La filière de valorisation des pneumatiques usagés.

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1 La fili re de valorisation des pneumatiques usag s. Prix TERRITORIA 2001 Environnement

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La filière de valorisation des pneumatiques usagés.

Prix TERRITORIA 2001Environnement

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Présentation de l’idée :

Dès 1991, la Région Alsace a engagé une réflexion sur la gestion des déchets devant conduire ultérieurement à la définition de la politique régionale en la matière.

La production annuelle de 685 000 pneumatiques usagés (équivalents pneus véhicules de tourisme) a attiré l’attention du service de l’environnement.

Lorsqu’ils ne sont pas gérés, ces pneus usagés présentent une nuisance et un risque pour notre environnement : brûlage sauvage (fumée noires et toxiques), dégradation du paysage, etc.

Lorsqu’ils rejoignent un circuit d’alimentation de déchets , ils finissent généralement dans les décharges contrôlées où ils sont très difficiles à stocker (objets incompressibles) tout en présentant un risque non négligeable en cas d’incendie.

L’idée directrice a consisté à examiner la faisabilité de la création d’un dispositif permettant de collecter et de valoriser les flux régionaux de pneumatiques usagés.

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Objectif :

L’objectif de la démarche a été de proposer la mise en place d’une filière complète de valorisation des pneumatiques usagés en Alsace, fiable et pérenne mais évolutive afin de s’adapter au progrès technologique, et devant s’inscrire dans le contexte socio-économique local.

N’étant pas étayée par un référentiel législatif, la filière a été dimensionnée initialement pour recevoir les 2/3 du flux régional, à savoir environ 4000 tonnes/an de pneumatiques usagés.

Démarche de mise en œuvre :

Un groupe de travail a été créé à l’initiative du Conseil Régional d’Alsace, comprenant notamment les représentants des Conseils Généraux, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie et l’Institut de Promotion Industrielle – Environnement Industriel de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Colmar et du Centre Alsace.

Une première étude a consisté à analyser les technologies de valorisation des pneumatiques usagés disponibles sur le marché et susceptibles d’être aménagées ou implantées en Alsace :

- La valorisation matière,

éléments structurels de chaussée (procédé PNEUSOL), murs anti-bruits, ensilage agricole, cryobroyage.

- La valorisation énergétique

thermolyse, incinération en mélange avec des ordures ménagères, incinération dans une unité industrielle, incinération dans une unité dédiée à la de production de chaleur.

La deuxième démarche a porté sur l’audition des porteurs des technologies identifiées lors de l’étude précédente et des partenaires industriels potentiels d’une telle opération.

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Finalement, le groupe de travail a arrêté les orientations suivantes :

- la valorisation des pneumatiques usagés doit s’appuyer sur deux débouchés technologiques distincts,

- l’un des débouchés est la valorisation matière (procédé PNEUSOL),- le deuxième débouché est la valorisation énergétique en cimenterie où les

pneumatiques se substituent pour partie au combustible de base (coke de pétrole),

- un appel à projet doit être lancé afin de sélectionner un opérateur susceptible d’assumer la collecte, le regroupement, le pré-traitement et la livraison des pneumatiques, en fonction du mode de valorisation final.

Contenu :

Les orientations définies par le groupe de travail ont conduit les partenaires* de la future filière à retenir les propositions de :

- la société ALSACE ENVIRONNEMENT, opérateur de la filière,- la société CIMENTS D’ORIGNY (groupe Holderbank) qui assure la valorisation

énergétique des déchiquetures de pneumatiques.

*- la Préfecture région Alsace - Le Conseil Régional d’Alsace - Le Conseil Général du Bas-Rhin - Le Conseil Général du Haut-Rhin - l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME)- Institut de Promotion Industriel« Environnement Industriel » de la CCI de Colmar- Les Corporations Obligatoires des Métiers de l’Automobile - la Société Alsace Environnement - la Société des Ciments d’Origny - la société Pneus Laurent- les Chambres Professionnels des Transporteurs routiers du Bas-Rhin et du Haut-Rhin- l’Association APURE (manufacturiers).

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La Société Alsace Environnement assure ainsi l’enlèvement, l’accueil de tous les pneumatiques usagés, leur broyage, leur tri-regroupement, leur pré-traitement éventuel et leur livraison.

Le déchiqueteur de pneumatiques permet de transformer mécaniquement par cisaillage et broyage des pneus entiers (VL, UL, PL, Génie Civil) en déchiquetures de dimensions moyennes 150 mm X 100 mm.

Le déchiqueteur :

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Cet outil a une capacité nominale de traitement de 10 tonnes/heure. Ses caractéristiques lui confèrent un niveau élevé de performances, parmi les meilleures du marché.

Chaque plate-forme de regroupement a été dimensionnée pour accueillir dans les meilleures conditions de sécurité les flux de pneumatiques qui sont triés et stockés ou déchiquetés en fonction de leur affectation.

