La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance...

107
La famille prend la parole : Évaluation de l’implantation d’un protocole d’évaluation familiale (PEF) dans l’intervention clinique Mémoire Andrés Dario Mendoza Herrera Maîtrise en Service social Maître en service social (M. Serv.Soc.) Québec, Canada © Andrés Dario Mendoza Herrera, 2017

Transcript of La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance...

Page 1: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

La famille prend la parole : Évaluation de l’implantation d’un

protocole d’évaluation familiale (PEF) dans l’intervention

clinique

Mémoire

Andrés Dario Mendoza Herrera

Maîtrise en Service social

Maître en service social (M. Serv.Soc.)

Québec, Canada

© Andrés Dario Mendoza Herrera, 2017

Page 2: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

La famille prend la parole : Évaluation de l’implantation d’un

protocole d’évaluation familiale (PEF) dans l’intervention

clinique

Mémoire

Andrés Dario Mendoza Herrera

Sous la direction de :

Robert Pauzé, directeur de recherche

Doris Chateauneuf, codirectrice de recherche

Page 3: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

iii

Résumé

L’objectif général de la présente étude était d’examiner le point de vue de parents sur

l’utilisation par les intervenants en protection de la jeunesse d’un protocole d’évaluation

afin de documenter leurs besoins. Afin d’accéder à l’information et aux perceptions des

répondants, l’entretien semi-structuré, ou semi-dirigé à questions ouvertes a été choisi

comme méthode de collecte de données pour cette recherche. Au total, 12 parents ont été

interviewés.

Les résultats de notre étude indiquent que la grande majorité des répondants affirme avoir

été ouverts et intéressés à compléter les questionnaires proposés. La principale critique

formulée par les répondants est le nombre important de questionnaires inclus dans le

protocole d’évaluation et le temps requis pour tous les compléter.

Nos résultats nous apprennent également que les résultats obtenus suite à la complétion des

questionnaires du protocole d’évaluation reflètent de façon adéquate et juste la situation des

familles et que cette pratique clinique permet aux répondants de réfléchir à leur situation

familiale et, pour certains, de comparer leur propre vision de différentes composantes de

leur fonctionnement familial avec celle des autres membres de leur famille (conjoint,

adolescent). De plus, il semble que l’utilisation du protocole d’évaluation aide l’intervenant

et la famille à cibler les aspects qui progressent bien, ou au contraire, qui fonctionnent

moins bien, et à établir des objectifs dans l’intervention clinique.

Page 4: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

iv

Table de Matières

Résumé……………………………………………………………………………………. iii

Table de Matières ………………………………………………...……………………… iv

Liste de Tableaux………………………………………….…………………………….. vii

Remerciements………………………………………………………………………….. viii

Introduction……………………………………………………………………………….. 1

Chapitre 1- La Problématique………………………………………….……………….. 3

1.1 Objet de l’étude…………………………………………………………………….. 3

1.2 Pertinence de l’étude……………………………………………………………….. 6

1.2.1 Pertinence sociale……………………………………………………………… 6

1.2.2 Pertinence scientifique………………………………………………………... 6

1.3 État des connaissances……………………………………………………………… 6

1.3.1 Avantages et désavantages de l’utilisation des instruments de mesure

dans le travail clinique……………….……………………………………….. 7

1.3.2 Les facteurs favorisant ou nuisant à l’utilisation des instruments

de mesure dans le travail clinique……………………………………………. 10

1.4 Limites des études…………………………………………………………………. 12

Chapitre 2 - Le cadre théorique………………………………………………………... 14

3.1 Définition de l’alliance thérapeutique……………………………………………... 15

3.2 Impact de l’alliance thérapeutique sur les résultats de l’intervention…………….. 15

3.3 Rôle de l’alliance thérapeutique…………………………………………………… 16

Chapitre 3 - Méthodologie………………………………………………………………. 17

3.1 La stratégie de recherche………………………………………………………….. 17

Page 5: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

v

3.1.1. L’approche privilégiée ……………………………………………………… 17

3.1.2 Type de recherche…………………………………………………………….. 18

3.1.2 Paradigme épistémologique…………………………………………………. 18

3.2 Le contexte de l’étude……………………………………………………………… 19

3.2.1 L’étude principale……………………………………………………………. 19

3.2.2 Le protocole d’évaluation familiale (PEF) au CJQ-IU………………………. 20

3.3 La population à l’étude…………………………………………………………….. 20

3.4 Échantillonnage…………………………………………………………………… 21

3.4.1 Méthode et techniques………………………………………………………... 21

3.4.2 Critères d’inclusion…………………………………………………………… 21

3.4.3 Modalités de recrutement…………………………………………………….. 22

3.4.4 Opérationnalisation de concepts……………………………………………… 23

3.4.5 Instruments de la collecte de données………………………………………… 24

3.5 Analyse de données de recherche………………………………………………….. 25

3.6 Les aspects éthiques……………………………………………………………….. 26

Chapitre 4 – Résultats…………………………………………………………………… 28

4.1 Perception en lien avec la passation……………………………………………….. 28

4.1.1 Présentation du PEF par l’intervenant………………………………………....28

4.1.2 Soutien reçu de l’intervenant…………………………………………………..29

4.1.3 Perceptions des répondants en regard des questions………………………... 31

4.1.4 Réaction face à la présentation initiale du protocole ………………………… 35

4.1.5 Auto réflexion en lien avec la passation du protocole…………………………38

4.2 Le protocole comme outil d’intervention : les résultats et le bilan clinique………. 40

4.2.1 Présentation et compréhension des résultats…………………………………. 40

4.2.2 Utilité perçue du protocole comme outil d’intervention……………………… 42

4.2.3 L’impact du protocole sur la relation avec l’intervenant…………………….. 43

4.2.4 Opinion des répondants sur la pertinence et l’applicabilité du PEF…………. 44

Page 6: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

vi

Conclusion……………………………………………………………………………….. 46

Chapitre 5 – Discussion………………………………………………………………….. 47

5.1 Perception des parents concernant les conditions et le processus

de passation des questionnaires………………………………………………….... 47

5.2 Perception des répondants concernant l’utilité clinique de cette pratique

sur le plan de la réponse aux besoins des familles………………………………... 50

5.2.1 La passation des questionnaires…………………………………………….… 50

5.2.2 La présentation des résultats par les intervenants…………………………….. 51

5.2.3 La correspondance des résultats avec la situation familiale réelle…………….51

5.2.4 Utilité du bilan clinique sur le plan de l’intervention………………………… 52

5.2.5 L’intérêt de maintenir cette pratique…………………………………………. 52

5.3 L’utilisation du protocole d’évaluation afin de contribuer à l’établissement

d’une alliance thérapeutique……………………………………………………… 52

6.4 Limites de l’étude……………………………………………………………………. 54

Conclusion……………………………………………………………………………….. 55

Références ……………………………………………………………………………….. 56

Annexes…………………………………………………………………………………… 62

- Annexe A. Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés dans le travail clinique…............................................................................... 63

- Annexe B. Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure standardisés

dans la pratique clinique ………………………………………………………………. 76

- Annexe C. Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure standardisés

dans la pratique clinique ………………………………………………………………. 81

- Annexe D. Tableau 4. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de

la famille (0-5 et 6-17ans)………………………………………………………………. 87

- Annexe E. Schéma d’entrevue………………………………………………………… 91

- Annexe F. Formulaire de consentement des parents………………………………..… 94

- Annexe G. Formulaire d’autorisation de transmission d’informations………………. 97

Page 7: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

vii

Liste de Tableaux

Tableau 1. Opérationnalisation des concepts……………………………………………. 23

Tableau 2. Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés dans le travail clinique (Annexe A)…...……………………….. 63

Tableau 3. Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure standardisés

dans la pratique clinique (Annexe B)………………………............................ 76

Tableau 4. Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure standardisés

dans la pratique clinique (Annexe C)………………………………………... 81

Tableau 5. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de la famille

(0-5 et 6-17 ans) (Annexe E)………………………………………………… 87

Page 8: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

viii

Remerciements

Je suis émerveillé de constater une autre fois qu’autour d’un désir fort et d’une attitude

déterminée de l’être humain, une multiplicité de personnes et de circonstances se place afin

de concrétiser des objectifs, malgré les épreuves, les défis et les doutes qui les

accompagnent. Cette logique qui accompagne la réussite s’applique autant pour un étudiant

comme moi, un Québécois qui est né dans un autre pays, sous l’influence d’une autre

culture et d’une autre langue, que pour des familles qui traversent des circonstances

difficiles comme celles que nous avons interviewées dans la présente étude et que je

remercie pour leur inestimable contribution. Dans les deux cas, la persistance et

l’accompagnement opportun favorisent l’atteinte des objectifs.

Je voudrais remercier Robert Pauzé, mon directeur de recherche et Doris Châteauneuf, ma

codirectrice, pour leur travail de soutien aux professionnels qui interviennent auprès de

familles en difficulté en leur fournissant des outils d’évaluation pertinents pour soutenir

leur intervention. J’ai eu la chance de participer à ce projet en travaillant sur le point de vue

des familles concernant l’utilisation de questionnaires standardisés dans la pratique

clinique. Je remercie M. Pauzé pour sa patience, son attitude positive et encourageante et

pour ses connaissances dans le domaine de la recherche et de l’intervention clinique. En ce

qui concerne Doris, je voudrais la remercier pour l’appui particulier concernant les

méthodes de recherche qualitative et aussi pour sa disponibilité, son écoute et son respect

profond de mes idées.

Je remercie Dieu pour la présence de ma famille. Rosa Elena, ma belle épouse, qui m’a

soutenu psychologique et spirituellement tout au long de la démarche de la Maîtrise. Sergio

et Manuela, mes jeunes enfants, qui ont su être sages et patients avec un père souvent

occupé avec ses engagements scolaires. Mes frères et sœurs qui, malgré la distance, n’ont

pas cessé de m’encourager à poursuivre mes études. Je pense ici à Félix Gómez et ses

enfants Pascal, Melissa et Mathieu, ainsi qu’à mes cousines Pilar Correa et famille, Cecilia

et María Eugenia Mendoza.

Page 9: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

ix

Je voudrais finalement remercier d’autres personnes avec lesquelles j’ai eu la chance de

construire une belle amitié à Québec et qui, par leur affection, m’ont donné la force d’aller

jusqu’au bout dans mon cheminement de mes études, notamment Umberto Giannettoni,

Gilles Lébel, Diane Chartre, Francis Paquet, Lyne Defoy, Andréa Bélanger, André Héeren,

Daniela et Christian Sacy, Marc Saint-Hilaire, Marcelline Bangali, Éric Plante, Marc

Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon

Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres Marcel Dumond et Jules Côtes,

ainsi que d’autres personnes qui d’une façon ou d’une autre ont collaboré à la finalisation

de cette recherche et de la Maîtrise.

Page 10: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

1

Introduction

Tout au long de son évolution, la famille doit s’organiser et faire preuve de souplesse afin

de faire face à de nombreux défis développementaux, d’assurer la sécurité et la réponse aux

besoins de ses membres, de s’ajuster aux exigences de l’environnement et ainsi maintenir

son équilibre. Certaines familles réussissent à trouver des réponses appropriées nécessaires

à ces demandes. D’autres éprouvent des difficultés à y répondre et font appel à des services

d’aide psychosociaux pour y parvenir. D’autres, enfin, sont référées aux services de la

protection de la jeunesse puisqu’elles n’arrivent pas à répondre adéquatement aux différents

besoins de leurs membres, la sécurité et le développement des enfants concernés s’en

trouvant menacés.

Une fois référées aux services de la protection de la jeunesse, les familles bénéficiant de

services au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (CJQ-IU)1 sont invitées, par

les intervenants sociaux à l’application des mesures, à compléter un protocole d’évaluation

(ensemble de questionnaires standardisés) afin de mieux cerner leurs besoins. Cette

pratique évaluative constitue une innovation dans ce milieu de pratique.

La lecture des écrits scientifiques sur l’utilisation d’instruments de mesure standardisés

dans la pratique clinique permet de constater qu’il n’y a pas de consensus entre les

intervenants sur cette utilisation: plusieurs voient d’un bon œil l’utilisation de

questionnaires standardisés dans la pratique clinique. D’autres, au contraire, y voient

certains désavantages.

1 Actuellement le « Centre jeunesse de Québec- Institut universitaire » fait partie du CIUSSS de la Capitale

Nationale, mais comme l’étude a débuté avant la fusion des établissements, nous utiliserons l’appellation

« Centre jeunesse de Québec –Institut universitaire » dans le présent document.

Page 11: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

2

Fait à noter, aucune étude n’a été réalisée afin de sonder le point de vue des parents eux-

mêmes qui doivent compléter ces questionnaires sur l’utilité et la pertinence de cette

pratique clinique. La présente étude vise à combler cette lacune.

La présente étude qualitative de type exploratoire, s’intéresse à la perception des parents

qui ont eu à remplir ces questionnaires. Notre question est la suivante: quelle est la

perception des parents concernant les conditions et le processus de passation d’un protocole

d’évaluation lors de leur entrée dans les services au Centre jeunesse de Québec et quelle est

leur perception concernant l’utilité clinique de cette pratique? La collecte des données a été

faite par entrevues téléphoniques semi-dirigées.

Le paradigme scientifique sur lequel s’appuie cette étude est le constructivisme qui

reconnait les réalités étudiées, comme des réalités construites à partir des expériences,

impressions, perceptions des acteurs concernés, ainsi que comme un produit de leur

échange intersubjectif, à travers le langage.

Ce présent document comprend cinq sections : 1- la problématique qui inclut la pertinence

sociale et scientifique de l’étude ainsi que la recension des écrits; 2- le cadre conceptuel qui

comprendre la construction de l’alliance thérapeutique, 3- la méthodologie de l’étude; 4- les

résultats obtenus et 5- la discussion.

Page 12: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

3

Chapitre 1

La problématique

Ce chapitre présent la problématique de la recherche de façon à comprendre le contexte qui

entoure l’implantation des outils d’évaluation standardisée dans la pratique clinique du

Centre Jeunesse de Québec institut universitaire et le désir d’évaluer cette implantation.

L’objet d’étude, la présentation de la proposition de recherche, ainsi que la pertinence

sociale et scientifique de cette étude feront partie de ce chapitre qui se termine avec l’état

de connaissances et les limites des études recensées.

1.1 Objet d’étude

À l’automne 2010, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) rendait public le

Cadre de référence pour la désignation universitaire des établissements du secteur des

services sociaux. Dans ce document, il est mentionné que les instituts universitaires doivent

« promouvoir le développement de la recherche au sein du réseau afin d’améliorer les

connaissances sur les problèmes sociaux, leurs déterminants et les groupes vulnérables, de

favoriser une meilleure prestation des services, des programmes et des pratiques

professionnelles » (p. 15). Dans ce même document, on discute de l’importance « de

permettre une meilleure compréhension des problèmes reliés (…) aux jeunes en difficulté et

à leur famille » (p. 15), de soutenir l’amélioration des pratiques auprès autant des jeunes

que de leurs familles, de mesurer l’efficacité et la portée des pratiques courantes et de

soutenir l’expérimentation et l’implantation de pratiques innovantes. Selon le point de vue

de la ministre déléguée aux services sociaux, l’objectif des instituts universitaires est

d’offrir des services toujours meilleurs à la population québécoise.

Page 13: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

4

Sur la base de ces recommandations du MSSS, le CJQ-IU a décidé de développer et

d’implanter un protocole d’évaluation. Un protocole d’évaluation est un regroupement de

questionnaires standardisés visant à évaluer différents facteurs de risque et de protection

associés à une problématique. Ces questionnaires sont choisis sur la base d’un modèle

explicatif de la problématique ciblée, de la pertinence de leur contenu, de la qualité de leurs

propriétés psychométriques, de la facilité pour les parents et les jeunes de les compléter, de

la facilité à traiter les données, ainsi que de leur sensibilité à détecter les changements suite

à une intervention. Il s’agit d’une évaluation basée sur des données probantes (Hunsley &

Mash, 2007 ; Cohen, La Greca, Blount, Kazak, Holmbeck & Lemanek, 2008 ; Connors,

Arora, Curtis & Stephan, 2015).2

L’implantation de ce protocole d’évaluation au Centre jeunesse de Québec poursuit

plusieurs objectifs : mieux documenter les caractéristiques développementales,

psychologiques, familiales et sociales des jeunes recevant des services au CJQ-IU et leur

évolution dans le temps; donner la parole aux jeunes et aux familles dans l’élaboration du

plan d’intervention afin de contribuer à l’établissement d’une alliance thérapeutique avec

leur intervenant, facteur déterminant du succès de l’intervention (Norcross, 2002); soutenir

les intervenants dans la planification de leurs interventions; contribuer au développement

de la recherche sur les caractéristiques des jeunes et des familles bénéficiant de services en

protection de la jeunesse; évaluer l’effet des interventions. Tous ces objectifs sont

conformes au mandat des instituts universitaires (Cadre de référence, 2013).

Plusieurs avantages sont mentionnés par les chercheurs concernant l’utilisation

d’instruments de mesure standardisés dans la pratique clinique. Entre autres, elle permet de

2 L’évaluation clinique basée sur les données probantes doit s’appuyer sur les données de recherche

concernant les construits reliés à la problématique ciblée (Hunsley et al., 2007). Cette évaluation doit se faire

à partir d’instruments de mesure présentant de bonnes propriétés psychométriques, être utilisées à intervalles

réguliers, doit faciliter l’établissement d’un diagnostic juste et le choix d’un traitement, permettre de fournir

un portrait global de la situation et de documenter le progrès (Connors, et al., 2015). Ces mesures doivent

répondre à deux objectifs : 1- l’amélioration de la compréhension de la situation du client ou de la pathologie

et 2- la mise en place de recommandations claires portant sur le développement et l’implantation du

traitement (Cohen et al., 2008).

Page 14: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

5

dresser un portrait clinique complet du client (Jensen Doss et Hamilton, 2005), d’évaluer

les progrès du client et ainsi mesurer l’efficacité d’un traitement (Kazdin, 2007, 2008;

Rittner et Wodarski, 1995). Elle permet également d’obtenir des informations qui ne sont

pas directement observables lors des entrevues avec un jeune ou une famille, d’avoir accès

aux points de vue de différents répondants concernant la problématique ciblée et de réduire

le temps requis par les praticiens pour collecter l’information (Rittner et al., 1995) et en

même temps d’augmenter les sources d’informations disponibles (Wodarski, Holosko et

Feit, 2015). Enfin, l’utilisation de protocoles d’évaluation assure que l’intervenant

n’établisse pas trop rapidement un diagnostic sans récolter toutes les informations

pertinentes (Jensen Doss et al., 2005) et que les informations importantes sur la situation du

jeune et de sa famille ne soient pas omises par l’intervenant (Martin, Fishman, Baxter et

Ford, 2011). Maden (2003) insiste sur le fait que l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés ne vise pas à remplacer le jugement clinique des intervenants mais plutôt à le

soutenir.

De nombreuses études ont également été réalisées auprès des intervenants eux-mêmes

concernant les avantages et les limites de cette pratique clinique. Fait à noter, nous n’avons

recensé aucune étude portant sur le point de vue des jeunes et des familles qui doivent

compléter ces questionnaires. La présente étude vise à combler cette lacune.

L’objectif général de cette étude est d’examiner le point de vue des parents sur l’utilisation

par les intervenants en protection de la jeunesse d’un protocole d’évaluation afin de

documenter leurs besoins. De façon spécifique, cette étude vise d’une part à documenter la

perception des parents en lien avec les conditions et le processus de passation des

questionnaires et, d’autre part, leur perception concernant l’utilité clinique de cette pratique

pour répondre à leurs besoins.

Page 15: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

6

1.2 Pertinence de l’étude

1.2.1 Pertinence sociale

Les réponses à ces questions permettront d’apprécier le point de vue des jeunes et des

familles concernant la portée et la pertinence de cette pratique clinique. Cette connaissance

pourra éventuellement aider les intervenants à mieux préparer les futurs parents qui auront

à compléter ce protocole d’évaluation et possiblement à mieux comprendre la réserve de

certains parents face à cette pratique. Certaines informations pourront aussi être utiles afin

de mieux cerner comment les intervenants utilisent ce protocole et quelle approche ils

privilégient auprès des parents. Enfin, cette étude pourra aider les intervenants à développer

une méthode capable de favoriser l’engagement de la famille en lien à la construction d’un

plan d’action.

1.2.2 Pertinence scientifique

Sur le plan de la recherche, les informations qui seront colligées dans le cadre de cette

étude permettront aux chercheurs de mieux comprendre l’impact d’une telle pratique

clinique sur les familles et éventuellement d’ajuster ou de développer des outils mieux

adaptés à la réalité des familles. Ces informations pourront éventuellement informer les

chercheurs sur l’utilité clinique d’une telle pratique selon le point de vue des répondants.

1.3 État des connaissances

Deux recensions d’écrits ont été réalisés au cours de l’été 2015 afin 1- de documenter les

avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans la

pratique clinique des intervenants et 2- d’identifier les facteurs pouvant favoriser ou nuire à

l’implantation d’instruments de mesure standardisés dans les milieux de pratique. Les mots

clés qui ont été utilisés sont les suivants : systematic assessment; standardized assessment;

systematic evaluation; standardized evaluation; social worker attitudes ; practitioners

attitudes; child welfare; child social services; child protection; clinical practice; routine

outcome measurement. Les banques de données consultées sont PsycINFO et Social Work

Abstracts.

Page 16: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

7

Dans le cadre de cet état de connaissances actuelles nous présentons les principales

conclusions de ces deux recensions d’écrits.

1.3.1 Avantages et désavantages de l’utilisation des instruments de mesure dans le

travail clinique

Dans cette première section, nous présenterons les résultats d’études recensées sur les

avantages et les désavantages de l’utilisation de d’instruments de mesure standardisés dans

le contexte de la pratique clinique. Les conclusions des études concernant les avantages et

désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans le travail clinique

sont présentées dans le tableau 1 (voir annexe A).

Les avantages. Les instruments de mesure standardisés visent principalement à soutenir la

prise de décision des intervenants concernant les meilleurs traitements à offrir et à pallier

aux erreurs possibles du jugement clinique (Garland, Kruse et Aarons, 2003; Maden, 2003 ;

Hatfield et Ogles, 2004; Jensen Doss et al., 2005; Kazdin, 2006; Martin et al., 2011;

Coombs, Stapley & Pirkis, 2011; Ford, Last, Henley, Norman, Guglani, Kelesidi, Martin,

Moran, Latham-Cork, & Goodman, 2013).

Plusieurs arguments militent en faveur de l’utilisation d’instruments de mesure dans le

travail clinique des intervenants. Parmi les principales utilités de cette pratique (voir tableau

1), notons la possibilité d’obtenir des informations qui ne sont pas directement observables

lors des entrevues avec un jeune ou une famille, d’avoir accès aux points de vue de

différents répondants concernant la problématique ciblée (Rittner et al., 1995) et de détecter

des difficultés qui peuvent parfois échapper aux intervenants (Martin et al, 2011). Elle

permet également d’augmenter la diversité des sources d’informations dans la

compréhension d’une problématique (Wodarski et al., 2015).

Par ailleurs, d’autres soulignent le fait que cette pratique peut contribuer à réduire le temps

requis par les praticiens pour collecter l’information (Rittner et al., 1995), éviter que des

informations importantes sur la situation du jeune et de sa famille ne soient omises par

Page 17: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

8

l’intervenant (Martin et al., 2011; Wodarski et al., 2015) et à s’assurer que celui-ci

n’établisse pas un diagnostic trop hâtif (Jensen Doss et al., 2005). À cet égard, certains

auteurs avancent l’idée que cette pratique contribue à augmenter l’exactitude de

l’évaluation (Ford et al., 2013; Lyon, Dorsey, Pullmann, Silbaugh-Cowdin, & Berliner,

2015).

