret. Or que prévoitcette réforme ? Le nombre d’heuresde classe ne change pas (24h) maisles journées sont réduites à 5h30,3h30 pour le mercredi. Les enfantscependant ne partiront pas avant16h30, une heure étant dévolue auxmunicipalités pour faire des “activitésculturelles”. La journée de l’enfant nechange donc fondamentalement pas :ils arrivent et repartent aux mêmesheures ; il y a une heure dans le floule plus total, les municipalités étantplus ou moins en capacité de propo-ser de réelles activités. Il est fort à

craindre que ces heures se transfor-ment en récréations surveillées pro-longées, surtout qu’elles sont prévuesla plupart du temps après la pauseméridienne. Le plus fort, c’est que legouvernement a réduit le taux d’en-cadrement des enfants par les éduca-teurs pour les activités périscolairesfaisant passer le nombre d’enfants de14 maximum à 18, afin de réduire lesbudgets des mairies.La proposition de la mairie de Paris defaire une pause méridienne de 2h45comprenant la fameuse heure d’acti-vité périscolaire a contribué au tollédes enseignants. Dans quel état d’ex-citation arriveront les enfants l’après-midi ? Est-ce cela l’allègement dutemps de l’enfant ?La réforme ne va-t-elle pas accentueraussi le clivage entre les communes“riches” qui pourront proposer desactivités intéressantes aux enfantsencadrées par des personnel formé etcelles “pauvres” qui ne pourront assu-rer qu’une surveillance de la cour ?A cela s’ajoute une inquiétude légiti-me devant cet espace donné à une“territorialisation” des activités sco-laires. N’est-ce pas une brèche dans lecaractère “national” de l’éducation ?Cette inquiétude est renforcée auregard de la loi de refondation quis’inscrit dans l’acte III de la décentra-lisation en attribuant l’orientation etla formation professionnelle auxrégions.Quant aux enseignants, certes, leurtemps de classe ne va pas augmentermais ils devront le faire avec une

demi-journée supplémentaire, ce quiengagera des frais de transport et degarderie en plus (alors que leurssalaires sont gelés depuis 3 ans etsont parmi les plus faibles de l’OCDE).Leur amplitude de temps sur leur lieude travail va augmenter, alors que leurtemps de travail réel dépasse déjà trèslargement les 40h. L’exaspération et lacolère sont d’autant plus grands quecette catégorie a voté en grande majo-rité pour François Hollande et, pourbeaucoup, était en attente d’une véri-table reconnaissance.Devant la levée de bouclier des col-lègues et sous la pression de leursbase, les syndicats (y compris ceuxqui au départ étaient favorables àcette réforme) ont rejeté le texte auConseil Supérieur de l’Education. Ledécret a été néanmoins publié le 28janvier. Des syndicats “minoritaires”ont alors appelé à une grève nationa-le pour le 12 février. Le principal syn-dicat (le SNUIPP) a dû se rallier à lagrève tout en essayant de se démar-quer en disant qu’il n’était pas contrela réforme Peillon.Bref, le gouvernement qui faisait del’éducation un des points prioritairede son programme semble en train derater le dialogue avec les enseignants.Sans compter que le projet de loi derefondation de l’école soulève surbien des points des questionnementset oppositions, notamment par l’ab-sence de rupture idéologique avec lapolitique antérieure (maintien dusocle commun et des réformes anté-rieures). ★

SociétéLa Forge

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International

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Dans les semaines qui ont précé-dé le 2ème anniversaire de larévolution, les 5 jours

d'émeutes de Siliana sont venus rap-peler que les idéaux de la révolutionrestent ancrés au cœur des tra-vailleurs, de la jeunesse et du peupletunisiens

Le parallèle avec Ben Bouzid est frap-pant et d'abord la révolte des jeunes,chômeurs pour la plupart, qui deman-dent du travail et accusent les diri-geants tunisiens de poursuivre lesmêmes orientations politiques et éco-nomiques que celles de la dictatureBen Ali. Ils exigent aussi le départ dugouverneur de Siliana, membred'Ennahdha. La répression féroceconduite par les forces d'une policeanti-émeutes qui n'a pas été épurée afait plus de 300 blessés dont beau-coup ont été aveuglés par les gazlacrymogènes et touchés par desballes de chevrotine. Même le HautCommissaire des Nations-Unies auxdroits de l'homme a condamné le gou-vernement tunisien pour recoursexcessif à la violence policière. Lesmots d'ordre des manifestants sontrévélateurs de la situation actuelle enTunisie : "le peuple veut une autrerévolution !", "Ennahdha dégage !","Vous avez pris nos yeux mais vous nepouvez emporter notre voix". Danstout le pays des meetings de solidari-té avec les manifestants de Siliana sesont tenus. De Sidi Bouzid un convoide plusieurs véhicules transportantdes syndicalistes de l'UGTT et desmembres du Front Populaire est venuapporter son soutien. Débutdécembre le syndicat tunisien estparvenu à un compromis avec lesautorités : des promesses d'investisse-ment ont été faites, l'armée a rempla-cé la police et le gouverneur de Slianaa été écarté (celui de Ben Bouzid, luiaussi membre d'Ennahdha, avait étélimogé quelques jours après sa nomi-nation).Les évènements de Siliana ont provo-qué un véritable vent de paniquechez les dirigeants tunisiens, entraî-nant des fractures au sein des partisde la troïka qui dirige le pays. Le pré-sident de la République, Marzouki,membre du CPR (Congrès pour laRépublique) a appelé le premierministre, Jebali, membre d'Ennahdha,à remanier le gouvernement pourtenir compte des manifestations carle pays " risque de sombrer dans lechaos ". Il propose de nommer destechnocrates dans les ministèresrégaliens rejoignant en cela la princi-pale revendication de Nidaa Tounès,parti de la droite laïque, qui autour

