La famille aujourd’hui · 2013-06-03 · La cellule familiale est à la base de la société...

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Printemps 2013 Volume 30 - Numéro 2 La famille aujourd’hui Un regard chrétien sur le monde actuel

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Printemps 2013Volume 30 - Numéro 2

La famille aujourd’hui

Un regard chrétien sur le monde actuel

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Le Lien est un magazine chrétien publié quatre fois par an. Interdé-nominationnel Il vise à édifier, à stimuler la réflexion sur la vie chré-tienne dans notre monde actuel, et à être un canal pour faciliter la diffusion de l’information au sein de la communauté évangélique québécoise. Il est commandité par la CCEFM et ses partenaires et soutenu par les lecteurs.

Le Lien est édité à Montréal. Ré-dacteur en chef : Jean Biéri; Comité de rédaction : Joëlle Basque, Wil-ner Cayo, Robert Dagenais, Soula Isch, Jean-Calvin Kitata, Noémie Leclerc, Richard Lougheed, Marc Paré, Arisnel Mesidor. Graphiste: Lucie Beauchemin. Illustration de la Page couverture: Jordi Sampere Abonnement : Canada, 16 $ par an; Étranger, 20 $ par an.

Adresser toute correspondance à : Le Lien, 4824 Côte-des-Neiges Suite 301, Montréal (Québec) H3V 1G4, Canada. Tél. : (514) 331-0878 poste 222. Courriel : [email protected] Téléc. : (514) 331-0879. ISSN 1716-5016

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2Le Lien Printemps 2013

Réflexions sur le coupleMartin Lanthier

Ces petits renardsMarise Girard

Le sexe dans le mariageMartin Lanthier

Réussir sa famille recomposéeAnne-Laure Gannac

La famille monoparentaleSylvie Bourcier, et Marie Charbonniaud

Vivre avec un stigmateSoula Isch

• D a n s c e n u m è r o •

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Dossier : La famille aujourd’hui

Jeux

Parole vivante

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Jean Bieri

3Printemps 2013 Le Lien

Quel sens donner à la famille?

• É d i t o r i a l • É d i t o r i a l •

Les lignes suivantes tirées d’un article du blog d’Alain Ledain, auteur chrétien, posent bien le problème auquel la famille est confrontée aujourd’hui.

Pour nous chrétiens, la nature des relations est d’essence divine. Elle est en premier lieu le reflet de la nature trinitaire, elle est l’expression, à travers cette unité, de l’accord parfait, de l’amour. Dans le jardin d’Eden, la relation principale de l’homme s’incarna avec Dieu. Ensuite, Dieu fit la première femme, un être ontologiquement sem-blable à l’homme mais sexuellement dif-férent. Notons l’affirmation biblique rela-tivement à la création du couple homme et femme «Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.» (Gn 1,27) L’amour parfait du Créateur fut de songer à l’homme dans la re-lation avec un autre lui-même : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. » (Gn 2,18) En dehors de la femme, rien ne convient à l’homme dans l’univers créé par Dieu. Tant l’homme que la femme ne serait « complet » sans cette « côte » retirée à l’un pour façonner l’autre.

Au cours des dernières décennies, le lien familial a été fortement modifié par de pro-fondes transformations sociales. Jamais les

ruptures conjugales n’ont autant progressé. Le mariage fait-il encore sens? Force est de constater une déconstruction de la conju-galité, du sens que l’on donne à la dimen-sion du mariage à travers ses trois dimen-sions : fidélité, filiation et mystère. Or, face aux transformations sociales, sociétales, économiques et même idéologiques qui impactent la dimension du mariage, il nous semble pertinent de s’interroger de nouveau sur le sens, l’origine et davantage encore sur la vocation spirituelle du couple, de son union, de l’unité d’un homme et d’une femme dans leur rencontre humaine, spirituelle, char-nelle. Les transformations sociales opérées depuis plusieurs décennies posent en réalité une problématique consumériste : celle de l’évolution marchande de la société. Cette évolution est poussée à son paroxysme, crée des dysfonctionnements bien réels qui poussent les hommes et les femmes au désir exacerbé de toujours consommer da-vantage. Nous ne consommons plus pour vivre mais nous vivons pour consommer.

Dans ce numéro du Lien que vous tenez entre vos mains, nous vous invitons à une réflexion sur le sens de l’union conjugale aujourd’hui, et sur ce qu’il convient de faire lorsque nous nous retrouvons en situation monoparentale ou dans le contexte d’une famille recomposée. Bonne lecture à tous!

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Réflexions sur le couple

la jalousie, elle chasse la pauvre domes-tique et son enfant qui se retrouveront seuls dans le désert, exposés à la faim et à la soif. Vous admettrez que de nos jours cela ferait un bon téléroman.

2. Isaac, Rebecca et les autres. Isaac et Rébecca, voilà un autre couple étrange. Elle va jouer dans le dos de son mari pour que son fils cadet qui est son préféré soit avantagé par rapport à son autre enfant. Tristement inspirant, n’est ce pas? Et si l’on parlait du père Jacob, dit Israël, qui a donné son nom à la nation juive. Par un concours de circonstances, il devient polygame sans le vouloir. Ses deux épouses, Rachel et Léa, rivales et jalouses, vont se lancer dans une compétition «natale». C’est à qui donnera le plus d’enfants à Jacob. Elles vont même aller jusqu’à ordon-ner à leurs domestiques respectives de coucher avec leur mari pour supplanter l’autre. De cette compétition sortiront 12 enfants qui deviendront les 12 tri-

Mais est-ce que ces unions sont tou-jours de bonnes choses? Contraire-ment à ce que l’on

pourrait penser, la Bible ne nous mon-tre pas toujours de modèles inspirants.

Exemples de couples

1. Abraham et Sarah. L’histoire d’Abraham et Sarah n’est pas pour nous donner le goût de nous marier. Lorsque le roi de la place trouve Sarah à son goût et veut s’en emparer, Abra-ham n’hésite pas à la faire passer pour sa sœur, l’abandonnant ainsi entre les mains du monarque. Et lorsque Sarah ne réus-sit pas à avoir un enfant avec lui, elle lui permet de coucher avec la domestique afin d’obtenir un fils qu’elle pourra élever comme le sien! Le problème c’est que Sarah finit par tomber elle-même enceinte! Poussée alors par la haine et

Qui n’aime pas assister à une cérémonie de mariage? Les gens sont beaux, les mariés filent le parfait bonheur, on jette allègre-ment des confet-tis sachant qu’on n’aura pas à tout ramasser par la suite…

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Martin Lanthier,pasteur de l’Église chrétienne évangélique

de Sainte-Rose

Martin Lanthier

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bus d’Israël. Et puisque l’on fait dans la polygamie, on pourrait parler du roi David qui s’est constitué un harem, et de son fils Salomon, qui, apparemment tentait de battre un record Guinness du nombre de concubines. La Bible n’est pas comme ces biographies qui se plaisent à nous présenter uniquement le bon côté des choses. Elle nous décrit des hommes et des femmes comme vous et moi, avec leurs problèmes et leurs erreurs, leur comportement par-fois honteux et leurs regrets, afin que nous puissions en tirer des leçons.