Dans un autre ordre d’idées, il appert que l’utilisation d’instruments de mesure standardisés

peut servir à évaluer adéquatement la comorbidité et la sévérité des symptômes (Trauer,

2004) et à détecter des troubles émotionnels (Reeves, Charter et Ford, 2016). Pour certains,

cette pratique peut être utile pour faire du dépistage (Mash et Hunsley, 2005) et identifier

différents profils cliniques (Mash et al., 2005).

Globalement, cette pratique permet de dresser un portrait clinique complet du client (Jensen

Doss et al., 2005) et de bien cibler les problématiques auxquelles il est confronté (Martin et

al., 2011). Certains affirment que l’utilisation d’instruments de mesure peut faciliter le

processus décisionnel dans la pratique clinique en contribuant à guider les décisions

(Coombs et al., 2011; Lyon et al., 2015), et être utile pour identifier et planifier le

traitement le plus approprié (Ford et al., 2013; Lyon et al., 2015) ou encore pour établir un

pronostic (Mash et al., 2005). En cours de traitement, l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés permettrait d’évaluer les progrès des clients (Rittner et al., 1995; Kazdin, 2007,

2008; Coombs et al., 2011; Parabiaghi, Kortrijk, & Mulder, 2014) en fonction de leur profil

clinique (Hatfield et al., 2004) et de déterminer la nécessité de modifier un traitement si

nécessaire (Hatfield et al., 2004). En outre, on note que cette pratique en cours

d’intervention peut permettre aux clients de percevoir clairement les changements dans leur

fonctionnement et d’exprimer leur satisfaction en regard des services reçus (Wodarski et

al., 2015).

Pour les clients, l’utilisation d’instruments de mesure standardisés contribuerait à favoriser

leur implication dans le traitement (Slade, Thornicroft & Glover, 1999; Batty, Moldavsky,

Foroushani, Pass, Marriott, Sayal, & Hollis, 2013 ; McKay, Coombs et Duerden, 2014;

Gelkopf, Pagorek-Eshel, Trauer, & Roe, 2015).

Page 18: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

9

Par ailleurs, pour les intervenants, cette pratique favoriserait la collaboration et la

concertation multidisciplinaire et le partage d’un langage commun entre les intervenants

indépendamment du champ d’expertise (Slade et al., 1999; Gilbody, House & Sheldon,

2002b; Coombs et al., 2011) et une meilleure entente entre les intervenants quant au

diagnostic et au traitement à recommander (Slade et al., 1999).

Pour les gestionnaires, la mise en commun de données colligées auprès de plusieurs clients

aiderait à l’évaluation et la planification des programmes et permettrait de mettre à niveau

la qualité des soins de santé au sein des systèmes et des agences et ultimement d’augmenter

la qualité des services de santé (Garland et al., 2003; Valenstein, Adler, Berlant, Dixon,

Dulit, Goldman, Hackman, Oslin, Siris, & Sonis, 2009).

Pour les chercheurs, cette pratique permettrait d’évaluer le degré de correspondance entre

les caractéristiques des clients et la nature des services qui leur sont offerts et les effets des

interventions (Garland et al., 2003). Elle peut également contribuer à nourrir le

développement des connaissances concernant les besoins des clientèles et l’effet des

interventions (Coombs et al., 2011; Kazdin, 2006) et à identifier les secteurs de

développement de nouvelles pratiques (Hall, Moldavsky, Taylor, Sayal, Marriott, Batty &

Hollis, 2014).

Les désavantages. Selon les études recensées, l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés dans la pratique clinique présente aussi certains désavantages. On note que

cette pratique pourrait contribuer à la sous-utilisation des compétences des intervenants sur

le plan de leurs habiletés d’évaluation clinique (Martin et al.,, 2011). D’autres avancent

l’idée que cette pratique pourrait nuire à l’établissement de l’alliance thérapeutique avec la

famille et, conséquemment, entraver le travail clinique (Gilbody et al., 2002b; Martin et al.,

2011). Pour certains, cette pratique contribuerait au risque d’étiqueter le client (Hall et al.,

2014).

Par ailleurs, on note que cette pratique pourrait susciter de la désirabilité sociale chez

certains clients (Wodarski et al., 2015). Ceux-ci pourraient donner des réponses plus

Page 19: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

10

défavorables pour obtenir des services plus rapides ou, en contrepartie, minimiser

l’évaluation de leur situation pour se sortir d’un service qu’ils ne souhaitent pas obtenir. On

émet également l’hypothèse que certains clients pourraient modifier leurs réponses afin de

ne pas déplaire à leur thérapeute (Bilsker & Goldner, 2002) ou pour poursuivre leur

thérapie (Gelkopf et al., 2015).

Par ailleurs, il appert que l’utilisation d’instruments de mesure peut être irritant pour ceux

qui doivent les administrer en raison du temps requis pour la passation et des coûts

engendrés (Maden, 2003). Cette pratique contribuerait aussi à l’ajout de paperasse, à la

réduction du temps d’intervention et à l’ajout d’un fardeau pour les clients (Hatfield et al.,

2004). Certains questionnent même la capacité des outils de mesure à détecter les

particularités individuelles des clients et considèrent qu’ils sont pour ainsi dire simplistes et

réductionnistes (Gilbody et al., 2002b; Bewick, Trusler, K., Mullin, Grant, & Mothersole,

2006; Meehan, McCombes, Hatzipetrou & Catchpoole, 2006). Enfin, on souligne le fait

que cette pratique peut être coûteuse en temps et en argent (Lyon et al., 2015; Reeves et al.,

2016).

1.3.2 Les facteurs favorisant ou nuisant à l’utilisation d’instruments de mesure dans la

pratique clinique

Dans cette deuxième section, nous présentons les conclusions des études concernant

l’identification des facteurs pouvant favoriser l’utilisation d’instruments de mesure dans la

pratique clinique des intervenants. Les conclusions de ces études sont présentées dans le

tableau 2 (voir annexe B).

Facteurs favorables. Plusieurs facteurs pourraient favoriser l’utilisation d’instruments de

mesure dans la pratique clinique. Parmi ceux-ci, on note le fait que les intervenants aient

une attitude positive concernant l’utilité pratique des outils et l’apport d’informations

complémentaires à leur jugement clinique (Jensen Doss et Hawley, 2010). D’autres

insistent sur l’importance de la formation des intervenants sur les outils (Hall et al., 2014;

Lyon et al., 2015). En outre, certains chercheurs recommandent d’assurer une formation

aux intervenants sur comment introduire les outils aux clients (Rittner et al., 1995; Batty et

Page 20: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

11

al., 2013). Dans un autre ordre d’idées, il appert que la rétroaction rapide aux intervenants

sur les résultats obtenus à l’aide des questionnaires contribuerait à leur utilisation (Bewick

et al., 2006; Batty et al., 2013). Enfin, d’autres recommandent de retenir des outils

d’évaluation brefs (Meehan et al., 2006), de réduire le fardeau administratif (Hall et al.,

2014) et de favoriser la présence de mentor (Mellor-Clark, Cross, Macdonald, & Skjulsvik,

2016).

Facteurs défavorables. Les conclusions des études concernant l’identification des facteurs

pouvant nuire à l’utilisation d’instruments de mesure dans la pratique clinique sont

présentées dans le tableau 3 (voir annexe C).

Différentes catégories de facteurs pouvant nuire à l’implantation d’outils d’évaluation

standardisés dans la pratique clinique sont identifiés par les chercheurs. D’abord, sur le plan

de l’administration des questionnaires, certains chercheurs identifient comme facteurs

défavorables le manque de temps des intervenants pour administrer les questionnaires

(principale barrière d’implantation) (Humphris, Littlejohns, Victor, O'halloran et Peacock,

2000; Gilbody, House & Sheldon, 2002a; Hallas, et Melnyk, 2003; Santana, Haverman,

Absolom, Takeuchi, Feeny, Grootenhuis & Velikova, 2015), la difficulté de certains

parents à comprendre les questions (Garland et al., 2003), la nécessité d’aider les clients à

comprendre le sens de certaines phrases surtout avec les items à double négation (Lyon,

Ludwig, Wasse, Bergstrom, Hendrix et McCauley, 2016) et un nombre trop important de

questionnaires (Maden, 2003).

Sur le plan de la pratique clinique, les facteurs nuisibles identifiés sont le manque de

formation des intervenants à l’utilisation et à la passation d’instruments de mesure et à

l’interprétation des résultats (Hall et al., 2014; Lyon et al., 2015; Reeves et al., 2016), le

manque de compréhension des résultats de la part des intervenants (Rochette, Korner-

Bitensky & Thomas, 2009), leur difficulté à introduire les instruments standardisés auprès

des familles et des jeunes (Wodarski et al., 2015) et leur difficulté à faire des liens entre les

résultats obtenus (Maden, 2003) ou à appliquer les résultats dans leur suivi (Gilbody et al.,

2002b).

Page 21: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

12

Sur le plan de la valeur intrinsèque des instruments de mesure, d’autres chercheurs

identifient comme facteur défavorable le manque d’assurance des intervenants concernant

les valeurs psychométriques des instruments de mesure (Gilbody et al., 2002b), un doute

concernant la capacité des instruments de mesure à évaluer correctement les changements

chez les clients (Garland et al., 2003), le manque d’adaptation des questionnaires au niveau

du langage et de la culture des clients (Lyon et al., 2016) et le manque de validité de

certaines réponses causé par la difficulté des clients de comprendre les questions (Lyon et

al., 2016).

Enfin, sur le plan institutionnel, certains mettent l’accent sur le manque de ressources

financières de l’établissement (Garland, Haine-Schlagel, Brookman-Frazee, Baker-Ericzen,

Trask et Fawley-King, 2013), le manque de ressources technologiques et administratives

(Gilbody et al., 2002a ; Gilbody et al., 2002b) et l’obligation imposée par l’établissement

d’utiliser des instruments de mesure dans la pratique clinique (Rochette et al., 2009).

1.4 Limites des études

Certaines limites s’appliquent aux études recensées. Concernant les études sur les avantages

et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure dans la pratique clinique notons

que plusieurs articles sont des avis de chercheurs (Slade et al., 1999; Maden, 2003; Kazdin,

2006; Boswell, Kraus, Miller & Lambert, 2013; Hall et al, 2014; Wodarski et al., 2015).

Quelques études ont été réalisées sur la base de l’utilisation d’un nombre limité

d’instruments de mesure (Garland et al., 2003; Jensen Doss et al., 2005). Par ailleurs,

plusieurs études portent sur de petits échantillons de répondants (Coombs et al., 2011 ;

Lyon et al., 2015). Enfin, une seule étude prend en compte le point de vue des clients

(Gelkopf et al., 2015). Il s’agit de 73 clients adultes présentant un diagnostic de maladie

mentale sévère. Aucune étude ne porte sur des parents bénéficiant de services en protection

de la jeunesse.

Concernant les études sur les facteurs pouvant favoriser ou nuire à l’implantation

d’instruments de mesure dans la pratique clinique, ici aussi plusieurs études sont des avis

Page 22: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

13

d’auteurs (Rittner et al, 1995; Hallas et al., 2003; Maden, 2003 ; Rochette et al., 2009;

Garland et al., 2013; Hall et al., 2014 ; Mellor-Clark et al.., 2014; Wodarski et al., 2015) et

quelques études portent sur un nombre limité de répondants (Lyon et al., 2016).

Au final, aucune étude recensée ne porte spécifiquement sur l’utilisation et l’implantation

d’un protocole d’évaluation, c’est-à-dire sur un regroupement de nombreux instruments de

mesure standardisés, et aucune étude ne s’est penchée comme tel sur le point de vue des

familles et des jeunes en regard de l’utilité clinique de ce type de pratique.

Page 23: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

14

Chapitre 2

Le cadre théorique

Sur le plan clinique, l’utilisation de ce protocole d’évaluation vise principalement à donner

la parole aux familles et aux jeunes, à comprendre leur point de vue et à favoriser leur

participation lors de la planification de l’intervention. Fondamentalement, la visée des

intervenants est le renforcement de leur alliance thérapeutique avec les familles et les

jeunes. D’ailleurs, dans le cadre de la dernière évaluation d’agrément du CJQ-IU, les

évaluateurs externes ont insisté sur l’importance de travailler au renforcement de la qualité

de la relation thérapeutique et de l’alliance thérapeutique entre les familles et les

intervenants. Les résultats de différentes études montrent que l’utilisation des outils

standardisés pourrait nuire à l’alliance thérapeutique (Gilbody et al., 2002b ; Martin et al.,

2011) ou, au contraire, de la contribuer à son établissement (Slade et al., 1999; Batty et

coll., 2013; Gelkopf et coll., 2015). Dans le cadre de ce troisième chapitre, nous présentons

les éléments constitutifs de l’alliance thérapeutique et l’impact de l’alliance thérapeutique

sur l’évolution des clientèles.

D’entrée de jeu, il est important de souligner que l’efficacité de tout type de thérapie

dépend de la capacité du client et du thérapeute de construire une relation de collaboration

(Norcross, 2002). Selon cet auteur, les facteurs les plus fortement associés aux effets de

l’intervention sont, par ordre d’importance, 1- la motivation du client, 2- les facteurs

personnels du thérapeute (notamment leur capacité à établir une alliance thérapeutique) et

3- les techniques d’intervention.

Les auteurs dans le domaine insistent sur l’importance de distinguer la relation

thérapeutique de l’alliance thérapeutique. La première comprend l’ensemble des sentiments

Page 24: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

15

et attitudes que le thérapeute et le client ont l’un envers l’autre et la manière dont ils sont

exprimés (Norcross, 2002). Or, la présence d’un lien affectif avec le jeune ne garantit pas la

présence d’une alliance. L’alliance thérapeutique concerne plus spécifiquement le lien

affectif et collaboratif qui se développe dans le cadre du traitement.

3.1 Définition de l’alliance thérapeutique

L’alliance thérapeutique réfère à la qualité et à la force de la relation de collaboration entre

le client et le thérapeute lors de la thérapie (Bordin, 1979, 1983). Les trois caractéristiques

principales de l’alliance thérapeutique sont 1- une entente sur les objectifs de

l’intervention, 2- une entente sur les tâches ou les moyens retenus pour les atteindre et 3- un

lien affectif positif entre le client et le thérapeute caractérisé par la confiance mutuelle, le

respect et la bienveillance. Ce lien permet de négocier les objectifs et les tâches (Hovarth et

Bedi, 2002).

3.2 Impact de l’alliance thérapeutique sur les résultats de l’intervention

L’alliance thérapeutique est plus fortement associée aux effets de l’intervention que les

techniques elles-mêmes (Norcross, 2002; Lambert, Bickman, de Andrade, Doucette,

Sapyta, Boyd, Rumberger & Rauktis, 2004). La taille de l’effet de l’alliance thérapeutique

sur les effets de l’intervention varie entre 0,21 et 0,26 (selon Hovarth et al., 2002) (méta-

analyse de 24 études) ou autour de 0,22 (selon Lambert, 2013) (selon Martin, Garske &

Davis, 2000) (méta-analyse de 79 études). Il s’agit d’une taille d’effet modérée. Quand

l’alliance est mesurée à de multiples reprises au cours du suivi, on note une corrélation de

0,27 entre l’alliance thérapeutique et les résultats de l’intervention (Hovarth et al., 2002).

Enfin, il ressort que l’alliance mesurée au début de l’intervention (entre la 3e et la 5

e

rencontre) semble être un meilleur prédicteur des résultats que l’alliance mesurée au milieu

du suivi (Hovarth et al., 2002).

Certaines données de recherche tendent à démontrer qu’une difficulté à établir une alliance

thérapeutique au cours des trois premières rencontres est plus fortement associée à

Page 25: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

16

l’abandon du traitement (ou à une moindre évolution) que le niveau de sévérité des

difficultés présentées par le client, variable qui ne permet pas de distinguer ceux qui

abandonnent de ceux qui vont jusqu’au bout du traitement (Botella, Corbella, Belles,

Pacheco, Herrero, Ribas & Pedro, 2008). En conséquence, l’établissement de l’alliance

thérapeutique constitue une priorité, principalement en début de suivi.

3.3 Rôle de l’alliance thérapeutique

L’alliance thérapeutique est considérée comme le véhicule pour introduire les consignes

thérapeutiques (Biehal, 2008). Elle est considérée comme un médiateur important du

changement (Ruch, 2005 dans Biehal, 2008), une précondition pour que les techniques et

les procédures aient des effets bénéfiques sur le client (Botella et al., 2008). Dans les

situations où l’intervenant n’est pas capable d’établir une alliance thérapeutique,

l’intervention se traduit généralement par un abandon du suivi ou un échec (Biehal, 2008).

Page 26: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

17

Chapitre 3

Méthodologie

Ce quatrième chapitre vise à présenter les aspects méthodologiques de l’étude. Dans

l’ordre, nous présentons l’approche privilégiée, le type de recherche, le paradigme

épistémologique, le contexte de l’étude, le protocole d’évaluation utilisé, la population à

l’étude, le tableau d’opérationnalisation de l’étude, l’instrument de mesure utilisé et nous

discutons des aspects éthiques de la recherche.

3.1 La stratégie de recherche

3.1.1. L’approche privilégiée

Pour documenter la perception des répondants concernant l’utilisation du protocole

d’évaluation familiale (PEF), la présente étude s’appuie sur une approche qualitative en

dans une démarche inductive de recherche. Le choix de cette approche se justifie par le fait

que l’on s’intéresse à la perspective des acteurs dans une situation donnée. Ainsi,

l’implantation du PEF constitue un « phénomène qui peut être décrit et compris à partir des

significations que les participants donnent aux événements » (McMillan et Schumacher,

1989, p. 93, cité par Chevrier, 2009) dans « l’espoir de faire avancer les connaissances »

(Chevrier, 2009, p.74) dans le contexte de la pratique clinique au Centre Jeunesse de

Québec. Une démarche méthodologique inductive de nature qualitative permet de porter

une attention particulière aux perceptions, croyances et expériences des personnes (Mayer,

Ouellet, St-Jacques et Turcotte, 2000; Strauss et Corbin, 2004). L’approche qualitative

s’intéresse à la subjectivité des acteurs et à leur interprétation des phénomènes sociaux

(Deslauriers, 1991). Dans la présente étude, le choix d’une approche qualitative se justifie

par l’objectif principal poursuivi, soit connaître les perceptions et points de vue des familles

Page 27: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

18

en difficulté appelées à remplir des questionnaires (protocoles d’évaluation familiale) en

contexte d’intervention en protection de l’enfance.

3.1.2 Type de recherche

Considérant les objectifs de la présente étude ainsi que l’état actuel des connaissances sur

ce sujet, une recherche de type exploratoire sera privilégiée. En effet, malgré une volonté

de plus en plus affirmée de recourir à l’évaluation systématique dans les pratiques

d’intervention, les connaissances sur l’expérience et le point de vue des usagers dans un tel

contexte demeurent encore limitées. La recherche de type exploratoire permet de mieux

comprendre la complexité de certains phénomènes sociaux et de porter une attention

spécifique aux préoccupations vécues par les acteurs (Deslauriers et Kérisit, 1997). Pour

augmenter la validité interne de cette étude, les trois chercheurs impliqués dans cette étude

ont mis en commun leur perception des entretiens enregistrés. Cette triangulation entre

chercheurs permet de réduire les biais propres de l’interprétation que peut faire chacun

d’eux.

3.1.2 Paradigme épistémologique

Les approches qualitatives de recherche sont étroitement reliées au paradigme

épistémologique constructiviste. Ce paradigme remet en question l’objectivité et la

neutralité de la science issue du paradigme de la recherche traditionnelle positiviste,

puisque l’investigateur et l’investigué sont réunis dans une seule entité interactive et les

résultats de la recherche sont créés à travers cette interaction (Guba & Lincoln, 1994).

Selon ce modèle, il n’y a pas de réalité unique mais plutôt des réalités multiples influencées

par le contexte. L’accent est mis sur le caractère intersubjectif de la réalité, laquelle n’existe

pas indépendamment du sujet (Von Foërster, dans Segal, 1994). Autrement dit,

l’expérience de chaque personne et le contexte dans lequel elle se produit contribue à la

construction émergente de la réalité qui est intersubjective dans la relation entre personnes

à travers le langage. C’est cette réalité que nous souhaitons documenter afin de mieux saisir

l’expérience des répondants. D’ailleurs, c’est leur expérience d’avoir complété un protocole

d’évaluation que nous souhaitons documenter. Ces informations permettront de mieux

saisir la posture, l’attitude des répondants face à cette pratique et à mieux cerner leur

Page 28: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

19

compréhension de cette pratique. D’ailleurs, les répondants qui ont participé de cette étude

sont les seuls à pouvoir nous informer de l’utilité ou non de cette pratique à partir de ce

qu’ils peuvent communiquer sur leur vécu: ont-ils appris quelque chose sur leur réalité en

complétant ces questionnaires; les résultats obtenus leur ont-ils été utiles dans leur

engagement dans l’intervention; ont-ils perçu une certaine utilité dans leur relation avec

leur intervenant.

3.2 Le contexte de l’étude

Telle que mentionnée auparavant, le contexte de cette étude comporte l’implantation d’un

protocole d’évaluation familiale (PEF) dans la pratique clinique de Centre Jeunesse de

Québec, ainsi que l’évaluation de cette implantation de la part des propres usagers. Cela

résulte convenable d’indiquer que la présente étude s’inscrit dans un projet d’évaluation

plus vaste conduit par Châteauneuf et Arseneault (2015) au Centre Jeunesse de Québec –

Institut Universitaire intitulé « L’implantation et utilisation du protocole d’évaluation

familiale : positions des intervenants, des gestionnaires et des familles ».

3.2.1 L’étude principale

L’étude principale plus ample s’appuie sur un devis d’évaluation mixte, comprenant trois

volets : Le premier volet consiste à mesurer, quantitativement et en deux temps de mesure,

la perception de l’ensemble des intervenants de l’application des mesures (environ une

centaine) quant aux différents aspects liés à l’implantation du protocole, afin de documenter

le niveau d’utilisation du protocole dans les pratiques des intervenants et l’efficacité des

stratégies d’implantation mises en place pour faciliter leur intégration. Parmi les aspects

explorés par un sondage, s’incluent la formation, la mobilisation, la perception de la

pertinence et l’utilisation des ressources. Ce sondage a aussi permis de dresser un portrait

de l’état d’avancement de l’implantation du protocole. Le deuxième volet vise à obtenir le

point de vue d’intervenants sociaux (n=20) ayant utilisé le protocole d’évaluation ainsi que

celui des gestionnaires chefs d’équipe dans le secteur de l’application des mesures (n=5)

cette fois à partir d’une approche qualitative. Finalement, le troisième volet, sur lequel va

Page 29: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

20

porter la présente étude, concerne la perception de familles et leurs impressions en regard

de la passation et de l’utilité clinique du PEF.

3.2.2 Le protocole d’évaluation familiale (PEF) au CJQ-IU

Le protocole d’évaluation du fonctionnement de la famille (PEF) dont son implantation est

au centre de l’évaluation des différents acteurs concernés, dans notre cas des familles que

l’ont utilisé, a été développé par l’équipe scientifique de l’Institut universitaire du Centre

jeunesse de Québec. Rappelons qu’un protocole d’évaluation est le résultat de la

combinaison de plusieurs instruments de mesure standardisés et de questionnaires maison

visant à évaluer différents besoins chez la clientèle ciblée. Le protocole utilisé au CJQ-IU

vise à évaluer les principaux besoins de la famille et de ses membres. Cette pratique est

implantée au Centre jeunesse de Québec depuis 2015.

Le tableau 4 vise à présenter les différents questionnaires qui composent le protocole

d’évaluation utilisé au Centre jeunesse de Québec. Le choix de ces questionnaires a été fait

sur la base de leurs qualités psychométriques et de leur pertinence en regard des dimensions

à évaluer (voir Annexe D).