de l'ancien 1er ministre de la transi-tion, Essebsi, bénéficie du soutiendes médias et des milieux d'affairespour apparaître comme une alternan-ce à Ennahdha. En guise de repré-sailles, les dirigeants islamistes accu-sent l'UGTT et les partis de gauche, enparticulier le Front populaire tuni-sien, " de semer la discorde en inci-tant les habitants des régions pauvresde l'intérieur à organiser des troubleset à dissuader les investisseurs étran-gers ". Au lendemain des évènementsde Siliana, le 4 décembre, la LPR(Ligue de protection de la révolu-tion), milice et bras arméd'Ennahdha, attaque violemment lesiège de l'UGTT mettant le pays aubord de la grève générale. Le 22

décembre, la LPR empêche la tenued'un meeting de Nidaa Tounès. Il ne sepasse pas de semaines sans que despermanences ou des membres duFront Populaire tunisien ne soientattaqués. Récemment, à Tataouine,Lofti Nagdh a été assassiné par desmembres de la LPR, reconnus commedes anciens prisonniers de droits com-muns libérés récemment. Le 1erfévrier, Ammar Amroussia, secrétairegénéral adjoint du Parti desTravailleurs (PT) a été agressé à Gafsaoù la population refuse la nominationd'un membre d'Ennahdha à la tête dela Cie des phosphates. L'agression s'estdéroulée sous les yeux de la policeindifférente et il n'a du son salut qu'àl'intervention rapide de la population.

Ces attaques témoignent de la grandepeur du pouvoir face à la permanencedes exigences ouvrières et populaireset au succès grandissant des partis degauche et en particulier du Frontpopulaire tunisien qui ne cesse d'élar-gir son audience. Dans une situationoù les palabres autour d'une nouvelleconstitution s'éternisent, où de nou-velles élections législatives sontconstamment repoussées, où la criseéconomique met sur le pavé toujoursplus de chômeurs, le Front populaireest aujourd'hui la seule alternativecapable de rassembler la classeouvrière, la jeunesse et tous lespatriotes pour porter les idéaux dejustice sociale, de liberté et d'égalité,proclamés le 14 janvier 2011.★

International La Forge

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Egypte

“Morsi, dégage !”

Le 2e anniversaire de la révolutionégyptienne s’est déroulé dans unclimat de violents affrontements

entre les forces de sécurité et les mil-liers de manifestants qui accusentMorsi et les Frères Musulmans d’avoirpris le train de la révolution enmarche et de l’avoir vidée de tout soncontenu progressiste.En deux ans de pouvoir, ils ont admi-nistré la preuve de leur incompétenceet de leur incapacité à apporter auxtravailleurs et au peuple égyptiens lestransformations politiques, écono-miques et sociales exigées depuis2011. Il a fallu peu de temps pour quele PLD (Parti de la justice et de laliberté) perde le respect et l’autoritéque lui avait conférés son oppositionaux forces militaires réactionnaires.Le PLD a jeté les bases d’un Etat anti-démocratique dans lequel les isla-mistes règnent sans partage, avec unPrésident qui cumule pouvoir exécutifet pouvoir législatif. Il a montré sacollusion avec l’establishment militai-re en lui garantissant ses privilègesde caste et en collaborant avec luidans la répression des manifesta-tions. Il n’a procédé à aucune réformeéconomique susceptible d’améliorer lesort des millions d’ouvriers, de petitspaysans, d’artisans et de commer-çants, frappés de plein fouet par letarissement du tourisme et le ralen-tissement de l’activité économique. Ilest significatif que les manifestationsles plus violentes se soient produitesà Suez et à Port-Saïd, principalesvilles industrielles du pays.Le détonateur des violences actuellesa été le verdict inique rendu par une

justice sous influence dans le procèsdes émeutes qui ont fait près de 50victimes lors d’un match de foot àPort-Saïd. Un procès à l’instructionbâclée et hâtive qui, en leur absence,a condamné à mort 21 émeutiers,tous âgés entre 18 et 30 ans. Le pro-cès des fonctionnaires du club et desforces de sécurité, lui, est reporté àplus tard. Tous les témoignages mon-trent pourtant que les forces de lapolice officielle ont laissé faire tandis