3. Marc et Caroline. Comme pour tous les couples, l’union de Marc et Caroline, deux québécois, a commencé dans le bonheur et l’excitation d’une nouvelle relation amoureuse. Puis, il y a eu la routine, un premier enfant, un changement de carrière, et la mort d’un parent. Après 12 ans de vie commune,

la vie conjugale n’était plus ce qu’elle était au tout début. Leur mariage n’avait pas livré la marchandise. Aujourd’hui, Marc n’éprouve plus grand-chose pour Caro-line avec qui les disputes se multiplient. Il a pensé se séparer d’elle, mais il en a été dissuadé à la seule pensée de devoir payer une pension alimentaire, de ne voir son fils qu’une semaine sur deux, et d’avoir à faire avec des avocats, sans parler des parents chez qui la séparation serait un choc. Il semble que le gain ne vaille pas le prix à payer. Alors il reste malgré tout. Caroline elle se rend bien compte que Marc n’a pas ce qu’il faut pour répondre à ses besoins affectifs. Depuis son nouvel emploi, il est par-ticulièrement distant. Elle mérite d’être aimée à sa juste valeur. Elle désire plus. L’amour de la part de Marc, elle a fait une croix dessus depuis quelque temps. Après tout, emménager avec Marc était une erreur, se dit-elle. Peut-être n’est-elle

pas faite pour être avec un homme. Peut-être devrait-elle essayer une femme…

Décidemment, la vie conjugale n’est pas que petite brise et pétales de rose. Nous attendons beaucoup du mariage, mais ce qu’il nous apporte est décevant ou in-suffisant. Et plus nous obtenons ce que nous voulons, plus nous sommes insatis-faits. Existe-t-il un moyen de s’en sortir?

Ce qu’en dit la Bible

Dans la Genèse, nous retrouvons la première union entre un homme et une femme. C’est Dieu qui après avoir créé Adam, a créé Ève et l’a amené vers lui. C’est lui qui les a invités à être féconds et à peupler la terre par leur descendance. Certes, dans ce récit, il n’y a ni confettis, ni bagues d’alliance, seulement Dieu qui unit un homme et une femme. C’était le premier mariage.

Le mariage peut être considéré comme «une relation d’alliance dont l’intention est d’unir un homme et une femme pour la vie.» Les textes bibliques nous révèlent l’intention de Dieu pour l’union conjugale. Du même coup ils nous renseignent sur ce qui ne faisait pas partie du plan divin à l’égard des êtres humains. Ainsi le mariage n’est pas: 1. Uniquement un acte émotionnel ou sentimental. 2. Une union entre deux personnes de mêmes sexes, ou entre un adulte et un enfant. 3. Une union temporaire qui subsistera tant que le sentiment amoureux sera manifeste ou que le sexe sera bon. Le mariage est

Les mariés filent le parfait bonheur.

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plutôt le moyen par lequel Dieu vient combler les besoins de l’être humain:

1. Besoin d’un compagnon. Le texte de la Genèse sous-entend que l’homme avait besoin d’un compagnon. «L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. » (Gn 2,18). Adam était le seul de sa race. Dieu nous ayant créés foncièrement relationnels (comme lui), il était important que nous puissions vivre avec un vis-à-vis. C’est ainsi que Dieu a créé Ève et l’a présenté à l’homme. Ils ont été unis pour répondre au besoin de «compagnonnage» de l’humain.

2. Besoin de reproduction. « Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez fé-conds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Gn 2,18). L’union de Ève avec Adam, avec des organes complé-mentaires, allait permettre la reproduc-tion de la race. Si Dieu n’avait pas créé la femme, l’homme n’aurait pu se re-produire. La situation aurait été la même si Dieu l’avait uni à un autre homme.

3. Création d’une entité familiale. La cellule familiale est à la base de la société humaine. «C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils de-viendront une seule chair.» (Gn 2,24)

4. Contexte sécurisé pour l’expres-sion de la sexualité. L’union entre l’homme et la femme allait permettre

l’expression de la sexualité dans toute sa vulnérabilité dans un contexte sécu-ritaire. «L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte.» (Gn 2,25). Outre le livre de la Genèse, plusieurs autres textes bibli-ques clarifient et renforcent tour à tour l’idéal de Dieu pour l’union conjugale.

Poser le bon diagnostic, trouver de l’aide

Quelqu’un pourrait-il être contre le plan divin du mariage? Pourquoi cherchons-nous tant à redéfinir le couple ou la famille? Est-il réellement préférable d’évoluer en famille recomposée avec des belles-mères, des demi-frères et une garde partagée? En quoi la reconnais-sance, par nos gouvernements, du ma-riage entre personnes de même sexe est-elle une alternative de même valeur que la définition traditionnelle du mariage? Nous le faisons peut-être au nom de la liberté. Et si notre liberté nous emmenait comme pour Abraham et Sarah davan-tage vers le malheur que le bonheur? Le mariage tel que défini dans la Bible est plus qu’une simple institution. C’est une réponse de Dieu au problème humain.

La majorité d’entre nous traversent des temps orageux dans notre vie de couple. Et pour sauver la face, généralement nous nous arrangeons pour que cela ne se sache pas. Peut-être que vous faites partie de ceux qui souffrent dans leurs relations. Vous contempler peut-être un peu comme Marc ou Caroline l’idée de la séparation. Mais en réalité est-ce réel-

lement la séparation que vous recher-chez? N’est-ce pas plutôt la guérison de votre relation actuelle? La séparation est une façon de fuir la douleur. Mais le problème est qu’elle ne préviendra pas une autre relation amoureuse insatisfai-sante. Fuir vous donnera l’impression d’être libéré de votre état si inconfor-table. Mais en réalité, la séparation com-prendra son lot de deuil, de culpabilité, de honte et de tristesse, et viendra se ra-jouter à votre sentiment d’échec actuel.

Dieu a un plan pour votre mariage. Votre union peut-être être renou-velée. Lorsque les deux conjoints veulent sauver leur mariage, je crois qu’ils peuvent expérimenter dans leur relation des changements signi-ficatifs en moins de temps que cela ne prend pour compléter une procé-dure de divorce. La clé? Il faut aller chercher de l’aide. Et de préférence chez quelqu’un qui saura vous guider vers l’idéal de Dieu pour le mariage.

Faire une différence

Collectivement, que pouvons nous faire pour aider ceux que nous aimons, nos frères, sœurs, amis, voisins à être plus heureux? Il nous faut d’abord com-prendre ce qu’est l’idéal de Dieu pour le mariage, tel qu’il nous l’a révélé dans les saintes Écritures. D’un point de vue préventif, nous pouvons expliquer à nos jeunes comment Dieu a pourvu à leur bonheur grâce à la prescription du mariage. Nous pouvons organiser une (Suite en page 15)

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Ces petits renards !

tent sous la forme de disputes ano-dines, mais cachent les blessures émotionnelles de chaque conjoint.

