La femme comme champ de bataille · 2009-05-10 · Visniec m’a semblé une belle métaphore du...
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La femme comme
champ de bataille
Texte Matéi Visniec l Mise en scène Dominique BREYSSE l Création lumière Jacques DENIS
Avec Véronique LARDELLIER et Florence THOLLOT
dossier de présentation
évoque le drame bosniaque à travers l’histoire de
deux femmes, Dorra et Kate.
Psychologue américaine reconnue, Kate s’est d’abord engagée en Bosnie avec une
équipe chargée de déterrer des charniers mais confrontée à l’impensable, à
l’innommable, elle touche ses limites et demande son transfert en Allemagne, dans un
centre médical de l’OTAN. Elle retrouve la vie et peut de nouveau agir. Elle fait alors la
rencontre de Dorra, réfugiée bosniaque victime d’un viol collectif dans son pays et
arrivée en état de choc.
Au travers de sa relation avec Kate, Dorra extériorise sa haine. Elle apprend à
s’accepter, pour vivre avec l’enfant qu’elle porte.
Deux portraits croisés de femmes meurtries : en s’ouvrant à l’histoire de l’autre,
chacune pourra apprendre « à faire avec » : continuer de vivre sans avoir les réponses à
toutes les questions. Un bel exemple de résilience, « capacité à vivre, à se développer
en surmontant les chocs traumatiques. » (Le Petit Robert).
Les Balkans nous évoquent la démesure, l’exubérance, le sens de la fête, une
musique colorée et éclatante, mais aussi un conflit fratricide trop vite oublié, à
deux heures de Paris. La pièce met en avant la place de la femme en cas de guerre
« parce qu’elle est la femme de l’ennemi, sa mère, elle devient l’ennemi à abattre. On
utilise le corps des femmes comme un champ de bataille. En violant une femme, on
atteint l’honneur du mari, sa virilité, mais aussi la communauté toute entière. On
rappelle aux autres guerriers leur incapacité à défendre leurs femmes » (Extrait d’une
interview de Karima Guénivet, publiée dans la revue No pasarán en avril 2002.)
Matéï Visniec, dénonce la pratique du viol comme enjeu stratégique pour anéantir
l’ennemi. « Il ne s’agit pas d’actes isolés mais de viols massifs et systématiques. Et
pour la plupart, de viols planifiés politiquement. » souligne Karima Guénivet.
« À l’époque du conflit dans les Balkans, j’ai trouvé la passivité occidentale
inacceptable mais, il n’y avait pas de pétrole dans cette région... Le texte de Matéi
Visniec m’a semblé une belle métaphore du rapport Est-Ouest.
La Femme comme champ de bataille ou la rencontre de deux femmes en état de
souffrance.
Chacune ne peut s’en sortir qu’en s’occupant de l’autre, qu’en lui étant utile. À travers
leur mal être, elles sont touchées et attentives l’une à l’autre. Elles font preuve
d’empathie : chacune s’identifie à l’autre, éprouve les mêmes sensations qu’elle. J’ai
été sensible à cette tendresse qu’elles ont l’une pour l’autre. Malgré tout, elles sont très
confrontantes et ne se ménagent pas. Leur survie est à ce prix.
de cette pièce devait être simple, sobre. Il importait de ne pas tomber
dans le pathos. Le décor, constitué d’une multitude de vestes, de manteaux d’hommes
suspendus ou jonchant le sol, symbolise la réalité de ces deux femmes.
Les hommes sont omniprésents, qu’ils soient époux, pères, victimes, enfants, violeurs,
frères, voisins, cadavres… La haine de Dorra ne serait pas aussi forte si elle n’avait pas
« aimé », en quelque sorte, ses violeurs, ses compatriotes.
Le contraste entre le jeu des comédiennes et le décor met en avant la douceur et la
solitude de ces deux femmes. Les vestes d’hommes représentent une image choc,
violente, dérangeante.