que des provocateurs étaient àl’œuvre. C’est un procès de classe etun verdict politique ; en deux ans depouvoir des Frères Musulmans, aucunresponsable officiel, aucun membrede l’appareil sécuritaire n’a étécondamné ni même inquiété. Preuvesupplémentaire de l’entente actuellede toutes les forces de la réactionpour juguler les exigences populaires.Le président Morsi qui, jusque-là,dénonçait un appareil judiciaireinféodé à l’armée, soutient mainte-nant la justice et qualifie de “traîtres“tous ceux qui critiquent le verdict. La

gravité de la situation n’a pas échap-pé à l’armée dont certains dirigeantsn’ont pas accepté le partage du pou-voir avec les islamistes. Le chef desarmées, le général Abdel Fallah Al-Assi l’a ouvertement fait savoir. Lesinquiétudes qu’il manifeste “sur lacrise politique qui peut conduire à uneffondrement de l’Etat” sonnentcomme un avertissement.Face à la contestation générale dupouvoir des Frères Musulmans et à la

menace d’un recours à l’ar-mée, l’opposition politiques’organise. Le FSN (Frontdu Salut National), dontles figures de proue sont ElBaradei, ancien haut fonc-tionnaire international, etArrir Moussa, ancien chefde la Ligue arabe, demandeune révision de laConstitution, le départ duprocureur général nommépar le président Morsi et denouvelles élections législa-tives. Ils revendiquent la

fin de la monopolisation du pouvoirpar les Frères Musulmans et leursalliés intégristes et la mise en placed’un gouvernement de coalition. Iln’est pas certain que les milliers demanifestants qui affrontent les forcesrépressives se reconnaissent danscette revendication. Ils ne voudraientpas se faire confisquer une nouvellefois les idéaux de la révolution de2011.

Le mot d’ordre des manifestantsaujourd’hui est et reste : “Morsi,dégage !” ★

Tunisie

La classe ouvrière et la jeunesse toujours mobilisées pour la Révolution

Sur la place Tahrir un mot d’ordre : Morsi dégage !

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Dans toute la Turquie, des luttesouvrières et populaires ont lieupour l’amélioration du niveau de

vie des travailleurs et pour le respectdes droits démocratiques. La contesta-tion du régime grandit. Lors des der-nières élections législatives, un bloc degauche “Travail, Démocratie et Liberté”s’est formé, regroupant le Parti duTravail, un parti kurde et d’autres orga-nisations progressistes de gauche, pourdonner à ces luttes populaires undébouché politique (voir La Forge dedécembre, sur la constitution duCongrès démocratique).Le gouvernement d’Ankara répond parla violence et la répression, l’interdic-tion des manifestations, l’arrestation etla torture des opposants, militants syn-dicaux et politiques, associatifs, démo-crates, journalistes, avocats, défenseursdes droits de l’homme. Le peuple kurdeest plus particulièrement touché danscette répression, et de nombreux mili-tants politiques, du PKK et d’autresorganisations kurdes progressistes, sontemprisonnés et torturés. Le gouverne-ment veut empêcher la contestation degrandir. En lutte depuis des dizainesd’années pour faire reconnaître sesdroits fondamentaux, le peuple kurdeest victime de massacres et de répres-sion. En 2012, l’armée turque a bom-bardé des villages kurdes, faisant denombreuses victimes civiles. Cettesituation provoque une résistance etdes ripostes de la population et desmilitants kurdes qui combattent pour lareconnaissance de leurs droits humains,politiques, démocratiques et culturels.La lutte du peuple kurde a pris unedimension internationale, des associa-

tions de soutien se sont développéesdans des pays d’Europe et des grèves dela faim importantes ont eu lieu. C’estdans ce contexte politique, alors que lerégime turc a entamé des négociationsavec le PKK, et que la situation inter-nationale dans la région du Moyen-Orient est instable, que l’exécution destrois militantes kurdes, membres duPKK, a eu lieu à Paris. Par qui et pour lecompte de qui ont-elles été assassinées? Loups gris (nationaliste d’extrêmedroite turcs), milieu réactionnaire del’armée, opposants kurdes à un règle-ment politique… Le saura-t-on un jour? Ce qui semble évident, c’est que ceuxqui ont tenu la main des tueurs avaientintérêt à faire échouer une solutionpolitique de la question kurde. Il s’agit-là d’un acte odieux, qui interpelle tousceux qui luttent pour le progrès socialet le droit des peuples.Les trois militantes kurdes étaientactives au niveau international,connues dans le milieu associatif etdémocratique en France ; elles avaientsoutenu les grèves de la faim des kurdesen France, et particulièrement àStrasbourg.Dans les milieux associatifs qui ontconnu ces jeunes femmes, l’émotion aété importante et la révolte contre cetacte barbare aussi. Que la colère contreces assassinats se transforme en déter-mination pour défendre une solutionpolitique à la question de la reconnais-sance des droits du peuple kurde.Travaillons à la solidarité avec sesrevendications démocratiques et à l’uni-té entre le peuple turc et kurde pour unétat démocratique et progressiste enTurquie.★

