La Foire Musulmane de Belgique

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La Ligue des Musulmans de Belgique (LMB) est une association qui promeut une identité musulmane qui allie fidélité aux enseigne-ments de l’islam et participation citoyenne. Elle offre à la communauté musulmane de Belgique, au travers de ses structures dans cinq villes (Gand, Anvers, Bruxelles, Liège et Verviers) un cadre pour une pratique digne de l’islam et son enseignement. Elle développe des partenariats avec des acteurs publics et privés pour construire une société inclusive qui fait de sa diversité une véritable richesse. www.lmbonline.be

GEDIS est une société spécialisée dans l’événementiel et l’organisation de salons grands publics qui bénéficie de plus de 20 ans d’expérience. Elle offre également un service d’édition et de diffusion de la culture musulmane européenne dans l’espace francophone. www.gedis.net

Editeur responsable : Comité Communication de la Foire Musulmane de Bruxelles Graphisme : YUSUF BOSTAN - ad.yusuf-bostan@hotmail.com

Merci à nos nombreux bénévoles qui ont participé à l’élaboration de cette première brochure électronique

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L’Europe face à la montée des radicalismes

Tariq Ramadan et Raphaël Liogier

Nous constatons aujourd’hui que les ra-dicalismes de tous bords enflamment les différentes sphères sociétales. D’ailleurs, les médias se sont largement réapproprié cette thématique, se positionnant en prin-cipal intermédiaire entre le politique et la cellule familiale. Toutefois, leur décryptage est souvent sommaire, axé sur la dimen-sion sensationnaliste. C’est pourquoi une lecture académique est plus que jamais nécessaire pour appréhender les causes de la montée du radicalisme en Occident et dresser un état des lieux du phénomène. Dans l’échange qui suit, Tariq Ramadan et Raphaël Liogier ont avancé des pistes de réflexion afin de circonscrire au mieux cette thématique sensible.

Ensemble, ils s’accordent à dire que la montée du radicalisme constitue une réalité indéniable. Toutefois, avant d’aller plus loin, ils estiment indispensable de poser quelques éléments de définition. Tous deux postulent

ainsi qu’à l’origine le terme « radical » n’avait aucune connotation péjorative.

Cependant, avec le temps, son sens a évo-lué pour désigner aujourd’hui l’extrémisme violent, c’est-à-dire un extrémisme dans l’interprétation et une violence dans l’action.

Pour le sociologue Raphaël Liogier, le radicalisme ne s’inscrit pas dans une dé-marche réflexive et intellectuelle. Il résulte davantage d’une faiblesse, d’une frustration et d’une peur. Bon nombre de radicaux ne possèdent donc pas une connaissance poussée de leurs références religieuses. Tou-tefois, comme le précise le professeur Tariq Ramadan, il existe une grande diversité de profil, même si ceux-ci adhèrent souvent à une interprétation littérale des textes. En effet, beaucoup de jeunes diplômés ne s’estiment pas valorisés par la société dans laquelle ils vivent. Inévitablement, des frus-trations se créent.

Tout au long de son intervention, le pro-fesseur Tariq Ramadan a insisté sur la confusion propagée par les médias autour des causes du radicalisme et sur son ins-trumentalisation par certains intellectuels

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et politiques. Tout d’abord, il a tenu à dé-construire le lien entre radicalisme et islam au travers de divers exemples. A ce titre, il évoque le fait que 80% des jeunes par-tis combattre à l’étranger ne possèdent qu’une connaissance limitée de la religion (en moyenne quatre mois de pratique). Par ailleurs, il n’existe pas une cause unique au radicalisme. Il s’explique aussi par des raisons économiques, politiques et sociales.

Sous motif de lutte contre le radicalisme, Tariq Ramadan s’inquiète également des atteintes et des restrictions à la liberté d’expression. Les conséquences engendrées sont la frustration et la montée de la pensée radicale. La boucle est ainsi bouclée.

Quelles sont les pistes pour remédier à cette confusion ?

Le professeur propose de travailler sur les causes précitées en prenant nos responsabi-lités et en posant les questions qui ouvrent un vrai débat critique. De manière plus spé-cifique, il exhorte les musulmans à revenir à leurs principes, à gérer la diversité et à ac-cepter la divergence des opinions politiques.

Si Tariq Ramadan aborde la question au travers d’un prisme socio-économique, Raphael Liogier, lui, replace la question dans une perspective historique en prêtant à l’Eu-rope une certaine frilosité.

Tout d’abord, il constate une tendance qui consiste à opposer à l’islam radical à l’islam modéré. Or, ce contraste n’a aucun fonde-

ment linguistique. En effet, d’une part, le concept de radicalisme ne peut être associé à la violence et, d’autre part, la foi est par essence non-violente et fondamentalement radicale au sens propre du terme, c’est-à-dire profondément ancrée dans ses réfé-rences.