Perdues parmi les vestes, extrêmement fragiles, Kate et Dorra nous donnent une belle
leçon de courage. Elles font avec leur présent et avancent. Dorra a été atteinte dans son
intégrité. En décidant de garder son enfant, elle tente de « ransformer l’infamie en
quelque chose de supportable » explique Matéï Visniec. Sa vie, Kate a complètement
intellectualisée sa vie, elle l’a construite sur la compréhension. Pour elle, tout a un
sens. Dans sa rencontre avec Dorra, elle doit remettre en cause ses fondements,
humainement et professionnellement parlant. Kate et Dorra apprennent qu’on peut
avancer sans comprendre pourquoi. Cette pièce est certes très dure mais pleine
Rôle de Kate
Le théâtre et Florence, c’est une longue histoire. Déjà, en 5e, elle
monte ; en 4e, ; au lycée,
...
Comédienne, elle a joué dans une dizaine de créations, dont
, une adaptation d’ . Elle
encadre des ateliers avec des adultes et des adolescents. Elle a
notamment mis en scène : d’Eric-
Emmanuel Schmitt, d’Agota Kristof...
Rôle de Dorra
Elle est diplômée d’une maîtrise d’Études théâtrales à Lyon 2.
Comédienne, elle a joué dans d’Eric Rohmer,
de Véra Feyder...
Elle interprète de nombreuses lectures spectacles notamment
de Maupassant, de
Tchekhov, d’Andersen. Elle encadre des ateliers de
théâtre et met en scène des textes d’auteurs classiques et
contemporains.
17 ans de théâtre amateur, revendiqué comme tel. « Ce n’est pas un
gage de non-qualité. » À son actif, Dominique a une dizaine de
mises en scènes et de créations. Il a joué dans et
de Camus, d’Alain Peillon,
de Christian Martinez... Il a mis en scène
de Yasmina Reza,
et ...
(Irepscènes Théâtre, Villeurbanne – Thmétro, Lyon, 03/2006)
C’est curieux comme la pièce m’a hantée toute la soirée : les phrases, les images, les
émotions... l :
entre sobriété et folie dans les différentes scènes, silences brillants du duo,
complémentarité de leur fragilités et de leurs courages...
Courriel de Barberine Georget
Superbe spectacle que cette pièce ! C’est dur, c’est violent et
... Bravo pour toute cette émotion... Les larmes n’étaient pas loin...
Sandrine Melon
pour porter à deux cette pièce pleine de désespoir et d’espoir, car la
vie continue malgré la laideur des hommes...
Rabia Degachi
Je ne pensais pas qu’on pouvait jouer une pièce sur un sujet aussi
. Bref, pour ceux qui n’y sont pas encore allés : foncez !
Courriel d’Aurélien Benoit
Quelle que d’être petit à petit emportée... Bravo !
Maryline Pilot
Merci pour ce que vous avez su pleinement nous faire
passer...
Benjamin Janiaud
Waou ! waou ! waou ! Encore un peu remuée. , très fort en
émotions, merci de nous l’avoir fait partager.
Sandra Gominet
Pièce écrite en résidence au Centre National des Écritures
du Spectacle (La Chartreuse) de Villeneuve-Lès-Avignon
(novembre¬-décembre 1996). Texte édité chez Actes Sud-
Papiers, 1997.
Note de l’Auteur : Cette pièce inspirée du drame bosniaque,
reste une œuvre de fiction. L’auteur a pourtant consulté une
vaste bibliographie concernant les Balkans, et a utilisé
quelques vrais témoignages pour la scène de fouille des
charniers et pour décrire « l’image » du pays de Dorra.
Dans cette dernière scène par exemple, l’auteur s’est inspiré
notamment de certains témoignages bouleversants apportés
par Vélibor Colic dans son livre Chronique des oubliés paru
en 1994 aux ÉDITIONS La Digitale et réédité ensuite chez
le Serpent à Plumes.
Contact
Véronique Lardellier 06 26 12 56 75