InternationalLa Forge

Février 201314

Communiqué

L'armée de l'air israélienne a bom-bardé jeudi 31 janvier des sites enterritoire syrien. Les autoritésisraéliennes se taisent sur lesobjectifs visés, mais laissententendre qu'il s'agissait de convoisd'armes à destination du Liban.Après les provocations des avionsturcs qui sont entrés dans l'espaceaérien syrien, après le déploiementdes missiles de l'Otan, à la frontiè-re entre la Turquie et la Syrie, c'estmaintenant Israël qui intervientmilitairement. C'est un pas supplé-mentaire dans l'intervention despuissances impérialistes et de leursalliés pour faire tomber le régimesyrien. Ce régime ne tient que parla répression d'un peuple. Mais cene sont ni les bombes, ni les sol-dats des armées des puissancesimpérialistes qui le libéreront.

01 févier 2013

Assassinats de trois militantes kurdes à Paris

Justice doit être faite

Un autre événement met lerégime turc sur le devantde la scène internationale :

il s’agit du procès à répétition dela militante turque des droits desfemmes et des droits des minori-tés, Pinar Selek.Elle est écrivain, rédactrice dansle journal de l’association fémi-niste Amargi, dont elle est égale-ment cofondatrice ; elle estsociologue, menant desrecherches sur des sujets liés auxdiscriminations et à la guerre.Elle a commencé très tôt desrecherches sur la question kurde(1997) et, dans ce cadre, a inter-viewé des militants du PKK.Arrêtée en 1998, torturée pourqu’elle livre les noms des kurdesqu’elle a rencontrés, elle a ététraduite devant le tribunal etaccusée d’avoir posé une bombeau marché aux épices d’Istanbul.Les analyses des experts ontconclu à un accident sur le mar-ché (fuite de gaz). Relaxée unepremière fois après deux ans etdemi de détention, la justiceturque a décidé de continuer à lapoursuivre, l’accusant d’être“complice d’une organisation ter-roriste” en engageant unebataille d’expertise et de contre-expertise. En 2006, la Haute CourCriminelle d’Istanbul prononcepour la première fois l’acquitte-ment de Pinar Selek. Ce jugementa été remis en cause en 2007 parla Cour Suprême, et d’année enannée, chaque acquittement estsoumis à annulation (il y en a eu

3). Le 24 janvier 2013, a eu lieuun nouveau procès à Istanbul, àl’issue duquel Pinar Selek a étécondamnée à perpétuité et estsous mandat d’arrêt.

L’acharnement judiciaire et moralcontre Pinar Selek est un harcèle-ment politique contre une mili-tante qui n’a jamais cédé et acontinué, même en prison, sestravaux de sociologue concernantdes questions très sensibles de lasociété turque (exclusions, discri-minations, guerre, vision de lasociologie aboutissant à uneimplication concrète auprès despersonnes exclues, patriarcat,etc.). En Turquie comme enFrance, le soutien s’est organisé.Pinar Selek est actuellement exi-lée en France, à Strasbourg, oùelle continue ses recherches uni-versitaires. Un comité de soutiens’est constitué à Strasbourg et ainterpelé le Front de Gauche 67pour la soutenir lors du dernierprocès. Un courrier de soutien duFront de Gauche a été envoyé auprésident du tribunal et unmembre du Front de Gauche a étédélégué au procès pour concréti-ser ce soutien. La solidarité a prisune ampleur internationale queles médias n’ont aucunementrépercutée.Cette mascarade de procès est unenouvelle atteinte aux droits del’homme en Turquie pour fairetaire une militante courageuse etinflexible. ★Solidarité avec Pinar Selek !

Solidarité avec Pinar Selek

Les résultats des élections légis-latives israéliennes du 22 jan-vier ne sont pas exactement

ceux qu'avait escomptés Netanyahu.S'il reste le 1er parti en nombre dedéputés, il perd 12 sièges à laKnesset (31 contre 43 sur 120). Alorsqu'il avait misé sur une alliance avecle parti d'extrême droite ultranatio-naliste Israël Beytenou pour élargirsa majorité, il recule au profit departis de l'extrême droite religieuse,qui gagne 7 sièges. Si la majorité des Israéliens ont faitbloc autour de Netanyahu lors delaa dernière offensive contre Gaza,le discours ultranationaliste de sonallié et l'isolement croissant d'Israëlau niveau international ontconvaincu un certain nombred'Israéliens que cette politique lesmenait droit dans le mur.L'autre leçon de ce scrutin, c'est larecomposition du centre autour