Lorsque deux conjoints s’unissent pour la vie, ils le font avec un bagage relationnel. Certains au-teurs, tel Harville Hendricks, diront que l’être humain cherche un(e) conjoint(e) qui répondra à l’image intérieure qu’il s’est créée à partir des relations significatives passées de sa vie (généralement ses parents). Le «coup de foudre» est une espèce de déjà vu où la per-sonne a 1’impression de retrouver son morceau manquant. Toute-fois, si cette relation a la possibi-lité de devenir un lieu de guérison des blessures émotionnelles, elle

Les renards, par leur nom-bre, ravageaient les jardins en Judée. Cette parole semble être une demande d’écarter tout ce qui

pourrait endommager la relation amoureuse (vigne en fleur) entre le bien-aimé et sa bien-aimée. De nos jours, de nombreux « petits renards » peuvent ravager une relation de couple. Parmi les nombreuses sources de conflit, l’éducation des enfants et les finances sont gé-néralement nommés en tête de liste par les couples. Naturellement, certains événements, hors de notre contrôle, mettent un stress im-portant sur la relation. Toutefois, j’aimerais vous parler de «petits re-nards» plus sournois. Ils se présen-

« Qu’on attrape ces renards, ces petites bêtes qui font du dégât dans les vignes, alors que notre vi-gne est en fleur ! » (Cantique des can-tiques 2,15)

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Marise Girard,travailleuse sociale et psychothérapeute partenaire

au Centre d’aide psychosociale (CAP)

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est souvent une source de frus-trations et de mésententes où les conflits du passé semblent serejouer constamment entre les conjoints. La personne essaie de réparer inconsciemment ses bles-sures antérieures. Par exemple, M. et Mme Tévé se disputent sur un sujet anodin à savoir le nombre d’heures passées devant la télévi-sion le soir. Mme Tévé devient très émotive et part en claquant la porte. Que s’est-il passé ? Ma-dame, à partir de son histoire per-sonnelle tente de se rapprocher d’un père absent et rejetant. Mon-sieur, à partir de son histoire per-sonnelle essaie de se protéger d’un envahissement d’une mère « contrôlante. » Aucun des con-

joints n’a conscience que son passé est en première scène et M. Tévé se demande, en allumant sa télévision, pourquoi sa femme est si émotive !

Dr James Dobson a sondé 600 cou-ples qui avaient une relation de cou-ple depuis de nombreuses années. Il leur a demandé ce qu’ils recom-manderaient à ceux qui débutent une union. Les trois principales réponses ont été : 1) un foyer centré sur Christ; 2) un amour engagé; et 3) des habiletés de communication.

Les jeunes couples débutent gé-néralement leur union avec des yeux scintillants d’amour. Toute-fois, malgré une estime sincère, un manque d’habileté au niveau de la

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communication entraîne de nom-breuses irritations et mésententes qui à la longue peuvent se trans-former en blessures profondes difficiles à cicatriser. Les études démontrent que les couples qui possèdent les compétences inter-personnelles pour résoudre leurs conflits et communiquer de façon efficace et satisfaisante demeurent plus longtemps ensemble que les couples qui n’ont pas ces habiletés.

Les habiletés de communication et d’écoute permettent de créer un lieu propice pour nommer et résoudre les conflits et amener à la guérison les blessures qui s’y cachent.Alors assurez-vous d’être bien équi-pés pour la chasse aux renards!

Ces petites bêtes qui font du dégât dans les vignes.

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Le sexe dans le mariage

d’être humain nous démontre bien qu’il y a en nous quelque chose, qu’il soit psychique ou bio-logique, qui nous pousse vers l’autre. Sans cette pulsion, tension, ou force sexuelle, cette attraction entre l’homme et la femme, nous serions moins nombreux dans ce monde, puisqu’elle est respon-sable de bien des naissances! Elle nous incite au rapprochement. Cette force était incluse dans l’évaluation divine au chapitre 1 du livre de la Genèse. En soit elle est très bonne. Encore faut-il que nous soyons capable de bien canaliser cette énergie sexuelle.

Au 1er siècle la ville de Corinthe était reconnue pour son incon-

C’est entre autres, ce que nous obser-vons aujourd’hui au niveau de l’éclatement de la

cellule familiale. Plusieurs déboires peuvent être évités si nous prenons notre quête du bonheur au sérieux.

La pulsion sexuelle est légitime

La psychanalyse fait référence à une force qui s’exerce au plus profond d’une personne et qui la pousse à accomplir une action visant à réduire une tension. Pas besoin d’être psychanalyste pour le comprendre. Notre expérience

Avons-nous le droit de faire ce que nous vou-lons? Oui, à cause de notre liberté de choix. Cependant nous n’aurons pas le choix des con-séquences. Nous devrons vivre avec.

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Martin Lanthier,pasteur de l’Église chrétienne évangélique de

Sainte-Rose

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duite sexuelle. Les gens qui se convertissaient au christianisme entraient dans l’Église avec un bagage sexuel des plus variés. L’Église était soumise à une forte influence culturelle comme nous l’affirme Paul dans sa lettre aux Corinthiens : «On entend dire gé-néralement qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une impudi-cité telle qu’elle ne se rencontre pas même chez les païens; c’est au point que l’un de vous a la femme de son père» (1Co 5,1). Comme si cela ne suffisait pas, certaines personnes se sont mises à dénigrer les relations hommes-femmes, privilégiant peut-être une forme de mariage spirituel plus proche de l’ascétisme, où toute forme de sexualité était

Une éthique existe en matière de sexualité

Si le texte de Paul parle d’inconduite, c’est qu’un idéal, ou tout au moins une notion d’éthique sexuelle existe. Et si elle existe, il nous faut la re-découvrir afin de renverser les comportements qui ont enta-ché notre sexualité et qui nous privent de l’épanouissement qu’elle devrait nous apporter. La mission de notre Église consiste à présenter Dieu et son projet bienveillant pour l’humanité et à inviter nos contemporains à vivre selon les enseignements de Jésus-Christ. Y a-t-il une ou plusieurs paroles de Jésus qui nous permettraient de re-

découragée. Les prêtres qui sont contraints à renoncer à une sexua-lité active entrent aussi dans ce cadre. L’apôtre Paul nous invite implicitement à ne pas sous-estimer la force de nos pulsions sexuelles: «Mais s’ils manquent de continence, qu’ils se marient; car il vaut mieux se marier que de brûler» (1Co 7,9). «Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière; puis retournez ensem-ble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence» (1 Co 7,5). Il est intéressant de noter que le diable n’est pas as-socié à notre «sex drive» mais plutôt au risque que représente l’absence d’une sexualité active.

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Dans le couple, chaque personne doit se mettre au service de son/sa bien-aimé(e).

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découvrir l’idéal de la sexualité chrétienne? La réponse est oui.

À un érudit qui lui a demandé quel est le premier de tous les commandements, Jésus a répon-du : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Mc 12,30-31. La ma-jorité d’entre nous connaissent bien cette règle d’or. Pourtant, nous n’y prêtons pas toujours at-tention et nous sous-estimons la portée de ces paroles. Aimer Dieu de tout son être inclut le corps puisqu’il fait partie de notre être.