3.3 La population à l’étude

La population à l’étude est constituée de familles suivies par les services du Centre

Jeunesse de Québec - Institut universitaire (CJQ-IU) ayant passé au moins une fois le

protocole d’évaluation familiale. Il s’agit de familles en situation de difficulté qui, pour

diverses circonstances, n’ont pas été en mesure de garantir la sécurité ou de promouvoir le

développement de leurs enfants. Ces familles sont accompagnées par des intervenants de

l’application de mesures au CJQ-IU.

Page 30: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

21

3.4 Échantillonnage

3.4.1 Méthode et techniques

Dans la présente étude, un échantillonnage par cas multiple, en l’occurrence l’échantillon

par homogénéisation a été privilégié. Cet échantillonnage se dérive des caractéristiques du

groupe étudié et de leur relative homogénéité reliée au milieu qui entoure ses membres. Ce

« milieu est organisé par le même ensemble de rapports socio-structurels » (Bertaux, 1980,

p. 205). Il s’agite d’un groupe bien précis de parents qui sont passés les questionnaires du

PEF et qui ont reçu leur bilan de résultats en tant qu’usagers à l’application de mesures du

Centre Jeunesse de Québec institut universitaire. La technique de volontaires a été choisie

dans le sens que les familles ont été informées de la tenue du projet et choisissaient d’y

participer ou non. Il a été convenu de réaliser 12 entretiens avec des familles, correspondant

aux critères établis, suivant les conclusions de l’étude de Guest, Bunce et Johnson (2006)

qui montre qu’après la douzième entrevue, la cueillette d’informations atteint un point de

saturation, c’est-à-dire que l’information obtenue commence à se répéter, ce qui indique

que l’ensemble de données sur le sujet est complet (Bowen, 2008).

3.4.2 Critères d’inclusion

L’aide des intervenants à l’application de mesures a été sollicitée pour cibler les familles

qui pouvaient potentiellement être recrutées. Les familles choisies pour cette étude ont dû

passer au moins une fois le protocole d’évaluation familiale (PEF) et avoir reçu une

rétroaction de résultats de la part de leur intervenant de l’application de mesures à travers

un bilan clinique3 produit par un système informatique à la suite de la passation du

protocole PEF. Ces questionnaires sont complétés par les parents et les jeunes de plus de 12

3 Ce bilan clinique est un document résumé qui organise les données dans des catégories et des sous-

catégories parmi lesquelles se trouvent : les caractéristiques démographiques, la stabilité du milieu de vie du

jeune et de la famille, les ressources des parents, la détresse psychologique vécue par les figures parentales et

les événements stressants, l’histoire des parents et la dynamique du couple et finalement, le fonctionnement

de la famille. Ce bilan permet de faire une rétroaction auprès de la famille et de travailler avec celle-ci le plan

d’intervention.

Page 31: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

22

ans généralement dans les trois mois suivant le début de l’entrée à l’application des mesures

suite à l’évaluation du signalement. L’intervenant doit préalablement établir son lien avec

la famille avant de proposer le protocole d’évaluation à la famille afin de s’assurer que la

famille et le jeune sont disposés à répondre de façon honnête aux questionnaires. Au total,

12 familles ont participé à l’étude.

3.4.3 Modalités de recrutement

Pour recruter les familles participantes, les intervenants sociaux du secteur de l’application

des mesures ont été mis à contribution. Lorsqu’un nouveau protocole était saisi par

l’assistant de recherche de l’Institut universitaire du Centre jeunesse de Québec, le

chercheur responsable ou son auxiliaire de recherche avisait l’intervenant responsable que

la famille évaluée était admissible au projet de recherche. Suite à la rencontre au cours de

laquelle les résultats de l’évaluation sont présentés à la famille (bilan clinique),

l’intervenant informait la famille concernée de la tenue du projet de recherche en lui

remettant une feuille synthèse du projet (feuillet explicatif). Si la famille s’avérait

intéressée, l’intervenant remplissait ensuite avec le ou les parents le formulaire

d’autorisation de transmission des coordonnées téléphoniques permettant à un assistant de

recherche de les téléphoner pour la tenue d’un entretien. Dans les deux semaines suivant la

réception du formulaire d'autorisation, l’assistant de recherche entrait en contact avec la

famille par téléphone pour lui expliquer le projet de même que la teneur de la participation

attendue. Si la famille était toujours disposée à participer au projet, l’entretien pouvait avoir

lieu sur le champ ou un rendez-vous était fixé dans les jours suivants, selon les

disponibilités de la famille.

Avant d’amorcer l’entretien de recherche, l’assistant prenait soin d’obtenir le consentement

verbal de la famille suite à la lecture du formulaire de consentement (les appels étaient

enregistrés tel qu'indiqué dans le formulaire de consentement). L’entretien durait par la

suite une trentaine de minutes. Lorsque le questionnaire était terminé, l’assistant avisait la

famille qu’il ferait un envoi postal dans les jours suivants. Cet envoi contenait une

compensation financière de 20$ (sous forme de carte cadeau). Le numéro de suivi sur les

cartes cadeaux permet quant à lui de confirmer l'utilisation de la carte. En plus d’éviter des

Page 32: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

23

frais de déplacements, cette façon de procéder évite que l’intervenant responsable soit

présent lors de l’entretien, ce qui pourrait compromettre le caractère confidentiel de la

participation de la famille au projet de recherche.

3.4.4 Opérationnalisation de concepts

Les objectifs de la présente étude sont de documenter la perception des parents en lien avec

les conditions et le processus de passation des questionnaires associés au protocole

d’évaluation familiale et d’examiner leurs perceptions concernant l’utilité clinique de cette

pratique pour répondre à leurs besoins.

Sur la base de ces objectifs, deux concepts méritent d’être opérationnalisés sur le plan

méthodologique, soit celui de «perception des répondants» et celui d’«utilité sur le plan

clinique ». Le tableau 1 suivant permet de mieux définir ces deux concepts et dresse un

portrait des différents sujets abordés avec les familles au cours des entretiens. Le concept

de « perception » fait référence à la compréhension de la réalité à partir de la perspective

des acteurs sociaux concernant la passation du PEF. Par ailleurs, le concept d’«utilité sur le

plan clinique» renvoie à l’utilisation faite par la famille des résultats présentés par

l’intervenant social suite à la passation des questionnaires.

Tableau 1. Opérationnalisation des concepts

Concepts Dimensions Indicateurs

Perception des

répondants

- Réfère à la compréhension des

répondants concernant le contenu du

protocole.

- Réfère à la compréhension des

répondants sur la manière de

compléter les questionnaires.

- Réfère à la facilité ou non de

compléter les questionnaires.

- Réfère à la facilité ou non de

répondre aux questions.

- Est-ce que le contenu du protocole semble

clair pour les répondants?

- Est-ce que les instructions données aux

répondants pour compléter les

questionnaires étaient précises et adéquates?

- L’intervenant a-t-il vérifié la

compréhension des questionnaires par les

répondants et leur capacité de lecture?

- Est-ce que certaines questions se sont

avérées gênantes ou plus difficiles à

Page 33: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

24

- Réfère aux craintes pouvant être

vécues par les répondants quant à

l’utilisation des réponses par les

intervenants.

- Réfère au temps requis pour

compléter les questionnaires inclus

dans le protocole.

comprendre?

- L’intervenant a-t-il rassuré la famille sur le

fait que leurs réponses visent essentiellement à

cerner leurs besoins et à évaluer les

interventions?

- Est-ce que les intervenants ont bien informé

les répondants sur la charge de travail exigée

et sur le temps requis pour compléter les

questionnaires?

Utilité sur le

plan clinique

- Réfère aux apprentissages faits par

les répondants au cours de la

complétion des questionnaires

- Réfère à la rétroaction de

l’intervenant.

- Réfère à la compréhension des

répondants de leur situation.

- Réfère à l’impact du protocole sur

l’intervention.

- Réfère à l’établissement du lien

thérapeutique des répondants avec

l’intervenant

- Les répondants ont-ils eu l’impression que

le fait de répondre aux questionnaires leur

permettait de réfléchir à leur situation

personnelle et familiale?

- L’intervenant a t-il pris le temps

d’expliquer aux répondants les résultats

obtenus et de répondre à leurs questions?

- Les résultats obtenus et le suivi clinique

effectué par l’intervenant ont-ils permis aux

répondants de mieux comprendre leur

situation et d’être mieux compris par

l’intervenant?

- L’intervenant a t-il utilisé les résultats du

PEF dans la planification de l’intervention?

- Le fait de compléter le protocole a-t-il

contribué au renforcement du lien

thérapeutique?

3.4.5 Instruments de la collecte de données

Afin d’accéder à l’information et aux perceptions des répondants, l’entretien semi-structuré,

à questions ouvertes a été choisi comme méthode de collecte de données pour cette

recherche. Ces entretiens se sont fait par téléphone et chacune d'entre elles a eu une

moyenne de 30 minutes, étant enregistrée à travers un magnétophone afin de permettre leur

transcription intégrale. Les guides d’entretiens semi-structurées permettent au chercheur

d’adopter une attitude semi-directive afin de « centrer les propos du narrateur sur certains

thèmes limités par l’objet de la recherche » (Mayer et al., 2000, p. 183). En plus, selon

Poupart (1997), l’entretien à question ouverte de type qualitatif constitue une « porte

Page 34: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

25

d’accès aux réalités sociales » et permet d’expliquer la réalité du point de vue des acteurs

concernés par le sujet étudié. La décision de cette approche méthodologique repose sur la

pertinence d’explorer directement, à travers l’entrevue, les points de vue des familles et de

questionner leur expérience en lien avec le protocole. L’élaboration préalable d’un guide

d’entretien permet d’établir un certain nombre de thèmes à aborder, mais il ne détermine

pas la façon exacte de poser les questions à la famille; l’entretien qualitatif semi-dirigé est

évolutif et le contenu n’est jamais totalement prévisible. Le schéma d’entrevue est présenté

dans l’annexe E. Le formulaire de consentement (familles) est présenté en annexe F. Enfin,

le formulaire d’autorisation de transmission d’informations est présenté en annexe G.

3.5 Analyse des données de recherche

L’analyse de contenu des données « est une méthode qui se veut capable d’effectuer

l’exploitation totale et objective des données informationnelles (…) et qui vise à faire

ressortir ce que le texte signifie » (Muchielli, 1974, dans L’Écuyer, 1990, p. 8). Cette

démarche a été réalisée à partir d’une approche inductive, dans le contexte d’une recherche

exploratoire, en partant des données brutes qui permettent d’accéder à de nouvelles

compréhensions sur des phénomènes sociaux, comme celui de la perception des usagers sur

l’implantation des outils standardisée dans la pratique clinique au Centre Jeunesse de

Québec. Plusieurs étapes proposées par Mayer et al., (2000) ont été considérés dans la

présente étude concernant l’analyse de données de recherche. Une première étape consiste

à préparer le matériel en ce qui concerne à la transcription intégrale de chaque entrevue

enregistrée en protégeant l’identité de chaque répondant en assignant un code par famille

(F1, F2… à F12). La deuxième étape est la pré-analyse de l’information, à travers la lecture

flottante de la totalité du matériel comme une immersion initiale reliée au phénomène

étudié. Ensuite, la sélection des extraits autour des unités d’analyses proposées dans le

tableau 1, autour des concepts opérationnels de «perception » et d’« utilité ». Cette

réorganisation d’information permet l’émergence de certaines hypothèses, en tant

qu’explications provisoires et préliminaires à être vérifiées dans l’analyse autour des unités

d’analyse. La troisième étape, c’est une période de codage, de découpage, de raffinement

des catégories et de l’émergence des autres qui sont le produit des nuances issues de la mise

Page 35: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

26

en relation de l’information regroupée, soit de façon inductive, à travers la similitude des

données ou, de façon déductive, reliée à une théorie existante (Mayer et coll. 2000). Même

s’il s’agit d’une étude qualitative, c’est pertinent de tenir compte du nombre de fois qu’une

certaine idée ou un mot est mentionné par les répondants pour se faire une image de sa

présence dans de différents contextes où elle est mentionnée. La dernière étape, consiste à

interpréter les résultats pour leur donner une signification contextuelle.

3.6 Les aspects éthiques

Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche plus vaste dirigé par Doris

Châteauneuf, co-directrice de ce mémoire. Cette recherche plus vaste a obtenu une

approbation du comité d’éthique et de la recherche du Centre jeunesse de Québec. Le

numéro du projet est 2015-08.

La réalisation de cette étude comporte des enjeux éthiques qui concernent la protection des

personnes en situation de vulnérabilité. En effet, la préservation de la confidentialité des

données a été un aspect essentiel. D'un côté, les données enregistrées à travers un système

d'audio ont été gardées soigneusement par les membres de l'équipe de recherche. Tout

prénom ou nom de famille des participants, ainsi que toute autre donnée permettant

d’identifier une personne ou une famille ont été retirés des transcriptions et du mémoire lui-

même. De plus, considérant que le sujet de cette étude porte en partie sur des éléments de

la relation thérapeutique entre l'intervenant et la famille, en aucun temps les intervenants

n’ont pu avoir accès aux données de recherche.

Les familles contactées pour participer au projet avaient au préalable reçu un document

écrit sur l'étude, ses objectifs, les avantages et les inconvénients de leur participation ce qui

a permis à chacune d'entre elles de prendre une libre, volontaire et éclairée quant à leur

participation. À cet égard, elles ont donné leur consentement verbal à un membre de

l’équipe de recherche qui a procédé à l’enregistrement de ce consentement avant la tenue de

l’entretien comme tel. Chaque participant a été informé de son droit d’arrêter sa

Page 36: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

27

participation à l’entrevue téléphonique, ainsi que de son droit de recevoir une compensation

financière de 20$ pour sa contribution à l’étude.

Page 37: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

28

Chapitre 4

Résultats

Cette section vise à présenter les résultats de la recherche. Elle se divise en deux parties

principales, une première portant sur les perceptions des participants en lien avec la

passation et le contenu des questionnaires et une deuxième qui s’intéresse plus

spécifiquement à comment les parents abordent et se positionnent à l’égard de l’utilité

clinique du protocole d’évaluation familiale.

4.1 Perception en lien avec la passation

4.1.1 Présentation du PEF par l’intervenant

Avant que les familles débutent la passation des protocoles, les intervenants ont présenté le

protocole d’évaluation familiale aux parents et leur ont proposé, sur une base volontaire, de

remplir les questionnaires. Les répondants font mention de différents termes pour désigner

la façon dont le protocole leur a été présenté: un outil d’évaluation, un outil pour une

recherche, un sondage, un formulaire, une évaluation, un outil familial, un portrait familial,

un projet pilote. À cet égard, la famille (F) No.4 (F4) a indiqué que l’intervenante « nous a

demandé si ça nous intéressait de faire partie d’un projet-pilote. J’ai dit oui » (F4).

Une majorité de répondants (8 sur 12) a affirmé avoir reçu des informations claires de la

part de leur intervenant au moment de la présentation des questionnaires. Par exemple, des

participants se sont fait dire par leur intervenant que le PEF avait pour objectif central

d’évaluer leur propre situation familiale ou encore qu’il leur permettrait de bénéficier de

l’amélioration des services.

Page 38: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

29

On m’a proposé de prendre ce sondage… que ça pourrait vraiment nous aider, de cibler la

problématique familiale donc, j’ai accepté de le faire (F2).

Oui, oui. Pour eux, afin de m’apporter un service qui correspondait plus précisément à mes

besoins et aux besoins des enfants. Que ça les aidait à guider pour m’offrir un service plus

efficace (F6).

Ainsi, selon certains participants, les intervenants insistaient sur l’intérêt et les avantages de

la passation du PEF pour leur famille, ce qui encourageait ces dernières à participer : « De

la manière qu’elle m’a expliqué le principe et tout. Elle dit « Ça, ça va nous donner un bilan

pour pouvoir vraiment cibler, vous apporter le soutien qui vous correspond ». « C’est

comme faire un plan d’intervention », elle dit « Je vais individualiser ». Donc, moi je l’ai

perçu de même. C’est pour ça que moi, j’ai donné mon accord tout de suite » (F6).

Par ailleurs, deux répondants indiquent que la passation des protocoles semblait davantage

relevée d’une tâche à remplir pour l’intervenant :

Bien, euh, elle (l’intervenante) avait l’air un peu perplexe elle aussi, à savoir à quoi ça allait

servir, elle savait que c’était par rapport à une étude, puis elle, elle était comme euh, dans le

devoir, je crois, de les donner et de l’offrir à, à euh… Pas à ces clients, en tout cas, je ne sais

pas trop comment dire ça, aux parents des enfants avec qui… qui sont dans les dossiers (F10).

Finalement, un répondant avait l’impression que le PEF n’avait pas de lien avec sa situation

particulière, même si son intervenante avait une impression opposée :

Elle (l’intervenante) trouvait que j’étais une personne intéressante pour ce type de

questionnaires-là. Puis, c’est nouveau elle ». (…) « Des avantages pour moi, je ne suis pas sûre

qu’il y en a ». (…) « ça ne s’appliquait pas tout à moi non plus là… Je… Tu sais, je ne suis pas

le cas classique de la DPJ non plus, ça fait que…(F9).

4. 1.2 Soutien reçu de l’intervenant

Lors des entretiens, les participants étaient questionnés sur le soutien reçu de la part de leur

intervenant au moment de la passation des questionnaires. Les deux tiers des répondants (8

sur 12) affirment que leur intervenant était disponible pour les aider à bien comprendre les

questions et à remplir les questionnaires du PEF si nécessaire :

Oui, parce que c’est sûr qu’il y avait des questions qui me laissaient perplexes et c’est

justement [nom de l’intervenante], elle m’a guidée là-dedans pour m’aider à mieux comprendre

Page 39: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

30

le sens… c’était quoi la question précisément. Des fois, c’était plus ou moins embêtant à

répondre, elle m’a accompagnée là-dedans (F6).

Bien que six répondants aient affirmé avoir rempli la totalité de questionnaires du PEF

seuls, l’autre moitié a sollicité l’aide de leur intervenant afin de les remplir. Sur ces 6

participants, 3 ont complété les questionnaires entièrement avec leur intervenant et 3 autres

ont complété le PEF en partie seuls et en partie avec l’aide de leur intervenant : « Je l’ai

complété seule à la maison en fait, mais j’avais toujours la possibilité de lui poser des

questions advenant le cas qu’il y ait quelque chose qui n’était pas très clair. On a fait un

retour de toute façon avec ce questionnaire-là avant de l’envoyer aux fins d’analyse » (F2).

Une autre famille : « Oui, bien... Dans le fond, elle m’avait donné les documents en

premier, pour que je le fasse toute seule, puis après ça, bien, on l’a faite ensemble

finalement » (F7).

Concernant la capacité des répondants à remplir les questionnaires de façon autonome, un

répondant mentionne que le niveau de scolarité des parents était un critère utilisé par son

intervenant afin de déterminer la nécessité ou non de compléter les questionnaires avec

eux :

Il me semble que oui, elle m’avait euh… donné des instructions que c’était des questions

qu’elle n’avait pas besoin que je sois avec elle… euh, qu’elle soit avec moi, parce que, j’avais

une instruction plus haut qu’un secondaire 5. Donc... mais ceux-là, en bas de secondaire 5, si je

ne me trompe pas, il fallait qu’elle aille avec la personne puis qu’elle reste avec elle (F8).

Parmi les six répondants qui ont demandé de l’aide aux intervenants, certains ont affirmé

que cette aide avait été déterminante afin de réussir à comprendre et à remplir les

questionnaires. Une répondante explique que le fait d’avoir eu des difficultés avec

certaines questions l’a amenée à demander l’aide de son intervenante et à remplir avec elle

une partie des questionnaires : « Euh, oui, elle l’a rempli avec moi. Elle l’a rempli avec

moi, puis elle avait commencé à le remplir aussi avec mon garçon ». (…) « moi, je l’ai

rempli avec mon intervenante en plusieurs fois » (F12). La famille 6 affirmait que « Oui, je

veux dire… l’aide de l’intervenante. Ça, c’est super. Ça ne m’a pas été : « Tiens, remplis

ça et débrouille-toi avec ça ». J’ai vraiment eu… ça aide beaucoup ». (…) «L’ensemble des

questions c’était quand même pas pire » (F6).

Page 40: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

31

Par contre, trois parents soutiennent que lorsque leurs enfants ou adolescents doivent aussi

remplir le PEF, davantage d’accompagnement serait nécessaire de la part des intervenants.

Selon la perception d’un de ces répondants, parfois les adolescents ne demandent pas

directement de l’aide de l’intervenant ou croient qu’ils ont bien compris, alors que ce n’est

pas toujours le cas. Selon les parents, ce manque d’accompagnement affecte la

compréhension des questions par les adolescents et peut mener à des réponses erronées :

Je pense qu’il aurait peut-être fallu avoir un petit peu plus d’explications à l’adolescente. Pour

elle… je pense qu’elle a trouvé ça un peu plus difficile ou elle a mis moins d’efforts pour le

remplir ou elle ne le comprenait pas trop (…) elle a comme « Bon, je ne comprends pas et

j’écris à peu près n’importe quoi » (F5).

4.1.3 Perceptions des répondants en regard des questions

Dans cette section, nous discuterons plus en détail de la perception des parents à l’égard

des questions contenues dans le protocole d’évaluation et de leur facilité ou difficulté à

répondre à celles-ci. Une majorité de parents (8 sur 12) a déclaré que de façon générale les

questions étaient claires et bien formulées. De plus, la moitié d’entre eux (6 sur 12)

considérait que le PEF était quand même facile à remplir. En outre, un des répondants

affirme que l’action de remplir les questionnaires ne requiert pas trop de concentration car

les questions sont claires et bien posées : « Oui, oui. La clarté, ça, c’était correct. Les

questions étaient quand même très bien, en tout cas, formulées » (F12).

Les questions ne sont pas compliquées. Je n’avais pas besoin vraiment d’être hyper concentrée

sur le questionnaire. J’étais capable de quand même faire autre chose en même temps que les

questions. C’était quand même bien posé. (…) J’ai une garderie et j’ai fait ça à temps perdu

pendant les dodos, les temps morts. (…) Si je mets ça bout à bout, ç’a peut-être pris une heure?

Oui, environ (F2).

Cependant, deux répondants qui ont complété la passation du PEF sans l’aide de leur

intervenant ont affirmé que la relecture des questions leur a permis finalement de bien les

comprendre : « Oui, c’était quand même très clair les questions ». (…) « …si je n’étais pas

sûr là du sens de la question, je prenais mon temps pour la relire pour comprendre vraiment

le sens-là, mais c’était plutôt rare que j’aie besoin de la relire une deuxième fois » (F8).

Page 41: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

32

Par contre, la moitié des répondants (6 sur 12) affirment avoir rencontré différentes

difficultés en lien avec les questionnaires. La compréhension de certains mots, par exemple,

empêchait un répondant de bien saisir l’énoncé en entier dans une phrase :

… les mots des fois je ne savais pas là… Elle me le disait ce que ça voulait dire là . (…) Il y a

des phrases… Elle ne savait pas comment m’expliquer là. Il y a des phrases que je savais, mais

il y a des phrases qui n’expliquaient pas bien, bien. Bien, ils expliquaient mais moi, je ne savais

pas ce que ça voulait dire là (F11).

À l’égard des échelles de réponses, quatre répondants apportent leur point de vue. Deux

d’entre eux disent que certaines questions étaient trop générales et exigeaient une réponse

fixe et stable pour une dimension irrégulière et changeante dans le temps. Par exemple, en

lien avec l’expérience de séparation, un participant mentionne que certains points le

stressent et d’autres non et que cela dépend aussi des journées. Lors de la question : « Dans

quelle mesure votre situation de séparation vous stresse présentement? » il disait : « Ce

n’est jamais pareil, pareil. Oui, il y a des fois où ça va bien, mais s’il arrive une journée que

ça ne va pas, comment je réponds à ça? » (F6).