d'un nouveau parti laïque, YeshAtid, créé il y a tout juste un an parl'ancienne vedette de la télévisionisraélienne Yaïr Lapid. Avec 19sièges, il devient la 2e force poli-tique de la KnessetConfronté à une montée de lacontestation sociale et conscient desa faible marge de manœuvre,Netanyahu s'est dit prêt à quelquesconcessions sur les questions éco-nomiques et sociales. Reste lespoints les plus durs, à savoir laquestion palestinienne et l'attitudeà avoir envers l'Iran. Lapid rejettetoute intervention militaire contreles installations nucléaires ira-niennes. Sur la question palesti-nienne, il est favorable à une repri-se des pourparlers de paix, jugeant"irresponsable" d'avoir gelé lesnégociations depuis si longtemps.Mais s'il est partisan de deux Etats,il refuse, tout comme le Likoud et

l'extrême droite, la rétrocession deJérusalem Est aux Palestiniens. Touten s'opposant à de nouvelles colo-nies, il s'est prononcé pour le main-tien et le développement des colo-nies existantes. Reste une possible alliance avec l'ex-trême droite religieuse mais lescontradictions entre les différentesformations de l'extrême droite ris-quent de rendre cette option rapide-ment intenable. Enfin et surtout ellerisque d'exacerber un peu plus lestensions avec l'UE et les Etats-Unis,inquiets de l'évolution de la situa-tion en Syrie et en Egypte et d'unepossible extension du conflit àl'Iran. Quelle que soit l'issue des tracta-tions, il n'y a guère d'illusions à sefaire sur la nature profondémentréactionnaire de la politique que sui-vra ce nouveau gouvernementNetanyahu.★

Elections israéliennes

Recomposition au centre-droit

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Jeudi 24 janvier à Bordeaux, leMBDHP (Mouvement Burkinabédes Droits de l’Homme et des

Peuples), nous a permis de rencontrerLila CHOULI, auteure de l’ouvrage“Burkina faso 2011 : chronique d’unmouvement social”, afin d’échangeravec elle sur son livre et mieux com-prendre les évènements qui se sontsuccédé durant le premier semestre2011 au Burkina Faso.Ce livre tombe à point nommé pourune meilleure appréciation de ce quise passe en Afrique de l’Ouest engénéral, dans les ex-colonies fran-çaises en particulier. L’auteure a choi-si de faire un exposé et une analysechronologique de ce qui fut un trèsimportant mouvement social et poli-tique début 2011, au moment mêmeoù les peuples tunisien puis égyptienchassaient leur tyran respectif : c’estune des raisons, mais pas la seule, dela faible médiatisation de cette révol-te populaire de pratiquement tout lepeuple burkinabé. Un lycéen est assassiné dans un com-missariat. Le peuple burkinabé selève presque comme un seul homme.Impossible en si peu de lignes derésumer ce travail énorme de LilaCHOULI pour faire connaître à unlarge public l’exigence de justice, deréparation, puis la lutte contre la viechère, contre les manques de moyenscruciaux à l’école, pour l’exigences desoins et pour l’amélioration de toutesles conditions de vie. Le pays estdirigé par le même homme depuis unquart de siècle, avec les mêmesrecettes que ses semblables des pays

voisins : népotisme, affairisme etclientélisme, corruption, soumissionau système néocolonial mis en placedepuis 60 ans par la France,… Cette révolte populaire a su allier denombreuses couches de la populationallant des villes aux campagnes, desintellectuels aux ouvriers mineurs,des anciens jusqu’à la jeunesse au rôleprépondérant, maturité et force poli-tique de ce peuple africain. La révol-te a touché y compris certains sec-teurs de l’armée, de la justice, ducommerce, etc.Bref, c’est l’ensemble de l’appareild’Etat burkinabé qui s’est mis àvaciller et Paris s’en inquiéta, jusqu’àdiligenter des conseillers spéciaux(militaires en particulier) auprès del’ambassadeur de France àOuagadougou et du pion BlaiseCompaoré. Au 1er mai 2011, on a vuapparaître dans les manifestations leParti Communiste RévolutionnaireVoltaïque (PCRV) avec ses banderoles,alors qu’il est toujours resté dans laclandestinité.

Des avancées sectoriellesont été obtenuesCette chronique d’une révolte popu-laire massive est l’exemple même dece qui est possible face aux militaireset autres pantins à la solde de notrebourgeoisie française, organisés syn-dicalement, socialement et guidéspolitiquement par un parti commu-niste qui s’est fondu en leur sein.Voilà ce que craint le plus l’impéria-lisme français : un mouvementsocial, populaire et politique d’am

pleur renversant un régime soumiset inféodé dans son “pré carré”,pour le remplacer par un régime pro-gressiste et populaire. Notre solidarité pour le peuple malienva dans ce sens afin qu’il défende sespropres intérêts nationaux, écono-miques, sociaux et politiques, pourdevenir un Mali au service de sapopulation. Lisons ce livre étonnant et faisons-lelire. Il apporte des éléments de com-préhension sur le développementd’une lutte organisée.Vive la lutte du peuple burkinabé !Armée française hors d’Afrique !