Dans sa lettre aux Philippiens, l’apôtre Paul nous explique ce que veut dire aimer son prochain: «Ne faites rien par esprit de par-ti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes (Ph 2, 3)». Aimer son prochain requiert de l’humilité et une discipline qui consiste à se mettre au servir de l’autre. Com-ment pouvons-nous prendre ce principe et l’apporter dans notre chambre à coucher? Par le fait que nous devons nous mettre au ser-vice de notre bien-aimé(e). Nous devons certes considérer nos be-soins en matière de sexualité, mais avant tout mettre de l’avant ceux

à long terme sur notre santé.Lorsque j’ai prononcé mes vœux de mariage, il y a de cela plus d’une dizaine d’années, j’ai promis de chérir celle qui de-venait mon épouse. Je me suis donné à elle. Depuis, je cherche à perpétué ce don au fil des an-nées de notre mariage. Ce qui doit primer dans ma famille est le bien-être de mon épouse. Certes, je ne réussis pas toujours. Le pardon et la grâce de mon épouse à mon égard est salutaire!L’idéal chrétien consiste donc en ce que les époux mettent leur corps au service du bonheur de l’autre, ce qui génère une sexualité altruiste.

De manière plus concrète, si l’homme communique à sa femme son désir de faire l’amour avec elle, et que cette dernière n’est pas très disposée, il n’exercera ni pression, ni manipulation pour la contraindre, parce que son corps appartient désormais à son épouse pour son bon plaisir. De son côté, si la femme reçoit les avances de son mari et qu’elle n’en ait pas trop envie, elle peut tout de même acquiescer à sa de-mande en lui demandant un cer-tain temps pour se mettre dans l’ambiance, puisque son corps ap-partient désormais à son époux.

Au niveau des pratiques sexuelles, J’ai lu l’histoire d’une femme qui avait une répulsion à l’idée d’embrasser son conjoint avec

de notre conjoint/conjointe. Paul renchérit dans ce sens dans sa première lettre aux Corinthiens: «Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme.» (1 Co 7,3-4).

Le don de soi

Dans une autre de ses lettres, Paul pousse l’application plus loin.«Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle» (Ép 5,24). Ainsi la règle d’or qui consiste à aimer son prochain (et donc son époux/épouse) passe par le don de soi et un esprit de sacrifice.

Notre société elle tend plutôt à privilégier l’auto-gratification par la sexualité : il s’agit de mes phantasmes, de ma libido, de ma satisfaction sexuelle. Pourtant, il ne faut pas confondre gratifica-tion et satisfaction. Une sexualité auto-gratifiante, est comparable à une grosse poutine1 graisseuse extra sauce, extra fromage, ex-tra gras. On en a envie, c’est bon quand on la mange, on le regrette souvent quand on la digère. Sa valeur nutritive est très faible. Elle a aussi des effets néfastes

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la langue. Son mari n’était pas du même avis qu’elle. Mais il a appris par amour pour sa bien-aimée à prendre son plaisir en l’embrassant d’une autre façon. Vivre une sexualité altruiste qui ne cherche pas son propre intérêt, mais celui de l’autre, nécessite une saine communication où les époux se disent honnêtement leur désir, leur besoin, ainsi que leurs limites.

La sexualité doit être exclusive

Un sage a écrit : «Une personne qui, intentionnellement, cherche à se détruire, à se nuire, ne peut pas être sain d’esprit. À moins qu’une grande vérité lui ait échappé». Dans le livre des Proverbes nous lisons que «Celui qui commet l’adultère avec une femme est dépourvu de raison, c’est celui qui veut se détruire qui agit de la sorte» (Pr 6,32). Un moyen de préserver le bonheur conjugal et de protéger le couple est de rendre la sexualité exclusive aux époux. Malheureuse-ment, plusieurs perçoivent la rela-tion extraconjugale comme une porte de sortie acceptable d’une relation conjugale devenue insa-tisfaisante. L’époux/l’épouse ne cherche alors plus le bien de son conjoint, mais tente d’améliorer son sort sans savoir qu’il ou elle le fait au péril de son bonheur.

Cette catégorie inclut ceux qui

posséder le corps de l’autre (1 Co 7,3-5) contribue à empêcher l’autre de se livrer à une incon-duite sexuelle qui le désho-norerait, surtout lorsqu’il y a ab-stinence prolongée. Le conjoint ou la conjointe risque alors de perdre le contrôle sur sa libido et de poser des gestes qu’il ou elle regretterait par la suite, tout cela encouragé par l’ennemi de leurs âmes que la Bible appelle le diable. L’exclusivité sexuelle permet de protéger le bonheur des conjoints, entre autres, en évitant qu’ils versent dans des comportements menaçant pour l’unité du couple. Ainsi ils peu-vent parfaitement jouir d’une vie sexuelle excitante et épanouis-sante, sans compromettre les valeurs d’amour, de respect, de fidélité qui leur tiennent à cœur.

Personnellement, j’ai de la dif-ficulté à comprendre les couples qui regardent ensemble des films érotiques. Une telle pratique va à l’encontre de l’idéal chrétien pour le couple. Il y a un problème quand par exemple une épouse ne dit rien lorsqu’elle voit son homme utiliser internet pour assouvir ses pulsions. Ici encore, l’énergie sexuelle de l’homme qui est consacrée à son épouse est dilapidée en pure perte pour une étrangère qui se désha-bille à des lieux de distance.

1. Poutine: plat québécois essentiel-lement composé de frites, sauce et fromage fondue.

recourent à la prostitution, aux danseurs et danseuses nus, à l’échangisme, aux amants et mai-tresses et à la pornographie. Ils suivent une illusion de bonheur. C’est une gratification à court terme qui donne la nausée une fois terminée. Écoutons encore le livre des Proverbes : «Car les lèvres de la femme adultère dis-tillent des paroles mielleuses, et sa langue est plus onctueuse que l’huile, mais la fin qu’elle te pré-pare est amère comme l’absinthe, cruelle comme une épée à deux tranchants. Ses pieds se précipi-tent vers la mort; ses pas abou- tissent au séjour des morts. Elle ne se soucie guère du chemin de la vie. Elle suit des sentiers qui se perdent elle ne sait où. » (Pr 5,3-6)

Jésus indique que l’exclusivité ne se limite pas à l’acte sexuel. Il va plus loin en parlant du regard et du toucher, puisque ce sont les premiers stades qui conduisent à l’infidélité. Lorsqu’un homme fait alliance avec une femme par les liens du mariage, il lui offre son allégeance, son cœur, son corps, son énergie sexuelle. Et lorsque cet homme se permet de regarder d’autres femmes, que cela soit discrètement au travail, ou dans un bar, il dérobe à sa conjointe l’énergie sexuelle que celle-ci est en droit d’attendre de lui. Et cela va de même pour une femme qui porte ses regards sur d’autres hommes. Le fait de

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Réussir sa famille recomposée

L’arrivée du nouveau conjoint dans la famille

L’enfant a besoin de temps pour accepter de créer un lien avec un adulte, surtout lorsqu’il s’agit du con-joint de son parent. Avant d’accueillir celui-ci à la maison à plein temps, il faut en parler longuement avec lui : qu’en pense-t-il? Quels sont ses a priori? Ses inquiétudes? S’il n’a pas à décider de la vie privée de ses parents, il est concerné par les changements familiaux. Et ses senti-ments (appréhension, rejet) doivent être écoutés. La rencontre avec le nouveau conjoint ne doit jamais être le fruit d’un «hasard arrangé». Elle doit être assumée et revêtir un côté officiel, car elle permet la con-clusion de discussions et trace un nouveau cadre pour l’enfant. Il va de

Pour éviter l’accumu-lation des ressentiments et la généralisation des conflits, voici quelques pistes à explorer en fa-

mille. On ne choisit pas sa famille, dit-on, mais on choisit peut-être en-core moins sa famille recomposée. Si elle a fait les beaux jours des séries té-lévisées, version idyllique, la vie de ces nouvelles tribus n’est pas aussi rose qu’on voudrait le croire. Jalousies à arbitrer, difficultés à trouver sa place, interrogations sur l’autorité, sont au-tant de défis à relever au quotidien. Conscients de l’impossibilité et des dangers qu’il y aurait à délivrer des recettes toutes faites, nous avons essayé de comprendre les dif-férents enjeux psys et de proposer des repères destinés à mieux cerner le rôle de chacun. Pour rendre la vie commune plus harmonieuse.