Les pneumatiques, avant et après déchiquetage sont stockés en quartiers de hauteur maximale 4 m, de superficie maximale 900 m², séparés par des voies d’accès de largeur minimale de 15 m afin de garantir une répartition efficace des masses de pneus face au risque d’incendie. Les moyens adéquats de lutte contre l’incendie (conduites d’eau de fort diamètre, réservoir tampon, plate-forme d’aspiration, etc.) ont été mis en place.

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Les pneumatiques usagés, une fois stockés et triés, sont valorisés dans deux directions :

1) La valorisation en tant que matière première :

Ce type de valorisation comprend :

L’utilisation de pneumatiques entiers pour la construction de chaussées routières (procédé PNEUSOL)(environ 100t/an). Le procédé PNEUSOL consiste à poser des lits horizontaux de pneumatiques de même taille (diamètre et largeur), à flancs découpés ou non, liés entre eux par des attaches métalliques ou synthétiques.Un chantier expérimental conduit en 1988 sur la RN 66 au Col de Bussang, avec la participation du Conseil Régional d’Alsace, a permis d’améliorer les caractéristiques élastiques de l’infrastructure routière sans pour autant recourir à des techniques lourdes (ancrage de poutres en béton).Récemment, TRANSFORM’ a permis d’approvisionner le chantier de la Rocade Sud de STRASBOURG, pour la réalisation de tronçons routiers avec la technique PNEUSOL . L’existence de plates-formes de regroupement permet aujourd’hui de procéder au tri et au stockage de pneus destinés à contribuer au développement de l’utilisation de la technologie PNEUSOL en Alsace.

L’utilisation de pneumatiques en tant que matière secondaire pour la confection de sols sportifs (environ 100t/an).Cette technologie a déjà été mise en œuvre en Alsace, notamment dans des établissements d’enseignement secondaire.

2) La valorisation énergétique :

Les pneus usagés servent, une fois déchiqueté, de combustible de substitution dans le four cimentier des CIMENTS D’ORIGNY à ALTKIRCH. L’approvisionnement de 4 000 t/an de déchiquetures de pneus représente environ 10% des besoins énergétiques de la cimenterie.

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La valorisation énergétique des pneus a pour conséquences : Une diminution de la température de la flamme à la tuyère principale (moins de

coke), entraînant une diminution de rejets de NOx, Une augmentation de la température à la base de l’échangeur thermique, Le maintien de la température en zone de clinkerisation (>1450°c) nécessaire à la

production d’un clinker de qualité, Un rejet en soufre plus faible. La teneur en soufre d’un pneumatique est de 1,2%

(le coke de pétrole en contient 3,2% à 4,5%).

Convention de partenariat :

Dès l’origine, les participants ont signé une convention de partenariat, le 9 juillet 1993, réunissant les initiateurs, les professionnels, les transporteurs, un rechapeur, des industriels, etc., symbole d’une participation forte des acteurs de la filière.

La reconduction de la convention en 2000 puis en 2001, a été l’occasion d’accueillir de nouveaux partenaires :

- la société ECOMIX qui exploite depuis le 1er septembre 2000, une nouvelle unité de granulation de caoutchouc à FELDKIRCH (68),

- Les sites ALPHA, CRAT, LEVY, SITAL et RMB, opérateurs déchets qui contribueront à renforcer la collecte et le regroupement des flux de pneumatiques,

- La société COLMAR VIEUX PAPIERS qui a créé une plate-forme relais à COLMAR depuis juin 2001.

Initialement réservée à la collecte et/ou à l’apport de pneumatiques usagés non rechapables (déchets), la filière propose depuis mars 1999, un nouveau service qui consiste à accepter sur les plates-formes tous les pneumatiques de véhicules légers, non triés.

Une partie de ces pneumatiques peut être revendue dans les circuits commerciaux habituels (rechapage, négoce, etc.). Le coût d’accueil est donc considérablement réduit (2,92 F HT au lieu de 5,51 F HT par unité).

L’évolution de ce dispositif a permis de consolider les apports des professionnels de l’automobile dès les trois derniers trimestres de l’année 1999.

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Moyens humains :

Un Comité de suivi a été constitué. Dirigé par un président et assisté par un secrétaire, sa mission principale est d’analyser et d’évaluer le fonctionnement de la filière et le respect de l’engagement de chaque partenaire.

Moyens financiers :

Investissement :

Le coût global de création de la filière s’évalue à environ 15 MF :

- 6,43 MF pour la société ALSACE ENVIRONNEMENT (hors maîtrise foncière – création de deux plates-formes, acquisition du broyeur, acquisition de bennes, etc.)

- 8,5 MF pour les CIMENTS D’ORIGNY (aménagement de l’élaboration du fer, zone de stockage et de déchargement, dispositif de reprise automatisé, etc.)

La mise en place de la filière a bénéficié des aides récapitulées dans le tableau ci-dessous :

Coût de l’équipement

Ciment d’Origny

Alsace Environnement

Conseil Régional

FRME (CRA/ADEME)

CEEFEDER

Conseil Général 67

Conseil Général 68

Corporations

Equipement de la cimenterie

8,5 4,25 - - 1,4 2,85 - - -

Plate-forme de tri-stockage &déchiquetage

dans le 67

0,225 - 0,225 - - - - - -

Plate-forme de tri-stockage &déchiquetage

dans le 68

0,325 - 0,075 - - 0,250 - - -

Déchiqueteur mobile 4,434 - 3,548 0,886 - - - - -

Communication 0,320 0,100 0,100 - 0,050 0,070 X

Les montants sont exprimés en millions de francs.