Correspondance Bordeaux

Burkina Faso, février 2011. La mort du collégien Justin Zongo, suite à desbrutalités policières, provoque des manifestations populaires dans la ville deKoudougou. Le mouvement s’étend rapidement. Dans ce pays gouverné par lemême président depuis vingt-quatre ans et livré au néolibéralisme, les raisonsde mécontentement sont multiples : violences policières, mais aussi vie chère,conditions de travail inacceptables dans de nombreux domaines, “affaires“diverses, clientélisme et népotisme... Tout au long du premier semestre 2011,on assiste à des manifestations, des émeutes, des incendies de bâtimentspublics, mais aussi au boycott de la production de coton par les paysans, àdes grèves de mineurs, de professeurs, et même de magistrats. Et à des muti-neries dans l’armée. Si la révolte au Burkina Faso n’a pas connu la même issuequ’en Tunisie et en Égypte, il y a néanmoins eu des victoires sectorielles. Cequi s’y est passé et s’y passe encore est peut-être porteur de bouleversementsplus profonds. C’est ce mouvement multiforme que nous raconte Lila Chouli,avec ses enjeux sociaux, syndicaux, internationaux.L’auteure, Lila Chouli, est chercheuse associée à la chaire sud-africained’études sur les changements sociaux à l’Université de Johannesburg. Elle apublié plusieurs articles sur le mouvement étudiant burkinabé.Editions Tahin party - ISBN : 978-2-912631-24-4 - 8 euros, 320 pages, format 11x16 cmOn peut se procurer ce livre dans toutes les bonnes librairies et notamment à Paris à lalibrairie Le Point du jour (rue Gay Lussac).

non encore exploités d’uranium, d’or,de pétrole…Et comment ne pas s’interroger sur lerôle joué par deux régimes réaction-naires, celui d’Arabie saoudite et celuidu Qatar, de riches “alliés” que lesgouvernements français qui se sontsuccédé n’ont cessé de courtiser, alorsqu’ils sont le fer de lance de la réac-tion contre les mouvements popu-laires qui se sont levés au Maghreb etau Moyen-Orient et qu’ils financenttoutes sortes de groupes islamistesradicaux ?Autrement dit, il a fallu d’abord direclairement et ouvertement “non à laguerre au Mali”, pour montrer que desforces de gauche résistent à la cam-pagne belliciste, et engager immédia-tement un travail d’explication endirection des travailleurs, des femmesdes milieux populaires, des intellec-tuels progressistes, des jeunes, et ycompris en direction des travailleursMaliens qui vivent ici. Tous ceux quisentent plus ou moins confusémentqu’il y a des objectifs cachés, que laguerre est une mauvaise solution, quivoient que les premières victimes sont

les populations pauvres, chassées parles combats…La réalité nous oblige à dire que nousn’avons pas les moyens aujourd’huid’empêcher cette guerre. Mais nousavons les moyens et le devoir de larendre de plus en plus impopulaire etinsupportable dans les larges massesde notre peuple. En soulignant,comme un premier pas dans le refusde cette guerre, que pour la financer,le gouvernement consacre d’impor-tantes sommes d’argent au momentoù il n’est question que d’austéritépour nous. Ce n’est certes pas la seuleraison pour laquelle il faut s’y oppo-ser, mais c’est une raison qui fait unlien entre les préoccupations deslarges masses et cette guerre.Nous avons aussi une responsabilitévis-à-vis des forces progressistes,patriotiques, anti-impérialistes auMali. Car en cassant le consensus enFrance autour de cette guerre, endénonçant sa nature fondamentale-ment impérialiste, nous aidons lesforces au Mali qui cherchent une issueprogressiste, non seulement à la guer-re, mais plus généralement à la situa-tion de dépendance de leur pays vis-

à-vis de l’impérialisme.Enfin, nous nous plaçons aux côtésdes forces progressistes des pays afri-cains qui combattent les gouverne-ments vendus à l’impérialisme. ★

La question touaregIl y a un réel danger pour que lespopulations touaregs soient la cibled’une vaste épuration. Les organi-sations touaregs sont accuséesd’avoir permis aux groupes isla-mistes armés de mettre pied auNord Mali et d’avoir fait cause com-mune avec eux pour mettre endéroute l’armée malienne. C’est unfait. Mais la solution ne peut pasêtre de massacrer les populationset un gouvernement réellementpatriotique, progressiste devraitchercher des solutions politiques àcette question complexe, mais réel-le, de la place des Touaregs dans leMali. Ce n’est pas la voie qui estprise aujourd’hui. Les autoritésfrançaises ne peuvent en aucun cas“fermer les yeux” sur les massacresqui ciblent cette population.