Du plus trivial – «la chambre est trop petite!» – au plus psy – «est-ce à moi de le punir?» – c’est au quoti-dien que se pose la question des rôles et des ter-ritoires pour ces nouvelles tribus.

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Anne-Laure Gannac,psychologue

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soi que le choix des circonstances doit mettre tout le monde à l’aise (repas, sortie…), à commencer par le futur beau-parent, car c’est d’abord de lui que dépendra l’envie de l’enfant de s’investir dans cette nouvelle relation. On le présentera comme «l’ami(e) de maman (de papa)»; l’enfant ne doit pas se sentir obligé de l’accepter immédiatement en tant que beau-parent. On évitera de le questionner sur sa première impression. «Tu le (la) trouves sym-pa?» n’est pas anodin. Il faut laisser à l’enfant l’espace et le temps pour développer un rapport d’individu à individu avec son futur beau-parent.

La place du beau-parent

Pour se structurer, l’enfant a besoin de comprendre que son beau-parent n’est pas un copain ou un égal, mais un adulte, sur lequel il peut compter et à qui, en échange, il doit respect et obéissance. Le beau-parent a un rôle éducatif et, au minimum, le de-voir d’autorité et de protection, sans pour autant se substituer au père ou à la mère. Dans cette relation – qui dépendra de ce qu’il se sent prêt à investir et de ce que l’enfant a be-soin de trouver auprès de lui –, le rôle du parent présent est décisif. Il doit aider son conjoint à prendre sa place dans la famille, en le respon-sabilisant et en lui laissant des ini-tiatives en matière de vie familiale.

C’est toujours une relation singulière qui se construit entre deux personnes. L’important est d’être attentif aux éventuelles inquiétudes de l’enfant du conjoint et d’en parler avec lui pour le rassurer. Souvent, il pense qu’il ne «mérite» pas d’être aimé de la même façon par les adultes avec qui il vit. A contrario, il faut faire attention à ne pas être moins exigeant avec l’enfant de l’autre sous prétexte que l’on «n’est ni son père ni sa mère». Aucun enfant n’y trouve son compte: l’un se sentira délaissé, l’autre «har-celé». Des rendez-vous en tête à tête avec son enfant permettent de lui montrer que son statut n’est pas menacé et de préserver une intimité.

Les divergences dans l’éducation

Les règles concernant la vie com-mune doivent être énoncées claire-ment et respectées par tous, même si les enfants ne partagent le même toit que le week-end. Rien de pire que des parents qui se contredi-sent devant les enfants. Ceux-ci le ressentent et utilisent les failles. Si des désaccords – inévitables – ap-paraissent, il faut savoir «laisser pass-er» sur l’instant, avant d’en reparler, en tête à tête, pour se mettre d’accord sur la règle à suivre. Enfin, dans les familles recomposées plus que dans les autres, il est nécessaire d’inventer des rites (fêtes, discussions, sor-ties), car ils permettent de tisser col-lectivement une culture familiale.

Comment se faire appeler

Évidemment, l’appellation «papa» ou «maman» n’est pas souhaitable, surtout si le vrai «papa» (ou la vraie «maman») participe à l’éducation de l’enfant. Se faire appeler par son pré-nom est la pratique la plus courante. Si elle facilite la relation au début, cette pratique est ambivalente, car elle ne permet pas de nommer explicite-ment les places respectives de chacun et ne pose pas clairement les limites entre l’enfant et l’adulte. Il est donc essentiel que le beau-parent ne joue pas au «copain» avec l’enfant et que sa place d’adulte soit clairement sig-nifiée par des responsabilités précises. Il faut parfois accepter le surnom choisi par l’enfant. Il a l’avantage de marquer à la fois le statut particulier de cet adulte-là et d’être porteur d’une charge affective qui crée du lien.

Être un parent juste

Doit-on traiter son enfant et celui de l’autre de la même façon? Tout le monde est confronté à cette ques-tion. S’il faut veiller à ne privilégier personne, on ne peut nier qu’il existe une différence entre la relation à son propre enfant et à celui de l’autre. Ad-mettre cette réalité, c’est se donner les moyens d’être un parent juste. Com-me dans une famille «traditionnelle», il s’agit d’accepter que l’on considère chaque enfant de façon différente.

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Gérer les conflits

L’enfant n’est pas toujours prêt à admettre l’autorité de son beau-parent. D’où la nécessité que le parent le légitime: « Oui, tu dois faire tes devoirs le soir, Paul a rai-son», «Non, tu ne dois pas sortir après telle heure, je suis d’accord avec Marie», etc. Si le conflit dure, plutôt que s’acharner, mieux vaut, d’abord, en référer au père ou à la mère, qui interviendra, puis «lever le pied» pendant quelque temps. Peut-être que ni le beau-parent ni l’enfant ne se sentent prêts à entrer pleine-ment dans une relation «parentale».

Si l’enfant adopte une attitude de refus systématique à l’égard du beau-parent, chercher à acheter sa sympathie ne fera qu’aggraver les choses. Même si ce n’est pas sim-ple tous les jours, on doit laisser l’enfant vivre et exprimer son agres-sivité, et lui dire que l’on comprend que la situation n’est pas facile pour lui. Mais poser des limites est in-dispensable: il est hors de ques-tion, par exemple, d’accepter des comportements violents. Le beau-parent devra éviter de se plaindre à son conjoint, ce qui renforcerait l’hostilité de l’enfant et placerait le parent en position d’arbitre. Enfin, s’il faut toujours être deux à rap-peler la «loi», faire systématique-ment bloc contre l’enfant n’arrange rien. Il doit sentir qu’il garde un lien privilégié avec son père ou sa mère.

Les relations entre le nouveau et l’ex

Il est important d’informer son ex de l’arrivée du nouveau compagnon (ou de la nouvelle compagne) dans la famille: il (elle) est en droit de savoir auprès de qui son enfant va grandir. Et il (elle) sera moins tenté de jouer les «espions» en se servant de l’enfant. Mais inutile de faire semblant de s’aimer, car cela déroute par-fois l’enfant. Si «tout le monde» s’entend si bien, pourquoi ne pas vivre sous le même toit? Ce qui ne signifie pas que les conflits soient souhaitables, d’autant que l’enfant en devient vite l’objet central; des jours de garde que l’on se dispute, des projets de vacances que l’on annule… Autant de règlements de comptes dont il est la première victime. Les critiques de l’ex à l’égard du beau-parent – et inversement – sont très perturbantes pour l’enfant, car dévaloriser ces adultes qui le constru-isent et/ou auprès desquels il grandit, c’est dévaloriser une partie de lui-même.