Ensuite, le sociologue dresse le constat d’une Europe qui se sent aujourd’hui en situation de faiblesse, bien qu’en comparai-son avec certains pays du monde, cela ne soit pas le cas. L’Europe a perdu son aura d’antan, car elle est entrée dans une ère de civilisation globale. Les conséquences de ce sentiment sont multiples. Il se traduit dans les revendications régionalistes croissantes et la crise identitaire actuelle. Cette sensation de faiblesse induit un débat sur l’identité nationale qui ipso facto prête des intentions néfastes à la communauté musulmane, tout en faisant de l’islam la principale source de l’extrémisme religieux.

En conclusion, les causes du radicalisme sont diverses et, bien que le consensus semble compliqué à atteindre, il est indispensable que cette problématique soit réfléchie avec davantage de profondeur afin de dégager des pistes de solutions viables.

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Selon un rapport de l'ONU, la population mondiale s'élève à environ 7 milliards d'êtres humains sur Terre. Aujourd'hui, grâce à internet, nous avons facilement accès aux informations concernant les peuples et nations du monde. Mustafa Kastit, imam et théologien, compare notre monde à un village, où les personnes se croisent mais ne se connaissent pas. La question de la place de la diversité dans le monde est plus que jamais d'actualité.

L'islam reconnait la diversitéTout d'abord, le théologien est revenu sur l'idée reçue que l’islam ne reconnaît pas la

diversité. Cependant, celle-ci est non seu-lement reconnue, mais elle est également prise en considération dans le Coran. Si tel était la volonté d'Allah, Il aurait rassemblé les hommes sous une seule nation et une seule communauté. Ainsi, le Tout Puissant nous rappelle qu'Il nous a crée différents, tous fils d'Adam.

Dès lors, les musulmans ont la responsa-bilité d'aller vers d'autres communautés. Ils sont invités à participer aux dialogues qui prônent des causes justes. Pour cela, il est essentiel de ne pas se mettre dans une posture de victimisation et de justifi-cation permanente. Cette diversité existe

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au sein même des musulmans de cultures différentes, d'où l'importance du dialogue intra-communautaire. Imposer une pensée unique est une chose impossible, c'est une attitude suicidaire. Le concept d'une seule identité est contraire même à la nature humaine. Il faut chercher le socle des valeurs communes qui nous unissent, et non celles qui nous divisent.

Dialogue et dignité humaineEnsuite, l’imam nous fait un bref rappel du critère préférentiel qui n'est assigné, en Islam, ni à la culture, ni à la couleur de peau, ni à la langue, mais uniquement à la piété. Allah n'observe pas les apparences, Il s'in-téresse à nos actions et à l’intérieur de nos coeurs. L'honorabilité de l'homme se définit par le respect de la dignité humaine et par la vertu.

En conclusion, Mustafa Kastit met l'accent sur la question la plus pertinente à ses yeux. Comment gérer cette diversité, pas toujours acceptée et comprise ? Partir à la décou-verte de l'autre nécessite un prérequis : « reconnaître l'autre dans ce qu'il est et non dans ce qu'on aimerait qu'il soit ». De plus, le fait de s'intéresser à ceux qui nous entourent est un moyen de nourrir notre intelligence.

La non connaissance de l'autre peut s'es-tomper à partir du moment où l'on apprend à le connaître et à ne plus en avoir peur. C'est de l'ignorance que naît l'intolérance. Comme le dit un proverbe arabe, « celui qui a peur d'une chose la condamne au rejet. »

Rendez vous sur youtube (LMB TV) pour visionner l'interview du Professeur.

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Chari’a, jihad, califat… le sens des motsDans cette intervention, le professeur Ah-med JABALLAH s’attache à définir trois concepts islamiques controversés : chari’a, jihad et califat. Mal interprétés, ces mots suscitent la peur. C’est pourquoi approfondir leur véritable signification est une réelle né-cessité. Tout d’abord, il faut impérativement approfondir la réalité concrète de ces mots puisque beaucoup de personnes les utilisent abusivement et/ou erronément. Il est donc indispensable de revenir aux sources que sont le Coran et la tradition prophétique (Sunna).

Commençons par le mot chari’a. Ce mot est souvent repris par les médias et les politi-ciens en référence à un système juridique figé et sévère. Pourtant, la chari’a a pour première signification le retour à la source. Ce concept recouvre dans le Coran trois sens essentiels : le principe universel de bienfaisance, la voix de la raison et de la connaissance, ainsi que la reconnaissance des divergences.

Le mot jihad, quant à lui, signifie avant tout l’effort sur soi-même. C’est un travail exi-gent qui vise la purification de l’âme pour vivre à la hauteur de ses principes. Ce terme englobe également la notion d’effort dans le témoignage. En effet, le musulman doit

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témoigner de sa foi avec persévérance et patience, sans entrer inutilement en conflit avec les autres. Enfin, le mot jihad signifie aussi le combat que l’homme porte pour lutter contre l’injustice.