Dans la même ligne, un autre répondant affirme que parfois, l’expérience vécue par un

individu est tellement particulière et nuancée, que les options de réponse offertes reliées à

un énoncé ne permettent pas d’exprimer et de refléter sa réalité : « Ç’a été de répondre…

J’ai trouvé difficile de répondre… de mettre ma situation de côté pour répondre avec…

globalement… ».[…] « …On ne sait pas trop, on répond-tu globalement ou on répond avec

notre situation présente? » (F2).

Afin de régler ce problème et d’augmenter la cohérence des résultats, ce même répondant

propose de préciser des périodes de temps spécifiques, de façon à ce que le répondant

puisse ajuster sa réponse selon la période ciblée. Le fait de devoir répondre de façon

globale ne représente qu’une partie de la réalité vécue par cette famille :

Les questions devraient… comme de prendre les deux derniers mois, exemple, puis là

répondre. Là, ce n’est comme pas indiqué. On ne sait pas trop, on répond-tu globalement ou on

répond avec notre situation présente? Ce petit bout-là qui était peut-être un petit peu moins

clair dans mon cas (F2).

Page 42: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

33

Dans le même ordre d’idées, ce même répondant a trouvé difficile de répondre à l’ensemble

du PEF, parce qu’il vivait à ce moment-là une période particulièrement difficile :

…les réponses sont différentes quand on est dans une situation de crise que dans une situation

qui est normale. Moi, ç’a été mon cas… ç’a été une semaine où il y avait eu une crise. Donc,

ç’a été un petit peu difficile pour moi de dire « Bon, je ne prends pas cette semaine, je prends la

semaine v’là deux semaines, par exemple, pour répondre à ça (F2).

Un autre répondant affirme que pour certaines réponses, il serait utile d’ajouter une option

de réponse supplémentaire car il a trouvé difficile le fait de devoir fournir un choix de

réponse précis alors qu’aucun de ces derniers ne correspondait à sa situation.

Deux répondants ont mentionné que certaines questions du protocole pourraient être plus

précises et formulées plus simplement. La complexité des choix de réponse et la nuance

parfois difficile à établir entre ceux-ci a aussi été soulevée par certains répondants. Par

exemple, un des répondants souligne que la présence d’expressions comme « un peu »

« beaucoup » dans les options de réponse entraîne une certaine ambivalence face à la

réponse à donner :

Oh mon Dieu… [réflexion] qu’est-ce que j’ai trouvé le plus difficile à répondre? Je dirais

quand c’est beaucoup de réponses : «totalement en désaccord », « un peu en désaccord » (…)

«je trouve que la palette d’échelle… je trouve ça compliqué des fois. La ligne un peu mince

entre chaque… (F1).

En ce qui concerne le contenu des questions et la facilité d’y répondre, quatre participants

ont trouvé difficiles certaines questions trop intimes. Deux affirment que les questions

touchaient des aspects douloureux de leur histoire personnelle. À cet effet, un des

répondants remettait en question la pertinence et l’utilité de poser ce type de question : « Je

vous dirais qu’il y en avait qui étaient faciles à répondre, mais d’autres que ça allaient

vraiment très loin, profond. Ça réveillait des choses. Je trouvais que c’était bien quand

même. […] Oui, c’est ça que je me disais « Ça va servir à quoi? » (F4).

Par ailleurs, les répondants n’ont pas spécifié quelles questions exactement du protocole

étaient perçues comme trop intimes ou non pertinentes. Cependant, la majorité de

répondants considère quand même acceptable et justifié qu’un outil d’évaluation familiale

Page 43: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

34

implique ce type de questions un peu plus personnelles dans la mesure où celles-ci sont

parfois associées à des facteurs de stress familial.

Certaines réactions des répondants en lien avec la passation du PEF étaient davantage

reliées à la longueur et à la structure des questionnaires. La longueur de l’ensemble des

questionnaires et la répétition de certaines questions sont les deux aspects qui ont suscité

des réactions parmi les répondants. Sept répondants mentionnent la longueur du protocole

comme la principale difficulté rencontrée dans l’exercice de la passation du PEF. Par

exemple, deux répondants mentionnent avoir rempli le PEF en deux séances, tandis qu’un

autre a affirmé avoir consacré « deux, trois heures, certain » pour le remplir : « Ma

première question c’est : pourquoi un formulaire si épais » (F6). «… mais elle

(l’intervenante), elle me l’a fait en deux coups, à cause que c’était trop long. Il y a une

journée qu’elle en avait faite, puis après ça elle est revenue une autre fois puis on avait fini»

(F11).

Différentes nuances et explications sont apportées par les répondants relativement à la

longueur des questionnaires. Ainsi, selon un répondant, la longueur peut affecter la validité

de l’instrument d’évaluation. D’autres affirment que cet aspect peut dissuader les parents à

le remplir, même s’ils étaient d’accord au départ pour participer : « C’était long. Oui, c’était

long. […] moins long, peut-être que ça pourrait aider aussi. Les gens ne voudront plus faire

le questionnaire, parce qu’il y a, il y avait plusieurs questions-là » (F7).

D’autres disent que le travail des intervenants et des parents pourrait être réduit en

diminuant le nombre de questions et en augmentant la précision de ces dernières :

…le questionnaire en soi pourrait être simplifié avec des questions plus simples et précises.

(…) Je l’ai trouvé très, très long. Je veux dire, il est épais, épais, épais, épais. Au sens que le

principe de recueillement des données des parents, de la situation familiale et tout pourrait être

simplifié vraiment. Ça simplifierait tant le travail des intervenants que pour les parents aussi

(F6).

Un participant considère également que ce serait pertinent d’avertir les parents que

l’exercice de passation du PEF prend « un bon bout de temps » et de les préparer afin qu’ils

se prévoient une ou des périodes de temps réalistes et ajustées à la longueur du PEF : « Je

Page 44: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

35

pense que peut-être avertir les gens que ça prend quand même un bon bout de temps à

remplir. C’est quand même assez long à remplir » (F5).

À l’opposé, trois répondants n’ont pas vécu de difficultés en lien avec la longueur du PEF :

«… je n’ai pas trouvé ça trop long en tant que tel » (F8).

La répétition des questions constitue également un facteur problématique pour certains

parents. À cet effet, 7 répondants ont noté que plusieurs questions revenaient. Quatre

participants ont jugé que cela était une façon de vérifier la consistance des réponses

fournies par le répondant : «…à moment donné tu comprends que la même question revient

sous différents angles. Je pense que c’est ça… j’ai vite compris que c’était vraiment pour

vérifier à ta première réponse si sur une question posée de façon différente, tu allais

répondre la même chose » (F5).

Cependant, trois répondants ont trouvé cette répétition, « un peu embarrassante », ou

« décourageante ». «…, il y avait des questions qui se répétaient. Je répondais quelque

chose à certaines questions, la question d’après ou la question plus loin, c’était un peu la

même. Ça, c’est un peu embarrassant » (F3).

Seulement un des répondants affirme que la longueur des questionnaires combinée à la

répétition de certaines questions amènent un certain découragement :

Je pense que ça pourrait… le questionnaire en soi pourrait être simplifié avec des questions

plus simples et précises. (…) C’est moins décourageant. Un questionnaire très long de même

pourrait dissuader des parents qui aimeraient participer, mais qui serait tellement long que :

« Ah, laisse-faire ça » (F6).

Toujours en ce qui concerne la perception des participants à l’égard des questions, il est

intéressant de noter qu’aucun répondant n’a trouvé de questions choquantes.

4.1.4 Réaction face à la présentation initiale du protocole

Une grande majorité de répondants (10 sur 12) ont accepté le processus de passation du

PEF sans montrer d’hésitation ou de craintes. Les raisons évoquées par les répondants pour

Page 45: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

36

justifier cette confiance au processus d’évaluation sont variées. Certains répondants (4)

parlent de l’importance qu’ils accordent à la collaboration; d’autres de leur propension à

accepter ce type de proposition ou à aider les autres, ou encore du fait qu’il n’y avait pas de

raisons de ne pas participer : « Moi, j’ai accepté, parce que je suis une fi… J’ai accepté tout

de suite, parce que je suis une fille qui veut aider (…) Je le fais pour aider la société là,

puis… Bien la société, les, les… Les enfants là… c'est une cause qui me touche

beaucoup…» (F9).

Pour 6 répondants, les raisons évoquées pour expliquer leur consentement à passer le

protocole sont la confiance envers leur intervenant, la crédibilité des explications fournies

concernant le protocole et les présumés effets positifs de celui-ci sur leur famille. Ces

répondants mentionnent qu’ils sont prêts à utiliser tout ce qui est disponible pour aider leurs

enfants ou les aider eux-mêmes : « Ha, ben dans le fond, elles (les intervenantes) m’ont

juste demandé… que ça ne nous désavantageait pas en rien, mais que c’était vraiment…

que ça pourrait nous aider aussi si mettons, qu’est-ce que ça pouvait faire dans le fond.

Moi, je n’ai pas hésité et j’ai dit oui » (F4).

Un troisième élément sur lequel s’appuie la confiance est l’assurance de la confidentialité

des réponses fournies. Quatre participants ont trouvé accommodant le fait que le protocole

soit un outil confidentiel: « elle (l’intervenante) a dit : « Il n’y a rien qui va sortir là-dessus

là. » J’ai dit : « Ah, bien s’il n’y a rien, ce n’est pas grave » (F11).

Un autre élément qui a été rapporté et qui a une influence positive sur la confiance et

l’acceptation de la passation du PEF est le fait d’avoir déjà vécu une expérience semblable

(reliée à l’évaluation clinique) dans une autre institution. En effet, deux répondants ont dit

que l’expérience précédente a permis de réduire l’impact de la nouveauté : « Non, on a

accepté quand même assez vite, parce qu’on avait eu une démarche un peu similaire avec le

CLSC quelques mois auparavant ou une année auparavant » (F5).

Un autre répondant trouve approprié l’exercice de remplir le PEF, justement parce

qu’autant les parents que les enfants ont eu l’occasion d’exprimer leur point de vue sur leur

Page 46: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

37

situation familiale. Finalement, un dernier répondant considère que le PEF est un outil sur

lequel peut compter l’intervenant pour accomplir son travail : « C’était ben correct. C’est

un outil de travail, regardez ! » (F3).

Lorsque les répondants sont interrogés sur la présence de craintes en lien avec la passation

du protocole, 8 sur 12 affirment ne pas avoir éprouvé de craintes ou de peurs à l’idée de

remplir les questionnaires proposés par leur intervenant. Ils disent avoir été transparents

dans leur démarche avec la DPJ et ne pas avoir caché d’informations sur leur situation

familiale.

Dans cet ordre d’idées, un répondant précise qu’il ne perçoit pas la DPJ comme une

menace, mais plutôt comme une ressource qui peut aider sa famille à se reprendre en

main :

Moi, personnellement, je ne me suis jamais sentie menacée par le Centre jeunesse. Justement,

ils sont là parce que des fois… quand on est dans le feu de l’action, il peut y avoir des

problématiques qu’on ne voit pas forcément et qui pourraient être améliorées. Moi, je… c’est

prosolutions (F6).

Parallèlement, un répondant mentionne qu’un élément très important est la transparence et

la véracité des informations fournies les deux parents dans les questionnaires, par exemple,

sur la situation familiale ou sur la relation avec les enfants : « Moi et mon conjoint, on n’a

rien à se cacher. En tous cas, jusqu’à présent [rires]. Je veux dire, on est transparents et il

n’y a pas de cachette, je pense, dans ces questionnaires-là » (F1).

Cette transparence est aussi de mise dans la relation entre les parents et les intervenants du

Centre Jeunesse. Lorsqu’un intervenant a l’impression qu’un client cache de l’information

ou qu’un parent note que l’intervenant est méfiant envers lui, la relation entre le parent et

l’intervenant peut devenir tendue.

À cet égard, un répondant avoue que bien qu’il aurait souhaité refuser l’invitation à remplir

les formulaires et à participer à l’étude, lorsqu’il s’est demandé si cet exercice pouvait

revenir contre lui, il a eu l’impression d’être « obligé d’accepter », de crainte que son refus

Page 47: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

38

ne soit interprété comme une tentative de cacher de l’information aux représentants du

Centre Jeunesse. De plus, il ne croit pas que les résultats de cette participation fassent en

sorte de changer la perception qu’a l’intervenant à son égard. Ce répondant a le sentiment

que peu importe ce qu’il fait, la DPJ garde une image négative de lui :

Ouais, c’est ça. J’ai demandé si ça (répondre aux questionnaires) allait revenir contre moi ou si

ça allait me servir positivement. […] Je suis obligé de collaborer avec la DPJ. Si j’avais le

choix de ne pas collaborer avec la DPJ, je n’aurais rien fait avec eux autres. […] Si je ne les

avais pas eues dans ma vie, ça aurait été encore mieux. […] Je ne voulais pas que ça fasse

comme un… quelqu’un qui a de quoi à cacher, puis euh (F8).

En lien à ce qui précède, un autre répondant se dise surpris d’avoir été sollicités pour passer

les questionnaires. Le répondant a accepté, en disant davantage qui c’était une expérience

nouvelle, mais pas forcément négative. Le répondant s’est plutôt dit « pourquoi pas? » :

Je vous dirais que moi, non. Moi, je suis vraiment un livre ouvert comme je [???; 7 : 26]. On

était la première famille en plus à le faire. Oui, sur le coup ç’a peut-être un peu été bizarre,

mais j’ai fait « OK, on est la première famille, pourquoi pas? On va se lancer dans quelque

chose » (F4).

Il semble que dans un contexte où la collaboration et la transparence sont à la base de la

relation entre l’intervenant et la famille, une invitation à répondre aux questionnaires du

PEF est perçue par les usagers comme une opportunité de bénéficier des résultats cliniques

de l’outil. Par contre, comme mentionné auparavant, pour d’autres, cette même invitation

est perçue comme une obligation et le refus de participer peut, selon eux, être interprété

comme une intention de dissimuler certaines informations. De façon générale, il semble

que la qualité du lien entre le répondant et l’intervenant favorise ou, au contraire, nuit à la

passation du PEF.

4.1.5 Auto réflexion en lien avec la passation du protocole

Malgré la longueur du protocole et la répétition de certaines questions, 8 répondants sur 12

ont affirmé que l’exercice leur a permis de réfléchir à leur propre situation et d’apprendre à

se connaître :

Page 48: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

39

C’est un bel outil aussi. Ça m’a appris quand même beaucoup de choses même par rapport à

moi. J’ai appris à me connaître un petit peu mieux avec ça. Non, c’est vraiment positif comme

expérience (F2).

Euh, oui, beaucoup (ça l’a permis de réfléchir un peu à votre situation). Quand même, ça

nous… Parce qu’il faut quand même qu’on pense, hen, pour répondre aux questions, ça fait

que, euh, je pourrais dire que oui, ça nous a, ça m’a aidé à réfléchir sur ça (F7).

Le PEF a aussi permis à certains participants de prendre du recul, de mieux comprendre où

ils en sont et aussi de mieux cerner les points sensibles sur lesquels ils doivent travailler en

collaboration avec la DPJ :

Ah bon, je pourrais peut-être en parler au Centre jeunesse comment on peut travailler ensemble

là-dessus pour m’aider à améliorer cette situation-là. Au niveau de l’encadrement de la

routine… Oui, moi ça m’a permis de faire attention surtout à ma façon d’intervenir auprès des

enfants. (…) Ça permet de mmm, de réfléchir à « ah, oui c’est vrai! Oupelaï, il y a ça à

travailler ». En tout cas, c’est pour ça… ça permet déjà de... de guider aux parents… de dire

« Oups, ça, ce sont de petits points sensibles. Il faut que je fasse attention à ça » (F6).

Pour un des répondants, le PEF a permis d’établir des comparaisons entre les perceptions

du couple au sujet de leur fils et entre les perceptions de la fratrie avec celles des parents :

« Oui, parce que ça m’a permis de m’arrêter… de savoir un peu si j’avais des bons… vis-à-

vis mon fils, si je le voyais vraiment… si on le voyait dans le même sens [???; 8 : 40] et

mon conjoint et si on voyait les mêmes choses un peu pareilles aussi » (F1).

Par ailleurs, un répondant affirme que c’est très important de recevoir des rétroactions et

des encouragements sur ce qui fonctionne bien dans la famille:

… parce que des fois on fait pleins d’efforts, mais se sont-tu les bonnes actions? Après ça,

quand c’est rien que « Non, ne fais pas ça ». « Non, ce n’est pas correct. Non…», tu as

l’impression d’être pourri, de ne pas être à la hauteur. Mais non, c’est bien de dire « Oui, il y a

de petits points…». « Il n’y a pas personne de parfait » (F6).

À l’opposé, un répondant estime que bien que les questions permettent de poser une

certaine réflexion sur la situation familiale, « cela est vite oublié » et la passation du PEF

n’a pas été suivi d’un accompagnement spécifique par la suite :

…il n’y a pas vraiment eu de suivi suite à ça. Il n’y a pas eu de mise en place… remarquez

qu’à partir de ce moment-là, les choses s’étaient quand même pas mal tassées, mais il n’y a pas

eu d’actions qui ont pu être posées. Puis, moi ce que j’aurai aimé, c’est un suivi quelques mois

après (F5).

Page 49: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

40

Finalement, trois répondants ont indiqué qu’ils n’ont pas constaté de relation directe entre

la passation du PEF et l’autoréflexion. L’exercice ne les a pas amenés à remettre en

question leur vie personnelle. Un d’entre eux signale que le PEF était simplement un

exercice pour bien répondre aux questions, sans la disposition ou la volonté de changer

quelque chose, tandis qu’un autre mentionne que le fait de remplir les questionnaires ne lui

a pas apporté “grand-chose” :

…pas de là à se questionner sur ma vie, ou quoi que ce soit, tu sais, euh… C’est plus, de, d’être

sûr de donner la bonne réponse et de bien réfléchir à la question pour donner la bonne réponse .

(…) Il faut y penser là, pour bien répondre pour ne pas répondre n’importe quoi non plus, ça

fait que (…), « il faut que tu te questionnes, il faut que tu… (…) Mais, sinon, non. Ça ne m’a

pas euh… Ça ne m’a pas emmené de questions euh, sur ma vie en général là, non (F10).

Finalement le troisième d’entre eux affirme qu’il avait déjà réfléchi sur les questions

concernant son fils et qu’il avait la conviction de l’avoir bien élevé : «… Ouais, ça fait que,

comme je disais, j’ai tout le temps été confiant, en confiance par rapport, comment que

j’élevais mon petit pet (…) Non, c’était des questions que je m’étais déjà posées

intérieurement là… Comment que, comment que j’allais agir avec puis tout ça…» (F8).

4.2 Le protocole comme outil d’intervention : les résultats et le bilan

clinique

4.2.1 Présentation et compréhension des résultats

Différentes stratégies ont été utilisées par les intervenants pour présenter les résultats de

l’évaluation aux familles. Deux répondants affirment avoir eu la présentation du bilan de

résultats chez eux. Un autre dit avoir reçu les résultats par téléphone. Pour d’autres, les

résultats ont été présentés au Centre Jeunesse.

La procédure de présentation des résultats aux familles est assez variable d’un intervenant à

l’autre. Un tiers des répondants ont dit que l’intervenant s’assurait de la présence de tous les

membres de la famille ou du couple avant de présenter les résultats du bilan. Trois autres

répondants ont dit que la présentation des résultats de l’évaluation a été faite de façon

individuelle. Un autre répondant a reconnu que l’intervenant a présenté les résultats de

Page 50: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

41

l’évaluation individuellement avant de les présenter à l’ensemble de la famille. Finalement,

deux répondants affirment que leur intervenant laissé quelqu’un d’autre présenter les

résultats.

La grande majorité des parents a eu une perception positive de la séance de présentation des

résultats. Aucun répondant n’a mentionné d’aspects négatifs reliés à la présentation des

résultats : « Oui, elle m’a donné mes résultats… on a eu une entrevue pour qu’elle me dise,

bon, ce qu’il était ressorti en gros de ces questions-là. C’était très pertinent. C’était très

intéressant » (F3).

Or, la perception positive de cette expérience serait reliée à la facilité des répondants à

comprendre les résultats. Une majorité (8 sur 12) de répondants a affirmé bien comprendre

les résultats présentés par leur intervenant:

C’était quand même assez clair parce que… aussi, on a regardé un peu tout ce qui a pu se dire

et mon gars et moi, c’est assez clair. Ç’a bien été et les questions étaient claires aussi et les

résultats aussi ». « Ce sont les résultats qui ont été quand même drôles, parce que c’était des

grosses ressemblances (F3).

Dix des douze répondants affirment que les résultats obtenus reflètent très bien leur

situation familiale. Pour certains, c’était un peu surprenant de voir leur situation reflétée par

le bilan, ce qui leur a permis de voir leur situation autrement :

C’est le bilan. Le bilan m’a vraiment amenée à voir les choses autrement. (…) Oui, vraiment

(ç’a entamé une réflexion). (…). Sur certains points… Il y a des points où ç’a été plus… une

surprise quand j’ai eu les résultats, mais après réflexion je me dis « Oui, dans le fond ce sont

des choses que moi, je n’avais pas vues », mais sur le coup, je trouvais que tu dis « Voyons, ils

font ça tiré par les cheveux », mais après réflexion, je me dis « Oui, c’est vraiment…» (F2). .

Pour eux, la rencontre bilan a permis d’identifier des aspects à améliorer dans l’exercice de

leur rôle parental même si parfois l’information n’était pas facile à accepter :

… mais au contraire, que des fois, ça pouvait nous aider, comme moi après elle m’a donné des

résultats des questions que j’avais faites avec elle, puis, je trouve que ça m’avait aidé beaucoup

là . (…) Elle (l’intervenante) m’avait parlé un peu des résultats puis, euh… J’avais quand

même pris… Je n’avais pas… Je pense qu’on a des… euh, des bons et des moins bons là, ce

n’est pas… Je ne pense pas que ça soit mauvais, pour autant… (…) Bien, je pense qu’au

contraire, euh… Je veux dire, on a… On a tout le temps des choses à apprendre avec nos

Page 51: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

42

enfants, ça fait que… donc, là, ça me donne juste un petit plus de m’améliorer dans ça, avec

mon enfant (F7).

4.2.2 Utilité perçue du protocole comme outil d’intervention

Selon les répondants, l’utilisation du protocole d’évaluation a eu des retombées positives

sur l’intervention. À cet égard, on note que le bilan clinique permet d’augmenter la

connaissance sur soi-même et sur la dynamique de leur famille en mettant en évidence les

forces, les compétences et les difficultés à résoudre : « Oui, parce que ç’a permis de se

connaître et aussi de connaître la dynamique familiale. Ça valait la peine ». (…) « Moi, je

dirais, au point de vue de la réflexion sur soi-même c’est très bon » (F3).

Parfois, cette découverte est inattendue par les répondants :

Bien, oui, parce qu’on a eu, quand même, on a eu les résultats quand même mardi passé… Ça

nous a montré en tout cas, bien, ça on ne le savait pas, puis en tout cas. Puis on… On sait qu’il

y a un bobo là ». (…) « Oui, oui, parce qu’ils sont capables de situer ou est-ce qu’ils sont, nos

problèmes puis tout. Oui, ça donne, euh… Ça donne un bon coup de pouce (F12).