Pris dans un conflit de loyauté, il ris-que de s’interdire une relation avec le beau-parent par crainte de trahir son père ou sa mère absent. Essayer d’avoir des relations civilisées est le minimum à exiger de part et d’autre. Mais cela n’est possible que si le couple originel a su régler ses conflits et que tout le monde admet la place de chacun dans l’éducation de l’enfant: soi, son ex, mais également «l’autre» conjoint. Le bien-être de l’enfant doit passer avant l’orgueil d’un parent ou les rancœurs d’un ex. .Article tiré du site web Psychologies.com

(Suite de la page 6)retraite ou une conférence sur le sujet. De mon côté, je tâche d’aborder le thème du mariage chaque année au travers de mes prédications du dimanche matin.

Mais là où nous pouvons aussi mon-trer à nos proches que nous les ai-mons, c’est en intervenant rapidement lorsque l’on se rend compte qu’un couple rencontre des difficultés. Nous voulons avoir une équipe perma-nente de prière qui pourra lutter dans la prière avec le couple, en suppliant Dieu d’octroyer sagesse, détermina-tion, force et consolation au couple. Nous pouvons aussi offrir aux époux de les aider à discerner en quoi ils se sont égarés de l’idéal de Dieu. Bien souvent, nous avons souvent peur d’intervenir. Et pourtant, c’est exac-tement à cela que nous sommes appelés, à veiller les uns sur les au-tres et à nous encourager afin de ne pas laisser nos relations se corrom-pre par les valeurs de notre société.

Le divorce est une anomalie pour les chrétiens. C’est l’évidence que le couple n’a pas réussi à s’approprier le plan que Dieu leur a donné dans sa parole. Mais c’est aussi l’échec de toute une com-munauté qui n’a pas réussi à communi-quer cette grâce de Dieu au couple en difficulté. Pourtant Dieu met à notre disposition sa puissance transforma-trice pour surmonter les intempéries qui peuvent subvenir dans une rela-tion conjugale. Alors, pourquoi ne pas honorer le mariage dès aujourd’hui ?

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La famille mono-parentale

Bien s’organiser

Créer un réseau de soutien. La rupture, qu’elle soit désirée ou non, a un impact sur l’enfant. Il est donc important de se faire aider dès le départ. 1. Dressez une liste de vos proches puis divisez-la en catégo-ries afin de déterminer quelles sont les personnes qui peuvent vous aider sur différents plans : soutien affectif, soin des enfants, trans-port, aide économique et relations sociales. 2. Consultez des groupes d’entraide, des maisons de la fa-mille, une association de familles monoparentales, votre CLSC, des sites Internet, des forums de dis-cussion ou encore consultez un travailleur social qui travaille au-près des familles monoparentales.

Toute séparation, qu’elle soit souhaitée ou non, est un événement marquant. Il faut faire le deuil de la vie qu’on espérait avant. Sou-

vent, on se déprécie, on se culpabilise et l’estime de soi en prend un grand coup. La monoparentalité entraîne presque toujours appauvrissement, conflits, troubles physiques ou psy-chologiques, isolement et préjugés. Bien souvent, après la rupture ou le deuil, le rôle parental semble impos-sible à assumer. Il arrive néanmoins un moment où l’on trouve son équili-bre et où la famille monoparentale devient «fonctionnelle». Elle devient parfois même plus organisée qu’à l’époque de la vie de famille en couple. Mais pour parvenir à ce stade, il con-vient de prendre certaines précautions

Le parent mono-parental qui élève seul son enfant peut vivre des situa-tions difficiles, mais il trouve souvent un bel équilibre, grâce à sa grande volon-té et à une bonne organisation.

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Sylvie Bourcier, intervenante en petite enfance,

et Marie Charbonniaud

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Mieux planifier son temps 1. Étab-lissez un horaire quotidien pour la semaine à venir, en y inscrivant les rendez-vous, journées de courses et activités (y compris du temps pour le plaisir et la détente). 2. Rayez de l’agenda les activités superflues, trop compliquées. 3. Apprenez à dire non.

Gérer son budget. Différentes aides gouvernementales existent et des as-sociations, comme les ACEF, sont très efficaces pour vous aider à y accéder. Ces dernières peuvent aussi vous aider à revoir votre budget. Parmi les aides gouvernementales existantes, certaines sont bonifiées pour les fa-milles monoparentales : 1. Le soutien aux enfants, aide financière provin-ciale versée 4 fois par an ou sur une base mensuelle. 2. La prime au travail,

mieux les enfants se sentent. Dans le cas contraire, ils seront angoissés et déchirés. Si l’on perd son conjoint, les enfants ne perdent pas leurs parents. Peu importe la profondeur de notre douleur ou de notre colère, maintenir une bonne entente ou, au minimum, une entente civilisée avec leur papa ou leur maman est très important pour vos enfants. Cette communication permet notamment d’établir des règles et des attentes similaires dans les deux maisons. Cela diminue l’angoisse des enfants, qui ont moins d’ajustements à faire. Il peut être également utile de maintenir des liens avec l’ex-belle-famille, les parrains, marraines, etc. Avec la garderie. Pour que votre milieu de garde aide adéquatement votre enfant dans cette situation, n’hésitez pas à informer le person-nel de votre nouvelle situation fa-miliale, surtout si c’est récent ou que vous êtes en cours de séparation. Ce changement étant important dans la vie de votre enfant, il l’est également pour ses éducatrices régulières. Les éducatrices pourront mieux com-prendre d’éventuels changements de comportements de votre enfant et ajuster leurs interventions en dou-ceur si elles sont au courant de votre situation. Les éducatrices devraient vous transmettre les informations en double, à votre ex-conjoint et à vous-même. De même, elles pourront or-ganiser des rencontres conjointes ou séparées, en fonction des besoins. Si vous préférez que cette information demeure confidentielle, vous pouvez

crédit d’impôt provincial rembours-able, établie en fonction du revenu et de la situation personnelle et familiale lors de la production de la déclaration de revenus. 3. La prestation fiscale ca-nadienne pour enfants (PFCE), pai-ement mensuel non imposable, cal-culée en fonction des renseignements fournis sur les déclarations de revenus.

Maintenir une bonne communication

Avec l’autre parent. Il n’est pas tou-jours possible de rester en bons termes après une séparation. D’ailleurs, seul le quart des ex-conjoints y parvient vrai-ment. Mais c’est l’objectif à atteindre! Les psychologues disent que, plus les parents parviennent à collaborer,

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Une famille monoparentale peut trouver son équilibre et devenir bien organisée.

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en faire la demande à l’éducatrice. Tenez informé l’autre parent de ce qui se passe au service de garde pour votre enfant (dîner à prévoir pour une sortie, vêtements particuliers pour une activité...), afin qu’il puisse assurer la transition sans accroc les jours où il a la garde de l’enfant. Avec votre enfant. Contrairement aux idées reçues, aucune étude ne prouve que les enfants de familles monoparentales ou séparées sont à long terme, plus fragiles que les autres. Ils éprouvent néanmoins, après la séparation et à court terme : tristesse, culpabilité, confusion, anx-iété et même colère. Communiquer avec vos enfants, les questionner, puis leur dire la vérité vous aidera à assurer une transition en douceur. Vous saurez ainsi ce que vos enfants ressentent, ce qui vous permettra de les rassurer ou d’envisager une aide psychologique, au besoin. Si vous êtes mal à l’aise ou si vous ignorez comment aborder le sujet, vous pou-vez utiliser le jeu et la lecture qui sont des outils privilégiés pour communi-quer. Ils sont difficiles au retour du milieu de garde ou lorsqu’ils revien-nent de chez l’autre parent? Vous aurez avantage à passer du temps ensemble avant de commencer la routine du soir. C’est une réaction normale au stress de la séparation.