En Allemagne, la population est contre“Les enquêtes d’opinion donnent70 % de la population opposés à touteintervention de l’armée allemande.C’est pourquoi, le gouvernement agitde façon très prudente. Il dit : nous neparticipons pas à une guerre, nous nefaisons qu’aider les Etats africains,l’ONU et la France. Les gens ne s’inté-ressent pas tellement à la question,car ils sont rassurés par le discours dugouvernement. Mais il y une vraiecrainte que le pays soit entraîné danscette guerre ou dans une autre. C’estpourquoi, nous développons une pro-pagande sur les véritables enjeux del’engagement militaire et contre touteforme d’engagement. Le 2 février, àMunich, aura lieu une grande manifes-tation contre la guerre, à l’occasion dela Conférence sur la sécurité quiregroupe de façon informelle des mili-taires russes et d’autres pays de l’Otan,pour discuter de la lutte “contre leterrorisme et pour la sécurité”. Chaqueannée, il y a une grande manifestationcontre la guerre qui regroupe des mil-liers de personnes. Nous allons y par-ticiper.” (www.arbeit-zukunft.de)

Burkina Faso 2011 :

Chronique d’un mouvement social

Meeting à Bordeauxle 14 février

Sur la situation au Mali

à L'athénée municipale

Intervention du MBDHPd'Aquitaine

à lʼappel dePcof, Mbdhp, Npa, Ujfp, Ga,

Femmes Egalité

Pour plus dʼinformations contacter :[email protected]

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Mali

Les raisons de notre opposition à l’intervention militaire française

Depuis le 11 janvier, l’armée fran-çaise intervient au Mali. Le 12,notre parti prenait position

publiquement contre cette interven-tion. Depuis, comme cela était évidentdès le début, cette intervention s’esttransformée en guerre et en occupa-tion. Aujourd’hui, plus de 3000 soldatsfrançais sont déployés, avec du maté-riel lourd : véhicules blindés, chars,hélicoptères, avions de combat,drones… et des centaines de militairesde pays africains arrivent peu à peu.La guerre du Mali a été décidée par F.Hollande, en tant que chef d’Etat etchef des Armées. Il a enfilé le costumede président de la Ve République et ausé des pouvoirs exorbitants que luiconfère cette constitution anti-démo-cratique. Le Parlement n’a eu droitqu’à une communication plusieursjours après le déclenchement des opé-rations. Hollande veut tirer le maxi-mum de bénéfice politique du consen-sus qui s’est créé avec la plus grandepartie de la droite, au moment où sapolitique antisociale met ouvriers etsalariés de la fonction publique dansla rue. C’est une décision lourde de consé-quences pour le Mali et pour toutecette vaste région du Sahel qui va descôtes mauritaniennes aux côtes éthio-piennes (1). Et c’est aussi une décisionqui engage notre pays dans une guer-re dont personne ne peut prévoir lesdéveloppements et les implications.L’opération du commando contre lesite gazier d’In Amenas, en Algérie,qui s’est soldée par un massacre, enest une illustration (2).Après avoir parlé d’une opération limi-tée, consistant à empêcher les groupesdjihadistes de descendre sur Bamako,Hollande a parlé d’une “guerre contrele terrorisme”, qui concernerait aussibien les populations d’Afrique quecelles d’Europe, voire le monde entier !C’est au nom de la solidarité euro-péenne et internationale contre le ter-rorisme qu’il réclame une implicationmilitaire et financière de ses alliéseuropéens et étasuniens.

Les impasses de la guerre contre le terrorismeJustement, que montrent ces guerresmenées par les puissances impéria-listes, notamment en Afghanistan ?Qu’elles conduisent à des impasses,qu’elles provoquent d’immenses des-tructions et qu’elles alimentent la légi-time colère des populations qui lessubissent, et que les groupes, qualifiésde terroristes, y trouvent un vivier pourrallier de nouveaux combattants. Mais pour les partisans de cette guer-

re, la comparaison avec la guerred’Irak, d’Afghanistan, menées au nomdes mêmes objectifs, n’aurait pas lieud’être. Pas plus que ne serait pertinen-te la référence aux dizaines d’inter-ventions militaires françaises menéesdepuis 50 ans (3). Certains commenta-teurs vont même jusqu’à prétendreque cette guerre marque la “fin de lafrançafrique” ! Pour nous, et pour de plus en plusd’organisations politiques, de solidari-té avec les peuples d’Afrique…, etpour de nombreuses organisationsafricaines, il n’y a pas de rupture aveccette politique : c’est la poursuite decette politique de domination, depillage, de soutien à des régimes anti-démocratiques et corrompus.