L’utilisation de ce protocole d’évaluation et la présentation des résultats permettraient

d’avoir une perception différente du fonctionnement familial:

Ç’a (le PEF) donné justement, une belle réflexion de mon côté pour me rendre compte que oui,

il y a des choses où est-ce qu’il y avait une problématique quelque part que je n’avais pas

vue ». (…) « Je ne m’en serais pas aperçu du tout. Ça faisait comme partie de notre

quotidien ». (…) « C’est sûr que… oui et non, parce que ça m’a permis de savoir des choses

dont je ne me doutais pas. Dans ce sens-là, oui, parce qu’on veut tout le temps savoir qu’est-ce

qui fait que ça ne fonctionne pas bien. Mais je veux dire… je ne m’attendais à autant dans le

fond. C’est quand même… ç’a été une belle surprise dans le fond. Des attentes envers ça, je

n’en avais pas vraiment au départ, mais au final [???; 18 : 53] ç’a comblé une attente que je ne

pensais même pas avoir (F2).

Ces informations nouvelles sur la famille semblent favoriser une vision plus critique des

parents concernant leurs forces et les choses à améliorer :

J’imagine que si je prenais une famille autre, c’est sûr qu’il faut avoir de l’autocritique, il faut

savoir… C’est sûr qu’il y en a qui dise « Ha non, non, moi je ne suis pas comme ça » et le test

révèle que tu es absolument comme ça. Je veux dire, nous on n’a pas eus de choc à savoir

« Ha, mon Dieu! On ressemble à ça et c’est vrai ». On a rempli ça et ça nous rejoignait et

c’était vraiment qui on était. On n’a pas de cachettes à faire. Pas qu’on n’a rien à changer, mais

je veux dire, on était dans la bonne voie (F1).

Page 52: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

43

Il appert également que la présentation des résultats aide à cibler les aspects à améliorer

dans la relation avec les enfants : « Au niveau de l’encadrement de la routine… Oui, moi

ça m’a permis de faire attention surtout à ma façon d’intervenir auprès des enfants. Il y a

des fois, ne changer rien que de conséquence (…) » (F6).

Finalement, il ressort que la présentation des résultats permet de confirmer la perception

que les parents avaient sur eux-mêmes et sur leur situation familiale : « il y avait, il me

semble que ça (le bilan) englobait tout, puis euh tu sais, tu le savais si… ce qui était positif,

tu savais. Ce qui était négatif puis tu savais… ».

4.2.3 L’impact du protocole sur la relation avec l’intervenant

Quand on regarde de plus près l’impact de l’utilisation du protocole d’évaluation sur la

relation thérapeutique, trois répondants ont reconnu que cela a contribué au renforcement de

leur relation de confiance face à leur intervenant. Pour les autres répondants (7 sur 12), on

ne note pas de changement puisque cette relation était déjà bonne avec leur intervenant

avant la passation des questionnaires :

Bien, ça fait quand même longtemps que j’ai un suivi avec [nom de l’intervenante], ça fait

que… Je pourrais dire, plus ou moins (l’influence du PEF sur cette relation de confiance),

parce qu’on a déjà quand même une bonne relation à comparer du début quand je l’ai connu.

Mais maintenant, ça va, euh… ça va quand même assez bien ça fait que... Mais euh, c’est sûr

qu’on a plus de confiance après aussi (F7).

L’utilisation du protocole d’évaluation semble également aider l’intervenant à mieux

connaître leur client: « Non, elle me connaissait un peu, elle m’avait saisi un peu. Elle

savait quelle sorte de moineau que j’étais un peu. Ça (la passation du PEF) l’aide ça. Ça

l’aide c’est sûr » (F3).

Par ailleurs, les répondants affirment que l’utilisation du protocole d’évaluation permet de

mieux cibler les interventions : « Ç’a permis aussi aux intervenantes de m’apporter une aide

précise et soutenue selon le contexte familial ». (…) « parce qu’on ne peut pas apporter une

aide… on veut bien aider, mais il faut aider à la bonne chose. C’est sûr que ce

questionnaire-là a bien servi. » (F6).

Page 53: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

44

L’utilisation du protocole d’évaluation permet d’avoir une vision plus élargie de la situation

familiale. Cela permet de prendre un peu de recul : « Avec le recul après l’avoir rempli (le

PEF), je trouve que c’est tellement… tu peux justement voir un peu la situation de ta

famille, de ton entourage. Non, moi je trouve que ç’a été une bonne affaire et je suis

vraiment contente de l’avoir faite » (F4).

Les répondants reconnaissent que l’utilisation du protocole d’évaluation doit se traduire en

cibles d’intervention et doit aider à orienter les rencontres. Si les résultats ne sont pas

réutilisés pour l’intervention, cela ne sert à rien.

4.2.4 Opinion des répondants sur la pertinence et l’applicabilité du PEF

La dernière partie de cette section porte sur la perception des répondants concernant la

pertinence et l’intérêt d’appliquer le PEF à d’autres familles qui recevront des services au

Centre Jeunesse dans l’avenir. À cet égard, 9 répondants sur 124 ont exprimé qu’ils

conseilleraient à d’autres familles de compléter le PEF puisque que « ça permet de réfléchir

à notre situation familiale et de mieux nous aider » (F6).

Certains des répondants mettent l’accent sur le fait que le PEF permet de découvrir

comment améliorer leur relation avec leurs enfants : « Moi, ma vision, ça (le PEF) m’a aidé

beaucoup à voir euh… comme, comme rôle parental s’il y avait des biens, des positifs, des

choses comme ça, ou des choses à, à améliorer avec son enfant. Je pense que c’est juste

bien, qu’ils pourraient au moins peut-être l’essayer ». (F7).

D’autres affirment que l’utilisation du PEF permet d’avoir du recul et de mieux comprendre

leur situation familiale: «…justement, avec le recul après l’avoir rempli, je trouve que c’est

tellement… tu peux justement voir un peu la situation de ta famille, de ton entourage ». «

(…) je le conseillerais à toutes les autres familles si elles veulent le faire et c’est

important » (F6).

Elle permet également d’identifier les problèmes les concernant :

4 Cette question n’a pas été posée aux sujets F1 et F2

Page 54: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

45

(Il recommanderait à une autre famille) de le compléter. (…) de le compléter, parce que c’est,

ça, ça va… Ça ressort où est-ce que tu as des problèmes. Tu ressors les problèmes en famille,

ça va… Si tu réponds honnêtement aux questionnaires absolument, les problèmes que tu as, ils

ressortent. Parce que nous autres, c’est vraiment, les bobos qu’on a qui ont ressortis là (F12).

D’autres répondants estiment, quant à eux, que l’implantation du PEF contribue à

rehausser l’image du Centre Jeunesse comme une institution au service des familles en

difficulté :

… les services du Centre jeunesse, à moins de cas graves, ils ne sont pas là pour voler les

enfants. (…) je conseille de remplir le formulaire, parce qu’ils peuvent avoir de l’aide que des

fois ça passe bien par le Centre jeunesse. (…) En tout cas, moi, je pense que c’est ça le

message que je pourrais dire aux parents c’est de collaborer et que ce questionnaire n’est pas

contre eux. C’est vraiment pour mieux les aider. Moi, c’est ça mon opinion. (F6).

… Il n’y a rien de méchant là-dedans là, il n’y a pas… On ne se fait pas euh… Ce n’est pas de

faire violer notre intimité, c’est… Je n’ai aucun problème à conseiller ça, tu sais, si ça peut

aider euh, les études, puis les médecins ou whatever à comprendre euh… tout ça puis du côté

familial puis tout le kit puis, euh, arriver à des choses euh. Non, je n’aurais aucun problème à...

à référer ça là (F10).

À l’opposé, un seul répondant a affirmé de ne pas recommander le PEF aux autres familles

puisque cela ne lui a rien rapporté : « bien, personnellement, dans ma situation à moi, ça a

joué… ça n’a absolument rien donné, ça fait que… qu’ils (les familles) le fassent ou qu’ils

ne le fassent pas, ça, ça, ça ne changera absolument rien à leur situation là » (F8).

Un des neuf répondants a dit qu’il recommanderait le PEF à d’autres familles bien que celui-

ci ne lui a pas été utile :

J’en ai connu, une collègue, il y a quelques années, elle, j’avoue que ça (le PEF) aurait été bon

pour elle. (…) Oui, moi j’y crois. Ça (le PEF) vraiment là, honnêtement, euh, j’y crois

beaucoup, beaucoup, puis je trouve ça super que ça soit en place. (…)… mais en même temps,

ça s’applique moins pour m’aider moi. (…) Non!. (…) Vraiment pas! », (…) pas à la mienne.

Pas à la mienne. Peut-être lié à la situation de la… des utilisateurs du Centre Jeunesse (F9).

Page 55: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

46

Conclusion

En somme, certaines stratégies ont été proposées par les participants par rapport au

processus de passation du PEF afin de réduire les réactions ou les effets négatifs liés à la

passation du PEF.

Diminuer le nombre de questionnaires du PEF, en augmentant la simplicité et la

précision des questions (6) ;

Éviter de répéter les mêmes questions (2);

Avertir les répondants du temps nécessaire pour remplir les questionnaires afin

d’éviter que certains se découragent; (1) ;

Avertir le répondant que les questionnaires contiennent des questions plus pointues

et qu’ils pourront répondre en toute liberté (1) ;

Prévoir deux rendez-vous pour la passation des questionnaires (1);

Donner une enveloppe personnelle pour chaque membre de la famille qui remplit le

PEF afin de garantir la confidentialité (1);

Faire remplir le PEF aux familles un peu plus tôt dans le processus, car cela

donnerait une orientation précise sur les cibles à prioriser lors de l’intervention (1).

De façon complémentaire, il est intéressant de résumer les éléments mentionnés par les

participants en ce qui a trait aux conditions favorisant ou nuisant à la réception positive du

PEF par les familles.

Considérer que le protocole constitue un outil de travail favorable (soit parce que

l’intervenant l’a mentionné dans les instructions ou parce que la relation entre le

parent et l’intervenant est positive) ;

Être informé que la confidentialité et le respect de la vie privée seront observés et

que la participation au PEF ne nuira pas à la situation du répondant ;

Comprendre que dans un contexte d’évaluation des différentes sphères de la vie

familiale, la présence de certaines questions plus intimes ou plus personnelles

permet d’identifier différents facteurs qui ont un impact sur le fonctionnement

global de la famille ;

Considérer que l’intervention de la DPJ et parallèlement, le PEF, visent à aider les

familles en difficulté à se reprendre en main.

Page 56: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

47

CHAPITRE 5

Discussion

Rappelons que l’objectif général de la présente étude était d’examiner le point de vue des

parents sur l’utilisation par les intervenants en protection de la jeunesse d’un protocole

d’évaluation afin de documenter leurs besoins. De façon spécifique, cette étude visait d’une

part à documenter la perception des parents en lien avec les conditions et le processus de

passation des questionnaires et, d’autre part, leur perception concernant l’utilité clinique de

cette pratique concernant la réponse à leurs besoins. L’intérêt de cette étude se justifiait

principalement par le fait que dans aucune des recherches recensées, le point de vue des

familles concernant l’utilisation de protocole d’évaluation n’a été considéré. Seul le point

de vue des intervenants était généralement pris en compte.

La discussion portera sur les deux cibles de notre étude : 1- la perception des parents

concernant les conditions et le processus de passation des questionnaires et 2- l’utilité

clinique de cette pratique sur le plan de la réponse aux besoins des familles.

5.1 Perception des parents concernant les conditions et le processus de

passation des questionnaires

D’entrée de jeu, il est important de souligner que la grande majorité des répondants affirme

avoir été ouverts et intéressés à compléter les questionnaires proposés par les intervenants.

Les résultats de notre étude indiquent globalement que les consignes données par les

intervenants aux familles afin de compléter les questionnaires sont claires. De plus, la

majorité des répondants affirment que les intervenants ont bien expliqué le but de

Page 57: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

48

l’exercice. Une forte proportion des familles savait quelles utilités la passation des

questionnaires pouvait avoir pour eux et pour l’intervenant : cerner leur situation familiale

et personnelle afin de mieux cibler les interventions.

Globalement, les répondants affirment avoir reçu du soutien des intervenants lors de la

complétion des questionnaires. Une moitié reconnaisse avoir eu besoin d’aide de leur

intervenant alors que l’autre moitié dit avoir complété seule les questionnaires. Plusieurs

répondants ont également souligné que l’aide de l’intervenant a été déterminante pour eux.

Une ombre au tableau : certains répondants affirment que les adolescents ont davantage

besoin d’aide pour répondre aux questionnaires et qu’en ce sens, les intervenants devraient

être plus soutenants face à ces derniers lorsqu’ils leur présentent les questionnaires. Selon

les répondants, le manque d’accompagnement a possiblement pu nuire à la compréhension

des questions et donc à la validité des résultats obtenus.

Quand on demande aux répondants ce qu’ils pensent des questionnaires eux-mêmes, ceux-

ci affirment qu’ils sont relativement faciles à compléter. Cependant, certains soulignent

qu’il y a parfois certaines questions embêtantes parce que sont mal comprises. Certains

répondants notent que les questionnaires ne sont pas toujours ajustés à leur situation

familiale qui est souvent mouvante. En conséquence, les réponses données correspondent à

leur situation familiale immédiate mais pas nécessairement à celle qui prévalait il y a peu

de temps. Dans ce contexte, certains affirment qu’il n’était pas toujours facile de répondre.

Pour résoudre ce problème, certains répondants proposent de fixer des périodes plus

précises et plus limitées sur lesquelles portent les questions afin de faciliter leur choix de

réponses. En outre, certains notent qu’il est parfois difficile de choisir les réponses

appropriées, les choix de réponses étant limités. Enfin, quatre répondants ont mentionné le

fait que certaines questions portaient sur des sujets très intimes et que parfois ils pouvaient

se sentir mal à l’aise de répondre.

Une forte proportion des répondants reconnait que la confiance qu’ils ont en leur

intervenant les a motivés à répondre de façon franche aux questions, bien que les questions

Page 58: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

49

portaient parfois sur des sujets intimes. De plus, le fait que les réponses restaient

confidentielles contribuait à leur engagement face aux questionnaires.

La principale critique formulée par les répondants est le nombre important de

questionnaires inclus dans le protocole d’évaluation et le temps requis pour tous les

compléter. Pour bon nombre d’entre eux, cela constitue un irritant. Ils considèrent que les

intervenants ne les ont pas suffisamment préparés au temps nécessaire pour compléter les

questionnaires. Dans le même ordre d’idées, certains mentionnent que plusieurs questions

reviennent ce qui contribue selon eux à la lourdeur de la tâche. Ils recommandent donc de

diminuer le nombre de question et de poser uniquement des questions directement en lien

avec leur problématique. Différentes recommandations sont formulées par les répondants :

diminuer le nombre de questionnaires, augmenter la simplicité et la précision des questions,

éviter de répéter les mêmes questions, avertir les répondants du temps nécessaire pour

remplir les questionnaires afin d’éviter que certains se découragent, avertir les répondants

que certaines questions concernent des sujets intimes et qu’ils sont libres ou non de

répondre, que les questionnaires contiennent des questions plus pointues et qu’ils pourront

répondre en toute liberté et fournir une enveloppe personnelle pour chaque membre de la

famille qui remplit les questionnaires afin d’assurer la confidentialité.

Ces données vont dans le sens des résultats de plusieurs des études recensées dans le

chapitre 1. Par exemple, selon certains chercheurs, la longueur des questionnaires et le

temps requis pour les remplir peut constituer un fardeau pour les répondants (Hallas et al.,

2003; Hatfield et al., 2004). Pour d’autres chercheurs, certains clients ont de la difficulté à

bien comprendre les questions (Garland et al., 2003) et le niveau de langage des

questionnaires n’est pas toujours adapté à celui du client (Lyon et al., 2016).

Cependant, nos données de recherche ne vont pas dans le sens des observations d’autres

chercheurs qui mentionnent qu’une forte proportion des parents ont une perception négative

de l’utilisation de questionnaires standardisés (Garland et al., 2003), qu’il pouvait y avoir

des problèmes liés à la confidentialité et à la sécurisation des données (Hatfield et al., 2004;

Hall et al., 2014), que l’utilisation des outils d’évaluation standardisée pouvait avoir des

Page 59: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

50

effets négatifs sur les clients dans le contexte de l’alliance thérapeutique (Martin et al.,

2011) et conséquemment, entraver le travail clinique (Gilbody et al., 2002b).

Ces derniers écarts entre les résultats de notre étude et ceux des études recensées peuvent

s’expliquer en partie par le fait que les conclusions de ces dernières sont basées sur la

perception des intervenants et non sur celles des clients. Ils peuvent également être

attribuables au contexte dans lequel les questionnaires sont utilisés. Dans notre étude, les

questionnaires ont été utilisés une fois que l’intervention était bien engagée et que les

répondants avaient établi un lien de confiance avec leurs intervenants. Cette information

n’était pas disponible dans les études recensées. Cette hypothèse milite en faveur de la

nécessité d’utiliser les questionnaires que lorsque la relation est bien établie entre le client

et l’intervenant. Ce point de vue apparait être en filigrane dans les réponses des répondants

dans notre étude. Ceux-ci mentionnent effectivement que le fait que la relation soit bien

établie avec leur intervenant a contribué à leur ouverture face à cette procédure clinique.

5.2 Perception des répondants concernant l’utilité clinique de cette

pratique sur le plan de la réponse aux besoins des familles

5.2.1 La passation des questionnaires

La perception des répondants concernant la passation même des questionnaires a été

documentée. Globalement, il appert que l’utilisation de questionnaires standardisés dans la

pratique clinique semble aider certains clients à réfléchir à leur propre situation personnelle

au fur et à mesure qu’ils répondent aux questions. À cet égard, certains répondants

affirment que le fait de compléter ces questionnaires leur a permis de prendre du recul face

à leur situation et de mieux cerner leur situation personnelle. Cependant, quelques

répondants affirment que la complétion des questionnaires ne leur a rien appris de nouveau.

Enfin, aucun répondant ne mentionne le fait que l’utilisation de questionnaires a eu des

effets négatifs sur eux-mêmes ou sur leur famille.

Page 60: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

51

5.2.2 La présentation des résultats par les intervenants

D’entrée de jeu il apparait que les intervenants ne partagent pas de stratégies communes

pour présenter les résultats des questionnaires une fois compilés. Certains disent que les

résultats ont été présentés de façon individuelle, d’autres indiquent que les résultats ont

d’abord été présentés de façon individuelle avant d’être présentés à l’ensemble de la famille

alors que d’autres ont présenté les résultats à l’ensemble de la famille.

Cet aspect mérite d’être discuté ici. Lors de la remise des questionnaires, les répondants

(parents et jeunes) sont informés que les données seront traitées de façon confidentielle.

Dans ce contexte, il serait à notre avis cohérent avec cette règle de la confidentialité de

présenter les résultats concernant chaque répondant en individuel afin de lui demander la

permission de communiquer les résultats obtenus à l’ensemble des membres de la famille.

Certains répondants peuvent alors choisir de garder pour eux certaines informations. Cette

étape franchie avec chacun des répondants, il est utile de présenter l’ensemble des résultats

obtenus à tous les membres de la famille afin que chacun puisse prendre connaissance du

point de vue de tous sur leur situation familiale, de convenir d’une lecture commune de la

situation de leur famille et de participer ensemble à l’élaboration du plan d’intervention. Ce

point de vue est partagé par certains répondants. Cette observation va dans le même sens

que certaines recherches qui soulignent que l’utilisation de questionnaires standardisés peut

entrainer certains problèmes liés à la confidentialité (Hatfield et al., 2004; Hall et coll.,

2014).

Lors de la présentation des résultats, certains répondants insistent sur l’importance que

l’intervenant ne mette pas seulement l’accent sur les problèmes de la famille mais

également sur les forces et les compétences présentes.

5.2.3 La correspondance des résultats avec la situation familiale réelle

La grande majorité des répondants affirment que le bilan clinique généré par le traitement

informatique des données reflètent très bien leur situation personnelle et familiale. Ce

témoignage des répondants va à l’encontre des observations de chercheurs à l’effet que les

Page 61: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

52

outils d’évaluation sont peu sensibles aux particularités individuelles des clients (Bewick et

al., 2006; Gilbody et al., 2002b).

5.2.4 Utilité du bilan clinique sur le plan de l’intervention

Selon certains répondants, le bilan clinique permet d’augmenter la connaissance sur eux-

mêmes et sur la dynamique de leur famille en mettant en évidence les forces, les

compétences et les difficultés à résoudre. Certains affirment même que le bilan clinique a

favorisé chez eux une vision plus critique des choses à améliorer. Enfin d’autres

reconnaissent que le bilan clinique leur a permis de confirmer les perceptions qu’ils avaient

de leur situation. Aucun répondant n’a affirmé que le bilan clinique ne corresponde pas à

leur situation personnelle et familiale. Dans ce sens, il apparait donc que le protocole

d’évaluation permet de colliger des données valides sur la situation des familles.

5.2.5 L’intérêt de maintenir cette pratique

Une forte majorité des répondants recommande l’utilisation de cette pratique clinique aux

autres familles. Cependant, ils recommandent que le protocole soit introduit plus tôt dans

l’intervention afin d’identifier le plus rapidement possible les cibles d’intervention à

prioriser. Tel que mentionné précédemment, ils recommandent de réduire le nombre de

questionnaires et de simplifier le vocabulaire utilisé dans ces questionnaires.

5.3 L’utilisation du protocole d’évaluation afin de contribuer à

l’établissement d’une alliance thérapeutique

Rappelons que l’alliance thérapeutique réfère à la qualité et à la force de la relation de

collaboration entre le client et le thérapeute lors de la thérapie (Bordin, 1979, 1983). Les

trois caractéristiques principales de l’alliance thérapeutique sont 1- un lien affectif positif

entre le client et le thérapeute caractérisé par la confiance mutuelle, le respect et la

bienveillance, 2- une entente sur les objectifs de l’intervention et 3- une entente sur les

tâches ou les moyens retenus pour les atteindre. Ce lien permet de négocier les objectifs et

les tâches (Hovarth et al., 2002).

Page 62: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

53

Dans la présente étude, l’utilisation du protocole d’évaluation contribuerait, selon certains

parents, au renforcement de la relation de confiance (relation thérapeutique) entre

l’intervenant et le parent. Pour d’autres, cette pratique se traduit par un maintien de la

relation thérapeutique qui était déjà bonne. Aucun répondant n’affirme que l’utilisation de

questionnaires peut nuire à la relation thérapeutique. Ce résultat va dans le sens de certains

chercheurs qui observent que l’utilisation de questionnaires standardisés peut contribuer à

l’établissement d’une alliance thérapeutique (Slade et al., 1999; Batty et al., 2013; Gelkopf

et al, 2015). Selon plusieurs répondants, le bilan clinique généré par le traitement

informatique des données contribuerait à favoriser une entente sur les cibles d’intervention

(deuxième ingrédient de l’alliance thérapeutique). Il appert également que l’utilisation du

protocole d’évaluation permet à l’intervenant d’avoir une meilleure connaissance de la

situation familiale et de mieux cerner les besoins de chacun. Ces résultats vont dans le sens

des observations de Batty et al., (2013) selon lesquelles un usager qui reçoit de

la rétroaction par rapport à son suivi sera plus susceptible de s’engager auprès du

professionnel. Ils vont également dans le sens d’autres observations selon

lesquelles l’utilisation d’instruments de mesure standardisés favoriserait l’implication des

familles dans l’intervention (Slade et coll.al., 1999; Batty et al., 2013; Gelkopf et al., 2015)

et l’empowerment autour de l’intervention (McKay et al., 2014). Cependant, nous n’avons

pas de données nous permettent d’affirmer que cette pratique favorise une entente entre le

client et l’intervenant sur les moyens à prendre pour atteindre les objectifs fixés. À notre

avis, la réaction des clients face aux questionnaires standardisés varie probablement en

fonction de la qualité de la relation déjà établie avec leur intervenant. Selon nos données, il

semble préférable qu’une relation thérapeutique soit bien établie entre le client et son

intervenant pour que les questionnaires trouvent toute leur utilité.