Enfin, la notion de califat, ou khalifa, renvoie à un mode de gouvernance de la commu-nauté musulmane, l’oumma. Dans ce sens, diriger est avant tout se mettre au service du peuple pour faciliter le vivre ensemble. Le dignitaire du pouvoir a ainsi la respon-sabilité de gérer les affaires publiques avec justice et équité.

En conclusion, il est de la responsabilité des politiques, des médias, des savants et de tous les musulmans de rétablir la vérité sur les interprétations de ces trois termes en se référant au Coran et à la tradition prophé-tique.

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l’homme, insouciant, court à sa perte. Ce-pendant, trois choses lui sont salutaires : son intelligence, sa conscience et ses actions.

Dans une époque où nous sommes for-tement influencés par l’évolution techno-logique, notre conscience se perd à cause des moyens et des facilités que nous avons nous-mêmes créés. Or, ce que nous avons construit est en train de nous détruire. Nous perdons beaucoup trop de temps avec les moyens de communication moderne (TV, Internet …) et nous oublions de prendre soin de notre âme.

Dès lors, comment se positionner quand tout ce qui nous définissait a disparu ? Com-ment faire face à cette crise identitaire que nous vivons dans ce monde en mutation ? Ce qui reste inchangé dans le temps, c’est

L’islam dans un monde en muta-tion – Valeurs et RésistancesL’islam dans un monde en mutation

Même pour le plus érudit des musulmans, le cheminement réflexif dans la prise de décision est de se référer d’abord au Coran, ensuite à la tradition prophétique et, s’il ne trouve pas la réponse à ses questions, de faire appel à son intelligence. Cette der-nière étape se nomme al ijtihâd et se dé-finit comme une réflexion et un jugement intellectuel autonome. Le professeur Tariq Ramadan rappelle que cette démarche reste inchangée, quels que soient l’époque et le lieu où l’on se situe. Depuis sa création, le monde est en mutation. D’ailleurs, Dieu dans le Coran aborde la notion du temps dans la sourate Al-asr, en mentionnant que 10

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14l’existence de l’homme et, à travers celle-ci, ses actes et sa conscience. Ainsi, lorsqu’un être humain affirme : je crois en Dieu, j’ai des principes et une conscience, il devient « un résistant ».

Valeurs et RésistancesPour le professeur, un résistant se définit comme une personne qui croit en Dieu, qui a des principes, qui est dotée d’une conscience et qui agit. C’est une résistance au nom de l’espoir qui va pousser l’individu à investir les champs intellectuels et ceux de l’action.

Le professeur souligne que les actes ne doivent pas reposer sur une conception capitaliste. Il faut sortir de la logique comp-table, car l’action a une portée beaucoup plus large. Elle se propage, elle se déploie, elle est spirituelle. La sadaqa en est un bon exemple puisque, dans la conception musul-mane, adresser un sourire est une aumône. Ainsi, loin de se focaliser sur une quel-conque comptabilité, ce qui est essentiel, c’est le bienfait ressenti.

Cependant, le professeur fait amèrement le constat de nombreux discours portés par des musulmans. « Ils ne sont pas clairs ! », dénonce-t-il. Pour l’être, ils devraient s’at-tacher au moins à trois principes : la vie, la nature et la paix.

Pour le premier principe, force est de constater que certaines vies semblent valoir

plus que d’autres. La vie d’un pauvre n’a pas la même valeur que celle d’un riche, celle d’un Africain ne vaut pas celle d’un Européen. Il s’agit là d’une trahison faite à l’humanité, car nous ne pouvons nous per-mettre de la hiérarchiser.

Pour ce qui est de la nature, deuxième principe fondamental, le musulman se doit de la respecter. Les messages transmis par le Coran s’inscrivent pleinement dans la nature puisque cette dernière est la démonstration du message divin. De ce fait, pour la res-pecter et devenir par là même un résistant, le musulman doit commencer par se res-ponsabiliser dans sa consommation, et pas seulement se préoccuper du halal.

Enfin, le troisième principe auquel le mu-sulman doit s’attacher est la paix. Être un résistant ne signifie pas être violent. Or, comme le déplore le professeur, chez les musulmans, il y a malheureusement plus de « cogneurs complexés » que de vrais résis-tants. A la différence des premiers, le résis-tant considère l’adversaire avec respect et reste courageux face à lui.

En conclusion, le professeur Tariq Rama-dan exhorte chaque musulman à devenir, au nom de l’espoir, un résistant, c’est-à-dire être un individu doté d’une conscience nourrie par des principes et des valeurs dans un monde qui change. Cette conscience ne pourra s’acquérir que par la foi et l’action. Si Dieu le veut.

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