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Fonctionnement :

Les propriétaires de pneumatiques financent le fonctionnement normal de La filière par le versement d’une redevance par type de pneumatique (VL, UL, PL , Agricole, etc), dont les montants sont établis en annexe de la convention de partenariat.

Elle s’élève à :- 10 f pour un pneumatique VL- 16 f pour un pneumatique UL- 70 f pour un pneumatique PL

Cette redevance est toujours la même quel que soit le lieu de remise des enveloppes usagées (professionnel du pneu, enseignes spécialisées, grandes distribution, etc).

Le montant de la redevance compense :- la prise en compte des pneus usagés non rechapables,- le coût de la collecte,- le coût du tri,- le coût du stockage,- le coût du déchiquetage,- le coût du transport,- le coût de l’incinération, compte tenu du retour de l’investissement de

l’équipement installé par la cimenterie.

S’ils livrent leurs pneus usagés directement sur l’une des deux plates-formes, les professionnels bénéficient de tarifs réduits, soit la valeur de la redevance minorée du coût de la collecte.

Bilan :

La filière TRANSFORM’ est opérationnelle depuis le 1er janvier 1994.

Plus de 28 000 tonnes de pneumatiques usagés ont été traitées dès lors, depuis l’opération préalable de déstockage (novembre – décembre 1993) jusqu’au 30 juin 2001, soit environ 3.500 tonnes/an.

La principale partie du flux ( près de 90%) a été valorisée énergétiquement en cimenterie :

- ALTKIRCH (68),- HEMING (57),- DOLE (39) à titre expérimental.

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Bien que la convention de partenariat ait fixé un seuil de 4.000/tonnes/an, l’activité de la filière TRANSFORM’ est très satisfaisante.

En effet, la démarche basée sur le volontariat des partenaires fondateurs ne s’est appuyée sur aucun encadrement réglementaire. Par ailleurs, elle constitue une première au plan national.

Actuellement, aucune filière comparable n’a été mise en service en France. Seules quelques régions ont installé des amorces de filière (stockage, regroupement, élimination, de stocks isolés, etc.). Elle a permis par ailleurs de résorber d’anciens dépôts de pneumatique en Alsace et dans d’autres régions.

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FILIERE TRANSFORM’BILAN DE L’ELIMINATION DES PNEUMATIQUES USAGES

PERIODE 1993/2000.

ENTREES PLATE-FORME (collecte & apports) LIVRAISON CIMENTERIEANNEES DEPOT DE PNEUS

Tonnage Annuel Tonnage Cumul Tonnage Annuel

1993 Déstockage 4.650,000 /

1994 Michelbach 640,00 1.298,000 6.588,000 Altkirch 2.058,000

1995 / 1.954,135 8.542,135 Altkirch 4.137,450

1996 Kehl 980,00 2.218,585 11.740,7204.237,950

Dôle 252,050

1997 Lille 690,70 2.421,114 14.852,534 Altkirch 3.428,000

1998 Colmar 766,42 2.149,876 17.768,830Altkirch 1.918,600

Héming 92,200

1999 / 2.808,442 20.577,272Altkirch 1.834,850

Héming 371,540

2000 3.380,022 23.957,294 Altkirch 1.424,500

TOTAL 3.077,12 23.957,294

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Perspectives :

La convention de partenariat relative à la filière de valorisation des pneumatiques usagés, TRANSFORM’, a été prorogée successivement jusqu’au 9 juillet 2003.

Ce délai a été instauré afin de pouvoir prendre en compte les dispositions du futur décret relatif à la mise sur le marché des pneumatiques et à leur élimination, et d’inscrire le prolongement de la filière régionale en cohérence avec les orientations de ce texte.

Il apparaît aujourd’hui que le décret est dans les rouages administratifs des autorités compétentes, mais qu’il n’a pas encore été publié.

Les principales dispositions envisagées devraient donner lieu à :

- la création d’un dispositif de financement de pneumatique usagé à l’amont de sa mise sur le marché, à l’instar des principes régissant les huiles ou piles,

- l’agrément des différentes actions (ramasseurs, éliminateurs, etc.) et le seul maintient d’opérateurs déclarés et certifiés (certification de service et/ou système de management de la qualité),

- la centralisation de fonds collectés auprès des producteurs (environ 150 MF au niveau national) au sein d’un organisme à désigner (APURE – Association des manufacturiers),

- la publication régulière des informations relatives à la vente de pneumatiques et des bilans de fonctionnement des filières retenues.

Le développement de la filière TRANSFORM’ s’inscrit d’ores et déjà dans le contexte du futur référentiel réglementaire :

- de par son expérience incomparable,- de par la volonté de ses acteurs à promouvoir leur action. Tous les opérateurs

industriels ont engagé la mise en place de système de management de la qualité devant leur permettre d’être agréés au sens du futur texte.