Contrairement à ce que certains chercheurs observent l’utilisation de ces outils standardisés

ne semble pas nuire à l’établissement de l’alliance thérapeutique (Gilbody et al., 2002b;

Martin et al., 2011). Il faut cependant que cette pratique respecte certaines conditions : une

bonne relation avec l’intervenant avant la passation des questionnaires, une communication

des résultats qui préservent la confidentialité et le fait de mettre l’accent non seulement sur

Page 63: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

54

les difficultés mais également sur les forces et les compétences des familles, ingrédients

essentiels d’une bonne pratique.

5.4 Limites de l’étude

Malgré l’intérêt et la pertinence de cette étude, il importe de mentionner certaines limites

méthodologiques. D’abord, notre étude porte sur un nombre limité de répondants et ceux-ci

ne sont pas nécessairement représentatifs de la population des familles bénéficiant de

services au Centre jeunesse de Québec. Une autre limite est le manque de données

concernant l’histoire de la relation entre ces familles et la protection de la jeunesse. Ces

familles en sont-elles à leur premier suivi ou au contraire sont-elles en relation avec la DPJ

depuis de nombreuses années? Dans le même ordre d’idées, nous ne connaissons pas le

contexte légal dans lequel s’inscrit leur suivi, c’est-à-dire volontaire ou contraint. Enfin, il

faut noter que l’utilisation de questionnaires a été appliquée à des familles déjà en suivi

depuis quelques semaines ou mois (application des mesures) une assez longue période.

Dans une prochaine étude, il faudrait vérifier si l’utilisation de questionnaires standardisés

serait perçue de la même manière si cette pratique était appliquée dans les premiers

moments de l’intervention, par exemple au moment de l’évaluation.

Page 64: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

55

Conclusion

Malgré certaines difficultés reliées à la longueur des questionnaires, à l’aspect répétitif de

quelques questions ou encore au manque de nuance de certaines échelles de réponse

proposées, l’appréciation globale du PEF et son utilité clinique ont été soulignées par une

proportion importante de répondants. Ainsi, au-delà de facteurs pouvant alourdir la tâche

des parents appelés à remplir les questionnaires, plusieurs d’entre eux mentionnent que les

résultats au PEF reflètent de façon adéquate et juste leur situation familiale et que le

processus leur a permis de réfléchir à leur situation familiale et, pour certains, de comparer

leur propre vision de différentes composantes de leur fonctionnement familial avec celle

des autres membres de leur famille (conjoint, adolescent). De plus, il semble que

l’utilisation du PEF aide l’intervenant et la famille à cibler les aspects qui progressent bien,

ou au contraire, qui fonctionnent moins bien, et à établir des objectifs dans l’intervention

clinique.

Les résultats semblent indiquer que l’utilisation du PEF, notamment après la présentation

du bilan clinique, favorise le développement d’un lien de collaboration entre l’intervenant

et son client, quoique certains répondants mentionnent que le lien avec leur intervenant était

déjà positif avant la passation du PEF. La présence d’une collaboration et d’un lien de

confiance entre le client et l’intervenant serait le fondement de l’alliance thérapeutique

(Hovarth et al., 2002 ; Norcross, 2002). Les résultats de la présente étude indiquent que le

PEF s’inscrit dans un contexte d’alliance thérapeutique positif.

À travers le PEF, les intervenants ont la possibilité de reconnaître les forces ainsi que les

capacités des parents. Ils peuvent miser sur leur pourvoir d’agir et les impliquer dans le

processus d’intervention lequel, ultimement, concerne le bien-être de leurs enfants et de

leur famille.

Page 65: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

56

Références

Batty, M. J., Moldavsky, M., Foroushani, P. S., Pass, S., Marriott, M., Sayal, K. & Hollis,

C. (2013). Implementing routine outcome measures in child and adolescent mental

health services: from present to future practice. Child and Adolescent Mental Health,

18(2), 82–87. DOI:10.1111/j.1475-3588.2012.00658.x

Bertaux, D. (1980). L’approche biographique : sa validité méthodologique, ses

potentialités, Cahiers internationaux de sociologie, 69, 197-225.

Bewick, B. M., Trusler, K., Mullin, T., Grant, S. & Mothersole, G. (2006). Routine

outcome measurement completion rates of the CORE-OM in primary care

psychological therapies and counselling. Counselling and Psychotherapy Research,

6(1), 33-40. DOI: 10.1080/14733140600581432

Biehal, N. (2008). Preventive services for adolescents: exploring the process of change.

British Journal of Social Work, 38, 444-461

Bilsker, D. & Goldner, E. M., (2002). Routine outcome measurement by mental health-care

providers: is it worth doing? The Lancet, 360, 1689-1690.

Bordin, E. S. (1979). The generalizability of the psychoanalytic concept of the working

alliance. Psychotherapy: Theory, Research and Practice, 16, 252-260.

Bordin, E. S. (1983). A working alliance based model of supervision. Counseling

Psychologist, 11, 35-42.

Boswell, J. F., Kraus, D. R., Miller, S. D. & Lambert, M. J. (2013). Implementing routine

outcome monitoring in clinical practice: Benefits, challenges, and solutions.

Psychotherapy Research, 25(1), 6-19. DOI: 10.1080/10503307.2013.817696

Botella, L., Corbella, S., Belles, L., Pacheco, M., Gómez, A-M, Herrero, O., Ribas, E. &

Pedro, N. (2008). Predictors of therapeutic outcome and process. Psychotherapy

Research, 18 (5), 535-542. DOI: 10.1080/10503300801982773

Bowen, G. A. (2008). Naturalistic inquiry and the saturation concept: a research note.

Qualitative Research, Sage Publications, 8(1) 137-152.

Chevrier J. (2009). La spécification de la problématique. Dans Gauthier, B. (2009).

Recherche sociale (5e éd.) Québec : Presses de l’Université de Québec, p. 74. ISBN

978-2-7605-1600-7-D1600N

Cohen, L. L., La Greca A. M., Blount, R. L., Kazak, A. E., Holmbeck, G. N. & Lemanek,

K. L. (2008). Introduction to special issue: Evidence-based assessment in pediatric psychology. Journal of Pediatric Psychology, 33(9), 911-915.

DOI:10.1093/jpepsy/jsj115

Connors E. H., Arora, P., Curtis, L. & Stephan S. H. (2015). Evidence-Based Assessment

in School Mental Health. Cognitive and Behavioral Practice, 22, 60-73. 1077-

7229/15/60-73$1.00/0

Page 66: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

57

Coombs, T., Stapley, K. & Pirkis, J. (2011). The multiple uses of routine mental health

outcome measures in Australia and New Zealand: experiences from the field.

Australasian Psychiatry, 19(3), 247-253. DOI: 10.3109/10398562.2011.562507

Deslaurieurs, J. P. (1991). Recherche qualitative: guide pratique. Montréal : McGraw-Hill,

p. 1-142.

Deslauriers, J. P. et Kerisit, M. (1997). Le devis de recherche qualitative, dans J. Poupart,

J., Deslauriers, J. P., Groulx, L. H., Laperière, A., Mayer, R. et Pires, A. P. (sous la

dir. de), La recherche qualitative : enjeux épistemologiques et méthodologiques,

Boucherville, Gaëtan Morin Éditeur, p. 85-111.

Ford, T., Last, A., Henley, W., Norman, S., Guglani, S., Kelesidi, K., Martin, A-M., Moran,

P., Latham-Cork, H. & Goodman, R. (2013). Can standardized diagnostic assessment

be a useful adjunct to clinical assessment in child mental health services? A

randomized controlled trial of disclosure of the Development and Well-Being

Assessment to practitioners. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, 48,

583–593. DOI 10.1007/s00127-012-0564-z

Garland, A. F., Kruse, M. & Aarons, G. A. (2003). Clinicians and outcome measurement:

What's the use? The journal of behavioral health services and research, 30(4), 393-

405.

Garland, A. F., Haine-Schlagel, R., Brookman-Frazee, L., Baker-Ericzen, M., Trask, E. &

Fawley-King, K. (2013). Improving community-based mental health care for

children: translating knowledge into action. Administration and Policy in Mental

Health and Mental Health Services Research, 40(1), 6-22.

Gelkopf, M., Pagorek-Eshel, S., Trauer, T., & Roe, D. (2015). Routine outcome

measurement in mental health service consumers: who should provide support for the

self-assessments? Evaluation and Program Planning, 50, 43–46.

dx.doi.org/10.1016/j.evalprogplan.2015.02.001

Gilbody, S. M., House, A. O. & Sheldon, T. A. (2002a). Outcomes research in mental

health. British Journal of Psychiatry, 181, 8-16. DOI: 10.1192/bjp.181.1.8

Gilbody, S. M., House, A. O. & Sheldon, T. A. (2002b). Psychiatrists in the UK do no use

outcomes measures. British Journal of Psychiatry, 180(2), 101-103.

Guba, E. G. & Lincoln, Y. S. (1994). Competing paradigms in qualitative research. Dans

Denzin, N. K., et Lincoln, Y. S., Handbook of qualitative research (dir.), Thousand

Oaks, CA: Sage Publications.

Guest, G., Bunce, A. & Johnson, L. (2006). How many interviews are enough? An

experiment with data Saturation and Variability. Field Methods, 18, 59-82.

Page 67: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

58

Hall, C. L., Moldavsky, M., Taylor, J., Sayal, K., Marriott, M., Batty, M. J., (…) & Hollis,

C. (2014). Implementation of routine outcome measurement in child and adolescent

mental health services in the United Kingdom: a critical perspective. European Child

and Adolescent Psychiatry, 23, 239-242. DOI 10.1007/s00787-013-0454-2

Hallas, D. & Melnyk, B. M (2003). Evidence-based practice: The paradigm shift. Journal

of Pediatric Health Care, 17(1), 46-49.

Hatlfield, D. R. & Ogles, B. M (2004). The use of outcome measures by psychologists in

clinical practice. Professional Psychology: Research and Practice, 35(5), 485–491.

DOI: 10.1037/0735-7028.35.5.485

Horvath, A. & Bedi, R. (2002). The alliance, in psychotherapy relationships that work:

therapist contributions and responsiveness to patients. (ed. J., Norcross), New York:

Oxford University Press.

Humphris, D., Littlejohns, P., Victor, C., O'halloran, P. & Peacock, J. (2000).

Implementing evidence-based practice: factors that influence the use of research

evidence by occupational therapists. The British Journal of Occupational Therapy,

63(11), 516-522.

Hunsley, J., & Mash, E. J. (2007). Evidence-based assessment. Annual Review of Clinical

Psychology, 3, 57–79. http://dx.doi.org/10.1146/ annurev.clinpsy.3.022806.091419

Kazdin, A. E. (2006). Assessment and evaluation in clinical practice. Dans C. D.

Goodheart, A. E. Kazdin & R. J. Sternberg (Eds.), Evidence-based psychoterapy:

Where practice and research meet (pp. 153-177). Washington, DC, US: American

Psychological Association. http://dx.doi.org/10.1037/11423-007

Jensen Doss, A. & Hamilton, J. (2005). Evidence-based diagnosis: Incorporating diagnostic

instruments into clinical practice. Journal of the American Academy of Child and

Adolescent Psychiatry, 44(9), 947-952.

Jensen-Doss, A. & Hawley, K. M. (2010). Understanding barriers to evidence-based

assessment: clinician attitudes toward standardized assessment tools. Journal of

Clinical Child & Adolescent Psychology, 39(6), 885-896.

La Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux du

Québec (2010). Cadre de référence pour la désignation universitaire des

établissements du secteur des services sociaux : mission, principes et critères. Version

électronique : www.msss.gouv.qc.ca section Documentation, rubrique Publications.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Bibliothèque et Archives Canada,

2010. ISBN : 978-2-550-60143-2 (version imprimée) ISBN : 978-2-550-60144-9

(version PDF).

La Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux du

Québec (2013). Cadre de référence pour une pratique rigoureuse de l’intervention en

réadaptation auprès des enfants, des jeunes et de leurs parents en CSSS et en CJ.

Version électronique : www.msss.gouv.qc.ca section Documentation, rubrique

Page 68: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

59

Publications. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Bibliothèque et

Archives Canada, 2013. ISBN : 978-2-550-69241-6 (version PDF)

Lambert E. W., Bickman, L., de Andrade, A. R., Doucette, A., Sapyta, J., Boyd, A. S.,

Rumberger, D. T., (…) & Rauktis, M. B. (2004). Young therapeutic alliance in

intensive treatment setting. The Journal of Behavioral Health Services & Research,

31(2), 2004, 134-148. dx.doi.org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1097/00075484-200404000-

00002

Lambert, M. J. (2013). The efficacy and effectiveness of psychotherapy. In Lambert, M. J.

(Ed.) Bergin and Garfield’s handbook of psychotherapy and behaviour change. New

York: John Wiley and Sons, 169-218

L’Écuyer, R. (1990). Méthodologie de l’analyse développementale de contenu. Québec :

Les Presses de l’Université du Québec.

Lyon, A. R., Dorsey, S., Pullmann, M., Silbaugh-Cowdin, J. & Berliner, L. (2015).

Clinician use of standardized assessments following a common elements

psychotherapy training and consultation program. Administration and Policy in

Mental Health, 42(1), 47-60.

Lyon, A. R., Ludwig, K., Wasse, J. K., Bergstrom, A., Hendrix, E. & McCauley, E. (2016).

Determinants and functions of standardized assessment use among school mental

health clinicians: A mixed methods evaluation. Administration and Policy in Mental

Health and Mental Health Services Research, 43(1), 122-134.

Maden, A. (2003). Standardised risk assessment: why all the fuss? The Psychiatrist, 27(6),

201-204.

McKay, R., Coombs, T. & Duerden. D. (2014). The art and science of using routine

outcome measurement in mental health benchmarking. Australasian Psychiatry,

22(1), 13-18. DOI: 10.1177/1039856213511673

McMillan J.H. & Schumacher, S. (1989). Research in education: A conceptual

Introduction. Cite par Chevrier J. La spécification de la problématique. Dans

Gauthier, B. (2009). Recherche sociale (5e éd.) Québec: Presses de l’Université de

Québec. ISBN 978-2-7605-1600-7-D1600N

Martin, D. J., Garske, J. P. & Davis, K. (2000). Relation of therapeutic alliance with

outcome and other variables: a meta-analytic review. Journal of consulting and

clinical psychology, 68(3), 438-450.

Martin, A. M., Fishman, R., Baxter, L. & Ford, T. (2011). Practitioners’ attitudes towards

the use of standardized diagnostic assessment in routine practice: a qualitative study

in two child and adolescent mental health services. Clinical Child Psychology and

Psychiatry 16(3) 407–420. DOI: 10.1177/1359104510366284

Page 69: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

60

Mash, E. J. & Hunsley, J. (2005). Evidence-based assessment of child and adolescent

disorders: issues and Challenges. Journal of Clinical Child and Adolescent

Psychology, 34(3), 362–379.

Meehan, T., McCombes, S., Hatzipetrou, L. & Catchpoole, R. (2006). Introduction of

routine outcome measures: staff reactions and issues for consideration. Journal of

Psychiatric and Mental Health Nursing, 13, 581–587.

Mellor-Clark, J. Cross, S., Macdonald, J. & Skjulsvik, T. (2016). Leading horses to water:

lessons from a decade of helping psychological therapy services use routine outcome

measurement to improve practice. Administration and Policy in Mental Health

Services Research. 43(3), 279–285.

http://dx.doi.org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1007/s10488-014-0587-8

Muchelli, A., (2005). Actes de colloque : « Recherche qualitative et production de savoir »,

UQAM, Association pour les recherches qualitatives. Recherches Qualitatives- Hors-

Série – Numéro 1.

Norcross, J. (2002). Psychotherapy relationships that work: Therapist contributions and

responsiveness to patients. New York : Oxford University Press.

Mayer, R., Ouellet, F., Saint-Jacques, M. C. et Turcotte, D. (2000). Méthodes de recherche

en intervention sociale. Montréal, Gaëtan Morin éditeur Ltée, p. 183.

Parabiaghi A., Kortrijk, H. E. & Mulder, C. L. (2014). Defining multiple criteria for

meaningful outcome in routine outcome measurement using the Health of the Nation

Outcome Scales. Social Psychiatry & Psychiatric Epidemiology, 49, 291–305. DOI

10.1007/s00127-013-0750-7

Pires, A. P. (1997). Échantillonnage et recherche qualitative : essai théorique et

méthodologique. Dans Poupart, J., Deslauriers, J.-P., Groulx, L.-H., Laperrière, A.,

Mayer, R. et Pires, A. P. (dir.), La recherche qualitative : enjeux épistémologiques et

méthodologiques (p. 113-172). Boucherville, Canada : Gaëtan Morin Éditeur.

Poupart J., (1997). L’entretien de type qualitatif : considérations épistémologiques,

théoriques et méthodologiques : in J. Poupart et al, La recherche qualitative. Enjeux

épistémologiques et méthodologiques, Montréal : Gaëtan Morin. p.173-209.

Reeves, K., Charter, E. & Ford, T. (2016). Measurement Issues: Is standardised diagnostic

assessment feasible as an adjunct to clinical practice? A systematic review. Child and

Adolescent Mental Health. 21(1), 51-63

Rittner, B. & Wordarski, J. S. (1995). Clinical assessment instruments in the treatment of

child abuse and neglect. Early Child Development and Care, 106(1), 43-58.

http://dx.doi.org/10.1080/0300443951060106

Rochette, A., Korner-Bitensky, N. & Thomas, A. (2009). Changing clinicians' habits: is this

the hidden challenge to increasing best practices?. Disability and rehabilitation,

31(21), 1790-1794.

Page 70: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

61

Santana, M. J., Haverman, L., Absolom, K., Takeuchi, E., Feeny, D., Grootenhuis, M. &

Velikova, G. (2015). Training clinicians in how to use patient-reported outcome

measures in routine clinical practice. Quality of Life Research Journal. 24, 1707–

1718. DOI 10.1007/s11136-014-0903-5 DOI 10.1007/s11136-014-0903-5

Strauss, A. L. & Corbin, J. (2004). Les fondements de la recherche qualitative. Techniques

et procédures de développement de la théorie enracinée. Fribourg : Academic Press

Fribourg/Éditions Saint-Paul.

Segal, L., (1994). Soñar la realidad: el constructivismo de Heinz von Foërster. Barcelona:

PAIDOS IBERICA.

Slade, M., Thornicroft, G. & Glover, G. (1999). The feasibility of routine outcome

measures in mental health. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, 34, 243-

249.

Trauer, T. (2004). Use of a routine outcome measure in a consultation–liaison mental health

service. Australasian Psychiatry, 12(2), 139-144.

Valenstein, M., Adler, D. A., Berlant, J., Dixon, L. B., Dulit, R. A., Goldman, B.,

Hackman, A., Oslin, D. W., Siris, S. G. & Sonis, W. A. (2009). Implementing

standardized assessments in clinical care: now's the time. Psychiatric Services,

60(10), 1372–1375.

Wodarski, J. S., Holosko, M. J. &. Feit, M. D. (2015). Evidence-Informed Assessment and

Practice in Child Welfare. London: Springer International Publishing. p. 1-304.

DOI: 10.1007/978-3-319-12045-4

Page 71: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

62

ANNEXES

Page 72: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

63

Annexe A

Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de

mesure standardisés dans le travail clinique

Page 73: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

64

Tableau 2

Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans

le travail clinique

Auteurs Population ciblée Conclusion

Martin,

Fishman, Baxter

et Ford, 2011

50 Intervenants

(travailleurs

sociaux,

psychiatres,

psychologues,

infirmiers et

psychothérapeutes)

de deux cliniques

(CAMHS A et B)

situés à Londres

offrant des

services

d’interventions

précoces

unidisciplinaires et

multidisciplinaires

auprès d’enfants

de moins de 18 ans

ayant un trouble

psychiatrique.

Selon la littérature relevée dans cet article, le fait de

ne pas utiliser d’outils standardisés pourrait apporter

certaines difficultés telles qu’un dépistage incomplet

de certains problèmes, des interventions inadéquates

et non spécifiques. L’utilisation de ces outils

permettrait donc de ne pas omettre certaines

informations, d’avoir un regard complet de la

situation et de bien cibler les problématiques des

enfants (par exemple, de bien délimiter les enfants

présentant un trouble du spectre de l’autisme de ceux

ayant un TDAH).

Avantages relevés par la présente étude:

Aider à planifier les rencontres

Aider à amasser toute l’information nécessaire

(complémentaire et complète)

Réduire le temps des rencontres d’évaluation

en étant plus efficient.

Permettre aux familles de s’exprimer dans un

contexte d’anonymat.

Désavantages relevés par la présente étude (cinq des

praticiens n’ont identifié aucun désavantage) :

Certaines craintes sont formulées concernant

l’interprétation (questionnement sur la précision

du diagnostic en santé mentale), l’utilisation

abusive des données, la sous-utilisation des

compétences cliniques, et la sursollicitation

(certains croient que cela pourrait nuire à

l’alliance thérapeutique et à leur opinion

concernant leur métier)

Wodarski, 2015 Il s’agit d’un

chapitre de livre.

Avantages :

Les instruments auto-rapportés peuvent fournir

de l’information complémentaire sur :

o les comportements

o le langage

o les compétences sociales

o les attitudes des victimes

o les parents

o les problèmes au sein de la famille

o la présence de psychopathologies

o Etc.

Ceci aurait donc pour effet d’influencer l’intensité

Page 74: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

65

d’une intervention proposée.

Réduire le temps nécessaire à la collecte

d’information

Augmenter les sources d’information disponibles

Permettre aux clients de percevoir clairement les

changements dans leur fonctionnement et

exprimer leur satisfaction en regard des services

reçus

Désavantages :

L’utilisation de mesures autorapportées de

type papier crayon peut susciter une

désirabilité sociale chez ceux qui les

complètent.

Important :

Les clients devraient recevoir des informations

concernant le but des instruments, comment

l’information recueillie va être utilisée et sur qui aura

accès à ces informations. Il est recommandé que les

résultats soient discutés avec les clients et que des

rétroactions (feedback) empreintes de sensibilité leur

soient offertes afin de susciter un changement positif

chez les clients.

Mash et

Hunsley, 2005

Pédopsychologues

services enfants et

adolescents (le

nombre et le lieu

ne sont pas

déterminés.). Il

s’agit d’un texte

sous forme de

guide encadrant

l’utilisation des

EBAs

Avantages et buts des outils standardisés :

Formuler des profils cliniques et des

diagnostics

Faire du dépistage

Faire un pronostic et d'autres prédictions

Planifier un traitement et les modalités

d’administration

Encadrer un traitement

Évaluer un traitement

Jensen Doss et

Hamilton, 2005

Population cible

non déterminée.

Il s’agit d’une

comparaison entre

trois instruments

d’évaluation

diagnostiques

fondés sur les

données probantes

lors de l’évaluation

Avantages :

Faire une évaluation exhaustive afin de

pallier diagnostic parfois trop hâtif donné par

les cliniciens ou à la collecte d’informations

sélectives (souvent faite dans le but d’infirmer

ou affirmer une théorie ou une décision prise

lorsqu’une situation semble familière)

Dresser le profil clinique complet

Appuyer le jugement professionnel des

intervenants

Page 75: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

66

de

psychopathologies

auprès des enfants.

(entrevue

structurée, semi-

structurée et

données

probantes)

Reeves, Charter

et Ford, 2016

Revue

systématique des

articles publiés

entre 1980 et 2012

reliés à

l’implantation en

milieu clinique des

outils standardisés

chez les enfants et

les adolescents

âgés de moins de

18 ans atteints

d’un trouble

psychiatrique

Revue finale :

8 articles publiés

majoritairement au

Royaume-Uni.