Placez votre enfant à l’écart desconflits. Les enfants qui s’adaptent le mieux sont ceux qui ont des con-tacts réguliers avec leurs 2 parents,

Routine et discipline

En tant que parent seul, vous devez à la fois assumer les fonctions mater-nelles et paternelles. Vous intervenez dans l’éducation de votre enfant, que vous soyez fatigué, malade ou excédé. Par lassitude ou par crainte de perdre l’amour de votre enfant, vous pour-riez relâcher parfois l’encadrement. Il est important de donner des lim-ites à votre enfant pour contrecar-rer son désir de toute-puissance.

Le besoin d’autonomie. Cer-tains enfants expriment leur besoin d’autonomie en s’opposant, en par-ticulier s’ils ont une relation exclusive avec vous. C’est leur façon de vous dire qu’ils sont différents de vous, uniques et avec une volonté propre. Bien que le besoin d’affirmation de votre enfant soit légitime, votre en-fant doit néanmoins apprendre les règles de la vie en société. L’éducation repose en effet sur la transmission des valeurs qui vous sont chères. Le respect des autres s’enseigne d’abord en apprenant à vous respecter. Si votre enfant vous dénigre et que vous ne l’arrêtez pas, cela l’insécurise, car vous vous montrez vulnérable tandis que vous devez le protéger.

L’amour ne suffit pas. N’ayez crainte : même si la limite fait naître une frustration, elle n’effacera jamais l’attachement entre vous. L’enfant aimé, choyé, mais non encadré souf-fre de malnutrition éducative. Il est important de réagir lorsqu’il a des

se sentent aimés par chacun d’eux et sont placés à l’écart des conflits. Même un tout-petit peut se sentir responsable des conflits, à partir du moment où il comprend que ces conflits le concernent (pension alimentaire, mode de garde, santé, école, etc.). Les conséquences? L’enfant peut se sentir manipulé, tandis que son désir profond est de plaire à ses deux parents, qu’il aime tout autant. Cela le rend anxieux et confus. Il sera alors plus à risque de développer des comportements d’agressivité et des symptômes dé-pressifs qui pourraient se réper-cuter sur ses résultats scolaires et son comportement à la maison.

Dans ces situations, qui arrivent souvent malgré les parents, il est toujours possible de reprendre les choses en main et d’aider votre en-fant. Rassurez-le sur son absence de culpabilité dans ces conflits et dans la séparation. Travaillez ensuite à renforcer son estime de soi et en-couragez-le à parler de son vécu et de ses émotions. Le jeu et l’amour seront d’un précieux secours. Com-ment faire : 1. Ne dénigrez pas l’autre parent devant votre enfant. 2. Ne vous servez pas de votre en-fant comme intermédiaire pour poser les questions à votre ancien partenaire ou régler les problèmes. 3. Ne placez pas votre enfant dans une position intenable et stressante en le harcelant de questions ou en le forçant indirectement à prendre parti pour vous ou l’autre parent.

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comportements dangereux ou so-cialement inacceptables, comme il est important de le féliciter : «Non, je n’accepte pas que tu frappes.» Ou en-core : «C’est très bien, tu as rapporté ton verre.» En plus de le protéger, cela lui permet d’être accepté et apprécié des autres. Dites clairement à votre en-fant ce que vous attendez de lui, et ex-pliquez-lui en quoi ce comportement lui servira et sera bon pour lui. Par contre, il ne faut pas vous attendre à ce que ces explications soient magiques. Il se peut que votre enfant continue à contrevenir à la règle jusqu’à ce qu’il se rende compte que vous y tenez et que son attitude négative vous déplaît. Favoriser la stabilité et les routines. L’autre condition gagnante, en cas de séparation, est la constance et le main-tien des routines. Établir des règles de vie régulières et une bonne discipline sécurise les enfants, que ce soit à pro-pos des horaires du bain, du repas, des devoirs ou des heures d’accès à la télévision. Quelques conseils : 1. Pour établir ces rituels, vous pouvez essayer d’en discuter avec les enfants, d’avoir leur avis et leur coopération (sachant que la décision finale vous appartien-dra.) 2. Il est important de faire part de ces rituels à ceux qui prennent soin de vos enfants : gardiennes, éd-ucatrices ou membres de la famille. 2. Maintenez les traditions qui ryth-maient la famille avant la séparation.

Ne vous négligez pas. Quelques moments de repos ou de détente vous permettront de retrouver

vous pouvez ajouter : «Pour des rai-sons que je ne connais pas, il ne vient pas te voir. Quand tu seras grand, tu décideras si tu veux savoir pourquoi.» Vous aurez avantage à dire la vérité, sans blâmer son géniteur (ou sa gé-nitrice) ou manifester votre tristesse. Votre enfant doit comprendre la joie que vous ressentez à l’aimer. La situa-tion devrait être expliquée en tant que conflit entre adultes, afin que votre enfant ne se sente pas coupable. Vous pouvez lui montrer des photos de l’autre parent, le décrire, remarquer les ressemblances ou parler positive-ment d’autres hommes ou d’autres femmes: «Tu seras grand, comme ton papa.», «Je vois que tu t’amuses bien avec la maman de Joseph», etc. Les substituts. Un papa ou une ma-man ne peuvent être remplacés, mais d’autres hommes ou femmes peu-vent servir de modèle. S’il n’y a pas d’homme (frère, cousin...) à la mai-son ou de femme (soeur, mère...), il y a, dans votre entourage, des couples d’amis ou des parents d’amis du ser-vice de garde. Par exemple, si vous êtes la maman d’un garçon, une présence masculine favorisera l’apprentissage des choses «de garçons». L’heure du conte à la bibliothèque du quartier et les activités proposées aux familles par la municipalité ou par une maison de la famille sont de bonnes occasions de rencontrer d’autres parents et de mettre votre enfant en contact avec des modèles masculins ou féminins .

Article tiré du magazine Bien grandir

l’énergie nécessaire à l’application d’une saine discipline. Dormez, faites attention à votre alimentation, confiez-vous à quelqu’un qui saura vous écouter, relaxez (méditation, etc.), faites du sport ou une activité sociale. Trouvez des activités où les enfants peuvent s’amuser pendant que les adultes restent ensemble.