Résister à la propagande en faveurde la guerreUne intense campagne s’est dévelop-pée depuis le début de cette guerrepour construire un consensus autourde l’idée : “il fallait intervenir pourstopper les groupes armés djihadistesqui menaçaient de prendre Bamako”.Comme à chaque fois, les peuples sontplacés devant un faux dilemme : noussommes sommés de donner notreaccord à l’opération militaire, souspeine de passer pour des alliés objec-tifs des djihadistes, voire de fairepreuve d’une indifférence criminellevis-à-vis des populations maliennessoumises au joug de ces groupes. Etpour nous culpabiliser davantageencore, si nous osons émettre desréserves ou pire, si nous refusons decautionner, on nous passe en boucle

des images de Maliens accueillant lesmilitaires français comme des libéra-teurs. Et si cela ne suffit pas, on faitparler des Maliens vivant en France,

évidemment inquiets pour leursfamilles là-bas, et qui disent, euxaussi, “merci F. Hollande”.N’avons-nous pas entendu les mêmesarguments au moment de la guerre enAfghanistan, où les bombes allaientsoi-disant débarrasser les femmes despratiques obscurantistes des Talibans ?Le consensus que le gouvernementavait réussi à provoquer commence às’effriter. Nous ne parlons pas ici descritiques qui ont commencé à s’éleverà droite, qui pointent la “solitude de laFrance” et “l’impréparation de l’opéra-tion”…Nous parlons de ce qui se passe dansles milieux ouvriers et populaires,dans les forces politiques, syndicales,les associations, qui sont sur le terrainde la solidarité internationale avec lespeuples d’Afrique.En effet, malgré le matraquage média-tique, tout le monde n’a pas oublié lesleçons des guerres antérieures. Lesquestions et les interrogations ontcommencé à se multiplier. Pourquoi la solution militaire a-t-elleété privilégiée depuis des mois par lesautorités françaises ?Pourquoi Hollande a-t-il décidé d’en-gager les troupes françaises, alors queles résolutions de l’ONU ne le pré-voyaient pas ?Pourquoi est-on passé d’une interven-tion “limitée” à une guerre ? Et quelsen sont les buts réels ?Autour de ces questions, une premièredigue a été dressée contre le rouleaucompresseur en faveur de la guerre.Mais elle est fragile et partielle : l’ONUn’est pas un rempart aux guerresimpérialistes et l’africanisation de la

guerre, autrement dit, l’appel à destroupes de la CEDEAO n’est en rien unegarantie, ni pour le peuple malien, nipour les peuples de la région.

Sur ces questions, nous nous sommesnotamment appuyés sur les prises deposition des partis frères d’Afrique(Burkina, Côte d’Ivoire, Bénin…) quiont dénoncé depuis des mois le projetde l’impérialisme français d’impliquerles Blaise Compaoré, les Yayi Boni etautre Ouattara, dans une opérationmilitaire sous la bannière de laCEDEAO (voir les déclarations sur notresite).Avec d’autres forces, nous avons aussiposé les questions des enjeux écono-miques, géostratégiques de cette vasterégion, avec notamment les gisements

D’immenses gisements pétroliers et gaziers non exploités ont été découverts princi-palement dans le nord du Mali dont le sous-sol est également riche en Uranium.

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C’est quoi laFrançafrique ?La politique connue sous le nom de“françafrique” désigne la politiquede l’impérialisme français vis-à-visde ses anciennes colonies d’Afrique.Un réseau de bases militaires fran-çaises veillent à la défense des inté-rêts des Total, Bouygues, Bolloré,Areva et autres banques françaisesqui contrôlent une partie des écono-mies de ces pays, dont le développe-ment est entravé par ces liens dedépendance.(…) Un autre volet de la “frança-frique”, ce sont les valises d’argentqui alimentent des circuits de finan-cement occulte, des officines et desréseaux, sur fond de vente d’armes,de trafics de tous ordres. (Extrait dePour un front populaire révolution-naire maintenant !, pages 30 à 32.Janvier 2011.

Dir. publication C. Pierrel - Imprimerie Expressions2, 10 bis rue Bisson 75020 Paris - Commission paritaire - 0413P865753- N°ISSN 0242-3332

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Notes(1) Les pays du Sahel sont : le Burkina Faso,Djibouti ; l’Érythrée ; l’Éthiopie ; le Mali ; laMauritanie ; le Niger ; le Nigeria ; le Sénégal ;la Somalie ; le Soudan ; le Tchad.(2) L’opération du commando soulève denombreuses interrogations. L’issue ne pouvaitguère faire de doutes ; l’armée algérienne necède jamais devant ce genre de chantage, sur-tout quand les intérêts stratégiques du payssont en jeu, comme c’est le cas avec cetimmense complexe gazier exploité conjointe-ment par la compagnie algérienne et plu-sieurs “majors” internationales. Cette opéra-tion “tombait à pic” pour pousser les autori-tés algériennes à s’engager davantage dans la“guerre contre le terrorisme” lancée dans leSahel par l’impérialisme français.(3) Entre 1960 et 2010, il y a plus de 30 opé-rations officielles, portant chacune des nomsde code. En réalité, le nombre est plus élevé,car toutes n’ont pas fait l’objet d’une codifi-cation. Certaines sont totalement “clandes-tines”, comme la présence de militaires fran-çais au Burkina Faso qui a été révélée par leministre de la Défense au cours de la guerreactuelle au Mali.

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