Dates de

publication

supérieures à 2009

Avantages :

Conceptualisation commune des

problématiques et des diagnostics et consensus

standardisés

La possibilité de détecter des troubles

émotionnels et des troubles co-morbides

Désavantage perçu selon les cliniciens :

Peuvent-être coûteux en temps et en argent

Trauer, 2004 Le personnel de

quatre services de

santé mentale

d’adultes de

Melbourne

(Australie)

La possibilité de documenter la sévérité des

symptômes présentés par les clients

d’évaluer adéquatement la comorbidité et la sévérité

des symptômes.

Utilisation d’un cadre de rapport systématique

pourrait contribuer significativement à augmenter

l’expérience d’entraînement des praticiens afin

d’atteindre des niveaux hauts d’exactitude et

complétude, grâce à la validité des scores de support

en face de la présomption de problèmes significatifs

de santé mentale

Coombs, Stapley

et Pirkis, 2011

Les chercheurs ont

formé plusieurs

personnes en

Nouvelle Zélande

et en Australie,

pour accompagner

La possibilité de soutenir le jugement clinique des

intervenants et la prise de décision concernant les

traitements à offrir et de pallier aux erreurs possibles

du jugement clinique.

La possibilité d’évaluer l’effet des interventions

La possibilité de favoriser la collaboration et la

Page 76: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

67

les équipes de

santé mentale de

ces pays et faciliter

l’implantation des

routines de

mesures de

résultats de

l’intervention

clinique. Les

chercheurs ont

invité ces

individus à décrire

les pratiques

exemplaires dans

les services qu’ils

accompagnent et

présentant

l’information

résultant dans la

forme des études

de cas. Ce sont 6

les études de cas

présentées.

concertation multidisciplinaire et de partager un

langage commun entre les intervenants

indépendamment du champ d’expertise.

L’utilisation d’instruments de mesure standardisés

dans la pratique clinique peut contribuer à nourrir la

recherche et au développement des connaissances

concernant les besoins des clientèles et l’effet des

interventions

Avantages :

Les auteurs soulèvent la pertinence d’utiliser

les outils de mesure d’évaluation systématique

en tant que composante du succès dans

l’atteinte des objectifs fixés (soutien du

jugement clinique).

Percevoir le progrès dans le traitement ou le

changement (évaluer l’effet des interventions)

Faciliter le processus décisionnel dans la

pratique clinique en contribuant à guider les

décisions (par exemple pour choisir le

traitement approprié)

rallier les professionnels; les outils

encouragent la collaboration mutuelle des

intervenants

Informer les usagers qui ont des

questionnements précis.

Nourrir la recherche; contribue à l’amélioration des

données probantes, pouvant servir d’appui à la

pratique

Ford et al., 2013

Essai contrôlé et

randomisé de la

divulgation de

l'DAWBA aux

praticiens.

Avantages

La possibilité de soutenir le jugement clinique des

intervenants et la prise de décision concernant les

traitements à offrir et de pallier aux erreurs possibles

du jugement clinique.

Comme un élément qui s’ajoute à l’évaluation

clinique, il aide à réduire le nombre de rendez-vous

dédié à l’évaluation et libère du temps au praticien en

faveur de l’engagement, ainsi qu’il améliore les

résultats cliniques en augmentant l’exactitude de

l’évaluation et l’accès à un traitement approprié basé

sur l’évidence par rapport à certains troubles

d’anxiété.

Désavantages

Les résultats ne sont pas significatifs par rapport à

d’autres troubles différents de celui de l’anxiété ni

semblent réduire le montant d’évaluation

Page 77: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

68

supplémentaire dont il y a besoin ni le nombre des

difficultés reconnues.

Garland, Kruse

et Aarons, 2003

50 intervenants

des multiples

disciplines et

multiples agences

de services ayant

reçu une formation

de 4 heures sur

l’utilisation et

l’interprétation des

mesures du

(Performance

Outcome Projet)

(POP) (CBCL,

YSR, CAFAS,

CSQ).

Avantages généraux des outils :

Soutenir le jugement clinique des intervenants

Soutenir la prise de décision concernant les

traitements à offrir

Pallier aux erreurs possibles de jugement

clinique.

Pour les gestionnaires l’utilisation d’instruments de

mesure permettrait :

D’évaluer le degré de correspondance entre les

caractéristiques des clients et la nature des

services qui leur sont offerts

D’évaluer les effets des interventions

D’évaluer et de planifier des programmes

De mettre à niveau la qualité des soins de

santé au sein des systèmes et des agences

D’augmenter la qualité des services de santé

Désavantages ou inconvénients selon les résultats de

l’étude:

55% des parents auraient de la difficulté à

comprendre les questions

20% d’entre eux seraient stressés face aux

questionnaires.

60% des parents et des enfants auraient une

perception négative de l’utilisation de

questionnaires standardisés (seulement 10%

auraient une perception positive).

Hatfield et

Ogles, 2004

874 psychologues

détenant une

licence de pratique

aux États-Unis.

Revue de littérature des auteurs :

Intégrer ce type d’outils en clinique fournirait de

l’information complémentaire ayant pour but de

valider le jugement clinique tout en offrant un

meilleur service aux clients. L’évaluation standardisée

pourrait aussi permettre de fournir des profils types

standardisés pour bien évaluer l’évolution de la

thérapie en fonction des profils des clients.

Avantages ciblés par les praticiens interrogés dans la

présente étude :

Permet d’évaluer les progrès du client

Permet de déterminer la nécessité de modifier

un traitement

Favorable éthiquement

Peuvent être utile pour des travaux de

Page 78: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

69

recherche et pour marketing.

Désavantage selon les praticiens :

Ajoute de la paperasse

Prend beaucoup de temps

Est parfois un fardeau pour les clients

Ne permet pas d’implanter une stratégie

Nuit à la confidentialité

Interfère avec la profession

Manque de connaissance dans l’interprétation des

données

Boswell et coll.,

2013

Il s’agit d’un

article théorique

sur les bénéfices,

défis et solutions

de l’implantation

des routines de

surveillance des

résultats de la

pratique clinique.

Il convient de spécifier que l’évaluation peut aussi

contribuer à prévenir la détérioration de la situation du

client (Boswell, Kraus, Miller et Lambert, 2013). La

possibilité de prévenir la détérioration de la situation

du client

Gilbody, House,

et Sheldon

(2002a).

C’est une revue

systématique à

partir des résultats

de recherche sur

des services de

santé mentale afin

d’établir les forces

et les limites des

résultats de

recherches reliées

à la santé mentale

en établissement

psychiatrique et

auprès de

population avec de

troubles

psychiatriques.

Avantages :

Facilite l’évaluation des besoins, du

fonctionnement social et de la qualité de vie

Évaluation de la qualité des soins

Le fait que les données soient collectées à

grande échelle leur confère par ailleurs un

certain pouvoir statistique : elles peuvent être

généralisées

Hypothèse des auteurs : Les mesures pourraient

permettre de fournir des réponses plus rapides à

certaines questions, à moindre coût, sans avoir besoin

d’un consentement éthique et avec un plus grand

pouvoir statistique.

Désavantages :

La reproduction et l’utilisation de ces outils

requièrent un soutien de l’établissement au

niveau technologique et administratif

Demande beaucoup de ressources et de temps pour

être utilisés adéquatement.

Gilbody, House

et Sheldon

(2002b).

369 psychiatres

dans lesquels il est

abordé des

Avantages

Favorisent la concertation et la collaboration

Page 79: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

70

questions sur leur

utilisation pour les

problèmes

suivants :

dépression,

anxiété, troubles

psychotiques,

déficits cognitifs et

consommation

d’alcool et de

drogues.

multidisciplinaire

Favorise le partage d’un langage commun

entre les intervenants indépendamment du

champ d’expertise.

Peuvent être complétés par des personnes qui

ne sont pas des cliniciens (ce qui amenuise

dans certains cas la lourdeur de la tâche)

peut servir d’aide-mémoire lorsque vient le

temps des prendre des décisions.

ils permettent de mesurer le progrès clinique

(plus souvent utilisés pour mesurer le progrès

des clients atteints d’anxiété et de dépression)

Désavantages

Peut nuire à l’établissement de l’alliance

thérapeutique avec la famille et,

conséquemment, entraver le travail clinique

Les auteurs mettent en question la capacité des

outils de mesure à détecter les particularités

individuelles des clients et considèrent qu’ils

sont pour ainsi dire simplistes et pseudo-

scientifiques.

Slade et coll.,

1999

C’est un article

théorique à propos

de la faisabilité

des routines

d’utilisation des

résultats de

mesures

standardisées dans

la pratique en

santé mentale

Avantages :

Favorise la collaboration et la concertation

multidisciplinaire

Propose un langage commun entre les

intervenants, et ce, indépendamment du champ

d’expertise.

Offre une meilleure entente entre les

intervenants quant au diagnostic et au

traitement recommandé

Favorise l’implication du client dans le traitement

Lyon, Ludwig,

Wasse,

Bergstrom,

Hendrix et

McCauley, 2015

15 praticiens qui

travaillent auprès

de jeunes et leurs

familles ont été

recrutés. Ils ont

participé à une

demi-journée de

formation sur

l’administration de

deux outils

standardisés soit le

patient Health

Questionnaire et le

Multidimensional

Les outils standardisés permettent :

D’identifier les problèmes afin de fournir un

traitement adéquat ; Évaluation initiale du

client ou de son progrès en cours de traitement

D’engager la conversation avec les clients et

leur donner de la rétroaction (feedback),

permet de faire un triage avec la clientèle en

planifiant le traitement, en déterminant la

sévérité des cas et les risques de renvois

scolaires.

Désavantages

les outils ne sont pas adaptés au niveau de

langage ou à la culture du client.

La double négation de certains items pourrait

Page 80: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

71

Anxiety Scale for

Childres. Le but

c’était de connaître

les expériences des

praticiens à propos

de l’administration

d’outils

standardisés à un

total de 191 jeunes

affecter la validité, faute d’une bonne

compréhension de leur signification.

Les cliniciens ne trouvent pas toujours les

résultats compréhensibles, ce qui nécessite de

la formation supplémentaire. Des coûts élevés

reliés à leur utilisation

Batty et coll.,

2013

127 membres du

personnel en Santé

mentale incluant

infirmières (n =

37), psychiatres

d’enfants et

d’adolescents (n =

22), psychologues

cliniques (n = 10),

Travailleurs

sociaux (n = 9),

travailleurs de

santé mentale (n =

9), thérapeutes

familiales (n = 6),

stagiaires en santé

mentale (n = 5) et

d'autres

professionnels en

santé mentale (n =

29).

Avantages :

Les auteurs rapportent qu’un usager qui reçoit

de la rétroaction par rapport à son suivi sera

plus susceptible de s’engager auprès du

professionnel; l’utilisation d’instruments de

mesure standardisés favoriserait alors, selon

eux, l’implication des familles dans

l’intervention.

Désavantages :

Des craintes sont soulevées quant à

l’implantation d’un modèle plus médical et

psychiatrique, à la façon dont les données

seront utilisées par les gestionnaires (peur

d’être blâmés) ou même à la sécurisation des

données.

Les mesures s’attardent davantage à l’aspect curatif

(réduction des symptômes) plutôt qu’aux enjeux

cliniques.

Gelkopf et coll.,

2015

73 clients adultes

avec un diagnostic

de maladie

mentale sévère

(excluant les

clients dans un état

psychotique aigu,

avec un

comportement

violent ou qui

n’ont pas la

capacité cognitive

suffisante pour

répondre le

questionnaire ou

de donner leur

Avantages :

L’utilisation d’instruments de mesure

standardisés favoriserait l’implication des

familles dans l’intervention.

Désavantages :

Une atteinte au critère de validité est

soulevée : le client à répondre de façon à plaire

à son thérapeute (soutien interne) ou à vouloir

exagérer ses doléances vis-à-vis d’un

évaluateur externe (soutien externe)

Page 81: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

72

consentement

éclairé) ont

complété l’échelle

de Qualité de vie

de Manchester

(version courte du

Recording

assessements Scale

(RAS) et un

questionnaire de

fonctionnement

McKay, Coombs

et Duerden,

2014

Révision de 11

articles de

recherche qui

utilisent the Health

of the National

Outcomes Scales

(HoNOS) family

of measures à

Benchmarking

(Australia) entre

2003 et 2013

Avantages :

L’utilisation d’instruments de mesure

standardisés favoriserait l’implication du client

(empowerment) et des familles dans

l’intervention

Désavantages :

La prise de mesure routinière constitue l’un

des défis les plus actuels de l’implantation de

ces mesures.

Valenstein,

Goldman, Adler,

Hackman,

Berlant, Oslin,

Sonis, 2009

Il s’agit d’une

tentative

d’encourager

l’implantation des

évaluations

standardisées dans

le domaine de la

santé mentale.

Particulièrement

de la dépression.

The GAP est un

comité favorisant

l’implantation

d’évaluations

standardisées. -

Aucune méthode

n’est présentée.

Avantages :

Offre un gabarit aux cliniciens pour donner

une organisation méthodologique à l’entrevue;

poser toujours les mêmes questions, dans le

même ordre.

Facilite une meilleure division de

l’information entre le client et son trouble lors

de l’interaction clinique

Permettre d’avoir une entrevue plus complète

en abordant, entre autres, le risque suicidaire.

Favorise une meilleure familiarité avec la

situation des clients par le processus

d’évaluation; la reconnaissance du trouble et

des progrès de traitement (reconnaître les

moments qui vont bien de ceux qui vont moins

bien, évaluer la progression de leurs

symptômes).

Aussi, la mise en commun de données colligées

auprès de plusieurs clients aiderait à l’évaluation et la

planification des programmes et permettrait de mettre

à niveau la qualité des soins de santé au sein des

systèmes et des agences et ultimement d’augmenter la

qualité des services de santé

Page 82: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

73

Kazdin, 2006 Il s’agit d’un

chapitre de livre

qui traite sur

l’évaluation dans

la pratique clinique

Avantages :

Offre une plus grande validité que le jugement

clinique.

Possibilité de nourrir la recherche, ce qui contribue à

l’amélioration des données probantes, elles-mêmes

pouvant servir d’appui à la pratique.

Hall et coll.,

2014

C’est un

commentaire court

sur l’implantation

de la routine de

résultats de mesure

dans les services

de santé mentale

pour enfants et

pour adolescents

(CAMHS) du

Royaume-Uni.

Avantages

Permet aux usagers de percevoir clairement les

changements dans leur fonctionnement et

d’exprimer leur satisfaction des services.

Permet d’identifier les secteurs de

développement de pratiques.

Désavantages

Quelques cliniciens s’interrogent sur le risque

d’étiqueter les clients.

Des craintes sont également soulevées quant à

la sécurisation des données.

Le manque de « feedback » pourrait contribuer à

réduire la motivation des cliniciens

Maden, 2003 Il s’agit d’un

éditorial

Avantages

Ils représentent une bonne source

d’information si les données et les variables

sont applicables pour la clientèle ciblée. Ils

peuvent, entre autres, jouer le rôle d’aide-

mémoire et permettre de s’assurer que

l’ensemble de l’information pertinente est

consigné.

Ces outils pourraient être meilleurs que

l’estimation clinique seule, auraient une vision

plus équitable et pourraient ainsi servir comme

complément au jugement clinique.

Ils encouragent le personnel à penser

davantage aux risques.

Ils offrent une probabilité du risque

d’apparition d’une problématique plutôt que

de la prédire directement.

Ils peuvent aussi représenter un complément

plutôt qu’une alternative aux compétences

cliniques.

Désavantages des instruments structurés :

Page 83: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

74

Les instruments peuvent être irritants pour

ceux qui doivent les administrer, en raison de

leur longueur, du temps et des coûts

engendrés.

Ils fournissent une très grande quantité

d’information, mais sans avoir nécessairement

des liens évidents entre elles.

Les cliniciens doivent être formés afin de bien

interpréter l’information.

Certains croient que ces outils pourraient

stigmatiser la clientèle

Certains croient qu’ils pourraient donner des

scores trop élevés menant à catégoriser

facilement la clientèle sans justification.

6) Certains problématiques ou facteurs ne peuvent pas

être prédits directement lors de l’évaluation du risque.

Les outils ne permettent pas de prédire une

problématique directement, mais offrent plutôt une

probabilité du risque d’apparition de celle-ci.

Bewick et coll.,

2006

Cette étude utilise

la base nationale

des données de

recherche (n =

31882) et les

rapports des

pourcentages

d’évaluation

complète pré- et

post-thérapie.

Désavantages

Donne l’impression que les mesures sont

réductionnistes

Meehan et coll.,

2006

324 membres du

personnel en santé

mentale à

Queensland

(Australie). 34

groupes de

discussion

focalisée.

Infirmières 169,

Alliés de la santé

85, Psychiatre /

médicaux 21,

autres 21, non

Quelques interrogations sur les motifs :

S’agit-il d’une amélioration de la pratique clinique ou

d’un moyen pour les institutions de se protéger?

Est-ce que les considérations politiques sont plus

importantes que les cliniques?

Une fois les données obtenues, qu’en fait-on

réellement?

Désavantages :

l’impression que les mesures sont

réductionnistes et qu’elles se limitent à des

scores

Ils omettent parfois de tenir compte de

Page 84: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

75

déclaré 27.

Presque tous les

participants (93%)

avaient suivi un

atelier de

formation d'une

journée fourni par

le système de

Santé de

Queensland et tous

avaient été exposés

à l'aide des

mesures des

résultats

l’influence des variables modératrices sur le

traitement

L’alliance thérapeutique pourrait, par exemple, avoir

une influence plus importante que le traitement en soi.

Page 85: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

76

Annexe B

Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés dans la pratique clinique

Page 86: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

77

Tableau 3

Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans la

pratique clinique

Auteurs Population

ciblée

Conclusion

Jensen Doss et

Hawley , 2010),

1442

professionnels

en santé mentale

(psychologues,

travailleurs

sociaux,

thérapeutes

familiaux et de

mariage,

conseillers en

orientation et

psychiatres). Ils

ont rempli le

questionnaire

Attitudes Toward

Standardized

Assessment

Scales, ASA.

Facteurs favorisant l’utilisation:

Le fait que les intervenants aient une attitude

positive concernant l’utilité pratique des

outils et l’apport d’informations

complémentaires à leur jugement clinique.

De même, les professionnels ayant complété une

maitrise ou un doctorat, particulièrement les

psychologues.

Hall et coll.,

2014

C’est un

commentaire

court sur

l’implantation de

la routine de

résultats de

mesure dans les

services de santé

mentale pour

enfants et pour

adolescents

(CAMHS) du

Royaume-Uni.

Facteurs favorisants

Plus les cliniciens formés, meilleurs seront

leurs attitudes à l’endroit des outils

d’évaluation.

D’autres facilitateurs ont aussi été identifiés pour

favoriser l’implantation des mesures d’évaluation

systématique :

Recueillir des données chaque session

Utiliser davantage les technologies pour

faciliter l’implantation

Réduire le fardeau administratif

Offrir une rétroaction aux cliniciens pour ne pas que

ceux-ci aient l’impression que les données sont

récoltées pour des fins administratives uniquement et

que leurs efforts n’ont servi à rien

Lyon, Dorsey,

Pullmann,

Silbaugh-

Cowdin et

Berliner, 2015

71 cliniciens et

superviseurs

cliniques ont

participé à cette

l’étude. La

formation sur la

Facteurs favorisants

Les périodes de formation et de consultation

sont importantes. En effet, la formation sur

les outils d’évaluation standardisés est

l’élément le plus important lors de

l’implantation d’une nouvelle approche; la

Page 87: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

78

CBT+ Initiative

incluait trois

journées

entières, des

suivis aux deux

semaines

étendues sur six

mois et des

consultations

téléphoniques

avec des experts

de la formation.

De plus, elle

inclut des

séances

d’apprentissage

expérimentales,

du modeling par

un formateur et

des

démonstrations

par vidéos.

présence d’instructions spécifiques, des

périodes de consultation concernant la

sélection, l’administration et l’utilisation des

outils d’évaluation standardisés.

N.B. Les attitudes envers la qualité pratique et

psychométrique des outils d’évaluation standardisés

se seraient immédiatement améliorées suite à la

formation pour ensuite se stabiliser au travers des

temps de mesure subséquents

Batty et coll.,

2013

127 membres du

personnel en

Santé mentale

incluant des

infirmières (n =

37), des

psychiatres

d’enfants et

d’adolescents (n

= 22), des

psychologues

cliniques (n =

10), des

travailleurs

sociaux (n = 9),

travailleurs en

santé mentale (n

= 9), thérapeutes

familiales (n =

6), stagiaires en

santé mentale (n

= 5) autres

professionnels

en santé mentale

(n = 29).

Facteurs favorisants

La rétroaction « feedback » aux cliniciens est

l’une des solutions envisageables. Il apparaît

important d’améliorer cet aspect pour :

(a) ne pas que les cliniciens aient

l’impression que les données sont récoltées

pour des fins administratives uniquement et

que leurs efforts n’ont servi à rien

(b) favoriser l’engagement clinique

(c) pour permettre aux cliniciens de suivre le

progrès

On considère que les formations devraient

favoriser un changement des attitudes et

démontrer clairement la pertinence de

l’utilisation des outils pour diminuer les

résistances

Les cliniciens devraient être formés sur la

façon d’introduire un outil au client, c’est-à-

dire être capables d’en expliquer le but et les

retombées

D’autres facilitateurs ont aussi été identifiés pour

Page 88: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

79

favoriser l’implantation des mesures d’évaluation

systématique soit : d’augmenter le soutien aux

cliniciens et d’assurer un taux de participation plus

élevé aux formations

Rittner et coll.,

1995

Ce n’est pas un

article de

recherche. Son

propos est celui

de réviser une

variété

d’instruments

que les

travailleurs

sociaux de

l’enfance

spécifiquement

et

des intervenants

engagés dans les

services de

l’enfance en

général, peuvent

utiliser en

évaluation de

l’abus et la

négligence des

enfants

Facteurs favorisants

Fournir des manuels de référence pour les

cliniciens afin de faciliter leur appropriation

des outils

Former les cliniciens sur la façon d’introduire

un outil au client, c’est-à-dire être capables

d’en expliquer le but et les retombées.

Prendre les décisions sur la base de l’utilisation de

différents instruments d’évaluation

Bewick et coll.,

2006

Évaluation des

progrès dans les

dix dernières

années, suivant

certains constats

de la National

Health Policy

(NHS) à l’égard

d’une perception

de faible qualité

des services

prodigués en

santé mentale

Facteurs favorisants

-les cliniciens doivent avoir un accès direct

au système informatisé de traitement des

données, ce qui leur permettra d’avoir accès

aux résultats

instaurer une culture organisationnelle qui

tient compte de la façon dont les outils sont

présentés (pas seulement pour la

performance, mais aussi pour l’amélioration

de la pratique clinique)

La façon dont les gestionnaires et l’organisation

présentent le processus est garante de la façon dont

les données seront collectées. C’est ce qui, au

premier plan, permettra une meilleure collecte de

données

Meehan et coll.,

2006

324 membres du

personnel en

Facteurs favorisants

Augmenter le soutien aux cliniciens (Batty et

Page 89: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

80

santé mentale à

Queensland

(Australie). 34

groupes de

discussion

focalisée.

coll., 2013)

Prioriser des outils brefs et le nombre de mesures

devrait s’en tenir au minimum.

Mellor-Clark et

coll., 2014).

Les auteurs font

un résumé des

réflexions

récentes de cinq

leaders dans le

champ des

(ROM).

Royaume-Uni

Facteurs favorisants

On recommande la présence de mentors

pouvant aider les collègues à tenir des notes

sur les clients susceptibles de mettre fin au

traitement, ainsi que l’amélioration du réseau

pairs-à-pairs (ce dernier aspect inclut

l’accessibilité à des outils web pour les

cliniciens, gestionnaires et mentors,

permettant ainsi de communiquer les

difficultés et partager les bons coups ou

stratégies)

Page 90: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

81

Annexe C

Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure

standardisés dans la pratique clinique

Page 91: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

82

Tableau 4

Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans la

pratique clinique

Auteurs Population ciblée Conclusion

Gilbody, House

et Sheldon,

2002b)

369 psychiatres ont

répondu à un

questionnaire sur

l’utilisation

d’instruments de

mesure pour les

problèmes

suivants :

dépression, anxiété,

troubles

psychotiques,

déficits cognitifs et

consommation

d’alcool et de

drogues.