Cas d’abandon ou

de décès

Comment aborder la situation. En ayant une vie sociale, en encou-rageant votre enfant à entrer en con-tact avec d’autres enfants et d’autres adultes, vous mettrez naturellement en place des conditions favorables à son développement. Certains pa-rents s’inquiètent des répercussions de l’absence du père ou de la mère sur leur enfant, en particulier si les con-tacts quotidiens avec d’autres modèles du sexe opposé sont rares. Or, cer-taines conditions peuvent favoriser l’épanouissement de votre enfant même si sa maman ou son papa est décédé ou absent. Il est important de parler à votre enfant de sa conception. Même s’il ne pose pas de question, c’est de là que part sa connaissance de lui-même, son identité. « Tu as un père de naissance, un homme qui m’a permis d’être ta maman. Il faut un homme et une femme pour avoir un enfant. Toi, tu ne le connais pas, parce que nous ne vivons plus ensemble comme des amoureux. » Dans les cas d’abandon,

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20Le Lien Printemps 2013

Soula Isch,missionnaire de la SIM

Jésus s’est mis en route pour aller dans sa maison lorsqu’une femme qui avait une perte de sang depuis 12 ans s’est approchée de lui pour le toucher avec l’espoir d’être guérie (Lc 8,43-48). Le texte Grec dit que «son sang coulait comme un ruisseau.» Une telle situation lui enlevait toute son énergie et risquait de la faire mourir. Elle devait certainement être anémique, toujours fatiguée sans force physique et surtout morale.

Son problème a commencé lorsqu’ un jour elle a réalisé qu’elle avait une perte de sang qui ne s’arrêtait pas. Selon la loi mosaïque (Lv 15,19-28, Nb 15,38-40), une femme était im-pure pendant ses menstruations; elle ne devait toucher ni les hommes ni les choses. Au début elle a pensé que son état était passager. Mais par la suite le mal s’est révélé être chro-nique. Elle a certainement com-mencé à s’inquiéter. Elle a visité un médecin, mais sans résultat. Elle en a vu un autre, et un autre, et un au-

Ce n’est pas un phé-nomène seulement propre à l’Afrique. Dans tous les pays du monde,

il y a des personnes qui vivent avec des stigmates qui les font souffrir.

Pendant sa vie sur la terre, le Sei-gneur Jésus Christ a rencontré des hommes et des femmes qui étaient des marginaux, des gens frappés par une maladie, un handicap, un statut social défavorable, ou par le péché. Il s’est intéressé à leur con-dition de vie, et très souvent, il s’est approché d’eux pour les libérer du fardeau qu’ils portaient, pendant longtemps pour certains d’entre eux.

Un jour, Jésus s’est trouvé au milieu d’une foule, chose à laquelle il était habitué. Subitement le chef d’une synagogue, Jaïrus, s’est jeté à ses pieds et l’a supplié d’aller chez lui, car sa fillette de 12 ans était grave-ment malade, mourante même.

Pen-dant ma récente vi-site à plusieurs groupes de femmes dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest, j’ai été émue par le nom-bre d’entre elles qui vivent avec des maux divers: veuvage, VIH, a b a n d o n , etc..

• P a r o l e v i v a n t e • P a r o l e v i v a n t e • P a r o l e v i v a n t e •

Vivre avec un stigmate

Soula Isch

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tre encore, toujours la même chose. Elle a dépensé tout son argent sans obtenir le moindre changement. Ce cercle vicieux a duré 12 ans pendant lesquels son sang coulait sans arrêt!

Imaginez sa situation. La vie de cette femme était une longue liste de «non» en commençant par «ne touche pas». Cela voulait dire ne pas cuisiner, ne pas nettoyer, ne pas recevoir des gens chez elle. Elle ne pouvait pas aller au Temple puisque les femmes en pleine menstruation n’y étaient pas admises. Son mal l’empêchait aussi d’avoir la joie de porter la vie. Si elle était mariée avec un homme pieux, ce dernier ne pouvait pas la toucher puisque la loi juive l’interdisait. Pas d’embrassades, pas des câlins, pas d’affection. Sa vie de famille était rui-née ainsi que ses relations avec les au-tres. Elle vivait marginalisée. Les an-

nées passaient et la vie lui glissait entre les doigts, sans aucun espoir de guérison.

Puis un jour elle a entendu que Jé-sus allait venir dans sa ville, et que ce Jésus n’avait pas peur de se lais-ser toucher. De fait, il guérissait les gens en les touchant, des gens peu fréquentables comme les aveugles, les lépreux, les morts, que la loi inter-disait de toucher. « Et toute la foule cherchait à le toucher parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous » (Lc 6,19). C’était la meilleure nouvelle qu’elle pouvait entendre, un espoir est né dans son cœur. Elle a pris la décision et le risque d’aller coûte que coûte vers Jésus, de s’approcher de lui et de le toucher.

Elle a vu Jaïrus se jeter aux pieds de Jésus et le supplier d’aller vite chez lui car sa fille de 12 ans était mourante.

• P a r o l e v i v a n t e • P a r o l e v i v a n t e • P a r o l e v i v a n t e •

Non, rien ne va l’empêcher de toucher Jésus.

Quelle sera la priorité de Jésus: la fil-lette de 12 ans, ou elle dont le sang coulait depuis 12 ans? Et puis il y a la foule qui avançait avec Jésus et qui al-lait peut-être l’empêcher de le toucher alors qu’elle était si près de lui main-tenant. Non, rien ne va plus l’arrêter! Ça y est, elle l’a fait; elle l’a touché et son sang s’est arrêté de couler. Jésus s’est arrêté et il a demandé : «Qui m’a touché ?» Pierre était très surpris de sa question! Tout le monde était autour de lui, tout le monde le tou-chait. Mais non, Jésus savait qu’il y avait une personne qui l’avait touché d’une manière différente des autres.

Tremblante devant tout le monde, elle a avoué que c’était elle qui l’avait touché et qu’elle avait était guérie in-stantanément. Elle qui voulait rester inaperçue, à cause de la honte de sa maladie, elle était maintenant obli-gée de se faire connaître et d’avouer publiquement ce qu’elle avait vécu. Allait-elle être punie ? Jésus aurait pu la réprimander en public. Au con-traire, il la libère de sa maladie sans lui faire de reproches. Tout le monde a entendu ses paroles remplies de tendresse: « Ma fille, ta foi t’a sauvée, va en paix. » Elle était non seule-ment guérie, mais elle avait aussi reçu l’assurance d’être un enfant de Dieu. Elle qui a voulu «dérober» en cachet-te la guérison divine, Jésus la met à l’honneur en montrant à travers elle que son salut est donné abondam-ment et librement, et que celui qui croit devient membre de sa famille. (Suite en page 23)

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22Le Lien Printemps 2013

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23Printemps 2013 Le Lien

• J e u x • J e u x • J e u x • J e u x •

(Suite de la page 21)Jésus n’a pas oublié la fillette de Jaïrus qui entre temps est morte, il a ras-suré le père souffrant et en rentrant chez lui il a dit : «Ne pleurez pas, elle n’est pas morte, mais elle dort…» au grand étonnement de tous. Deux miracles en même temps dans lesquels nous voyons la puissance de la Parole du Christ qui donne la vie. Il y a des ressemblances entre la fille et la femme: Les deux avaient un profond besoin, et la puissance de Jésus était suffisante pour ap-porter la délivrance à chacune d’elles.

Dans la famille de Dieu, il y a de la place pour les femmes et les hommes qui souffrent de toutes sortes de stig-mates et de la maladie chronique du péché qui nous sépare de Dieu. Dieu les accueille tous et il désire les libé-rer si seulement ils décident comme cette femme de s’approcher de lui et de le toucher avec foi et confiance.

Mots

Melés

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