Quelques répondants (29) nomment qu’il

faudrait plus de ressources et plus de

temps pour utiliser quotidiennement des

outils standardisés dans la pratique

clinique.

40 psychiatres participants rapportent une

vision négative de l’utilisation des outils

standardisés attribuable à une difficulté à

généraliser les résultats à leurs clients.

38 participants contestent la validité des

propriétés psychométriques des outils, leur

fidélité et leur faisabilité. Ils rapportent

également que la reproduction et

l’utilisation de tels outils requièrent un

soutien de l’établissement au niveau

technologique et administratif.

22 répondants ne trouvent pas que les résultats

obtenus par les outils standardisés sont utiles.

Humphris,

Littlejohns,

Victor,

O'halloran et

Peacock, 2000

100 thérapeutes

(médecins,

infirmiers,

physiothérapeutes

et ergothérapeutes)

ont complété le

sondage.

Deux phases

caractérisaient le

sondage. La

première était une

investigation

qualitative sur les

facteurs généraux

qui facilitaient ou

nuisaient à

l’implantation de la

recherche en

pratique clinique.

La seconde phase

Le manque de temps en lien avec la

formation et l’implantation de la recherche

en pratique clinique est souvent cité

notamment.

52% n’étaient pas sûr que de baser la pratique sur

la recherche pourrait sauver du temps

Page 92: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

83

était une étude

quantitative afin

d’évaluer

l’importance de ces

facteurs.

Santana et al.,

2015. Implantation de

trois programmes

d’entraînement de

cliniciens pour

l’utilisation de

mesures du rapport

du patient sur les

résultats de

l’intervention.

Trois systèmes de

santé de pays

différents: Canada,

Hollande et

Angleterre.

Participants :

oncologues,

patients, médecins

spécialistes en

transplantation et

pédiatres.

Le manque de temps pour les faire passer les

questionnaires

-Manque de temps pour chercher la meilleure

pratique à utiliser en pratique, ce qui a besoin

d’adopter des stratégies pour économiser du temps

lors de l’adoption de EBPs,

-le manque de ressources est aussi un obstacle

rapporté par les cliniciens. Les cliniciens ne sont

pas toujours outillés relativement à la façon la plus

efficace de les utiliser, ce qui fait en sorte qu’ils

peuvent se sentir peu familiers.

-Manque de connaissances approfondies sur le

plan statistique pour interpréter les données

(Ebesutani et coll., 2011) et vive de l’incertitude à

cet égard

Hallas et

Melnyk, 2003;

Aucune

méthodologie n’est

indiquée. Il s’agit

d’un article de type

qualitatif. L’article

traite de

l’implantation des

EBPs chez les

infirmiers et

infirmières.

-Trop large éventail de journaux basés sur la

pratique des professionnels regroupant trop

d’information.

-Une faible familiarité avec les recherches

bibliographiques et les librairies.

-Manque de temps pour chercher la meilleure

pratique à utiliser en pratique.

-Difficulté à adopter un regard critique face aux

résultats de recherche

-Attitudes négatifs envers la recherche

-faible exposition à l’utilisation des résultats de

recherche de même qu’aux stratégies y étant

associées.

-Fardeau pour les clients

Mauvaise conception de l’implantation des EBPs

en pratique clinique

-Craintes quant à la faisabilité d’implanter les

EBPs.

Garland, Kruse

et Aarons, 2003

50 intervenants de

différentes

disciplines et

Les instruments étaient difficiles à comprendre

pour 45% des parents

Page 93: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

84

agences de services

ayant reçu une

formation de 4

heures sur

l’utilisation et

l’interprétation des

mesures du

(Performance

Outcome Projet)

(POP) (CBCL,

YSR, CAFAS,

CSQ).

Sur l’interprétation des résultats, 25% doutaient

que les résultats étaient vraiment représentatifs des

changements de leur client.

Lyon, Ludwig,

Wasse,

Bergstrom,

Hendrix et

McCauley,

2016

15 praticiens qui

travaillent auprès

de jeunes et leurs

familles ont été

recrutés. Ils ont

participé à une

demi-journée de

formation sur

l’administration de

deux outils

standardisés soit le

Patient Health

Questionnaire et le

Multidimensional

Anxiety Scale for

Childres. Le but

c’était de connaître

les expériences des

praticiens à propos

de l’administration

d’outils.

Les outils ne seraient pas adaptés au niveau de

langage ou à la culture du client selon certains

cliniciens. Par exemple, ils rapportent qu’ils

devaient aider les clients à comprendre le sens de

certaines phrases surtout lors de double négation.

Ainsi, certains items pouvaient ne pas s’avérer

valides faute d’une bonne compréhension de leur

signification.

Garland, Haine-

Schlagel,

Brookman-

Frazee, Baker-

Ericzen, Trask

et Fawley-King,

2013

La méthode n’est

pas détaillée dans

l’article

Les institutions seraient plus en faveur d’implanter

la pratique basée sur les données probantes si

celles-ci possèdent les fonds et les ressources

nécessaires. Le manque de ressources financières

de l’établissement constituerait donc un obstacle à

l’implantation.

Rochette,

Korner-

Bitensky et

Thomas, 2009

La réflexion sur le

cadre de l’approche

transthéorique

L’obligation imposée par l’établissement d’utiliser

des instruments de mesure dans la pratique

clinique serait un obstacle à la bonne utilisation.

L’incompréhension des résultats obtenue à l’aide

des outils standardisés représenterait une barrière

importante chez les cliniciens

Page 94: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

85

Hall et coll.,

2014

C’est un

commentaire court

sur l’implantation

des ROM au

Royaume-Uni.

le manque de formation des intervenants à

l’utilisation et à la passation d’instruments de

mesure et à l’interprétation des résultats

les résistances des cliniciens et le manque de

ressources, le manque de formation lié à

l’utilisation des mesures d’évaluation est une autre

limite pratique

- De plus, nombre d’entre eux n’ont pas de

connaissances approfondies sur le plan statistique

pour interpréter les données (Ebesutani et coll.,

2011)

Lyon, Dorsey,

Pullmann,

Silbaugh-

Cowdin, et

Berliner, 2015

71 cliniciens et

superviseurs

cliniques ont

participé à cette

l’étude.

La formation sur les outils d’évaluation

standardisés est l’élément le plus important lors de

l’implantation d’une nouvelle approche. En effet,

des instructions spécifiques, des périodes de

consultation concernant la sélection,

l’administration et l’utilisation d’outils

d’évaluation standardisés devraient être présentes

afin de favoriser leur implantation. Le manque de

formation des intervenants à l’utilisation et à la

passation d’instruments de mesure et à

l’interprétation des résultats est donc un obstacle

important.

Malgré l’amélioration des attitudes envers les

compétences durant la formation et les périodes de

consultation, aucun changement significatif n’a

été observé lors du suivi post-test à trois mois.

Cette diminution pourrait d’abord s’expliquer par

la réticence des cliniciens à changer leur plan

d’intervention selon les résultats des évaluations

standardisées, ainsi que par une faible

familiarisation avec les outils standardisés dans

leur lieu de travail.

Reeves,

Charter, et Ford,

2016

Une revue

systématique des

études qui évaluait

l’utilité, faisabilité

et l’acceptabilité de

SDAs dans

l’évaluation

psychopathologique

auprès des enfants

et des jeunes

Les cliniciens se plaignent du manque de

formation sur la passation et l’interprétation des

SDAs auprès des enfants.

Page 95: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

86

Wodarski, 2015 Il s’agit d’un

chapitre de livre

présentant les

informations

qualitativement

Plusieurs praticiens ne sauraient pas comment

introduire les instruments standardisés auprès des

familles et des jeunes.

Maden, 2003 Aucun. Il s’agit

d’un éditorial

Les outils fournissent une très grande quantité

d’information, mais sans avoir nécessairement des

liens évidents entre elles. Dans le meilleur des cas,

les cliniciens devraient utiliser les données

recueillies et en discuter en équipe. Par contre, ils

doivent être bien formés afin de bien interpréter

l’information

Page 96: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

87

Annexe D

Tableau 5. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de la

famille (0-5 et 6-17ans)

Page 97: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

88

Tableau 5. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de la famille (0-5 et 6-17ans)

Catégories de variables Variables Instruments de mesure

Section A: Ressources, stress familiaux et stabilité environnementale

1. Caractéristiques

sociodémographiques

Composition familiale (0-5 et 6-17) Nationalité, scolarité et travail des parents (0-5 et 6-17) Revenu familial (0-5 et 6-17) Santé et prise de médicaments (0-5 et 6-17)

Adaptation du questionnaire de

l’Enquête Santé Québec (1992)

2. Stabilité du milieu de vie du

jeune et de la famille

Changements de configuration familiale,

changements d’école, déménagements et

placements en milieu substitut (0-5 et 6-17)

Adaptation du questionnaire du

Groupe de recherche sur les

inadaptations sociales de l’enfance

(GRISE), Université de Sherbrooke

(1998)

3. Ressources des parents Ressources dont disposent les parents (temps,

sociales et financières) (0-5 et 6-17) Perceived Adequacy of Resources

(Rowland et al., 1985)

Soutien des proches (0-5 et 6-17) Questionnaire de Pauzé (2014)

Relation de la famille avec le voisinage (0-5 et 6-17)

Adaptation du Neighborhood Cohesion

Index (NCI), (Buckner, 1988) par

Pauzé (2013)

4. Détresse psychologique des

parents

Détresse psychologique vécue par les parents (0-5 et 6-17)

Détresse psychologique (Préville et al.,

1992)

5. Événements stressants vécus

par la famille et stress associés

à l’exercice des rôles parentaux

Événements stressants vécus par la famille au

cours de la dernière année (0-5 et 6-17)

Adaptation du Family Inventory of Life

Events and Changes de McCubbin, et

al. (1980) (disponible dans Barton et

Baglio, 1993).

Stress associés à l’exercice des rôles parentaux

(domaine du parent) (0-5 ans) Parenting Stress Index (ISP-4), Abidin

(2012), version française par l’Institut

de Recherches Psychologiques (2013)

Section B: Histoire des parents et dynamique du couple

6. Expériences des parents au

cours de leur enfance

Maltraitance vécue par le parent au cours de

son enfance (0-5 et 6-17) Childhood Trauma Questionnaire

(CTQ) de Bernstein et Fink (1998),

version française de l’Institut de

Recherche pour le développement

social des jeunes (IRDS)

7. Fonctionnement conjugal Qualité de la relation conjugale (0-5 et 6-17)

Échelle d’ajustement dyadique (DAS-

16) de Antoine et al. (2008), version

abrégée de la Dyadic Ajustement Scale

(Spanier, 1976)

Exposition du jeune aux conflits conjugaux :

fréquence et intensité des conflits (6-17 ans) Sous-échelles du Children’s

Perception of Interparental Conflict

Scale (CPIC), Grych et al. (1992)

Résolution des tâches développementales de la

famille (0-5 et 6-17)

Questionnaire sur les stades

développementaux des familles

(Bradley et Pauzé, 2009)

Page 98: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

89

Section C: Fonctionnement de la famille

8. Fonctionnement familial Résolution de problèmes, expression affective

et fonctionnement général (0-5 et 6-17)

Sous-échelles du Family Assessment

Device (FAD), (Epstein et al., 1983) et

Items supplémentaires sur les

caractéristiques de la communication

dans la famille construits par Pauzé et

Dionne (2013)

Cohésion et flexibilité familiales,

communication et satisfaction concernant le

fonctionnement familial (0-5 et 6-17)

FACES IV (Olson et al., 2006)

Présence de problèmes dans la famille (0-5 et 6-17)

Questionnaire du GRISE, Université

de Sherbrooke (1998)

Section D: Qualité des relations parents-jeune et pratiques éducatives des parents

9. Caractéristiques de la

relation parents-jeune

Qualité de la relation parents-jeune du point de

vue des parents (0-5 et 6-17)

Qualité de la relation parents-jeune du point de

vue des jeunes (12-17 ans)

Index of Parental Attitude (Hudson,

1982)

Inventory of Parent and Peer

Attachment (IPPA) (Armsden et

Greenberg, 1987)

Pratiques éducatives des parents (6-17 ans)

Alabama Parenting Questionnaire,

Shelton et al. (1996)

Items supplémentaires sur les pratiques

éducatives des parents, construits par

Pauzé et Touchette (2013)

Punitions reçues par le jeune dans la famille (12-

17 ans) Adaptation du Conflict Tactics Scales

(Strauss, 1979) par le GRISE

Section E : Caractéristiques personnelles et sociales du jeune

10. Caractéristiques

personnelles et sociales du

jeune

Grossesse et première année de vie de l’enfant (0-5 ans)

Questionnaire sur les habitudes de vie,

Muckle, Bussières et Nadeau (inédit

2014)

Stress associés à l’exercice des rôles parentaux

(domaine de l’enfant) (0-5 ans) Parenting Stress Index (ISP-4), Abidin

(2012), version française par l’Institut

de Recherches Psychologiques (2013)

Comportements du jeune (0-5 et 6-17) Child Behavior Checklist (CBCL),

pour les jeunes de 1.5 - 5 ans,

Achenbach et Rescorla, (2001) (0-5 ans)

Child Behavior Checklist (CBCL),

pour les jeunes de 6-18 ans,

Achenbach (2001) (6-17 ans)

Youth Self-Report (YSR), pour les

jeunes de 11-18 ans, Achenbach

(2001) (12-17 ans)

Page 99: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

90

Symptômes traumatiques chez l’enfant (0-5 ans)

Trauma Symptom Checklist for Young

Children (TSCYC) de Briere (2005)

Relations avec les amis (12-17 ans) Questionnaire adapté de l’Enquête

Santé-Québec (1992)

Développement de l’enfant (0-5 ans) Ages and Stages Questionnaires

(ASQ-3), Bricker et al. (1999), version

française par

Bonin, Robaey, Vandaele, Bastin et

Lacroix (2000)

Grille d’évaluation du développement

(GED), Pomerleau, Vézina, Moreau et

Malcuit(2005)

Section F : Évaluation de l’intervenant

11. Fonctionnement familial du

point de vue de l’intervenant

Dimensions du fonctionnement familial (0-5 et 6-17)

Questionnaire de Pauzé (2013)

Types de négligence et leur gravité (0-5 ans)

Index de négligence, Trocmé (1996a),

traduit par Brousseau (1999)

Section G : Bilan de l’évaluation

12. Conclusion Carte conceptuelle du fonctionnement de la

famille (6-17 ans) Créée par Pauzé (2013)

Carte conceptuelle de la négligence parentale (0-

5 ans) Créée par Pauzé (2013)

Page 100: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

91

Annexe E

Schéma de l’entrevue

Page 101: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

92

L’implantation et l’utilisation du protocole d’évaluation

familiale: positions des intervenants, des gestionnaires et

des familles

Questionnaire auprès des familles

CHERCHEURES RESPONSABLES:

Doris Chateauneuf, Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU

Catherine Arseneault Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU

1. PERCEPTIONS EN LIEN AVEC LA PASSATION

1.1. Comment le PEF vous a-t-il été présenté par votre intervenante? Parlez-moi des instructions que vous avez eues pour remplir le PEF. Qu’est-ce que l’intervenante vous as dit par rapport à l’utilisation des questions / à

quoi les questions allaient servir? Comment ça s’est déroulé lorsque votre intervenante vous a remis les questionnaires?

Avez-vous rempli tous les questionnaires seul ou l’intervenante vous a accompagnée? Est-ce qu’elle vous a aidé pour certaines sections?

De façon générale, considérez-vous avoir bien compris les questions? Est-ce que votre intervenante vous a aidé à comprendre certaines questions? Qu’est-ce qui aurait pu faciliter votre compréhension?

1.2 Comment avez-vous trouvé les questions? Quels sont vos commentaires à ce sujet? Parlez-moi de ce qui a été le plus difficile pour vous au niveau des questions. Parlez-moi de ce qui a été le plus facile pour vous au niveau des questions. Auriez-vous des suggestions à faire concernant les questions? Quelles sont-elles? Diriez-vous que les questions étaient formulées clairement? Qu’est-ce qui pourrait

améliorer leur clarté? Diriez-vous qu’il y avait des questions embarrassantes? Choquantes? Non

pertinentes? Comment ces questions pourraient être améliorées?

1.3 Lorsque votre intervenante vous a présenté le PEF, quelle a été votre réaction? Avez-vous accepté sans hésiter? Qu’est-ce qui vous a mis en confiance? Avez-vous hésité avant d’accepter? Quelles étaient vos craintes?

1.4 Pendant que vous remplissiez ces questionnaires, les questions vous ont-elles permis de réfléchir à votre situation personnelle ou à celle de votre enfant?

Page 102: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

93

2. UTILITÉ PERÇUE EN TERMES D’INTERVENTIONS

2.1 Comment les résultats vous ont été présentés? De façon générale, considérez-vous avoir bien compris les résultats? Qu’est-ce qui

aurait pu faciliter votre compréhension? De quelle façon les résultats reflètent / ou ne reflètent pas votre situation?

2.2 Pourquoi, selon vous, le PEF est utile / ou pas utile à l’intervention? Avez-vous l’impression que d’avoir fait le PEF a répondu à certains de vos besoins?

Si oui, lesquels? Si non, comment l’expliquez-vous?

Est-ce que le fait d’avoir fait le PEF avec votre intervenante a fait une différence au niveau de votre relation avec elle? Est-ce que votre relation a changé après avoir fait le PEF?

Si oui, préciser.

3. CONCLUSION

3.1. Qu’est-ce que vous auriez à dire (à suggérer ou conseiller) à une autre famille qui pense à compléter le PEF et qui vous demande votre opinion?

3.2. Quels sont vos commentaires généraux sur le PEF? Recommandations? Suggestions?

Page 103: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

94

Annexe F

Formulaire de consentement

Page 104: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

95

L’implantation et l’utilisation du protocole d’évaluation familiale: positions

des intervenants, des gestionnaires et des familles

CONSENTEMENT – FAMILLE -VOLET 3

CHERCHEURES RESPONSABLES:

Doris Chateauneuf, Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU

Catherine Arseneault Ph.D., chercheure collaboratrice, CJQ-IU

** Les informations contenues dans ce formulaire seront résumées et transmises verbalement

aux familles lors de la prise de contact par téléphone. La personne en charge des entretiens

s’assurera que le consentement a été enregistré.

DESCRIPTION DU PROJET

Présentation du projet et de ses objectifs Dans le but de développer une meilleure pratique d’évaluation des profils et des besoins des

usagers et de soutenir le travail clinique des intervenants, le CJQ-IU procède depuis un peu plus

d’un an à l’implantation d’un protocole d’évaluation familiale (PEF). Ce protocole regroupe un

ensemble de questionnaires permettant d’évaluer les principales composantes du

fonctionnement familial. La présente étude évaluative vise, entre autres, à explorer les

perceptions des intervenants sociaux, des gestionnaires et des familles quant à la pertinence

clinique du PEF.

Participation à la recherche et mesures de confidentialité Votre participation à ce projet consiste à répondre à diverses questions portant sur votre

expérience en lien avec les protocoles. Vous serez plus spécifiquement amené à vous exprimer

sur: le temps requis pour compléter les questions, la compréhension des questions, la

présentation des résultats et sur l’utilité perçue en termes d’intervention. La durée de chacun

des entretiens est d’environ 30 minutes et un montant de 20$ par entrevue vous sera offert afin

de pallier aux inconvénients liés à votre participation. Notez que ces entrevues feront l’objet

d’un enregistrement audio, et ce dans le but d’en faciliter l’analyse. Le contenu demeurera

confidentiel et ne sera connu que par les responsables du projet (chercheures et assistante de

recherche). Vous avez aussi le droit de refuser d’être enregistré : dans ce cas, la personne

responsable de l’entretien prendra des notes sur papier de vos propos. Toutes les informations

recueillies au cours du projet seront traitées dans la plus grande confidentialité et votre nom

n’apparaîtra dans aucun document. Le matériel d’entrevue sera conservé dans un classeur barré,

dans le bureau de la chercheure responsable, au CJQ-IU. Au terme de l’analyse et de sa

diffusion (maximum cinq ans), les enregistrements, transcriptions d’entrevue et questionnaires

ayant servi à l’analyse seront détruits.

Page 105: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

96

Diffusion des résultats Les résultats de cette étude seront présentés et détaillés dans un bref rapport de recherche,

toujours en préservant la confidentialité des données. Si vous souhaitez être informé des

résultats, ce rapport peut vous être transmis par courriel à la fin du projet.

CONSENTEMENT Votre participation est entièrement volontaire. Vous êtes libre de vous retirer en tout temps sur

simple avis verbal, sans préjudice et sans devoir justifier votre décision. Si vous décidez de

vous retirer de la recherche, les renseignements qui auront été recueillis au moment de votre

retrait seront détruits.

-dessus, avoir obtenu les réponses à

mes questions sur ma participation à la recherche et compris le but, la nature, les avantages et

les inconvénients de cette recherche. Après réflexion, je consens librement à prendre part à

cette recherche. Je sais que je peux me retirer en tout temps sans préjudice et sans devoir

justifier ma décision.

adre de cette étude soient utilisées pour

des projets de recherche subséquents de même nature, conditionnellement à leur approbation

par un comité d’éthique de la recherche et dans le respect des mêmes principes de

confidentialité et de protection des informations :

___________________________

Nom du participant

___________________________

Signature du participant

_____________________

Date

___________________________

Nom du témoin

___________________________

Signature du témoin

______________________

Date

Personne-ressource

-Pour tout autre renseignement concernant ce projet, vous pouvez joindre la chercheure responsable,

Doris Chateauneuf (418) 661-7291, poste 1534 / [email protected]

-Toute plainte ou critique en lien avec ce projet devra être adressée au Commissaire aux plaintes et à la qualité des services du CIUSSS de la Capitale nationale au 2915, avenue du Bourg-Royal, Beauport, Québec G1C 3S2. Téléphone : (418) 691-0762

Page 106: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

97

Annexe G

Formulaire d’autorisation de transmission d’informations

Page 107: La famille prend la parole: Évaluation de …...Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres

98

L’implantation et l’utilisation du protocole d’évaluation familiale: positions des

intervenants, des gestionnaires et des familles FORMULAIRE D’AUTORISATION DE TRANSMISSION

DE L’INFORMATION CONFIDENTIELLE

CHERCHEURES RESPONSABLES:

Doris Chateauneuf, Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU

Catherine Arseneault Ph.D., chercheure collaboratrice, CJQ-IU

Je consens à ce que __________________________________, (nom de l’intervenant) du Centre

jeunesse de Québec – Institut universitaire transmette mon nom et mes coordonnées à l’équipe

de recherche afin qu’un assistant de recherche puisse me téléphoner pour m’expliquer la teneur

de ma participation au projet de recherche intitulé « L’implantation et l’utilisation du protocole

d’évaluation familiale : positions des intervenants, des gestionnaires et des familles » (sous la

responsabilité de Doris Châteauneuf, chercheure d’établissement au CJQ-IU, et de Catherine

Arseneault, chercheure collaboratrice au CJQ-IU). Je serai alors entièrement libre d’accepter ou non

de participer au projet. Dans le cas où j’accepte de participer, nous fixerons un rendez-vous

téléphonique à une heure qui me convienne ou encore, l’entretien pourrait avoir lieu sur le champ,

selon ma préférence.

Nom :

Numéro de téléphone : _________________________________________

Signature du participant Date

______________________________ _________________